Les Conséquences De L'entrée De La Roumanie Dans L'ue Sur Les Conflits
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
SCHULTZ Ilioné Université Lyon 2 Institut D’Études Politiques de Lyon Les conséquences de l’entrée de la Roumanie dans l’UE sur les conflits identitaires en République de Moldavie Sous la direction de Michèle Bacot-Décriaud Soutenu le 29 août 2008 Crises et relations internationales Jury : Michèle Bacot-Décriaud et Monica Heintz Table des matières Remerciements . 4 Introduction . 5 ère 1 partie : L’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne comme facteur de stabilisation des conflits identitaires en République de Moldavie . 18 I. L’Évolution des mentalités en Moldavie tout comme en Roumanie . 19 A. Le progrès des forces démocratiques en Moldavie . 19 B. L’UE au centre de toutes les préoccupations, moldaves comme roumaines . 25 II. Des changements structurels sur les bases d’un rapprochement roumano-moldave dans le cadre du soutien apporté par l’UE . 29 A. Les prémices d’une modernisation . 30 B. République de Moldavie et Roumanie : un rapprochement inévitable via l’UE entre deux États néanmoins indépendants . 37 ème 2 partie : L’entrée de la Roumanie dans l’UE comme facteur d’aggravation des tensions identitaires en Moldavie . 44 I. Une Roumanie européenne qui accentue la bipolarisation en République de Moldavie . 44 A. Une bipolarisation renforcée sur le plan intérieur . 45 B. Une schizophrénie exacerbée sur le plan géopolitique . 57 II. Une République de Moldavie pas encore prête à adopter une conception civique de son identité nationale . 67 A. Les blocages qui freinent la RM sur la voie de la démocratisation et de la modernisation . 67 B. Une perception de la Roumanie encore trop ambiguë . 71 Conclusion . 78 Bibliographie . 85 Ouvrages . 85 Revues . 85 Articles . 86 Documents . 90 Sites . 91 Annexes . 92 Annexe 1 . 92 Annexe 2 . 92 Annexe 3 . 92 Annexe 4 . 93 Annexe 5 . 93 Annexe 6 . 93 Annexe 7 . 93 Annexe 8 . 94 Annexe 9 . 94 Annexe 10 . 94 Annexe 11 . 95 Glossaire . 97 Les conséquences de l’entrée de la Roumanie dans l’UE sur les conflits identitaires en République de Moldavie Remerciements Sans un certain nombre de personnes qui se sont trouvées sur mon chemin au cours de cette année, jamais ce mémoire n’aurait pu aboutir. C’est pourquoi je tiens à remercier tout particulièrement Michèle Bacot-Décriaud, directrice de ce mémoire et membre du jury, mais aussi Monica Heintz, pour avoir accepté d’être interviewée et de faire partie du jury. Je remercie également toutes les autres personnes interrogées : Alina Radu, Vlad Cubreacov, Igor Bo#an, Igor Munteanu, Georges Dura, George Damian, Ion Varta et Mihail Adauge, pour leur disponibilité et leur sincérité ; mais aussi Mirela Lazar, conférencière à l’Université de Bucarest de Journalisme et de Sciences de la Communication, pour avoir cru en ce travail et m’avoir ouvert bien des portes ; Marian Chiriac, journaliste indépendant, pour ses éclairages et sa gentillesse ; Sergiu Racila, membre de l’organisation des jeunes de Bessarabie, président de « Noua Genera#ie », pour sa confiance et son dévouement, et ses parents, pour leur hospitalité ; Ana Donos, secrétaire du vice-président du Parlement moldave, pour sa gentillesse et son professionnalisme ; Alina Popovici pour sa précieuse aide en traduction et son soutien au quotidien ; et enfin, Dan Dungaciu, chercheur spécialiste de la Moldavie, professeur à l’Institut des Sciences Politiques et des Relations Internationales (ISPRI) à Bucarest, Marian Petcu, maître de conférence à l’Université de Bucarest de Journalisme et de Sciences de la Communication, Iulian Chifu, chercheur et directeur du centre pour la veille et la prévention des conflits à Bucarest, et Monica Babuc conseillère du vice-président du Parlement moldave, pour leur coopération. 4 Schultz Ilioné Introduction Introduction La nature humaine est faite de telle manière que l’on a tous besoin de savoir qui l’on est, sur le plan individuel, pour pouvoir exister et avancer. De la même manière chaque peuple a besoin de savoir d’où il vient et qui il est pour savoir où il va. C’est ainsi que naît le concept d’identité nationale. C’est une notion d’autant plus importante que nous vivons dans un monde régi par le système de l’État moderne territorialisé, c'est-à-dire un territoire bien défini géographiquement et sur lequel vit une population, le tout organisé par des institutions politiques libres. Mais l’allégeance de cette population aux institutions, nécessaire à la cohésion de l’État moderne territorialisé, sous-entend l’existence d’un sentiment national, 1 d’une envie de vivre ensemble . Seulement, lorsque sur le territoire dudit État cohabitent des peuples d’origines ethniques ou culturelles différentes, et que les frontières de ce territoire ont maintes fois été déplacées, cela donne lieu, le plus souvent, à des tensions ou des conflits identitaires, lorsque deux ou plusieurs groupes se disputent l’identité nationale de leur État. C’est le cas en République de Moldavie (RM). Ce petit pays est une ancienne République soviétique, entouré par l’Ukraine au nord-est, et par la Roumanie au sud- ouest, avec qui la RM entretient une relation particulière. Il existe d’ailleurs une région « Moldavie » en Roumanie. La RM est un État indépendant depuis le 27 août 1991 mais qui est à la recherche de son identité depuis cette période. C’est un État fragmenté, multi- 2 ethnique , mais c’est aussi le plus pauvre d’Europe. Il compte 4,2 millions d’habitants : 64% de Moldaves, 14% d’Ukrainiens, 13% de Russes et 3,5% de Gagaouzes (population 3 turcophone christianisée ) mais aussi des Bulgares (2%) et plusieurs autres communautés locales (Biélorusses, Polonais, Tsiganes, Allemands, Arméniens, Lituaniens, Azéris, Tatars, 1 DIECKHOFF (Alain), 2000, La nation dans tous ces états, Paris, Flammarion. p.85 2 Se reporter à la carte, annexe n°10 3 « Les Gagaouzes viennent probablement d’un territoire situé entre la mer d’Aral et la mer Caspienne. On ne sait pas avec précision à quelle date ils se sont convertis de l’Islam à la religion Orthodoxe, mais on sait que le terme de Gagaouze, lui, apparaît au début du XIXe siècle. Les Gagaouzes s’installent en Bessarabie en 1812, après l’annexion russe. Il y a un changement territorial en 1856, après la guerre de Crimée qui voit la défaite russe, au profit de la Roumanie. La Gagaouzie fait donc partie de la Roumanie lorsque celle-ci est créée officiellement en 1859. Elle revient à la Russie au Congrès de Berlin en 1878, avant de connaître le retour de la Bessarabie en Roumanie en 1918.Staline reprend les lieux en 1940, et envoie des milliers de Gagaouzes dans des camps de travail après-guerre, tandis que le territoire des Gagaouzes est divisé entre les Républiques d’Ukraine et de Moldavie suite au redécoupage électoral. La grande famine de 1946-1947 voit la moitié de la population gagaouze disparaître .Les Gagaouzes perçoivent la loi sur la langue de 1989 comme discriminatoire à leur égard. C’est ainsi que l’année suivante voit la proclamation d’une République indépendante de Gagaouzie : l’indépendance de la Moldavie, et surtout la réunification avec la Roumanie, sont globalement perçues de manière négative par cette population, en particulier à cause de la propagande soviétique et des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. En 1994, les autorités centrales et les élites locales font de la Gagaouzie une région autonome de Moldavie. Le conflit ethnopolitique est donc réglé, d’autant que l’année suivante l’Assemblée de Gagaouzie est mise en place. En cas de réunification entre la Moldavie et la Roumanie, la Gagaouzie pourrait se prononcer sur son indépendance. La Turquie, très présente dans la région, a joué ici un rôle apaisant ».Florent Parmentier, La Gagouzie et les gagaouzes : portrait d’une minorité turcophone. http://www.moldavie.fr/ article.php3?id_article=165 [vu le 26 juillet 2008] Schultz Ilioné 5 Les conséquences de l’entrée de la Roumanie dans l’UE sur les conflits identitaires en République de Moldavie Tchouvaches, Ouzbeks). Les Gagaouzes vivent dans le sud du pays, plus précisément dans l’unité administrative de Gagaouzie, où ils représentent 78 % de la population locale, les autres groupes étant formés de Bulgares (5,5 %), de Moldaves (5,4 %), de Russes (5 %), 4 d’Ukrainiens (4 %) et de 1,3 % de Tsiganes et de diverses autres petites communautés. La République de Moldavie comporte également une entité séparatiste, la Transnistrie, qui s’est autoproclamée indépendante en septembre 1990. Cette région à majorité russophone ème (60%) a été le théâtre d’un conflit civil armé en 1992. C’est la 14 armée russe qui a mis fin au conflit et qui occupe ce territoire sécessionniste depuis cette date. Cette indépendance n’a pas été reconnue par les différents acteurs de la communauté internationale. Les autorités auto-proclamées de Tiraspol (capitale de la Transnistrie) ont organisé le 17 septembre 2006 un référendum d’autodétermination à l’issue duquel la grande majorité de la population s’est prononcé en faveur de l’indépendance de la région à 97,1% (voire 5 même de son rattachement ultérieur à la Russie) . En Moldavie, la langue officielle est le moldave, considérée comme similaire à la langue roumaine par la majorité des linguistes. Mais le russe est la langue la plus couramment employée dans l’espace public. La majorité de la population est de religion orthodoxe, mais là encore, les croyants se partagent entre l’appartenance à l’Eglise métropolitaine de Bessarabie, rattachée au patriarcat de Bucarest, et à l’Eglise métropolitaine de Moldavie, rattachée au patriarcat de Moscou. La Moldavie est donc un pays fragmenté, un pays fragmenté qui abrite plusieurs minorités importantes qui ont toujours des liens forts avec leurs pays d’origine. C’est ce qui explique, en partie, l’influence que peuvent avoir ces mêmes pays sur la construction de l’identité nationale moldave.