ETHNOLOGIE DANS LE PARC DU LUBERON

Annie-Hélène DUFOUR-LIORÉ*

Les travaux d’ethnologie concernant l’aire mines de Saint Maime (Bonnet P., 1986), les mou­ géographique du Parc du Luberon sont à la fois lins : moulin de Sainte Tulle (Hérault L., 1989), peu nombreux (moins d’une dizaine), très dis­ moulin Delestic à St Michel l’Observatoire (Alpes persés dans l’espace et très hétérogènes sur le de Lumière, 1992). À elle seule cette thématique plan thématique. Il est, par conséquent difficile, regroupe la moitié des travaux recensés mais à moins de ne pointer que les lacunes, d’établir déborde largement le domaine de l’ethnologie un bilan qui se fonde sur les seuls acquis de cet­ stricto sensu dont les recherches sur ce thème, te discipline. Le bref aperçu qui suit s’appuie dans le cadre du Parc, se comptent sur les doigts donc sur un ensemble plus large, incluant divers d’une main. travaux dont les thèmes, plutôt que les méthodes, rejoignent plus ou moins les nôtres. Quelques monographies communales et micro-régionales forment le deuxième volet le Dans cet ensemble, l’étude des techniques plus important de cet ensemble (18 ouvrages semble former un domaine privilégié à l’intérieur recensés). Ainsi Apt (Sauve, 1904-1905), duquel celles touchant à l’hydrographie domi­ (Bruni R., 1989), (Ytier nent (une vingtaine de travaux sur une trentaine R.,1964), (Ballet et al., 1975), consacrés aux techniques). Celle-ci est le plus sou­ (Gangneux G., 1963 ; Aubert G., 1992), vent envisagée sous ses aspects strictement tech­ (Sarkissian H., 1982, et Colon M., 1996), niques - de captage, de transport, d’irrigation ... (Varille M., 1957 et Sheppard T., - (Barrai J.-A., 1877 ; Chaptal L., 1932 ; Peyron 1971), Ménerbes (Cosse J., 1991), Oppède V., 1968 ; Andren C. et al., sd. ; Ramos A.-S., (Rousset A., 1901), Saint-Saturnin-lès-Apt (Livet 1996), mais aussi, bien que plus rarement, sous R., 1957) etc.. ou des ensembles plus vastes : le ses aspects sociaux et symboliques - « devineurs » Luberon (Palun A., 1951 ; Clébert J.-P., 1995), le d’eau (Giet I., 1989), processions pour la pluie Petit Luberon (Hugou G. et Meunier C., 1986), (Simon A., 1992), - et, parfois, sous ses aspects le (Mesliand C., 1982), le Pays juridiques et historiques (Seguin E., 1863). Les d’Aiguës... encore que dans ce cas aussi, mis à rares autres techniques abordées concernent les part Ballet et al., il s’agisse plutôt de travaux d’his­ constructions en pierre sèche, parmi lesquelles la toriens ou d’érudits locaux susceptibles de four­ plupart sont en relation avec l’hydrographie - nir des sources à la recherche ethnographique aiguiers (Morenas F. et C., 1974 ; Giorgis S., 1986, que d’ethnologie au sens propre. Une seule et Detot S., 1987), galeries drainantes (Pierre exception mais d’importance : le travail de L. sèche en Vaucluse, 1990) -, les moulins à eau Wylie sur le village de Roussillon (Wylie L., 1964). (Locci J.-R, 1993, ASPPIV, 1996), le travail de l’ocre (Janselme P., 1964 ; Bec S., dir., 1993), l’ou­ Dans un espace à tradition agricole et pasto­ tillage (Marchandiau J.-N., sd). À cela s’ajoutent rale, on peut s’étonner de constater que fort peu quelques recherches conduites sous l’égide du de recherches ont été consacrées à l’agriculture conservatoire ethnologique de Salagón sur les et à l’élevage si ce n’est à travers des aires plus

* Maître de Conférence en Ethnologie - IDEMEC-CNRS - Université de . 135 vastes - la basse Provence (Nésonsel Y., 1980), la Un grand nombre de travaux effectués sur plaine de la (Berthaut K. et al., 1993) - l’aire géographique du Parc du Luberon éma­ ou des sujets très spécialisés - la culture de la nent de chercheurs (CNRS, Université) ou d’étu­ garance (Sudan N., 1992) ou les syndicats agri­ diants travaillant sous leur direction (mémoires coles (Viroulet H., sd,). De même est-il surpre­ de maîtrise ou de DEA). Il faut, en outre, souli­ nant de trouver peu d’études - moins encore - gner l’importante part prise par certaines asso­ sur l’habitat, l’architecture vernaculaire et les ciations dans la connaissance ethnologique ou manières d’habiter. Quand des travaux existent ethnohistorique de ce territoire et, en particu­ sur ce thème, il traitent de la Provence dans son lier, par Les Alpes de Lumière, l’ASPPIV ensemble et ne sont donc pas centrés sur l’aire (Association pour la Sauvegarde du Patrimoine du Parc (Livet R., 1962, Massot J.-L., 1975, Industriel du Vaucluse), Pierre Sèche en Bromberger C. et al., 1980) ou traitent de Vaucluse. Par ailleurs, depuis peu se concrétise, modèles très particuliers d’édifices ruraux : dans le cadre même du Parc un intérêt pour la aiguiers, cabanes (cf. plus haut), terrasses en recherche ethnologique dont témoignent : l’ar­ pierres sèches (Guillemot M., 1979), ou des deux ticle qui suit de Geneviève Jolly et Emmanuel (Ambroise R. et al., 1989). Salesse, jeunes chercheurs rattachés à l’universi­ té d’Aix qui mènent, depuis 1996, de fructueuses Plus fournies, mais émanant, pour l’essentiel, recherches sur le patrimoine hydraulique du d’historiens, de géographes ou d’agronomes, Luberon (en particulier sur l’eau agricole), et exceptionnellement de sociologues (Parisis J.-L., l’importante étude, consacrée aux savoir verna­ 1977), sont les études sur les structures foncières culaires touchant à la flore sauvage, que viennent ou sur l’espace rural en général (Livet R. 1962 ; d’achever Magali Amir et Pierre Lieutaghi, pré­ Mesliand C., 1963), encore que ce domaine res­ sentée par celle-ci dans ce même volume. te largement sous exploré au regard de ce que l’on pourrait souhaiter connaître sur un aussi vaste secteur. ______RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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