VI TANIA TOME 16 1999

Revue interrégionale d'archéologie

Aquitaine Limousin Midi-Pyrénées Poitou-Charentes

Revue publiée jJar la Fédération Aquitania avec le concours financier elu Niinistère cle la Culture, Direction elu Patrimoine, Sous-Direction cle l'Archéologie, elu Centre National cle la Recherche Scientifique, cle l'Université Michel cle Niontaigne- Bordeaux III SoMMAIRE

C. CHEV1LLOT,

Dé pô ts de bronzes, pratiques de dé pôt e t occupation elu sol en Périgord à l'Age elu Bronze (XXIII " au VIII" siècle a.C.). 7

j.-P. BAIGL,

AVEC LA coLLABORATION mj. GOMEZ DE SOTO, P. POIRIER, 1. KÉROUANTON,

DESSINS DE É. BAYEN,

Barbezieux, Les Petits Clairons (Charente). Un établisseme nt rural elu pre mi er Age elu Fe r. 31

j. HIERNARD,

AVEC l A COLlABORATION DE D. SIMON-HIERNARD,

Les Santons, les Helvètes et la Celtique d 'Europe centrale. Numismatique, archéologie e t histoire. 93

A. VILLARET,

L'association de l'empe reur et des die ux en Aquitaine. Son rôle clans la société et les mentalités. 127

D. HOURCADE,

Les thermes de Chassenon (Charente ): l'apport des fouilles récentes. 153

ANNEXE

P . POIRIER,

Architecture, combustibles e t e nvironnement des thermes de Chassenon : l'apport de l'anthracologie. 179

A. BOUET, C. CARPONSIN-MARTIN,

Enfin un sanctuaire "rural" chez les Pé trucores : Chamie rs (Dordogne). 183 ANNEXE 1

C. DOULAl'\1,

235 Les sculptures de Chamiers.

ANNEXE2

A. BARBET, S. HEIDET,

245 Stucs, peintures e t OjJ'lls musivum elu site de Chamiers.

F. BERTHAULT,

251 Les amphores de la place Camill ejullian à Bordeaux.

tvfa. ROSARIO VALVERDE,

La monarq ufa visigocla y su polftica matrimonial.

295 De Alarico 1 al fin del reino visigoclo de Tolosa.

C. BALLARIN, A. BERDOY,

317 Les céramiques médiévales elu site elu Castérot à Sarron ().

ANNEXE

D. D UFOURNIER,

Résultats des analyses chimiques effectuées sur vingt échantillons céramiques 339 prove nant de Sarron et .

C. COUHADE,

Une intaille "au satyre" 345 provenant de la commune de Lectoure (Gers).

CHRONIQUE

A. BOUET,

357 Chronique thermale (l990juin 1999). Aquitania, XVI, 1999, p. 317 à 343

Catherine Ballarin A. f.A.N. r\ntc nnc Grand-S11d-o ucst ~~ GOO Pessac

Anne Berdoy 64490Accous

Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes)

RÉSUMÉ ABSTRACT L'étude présentée ici porte sur un lot de We studied a batch of ceramics gathered céramiques recueilli lors d'un sondage-diagnostic during a diagnostic boring on a ground close to réalisé sur un ouvrage de terre, le Castérot, lié à the walled town of Sarron called the "Castérot", in la bastide landaise de Sarron. Cet ensemble, qui the Landes region of . This collection fournit des informations non négligeables en spreads over a period going from the beginning terme d'individus, peut être placé dans une of the xrvth century to the first half of the xyth. An fourchette chronologique comprise entre le other hypothesis allows a dating in the first début du xrve siècle et la première moitié du xve quarter of the XI\Ith century. It gives us two main siècle. Une autre hypothèse permet d'envisager interesting informations : 1) the coexistence of une datation dans le premier quart du xrve siècle. two fashioning techniques ; 2) the presence of L'une ou l'autre de ces attributions s'avère stone ware from the pottery village of Garos et intéressante dans la mesure où l'on note dans ce Bouillon in the Béarn region. lot issu d'un site des pays de l'Adour, d'une part, la coexistence de deux techniques de façonnage et, d'autre part, la présence de grès identifiés comme provenant du centre potier béarnais de Garos et Bouillon. 318 Aquilania, XVI, 1999 C. Ba ll arin, A. Berdoy

L'archéologie médiévale et post-médiévale dans le sud de l'Aquitaine souffre d'un retard considérable et la méconnaissance du matériel céramique de ces périodes ajoute au désarroi des chercheurs qui ont à travailler dans les Landes, le Béarn ou le Pays Basque. C'est pour contribuer à combler cette lacune que nous entreprenons de publier systématiquement les quelques lo ts de matériel disponibles, suite logique de nos Landes recherches menées sur le thème des productions potières depuis plusieurs années 1. Le présent article consacré à la céramique 2 issue de Sarron (fig. 1) participe d'une N démarche identique à celle suivie lors d'une première publication relative à un lot de ~ Mondeba matériel recueilli à Hontanx (Landes) 3. Il Garos 0 t 0 s'agit de présenter, de la façon la plus détaillée 0 Bouillon possible - tant du point de vu e de la description écrite que graphique un Pyrénées Atlantiques e nsemble céramique j amais étudié jusqu 'alors. C'est en rassemblant ainsi progressivement des données en nombre suffisant qu'il sera 0 lOkm possible d'aboutir à un inventaire détaillé. Celui-ci doit constituer le point de départ d'un Légende • Ville repère référenciel céramique indispensable aux o Localite citée dans le texte opérations archéologiques futures, étant bie n entendu que celles-ci contribueront, en retour, Fig. 1 : Plan de situation. à l' enrichir.

LE SITE DU CASTÉROT À SARRON accorde une charte de coutumes à la bastide de , d'après celle qu'il avait précédemment La localité de Sarron est assimilée à la bastide octroyée à Sarron. Quelques années plus tard, ce mentionnée dans les textes médiévaux sous le dernier lieu est incendié par Bernard, comte nom de Serra Fronte. Sans que soit connue la date d 'Armagnac, événement qui occasionne la perte exacte de cette fondation, celle-ci peut être fixée du texte des coutumes. Édouard II ordonne alors dans une fourchette chronologique réduite, tout au sénéchal de Gascogne "de le faire rechercher au début du xrve siècle. Le 6 août 1318, en effet, ( ... ) aux archives royales de Bordeaux et de faire le roi-duc Édouard II (régnant depuis 1307) rendre ces coutumes aux habitants" et, le 24 septembre 1321 de la reconstruire 4• Sur le terrain, les recherches menées par 1. Études réalisées dans le cadre de plusieurs trm'

ensembles sont perceptibles. Le premier, qui semble le plus an cien, est constitué d e fossés qui d éterminent, de part et d'autre de l' actuelle route départementale 932, une vaste en ceinte rectangulaire. La partie sud­ ou est de celle-ci paraît avoir été reprise dans un second ensemble, plus restreint, qui pou rrait correspondre à un resserrement du secteur habité et qui témoignerait alors de l' échec partiel de la bastide. En 1989, une opération de rem embrem ent agricole a profon­ dément affecté puis détruit un angle de la première enceinte qui formait une fo rtificati on de terre connue sous le nom d e Castérot. Les seules informations disponibles quant à l'état du site avant sa destruction émanent des observations de J.-M. Lalanne dans les années 70, complétées par celles de J.-F. Pichonneau (SRA Aquitaine) au m o ment des travaux. L'ouvrage présentait une plate-forme de plan carré 6 dominant de plus de trois m ètres les terrains environnants ; celle­ ci était entourée d'un ensemble de fossés en eau, d 'une largeur constante de 7 m po ur 4 m d e profondeur, associés à d es talus larges de 6,50 m environ pour une hauteur de 4 m. Des d onnées archéologiques ont été recueillies alors que les travaux étaient en cours (comblement des fossés, nivellement des talus, arasement de la plate-forme ) ; elles ont été réduites à 0 lOOm un rapide relevé d'ensemble, accompagné d'obser-vations notées au fil de la progression des terrassements et Fig. 2 : StructuTes fossoyées de la bastide de Sarron TejJortées à l'occasion d'un sondage sous form e suT le jJlan cadastral du XJxe siècle (d 'ajJrès ]. -M. Lalanne et J. -F Pichon neau). d'une tranchée nord-sud coupan t les fossés et les talus du Cas té rot (coupe A- A', fi g. 2). Ces très mauvaises conditions pas sans conséquence au moment d'étudier la d'interve ntio n ont considérablem ent limité la céramique iss ue de ce site. Deux états de portée d es observations, ce qui n'est évidemmen t constructi on ont été reconnus (fig. 3 et 4) : le plus ancien, caractérisé par des niveaux de remblais de limon gris (U.S. 1002, 1004, 1005),

6. De 30 mètres de côté sel o n J. ·~ l. Lah111n c, de GO mètres de cô té sel o n dans lesquels ont été creusés deux fossés .J.-F. Pi chonnca u (note in édite et inform ati on orale de celui-c i ; idt'm pour encadrant un espace d 'une quinzaine de mètres to utes les in fo rm ati ons qu i sui vcm co ncerna nt la descript io n du Castérot ct l'in tcrYc ntio n archéologique). de largeur et déterminant une première plate- 320 Aquitania, XVI, 1999 C. Balla rin, A. Bercl oy

A -~~~~~~~~1 00~7~1 ~~~. ~~1~002~1 00~~3~~1 QO.I~~~I ~OOS~:__;~=~J ~

0 Sm

Fig. 3 : Coupe st-ratigraj;hique du Castérot (d 'ajJ-rès j -F Pichonneau).

aménagements sont ceux qui étaient encore visibles avant le remembrement. Fortement perturbés par les labours successifs puis par les travaux, ils n'ont révélé aucun niveau d'occupation. Incendie

Occupation DESCRIPTION DU MATÉRIEL CÉRAMIQUE Toute la céramique recueillie lors d e l'opération archéologique de 1989 provient d'un dépôt et du niveau d'incendie présent dans le Construction fond des fossés du premier état 7. Par ailleurs, deux autres lots de céramiques, provenant également du site du Castérot, ont été rassemblés : le premier, par le Groupe Fig. 4 : Mise en séquence des unités st-ratigraj;hiques Archéologique du Vic-Bilh s, qui a procédé, la de la coupe du Castérot m ême année, à un ramassage lors d e (d'aj;-rès j-F Pichonneau). l' achèvement des terrassements liés au remembrement; le second est iss u d'une coll ecte forme de dimensions réduites sur laquelle a été effectuée en 1992 par 1\m des auteurs 9, à la s uit~ observé un sol aménagé en galets. D'autres sols, d'un labour profond sur l' emplacement de la de nature identique, ainsi que des plaques fortification de terre arasée. L'un et l'autre de ces d'argile rubéfiée (plaques-foyers ?) se ensembles - semblables à celui de l' opération développaient au-delà des fossés, toujours sur ces archéologique tant par les formes que par les mêmes niveaux de limon gris. La présence de pâtes, les décors et les marques- n'ont été utilisés couches contenant un abondant matériel dans notre étude que dans la mesure où ils céramique (U.S. 1008, 1011 , 1012) a été notée apportent un complément d'information. Ainsi, dans les fossés (dépotoirs) . Cette phase de le catalogue des formes, élaboré à partir du construction et d'occupation interprétée mobilier de l'opération archéologique, a-t-il pu comme pouvant correspondre aux premiers être enrichi grâce à une forme, mieux conservée aménagements liés à la bas tide - était scellée par ou complémentaire, provenant des ramassages un niveau d'incendie (U.S. 1003, 1006, 1007) de surface ultérieurs. nettement perceptible dans les fossés et sur Le lot de référen ce représente un ensemble de l' espace s'étendant à l' extérieur de ceux-ci. Le 678 tessons correspondant, après recollage, à deuxième état, représenté par d'importants 99 individus IO (fig. 58). Un tri visuel permet de apports de remblais d'argile j aune et de galets, a vu le comblement des premiers fossés ainsi que l' exhaussement et l' élargissement de la plate­ ï . U.S. 1006, lODi , 1008 c t 10 11 ; toutefois, compte tenu des conditions d'intervention, la cé ramique n'a pu être enregistrée selon ces unités forme (U.S. 1000, 1001) qui fut alors circonscrite Sllïlligraphiques. Cc m;u ériel no us a é té confi é po ur étude par le SR..\ dans une seconde ligne de fossés beaucoup plus d'Aq uitaine. Il est réfërencé SA R89 sui vi du numéro d'enregistrement. 8. Cc matériel no us a été confié pour étude par O. Echccopar e t L. Rci g ; il est

larges que les précédents. Ces derniers référencé GAVB. 1 9. Référencé SA R9 2. Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes) Aquilania, XVI, 1999 321

distinguer 5 groupes de production déterminés par la présence, combinée ou non, de nodules en fonction de la texture, de la couleur et des ferrugineux, de paillettes de mica et de rares inclusions, caractéristiques auxquelles s'ajoutent graviers. Les traces de façonnage observées des observations en matière de technique de correspondent à celles d'un tournage rapide. façonnage 11_ • Groupe C : la pâte est de texture fine et de Les groupes de production couleur globalement orangée. Si aucun grain de sable n'apparaît à l'œil nu, de petits nodules • Groupe A : grès dont la pâte sonore, lourde ferrugineux et, parfois, quelques paillettes de et dure, comporte de nombreuses inclusions qui mica sont toutefois observés. Dans l'ensemble, la lui confèrent un aspect grossier et rugueux. Ces pâte offre une surface lisse. Les formes de ce inclusions, sous forme de graviers erratiques et de groupe présentent les traces caractéristiques du sable, sont régulièrement réparties. La cassure du tournage rapide. tesson présente une structure feuilletée en général nettement perceptible. La couleur de la • Groupe D : terre cuite rouge contenant de pâte ne constitue pas, à proprement parler, un nombreux grains de chaux, quelques nodules critère d'identification tant elle peut être ferrugineux et un sable à granulométrie variable ; il faut néanmoins noter 1c1 une irrégulière mais relativement fine. La surface dominante de brun rougeâtre et de gris. Ce type interne des tessons comporte d'importantes de céramique ne comporte jamais de glaçure ni traces de digitations. Les céramiques de ce d'engobe. groupe n'ont pas fait l'objet d'un tournage D'un point de vue technique, ces céramiques rapide. ont été façonnées sans tournage rapide ainsi • Groupe E : terre cuite sonore à dominante qu'en témoigne l'irrégularité des formes marron ; la surface externe des tessons est lisse et produites : absence d'axe de symétrie, hauteur généralement flammée (teinte grise) . Cette pâte variable de part et d'autre d'un même vase, contient un sable fin mais abondant, des nodules formes imparfaitement circulaires, épaisseur de ferrugineux et des particules de mica. Des traces pâte différente sur un diamètre donné 12. Par de modelage sont visibles sur la surface interne ailleurs, de nombreuses empreintes de doigts des panses et des fonds alors qu'un tournage est sont souvent présentes sur la surface interne des perceptible sur les cols et les lèvres. panses qui sont autant de traces du modelage mis en œuvre. Un "dispositif tournant" (du type Visuellement, la pâte A est analogue à celle des tournette par exemple) a cependant été utilisé, productions du centre potier béarnais de Garos au moins pour la reprise du col et jusqu'au et Bouillon 14, ce que confirme la caractérisation sommet de lèvre 13. chimique réalisée par D. Dufournier (C.R.A.M. Caen, cf. annexe). Les autres types de pâte définis • Groupe B: terre cuite à dominante orangée semblent pouvoir correspondre à autant de contenant un sable abondant régulièrement groupes de production. Toutefois, les recherches réparti et plus ou moins fin. Ces caractères qui dans la région ne sont pas suffisamment avancées définissent le groupe B sont parfois complétés pour qu'il soit possible, d'une part, d'affirmer que chaque groupe correspond effectivement à un centre de production et, d'autre part, d'en JO. Ces comptages o nt été effectués en nombre minimal d'indi\'idus (N MI ) sur la base du nombre de lèvres, d'anses ou de becs après recherche soigneuse des localiser éventuellement l'origine. collages. Cette quantification a été appliquée aux se ul es céramiques recueillies lors de l'opération archéologique de 1989. Il. Quelques tessons isol és ne représentant aucun indi\~ d u n'ont pas été pris en co mpte ici. Leur nombre est en effet trop faibl e po ur donner lieu à des obse n '

GAVB SAR89/4 1.1.1 1.1.1

5 6 0;...~=-,;:,;Scm Fig. 5 et 6 : Pichets.

Typologie _,)-- Vases fermés Pichets 15 • forme 1.1.1. (fig. 5 à 14) : 13 individus- pâte SAR89/95 SAR89/ 162 A ; pichet à col court, panse globulaire et fond 1.1.1 1.1.1 plat, doté d 'une anse opposée à un bec pincé. En ' raison de nombreuses variations, la lèvre n'est pas ici un critère absolu de reconnaissance ; elle peut en effet être confondue avec celle de la forme ) 1.2.1. (pot). Toutefois, d'une manière générale, ~- elle est plus ou moins éversée et terminée par un SAR89/88 court bandeau vertical ou oblique, marquée ou 1.1.1 SAR89/2 non d'un sillon et/ou d'un bourrele t. L'anse est 1.1.1 le meilleur marqueur de cette forme ; plate, attachée sur la lèvre, elle est généralement décorée d e coups de poinçon disposés en lignes verticales. Ces pichets peuve nt présenter un ,--- décor incisé à cru de lignes ondées (une ou deux) 9 12

SAR89/161 SAR89/94 1.1.1 1.1.1 \ 5. O n cmend par pi chets des vases di sposant d'ull élément de préhe nsion e t/ ou d'un bec, de cont enance moindre qu e les cru ches (cf. ci-après). Ceue caractéri stiqu e morphologiqu e ne ti ent pas compt e de la foncti on des vases 0;...~=-,;:,;Scm sachant qu 'un pi chet a pu être t11il isé comm e pot à cuire. Deux profils d'un même vase ont été dessin és pour ccnains pi chets qui pc rm eucm de visualiser Fig. 9 à 14 : Lèv-res de jJichet. la lèvre à un endro it o l1 elle n'a pas é té déformée par la pose de l'anse. Les céramiques médi évales elu site elu Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, XVl , 1999 323

......

SAR89/3 1.1.1

SAR89/ l 1.1.1 '-~=....;S;.c.m

Fig. 7 et 8 : Pichets. 324 Aquitania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

1 1 1 1 ,, ,,,, Il .// ...... :: ...

SAR89/ 164 SAR89/183 1.1.4 1.1.2

·-~~~Sem SAR89/165 1.1.3

~ Fig. 15 à 17: Pichets. 16

qui s'interrompent de part et d'autre de l'anse. de l'anse, est inconnu. La lèvre, au sommet Notons également parfois la présence d'une arrondi, est marquée par un bandeau rectiligne marque (sous forme de N droit ou inversé) court. A l'intérieur, un large sillon est incisée, à gauche de l' anse. Les diamètres marqué, sous la lèvre. d'ouverture sont compris entre 7 et 12 cm pour des hauteurs de 8 à 12,5 cm. • forme 1.1.3. (fig. 16) : 1 individu- pâte C ; Certains de ces pichets portent des traces de forme incomplète caractérisée par une ouverture suie témoignant de leur passage au feu. étroite (9,5 cm), un col haut, une anse rubanée ­ à sillon central nettement marqué- attachée sur • forme 1.1.2. (fig. 15) : 1 individu- pâte B ; la lèvre, à l'opposé de laquelle est appliqué un bec forme incomplète dont les parties conservées verseur rapporté. La lèvre est à bandeau concave montrent une ouverture étroite (env. 10 cm), un et renflement interne. Une glaçure verte col haut, une anse rubanée attachée sous la lèvre mouchetée est visible sur l'attache de l'anse, sur le et sur l'épaulement. Le bec, s'il existe à l'opposé bec et, à l'aplomb de celui-ci, sur le coll6. Les céramiques médiévales du site elu Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, X\11 , 1999 325

SAR89/71 1.2.1

SAR89/25 1.2.1

• forme 1.1.4. (fig. 17) : 1 individu - pâte D ; forme incomplète dont il subsiste une panse globulaire et un fond plat. L'arête de ? ILS ce dernier, à angle droit, ébauche une sorte GAVB de pied. On note également une attache 1.2.1 d'anse sur la panse. Un décor de bandes verticales de peinture blanche à l'engobe orne cette dernière, de l' épaulement à la base. Une rainure horizontale ainsi qu'une glaçure verte mouchetée sont présentes sur le haut de la panse. Pots 17 ? • forme 1.2. 1. (fig. 18 à 26) : 55 individus­ pâte A ; forme incomplète à panse globulaire SAR89/31 dont on peut avancer qu'elle ne comporte ni 1.2.1 bec ni anse (aucune trace n'en subsiste) et qu'elle présente un fond plat (tous les fonds en pâte A sont de ce type). Les diamètres d'ouverture sont compris entre 10 et 21 cm, dont une majorité entre 14 et 17 cm. La lèvre, nettement infléchie vers l'extérieur, est terminée par un court bandeau vertical. Les variantes de cette forme concernent essentiellement la lèvre dont le fléchissement SAR89/34 peut être plus ou moins important. Très 1.2.1 prononcé, il détermine alors une sorte de méplat; moindre, il affecte le bandeau qui n'est plus vertical mais oblique. Ce dernier comporte par ailleurs un sillon, plus ou moins marqué et pouvant aller jusqu'à 18 19 l'apparition d'un petit bourrelet. Ce vase est parfois décoré de coups de poinçon (en ligne 20 sur le méplat de la lèvre ou sur le haut de la 21 SAR89/24 1.2.1 22

16. Une rormc identique complète est connue dans un IOL de matériel pro­ 23 venan t de 1-lolllanx (Causse ri al. 1994 , 444, pl. IV) . 0;,._~~-5;;,.cm 17. Vases sans mtse ni bec. Fig. 18 à 23 : Pots. 326 Aquilania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

panse), d'incisions (une ou deux lignes .. ondées, parall èles ou entrecroisées sur la panse) ou de reli efs formant des sortes d e cordons grossièrement pincés (droits ou en ligne brisée). Plusieurs de ces décors peuvent être associés sur un même vase. A considérer la lèvre de ce vase, il est souvent difficile, lorsque celle-ci est peu infléchie vers l'extérieur, de faire la distinction entre ce pot et la forme l.l.l. (pichet). Dans ce cas, la nature d es décors - notamment les cordons et les combinaisons­ semble pouvoir être considérée comme un critère d'identification. L'un des individus conservés porte, sur le haut de la panse, une marque en forme deN. Enfin, la présence de résidus carbonisés atteste la fonction culinaire de ces pots.

• forme 1.2.2. (fig. 27) : 3 individus - pâte A ; forme incomplète à lèvre légèrement GAVB évers ée et bandeau vertical. Les diamètres 1.2.1 d'ouverture ayant pu être mesurés sont respectivement de 11 et 14 cm. Des traces d e passage au feu sont visibles. • forme 1.2.3. (fig. 28) : 3 individus - pâte A ; forme incomplète à lèvre éve rsée et bandeau rectiligne incliné . Les diamètres d 'ouverture ayant pu être mesurés sont de 19 et 20 cm.

• forme 1.2.4. (fig. 29) : 1 individu - pâte A; forme incomplète à col court et ouverture SAR89/28 1.2.1 étroite (10 cm). La lèvre carrée légèrement évers ée est décorée d'une ligne de coups de poinçon. L'épaulement présente une combinaison de courtes incisions verti cales au-dessus de deux lignes de décor ondé.

• forme 1.2.5. (fig. 30) : 1 individu prove nant du ramassage de 1992 - pâte B ; forme incomplète caractérisée par un grand diamètre à l' ouverture (16 cm) et une lèvre arrondie rentrante marquée d'un sillon interne. U ne attache d'anse est visible sur la lèvre.

SAR89/35 • forme 1.2.6. (fig. 31) : 1 individu 1.2.1 provenant du ramassage de 1992 - pâte C ; forme incomplète à lèvre arrondie infléchie Fig. 24 à 26 : Pots. Les céramiques médiévales du site elu Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, XVI, 1999 327 .. =---;; SAR89/85 1.2.3

SAR89/42 1.2.2

27 j28 SAR891102 29 1.2.4 0;....~~,;:,;5cm

Fig. 27 à 29: Pots.

t:==l j SAR92/178 1.2.5 SAR92/ 177 ' 1.2.6

SAR891184 30 j31 1.2.7 32

Fig. 30 à. 32 :Pots. 328 Aquitania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

triangulaire à bandeau plus ou moins incliné. L'ouverture est comprise entre 9 et 10 cm.

• forme 1.3.2. (fig. 35) : 1 individu - pâte B ; forme incomplète se rapprochant de la morphologie générale de la SAR89/168 1.3.1 forme 1.3.1. La lèvre est à méplat et l'ouverture de 9 cm.

Parmi les tessons de panse isolés, certains peuvent être rapprochés de ces formes (1.3.1. ou 1.3.2.) par leur pâte, leur épaisseur et leur faible courbure ; il s'agit de tessons portant un décor de cordon, strié ou réticulé à la molette, ornant la panse et prenant le bec en écharpe.

• forme 1.3.3. (fig. 36) : 1 SAR89/169 individu - pâte A ; forme 1.3.1 33 incomplète à ouverture étroite 34 (12 cm), col très court et Fig. 33 et 34 : Cruches. épaulement horizontal. La lèvre à bandeau est légèrement vers l'intérieur, formant, à l'extérieur, un éversée. Ce vase s'apparente par sa morphologie bandeau oblique. Une tache de glaçure verte à la forme 1.3.1. ; il est donc vraisemblable qu'il mouchetée est visible, à l'extérieur, dans le creux comporte un bec tubulaire sur l'épaulement. du col. • forme 1.3.4. (fig. 37) : 1 individu - pâte E ; • forme 1.2.7. (fig. 32) : 1 individu - pâte C; forme archéologiquement complète, de petit forme incomplète à ouverture étroite (10 cm), volume (diamètre d'ouverture: 9,5 cm; hauteur: col court et épaulement oblique. La lèvre, à large 12 cm; diamètre maximal: 15,5 cm; diamètre du bandeau vertical, est éversée et dotée d'une gorge fond : 9,5 cm), à panse globulaire, fond interne. Une glaçure, sous forme de points lenticulaire, anse plate en étrier dans l'axe d'un transparents, est visible à l'intérieur de la lèvre. petit bec tubulaire apposé sur la panse. La lèvre à court bandeau est légèrement éversée. Le fond se Cntches 18 distingue de la panse par une rupture de courbe • forme 1.3.1. (fig. 33, 34) : 2 individus- pâte formant une arête ténue. E ; cette forme de grand volume se caractérise par une panse surbaissée plus large que haute. • forme 1.3.5. (fig. 38 à 41) : 3 individus- pâte L'épaulement, presque horizontal, supporte une B ; forme incomplète comportant un bec anse rubanée massive et un bec tubulaire assez tubulaire. La lèvre de ce vase, triangulaire, est volumineux. Le col est inexistant. La lèvre est terminée par un bandeau vertical ou incliné. Deux diamètres d'ouverture ont pu être mesurés qui sont respectivement de 9 et 10 cm. 18. Vases de plus grande contenance que le pichet, disposant d'une anse et d'un bec LUbulairc. Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, XVI, 1999 329

SAR89/172 1.3 .2

SAR89/86 1.3.3

~ ,-;:.:.:::::::_-:::::, SAR89/ 170 , ,.. ' ' 1 / ' ' 1.3.5 / ' ,,',, - ' -1====::.:_'- ' 1 ' ~' - \

SAR89/173 1.3.5

SAR89/176 )- 1.3.4

SAR89/17 1 ;....~~o:..5.cm 1.3 .5 35 36 37

38

SAR89/186 1.3 .5 Fig. 35 à 40 : Cruches. 41 Fig. 41 : Bec de cntche. ;....~~o:..5cm 330 AquilCLniCL, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

GAVB 2.1.1

~ --- ______)______~

SAR89/12 2.1.1

SAR89/ 167 2.1.2 42 --~~.-:.5cm Fig. 42 à 44 :Jattes. 43 [44

Vases ouverts Bassins 20 • forme 2.2.1. (fig. 45) : 1 individu- pâte A; Jattes !9 forme incomplète à paroi évasée vraisem­ • forme 2.1.1. (fig. 42, 43) : 1 individu (+ 1 blablement rectiligne. La lèvre carrée, individu archéologiquement complet provenant légèrement éversée, est décorée d'une ligne de du ramassage du Groupe Archéologique du Vic­ coups de poinçon. Le diamètre approximatif de Bilh) - pâte A ; vase bas à paroi évasée courbe et l' ouverture est de 36 cm. fond plat. La lèvre carrée est légèrement éversée. Dans l'un des cas, elle présente un petit sillon qui • forme 2.2.2. (fig. 46) : 1 individu- pâte A ; détermine un bourrelet et est décorée d'une forme incomplète à paroi évasée. La lèvre carrée ligne de coups de poinçon. Les dimensions sont éversée est soulignée, à l'intérieur, par un sillon de 17 et 19 cm de diamètre d'ouverture, de 5,5 et et un bourrelet et, à l' extérieur, par un bourrelet. 7 cm de hauteur et de 10 et 11 cm de diamètre de Un décor sous forme de trois lignes de coups de fond. poinçon est visible sur le haut de la panse, sur le sommet et à l'intérieur de la lèvre. Un relief • forme 2.1.2. (fig. 44) : 1 individu- pâte B ; irrégulièrement pincé détermine un cordon sur forme proche de la j atte 2.1.1. (26,5 cm de le haut de la panse. L'ouverture a un diamètre diamètre d'ouverture ici). Le sommet de la panse approximatif de 35-36 cm. est aminci par un enlèvement de pâte qui contribue à former une carène peu prononcée. • forme 2.2.3. (fig. 47) : 1 individu- pâte A; forme incomplète à paroi rectiligne évasée. La

19. Vases à parois plus o u mo ins évasées, de Laill e moindre que les bassin s (cf. ci· après). 20. Vases de grande tai ll e à parois évasées. Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, XVI, 1999 331

~------~------~~~

1

SAR89/17 2.2.1

SAR89/16 2.2.2

SAR89/18 2.2.3

~--0 45 46 SAR89/19 2.2.4 47 48 49 150

Fig. 45 à 48 : Bassins. Fig. 49 et 50 : SAR89 GAVB Fmgments de jJanse à.

0;...-==--;:5.;c m incisions internes. 332 Aquitania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

lèvre droite à deux pans divergents sur le sommet Elle est décorée de coups de poinçon sur le est terminée par deux bourrelets, l'un à rebord. Une incision rectiligne verticale est l'intérieur, l'autre à l'extérieur. Trois lignes de visible à l'intérieur de la partie conservée de ce coups de poinçon ornent le haut de la panse, le vase. sommet de la lèvre et l'intérieur de celle-ci. Sur le Un tesson de panse du lot SAR89 et un autre haut de panse, sous la ligne de coups de poinçon, provenant du ramassage du Groupe un relief, irrégulièrement pincé, forme un Archéologique du Vic-Bilh présentent, sur leur cordon. Des incisions obliques et sécantes, face interne, le même type d'incisions (fig. 49, réalisées à cru, sont visibles sur la face interne de 50). En outre, l'un d'eux comporte, à l'extérieur, la panse. Le diamètre d'ouverture est un cordon de pâte grossièrement pincé. Ces approximativement de 36 cm. tessons sont à rapprocher des formes 2.2.3. ou 2.2.4. • forme 2.2.4. (fig. 48) : 1 individu - pâte A ; forme incomplète dont la lèvre triangulaire est terminée à l'extérieur par un bourrelet saillant.

SAR92 SAR89/15 3.1.1 3.1.1

# 0 0 1

.8 ~ 0 0 ~ ~ .. 8 ~~------~\ \ SAR89/7 SAR89/13 3.1.1 -3.1.1 o,__~~-5-cm Fig. 51 et 52: Couvercles. ~ Fig. 53 : Anse de couvercle. 53154 Fig. 54 : Couvercle. Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes) Aquitania, XVl, 1999 333

Couvercles fond (dont deux recollent) sont ornés de cordons gross1erement pincés parallèles et Couvercles plats distants de 0,5 cm les uns des autres. • forme 3.1.1. (fig. 51 à 54) : 2 individus (+ 1 individu provenant du ramassage de 1992) - pâte A ; couvercle plat à anse centrale qui présente d'importantes variations, essentiellement liées au décor : digitations sur le rebord, la surface et SAR89/185 l'anse; lignes de coups de poinçon concentriques 4.1.1 sur la surface ; lignes parallèles de coups de poinçon sur l'anse ; cordon grossièrement pincé sur l'anse ; ligne brisée incisée sur la surface ; ligne d'ocelles estampées sur l'anse. Ces différents décors peuvent être combinés entre eux. Les diamètres ayant pu être mesurés sont respectivement de 16 et 16,5 cm. J SAR89/166 • forme 3.1.2. : 1 individu - tesson qui n'a pu 4.1.2 être rattaché à un groupe de pâte ; cette dernière est une terre cuite fine à dominante marron contenant un sable abondant mais fin associé à 6 du mica ; on observe en surface de nombreuses ~- vacuoles. Couvercle incomplet plat à anse 7 centrale. Celle-ci est décorée d'une ligne SAR89/174 4.1.2 21. ~ Sem médiane de coups de poinçon

Formes indéterminées Fig. 55 à 57: Formes indéterminées.

Lèvres Par ailleurs 16 tessons de fond plat- en pâtes • forme 4.1.1. (fig. 55) : 1 individu- pâte B ; B, C, D etE- ont été dénombrés. Parmi ceux du lèvre verticale à bandeau concave et renflement groupe B, l'un des fonds est associé à un pied interne déterminant une ouverture étroite vertical et pourrait de ce fait appartenir à un (8 cm) . Un trait oblique de glaçure brun-rouge pichet. est visible sur la partie conservée de la lèvre. • 4.2.2. : fonds lenticulaires • forme 4.1.2. (fig. 56, 57) : 2 individus- pâte Seuls deux tessons isolés de fond lenticulaire B ; lèvre très légèrement éversée à bandeau ont été relevés. Ils sont en pâte B et portent des vertical ou incliné. L'un des diamètres traces de chauffe répétées suggérant qu'il s'agit là d'ouverture n'a pu être déterminé ; l'autre est de de fonds de pots à cuire. Si tel est le cas, on ne 19 cm. peut pas en conclure pour autant que tous les pots à cuire disposent d'un fond de ce type. A la Fonds surface de l'un d'eux, un point de glaçure • 4.2.1. : fonds plats jaunâtre, bien que d'origine probablement Tous les fonds en pâte A (55 tessons) sont plats accidentelle, témoigne de l'usage de la glaçure et nombreux sont ceux qui présentent des traces dans les officines de ce groupe de production. de suie attestant de leur passage au feu. Dans le lot issu de la prospection de 1992, trois tessons de Panses remarquables Deux tessons isolés en pâte A (+ 3 dans le ramassage de 1992) présentent un décor qui n'a, jusqu'ici, été rencontré sur aucune forme mais 21. Trop incomp lète, cette forme n'a pu être dessin ée. 334 Aquitania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

qui est quasiment identique à celui relevé sur des contexte incite à considérer cet ensemble comme tessons de fond plat: il s'agit de cordons verticaux un tout, chronologiquement homogène, des distants d'environ 0,5 cm, grossièrement pincés ; arguments supplémentaires viennent renforce r chacun est ici souligné d'un trait finement incisé ce constat. Ainsi, la gamme des formes, qui se prolonge un peu au-delà du relief. relativement réduite (pots, pichets, cruches, Huit tessons isolés en pâte B présentent des jattes, bassins et couvercles), correspond-elle décors : cordon (1 tesson) , glaçure brun­ précisément à la typologie du vaisselier médiéval rougeâtre mouchetée (1 tesson), bandes régional. Par ailleurs, certaines formes, et plus verticales de peinture blanche à l'engobe particulièrement les pichets 1.1.3. et 1.1.4., recouvertes d'une glaçure vertjaune mouchetée présentent des traits manifestement médiévaux. (décor qui rappelle celui de la forme 1.1.4., 3 Il est en outre possible d'exclure l'époque tessons), glaçure verte mouchetée (1 tesson), moderne en raison de l' absence de formes tétons recouverts d'une glaçure verte mouchetée typiques de cette période : écuelles, bols, (2 tessons). assiettes, lèchefrites, réchauds ... Parmi les tessons isolés en pâte C, notons la Les caractères intrinsèques de ce lot présence d'un fragment de panse à cordon conduisent donc à proposer, dans un premier réticulé (appartenant probablement à une temps, une attribution médiévale, vaste cruche) ainsi que celle de trois tessons ornés de fourchette chronologique qu'il est possible de tétons dont deux portent également une glaçure resserrer, en amont, grâce au contexte verte mouchetée. Ce dernier décor est à historique. Le Castérot apparaît en effet lié au rapprocher de celui des pichets découverts sur le premier état de la bastide de Sarron dont la date site de Hontanx (Landes, canton de Villenelwe­ de fondation est comprise entre 1307 et 1318. Cet de-Marsan) 22. ensemble céramique ne serait donc pas antérieur aux premières décennies du xrve siècle. Un cas particulier est représenté par un tesson, C'est en procédant, dans un second temps, par aux parois épaisses, qui semble avoir été moulé et comparaison que l'on peut espérer vérifier et pourrait appartenir à un instrument à vent. La affiner quelque peu cette chronologie. Il apparaît pâte blanche, qui n'a été rattachée à aucun des cependant que les rares lots de céramique issus cinq autres groupes, est caractérisée par un sable des sites landais ont jusqu 10 fait l'objet abondant à la granulométrie irrégulière. d'attributions chronologiques qui procèdent elles-mêmes, non pas de données archéologiques ATTRIBUTION CHRONOLOGIQUE (stratigraphiques notamment) mais de comparaisons à plus ou moins grande échelle En l'absence de mobilier archéologique ou de géographique. Sans ignorer les études déjà verre associé à l'ensemble céramique du site du réalisées sur le mobilier de Mont-de-Marsan, Dax, Castérot, force est de s'en tenir aux seules ou Hontanx, nous avons donc observations fournies par ce dernier pour en tirer délibérément choisi de ne pas comparer le des arguments utiles à une attribution matériel de Sarron à celui des autres sites landais. chronologique. En dépit de l'éloignement géographique, les Remarquons tout d'abord la cohérence de ce recherches plus avancées dans le nord de lot recueilli, nous l'avons vu, dans des niveaux de l'Aquitaine, en particulier en Gironde, faible amplitude présents dans les fossés du constituent en revanche un premier point premier état de l'ouvrage de terre, niveaux scellés d'appui quant aux caractères généraux de la par les remblais stériles du second état. Selon les céramique médiévale régionale. Certes, des observations de J.-F. Pichonneau, le matériel différences existent entre le lot de matériel céramique recueilli était concentré dans le fond recueilli à Sarron et le vaisselier de la région de ces fossés, sous le niveau d'incendie. Si un tel bordelaise. Cependant, un certain nombre de points communs sont également perceptibles, tant du point de vue des formes (pichets) que des

22. Causst: t'f al. 1994, 444, pl. IV. décors ou traitements de surface (glaçure Les céramiques médiévales du site du Cas té rot à Sarron (Landes) Aqu.itania, XVl , 1999 335

mouchetée, peinture à l' engobe, tétons ... ) . De donc compréhensible que le lot que nous avons ces éléments, la glaçure peut être considérée eu à traiter ait été composé d'une part importante comme un critère d'attribution chronologique. de formes entières (ou archéologiquement Celle-ci apparaît à la fin du XIW siècle et son complètes) et qu'y soit représentée une assez aspect m oucheté est caractéristique de la période grande diversité typologique. qui s'étend de la fin du xme siècle à la première Cette variété dans la gamme des formes moitié du xve siècle 23 . A condition que ce trait appelle toutefois des nuances à considérer le puisse être étendu aux Landes - ce qui est nombre d'individus identifiés dans chaque probable -, la chronologie proposée pour le lot catégorie. Le groupe des pots domine l' ensemble d e Sarron peut être resserrée, en aval cette fois. de façon écrasante (65 individus) et, si les pichets Cet ensemble s' inscrirait alors dans une sont ensuite encore relativement nombreux fourchette comprise entre le début du xiVe siècle (16 indiv. ), les autres formes sont n·ettement et la première moitié du xve siècle. moins bien représentées (cruches : 8 individus ; Bi en que fragile, une autre hypothèse se doit bassins : 4 indiv. ; couvercles : 4 indiv. ; jattes : d'être évoquée. Il est en effet tentant de mettre en 3 indiv.) . relation le niveau d'incendie scellant les unités Il est possible d'établir une autre distinction en stratigraphiques qui contenaient la céramique se fondant, n on plus uniquement sur des critères étudiée ici avec l'incendie surve nu aux alentours typologiques, mais sur la fonction (déduite ou de 1320 et ayant occasionné la disparition du supposée) des différentes formes rencontrées. La texte des coutumes de la bastide. Ce prépondérance des vases "d'office" par rapprochement apparaît d'autant plus fondé opposition à une vaisselle "de table" - est que, suite à cet épisode, la reconstruction de remarquable. En effet, s'il est probable que la Sarron fut ordonnée. Or, nous l'avons vu, les plupart des pots étaient destinés à la cuisson des observations de J.-F. Pichonneau attestent d'un aliments (nombre d'entre eux présentent des second état de construction sur le site du traces de passage au feu , en particulier ceux de la Castérot, matérialisé notamment par forme 1.2.1. qui domine numériquement dans ce d'importants niveaux de remblais. Dans cette groupe avec 55 individus) , il est nécessaire de optique, nous serions alors en présen ce de prendre également en compte certains pichets céramiques en usage dans le premier quart du (forme l.l.l.) . Ces derniers, dont l'usage en tant xiVe siècle. Si une telle attribution chronologique que vases à cuire est attesté (résidus carbonisés) est acceptable en soi, elle d emande cependant à représentent 13 indivi dus dans un groupe qui en être corroborée par de nouvelles données. totalise 16. Si l'on hésite à placer les jattes dans un ensemble plus que dans l'autre, il est en revanche UN ENSEMBLE RICHE plus aisé de considérer que les bassins et les couvercles sont à rattacher à la vaisselle "d'office". D'ENSEIGNEMENTS La proportion de cette vaisselle "d'office" Considéré dans sa globalité, ce lot de matériel apparaît donc largement majoritaire dans ce lot appelle plusieurs remarques. Notons en premier du Castérot où les cruches et certains pichets lieu que, bien que peu important (678 tessons) , il (formes 1.1.2., 1.1.3. et 1.1.4.), qui sont plus à fournit des informations non négligeables en mettre en relation avec le service ou la table, ne terme d'individus (103 pris en compte ici, cf. représentent, au total, que 11 individus. fig. 58). Le contexte dans lequel a été recueilli ce Cette distinction établie en prenant en compte matériel n'est pas étranger à cet état de fait. Le la fonction de telle ou telle forme, quoique toute sondage archéologique a en effet recoupé les schématique et théorique, se trouve néanmoins fossés du premier état du Castérot, fossés qui ont renforcée par l'aspect m ême d es céramiques. Les servi de dépotoir - cas de figure classique. Il est unes, "de table", sont plus fines et plus élégantes que les autres qui, en comparaison, apparaissent lourdes et grossières (parois épaisses, traces de m odelage ... ). Les premières présentent 23. Fa bre-D upont ~· blere t 199:> , 2 16-2 1ï. 336 Aquitania, XVI, 1999 C. Ballarin, A. Berdoy

Pâte A Pâte B Pâte C Pâte D PâteE Autres TOTAL TOTAL TESSONS 495 34 33 19 81 16 678 TOTAL INDIVIDUS 83+[2] 6+[1] 2+[1] 1 6 2 99+[4] 1.1.1. 13 13 1.1.2. 1 1 Groupe 1.1. 1.1.3. 1 1 Pichets 1.1.4. 1 1 1.2.1. 55 55 1.2.2. 3 3 1.2.3. 3 3 1.2.4. 1 1 Groupe 1.2. Pots 1.2.5. [1] [1] 1.2.6. [ 1] [1] 1.2.7. 1 1 CLASSE 1 1.3.1. 3 3 1.3.2. 1 1 Groupe 1.3. 1. 3.3. 1 1 Cruches 1. 3.4. 1 1 1.3.5 2 2 Groupe 2.1. 2.1.1. 1+[1] 1+[1] Jattes 2.1.2 1 1 2.2.1. 1 1 2.2.2. 1 1 CLASSE 2 Groupe 2.2. 2.2.3. 1 1 Bassins 2.2.4. 1 1 3.1.1 . 2+[1] 2+[1] Groupe 3.1. CLASSE 3 Couvercles 3.1.2. 1 1 4.1.1. 1 1 Groupe 4.1. CLASSE 4 Lèvres indé t. 4.1.2. 2 2

Fig. 58: Tableau synthétique des formes et des groupes de jJmduction (les chijfi'es entre crochets concem ent les céram.iques du Groupe ATchéologique du. 11ic Bilh et de la fJro sfJection au. sol de 1992).

également des glaçures- ce qui n'est jamais le cas rapide ne se vérifie que partiellement (avec les des secondes- et des décors, sous forme de bandes pâtes B etC), les exceptions étant constituées par d'engobe et de tétons notamment, moins un individu (pichet) en pâte D et trois individus sommaires que les cordons, les simples incisions (cruches) en pâte E. ou les coups de poinçon qui ornent pots, pichets Rapportée aux différents types de production, à cuire et autres bassins. l'association entre fonction et technique prend un En fait, cette opposition semble, a jJriori, relief particulier. Ainsi, les céramiques en pâte A répondre au constat selon lequel coexistent - produites dans les ateliers béarnais de Garos et schématiquement dans ce lot deux techniques de Bouillon - représentent-elles non seulement la façonnage, l'une mettant en œuvre le tournage majeure partie des tessons recueillis (73 % ) mais rapide et l'autre pas. Toutefois, s'il est également la quasi-totalité de la vaisselle d'office. effectivement possible d'associer majoritairement Une telle prédominance est très certainement due vaisselle d'office/ absence de tournage rapide à la proximité géographique de Garos et Bouillon (pâte A), le pendant vaisselle de table/ tournage (cf. fig. 1) ; celle-ci n'explique cependant pas tout Les céramiques médiévales du site du Castérot à Sarron (Landes) Aqu.itania, XVJ, 1999 337

puisque d'autres li eux de production, plus chronologique. C'est pourquoi l' on peut proches de Sarron, existent à l'époque médiévale effectivement parler de coexistence de (Lahitte-Taupière, Mo nd bat 24). Si les occupants techniques fondamentalement différentes. Ce du site du Castérot ont donné leur préférence à fait, qui est probablement un des traits majeurs ces poteries, c'est assurément en raison de la de la production céramique du sud de qualité particulière de leur pâte qui permettait l'Aquitaine, n'a, jusqu'ici, pas été clairement mis manifestement à ce type de grès de supporter les en évidence. S'il demande encore à ê tre étayé e t chocs thermiques, en particulier dans le cas d'un complété par de nouvelles études, il n'en usage culinaire. Ils se sont, en revanche, représente pas moins une avancée qui permettra certainement plus volontiers tournés vers d'autres de ne pas systématiser le postulat de travail centres de production en ce qui concerne leur voulant que la céramique procédant du tournage vaisselle "d e table", à caractère plus ostentatoire, rapide s'est substituée à celle issue d'un ensemble dans lequel les poteries de Garos et façonnage à base de modelage (ce qui n'exclut Bouillon sont très nette ment minoritaires. Reste à nullement des reprises de tournage) 25. localiser ces autres centres de production. Par ailleurs, la présence dans le lot de Sarron D'une façon plus générale, soulignons enfin de productions attribuables au centre potier de deux apports majeurs découlant de l' étude de ce Garos et Bouillon permet d'enrichir les lot pourtant peu important numériquement. Les observations réalisées précédemment lors de informations fournies par J.-F. Pichonneau, l'étude d'un très p etit lot de céramiques auteur du sondage-diagnostic, comme la (50 tessons) provenant de Hontanx 26. Si cohérence même du lot que nous avons eu à l' échantillon considéré ici confirme la fabrication traiter permettent d'affirmer que les différences de grès, dès les derniers siècles du Moyen Age, d'ordre technologique observées ne sont pas à h ors des régions traditionnellement productrices m e ttre en relation avec des différences d'ordre de ce type de céramique, il donne en outre à voir des formes inconnues jusqu'alors, enrichissant ainsi un catalogue en constante évolution. 24. Lahille: roupiè re : dépan emclll des Hautes-Pyrénées, arrondissement de Tarbes, cant on de Maubourguet. Mo ndebat : dépanemem des Prrénées­ Atlantiqnes,

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