Contribution De La Télédétection Et
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P hysio-Géo - Géographie Physique et Environnement, 2010, volume IV 151 CONTRCONTRIBUTIONIBUTION DE LA TÉLÉDÉTECTION ET DES SYSTÈMES D'INFORMATION GÉOGRGÉOGRAPHIQUEAPHIQUES À À LA LA PRISE PRIS EN COMPTE DU RISQUE DE PROLIFÉRATION DES AEDES DANS LES ZONES HUMIDES DE BIZERTE (NORD DE LA TUNISIE) Noura BRAHMI (1), Abdessattar HATIRA (2) et Mohamed-Chedly RABIA (1) (1) : Unité de recherche Géomatique des Géosystèmes, FLAHM, 2010 MANOUBA, TUNISIE. Courriels : [email protected] ; [email protected] (2) : Unité de recherche de Pédologie. Faculté des Sciences de Tunis, 2092 TUNIS, TUNISIE. Courriel : [email protected] RÉSUMÉ : Cette recherche a pour objectif d'aider les services d'hygiène en matière de cartographie numérique des biotopes potentiels à gîtes larvaires d'Aedes tout autour des zones humides de la région de Bizerte (Nord de la Tunisie). Ces zones humides subissent souvent des invasions inopinées de ces moustiques qui peuvent transmettre à l'homme des affections virales, microbiennes ou parasitaires (malaria, fièvre jaune, dengue…). Ces invasions posent des problèmes importants de nuisance qu'il importe d'analyser précisément si l'on veut se donner des chances de les enrayer. Pour lutter efficacement contre ces Aedes, il est nécessaire d'avoir une bonne connaissance de leur milieu et de leur écologie. C'est pourquoi, dans un premier temps, nous avons créé une base de données intégrée dans un système d'information géographique (SIG) afin de définir, de localiser et d'analyser, par la superposition de plusieurs couches d'informations relatives au milieu naturel, les biotopes potentiels de prolifération des gîtes larvaires d'Aedes sur la carte d'aléa. Celle-ci constitue une source d'information nécessaire pour préciser le lien existant entre l'environnement et la nuisance, l'élément jugé vulnérable étant la population humaine. La carte du risque de nuisance est alors obtenue par croisement des cartes d'aléa et de vulnérabilité. La classe où le risque est fort concerne Menzel Bourguiba, Menzel Jmil, Menzel Abderrahmen, Tinja and Ghar el Melh. La classe correspondant à un risque moyen englobe toutes les villes et villages aux alentours du lac Ichkeul. La classe ne présentant pratiquement pas de risque couvre le bassin de l'oued Sejnene et la Garaât el Mabtouha. MOTS-CLÉS : télédétection, SIG, aléa, vulnérabilité, risque, biotope, Aedes, Bizerte, Tunisie. ABSTRACT: The major objective of this research is to provide concrete solutions numerical cartography of the potential biotopes to larval lodgings of Aedes all around the wetlands of the area of Bizerte (Northern of Tunisia). These zones are presented in the form of favourable mediums for the proliferation of mosquitos which have a vectorial part in the transmission of much viral, microbial or parasitic affection (malaria, yellow fever, dengue…). These invasions set important problems of harmful effect that should be peculiarly considered and analysed if one wishes to find concrete remedies to stop them. To fight effectively against these Aedes, it is necessary to know thoroughly of their medium as well as their ecology. For this reason, we have established a data base integrated in a geographical information system (SIG) in order to define, to locate and to analyze, by superposing several layers of information related to the natural environment, the potential biotopes of proliferation of the larval lodgings of Aedes on the map of hazard. This constitutes a source of information necessary to specify the existing link between the environment and the harmful effect, the element considered to be vulnerable being the population. The map of risk of harmful effect, obtained by crossing hazard and vulnerability maps, shows three classes. The class where the risk is strong concerns Menzel Bourguiba, Menzel Jmil, Menzel Abderrahmen, Tinja and Ghar el Melh. The class with an average risk involves all the cities and the villages around the lake Ichkeul and its marshes. The class with almost no risk covers the basin of the Sejnene wadi and the Garaât el Mabtouha. 152 KEY-WORDS: remote sensing, GIS, hazard, vulnerability, risk, biotope, Aedes, Bizerte, Tunisia. I - INTRODUCTION Les Aedes, qui prolifèrent dans les zones humides, représentent l'une des principales nuisances pour l'homme, surtout dans les milieux à climat semi-aride, notamment en Tunisie. Les sols inondables des zones humides constituent d'importants biotopes larvaires pour ce genre. Les Aedes jouent un rôle important dans l'émergence et la propagation de maladies humaines et animales telles que la dengue, la filariose, la fièvre jaune… La Tunisie a du reste connu une importante épidémie de dengue en 1927. Ainsi s'impose la nécessité d'une prévention et d'une bonne gestion, afin d'éviter une situation insalubre. Le biotope favorisant la prolifération de ces moustiques associe l'eau, les sols hydromorphes et salés, et la végétation qui leur est associée. Afin de faciliter la lutte contre ce phénomène, l'élaboration d'une carte synthétique de la localisation potentielle des biotopes larvaires s'avère indispensable. L'approche nécessite de prendre en compte des informations relevant de différentes disciplines (F. RAKTOMANANA et al., 2001). À travers la constitution d'un SIG, la démarche se propose de caractériser les composantes de l'écosystème, de déterminer les zones à risque de prolifération et de les classer en fonction de la menace pour la population. L'objectif final est une cartographie des zones vulnérables nécessitant des pulvérisations d'insecticide fréquentes. II - PRÉSENTATION DE LA RÉGION D'ÉTUDE La région étudiée (Fig. 1) couvre le gouvernorat de Bizerte dans la partie Nord de la Tunisie et se situe entre 37° 34' 7" et 37° 21' 14" de latitude nord et 9° 6' 58" et10° 21' 15" de longitude est. Le terrain d'étude est constitué par la retombée orientale des Monts de Kroumirie (Tell septentrional) et les plaines qui lui succèdent à l'est. Le terrain d'étude associe donc des reliefs assez élevés, pouvant dépasser 650 m d'altitude, où les pentes sont fortes, et des plaines ouvertes sur la mer qui ne dépassent pas 100 m d'altitude (voir Fig. 2). La présence d'une zone côtière très arrosée, au nord-est et à l'est, influence les caractéristiques bioclimatiques de la région. Le climat de la région de Bizerte est de type méditerranéen. La pluviométrie annuelle moyenne varie de 450 à 650 mm. La saison sèche coïncide avec la saison chaude. Les mois de juillet et août sont secs et chauds, alors que décembre, janvier et février sont frais et humides. Les cours d'eau issus des massifs s'écoulent vers l'est-nord-est où ils atteignent souvent des zones marécageuses. Il en est ainsi de la "garâa" de la plaine de Mateur qui communique 153 vers le nord avec le lac Ichkeul (1) et le lac de Bizerte. La plaine de Mateur et le lac Ichkeul sont séparés, au sud-ouest du lac, par le Djebel Ichkeul (510 m d'altitude). Le lac Ichkeul reçoit les oueds Joumine, Sejnene, Ghezala et El Meleh. Son bassin versant a été équipé de trois barrages construits entre 1983 et 1994 ; trois autres sont prévus dans les années à venir, ce qui portera à 46 % la part du bassin ainsi contrôlée. Le lac Ichkeul est en relation avec celui de Bizerte par le canal Tinja qui a été doté d'une écluse dans les années 1980. En hiver, le lac Ichkeul déverse ses eaux dans le lac de Bizerte ; la situation est inverse en été. Les lagunes et les sebkhas de la basse vallée de la Medjerda sont liées à l'avancée récente de la côte. Figure 1 - Localisation de la région d'étude. Source de l'image satellitaire : GOOGLE Earth – Data SIO, NOAA, U.S. Navy, NGA, EBCO, Images © 2010 Cnes/Spot Image, © 2010 Tele Atlas, © Google – en libre utilisation à des fins non commerciales). Parmi les centaines d'espèces d'Aedes signalées dans le monde, quelques-unes seulement sont présentes en Tunisie (A. BOUATTOUR et al., 2003). Aedes caspius et Aedes detritus sont les deux espèces halophiles les plus fréquentes et abondantes dans le pays. Aedes caspius se trouve à basse altitude dans tous les pays d'Afrique méditerranéenne. Sa ponte se fait préférentiellement au pied des plantes halophiles. Les gîtes larvaires ont des tailles très variées. Cette espèce passe l'hiver à l'état d'œufs (J. BRUNHES et al., 1999). Aedes detritus, quant à lui, est un moustique paléarctique qui a été remplacé par Aedes coluzzi dans son domaine d'origine. Les œufs, résistants à la dessiccation et au gel, sont déposés au pied de la végétation halophile. Ils éclosent lors de la mise en eau, quelle que soit la période de l'année (J. BRUNHES et al., 1999). Les gîtes larvaires sont de grande taille : (1) Noté lac de Ichkeul sur les figures. 154 mares, marais, canaux, fossés. Ils doivent impérativement être salés. Les larves sont présentes dans les gîtes pendant toute l'année. Les femelles se déplacent sur plus de 15 km pour rechercher leurs victimes. Elles constituent ainsi une nuisance importante dans des zones se trouvant à une grande distance des zones d'émergence (J. BRUNHES et al., 1999). III - OUTILS ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE Les phénomènes sanitaires et épidémiologiques peuvent bien sûr faire l'objet d'une étude intégrant différentes données dans un SIG (E.P. AGUSTIN, 2002 ; M. KOBAYASHI et al., 2002). Cette structuration de la base de données passe par les étapes suivantes : 1 ) Collecte des documents cartographiques et des images aérospatiales multi-sources et multi-dates Ce travail prend en considération les paramètres environnementaux en relation avec le risque sanitaire, à travers une approche intégrée et multi-scalaire. La caractérisation de l'environnement par télédétection spatiale et l'intégration d'informations spatialisées dans un SIG conduisent à la mise en place d'une base de données géo-spatiale.