Écrivains Et Penseurs Autour Du Chambon-Sur-Lignon
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DOSSIER DE PRESSE ÉCRIVAINS ET PENSEURS AUTOUR DU CHAMBON-SUR-LIGNON Dans le cadre de l’année croisée France-Israël et de l’année européenne du patrimoine culturel © DR. Collection privée © DR. Collection EXPOSITION 5 juillet _ 31 août 2018 Lieu de Mémoire au Chambon-sur-Lignon Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon Exposition du 5 juillet au 31 août 2018 au Chambon-sur-Lignon Les paysages de la Suchère qui ont inspiré des poèmes de Francis Ponge (photographe Philippe Bousseaud) L’édition de Bahya Ibn Paqûda en hébreu utilisée à Chaumargeais (coll. Les Amis d’André Chouraqui, avec l’aimable autorisation d’Annette Chouraqui) Gilbert et son père Hyppolite Simondon, en 1963, sur le chemin de « la cabane » aux Mazeaux (photographe « Rencontre Fraternelle » Le W. Raible) Les chemins empruntés par Chambon août 1949 (coll. Gilbert Simondon pour rendre Noëlle Ricœur) visite à Georges Canguilhem (Photographe Philippe Bousseaud) Sommaire P. 3 Edito P. 4 Argumentaire P. 5-9 Le parcours de l’exposition P. 10 Historique et concept de l’exposition P. 11-12 Le dispositif scénographique P. 13-14 Autour de l’exposition P. 15 Publications P. 16 Remerciements P. 17 Réalisation - Informations pratiques 2 © DR. Collection privée © DR. Collection Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon Exposition du 5 juillet au 31 août 2018 au Chambon-sur-Lignon Edito La présence de nombreux intellectuels sur notre territoire est un pan de notre histoire qui, à l’exception d’Albert Camus, est resté jusqu’à présent connu seulement de quelques initiés. Cette exposition permet de découvrir de nombreuses autres personnalités qui sont passés par les villages du Plateau et dont l’œuvre a été marquée par ses particularités culturelles et géographiques. Ce thème, en associant la pensée, l’histoire et la géographie offre un nouvel aperçu de la richesse de notre territoire. L’exposition a ainsi reçu deux labels l’excellence : celui de l’année croisée France-Israël et celui de l’année européenne du patrimoine culturel. Je me réjouis que Michaël Levinas, en mémoire de son père et des intellectuels qu’il a connus dans son enfance, ait voulu donner un récital au Chambon-sur-Lignon dans le cadre du festival de la Chaise-Dieu. Pour concevoir cette exposition, le Lieu de mémoire a bénéficié de l’implication et de la compétence de Nathalie Heinich qui en a assuré le commissariat et d’Aziza Gril-Mariotte qui a coordonné son organisation et effectué les recherches documentaires, ainsi que la riche programmation qui l’accompagne, tandis que de nombreuses personnalités ont participé au comité scientifique. Je les remercie pour leur travail, comme je remercie les nombreux ayant-droit des auteurs et les institutions qui ont permis la réalisation du parcours de l’exposition, l’association des Amis de Jules Isaac à Aix-en-Provence, l’association des Amis d’André Chouraqui, le Mémorial de la Shoah. Je remercie nos partenaires de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Département de la Haute-Loire et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation du Judaïsme et de l’association Verbe et Lumière-Vigilance, sans lesquels cette exposition n’aurait pu voir le jour. Eliane WAUQUIEZ-MOTTE Maire du Chambon-sur-Lignon 3 Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon Exposition du 5 juillet au 31 août 2018 au Chambon-sur-Lignon Argumentaire Le Chambon-sur-Lignon (3000 habitants) avec les villages alentour, sur un territoire dénommé « le Plateau », entre l’Ardèche et la Haute-Loire, est mondialement connu pour avoir sauvé de nombreux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, au point d’avoir reçu à titre collectif un diplôme d’honneur des « Justes parmi les Nations » décerné par Yad Vashem. Mais l’on sait moins qu’en une génération, et dans un rayon de moins d’une dizaine de kilomètres autour du village, autant d’intellectuels y vécurent pour des raisons diverses et notamment, pendant la guerre, des réfugiés juifs. Un trajet d’une journée en voiture dans les magnifiques paysages du Plateau, à 1000 m d’altitude, permet de retrouver les lieux qui abritèrent : l’un des plus grands poètes du XXe siècle (Francis Ponge) ; un romancier, dramaturge et cinéaste renommé, membre de l’Académie française (Marcel Pagnol) ; un philosophe et romancier au rayonnement international, prix Nobel de littérature (Albert Camus) ; trois philosophes ayant considérablement marqué leur discipline dans la France de la seconde moitié du XXe siècle (Georges Canguilhem, Paul Ricœur et Gilbert Simondon) ; un célèbre sociologue et politiste (Raymond Aron) ; trois grands ou futurs grands historiens réfugiés (Jules Isaac – l’auteur des célèbres manuels « Malet et Isaac » –, Léon Poliakov, Pierre Vidal-Naquet) ; trois éminents spécialistes de la pensée juive (André Chouraqui, Jacob Gordin, Georges Vajda, Georges Levitte, et leurs jeunes compagnons de « l’école des prophètes »), qui trouvèrent sur le Plateau plus qu’un refuge ; deux économistes et activistes protestants ayant marqué leur temps (Louis Comte et Charles Gide) ; et, enfin, un futur génie des mathématiques et pionnier du mouvement écologiste (Alexandre Grothendieck), accueilli dans une maison d’enfants du Secours suisse. L’exposition propose aux visiteurs un étonnant parcours dans le temps. On y découvrira les différents motifs qui expliquent cette exceptionnelle conjonction, en un même lieu, de personnalités hors du commun, dont le visiteur pourra ainsi connaître le visage, les œuvres, l’itinéraire les ayant conduits sur le Plateau, les liens que certains ont entretenus durant leur séjour, les témoignages qu’ils en ont laissés, les œuvres qu’ils ont pu y créer. La géographie, l’histoire politique et l’histoire intellectuelle se noueront pour raconter cette exceptionnelle saga, qui a vu naître sur un même territoire des romans tels que La Peste (Albert Camus), des poèmes tels que La Fabrique du pré et Le Carnet du bois de pin (Francis Ponge), un ouvrage de philosophie tel que Le Normal et le pathologique (Georges Canguilhem) ou une thèse telle que Le Volontaire et l’involontaire (Paul Ricœur), des livres d’histoire tels que l’Introduction à la pensée juive du Moyen Age (Georges Vajda), des essais tels que Jésus et Israël (Jules Isaac) ou Les Guerres en chaîne (Raymond Aron), des traductions telles que Les Devoirs du cœur de Bahya ibn Paquda (André Chouraqui), aussi bien que des scénarios tels que La Femme du boulanger (Marcel Pagnol)… Nathalie Heinich 4 Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon Exposition du 5 juillet au 31 août 2018 au Chambon-sur-Lignon Le parcours de l’exposition Introduction Le temps d’une génération, des années 1920 aux années 1950, séjournèrent dans un rayon d’une dizaine de kilomètres dix-sept auteurs d’envergure nationale voire internationale. Poésie, littérature, philosophie, histoire, sociologie, économie et même mathématiques se sont illustrées grâce à eux, comme en témoignent un nombre impressionnant de distinctions (prix Nobel, médaille Fields, prix Balzan, prix Kyoto, grand prix de poésie de l’Académie française, prix de l’Académie des sciences morales et politiques, médaille d’or du CNRS) et d’institutions d’excellence (Académie française, Collège de France, École des hautes études en sciences sociales, École normale supérieure). Ce phénomène exceptionnel constitue une autre histoire du Plateau, qui recoupe en partie celle du sauvetage des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. 1. Louis COMTE (1857-1926) et Charles GIDE (1847-1932) Dans les années 1920, Charles Gide, oncle de l’écrivain, et le pasteur Louis Comte louent l’été deux maisons voisines au lieu-dit La Bonne-Mariotte, sur la route du Mazet-Saint-Voy à Tence. Ils apprécient la qualité de l’air de la montagne, qui avait incité Comte à créer en 1892 L’Œuvre des enfants à la montagne pour permettre aux enfants démunis de séjourner au grand air. Comte est le créateur de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique et de la section stéphanoise de la Ligue des droits de l’homme. Gide fut l’un des premiers économistes français, professeur d’économie à l’université de Bordeaux, puis au Collège de France. Il contribue au mouvement coopératif (qui inspirera la Société coopérative laitière du pic du Lizieux), préside le Mouvement du christianisme social et participe aux Universités populaires. De sensibilité socialiste, dreyfusards, tous deux sont des protestants convaincus en même temps que scrupuleusement laïques et républicains dans leurs engagements. 2. Francis PONGE (1899-1988) Francis Ponge est l’un des plus grands poètes français du XXe siècle, abondamment commenté, récompensé par de nombreux prix. Sa méthode poétique, d’une grande originalité, croise la prose et la poésie. Elle prend pour objet les choses les plus triviales, telles une éponge, un savon, un galet, non tant pour célébrer la beauté de la nature ou l’ingéniosité humaine que pour obtenir la plus parfaite adéquation entre l’expression linguistique et son référent, entre la langue et l’objet. Il invente la publication des états successifs d’un poème avec Le Carnet du bois de pin (1947) puis La Fabrique du pré (1971), tous deux écrits sur le Plateau. Protestant cévenol, il y séjourne régulièrement, de 1925 aux années 1960, dans diverses pensions ou appartements, notamment au hameau de La Suchère. C’est au Chambon qu’il rencontre en 1931 Odette Chabanel, sa future épouse. Il y retrouve Albert Camus, résistant comme lui. 3. Georges CANGUILHEM (1904-1995) Georges Canguilhem fut, doublement, un homme de l’ombre, en tant que résistant et en tant que philosophe hors des sentiers battus de sa discipline. Doté d’une double formation, philosophique et médicale, il ouvre une voie nouvelle en direction de la philosophie des sciences et, en particulier, de la biologie.