YOURSELF and YOURS De Hong Sangsoo
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Fiche n° 1476 YOURSELF AND YOURS de Hong Sangsoo Du 12 au 18 avril 2017 YOURSELF AND YOURS De HONG SANGSOO Sortie nationale : 1er février 2017 Avec Kim Ju- Hyeok, Lee Yoo Young Durée : 1H26 Comédiehttp://fakeimg.pl/450x600/ dramatique sud-coréenne Le peintre, la femme et son double. Une nouvelle équation amoureuse à résoudre par le cinéaste le plus prolifique du monde – et aussi un des plus inspirés. La merveille, avec Hong Sangsoo, c’est qu’il enchaîne les films comme si tout cela était naturel, facile, simple. Il fait du cinéma comme il respire (vingt films en vingt ans de carrière !). Il respire le cinéma. Ses films, un par un, qu’on les aime plus ou moins, tissent une œuvre cohérente. C’est à nouveau le cas avec Yourself and Yours, qui fait son miel d’un point de départ au premier abord très banal, mais qui va engendrer un prodige de film, un petit feu d’artifice en chambre, un petit bijou, une bouffée de bonheur. Youngsoo , peintre et séducteur, s’attend à chaque instant à ce qu’on lui annonce la mort de sa mère… Il explique à son meilleur ami qu’il veut se marier avec son actuelle copine, Minjung. Mais l’ami lui apprend que Minjung n’est pas une fille correcte. Au lieu d’arrêter de boire, comme elle l’a promis à Youngsoo, elle se livre tous les soirs et sans limite à la boisson en compagnie d’hommes multiples et déclencherait même des bagarres. Une fable sur l’amour vrai Dans un bar, justement, une jeune femme se fait aborder par un homme mûr qui croît reconnaître une certaine Minjung. Elle nie mais accepte de boire un coup avec l’homme. Quand l’actrice qui niait être Minjung rentre chez Youngsoo, ce soir-là, elle a droit à une scène de la part du jeune peintre, qui lui fait part des rumeurs qui courent. Mais Minjung rejette violemment toutes ses accusations. Elle n’a rien fait, elle ne comprend pas. Elle décide de mettre un peu de distance entre eux, en attendant que Youngsoo se calme. Qui est donc cette Minjung ? Est-elle une simple menteuse ? A-t-elle effectivement un double, un sosie, une jumelle ? Souffrirait-elle d’un dédoublement de personnalité ? Est-elle gravement mythomane ? Hong Sangsoo va, sur ce canevas étrange et mystérieux, bâtir un film merveilleux, une fable sur l’amour vrai. Sur ce doute, sur ce personnage féminin de Minjung, qui oscille sans cesse entre le réel et l’imaginaire, il va construire un récit à la fois limpide et opaque. Hong Sangsoo, sorte de cinéaste oucipien, semble à chaque film s’imposer des contraintes Hong Sangsoo, sorte de cinéaste oucipien (équivalent cinématographique imaginaire de ce qu’était l’OuLiPo, l’Ouvroir de littérature potentielle de Raymond Queneau, Jacques Roubaud et Georges Perec, notamment), semble à chaque film s’imposer des contraintes, des paris théoriques narratifs, et vaincre tous leurs pièges avec une facilité et une légèreté déconcertantes. Dès le lendemain, Youngsoo regrette la dispute. Il est fou amoureux de Minjung et, quoi qu’il en soit, il veut la retrouver et qu’elle devienne sa compagne pour la vie. Il part à sa recherche sur ses béquilles (oui, nous découvrons qu’il est blessé à un pied). Et là se manifeste une première fois le génie – il faut bien dire manipulatoire – de Hong. Youngsoo retrouve soudain Minjung, qui se jette presque dans ses bras. Rêve ou réalité ? Rumeur ou vérité ? The end ? Mais non, ce n’était qu’un rêve (tout cela tourné en un seul plan, sans coupure – du génie, on vous dit). A partir de ce moment-là, nous ne saurons plus jamais ce qui relève du rêve ou de la réalité (comme dans Belle de jour de Buñuel, d’une certaine façon). Et le récit ne va plus, par la suite, qu’alterner des scènes où Minjung boit tard dans un café avec des hommes qui croient toujours la reconnaître et à laquelle elle ment. Elle leur dit, sous le coup du soju, qu’elle cherche un homme fiable, qu’elle ne rencontre que des tocards. Mais est-ce un rêve ou une réalité ? La rumeur ou la vérité ? Quand a lieu cette scène ? Avant le début du film ou ici et maintenant ? Pendant ce temps-là, Youngsoo la cherche, boit, se désespère, manque se faire draguer par une fille ivre et borgne… Hong Sangsoo joue – sur des rimes – avec nos nerfs… Même la résolution du film apparaît comme un nouveau rêve. “Le melon est plus sucré que la pastèque, mais la pastèque étanche plus la soif.” C’est la morale humble mais déchirante de ce – une fois de plus – magnifique film de ce diable de Hong Sangsoo LES INROCKS Dire de Hong Sang-soo qu’il est au sommet de son art peut s’entendre à double titre. D’une part, très simplement, en ce que chacun des derniers films émis par le cinéaste coréen paraît une nouvelle démonstration du serein état de grâce dans lequel il se trouve, à 54 ans, à force d’affinage des moyens de son art. D’autre part, parce que l’on ne voit pas bien qui, parmi ses pairs, pourrait paraître à ce point planer au-dessus de la mêlée, enchaînant les tournages à une allure filante sur la crête d’une inspiration qui jamais ne pâlit - il vient de signer onze films en sept ans, sans effort apparent. Des films qui peuvent sembler se répéter, en ce qu’ils reviennent volontiers aux mêmes situations et figures, mais qui font de ce ressassement leur sève même, le lit de leur suprême intelligence des êtres et des existences. LIBERATION ENIVRANTE OMBRE D’UN DOUBLE Et si, bien plus que de Rohmer, Hong Sang-soo tenait de Molière ou de Shakespeare ? Et si, se dit-on en sortant de la projection de Yourself and Yours d’un pas léger et joyeux, son cinéma limpide, réduit à une magnifique économie, utilisait ce qui fait son essence même - montage, jeu des acteurs, situations - pour se substituer à d’antiques procédés théâtraux (déguisements, quiproquos, adresses au spectateur) et livrer, comme ses anciens, des comédies romantiques à longue portée existentielle ? Des jeux de l’amour qui n’ont l’air de rien, et qui disent tout ? C’est en tout cas la démonstration qu’accomplit ce dix-huitième film, avec une élégance qui n’a d’égale que sa parcimonie de moyens, et qui se reçoit comme un petit bijou aux facettes infiniment réfléchissantes. LIBERATION. L’avis du Monde - A ne pas manquer Le cinéma d’Hong Sang-soo a atteint un stade de productivité stakhanoviste, qui, sans rien changer au flegme légendaire du Sud-Coréen, prend son monde de vitesse. Tandis qu’en France sort ce qu’il est devenu difficile d’appeler son « dernier » film, le cinéaste en porte déjà deux autres pour 2017 : On the Beach at Night Alone, sélectionné en compétition à Berlin-ours d’argent pour la meilleure réalisatrice à ce jour-et La Caméra de Claire, tourné lors du dernier Festival de Cannes, avec Isabelle Huppert. On dit souvent des films d’Hong Sang-soo – histoires d’amour désaccordées entre personnages velléitaires, tournées avec peu de moyens et une troupe d’acteurs récurrents – qu’ils sont toujours les mêmes. Pourtant, ceux-ci n’ont jamais cessé d’inventer de nouveaux dispositifs de narration, de nouveaux principes de variations et de virtualités, bricolés comme autant de machines à voyager dans le temps des histoires de cœur, pour mieux rendre compte de leur fragilité et de leurs hasards ineffables. En vérité, ce ne sont pas les films d’Hong Sang-soo qui se ressemblent, mais bien nous, ses sujets humains, soupirants inconstants et hypocrites, qui nous acharnons à demeurer semblables, comme à toujours endosser les mêmes rôles, dans la comédie sans cesse reconduite de l’amour. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/01/31/yourself-and-yours-ivres-d-amours-et- de-virtualites_5072029_3476.html#Tk7YMGXfOTP4Fr1I.99 Une perle de plus, la dix-huitième ( !) de Hong Sang-soo. Qui ne cesse d'étonner, de captiver, de faire rire et d'émouvoir, avec d'autant plus de subtilité que son univers reste minimaliste. Son cinéma semble se répéter (un gars, une fille, un bar), et pourtant c'est à chaque fois différent. Ici, le personnage central est celui de la femme, troublante, impénétrable, à l'identité incertaine. Est-ce Minjung qui se dissimule ou sa jumelle, comme elle le dit à un des hommes ? Est-ce quelqu'un d'autre encore ? Vertige passionnant, qui explore l'obsession de vouloir à tout prix cerner l'objet de son désir. Dans cette drôle d'histoire, entre mirage et réalité, ivresse et lucidité, ce qui a de la valeur tient au multiple et à l'inconnu. A la magie d'une relation amoureuse qui serait toujours comme une première fois, dans une sorte de présent éternel. De là, le retournement final, récompense inespérée, inattendue, merveilleuse. Faire au plus simple et atteindre une telle profondeur nous laisse pantois. — Jacques Morice pour TELERAMA Ont été projetés au Cinémateur ces dernières années les films de Hong Sangsoo suivants In Another Country avec Isabelle Huppert 2012 Hill of freedom 2015 Un jour avec un jour sans 2016 Le partenaire privilégié qui fait le lien est le distributeur exclusif en France de Hong Sangsoo :Les Acacias Cette même semaine au Cinémateur : Et les mistrals gagnants de Anne-Dauphine Julliand (France) La Sociale de Gilles Perret à voir et revoir le 14 avril (France) .