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AVANT-PROPOS L,
Le premier volume de cette Histoire n paru en 1875 et le deuxième en 1877. Le troisième volume devait t enfermer, outre l histoire des trois dernières communes du canton de Sennecev, un appendice et des pièces justificatives. L aur tout, est mort avant d avoir pu le donner à l impression. La Société d histoire et d archéologie de Chalon-sur- Saône, ayant acquis le manuscrit de ce troisième volume, n cru devoir le publier, malgré les inconvénients d une publi- cation posthume et tardive, dans la pensée d être agréable auxpersonnes qui possèdent les deux premiers. Il y manque seulement l appendice et les pièces ,justificatives, qui n ont pas été retrouvés. - Si M. Léopold Niepce avait surveillé lui-même l impres- sion, il aurait fait disparaitTe, sans doute, quelques im- perfections de style, des redites inutiles et complété les références bibliographiques souvent écourtées; il aurait mis Li profit des publications récentes, qu il n a pas connues, et rectifié quelques inexactitudes. On lit, par exemple (p. 40), que le comte de Montrevel aurait fait don de son hôtel à la ville de Mâcon, dans l espoir de sauver sa tête, au moment de la Révolution. Cette légende fut longtemps accréditée en Mâconnais. M. Lex, le savant archiviste du département de Saône-et-Loire, a rétabli les faits (Notes et Documents pour servir à l histoire du département de $aône-et-Loire, Mâcon, 1887, p. 109). L hôtel Montrvel fut en réalité
Document O I Il l 1111101110110110 0000005562671 - - - VIII - vendu et non donné â la ville de Mâcon par son dernier propriétaire. Ce n est plus Mâcon, mais â Paris, que le comte .de Montrevel fut arrêté et mis â mort. De nombreux renseignements inédits, empruntés par l auteur aux archives du département, des communes et des familles ou recueillis dans les traditions locales, sont d un intérêt suffisant pour justifier la publication telle quelle de son manuscrit. M. Leopéld Niepce avait été président de la Société d histoire et d archéologie, qui atenu à rendre ce dernier hommage à sa mémoire.
u HISTOIRE DU CANTON iw SENNECEY-LE-GRANI)
COMMUNE DE SENNECEY-LE-GRAND
(S Lite)
LE HAMEAU DE RUFFEY
Non loin de Senncce , lorsquon a traversé l agreste hameau de Saint-Julien, groupé autour de sa vieille église paroissiale, on pénètre dans un étroit et frais vallon au fond duquel bruit un rapide ruisseau sur son lit dé cailloux bordé de saules, Comme une sentinelle avancée, un antique château féodal garde l entrée de ce vallon et semble vouloir en fermer l accès. Quelques rares maisons de cultivateurs se groupent autour de ce manoir s de arbres séculaires le coévrent de leurs omhraes, et naguère encore ses tours brunies par les âges portaient de lourds Iuanteau de lierre et l écho de ce lieu solitaire ne répétait d autre bruit que celui de quelque pierre qui, détachée par le temps de ses i murailles, roulait dans ses fossés creusés dans le roc. Mais il s est rencontré heureusement un opulent propriétaire, enfant du pays, M. Virey, lequel, en acquérant la vieille jbzut.c- vesse, comme l appelait l historien de Thou, a relevé ses ruines avec un soin parfait pour en faire son habitation, en lui laissant son ancien cachet. Le hameau de .Ruffey n a jamais formé une paroisse distincte, n ayant toujours eu qu une bien faible populatipn, mais dès les temps les plus reculés, il y eut 1k une station dont les habitants se livraient k l industrie de la taille des silex qui y affleurent le sol et dont une tramée s étend jusque dans le Mâconnais ce fait se cons- tate par la rencontre journalière d éclats de ces pierres, dont on faisait des haches, des flèches et divere ustensiles. Ces industriels avaient mème un refuge fortifié, non loin de leur-lieu dé fabrication. En effet, si Ion remonte du fond du vallon au sommet de la colline 1 I
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que domine la vieille église de La.ives, on voit, d après l état des lieux, qiiil y avait sur ce point unestation importante, entourée tIc fossés, lit où le terrain n est pas abrupt. Eh arrière de ce fossé se dressait un mur aujourd hui complètement Cbonlê, mais dont les ruines sont encore indiquées par de nombreux amas de pierres Dans le fossé dont on petit aussi suivre la trace, on trouve sous une mince couche de terre ou parmi les racines des buis, de nom- breux débris de poteries grossières et d ossements d animaux de toute sorte, brisés dans le sens de leur longueur, pour en extraire la moelle dont nos pères étaient très friands. Plusieurs de ces os portent aussi des entailles laites avec la scie A cette importante station a succédé, avec le temps, un poste fortifié. au moment de la conquête romaine. Pour consolider leur domination, nos conquérants firent dans nos collines un vaste établissement militaire, dont le poste principal fut assis sur la montagne de Sans, la plus haute du pays I 4e 309 mètres d altitude, au lieu appelé les Brosses. Dans tous les vieux plans, ce point culini- nàntest appelé le camp de Sine, et ce nom lui a été conservé sur la carte dltat-major. Mais comme on pouvait se glisser vers ce fort pour le surprendre, parle fond de divers vallons qui aboutissent la montagne de Sans, Romainsle eurent le soin de fermer ces vallons par d(.- larges et épais murs transversaux, dont les restes • subsistent encore et par des fortifications comme celle de Ruffey, devenue un château au temps de la féodalité (Voir préface du tome II de ce livre, p. x et xi). Du reste; le séjour des Romains k Rnffey. se révèle en maints endroits du pays par des débris de poteries et de grandes tuiles, nos conquérants méine prirent la source de la Gaze, qui y jaillit k ce lieu, pour conduire ses eaux, par tin aqueduc en terre cuite, à leurs splendides villas de Sans (Voir t. Il). Ce Lieu de la Gaze rappelle aussi un douloureux souvenir. C est là que, lors de l invasion de 181.4, les AutFiehiens posèrent des grands-gardes pour observer nos troupes venant de la vallée de 1h Grosne: celles-ci refoulèrent cependant ces postes avancés et chassèrent l ennemi do Senneeey, pendant qu il incendiait des maisons k Pvinont. Maintenait t décrivons le vieux chfiteau de Ruffey. L historien, Saint-Julien de Balleurc,. nous n conservé, dans .ses Antiqw:ic dc C/,,,/on. la date approximative de sa construction o Claude de Lugny, dit-i],. ayanteii en partage de son père. Jacques de Lugny, -3 la terre de J uffcy. [ci t liasti r le chasteau comme on le veoi t de promit, leit clore le pare, edifla la chapelle en l eglise saint- tu-lieu, sa paroche, y fonda des. cha pelai ri, et feit degrands acgiiests. ii C était en 1503. Mais Claiide (le Lugn: ne Jouit pas lOflgtellips de s oitoeuvre, car une inscription (le l église de Saint-Julien nous apprend qii ch 1.504, son li Is, •/en de Lugny, cii fondant des ser- vices dans la chapelle de cette église b(itie par son père, déclara u maintenir les services et fondations faites pa r j en messire C/aede de Lngny. en son vivant seigneur de Ruffey n. Saint-Julien de Ballenre, eu parlant du cliùteati de Ruffey ajoute aussi e lluffey so(iloit estre titi Prioré de Daines, dépen- dance de Lancha rre, et. G/ande de Lngny fist ion proulit (les ma- tériaux du bastiinent et appliqua son revenu il. soirusage. » Tou- tefois ce même historien s empresse de.di re. en niénie temps: « N en ayant aucun tesunoignageijlue le dire des anciens et tiiie eom inline renom niée. Je ui eui veux rien asseurer. n Nous pensons aussi tiie la tradition se trompait â cet 6gard, car rien d;ins les chartes de l ancien inoiiastôre de Lancharre, si bien étitdiûes par M. Henri l3atault. , ne permet dc-supposer que le premier cliitteatu de Rnffey, démoli vers 1503. pi Claude de Lugny, ait été un prie rrà nième moinciutanément, ou seulement une dépendance de l abbaye de . Lanelmarre. (2e qui u. U (tonner lieu à cette erreur u de la coin nu ne renommée n, c est qu en 1408 Une JIu jrceite de Nrn/oa, de la famille des Nanton, laquelle pos- sédait alors je clu\teau de Ruffey, était, h cette date, prieure (le Laneliarrq et que, plus tard, une iii 6cc on arrière-petite-nièce de celte Hu;j; eife de Na,nton épousa Jaeq; es(le L,u1n,j. dont le fils (2ltude reconstruisit le ehé teau actuel de J t iffcv. Aucun clocuniezit coi-tain ne uioiis a permis tIc retrouver la. date de la fondation du prinipf château tIc Ruile i hifi par les Nanton
1. Lancliarre est un village 5itllt sur la ruiile rie J ouruums h Sain i-Gei,- goix. Les sires rie lti aiiciun ont été les toiiditeiirs tic 5011 abljave érigèc - pour des eluanoind sses libres, o esi,-ii-ilitc 1)0111 les tilles uol,les tic la ccii- lrée réunies clans une niaisait conu n ne pour se livrer, clans la retraite aux exercices de pièlci et y trouver celte douce sécurité (le lit vie tiiie rare- Intuit alors 011 trouvail d;t,ts un ciiiite;tti tortillé. Du reste, le silo avait ôté bien choisi. Lancliai-re est assis dans loi vallon l un Zts$cL triste et sévère, situ- les coiiilns de Id belle torét, lie clapaize que cio,iiine. au levant, la cliaine (les montagnes 111li sépare les vallées rie la Grosue de la Sadite. Les seigneurs des aleiikni is qui eoiiiplaient clans celte amwun plus d oit nenulure de leurs Edinilles, lavaient coilveu-te de leur pi oteolittri. -1--•
et peut-étçe nième par les J3rancion, qu on petit regatder à juste titre, comme les premiers seigneurs de cette terre. Ces derniers, en élevant un donjon k Ruffey, dans les commencements de la féodalité, y auront, sans doute, trouvé déjà une fortification ro- maine. Il ressort, en effet, de nos explorations minutieuses dans tout le vallon de ltuffey et dans ses alentours, qu il y avait dans cette partie de notre canton, au temps de l occupation romaine, tout un système de fortifications dont je viens de parler et que j ai décrit dans le tome Il de cet ouvrage (page il de la préface), et dont Ruffey faisait jiartie. Du reste, il s est rencontré flans les champs et lès vignes voisins du.château actuel de nombreux ves- tiges romains. Le château actuel est assis sur un terrain lé gèrement en déclive dans le taud du vallon. Il ferme presque hermétiquement ce vallon