Les Dossiers X Ce Que La Belgique Ne Devait Pas Savoir Sur L’Affaire Dutroux
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Les dossiers X Ce que la Belgique ne devait pas savoir sur l’affaire Dutroux Deuxième impression: novembre 1999 Première impression: novembre 1999 Couverture: Zizó! Photo des auteurs: Gert Jochems Photocomposition: EPO Impression: EPO [0973J] Traductions: Olivier Taymans © 1999 Editions EPO, Editions Houtekiet et les auteurs Chaussée de Haecht 255 1030 Bruxelles - Belgique Tél: 32 (0)2/215.66.51 Fax: 32 (0)2/215.66.04 E-mail: [email protected] Lange Pastoorstraat 25-27 2600 Anvers - Belgique Tél: 32 (0)3/239.68.74 Fax: 32 (0)3/218.46.04 E-mail: [email protected] Isbn 2 87262 153 9 D 1999/2204/48 Mots clés: réseaux pédosexuels, fonctionnement de l’Etat, enquêtes judiciaires, justice, polices Vous êtes tellement nombreux à nous avoir aidé d’une manière ou d’une autre que nous ne pouvons plus vous compter. Mais, en particulier, nous voudrions dire merci à André, Anne, Anne- Carole, Anne-Marie, Ayfer, Bruno, Carine, Caspar, Christian, Christine, Claude, Daniel, Danny, Donatienne, Eddy, Elio, Els, Erwin, Filip, Flurk, Frans, Frans, Gaby, Guendalina, Hadewych, Hans, Hilde, Jan, Jan, Jean-Luc, Jean-Luc, Jean-Philippe, José, Laurent, Lieve, Loretta, Luc, Marc, Marc, Marcel, Marco, Marie-Noëlle, Michel, Michel, Mike, Monique, Paëlla, Patricia, Patrick, Paul, Pina, Pol, Raf, Regina, Rita, Ruf, Saskia, Serge, Tania, Theo, Tintin, Tiny, Veerle, Vero, Véronique, Walter, Werner, Willy, Yola, le couple de Zellik, Zoë,... Aux autres, nous le dirons de vive voix. Nous remercions tout particulièrement Olivier Taymans, qui a été pour ce livre bien plus qu’un traducteur et qui mérite d’ailleurs beaucoup plus que cette petite phrase. Merci également, et surtout, à tous les gens qui ont bien voulu prendre le temps de nous parler. Pour Tracy, Max et Juliette TABLE DES MATIERES 1. HIVER 1995 – Jean-Paul Raemaekers 1.1 Le procès d’assises 8 1.2 Un témoin fou très courtisé 20 1.3 Le curieux procès-verbal du commissaire Marnette 28 2. ETE 1996 – Marc Dutroux et Michel Nihoul 2.1 Michel Lelièvre 40 2.2 Bernard Weinstein 51 2.3 Michèle Martin 61 2.4 Marc Dutroux 74 2.5 Une famille flamande à Bertrix 88 2.6 Michel Nihoul 111 3. AUTOMNE 1996 – X1 apparaît 3.1 Premier contact 126 3.2 Premières auditions 131 3.3 L’enquête sur le meurtre de Carine Dellaert 147 3.4 «Elle s’appelait Kristien» 169 3.5 Deuxième audition sur «Kristien» 187 3.6 L’enquête sur le meurtre de Christine Van Hees 210 3.7 Le rapport oublié de la Sûreté de l’Etat 238 3.8 Le meurtre du camping à Oud-Heverlee 252 4. HIVER 1996 – Les fausses pistes 4.1 Le dossier Di Rupo 264 4.2 La perquisition Abrasax 269 4.3 Les grands travaux inutiles à Jumet 273 5. PRINTEMPS 1997 – Encore d’autres témoignages 5.1 Les péripéties du dossier Nathalie W. 302 5.2 X2, X3, X4, X69 et VM1 313 5.3 Les amies de X1 se souviennent 335 5.4 Un violeur en série 352 5.5 D’autres disparitions oubliées 361 5.6 Le meurtre de Katrien De Cuyper 372 6. 1997-1999 – Suite et conséquences 6.1 Premier rapport de relecture 390 6.2 Deuxième et troisième rapports de relecture 414 6.3 Les relations de Michel Nihoul 446 6.4 Quatrième rapport de relecture 464 6.5 Le faux dossier du parquet de Gand 484 6.6 Le juge Pignolet fait de l’excès de zèle 514 NOTE DES AUTEURS 526 NOTES 533 INDEX 567 «Perhaps it is better to be irresponsible and right than to be responsible and wrong» Winston Churchill CHAPITRE 1 Hiver 1995 Jean-Paul Raemaekers «Je vais mettre la machine en marche» Jean-Paul Raemaekers, 27 janvier 1995 Pour le public fidèle des cours d’assises, avide de passion et de drame, le spectacle risque d’être ennuyeux. Personne n’a été assassiné, ni enlevé, ni pris en otage. L’homme qui comparaît est pratiquement inconnu et il a avoué ce qu’on lui reproche. De plus, si quoi que ce soit de sensationnel devait survenir dans ce procès, cela se passerait à huis clos. Ce matin du 23 janvier 1995, les habitués des assises de Bruxelles se préparent à suivre des débats techniques et procéduriers sur la psychologie de l’accusé, des débats qui risquent de durer des journées entières. Sans surprise, la défense demande l’internement. De manière tout aussi prévisible, le procureur Raymond Loop plaidera en fin de semaine pour une peine exemplaire. L’accusé est Jean-Paul Raemaekers, quarante-cinq ans, Bruxellois. Il doit répondre du viol et de la torture de trois enfants: huit, neuf et dix ans. Les preuves sont convaincantes: neuf séquences qu’il a filmées lui-même en vidéo, où tout est clairement visible. Comme il a déjà été condamné en 1989 pour des faits identiques, l’issue du procès est facile à deviner. Les perspectives de Raemaekers s’assombrissent encore lorsqu’il s’avère, au premier jour du procès, que son avocat, le célèbre pénaliste Jean-Paul Dumont, ne sera pas présent à l’audience. Il s’est fait excuser et remplacer par ses confrères Marc Depaus et Patrick Gueuning. La défense semble déjà se résigner à une situation désespérée. Le seul qui a l’air de voir les choses sous un autre angle, c’est Jean-Paul Raemaekers lui-même. Il joue le petit-bourgeois au grand cœur qui, d’une bêtise, a gâché une vie jusqu’alors irréprochable. Il est rasé de près et sort de chez le coiffeur. Au début, il ne parle que lorsqu’on l’interroge. Quand il s’exprime, c’est avec pathos; il se perd en considérations lyriques tout à fait déplacées. Son débit est vertigineux. Il peut aussi prendre un ton d’excuse, presque de soumission. Ou pompeux: «Je ne veux rien cacher et j’entends jouer cartes sur table», répond-il à la première question de la présidente Karin Gerard. Oui, reconnaît-il, son orientation sexuelle est un problème particulièrement grave. Oui, lui aussi a visionné les films, mais dans un premier temps, il ne pouvait pas croire que c’était bien lui qui, en violant la petite fille, éclatait de rire à mesure qu’elle hurlait de douleur. Lorsque de telles choses se produisaient, il perdait complètement le contrôle de ses actes. «Pour compenser ma maladie, j’ai toujours tenté de faire le bien», dit-il en se complaisant dans le rôle du malade. «J’ai souvent fait des dons anonymes à des homes et des orphelinats.»1 Certains membres du jury somnolent déjà lorsque Karin Gerard aborde, en ce premier jour d’audience, le sujet inévitable: sa jeunesse. Une jeunesse triste, comme celle de presque tous les accusés d’assises. Raemaekers n’est pas le nom sous lequel il est né, le 25 juin 1949, premier enfant d’une certaine Rose Wattiez, d’Etterbeek. Mère célibataire, elle l’abandonne un an et demi plus tard à l’assistance publique à Bruxelles. Il apprend ses premiers mots à l’orphelinat. En 1954, il est adopté par Armand Raemaekers, un colonial à la tête d’une famille déjà nombreuse. Le petit Jean-Paul part vivre avec eux au Congo belge jusqu’à l’indépendance. De retour en Belgique, la famille place l’enfant, âgé maintenant de onze ans, en pension; il en est renvoyé à dix-sept pour faits de mœurs sur des camarades plus jeunes. «Elle m’a vendu pour 40.000 francs», fulmine l’accusé lorsque la juge Gerard prononce le nom de Rose Wattiez. Il n’estime pas davantage son père biologique. Selon l’acte d’accusation, il s’agit de François Deliens, évêque de l’Eglise gallicane à Liège. Un homme marié et père de cinq enfants. D’après Raemaekers, il faut y ajouter neuf enfants naturels, dont lui-même. Rose Wattiez l’a confirmé lors de l’instruction: Deliens est bien le père. Lorsque l’évêque est appelé à témoigner, il le nie avec force. Mais plus encore que l’évêque, il déteste sa famille adoptive: «C’est là qu’il faut chercher la cause», s’écrie-t-il. «Dans cette famille, je recevais plus de coups que de nourriture. Je souffre aujourd’hui encore de n’avoir jamais connu la chaleur d’un vrai foyer. A cause de ce qui est arrivé là, j’ai commencé à haïr les femmes. Je suis violent avec elles.» Ce ne sont pas des femmes que la présidente veut entendre parler, mais des enfants. «Je ne veux pas minimiser mes problèmes», déclare Raemaekers en se repliant sur son rôle. «Je recherche surtout la vérité.» «Ce n’est pourtant pas ce qui ressort de l’instruction», réplique la présidente. Les vidéos, qui pour l’accusation constituent les pièces à conviction, datent d’août 1992 à mars 1993. Pendant deux mois, Raemaekers a maintenu n’avoir aucun lien avec la production de ces enregistrements. Il a tout d’abord prétendu qu’il avait acheté ces cassettes et que c’était une simple coïncidence si le coupable lui ressemblait. Ce sont ses propres filles, âgées seulement de neuf et onze ans, qui ont reconnu, sur des photos extraites des vidéos, leurs camarades de classe Nancy P. et Nelly D.V. Nancy, dix ans, et Nelly, huit ans, sont deux demi-sœurs issues d’une famille défavorisée, dont la mère a fait la connaissance du gentil monsieur Raemaekers à la sortie de l’école. Il les a aidés, elle et son compagnon, à trouver un logement. Ils sont devenus bons amis. Nelly et Nancy allaient de temps en temps loger chez leurs amies le week-end.