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www.lemonde.fr Notre guide en Ile-de-France 57e ANNÉE – Nº 17538 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 15 JUIN 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Les investisseurs Entre Jospin et Chirac, c’est la guerre des nerfs étrangers b L’affrontement personnel entre les deux têtes de l’exécutif est de plus en plus manifeste b La droite détiennent 45,5 % interpelle le premier ministre sur son militantisme secret à l’OCI b La gauche met en cause le président sur les affaires judiciaires b Le parquet général requiert l’annulation de la procédure du juge Halphen des entreprises ITINÉRAIRES À DÉCOUVRIR A MOINS d’un an d’une élection tardé à m’expliquer devant des journa- présidentielle où tous deux semblent listes, c’est quand même moins grave du CAC 40 déterminés à être candidats, la com- que de tarder à s’expliquer devant des pétition entre le président de la Répu- juges. » Deux heures plus tard, l’Ely- POUR éclairer le débat sur la mon- blique et le premier ministre tourne à sée faisait connaître « le vif étonne- tée en puissance du capitalisme l’affrontement personnel. Attaqué ment » du président qui « a rappelé anglo-saxon, Le Monde, avec le con- sur son passé secrètement trotskiste, la nécessité de ne point céder aux polé- cours du cabinet financier George- Lionel Jospin rétorque en critiquant miques et de faire prévaloir en toutes son Shareholder, a mené une enquê- l’attitude de Jacques Chirac à l’égard circonstances l’esprit de responsabili- te inédite. Elle révèle que la part des des juges qui le mettent en cause. té ». Il s’agit de « la première manifes- RANDONNÉES non-résidents dans le capital des fir- Lionel Jospin ne s’attendait pas à tation de la campagne présidentiel- mes du CAC 40 a fortement progres- être de nouveau questionné, mercre- le », a commenté, jeudi matin, Valéry sé : les actionnaires étrangers détien- di 13 juin, à l’Assemblée nationale, Giscard d’Estaing. Les chemins nent actuellement 45,5 % hors Fran- sur la durée de son militantisme Dans ce contexte, le camp prési- ce Télécom et 41,2 % avec l’opéra- caché à l’OCI, le courant « lambertis- dentiel vient de marquer un point teur. Les seuls investisseurs anglo- te » du trotskisme français, alors sur le terrain judiciaire. Le parquet de l’été saxons possèdent 20,2 %. En Europe, qu’il était dirigeant du PS. Le député général a en effet requis l’annulation la progression est également specta- UDF Hervé Morin a interpellé M. Jos- des derniers actes du juge Eric Hal- Notre supplément sur les plus belles culaire. En Allemagne, par exemple, pin en ces termes : « Etiez-vous en phen dans l’affaire des HLM de randonnées propose cette année dou- les douze grandes sociétés de notre 1981, lorsque François Mitterrand Paris. Si la chambre d’instruction ze itinéraires pour marcheurs avertis ou échantillon sont pour 40,7 % la pro- vous a confié la fonction de premier suit ces réquisitions, l’ordonnance simples amateurs à la recherche d’en- priété d’actionnaires non allemands, secrétaire du PS, membre du Parti d’incompétence dans laquelle le juge droits préservés dans les Alpes et en dont 20,1 % d’anglo-saxons. Dans socialiste, ou étiez-vous d’abord mem- Halphen fait état d’« indices » à l’en- des entretiens au Monde, Henri Lach- bre de l’OCI, ou étiez-vous l’un et contre de M. Chirac serait annulée. Corse. Renseignements pratiques et mann, PDG de Schneider, et Jean- l’autre ? » Or la démarche du député cartes aideront les promeneurs partis Christophe Le Duigou, économiste Le premier ministre a refusé de PS Arnaud Montebourg à l’encontre sur les sentiers du GR 20 ou à l’assaut de la CGT, s’opposent sur la signifi- répondre plus avant, répliquant ain- de M. Chirac s’appuie notamment du col du Tricot pour admirer les som- cation de cette évolution. si : « Si vous continuez dans cette thé- sur cette ordonnance. mets du mont Blanc. matique, chacun aura à se justifier de Lire notre enquête pages 22 et 23 ce qu’il a dit ou pas dit. J’ai peut-être Lire pages 6 et 7 Supplément « Spécial randonnées » Etats-Unis : un Français Avant Göteborg, un élu de Camargue lance une supplique à George W. Bush LA LETTRE est adressée à « Monsieur le prési- la mer si le réchauffement climatique devait chet par les bords de la Méditerranée. Le prési- obtient l’asile politique dent des Etats-Unis d’Amérique » et porte le se poursuivre. dent américain aurait pu constater sur place cette cachet d’une poste de Camargue. Agrémentée de George W. Bush démontrant à l’occasion quel- hausse du niveau de la mer que lui ont confirmée LA JUSTICE américaine a offi- photos de flamants roses et de taureaux, la missi- ques faiblesses en géographie, les expéditeurs pré- ses experts. Un groupe de scientifiques de l’Acadé- a ciellement notifié, jeudi 14 ve ressemble de prime abord à une carte postale cisent non sans ironie leur position sur la planète mie nationale des sciences à qui il avait comman- juin, une décision qui constitue un écrite les pieds dans l’eau. Il s’agit pourtant d’un bleue : « Vous connaissez sans doute notre région dé une étude sur la réalité de ce phénomène lui a double camouflet pour la justice SOS de futurs naufragés, d’une bouteille à la mer, sous le nom de “French riviera”. Nous possédons en effet rendu un avis sans ambiguïté. « Les gaz a française. Le juge Ronald Ohata a, jetée par Philippe Caizergues, maire indépen- aussi un site unique au monde et reconnu, la effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère, résul- en effet, accordé l’asile politique à dant de Port-Saint-Louis-du-Rhône, et Marie- Camargue. Nous continuons à y élever des tau- tat de l’activité humaine, et sont responsables d’un PIERRE TERRASSON un citoyen français, une première Louise Bon, présidente d’une association de reaux, comme au Texas, de manière extensive. Ain- réchauffement de l’air », a conclu leur rapport. DU RAÏ A LA WORLD-MUSIC dans les annales fédérales. Mais, sur- défense de l’environnement, La Rose des vents. si, nos cow-boys locaux, les gardians, regroupent A ses partenaires européens qu’il rencontrait, tout, le magistrat a motivé sa déci- « Nous avons appris par la presse que vous régulièrement le bétail à cheval. » « Nous savons jeudi 14 juin, à Göteborg, M. Bush a donc fourni sion en dénonçant la « corruption » seriez prêt à renoncer à l’application du proto- très bien ce que nous devons aux Etats-Unis d’Amé- des explications. Il leur a fait des propositions L’Algérie discrète de la justice niçoise et les « persécu- cole de Kyoto relatif à la diminution des gaz à rique, poursuit le courrier. Notre ville a été libérée vagues. Il n’est pas certain qu’elles satisfassent les tions » subies par Karim Kamal effet de serre, écrivent les signataires. Nous le 25 août 1944 par des hommes de l’US Navy com- Quinze. Et encore moins qu’elles atténuent les de Cheb Mami depuis que celui-ci a dénoncé l’impli- vous interpellons sur les conséquences directes me votre père […]. Nous vous demandons de ne pas inquiétudes des habitants de Port-Saint-Louis-du- Cheb Mami publie Dellali, un album aux cation de certains juges locaux dans d’une telle mesure. » Située au bord du Grand détruire ce que vous avez contribué à bâtir. » Rhône et de leur maire. couleurs de la world-music. Sur son pays, une affaire de pédophilie. Avant son Rhône, à l’intérieur du delta du fleuve, Port- L’élu des Bouches-du-Rhône lance en conclu- le chanteur oranais hésite à s’exprimer départ pour les Etats-Unis, en avril Saint-Louis-du-Rhône est une cité industriel- sion au président américain une invitation officiel- Benoît Hopquin 1994, M. Kamal avait vainement ten- le d’un peu moins de 10 000 habitants, qui le dans sa commune afin que M. Bush puisse se mais agit sans tapage pour soutenir ses té de faire ouvrir à Nice une enquê- abrite sur son territoire une partie du Port faire une idée « sur place de ce qui risque d’être Lire nos informations sur l’intervention compatriotes victimes de la guerre civile. te sur les abus sexuels dont sa fille, autonome de Marseille. Sa situation géogra- sacrifié, par le refus d’appliquer les mesures qui s’im- du président américain à l’OTAN et Lauriane, disait être l’objet. phique et son absence de relief en feraient posent dans la lutte contre les gaz à effet de serre ». sa rencontre avec les Quinze pages 2 et 3 Lire page 34 et, page 4, nos informa- une des premières communes françaises à En visite en Europe depuis le 12 juin, M. Bush tions sur la manifestation à Alger Lire page 12 subir les effets d’une remontée du niveau de n’aura sans doute pas l’occasion de faire le cro- f www.lemonde.fr/climat contre la répression en Kabylie Des grands patrons

Le devoir d’inventaire de Lionel Jospin PUBLIC mis en examen LIONEL JOSPIN, donc, a menti. deux ans ? » Le 5 juin, devant l’As- a admis, le lendemain, sur Europe 1, selon les cas, raison d’Etat ou raison En mars 1995, alors candidat à l’élec- semblée nationale, le premier minis- que sa prise de distance avait suivi privée. François Mitterrand ne fut-il tion présidentielle, il assurait au tre a reconnu avoir « noué des rela- une « lente évolution ». pas un maître de l’ambiguïté, voire Monde : « Je n’ai jamais été trotskis- tions avec l’une des formations La belle affaire, lâcheront ceux du mensonge organisé, pendant dix te. » En juillet 1997, installé depuis [trotskistes] dans les années 1960 ». qui font profession de n’être pas ans, sur son état de santé par exem- peu à l’Hôtel Matignon, il s’agaçait, Insistant sur le caractère « privé » naïfs : quel responsable politique ple ? Jacques Chirac n’a-t-il pas, si à nouveau, des questions répétées des « contacts » qu’il a maintenus pourrait se targuer de n’avoir souvent, changé de cap que ses pro- sur son passé : « Voulez-vous que je avec les lambertistes après son jamais contourné, contredit ou messes n’engagent plus, depuis bel- vous fasse la même réponse qu’il y a entrée au Parti socialiste, en 1971, il omis la vérité ? Ils invoqueront, le lurette, que ceux qui veulent bien y croire ? De ces pieux mensonges, © SAMUEL BOLLENDORFF/L’ŒIL plus personne n’est dupe. Rien de tel pour Lionel Jospin. ENQUÊTE Depuis une décennie, le premier ministre s’est reconstruit – et, avec A chacun CLAUDE BÉBÉAR lui, le Parti socialiste – en brandis- sant l’étendard des « valeurs »,de LE PRÉSIDENT du conseil de sur- l’« intégrité » et du « sens » de la son école veillance d’Axa a été mis en examen, jeu- politique. « Moralisons nos actes ! », di 14 juin, pour « blanchiment de capi- lance-t-il dès 1991 dans L’Invention 4. Les bûcheurs taux aggravé », ainsi que le président du du possible, en invitant ses camara- directoire, Henri de Castries. Ils sont des à retrouver « cette vertu » de la prépa poursuivis dans l’affaire PanEuroLife, d’avant la conquête du pouvoir. A Un an de rencontre avec des élèves qui société luxembourgeoise soupçonnée l’automne 1994, face aux révéla- ne veulent pas être bons, mais les d’avoir favorisé l’évasion de capitaux. tions sur le passé vichyste de Fran- çois Mitterrand, il lâche un cin- meilleurs. Dans la classe préparatoire Lire page 10 glant : « On voudrait rêver d’un itiné- du lycée Hoche, à Versailles, règne une raire plus simple et plus clair. » Au compétition sans merci. p. 18 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, printemps 1995, il place sa candida- 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; f Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; ture présidentielle sous le slogan : www.lemonde.fr/education Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- « Avec Lionel Jospin, c’est clair » ;en gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; pleine campagne, le 9 avril, il reven- Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Tableau de bord ...... 26 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; dique « le droit d’inventaire » sur Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 29 l’héritage mitterrandien et ses Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 10 Météorologie-Jeux...... 33 « ombres ». Régions ...... 14 Culture ...... 34 M 0147 - 615 - 7,50 F Carnet...... 15 et 16 Guide culturel ...... 37 Gérard Courtois Horizons ...... 18 Kiosque ...... 38 et Pascale Robert-Diard Entreprises...... 22 Abonnements..... 15 et 38 Communication...... 25 Radio-Télévision ...... 39 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@g@b@p@a; Lire la suite page 21 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

DIPLOMATIE Le président amé- de « consulter à toutes les étapes » quées, jeudi 14 juin, entre M. Bush te rencontre figuraient les dossiers ne de l’Europe élargie fera l’objet, ricain George W. Bush a rencontré, de son projet de développement de et les dirigeants de l’Union euro- délicats de la lutte contre l’effet de vendredi, à Varsovie d’un discours mercredi 13 juin, à Bruxelles les nouveaux systèmes antimissiles. péenne à Göteborg, en Suède, en serre, des relations commerciales, du président américain, qui rencon- chefs d’Etat et de gouvernement de b LES RELATIONS EURO-AMÉRICAI- prélude au Conseil européen de ven- ainsi que de l’élargissement et ses trera, samedi, le président russe en l’Alliance atlantique qu’il a promis NES devaient être à nouveau évo- dredi et samedi. b AU MENU de cet- conséquences. b LA VISION américai- Slovénie. (www.lemonde.fr/ue) George Bush et les Européens s’efforcent de nouer le dialogue Le chef de la Maison Blanche a demandé à ses partenaires de l’Alliance atlantique leur « soutien » à son projet controversé de défense antimissile, tentant de jouer des divergences sur le Vieux continent. Le président américain devait rencontrer, jeudi, les Quinze à Göteborg, en Suède

BRUXELLES bles » selon l’expression de Tony Face à une « nouvelle menace », devienne « une fantastique incita- reprise mot pour mot dans le pro- prêts à accepter la « maturité » de notre bureau européen Blair, M. Bush s’est montré nette- sur laquelle il ne s’est pas attardé, tion à la prolifération ». Pour jet de communiqué américano- des Européens en matière de Bien qu’ils n’attendent pas de ment moins restrictif que son M. Bush a assuré qu’il fallait met- M. Chirac, le traité ABM est «un européen qui devait être adopté à défense « autonome » (lire ci-des- résultats concrets de la venue du secrétaire à la défense, Donald tre au point une réplique adéqua- pilier » de la préservation des équi- Göteborg – prévoit en effet que sous). président américain sur le Vieux Rumsfeld, qui, la semaine derniè- te, ce qui suppose de se débarras- libres stratégiques, mais il n’est les Européens lanceront et condui- Comme prévu, enfin, la visite de Continent, les Européens sont re, avait expliqué qu’il s’agissait de ser du traité antimissile balistique pas pour autant intouchable, puis- ront des opérations militaires «là M. Bush n’a pas permis de déblo- curieux de découvrir quel sorte défendre le seul territoire des (ABM) de 1972, signé par Washing- que l’important n’est pas le traité où l’OTAN en tant que telle n’est quer le contentieux avec la Tur- d’homme est George W. Bush. Ils Etats-Unis. ton et Moscou. Pourquoi une telle mais « les principes ». « Si l’on envi- pas engagée ». Serait-ce une nuan- quie qui, sans vraiment détériorer savent que la participation du chef sage un nouveau cadre, a-t-il dit, il ce mineure ? Pas du tout : la for- le climat entre l’OTAN et l’Union de la Maison Blanche au sommet faudra veiller à ce qu’il comporte mulation de M. Bush fait penser à européenne, a pour effet de retar- euro-américain du jeudi 14 juin, à Moscou veut préserver le traité ABM des dispositions contraignantes celle utilisée la semaine dernière à der la mise en œuvre opérationnel- Göteborg (Suède), ne sera pas assurant la stabilité internationa- l’OTAN par le secrétaire à la défen- le de la défense européenne. Sur plus féconde pour résoudre les dif- Depuis Moscou, les autorités russes ont souligné, pendant la réunion le ». se, Donald Rumsfeld, qui avait ce point, comme à propos de la férends transatlantiques que ne l’a de l’OTAN, que le projet américain de bouclier antimissile représentait assuré que l’Alliance conserve son défense antimissile et de la défen- été son intervention, la veille, à une menace pour la sécurité dans le monde. Cette mise au point est ARRIÈRE-PENSÉES Bruxelles, lors du sommet des intervenue alors que Vladimir Poutine doit rencontrer George Moins explicite sur ses propres chefs d’Etat et de gouvernement W. Bush, samedi 16 juin, en Slovénie. La Russie désire toujours préser- priorités, le chancelier Schröder a Une étape « constructive » à Madrid de l’OTAN. ver le traité antimissile balistique (ABM) de 1972, qui limite les sytèmes néanmoins souligné l’existence Apprendre à connaître le prési- de défense balistiques à la protection des seules villes de Washington d’« une foule de questions » néces- George Bush est enchanté de la première étape de sa tournée euro- dent américain est une nécessité et de Moscou, a réaffirmé Igor Sergueïev, le conseiller stratégique de sitant d’être clarifiées et justifiant péenne, mardi 12 juin, à Madrid. Il y a eu avec José Maria Aznar « les pour les Européens, justement par- M. Poutine. Au ministère des affaires étrangères, on a indiqué que Mos- la poursuite de « discussions inten- discussions les plus constructives depuis [qu'il est] président », a-t-il ce que celui-ci arrive avec une cou comptait plaider pour un système de défense basé sur des missiles sives » sur le projet américain. Cul- déclaré. Le chef du gouvernement espagnol a apporté son appui au réputation négative, tant en ce qui non stratégiques et ouvert à toutes les nations. Ainsi, M. Sergueïev a tivant le souci de placer sa premiè- projet de bouclier antimissile qui soulève de nombreuses critiques concerne ses positions sur la affirmé que la position de la Russie n’avait pas changé et ne changerait re rencontre avec les chefs d’Etat dans le reste de l'Europe. Dans une déclaration commune, figure le défense antimissile, le change- pas. « Cette position est dictée par la volonté de soutenir la stabilité straté- de l’OTAN, notamment les Euro- besoin ressenti et partagé d'une « stratégie globale de sécurité », pour ment climatique, la peine de mort, gique, la sécurité nationale et internationale, et éviter une nouvelle course péens, dans une atmosphère posi- répondre aux nouveaux dangers de l'après-guerre froide. Donnant les différends commerciaux, et aux armements », a expliqué le conseiller présidentiel. – (Reuters.) tive, M. Bush a assuré que les donnant, un paragraphe est consacré à l'engagement commun – espa- une certaine propension à l’unila- Etats-Unis accueillent favorable- gnol et américain – de combattre le terrorisme « partout où il se trou- téralisme. ment une force européenne « cor- ve ». Un soutien de taille pour Madrid dans sa lutte antiterroriste sur Le président américain estime décision, que des responsables rectement intégrée à l’OTAN, capa- son sol national. Ni l'embargo sur Cuba ni la question de la peine de UNE APPROCHE CONCILIANTE qu’il convient de tirer les consé- européens assimilent au risque de ble de fournir de nouvelles options mort n'ont terni cette rencontre. Le protocole de Kyoto a été rapide- Soucieux de corriger cette quences d’un environnement inter- relancer la course aux arme- pour gérer des crises quand l’OTAN ment évacué et José Maria Aznar a été invité à se rendre en visite à fâcheuse impression, M. Bush national post-guerre froide et ments ? Le traité ABM est un héri- décide de ne pas intervenir ». Ce Washington, avant la fin de l'année. – (Corresp.) s’est efforcé de se présenter en d’adapter les instruments et les tage de la guerre froide, a expliqué qui suppose que les Européens lui homme de dialogue lors de sa ren- structures d’un monde qui n’est en substance le chef de la Maison consacrent les « ressources néces- contre avec ses homologues de plus bipolaire : « Je vous demande Blanche, qui nous empêche saires » pour lui assurer de réelles « droit de premier refus ». Ce qui se européenne, la visite du prési- l’Alliance atlantique. Le projet de votre compréhension et votre sou- d’« apprendre ce qui est technique- capacités. Et on en est loin, laisse supposer que l’OTAN dispo- dent des Etats-Unis n’a pas été défense antimissile lui offrait l’oc- tien au moment où nous poursui- ment possible pour relever les défis comme le montrent les parts res- se d’une priorité d’intervention très productive. Il est vrai que l’am- casion d’adopter un ton conci- vons des efforts de recherche et de de cette nouvelle ère ». Pour pectives que les alliés européens dans toute crise. bition de M. Bush était, plus liant, ce dont il ne s’est pas privé. développement de systèmes qui autant, l’Amérique ne demande consacrent à leur défense. Ces échanges de considérations modestement, d’amorcer un dialo- S’agissant du principe même d’un pourraient tous nous protéger con- pas à ses alliés de « signer en De la sorte, le chef de la Maison prouvent deux choses. D’une part, gue. Celui-ci devait se poursuivre système dont l’objectif est de pro- tre les menaces d’armes de destruc- faveur d’un quelconque système ». Blanche a révélé les arrière-pen- il y a bel et bien deux approches à Göteborg, sur d’autres sujets téger les Etats-Unis et leurs alliés tion massive. Je vous demande de Ce qu’elle souhaite, c’est que les sées (c’est-à-dire les réticences) différentes de la défense européen- (comme le changement climati- d’éventuelles attaques de missiles me croire quand je prends l’engage- Européens « réfléchissent différem- traditionnelles de l’administration ne entre le Pentagone et le dépar- que) tout aussi peu consensuels. en provenance d’ « Etats voyous » ment de vous consulter à toutes les ment » à « un nouveau cadre straté- américaine. Le texte du traité de tement d’Etat. D’autre part, les (rogue states) ou d’« Etats imprévisi- étapes », a-t-il insisté. gique ». Nice – dont la formulation est Etats-Unis ne sont pas encore Laurent Zecchini La formule est à la fois floue et habile, en ce sens qu’elle suppose A l’OTAN, des efforts financiers très disparates la disparition du traité ABM, tout en tenant compte de la nécessité De Washington à Bruxelles, différentes idées de l’Europe unie Les Etats-Unis, dont le budget de la (28,8 milliards d’euros). Elle était de de continuer les progrès en faveur défense présenté par George 1,17 % en Allemagne en 2000 ; de la non-prolifération. Faisant EN MOINS D’UNE SEMAINE, l’entrée dans l’UE et l’entrée dans permette d’être un acteur autono- W. Bush s’élève à 310 milliards de 1,15 % en Italie, et 0,98 % en état de réactions « ouvertes et cons- divers événements ont amené à l’OTAN pour les Etats baltes”, relève me de la politique internationale. dollars (340 milliards d’euros), soit Espagne. De manière générale, ce tructives », M. Bush a noté une s’interroger sur la compatibilité le protocole de l’entretien publié C’est ce qui distingue la conception 3,1 % du produit intérieur brut sont les crédits d’équipement qui « réceptivité nouvelle » des Euro- des différentes idées sur l’unité de par Der Spiegel, il [Schröder] attire européenne de la conception améri- (PIB), demandent à leurs alliés de enregistrent une baisse avec, en péens face au projet de défense l’Europe. Ce fut d’abord le « non » l’attention sur le fait que la Russie a caine. Mais le référendum irlandais faire un effort supplémentaire pour moyenne, une chute de 2,2 % antimissile. C’était aller un peu moins de problèmes avec l’admissi- est un coup de frein sur cette voie partager « le fardeau » financier de entre 1995 et 1999 face à une hausse vite en besogne : s’il est vrai que la ANALYSE on dans l’UE. L’élargissement de parce que, comme le dit le ministre la sécurité collective. de 6,5 % en dollar constant, aux quasi-totalité des chefs d’Etat et l’OTAN aux Etats baltes est plus une français des affaires étrangères, b La Grande-Bretagne est le seul Etats-Unis, dans le même temps. de gouvernement présents ont Américains et question de prestige en politique inté- Hubert Védrine, « ils trouvent que Etat membre de l’OTAN à avoir b Les trois nouveaux membres fait preuve d’une prudence toute Européens s’opposent rieure que l’expression d’un senti- cela va trop loin et trop vite ». annoncé une augmentation de son de l’OTAN connaissent en 1999 un diplomatique, les propos de Jac- sur les ambitions ment de menace. » Les Irlandais ne sont sans doute budget militaire, estimé à quelque accroissement de leur budget ques Chirac et, dans une moindre d’autonomie de l’UE Les pays candidats sont assez pas les seuls. La victoire de Silvio 23 milliards de livres (245 milliards militaire en monnaie nationale : la mesure, ceux du chancelier alle- sensibles à ce discours américain, Berlusconi en Italie risque aussi de de francs) en 2001 et prévu pour Pologne (avec + 8 % par rapport à mand Gerhard Schröder ont con- d’une part, parce que l’admission ralentir la marche de l’UE vers l’in- atteindre 25 milliards de livres en la moyenne des années firmé que convaincre les Euro- irlandais au référendum sur la ratifi- dans l’OTAN est pour eux une prio- tégration. Certes, l’Europe et l’ami- 2003-2004. Soit 2,47 % du PIB antérieures), la République péens du bien-fondé de son projet cation du traité de Nice, qui pour- rité – ils ne conçoivent pas leur tié avec les Etats-Unis ont été les 2000. tchèque (avec + 7,3 %), et la sera pour Washington une œuvre rait peser sur l’élargissement de sécurité en dehors de l’organisa- deux fondements de la politique b Tous les autres Etats membres Hongrie (+ 19 %). Mais les de longue haleine. l’Union. Ce fut ensuite la forma- tion atlantique – et, d’autre part, étrangère de la République italien- en Europe consacrent à leur analystes de l’OTAN considèrent Tout en saluant dans l’Alliance tion du gouvernement de Silvio parce que la mise en œuvre d’une ne. Tout était question d’équilibre défense une part plus faible de que cette tendance n’est pas atlantique « un lien de sécurité qui Berlusconi, l’équipe la plus à droite telle politique leur aurait évité de entre les deux. La nomination aux leur richesse nationale. En France, symptomatique de la réalité, dès a fait ses preuves », le président que l’Italie ait connue depuis des faire antichambre pendant une affaires étrangères de Renato Rug- cette part du PIB est estimée à lors que les budgets en question, français a réaffirmé les « crain- décennies. Ce fut enfin la tournée quinzaine d’années. Le résultat du giero, qui a longuement fréquenté 1,96 % en 2001, pour un montant évalués en dollars, marquent le tes » et les « réserves » que lui ins- de George W. Bush, qui professe référendum irlandais n’est pas fait la Commission de Bruxelles, global de dépenses de pas en termes de pouvoir pire la défense antimissile, la plus une conception de l’Europe qui pour les rassurer, même si les Quin- devrait rassurer les partenaires 188,9 milliards de francs d’achat réel. importante étant que ce projet n’est pas celle des Européens, de la ze, et avec beaucoup de force Jac- européens de l’Italie. Mais il n’est France et de l’Allemagne en parti- ques Chirac et Gerhard Schröder, pas le seul dans le gouvernement à culier, même s’il trouve une oreille réunis le 12 juin au sommet franco- s’occuper des affaires européen- complaisante auprès du chef du allemand de Fribourg, ont affirmé nes. Le ministre de la défense, gouvernement espagnol José que le « non » irlandais ne change- Antonio Martino, qui était chef de Maria Aznar, et justement de Silvio rait rien au calendrier. la diplomatie italienne dans le pre- Berlusconi. mier gouvernement Berlusconi de On retrouve deux conceptions AVERTISSEMENT 1994, s’est donné pour première antagonistes de l’Europe. Celle des C’est en tout cas un avertisse- tâche de « rassurer les Américains Américains, qui ne sont pas hosti- ment, moins pour les pays candi- sur notre fidélité d’allié », ajoutant : les à l’unification de l’Europe. Au dats que pour les dirigeants euro- « Pour éviter les équivoques, on expli- contraire : au lendemain de la péens. Comme l’a dit Romano Pro- quera aux Etats-Unis que l’Europe deuxième guerre mondiale, ils ont di, qui n’a jamais beaucoup appré- n’a aucune intention de se rendre encouragé les Européens de cié le traité de Nice, il faut « en finir autonome » dans le domaine de la l’Ouest à mettre en commun leurs avec les accords incompréhensibles défense. Une telle déclaration est ressources et, depuis la fin de la conclus de nuit auxquels les citoyens en contradiction avec ce que les guerre froide, ils regrettent que la sont totalement étrangers ». Le prési- Quinze ont décidé aux Conseils réunification du continent n’aille dent de la Commission affirme que européens d’Helsinki puis de Nice, pas plus vite. Toutes ces négocia- les conférences intergouvernemen- puisqu’ils ont décidé de se doter tions byzantines sur la reprise de tales ne fonctionnent pas mais on d’une capacité « autonome » de « l’acquis communautaire » leur n’a rien trouvé d’autre pour ren- décision et d’action. paraissent une perte de temps, voyer la décision ultime aux chefs Ainsi va l’Union européenne, tan- alors que l’élargissement de d’Etat et de gouvernement. Jac- tôt courtisée, tantôt admonestée l’OTAN et celui de l’Union ques Delors suggère quant à lui par les Américains qui peuvent trou- devraient, selon eux, aller de pair. d’avancer d’un an le rendez-vous ver des relais au sein des Quinze et Mais ils voient dans l’Union euro- de 2004. Il y voit un avantage. Ainsi demain des vingt-cinq ou trente péenne une organisation parmi « on n’appliquera jamais les disposi- Etats membres. Ainsi va l’Union d’autres, chargée de promouvoir le tions institutionnelles du traité de européenne avec ses contradictions libre-échange et de renforcer la Nice », qui est « un four total ». internes, ses avancées et ses reculs. sécurité du Vieux Continent. Un « Le nouveau traité viendra les pren- Le débat qui s’est engagé après échange entre le président Bush et dre de vitesse. » Nice montrera si tous sont disposés le chancelier allemand lors de la Ce nouveau traité de 2003 ou à aller de l’avant. Après les élec- visite de Gerhard Schröder à Wash- 2004 doit avoir pour objectif de tions italiennes et le référendum ington le 29 mars est significatif à doter l’Union européenne d’une irlandais, ce n’est pas évident. cet égard. « A la question du prési- Constitution et de lui donner une dent “Quelle est la différence entre architecture institutionnelle qui lui Daniel Vernet INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 3 Après le « non » de l’Irlande au traité de Nice, les Quinze vont tenter de rassurer les candidats à l’Union BRUXELLES étroites, avant d’aller rencontrer décembre 2000, qui est à la fois illisi- Il est exclu que le sommet s’engage de notre bureau européen samedi à Ljubliana (Slovénie) le pré- ble et très vraisemblablement ineffi- sur ce point, même si la Commis- Les chefs d’Etat et de gouverne- sident russe, Vladimir Poutine. cace. sion privilégie désormais le scénario ment de l’Union européenne Cet intermède américain inter- d’une adhésion groupée qui pour- accueillaient, jeudi 14 juin à Göte- vient alors que l’Union doit affron- UN PROCESSUS « IRRÉVERSIBLE » rait concerner près d’une dizaine de borg, en Suède, le président améri- ter une crise de confiance larvée qui Soucieux d’allumer un contre- pays. cain George W. Bush, avec lequel inquiète les candidats à l’élargisse- feu, les chefs d’Etat et de gouverne- Le débat sur la future architecture une partie d’entre eux s’étaient déjà ment. Le « non » irlandais au réfé- ment vont réaffirmer le message de l’Europe sera également évoqué retrouvés la veille pour le sommet rendum de ratification du traité de adressé lundi par leurs ministres des à Göteborg, mais les Quinze ne sou- de l’OTAN à Bruxelles. Servant de Nice a été le révélateur d’un malaise affaires étrangères : il n’est pas ques- haitent pas davantage s’apesantir prélude au Conseil européen de ven- que chaque capitale ne souhaitait tion de renoncer au traité et de rou- sur cette question. Les discours poli- dredi et samedi, cette rencontre pas s’avouer. Brusquement, le roi vrir les négociations, pas plus qu’il tiques doivent maintenant être euro-américaine, où seront abordés est nu : les chefs d’Etat et de gouver- n’est envisageable de modifier le relayés par les contributions de la les différends à propos de l’environ- nement ont beau souligner que ce calendrier de l’élargissement. Sou- société civile. La présidence suédoi- nement et des relations commercia- rejet n’est que le fruit de l’exaspéra- cieux d’apaiser les inquiétudes des se présentera un rapport sur l’état les, permettra de préciser les inten- tion d’une poignée d’Irlandais pro- pays candidats à l’adhésion, les des réflexions avant de passer le tions de la nouvelle administration saïquement inquiets de voir le Quinze vont réaffirmer que le pro- flambeau à la fin du mois à la Belgi- américaine à l’égard d’une Union gâteau des fonds structurels euro- cessus d’élargissement est « irréver- que, à charge pour celle-ci d’avan- européenne qui se trouve de nou- péens se rétrécir avec l’élargisse- sible ». Ils n’ont toutefois pas l’inten- cer des propositions plus précises Londres soutient le projet veau dans une phase de change- ment, ceux-ci ont manifesté à leur tion de se montrer beaucoup plus lors du sommet européen de Lae- ments importants. Son élargisse- façon une incompréhension large- précis qu’à Nice sur la date de fin ken, en décembre 2001, notamment ment prochain à l’Europe de l’Est ment répandue. Le processus d’élar- des négociations. Ils avaient alors sur la méthode pour structurer la américain de bouclier antimissile est suivi de près à Washington. Le gissement n’a pas donné lieu à une souhaité que les premiers candidats future négociation. président américain se rendra ven- grande pédagogie de la part des gou- puissent participer aux élections Le principe de la réunion d’une LONDRES quennal, les Britanniques sont dredi en Pologne, avec laquelle les vernants, pas plus que la réforme européennes de 2004. Convention, rassemblant des repré- de notre correspondant d’autant plus demandeurs que les Etats-Unis ont des relations très des institutions adoptée à Nice en Combien ces derniers seront-ils ? sentants des exécutifs et des Parle- Comment participer à une force deux bases américaines implantées ments, nationaux et européens, est militaire européenne sans froisser le en Grande-Bretagne pourraient de plus en plus largement admis, « grand frère » américain qui s’en participer au nouveau système anti- mais plusieurs capitales manifestent inquiète ? Comment consolider la missile. M. Bush n’a pas assoupli sa position sur l’environnement leurs appréhensions si d’aventure « relation spéciale » qui permet aux Fylingdales dans le nord du un tel processus devait se dérouler deux grandes nations « cousines » Yorkshire et, surtout, la base de « UNE DOUCHE FROIDE ! » : c’est, selon un diplo- 8 juin, le conseil des ministres de l’environnement sans être soigneusement encadré. de coopérer étroitement dans le très Menwith près de Harrogate, qui est mate français, l’effet qu’a eu sur les Européens la avait rappelé leur position : « Les pays industrialisés Leur crainte est que cette Conven- secret système d’espionnage inter- déjà utilisée par la National Securi- déclaration de George Bush, lundi 11 juin, sur l’envi- doivent prendre l’initiative », « il y a maintenant des tion se transforme insidieusement national « Echelon » sans s’aliéner ty Agency (NSA américaine) com- ronnement. Alors que l’on attendait un assouplisse- preuves plus fortes que les actions humaines transfor- en une Constituante à l’échelle de les pays cibles de ce système sur le me le principal site d’interception ment de sa position, le président américain a mainte- ment le climat », « il est essentiel de souligner l’impor- l’Europe, avec le soutien du Parle- continent européen ? des communications par satellite nu close la porte qu’il avait claquée en mars : « Le pro- tance des éléments fondamentaux du protocole de ment européen et dans un sens trop Tels sont quelques-uns des dilem- de l’Europe, pourraient être déve- tocole de Kyoto présente des défauts fatals », a-t-il asse- Kyoto », notamment l’engagement de limiter les émis- fédéraliste à leur goût. mes que Tony Blair va devoir s’em- loppées comme des maillons de la né. L’accord international de Kyoto sur la lutte contre sions de gaz à effet de serre. Dans le droit fil des préoccupa- ployer à résoudre dans les semai- chaîne de surveillance américaine le réchauffement de la planète, signé en décem- Cependant, les Quinze connaissent les limites de tions environnementales évoquées nes qui viennent. Sur le premier antimissile. Problème : la moderni- bre 1997, serait injuste, puisqu’il exempte la Chine, cette détermination. D’une part, ils ne sont pas abso- avec George Bush, les Quinze vont point, un porte-parole a expliqué sation de ces deux bases, avec ins- « deuxième émetteur de gaz à effet de serre », de tout lument unis : le gouvernement de Silvio Berlusconi également examiner l’ambitieux rap- mardi 12 juin, à Londres, que le pre- tallation de détecteurs à infrarou- engagement chiffré de réduction des émissions, ainsi est bien plus sceptique que son prédécesseur. « Toute port de la Commission sur le déve- mier ministre britannique enten- ges et équipements spéciaux sus- que l’Inde. Pour le président Bush, « Kyoto est irréalis- politique environnementale qui n’inclurait pas les Etats- loppement durable, qui est une stra- dait tout faire, dès mercredi à la réu- ceptibles d’abattre d’éventuels te. De nombreux pays ne pourront pas atteindre les Unis est condamné à l’échec », a ainsi déclaré à La tégie globale de développement, à nion de l’OTAN, pour « réitérer la engins en provenance du Proche- objectifs fixés. Ceux-ci l’ont été de manière arbitraire et Stampa Rocco Buttiglione, le ministre italien des affai- la fois économique, sociale et envi- valeur unique pour l’Europe de la Orient ou de l’ouest de l’ex-URSS, ne sont pas basés sur la science. Pour l’Amérique, s’y con- res européennes. ronnementale, avec force objectifs relation militaire transatlantique ». violerait le traité ABM des former aurait un effet économique négatif, avec des D’autre part, le nouveau gouvernement du Japon a et indicateurs. Les chefs d’Etat et de Initiateur, avec les Français, de la années 1970. licenciements et des augmentations de prix. » confirmé qu’il n’imaginait pas s’engager dans un gouvernement vont sans aucun dou- force de réaction rapide européen- Le chef de la Maison Blanche juge aussi que les con- accord d’où les Américains seraient absents. Tout en te se féliciter d’une telle initiative, ne qui devrait concrètement voir le WAIT AND SEE naissances scientifiques sont insuffisantes. S’il indi- manifestant leur divergence, les Européens mesurent tout en estimant que celle-ci est un jour dans les années à venir, Le président George Bush entend que que les Etats-Unis resteront dans la discussion donc la très grande difficulté de s’engager sans leur peu trop récente et un peu trop glo- M. Blair entend également «tuer désormais « convaincre » ses parte- diplomatique sur le climat, il se contente de proposer cousin transatlantique dans la lutte contre le réchauf- bale pour qu’ils puissent se pronon- dans l’œuf toute velléité que pour- naires européens réticents de l’utili- une coopération scientifique entre les Etats-Unis, le fement de la planète. cer dans l’immédiat… té de cette violation et de la nouvel- Japon et l’Union européenne. le course aux armements qu’elle La divergence est totale avec les Européens. Le Hervé Kempf L. Z. Naissance peut engendrer. La position officiel- le de Tony Blair, qui n’a guère envie d’un Airbus militaire a priori de se lancer, seul en Europe, dans cette nouvelle aventure, est à européen la fois d’attendre les résultats des efforts diplomatiques américains en La France et l’Allemagne cours et de voir, avant de se décider, devraient confirmer, lors du pro- « ce que seront les propositions préci- chain Salon aéronautique du Bour- ses de Washington ». get, leur intention de développer Le mois dernier, l’un des porte- un projet d’avion de transport mili- parole du premier ministre s’était taire qui remplacera les Transall et « félicité de l’approche très ouverte les Hercules. Contrôlée à 80 % par adoptée par les Américains dans leur le groupe européen EADS et à 20 % analyse des menaces posées par les par l’entreprise britannique BAE missiles détenus par des Etats-voyous systems, la société Airbus military (Rogue States). Lorsque les Etats- corporation (AMC) a conçu un Unis disent qu’un nouveau cadre est avion quadriturbopropulseur à héli- nécessaire pour assurer la stabilité ces rapides, l’A 400M, pour achemi- dans ce contexte, ils ont raison. Nous ner cent vingt soldats et leurs équi- partageons leurs préoccupations », pements jusqu’à 5 500 kilomètres, à avait-il ajouté. la vitesse moyenne de 780 km/h. Pour le reste, sur le principe même Les besoins exprimés sont de de l’initiative américaine, « c’est une 223 appareils : 73 pour l’Allemagne, bonne idée », juge Geoff Hoon, le 50 pour la France, 27 pour l’Espa- ministre de la défense qui a rempla- gne, 25 pour le Royaume-Uni, cé, à Londres, l’actuel secrétaire 20 pour la Turquie, 16 pour l’Italie, général de l’OTAN, George Robert- 7 pour la Belgique, 4 pour le Portu- son. Encore une fois, Londres veut gal et 1 pour le Luxembourg. Le prix « voir les détails » avant de s’engager d’un Airbus A 400M est de l’ordre de plus nettement. Mais l’allié euro- 85 millions d’euros. Au départ, le péen majeur des Etats-Unis les étu- programme a été conçu selon un diera avec bienveillance. « Nous mode d’acquisition propre aux com- devons observer avec un grand soin les pagnies aériennes commerciales : intérêts de nos plus proches alliés et les armées de l’air régleront leur fac- nous voudrions nous montrer servia- ture à l’achat, par étapes. bles », a dit le ministre. Pressé par les conservateurs, qui veulent un soutien massif et plus raient entretenir certains de transfor- enthousiaste au projet américain, mer à terme cette force spécifique en Tony Blair, serré sur sa gauche par une euro-armée ». plus d’une centaine de députés tra- Le « certains » concerne évidem- vaillistes qui ne veulent pas du bou- ment, au premier chef, les autorités clier, avait rétorqué qu’il fallait atten- françaises qui n’ont pas tout à fait, dre que « les Américains fassent une pour cette force spécifique, la proposition spécifique avant de faire même conception disons suppléti- connaître notre détermination sur ce ve à l’OTAN que les Britanniques. sujet (…) C’est une question haute- Le premier ministre qui a déjà ren- ment sensible », avait-il ajouté. contré le numéro un américain en Alastair Campbell, conseiller, février, à Washington, aura à nou- confident et directeur de la commu- veau l’occasion de lui expliquer ses nication du premier ministre, était conceptions en tête à tête aux alen- allé plus loin. « Les Américains sont tours du 20 juillet. les seuls à pouvoir développer cette Londres s’est en effet « réjoui » technologie nouvelle. A partir de là, mardi que le président George nous devons mettre au point les ques- Bush ait accepté, sur le chemin du tions politiques qui nous concernent G 8 prévu à Gênes à cette date, de spécifiquement et voir quel rôle nous prévoir une escale au Royaume- pouvons jouer dans la discussion et Uni. On ignore encore ce que sera le dialogue qui a lieu. » Et le porte- la durée de cette étape mais on en parole avait ajouté : « Nous soute- connaît déjà l’un des grands sujets : nons le leadership que les Améri- le fameux bouclier antimissile que cains ont pris dans la bataille contre se propose d’édifier la nouvelle ceux qui pourraient représenter une administration des Etats-Unis. réelle menace. » Le soutien britanni- Sur ce terrain, totalement ignoré que peut apparaître contourné, il de la campagne électorale qui vient n’en est pas moins bien réel… de porter M. Blair à la tête du pays pour un deuxième mandat quin- Patrice Claude 4 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 INTERNATIONAL

Le conflit avec l’UCK Nouvelle manifestation à Alger s’aggrave en Macédoine pour protester contre la répression en Kabylie Malgré le plan de paix présenté Organisée par les comités de tribus et de villages, elle est soutenue par des partis politiques par le président Boris Trajkovski, Des centaines de milliers de personnes étaient protester « contre la répression et l’injustice » politiques. La veille, les émeutes avaient repris à attendues, jeudi 14 juin, pour une marche histori- par les comités de tribus et de villages de la Béjaïa, en Petite Kabylie, tandis que le calme une extrême tension reste perceptible que sur la présidence, à Alger, organisée pour Kabylie, avec le soutien de plusieurs formations était revenu dans l’est du pays.

SKOPJE caces et sporadiques bombarde- ALGER dans le centre-ville. Les manifes- 14 juin sonne comme un défi au de confusion qui régnait encore de notre envoyé spécial ments à distance sur les villages correspondance tants ont renouvelé leurs revendica- pouvoir. En réprimant celle de jeu- dans la capitale mercredi soir. Est-ce, comme l’affirme un diplo- tenus par les rebelles, les unités de Plus que jamais, le pouvoir algé- tions sur la langue et la culture ber- di dernier, le régime avait en effet En principe, la manifestation de mate occidental, « le plan de paix l’armée ont perdu quelque trente rien paraît débordé par une contes- bères, assorties de demandes d’or- signifié qu’il entendait mettre un jeudi partira des Pins maritimes, à de la dernière chance avant une hommes depuis le début des affron- tation généralisée qui ne se limite dre social sur les logements et l’em- terme aux initiatives de ce genre 20 kilomètres à l’est de la capitale, aggravation du conflit ? » Une extrê- tements en février sans parvenir à plus, depuis quelques jours, aux ploi. qui se déroulent sans son autorisa- puis se rendra place du 1er-Mai à me tension était en effet percepti- stopper l’avancée des rebelles. Le wilayas du centre du pays. Alors Les troubles ont tendance à se tion préalable, comme le prévoit la Alger, avant de se diriger vers la ble, mercredi 13 juin, en Macédoi- plan macédonien devrait également que le ministre de l’intérieur, Yazid multiplier en Algérie, à la veille de réglementation. Les précédentes présidence de la République. Le ne à la veille de la visite du secrétai- prévoir une amnistie pour les com- Zerhouni, tentait, mardi 12 juin, de la marche organisée par la coordi- marches n’étaient pas autorisées, Front des forces socialistes (FFS), re général de l’OTAN, George battants de l’UCK dont les rangs dialoguer avec les jeunes de Khen- nation des comités de tribus et de mais tolérés par les autorités. de Hocine Aït Ahmed, a appelé les Robertson, et d’une importante grossissent chaque jour. chela, dans les Aurès, le vent de la villages de Tizi-Ouzou, Béjaïa, La coordination des villages Algériens à y participer massive- réunion entre les quatre partis (sla- Le volet politique devrait quant à fronde s’est propagé à la wilaya voi- Sétif, Bordj Bou Arréridj, Boumer- – qui se veut une instance de mobi- ment. ves et albanais) de la coalition gou- lui prendre en compte un certain sine d’Oum el-Bouaghi, dans la vernementale portant sur un plan nombre des revendications formu- sous-préfecture d’Ain Fekroun. PLATE-FORME DE REVENDICATIONS de paix concocté récemment par le lées depuis des années par la com- Sans qu’il y ait d’explication préci- La France à la Foire internationale d’Alger Le Rassemblement pour la président Boris Trajkovski. Cet munauté albanaise, à savoir un chan- se au déclenchement des troubles culture et la démocratie (RCD) et accord est destiné à stoppé l’avan- gement du préambule de la Consti- comme ce fut le cas dimanche à Le secrétaire d’Etat français au commerce extérieur, François de nombreuses associations cultu- cée de la rébellion de l’Armée de tution – qui dans sa forme actuelle Khenchela, des centaines de jeunes Huwart, était attendu, jeudi 14 juin, pour une visite à la Foire inter- relles sont également de la partie. Il libération nationale (UCK) des établit une prééminence implicite se sont rassemblés pour s’attaquer nationale d’Alger. François Huwart était porteur d’un message faut dire que la coordination des vil- Albanais de Macédoine. Apparue des slaves macédoniens par rapport ensuite aux édifices publics. Les dis- pour ses hôtes indiquant que, « malgré la situation politique difficile lages a veillé, dans l’élaboration de au début de l’année, elle est aujour- cussions entre le ministre de l’inté- en Algérie, la France veut réaffirmer son soutien au développement éco- sa plate-forme de revendications, à d’hui aux portes de Skopje. rieur et une délégation de manifes- nomique algérien ». Le ministre délégué devait s’entretenir, lors de renoncer à certaines exigences qui L’UCK n’ayant pas été associée La « très sérieuse tants ont confirmé l’ampleur du ras- sa visite de deux jours à Alger, avec le nouveau ministre des finan- provoquaient des divisions, notam- aux discussions alors qu’elle récla- le-bol de toute la jeunesse algérien- ces, Mourad Medelci, le ministre du commerce, Abdelhamid Tem- ment l’abrogation du Code de la me son inclusion dans le jeu politi- menace » de la guérilla ne. mar, et le ministre de la participation et de la coordination des famille et la levée immédiate de que, on peut légitimement se réformes, en charge des privatisations, Noureddine Boukrouh. l’état d’urgence. demander quel cas la guérilla fera « L’entrée de l’UCK dans Aracino- MOBILISATION « CITOYENNE » Quelque 260 entreprises françaises sont présentes à la Foire inter- Le catalogue des revendications du plan de paix ? Les partis politi- vo (10 kilomètres de Skopje), en Promettant sur le champ la libé- nationale d’Alger, prévue jusqu’au 24 juin. Le Monde, Libération et retenues sera remis au président de ques albanais participant à la coali- fin de semaine dernière, constitue ration des manifestants encore Le Figaro n’ont pas reçu de visa de la part des autorités algériennes la République. Il exige des mesures tion gouvernementale ont eux- une très sérieuse menace en raison détenus, le ministre a lancé un pour aller couvrir cet événement. Aucune explication ne leur a été « contre l’injustice et l’impunité », mêmes émis des réserves sur la via- de la proximité avec la capitale et appel au calme. Appel resté sans fournie. notamment un « statut de martyr à bilité de l’accord. Arben Xhaferi, de la panique qu’elle provoque au effet puisque les affrontements chaque victime de la démocratie », président du Parti démocratique sein de la population. Si les com- reprenaient à Khenchela un peu le départ immédiat des brigades de albanais, a ainsi estimé que le plan bats éclatent dans Skopje, nous plus tard, à la suite, affirment les dès, Bouira, ainsi que le comité du lisation « citoyenne » et non parti- gendarmerie, ainsi que l’annula- de paix « devait être réexaminé ». devrons tirer un trait définitif sur habitants de la ville, de provoca- collectif des universités d’Alger. sane – compte mettre, jeudi, plus tion des poursuites judiciaires à « Nous sommes tous d’accord sur le une sortie pacifique de la crise. Les tions policières. Ces affrontements Une mobilisation exceptionnelle a d’un million de citoyens dans la l’encontre des manifestants et l’ac- point qu’il faut faire cesser les com- forces armées tentent de contenir la ont fait un mort – une femme – et lieu dans l’ensemble des villages de rue mais sans avoir sollicité officiel- quittement de ceux qui ont été déjà bats, mais ceux qui sont en mesure propagation du conflit mais nous plus de quatre-vingt-dix blessés, Kabylie pour cette manifestation lement le feu vert des autorités. jugés. Il réclame également la satis- de le faire n’ont pas été associés aux pouvons difficilement prévenir de dont deux par balles. qui a reçu le soutien du Front des D’où les interrogations sur l’attitu- faction de la revendication amazi- discussions sur le plan de paix », nouveaux incidents », nous a décla- Mercredi, c’est à Bejaïa, capitale forces socialistes (FFS) et de nom- de qu’adopteront ces dernières. ghe (berbère) dans toutes ses a-t-il ajouté en référence à l’UCK, ré Nikola Dimitrov, conseiller de la Petite Kabylie, que les émeu- breux autres partis et associations. Mercredi soir, un communiqué du dimensions (identitaire, civilisation- tenue à l’écart des négociations par- pour la sécurité du président tes ont repris après une dizaine de Intervenant une semaine après la ministère de l’intérieur autorisait nelle, culturelle et linguistique) ce que considérée par Skopje com- macédonien, Boris Trajkovski. jours de calme. Des milliers de manifestation réprimée, qui était la marche mais sur un parcours sans référendum et sans condition. me une organisation terroriste et « Nous espérons que les conclu- manifestants ont affronté la police organisée par une coordination très différent de celui prévu par les donc infréquentable. sions de la réunion des partis gou- antiémeute et érigé des barricades pour les libertés, la marche de jeudi organisateurs. D’où l’impression f www.lemonde.fr/algerie vernementaux nous éviteront de « MAUVAIS MORAL » DES TROUPES tomber dans le gouffre, a-t-il ajou- Les grandes lignes de ce plan asso- té. Alors que l’animosité entre les ciant des mesures politiques et mili- deux communautés augmente et Un militaire réfugié en France accuse les généraux algériens taires ont été dévoilées. Le vif du que dans les deux camps des person- sujet sera abordé lors d’une réunion nes imaginent que leur salut passe RÉGULIÈREMENT dénoncés par un groupe draud, alors ministre délégué à la sécurité. assure-t-il, il était « toujours informé », et c’est prévue en fin de semaine entre les par les armes, les dirigeants politi- mystérieux d’« officiers libres » installés à « Les ordres (pour assassiner Mécili) sont donc sans l’ombre d’une hésitation qu’il affir- leaders des quatre partis de la coali- ques sont conscients de leur rôle his- l’étranger, les responsables militaires algé- venus de la présidence de la République » algé- me que Boudiaf a été assassiné « parce qu’il tion, VMRO-DPMNE et SDSM, côté torique. Il en va de la survie de riens se retrouvent à nouveau en position d’ac- rienne, affirme Hichem Aboud, qui évoque échappait au contrôle de ceux qui l’avaient ins- slave, DPA et PDP, pour les Alba- l’Etat macédonien et de la crédibili- cusés. Cette fois, l’attaque, très violente, vient des « instructions » données au cours d’une tallé au pouvoir ». nais. Le texte évoque un contrôle té de la communauté internationa- du capiaine Hichem Aboud, l’ancien chef de réunion « pour monter une opération contre En revanche, l’ancien directeur de cabinet international pour superviser une le vis-à-vis de sa politique régiona- cabinet de celui qui fut le patron de la toute- Mécili » par le général Larbi Belkeir, qui était à de Betchine blanchit l’armée dans les massa- démilitarisation de la guérilla albanai- le », estime M. Dimitrov. puissante Sécurité militaire (SM), Mohamed l’époque directeur de cabinet du président cres massifs de civils en 1997. Tout au plus, se. Cette proposition avait été formu- Betchine. La SM (toujours appelée ainsi alors Chadli. Aujourd’hui, le général Belkeir, qui peut-on parler, selon lui, de « complicité passi- lée la semaine dernière par l’OTAN qu’elle a changé de sigle) est réputée être le n’est plus en service actif, est le directeur de ve de l’armée » dans la mesure où cette derniè- et s’inspire de ce qui a été fait, récem- aux minorités –, une réforme de l’en- cœur du pouvoir algérien. cabinet du président Bouteflika. A en croire re a laissé faire bien qu’étant stationnée à ment et avec succès, dans le sud de la seignement en langue albanaise et Réfugié en France depuis plusieurs années, Hichem Aboud, les services de sécurité proximité du lieu de certains massacres. Serbie confrontée pendant des mois une meilleure représentation des Hichem Aboud était déjà intervenu dans la n’ayant trouvé aucun volontaire dans leur Selon Hichem Aboud, le pouvoir algérien est à un autre mouvement de guérilla Albanais dans la fonction publique. presse algérienne pour dénoncer le comporte- rang pour éliminer l’avocat (« parce que les entre les mains, non pas du président Boutefli- albanais. Il est également question L’issue incertaine de ces discus- ment passé du général Betchine, mais jamais il gens refusent de faire des sales coups »), ils ka mais de « onze généraux majors » dont cer- de la création d’un comité interminis- sions politiques est également sus- n’avait mis en cause, nommément, l’attitude auraient fait appel à Abdelmalek Amellou, un tains « sont en activité (et) d’autres officiellement tériel pour la sécurité destiné, recon- pendue à l’attitude de l’UCK sur le d’autres généraux comme il le fait dans Le proxénète. Ce dernier aurait reçu en contre- à la retraite », dont neuf anciens officiers ou naît Nikola Dimitrov, à « améliorer terrain, qui ne laissera peut-être Nouvel Observateur de cette semaine. partie du contrat une maison à Alger et sous-officiers de l’armée française durant la l’efficacité de l’action de la police et de pas le temps aux formations politi- Dans un long entretien publié par l’hebdo- 800 000 francs. guerre d’Algérie qui « ont rejoint les rangs de l’armée » contre la guérilla. Skopje ques de négocier trop longtemps. madaire, l’ancien officier revient notamment l’Armée de libération entre 1958 et 1961 ». espère également que ce nouveau Le cessez-le-feu décidé unilatérale- sur l’assassinat boulevard Saint-Michel, à « COMPLICITÉ PASSIVE » Outre le général Belkeir, l’ancien officier cite conseil permettra d’aplanir les diver- ment, lundi, par chacune des deux Paris, en avril 1987, de l’avocat Ali Mécili, Les autres « révélations » de l’ancien offi- Khaled Nezzar, qualifié de « grand parrain », gences stratégiques existant au sein parties a d’ailleurs été violé plu- l’homme qui avait scellé la réconciliation, lour- cier des services algériens ont un air de déjà Mohamed Lamari, l’actuel chef d’état-major, des organes de sécurité. sieurs fois. Une caserne de l’armée de de menaces pour le pouvoir à Alger, entre entendu. Elles concernent pour l’essentiel les Mohamed Médiene, dit « Tewfiq », chef des Signe de ce malaise, le chef de a ainsi été prise sous le feu des gué- les deux chefs de l’insurrection algérienne, émeutes d’octobre 1988 (plusieurs centaines services de sécurité (l’ex-SM) et son adjoint, le l’état-major de l’armée, le général rilleros à Tetovo dans la nuit de Hocine Aït-Ahmed et Ahmed Ben Bella. Inter- de jeunes tués par l’armée dans les rues d’Al- général Smaïn Lamari. Tous les généraux « qui Jovan Andrevski, a d’ailleurs présen- mercredi à jeudi. Des échanges de pellé, l’assassin présumé de l’avocat, Abdelma- ger) dont Hichem Aboud assure qu’elles ne font pas partie du “club des onze” peuvent té, mardi, sa démission au président tirs ont également eu lieu dans la lek Amellou, avait été rapidement soustrait à furent orchestrées par le pouvoir, et l’assassi- être sacrifiés », conclut Aboud Hichem. de la République invoquant des rai- journée dans le village de Stracin- la justice française et expulsé vers Alger en nat du président Boudiaf, en juin 1992. A l’épo- sons personnelles et le « mauvais ce, près d’Aracinovo. Globalement, urgence absolue sur ordre de Robert Pan- que, Hichem Aboud avait quitté l’armée mais, Jean-Pierre Tuquoi moral » de ses troupes. Il a été rem- les affrontements ont toutefois placé par le lieutenant général Pan- baissé d’intensité permettant ainsi de Petrovski. Cantonnées à d’ineffi- à la Croix-Rouge internationale d’évacuer quelque trois cents civils L’Afrique du Sud est en proie à une insécurité grandissante de la zone de combats. En revan- che, la police macédonienne a, pour la troisième journée consécu- Les vols avec violence ont augmenté de 30,3 % et les viols de 24,6 % en six ans tive, interdit à un convoi d’aide humanitaire préparé par des orga- JOHANNESBURG 2000, 52 860 femmes ont été violées La police sud-africaine qui, pendant gers. Selon une enquête du Crédit nisations non gouvernementales de notre correspondante en Afrique du Sud soit plus de 144 par des années était occupée à faire régner suisse First Boston, cité par le quoti- albanaises l’accès aux villages de la Une demi-douzaine de morts, dont jour, 35 dans la seule province du l’ordre de l’apartheid, n’a pas su se con- dien The Star, l’industrie de la sécuri- région de Kumanovo tenus par un policier, dans un règlement de Gauteng, qui regroupe Johannesburg vertir en une police au service des té en Afrique du Sud est la plus impor- l’UCK et bombardés depuis cinq comptes entre compagnies de taxi ; la et la capitale Pretoria. Les vols avec citoyens. Le recrutement massif de per- tante au monde, comparé à son pro- semaines par les forces macédo- nuit éclairée par les gyrophares, les violence ont augmenté de 30,3 % et sonnel noir, souvent mal formé, n’a duit intérieur brut. Elle représente niennes. cadavres, le sang sur la chaussée. Des les cambriolages de 32,8 %. pas amélioré ses performances. Quel- l’équivalent de 10 milliards de francs. images fortes, tournées par la télévi- ques unités spéciales de lutte contre le Mais peu de gens peuvent s’offrir les Christophe Châtelot sion nationale, mais diffusées en fin LA POLICE DÉPASSÉE crime ont été mises sur pied mais n’ar- services d’une société de sécurité, et de journal, juste avant la page des La lutte contre l’insécurité est l’un rivent, la plupart du temps sur place, les principales victimes de la violence f www.lemonde.fr/macedoine sports. En Afrique du Sud, la mort ne des grands échecs du Congrès natio- que pour constater les faits. Alors, la restent les Noirs les plus pauvres. fait pas la « une », le crime s’est bana- nal africain (ANC) depuis son acces- sécurité passe de plus en plus aux L’Afrique du Sud n’est pas « hors lisé. Le pays figure parmi les plus vio- sion au pouvoir en 1994. Les villas de mains de compagnies privées. Contre de contrôle », assurait dernièrement lents du monde et les dernières statis- Johannesburg, jadis bordées unique- un abonnement, souvent souscrit par le ministre de la sécurité, Steve tiques officielles, publiées la semaine ment de pelouses, sont maintenant un quartier entier ou un pâté de mai- Tshwete. « Je suis persuadé que nous dernière, montrent que la situation quasiment toutes équipées de hauts sons, elles assurent une surveillance avons passé le pire. Nous pouvons s’est considérablement détériorée murs surmontés de fils électriques. de proximité, avec des véhicules résoudre les problèmes qui persistent et depuis les premières élections démo- Elles sont munies de systèmes d’alar- patrouillant régulièrement et qui arri- réduire encore plus le niveau de la cri- cratiques en 1994. me reliés à des sociétés privées de vent sur les lieux en moins de cinq minalité », a-t-il poursuivi. Il aura Dans le tableau des statistiques de sécurité, et derrière les portails les minutes. A titre de comparaison, un cependant fallu que la presse indépen- la police, celles concernant les meur- chiens montrent les crocs. Les quel- commissariat de Johannesburg appelé dante menace, au nom de la liberté tres sont parmi les rares rubriques à la ques quartiers « gris » de la ville, la semaine dernière par une femme d’accès à l’information, de poursuivre baisse : 26 832 en 1994 contre 21 683 appelés ainsi parce qu’ils sont habités qui venait d’échapper à une tentative le ministère en justice pour que les en 2000. Mais le nombre reste impres- par des Noirs et des Blancs, tout com- de viol chez elle a mis neuf heures statistiques, soumises depuis près sionnant, environ 15 fois supérieur à me le centre-ville, sont devenus des pour dépêcher une voiture… d’un an à un « moratoire », soient celui enregistré en France, pourtant ghettos où les vendeurs de drogue Le business de la sécurité est si flo- enfin publiées. plus peuplée. Le nombre de viols est, font la loi et où l’on ne s’aventure pas rissant qu’il est devenu l’un des plus lui, monté en flèche (+ 24,6 %). En sans une bonne raison. attractifs pour les investisseurs étran- Fabienne Pompey INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 5 Affaire Ben Barka : un juge français au Maroc Israéliens et Palestiniens s’efforcent RABAT. Un juge d’instruction français est allé, pour la première fois, enquêter au Maroc dans le cadre de l’affaire de la disparition en d’appliquer le plan sécuritaire américain 1965, à Paris, du principal opposant marocain Mehdi Ben Barka, a-t-on indiqué, mercredi 13 juin, de source proche de l’enquête. C’est la première fois qu’un juge d’instruction français est autorisé par les Yasser Arafat doit convaincre sa base de l’intérêt du cessez-le-feu autorités marocaines à enquêter sur leur sol dans le cadre de cette affaire. Le juge Jean-Baptiste Parlos, qui agissait dans le cadre d’une Alors que des violences sporadiques se poursui- commencé à modifier son dispositif en applica- mis à Yasser Arafat, le plan américain, dont l’ap- commission rogatoire internationale, a séjourné au Maroc du 6 au vent dans les territoires palestiniens, l’armée tion du plan présenté par le chef de la CIA pour plication va faire l’objet de nouvelles rencontres 8 juin. Le magistrat cherche à déterminer ce que sont devenus Geor- israélienne a annoncé, jeudi 14 juin, qu’elle avait parvenir à un retour au calme. Arraché in extre- tripartites, est soumis à l’épreuve des faits. ges Boucheseiche, Jean Palisse, Julien Le Ny et Pierre Dubail, condam- nés par contumace en 1967 à la réclusion criminelle à perpétuité par la JÉRUSALEM seront préconisées, lesquelles pour- susceptible de contrecarrer les tout côté de faire des concessions justice française pour « arrestation illégale et séquestration », dans l’af- de notre correspondant raient enfin conduire à des négocia- actes de violences menés contre politiques douloureuses et de chan- faire Ben Barka. Après l’enlèvement, les quatre ressortissants français Le directeur de la CIA, George tions. Dans cet ordre d’idée, des citoyens israéliens. Sont ici ger la direction empruntée depuis se seraient rendus au Maroc, où ils auraient disparu au début des Tenet, a présidé, mercredi 13 juin, M. Tenet a essentiellement deman- notamment visées la fabrication et plus de huit mois. Mercredi, l’Auto- années 70. une réunion tripartite consacrée à dé aux Israéliens de se retirer sur la détention de mortiers dont les rité palestinienne a assuré que le L’affaire de l’enlèvement en plein Paris de M. Ben Barka, susceptible l’application du plan arraché in les lignes qui étaient les leurs le obus tombent régulièrement sur cessez-le-feu faisait partie d’un d’impliquer autorités marocaines et policiers français, n’a jamais été tota- extremis la veille au président 28 septembre 2000, veille du jour les colonies de la bande de Gaza. plan global pour le rendre plus lement élucidée malgré deux instructions judiciaires en France. Le corps palestinien, Yasser Arafat, et que le où l’Intifada Al-Aqsa a éclaté. Ce acceptable. La veille, quelques cen- du dirigeant de la gauche marocaine n’a jamais été retrouvé. – (AFP.) premier ministre israélien, Ariel qui signifie : la levée du blocus et la EMBARRAS DE YASSER ARAFAT taines d’activistes palestiniens Sharon, avait accepté un peu plus disparition des restrictions appor- La question de l’arrestation des emmenés par Marouane Barghou- tôt. Depuis plusieurs jours déjà, le tées au déplacement des popula- islamistes extrémistes, demandée ti, l’un des plus prestigieux respon- En Tunisie, grèves de la faim en série responsable américain allait de réu- tions civiles palestiniennes. De bon- avec insistance par Israël, a été lais- sables du Fatah (parti de Yasser nions tenues en rencontres repor- nes sources, Israël se serait égale- sée de côté, compte tenu de la diffi- Arafat) en Cisjordanie, avaient défi- tées. Arrivé dans la région la semai- ment engagé à ne pas mener d’opé- culté politique quasi insurmonta- lé à Ramallah pour protester con- de militants pour les libertés ne dernière, il avait été chargé de rations en territoire autonome ble pour les Palestiniens d’arrêter tre toute concession et pour le définir les mesures qui permet- palestinien, à remettre en liberté des gens avec lesquels ils collabo- maintien de l’Intifada. La prudence TUNIS. Quatre militants tunisiens de défense des droits humains et de traient de faire baisser la tension et des prisonniers détenus pour des rent depuis des mois, au sein de la de la presse palestinienne, qui n’a RAID (Attac-Tunisie, non reconnu) ont annoncé qu’ils entamaient, jeu- de stabiliser le cessez-le-feu que infractions sans rapport avec le ter- direction de l’Intifada. Les parties parlé qu’avec parcimonie de la mis- di 14 juin, une grève de la faim illimitée pour obtenir la restitution de les Israéliens ont décrété le 22 mai, rorisme et à prendre des mesures auraient finalement accepté sion Tenet, l’absence remarquée leurs passeports « arbitrairement confisqués » par le ministère de l’inté- et que les Palestiniens, après une contre ses citoyens qui, autour des d’abandonner les arrestations au de plusieurs négociateurs habi- rieur. Parmi eux, l’artiste-peintre Sadri Khiari, membre fondateur du intense campagne européenne et colonies, mènent des actions de profit de mesures discrètes qui tuels, tels Abou Mazen et Abou Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT, non reconnu), américaine consécutive à l’attentat représailles contre les Palestiniens. devraient interdire aux suspects de Ala, et les communiqués contradic- empêché d’aller soutenir en France sa thèse de sciences politiques à de Tel-Aviv, ont finalement accep- Les requêtes présentées aux se livrer à des actes répréhensibles. toires émanant de différents sec- l’université Paris-VIII. Dans les prisons, pendant ce temps, les grèves té le 2 juin. Palestiniens concernent la collecte La revendication israélienne de la teurs de l’Autorité palestinienne en de la faim se multiplient, avec pour objectif principal une amnistie La démarche du directeur de la des armes illégales détenues par création de « zones tampons » sont autant d’indicateurs des diffi- générale (notamment la libération des prisonniers d’opinion et l’annu- CIA est essentiellement sécuritaire. dizaines de milliers, tant par les entre la « Ligne verte » et les terri- cultés éprouvées pour tracer une lation des poursuites à l’encontre des défenseurs des droits humains). Il s’agit de prendre des mesures civils que par les organismes de toires autonomes palestiniens a voie claire. Ali Larayedh, ex-porte-parole du mouvement islamiste interdit Enna- immédiates pour consolider sans sécurité de l’Autorité palestinien- également été abandonnée. hda, emprisonné depuis plus de dix ans dans une cellule individuelle, retard le cessez-le-feu. Une fois ce ne, la reprise de la coopération Ce qui demeure certain, en revan- Georges Marion refuse de s’alimenter depuis le 7 juin. Deux cents autres sympathisants dernier stabilisé, d’autres solutions sécuritaire et, plus généralement, che, c’est l’embarras dans lequel se d’Ennahda observeraient en ce moment un mouvement identique. pour rétablir la confiance mutuelle la mise en œuvre de toute action trouve Yasser Arafat, pressé de f www.lemonde.fr/israel-palestiniens Démission d’un juge haïtien chargé d’une enquête délicate PORT-AU-PRINCE. Le juge Claudy Gassant, chargé de l’enquête sur le meurtre du journaliste Jean Dominique, a annoncé sa démission, mercredi 13 juin. « J’ai démissionné de toutes mes fonctions judiciai- res », a précisé le magistrat, estimant qu’il avait vécu « un véritable cal- vaire » depuis qu’il avait commencé à s’occuper de cette affaire. Jean Dominique, le plus célèbre journaliste et commentateur politique du pays, qui a consacré sa vie à la défense de la paysannerie et de la démo- cratie, a été abattu le 3 avril 2000 devant sa radio avec le gardien de la station, lors d’ un attentat non revendiqué. « C’est d’abord en raison de l’attitude inqualifiable du commissaire (de police) Evens Saintune à mon égard », s’est justifié le juge. Il a ensuite mentionné le fait qu’un juge de paix ait pu s’entretenir avec l’avocat du sénateur Dany Tous- saint, principal suspect dans cette affaire, selon le rapport du juge, ain- si qu’avec des prévenus détenus au Pénitencier national dans le cadre de ce dossier. Cela est « parfaitement illégal et n’a pas provoqué de réac- tion du ministre de la justice », s’est indigné le juge. Il a enfin dénoncé les problèmes « non résolus » à ce jour de sa propre sécurité, arme- ment et véhicules défectueux notamment. – (AFP.) DÉPÊCHES a PAKISTAN : neuf extrémistes chiites ont été condamnés à mort, mercredi 13 juin, par un tribunal antiterroriste de Karachi pour le meurtre de cinq personnes, dont trois professeurs d’une école religieu- se sunnite, le 28 janvier. Quatre des condamnés sont détenus et les cinq autres, en fuite, ont été jugés par contumace. La violence oppo- sant depuis plusieurs années extrémistes sunnites et chiites a fait des centaines de morts dans le pays et l’armée au pouvoir ne semble pas en mesure de l’endiguer. – (Corresp.) a Un policier a été tué et douze autres persones blessées lors d’une nouvelle journée de violences à Karachi, la capitale paralysée mercredi 13 juin par une grève générale. Quatre bombes ont explosé à divers endroits de la ville. Organisée par les deux principaux partis politiques, la grève protestait contre l’action de la police accusée d’avoir tué deux personnes dimanche au cours d’une manifestation contre le manque d’eau en ville. Une sécheresse touche tout particuliè- rement la province du Sind, dont Karachi (14 millions d’habitants) est la capitale. – (Corresp.) a PHILIPPINES : le gouvernement a déclaré, jeudi 14 juin, avoir suspendu les négociations de paix avec la guérilla communiste en signe de protestation contre l’assassinat du député Rodolfo Aguinal- do. Ancien colonel membre d’une unité anticommuniste de renseigne- ment sous le régime de l’ex-président Marcos dans les années 1970, le député a été tué, mardi, devant sa maison de Tuguegarao (sud). La pré- sidente philippine, Gloria Arroyo, a décidé de rappeler ses négocia- teurs des pourparlers ouverts en Norvège avec le Front démocratique national, la branche politique de la guérilla communiste. – (AFP.) a GRANDE-BRETAGNE : le Foreign Office a annoncé, mercredi 13 juin, la mort d’un maître espion, Sir David Spedding, qui occupa une fonction rendue célèbre par le personnage de « M », le chef de James Bond dans les romans de Ian Fleming. David Spedding, qui diri- gea les services de renseignement britanniques MI 6 pendant cinq années, jusqu’à sa retraite en 1999, est mort à l’âge de cinquante- huit ans. Selon un communiqué officiel, il a succombé à une « courte maladie » mais le Times de Londres dit qu’il est mort d’un cancer. Expert du terrorisme proche-oriental et arabisant, il avait été en poste à Beyrouth, à Santiago au moment du coup d’Etat militaire d’Augusto Pinochet en 1973, puis Abou Dhabi et Amman. – (AFP.)

CORRESPONDANCE Une lettre de Hassan Fadoul A LA SUITE de l’entretien avec et d’une délégation du Bahreïn Idriss Déby, président de la Républi- qu’il aurait fait venir. Je n’ai que du Tchad (Le Monde du jamais procédé à la moindre con- 5 juin), nous avons reçu de Hassan fession et n’ai rencontré aucun Fadoul, ancien conseiller de magistrat français ; quant à la délé- M. Déby, la mise au point suivante : gation du Bahreïn, les faits sont Mis en cause dans une affaire bien différents de ceux auxquels de faux dinars du Bahreïn pour M. Idriss Déby tente de faire croi- une valeur de 2 milliards de re. Par ailleurs, contrairement à ce francs, M. Idriss Déby tente de fai- qu’il disait, je ne suis pas l’aîné des re croire de manière mensongère seuls survivants de la famille que j’en serais seul responsable… Fadoul et je n’ai jamais été nom- précisant qu’il dispose d’une cas- mé PDG d’Air Tchad, j’étais seule- sette de ma “confession” prise en ment directeur de service de l’en- présence d’un magistrat français treprise. 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

PRÉSIDENTIELLE Lionel Jos- du : « J’ai peut-être tardé à m’expli- prévaloir « l’esprit de responsabili- qui invoquait la compétence de la vernement, a renoncé à signer la pin a mis en cause Jacques Chirac à quer devant des journalistes, c’est té ». b LE PARQUET GÉNÉRAL Haute Cour de justice pour enquêter résolution Montebourg visant le l’Assemblée nationale, mercredi moins grave que de tarder à s’expli- requiert l’annulation des derniers sur les « indices » visant M. Chirac. chef de l’État. b LES DÉPUTÉS ont 13 juin. Interpellé sur son passé trots- quer devant des juges. » Le chef de actes du juge Halphen, et notam- b YVES COCHET, député (Vert) du achevé l’examen de la réforme du kiste, le premier ministre a répon- l’État lui a aussitôt demandé de faire ment de l’ordonnance du 25 avril, Val-d’Oise, qui espère entrer au gou- statut pénal du président. Interpellé sur son passé, Lionel Jospin attaque Jacques Chirac sur les affaires Le premier ministre a répliqué, mercredi 13 juin, à une nouvelle question de l’opposition sur son engagement trotskiste en mettant en cause le silence du chef de l’Etat sur les affaires du RPR et de la mairie de Paris. Le chef de l’Etat a répondu en faisant connaître son « vif étonnement »

CETTE FOIS, Lionel Jospin ne s’y quer devant des juges ! » A quelques te. Ils griffonnent quelques mots, rendre public et dans lequel il fait tutions mais aussi à miner l’autorité tralisation, réglé la Corse. Pourquoi attendait pas. Avec ses conseillers, mètres de lui, le visage de Pierre cherchent une riposte, hésitent. Par part du « vif étonnement du prési- actuelle du président de la Républi- Lionel Jospin ne serait-il pas heu- en fin de matinée, il avait passé en Guelman, son conseiller parlemen- la voix de M. Ollier, elle sera insigni- dent de la République ». que » (Le Monde du 13 juin). reux ? », ajoute-t-on. Combatif, en revue la liste des députés de l’oppo- taire, se fige, tandis que la plupart fiante. Depuis le début de la cohabita- Depuis, les chiraquiens, de Michèle tout cas. Devant des proches, sition inscrits à la séance des ques- des députés de gauche applaudis- La vraie réponse viendra, deux tion, l’Élysée n’a jamais hésité à Alliot-Marie à Jean-Pierre Raffarin, M. Jospin s’est exclamé : « C’est tions au gouvernement de l’après- sent à tout rompre. heures plus tard, de l’Élysée. Violen- choisir la stratégie de la tension, au n’ont cessé d’attaquer M. Jospin sur tout de même la première fois dans midi. Aucun d’entre eux n’avait par- te. « Le président a rappelé la nécessi- nom de la conviction que M. Jospin sa « formation » d’extrême gauche. l’histoire de la République que le ticulièrement éveillé sa suspicion. UNE RIPOSTE INSIGNIFIANTE té de ne point céder aux polémiques a « moins de nerfs » que son futur A Matignon, on feint de s’éton- secrétaire général de l’Élysée tient « Ils » ne vont pas recommencer, Sur les bancs de l’UDF, le prési- et de faire prévaloir en toutes circons- rival à la présidentielle. M. de Ville- ner de la curiosité suscitée par cette une officine ! » pensait-on à Matignon, à interro- dent du groupe, Philippe Douste- tances l’esprit de responsabilité », pin, qui observe avec attention le brutale tension entre les deux têtes Le sujet, en tout cas, n’a pas don- ger le premier ministre sur son pas- Blazy, félicite M. Morin. A côté, indique un communiqué. Il est rédi- premier ministre et se pique d’avoir de l’exécutif. « Ce n’est pas une cri- né lieu à un échange direct entre les sé trotskiste. dans les travées RPR, l’émoi le dis- gé par Dominique de Villepin, saisi ce qui fait l’essence de sa per- se, il n’y a rien de grave, c’est une deux hommes. Le soir, M. Jospin Les nouvelles révélations pute à l’indignation. Alain Juppé se après une mise au point téléphoni- sonnalité, a ainsi noté sa petite péripétie », martèle-t-on dans l’en- n’avait pas prévu de participer au publiées sur le site Internet du Nou- penche vers Jean-Louis Debré et lui que avec le président de la Républi- phrase, le 6 juin, sur Europe 1 : «Je tourage du premier ministre. « Il est dîner officiel offert à l’Élysée en vel Observateur, faisant état d’une chuchote quelques mots à l’oreille. que, retenu à Bruxelles par une réu- ne suis pas de la culture de la confes- tout simplement dissuasif », concède l’honneur du président hongrois, rencontre au printemps 1982 entre Patrick Ollier, qui doit poser la pro- nion de l’OTAN (lire page…). Quel- sion, je n’ai pas le goût des aveux. » M. Jospin et Pierre Lambert, diri- chaine question au nom du groupe ques instants plus tôt, M. de Ville- Et l’Élysée s’est convaincu que la geant de l’Organisation communis- RPR se rapproche ; Philippe Séguin pin a appelé le directeur du cabinet reconnaissance de son passé n’a Popularité hésitante pour le premier ministre te internationaliste, ne leur avaient et François Fillon se mêlent à la con- de M. Jospin, Olivier Schrameck, pas soulagé M. Jospin, mais l’a fragi- bien sûr pas échappé. Elles confir- versation. Edouard Balladur écou- pour lui lire le communiqué qu’il va lisé. Depuis, les chiraquiens n’ont La cote de popularité de Jacques Chirac est restée pratiquement sta- maient l’enquête du Monde, selon de cesse, par petites touches, d’atta- ble en juin par rapport à mai. Selon le baromètre mensuel d’Ipsos, réali- laquelle le compagnonnage trotskis- quer le premier ministre sur son sé les 8 et 9 juin auprès de 919 personnes et publié par Le Point (daté te de M. Jospin s’était prolongé « mensonge », sur l’« entrisme » au 15 juin), le président de la République recueille 57 % de bonnes opi- bien au-delà de son entrée au Parti L’Elysée en appelle sein du PS, qui le fait apparaître nions (– 1 point), contre 32 % de jugements défavorables. Selon le der- socialiste, en 1971. Toutefois, dans comme un homme ayant accepté nier sondage de Louis-Harris (8-9 juin, 1 000 personnes, pour Valeurs l’entourage du premier ministre, on de jouer un double jeu. actuelles daté 15 juin), il est crédité de 63 % (+ 1) de bonnes opinions voulait croire que la question de à « l’esprit de responsabilité » Mais ces attaques, considè- (contre 32 % de mauvaises). son passé avait été provisoirement re-t-on dans l’entourage de M. Chi- De son côté, au lendemain des révélations et de son aveu sur son pas- réglée par la réponse de M. Jospin, Lionel Jospin a déclaré à l’Assem- d’après-midi, le communiqué sui- rac, ne doivent pas avoir lieu à l’As- sé trotskiste, Lionel Jospin progresse de 1 point selon Louis-Harris, avec le 5 juin, et que la droite, prudente, blée nationale, mercredi 13 juin, en vant : semblée, où M. Jospin peut répon- 57 % de bonnes opinions, contre 37 % de mauvaises. En revanche, le pre- ne s’y hasarderait pas une nouvelle réponse à une question d’Hervé « Le secrétaire général de l’Ely- dre. La consigne a donc été donnée mier ministre recule de 5 points, selon Ipsos, qui crédite le premier fois. Morin (UDF, Eure) sur la durée de sée [Dominique de Villepin] a appe- de ne pas poser de nouvelles ques- ministre de 49 % d’opinions favorables, contre 42 % de négatives. C’est Lorsque, au début de la séance, ses liens avec le PCI : lé le directeur de cabinet du pre- tions sur le passé trotskiste du pre- un de ses résultats les plus médiocres depuis quatre ans, identique à Hervé Morin (UDF, Eure) prend la « J’ai répon- mier ministre [Olivier Schrameck] mier ministre, mais de multiplier, à celui de septembre 2000, au moment de la crise de l’essence. parole, il surprend. « Etiez-vous en du la semaine pour lui indiquer le vif étonnement tous propos, dans les médias, les 1981, lorsque François Mitterrand dernière, je du président de la République à la références à cette « formation politi- vous a confié la fonction de premier m’en tiens là. suite des propos tenus cet après- que passée ». Notamment lorsqu’il un conseiller, en ajoutant un ton préférant rejoindre les députés secrétaire du PS, membre du Parti Messieurs, si midi par le premier ministre mettra en cause le président sur les plus haut : « Il n’aime pas qu’on vien- socialistes qui commémoraient le socialiste, ou étiez-vous d’abord vous conti- devant la représentation nationa- affaires, comme si M. Jospin se révé- ne le chercher sur le terrain des atta- vingtième anniversaire des élec- membre de l’OCI, ou étiez-vous l’un nuez dans cet- le, alors même que le président lait un élément de déstabilisation ques personnelles et il le fait compren- tions législatives de 1981 à l’hôtel et l’autre ? », lance-t-il à M. Jospin. te thémati- défendait à Bruxelles les intérêts des institutions. dre. Ceux qui prennent ce risque n’en de Lassay. Jeudi, M. Chirac et A son banc, le premier ministre sou- VERBATIM que, chacun français auprès de nos alliés au con- M. Debré y a franchement fait sortiront pas indemnes. » « Pour M. Jospin devaient rejoindre Göte- rit, puis rit, même, ostensiblement. aura à se justifier sur ce qu’il a dit seil de l’OTAN, et que tous deux référence, le 12 juin dans Le Figaro, nous, ces derniers jours n’ont apporté borg pour un sommet euro- Il se lève, reboutonne sa veste, attra- ou pas dit. J’ai peut-être tardé à participeront demain au Conseil en assurant, à propos de la discus- que de bonnes choses : on a traité le péen. Deux jours côte à côte, avec, pe le micro. « J’ai répondu la semai- m’expliquer devant des journalis- européen de Göteborg. Le prési- sion parlementaire sur l’immunité trotskisme, on a retrouvé la majorité à coup sûr, deux sourires sur la ne dernière, je m’en tiens là (…) J’ai tes, c’est quand même moins grave dent a rappelé la nécessité de ne présidentielle : « Le premier minis- plurielle sur la modernisation socia- photo. peut-être tardé à m’expliquer devant que de tarder à s’expliquer devant point céder aux polémiques et de tre est dans la logique trotskiste qui le, on a mis un frein à l’affaire Monte- des journalistes, c’est quand même des juges. » faire prévaloir en toutes circonstan- consiste à paralyser l’État, à empê- bourg, on a traité le cas de l’immuni- Raphaëlle Bacqué moins grave que de tarder à s’expli- L’Elysée a publié, mercredi, en fin ces l’esprit de responsabilité. » cher le bon fonctionnement des insti- té présidentielle, on a lancé la décen- et Pascale Robert-Diard

Un engagement à l’OCI durant deux décennies Pour la droite unanime, le premier ministre Le député Vert Yves Cochet ne veut plus Selon nos informations (Le Monde « a perdu les pédales » signer la résolution Montebourg du 6 juin), dont le premier ministre a déclaré à l’Assemblée nationale, LES YEUX brillent d’indigna- Raffarin, sénateur (DL) de la Vien- dent de l’UDF. « C’est parfait, tout SON RALLIEMENT n’a pas été posé un quelconque veto, tout en le 5 juin, qu’il ne les « conteste tion… et de malice. « Lionel Jospin ne, proche de l’Elysée, qui souli- va bien », confirme le bayrouiste durable. A la fin du mois de mai, le reconnaissant que le chef de l’Etat pas », l’engagement de Lionel a fait une réponse haineuse, violen- gne que la phrase du premier Maurice Leroy (Loir-et-Cher). député Vert Yves Cochet (Val- a fait observer, au moins à deux Jospin au sein de l’Organisation te, agressive. Il a perdu les péda- ministre – « j’ai peut-être tardé à A gauche, comme on a banali- d’Oise) figurait dans la liste des reprises, devant le premier minis- communiste internationaliste (OCI, les », confie le président du grou- m’expliquer, mais c’est moins grave sé, la semaine précédente, les trente et un signataires de la tre, qu’il n’admettrait pas qu’on le parti « lambertiste » de la famille pe RPR de l’Assemblée nationale que de tarder à s’expliquer devant révélations de Lionel Jospin sur motion visant à renvoyer Jacques attaque les institutions et sa fonc- trotskiste) a duré une bonne Jean-Louis Debré, mercredi les juges » – est digne « d’un débat son passé trotskiste, on relativise Chirac devant la Haute Cour de jus- tion. « Il serait incohérent de la part vingtaine d’années. 13 juin. Quelques minutes aupara- télévisé de second tour de présiden- l’impact de la réponse du premier tice (Le Monde du 22 mai). « Nous de M. Cochet de vouloir faire partie b Années 1960 : M. Jospin est vant, M. Debré a déclaré que le tielle ». ministre. « Un coup de sang ? Je [les quatre députés Verts, à l’excep- d’un gouvernement, de venir chaque recruté et formé, au début des premier ministre a « pété les « Le vrai plaisir, c’est qu’il a pété n’emploierai pas ce mot », rectifie tion de l’apparenté André Aschieri] mercredi en conseil des ministres années 1960, lorsqu’il est élève de plombs », qu’il n’est « plus maître les plombs ». Tout à son bonheur le premier secrétaire du PS, Fran- étions déjà prêts à le faire il y a trois présidé par un chef de l’Etat dont on l’ENA, par Boris Fraenkel, alors de lui », que « c’est très inquiétant d’avoir fait sortir de ses gonds, çois Hollande, en service com- mois, nous le sommes plus encore réclame par ailleurs le passage en pilier du « groupe Lambert »–du pour quelqu’un qui veut assumer M. Morin, lui, ne trouve pas mandé, dès seize heures, dans les aujourd’hui », avait commenté Haute cour », dit-on à l’Elysée. nom de son responsable, Pierre d’autres responsabilités », avant de d’autres mots. C’est la veille, mar- couloirs. « Cette phrase là, il l’a en M. Cochet (Le Monde du 4 avril). Lambert –, avant son exclusion, en conclure : « En réalité, il est déjà tête depuis plusieurs mois. Il veut Mercredi 13 juin, M. Cochet indi- ENCOURAGEMENTS 1966. Durant cette période, où il est parti en campagne électorale ». dire : “Si on vient me chercher sur quait qu’il n’a « jamais renvoyé son Décoché, donc, le nom d’Yves conseiller des affaires étrangères, Tout est dit et sera répété en François Hollande : le terrain, je viendrai en chercher coupon » de signataire à Arnaud Cochet. Mercredi, quand M. Jospin n’est pas ouvertement boucle, dans les couloirs du Palais- quelques-uns sur d’autres », ajou- Montebourg (PS, Saône-et-Loire), M. Cochet interpelle le gouverne- militant de l’OCI. Bourbon. Après la réponse du pre- « Cette phrase là, te le maire de Tulle. Quelques auteur de la proposition de résolu- ment sur les accords de Kyoto, lors b 1968-1971 : après son départ mier ministre au député UDF, signataires de la résolution d’Ar- tion. Et qu’il ne le ferait pas. des questions au gouvernement, à du Quai d’Orsay, en 1968, Hervé Morin (Eure), l’opposition il l’a en tête naud Montebourg, visant à ren- Entre temps, ce proche de Domi- l’Assemblée, la droite ironise : «Le et en particulier en 1969-1971, trouve mille synonymes pour voyer le chef de l’Etat devant la nique Voynet a pris conscience que ministre, le ministre ! » La volte- M. Jospin milite activement expliquer que Lionel Jospin est depuis plusieurs Haute Cour de justice, ironisent : son soutien au bouillonnant Mon- face fait moins rire les Verts. «Il à l’OCI, sous le pseudonyme dé-sta-bi-li-sé. Un député l’inter- « Ça y est, le premier ministre a tebourg risquait de l’empêcher de veut être raisonnable. Mais être rai- de « Michel ». Il est responsable roge sur son passé trotskiste, et mois. Il veut dire : signé « », s’amuse René Mangin succéder au gouvernement à la sonnable, c’est assumer ce que l’on a d’une « amicale » (l’équivalent Lionel Jospin répond, implicite- (PS, Meurthe-et-Moselle). « C’est ministre de l’environnement, qui fait », soupire Francine Bavay, por- d’une cellule) « protégée », ment mais sans aucune ambiguï- si on vient parti ! », lâche Jean-Pierre Chevè- doit quitter ses fonctions au début te-parole des Verts, tandis que le regroupant des militants té, sur les affaires de Jacques Chi- nement, le regard songeur, dans de l’été. La veille au soir, mardi secrétaire national, Jean-Luc Ben- ne pouvant apparaître rac ? « Le premier ministre a déra- me chercher les couloirs, quand il apprend la 12 juin, la députée Marie-Hélène nahmias, gêné, s’est refusé à tout publiquement (soit du fait pé, il a dérapé gravement. Il n’est répartie du premier minis- Aubert (Verts, Eure-et-Loire) avait commentaire. « Je dis à Yves de leur nationalité étrangère, plus capable en ce moment de se sur le terrain, tre. Maxime Gremetz, (PC, Som- appris la nouvelle aux signataires Cochet : signe, persiste, c’est comme soit du fait de leur profession). dominer », déclare Claude Goas- me, est l’un des rares à exprimer de la motion lors d’un dîner autour ça que tu te feras respecter », l’en- Selon une dizaine de témoignages, guen (DL), en sortant de l’hémicy- je viendrai une certaine inquiétude : « Il ne de M. Montebourg, en précisant courageait Noël Mamère (Giron- c’est dans le cadre de la stratégie cle, qui ajoute que M. Jospin faut pas qu’il se place sur des bas- que M. Cochet était « pressé par de), mercredi. Trop tard. d’« entrisme » devrait réfléchir « un peu au en chercher sesses dans le contexte de l’élection l’Elysée ». de l’OCI qu’il adhère au Parti frais » et « se mette en retrait ». présidentielle. Sinon il perdra », L’entourage du président Raphaëlle Bacqué socialiste, fin 1971, six mois Car, « de toute évidence », selon le quelques uns assure-t-il en parlant de M. Jos- dément que Jacques Chirac ait et Clarisse Fabre après sa prise en main député de Paris, « ça va continuer, pin. « Il est trotskorigide », grince par François Mitterrand les amis politiques de M. Jospin ont sur d’autres » Patrick Braouezec (PC, Seine- au congrès d’Epinay. décidé de le gêner, et nous allons Saint-Denis). b Jusqu’aux années 1980 : selon avoir une polémique qui ne va plus Jusqu’à présent, seul François nos informations, M. Jospin a en finir ». « Habituellement, Jospin di, à l’issue d’un déjeuner avec un Goulard, élu de Démocratie libé- conservé des « contacts » avec a une grande maîtrise et une natu- journaliste, que M. Morin a eu rale, et le centriste Hervé Morin Pierre Lambert et son entourage re autoritaire. Mais ses dérapages l’idée de poser la question, vali- ont interrogé le premier ministre jusqu’en 1986-1987, alors qu’il avait sont de plus en plus fréquents », dée le soir même par son prési- sur son passé trotskiste, tandis rapidement progressé dans la observe de son côté François dent de groupe, Philippe Douste- que le RPR se tait. Mercredi, hiérarchie du PS dans les années Fillon (RPR). « No comment »,a Blazy. « On ne s’attendait pas à ce M. Fillon jugeait pourtant que, 1970, avant d’en devenir premier esquivé, en revanche, Alain Jup- qu’il réponde sur le thème des affai- compte tenu des « signes de fai- secrétaire en 1981. Sur Europe 1, le pé, tandis que la présidente du res », sourit M. Morin. En clair, blesse » que montre le chef du 6 juin, M. Jospin a évoqué une RPR, Michèle Alliot-Marie, a jugé pour ce proche de François Bay- gouvernement, la droite aurait « lente évolution » depuis ses « indignes » les propos du minis- rou, la riposte de Lionel Jospin et « intérêt à poursuivre » l’interroga- « engagements de jeunesse » jusqu’à tre, dans un communiqué. la mise en cause de Jacques Chi- toire… « d’autres responsabilités » au PS. « Quand l’immédiat dévore, l’es- rac dans les affaires judiciaires, prit dérive », ironise Jean-Pierre c’est tout bénéfice pour le prési- Cl. F. FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 7

Les Corses ne croient plus à la phase « expérimentale » du processus de Matignon Les partisans de l’accord attendent 2002

AJACCIO loi ait été lui-même définitivement de notre envoyé spécial adopté d’ici là. Que les partisans du Bruno Le Roux, député (PS) de processus de Matignon jouent à se Seine-Saint-Denis et rapporteur du faire peur, ou qu’il s’agisse d’une projet de loi sur la Corse à l’Assem- nouvelle manifestation d’un pessi- blée nationale, est attendu sur l’île, misme profondément ancré en Cor- vendredi 15 juin, pour une « expli- se, il commence en tout cas à se cation de texte » après la première murmurer que le texte, qui doit être lecture du projet, au Palais-Bour- examiné par le Sénat à l’automne, bon, en mai. Il trouvera des acteurs n’est plus assuré de terminer à locaux qui, tous – adversaires com- temps son parcours parlementaire. Le parquet général conteste l’instruction du juge Halphen me partisans du processus de Mati- A cette crainte naissante s’ajoute gnon —, estiment qu’un équilibre l’inquiétude sur l’attitude des natio- UN POINT supplémentaire vient M. Montebourg s’appuie en partie avant de se déclarer « incompé- nulations, le parquet général a patiemment mis au point a été rom- nalistes. Après le coup de semonce d’être marqué par l’Elysée dans la sur les « indices » retenus par le juge tent ». La représentante du ministè- requis, le 7 juin, l’invalidation des pu par les amendements parlemen- du FLNC qui, le 31 mai, évoquait guérilla procédurale qui l’oppose au à l’encontre du président dans sa re public écrit que la procédure fai- actes exécutés par le juge entre le taires. les menaces que le texte ferait juge d’instruction Eric Halphen. Le fameuse ordonnance d’incompéten- sait « obligation au juge » de commu- 22 novembre 1999 et le 13 octobre Malgré tout, hormis les nationa- peser sur le littoral corse, en annon- parquet général a discrètement ce, rendue le 25 avril (Le Monde du niquer son dossier au procureur de 2000, soit entre le moment où l’ins- listes, la plupart des partisans du çant son intention de « réinvestir requis, la semaine dernière, l’annula- 27 avril). Créteil et que l’inobservation de cet- truction avait été une première fois processus se sont gardés jusqu’à tous les terrains de lutte », les organi- tion des derniers actes de l’enquête La chambre de l’instruction est en te règle « entache la validité » de son suspendue, dans l’attente d’un arrêt maintenant d’exprimer leur décep- sations publiques, réunies au sein du magistrat de Créteil (Val-de-Mar- fait saisie de deux contestations dis- ordonnance ainsi que de « tout ou de la cour d’appel validant l’ensem- tion en public. Après les reculs enre- de la coalition Unita, ont exprimé ne) sur les HLM de Paris – de la sai- tinctes. D’une part, plusieurs appels partie de la procédure ultérieure ». ble de la procédure, et l’instant où la gistrés sur les transferts de compé- leur mécontentement et leur décep- sie du témoignage enregistré de Jean- ont été formés contre la décision du Cour de cassation avait été saisie tences réglementaires et législati- tion lors d’une conférence de pres- Claude Méry à l’ordonnance par juge Halphen de se dessaisir de son POUR PRÉVENIR UNE OFFENSIVE d’un premier pourvoi contre ledit ves dans la phase « expérimenta- se, le 8 juin. Deux jours auparavant, laquelle M. Halphen s’était déclaré instruction, précisément fondée sur L’examen de cette chronologie sem- arrêt. le » (article 1), le sentiment s’est ins- dans un entretien au quotidien Cor- « incompétent » au profit de la Hau- la découverte d’éléments à charge ble attester que le juge était alors lan- « Tous les actes accomplis par le tallé que seule la deuxième phase, se-Matin, Jean-Guy Talamoni avait te Cour de justice. Saisie par les avo- contre le chef de l’Etat, protégé par cé dans une course contre la montre juge de Créteil jusqu’à cette date sont avec la révision constitutionnelle lui-même jugé que les modifica- cats de deux hommes d’affaires mis son statut. D’autre part, les avocats qui explique peut-être cette précipi- nuls », indique le réquisitoire, esti- prévue dans l’exposé des motifs du tions apportées au texte débou- en examen, la chambre de l’instruc- de Georges Philippe – Mes Thierry tation. Depuis le 17 avril, il savait que mant que « les vices qui les entachent projet, permettra que l’île dispose chent sur « une tromperie intellec- tion de la cour d’appel doit examiner Herzog et Philippe Dehapiot – et les requêtes en annulation des défen- entraînent l’irrégularité de tous les d’un statut conforme aux orienta- tuelle et politique ». le dossier le 22 juin. d’Henri Montaldo – Me Francis Szpi- seurs de MM. Philippe et Montaldo actes subséquents auxquels ils ont servi tions du gouvernement, approu- Dans ce contexte de déception, le Informé de la position du parquet ner –, tous deux soupçonnés d’avoir faisaient peser une nouvelle menace de fondement et de support ». Autre- vées par l’Assemblée de Corse en sort des « prisonniers politiques » général dans la journée du mercredi fait transiter par des comptes off- sur son dossier. Or deux semaines ment dit : le parquet général requiert 2000. est de nouveau mis en avant. A ce 13 juin, l’entourage du chef de l’Etat shore plusieurs dizaines de millions plus tôt, le 3 avril, le juge avait l’annulation en cascade de l’interro- L’étape constitutionnelle est stade, il ne s’agit pas de revendi- se félicitait par avance d’une possi- de francs en marge des marchés recueilli les déclarations explosives gatoire de M. Ciolina, mais aussi de donc attendue avec plus d’impatien- quer l’amnistie, mais un « signe » ble annulation qui porterait un nou- publics parisiens, avaient demandé de François Ciolina, ancien directeur la convocation de M. Chirac en quali- ce qu’avant l’arrivée du texte au Par- positif du gouvernement, face aux veau coup au juge Halphen en l’annulation des actes du juge depuis général-adjoint de l’office HLM de té de témoin, adressée à l’Élysée le lement. Pour José Rossi (DL), prési- demandes de rapprochement des même temps qu’elle pourrait affai- la fin de l’année 2000, estimant que Paris, qui impliquait expressément 20 mars 2001. Si la chambre de l’ins- dent de l’Assemblée territoriale, il détenus et de leurs familles. Le mes- blir, espérait-on à l’Elysée, la posi- ceux-ci avaient été effectués alors M. Chirac dans la mise en place d’un truction suit ces réquisitions, le prési- est impératif que la date butoir de sage que les nationalistes semblent tion du député (PS) Arnaud Monte- que son instruction était officielle- « système » frauduleux et confirmait dent ne sera plus directement mis en 2004 marque la fin, et non le début, vouloir faire passer est qu’une bourg, qui s’efforce toujours de faire ment « suspendue » par décision de l’essentiel du contenu de la cassette cause dans le dossier de Créteil et du processus de révision constitu- absence de réponse pourrait être la saisir la Haute cour pour prolonger la cour d’appel. de Jean-Claude Méry (Le Monde du n’aura jamais été convoqué par un tionnelle. Le député de Corse-du- « goutte d’eau » qui ferait débor- les enquêtes visant M. Chirac. Dans Dans un réquisitoire daté du 5 avril). Il est donc probable qu’en juge. Le juge Halphen, lui, n’aura Sud sera donc le premier, affir- der de nouveau le vase de la vio- la « proposition de résolution tendant 5 juin, l’avocat général Dominique demandant officiellement la saisine plus qu’à ressaisir la cassette Méry et me-t-il en privé, à se battre pour lence. au renvoi de M. Jacques Chirac » Planquelle conclut à la nullité de l’or- de la Haute Cour, M. Halphen a vou- à recommencer. Mais l’Élysée aura que cette révision soit mise en rou- devant la Haute Cour qu’il a rédigée donnance d’incompétence du juge lu prévenir une offensive qu’il savait encore gagné plusieurs mois. te le plus rapidement possible, Jean-Louis Andreani – et qui a, pour l’heure, recueilli le Halphen, reprochant à ce dernier de menée de concert avec l’Élysée. après l’élection présidentielle de soutien de plus de trente députés –, n’avoir pas sollicité l’avis du parquet Répondant à ces demandes d’an- Hervé Gattegno 2002. Encore faut-il que le projet de f www.lemonde.fr/corse Les députés ont débattu de l’immunité du président L’ASSEMBLÉE NATIONALE a chez son voisin. A la tribune, se. L’avocat Jean Codognès (PS, achevé, mardi 12 juin, l’examen, en M. Montebourg lit l’extrait d’un arti- Pyrénées-Orientales) rappelle qu’à première lecture, de la proposition cle de M. Chirac, intitulé « Laissez l’origine de la motion Montebourg de loi constitutionnelle socialiste passer la justice » paru dans Le Mon- se trouvent « deux ordonnances de qui modifie l’article 68 de la Consti- de du 25 novembre 1992, à l’époque juges d’instruction » mettant en cau- tution, relatif au statut pénal du de l’affaire du sang contaminé : se le président de la République. chef de l’Etat. Vers midi, la gauche « La justice aujourd’hui suppose que « Elles sont sans valeur, car elles font approuve chaleureusement le dis- la Haute Cour désormais formée l’objet de recours ! », bondit le « con- cours que vient de prononcer [pour juger Laurent Fabius] aille jus- frère » Patrick Devedjian (lire ci-des- Arnaud Montebourg (PS, Saône-et- qu’au bout de sa mission (…) pour cer- sus). Loire), qui tente de réunir les ner les responsabilités et établir la Le président de la commission 58 signatures de députés nécessai- des lois s’offre un petit plaisir : le res au renvoi de Jacques Chirac me président de la République doit ces- devant la Haute Cour de justice. Le M Lebranchu plaide ser d’être un « monarque » pour député a rallié, pour l’instant, 31 col- devenir un citoyen « presque com- lègues de la majorité. « Vos applau- pour une fonction me les autres », ose Bernard Roman dissements en disent plus long que (PS, Nord), devant les visages indi- votre proposition », grince, dans l’Hé- présidentielle gnés de la présidente du RPR, micycle, Patrick Devedjian, Michèle Alliot-Marie, de Philippe conseiller politique du RPR et « plus citoyenne Séguin, d’Alain Juppé… Juridique, et ancien avocat de Jacques Chirac. rien que juridique, la garde des Sous-entendu : le président du grou- et moins sacrée » sceaux, Marylise Lebranchu, finit pe socialiste, Jean-Marc Ayrault, par plaider pour une fonction prési- joue « Tartuffe » lorsqu’il prétend dentielle « plus citoyenne et moins que son texte – aussi destiné à cou- vérité », savoure l’avocat. «Çane sacrée ». Le président n’est « pas un per court à l’initiative Monte- manquait pas de sel », commente, citoyen ordinaire », réplique le prési- bourg – ne vise pas à mettre en diffi- dans les couloirs, Jean-Pierre Chevè- dent du groupe RPR, Jean-Louis culté M. Chirac. De fait, la réforme nement. Mardi, c’est la fête à Debré, qui défend, en vain, l’excep- ne s’appliquerait qu’après l’élection « Arnaud ». L’ancien magistrat tion d’irrecevabilité : « Il est choisi présidentielle de 2002 : elle prévoit François Colcombet (PS, Allier) par les Français pour exercer une que le président de la République explique que la Cour de cassation fonction à part, dans l’intérêt de la relève de la justice ordinaire pour pourrait invalider l’« intervention nation. Il faut en tirer les conséquen- les crimes et délits commis avant intempestive » du Conseil constitu- ces en laissant au Parlement les clés son entrée en fonctions, ou sans rap- tionnel qui avait expliqué, en jan- de la poursuite », plaide-t-il. « La pré- port avec son mandat, et que seule vier 1999, que le président de la sidence est une institution. Peut-on une « commission des requêtes » République bénéficie d’un privilège mettre en examen une institution ? peut déclencher l’action publique. de juridiction pendant son mandat, Evidemment non ! », confirme Fran- Des « Tartuffe », chacun en voit quels que soient les actes en cau- çois Léotard. La gauche attaque Chi- rac ? M. Debré ironise sur le « long voyage de M. Jospin à travers la gau- che – toute la gauche – avec ses conti- nents engloutis et ses îles perdues », au « grand jour » ou en « submer- sion ». L’opposition dénonce un débat de simple « affichage » puisque le texte en débat ne deviendra « pas une loi ». Tout le monde est d’ac- cord là-dessus : pour être adoptée, la proposition de loi constitutionnel- le doit être adoptée dans les mêmes termes par le Sénat et l’Assemblée, puis ratifiée lors d’un référendum convoqué par le président de la République. Ce que personne n’ima- gine un instant. Après avoir rejeté les motions de procédure de la droi- te, la majorité vote les trois articles du texte. Le vote sur l’ensemble de la proposition est prévu mardi 19 juin.

Cl. F. 8 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 FRANCE L’Assemblée nationale L’adoption du texte sur les licenciements fraîchement accueillie autorise la ratification Les syndicats critiquent sévèrement le projet de loi de modernisation sociale voté mercredi 13 juin à l’Assemblée nationale. L’extrême gauche reproche au PCF, qui s’est prononcé pour, de s’être « aplati » devant le gouvernement du traité de Nice L’ASSEMBLÉE NATIONALE L’Assemblée nationale a adopté en deuxième Hage (Nord), ont voté pour, tandis que le ne Seillière, son président, assure que cette PCF, lui reprochant de s’être « aplati » devant s’est prononcée à une large majori- lecture, mercredi 13 juin, par 304 voix pour et MDC votait contre et que les Verts s’abste- loi « découragera l’emploi ». A l’extrême gau- le gouvernement. Les experts sont divisés sur té, mardi 12 juin, pour la ratifica- 253 contre, le projet de loi de modernisation naient. La droite dénonce « un texte qui va che, en revanche, Arlette Laguiller pour Lutte la portée des amendements adoptés, mais ils tion du traité de Nice sur l’Union sociale. Les députés communistes, à l’excep- compliquer la vie des entreprises », à l’unis- ouvrière et Alain Krivine pour la LCR ne se estiment dans l’ensemble qu’ils ne changent européenne. La ratification a été tion de Patrice Carvaho (Oise) et de Georges son du Medef qui, par la voix d’Ernest-Antoi- sont pas privés de critiquer le vote positif du rien au fond à la jurisprudence existante. approuvée par 407 voix (PS, RPR, Démocratie libérale, 5 UDF, dont APRÈS la crise de nerfs, le cham- faveur du texte. Les radicaux de si déploré l’absence de mesures glante à Robert Hue. « Comment Une vision optimiste qui n’est Raymond Barre et François Léo- pagne, mais pour le PCF exclusive- gauche l’ont approuvé, Jean Rigal pour les petites entreprises. La veux-tu que l’on ressente [le vote du pas partagée par tous. Dans le par- tard) contre 27 (Verts, chevène- ment. Les députés ont adopté, mer- (Aveyron) étant le seul à s’abste- CFDT redoute, pour sa part, les PCF] autrement que comme un ti, si les militants se réjouissent, mentistes, 6 RPR, 2 UDF, 4 com- credi 13 juin, par 304 voix pour et nir. « effets pervers » de la loi, qui « ris- coup de poignard dans le dos ?, d’une manière générale que leurs munistes) et 113 abstentions 253 contre, le projet de loi de A droite, les jugements sont una- que d’entraver l’anticipation des dif- écrit-il. Il fallait voter contre, rema- députés aient « bien travaillé », (UDF, PCF, 10 RPR, 8 DL, 3 PS). modernisation sociale, résultat nimement sévères, à l’image de ficultés économiques ». FO estime nifester (…). Tu n’es plus le secrétai- comme le souligne Christian Thé- S’il n’a donc pas eu de répercus- d’un bras de fer de quinze jours celui d’Hervé Morin. « C’est une que ce projet n’a « rien de révolu- re national d’un parti de lutte, qui venet, à la direction de la fédéra- sion concrète, l’échec du référen- entre le PCF et le gouvernement. palinodie qui confine au mensonge. tionnaire » et critique « l’interven- se bat avec les gens, mais tu es dans tion du Val-de-Marne, l’heure est dum irlandais du 7 juin a large- Au groupe communiste, dont le Ce texte va compliquer la vie des tionnisme social [du une démarche de notable ». à la vigilance. « Je ne sais pas si cela ment plané sur les débats. Pour les président, Alain Bocquet (Nord) entreprises. Ce qui était annoncé gouvernement] dicté par l’opportu- Il est peu probable qu’il parvien- a renforcé le PC, l’essentiel c’est que Verts, Marie-Hélène Aubert (Eure- soufflait de soulagement, seul comme une grande loi est en fait un nisme ». Le Groupe des dix juge ne à lui gâcher sa joie dans l’immé- les salariés trouvent que l’on a été et-Loir) a défendu l’idée de profi- Patrice Carvalho (Oise) a voté con- grand flop », dénonce le député de ces modifications « très modes- diat. Dès mardi, minuit, les com- utiles », explique ce militant, ajou- ter du « non » irlandais pour éla- tre : « C’est un recul social. Comme l’Eure. Sur le même ton, le prési- tes ». munistes ont fêté l’événement à tant que « le mouvement social a borer immédiatement une « Cons- la plupart des entreprises n’ont pas dent du Medef, Ernest-Antoine l’Assemblée, avant même d’ap- contribué à faire bouger les cho- titution européenne ». Valéry Gis- de CE, le patron va se mettre d’ac- Seillière, assure que cette loi « TOUT ÇA POUR ÇA » prouver le texte, mercredi. Les ses ». La question qui se pose card d’Estaing (Puy-de-Dôme) a cord avec un ou deux salariés pour « découragera l’emploi dans notre Comme elle l’avait annoncé, l’ex- commentaires de Robert Hue ne désormais est celle de l’application eu la dent dure pour dénoncer de faire passer son plan », a-t-il esti- pays » et déplore que le gouverne- trême gauche tire à vue. « C’est le laissaient pas de place au doute, du texte et son utilité, dont les nouveau un traité « défavorable mé. Georges Hage (Nord) s’est abs- ment, « sans même songer à consul- PCF qui s’aplatit », commente juste avant le vote. « On voit bien communistes se sentent compta- aux intérêts de la France », «un tenu, car le gouvernement n’a pas ter les partenaires sociaux, prenne Arlette Laguiller. La loi Guigou qu’un rapport de forces existe, du bles devant les salariés. Comme le mauvais compromis, déjà devenu retenu sa définition du harcèle- une nouvelle fois les entreprises en « n’empêchera pas un seul licencie- fait de la nouvelle posture du PCF dit Yvette Boero, militante dans provisoire ». Pierre Moscovici, ment moral. otage pour tenter de résoudre ses ment », prédit la porte-parole de depuis quelques mois – poser les les Bouches-du-Rhône, « mainte- ministre délégué aux affaires euro- A gauche, comme il l’avait conflits politiques ». Lutte ouvrière, tandis que la Ligue questions du mouvement social sans nant, il va falloir les informer, pour péennes, a fait valoir que renoncer annoncé, le Mouvement des Du côté syndical, les commentai- communiste révolutionnaire s’ex- casser la baraque de la gauche plu- qu’ils se saisissent de ces droits. Le au traité de Nice « reviendrait à citoyens a voté contre, sauf l’appa- res ne sont guère plus aimables. clame : « Tout ça pour ça ! ». rielle », a-t-il déclaré, ajoutant : vote ce n’est qu’une étape pour aller signer l’acte de dilution de l’Union renté Gérard Saumade (Hérault) Dès mercredi matin, Bernard Thi- « Manifester le samedi (…) et se fai- « Nous sommes pleinement dans plus loin. On verra tout cela confron- européenne ». qui a voté pour. Jean-Pierre Chevè- bault, le secrétaire général de la re le porteur d’eau du gouverne- notre rôle politique. » Massivement té à la réalité ». En attendant, le nement a fustigé ces « mesuret- CGT, regrettait l’« absence de con- ment le mercredi relève d’une ges- présents lors du vote, les députés texte fera deux navettes parlemen- tes » impuissantes à répondre «au certation ». « J’ai l’impression tuelle que le PCF aura bien du mal à communistes ont levé le bras dans taires, avant son adoption définiti- Le Sénat adopte défi de la mondialisation ». Com- qu’on va adopter des mesures qui justifier auprès du monde du tra- un même élan pour voter les arti- ve, à l’automne. me prévu également, les Verts se n’étaient pas forcément souhaitées vail », ajoute la LCR. cles. Une fois le texte adopté, pour sont abstenus, à l’exception de l’ap- ou demandées » par les syndicats, Charles Hoareau, leader des M. Hue, « des milliers et des milliers Service France la réforme de la parenté André Aschieri (Alpes- notamment la création du média- comités chômeurs CGT de Mar- de licenciements spéculatifs type LU Maritimes) qui s’est prononcé en teur, a-t-il déclaré sur RTL. Il a aus- seille, a, lui, adressé une lettre cin- ne pourront plus se faire ». f www.lemonde.fr/restructurations procédure budgétaire Les dispositions adoptées LA PROPOSITION de loi organi- « Ce n’est pas une révolution », jugent des spécialistes du droit du travail que visant à réformer l’ordonnance b Nouvelle définition. de 1959 sur la procédure budgétai- L’article 321-1 du code du travail UNE AUTRE BATAILLE commence, celle L’adjectif « sérieuses » accolé aux « difficultés ces conditions, Danone, même prospère, pourra re a été adoptée, mercredi 13 juin, sera désormais ainsi rédigé : des experts. Les dispositions du projet de loi de économiques » ne constitue pas, de fait, une toujours plaider la « réorganisation » de son sec- par le Sénat. La droite RPR-UDF- « Constitue un licenciement pour modernisation sociale adoptées en deuxième innovation : depuis 1973, les juges disposent de teur biscuits – ce que le groupe a fait. Cette nou- DL et le PS ont voté pour ce texte, motif économique le licenciement lecture sont-elles de nature à modifier réelle- tout un corpus d’arrêts sur les causes « réelles velle définition signifie avant tout que le licencie- adopté en première lecture par les effectué par un employeur pour un ment les procédures de licenciement ? «Nous et sérieuses » pouvant motiver des licencie- ment doit être le « dernier recours », après tou- députés le 8 février, tandis que les ou plusieurs motifs non inhérents à avons fait avancer le code du travail », prétend ments économiques. L’introduction d’un autre tes les autres solutions alternatives de reclasse- communistes se sont abstenus. Cet- la personne du salarié résultant le PCF. Pour beaucoup, cependant, la nouvelle motif – les « réorganisations indispensables à la ment et de formation des salariés. Elle n’empê- te réforme doit être examinée en d’une suppression ou transformation définition des licenciements économiques (lire sauvegarde de l’activité de l’entreprise » –, en che pas le licenciement. Elle n’agit pas, non plus, deuxième lecture par l’Assemblée d’emploi ou d’une modification ci-contre) ne fait que reprendre une abondante revanche, divise. Pour M. Grumbach, c’est juste dans le cas de la fermeture d’une entreprise, le 21 juin, puis par le Sénat fin juin, substantielle du contrat de travail, jurisprudence. Au point que le député Hervé « un filet de sécurité supplémentaire ». comme c’est le cas pour Marks & Spencer. et être votée dans les mêmes ter- consécutives à des difficultés Morin (UDF, Eure) avait, au cours des débats à S’agissant du droit d’opposition des comités mes par les deux chambres pour économiques sérieuses n’ayant pu l’Assemblée nationale, qualifié Philippe À L’APPRÉCIATION DE L’EMPLOYEUR d’entreprise, les représentants des salariés pour- être définitivement adoptée. Le rap- être surmontées, par tout autre Waquet, conseiller-doyen de la chambre socia- Pour son confrère Gilles Bélier, au contraire, ront faire appel au juge des référés en amont porteur général du budget au moyen, soit à des mutations le de la Cour de cassation, de « grand législateur « une ligne jaune a été franchie ». « Lorsqu’une d’un plan social, lors de l’annonce des licencie- Sénat, Philippe Marini (RPR, Oise), technologiques mettant en cause la de la République »… entreprise décide de déménager, si les salariés ne ments, et plus seulement en aval. Là encore, la s’est dit convaincu qu’« une grande pérennité de l’entreprise, soit à la En réponse, la ministre de l’emploi et de la suivent pas, ils bénéficient, au-delà de dix, d’un mesure est destinée, avant tout, à ce que le chef partie des amendements votés par le nécessité de réorganisations solidarité, Elisabeth Guigou, s’était elle-même licenciement économique. Prenons le dictionnai- d’entreprise justifie ses choix. Elle accorde un Sénat pourrait être acceptée par les indispensables à la sauvegarde de appuyée sur les « jurisprudences concordantes re ! Est-ce que l’expression “indispensables à la délai aux salariés, mais ne change rien au fond. députés », même si la modification l’activité de l’entreprise ». Jusqu’ici, de la Cour de cassation selon laquelle un simple sauvegarde” s’appliquera ? Je ne le crois pas. Quant aux médiateurs, leur rôle devra être préci- concernant la dette constitue «le la rédaction spécifiait : ralentissement conjoncturel ne suffit pas à justi- Cela pourrait alors se traduire par une régression sé. Selon le ministère, une liste nationale sera point de divergence le plus impor- « consécutives notamment à des fier le licenciement ». L’avocat spécialiste du des droits des salariés », explique-t-il. Interrogé, établie, composée d’une vingtaine de « consul- tant ». Le ministre des finances, Lau- difficultés économiques ou à des droit du travail Tiennot Grumbach, qui avait un conseiller de Mme Guigou affirme que le ter- tants, d’anciens responsables d’entreprise ou de rent Fabius, a redit son souhait que mutations technologiques ». représenté le comité d’entreprise de Renault, me « indispensables » relève « d’abord d’une hauts fonctionnaires capables d’établir rapide- la réforme soit adoptée « avant b Comité d’entreprise. Il pourra lors de la fermeture de l’usine belge à Vilvorde, appréciation de l’employeur ». Autrement dit, la ment un diagnostic ». « Ces mesures renforcent l’été ». désormais émettre un « avis » sur garde ainsi en mémoire le cas Gec-Alsthom, il y décision de fond lui appartient. Mais il sera obli- les procédures préalables aux licenciements qui le projet de restructuration, ses a quelques années. Cette entreprise, constatant gé de davantage justifier ses choix. permettent l’expression publique des salariés. C’est DÉPÊCHE « modalités d’application » et que son cahier des charges s’était réduit, avait Reste la « sauvegarde de l’entreprise ». S’agit-il un appel à ceux qui veulent lutter. Ce n’est pas une a ADMINISTRATION : trois formuler des « propositions procédé à des licenciements. Mais, l’activité du site ? Des filiales d’une même branche d’acti- révolution », conclut M. Grumbach. décrets d’application de la loi alternatives » à celles du chef ayant redémarré peu de temps après, le plan vité ? Ou de toute l’entreprise ? Pour le ministè- sur les droits des citoyens dans d’entreprise. Le CE pourra saisir le social avait été annulé… re, c’est bien la branche qui est concernée. Dans Isabelle Mandraud leur relation avec les administra- juge des référés « en vue de tions du 13 avril 2000 ont été vérifier » si cette phase de débat publiés au Journal officiel du contradictoire a été respectée. Il 10 juin. Désormais, toute person- disposera également d’un « droit Scepticisme chez les salariés victimes de restructuration ne qui adressera une demande à d’opposition », impliquant la saisine l’administration recevra systémati- d’un médiateur. Pendant la période ATTENDRE ET VOIR… Dans les res, par exemple lors de la cession justement ce que nous a dit Danone établissement, l’intersyndicale CGT- quement un accusé de réception d’un mois maximum, l’opération entreprises actuellement concer- d’activités ou du transfert des sala- pour justifier la fermeture de Ris- CFDT a demandé, mercredi 13 juin, indiquant le délai au terme duquel sera alors « suspendue ». nées par les plans sociaux, on est riés », explique-t-il. « Moi, j’ai assis- Orangis. On doit réorganiser la bran- le gel du dépôt de bilan de leur usi- un silence du service vaut décision b Médiateur. En cas de « cessation plutôt dubitatif sur la portée des té l’année dernière à la cession d’Air che biscuits, “sinon dans cinq ans ne et la nomination d’un médiateur. implicite de rejet ou d’acceptation, totale ou partielle d’activité d’un mesures antilicenciements conte- Liberté par British Airways à Seillière c’est Nabisco qui va nous bouffer”.A ainsi que les délais et voies de établissement ou d’une entité nues dans le projet de loi sur la et Swissair. Il y avait des fuites dans la chaque fois, les types diront que la Caroline Monnot recours contre cette décision. économique autonome concernant modernisation sociale. « J’attends presse. Le 3 mai, notre patron nous a réorganisation est indispensable. au moins 100 salariés », le CE de voir ce qui sera définitivement affirmé que c’était n’importe quoi et, Quant au médiateur, on va rallonger pourra faire appel, au plus tard voté. C’est tellement une question de le lendemain, on était vendu. Aupara- les délais et c’est tout. Tout cela, c’est huit jours après la procédure mots, souligne Paul Fourier d’AOM. vant, il y avait eu une offre d’Air Fran- de la broutille. Le PCF l’a voté, fallait d’information et de consultation Je pense que si on ne s’était pas battu, ce, et le comité d’entreprise y était s’y attendre. » des salariés, à un médiateur civil s’il n’y avait pas eu la manifestation favorable. Finalement, on nous a rémunéré par l’entreprise. Pour du 9 juin, ni le gouvernement ni le imposé l’offre Seillière et on voit le DES « MESURETTES » cela, un accord entre le chef PCF n’auraient fait ces rajouts. Main- résultat aujourd’hui. C’est là-dessus Philippe Blois, délégué CFDT de d’entreprise et la majorité des tenant, je veux regarder dans le aussi qu’il faudrait agir », estime l’usine de réfrigérateurs-congéla- membres du CE sera néanmoins détail, je veux m’assurer que ce que M. Nicoli. teurs Selnor à Lesquin (Nord), nécessaire. A l’issue de sa mission l’on nous présente, ce n’est pas de Philippe Aoun, ouvrier de fabrica- savoure la « bonne nouvelle de la pendant laquelle il devra essayer l’habillage. » tion chez LU-Ris-Orangis, est très journée » : la direction départemen- de rapprocher les points de vue, le Pour Gilles Nicoli, de la CFDT-Air sévère sur les mesures gouverne- tale du travail a annulé le plan social médiateur émet une Liberté, s’arrêter aux pouvoirs du mentales : « C’est que dalle ! On dit prévu dans cet établissement de recommandation. Si elle est comité d’entreprise à l’occasion du que l’on resserre la définition des 670 personnes et dont la fermeture acceptée par les deux parties, elle a plan de licenciements reste insuffi- licenciements économiques, mais on a été annoncée fin avril par le grou- valeur juridique d’un accord. Dans sant. « Pour moi, ce qui est impor- va avoir le droit de les faire en cas de pe Moulinex-Brandt. « Cette déci- le cas contraire, le chef d’entreprise tant, c’est que le comité d’entreprise réorganisation d’activité indispensa- sion devrait faire boule de neige »,se décide de la suite à donner à son puisse s’exprimer et être informé à ble à la sauvegarde de l’entreprise. La réjouit-il, en pariant sur des annula- projet. tout moment sur les décisions majeu- “nécessité de la réorganisation”, c’est tions identiques sur deux autres sites Moulinex, à Alençon (Orne) et Cormeilles-le-Royal (Calvados). « Désormais, explique-t-il, la justifi- cation économique des cessations d’activité est séparée du plan social lui-même. Quand ils vont nous présen- ter les motivations, nous, on va les contester. » Il espère que « les nouvel- les dispositions vont retarder au maxi- mum l’échéance et permettre de tra- vailler sur des contre-propositions sérieuses ». Au Sycopa Marks & Spencer, on parle, en revanche, de « mesuret- tes ». Chez Bata à Moussey (Mosel- le), dont les salariés, en grève depuis une semaine, occupent leur 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

JUSTICE Claude Bébéar, fonda- pour « blanchiment de capitaux vie luxembourgeoise soupçonnée ment été mis en examen, tandis que sident du comité de candidature de teur et président du conseil de sur- aggravé », mercredi 13 juin, par la d’avoir abrité un circuit de blanchi- Jean Peyrelevade, PDG du Crédit lyon- Paris à l’organisation des JO de 2008, veillance d’AXA, et Henri de Castries, juge d’instruction Dominique de ment d’argent. b DANS cette affaire, nais, a été entendu comme témoin. et de Castries, ne pouvaient ignorer président du directoire du groupe Talancé. b LA JUGE enquête sur Marc Vuillermet, ancien directeur b LES ENQUÊTEURS semblent esti- que la société luxembourgeoise pro- d’assurance, ont été mis en examen PanEuroLife, une société d’assurance- général de la banque Worms, a égale- mer que MM. Bébéar, par ailleurs pré- posait des placements illicites. Le fondateur d’AXA, Claude Bébéar, mis en examen pour blanchiment aggravé Président du comité de candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2008, M. Bébéar est poursuivi, avec Henri de Castries, président du directoire du groupe d’assurance, dans l’affaire PanEuroLife, une société luxembourgeoise, ancienne filiale d’AXA, qui aurait mis en place un circuit d’évasion fiscale

EN L’ESPACE de quarante-huit ce-vie luxembourgeoise soupçon- fe se proposait d’offrir à une clientè- évidence un mécanisme d’évasion MM. Bébéar et de Castries sem- connaissance de l’origine des fonds, heures, l’enquête menée à Paris sur née d’avoir abrité un circuit de blan- le européenne des contrats d’assu- de fonds. Les policiers ont établi blaient « injustes et paradoxales » : si tant est qu’ils soient illicites », affir- une filière de blanchiment mise au chiment d’argent. Elle est présidée rance-vie ou des fonds d’investisse- que des centaines de commerçants, « PanEuroLife a été créée par l’UAP. me Me Touati. « Je rappelle, ajou- jour au Luxembourg a ébranlé les par Gaston Thorn, ancien premier ment particulièrement avantageux. chefs d’entreprises ou particuliers Lorsque nous avons racheté cet éta- te-t-elle, que les produits commercia- milieux de la banque et de l’assuran- ministre du Luxembourg et prési- L’entrée en vigueur, en 1994, d’une français avaient été démarchés, blissement, en 1997, on a découvert lisés par PanEuroLife sont parfaite- ce. Mercredi 13 juin, la juge Domini- dent de la Commission européenne disposition communautaire dite de dans tout l’hexagone, par des cour- l’existence de cette filiale luxembour- ment légaux. Je ne vois pas comment que de Talancé, chargée depuis de 1981 à 1984. Les enquêteurs sem- « Libre Prestation de Service » tiers de PanEuroLife qui leur propo- geoise. Le groupe s’en est débarrassé on pourrait reprocher à un pays mem- février 2001 d’une information judi- blent estimer que les dirigeants du (LPS), offrant la possibilité aux com- saient de souscrire des contrats d’as- au plus vite, car il y avait un sérieux bre de l’Union européenne de profi- ciaire ouverte pour « vol, escroquerie groupe AXA, propriétaire entre pagnies d’assurance-vie européen- surance-vie. risque d’évasion fiscale. » ter de sa législation. » L’avocate sou- et blanchiment de capitaux aggravé », 1997 et 1998 de PanEuroLife, ne nes de vendre des produits dans Les courtiers auraient fait miroi- ligne d’autre part que « c’est à la per- a mis en examen les deux principaux pouvaient ignorer que la société tous les pays de l’Union, allait per- ter aux souscripteurs potentiels « TOTALE INCOMPRÉHENSION » sonne qui fait des placements de res- dirigeants du groupe AXA, Claude luxembourgeoise avait proposé des mettre à la société de connaître un d’importants avantages fiscaux, les Depuis l’ouverture de l’informa- pecter ses obligations fiscales, la com- Bébéar – par ailleurs président du placements – estimés à près de développement spectaculaire. contrats d’assurance-vie proposés tion judiciaire, une vingtaine de per- pagnie d’assurance n’a pas à le faire comité de candidature de Paris à l’or- 1 milliard de francs – destinés à En 1996, le rachat de l’UAP par échappant à la fiscalité pour les non- sonnes ont déjà été mises en exa- à sa place ». ganisation des Jeux olympiques de frauder le fisc français voire à blan- AXA donnait l’occasion au géant de résidents au Luxembourg. En effet, men. Outre quelques courtiers, une Dans un communiqué publié le 2008 – et Henri de Castries. La veille, chir des fonds d’origine illicite. l’assurance de mettre la main sur le Grand-Duché ne taxe ni les pri- grande partie de l’état-major de 29 avril, la direction de PanEuroLife la magistrate avait mis en examen PanEuroLife. Un an plus tard, la mes d’assurance, ni les gains en PanEuroLife est poursuivie. Si Gas- avait fait part de sa « totale incom- Marc Vuillermet, ancien directeur ÉVASION DE FONDS direction de La Poste, intriguée par capital réalisés lors du rachat ou de ton Thorn n’a pas été entendu par préhension », qualifiant les poursui- général de la banque Worms. Placés Mardi, les policiers avaient inter- d’importants mouvements de l’expiration d’un contrat. Assurés les enquêteurs, Jacques Drossaert, tes lancées à l’encontre de ses colla- en garde à vue dans les locaux de la rogé le PDG du Crédit lyonnais, fonds, saisissait la justice, comme de bénéficier d’une totale confiden- directeur général de la société borateurs d’« injustifiées ». La com- brigade financière mardi matin, Jean Peyrelevade, en sa qualité d’an- l’indiquait, le 29 avril, le Journal du tialité, certains souscripteurs reti- luxembourgeoise, a été placé en pagnie d’assurance s’était étonnée M. Bébéar, fondateur et président cien président de l’Union des assu- dimanche. La Poste avait détecté raient ensuite au Luxembourg, en détention provisoire le 26 avril, que « cette opération ait été engagée du conseil de surveillance d’AXA, et rances de Paris (UAP), établisse- des transactions en espèces suspec- liquide, les sommes qu’ils y avaient avant d’être remis en liberté le par les autorités françaises sans aucu- M. de Castries, président du directoi- ment qu’il a dirigé de 1988 à 1993. tes opérées via le compte chèques placés, à l’insu, semble-t-il, de l’ad- 18 mai par la chambre de l’instruc- ne consultation préalable des autori- re du groupe d’assurance, sont pour- C’est en effet l’UAP qui avait créé, postal de la banque Worms – filiale ministration fiscale française. Au tion. Mercredi 13 juin, son avocate, tés luxembourgeoises » et qu’« aucu- suivis pour « blanchiment de capi- en février 1991, la société PanEuro- de l’UAP puis d’AXA, jusqu’à sa total, les transactions suspectes Me Geneviève Touati, a contesté ne investigation correspondante n’ait taux aggravé ». Tous deux ont été pla- Life – aujourd’hui dans le giron de revente en avril 2001 –, qui réexpé- s’élèveraient à près de 1 milliard de que M. Drossaert ait participé à la été diligentée au Luxembourg, où cés sous contrôle judiciaire. la société américaine Nationwide diait les fonds au Luxembourg. L’en- francs. Jeudi matin, un représen- moindre opération de blanchiment. PanEuroLife a son siège ». La juge de Talancé enquête sur Global Holdings, qui l’a racheté à quête préliminaire, ouverte par le tant du groupe AXA a indiqué au « Pour que ce délit puisse être repro- PanEuroLife, une société d’assuran- AXA en novembre 1998. PanEuroLi- parquet de Paris, allait mettre en Monde que les mises en examen de ché à mon client, il faudrait établir sa Fabrice Lhomme

PROFIL Secours, réunies au sein du groupe Présence, en 1986, puis la Compa- Le blanchiment est devenu une industrie financière planétaire UN DES RÉNOVATEURS gnie du Midi, qui détient les Assu- rances du groupe de Paris (AGP), en LE BLANCHIMENT d’argent ne consiste le Luxembourg a tenté, depuis, de moraliser les ve placé sur les marchés. « Les transactions de DU CAPITALISME FRANÇAIS 1988. En juillet 1991, il rachète la plus à franchir des frontières en catimini avec pratiques de ces établissements financiers. Une blanchiment d’argent utilisent une large panoplie société d’assurance-vie Equitable, des valises pleines de billets usagés. Cette activi- évolution jugée de pure forme par les experts. d’instruments financiers, y compris les produits Fondateur et président du conseil alors en difficulté, pour 1 milliard té est devenue une industrie financière à part John Walker, spécialiste de la lutte contre l’ar- dérivés, écrivent les experts du FMI. Les mouve- de surveillance d’Axa, Claude de dollars, puis l’assureur mutualis- entière. Elle brasse des milliards de dollars et gent sale, estime que la masse de fonds à blan- ments de capitaux qu’ils représentent peuvent Bébéar est un personnage atypique. te australien National Mutual en fait vivre des dizaines de paradis fiscaux et des chir dans le monde représente plus de 2 000 mil- même déstabiliser en partie les économies des Le 3 mai 2000, quelques mois avant 1995, et enfin le Britannique Guar- centaines d’établissements financiers « spéciali- liards de dollars (15 400 milliards de francs) par pays dans lesquels les capitaux sont investis. » de fêter ses 65 ans, il a cédé, comme dian Royal Exchange et le Japonais sés » dans le recyclage de l’argent sale. « Les cri- an. Son modèle, qui fait autorité, place le Les enquêtes menées par les services de il s’y était engagé, le flambeau de Nippon Dantai. M. Bébéar n’est pas minels gagnent aujourd’hui haut la main la cour- Luxembourg en tête des pays les plus attractifs police et du fisc sont d’autant plus compliquées l’entreprise qu’il a propulsée au rassasié. En novembre 1996, il fait se contre les organismes de contrôle en trouvant pour les « blanchisseurs ». M. Walker estime à que les établissements financiers en question premier rang mondial de l’assuran- exploser le système des participa- de nouvelles méthodes de blanchiment toujours près de 80 milliards de dollars (616 milliards de n’ont pas forcement d’activité criminelle en ce, Axa, à son dauphin Henri de Cas- tions croisées en prenant d’assaut plus sophistiquées », écrit le département d’Etat francs) l’argent sale qui, chaque année, prend dehors du blanchiment. Un autre problème tries. Il est toutefois resté sur le l’UAP. A cette époque, l’opération américain, dans un rapport publié en 2000. la direction des banques et des compagnies apparemment insoluble provient des pays où la devant de la scène en engageant un est la plus importante jamais L’argent de la drogue, du trafic d’armes, de la d’assurances luxembourgeoises. Plus prudent, majeure partie de l’économie fonctionne avec nouveau combat : il préside le comi- réalisée dans ce secteur. prostitution et de la criminalité financière le Parlement européen estime qu’au moins des paiements en espèces, comme la Russie. Il té de candidature de Paris à l’organi- Homme d’initiative, il est le (détournements de fonds, corruption, fraude 100 milliards de dollars (770 milliards de est alors impossible d’identifier l’origine des sation des Jeux olympiques de 2008. premier grand patron à avoir fiscale, etc.) alimente les réseaux de blanchi- francs) sont « recyclés tous les ans en Europe ». fonds. Reconnu par ses pairs comme l’un divulgué son salaire : 15,5 millions ment sur tous les continents. Dans ce domaine, Un organisme international baptisé GAFI des principaux rénovateurs du de francs en 1998, sans compter les l’Europe est en pointe. La Suisse, le DES ENQUÊTES DE PLUS EN PLUS COMPLIQUÉES (Groupe d’action financière sur le blanchiment capitalisme français, il a réussi le stock options, et s’affiche sans Luxembourg, le Liechtenstein, les îles Anglo- Le crime organisé s’est engouffré dans une de capitaux) et regroupant vingt-six pays est pari de transformer une petite complexe comme patron « à temps Normandes, l’Autriche, Monaco, Andorre, le brèche ouverte par la libéralisation des mouve- chargé, depuis dix ans, d’inciter les Etats mem- mutuelle normande, la dix-septiè- partiel », ne travaillant que quatre Luxembourg, etc., se retrouvent fréquemment ments de capitaux, le développement des mar- bres à renforcer leurs législations contre le blan- me société d’assurance française, en jours par semaine. Sa fortune est mis en accusation pour leur laxisme ou, pire, chés financiers et la multiplication des moyens chiment et à mieux coopérer. Le GAFI se heur- l’un des tout premiers groupes mon- estimée à 1,6 milliard de francs. leur complaisance sur l’origine des fonds permettant de soustraire des capitaux au fisc te à de nombreux obstacles. Ils tiennent à la diaux. Axa pèse aujourd’hui 56 mil- Acteur majeur du patronat déposés dans leurs établissements financiers. via les paradis fiscaux et les sociétés écrans. fois à l’absence totale de lois contre le blanchi- liards d’euros en Bourse. français, il aime tirer les ficelles, Le Luxembourg occupe dans cet univers une « L’argent ramassé par le crime organisé est cons- ment dans bon nombre de pays et au fait que Passionné de chasse, il est tout défendre sa vision et imposer ses place particulière, notamment parce qu’il offre, titué à plus de 95 % par des espèces, explique un les spécialistes du recyclage utilisent de plus en aussi féroce en affaires. En 1958, il idées. Fervent défenseur du au cœur de l’Union européenne, un secret responsable de la lutte contre la criminalité plus des intermédiaires financiers non bancai- entre aux Anciennes mutuelles de mariage à trois entre la BNP, Paribas bancaire et fiscal garanti par la loi. La faillite d’une banque française. Il doit à la fois transfor- res comme des bureaux de change, de petites Belbeuf, en Normandie, à sa sortie et la Société générale, il a été le retentissante de la Bank of Credit and Commer- mer ce cash en monnaie scripturale, c’est-à-dire compagnies d’assurances, des sociétés fiduciai- de polytechnique, à 23 ans. Il atten- premier à regretter l’échec des ce International (BCCI) il y a dix ans et les en comptes bancaires, et justifier ses sources de res ou des notaires… beaucoup moins sur- dra 1974 pour en prendre la négociations à l’été 1999. « C’est déboires d’International Bankers Inc. (IBI), revenus. Le crime organisé, pour ne pas trop veillés que les banques. Mais le problème qui direction générale. Il pose les dommage pour le secteur bancaire filiale à scandales du Crédit lyonnais – deux s’exposer, sous-traite aujourd’hui le recyclage de inquiète le plus les spécialistes vient du dévelop- premières pierres de son nouveau français », avait-il déclaré en banques de droit luxembourgeois – ont révélé, l’argent sale et passe par des officines et des éta- pement des transferts électroniques d’argent groupe en 1982, avec le rachat de devenant le premier actionnaire de dans les années 1990, l’ampleur des opérations blissements financiers situés, la plupart du temps, via des réseaux incontrôlables comme Internet. Drouot, une fois et demie plus BNP-Paribas avec 9,5 % du capital. de blanchiment transitant par le Grand Duché. dans des paradis fiscaux. » L’argent blanchi est grosse que la petite mutuelle rouen- Fondateur de l’influent club patro- Sous la pression de ses partenaires européens, alors mêlé à celui d’activités saines et se retrou- Eric Leser naise, à l’issue d’une bataille avec nal Entreprise et Cité, ce chrétien Bouygues qui restera son « plus libéral a poussé son protégé, Denis beau souvenir ». Claude Bébéar Kessler, promoteur de la refonda- construit peu à peu son empire en tion sociale, à la tête du Medef. L’ancien président de Thomson, Alain Gomez, a été mis en examen croquant plusieurs compagnies d’as- surances : La Providence et le Cécile Prudhomme PRÉSIDENT de la société Thom- Face aux juges, MM. Gomez et Lee rendu un non-lieu en faveur du diri- entre les deux sociétés françaises son (rebaptisée Thalès) de 1982 à ont vivement démenti les accusa- geant de Matra-Hachette, M. Lagar- d’armement. Selon l’accusation, les 1996, Alain Gomez a été mis en exa- tions portées sur eux. dère. fonds de pension américains, partie men, dans la nuit du 12 au 13 juin, Un groupe d’actionnaires minori- Entre-temps, les deux parties prenante de la première plainte con- pour « complicité de tentative d’ex- taires, conduit notamment par avaient tenté de mettre fin à ce con- tre Matra, n’auraient été qu’un ins- torsion de fonds, abus de biens William Lee et financé par des flit en nouant des contacts par l’en- trument d’une action téléguidée sociaux et recel » par les juges d’ins- fonds de pension américains, avait tremise d’un certain nombre d’avo- par M. Gomez. Thomson aurait truction Marie-Pierre Maligner-Pey- contesté, fin 1995, la fusion Matra- cats. Neuf avocats ont été entendus payé les services de M. Lee en sur- ron et Guy Ripoll. M. Gomez, qui a Hachette en déposant une plainte par la justice dans cette affaire. facturant ses honoraires lors de ses été placé sous contrôle judiciaire, pour escroquerie. Selon eux, Matra Selon eux, un protocole d’accord prestations à Taïwan pour le comp- doit s’acquitter d’une caution de avait dissimulé des actifs pour facili- avait été envisagé avec Matra avant te du groupe. 2 millions de francs. L’accès aux ter sa fusion avec Hachette. Ils stig- que cette société ne se ravise et atta- Interrogé par Le Monde, mercredi locaux de Thalès, et notamment à matisaient, en particulier, l’omis- que en justice ses contradicteurs. 13 juin, l’avocat de M. Gomez, ses archives, lui a été interdit ainsi sion, qualifiée de volontaire, d’un Selon les conseillers des actionnai- Me Roland Poynard, a indiqué qu’il que tout lien avec des personnes contrat signé, le 18 novembre 1992, res minoritaires, leur préjudice, lors ne désirait pas s’exprimer sur le liées à cette affaire. Cette mise en entre Matra et Taïwan portant sur de la fusion de Matra et Hachette, fond du dossier. « Néanmoins, a-t-il examen intervient dans le cadre la fourniture d’armement et notam- pouvait être estimé à près de ajouté, nous pensons que l’instruc- d’une enquête ouverte, en 1996, ment de missiles. D’un montant 150 millions de francs. Selon le tion permettra de mettre de l’ordre après le dépôt d’une plainte du total de 8 milliards de francs, cette groupe Lagardère, une telle exigen- dans une affaire où règne une gran- groupe Matra-Hachette, dirigé par vente avait donné lieu au verse- ce relevait d’une « tentative d’extor- de confusion. » L’un des défenseurs Jean-Luc Lagardère. ment, le 30 novembre 1992, d’un sion de fonds ». Au mois de novem- de M. Lee, Me William Bourdon, a L’avocat et homme d’affaires acompte de 3 milliards de francs. bre 1996, ses avocats déposaient, à assuré, pour sa part, que la mise en américain William Lee a été égale- Les actionnaires minoritaires esti- leur tour, une plainte contre ces examen de son client « était moti- ment mis en examen pour « tentati- maient que l’absence de mention actionnaires minoritaires. vée par des charges discutables et ve d’extorsion de fonds, recel d’abus de cette transaction commerciale relevait d’une construction imaginai- de biens sociaux et faux et usage de dans le bilan de Matra avait faussé TENTATIVE DE DÉSTABILISATION re et fantasmatique ». Selon ces faux ». Il doit verser une caution de les conditions de l’échange de titres Pour étayer leurs dires, les diri- deux avocats, l’enquête n’a en rien 5 millions de francs. M. Lee est entre Hachette et Matra. geants du groupe Matra-Hachette démontré de lien financier entre le soupçonné d’avoir mené, pour le La plainte avait été jugée suffi- indiquaient que William Lee avait groupe Thomson et les représen- compte de Thomson, une opéra- samment crédible pour déclencher, conseillé le groupe Thomson à tants du fonds de pension améri- tion de déstabilisation contre le en 1995, l’ouverture d’une enquête Taïwan. Il aurait été, selon Matra, cain, principal support financier de groupe Matra sous couvert d’une menée par la juge d’instruction Eva le complice d’une tentative de dé- M. Lee. dénonciation de la fusion, en 1992, Joly. Au terme de ses investiga- stabilisation du groupe Matra dans de Matra avec la société Hachette. tions, en 1999, la magistrate avait le cadre d’une guerre commerciale Jacques Follorou SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 11 Les personnels des urgences se mobilisent pour dénoncer leur manque de moyens Une journée nationale d’action et de grève exprime le malaise persistant face à la saturation des services Voyant leur fréquentation augmenter de 5% par dans leurs services faute de lits en aval, les méde- respect du protocole d’accord » conclu en 1999 con- an, leurs conditions de travail se dégrader et les cins urgentistes devaient observer une journée de cernant leurs salaires, la prise en charge de la for- malades en attente d’hospitalisation s’entasser grève, jeudi 14 juin. Ils dénoncent aussi « le non- mation et la précarité persistant dans leurs rangs.

DÉJÀ AGITÉS par un mouve- ailleurs une réponse ». Les urgentis- lier pour la médecine d’urgence, les res ont été ciblés en direction des ment de grève des personnels enta- tes dénoncent la saturation de syndicats d’urgentistes estiment le urgences (…). Pour l’essentiel, ces cré- mé à la mi-avril à l’initiative de la leurs services résultant de multiples contrat non rempli sur plusieurs dits ont servi à renforcer les équipes CGT, les services d’urgences devai- facteurs : dysfonctionnements points, dont la non-reconduction hospitalières médicales et paramédi- ent être largement affectés par la locaux dans l’hôpital, phénomènes des augmentations de salaires. De cales (en 2000, 425 postes médicaux journée nationale d’action et de extérieurs se traduisant par un plus, les centres hospitaliers univer- et 970 postes paramédicaux). » De grève le 14 juin à l’appel de l’Asso- afflux vers les hôpitaux (épidémies, sitaires n’auraient pas tous pris en plus, rappelait le ministre, les proto- ciation des médecins urgentistes fermetures de cabinets médicaux, charge la formation complémentai- coles signés en 1999 avaient permis des hôpitaux de France (Amuhf) et etc.), attentes croissantes du re des médecins qu’ils emploient. de créer 230 postes de praticiens du Syndicat des urgentistes hospita- public. Enfin, les statuts précaires sont hospitaliers. liers (SUH). 75 % à 80 % des méde- L’un des problèmes majeurs res- nombreux et les médecins occu- D’autres sujets sont au cœur de cins urgentistes se seraient déclarés te le goulot d’étranglement pour pant des postes d’assistants dont le la journée de grève du 14 juin. grévistes selon l’Amuhf. « Plus que les patients dont l’état nécessite contrat arrive à échéance ne se L’aménagement et la réduction du des revendications salariales, nous une hospitalisation. « La question voient souvent proposer que des temps de travail (ARTT), souhaités exprimons un ras-le-bol devant nos des lits d’aval est particulièrement postes de vacataires. « Les hôpi- par les urgentistes, « sont à la fois conditions de travail qui ne nous per- criante en Ile-de-France, s’emporte taux, qui connaissent des problèmes un grand espoir et un grand sujet mettent pas d’accueillir en toute sécu- le docteur Patrick Pelloux, prési- budgétaires, préfèrent proposer des d’inquiétude, confie Bruno Mango- rité les patients et de leur offrir des dent de l’Amuhf. Nous passons déjà vacations, moins coûteuses que la la, car nous craignons de ne pas arri- soins de qualité », explique le doc- des heures à essayer de trouver de la rémunération d’un assistant ou d’un ver à faire tourner nos services. » De teur Bruno Mangola, président du place pour des patients, et cela va praticien contractuel », observe même, les syndicats d’urgentistes SUH. empirer avec l’été qui approche et les Patrick Pelloux. déplorent le fait que la prise en Cette préoccupation n’est pas fermetures de lits pour cause de bais- Du côté du ministère de la santé, charge des patients dans les servi- nouvelle et reflète un malaise per- se des effectifs dans les services. » on a évidemment une autre lecture ces d’urgences soit souvent confiée sistant. Les services d’urgences de l’application du protocole, à des étudiants en fin de cursus, voient leur fréquentation augmen- « NON-RESPECT DU PROTOCOLE » qu’on considère avoir été « faite avec un encadrement par des méde- ter d’environ 5 % par an. Près de « Nous dénonçons le non-respect selon le calendrier prévu ». Interve- cins « seniors » insuffisant. « Les tex- onze millions de personnes se sont du protocole d’accord de nant le 27 avril devant les profes- tes réglementaires prévoient que tou- ainsi présentées en 2000 dans les juin 1999 », conclu avec Martine sionnels lors du congrès Urgen- te personne se présentant aux urgen- 580 sites d’urgences prévus par la Aubry et Bernard Kouchner, à l’épo- ce 2001, Bernard Kouchner, minis- ces doit être vue par un médecin carte sanitaire. Sur ce total, 30 % que ministre de l’emploi et de la tre délégué à la santé, avait insisté senior [titulaire de la capacité de sont hospitalisés. Selon la Société solidarité et secrétaire d’Etat à la sur les moyens déployés en faveur médecine d’urgence], rappelle francophone de médecine d’urgen- santé, affirment de concert Patrick des urgences par le gouvernement : Bruno Mangola. Dans la pratique, ce, « pour 85 % des 10 millions de Pelloux et Bruno Mangola. S’ils « Entre 1997 et 1999, ce sont près de c’est impossible en raison du nombre patients admis en 1999, les services donnent acte au gouvernement de 900 millions de francs qui ont été de patients, et certains de nos collè- d’urgences répondent à une deman- la création effective de 433 postes consacrés aux urgences. En 2000, gues ont déjà eu à en subir les consé- de de soins qui n’a pu trouver au concours de praticien hospita- 500 millions de francs supplémentai- quences judiciaires pour des person- nes dont l’état s’est aggravé après leur départ des urgences. » Autres revendications, enfin, la Les infirmiers de Georges-Pompidou inquiets de la qualité des soins reconnaissance de la médecine d’ur- gence comme une spécialité à part « CERTAINS MATINS, après une nuit de garde, on « une équipe de brancardage en nombre et en poste fixe entière – M. Kouchner n’y est pas n’est pas fier du travail qui a été fait. » Philippe Torres, aux urgences ». En vingt ans d’expérience, Philippe Tor- opposé – et la modernisation de aide-soignant au service des urgences de l’hôpital res, secrétaire de la Coordination des infirmiers, dit l’hôpital. Sur l’ensemble de ces européen Georges-Pompidou (HEGP), ne reconnaît avoir vécu « une dégradation et une déshumanisation » questions, les syndicats souhaitent plus son métier. Ils ont beau être dans un établisse- des services d’urgence. relancer la concertation avec le ment flambant neuf, à la pointe de la technologie, les ministère. Ils participent déjà aux infirmiers et aides-soignants de l’HEGP sont en grève « ON N’A PLUS LE TEMPS D’ACCUEILLIR » groupes de travail mis en place en depuis jeudi 7 juin à l’appel de la Coordination des « On est devenu des techniciens, on n’a plus le temps mars 2001 par le ministère de la san- infirmiers et du syndicat Sud-santé pour réclamer des d’accueillir, de rassurer les gens. On est souvent sur le té pour avancer sur des questions « conditions de travail acceptables ». fil. » La direction de l’hôpital a fait retirer la banderole comme la participation des méde- Recevant en moyenne 104 patients par jour, le servi- « HEGP story » que les grévistes voulaient afficher cins libéraux à la prise en charge ce des urgences de l’HEGP, qui a ouvert officiellement devant le service et refuse la présence de journalistes. des urgences, l’organisation inter- en mars, ne fonctionne pas encore à plein régime. « Locaux mal conçus », « matériel insuffisant », « absen- ne de l’hôpital, ou les urgences Mais déjà « la qualité des soins et la sécurité des patients ce de politique de lits d’aval », selon les grévistes, la extrahospitalières. Les résultats de ne sont pas assurées », affirme un infirmier. Les grévis- « modernité » de l’HEGP n’est que pure « façade ».A leurs réflexions ne seront pas dispo- tes – qui pour symboliser leur mécontentement ne l’intérieur, ils disent vivre « un mécontentement crois- nibles avant le dernier trimestre font plus payer les soins et proposent aux patients de sant des patients » et entendent poursuivre leur mouve- 2001. Il n’est pas sûr que le person- signer une pétition – demandent « la création de pos- ment jusqu’à « l’obtention d’embauches ». nel des urgences soit aussi patient. tes paramédicaux supplémentaires afin de pallier le man- que constant d’effectif », « l’ouverture de lits d’aval » et Sandrine Blanchard Paul Benkimoun Au CHU de Nantes : « Les entrants restent parfois six à huit heures sur un brancard » « ON EST poly-multi-sollicités », go est toujours en contrat à durée ans qu’il y travaille, le patron des card », reconnaît Catherine Durin- dit-elle avec un sourire un peu déterminée. Ce métier « où l’on a urgences du CHU de Nantes a vu ger. L’attente moyenne de soins timide, en racontant sa semaine une prise en charge globale du la demande évoluer vers le « fast- oscille entre trois et quatre heures de soixante heures de travail, deux patient et un travail d’équipe très care, comme il y les fast-food, parce en médecine et deux heures en nuits de garde comprises, aux fort », elle l’a choisi et l’aime, sur- que tous les moyens sont rassemblés traumatologie, selon Denis tout dans l’univers hospitalier qui à tout moment sur un seul lieu, et Baron. « Le problème qui mine tout REPORTAGE la maintient en contact avec l’en- que les gens l’ont bien compris ». le monde ici, c’est le post-urgen- seignement et la recherche, mais ces », ajoute Catherine Duringer. « S’il y a un patient la passion a des limites. « EMBOLIE » DE L’HÔPITAL Le CHU de Nantes a pourtant lourd , les autres Le débat sur les 35 heures la lais- Ces gens sont d’abord les innové, en janvier, en ouvrant une soins prennent se songeuse. Comment accepter patients, eux-mêmes de plus en unité de médecine polyvalente du retard » que les gardes ne soient pas prises plus soumis au temps et à la préca- d’urgence, qui traite – mais sur un en compte lorsqu’il est question rité, et de moins en moins suivis nombre réduit de jours unique- de réduire le temps de travail ? En par un médecin traitant : « Beau- ment – la pathologie ayant causé urgences du centre hospitalier uni- dépit de cette charge de travail et coup arrivent après le travail en l’entrée aux urgences, puis aiguille versitaire (CHU) de Nantes. Ce de ces responsabilités, le salaire disant qu’il leur est impossible de le patient vers les services spéciali- mardi matin, « les blocs sont cal- des médecins urgentistes « varie manquer le lendemain parce qu’ils sés. Ses 43 lits passeront à 53 bien- mes », ce qui laisse un peu de répit entre 12 000 et 15 000 francs, plus sont en CDD ou viennent de pren- tôt. Des lits d’hospitalisation de pour discuter et plancher sur une 1 500 francs par garde. Ils en font dre un nouvel emploi… » Il y a aussi court séjour ont également été étude des délais d’attente de entre trois et cinq par mois », indi- les médecins de ville qui, faute de ouverts. « Nous en avons 12, il en soins. De garde dans la nuit de que Denis Baron, patron du servi- trouver une structure d’accueil, faudrait 30 », estime Denis Baron. dimanche à lundi, Céline Longo ce. « Avec seize médecins titulaires envoient sur les urgences, ou les Chacun sait bien, aux urgences, n’a dormi qu’une heure : « La nuit, sur vingt-cinq, je suis bien servi par familles d’une personne âgée qui que les autres services ont eux- on est le seul médecin alors que le rapport à d’autres urgences.(…)Il craquent et viennent chercher un mêmes du mal à faire sortir leurs jour nous sommes deux. Le travail faut reconnaître la médecine d’ur- placement. Catherine Duringer, patients, faute de place dans des est plus important et la responsabili- gence comme une spécialité, avec infirmière responsable du pôle unités de soins de longue durée, té plus lourde à porter face aux quin- une formation spécifique et un per- urgences, constate elle aussi la de convalescence ou dans les mai- ze patients dans les blocs et à ceux sonnel médical stable sans lequel il montée d’une demande de plus en sons de retraite. Mais c’est ici que qui attendent dans les couloirs. S’il ne peut y avoir de maintien de l’ex- plus pressante : « C’est l’ère du tout l’« embolie » de l’hôpital face à la y a un patient lourd, les autres soins pertise acquise », explique-t-il. tout de suite. J’appelle cela le phéno- marée montante des besoins se prennent du retard. » Après huit mène portable. » ressent le plus vivement, et parfois années d’études et cinq années de « UN FILET DE SÉCURITÉ » Logé dans un grand bâtiment violemment. pratique aux urgences, Céline Lon- Dans son petit bureau encom- de béton et de verre qui surplom- « Nous avons créé des groupes de bré de papiers, le professeur be la Loire, inauguré en 1990 et paroles pour soulager le personnel Baron analyse cliniquement le pro- agrandi récemment, doté d’un soignant. Nous sommes aussi très blème : « Nous sommes le filet de hall d’accueil qui ne dépareillerait soutenus par l’équipe psychiatrique sécurité, le seul repère permanent. pas un centre de congrès, le servi- spécialisée en victimologie. C’est Les urgences ont accueilli onze mil- ce des urgences du CHU de Nan- une chance que nous avons ici à lions de personnes en 2000, presque tes est une sorte de sas. «Ce Nantes. Avant, on nous disait que un Français sur six, et le nombre matin, treize des quinze box sont l’agressivité de certains patients fai- augmente de 5 % par an. Aux Etats- occupés par des malades arrivés sait partie de notre boulot. Mainte- Unis, c’est un Américain sur trois. » hier qui devraient être dans nant, elle est prise en compte. » Denis Baron se borne à prendre d’autres services mais restent là par- Catherine Duringer n’en reste pas acte de cette pression. Mais il tient ce qu’il n’y a pas de lits disponibles moins « épatée par l’envie d’aller à ce que soit reconnu le caractère en aval. Certains patients restent de l’avant » de cette équipe de 70 particulier de son métier : « Dans parfois vingt-quatre ou quarante- infirmières, aides-soignantes, les discussions sur la RTT, on nous huit heures aux urgences, ce qui brancardiers et hôtesses d’accueil parle de demi-journées de trois heu- retarde les soins des nouveaux qu’elle dirige. res et demie. C’est aberrant. Notre entrants, dont certains restent par- travail est continu. » Depuis vingt fois six à huit heures sur un bran- Dominique Luneau 12 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 SOCIÉTÉ Un juge américain accuse les magistrats niçois de « persécution » et de « corruption » Pour la première fois, la justice fédérale a accordé l’asile politique à un citoyen français. Elle a estimé que Karim Kamal avait été victime de « représailles » du « système judiciaire » parce qu’il accusait des « officiels français haut placés » d’être impliqués dans les actes de pédophilie que sa fille disait avoir subis La justice américaine a officiellement noti- mais restée secrète jusqu’ici, l’ordonnance « mesures de représailles » exercées par pour les Etats-Unis, en avril 1994, M. Kamal divorce conflictuel. C’est lui qui avait été fié, jeudi 14 juin, une décision qui, de l’avis du juge fédéral de Los Angeles Ronald Oha- « le système judiciaire niçois » contre avait vainement tenté de faire ouvrir à Nice condamné, notamment pour « dénoncia- des experts, constitue une première : elle a ta dénonce les « persécutions » subies par M. Kamal, depuis que celui-ci a dénoncé une enquête sur les abus sexuels dont sa tion calomnieuse ». Pour le juge Ohata, ces accordé le statut de réfugié politique à un Karim Kamal. Le magistrat californien invo- l’implication de certains juges dans une fille, Lauriane, disait être l’objet. Il récla- blocages « ont de forts relents de vengean- citoyen français. Rendu le 16 décembre que des « actes de corruption » et des affaire de pédophilie. Avant son départ mait alors la garde de celle-ci, après un ce et de vendetta ».

LA DÉCISION du juge Ronald – qui reste susceptible d’un appel tion. En dépit des témoignages et tils », citant les noms de deux d’en- Ohata est sans doute historique. du procureur fédéral américain – des examens médicaux qu’il pro- tre eux (Le Monde du 9 avril 1996). Prononcée le 16 décembre 2000, sonne comme une nouvelle confir- duisait, aucune de ses initiatives Faute de véritable enquête judiciai- elle était pourtant restée secrète, mation des alarmes lancées par le n’avait prospéré. Ajoutées à ces re impartiale, ce témoignage, quoi- comme perdue dans les méandres procureur de Nice, Eric de Mon- échecs persistants, qu’il attribua que considéré comme très crédi- du système judiciaire américain. tgolfier, contre l’influence de d’abord à une forme de discrimina- ble par l’experte américaine, n’a Jeudi 14 juin, elle a été officielle- « réseaux occultes » sur les affaires tion raciale, les pressions exercées jamais été corroboré par des élé- ment notifiée, au cours d’une judiciaires de la Côte d’Azur et fait sur son avocat niçois pour qu’il ments probants. De nombreuses audience publique du tribunal étrangement écho aux découver- abandonne sa défense l’avaient preuves de la partialité des magis- fédéral de Los Angeles. Karim tes récentes impliquant le doyen conduit à quitter la France avec trats de la juridiction niçoise dans Kamal, citoyen français d’origine des juges d’instruction de Nice, son enfant. Celle-ci devait toute- ce dossier ont, en revanche, été marocaine, bénéficie donc publi- Jean-Paul Renard, soupçonné fois être reprise par sa mère dans réunies par les défenseurs de quement de l’asile politique aux d’avoir transmis des informations des conditions rocambolesques et M. Kamal et produites devant le Etats-Unis en raison des « persécu- confidentielles à une loge maçon- « avec la complicité d’agents consu- tribunal fédéral de Los Angeles. tions » dont il affirme avoir été nique dont il a été membre. Nom- laires français », indique le juge- Sans se prononcer sur le fond l’objet sur le territoire français mé en janvier 1999, M. de Mon- ment (lire ci-dessous). des accusations de pédophilie, le depuis 1993, et dont la justice amé- tgolfier a plusieurs fois évoqué à Entre-temps, Lauriane avait par- juge Ohata a relevé que « les faits ricaine a admis la réalité. Dans son voix haute l’« affaire Kamal » com- lé. Devant un expert psychologue [n’étaient] pas contestés » – même jugement, le magistrat californien me l’un des exemples les plus édi- américain, la fillette, qui n’avait si le procureur fédéral avait requis invoque les « actes de corruption » fiants des « dysfonctionnements » alors que cinq ans, avait relaté, au le rejet de la demande d’asile. Il a et les « mesures de représailles » de la juridiction niçoise. cours de longs entretiens enregis- notamment relevé que plusieurs exercées par « le système judiciaire M. Renard, lui, compte parmi les trés, aux mois de mai et juin 1994, condamnations à des peines d’em- niçois » contre M. Kamal à partir magistrats qui ont eu à connaître les « fêtes » tenues chez sa mère, à prisonnement avaient été infligées du moment où celui-ci dénonça du contentieux opposant Cagnes-sur-Mer (Alpes-Mariti- à M. Kamal, avant et après son l’influence de certains juges du tri- M. Kamal à son ancienne épouse mes) et au cours desquelles des départ de France – pour « tentati- bunal de Nice sur le cours d’une et avait, à ce titre, refusé d’instrui- le mois d’avril 1994, le père de Lau- faire ouvrir une enquête à Nice jeux sexuels étaient organisés par ve d’enlèvement », « dénonciation affaire dont le personnage central re une plainte des grands-parents riane avait introduit sa demande sur les abus sexuels dont sa fille des adultes « parfois nus, parfois calomnieuse », « subornation de était sa fille, Lauriane, et la toile paternels de Lauriane, en 1996, initiale auprès de services améri- disait avoir été l’objet, alors qu’el- habillés » en présence d’« autres témoin » – ainsi que la déchéance de fond d’insistants soupçons de dans des conditions qui avaient cains de l’immigration le 17 mai le se trouvait sous la garde de sa enfants ». Elle avait, surtout, évo- de son autorité parentale. Dans le pédophilie. attiré la suspicion (Le Monde du 1994. Avant son départ, il avait ten- mère – elle-même fille d’un ancien qué la présence à ces réunions de même temps, la fillette, elle, était « Nous sommes en présence d’un 8 juin). Exilé en Californie depuis té, à de nombreuses reprises, de avocat général à la Cour de cassa- « juges de Nice qui ne sont pas gen- confiée à sa mère par décision de système mis en place à Nice, dans la cour d’appel d’Aix-en-Proven- lequel la justice et la police ont agi ce. L’enquête préliminaire ouverte de concert avec l’ex-épouse du en 1996 par le parquet de Nice défendeur [M. Kamal] afin de « Un gouvernement qui a systématiquement persécuté M. Kamal… » pour vérifier l’existence d’un éven- dénier à ce dernier ce que nous pou- tuel « réseau pédophile » sur la vons appeler le droit le plus élémen- Voici quelques-uns des attendus sance de cause, confié la garde de être démontré par le genre de preu- et de pornographie dont il est allé- Côte d’Azur a été classée sans sui- taire à un procès juste et équitable de la décision du juge de Los Ange- l’enfant à la mère […] ves directes spécifiques et crédibles gué qu’ils impliqueraient des offi- te. Et la seule procédure judiciaire et de lancer des poursuites contre les, Ronald Ohata, rendue le » Pour prouver que l’on a une que nous retrouvons dans ce dos- ciels français haut placés. […] encore en cours sur cette affaire M. Kamal, sa famille et ses avocats 16 décembre 2000. raison bien fondée de craindre une sier. […] Il y a des évidences mon- » Nous sommes en présence est instruite à Lyon, ouverte après en France », affirme le juge Ohata « Ce qui est à déplorer, dans le persécution future, on doit démon- trant qu’une des raisons du traite- d’un gouvernement qui, sous le une plainte de la mère de Lauriane dans sa décision, communiquée droit fran- trer une crainte subjectivement sin- ment subi par M. Kamal découle de couvert de la justice, du parquet et du chef de « dénonciation calom- au Monde par la sœur de l’intéres- çais, c’est cère et objectivement raisonnable sa race et de sa nationalité – arabe de la police, […] a systématique- nieuse » contre son ex-mari et la sé, Dalila Kamal-Griffin, qui est qu’apparem- d’être persécuté. L’élément subjec- et marocain –, […] mais ce problè- ment persécuté M. Kamal et refusé famille de ce dernier. « La condui- aussi son avocate. Le jugement ment […] tif requiert une crainte sincère de me, à lui seul, ne suffit pas à l’attri- d’exercer ses fonctions judiciaires. te de l’Etat français dans cette affai- précise que la dénonciation par M. Kamal ne persécution dont la preuve peut bution de l’asile. […] […] [Ces] persécutions […] ont de re justifie-t-elle une attribution M. Kamal de l’attitude des magis- pouvait exer- être apportée par le seul témoigna- » M. Kamal a, en fait, dénoncé forts relents de vengeance et de d’asile ? s’est interrogé le magis- trats niçois à son encontre peut cer ses voies ge oral du défendeur ; l’élément aussi bien des poursuites lancées vendetta, M. Kamal s’étant plaint trat américain. Nous jugeons que être assimilée à « une forme d’ex- de recours objectif peut être prouvé en démon- contre lui pour lui nuire que le de la corruption du gouvernement oui. » pression d’une opinion politique », VERBATIM sans se sou- trant une crainte raisonnable d’être refus, par les mêmes autorités, et ayant été poursuivi et persécuté justifiant ainsi le statut de réfugié mettre au préalable à un emprison- persécuté dans l’avenir, ce qui peut d’instruire des actes de pédophilie à la suite de cette plainte. » Hervé Gattegno politique accordé pour la premiè- nement […] qui découlait de con- re fois à un ressortissant français damnations essentiellement fon- par la justice américaine. « Dans dées sur des charges fabriquées de l’affaire qui nous concerne, indique toutes pièces par le système judi- La bataille pour la garde d’une petite fille s’est muée en scandale judiciaire le jugement, M. Kamal a dénoncé ciaire. […] aussi bien des poursuites engagées » Nous avons, dans ce dossier, « UNE AFFAIRE de pédophilie nombreuses ecchymoses, et avait lui-même livrée au parquet de dus – et refuser d’informer sur la à son encontre dans l’intention de une petite fille sur laquelle deux embarrasse la justice niçoise », titrait recueilli les déclarations de la fillette Nice, soucieux de donner à sa fuite seconde. lui nuire que le refus, par les mêmes experts, un en France et un aux Le Monde du 9 avril 1996, évoquant accusant le compagnon de sa mère une apparence de légalité. Sur pla- Dans ce concert de décisions uni- autorités, d’instruire sur des faits de Etats-Unis, s’accordent à dire qu’el- pour la première fois les ombres et de lui faire subir des violences et des ce, la mère de Lauriane s’était préva- voques, une magistrate du tribunal pédophilie et de pornographie dont le est en danger et qu’elle est proba- les craintes qu’a fait surgir, autour attouchements. Ni leurs attesta- lue de documents émanant du tribu- voisin de Grasse, la juge des enfants il est allégué qu’ils impliqueraient blement la victime de maltraitance tions ni l’insistance du père nal de Nice pour récupérer son Marie-Agnès Murciano, saisie à son des officiels français haut placés. » et de sévices sexuels. Malgré cela, RÉCIT n’avaient suffi à convaincre le par- enfant, et avait obtenu le concours tour par les grands-parents pater- L’annonce de cette décision l’Etat français a, en toute connais- quet d’ouvrir une enquête. Au con- du consul de France. nels, émit une ordonnance dissonan- Le feuilleton Kamal traire, M. Kamal subit les remon- te : le 29 février 1996, celle-ci ordon- s’est imposé dans trances parfois menaçantes de AVION BLOQUÉ SUR LA PISTE na le placement de Lauriane dans l’actualité judiciaire représentants du parquet de Nice et La plainte immédiatement dépo- un foyer et invoqua « une suspicion niçoise depuis 1993 vit, dès ce moment, les décisions sée par M. Kamal conduisit un juge parfaitement sérieuse de mauvais trai- judiciaires s’accumuler en sa défa- à faire bloquer sur la piste par le FBI tements physiques et sexuels ». Exécu- veur. « Un substitut m’a conseillé de l’avion qui devait ramener Lauriane toire, la décision ne fut pas exécu- du palais de justice de Nice, l’histoi- partir et d’oublier ma fille si je voulais vers la France. Mais en dépit de l’en- tée. La mère de l’enfant disparut re de la petite Lauriane Kamal. Celle m’en tirer », racontait-il en 1996, gagement du consul français, la avec elle durant plusieurs semaines, du divorce banalement conflictuel retranché à Los Angeles, dans l’at- mère et l’enfant ne se présentèrent le temps d’obtenir, alors qu’elle de ses parents, Karim et Marie-Pier- tente d’un hypothétique asile politi- pas à l’audience fixée par le juge. était officiellement visée par un re, qui a pourtant tourné à l’affronte- que qu’il considérait alors comme Promptement passées au Mexique, mandat d’arrêt, l’annulation de l’or- ment, puis au scandale – et désor- sa « dernière chance ». elles s’étaient déjà envolées vers donnance de placement par la cour mais, pour ainsi dire, à l’affaire C’est au printemps 1994 qu’il Paris... Une procédure fut ouverte à d’appel d’Aix-en-Provence. d’Etat. Depuis la chute de Jacques avait précipitemment quitté Nice, Los Angeles pour « enlèvement », Dans l’intervalle, un juge d’ins- Médecin, l’ancien maire de la ville, sous le choc d’un incident plus mar- qui visait nommément plusieurs truction de Grasse avait eu l’idée, le feuilleton de l’« affaire Kamal » quant que tous les précédents. Le « officiels » français – dont l’ancien pour retrouver la piste de Lauriane, s’est imposé dans l’actualité judiciai- 7 avril de cette année, le bâtonnier procureur général de Nice, Paul- de placer sur écoutes le téléphone re niçoise depuis 1993, de rebondis- de Nice, Michel Capponi, avait Louis Auméras. Nul ne sait ce qu’il mobile de sa mère. Il obtint ainsi la sements improbables en révélations ordonné à l’avocat de M. Kamal, en est advenu. preuve que la fugitive avait bénéfi- sulfureuses, accréditant le lancinant Miguel Grattirola, de se « décharger La justice niçoise, elle, restait iner- cié des conseils d’un procureur- soupçon de « réseaux occultes » de la défense de ses intérêts », te. Le 2 septembre 1994, les parents adjoint de Nice, François Thévenot. régnant sur la ville, orientant et arguant du plus clair des motifs : de M. Kamal tentèrent de prendre Convoqué pour les besoins de cette étouffant les enquêtes à leur guise. « M. Kamal persistant dans la mise le relais en déposant une plainte enquête, ce magistrat admit avoir Dans un opuscule publié en 1982 en cause de magistrats et auxiliaires avec constitution de partie civile été « imprudent » mais s’être effor- et intitulé J’accuse, The dark side of de justice niçois... » Impressionné, devant le doyen des juges d’instruc- cé de « raisonner » la mère de Lau- Nice (la face cachée de Nice), l’écri- l’avocat obtempéra. Ce fut, pour lui tion de Nice, Jean-Paul Renard, riane (Le Monde du 14 mars 1997). vain anglais Graham Greene avait aussi, le commencement d’une lon- pour « sévices à enfant » et « non- M. Thévenot ne fut jamais poursui- relaté, déjà, la peur étrange que lui gue série de tourments. Pour avoir assistance à personne en danger ». vi, ni a fortiori sanctionné par sa hié- avait inspirée la découverte, sur la évoqué, dans une lettre adressée au Inexplicablement, celui-ci ne leur rarchie. Lauriane fut définitivement Côte d’Azur, d’un « mur » d’intérêts président du tribunal de Nice, l’im- dit pas, alors, qu’une enquête avait confiée à sa mère. Elle vit toujours et de complicités entremêlés, accu- plication éventuelle de magistrats déjà été ouverte sur les mêmes faits avec elle. Elle a aujourd’hui douze sant « certains magistrats » de gra- locaux dans « un réseau de prostitu- et en tira pourtant argument pour ans. ves compromissions. Un divorce, tion enfantine »,Me Grattirola fut rendre un non-lieu sur la première des violences sur des enfants, des suspendu, blâmé, poursuivi pour – sans qu’ils fussent jamais enten- H. G. enquêtes sous le boisseau, la fuite « outrages à magistrats » et condam- éperdue d’un des parents à l’étran- né à une peine de prison avec sursis. ger, impuissant face aux « forces obs- La Cour de cassation l’a réhabilité, cures qui s’opposent à ce que justice depuis, en annulant toutes les pour- soit faite » : les ingrédients étaient suites diligentées contre lui (Le Mon- les mêmes, inspirant à l’auteur de de du 28 juillet 1999). La Puissance et la gloire une conclu- Entretemps, en Californie, le des- sion catégorique : « Nous devions tin de Lauriane avait basculé dans le fuir les juges de Nice. » fait divers. Au mois de juin 1994, quelques semaines après avoir rela- NOMBREUSES ECCHYMOSES té, devant une psychologue, les Une décennie avait passé lorsque « fêtes » à caractère pédophile dans Karim Kamal s’affronta, à son tour, lequelles elle disait avoir été entraî- aux magistrats niçois. Quelques née par sa mère et le compagnon de mois après son divorce, en 1993, celle-ci, l’enfant avait été arrachée à trois médecins avaient successive- son père par un groupe de policiers ment constaté, sur le corps de Lau- de Santa Monica, surgi à l’adresse riane – alors âgée de quatre ans – de où il avait trouvé refuge – et qu’il SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 13 Demande d’annulation Renvoyé devant le tribunal correctionnel de Caen, des poursuites dans l’affaire Falcone L’AVOCAT GÉNÉRAL Dominique Commaret a demandé à la chambre l’évêque de Bayeux invoque le secret professionnel criminelle de la Cour de cassation, mercredi 13 juin, de juger nulles les poursuites pour « commerce d’armes illicites » dans l’affaire Falcone. Le magistrat soutient, comme plusieurs mis en examen, que les poursuites Mgr Pican est prévenu de « non-dénonciation d’atteintes sexuelles », en marge de l’affaire de l’abbé Bissey pour trafic d’armes auraient dû être engagées par une plainte du minis- tre de la défense ou du ministre de l’économie et des finances, comme le L’évêque de Bayeux et Lisieux, Mgr Pierre Pican, tion d’atteintes sexuelles et mauvais traitements Bissey, condamné depuis pour viol. L’évêque invo- prévoit un décret-loi de 1939. La chambre de l’instruction de la cour devait comparaître, jeudi 14 juin, devant le tribu- sur mineurs de quinze ans ». La justice lui repro- que le secret professionnel, le juge d’instruction d’appel de Paris avait estimé, le 23 février, que la plainte déposée contre nal correctionnel de Caen, pour « non-dénoncia- che d’avoir tu les actes commis par l’abbé René estime qu’il a « agi pour prévenir un scandale ». le marchand d’armes Pierre-Joseph Falcone par le directeur des services fiscaux de Paris-Ouest, au nom du ministre des finances, était suffisante. CAEN France. Celle-ci avait décidé de rom- Particulièrement peu disert lors de son conseil de l’ordre de ce qu’il Si la Cour de cassation, qui rendra sa décision le 27 juin, suit la demande de notre envoyé spécial pre le silence sur le sujet en adoptant de sa déposition devant la cour d’as- lui était possible de l’entendre sans de l’avocat général, l’étendue de l’annulation devrait alors être détermi- Monseigneur Pierre Pican, soixan- une déclaration au terme de laquelle sises qui jugeait l’abbé Bissey (Le avoir à le dénoncer. née par la chambre de l’instruction à laquelle sera renvoyé le dossier. te-six ans, évêque de Bayeux et il était reconnu, d’une part, que « les Monde du 6 octobre 2000), Sur ce point, dans son ordonnan- Lisieux (Calvados), devait comparaî- prêtres qui se [rendaient] coupables Mgr Pican, alors témoin, avait ce de renvoi, le juge d’instruction tre, jeudi d’actes à caractère pédophile devai- consenti que « les familles avaient Antoine Brugère a estimé que « les L’école située sur l’ancien site Kodak 14 juin, ent répondre de [leurs] actes devant la pu avoir le sentiment d’être lâchées, entretiens, les relations de René Bis- devant le tribu- justice », et d’autre part, que l’évê- trahies par leur évêque ». « Mais j’as- sey et du père Pican ne pouvaient nal correction- que, dans ces affaires, ne « pouvait ni sume », avait-il dit, provoquant au être marquées du sceau de la confi- à Vincennes transférée en septembre nel de Caen ne voulait rester passif, encore moins cours de son témoignage, par son dence assimilable par la jurispru- pour « non- couvrir des actes délictueux ». mutisme ou de sèches remarques, dence de 1891 au secret profession- DANS un communiqué daté mercredi 13 juin, le maire (RPR) de Vin- dénonciation Saisie en 1998, sur plainte d’une nombre de réactions d’indignation. nel ». « Il y a confrontation entre cennes (Val-de-Marne), Patrick Gérard, annonce « le transfert provisoi- d’atteintes victime, des agissements reprochés à deux exigences, celle d’un éventuel re des activités d’enseignement de l’école maternelle Franklin Roosevelt à PROCÈS sexuelles et l’abbé Bissey, la justice avait été ame- « PRÉVENIR UN SCANDALE » secret professionnel et celle de la pro- la prochaine rentrée ». Cette décision a été prise après la réunion, le mauvais traitements sur mineurs de née à s’intéresser à l’attitude de Pour étayer sa défense au cours tection de l’enfance et de l’adolescen- 8 juin, du comité scientifique mis en place par le ministère de la santé [moins de] quinze ans ». Le prélat Mgr Pican à partir de 1997, date à de l’instruction, le prélat s’est défen- ce », a-t-il relevé, très sévère à pour étudier le lien entre la survenue de sept cas de cancers chez des avait été mis en cause dans l’affaire laquelle il avait été informé par son du sur deux axes. D’une part, il a l’égard de l’évêque, accusé d’avoir, enfants, dont quatre en six ans chez des élèves de l’école, et la fréquen- de l’abbé René Bissey, curé de la vicaire général, le père Michel Mor- fait valoir qu’il méconnaissait l’exac- selon lui, « uniquement agi pour pré- tation de locaux construits sur le site d’une ancienne usine Kodak. «Il paroisse Saint-Paul dans le quartier cel, de ce qu’une mère de famille lui te réalité des actes qu’avait commis venir un scandale ». « La démarche n’y a apparemment, du point de vue des experts et des statisticiens, aucu- du Chemin vert à Caen, que la cour avait rapporté que son fils avait eu l’abbé Bissey, voire l’âge des victi- adoptée, questionne le juge, ne s’ap- ne relation entre la fréquentation de cette école et les pathologies décou- d’assises du Calvados a condamné, des relations sexuelles avec le prêtre. mes. D’autre part, il s’est retranché parente-t-elle pas à un souci de cou- vertes », résumait, mercredi 13 juin, Bernard Kouchner, ministre délé- le 6 octobre 2000, à dix-huit ans de Une fois l’évêque averti, notamment derrière le secret professionnel, vrir les agissements répréhensibles gué à la santé, devant l’Assemblée nationale. Le comité scientifique réclusion criminelle pour « viol et par l’abbé Bissey lui-même, qui reconnu par une vieille jurispru- d’un membre du clergé ? » Une victi- ayant envisagé d’étendre ses investigations à tout le quartier de l’an- agressions sexuelles » sur une dizaine l’avait entretenu de ses « problè- dence de 1891 aux ministres du cul- me de l’abbé Bissey, trois familles, cien site Kodak, la mairie de Vincennes souhaite assurer « la sérénité de jeunes adolescents âgés de douze mes », le prêtre, préservé d’une te en dehors du cadre du secret de ainsi qu’un prêtre qui s’estime per- des études à venir et la tranquillité des enfants scolarisés ». à dix-sept ans. Première judiciaire, dénonciation aux autorités judiciai- la confession. Ainsi sa défense sou- sonnellement atteint dans son hon- symbolique également pour l’Eglise, res, s’était vu conseiller la visite d’un haite-t-elle voir reconnaître à l’hom- neur par l’attitude de l’évêque, se DÉPÊCHES cette mise en cause d’un évêque psychiatre, puis avait été envoyé en me d’Eglise la protection juridique sont constitués partie civile. a JUSTICE : la société ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont- accusé d’inaction coupable à l’égard retraite à Lisieux et dans une maison dont a pu bénéficier, par exemple, Mgr Pican encourt trois ans de pri- Blanc) a été mise en examen, mercredi 13 juin, en tant que personne de faits de pédophilie, avait provo- de repos, puis enfin nommé dans le psychiatre qui a, lui aussi, son et 300 000 francs d’amende. morale, par le juge d’instruction du tribunal de Bonneville (Haute- qué, en novembre 2000, une réac- une autre paroisse, à Mondeville recueilli, en 1997, les confidences Savoie), Franck Guesdon, chargé de l’enquête sur l’incendie qui fit tion de la Conférence des évêques de (Calvados). de l’abbé après s’être assuré auprès Jean-Michel Dumay 39 morts, le 24 mars 1999, dans le tunnel du Mont-Blanc. Il s’agit de la neuvième mise en examen dans cette affaire. a Le tribunal pour enfants de Reims a relaxé, mercredi 13 juin, un adolescent de seize ans dont les dénonciations mensongères avaient Jack Lang renonce à rendre les travaux personnels encadrés obligatoires en terminale provoqué le suicide de son professeur d’éducation physique. Bernard Hanse, 50 ans, enseignant au collège de Montmirail (Marne), s’était LES TRAVAUX personnels enca- s’engager dans un TPE et de présen- nomiques d’un lycée de Tours, les té quand ils sortent du lycée pour donné la mort, le 10 juin 1997, après avoir été accusé de pédophilie. drés (TPE), considérés depuis deux ter ou non le travail effectué comme TPE associent au moins deux pro- conduire une recherche documen- L’adolescent s’était rétracté après le décès du professeur. ans comme la clé de voûte de la épreuve supplémentaire au bacca- fesseurs de disciplines différentes taire, etc. a L’ancien maire socialiste de Néris-les-Bains (Allier), Henri Yer- rénovation pédagogique des lauréat (…), en plus des deux options afin de préparer les élèves, deux mia, 66 ans, a été condamné, mercredi 13 juin, à six mois de prison et lycées, n’auront qu’un caractère facultatives. Seuls les points au-des- heures par semaine et en petits HÉSITATIONS, CONFIRMATION 500 000 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Montluçon optionnel en classe de terminale à sus de la moyenne seront comptabili- groupes, aux méthodes de travail Le SNES a rajouté une autre pour corruption et faux en écritures, dans un dossier de rénovation la rentrée prochaine. Après une sés. » Jack Lang n’a donc pas choisi de l’enseignement supérieur. A par- objection : « Les heures de TPE sont des thermes de la ville. vive discussion à la commission d’en faire une nouvelle épreuve du tir d’une liste de dix-huit thèmes des pertes sèches pour l’apprentissa- a Deux mineurs de 14 et 15 ans ont été mis en examen, mercredi éducation du PS, une pétition baccalauréat, imposée à tous les définie par le ministère (« Repré- ge des disciplines », affirme-t-il. 13 juin, et placé sous contrôle judiciaire, pour non-dénonciation de cri- assassine du SNES et une réunion candidats. « Personne ne m’a senter la guerre » en série L, « Les Nouvelles hésitations, nouvelle me et non-assistance à personne en danger dans l’enquête sur le viol express des « quatorze » partenai- demandé que l’on impose les TPE en élites » en série ES, « Les images » confirmation : en décembre 2000, collectif d’une femme de 35 ans sortant d’un hôpital psychiatrique, le res dits « réformateurs » de l’école, terminale, et personne ne m’a récla- en S, etc.), les élèves mènent un tra- le ministère a maintenu son calen- 12 mai, à Aix-en-Provence. Cela porte à 22 le nombre de mises en exa- le ministère de l’éducation nationa- mé une évaluation au bac dans l’im- vail de recherche documentaire, drier. Depuis, le syndicat a lancé men dans ce dossier. Violée dans un local à poubelles, puis dans une le est donc revenu sur le principe médiat, sauf une partie des élèves débouchant sur un dossier de syn- une pétition exigeant « que soient maison abandonnée, la victime avait été frappée, brûlée avec des ciga- d’une généralisation qu’il avait eux-mêmes », a-t-il déclaré au Mon- thèse et une soutenance orale. restitués les horaires disciplinaires rettes, puis abandonnée en pleine nuit, à demi-nue. annoncée il y a quelques mois. Jack de. « Les TPE seront massivement Expérimentés en première dans amputés par la réforme », « que soit a « VACHE FOLLE » : un agriculteur de Meurthe-et-Moselle, soup- Lang n’a d’ailleurs pas caché son choisis. C’est un pari. » On précise, une centaine de lycées en 1999, les conservé le statut expérimental des çonné d’avoir vendu des bovins issus d’une exploitation meusienne exaspération de voir tant d’émo- dans l’entourage du ministre, qu’il TPE avaient d’abord pâti de l’im- TPE en première » et « que leur touchée par l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), a été mis en tion sur un sujet qui, pourtant, serait trop compliqué – et inhabi- préparation avec laquelle Claude généralisation en terminale ne soit examen, mercredi 13 juin, pour « vente, mise en vente d’animaux selon lui, « n’est pas l’alpha et l’omé- tuel – de changer le règlement Allègre les avait introduits. Ils ont pas décidée sans qu’un bilan sérieux atteints ou soupçonnés d’être atteints d’une maladie contagieuse ». Placé ga de la réforme » éducative… général du bac d’une année sur ensuite failli ne pas survivre au ait été réalisé ». Pour leur part, le en garde à vue, mercredi matin, dans le cadre d’une information judi- Ce nouveau mode d’enseigne- l’autre. départ de leur concepteur. Après SGEN-CFDT et le Syndicat des ciaire ouverte par le parquet de Nancy (Le Monde du 13 juin), il a été ment, pluridisciplinaire et faisant Dans les filières technologiques, de fortes hésitations liées aux diffi- enseignants de l’UNSA ont choisi présenté à un juge d’instruction puis remis en liberté. appel au travail personnel de l’élè- les TPE seront en première « sur la cultés pratiques de leur mise en de plaider l’inverse. « Notre système a SANTÉ : un enfant de quatre ans, domicilié à Maillet (Allier), est ve, a pourtant été adopté par tou- base du volontariat des établisse- œuvre et aux réticences du princi- est organisé par le haut, les compé- décédé d’une méningite à méningocoque B, mardi 12 juin, dans un tes les classes de première S, ES et ments et des équipes pédagogi- pal syndicat du second degré, le tences acquises par les TPE doivent hôpital de Saint-Etienne (Loire). Sa famille, son institutrice, les élèves L cette année et figure désormais ques ». Dans les lycées profession- SNES-FSU, Jack Lang annonçait, le être validées au bac », précise le de son école et des personnes qui avaient pris le car en sa compagnie sur le livret scolaire. En septembre, nels, en revanche, l’équivalent des 27 avril 2000, leur généralisation en SE-UNSA. ont suivi un traitement préventif à base d’antibiotiques. il sera, selon la « circulaire de ren- TPE, les projets pluridisciplinaires classe de première des lycées géné- Avant d’organiser le compromis trée » publiée dans le Bulletin offi- à caractère professionnel, seront raux pour janvier 2001, soit avec d’une option à la rentrée prochai- ciel de l’éducation nationale du jeu- généralisés à partir de 2003. trois mois de retard sur le calen- ne, le ministère a soumis, au cours Une centaine d’intellectuels réclament di 14 juin, reconduit en première et drier prévu. Le nouveau ministre, d’une fin de semaine dernière fébri- « introduit en classe de terminale UNE INNOVATION PÉDAGOGIQUE partisan d’une application «pro- le, les hypothèses les plus diverses (…) selon des modalités souples et Lancés en 1999 par Claude Allè- gressive et méthodique » de la réfor- aux syndicats d’enseignants. L’une la régularisation des sans-papiers progressives construites par les équi- gre, les TPE représentent une inno- me, prévoyait aussi de l’étendre à d’elles, écartée finalement, avait la pes éducatives en fonction des réali- vation pédagogique saluée par une tous les élèves de terminale en sep- préférence de M. Lang : un démar- UNE CENTAINE d’intellectuels, d’artistes, de sportifs et de juristes, aux tés matérielles et pédagogiques de majorité des enseignants. « Compa- tembre 2001. Sur le terrain, les rage des TPE en seconde, pour côtés de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et du MRAP, viennent de chaque établissement ». Les lycées raison des krachs boursiers de 1929 enseignants ont cependant rencon- déboucher sur une épreuve antici- signer un appel demandant la régularisation des étrangers sans-papiers. recevront les dotations nécessaires et 1987 », « la ségrégation sociale et tré des obstacles : difficultés à bâtir pée en première. De quoi déminer Estimant insuffisantes l’opération de régularisation décidée en 1997 et la pour payer les professeurs en heu- spatiale dans les villes des pays indus- les emplois du temps, saturation l’épineux débat sur le baccalauréat. réforme de la loi sur l’immigration, les signataires, parmi lesquels la navi- res supplémentaires. « A titre transi- trialisés : le cas de Saint-Pierre-des- des centres de documentation des gatrice Isabelle Autissier, l’écrivain Dan Franck ou le compositeur Pierre toire, et pour la seule année Corps » : à l’image de ces deux lycées, manque de locaux pour fai- Nathalie Guibert Boulez, appellent à « la régularisation des sans-papiers » avant les pro- 2001-2002, précise la circulaire, les exemples, choisis par des ensei- re travailler les élèves en petits chaines élections législatives et présidentielle, afin de « restituer à ceux élèves pourront choisir ou non de gnants d’histoire et de sciences éco- groupes, problème de responsabili- f www.lemonde.fr/education qui vivent en France leur dignité en reconnaissant leur existence légale ». 14 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 Les écarts économiques se creusent entre l’Ile-de-France et les autres régions Les indicateurs fournis par l’Insee et rassemblés par « Le Monde » montrent qu’entre 1982 et 1996, malgré la décentralisation, la prééminence francilienne s’est accrue. En revanche, les inégalités entre les autres régions sont restées stables ou ont légèrement diminué

LES DÉPUTÉS ont commencé, En quatorze ans, la hiérarchie des richesses et des revenus n'a pas été bouleversée d’atténuateur des inégalités régio- mercredi 13 juin, l’examen du pro- nales. Le resserrement entre Ile-de- jet de loi sur la démocratie de PIB RÉGIONAUX PAR HABITANT REVENU DISPONIBLE BRUT PAR HABITANT France et régions s’est en effet proximité qui, par le biais d’amen- 1996 RAPPORT ENTRE LES RÉGIONS1996 RAPPORT ENTRE LES RÉGIONS principalement opéré au travers dements du gouvernement, consti- en francs 1996 1982 en francs 1996 1982 des retraites. Les régions âgées ou tuera en fait une nouvelle étape de ILE-DE FRANCE 207 278 1 1 ILE-DE FRANCE 110 841 1 1 en difficulté économique effec- la décentralisation, avec le trans- HAUTE-NORMANDIE 137 351 0,66 0,73 ALSACE 97 108 0,87 0,83 tuent ainsi leur rattrapage sur des fert de compétences supplémentai- ALSACE 136 312 0,65 0,68 AQUITAINE 95 070 0,85 0,75 régions où les revenus du travail res aux régions (Le Monde du sont plus importants. RHÔNE-ALPES 130 178 0,62 0,67 PACA 93 779 0,84 0,77 8 juin). Le débat sur la décentralisation CHAMPAGNE-ARDENNE 122 015 0,58 0,66 BRETAGNE 92 749 0,83 0,74 HIÉRARCHIE DE LA RICHESSE est ainsi rouvert. Parmi les criti- FRANCHE-COMTÉ 120 172 0,57 0,57 CHAMPAGNE-ARDENNE 92 358 0,83 0,81 Tandis que les écarts se creusent ques adressées à cette réforme, AQUITAINE 119 828 0,57 0,63 BOURGOGNE 92 261 0,83 0,76 avec l’Ile-de-France pour l’activité entamée avec l’arrivée de la gau- PACA 119 211 0,57 0,65 AUVERGNE 92 046 0,83 0,73 économique, tous les indicateurs che au pouvoir en 1981, figure la CENTRE 118 660 0,57 0,63 CENTRE 91 636 0,82 0,77 montrent une stabilité ou une question des inégalités régionales : réduction des inégalités entre les PAYS-DE-LA-LOIRE 118 104 0,56 0,6 MIDI-PYRÉNÉES 91 579 0,82 0,72 beaucoup d’élus et d’observateurs vingt et une autres régions. Ainsi, BOURGOGNE 117 220 0,56 0,61 RHÔNE-ALPES 90 961 0,82 0,76 ont le sentiment que ces inégalités pour le PIB par habitant, entre la se sont accrues, depuis le début BASSE-NORMANDIE 115 300 0,55 0,54 LIMOUSIN 90 590 0,81 0,74 plus riche (la Haute-Normandie) des années 1980. L’absence d’indi- LORRAINE 114 976 0,55 0,59 HAUTE-NORMANDIE 89 859 0,81 0,74 et la plus pauvre (le Limousin en cateurs synthétiques permettant MIDI-PYRÉNÉES 113 068 0,54 0,56 BASSE-NORMANDIE 88 940 0,80 0,71 1982, le Languedoc-Roussillon en de chiffrer ces inégalités de façon BRETAGNE 111 964 0,54 0,56 PAYS-DE-LA-LOIRE 88 440 0,79 0,74 1996), le rapport, de 1 à 0,74 en indiscutable entretient l’incertitu- NORD-PAS-DE-CALAIS 110 783 0,53 0,57 FRANCHE-COMTÉ 88 113 0,79 0,71 1982, est passé à 1 à 0,72 en 1996. de. En comparant plusieurs indica- Entre la Haute-Normandie et la PICARDIE 109 835 0,52 0,58 CORSE 88 092 0,79 0,68 teurs fournis par l’Insee, et en région qui la suit immédiatement 108 501 0,52 0,54 87 573 0,79 0,73 nous limitant aux seules régions AUVERGNE LANGUEDOC-ROUSSILLON en termes de richesse (Rhône- métropolitaines, nous avons tenté POITOU-CHARENTES 108 006 0,52 0,54 LORRAINE 87 444 0,78 0,74 Alpes en 1982, Alsace en 1996), d’approcher au plus près ces réali- CORSE 106 350 0,51 0,54 POITOU-CHARENTES 87 293 0,78 0,72 l’écart passe de 0,92 à 0,99. Pour tés. LIMOUSIN 105 392 0,50 0,53 PICARDIE 83 608 0,75 0,70 les PIB régionaux par emploi, Les indicateurs régionaux étu- LANGUEDOC-ROUSSILLON 101 553 0,48 0,54 NORD-PAS-DE-CALAIS 81 264 0,73 0,71 l’écart se réduit pour la plupart des diés sont les suivants : produit inté- Source : INSEE régions, il n’augmente, très légère- rieur brut (PIB) par habitant et par ment, que pour les trois moins acti- emploi – le premier, schématique- pour les PIB régionaux par habi- de chômage supérieur à celui de mais plutôt comme le reflet d’un ses – à la région la plus pau- ves. Le revenu disponible brut par ment, mesure la production globa- tant – mesure la plus communé- l’Ile-de-France. Il convient d’inter- déclin démographique. vre – de 68 %. En 1996, ces chiffres habitant montre un léger resserre- le de richesse, le second la « pro- ment utilisée en France comme en préter ces chiffres avec prudence : Le revenu disponible brut par ont atteint 87 % et 73 % (pour le ment de l’écart entre la région la ductivité » de l’économie –, reve- Europe –, le PIB de la région la les régions économiquement dyna- habitant, étudié entre 1982 et Nord - Pas-de-Calais) des revenus plus riche (l’Alsace) et les plus pau- nu disponible brut par habi- plus riche (Haute-Normandie) miques « attirent » les chômeurs 1996, montre, contrairement aux des Franciliens. Même si la réparti- vres (la Corse en 1982, le tant – qui mesure la somme res- représentait 72 % de celui de l’Ile- en quête d’emploi. Elles affichent mesures de richesse économique, tion du revenu global sur le territoi- Nord - Pas-de-Calais en 1996). En tant à la disposition des ménages de-France en 1982, seulement logiquement un taux de chômage un resserrement des écarts entre re n’a pas beaucoup évolué – l’Ile- revanche, les inégalités face au pour consommer et épargner, une 66 % en 1996. La région la plus pau- plus élevé que des régions qui per- l’Ile-de-France et les vingt et une de-France conserve une large préé- chômage s’accroissent fortement : fois payés les impôts et les cotisa- vre – le Limousin en 1982, le Lan- dent des habitants. Le faible taux autres régions. Les Alsaciens – minence –, cet indicateur montre de 1 à 1,75 entre la région la moins tions sociales – et taux de chôma- guedoc-Roussillon en 1996 – est de chômage du Limousin ne peut dont la région est la plus riche – que la redistribution des richesses touchée et la plus touchée en 1982, ge. Nous avons étudié les indica- passée de 53 % à 49 % du PIB fran- donc être considéré comme un disposaient en 1982 de 83 % du au niveau national, par le biais des le rapport est de 1 à 2,28 en 1996. teurs de 1982 et 1996 : les bases de cilien par habitant. Les écarts se signe de bonne santé économique, revenu des Franciliens, et les Cor- prestations sociales, joue son rôle De 1982 à 1996, peu de choses calcul ont depuis été modifiées sont également accrus pour le PIB ont finalement changé : « De vrais afin de permettre des comparai- régional par habitant. écarts entre régions existent, mais le sons internationales. Jean-Philippe Grouthier, chef paysage général n’a pas été boule- La conclusion est double : mal- adjoint du bureau des statistiques La moitié du secteur informatique en Ile-de-France versé », affirme M. Grouthier. La gré la décentralisation, malgré la régionales, locales et urbaines de hiérarchie de la richesse n’a pas poursuite de l’effort d’aménage- l’Insee, confirme le renforcement L’ESSOR des nouvelles technologies de l’informa- général très petites – c’est notamment le cas de nom- été profondément modifiée. Hau- ment du territoire, l’écart économi- de la prééminence francilienne : tion et de la communication (NTIC) a contribué à ren- breuses sociétés de services d’ingénierie et d’informa- te-Normandie, Rhône-Alpes, Alsa- que entre l’Ile-de-France et le res- « Pour les fonctions stratégiques, le forcer le poids économique de l’Ile-de-France. C’est tique (SSII) – et n’emploient que de faibles effectifs, ce, Champagne-Ardenne : les qua- te du territoire ne fait que s’accroî- poids de l’Ile-de-France augmente. ce qu’indique l’Insee-Ile-de-France, qui souligne, dans mais elles ont un poids économique important. Néan- tre plus gros PIB par habitant en tre, même si d’autres indicateurs Une entreprise, pour s’implanter, a un article de sa revue Regards (numéro 50) : « Le sec- moins, 80 % des effectifs salariés sont concentrés dans 1982 sont les mêmes en 1996. Les montrent qu’un rééquilibrage s’est besoin d’un marché du travail, teur des activités informatiques est une spécialisation 25 % des entreprises. L’Insee ajoute que 60,5 % de la plus faibles restent l’Auvergne, Poi- produit en termes d’équipements d’une masse de gens disponibles. Le très marquée du système productif francilien (…) La ven- valeur ajoutée, en Ile-de-France, était dégagée, en tou-Charentes, le Limousin. Les (Le Monde du 20 janvier). Mais les discours sur les start-up qui s’instal- tilation géographique des entreprises informatiques révè- 1997, par des entreprises de plus de 50 salariés. régions où le chômage est le plus critiques adressées à la décentrali- lent dans l’Ardèche est faux. Ce qui le le poids prépondérant de l’Ile-de-France », où ce sec- élevé restent Languedoc-Rous- sation, sur l’accentuation des n’empêche pas une spécialisation teur, de 1993 à 2000, a connu une croissance de 8,3 % CONCLUSIONS SIMILAIRES sillon, Nord - Pas-de-Calais, PACA égoïsmes locaux et des inégalités, des espaces. Pour les entreprises qui par an du nombre d’entreprises. Dans une étude sur la Géographie de l’emploi et Haute-Normandie. En termes ne semblent pas fondées à la lumiè- ont besoin de beaucoup de main- La région accueille ainsi la moitié des entreprises de publiée en septembre 2000, l’Institut d’aménagement de revenus, les régions les plus re des chiffres de l’Insee, au moins d’œuvre peu qualifiée, il est plus métropole du secteur, avec en 2000, 15 831 entrepri- et d’urbanisme de la région d’Ile-de-France (Iaurif) riches (Alsace, PACA, dans une à l’échelon des régions : en met- avantageux de s’installer en ses, soit 50,7 % du total, même si les grands groupes parvient à des conclusions similaires. Selon l’Iaurif, les moindre mesure Champagne- tant de côté le cas particulier de province. » ont d’importants centres de production dans les activités informatiques employaient dans la région, en Ardenne) conservent leur rang. La l’Ile-de-France, ces indicateurs régions, comme Hewlett-Packard à Grenoble et NEC 1998, 112 500 salariés : « La région capitale tient une hiérarchie des plus pauvres n’est montrent que, un peu plus de dix L’INFLUENCE DE LA DÉMOGRAPHIE à Angers. L’institut explique cette concentration en Ile- place privilégiée en France puisque plus d’un salarié sur pas non plus bouleversée. ans après l’entrée en vigueur effec- La comparaison des taux de chô- de-France par la « présence importante de services », deux du secteur y travaille. » Le « conseil en systèmes tive des lois de décentralisation, mage montre, en revanche, une l’« accès à un marché de travailleurs qualifiés » et la informatiques » et la « réalisation de logiciels » sont Jean-Louis Andreani les inégalités entre régions sont légère amélioration du sort des « présence de sièges sociaux ». Ces entreprises sont en les deux principaux employeurs. et Gaëlle Dupont restées stables, voire se sont légè- régions : en 1982, seules deux rement réduites. régions métropolitaines avaient Les indicateurs économiques un taux de chômage inférieur à prouvent en effet que l’avance de celui de l’Ile-de-France. Elles La Haute-Normandie, ou les apparences de la richesse l’Ile-de-France sur les autres étaient cinq en 1996. Les trois régions françaises a fortement aug- quarts des régions françaises con- ROUEN pourtant très proches, où prédomi- fonds structurels. « Culturellement, lopper. « Il ne faut pas baisser la gar- menté entre 1982 et 1996. Ainsi, servent donc, malgré tout, un taux de notre correspondant nent les activités industrielles lour- on demandait trop peu », reconnaît de », résume M. Gambier. Le direc- « L’image d’une région riche est des et portuaires. Le classement de encore M. Gambier, en soulevant teur de l’agence régionale de déve- trompeuse. » Cette dénégation, mil- la Haute-Normandie pour le reve- la question de la formation initiale, loppement, Philippe Chataignier, le fois entendue, sur la réalité éco- nu moyen par habitant est la consé- trop vite abandonnée par les jeu- considère pour sa part que cette nomique et sociale de la Haute- quence du chômage et du nombre nes en période de plein-emploi. La image déformée relève aussi de la Normandie et de ses deux départe- de titulaires du RMI, avec, là enco- Haute-Normandie a ainsi accumu- responsabilité directe des Haut- ments, Seine-Maritime et Eure, re, des disparités à l’intérieur lé des retards en termes de dota- Normands, trop timorés pour van- résume l’état d’esprit dans lequel même de la région : en Seine-Mari- tions pour l’enseignement, la ter les mérites d’une région « très ses responsables, en particulier les time, où vivent les deux tiers du recherche et la santé. largement ouverte sur les hautes élus, abordent des négociations 1,8 million de Haut-Normands, le La proximité parisienne a para- technologies : l’aérospatiale, l’auto- avec les pouvoirs centraux pour revenu net moyen imposable est doxalement accentué ces retards, mobile, la pharmacie ». élaborer un programme régional inférieur de plus de 1 000 francs à comme ce fut le cas pour l’universi- ou un contrat de plan. Alain Le la moyenne régionale. té de Rouen, qui a tardé à se déve- Etienne Banzet Vern, président (PS) de la région, comme ses prédécesseurs de droi- ACCUMULATION DES RETARDS te depuis trente ans, connaissent Le haut niveau du PIB régional par cœur le classement des est la conséquence directe de la Ille-et-Vilaine : la qualité régions françaises. présence des industries pétrolières Si l’on écarte l’Ile-de-France du (raffinage), chimiques, automobi- classement, la Haute-Normandie les. Mais 56 % des effectifs indus- de l’eau en question est toujours en tête des régions triels dépendent de centres de déci- françaises pour le produit intérieur sion externes à la région comme LA MISSION dépêchée en Bretagne par les ministères de l’agriculture et brut (PIB), que ce soit par emploi Renault, TotalFinaElf, Aventis, de l’environnement pour répondre au travail du militant écologiste Jean- ou par habitant. Mais deux indica- Exxon, Glaxo, Pasteur, Snecma. François Piquot, qui avait dénoncé, dans un ouvrage argumenté, les dys- teurs sociaux ramènent la région à « Nous produisons de la richesse, fonctionnements du conseil départemental d’hygiène (CDH) d’Ille-et- des niveaux beaucoup plus modes- mais nous ne sommes pas pour Vilaine (Le Monde du 16 mai), vient de rendre ses conclusions. Souli- tes, révélateurs de lourds handi- autant riches, parce que la valeur gnant la piètre qualité de l’eau dans le département, les inspecteurs arri- caps. Le calcul du revenu moyen ajoutée part ailleurs », souligne vent, eux aussi, à la conclusion que le CDH, qui autorise la création ou par habitant place toujours la Hau- Dominique Gambier, vice-prési- l’extension d’exploitations agricoles classées, doit se réformer : il lui faut te-Normandie en milieu de dent (PS) du conseil régional, qui, redevenir « un lieu de débat », et ne plus se préoccuper que du « respect tableau. Le taux de chômage comme d’autres, s’inquiète que la de la seule procédure ». En outre, dans un département où l’excédent demeure supérieur, d’environ Haute-Normandie ne soit pas vrai- d’azote est estimé à au moins 30 000 tonnes par an, « une prise en compte 2 points, à la moyenne nationale et ment maîtresse de son destin éco- de l’agronomie et du respect du sol par les éleveurs est essentielle ». Les ins- la Haute-Normandie ne quitte pas nomique : la priorité est donc le pecteurs plaident pour des créations de postes de contrôleur et évoquent le 18e rang des vingt-deux régions soutien au développement endogè- d’éventuelles « sanctions pénales » pour leur donner quelque « crédibili- métropolitaines. ne d’un tissu de petites et moyen- té ». – (Corresp. rég.) Encore faut-il prendre en compte nes entreprises, appuyées sur les l’influence directe de la région pari- grands groupes. DÉPÊCHE sienne sur le taux de chômage haut- L’effet déformant d’un PIB élevé a LANGUEDOC-ROUSSILLON : le conseil régional du Languedoc-Rous- normand, avec des écarts allant jus- a longtemps pénalisé la Haute-Nor- sillon souhaite développer la culture du soja non OGM. Il compte remet- qu’à 6 points entre les zones d’em- mandie dans ses rapports avec tre en culture les 120 000 hectares actuellement gelés par les primes ver- ploi sous l’influence francilienne et l’Etat français, et maintenant avec sées, dans les années 1980, pour l’arrachage des vignes. celles du littoral de la Manche, l’Europe pour l’attribution des CARNET LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 15

DISPARITIONS NOMINATIONS Sont promus : générale de divi- sion aérienne, la générale de briga- DÉFENSE de aérienne Colette Moulin, épou- Le conseil des ministres de mer- se Giacometti ; général de brigade credi 13 juin a approuvé les promo- aérienne, les colonels Jean Bache- Jean-Marc Théolleyre tions et nominations suivantes lard (nommé adjoint « opéra- dans les armées : tions » du commandement de la b Terre. Sont nommés : com- défense aérienne et des opérations Quarante ans de chronique judiciaire au « Monde » mandant de la force d’action ter- aériennes) et Jean-Romuald restre, le général de corps d’armée Robert (nommé adjoint CHRONIQUEUR judiciaire et les uns après les autres, à un jeune Jean-Claude Lafourcade ; inspec- « emploi » du commandement de figure historique de la rédaction confrère qui allait les dicter à la teur de la défense opérationnelle la force aérienne de combat). du Monde, Jean-Marc Théolleyre cabine téléphonique de la salle de du territoire, le général de division Sont nommés : adjoint au chef est mort mardi 12 juin au matin, à presse du Palais. Il était tout à la Pierre Lang ; directeur adjoint de de l’état-major interarmées de pla- Noisy-le-Grand (Seine-Saint- fois le scribe scrupuleux et l’obser- la direction centrale du matériel, le nification opérationnelle, le géné- Denis), à l’âge de soixante-seize vateur impartial, l’œil et l’oreille général de division Jean-Marc ral de brigade aérienne Robert ans. « Mes forces me quittent », du lecteur. Renucci ; commandant supérieur Gosset ; commandant la zone avait-il simplement confié quel- Le Palais, cet univers feutré où des forces armées dans la zone sud aérienne de défense sud, le géné- ques jours auparavant. « Théo », se nouent et dénouent tant de dra- de l’océan Indien, le général de bri- ral de brigade aérienne Charles ainsi l’appelions-nous, s’ennuyait mes intimes, où se croisent magis- gade Roger Duburg ; comman- Ricour ; commandant de l’école depuis trop longtemps – une trats et avocats, le respectait infini- dant supérieur des forces armées de l’air et de l’école militaire de bonne dizaine d’années – des ment. D’autres confrères illustres de la Nouvelle-Calédonie, le géné- l’air, le général de brigade aérien- prétoires et des palais de justice, comme Jean Laborde pour L’Auro- ral de brigade Pierre de Saqui de ne Bernard Molard. où il avait campé depuis 1945 pres- re, James de Coquet et Pierre Sannes ; inspecteur de la fonction b Marine. Est promu vice-ami- que sans repos. Avec un mélange Macaigne pour Le Figaro, Frédéric « logistique-formation » à l’inspec- ral, le contre-amiral Jean-Fran- de ferveur et de pudeur, de curio- Pottecher pour la radio, s’affir- tion de l’armée de terre, le général çois Cot, nommé chargé de mis- sité et de distance. maient et brillaient. Lui serrait son de brigade Jack Desbordes ; sion auprès du chef d’état-major Une bienveillance passée de style, polissant ses phrases au plus adjoint territorial au général gou- de la marine. mode flottait dans son regard. Per- près de l’audience, régnant en verneur militaire de Paris, com- Sont nommés : inspecteur des sonne ne pouvait deviner derrière silence sur ce monde clos. Il était mandant la région terre Ile-de- forces maritimes et des réserves, le son humeur égale teintée de LA référence. France, le général de brigade vice-amiral Pierre Sabatié- mélancolie sa jeunesse héroïque. Alain Le Goff ; directeur des étu- Garat ; adjoint organique au com- Il ne l’évoquait pas, ou si peu. PRIX ALBERT-LONDRES des du Centre des hautes études mandement de la force d’action Encore lycéen, catholique, il avait Ses confrères lui avaient décer- militaires, le général de brigade navale, le contre-amiral Pascal rejoint un réseau de la Résistance né, en 1959, le prix Albert-Lon- Jean-Claude Beyer ; sous-direc- Durieux. et servait de « courrier » dans la dres, notamment pour ses rela- teur à la direction centrale des télé- b Gendarmerie. Sont promus région de Toulouse. Arrêté par la tions du procès de Marie Besnard, communications et de l’informati- général de brigade, les colonels Gestapo, il était parvenu à ne pas accusée d’avoir empoisonné à l’ar- que, le général de brigade Gérard Yves Quentel (nommé inspecteur parler sous la torture, dont ses senic dix de ses parents et deux voi- Rose ; chargé de mission auprès technique de la gendarmerie) et phalanges gardaient la trace. Il sins. Presque trente ans plus tard, du chef d’état-major de l’armée de Luc Lacroix (nommé chargé de s’était retrouvé au camp de en 1987, lors du procès du SS terre, le général de brigade Ber- mission auprès du chef d’état- concentration de Buchenwald. Klaus Barbie, qui devait durer nard Féron ; chef de la division major des armées). A vingt ans, rescapé de la deux mois, il était toujours celui « soutien » de l’état-major du Sont nommés : commandant de guerre, ce provincial – il était né à vers lequel on se tourne pour général gouverneur militaire de la région de gendarmerie Ouest, le Lyon le 31 juillet 1924 – avait demander son avis, un conseil. Et Paris, commandant la région terre général de brigade Jean-Louis frappé à la porte du Monde. Rémy sur l’Occupation, on le découvrait Ile-de-France, le général de briga- Fournaise ; chargé de mission Roure, éditorialiste politique, son plus clément que ses cadets, plus de Jacques Doireau ; chef de la auprès du directeur général de la aîné rencontré à Buchenwald, serein aussi. division « activités » de l’état- gendarmerie, le général de brigade l’avait accueilli et présenté au Il savait. Il avait connu cette major du général gouverneur mili- Claude Lepetit ; sous-directeur directeur, Hubert Beuve-Méry. Le « période qui fut davantage sujet de taire de Lyon, commandant la des opérations, adjoint au chef du jugement fut sans appel : «Ilale douleur que de gloire, d’amertume région terre Sud-Est, le général de service des opérations et de l’em- vibrato. » que de délices, de chagrin que de brigade Michel Klein ; adjoint au ploi à la direction générale de la Le voilà journaliste, sans exa- fierté ». Ce sont ses mots. Sa foi lui général commandant l’état-major gendarmerie, le général de brigade PHOTO ANTONIO PAGNOTTA men de passage. Son goût des interdisait tout sentiment de revan- de force n˚ 3 à Marseille, le géné- Guy Parayre ; commandant de livres, sa fréquentation quotidien- « Théo » à son bureau du « Monde », rue des Italiens. che. Il était austère et doux. ral de brigade Henri Pélissier ; l’école des officiers de la gendar- ne des Mémoires d’outre-tombe de commandant de la 3e brigade merie, le général de brigade Chateaubriand lui serviront de for- Des procès de la collaboration vé pour traverser la capitale et Laurent Greilsamer mécanisée, le général de brigade Gérard Rémy ; sous-directeur du mation permanente. Il sera chroni- aux procès des faits divers retentis- déposer sa copie dans la boîte aux Emmanuel de Richoufftz de personnel à la direction générale queur judiciaire au long cours, sants, il couvrait tout. L’audience lettres du Monde, rue des Italiens. [Jean-Marc Théolleyre a symbolisé et Manin. de la gendarmerie, le général de rigoureux comme on ne l’est plus, à peine terminée, il se réfugiait Grande époque. Un compte-ren- symbolisera encore longtemps l’honneur Sont promus : général de divi- brigade Denis Touverey. aussi attentif à suivre et noter les dans sa chambre d’hôtel pour écri- du judiciaire pouvait occuper dans d’une génération de journalistes. Il incar- sion, les généraux de brigade b Service de santé. Est promu longs développements juridiques re puis dicter à une sténo son arti- les grandes occasions deux pleines nait pour nous la vertu, la modestie et le Alain Richard, Bernard Grail, médecin général, le médecin chef que prompt à enregistrer sur ses cle au milieu de la nuit. S’il était à pages du journal. Il arrivait que courage. Le Monde présente à son fils Domi- Jean Novacq et Jean-Louis Claude Kalfon, nommé directeur carnets les échanges les plus vifs. Paris, il enfourchait sa bicyclette Théo écrivît sur ses genoux durant nique et à ses proches ses plus sincères Sublet ; général de brigade, les du service de santé en région Jamais pris en défaut. une fois l’exercice d’écriture ache- l’audience et confie ses feuillets, condoléances. – J.-M. C.] colonels Xavier Bout de Marn- aérienne sud. hac, Bernard Périco (nommé b Armement. Sont promus : chef de la division « activités » de ingénieur général de première clas- l’état-major du général comman- se, l’ingénieur général de deuxiè- « Son article fera foi » dant la région terre Sud-Ouest), me classe François Fayard ; ingé- Alain Bidard (nommé comman- nieur général de deuxième classe, C’ÉTAIT lors d’un procès fleuve des port avec la décolonisation : les « fuites », Ben « fuites », enquête sur les « néo-nazis » (1982), dant la 9e brigade légère blindée les ingénieurs en chef Jacques années 1960. La greffière avait du mal à retrou- Barka, Salan, putsch des généraux. L’époque recension des procès d’après-guerre (1986), de marine), Bernard Ratel (nom- Figuet, Hervé Guillou, Henri de ver trace d’un incident d’audience. Le président était aussi riche en crimes passionnels qu’en essai sur quarante-cinq ans de l’institution judi- mé chef d’état-major de l’état- Bronac de Bougainville et Syl- s’est tourné vers le ministère public et les parties. débats politiques : Marie Besnard, Pauline ciaire (L’Accusée, Robert Laffont, 1991). major interarmées de planification vain Bonleux. « Convenons, a-t-il proposé, que l’article de Dubuisson, Dominici, Fesch. Sa sensibilité litté- Sa passion du vélo l’a conduit à suivre deux opérationnelle), Jean-Loup Chi- M. Théolleyre fera foi ! » raire l’aidait à suggérer les arrière-plans romanes- Tours de France, au début et à la fin de sa vie nouilh (nommé gouverneur mili- Celui que nous appelions tous « Théo » est res- ques des drames de droit commun, sans leur professionnelle (1952, 1989). En 1972, le prix taire de Strasbourg, commandant JOURNAL OFFICIEL té penché sur son cahier de notes avec la concen- sacrifier les méandres des procédures. Albert-Londres récompensa son talent apte à la brigade du génie) et Richard tration de premier de classe que les prétoires ont tous les genres de la profession. Il a longtemps Agnus (directeur régional du maté- Au Journal officiel du dimanche bien connue durant plus de quarante ans. Il ne REGARD DE JUSTE SUR LA JUSTICE présidé l’association de la presse judiciaire et riel en région terre Nord-Est) ; 10 juin sont publiés : serait pas dit que le compliment suprême et sans Il n’était pas rare que « le Théo » occupe cha- participé aux instances de la société des rédac- commissaire général de division, b Administration : deux décrets précédent du magistrat ébranlerait son sérieux que jour une ou deux pages du journal. Les teurs du Monde. Mais c’est au travail, terrible- le commissaire général de brigade d’application de la loi du 12 avril – si constant que ses notes servaient souvent de secrétaires de rédaction peinaient à couper, ment astreignant et exposé, du compte rendu Pierre Fossey, nommé directeur 2000 relative aux droits des références aux confrères – et sa modestie. tant ils prenaient intérêt à découvrir la copie, d’audience qu’il aura épanoui ses qualités, rare- régional du commissariat en citoyens dans leurs relations avec Entré au Monde dès 1945, Jean-Marc comme on dévore un feuilleton. A force de pré- ment réunies, de méticulosité, d’effacement région terre Nord-Est ; commissai- les administrations. Théolleyre a aussitôt rendu compte des procès. cision, sans s’y perdre ni nous y perdre, le chro- derrière le sujet traité, de discrète compassion. re général de brigade, le commis- b IHEDN : un arrêté portant dési- Malgré de brefs détours, vers 1960, par le reporta- niqueur donnait à son compte rendu une cohé- Il y avait de la pureté d’enfance chez ce mania- saire colonel Alain Bourrier, nom- gnation des auditeurs de la 54e ses- ge au Figaro littéraire,àParis jour, puis un séjour rence, un rythme, qui décourageaient les coups que de l’exactitude, et une délicatesse telle que mé directeur régional du commis- sion nationale de l’Institut des hau- à Lyon comme correspondant régional (1972) et de ciseaux. Tout en taisant ses réactions person- la perte de son épouse, il y a trois ans, l’avait sariat en région terre Sud-Ouest. tes études de défense nationale la responsabilité des informations générales nelles, l’auteur laissait percevoir une sorte de jeté dans un désespoir sans limite, sous le pau- b Air. Est élevé au rang et à l’ap- (cycle 2001-2002). (1987), c’est comme chroniqueur d’audience, et tendresse blessée, une allergie aux petits cynis- vre sourire. pellation de général de corps b CSA : plusieurs décisions du dans ces colonnes, qu’il se sera senti le plus à mes que favorise la fréquentation quotidienne … « L’article de Théolleyre servira de référen- aérien, le général de division Conseil supérieur de l’audiovisuel l’aise, dans son élément, en accord avec sa voca- du drame. ce », fut-il décidé unanimement un jour au aérienne Jean-François Louvion, portant reconduction d’autorisa- tion profonde. Cette assiduité au Palais a fait de Hostile à la peine capitale (il plaida contre Palais de justice. Longtemps encore, « “ Théo ” nommé directeur de l’Institut des tions d’exploiter des services de lui le témoin numéro un des épilogues judiciaires elle dans un livre de 1978), on a pu le voir se fera foi » pour les historiens, après avoir hono- hautes études de défense nationa- radiodiffusion sonore par voie hert- des grandes crises nationales. détourner, en larmes, à l’annonce de certains ré notre métier, et nous servira de modèle. le, directeur de l’enseignement zienne terrestre en modulation de A peine clos les dossiers de la Résistance et de arrêts de mort. D’autres ouvrages ont prolongé militaire supérieur et du Centre fréquence dans les régions Centre la collaboration, sont venues les affaires en rap- son regard de juste sur la justice : procès dit des Bertrand Poirot-Delpech des hautes études militaires. et Poitou-Charentes.

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AU CARNET DU « MONDE » –Mme Yvette Contensou, – Claudine Fabre-Julliot, – Myriam Coulon et Agnès Flavian, – Le 14 juin 2000, son épouse, son épouse, ses filles, Diplômes Jacques et Christine, Martine, Bruno, Fanny Julliot-Gasparov, Serge et Thierry, Jean-Marc LECCIA, Ecole HEC Naissances ses enfants, sa fille, ses gendres, rédacteur en chef, Liste du Président Antoine, Marie et Lise, Anton Gasparov, Sarah, Fanny, Sacha et Anne, conscience morale Mimi LUMBROSO, ses petits-enfants, Simonne, Claude, Sames, Pierre son petit-fils, ses petits-enfants, et intelligence lumineuse Les étudiants dont les noms suivent Ses sœurs, belles-sœurs, beaux-frères, Et les familles Julliot, Gasparov, Jean Mouchnino, ont la très grande joie d'annoncer la Ses neveux et nièces, de France 3 Corse, ont été sélectionnés parmi naissance de leur arrière-petit-fils et Fabre, Milhem et Farcy, son frère, les 367 diplômés HEC Parents et alliés, ont la douleur de faire part du décès de Mireille, petit-fils, ont la douleur de faire part du décès de nous quittait. de la promotion 2000, pour sa belle-sœur, l'excellence des résultats académiques André JULLIOT, Alfred, Bernard CONTENSOU, Claire et Hélène, Il avait quarante-trois ans. qu'ils ont obtenus leurs enfants, pendant l'ensemble de leur scolarité : survenu le 6 juin 2001. le 7 juin 2001. survenu le 12 juin 2001. Et toute la famille, Il nous manque cruellement. ont la douleur de faire part du décès de Juliette Balsen, chez Les obsèques ont été célébrées dans la La cérémonie religieuse sera célébrée Ses amis. Jérôme Bouchard, Sophie SICSIC le vendredi 15 juin, à 11 heures, en plus stricte intimité familiale au Michel MOUCHNINO, Gontran Duchesne, et l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur- cimetière du Père-Lachaise, à Paris, le Aurore Girsault, Yves TOUGARD. Seine, 90, avenue Achille-Peretti. 13 juin 2001. survenu le 11 juin 2001, à Menton. Avis de messe Yacine Ouazzani. 25, rue du Repos, L'inhumation aura lieu le samedi Cet avis tient lieu de faire-part. L'inhumation a eu lieu au cimetière – Une messe sera célébrée à la Nous leur adressons nos très vives 75020 Paris. 16 juin, à 11 heures, au cimetière Saint- israélite de Sarrebourg (Moselle), ce mémoire de félicitations. Gervais de Lectoure (Gers). 60 bis, rue des Peupliers, jeudi 14 juin, à 15 heures. 92100 Boulogne-Billancourt. Anniversaires de naissance M. Philippe BRUNEAU, Cet avis tient lieu de faire-part. Ni fleurs ni couronnes. professeur émérite Formations – Marseille, 13 juin 2001. me d'archéologie grecque en Sorbonne, 54, rue Perronet, – M. et M Pierre-Emmanuel Maire, Ecole doctorale de Sciences-Po Paris 92200 Neuilly-sur-Seine. Pierre-Bertalan, Julia et Clara, – François Pauli DEA de SOCIOLOGIE Fernand, le mardi 19 juin 2001, à 15h 30, en M. Frédéric Maire, et Sophie Tandonnet, Camille, Justine, Louise et Paul, l'église Saint-Germain-des-Prés. soixante-dix ans ! Gilles Pauli, Marion Pauli La filière – Le directeur de l'Institut du Monde Ses enfants et petits-enfants, Sociologie des sociétés contemporaines Anglophone, et Emmanuel Monnet, Toujours vaillant. ont la douleur de faire part du décès de ses enfants, Ses collègues, Colloques vous propose : Et ses amis, me Armelle Cressard, Bon anniversaire. M Gérard MAIRE, sa compagne, OSE - Œuvre de secours aux enfants - une analyse sociologique des ont la tristesse d'apprendre la disparition née Réjane DANJEAN, de Ainsi que ses enfants, Gwenola, COLLOQUE JUSTIN GODART : transformations de la structure, des Simone Guilhem, Justine Dhaïs. Christophe et Marion Lorsignol, un homme dans son siècle (1871-1956) mœurs et des valeurs des sociétés survenu à Paris, le 9 juin 2001. Suzanne DUTRUCH, Salomé, Aurélia et Benjamin, La vie et l'œuvre de Justin Godart, européennes ; – 14 juin 1986, professeur ses petits-enfants, premier président de l'OSE. à la Sorbonne Nouvelle-Paris-III. La cérémonie religieuse a été célébrée Annie Pauli, Monique et Gérard Direction scientifique : Annette - une formation professionnelle à ce jeudi 14 juin, en l'église Saint-Michel Daum, Wieviorka. l'enquête sociologique. Gaëtan de Dijon (Côte-d'Or). Suzanne Dutruch avait consacré sa Michel et Monique Pauli Avec la présence effective de carrière à la littérature et à la civilisation et leurs enfants, Contact : 01-44-39-56-67 vient au monde. L'inhumation a eu lieu dans l'intimité M. Christian Poncelet, président du anglaises. ses sœurs et son frère, ses neveux et ses me [email protected] familiale au cimetière de Brazey-en- Sénat, M Simone Veil, présidente de la 14 juin 2001, nièces, Fondation pour la mémoire de la Shoah, Dépôt des dossiers jusqu'au 10-09-2001. Ses collègues conservent le souvenir Plaine (Côte-d'Or). Rose-Marie Pauli-Sallenave M. Bernard Kouchner, ministre délégué Le Monde vient à Gaëtan. de son dévouement au cours de sa et Anne-Marie Arnaud, carrière et particulièrement lors de sa 15, rue Berteaux-Dumas, à la santé. Cours Les familles Pauli-Sallenave, 18 et 19 juin 2001, à partir de Pour tes quinze ans, Gaëtan, prise de fonctions en tant que directeur 92200 Neuilly-sur-Seine. de l'Institut. Fournier, Gallerand, Bureau, Cressard, 9 heures, Palais du Luxembourg. Apprendre le russe au CREF Lorsignol, Daum, Boutry, Arnaud et à Moscou et à Paris, félicitations de deux vieux admirateurs. Entrée libre. Renseignements et Ils s'associent à la douleur de ses – Jacqueline Mauro, alliés, inscriptions, OSE : 01-53-38-20-20 ou stages intensifs, semi-intensifs : née Robert, ont la douleur de faire part du rappel à 01-39-53-85-73, ou [email protected] Ton père et ton parrain. proches. www.ose.france-org son épouse, Dieu, dans sa soixante-et-onzième année, Geneviève et Anastase Yannou, de – Jacqueline Edith Flem, – Bon quatre-vingt-sixième Françoise Mauro, Conférences Assemblées générales Lydia Flem et Maurice Olender, Isabelle et Jens Petersen, Jacques PAULI, anniversaire à Selma Olender, Assemblée générale de l'Amitié judéo- Georges, Sandra, Stefan, X 52, Vendredi 15 juin, 20 h 15 à 21 h 30, Ses proches, ses amis, Approche ésotérique du chrétienne de France (AJCF). Papi Rafia. ses filles, gendres et petits-enfants, « Le religieux et le lien politique » ont la douleur de faire part de la le 10 juin 2001. « Notre Père » disparition de Et toute sa famille avec le grand rabbin Gilles Bernheim, le Jean-Pierre, Leïla et Yasmine, ta ont la tristesse de faire part du rappel à Loge Unie des Théosophes, e Père Jean Dujardin et Nelly Hansson, le petite-fille, Boris FLEM, Dieu de Une cérémonie religieuse a eu lieu en 11 bis, rue Kepler, Paris-16 , dimanche 17 juin 2001, qui t'aiment tendrement. Saint-Pétersbourg, 1er septembre 1923, l'église Notre-Dame-d'Espérance, ce entrée libre et gratuite. de 9 h 30 à 13 heures, Bruxelles, 10 juin 2001. Frédéric MAURO, jeudi 14 juin 2001, suivie de Tél. : 01-47-20-42-87. au 45, rue La Bruyère, Paris-9e (Alliance professeur émérite d'histoire l'inhumation dans le cimetière de Muids www.theosophie.asso.fr israélite de France). Pierre, Nous rappelons ici le souvenir de sa de l'université Paris-X, (Eure) à 15 heures. AJCF : 01-45-22-12-38. 13 juin 1983 - 13 juin 2001. mère, médaille d'argent du CNRS, membre de l'Académie des sciences La direction du Monde présente à Les conférences des Mardis de la Philo Dix-huit ans, te voilà citoyen ! Rosa WIDENSKY, d'outre-mer, Armelle Cressard ses sincères Communications diverses née le 23 septembre 1879, à Sedlitz, docteur honoris causa des universités de condoléances. reprennent le 2 octobre. Au programme cette année : Heureux anniversaire. assassinée à Auschwitz en 1942. Bahia, Rio de Janeiro et Lisbonne, 18 thèmes de 6 conférences chacun V E R T È S commandeur des Arts et des Lettres 3, passage Salarnier, Catalogue raisonné en préparation De la part de 15, avenue de Gomrée, (Brésil), 75011 Paris. Pour recevoir les programmes me B-1150 Bruxelles. en accord avec M Lila de Nobili Mathilde et Jean-Paul, officier de la Croix du Sud (Brésil). téléphonez au 01-47-22-13-00 Galerie Lucie Weill & Seligmann [email protected] ou consultez le site Jean-Baptiste et François, – Le président de l'université Paris- 6, rue Bonaparte, Paris-6e La cérémonie religieuse aura lieu le www.lesmardisdelaphilo.com Et tous ceux et celles qui t'aiment. X - Nanterre, Tél. : 33-1-43-54-71-95 – Sa famille, lundi 18 juin, à 14 h 30, en l'église Saint- Sulpice, Paris-6e. L'UFR de sciences économiques, Et ses amis Les amis de la Fondation Mariages ont la douleur de faire part du décès de gestion, mathématiques et informatique, La Maison des écrivains 6, avenue du Général-de-Gaulle, La communauté universitaire, pour la mémoire de la déportation 53, rue de Verneuil, Agnès LAJOT 94160 Saint-Mandé. ont la tristesse de faire part du décès, le vous invitent à débattre avec 75007 Paris. et Carole FREDERICKS, 4, rue des Halles, 9 juin 2001, de Jorge SEMPRUN, Daniel TIRAT survenu à Dakar, le 7 juin 2001. 75001 Paris. résistant, déporté, écrivain, Lundi 18 juin, 20 heures, samedi 16 juin 2001, à 15 heures, Cycle Manifestation exceptionnelle se marient, le samedi 16 juin 2001, au François SELLIER, à la Sorbonne. Paradou (Bouches-du-Rhône). L'inhumation aura lieu le lundi professeur d'économie, « Qu'est-ce que la littérature ». 18 juin, à 16 h 45 au cimetière – La direction, AFMD, Projection du film de Pierre Samson, Et le personnel du centre culturel ancien directeur de l'UER Montmartre, Paris-18e. 31, boulevard Saint-Germain, Paris-5e. sur Bernard Pingaud, Les familles Calouste-Gulbenkian de sciences économiques. LAJOT-HAGEMANN, en présence de l'auteur. Cet avis tient lieu de faire part. ont la grande tristesse de faire part du GARAT-CHEVALIER, TIRAT, (Le Monde daté 10-11 juin.) décès de A sa famille et à ses proches, ils et leurs amis Conférences-Débats Mercredi 20 juin, 20 heures, expriment leur profonde sympathie. Cycle D'ailleurs parmi nous les accompagnent et se réjouissent. Frédéric MAURO, ( Le Monde du 12 juin.) La Loge Paris Jérusalem – Bourkika. Castiglione. Cherchell. du B'nai B'rith de France Slobodan Jovalekic, poète, traducteur 62, boulevard Richard-Lenoir, Marseille. Pernes-les-Fontaines. survenu le 11 juin 2001. Dimanche 17 juin 2001, 75011 Paris. et essayiste monténégrin. Remerciements de 14 h 30 à 19 heures, Entretien avec Ses enfants, Ils s'associent à la douleur de « Jérusalem Dialogue ». Ses petites-filles, –Mme Michel Privat de Garilhe, Geneviève Huttin, Mme Mauro, de ses enfants et de sa Forum de paroles croisées Décès Son frère, sa sœur, Mme Laurence Giry, poète. famille. autour de Jérusalem. – Sa famille, ses amis Ses neveux et nièces, très touchées des marques de sympathie Ses cousins et cousines, qui leur ont été adressées lors du décès Père Patrick Desbois, Nabile Fares, Entrée : 20 francs font part avec tristesse du décès de Frédéric Mauro a été un éminent Parents et alliés, de Henri Cohen-Solal, (gratuit pour les adhérents, collaborateur du Centre depuis 1969 et Célia ALEGRET, ont la douleur de faire part du décès de Anne-Marie Dreyfus, les étudiants, les chômeurs). auteur de très nombreux articles, Michel PRIVAT de GARILHE, Sœur Isabelle Denis, Raphaël Draï. Renseignements au 01-49-54-68-87. conférencière des Musées nationaux, me communications et publications sur le chargée de mission au département M veuve René GIROUD, Théâtre de l'Epée-de-Bois, née Lucienne SERRETTE, monde portugais et brésilien. des peintures du Musée du Louvre, prient les personnes qui se sont associées Cartoucherie de Vincennes. La Société française de l'Evaluation PAF : 50 francs 51, avenue d'Iéna, à leur peine de trouver ici l'expression de organise les IIIes Journées françaises survenu à Paris, le 6 juin 2001. survenu le 9 juin 2001, à Marseille. 75116 Paris. leur profonde gratitude. de l'Evaluation, les 14 et 15 juin 2001, Le service religieux aura lieu le Les obsèques ont eu lieu dans Séminaires l'intimité familiale. à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) mercredi 20 juin, à 14 h 30, en l'église – Jean-Louis et Agnès Meegens, Anniversaires de décès – Université d'été sur l'enseignement Renseignements et inscriptions : Saint-Pierre du Petit-Montrouge, sa son fils et leurs enfants, de l'histoire de la Shoah pour les Site Internet SFE : www.sfe.asso.fr paroisse, 88, avenue du Général-Leclerc, – Anne Grimault, Les familles Meegens et e Pierre GUIDONI professeurs des lycées et collèges, toutes Secrétariat de la SFE : Paris-14 , et sera suivi de l'inhumation sa femme, Toutlemonde, Françoise Tarquis, au cimetière de Passy, Paris-16e. disciplines confondues, du 8 au 12 juillet Sophie, Marion et Caroline Grimault, ont la tristesse de faire part du décès de 2001, à Paris, avec des historiens et des tél. : 01-45-92-68-23 ses filles, est décédé brutalement le 13 juin dernier. spécialistes de la pédagogie. Avec le e.mail : Raúl N. Alegret, Malika, Boris, Emile, Jules, Robin, Mme Robert MEEGENS, Buenos Aires 8374, Sa famille remercie tous ceux et soutien de l'APHG et de la Fondation franç[email protected] Soléa, née Renée TOUTLEMONDE, Secrétariat des IIIes JFE : 5505 Carrodilla, ses petits-enfants, toutes celles qui l'ont accompagnée au Jacob-Buchman. long de cette année. tél. : 01-47-29-31-67 Mendoza (Argentine). Les fils d'Anne le 30 mai 2001, à l'âge de quatre-vingt- Renseignements et inscriptions e.mail : [email protected] et leurs familles, trois ans. Leurs amis, proches et familles, Désormais, nous le portons en nous. au CDJC : 01-42-77-44-72 – Le 5 juin 2001, ont la tristesse de faire part du décès de Un culte a été célébré le 6 juin 2001, Université Paris-IV - Sorbonne UFR de philosophie-sociologie Christiane BORNET, Jean-Claude GRIMAULT, en l'église réformée de Boulogne- née REGNAULT, Billancourt. DESS ancien commandant de bord Air Inter, « Conseil en gestion des connaissances numérisées ». s'est éteinte, sereine, dans sa quatre- des suites d'une leucémie, dans sa « J'ai gardé la foi. » vingt-seizième année. II Tim. 4.7. Inscriptions jusqu'au 13 juillet 2001. soixante-dixième année, ce 10 juin 2001. Renseignements : 01-40-46-26-37 Les obsèques religieuses se sont Ses amis et sa famille pourront lui 83, Elysée 2, déroulées dans l'intimité familiale. rendre un dernier hommage au cimetière 78170 La Celle-Saint-Cloud.

e CARNET DU MONDE

de Tourrettes-de-Fayence (Var), vendredi

De la part des familles Capdeville, 15 juin, à 14 heures. 3 TARIFS année 2001 - TARIF à la ligne numéro de juin ,8 Clouse, Cauchie, Palathumveetil et – Sa famille, Ses amis DÉCÈS, REMERCIEMENTS,

Dedeyn. 83440 Tourrettes. F / 1 / F

ont la tristesse de faire part du décès de 2 AVIS DE MESSE, Geneviève Cauchie, 1 ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 42, rue la Quintinie, –Mme Jean Grimpret, Simone MILLET, Crise du modèle alimentairele E teuse : Crise agrico 141 F TTC - 21,50 75015 Paris. son épouse, née DOUCE, ● ESB, fièvre aph E M. et Mme Jean-Paul Rousseau, ent profond TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 me ou bouleversem M Micheline Cavayé-Grimpret, survenu le 4 juin 2001, dans sa quatre- conjoncturelle NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, M. et Mme Bernard Grimpret, vingt-quatorzième année. entaires ? M. et Mme Michel Pierrugues, des habitudes alim MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS ses enfants, 600 F TTC - 91,47 E FORFAIT 10 LIGNES On associera dans le souvenir son E Ses petits-enfants, époux, TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 Et arrière-petits-enfants, FORFAIT 10 LIGNES ont la douleur de faire part du décès de Louis MILLET, La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 E ingénieur ESPCI (1905-1989), Le sport entre ombre et lumièreas. Maintien THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 E ortif ou ne sera p M. Jean GRIMPRET, ● XXIe siècle sera sp ration, COLLOQUES - CONFÉRENCES : docteur vétérinaire, et sa fille, Le u moyen d’intég assement de soi o Nous consulter président honoraire de sa forme, dép art Anne-Marie de GOËR de HERVE, r économique à p m01.42.17.39.80 de l'Académie vétérinaire de France, evenu un secteu ingénieur ESPCI (1934-1988). le sport est d crise, + 01.42.17.38.42 e institution en Fax : 01.42.17.21.36 ais c’est aussi un survenu le jeudi 7 juin 2001, à Bourg-la- Les familles de Goër, Millet, entière. M CHEZ e-mail: [email protected] les dérives.2VOTRE ltip Reine. Romanetti, Auzoux, n proie à de mu Les lignes en capitales grasses sont e MARCHAND facturées sur la base de deux lignes. DE 26, boulevard Carnot, 6, avenue Gounod, JOURNAUX Les lignes en blanc sont obligatoires 92340 Bourg-la-Reine. 78290 Croissy-sur-Seine. + les clés de l’info et facturées. 18 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 HORIZONS ENQUÊTE

’EST toujours le tête. Il déconcerte plus qu’il n’aga- même mouve- ce. De l’avis de tous, ses facilités ment, dans un sont énormes. Il apprend et tra- ensemble presque vaille tellement vite qu’il prend le parfait. Les têtes temps de donner des cours de sou- se redressent, furti- tien au centre social de Versailles. vement, et se Gilles, lui, c’est les plantes carni- rebaissent plus lon- vores. Sa collection atteint cent cin- guement dans un quante pièces, qu’il bichonne dans silence studieux. L’enseignant ne une serre chez ses parents. Il aime- Ccesse de parler et d’écrire au rait bien devenir chercheur en biolo- tableau. Les élèves recopient tout gie végétale. Mais la prépa, il a déci- sur leurs feuilles « grand format, dé d’arrêter. « Qu’est-ce que je fais grands carreaux », en prenant soin là ? », s’est-il demandé en début d’utiliser leur stylo rouge pour les d’année. Dernier de la classe, Gilles têtes de chapitre, le vert pour les va bifurquer en septembre en sous-titres, le bleu pour le corps de DEUG de sciences de la vie à l’uni- texte et d’encadrer méticuleuse- versité. Il regrettera « la richesse de ment avec leurs règles les formules l’enseignement ». Cette année de mathématiques, les équations algé- BCPST l’a « blindé. Pour le caractère briques qu’ils devront, le soir et pour le moral, vu la quantité de même, réviser dans leur chambre. boulot, on en ressort plus fort Six jours sur sept, 35 heures par qu’avant ». Après le premier trimes- semaine, la même scène se répète tre, il n’a plus trop bossé mais a gar- pour les quarante et un élèves de la dé le sourire. « Ça a surpris les profs classe préparatoire biologie du répu- que je ne me démonte pas », s’amu- té lycée Hoche à Versailles. A l’abri se-t-il. Il a encaissé le regard parfois du murmure de la ville, cet établisse- critique de ses camarades. Sa mère, ment bicentenaire, avec sa cour guichetière à La Poste et son père, d’honneur et sa chapelle du Cou- chef-comptable, l’ont toujours lais- vent de la reine, a forgé sa réputa- sé libre de ses choix. tion grâce à ses classes prépas, tou- jours dans le peloton de tête des pal- ’AUTRES élèves connais- marès nationaux. sent, eux, la pression des Les « BCPST 1 » (biologie, chi- parents. Clément, dix-sept © SAMUEL BOLLENDORFF/L’ŒIL PUBLIC/PHOTOS POUR « LE MONDE » D mie, physique, sciences de la terre, ans, trente-quatrième au classe- première année) avaient tous été ment, a été poussé par son père, prévenus par l’équipe enseignante ancien élève de prépa maths. Mais dès le début de l’année : il faudrait lui, les maths et la physique, ce n’est beaucoup travailler, avec rapidité, pas vraiment son fort. « Mon père régularité et méthode, pour mener compare trop souvent les choses par de front trois matières scientifi- rapport à son époque, regrette-t-il. ques, deux littéraires, ainsi qu’un Ma place dans le classement, c’est travail d’initiative personnel enca- embêtant surtout pour mes dré (TIPE). Seule nouveauté dans parents. » Clément voudrait faire de ce système immuable des classes la recherche en biologie sous-mari- préparatoires aux grandes écoles, ne et ne considère pas la fac comme les TIPE sont censés répondre à la Les bûcheurs de la prépa « une mauvaise solution ». Caroline, nécessité de former « des élèves trente-septième, a, elle aussi, été moins scolaires », en cernant «la « un peu » poussée par ses parents. qualité d’initiative et la capacité té des élèves sont enfants d’ingé- nent qu’à l’issue de la deuxième Maintenant, elle aimerait réussir d’analyse des élèves ». Par groupe Dans la classe préparatoire nieurs ou de professeurs – n’a pas année, la BCPST 1 a la réputation son passage en deuxième année, de deux ou trois, les élèves réalisent pu résister « physiquement et psycho- d’être moins marquée par l’esprit « par orgueil ». un dossier à partir d’un travail biologie du lycée Hoche, logiquement » au rythme de travail de compétition qui colle à la peau Comme chaque année, trois ou bibliographique et d’une démarche demandé. Dans un sanglot, elle des autres prépas. L’ambiance relè- quatre élèves ne passeront pas en expérimentale. Thème de l’année : à Versailles, les 41 élèves explique qu’elle « a perdu beaucoup ve plus de la camaraderie que de la spé. Ils partiront en fac où, sans le mouvement. Suivant leurs goûts, de choses ». Elle qui avait « un super- rivalité. Pour le pont de l’Ascension, doute, ils deviendront les meilleurs. certains ont choisi d’étudier le travaillent d’arrache-pied. niveau » dans un lycée moyen près tous les élèves sont partis avec leurs Parmi les reçus, le « haut du déplacement des coquillages, des de Mantes-la-Jolie est devenue profs en voyage d’études dans le tableau » peut espérer intégrer Nor- escargots ou des vers de terre, Pas question d’être seulement « une mauvaise élève » dans un très Massif central, pour étudier, sur le male Sup ou l’Institut national d’autres l’ouverture et la fermeture bon lycée. Classée trente-huitième terrain, la géologie et la botanique. d’agronomie Paris-Grignon et la des tulipes, ou encore les méandres « bon ». Il faut compter parmi dès le deuxième trimestre, elle ne Cette propension à l’entraide trou- « masse » d’autres écoles d’ingé- des rivières. De toutes les prépas, la sera pas repêchée pour passer en ve aussi ses racines, d’après les nieurs dans le domaine de l’agrono- BCPST est, de l’avis des ensei- les meilleurs, avoir l’obsession deuxième année. De toute façon, enseignants, dans l’intérêt que por- mie, de la biologie ou des industries gnants, « la plus polyvalente ». Col- elle ne veut pas continuer : «Jene tent les élèves à la biologie. Cette alimentaires. Certains, environ les (exercices au tableau), devoirs à du classement, viser pourrai pas tenir une année de plus. attirance pour la nature les rendrait 10 %, mettront trois ans avant de la maison (DM) ou surveillés (DS), J’ai bûché comme une folle, j’ai « plus ouverts, moins prétentieux, décrocher le sésame et d’arrêter de la pression est constante. Le pro- le « haut du tableau ». jamais lâché, mais ça n’a jamais mar- réceptifs, disponibles », énumère un tout sacrifier pour les études. Le gramme doit être mené à son ter- ché. Il faut travailler trop vite, ce sont me, quoi qu’il arrive, sans « état Tout le monde ne résiste pas les plus durs qui tiennent. Ceux qui d’âme » de la part des profs. La bio- pêchent, ils s’enfoncent et sont laissés « Le but, c’est l’écrémage. C’est un système logie, la physique et les maths occu- à cette compétition sans merci seuls derrière », regrette-t-elle. « J’ai pent l’essentiel de l’emploi du perdu la confiance en moi », pleure qui est fait pour sélectionner les meilleurs temps des élèves. Chromosomes Ophélie, qui ne peut se résoudre à des eucaryotes, lithosphère océani- dre un livre, c’est la pause, le seul de leur vie. Anne-Cécile, déléguée abandonner son « rêve de gosse », et faire craquer les moins bons. que, corps purs monophasés, géo- moment où l’on ne pense pas à la pré- de classe, quatrième au classement, sa « vocation », devenir vétérinaire. métrie, algèbre linéaire…, la densité pa. » Leur chambre est petite, mal résume à sa manière les règles de la C’est une philosophie et l’importance des coefficients des insonorisée, mais peu importe. «La prépa : « Le but, c’est l’écrémage. LLE a surtout perdu «un cours scientifiques relèguent le fran- vie d’interne permet d’éviter la solitu- C’est un système qui est fait pour ami », un compagnon de clas- qui n’est pas vraiment bien, çais et les langues vivantes au de. Si on a un problème pour faire un sélectionner les meilleurs et faire cra- Ese. Félix s’est suicidé pendant second plan, pour ne pas dire à la exo, il y a toujours quelqu’un », insis- quer les moins bons. C’est une philoso- les vacances de février. Personne ne mais on n’ a pas vraiment le choix » « récréation » de la semaine. te Sabrina. Les capacités d’accueil phie qui n’est pas vraiment bien, s’y attendait. C’était un garçon « J’aimerais bien que vous soyez pré- étant limitées, seuls treize élèves de mais on n’a pas vraiment le choix. » « joyeux », qui « rigolait tout le Anne-Cécile sents, pas seulement physiquement », la BCPST 1 bénéficient de l’inter- Elle s’est souvent sentie « fatiguée, temps », « il disait souvent qu’il vou- demande tranquillement la profes- nat. Les autres, demi-pensionnaires stressée », mais cette « pression » lui lait se tuer, mais on croyait que seur de français à un groupe d’élè- et surtout « trois-quarts » (ils pren- convient. Pour Cécile, qui a tenté c’était de la provoc », se souvien- professeur. La bio, pour certains, seul élève qui n’avait pas un bac ves qui jouent au petit bac pendant nent tous leurs repas au lycée), ont tout au long du troisième trimestre nent plusieurs élèves. « C’était le c’est une passion. Tanguy, premier scientifique a abandonné en cours qu’elle tente de les intéresser à dû trouver une chambre en ville. d’améliorer sa place de trente-neu- meilleur en dissertation », se remé- de la classe, est « très nature ». Dès d’année, une autre a préféré se réo- « l’héroïsme amoureux » de La Char- Loin de leur famille, le change- vième, « cette année de prépa m’a more la professeur de français. qu’il a des vacances, il part « se bala- rienter en sciences économiques. treuse de Parme. ment de vie par rapport à la termi- énormément apporté, notamment en Dans leur classe, la salle 171, les élè- der dans les bois » et a déjà touché à « Cette classe était un peu plus hété- Pour ces très bons lycéens, qui nale est radical. Envahis de travail, termes de méthode de travail et d’ap- ves ont laissé, en souvenir de lui, les la « photo animalière ». Lui qui rogène que d’habitude », estime Pas- ont tous décroché le bac S avec ils sont plus d’un à avoir « craqué » profondissement des matières ». trois caricatures de leurs principaux peut, sans problème, viser Agro, cal Virlogeux, professeur de biolo- mention, la réalité de la classe pré- certains soirs d’hiver. Coups de Ce système très compétitif – être professeurs que Félix avait dessi- rêve « de manipuler », de mener gie. « Les faibles n’ont pas décollé, pa ne se mesure que lorsqu’on blues parce qu’on voudrait voir des le meilleur pour accéder aux nées en début d’année. Sur chaque « ses propres recherches », de préfé- les bons se sont maintenus. On a senti l’intègre. On croît être « bon », potes, aller au ciné, mais que l’on se meilleures écoles – peut aussi portrait est écrit : « Wanted mort ou rence dans la production végétale. moins de progrès. C’est une classe maintenant il s’agit d’être le retient parce que ces « écarts » se broyer. Ophélie – seule boursière vif pour séquestration de jeunesse »… Tanguy, les autres élèves l’aiment vivante mais moyennement tra- « meilleur » parmi les « bons ».On paient trop cher en termes de scola- de cette classe où la grande majori- Avec des concours qui n’intervien- bien parce qu’il n’a pas la grosse vailleuse », regrette Isabelle Marti- se doute que ce sera difficile de sui- rité, déprime devant la masse de tra- nez, leur enseignante en mathéma- vre ce « must » de l’après-bac, d’ap- vail, les notes qui ne décollent pas, tiques. Ancienne élève de prépa et partenir au vivier de l’« élite », les formules qu’on n’arrive pas à de Normale Sup, agrégée à vingt mais, lorsqu’on y plonge, « c’est retenir. « Les premiers week-ends, je ans et demi, Isabelle Martinez criti- pire que ce que l’on imaginait », résu- pleurais, mais, à force, on apprend à que « l’attitude trop consommatrice me Isabelle. Cette jeune fille à l’allu- moins stresser », confie Ludivine, des élèves. Il y a dix ans, c’était un re sage, passionnée de cheval, vou- pourtant classée deuxième de la honneur d’être en prépa. Mainte- drait devenir ingénieur forestier. promo. Le classement : la grande nant, les jeunes ont moins le sens de Avec Caroline et Sabrina, elle parta- affaire de la prépa. Toujours indi- l’effort. Le lendemain du 1er et du ge une chambre à l’internat du qué sur chaque copie, c’est l’élé- 8 mai, ils m’ont rendu des devoirs lycée. Dans leurs vingt mètres car- ment dominant pour les élèves et tous copiés sur le même ». rés mansardés, décorés d’affiches leur avenir, pour les profs et leur Les élèves, eux, se disent « impres- de cinéma et de parcs naturels, elles jugement. Peu importe ou presque sionnés par la compétence » de leurs s’accordent, après leurs journées de la note, l’important c’est ce que profs et ont le sentiment de beau- cours, trois quarts d’heure de « bat- font les autres. « Je ne pensais pas coup donner. Mais, pour réussir, tement » pour « goûter et discuter pouvoir être deuxième. Cela veut dire tout semble joué d’avance selon un peu ». Puis, jusqu’à minuit, avec que j’ai une chance, mais je sais que l’établissement d’origine et le parfois « des pointes à une heure du cela peut chuter vite », explique Ludi- milieu social. « Ceux qui viennent de mat », elles apprennent leurs cours vine, les pieds bien sur terre. La pré- très bons lycées sont conditionnés et révisent leurs colles. La règle en pa, « ça me plaît, lance-t-elle. Cela pour la prépa, estime Ophélie, prépa, c’est d’assimiler les cours au fait du bien de se retrouver qu’avec « exténuée » par son année. J’étais fur et à mesure pour éviter de se per- des élèves qui travaillent ». Ceux qui en décalage complet. » dre. S’organiser est le maître mot, ne passeront pas en « spé » devront être lent le pire défaut. Alors, elles encaisser le premier échec scolaire Sandrine Blanchard se sont fait un planning et ont mis entre parenthèses les compétitions La classe prépa « BCPST 1 » sportives et les sorties. Caroline, la du Lycée Hoche, à Versailles. PROCHAIN ARTICLE moins « bosseuse » des trois, se lais- En-haut, un cours Le malheureux destin se parfois aller à bouquiner. « Pren- de physique dans la salle 171. des élèves de Segpa 20 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 HORIZONS-DÉBATS

La philosophie et le rire par Quentin Skinner

IETZSCHE nous dit, à la chaque fois que nous rions, nous crois, oblitéré un contraste impor- Cicéron – est que les vices que rire est effectivement une expres- fin de Par-delà le bien et nous moquons de et nous méprisons tant, bien que nous l’ayons conser- nous pouvons espérer ridiculiser sion naturelle de mépris. le mal : « J’irais jusqu’à toujours quelqu’un, nous cherchons vé dans le parler de tous les jours. avec le plus grand succès sont ceux Mais si nous en revenons mainte- Nrisquer un classement toujours à railler et à nous moquer Des théoriciens romantiques de qui présentent quelque dispropor- nant aux philosophes, et plus parti- des philosophes suivant le rang de des vices. » Et les auteurs médicaux l’esthétique tels que, par exemple, tion par rapport aux vérités de la culièrement aux rhétoriciens, nous leur rire. » Nietzsche a une violen- exposent la même théorie sous Edmund Burke, aiment relier, com- nature, et en particulier ceux qui rencontrons alors un type de rai- te aversion pour les philosophes une forme plus développée, l’analy- me dans le titre de son fameux révèlent que nous avons ce qu’il sonnement tout différent. Pour ces qui, comme il le dit, « ont cherché à se la plus subtile sur ce point étant essai, le sublime et le beau. Mais appelle une vision « affectée » de auteurs, le fait que le rire exprime donner mauvaise réputation au peut-être celle de Joubert dans son dans la théorie de l’époque classi- notre propre valeur. Et il nous dit le mépris importe essentiellement rire ». Et il juge Thomas Hobbes Traité du ris : « Quelle est la matière que et de la Renaissance que j’exa- qu’il existe trois vices principaux dans la sphère de la parole publi- singulièrement coupable de ce cri- du ris ?.. Cet objet, subjet, occasion mine ici, le contraste existe tou- de ce genre : l’avarice, l’hypocrisie que. Compte tenu, affirment-ils, me, ajoutant qu’on ne saurait ou matière du ris se rapporte à deux jours entre le sublime, qui vous fait et la vanité ou orgueil. (…) que le rire est une manifestation attendre d’un Anglais autre chose sentiments, qui sont l’ouïe et la vue : sourire, et le ridicule, pour lequel Vous songez certainement extérieure de ces émotions particu- que l’attitude puritaine de Hobbes. car tout ce qui est ridicule se trouve vous marquez votre mépris par le – comme beaucoup de penseurs à lières, nous pouvons espérer en fai- Or il se trouve que l’accusation en fait ou en dit, et est quelque cho- rire. Et nous continuons à dire qu’il l’époque – que la théorie de l’épo- re une arme d’une puissance de Nietzsche repose sur une cita- se laide et meséante, indigne toute- n’est qu’un pas du sublime au ridi- que classique et de la Renaissance incomparable pour le débat moral tion mal interprétée de ce que dit fois de pitié et compassion. Le style cule. que je viens d’exposer comporte et politique. (…) Hobbes sur le rire en philosophie. commun de notre rire est toujours la Or l’idée selon laquelle le sourire sans doute une erreur. Car il est En parlant du rire comme expres- Cependant, Nietzsche avait sans dérision et le mépris. » exprime l’amour tandis que le rire faux, sans doute, que nous ne sion de mépris, j’ai principalement doute raison de souligner que Hob- Cet argument est beaucoup reflète le mépris était destinée à rions que lorsque nous voyons que exposé une théorie, mais j’ai aussi bes (d’accord en cela avec la plu- développé par la génération sui- durer très longtemps. Si, par exem- quelqu’un a de lui-même une opi- retracé une narration. La théorie part des penseurs importants de vante, surtout par ceux qui souhai- ple, vous jetez un coup d’œil à l’es- nion disproportionnée, de sorte que j’ai examinée remonte, com- son époque) considérait comme tent relier les aperçus des humanis- sai de Baudelaire de 1855 De l’es- évident que le rire est un sujet tes à ceux d’une littérature médica- sence du rire, vous le verrez décla- Quentin auquel les philosophes doivent s’in- le en pleine éclosion. Le plus impor- rer que le rire est diabolique, Le rire appartient de toute évidence téresser sérieusement. tant des auteurs qui s’efforcent de offrant en guise d’explication le Skinner, Selon moi, cet intérêt commen- forger ces liens est peut-être fait que le rire a ses racines dans à la classe des actions apparemment ça à prendre de l’ampleur au cours Robert Burton dans un texte éton- l’orgueil méprisant, le pire des historien des premières décennies du nant, The Anatomy of Melancholy, péchés capitaux. Mais en dépit de involontaires que les gens XVIe siècle, en particulier chez des de 1621, qui commence par nous son influence considérable, cette des origines humanistes aussi éminents que dire, dans sa préface, que « lorsque explication est bien loin d’être évi- d’un tempérament raffiné Castiglione dans son Cortigiano de nous rions, nous condamnons dente. Il semble donc naturel de de la pensée 1528, Rabelais dans son Pantagruel autrui, nous condamnons le monde commencer par s’interroger sur se sont particulièrement souciés de contrôler de 1533, Vives dans son De anima de la folie », ajoutant que « le mon- son origine. Où et quand cette con- politique et vita de 1539, ainsi que dans plu- de n’a jamais été aussi plein de folie ception du rire est-elle apparue et sieurs textes d’Erasme. à condamner, aussi plein de gens comment en est-elle arrivée à exer- que notre rire exprime toujours me nous l’avons vu, à l’Antiquité, moderne Et puis, à la fin du siècle, pour la qui sont fous et ridicules ». cer pareille influence sur la philoso- notre mépris. Il est certain que le elle est ressuscitée à la Renaissan- première fois depuis l’Antiquité, De même, comme le souligne phie de la Renaissance et des rire exprime quelquefois non pas ce et prend de l’importance pour à partir de nous voyons se développer une lit- Descartes dans Les Passions de débuts de l’époque moderne ? des sentiments joyeux de supériori- de nombreux philosophes du térature médicale spécialisée con- l’âme : « Or encore qu’il semble que (…) Presque tout ce que Hobbes té mais simplement de la joie XVIIe siècle. Mais tout comme elle la Renaissance, cernant les aspects physiologiques le ris soit l’un des principaux signes et ses prédécesseurs humanistes – comme disent les Anglais, la joie a un début et un milieu, l’histoire ainsi que psychologiques de ce phé- de la joye, elle ne peut toutefois le ont à dire à propos du rire dérive de vivre. (…) que j’ai racontée a aussi une fin nomène. Le pionnier dans ce causer que lorsqu’elle est seulement de deux courants de la pensée anti- Pour les médecins, l’importance bien reconnaissable (du moins spécialiste domaine est Laurent Joubert, médiocre, et qu’il y a quelque admi- que consacrés à ce phénomène, de la théorie classique gît dans le dans la société polie dont j’ai par- médecin de Montpellier, dont le ration ou quelque haine meslée avec qui peuvent tous deux être rame- fait qu’elle accorde une place au lé) et je voudrais conclure en reconnu Traité du ris est publié pour la pre- elle. » De même aussi Hobbes nés à la philosophie d’Aristote. (…) rire dans l’encouragement de la disant un mot de cette fin. mière fois à Paris en 1579. Puis, écrit, plusieurs années auparavant, La contribution des auteurs de bonne santé. Comme Joubert l’ex- Notre histoire finit dans le cadre – et parfois bientôt après, plusieurs traités dans The Elements of Law : « La pas- la Renaissance à la théorie du risi- plique en détail, il est particulière- de ce que Norbert Elias a appelé le ble était bien moins originale ment profitable d’encourager l’allé- processus de civilisation, dont un contesté – qu’ils ne voulaient l’admettre. Les gresse chez les individus dotés de aspect majeur fut, dans la culture Dans la théorie de l’époque classique humanistes avaient une dette con- tempéraments froids et secs, et européenne moderne, l’exigence de la pensée sidérable envers la littérature rhé- donc de cœurs petits et durs. croissante du contrôle par la volon- et de la Renaissance, torique des Anciens, et par-dessus Toute personne assez malchan- té de diverses fonctions corporel- de Machiavel, tout l’analyse de Cicéron dans De ceuse pour être nantie de ce tempé- les jusqu’alors considérées comme le contraste existe toujours entre le sublime, oratore. (…) rament, ou, comme dit Joubert, de involontaires. Or le rire appartient a prononcé Toutefois, il serait fallacieux ces humeurs, souffre d’un excès de de toute évidence à la classe des qui vous fait sourire, et le ridicule, pour lequel d’en déduire que les auteurs des bile noire dans la rate, ce qui entraî- actions apparemment involontai- mardi 12 juin, débuts de l’époque moderne ne ne par suite des sentiments de rage res que les gens d’un tempérament vous marquez votre mépris par le rire font que répéter passivement les et, faute de traitement, la perte de raffiné se sont particulièrement dans le grand idées de leurs autorités classiques. l’esprit et, pour finir, la mélancolie. souciés de contrôler. Je dois maintenant souligner qu’ils L’exemple donné par Joubert Nous trouvons déjà cette idée à amphithéâtre comparables commencent à paraî- sion du rire n’est rien d’autre qu’une ajoutent aux arguments dont ils – comme par tous les autres méde- la fin du XVIIe siècle, mais l’analyse tre en Italie, dont De risu de Celso gloire soudaine, et dans ce senti- héritent deux analyses d’importan- cins – est celui de Démocrite, dont qui fait référence (du moins dans de la Mancini en 1598, De risu de Anto- ment de gloire, il est toujours ques- ce. Tout d’abord, les auteurs médi- le grand âge et le tempérament fon- la culture anglaise) apparaît dans nio Lorenzini en 1603, et ainsi de tion de se glorifier par rapport à caux accordent une importance damentalement bilieux le rendi- les années 1740, dans une des let- Sorbonne, suite. autrui, de sorte que lorsqu’on rit de d’ordre physiologique tout à fait rent si frustré et irritable que, com- tres du comte de Chesterfield à son e Il peut sembler surprenant que vous, on se moque de vous, on triom- nouvelle au rôle de la soudaineté, me le rapporte Burton dans The fils au sujet de la conduite idéale la 23 tant de médecins se soient empa- phe de vous et on vous méprise. » et par conséquent de la surprise, Anatomy of Melancholy, il finit par du gentilhomme. Dans sa lettre, le rés avec pareil enthousiasme d’un Ainsi, selon cette analyse, si dans la provocation du rire, intro- tomber dans une dépression suici- comte déclare qu’« il n’est rien de si conférence thème essentiellement humaniste vous vous tordez de rire, c’est qu’il duisant pour la première fois dans daire. grossier, de si mal élevé, que le rire (parmi eux, bien entendu, Rabe- a dû se passer deux choses. Vous le débat le concept clé d’admiratio Or l’idée est que la décision de audible de sorte que le rire est quel- Marc-Bloch, lais) et c’est là une énigme sur avez dû vous apercevoir d’un vice ou admiration. (…) Démocrite de cultiver le rire en se que chose au-dessus de quoi les gens laquelle je reviendrai. Mais pour le ou d’une faiblesse méprisable en Cette découverte est immédiate- plaçant sur la route de l’absurdité sensés et bien nés doivent s’élever ». à l’invitation moment, je veux en rester aux phi- vous-même ou (encore mieux) ment reprise par les philosophes. humaine lui apporta une cure pour La raison en est que le rire révèle losophes, et souligner avec quel chez autrui. Et vous avez dû en C’est particulièrement vrai de Des- sa condition. Comme l’explique de façon honteuse la perte du con- enthousiasme un si grand nombre prendre conscience de manière à cartes, pour lequel l’admiration est Joubert (puisant encore une fois à trôle du corps. Comme le dit Ches- de l’Ecole des défenseurs les plus éminents susciter un sentiment joyeux de une passion fondamentale. (…) la théorie des humeurs de Galien), terfield, il est « vil et malséant, sur- de la nouvelle philosophie au sein supériorité et, par conséquent, de L’autre apport nouveau des théo- le rire de Démocrite ne fait pas tout en raison du bruit désagréable des hautes de la génération suivante s’atta- mépris. Une implication de ce rai- riciens du début de l’époque qu’améliorer la circulation de son qu’il fait et de la déformation cho- chent à cette question. sonnement qui vaut la peine qu’on moderne émane d’une lacune sang, rendant Démocrite plus san- quante du visage qu’il entraîne études Descartes consacre trois chapi- s’y arrête est que, selon Hobbes, il qu’ils repèrent dans l’analyse origi- guin tant que dure le rire. Le rire quand nous y succombons ». tres à la place occupée par le rire faut établir un contraste marqué nale d’Aristote. La thèse d’Aristote aide aussi à expulser la bile noire On commença donc à penser en sciences au sein des émotions dans son der- entre le rire et le sourire. (…) dans la Poétique est que le rire qui, sinon, l’aurait empoisonné et dans l’Angleterre des Lumières nier ouvrage, Les Passions de l’âme, Le rire exprime la dérision, mais réprouve le vice en exprimant et l’aurait fait retomber dans la que, même s’il reste vrai que le rire sociales de 1648. Hobbes soulève un grand le sourire est considéré comme en sollicitant des sentiments de mélancolie. Le résultat fut de per- exprime avant tout l’émotion du nombre des mêmes questions une expression naturelle de plaisir, mépris envers ceux qui se condui- mettre à Démocrite, comme nous mépris, et même si on souhaite tou- (EHESS). dans The Elements of Law et de nou- et en particulier d’affection et d’en- sent de façon ridicule. Mais com- disons encore de nos jours, de res- jours à la fois exprimer et susciter veau dans Léviathan. Spinoza couragement. Par exemple, Sir me nos auteurs le font remarquer, ter de bonne humeur. Ainsi, com- cette émotion même, on ne vou- Nous publions défend la valeur du rire dans le Thomas Browne, autre médecin dra pas se laisser prendre sur le Livre IV de L’Ethique. Et nombre imprégné de savoir humaniste, fait fait, pour ainsi dire, en train d’ex- ici de larges des disciples avoués de Descartes référence à cette distinction dans Comme Hippocrate l’avait bien compris, primer ainsi cette émotion. Il nous expriment un intérêt particulier son ouvrage Pseudodoxia Epidemi- faut quelque chose de plus contrô- extraits pour ce phénomène, notamment ca de 1640, dans un passage le rire de Démocrite, lé, et comme l’ajoute explicite- Henry More dans son Account of traitant de l’énigme scolastique ment Chesterfield, ce besoin est à de cette Virtue. qui demande si le Christ a jamais loin d’être un symptôme de folie, satisfaire, car, en réalité, le rire Pourquoi tous ces auteurs se ri. La réponse de Browne est que, n’est nullement involontaire. Plu- intervention croient-ils tenus de s’intéresser même si le Christ n’a jamais ri, fut probablement le moyen principal tôt, comme il le dit, « le rire est faci- sérieusement au rire ? Il me sem- nous ne pouvons imaginer qu’il n’a lement restreint par un peu de qui peut ble que la réponse est à rechercher jamais souri, car le sourire aurait de préserver sa santé mentale réflexion et de bienséance ». dans le fait que tous s’accordent été la preuve la plus sûre de son Alors, qu’est-ce qui remplace le être lue dans sur un point cardinal. Et ce point humanité. rire qu’on supprime ? La réponse est que la question la plus impor- Cette conception du sourire le Aristote omet, de façon fort inhabi- me Hippocrate l’avait bien com- est ce qu’en anglais on a appelé son intégralité tante qui se pose au sujet du rire relie au sublime, et en particulier à tuelle, de donner une définition du pris, le rire de Démocrite, loin sans grande élégance le « sub-lau- est celle des émotions qui le provo- l’image chrétienne du paradis com- ridicule, et omet par conséquent d’être un symptôme de folie, fut gh ». Mais qu’est ce que c’est, ce sur notre site quent. me état de joie éternelle. Ainsi, les d’indiquer quels vices particuliers probablement le moyen principal « sub-laugh » ? L’idée s’exprime Une des émotions en question, sourires que nous voyons souvent sont les plus susceptibles de provo- de préserver sa santé mentale. beaucoup mieux en français : car tous sont d’accord là-dessus, est dans les tableaux religieux de la quer un rire méprisant. Il se peut, Ce raisonnement n’est valable ce qu’on nous demande de produi- lemonde.fr/ nécessairement une forme de joie Renaissance doivent, selon moi, bien sûr, qu’Aristote ait examiné que si le rire est effectivement une re, lorsque nous avons envie de ou de bonheur. (…) Cependant, on être généralement compris comme ces questions dans le Livre II de la expression naturelle de mépris. rire, est le « sous rire ». education s’accordait aussi sur le fait que cet- l’expression d’une conscience Poétique, dont on sait qu’il portait Pour commencer à guérir, Démo- Ainsi, mon histoire se termine te joie devait être d’un genre bien joyeuse de cette sublimité. D’ordi- sur la comédie. Mais ce texte fut crite dut se faire le spectateur de par la suppression du rire au nom particulier, et nous arrivons main- naire, dans de tels portraits, on perdu à la fin de l’Antiquité, et on l’absurdité humaine : il savait que de la bienséance et par son rempla- tenant à l’aperçu le plus caractéris- nous indique, par des gestes de la ne sait rien de certain à son sujet. ce spectacle exciterait son mépris, cement par le sourire méprisant. tique (et peut-être aussi le plus main ou des regards pleins de désir Pour les auteurs médicaux, la mais il savait aussi que cela même Et Chesterfield conclut comme il déconcertant) de la littérature levés au ciel, que l’objet de cette question de ce que Montaigne le ferait rire. Mais ce n’est que par- se doit ce conseil à son fils : «Je humaniste et médicale dont il est joie est effectivement céleste. Mais allait appeler « les vices ordinai- ce que Démocrite pouvait s’atten- souhaiterais volontiers que l’on vous question ici. Cet aperçu est que la dans le cas le plus célèbre de tous, res » ne présentait aucun intérêt. dre à ce que ses sentiments de vît souvent sourire, mais qu’on ne joie exprimée par le rire est tou- La Joconde de Léonard de Vinci, la Mais pour les humanistes, elle mépris provoquent le rire qu’il fut vous entendît jamais rire aussi long- jours associée avec des sentiments source de la joie intérieure qui fait paraît souvent la plus importante à même de commencer sa théra- temps que vous vivrez. » de mépris, voire de haine : la haine sourire Mona Lisa demeure un de toutes, et c’est l’analyse de Cas- pie. Et je crois que c’est ce type de de Descartes. mystère qui prête au tableau son tiglione qui semble avoir exercé la raisonnement qui explique pour- Chez les humanistes, l’un des caractère éternellement énigmati- plus grande influence. quoi les médecins s’enthousiasmè- Quentin Skinner est profes- plus anciens arguments à cet effet que. L’idée fondamentale de Casti- rent tant pour l’idée essentielle- seur d’histoire moderne à l’universi- est avancé par Castiglione : «A L’esthétique romantique a ici, je glione – empruntée directement à ment rhétorique selon laquelle le té de Cambridge. HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 21 Anarchie croissante en Asie du Sud-Est 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 LES RÉCENTES prises d’otages aux Philippi- (élu) de l’île est protégé par une garde privée de sécurité, les élites se repliant de plus en plus sur Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F nes ne sont que l’illustration d’une anarchie deux cents hommes armés jusqu’aux dents. En des quartiers résidentiels protégés. Un autre Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). croissante dans une région qui, voilà à peine Indonésie, des milices religieuses ont largement effet pervers est la fuite de capitaux : en mai, Internet : http: // www.lemonde.fr quelques années, était présentée comme l’exem- trempé dans le bain de sang « anticommuniste » une société de gestion d’investissements à Dja- ple d’un nouveau monde émergent. A la périphé- de 1965-1966, qui a fait des centaines de milliers karta a estimé que 64 000 Indonésiens avaient ÉDITORIAL rie méridionale de la Chine, les archipels et les de victimes. L’administration de Suharto placé 257 milliards de dollars à l’étranger, soit îles en chapelets baignant dans des mers contes- (1966-1998) a eu aussi recours aux bons offices près du double de la lourde dette globale exté- tées sont le théâtre de phénomènes qui, pour des preman, chefs de racket qui payaient ainsi la rieure du pays. n’être pas nouveaux, s’accentuent : séparatis- tranquillité de leur contrôle des rues, marchés En revanche, la contagion de l’anarchie n’a Italie, à droite toute mes, dilution des autorités centrales, repli de ou places publiques de Djakarta et d’autres vil- pas encore gagné la partie continentale et pénin- communautés sur elles-mêmes, contrebande, les. sulaire de l’Asie du Sud-Est même si les réseaux ORT d’une majorité in- coup d’une enquête pour avoir piraterie maritime. Mais ces pratiques ont pris de l’ampleur ces de contrebande, en particulier de drogue, y sont contestable dans les deux insulté la police qui voulait inter- « La croissance de la piraterie en 2000, notam- derniers temps. Dans l’archipel indonésien des toujours bien organisés. Singapour est un exem- Chambres du Parlement dire la garde prétorienne de la ment en Indonésie et dans le détroit de Malacca, Moluques, l’intervention de quelque trois mille ple de polissage urbain. La Thaïlande et le Viet- Fitalien, Silvio Berlusconi a Ligue. Un autre (chargé des Ita- reflète à la fois l’instabilité politique et économi- Laskar Jihad (« miliciens armés de la guerre sain- nam sont des Etats qui bénéficient d’une large formé un des gouvernements les liens de l’étranger) a fréquenté que de l’Indonésie, et une tendance à une violence te »), entraînés à Java avec la complicité de mili- homogénéité culturelle. Mais la Birmanie (Myan- plus à droite que la péninsule ait dans sa jeunesse la République accrue », a résumé récemment l’expert améri- taires, a attisé, l’an passé, le conflit entre chré- mar), sous férule militaire, demeure le théâtre connus depuis l’avènement de la de Salo, cet Etat fantoche mis en cain Stanley Weeks lors d’une conférence à Kua- tiens et musulmans. En 1999, des miliciens com- d’une cohabitation difficile entre les ethnies République en 1946. Même com- place par les Allemands après la la Lumpur. Les attaques de navires en Asie ont mandités par l’armée indonésienne ont réduit armées de la périphérie et le pouvoir central. parée à son premier gouverne- mort de Mussolini, et il continue été multipliées par trois pendant la dernière en cendres le Timor-Oriental. De leur côté, les Même l’avenir de la relativement riche fédéra- ment de 1994 qui n’a duré que d’en être fier… décennie du XXe siècle, avec une augmentation preman ne manquent pas de parrains dans une tion de Malaisie, dont deux Etats se trouvent sept mois, l’équipe actuelle témoi- Il y a les hommes et il y a la poli- de 60 % en 2000 par rapport à 1999. Pendant le Indonésie en décomposition. Ces chefs de ban- dans le Nord de Bornéo (le Sarawak et le gne d’un sérieux coup de barre. tique. A peine le gouvernement premier trimestre de 2001, sur les 68 attaques des qui travaillent à leur compte louent ainsi, de Sabah), tient davantage de l’inconnu depuis la Pendant la campagne, le Cavaliere constitué, les héritiers de la démo- recensées dans le monde – un record –, 23 ont plus en plus souvent, leurs services au plus crise politique et financière qui s’est ouverte en avait promis à ses alliés de l’Allian- cratie chrétienne ont demandé eu lieu dans les eaux indonésiennes, qui cou- offrant. 1997 et dont les effets n’ont pas fini de se faire ce nationale et de la Ligue du une réforme de la loi sur l’in- vrent les principaux détroits de l’Asie du Sud- Le développement de l’insécurité se lit égale- sentir. Nord que leurs dirigeants terruption de grossesse, non cer- Est. Le Bureau international maritime, basé à ment à la multiplication des règlements de comp- auraient des postes de choix dans tes pour interdire l’avortement, Kuala Lumpur, a rapporté en mai que les pirates tes ou au renforcement des services privés de Jean-Claude Pomonti le futur gouvernement. Il a tenu mais pour donner des aides finan- indonésiens partagent leurs butins avec les villa- parole. Gianfranco Fini, qui a cières aux femmes qui renonce- ges côtiers pour s’assurer leur reconnaissance et transformé le vieux Mouvement raient à avorter. Dans d’autres leur silence. « Les autorités ont peur que des pour- social italien (néofasciste) en un domaines encore, comme la laï- suites contre les coupables provoquent des émeu- Idée fixe par Nicolas Vial parti de droite classique, est vice- cité, ce nouveau pouvoir devrait tes des villageois en cas de traduction en justice de président du Conseil. Umberto être très attentif aux demandes leurs “héros”», estime son rapport. Des efforts Bossi, qui a remplacé son rêve de l’Eglise catholique. Sans doute ont été entrepris récemment, avec l’assistance d’une Padanie indépendante par Silvio Berlusconi ne pourra-t-il du Japon, pour coordonner et renforcer la lutte une idéologie xénophobe, est pas faire tout ce qu’il a promis et contre la piraterie. Mais les marines de guerre, ministre de la décentralisation. tout ce que réclament ses en- dans une région qui ne s’est pas encore remise Tous deux étaient absents du pre- combrants alliés au risque de se de la crise financière de 1997-1998, disposent de mier gouvernement Berlusconi. heurter à une société italienne moyens fort limités. Certes, le président du Conseil a beaucoup plus évoluée que cer- Les contrebandiers, y compris d’armes et de pu considérer qu’Umberto Bossi tains discours réactionnaires, au drogues, en profitent également. Les frontières serait plus facile à contrôler à l’in- sens propre du terme, pourraient politiques, terrestres comme maritimes, ne résis- térieur du gouvernement qu’à l’ex- le laisser croire. Le Cavaliere ne tent pas à ces trafics, qu’il s’agisse des amphéta- térieur. C’est en effet le chef de la saurait oublier qu’en termes de mines produites dans le Nord birman, de moto- Ligue du Nord qui, en quittant la voix, sa victoire a été courte et que cyclettes chinoises vendues sur le marché vietna- coalition, avait mis fin à la premiè- ses opposants sont pratiquement mien ou du ravitaillement en armes d’insurrec- re expérience Berlusconi. Cette aussi nombreux que ses partisans. tions séparatistes à Atjeh, dans le Nord de Suma- fois-ci, le rapport de force électo- Mis à part une incartade du tra, ou dans le Sud des Philippines. rale ne lui laisse aucune marge de chancelier Schröder vite rattra- manœuvre. Quant à Gianfranco pée, il n’a jamais été sérieu- FAIBLESSE DES ÉTATS Fini, il a rompu avec les nostalgies sement question d’appliquer à Abu Sayyaf – la bande de preneurs d’otages mussoliniennes qu’il cultivait l’Italie de MM. Berlusconi, Fini et contre rançons qui se réclament de l’islamisme – dans sa jeunesse. Mais ils ne sont Bossi les mesures prises à l’en- a pu traverser à trois reprises la mer de Sulu pas seuls. Parmi les cinq ministres contre de l’Autriche de MM. Schüs- pour enlever des touristes sur deux îlots malai- de l’Alliance nationale et les trois sel et Haider. Mais la « vigilance » siens et, plus récemment, au large de l’île philip- de la Ligue, certains ont un passé que les partenaires européens se pine de Palawan, située à un demi-millier de kilo- récent peu recommandable. Le sont promis d’exercer ne sera pas mètres de leur base de Basilan, dans l’extrême ministre de la justice est sous le superflue. Sud des Philippines. Ces « exploits » en disent long sur la faiblesse des Etats dont l’autorité est 0123 est édité par la SA LE MONDE ainsi bafouée, que ce soit par des bandits ou des Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani contrebandiers. Les ministères indonésiens des Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. forêts et des ressources maritimes ont estimé Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel que leur gouvernement avait perdu, en 1999, Secrétaire général du directoire : Alain Fourment l’équivalent de 150 milliards de francs de recet- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau tes avec l’exploitation frauduleuse des forêts et Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon de la pêche. Sur un autre chapitre, l’ancien minis- Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard tre indonésien du travail a annoncé en avril que Rédacteur en chef technique : Eric Azan son pays était devenu le quatrième fournisseur Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, asiatique de drogues (et le dixième mondial). Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre La dilution progressive de l’autorité centrale Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; conduit les communautés à se replier sur elles- Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; mêmes. Certes, la levée de milices – religieuses, Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) politiques ou ethniques – n’est pas nouvelle Médiateur : Robert Solé dans la région. A Mindanao, la grande île du Sud Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg philippin, face à des insurrections musulmanes Directeur des relations internationales : Daniel Vernet violentes ou larvées depuis au moins trois décen- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président nies, les chrétiens disposent de milices armées, Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), qu’ils réactivent dès qu’ils se sentent en danger. André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) A Basilan, berceau d’Abu Sayyaf, le gouverneur Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, ne s’agissait que d’un engage- personnalité et de son histoire didat en 2002. Comme le confiait Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Le devoir ment de jeunesse, « dans les que renvoie le mensonge de Lio- François Hollande, « Lionel Jospin années 1960 », à égale distance nel Jospin. Le premier ministre, est au bout de son destin ». Parce d’un PCF encore stalinien et en effet, n’a « pas contesté » les qu’un tel aveu lui coûte, le renvoie ILYA50 ANS, DANS 0123 d’inventaire d’une SFIO stigmatisée par sa poli- informations publiées par Le brutalement à son passé – récent tique algérienne, pourquoi s’en Monde : son « entrisme » au Parti – il ne peut pas l’avoir fait en vain. être caché ? Cela eût été, comme socialiste en 1971, alors qu’il était Donc, le premier ministre sera Un plan de roulement pour les vacances de Lionel Jospin pour tant d’autres de sa généra- un militant actif de l’Organisation candidat à l’élection présidentiel- tion, à l’honneur d’un jeune hom- communiste internationaliste le. Et la question que l’on est dès NOUS SOMMES entrés dans la tous simultanément vos boutiques. Suite de la première page me que l’époque, autant que la (OCI), a réussi au-delà de tout lors fondé à lui poser est la suivan- période des vacances. Il a suffi Faites en sorte que votre clientèle tradition familiale, engageait à espoir ; son ascension rapide dans te : quel est celui qui va solliciter pour nous le rappeler de deux n’ait pas trop à souffrir de l’usage Le 19 juin 1997, le premier gauche. le nouveau PS, aux côtés de Fran- les suffrages des Français en journées ensoleillées. Les cita- que vous ferez de votre droit légiti- ministre, récent vainqueur des « Je crois que cela n’intéressait çois Mitterrand, à partir de 1973, 2002 ? Est-ce celui qui, jusqu’à dins vont-ils partir cet été encore me au repos. » C’est ce que vient élections législatives, martèle à la personne », s’est également défen- n’a pas interrompu ses « con- l’âge de cinquante ans, était un tous ensemble ou presque, au ris- de rappeler aux intéressés la pré- tribune de l’Assemblée nationale : du Lionel Jospin, à l’Assemblée. tacts » avec la direction du mouve- homme sous influence, un diri- que d’embouteiller les gares et fecture de police, en les avisant « Il est indispensable de rétablir les Admettons qu’il tienne pour ment lambertiste ; ces liens n’ont geant politique entretenant des les routes, d’encombrer les sta- en outre des mesures suivantes : règles de l’éthique républicaine », secondaire la curiosité des journa- été rompus qu’en 1987, au terme relations avec une organisation tions balnéaires et les centres «1o Epiciers et fruitiers pour- tant les Français « ont besoin de listes, qu’il a constamment de son septennat de premier qui prône une forme de noyauta- touristiques, de donner aux hôte- ront fermer sans autorisation préa- retrouver confiance dans la vie déjouée depuis des années. Mais secrétaire rue de Solférino. ge méthodique et clandestin de liers trop de travail pendant trop lable à condition que l’approvi- publique et, en particulier, en ceux comment un animal aussi politi- En 1987, M. Jospin a cinquante l’appareil d’Etat ? Ou est-ce l’hom- peu de temps, de transformer en sionnement normal du public n’en qui l’animent ». Le 13 décembre que, aussi soucieux du « sens » de ans. L’âge de la pleine maturité me qui, en 1986, lançait à ses villes mortes les grandes cités souffre pas ; 1999, encore, il revendique la l’histoire, et en particulier de celle d’un homme. camarades toulousains : « Je com- désertes et de rendre problémati- 2o Bouchers et charcutiers « démarche en plein jour » qu’il de la gauche, peut-il prétendre mence ici ma deuxième vie politi- que l’approvisionnement de ceux devront adresser leurs demandes engage, ce jour-là, avec les élus que sa formation et son long com- LA « COMPLEXITÉ D’UN HOMME » que » ; celui qui, en 1993, dans un qui restent, parce que trop de de fermeture à leurs syndicats res- de Corse et récuse, pour hier com- pagnonnage trotskiste seraient De cela, le premier ministre entretien à Libération, confiait à rideaux de fer se seront abaissés pectifs, qui établiront un plan de me pour demain, tout « concilia- sans intérêt ? François Mitterrand devra s’expliquer. D’abord devant propos de l’expérience des socia- en même temps ? roulement ; bule secret ». ne disait-il pas de celui à qui il tous ceux qui, à gauche, ont listes au pouvoir : « Notre passé Chaque année à pareille épo- 3o Crémiers et distributeurs de Contrat, respect de la parole avait confié dès 1974 la gestion accompagné son parcours au sein n’est pas derrière nous, il pèse tou- que on revient avec insistance lait devront obtenir l’autorisation donnée, « langage de vérité » ont des relations avec le PCF : du Parti socialiste et qui peuvent jours. Pour que notre parole retrou- sur la nécessité d’étaler les vacan- préalable de la préfecture de été ses maîtres-mots. Nul doute « C’était le seul dont j’étais sûr que, légitimement se sentir floués, ve sa force, il faut être clair par rap- ces sur un plus large espace de police, après avoir déposé leurs que, depuis quatre ans, le crédit si les communistes tapaient sur la même si la plupart d’entre eux se port à ce passé » ; celui, qui au ter- temps ; chaque année on dit aux demandes à leurs syndicats dont il bénéficie tient, pour beau- table, il ne se cacherait pas des- gardent encore de l’exprimer. me de la campagne de 1995, affir- commerçants détaillants de l’ali- respectifs. » coup, à ces engagements. Dès sous » ? Et pour cause. Comment Ensuite, devant les citoyens, qui mait avoir « fendu l’armure » ; mentation : « N’abandonnez pas (15 juin 1951.) lors, la question s’impose : pour- croire encore celui qui a si sou- ne peuvent se satisfaire de la celui qui, en 1997, a fait « mentir quoi avoir si longtemps pris le ris- vent et publiquement revendiqué, « complexité d’un homme » en gui- les lois politiques » en permettant que de nier un parcours qui, une par exemple, son engagement se de justification d’un tel secret. à la gauche de remporter des élec- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS fois avéré, menaçait d’ébranler le contre la guerre d’Algérie, lors- Devant ses proches, ces der- tions législatives loin d’une élec- socle de confiance sur lequel s’ap- qu’il affirme que ses années trots- niers jours, M. Jospin a regretté de tion présidentielle ; celui qui a Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr puie le premier ministre et sur kistes relèvent de « l’intimité, du ne pas s’être exprimé plus tôt sur inventé le concept de la « gauche Télématique : 3615 code LEMONDE lequel il devra pouvoir compter, privé ». M. Jospin a une curieuse le sujet. La réalité est qu’il ne l’a plurielle » et aura gouverné avec Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) demain, s’il veut briguer l’Elysée ? conception de la vie publique et fait que sous la contrainte. Et cet- elle la France pendant cinq ans ? ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) Les réponses formulées par l’in- de la vie privée : est public ce qu’il te contrainte s’appelle l’élection Lionel Jospin a désormais, sur téressé le 5 juin ne peuvent guère choisit de montrer ; est privé ce présidentielle. Car c’est là l’autre lui-même, un devoir d’inventaire. Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 convaincre, même si beaucoup, à qu’il veut celer. enseignement essentiel de gauche comme à droite, s’en sont C’est à une contradiction plus l’« aveu » : M. Jospin n’y a cédé Gérard Courtois Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 contentés avec soulagement. S’il intime – plus inavouable – de sa que parce qu’il a décidé d’être can- et Pascale Robert-Diard 22 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

BOURSE Pour éclairer le débat cherché à mesurer le poids des inves- hors France Télécom et 41,29 % avec si spectaculaire. Les douze sociétés LACHMANN, PDG de Schneider, se sur la montée en puissance du capita- tisseurs étrangers dans les firmes l’opérateur, dont 20,29 % pour les allemandes de notre échantillon réjouit de cette évolution, dans un lisme anglo-saxon en Europe, Le européennes. b EN FRANCE, la part investisseurs anglo-saxons. b EN sont pour 40,7 % la propriété d’ac- entretien au Monde, tandis que Jean- Monde, avec le concours du cabinet des non résidents dans le capital des EUROPE, la montée en puissance des tionnaires non-allemands, dont Christophe Le Duigou, pour la CGT, américain Georgeson Shareholder, a firmes du CAC 40 atteint 45,57 % investisseurs étrangers est tout aus- 20,16 % d’anglo-saxons. b HENRI en montre les dangers. Qui sont les propriétaires des entreprises européennes ? Pour éclairer le débat sur la montée en puissance du capitalisme anglo-saxon, « Le Monde », avec le concours du cabinet Georgeson Shareholder, a mené l’enquête. Celle-ci fait apparaître que les non-résidents possèdent une part croissante du capital des grandes sociétés européennes, approchant actuellement45%

SUJETS DE POLÉMIQUES à répé- mi lesquels moins de la moitié Le poids croissant des actionnaires anglo-saxons tition, les investisseurs « non rési- (20,16 %) sont anglo-saxons. Les six dents » restent pourtant les illustres sociétés italiennes étudiées sont pos- ACTIONNAIRES AMÉRIQUE DU NORD SOCIÉTÉ MÉTHODOLOGIE inconnus des marchés. Aucun pays sédées à 25,66 % par des investis- SECTEUR NON RÉSIDENTS ET ROYAUME-UNI n’impose la transparence totale des seurs non résidents, parmi lesquels transactions. Et la rapidité des mou- 14,31 % sont anglo-saxons. Les qua- NOKIA (Fin.) Equipements télécommunications 90,0 % 50,0 % (1) Si bon soit-il, l'appareil statistique vements de capitaux se conjugue tre entreprises espagnoles appartien- ING (P-B) Finance 75,0 % 45,0 % français comporte de nombreuses avec le coût du recensement des nent à 43,65 % à des investisseurs DEXIA Finance 74,3 % 11,2 % lacunes, notamment dans le domaine actionnaires, lorsqu’il est possible. étrangers (25,29 % d’anglo-saxons). AGF Finance 73,4 % (2) 7,90 % financier. Pour éclairer le débat que Les meilleurs connaisseurs de ces Enfin, les « petits pays » européens PHILIPS (P-B) Electronique 70,0 % 35,0 % suscite périodiquement la montée en actionnaires, les sociétés elles- confirment leurs besoins de finance- TOTALFINAELF Pétrole 65,0 % 20,0 % (1) puissance des investisseurs étrangers, mêmes, sont tentés de garder jalou- ment internationaux. Nokia compte CAP GEMINI Services informatiques 64,0 % 35,0 % et notamment anglo-saxons, dans sement ces informations « stratégi- 90 % d’actionnaires non finlandais. AHOLD (P-B) Distribution 64,0 % 31,0 % le capital des firmes francaises ques » ou astreintes à la confidentia- Et les 8 sociétés néerlandaises étu- VIVENDI UNIVERSAL Médias, services 61,6 % 24,6 % - les affaires Michelin, Danone ou lité. Le Monde a donc demandé au diées appartiennent à 58,97 % à des ALSTOM Equipements 61,5 % 47,0 % Marks & Spencer sont dans toute 58,0 % 31,6 % cabinet américain Georgeson Share- non-résidents et à 37,58 % à des non- AVENTIS Pharmacie les mémoires -, on ne dispose ainsi E.ON (All.) Services collectifs 57,9 % 25,0 % holder de mener une enquête résidents anglais et américains. d'aucun chiffre officiel. Pour pallier BSCH (Esp.) Finance 55,0 % 29,0 % auprès des soixante-quinze sociétés Cette étude n’a pas de précédent, ce manque, Le Monde a demandé UNILEVER (P-B) Biens de consommation 55,0 % 36,0 % présentes dans les indices CAC 40 et à l’exception de celle conduite par au cabinet américain Georgeson ROYAL DUTCH (P-B) Pétrole 54,0 % 42,0 % Euro Stoxx 50 ; soixante-cinq socié- L’Expansion, qui en novem- Shareholder, spécialisé dans AXA Finance 52,0 % 28,0 % tés ont fourni leurs données. Elles bre 2000 a envoyé directement des la recherche et la représentation DEUTSCHE BANK (All.) Finance 52,0 % 19,0 % d'actionnaires, de conduire une représentent, au 13 juin, 2 570 mil- questionnaires aux grandes sociétés DEUTSCHE TELEKOM (All.) Télécommunications 52,0 % 33,0 % liards d’euros (16 860 milliards de cotées (L’Expansion du 21 décembre enquête auprès des sociétés des EADS Aéronautique 50,9 % (3) 5,50 % indices CAC 40 et Euro Stoxx 50. francs) de capitalisation boursière, 2000). Un peu plus de six mois plus ABN AMRO (P-B) Finance 50,0 % 25,0 % Dix sociétés sur soixante-quinze selon Bloomberg. tard, la participation des non-rési- ALCATEL Equipements électroniques 50,0 % 40,0 % (Thomson Multimédia, TF1, Suez, L’étude réalisée par Georgeson dents au capital des sociétés du SIEMENS (All.) Equipements électroniques 50,0 % 24,0 % ST Micro electronics, Peugeot, Fortis, Shareholder permet d’estimer que CAC 40 a progressé dans 14 cas, se LAFARGE Matériaux 49,8 % 29,0 % Telefonica et Volkswagen) n'ont pas 44,97 % du capital de ces 65 masto- maintient dans 8 autres et ne régres- MICHELIN Equipements automobiles 48,0 % 24,0 % (1) transmis les données demandées dontes de l’Euroland sont aujour- se que dans 8 cas, souvent faible- LAGARDÈRE Holding 47,5 % 27,0 % par Georgeson Shareholder. d’hui entre les mains d’actionnaires ment. Dans l’échantillon européen, AEGON Finance 47,0 % 28,0 % Pour s'informer sur leur actionnariat, non résidents, pour une valeur de quatorze sociétés ont vu la part des DANONE Agro-alimentaire 47,0 % 26,0 % les sociétés françaises commandent non-résidents augmenter en six BAYER (All.) Chimie 44,0 % 21,0 % des enquêtes « TPI » (titre au porteur mois et demi, alors qu’elle s’est DAIMLERCHRYSLER (All.) Automobile 43,0 % 17,0 % identifiable) à Euroclear France « Certaines sociétés maintenue dans trois cas, et qu’elle KPN (P-B) Télécommunications 42,0 % 19,0 % a diminué dans le cas de huit ACCOR Hôtellerie 40,8 % 16,9 % (ex-Sicovam), l'organisme qui assure se sont demandé si sociétés. BBVA (All.) Finance 40,6 % 20,0 % le règlement livraison des titres Plus globalement, la Banque de BNP PARIBAS Finance 40,0 % NC à la Bourse de Paris, en général deux parler d’actionnaires France estime que les investisseurs ENDESA (Esp.) Electricité 40,0 % 29,0 % fois par an. La dernière « photographie » étrangers détenaient 37,5 % de la SAINT-GOBAIN Matériaux 40,0 % 22,0 % dont dispose Accor daterait ainsi “étrangers” avait Bourse de Paris à la fin 2000. Selon SAN PAOLO IMI (It.) Finance 39,0 % 24,0 % d'octobre 2000, et certaines sociétés l’Office national des statistiques CRÉDIT LYONNAIS Finance 35,0 % 05,0 % comme Casino n'ont commandé encore du sens » (ONS) britannique, les non-rési- ENI (It.) Pétrole 35,0 % 26,0 % que des enquêtes partielles. dents possédaient 29,3 % de la Bour- VALÉO Equipements automobiles 35,0 % 19,0 % La plupart des enquêtes TPI ont se de Londres en 1999. Et, d’après la BAYERISCHE HYPO-UNDVEREINSBANK (All.) Finance 35,0 % 20,0 % néanmoins été réalisées récemment, 1 154,54 milliards d’euros. La partici- Fed, ils n’ont jamais dépassé 10 % à ASSICURAZIONI GENERALI (It.) Finance 34,0 % NC afin de pouvoir inclure leur résultat pation des institutionnels anglais et Wall Street. Dans ce contexte, Jean- SCHNEIDER ELECTRIC Equipements électriques 34,0 % 22,0 % dans les rapports annuels 2000. américains s’établit à 22,95 %, repré- Christophe Le Duigou, secrétaire BASF (All.) Chimie 32,3 % 21,0 % Mais elles sont soumises à des sentant 589,17 milliards d’euros. confédéral de la CGT, qui prépare CARREFOUR Distribution 30,5 % 12,0 % obligations de confidentialité. A Paris, la part des non-résidents un livre de débats avec Bill Crist, pré- PINAULT PRINTEMPS Distribution 30,5 % NC Des sociétés comme BNP Paribas 30,5 % 25,5 % dans les sociétés du CAC 40 s’élève sident de Calpers, le fonds de pen- REPSOL YPF (Esp.) Pétrole-Matières premières affirment ainsi ne jamais détailler la part Finance 30,0 % 20,0 % des investisseurs anglo-saxons dans même à 45,57 %, si l’on exclut Fran- sion des fonctionnaires californiens, DRESDNER BANK (All.) UNICREDITO ITALIANO (It.) Finance 30,0 % 18,0 % leur capital. Ces enquêtes donnent ce Télécom et sa filiale Orange (enco- reconnaît néanmoins que ce type de AIR LIQUIDE Produits de base 29,3 % 15,5 % des informations détaillées sur re majoritairement détenus par fonds « à prestations définies » est MUNICH RÉ (All.) Finance 27,8 % 18,9 % les investisseurs-résidents, mais l’Etat), et 41,29 % si on l’inclut. La « très différent des autres puisqu’une SANOFI-SYNTHLABO Pharmacie 27,2 % 18,1 % ne précisent que l'organisme chargé participation des fonds anglo- partie du risque est reportée sur les ALLIANZ (All.) Finance 26,4 % 05,0 % de la conservation des titres pour saxons dans le CAC 40 atteint entreprises », et qu’ils « ne sont pas BOUYGUES Construction 25,0 % 17,0 % les non-résidents. D'autres moyens 20,29 %. Compte tenu du nombre de obligés de rechercher le même niveau DASSAULT SYSTÈMES Logiciels 21,2 % 14,0 % de recensement de l'actionnariat sont valeurs étudiées (trente-quatre, ce de rentabilité ». Les fonds de pen- L'ORÉAL Biens de consommation 20,0 % 06,5 % également utilisés par les sociétés qui inclut des « moyennes capitalisa- sion à cotisations définies, les TELECOM ITALIA (It.) Télécommunications 20,0 % 16,0 % pour recouper leurs informations, tions » moins prisées des étrangers), mutual funds (sicav) et les hedge SODEXHO ALLIANCE Restauration collective 19,1 % 10,5 % comme la surveillance des déclarations la France confirme donc son attrait funds (fonds spéculatifs) ont des RENAULT Automobile 19,0 % 14,0 % des investisseurs, lorsqu'ils en ont pour les institutionnels étrangers. comportements beaucoup plus LVMH Luxe 17,8 % 08,1 % une obligation légale, ou en cas « Certaines sociétés appartenant au agressifs. Il semble de toute façon THALÈS (EX-THOMSON CSF) Equipements électroniques 13,9 % 11,0 % de franchissement d'un seuil dans CAC 40 sont paneuropéennes, et elles que les entreprises françaises assu- FRANCE TÉLÉCOM Télécommunications 10,0 % 04,0 % le capital. se sont demandé si parler d’actionnai- ment le virage culturel lié à la modifi- ORANGE Télécommunications 10,0 % 04,0 % res “étrangers” avait encore du sens, cation de leur actionnariat. « Je pen- RWE (All.) Energie 10,0 % 08,0 % Un tableau plus complet (capital flottant, part quand la société n’est plus elle-même se que dans les cinq dernières années, CASINO GUICHARD Distribution 9,40 % 05,7 % des résidents, capitalisation boursière) peut française », témoigne Francesco Rus- alors que les sociétés françaises ENEL (It.) Energie 5,50 % 02,9 % être consulté sur le site lemonde.fr. poli, qui a conduit l’étude pour Geor- déliaient des éléments substantiels de En gras : sociétés du CAC 40 ; Autres sociétés : Euro Stoxx 50. (1) hors actionnaires britanniques (2) y compris Allianz (53,9%) (3) y compris Daimler (30,3%) et Casa (5,5%) geson Shareholder. leurs réseaux de participations croi- Source : GEORGESON SHAREHOLDER Mais les investisseurs du Vieux sées, elles ont concentré leur attention Continent « européanisent » tous sur la valeur actionnariale, évoluant leurs portefeuilles, et voisinent avec vers un système plus anglo-saxon de TROIS QUESTIONS À... Les actionnaires ont-ils conquis TROIS QUESTIONS À... En quoi cette évolution a-t-elle les Anglo-Saxons dans le capital des gouvernement d’entreprise et de com- 3un pouvoir trop fort, voire exor- 2modifié le comportement des entreprises européennes. Les douze munication accrue entre les sociétés HENRI LACHMANN bitant, dans la gestion des gran- JEAN-CHRISTOPHE entreprises ? sociétés allemandes de notre échan- et le public », conclut M. Ruspoli. des firmes françaises ? Il faut sortir de la caricature. Les tillon sont pour 40,72 % la propriété Vous êtes PDG de Schneider. La Non, je ne le pense pas. Les action- LE DUIGOU fonds d’investissement américains d’actionnaires non allemands, par- A. de T. 1part des investisseurs étrangers, naires ont un rôle important à ne décident pas les suppressions notamment des fonds de pension jouer. Il est normal que les entrepri- Vous êtes au bureau confédéral d’emplois. Le mécanisme est plus anglo-saxons, dans le capital des fir- ses leur rendent compte de façon 1de la CGT. La part des investis- simple et plus pervers. Le niveau de mes du CAC 40 a très fortement aug- régulière et transparente. Les con- seurs étrangers, notamment des rentabilité exigé dépasse de loin les menté au cours de ces dernières traintes qu’ils imposent sont justes fonds de pension anglo-saxons, possibilités de croissance de la plu- années. La France a-t-elle tiré avan- et saines. Mais ils ne sont pas, et ne dans le capital des firmes du part des firmes. Il implique qu’on tage de cette évolution ? doivent pas être, la seule contrainte CAC 40 a très fortement augmenté « mange du capital humain et maté- Oui ; les entreprises françaises ont qui pèse sur les entreprises. L’entre- au cours de ces dernières années. La riel » pour satisfaire les actionnaires, bénéficié, ainsi, d’investissements prise est une collectivité qui doit France a-t-elle tiré avantage de cette d’où restructurations, externalisa- considérables. L’internationalisa- tenir compte de ses clients, des mar- évolution ? tions, pressions sur les sous-traitants. tion du capital fait partie du mouve- chés, mais aussi de tous ceux qui Nous n’avions pas réellement ment global d’internationalisation œuvrent en son sein. besoin de ces financements exté- Les actionnaires ont-ils conquis qui ne se limite pas, c’est évident, Elle ne doit pas non plus subir la rieurs massifs : la contrepartie a été 3un pouvoir trop fort, voire exor- aux échanges de biens et de servi- dictature du court terme qui pré- l’achat de titres publics américains bitant, dans la gestion des gran- ces. Les fonds de pension anglo- vaut, trop souvent, sur les marchés par les épargnants français. C’est des firmes françaises ? saxons ont ainsi contribué au finan- financiers. Enfin, il est important quand même un paradoxe ! La Bour- Oui, ils pèsent sur les choix straté- cement du développement des que l’on enracine, par le capital, les se a beaucoup grimpé sans vraiment giques des firmes. Ces actionnaires entreprises françaises et à la privati- entreprises françaises en France. Le donner de moyens supplémentaires institutionnels ne sont pas de vrais sation des entreprises publiques. développement de fonds de pen- aux entreprises, créant une grande propriétaires mais plutôt des prê- sion français faciliterait cet enracine- instabilité. Les possesseurs français teurs qui peuvent se retirer du capi- En quoi cette évolution a-t-elle ment. Il est vital que les centres de d’actions se sont beaucoup enri- tal aussi vite qu’ils y sont entrés. 2modifié le comportement des décision restent domiciliés en Fran- chis. Ce régime de croissance est tout Entreprise et salariés deviennent entreprises ? ce. Cela n’est en rien antinomique sauf durable. Cela ne fait pas regret- une marchandise comme les autres. Fondamentalement, cela a per- avec la présence forte de fonds de ter l’absence de fonds de pension Plusieurs répliques sont possibles : mis d’introduire une démarche de pension étrangers. Au contraire, ce français, qui chercheraient la plus for- réduire la volatilité des placements, qualité. Cela a poussé les entrepri- serait complémentaire et stimule- te rentabilité, comme les fonds amé- développer des fonds d’épargne con- ses françaises à plus de transparen- rait l’internationalisation des entre- ricains à cotisations définies. Interro- trôlés par les salariés, accroître les ce et de rigueur vis-à-vis de leurs prises. Celle-ci doit se diffuser à tous geons-nous plutôt sur l’utilisation de droits d’intervention des travail- actionnaires. Cela a contribué à les niveaux de l’entreprise : action- notre épargne, sur l’activité de nos leurs… Il faudrait aussi faire contre- une amélioration de la « gouvernan- naires, conseil d’administration, diri- banques et compagnies d’assuran- poids à la mobilité du capital par une ce d’entreprise ». Enfin, cela a per- geants, collaborateurs, clients… ces : des cinq plus gros fonds d’inves- « sécurité sociale professionnelle ». mis de créer un référentiel commun tissement anglo-saxons, deux sont qui facilite l’analyse et la comparai- Propos recueillis par filiales d’institutions financières fran- Propos recueillis par son entre grandes entreprises. Laurent Mauduit çaises et allemandes. Adrien de Tricornot ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 23 Orange devient la marque unique de la téléphonie mobile de France Télécom Itineris, Ola et Mobicarte disparaîtront jeudi 21 juin Après avoir racheté 40 milliards d’euros il y a un les mobiles à l’univers marketing et commercial carte, de se rallier à cette nouvelle bannière, au an l’opérateur téléphonique britannique Oran- de cette marque forte. Le 21 juin, c’est au tour prix d’une campagne publicitaire colossale, simi- ge, France Télécom convertit chacune de ses filia- de la France, et des marques Itineris, Ola et Mobi- laire au lancement d’une nouvelle voiture.

LE 21 JUIN, Itineris passe à que plus de 35 millions de clients L’objectif fixé il y a un an était de Wind et l’allemand MobilCom, l’Orange. A cette date, le mot Oran- principalement en France et en généraliser la marque avant le lan- dans lesquels France Télécom est ge s’affichera sur l’écran des quinze Grande-Bretagne. Mais la proie bri- cement des réseaux UMTS en 2002. actionnaire minoritaire, n’ont pas millions de téléphones mobiles des tannique avait également aux yeux L’opérateur danois Mobilix a été le encore choisi de franchir le pas. clients de l’opérateur en France. de ses acquéreurs d’autres attraits. premier à repeindre son enseigne il Cette démarche ne laisse pas les Les linéaires des magasins arbore- La réussite de la société britannique y a deux semaines. concurrents indifférents. Vodafone ront les nouvelles couleurs et en sous la houlette de son patron cha- Mais le véritable défi est en Fran- réfléchit à l’opportunité d’étendre profiteront pour promouvoir une rismatique Hans Snook était un ce. Sur son marché, l’opérateur his- sa marque. Le nom du britannique nouvelle offre commerciale. Et une véritable cas d’école. Création rapi- torique fait la course en tête. 95 % a fait son apparition en Allemagne campagne de communication de de d’une marque, innovations mar- des Français interrogés connaissent accolé à celui de D2 Mannesmann, La France n’en a toujours pas fini grande ampleur accompagnera le keting, qualité du service ont très sa marque générique Itineris et la société acquise l’an dernier. En lancement de cette marque ombrel- vite fait d’Orange une référence. Ce près de 15 millions de clients ont France, SFR, filiale de Vivendi Uni- le censée balayer très vite Itineris, savoir-faire a été exporté en Suisse opté pour des formules Itineris, Ola versal et de Vodafone, s’est empres- avec son complexe libéral Ola et Mobicarte. et en Israël. Hans Snook, qui le pre- ou Mobicarte. Dans ce contexte, sée d’afficher sa couleur rouge, Au-delà du simple relookage mar- mier a eu l’intuition que le mobile changer de marque n’est pas une comme étant « la » couleur du À L’HEURE où l’on parle beau- de ce seuil, telles Alcatel (22 %), keting, ce basculement complet devenait un produit de grande con- mince affaire. La mise en Bourse mobile… coup du « camarade Michel », Lio- Bouygues (30 %) ou encore AXA- représente un véritable pari pour sommation comme un autre, a con- d’Orange a permis toutefois de pré- Des sociétés qui ne disposent nel Jospin de son vrai nom, ancien UAP (37 %). Mais il y a aussi des l’opérateur historique. Il y a près sidéré qu’Orange pouvait s’imposer parer le terrain. L’opération de com- d’aucun réseau de téléphonie mobi- militant trotskiste mais néanmoins entreprises qui le dépassent, com- d’un an, en effet, Michel Bon comme une marque mondiale sur munication programmée doit faire le mais au contraire d’une marque premier ministre, cette vérité est me Suez-Lyonnaise (39 %), Vivendi signait le plus gros chèque de l’his- le marché des mobiles. le reste. « Nous consacrons au lance- forte s’interrogent sur l’opportuni- cruelle mais incontestable : la Fran- (42 %), les AGF (42 %) ou encore toire de France Télécom, d’un mon- ment d’Orange une somme équiva- té d’offrir des services mobiles. La Elf, qui atteint un record (51 %). tant de 40 milliards d’euros, pour SFR AFFICHE SA COULEUR ROUGE lente à celle du lancement d’une nou- société britannique Virgin, opéra- ANALYSE Dès cette époque, la France appa- acquérir le troisième opérateur Même si le patron visionnaire a, velle voiture », souligne Didier teur mobile virtuel, en est le raît donc clairement comme un des mobile britannique, la société Oran- depuis la fusion, rompu les liens Quillot, directeur général d’Orange meilleur exemple. Après avoir Paradoxe : grands pays qui s’est le plus ouvert ge. Un prix faramineux, qu’il justi- avec son « bébé », France Télécom France. L’objectif fixé : « atteindre séduit près d’un million de clients l’accélération à l’arrivée au sein de ses entrepri- fiait alors par la nécessité de se a repris ces ambitions à son comp- le même degré de notoriété qu’Itine- en Grande-Bretagne, la société diri- de la mondialisation ses des grands fonds de placement déployer en Europe. Par cette acqui- te. L’opérateur doit donc prouver ris dans douze mois, maintenir nos gée par Richard Branson met le cap a été plus marquée ici ou de pension américains et qui, sition, France Télécom s’est propul- que la marque Orange fournit bien parts de marché, et accroître la fidéli- sur les marchés américains, chinois du même coup, a rapidement sé au deuxième rang des opéra- un avantage compétitif face aux té des clients ». Les opérateurs slova- et australien. importé les règles de gestions pré- teurs mobiles européens, derrière concurrents. Une démonstration ques et roumains devraient aussi ce que la gauche a si longtemps conisées par eux, qu’il s’agisse de la le britannique Vodafone, et revendi- qui passe par sa généralisation. opter pour Orange. Mais l’italien Laurence Girard gouvernée au cours de ces deux « shareholder value » (profit pour dernières décennies a souffert l’actionnaire) ou du gouvernement d’un complexe libéral. d’entreprise. Il y a d’ailleurs une C’est indéniablement le para- explication à l’outrance française : doxe que met en évidence l’enquê- comme la gauche, par remords, ne te conduite par Le Monde : si l’accé- veut lancer le pays dans l’aventure lération de la mondialisation, con- des fonds de pension, ce sont les juguée à la construction de l’Union fonds étrangers qui peuvent du monétaire, a conduit toutes les même coup ramasser la mise et grandes firmes européennes à s’in- acquérir les entreprises françaises. ternationaliser, à participer à la On ne sera donc pas surpris que ce course au gigantisme et donc, en soit en France, en 1999, que les bout de chaîne, à ouvrir largement polémiques autour de ce nouveau leur capital à des investisseurs type de capitalisme prenne le plus étrangers, cette évolution-là a été d’ampleur, au travers de l’« affaire beaucoup plus marquée en France Jaffré » ou de l’« affaire Miche- que chez nombre de ses grands voi- lin ». sins. Comme si la gauche, par peur d’être mise en cause pour mauvai- AU HIT-PARADE DES STOCK-OPTIONS se gestion, s’était crue dans l’obli- Ce complexe libéral ne se fait gation de jouer les bons élèves en d’ailleurs pas sentir qu’au travers matière de privatisation, de déré- de la montée en puissance des glementation, ou d’ouverture du investisseurs étrangers. Les stock- capital de ses firmes aux fonds de options constituent un autre indice pension anglo-saxons. N’est-ce puisque c’est à la même époque, pas les nouveaux convertis qui dans la seconde moitié des années sont parfois les plus intégristes ? 1990, que la France décroche la Le commencement de cette his- deuxième place au hit-parade mon- toire est maintenant bien connu. dial pour la distribution de ce sulfu- Au début des années 1990, le capi- reux symbole du capitalisme anglo- talisme français a subi un choc saxon. majeur. Alors que, jusque-là, les Or, que se passe-t-il après 1997 ? grandes entreprises avaient tou- Ce mouvement de la mondialisa- jours vécu dans un système d’endo- tion s’accélère dans tous les grands gamie avec l’Etat – par le biais des pays. Alors que la part dans le capi- nationalisations ou par celui des tal des firmes détenues par les non- « noyaux durs » des privatisées –, résidents reste stable, autour de le cordon ombilical s’est progressi- 7 %, aux Etats-Unis en 1999, elle vement rompu. Eclatement des explose en Grande-Bretagne, pas- « noyaux durs », débouclement sant à près de 32 %, contre 16 % des participations croisées : de deux ans avant. En Allemagne aus- nombreux facteurs se sont alors si, le vieux système rhénan fait combinés, permettant une montée entendre des craquements. Alors en puissance des investisseurs que l’économie du pays a toujours étrangers, et notamment des fonds été verrouillée par une alliance de pension anglo-saxons, dans le entre la banque et l’industrie, le capital des firmes françaises, et fai- marché a gagné un terrain extraor- sant du même coup basculer la dinaire et les investisseurs étran- France du « modèle rhénan » vers gers font une entrée en force dans un modèle anglo-saxon. le capital des firmes nationales. C’est donc ce que confirment les NOUVELLES RÈGLES DE GESTION nouvelles statistiques révélées par Dès 1997, ce complexe libéral est Le Monde. donc déjà très perceptible au tra- Pour autant, ce processus de vers des statistiques boursières : mondialisation et, donc, d’uniformi- sous l’impulsion de la droite aussi sation, conduit-il à un alignement bien que de la gauche, la France des autres grands pays européens fait du zèle en dépassant les Etats- sur les pratiques françaises ? C’est Unis ou le Royaume-Uni, où la l’un des intérêts majeurs de notre part de la capitalisation boursière étude : elle révèle que la France con- détenue par les non-résidents n’ex- tinue sans doute de disposer d’une cède pas, respectivement 7 % et avance sur certains de ses voisins. 16 %, alors que, dans notre pays, à En quelque sorte, le complexe libé- la même époque, ce taux avoisine ral perdure. Alors qu’en 1997, le 38 % pour les grandes entreprises groupe Elf était ainsi montré du du CAC 40. Il y a certes des firmes doigt parce qu’il était détenu à 51 % d’importance qui restent en deçà par des non-résidents, ce taux est aujourd’hui d’une parfaite banalité, puisqu’il y a au moins dix groupes français du CAC 40 – ou d’origine française – qui avoisinent ou dépas- sent le taux de 50 %. Il y en a même sept dont le taux est compris entre 58 % et 74 %. C’est donc la preuve que le séisme que vit le capitalisme français est toujours à l’œuvre. Au travers des nouvelles affaires Danone ou Marks & Spencer, c’est le sentiment qu’a pu en avoir le pays. Sentiment aujourd’hui corro- boré par les chiffres : la France socialiste est beaucoup plus libérale qu’il n’y paraît.

L. M. et A. de T. 24 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 ENTREPRISES La Bourse du Portugal rejoint La Caisse des dépôts et les Caisses d’épargne vont se marier Ce pôle public deviendrait la troisième banque française en termes d’actifs Paris, Amsterdam juste derrière BNP Paribas et le Crédit agricole Après plusieurs mois de négociations, la public n’est pas concernée, cette holding ferait également partie de cet ensemble, ce sante pour nouer de nouvelles alliances inter- et Bruxelles Caisse des dépôts et les Caisses d’épargne regrouperait entre autres, CDC Ixis, la ban- qui pourrait marginaliser La Poste qui détient nationales. D’ores et déjà, la banque italien- devraient prochainement annoncer la créa- que d’investissement de la Caisse des dépôts 18 % de la CNP. Fort de 18 milliards d’euros ne San Paolo IMI et l’allemande Bayerische tion d’une holding commune. Si la partie de et d’importantes filiales des Caisses d’épar- d’actifs, le nouvel ensemble constituerait la Landesbank vont établir des participations dans Euronext la caisse qui constitue un établissement gne. La Caisse nationale de prévoyance (CNP) troisième banque française, une taille suffi- croisées avec CDC Ixis. TROIS SEMAINES avant son LA CAISSE des dépôts et les Cais- tionnaires –, la Caisse serait très d’épargne était valorisé – ce que participations croisées avec la ban- 18 % par La Poste. Les participa- introduction en Bourse, Euronext ses d’épargne sont sur le point de légèrement majoritaire dans le capi- son statut mutualiste interdit – le que italienne San Paolo IMI et la tions des Caisses d’épargne et de la a annoncé la conclusion positive se rapprocher. Attendue depuis plu- tal du nouvel ensemble qui serait nouvel ensemble pèserait, en fait, Bayerische Landesbank. La partie Caisse font partie du nouvel de ses négociations de fusion sieurs semaines (Le Monde du dirigé par deux personnes – un 28 milliards d’euros. de la Caisse des dépôts qui reste un ensemble. avec la Bolsa de Valores de Lis- 17 mai), l’alliance devrait être con- PDG et un directeur général délé- Philippe Wahl, directeur général établissement public (Le Monde du La Poste pourrait être marginali- boa e Porto (BVLP), la Bourse du clue d’ici la fin du mois. Laurent gué – issues, alternativement, de de la CNCE, indiquait à la fin de 4 avril) n’est pas concernée. Les sée par le rapprochement des deux Portugal. Une lettre d’intention Fabius, le ministre de l’économie et chacun des deux établissements. l’année dernière (Le Monde du Caisses d’épargne apporteraient autres actionnaires. Le pacte qui lie avait été signée, en novem- des finances devrait annoncer la Dans un premier temps, Daniel 28 novembre 2000) : « L’urgence une partie du Crédit foncier de ces trois acteurs expire en 2003. bre 2000, entre les deux marchés. naissance de ce grand pôle finan- Lebègue, directeur général de la pour nous est de nous allier avec un France et d’importantes filiales Martin Vial, président de La Poste, L’entrée dans Euronext, — le cier public fin juin. Caisse serait le PDG avant de pas- groupe puissant dans la banque d’in- comme Ecureuil Vie, Ecureuil IARD aurait manifesté son inquiétude regroupement des places de Bercy ne cache pas sa satisfac- ser le relais à Charles Milhaud, pré- vestissement car ce sont des métiers et Ecureuil Gestion. Les très impor- auprès de Bercy. Paris, Bruxelles et Amsterdam -, tion de voir ce nouvel ensemble se sident du directoire de la Caisse que nous devons développer. Nous tants actifs immobiliers des deux Dans l’entourage de Laurent apparaissait logique, la Bourse du mettre en place. « Le gouvernement nationale des Caisses d’épargne avons besoin d’être dans les métiers groupes, en particulier ceux que la Fabius, on fait remarquer que «la Portugal utilisant le système de a toujours dit qu’il souhaitait voir (CNCE). de CDC Finances pour nouer des Caisse détient à travers sa filiale pièce n’est pas finie et que l’alliance cotation NSC de la Bourse de émerger trois ou quatre banques Les deux groupes sont complé- alliances avec d’autres caisses C3D, seraient apportés au nouvel pourrait être ouverte à La Poste ».Il Paris. « Nos intervenants sont très françaises de taille mondiale. Il dis- mentaires : les Caisses d’épargne d’épargne, avec des banques régio- ensemble. serait logique que La Poste partici- contents de ce système, et ils pose de deux cartes : le Crédit lyon- apporteraient leur savoir-faire nales, avec des banques hypothécai- « Notre objectif dans le rapproche- pe à ce grand pôle financier public auraient dû en changer si nous avi- nais et CDC Ixis, la banque d’investis- dans la banque de détail et la Cais- res. Les liens avec la caisse existent. ment entre la Caisse des dépôts et les mais son statut le lui interdit. Il fau- ons fait un autre choix », fait-on sement de la Caisse des dépôts. L’al- se des dépôts dans la banque d’in- (…) Si nous sommes ensemble, nous Caisses d’épargne est la mise en com- drait que cet établissement public valoir à la BLVP. Avec 175 mil- liance entre la Caisse des dépôts et vestissement. Le nouvel ensemble, pourrons plus facilement nouer de mun des activités concurrentielles, soit doté d’un capital, ce qui ne sera liards d’euros de capitalisation les Caisses d’épargne permettra d’as- offrira une palette de services finan- bonnes alliances. » dans les secteurs de la banque de pas fait avant l’élection présidentiel- boursière, la Bourse du Portugal socier une grande banque de réseau ciers globale. Alors que la holding gros, de la banque de détail et de l’as- le et il faudrait créer à l’intérieur de pèsera moins de 7 % d’Euronext. et une grande banque d’investisse- serait dotée de 10 milliards d’euros « SANS MARGINALISER LA POSTE » surance », nous expliquait récem- La Poste, une banque postale. La finalisation de la fusion reste ment », souligne l’entourage de de fonds propres, la valorisation La Caisse des dépôts apporterait ment Daniel Lebègue, une opéra- Deux scénarios sont possibles : soit soumise « à la conclusion de négo- Laurent Fabius. financière du nouvel ensemble est sa filiale spécialisée dans l’immobi- tion qui sera faite « sans marginali- le changement de statut de La Pos- ciations complémentaires entre Selon plusieurs sources, les deux estimée à 18 milliards d’euros lier (SCIC) et, surtout 51 % de CDC ser La Poste ». Un des problèmes te lui permet, à terme, d’intégrer BVLP et Euronext, ainsi qu’aux ensembles ne fusionneraient pas (118 milliards de francs), ce qui en Ixis, sa banque d’investissement que posait cette alliance est, en l’alliance, soit la Poste crée une ban- approbations d’ordre réglementai- mais mettraient en place une hol- ferait le troisième établissement dont elle détient 100 % du capital et effet, le devenir de la Caisse natio- que postale dans laquelle elle re et juridique ». ding commune. Pour des raisons financier français derrière BNP Pari- qui, selon Daniel Lebègue, a voca- nale de prévoyance (CNP), détenue accueillerait la caisse des dépôts. statutaires – une partie des agents bas (47 milliards d’euros) et le Cré- tion à s’introduire en Bourse. à 18 % par les Caisses d’épargne, à Adrien de Tricornot de la Caisse des dépôts sont fonc- dit agricole. Si le réseau des Caisses CDC Ixis aura prochainement des 37 % par la Caisse des dépôts et à Frédéric Lemaître Matra Automobile veut vendre sa prochaine voiture chez Ikea RENAULT a présenté, jeudi 14 juin, son nouveau modèle de haut de gamme, l’Avantime, commercialisé à partir du 3 septembre en France. Ce véhicule, mélange de monospace, de coupé et de cabriolet, co-développé avec Matra Automobile, vise 15 000 à 20 000 exemplai- res par an, soit quatre fois moins que d’Espace, dont la production sera transférée de l’usine Matra de Romorantin (Loir-et-Cher) à celle de Renault-Sandouville. Philippe Guédon, président de Matra Auto- mobile cherche des solutions pour compenser ce départ, qui «ne devrait pas avoir de conséquences sociales ». M. Guédon affirme être en discussion avec deux autres constructeurs européens que Renault pour produire deux nouveaux modèles. Il prépare aussi le lancement, au second semestre 2002, de la M72, une voiture deux-places « ludi- que de loisir », présentée au Salon de l’auto 2000. La M72 sera commer- cialisée hors des réseaux traditionnels. Des contacts ont été pris avec le groupe suédois de distribution de meubles Ikea. AOM-Air Liberté entre repreneurs et dépôt de bilan APRÈS la « journée aéroport mort » de mercredi, un comité d’entrepri- se ordinaire d’AOM Air Liberté s’est tenu jeudi 14 juin à 10 heures, avec pour ordre du jour : « information et consultation sur la situation économique particulièrement grave de l’entreprise. Décisions pouvant résulter de cette situation incluant un éventuel recours au bénéfice d’une procédure collective ou éventualité d’un dépôt de bilan ». Cette réunion devait être suivie à 14 heures, d’un autre CE extraordinaire, pour exa- miner le « calendrier pour l’information et la consultation du CE sur le projet de restructuration et le projet de licenciement pour motif économi- que », au cours duquel Marc Rochet, le PDG, devait lever un coin de voile sur « les repreneurs concernés ». Premiers problèmes pour le TGV Méditerranée DEUX INCIDENTS ont gravement perturbé la circulation des trains dans le Sud-Est de la France, mercredi 13 juin, entraînant des retards sensibles. Un « accident de personne » a eu lieu à la hauteur d’Auba- gne (Bouches-du-Rhônes) sur la ligne Marseille-Toulon, et un problè- me d’aiguillage à Lapalud, au nord d’Avignon (Vaucluse) sur la ligne TGV Sud-est. Plusieurs TGV Méditerranée, ont été détournés sur la ligne classique, entraînant des retards de trente minutes à plus de deux heures et demie, dans le sens Marseille-Paris et Paris-Marseille. Jeudi, la circulation était rétablie dans les deux sens. La SNCF a précisé, jeudi, que les clients lésés bénéficieraient de bons de voyages de compensation. L’entreprise nationale a reconnu une carence d’information de la part de ses agents à l’égard des voyageurs. Les services d’accueil de la gare Saint-Charles à Marseille avaient imputé les retards à un affaissement de terrain au nord d’Orange (Vau- cluse), ce que la direction parisienne de la compagnie a démenti jeudi. Le gouvernement lance son projet de loi sur la société de l’information LE PROJET DE LOI destiné à adapter le droit français à la « société de l’information » a été présenté en conseil des ministres, mercredi 13 juin à Paris. Ce texte transpose notamment la directive européenne du 8 juin 2000 sur le commerce électronique. Présenté par le secrétai- re d’Etat à l’industrie, Christian Pierret, il a pour principal objectif de « promouvoir la confiance dans les réseaux et contribuer ainsi à la démo- cratisation de l’usage de l’Internet ». Le texte prévoit que la responsabi- lité civile des hébergeurs de sites pourra être engagée s’ils ne retirent pas un contenu dont ils ont connaissance du « caractère manifeste- ment illicite ». La validité des contrats conclus par voie électronique sera reconnue. Les internautes pourront refuser de recevoir par e-mail des publicités non-sollicitées. Pour lutter contre la cybercrimi- nalité, la cryptologie sera « libéralisé ». Le texte sera adopté au plus tôt à la fin 2002 (www.lsi.industrie.gouv.fr). 25 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 Le système de distribution de la presse risque de voler en éclats Le conflit qui oppose le groupe Amaury, les NMPP et le syndicat du Livre a empêché la parution du « Parisien » et de « L’Equipe », jeudi. Une aide spécifique à la presse de 120 millions de francs est demandée par les éditeurs pour tenter de préserver l’actuelle organisation mutualiste

LE PARISIEN devait briser un L’autre titre phare du groupe d’Aujourd’hui en France, édition ger sur une aide spécifique de tournable dans la presse magazine les NMPP contre l’éditeur du Pari- tabou en inaugurant son propre sys- Amaury, L’Equipe, qui reste dans le nationale du Parisien. Une décision 120 millions de francs à la distribu- (Elle, Paris-Match, Télé 7 Jours, etc.) sien. Mais le groupe n’exclut pas tème de distribution, hors du systè- giron des NMPP, était également prise par l’éditeur à la suite d’un tion de la presse, demandée par les et celui d’actionnaire du groupe l’hypothèse d’un abandon de son me des Nouvelles Messageries de la absent des kiosques jeudi, le quoti- arrêt de la cour d’appel de Paris du éditeurs. Celle-ci s’ajouterait aux Amaury, dont il détient 25 %. Il doit rôle d’opérateur des NMPP. Jean- presse parisienne (NMPP), dans la dien sportif n’ayant pas été impri- 6 juin. Estimant que Le Parisien et aides inscrites dans le budget du se battre pour défendre la coopéra- Luc Lagardère, son cogérant, a indi- nuit du mercredi 13 juin au jeudi mé, pour les mêmes raisons, ni à Aujourd’hui ne formaient qu’un ministère de la culture (252,2 mil- tive qu’il dirige, garantir un systè- qué par courrier le 28 mai aux 14. Il n’en a rien été. La direction du Saint-Ouen, ni dans les cinq impri- seul et même titre, la cour autori- lions de francs en 2001). Cette me de distribution mutualiste, basé cadres des NMPP : « Nous ne quitte- quotidien a finalement renoncé à meries de province. « On prévoit un sait Le Parisien à sortir du système demande avait été déjà formulée sur une péréquation permettant à rons pas les NMPP de notre imprimer le journal, face à la pres- conflit dur et nous nous donnerons de distribution, à condition d’arrê- par les NMPP au moment de l’an- tous les titres d’être commercialisés fait ». Mais il a mis en garde : « Très sion du syndicat CGT du Livre. les moyens de tenir » prévient Lau- ter l’édition nationale. Ces déci- dans la France entière. Les titres les précisément, si les partenaires ne Dans une ambiance plutôt calme, rent Jourdas, délégué syndical cen- sions, très contestées syndicale- plus rentables paient pour les sont pas déterminés à mettre ce plan environ trois cents ouvriers du tral CGT des NMPP. ment, se sont déjà soldées par un Concurrent des NMPP, autres. Le système actuel se solde [de modernisation] en route, je com- Livre s’étaient réunis à l’extérieur et Le bras de fer entre les NMPP, mouvement de grève de 24 heures par des pertes,, estimées à 200 mil- prendrai qu’ils ne me font plus con- à l’intérieur de l’imprimerie de le groupe Amaury et le syndicat du qui a empêché la sortie de tous les les Messageries lions de francs par an, dans la divi- fiance . Nous réglerons les conditions Saint-Ouen pour bloquer, le cas Livre CGT a été engagé pour deux quotidiens nationaux mercredi sion presse quotidienne. Ce déficit du départ d’Hachette opérateur, échéant, la distribution du quoti- raisons : le départ du Parisien des 13 juin. lyonnaises de presse, devrait s’aggraver avec le départ du dans un délai à fixer, vers la fin de dien. NMPP et l’arrêt sine die Les positions entre les protagonis- Parisien et l’arrêt d’Aujourd’hui. 2001, et je laisserai à Hachette Fili- tes sont radicalement opposées. A pourraient envisager Etant l’un des principaux grou- pacchi Presse la liberté de choix pour sa demande, le comité intersyndi- pes de magazines en France, sa diffusion. » cal du Livre parisien (CGT) a été de distribuer Hachette Filipacchi Média (groupe Le groupe Amaury étudierait de Les conséquences de la rupture reçu mercredi au ministère de la Lagardère) pourrait se ranger aux son côté une sortie plus complète culture et de la communication. Le des quotidiens thèses de Marie-Claire, Excelsior ou des NMPP. Leur concurrent, les Conseil supérieur des messageries, Emap, regroupés dans le Syndicat Messageries lyonnaises de presse du pacte de solidarité entre les titres présidé par Yves de Chaisemartin, de la presse magazine et d’informa- (MLP), travaille à l’élaboration de PDG du Figaro, devait réunir jeudi nonce du plan de modernisation de tion. Ce dernier souhaiterait mettre propositions commerciales pour LE CONFLIT engagé entre le des NMPP, a posé comme condi- après-midi la direction générale des l’entreprise, en octobre 2000, qui se en place une messagerie autono- différents titres du groupe, dont groupe Amaury, les Nouvelles mes- tion à la réalisation de ce plan un NMPP, du groupe Amaury et les traduira par la suppression de me, qui ne soit plus obligée de L’Equipe. Les MLP ne diffusent sageries de la presse parisienne engagement formel des pouvoirs membres du conseil de gérance de 797 emplois sur un total de financer le déficit de la branche quo- actuellement aucun quotidien, (NMPP) et le syndicat du Livre publics : la prise en charge du sur- la messagerie. Pour tenter de désa- 2390 salariés. tidiens des NMPP. mais pourraient envisager une telle CGT restera-t-il circonscrit aux coût de charges occasionné par la morcer cette crise, qui se fait jour Cette crise pourrait faire voler en Enfin, le groupe Hachette a tou- hypothèse qui, malgré de forts défi- portes de l’imprimerie du Parisien distribution des quotidiens natio- au moment où France Soir annonce éclat le système de la distribution jours réaffirmé qu’en tant qu’ac- cits, leur permettrait de devenir un à Saint-Ouen, ou préfigure-t-il un naux. La confirmation de cette aide un nouveau plan de licenciements de la presse française. Tous les tionnaire dormant du groupe acteur de poids, grâce à un nou- éclatement du système de distribu- supplémentaire, que la presse éva- massifs, le gouvernement pourrait acteurs sont confrontés à une pro- Amaury, il n’intervenait pas dans sa veau partage du marché. Tout est tion de la presse ? Le retrait du lue à 120 millions de francs, inter- faire un geste. Laurent Fabius, blématique aiguë. Le groupe Lagar- gestion. Signe que le groupe Lagar- en place pour un violent séisme. quotidien rompt avec un des prin- viendrait opportunément à quel- ministre de l’économie, a reçu les dère cumule trois rôles a priori dère scinde ces différentes fonc- cipes fondamentaux de l’organisa- ques mois des élections. éditeurs de quotidiens nationaux, inconciliables : celui d’opérateur tions, il a donné son feu vert aux Michel Delberghe tion coopérative actuelle, fondée Malgré leurs dénégations, les diri- mercredi, sans pour autant s’enga- des NMPP, celui d’éditeur incon- poursuites judiciaires engagées par et Nicole Vulser sur la solidarité entre les titres éta- geants du groupe Amaury restent blie par la loi Bichet de 1947. Il suspectés de faire cavalier seul tend aussi à faire peser sur les pour imposer leurs conditions aux autres éditeurs des charges de autres éditeurs. « Nous avons une structure dans une période peu issue de secours » à la distribution propice, alors que les difficultés d’Aujourd’hui, aurait indiqué Jean- s’accumulent pour certains quoti- Pierre Courcol devant le comité diens de la presse parisienne com- central du groupe, lundi 11 juin. me L’Humanité et France Soir et La révélation, par la CFDT, des que les NMPP sont engagées dans négociations engagées avec les un délicat plan de restructuration. Messageries lyonnaises de presse En persistant dans ses inten- (MLP) pour la distribution d’Aujo- tions, le groupe dirigé par Jean- urd’hui en France, mais aussi de Pierre Courcol prend le risque d’ac- L’Equipe serait une menace autre- célérer le processus de réforme de ment plus explosive sur la pérenni- Assemblée Générale la distribution, évoqué depuis té du système actuel, en introdui- deux ans, qui peine à émerger des sant une concurrence commerciale du jeudi 28 juin 2001 travaux du Conseil supérieur des et sociale à tous les niveaux. messageries. Il met au pied du mur Après la remise en cause du systè- le groupe Hachette (lire ci-dessus), me de distribution, le groupe Amau- les pouvoirs publics et les autres ry entend bien s’attaquer ensuite à éditeurs pour les contraindre à l’autre modèle de coopération poser les bases d’un nouveau systè- entre les quotidiens nationaux L’Assemblée Générale Mixte des actionnaires me d’organisation. dans les cinq imprimeries décentra- lisées et les ateliers régionaux de de la Compagnie de Saint-Gobain aura lieu le FAIRE CAVALIER SEUL messagerie. Pour réaliser et diffu- Le plan de modernisation des ser L’Equipe et Aujourd’hui dans de NMPP, qui entre en vigueur avec meilleures conditions, il a annoncé les premiers départs en juillet, a des son intention d’investir dans de conséquences sociales lourdes. Le nouvelles unités auxquelles les jeudi 28 juin 2001 à 15 h retrait du Parisien et l’arrêt, même autres journaux – Libération, Les provisoire, d’Aujourd’hui pour- Echos, La Tribune, etc. – seraient raient bien obliger la direction à invités à s’associer. Une façon pour au Grand Auditorium du Palais des Congrès, réviser cette prévision. Cette hypo- lui de contrôler sa propre chaîne de thèse explique la fermeté manifes- fabrication, mais aussi d’imposer tée par les organisations syndicales ses règles aux autres éditeurs. 2 Place de la Porte Maillot, 75017 Paris dans un conflit prévu pour durer. Le groupe Hachette, opérateur M. De Si vos actions sont inscrites au nominatif ou si vous détenez 20 actions Deux nouveaux présentateurs Saint-Gobain ou plus, vous avez dû recevoir un dossier complet vous permettant de participer à cette Assemblée, de vous y faire représenter ou pour les journaux de France 2 de voter par correspondance. EN CHOISISSANT Daniel Bilalian pour le journal de 13 heures et David Pujadas pour le 20 heures, Olivier Mazerolle, directeur général délégué en charge de l’information de France 2, prend un risque calcu- Si vous détenez moins de 20 actions Saint-Gobain sous la forme au lé. Avec Daniel Bilalian, cinquante-trois ans, présentateur à éclipses des journaux télévisés depuis 1982, il place un professionnel au style réputé porteur, vous pouvez également participer à cette Assemblée. Pour cela, populaire pour animer cette tranche d’information tombée à 18,9 % d’audience, en face des 52,8 % qu’obtient Jean-Pierre Pernaut sur TF1. vous devez, et au plus tard le 22 juin 2001, demander à votre intermédiaire A l’inverse, pour le 20 heures, il parie sur la nouvelle génération en fai- financier de vous délivrer une attestation d’immobilisation de vos titres sant appel à David Pujadas, trente-sept ans. Après avoir été reporter à TF1, celui-ci a rejoint LCI en 1994, où il animait « Le Grand Journal ». Il que vous présenterez à l’accueil le jour de l’Assemblée. devra essayer de grignoter sur les 38,7 % réalisés par Patrick Poivre d’Arvor, pour que le 20 heures de France 2 dépasse 22,3 %. Béatrice Schönberg conserve la présentation des journaux du week-end. Patrick Le Lay provoque

une enquête sur « Loft Story » SERVICE DES RELATIONS AVEC LES ACTIONNAIRES Les Miroirs - 92096 La Défense cedex Téléphone : 01 47 62 33 33 Minitel : 3615 GOBAIN (1,01 F/mn) C’EST AU TITRE de président du bouquet TPS que Patrick Le Lay, Internet : http://www.saint-gobain.com• E-mail : [email protected]• Reuter : SGOB.PA PDG de TF1, a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête préli- minaire sur des propos racistes et antisémites proférés, le 8 mai, par • • des locataires du jeu « Loft Story », diffusé 24 heures sur 24 par le pro- ducteur ASP Productions (groupe Endemol), via TPS. Pressé à l’épo- que d’arrêter cette diffusion, le président de TPS avait transmis au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la transcription des dialogues incriminés. Le CSA est tenu par l’article 40 du code pénal de dénoncer au procureur de la République tout crime ou délit dont il a connaissan- ce. Conformément à ces obligations, le CSA a adressé au parquet le relevé des faits « susceptibles de constituer l’infraction d’incitation à la haine raciale ». Les mêmes propos, tenus par un animateur de TF1, avaient valu à M. Le Lay d’être condamné, le 28 décembre 1994, à 30 000 francs pour « incitation à la haine raciale ». 26 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40 6132,33 5820,20 5353,63 6289 5975 5693 b ONE.TEL : la filiale française Une réduction a ITALIE : la production indus- AFFAIRES du groupe australien de 6111 5843 5519 trielle a enregistré une baisse de télécommunications a été placée 5932 5711 5346 des déficits publics 1,9 % en avril, après une hausse de INDUSTRIES en redressement judiciaire par le 5753 5579 5172 0,5 % en mars, a annoncé l’Istat, tribunal de commerce de 5575 5446 4998 paraît difficile jeudi. En glissement annuel, la pro- b MOULINEX-BRANDT : la Nanterre, mardi. En proie à de 5396 5314 4824 duction a augmenté de 2,6 % en direction départementale du graves difficultés, la société mère [[[ [[[ [[[sans la croissance avril, après une contraction de travail du Nord a annulé le plan a suspendu tout soutien financier 13 M. 27 A. 13 J. 13 M. 27 A. 13 J. 13 M. 27 A. 13 J. 0,2 % en mars. social prévu à l’usine de à ses filiales européennes. One.Tel LA COUR DES COMPTES estime Indices cours Var. % Var. % réfrigérateurs-congélateurs Selnor France affirme « assurer la Europe 18 h 11 f se´lection 13/06 12/06 31/12 que le gouvernement ne pourra a ÉTATS-UNIS : les conditions de Lesquin (Nord), près de Lille, continuité de ses services » auprès EUROPE EURO STOXX 50 4339,61 1,18 – 9,07 pas tenir ses engagements de économiques dans les différentes qui emploie 670 personnes et dont de ses 450 000 clients. EUROPE STOXX 50 4156,51 0,90 – 8,79 réduction des déficits publics en régions des Etats-Unis ont peu évo- la fermeture a été annoncée fin EUROPE EURO STOXX 324 359,34 0,88 – 8,28 cas d’affaiblissement de la croissan- lué, selon le Livre beige de la Réser- avril par le groupe Moulinex- b CANAL+ : la chaîne cryptée EUROPE STOXX 653 334,89 0,71 – 6,92 ce, selon son rapport préliminaire ve fédérale publié mercredi, qui Brandt, dans le cadre d’un plan de a confirmé, mercredi, la PARIS CAC 40 5353,63 0,78 – 9,67 sur l’exécution du budget 2000, dis- fait l’état des lieux de l’économie restructuration prévoyant la modification de sa grille de PARIS MIDCAC 2509,30 – 0,15 1,29 tribué mercredi 13 juin à l’Assem- toutes les six semaines. L’institu- suppression de 4 000 postes, dont programmes en clair, et la PARIS SBF 120 3656,49 0,59 – 9,10 blée nationale. « En cas d’affaiblis- tion constate que le secteur manu- 1 500 en France. disparition de l’émission « Nulle PARIS SBF 250 3438,30 0,58 – 8,83 sement de la croissance économi- facturier était « toujours faible » ou part ailleurs » (Le Monde du PARIS SECOND MARCHE´ 2782,05 – 0,39 – 1,24 que, en particulier en raison de la en déclin. « Le marché du travail b BATA : l’intersyndicale 13 juin). A l’issue d’un comité AMSTERDAM AEX 576,74 0,82 – 9,55 conjoncture internationale », les s’affaiblit dans toutes les régions », CGT-CFDT a demandé, mercredi d’entreprise présenté par le BRUXELLES BEL 20 2857,09 0,68 – 5,53 « évolutions favorables » du solde selon le Livre Beige. 13 juin, la nomination d’un président, Pierre Lescure, la FRANCFORT DAX 30 6132,33 1,21 – 4,68 budgétaire prévues par le gouver- médiateur dans le conflit qui société a annoncé la suppression LONDRES FTSE 100 5820,20 0,28 – 6,47 nement jusqu’en 2004 seraient a JAPON : le ministre japonais oppose les 875 salariés de l’usine de 217 postes, sans licenciement. MADRID STOCK EXCHANGE 9522,50 0,83 4,53 « stoppées », selon la Cour. des finances, Masajuro Shio- Bata-Hellocourt de Moussey MILAN MIBTEL 30 38405,00 0,52 – 12,15 La « rigidité » de la dépense publi- kawa, a reconnu à demi-mots jeu- (Moselle) à leur direction. Lundi, b MARSANS INTERNATIONAL : ZURICH SPI 7475,80 0,95 – 8,11 que « reste préoccupante, et dès lors di que le Japon était entré dans une la direction de Bata avait confirmé le voyagiste espagnol espère que l’opinion exprime une forte période de récession. Le produit son intention de mettre l’usine porter à 460 millions de francs ses AME´ RIQUES demande de baisse des prélèvements intérieur brut, qui a baissé de 0,2 % d’Hellocourt en dépôt de bilan. ventes en France, grâce au obligatoires, le déficit public risque au premier trimestre « s’affaiblit à développement de son activité de NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR de ne pouvoir diminuer que relative- un rythme encore plus rapide que b AVAYA : l’ex-filiale de Lucent transport aérien vers l’Amérique ment peu », note la Cour. Celle-ci prévu », a déclaré M. Shiokawa, Technologies, spécialisée latine, a annoncé, mercredi, 10948,38 2169,95 0,852 relève ainsi que « les dépenses de devant une commission parlemen- dans les équipements pour Bruno Gallois, son directeur 11337 2313 0,913 personnel » de l’Etat « augmentent taire. Le ministre a dit « s’attendre réseaux de télécommunications général pour la France. 10948 2178 0,899 continuellement », et que les « pers- à ce que le chiffre d’avril-juin soit d’entreprise, a annoncé, mardi, 10558 2043 0,885 pectives d’alourdissement des char- plus mauvais encore », ce qui sous- b une restructuration qui se traduira AIR FRANCE : le groupe a vu 10168 1908 0,870 ges de retraite de la fonction publi- entend qu’il sera négatif. par la suppression d’au moins reculer le taux d’occupation de que de l’Etat sont préoccupantes ». a Le gouverneur de la Banque 9779 1773 0,856 3 000 emplois, soit 11 % de ses avions en mai à 76,1 %, soit a L’emploi privé en France a cru du Japon (BoJ), Masaru Hayami, 9389 1638 0,842 l’effectif salarié. une baisse de 1,4 point comparé à [[[ [[[ [[[de 0,8 %, soit 116 000 emplois, au estime, jeudi, que de nouvelles mai 2000, en raison du 13 M. 27 A. 12 J. 13 M. 27 A. 12 J. 13 M. 27 A. 13 J. premier trimestre, selon les chif- mesures d’assouplissement moné- b ASCOM : le fabricant suisse ralentissement économique aux fres définitifs publiés jeudi 14 juin taire ne sont pas nécessaires, la Indices cours Var. % Var. % d’équipements téléphoniques va Etats-Unis. Le trafic passager a Ame´rique 9h57 f se´lection 12/06 11/06 31/12 par le ministère de l’emploi et de la récente faiblesse de la production supprimer 1 100 emplois dans le progressé de 9,6 % en mai et E´TATS-UNIS DOW JONES 10948,38 0,24 1,50 solidarité et l’Insee. Sur un an, l’em- et du marché boursier étant confor- monde, dont 400 en Suisse, selon l’offre en sièges de 11,7 %. E´TATS-UNIS S&P 500 1255,85 0,12 – 4,88 ploi salarié du secteur privé a pro- me aux prévisions. un communiqué diffusé mercredi E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2169,95 – 0,04 – 12,17 gressé de 496 900 postes, soit une a à Berne. Le groupe justifie cette FINANCES TORONTO TSE INDEX 8094,78 0,04 – 9,39 hausse de 3,5 %. BRÉSIL : le réal continuait à mesure par un « assainissement de SAO PAULO BOVESPA 15173,07 .... – 0,57 a Le capital-investissement s’est chuter mercredi sur le marché des ses structures ». b IMMOBILIER : le marché des MEXICO BOLSA 384,19 0,74 21,58 fortement développé en France changes, touchant son plus bas logements neufs à Paris a BUENOS AIRES MERVAL 450,21 1,05 8,02 en 2000, pour atteindre 34,8 mil- niveau historique face au dollar b POLAROID : le groupe globalement reculé en 2000 et au SANTIAGO IPSA GENERAL 109,60 – 0,48 14,17 liards de francs d’investissements (2,410 real pour un dollar). Les américain, spécialiste de la premier trimestre 2001, de façon CARACAS CAPITAL GENERAL 7560,85 – 0,79 10,78 (5,3 milliards d’euros) et 40,1 mil- investisseurs s’inquiètent de l’affai- photo instantanée, concurrencée significative en nombre de ventes liards de francs de capitaux levés, blissement de la coalition gouver- par les technologies numériques, et, dans une moindre proportion, soit des montants presque doubles nementale secouée par de nom- a annoncé, mercredi, qu’il allait en chiffre d’affaires, a indiqué ASIE - PACIFIQUE de ceux de 1999, selon les chiffres breux scandales et de la crise de contracter d’un quart ses effectifs, mercredi la chambre syndicale des publiés mercredi par l’AFIC (Asso- l’énergie qui menace la croissance soit 2 000 emplois, sur les dix-huit promoteurs constructeurs TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN ciation française de capital-investis- du pays. prochains mois afin de renouer d’Ile-de-France. « La hausse des 12823,45 13523,31 104,01 sement). Selon l’association, la avec les bénéfices. S’y ajoute un valeurs » des logements et «un 14529 13867 112,8 France se classe au deuxième rang a ARGENTINE : la Banque inter- « dégraissage » de 950 emplois environnement économique 13987 13506 110,3 en Europe derrière la Grande-Bre- américaine de développement engagé au début de l’année. sensiblement moins porteur laissent tagne (85 milliards de francs inves- (BID) a annoncé, mercredi, le 13445 13146 107,8 à penser que la décélération de tis) et devant l’Allemagne (31,5 mil- déblocage d’un prêt de 502 mil- SERVICES l’activité pourrait se poursuivre en 12903 12785 105,3 liards). lions de dollars à l’Argentine. Le 2001 », estime la Chambre. 12361 12424 102,8 financement accordé s’inscrit dans b PUBLICITÉ : les dépenses 11819 12063 100,4 a ALLEMAGNE : le gouverne- un « paquet » de prêts internatio- [[[ [[[ [[[ publicitaires aux Etats-Unis, RÉSULTATS 13 M. 27 A. 13 J. 13 M. 27 A. 13 J. 13 M. 27 A. 13 J. ment allemand a adopté le pro- naux d’un montant de 39,7 mil- tous médias confondus, jet de budget 2002, mercredi en liards de dollars. ont reculé de 5,2 % au premier a MAIF : le groupe mutualiste a Indices cours Var. % Var. % conseil des ministres. Il prévoit une Zone Asie 9h57 f trimestre, à 22,6 milliards dégagé un bénéfice net consolidé se´lection 13/06 12/06 31/12 légère baisse du déficit de l’Etat a MAROC : le budget du royau- – – de dollars contre 23,8 milliards de 85 millions d’euros en 2000, con- TOKYO NIKKEI 225 12823,45 0,13 6,98 fédéral, à 21,1 milliards d’euros me a dégagé au premier trimestre 13523,31 – – de janvier à mars 2000, a indiqué tre une perte de 57 millions HONGKONG HANG SENG 0,02 10,42 contre 22,3 milliards cette année. un excédent de 22,4 milliards de SINGAPOUR STRAITS TIMES 1690,18 0,70 – 12,28 mercredi le bureau d’études d’euros en 1999, a annoncé mercre- Les dépenses de l’Etat fédéral en dirhams (2,21 milliards d’euros) SE´OUL COMPOSITE INDEX 75,90 1,09 19,81 new-yorkais CMR. Les journaux di Roger Belot, son PDG. Le chiffre 2002 devraient, toutefois, augmen- grâce aux revenus des privatisa- SYDNEY ALL ORDINARIES 3324,50 – 0,32 5,38 nationaux ont été les plus d’affaires consolidé a progressé de ter de 1,6 %, à 247,8 milliards tions, a déclaré le ministère des BANGKOK SET 21,77 2,30 16,85 touchés, avec une baisse 11 % en 2000, à 2,06 milliards d’euros, après plusieurs années finances mercredi. Le taux officiel BOMBAY SENSITIVE INDEX 3512,76 0,41 – 11,56 de 17,3 % de leurs revenus d’euros (1,86 milliard d’euros en d’économies drastiques pour assai- de chômage s’est contracté à WELLINGTON NZSE-40 2059,04 0,21 8,28 publicitaires. 1999). nir les finances de l’Etat. 12,7 %, contre 13,5 %, il y a un an.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 13/06 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4557 DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9950 Action Marionnaud PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,2605 Marionnaud sollicite ` en euro à Paris PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHEQUE 33,9900 L’INDICE CAC 40 était en baisse LES MARCHÉS AMÉRICAINS ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6221 à nouveau le marché 145 de 0,92 %, à 5 304,57 points, à ont terminé en baisse, mercredi SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3014 117,5 l’ouverture jeudi 14 juin. La veille, 13 juin, les investisseurs faisant PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,6618 ´ ´ ´ ´ le 13 juin FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NEO-ZELAND 2,0316 LA BOULIMIE de croissance de 140 la Bourse de Paris s’était légère- preuve d’un nouvel accès de FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....247,5800 Marionnaud est inextingui- ment redressée (+ 0,78 %). Mais le pessimisme après la publication du MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 24685 ble. Pour la cinquième fois rebond était surtout technique. Les rapport de la Réserve fédérale sur DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,3838 135 depuis son introduction en Bour- investisseurs se montrent très réser- la conjoncture économique, dit se en 1998, la première chaîne vés sur les perspectives de croissan- aussi Livre beige. Coursdechangecroise´s française de parfumerie va sollici- 130 ce dans les prochains mois. Principal indicateur de Wall Street, Cours Cours Cours Cours Cours Cours ter le marché. l’indice Dow Jones a perdu 0,70%, 13/06 18 h 11 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. Son PDG, Marcel Frydman, a 125 FRANCFORT à 10 871,62 points, tandis que DOLLAR ...... 0,82004 0,85260 0,12998 1,38880 0,55800 annoncé, mercredi 13 juin, une l’indice élargi Standard & Poor’s YEN ...... 121,94500 ..... 104,01000 15,86000 169,35000 68,05500 augmentation de capital de 120 LA BOURSE de Francfort a débuté 500 , qui sert de référence aux EURO...... 1,17288 0,96145 ..... 0,15245 1,62805 0,65445 FRANC...... 7,69360 6,30840 6,55957 ..... 10,68315 4,29200 121,3 millions d’euros, au prix de la séance de jeudi en légère baisse gérants de fonds, a reculé de LIVRE ...... 0,72005 0,59050 0,61425 0,09360 ..... 0,40185 99 euros par action. La famille 115 de 0,04 %, sous l’influence de la 1,13%, à 1 241,60 points. Le Stan- FRANC SUISSE ...... 1,79210 1,46945 1,52830 0,23290 2,48845 ..... Frydman a décidé de ne pas sui- baisse de Wall Street. L’indice de dard & Poor’s 500 a ainsi terminé à vre l’opération, offrant aux inves- 110 référence DAX affichait son plus bas niveau depuis le Taux d’inte´reˆt(%) Matif tisseurs la possibilité d’acquérir DJ FMAMJ6 109,66 points au cours des pre- 26 avril. Riche en valeurs de les 403 528 titres ainsi remis en miers échanges contre technologie, le Nasdaq a terminé Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 2000 2001 Taux 13/06 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 18 h 11 f 13/06 prix prix jeu, au prix maximal de 130 euros Source : Bloomberg 6 111,94 points à la clôture mercre- en repli pour la quatrième séance FRANCE ...... 4,53 4,39 5,20 5,73 Notionnel 5,5 chacun. A l’issue de l’offre, la part di. consécutive, abandonnant 2,23 %, ALLEMAGNE .. 4,52 4,49 5,08 5,65 DE´CEMBRE 2001 103355,00 88,10 88,13 de la famille tombera à 27,8% du marché qui approche de 30 %. En pour s’établir à 2 121,66 points. GDE-BRETAG. 5,38 5,11 5,21 5,06 Euribor 3 mois ITALIE...... 4,52 4,43 5,44 6,04 JANVIER 2001 .... NC NC NC capital et à 42% des droits de Europe, Marionnaud, qui a déjà LONDRES JAPON ...... 0,03 0,01 1,18 2,18 vote. 200 magasins, lorgne maintenant TAUX E´TATS-UNIS... 4 3,55 5,28 5,66 Il s’agit cette fois de financer le sur la première place actuelle- LA BOURSE de Londres a ouvert SUISSE ...... 3,12 3,03 3,39 4,13 ´ PAYS-BAS...... 4,50 4,43 5,23 5,70 Petrole développement international de ment détenue par l’allemand en baisse jeudi, l’indice Footsie des LE RENDEMENT des emprunts Cours Var. % l’enseigne. M. Frydman a expli- Douglas. cent principales valeurs reculant d’Etat se détendait de quelques En dollars f 12/06 11/06 qué qu’il avait une quinzaine de Reste à convaincre la Bourse de le de 13 points (- 0,22 %), à fractions sur le marché obligataire Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 29,80 + 1,15 cibles dans sa ligne de mire en suivre dans cette nouvelle étape. 5 807,2 points. La veille, le marché européen, jeudi 14 juin dans les WTI (NEW YORK) ...... 0,30 + 1,34 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 29,13 + 0,66 Europe, notamment en Italie, Le PDG affirme viser, pour la londonien avait évolué dans le vert premiers échanges. Le rendement En dollars f 12/06 11/06 Espagne et Grèce. Il compte ainsi nouvelle augmentation de capi- tout au long de la séance, soutenu de l’Obligation assimilable du Tré- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE acquérir assez rapidement tal, davantage le grand public que par une chasse aux bonnes affaires sor (OAT) française à dix ans CUIVRE 3 MOIS...... 1625 – 0,18 ALUMINIUM 3 MOIS...... 1501,50 – 0,03 Or 300 nouveaux magasins, qui ajou- les investisseurs. « Nous voulons sur les valeurs technologiques, s’établissait à 5,19 %. Le taux PLOMB 3 MOIS ...... 454 – 0,22 Cours Var % teraient « environ 1,5 milliard de ouvrir très largement le capital à avant de se replier, dans la foulée affiché par son homologue alle- ETAIN 3 MOIS...... 4853 – 0,45 En euros f 13/06 12/06 francs » (230 millions d’euros) au nos quatre millions de clients », dit- du marché américain. mand, le Bund, s’inscrivait à ZINC 3 MOIS...... 916 .... NICKEL 3 MOIS...... 6845 – 0,51 OR FIN KILO BARRE ...... 10200 .... + chiffre d’affaires du groupe il, en soulignant que des brochu- 5,07 %. ´ OR FIN LINGOT...... 10230 0,59 METAUX (NEW YORK) $/ONCE ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... Marionnaud. Celui-ci a déjà res seront mis à la disposition du + TOKYO ARGENT A TERME ...... 4,38 0,81 PIE`CE FRANCE 20 F ...... 58,10 – 1,36 doublé en 2000, à 3,3 milliards de public dans les magasins Marion- MONNAIES PLATINE A TERME ...... 157951,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 58,10 + 0,17 francs (500 millions d’euros). En naud, en même temps qu’une TOKYO a clôturé en hausse de GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57,90 + 0,52 BLE´ (CHICAGO)...... 263,50 + 0,09 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 189 .... France, où l’enseigne exploite campagne de presse et de radio 0,2 % jeudi, les investisseurs igno- L’EURO se repliait face au billet MAIS (CHICAGO) ...... 197 – 0,13 PIE`CE 20 DOLLARS US ... 396 – 2,46 actuellement 478 points de vente, sera lancée. Mercredi, à la clôtu- rant le recul de Wall Street et aug- vert, jeudi 14 juin dans les SOJA TOURTEAU (CHG.) 172,60 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 386 + 3,42 M. Frydman estime avoir re, l’action était en baisse de mentant leurs achats de titres premiers échanges, à 0,8537 dollar. SOFTS $/TONNE quasiment fait le plein, étant 2,6 %, à 117,5 euros. jugés bon marché. L’indice de réfé- La devise japonaise se négociait à CACAO (NEW YORK) ...... 909 – 2,26 CAFE´ (LONDRES) ...... Cotations, graphiques et indices en temps passé devant son rival Sephora rence Nikkei a gagné 23,21 points, 121,97 yens pour un dollar, SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». (groupe LVMH), avec une part de Pascal Galinier à 12 846,66 points. évoluant également en baisse. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 27

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 334,89 4339,61 404 5389 383 5090 342,89 4451,14

VALEURS EUROPÉENNES 4449,08 b 362 341,90 4791 4339,61

Le titre Nokia s’est repris à la de téléphonie mobile UMTS sur les 4427,50 Bourse d’Helsinki, mercredi marchés allemand et britannique. 342 334,89 4492 b 339,14 13 juin. Il a regagné près de 5 %, à L’action Railtrack était en recul 321 332,38 4193 4287,22 27,50 euros. La veille, il avait per- mercredi, et abandonnait 4,76 % à 300 3894 du 23 %, suite à son avertissement 340 pence, à la suite d’une déclara- [[[[[[[[ [[[[[[[[ sur les résultats. Nokia a reconnu tion du directeur de l’autorité de 13 JUIN 7 DE´ C. 13 JUIN JVLMM 13 JUIN 7 DE´ C. 13 JUIN JVLMM qu’il était touché par le ralentisse- tutelle. Celui-ci a souligné qu’il ment du marché et a revu ses prévi- était hors de question que le gou- SODEXHO ALLIANC FR e 50,75 – 2,12 CARLSBERG AS -A DK 46,41 – 0,29 VA TECHNOLOGIE AT e 38,54 + 0,57 METRO DE e 43,20 – 4,42 e e sions du marché mondial en 2001 vernement vienne en aide à cet TELE PIZZA ES 2,38 + 2,59 COCA COLA HBC GR 13,46 – 1,46 VEDIOR NV NL 13,35 + 2,30 NEXT PLC GB 15,80 – 3,16 THE SWATCH GRP CH 1390,05 + 1,48 DANISCO DK 39,30 – 1,35 VESTAS WIND SYS DK 54,99 + 2,50 PINAULT PRINT. FR e 198,40 + 1,69 à la baisse. opérateur privé du rail britannique THE SWATCH GRP CH 287,30 + 1,27 DANONE FR e 152,50 + 0,39 VINCI FR e 71,55 + 1,92 SIGNET GROUP GB 1,32 + 1,23 b A Francfort, mercredi, l’action à chaque fois qu’il manquerait de THOMSON MULTIME PA 43,58 + 2,01 DELTA HOLDINGS GR 7,16 + 0,28 VIVENDI ENVIRON FR e 48,10 – 0,95 VALORA HLDG N CH 219,24 .... J D WETHERSPOON GB 5,72 .... DIAGEO GB 12,25 – 1,17 VOLVO -A- SE 17,49 + 2,21 VENDEX KBB NV NL e 15,25 – 0,97 Deutsche Telekom a terminé la liquidités. WILSON BOWDEN GB 11,77 – 3,57 ELAIS OLEAGINOU GR 20,30 – 4,15 VOLVO -B- SE 18,25 + 1,81 W.H SMITH GB 8,72 + 0,19 séance en hausse de près de 4 %, à b Le titre Alitalia a reculé de WM-DATA -B- SE 3,81 – 1,67 ERID.BEGH.SAY FR e 103 + 0,98 f DJ E STOXX IND GO P 443,24 + 0,91 WOLSELEY PLC GB 8,06 – 3,85 24,79 euros. Les investisseurs ont 2,49 % à 1,334 euros mercredi. Les WOLFORD AG AT e 17,65 – 1,29 HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 .... f DJ E STOXX RETL P 333,97 + 0,80 WW/WW UK UNITS IR e 1,12 + 6,67 HELLENIC SUGAR GR 7,36 + 2,22 accueilli favorablement l’accord pré- investisseurs craignent que les sala- f DJ E STOXX CYC GO P 138,37 + 0,28 KAMPS DE e 10,83 + 3,14 ASSURANCES KERRY GRP-A- GB 21,68 – 1,82 senté la veille entre l’opérateur alle- riés-actionnaires de la compagnie AEGIS GROUP GB 2 – 3,13 HAUTE TECHNOLOGIE KONINKLIJKE NUM NL e 47,19 – 2,66 mand et British Telecom. Les deux aérienne italienne ne cèdent en AEGON NV NL e 33,31 + 1,34 AIXTRON DE e 44,90 + 1,61 MONTEDISON IT e 2,76 + 0,73 PHARMACIE AGF FR e 65,50 + 3,15 ALCATEL-A- FR e 27,95 – 1,06 sociétés ont décidé de partager les masse leurs titres qui ne seront NESTLE N CH 2460,73 .... ALLEANZA ASS IT e 12,50 – 0,71 GR 4,90 + 4,70 ACTELION N CH 158,05 + 1,26 e ALTEC SA REG. coûts de déploiement des réseaux plus bloqués à partir du 19 juin. PARMALAT IT 1,82 .... e e ALLIANZ N DE 344,10 + 1,12 ARM HOLDINGS GB 4,74 + 2,80 ALTANA AG DE 42 – 0,24 PERNOD RICARD FR e 84,70 + 2,67 ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ARC INTERNATION GB 1,42 – 1,12 ASTRAZENECA GB 56,26 + 0,72 RAISIO GRP -V- FI e 1,53 + 3,38 AXA FR e 32,80 – 0,43 NL e 29,14 + 4,59 AVENTIS FR e 88 – 0,79 + ASM LITHOGRAPHY SOLVAY BE e 61,50 + 0,82 SCOTT & NEWCAST GB 8,71 0,75 e BB BIOTECH CH 91,95 + 4,07 BALOISE HLDG N CH 1181,94 – 0,22 BAAN COMPANY NL 2,66 .... Code Cours % Var. SYNGENTA N CH 59,88 + 0,44 SOUTH AFRICAN B GB 8,59 + 1,52 + 13/06 18 h 31 f CELLTECH GROUP GB 19,80 + 3,11 BRITANNIC GB 15,72 1,04 BALTIMORE TECH GB 0,81 + 4,17 pays en euros 12/06 e – TATE & LYLE GB 4,66 – 0,69 TESSENDERLO CHE BE 30,43 0,07 e CGNU GB 14,86 – 0,43 BAE SYSTEMS GB 5,59 – 0,86 ELAN CORP IR 40,73 + 0,12 TOMKINS GB 3,10 – 1,54 f DJ E STOXX CHEM P 384,29 + 0,49 CNP ASSURANCES FR e 37,65 .... DE e 4,24 – 27,02 ESSILOR INTL FR e 324,90 + 0,12 e BROKAT AUTOMOBILE UNILEVER NL 66,80 + 1,06 e e CORP MAPFRE R ES 24,16 – 2,97 BULL FR e 2,50 .... FRESENIUS MED C DE 82,25 + 1,54 UNILEVER GB 9,17 – 0,35 AUTOLIV SDR SE 20,09 + 1,09 ERGO VERSICHERU DE e 170,80 + 0,71 BUSINESS OBJECT FR e 34,61 + 1,53 ´ GALEN HOLDINGS GB 14,75 .... UNIQ GB 3,30 .... BASF AG BE e 46,40 + 0,43 CONGLOMERATS ETHNIKI GEN INS GR 12,14 + 2,02 CAP GEMINI FR e 125,20 + 2,62 GAMBRO -A- SE 8,42 + 0,65 WHITBREAD GB 10,11 .... DE e 39,80 + e EULER FR e 55,50 – 0,89 COMPTEL FI e 11,15 + 3,34 BMW 0,25 D’IETEREN SA BE 198,40 – 0,40 GLAXOSMITHKLINE GB 31,95 + 0,05 + e f DJ E STOXX F & BV P 253,45 0,27 e CONTINENTAL AG DE 16,35 – 1,51 AZEO FR e 71,95 .... H. LUNDBECK DK 27,32 .... CODAN DK 92,55 .... DASSAULT SYST. FR 52,50 + 3,35 e e + DAIMLERCHRYSLER DE 52,75 + 0,09 GBL BE e 300,10 .... NOVARTIS N CH 45,12 + 0,29 FORTIS (B) BE 28,24 0,86 ERICSSON -B- SE 6,05 – 2,61 e + e e – e + FIAT IT 26,54 0,30 GEVAERT BE 35,98 + 0,28 NOVO-NORDISK -B DK 215,94 .... ´ GENERALI ASS IT 34,65 0,72 F-SECURE FI 1,27 5,83 e BIENS D’EQUIPEMENT e FIAT PRIV. IT 16,97 + 0,18 INCHCAPE GB 7,85 + 0,41 NOVOZYMES -B- DK 26,22 + 2,62 GENERALI HLD VI AT 159,50 – 0,32 FILTRONIC GB 3,51 – 5,22 e + e MICHELIN FR 40,30 + 0,78 KVAERNER -A- NO 9,01 + 2,86 NYCOMED AMERSHA GB 8,80 – 0,55 ABB N CH 83,77 .... INDEPENDENT INS GB 1,35 5 FINMATICA IT 19,93 + 11,34 e e PEUGEOT FR 320,80 + 0,53 MYTILINEOS GR 7,52 + 3,30 ORION B FI e 18,50 – 2,63 ADECCO N CH 698,95 .... INTERAM HELLEN GR 19,94 .... GETRONICS NL 5,36 + 2,68 e e + PIRELLI SPA IT 3,57 + 0,85 UNAXIS HLDG N CH 187,83 + 0,35 OXFORD GLYCOSCI GB 17,09 + 0,66 AEROPORTIDIRO IT 9,14 .... IRISH LIFE & PE GB 13,38 1,97 GN GREAT NORDIC DK 11,40 .... e e e DR ING PORSCHE DE 403 + 1,64 ORKLA NO 20,33 – 0,31 PHONAK HLDG N CH 3926,70 + 2,56 AGGREKO GB 7,88 – 0,20 FONDIARIA ASS IT 6,12 – 1,13 INFINEON TECHNO DE 39,45 + 1,15 e e e RENAULT FR 51,15 – 1,73 SONAE SGPS PT e 0,89 .... QIAGEN NV NL e 27,69 + 4,29 ALSTOM FR 33,45 – 1,04 LEGAL & GENERAL GB 2,53 – 0,63 INFOGRAMES ENTE FR 21,92 + 1,95 e e e + VALEO FR 48,80 + 1,12 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... ROCHE HLDG CH 101,77 – 0,32 ALTRAN TECHNO FR 64,05 – 0,93 MEDIOLANUM IT 12,80 0,71 INTRACOM R GR 18,20 + 0,89 e e + VOLKSWAGEN DE 56,50 + 0,71 ROCHE HOLDING G CH 8376,96 .... ALUSUISSE GRP N CH 824,61 .... MUENCH RUECKVER DE 328,50 0,80 KEWILL SYSTEMS GB 1,77 – 2,65 f DJ E STOXX AUTO P 239,72 + 0,15 SANOFI SYNTHELA FR e 70,10 – 1,54 ASSA ABLOY-B- SE 17,98 + 0,91 SCHW NATL VERS CH 643,98 – 0,10 LEICA GEOSYSTEM CH 323,95 + 1,02 ´ ´ e TELECOMMUNICATIONS SCHERING AG DE e 64,35 + 2,63 ASSOC BR PORTS GB 6,79 – 1,86 POHJOLA GRP.B FI 23,75 – 9 LOGICA GB 14,75 – 0,33 ATLAS COPCO -A- SE 24,40 + 2,73 PRUDENTIAL GB 13,35 + 2,86 LOGITECH INTL N CH 348,82 – 0,37 ATLANTIC TELECO GB 0,32 .... SERONO -B- CH 1109,29 + 1,99 BANQUES ATLAS COPCO -B- SE 23,76 + 0,23 RAS IT e 15,08 + 2,38 MARCONI GB 5,14 – 1,54 BRITISH TELECOM GB 7,25 + 3,69 SHIRE PHARMA GR GB 20,75 + 2,88 ATTICA ENTR SA GR 7,68 + 0,52 ROYAL SUN ALLIA GB 7,61 – 2,07 NOKIA FI e 28,10 + 3,01 ABBEY NATIONAL GB 19,52 + 0,58 CABLE & WIRELES GB 7,21 + 1,13 SMITH & NEPHEW GB 5,48 + 0,89 BAA GB 10,06 – 1,11 SAI IT e 18,40 – 0,11 OCE NL e 14,55 + 1,04 ABN AMRO HOLDIN NL e 21,75 + 1,26 COLT TELECOM NE GB 10,25 – 1,40 SSL INTL GB 8,22 – 3,59 BBA GROUP PLC GB 4,16 .... SAMPO -A- FI e 9,54 + 0,42 OLIVETTI IT e 2,11 + 0,96 ALL & LEICS GB 12,93 – 0,12 DEUTSCHE TELEKO DE e 24,91 + 5,42 SULZER AG 100N CH 405,76 + 1,64 BTG GB 20,65 + 2,40 SWISS RE N CH 2321,99 + 0,08 PSION GB 1,87 + 5,45 ALLIED IRISH BA GB 20,30 + 0,72 E.BISCOM IT e 82,15 – 1,02 SYNTHES-STRATEC CH 719,90 + 0,18 CIR IT e 1,63 – 2,98 SCOR FR e 52 + 0,78 SAGE GRP GB 4,43 + 2,23 ALPHA BANK GR 28,38 – 0,28 EIRCOM IR e 1,27 .... UCB BE e 39,60 + 5,97 CAPITA GRP GB 7,87 + 2,09 SKANDIA INSURAN SE 11,88 + 3,29 SAGEM FR e 71,20 + 1,71 B.P.SONDRIO IT e 11,15 + 0,90 ELISA COMMUNICA FI e 19,40 .... WILLIAM DEMANT DK 35,68 + 1,14 CDB WEB TECH IN IT e 4,24 – 0,93 ST JAMES’S PLAC GB 7,13 – 0,23 SAP AG DE e 169,50 + 1,92 B.P.VERONA E S. IT e 11,75 – 0,17 ENERGIS GB 3,90 – 0,41 WS ATKINS GB 13,11 – 2,05 CGIP FR e 41,10 + 1,08 STOREBRAND NO 8,82 + 2,17 SAP VZ DE e 171,10 + 2,89 BANK OF IRELAND GB 17,67 – 0,09 EQUANT NV DE e 31 .... ZELTIA ES e 12,55 + 0,80 COOKSON GROUP P GB 2,48 – 3,14 SWISS LIFE REG CH 793,19 + 0,50 SEMA GB 9 .... BANK OF PIRAEUS GR 13,60 – 0,58 EUROPOLITAN HLD SE 7,18 – 0,75 f DJ E STOXX HEAL 569,06 – 0,15 DAMPSKIBS -A- DK 8315,79 .... TOPDANMARK DK 31,25 + 1,30 SEZ HLDG N CH 689,79 .... BANKINTER R ES e 41,50 + 1,34 FRANCE TELECOM FR e 59,55 + 2,67 DAMPSKIBS -B- DK 9388,79 + 1,60 ZURICH FINL SVC CH 408,38 – 0,64 SIEMENS AG N DE e 80,50 + 0,75 BARCLAYS PLC GB 35,85 + 2,44 HELLENIC TELE ( GR 16,44 + 1,11 DAMSKIBS SVEND DK 12379,79 + 2,56 f DJ E STOXX INSU P 396,62 + 0,47 MB SOFTWARE DE e 2,36 – 8,88 BAYR.HYPO-U.VER DE e 58,60 + 2,09 KINGSTON COM GB 1,89 + 4,46 ´ ENERGIE E.ON AG DE e 60,35 + 0,75 SPIRENT GB 3,56 – 4,74 BBVA R ES e 16,04 + 1,52 KONINKLIJKE KPN NL e 6,80 + 4,94 BG GROUP GB 4,63 + 0,35 EADS SICO. FR e 23,66 + 0,51 STMICROELEC SIC FR e 40,22 + 0,30 BCA AG.MANTOVAN IT e 10,24 + 0,10 KPNQWEST NV -C- NL e 11,11 + 10,33 BP GB 10,25 – 1,40 ELECTROCOMPONEN GB 9,67 – 0,99 MEDIAS THINK TOOLS CH 22,91 – 0,57 BCA FIDEURAM IT e 11,65 – 0,85 LIBERTEL NV NL e 11,05 + 0,45 CEPSA ES e 13,74 – 1,86 EPCOS DE e 69,80 – 0,78 THUS GB 0,92 + 1,79 INTESABCI IT e 4,15 – 0,48 MANNESMANN N DE e 203,35 + 0,02 BSKYBGROUP GB 11,43 – 1,94 TIETOENATOR FI e 27,70 – 0,72 BCA LOMBARDA IT e 10,37 – 0,48 MOBILCOM DE e 17,10 + 0,65 (Publicite´) CANAL PLUS FR e 3,69 .... f DJ E STOXX TECH P 556,51 + 2,93 BCA P.BERG.-C.V IT e 19,30 + 0,31 PANAFON HELLENI GR 6,28 – 1,26 CAPITAL RADIO GB 12,98 – 1,23 BCA P.MILANO IT e 4,70 .... PT TELECOM SGPS PT e 8,52 .... CARLTON COMMUNI GB 6,01 – 0,27 B.P.EMILIA ROMA IT e 36,50 .... SONERA FI e 9,87 + 6,13 DLY MAIL & GEN GB 12,74 – 2,23 B.P.NOVARA IT e 7,63 + 1,33 SWISSCOM N CH 289,92 + 0,45 ELSEVIER NL e 14,55 + 0,34 SERVICES COLLECTIFS B.P.LODI IT e 12 – 0,08 T.I.M. IT e 6,38 – 0,62 EMAP PLC GB 12,69 – 0,51 ACEA IT e 10,05 + 0,90 BCA ROMA IT e 4,42 .... SONG NETWORKS SE 2,79 + 9,32 À NOS ABONNÉS FOX KIDS EUROPE NL e 9 .... AEM IT e 2,65 + 0,76 BCO POPULAR ESP ES e 40,90 – 0,05 TDC -B- DK 46,54 + 2,66 FUTURE NETWORK GB 1,16 .... BRITISH ENERGY GB 4,24 + 1,94 BCP R PT e 4,44 .... TELE2 -B- SE 40,17 + 0,54 GRANADA GB 2,69 .... CENTRICA GB 3,89 – 0,41 BIPOP CARIRE IT e 4,48 + 1,36 TELECEL PT e 9,25 .... GRUPPO L’ESPRES IT e 4,69 – 2,09 EDISON IT e 10,89 – 0,37 BK OF SCOTLAND GB 13,01 + 1,25 TELECOM ITALIA IT e 11,08 + 2,59 Pour vos changements d’adresse GWR GROUP GB 6,27 – 0,51 ELECTRABEL BE e 230,10 + 0,61 BNL IT e 3,84 + 0,26 TELECOM ITALIA IT e 6,16 + 0,49 HAVAS ADVERTISI FR e 14,10 – 4,41 ELECTRIC PORTUG PT e 2,92 .... BNP PARIBAS FR e 101,90 + 2,31 TELIA SE 5,72 .... INDP NEWS AND M IR e 2,82 .... ENDESA ES e 19,74 + 0,20 BSCH R ES e 11,10 + 0,91 TISCALI IT e 12,51 – 0,79 ou suspensions d’abonnement INFORMA GROUP GB 8,22 – 2,67 ENEL IT e 3,89 + 2,10 COMIT IT e 6,16 .... VERSATEL TELECO NL e 4,04 + 8,60 LAGARDERE SCA N FR e 60,15 – 0,33 EVN AT e 33 .... COMM.BANK OF GR GR 49,54 – 1,51 VODAFONE GROUP GB 2,76 + 1,18 LAMBRAKIS PRESS GR 7,90 + 3,40 FORTUM FI e 5,19 – 2,99 COMMERZBANK DE e 29,40 + 1,91 f DJ E STOXX TCOM P 559,01 + 2,02 durant vos vacances M6 METROPOLE TV FR e 27,30 – 4,21 GAS NATURAL SDG ES e 18,50 + 0,54 CREDIT LYONNAIS FR e 42,73 + 3,51 MEDIASET IT e 10,73 – 1,47 HIDRO CANTABRIC ES e 26,07 – 0,87 DANSKE BANK DK 18,84 + 1,08 MODERN TIMES GR SE 28,40 – 2,05 IBERDROLA ES e 15,65 + 0,26 DEUTSCHE BANK N DE e 87 + 1,16 CONSTRUCTION MONDADORI IT e 9,74 – 1,62 INNOGY HOLDINGS GB 3,53 – 0,90 DEXIA BE e 179 + 0,56 NRJ GROUP FR e 19,62 + 0,82 e + ACCIONA ES e 44,50 – 3,16 ITALGAS IT 10,59 2,52 DNB HOLDING NO 4,97 + 1,28 PEARSON GB 19,86 + 0,98 + ACS ES e 32,60 + 0,31 KELDA GB 6,34 0,51 DRESDNER BANK N DE e 53,75 + 0,94 PRISA ES e 13,21 + 0,69 GB 9,16 + AGGREGATE IND GB 1,45 – 4,26 un seul numéro NATIONAL GRID G 0,35 EFG EUROBK ERGA GR 15,64 – 2,25 PROSIEBEN SAT.1 DE e 19,10 – 1,55 – AKTOR SA GR 7,90 + 3,67 INTERNATIONAL P GB 4,98 0,32 ERSTE BANK AT e 59,76 + 1,29 PT MULTIMEDIA R PT e 16,38 .... e + AMEY GB 6,17 + 1,32 OESTERR ELEKTR AT 111,69 0,71 ESPIRITO SANTO PT e 15,70 .... PUBLICIS GROUPE FR e 34,10 – 1,16 GB 9,87 UPONOR -A- FI e 18 – 1,64 0825 022 021 PENNON GROUP .... FOERENINGSSB A SE 13,61 + 3,70 PUBLIGROUPE N CH 462,70 + 1,58 – AUREA R ES e 20,75 – 0,24 POWERGEN GB 11,56 0,14 HALIFAX GROUP GB 12,95 + 0,63 REED INTERNATIO GB 10 .... GB 8,40 + 0,77 ACESA R ES e 11,01 + 0,55 (0,99 F TTC/mn) SCOTTISH POWER HSBC HLDG GB 13,91 – 1,03 REUTERS GROUP GB 15,48 + 1,16 + BOUYGUES FR e 42,45 + 0,35 SEVERN TRENT GB 12,01 0,54 IKB DE e 15,74 .... RTL GROUP LU e 76,20 – 0,07 e – BPB GB 4,08 – 1,56 SUEZ FR 36,80 0,08 KBC BANCASSURAN BE e 42,63 – 0,26 SMG GB 3,24 – 3,83 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,22 .... SYDKRAFT -A- SE 25,05 .... LLOYDS TSB GB 11,38 .... SOGECABLE R ES e 25,14 + 1,37 – BUZZI UNICEM IT e 11,98 + 1,70 SYDKRAFT -C- SE 20,30 1,05 MONTE PASCHI SI IT e 3,84 + 0,26 COFLEXIP FR e 173,90 + 0,12 EUROTUNNEL FR e 1,27 – 0,78 TAYLOR NELSON S GB 4 + 1,64 e – NOVAR GB 2,72 – 4,52 FENOSA ES 21,29 0,05 NAT BANK GREECE GR 37,88 – 1,10 DORDTSCHE PETRO NL e 61,95 + 0,73 EXEL GB 11,40 – 0,56 TELEFONICA ES e 17,28 + 0,99 + CRH PLC GB 33,84 + 0,62 UNITED UTILITIE GB 10,32 1,91 NATEXIS BQ POP. FR e 97,20 + 0,21 ENI IT e 7,75 .... XANSA GB 5,80 – 4,51 TELEWEST COMM. GB 1,79 + 0,91 – CIMPOR R PT e 23,71 .... VIRIDIAN GROUP GB 11,08 0,29 NORDEA SE 6,75 + 4,17 ENTERPRISE OIL GB 10,27 + 1,11 GROUP 4 FALCK DK 134,53 + 0,30 TF1 FR e 39,30 + 0,77 f + COLAS FR e 66,10 – 0,30 DJ E STOXX PO SUP P 325,12 0,71 ROLO BANCA 1473 IT e 17,67 – 0,06 HELLENIC PETROL GR 7,40 + 0,27 FINMECCANICA IT e 1,11 .... TRINITY MIRROR GB 7,38 – 1,51 GRUPO DRAGADOS ES e 15,07 – 2,14 ROYAL BK SCOTL GB 27,68 + 3,37 LASMO GB 2,90 .... FINNLINES FI e 25 .... UNITED PAN-EURO NL e 4,80 – 2,04 FCC ES e 24 + 1,05 S-E-BANKEN -A- SE 11,12 + 4,57 LATTICE GROUP GB 2,26 + 2,19 FKI GB 4,26 – 0,75 UTD BUSINESS ME GB 11,49 .... GRUPO FERROVIAL ES e 19,41 – 1,47 SAN PAOLO IMI IT e 15,40 – 0,84 OMV AG AT e 119,50 + 4,78 FLS IND.B DK 14,35 – 0,93 VIVENDI UNIVERS FR e 73,35 + 0,89 HANSON PLC GB 7,74 + 0,42 STANDARD CHARTE GB 15,46 + 0,95 PETROLEUM GEO-S NO 14,45 + 4,05 FLUGHAFEN WIEN AT e 38,75 – 0,36 VNU NL e 46,02 – 1,12 HEIDELBERGER ZE DE e 54,05 – 0,09 e ES e 21,45 + 1,32 e e + EURO STE GENERAL-A- FR 71,10 + 0,07 + REPSOL YPF GAMESA ES 24,90 + 1,55 WOLTERS KLUWER NL 29,99 0,47 HELL.TECHNODO.R GR 6,60 4,43 e ______SV HANDBK -A- SE 16,95 + 2,95 ROYAL DUTCH CO NL 72,30 + 0,42 GKN GB 11,20 – 1,28 WPP GROUP GB 11,48 – 2,86 HERACLES GENL R GR 12,14 – 1,30 SWEDISH MATCH SE 5,29 .... SAIPEM IT e 7,43 .... HAGEMEYER NV NL e 25,10 – 0,28 f DJ E STOXX MEDIA P 393,72 + 0,17 HOCHTIEF ESSEN DE e 24,50 + 0,41 NOUVEAU UBS N CH 171,14 + 3,36 SHELL TRANSP GB 10,22 – 0,63 HALKOR GR 4,10 – 0,97 HOLCIM CH 1299,08 .... UNICREDITO ITAL IT e 5,37 + 2,09 TOTAL FINA ELF FR e 174,60 + 1,16 GB 2,93 + IMERYS FR e 122 + 1,16 HAYS 8,33 ´ f DJ E STOXX BANK P 323,89 + 0,99 IHC CALAND NL e 62,35 – 0,24 e + BIENS DE CONSOMMATION MARCHE ITALCEMENTI IT e 9,96 + 0,10 HEIDELBERGER DR DE 57,50 1,32 f DJ E STOXX ENGY P 386,84 + 0,68 e + LAFARGE FR e 107,10 – 0,74 HUHTAMAEKI VAN FI 31,10 0,65 AHOLD NL e 36,62 + 1,27 IFIL IT e 7,35 – 2 Cours % Var. PRODUITS DE BASE MICHANIKI REG. GR 2,82 + 6,42 ALTADIS ES e 15,20 .... 13/06 18 h 31 f en euros 12/06 PILKINGTON PLC GB 1,68 – 0,95 IMI PLC GB 4,35 – 0,74 AMADEUS GLOBAL ES e 8,18 + 0,37 SERVICES FINANCIERS e + ACERALIA ES e 14,10 – 2,08 RMC GROUP PLC GB 10,88 – 0,74 INDRA SISTEMAS ES 11,57 3,12 ATHENS MEDICAL GR 4,88 + 4,72 AMSTERDAM ACERINOX R ES e 37,80 – 0,26 SAINT GOBAIN FR e 165,80 – 0,90 3I GROUP GB 19,91 + 0,73 IND.VAERDEN -A- SE 19,22 – 1,66 AUSTRIA TABAK A AT e 77,50 + 0,45 – ALUMINIUM GREEC GR 34,82 – 1,08 SKANSKA -B- SE 44,98 + 1,59 ALMANIJ BE e 40,46 + 1,15 INVESTOR -A- SE 14,58 – 1,10 AVIS EUROPE GB 2,32 – 0,69 AIRSPRAY NV 21 0,24 + ANGLO AMERICAN GB 18,30 + 1,34 TAYLOR WOODROW GB 3,01 – 3,11 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... INVESTOR -B- SE 14,74 .... BEIERSDORF AG DE e 120,50 + 0,17 ANTONOV 0,39 5,41 ASSIDOMAEN AB SE 23,97 + 0,45 TECHNIP FR e 175,10 – 0,51 AMVESCAP GB 20,80 + 2,38 ISS DK 63,71 – 3,06 BIC FR e 42,51 – 2,05 C/TAC 3,10 .... e BEKAERT BE e 42,31 + 0,24 TITAN CEMENT RE GR 37,62 – 1 BHW HOLDING AG DE e 32 .... JOT AUTOMATION FI 0,90 .... BRIT AMER TOBAC GB 8,69 + 0,75 CARDIO CONTROL 2,46 – 2,38 BILLITON GB 5,92 – 0,27 VINCI FR e 71,55 + 1,92 BPI R PT e 3 .... KINNEVIK -B- SE 24,19 – 1,32 CASINO GP FR e 104 + 1,56 CSS 23,90 .... – BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,62 + 0,51 WIENERB BAUSTOF AT e 21 – 0,24 BRITISH LAND CO GB 8,37 – 0,38 COPENHAGEN AIRP DK 94,96 – 2,34 CLARINS FR e 86 – 0,81 HITT NV 8,05 2,42 BUNZL PLC GB 7,80 + 2,54 f DJ E STOXX CNST P 241,52 – 0,25 CANARY WHARF GR GB 8,53 + 1,34 KONE B FI e 89 + 3,49 DELHAIZE BE e 69 + 0,51 INNOCONCEPTS NV 19 .... e + CORUS GROUP GB 1,13 + 2,94 CATTLES ORD. GB 4,80 – 1,65 LEGRAND FR 227 + 1,11 COLRUYT BE e 42,33 + 1,85 NEDGRAPHICS HOLD 6,40 2,40 ELVAL GR 4,24 + 4,43 CLOSE BROS GRP GB 16,12 – 5,03 LINDE AG DE e 51,50 + 0,98 FIRSTGROUP GB 5,40 – 2,62 SOPHEON 1,13 – 0,88 HOLMEN -B- SE 23,43 – 2,03 CONSOMMATION CYCLIQUE COBEPA BE e 65 .... MAN AG DE e 27,15 + 1,91 FREESERVE GB 1,53 .... PROLION HOLDING 94 .... NL e 4 + CONSORS DISC-BR DE e 24,77 – 1,86 MG TECHNOLOGIES DE e 12,75 + 2,74 GALLAHER GRP GB 7,72 – 1,64 RING ROSA 0,03 – 40 ISPAT INTERNATI 2,56 ACCOR FR e 48,80 + 4,25 GB 17,67 – CORP FIN ALBA ES e 25,54 + 0,16 WARTSILA CORP A FI e 25 .... GIB BE e 47 + 0,77 UCC GROEP NV 6,90 .... JOHNSON MATTHEY 1,26 ADIDAS-SALOMON DE e 66,10 + 0,92 AT e 51,45 + CS GROUP N CH 204,84 + 0,16 METSO FI e 12,95 – 1,52 GIVAUDAN N CH 320,35 + 1,14 MAYR-MELNHOF KA 0,59 AGFA-GEVAERT BE e 17 – 1,62 FI e 7,28 – DEPFA-BANK DE e 79,50 – 0,63 MORGAN CRUCIBLE GB 5,19 – 1,83 HENKEL KGAA VZ DE e 70,25 – 0,99 M-REAL -B- 16,89 AIR FRANCE FR e 20,90 – 2,11 FI e 10,70 + DIREKT ANLAGE B DE e 18,52 – 1,38 TELE2 -B- SE 40,17 + 0,54 IMPERIAL TOBACC GB 12,86 + 0,25 BRUXELLES OUTOKUMPU 1,90 AIRTOURS PLC GB 4,18 – 2,26 FR e 58,95 – DROTT -B- SE 12,69 + 2,62 NKT HOLDING DK 24,81 + 0,54 JERONIMO MARTIN PT e 7,93 .... PECHINEY-A- 1,67 ALITALIA IT e 1,33 – 2,92 ARTHUR 4,95 – 9,01 FI e 4,38 – EURAZEO FR e 72 + 0,35 EXEL GB 11,40 – 0,56 KESKO -B- FI e 8,45 – 1,74 RAUTARUUKKI K 1,57 AUSTRIAN AIRLIN AT e 11,94 + 0,34 ENVIPCO HLD CT 0,48 .... GB 21,12 – FINAXA FR e 109 – 0,91 PACE MICRO TECH GB 6,21 – 10,47 L’OREAL FR e 76,50 .... RIO TINTO 1,13 AUTOGRILL IT e 12,95 + 1,17 FARDIS B 18,70 .... GR 3,54 + FORTIS (B) BE e 28,24 + 0,86 PARTEK FI e 11,70 .... LAURUS NV NL e 7,05 – 0,70 SIDENOR 2,31 BANG & OLUFSEN DK 34,87 + 4 INTERNOC HLD 0,59 .... GR 21,22 + FORTIS (NL) NL e 28,15 + 0,18 PENINS.ORIENT.S GB 4,42 – 0,36 MORRISON SUPERM GB 3,30 – 0,49 SILVER & BARYTE 2,22 BASS GB 12,03 – 0,53 INTL BRACHYTHER B 8,61 – 1,03 GB 2,24 – GECINA FR e 102 + 0,10 PERLOS FI e 11,70 – 2,50 RECKITT BENCKIS GB 15,36 + 2,25 SMURFIT JEFFERS 2,11 BENETTON GROUP IT e 16,55 .... LINK SOFTWARE B 3,89 – 1,52 FI e 12,50 – GIMV BE e 42 – 2,33 GB 5,34 – SAFEWAY GB 6,30 + 0,77 STORA ENSO -A- 5,30 BERKELEY GROUP GB 11,69 – 3,97 PREMIER FARNELL 2,07 PAYTON PLANAR 0,45 .... FI e 12,69 – GREAT PORTLAND GB 4,71 – 2,34 – SAINSBURY J. PL GB 6,75 – 1,18 STORA ENSO -R- 4,94 BRITISH AIRWAYS GB 5,66 – 3,31 RAILTRACK GB 5,48 4,76 SE 24,62 – HAMMERSON GB 8,14 – 1,17 e – STAGECOACH HLDG GB 1,02 – 7,35 SVENSKA CELLULO 1,94 BULGARI IT e 13,80 + 2,22 RANDSTAD HOLDIN NL 13,10 1,50 DE e 16,39 + 1,49 ING GROEP NL e 74,30 + 0,61 + TERRA LYCOS ES e 9,03 + 1,80 THYSSENKRUPP CHRISTIAN DIOR FR e 46,47 – 0,58 RENTOKIL INITIA GB 3,84 0,42 FRANCFORT BE e 49,48 – LAND SECURITIES GB 14,41 .... TESCO PLC GB 4,24 + 1,15 UNION MINIERE 0,02 CLUB MED. FR e 68,50 – 4,86 REXAM GB 4,92 – 0,65 FI e 34,75 – LIBERTY INTL GB 8,92 – 1,07 e TNT POST GROEP NL e 25,72 + 2,59 AIXTRON 115,50 .... UPM-KYMMENE COR 4,53 COMPASS GROUP GB 8,43 + 2,15 REXEL FR 77,15 – 0,26 FR e 13,60 – MAN GROUP GB 15,73 + 0,31 e WANADOO FR e 6,44 – 0,92 AUGUSTA TECHNOLOGIE 20,32 .... USINOR 2,51 DT.LUFTHANSA N DE e 20,30 – 4,25 RHI AG AT 23,94 – 0,71 GR 10,24 + MARSCHOLLEK LAU DE e 124,80 + 2,63 f DJ E STOXX N CY G P 412,73 + 0,62 BB BIOTECH ZT-D 87,60 .... VIOHALCO 0,39 ELECTROLUX -B- SE 16,74 – 3,43 RIETER HLDG N CH 273,56 .... AT e 34,69 + MEDIOBANCA IT e 12,93 – 0,77 BB MEDTECH ZT-D 16,90 .... VOEST-ALPINE ST 1,91 EM.TV & MERCHAN DE e 3,01 – 2,90 ROLLS ROYCE GB 3,85 – 0,42 FR e 19,50 METROVACESA ES e 17 + 0,89 BERTRANDT AG 13,20 + 5,60 WORMS N .... EMI GROUP GB 6,85 + 1,92 SANDVIK SE 25,16 + 1,30 e + BETA SYSTEMS SOFTWA 5,87 + 1,03 f DJ E STOXX BASI P 185,88 – 2,59 e MONTEDISON IT 2,76 0,73 SAURER ARBON N CH 490,84 + 1,35 COMMERCE DISTRIBUTION EURO DISNEY FR 1,06 .... CEYONIQ 7,60 – 7,88 e PROVIDENT FIN GB 12,74 – 1 SCHNEIDER ELECT FR e 66 + 1,54 HERMES INTL FR 168,80 – 1,80 ALLIANCE UNICHE GB 8,77 – 1,09 + REALDANMARK DK 71,09 .... e CE CONSUMER ELECTRO 9,13 2,01 HILTON GROUP GB 3,72 – 2,53 SEAT PAGINE GIA IT 1,20 + 1,69 AVA ALLG HAND.G DE e 39,98 + 0,33 CHIMIE RODAMCO EUROPE NL e 43,30 – 0,23 CENIT SYSTEMHAUS 16,77 – 1,35 HDP IT e 4,59 – 1,29 SECURICOR GB 2,84 – 2,22 BOOTS CO PLC GB 9,62 – 3,08 RODAMCO NORTH A NL e 48,75 – 0,41 DIALOG SEMICOND 6,84 + 5,23 AIR LIQUIDE FR e 164,50 + 1,42 HUNTER DOUGLAS NL e 30,55 + 0,16 SECURITAS -B- SE 21,49 + 1,27 BUHRMANN NV NL e 18,30 – 1,03 SCHRODERS GB 14,83 – 0,33 DRILLISCH 2,26 – 1,74 AKZO NOBEL NV NL e 50,60 + 1,10 KLM NL e 22,15 – 2,21 SERCO GROUP GB 7,17 – 2,84 CARREFOUR FR e 62,70 + 1,95 SIMCO N FR e 79 – 0,06 EDEL MUSIC 4,50 .... BASF AG DE e 46,40 + 0,43 LVMH FR e 65,05 + 1,40 SGL CARBON DE e 43,90 + 1,32 CASTO.DUBOIS FR e 243,10 – 3,61 SLOUGH ESTATES GB 5,93 – 0,81 ELSA 6,60 .... BAYER AG DE e 46,90 + 0,64 MEDION DE e 97,70 + 6,43 SHANKS GROUP GB 2,84 .... CC CARREFOUR ES e 15,50 + 0,58 UNIBAIL FR e 61,15 – 66,86 EM.TV & MERCHANDI 5,90 .... BOC GROUP PLC GB 17,86 + 0,36 MOULINEX FR e 3,86 – 2,03 SIDEL FR e 48,05 + 0,10 CHARLES VOEGELE CH 145,29 + 3,02 VALLEHERMOSO ES e 7,46 – 3,24 EUROMICRON 17,40 – 0,57 CELANESE N DE e 26,35 + 0,38 NH HOTELES ES e 13,99 + 1,38 INVENSYS GB 2,26 + 0,72 D’IETEREN SA BE e 198,40 – 0,40 WCM BETEILIGUNG DE e 18,25 – 0,27 CIBA SPEC CHIMI CH 71,01 .... NXT GB 7,34 – 2,15 SINGULUS TECHNO DE e 26,80 + 1,55 DEBENHAMS GB 7,32 – 3,40 f DJ E STOXX FINS P 277,72 + 0,44 CLARIANT N CH 331,81 .... P & O PRINCESS GB 5,64 – 1,13 SKF -B- SE 19,38 .... DIXONS GROUP GB 3,79 – 2,08 e CODES PAYS ZONE EURO e + + GB 13,64 + 0,12 e DSM NL 43,27 0,30 PERSIMMON PLC GB 4,88 1,34 SMITHS GROUP GAL LAFAYETTE FR 186 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne CH 4787,30 + DE e 37,75 – SOPHUS BEREND - DK 29,64 – 0,90 DE e 43,05 + EMS-CHEM HOLD A 1,60 PREUSSAG AG 1,05 GEHE AG 0,77 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande GB 7,24 – 0,22 GB 3,56 – 1,78 ALIMENTATION ET BOISSON SPIRENT GB 3,56 – 4,74 GB 10,04 – 2,66 ICI RANK GROUP GREAT UNIV STOR LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche KEMIRA FI e 6,66 – 1,33 RICHEMONT UNITS CH 3075,92 + 1,34 ALLIED DOMECQ GB 6,82 .... TECAN GROUP N CH 1053,66 .... GUCCI GROUP NL e 104,20 + 0,92 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. KON. VOPAK NV NL e 26,50 .... ROY.PHILIPS ELE NL e 30,79 + 0,23 ASSOCIAT BRIT F GB 7,09 + 2,56 TPI ES e 5,77 + 0,35 HENNES & MAURIT SE 17,33 – 1,53 LAPORTE GB 11,19 .... RYANAIR HLDGS IR e 11,49 – 0,09 BBAG OE BRAU-BE AT e 43 + 0,94 THALES FR e 47,14 + 4,76 KARSTADT QUELLE DE e 36 – 1,37 CODES PAYS HORS ZONE EURO LONZA GRP N CH 682,59 – 0,38 SAIRGROUP N CH 73,95 – 4,24 BRAU-UNION AT e 42,33 + 1,61 TOMRA SYSTEMS NO 20,14 + 0,94 KINGFISHER GB 6,92 – 0,23 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de NORSK HYDRO NO 50,03 + 2,96 SAS DANMARK A/S DK 12,41 – 0,54 CADBURY SCHWEPP GB 7,83 + 1,04 TRAFFICMASTER GB 3,95 – 5,04 MARKS & SPENCER GB 3,98 – 1,20 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. RHODIA FR e 13,28 + 0,53 SEB FR e 57,10 + 0,09 CARLSBERG -B- DK 51,24 – 0,52 UNAXIS HLDG N CH 187,83 + 0,35 MATALAN GB 7,40 – 0,43 28 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 FINANCES ET MARCHÉS

ALCATEL...... w 27,95 183,34 – 1,06 07/05 EURO DISNEY ...... w 1,06 6,95 ... 30/09 REMY COINTRE..... w 37,92 248,74 – 0,21 31/08 w w Paiement ALCATEL O ...... 18,70 122,66 +2,75 07/05 EUROTUNNEL ...... 1,27 8,33 – 0,78 ... RENAULT ...... 51,15 335,52 – 1,73 05/06 Cours Cours % Var. dernier ALSTOM ...... w 33,45 219,42 – 1,04 11/09 FAURECIA...... w 63,20 414,56 +1,61 06/07 REXEL...... w 77,15 506,07 – 0,26 01/06 International f en euros en francs veille Une se´ lection coupon (1) VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w 64,05 420,14 – 0,93 30/06 FIMALAC SA...... w 43,50 285,34 ... 07/06 RHODIA ...... w 13,28 87,11 +0,53 15/05 ATOS ORIGIN...... w 89 583,80 – 1,93 ... F.F.P. (NY)...... 114 747,79 +4,11 16/06 ROCHETTE (LA ...... 8,10 53,13 +1,50 25/06 ADECCO ...... 61 400,13 +3,57 14/05 ARBEL...... 6,87 45,06 ... 01/07 FINAXA ...... 109 714,99 – 0,91 27/06 ROYAL CANIN...... w 111,70 732,70 – 0,27 04/05 AMERICAN EXP...... 49,01 321,48 +1,16 10/05 AVENTIS ...... w 88 577,24 – 0,79 25/06 FONC.LYON.#...... 32,70 214,50 +1,24 28/05 ROUGIER #...... 69,25 454,25 – 0,14 26/06 AMVESCAP EXP...... 20,55 134,80 +0,98 03/05 VALEURS FRANCE w w b Le titre Axa était en repli de 0,91 %, à AXA ...... 32,80 215,15 – 0,43 14/05 FRANCE TELEC ..... 59,55 390,62 +2,67 22/06 RUE IMPERIAL...... 1700 11151,27 +3,03 06/06 ANGLOGOLD LT .... 43,80 287,31 – 1,57 30/03 BAIL INVESTI...... w 126 826,51 +0,80 31/05 FROMAGERIES...... 510 3345,38 – 0,39 19/07 SADE (NY) ...... 48,40 317,48 +0,52 12/06 A.T.T. #...... 24,82 162,81 – 0,64 01/05 32,5 euros à l’ouverture jeudi 14 juin. La BAZAR HOT. V...... 135,30 887,51 +3,84 05/06 GALERIES LAF ...... aw 186 1220,08 +0,32 13/06 SAGEM S.A...... w 71,20 467,04 +1,71 10/07 BARRICK GOLD...... 19,80 129,88 – 0,50 15/12 veille, son président, Henri de Castries, BIC...... w 42,51 278,85 – 2,05 09/02 GAUMONT # ...... 43,05 282,39 – 2,76 11/05 SAGEM ADP...... 49,55 325,03 +0,51 10/07 COLGATE PAL...... 68,30 448,02 – 0,65 15/05 BIS ...... 185 1213,52 ... 01/07 GECINA...... w 102 669,08 +0,10 10/07 SAINT-GOBAIN...... w 165,80 1087,58 – 0,90 03/07 CROWN CORK O.... 4,85 31,81 – 3,96 20/11 était mis en examen pour « blanchiment BNPPARIBAS...... w 101,90 668,42 +2,31 11/06 GEOPHYSIQUE...... w 76,95 504,76 – 4,41 12/07 SALVEPAR (NY ...... 67,50 442,77 +0,60 03/08 DE BEERS #...... 16/05 aggravé », dans le cadre de l’enquête sur la BOLLORE...... w 246 1613,65 – 3,53 27/12 GFI INFORMAT ..... w 23,20 152,18 – 0,22 16/06 SANOFI SYNTH...... w 70,10 459,83 – 1,54 01/06 DIAGO PLC...... 12,37 81,14 +0,16 23/04 compagnie d’assurance luxembourgeoise BOLLORE INV...... 56,45 370,29 +1,71 03/07 GRANDVISION...... w 23,04 151,13 +1,01 31/05 SCHNEIDER EL...... w 66 432,93 +1,54 07/05 DOW CHEMICAL.... 42 275,50 – 0,12 30/04 BONGRAIN ...... 44,90 294,52 – 0,22 11/05 GROUPE ANDRE... 128 839,62 ... 31/05 SCOR ...... w 52 341,10 +0,78 02/05 DU PONT NEMO ... 55,25 362,42 +0,36 12/06 PanEuroLife. Mardi, le titre a limité ses BOUYGUES ...... w 42,45 278,45 +0,35 08/06 GROUPE GASCO ... 85 557,56 – 0,23 30/05 S.E.B...... w 57,10 374,55 +0,09 08/06 ECHO BAY MIN ...... 1,14 7,48 – 1,72 31/12 pertes à 0,43 %, après avoir lourdement BOUYGUES OFF..... w 59,70 391,61 – 1 31/05 GR.ZANNIER ( ...... 94 616,60 – 0,95 03/07 SEITA...... w 45,26 296,89 +0,42 16/12 ELECTROLUX ...... 16,80 110,20 – 0,06 03/05 décroché. BULL# ...... w 2,50 16,40 ...... GROUPE PARTO.... 70 459,17 – 1,69 10/04 SELECTIBAIL(...... 16,35 107,25 +6,86 31/05 ELF GABON...... 204,90 1344,06 +0,89 28/12 BUSINESS OBJ ...... w 34,61 227,03 +1,53 ... GUYENNE GASC ... w 90,70 594,95 +0,78 07/06 SIDEL...... w 48,05 315,19 +0,10 ... ERICSSON #...... w 6,06 39,75 – 0,16 05/04 b L’action Air France était en forte hausse B T P (LA CI...... 15/07 HAVAS ADVERT ..... w 14,10 92,49 – 4,41 24/05 SILIC...... 168,30 1103,98 – 0,71 12/06 FORD MOTOR #..... 29,65 194,49 +0,68 01/06 et s’adjugait 4,78 %, à 21,9 euros lors des BURELLE (LY)...... 69,90 458,51 ... 12/06 IMERYS ...... w 122 800,27 +1,16 03/07 SIMCO...... w 79 518,21 – 0,06 28/06 GENERAL ELEC ...... 57 373,90 +3,54 25/04 CANAL + ...... w 3,69 24,20 ... 02/05 IMMOBANQUE ..... 135 885,54 +0,07 12/06 SKIS ROSSIGN ...... 16,65 109,22 +3,22 21/09 GENERAL MOTO.... 70,10 459,83 +1,30 09/06 premiers échanges jeudi. La compagnie CAP GEMINI...... w 125,20 821,26 +2,62 18/05 IMMEUBLES DE ...... 02/06 SOCIETE GENE ...... w 71,10 466,39 +0,07 11/05 GOLD FIELDS...... 5,30 34,77 +1,73 23/03 aérienne a annoncé une hausse de 9,6 % de CARBONE-LORR.... w 45,40 297,80 – 1,30 09/05 INFOGRAMES E .... w 21,92 143,79 +1,95 ... SODEXHO ALLI ...... w 50,75 332,90 – 2,12 06/03 HARMONY GOLD .. 6,56 43,03 – 0,61 30/03 son trafic passagers en mai par rapport à la CARREFOUR ...... w 62,70 411,29 +1,95 03/05 IM.MARSEILLA ...... 3225 21154,61 +1,38 05/03 SOGEPARC (FI ...... 89,10 584,46 – 1 30/11 HITACHI # ...... 12,15 79,70 +5,56 10/12 CASINO GUICH...... w 104 682,20 +1,56 11/06 INGENICO ...... w 21,40 140,37 – 1,38 04/07 SOMMER-ALLIB .... 54,95 360,45 +0,09 ... HSBC HOLDING .... w 14 91,83 – 0,07 02/05 même période de 2000, mais une baisse de CASINO GUICH...... 72 472,29 +1,27 11/06 ISIS...... w 130 852,74 +3,59 30/06 SOPHIA ...... w 32,86 215,55 +0,18 18/05 I.B.M...... w 138,30 907,19 +1,39 09/06 1,4 %, à 76,1 %, de son coefficient d’occupa- CASTORAMA DU ... w 243,10 1594,63 – 3,61 11/06 KAUFMAN ET B..... w 20,90 137,10 – 0,48 01/06 SOPRA # ...... w 74,50 488,69 +9,32 06/07 I.C.I...... 7,30 47,88 ... 25/04 tion. CEA INDUSTRI...... 215 1410,31 – 3,15 17/07 KLEPIERRE ...... w 105 688,75 +0,96 20/04 SPIR COMMUNI .... w 88,95 583,47 – 0,34 31/05 ITO YOKADO # ...... 58,30 382,42 +0,09 13/11 CEGID (LY) ...... 109,90 720,90 +0,09 26/05 LAFARGE ...... w 107,10 702,53 – 0,74 05/07 SR TELEPERFO ...... w 29,78 195,34 +2,16 17/07 I.T.T. INDUS ...... 52,85 346,67 +0,09 01/07 b La cotation d’Integra doit reprendre jeu- CFF.RECYCLIN ...... 46,80 306,99 +0,65 30/03 LAGARDERE ...... w 60,15 394,56 – 0,33 25/05 STUDIOCANAL ...... 12,50 81,99 +1,21 19/06 KINGFISHER P ...... w 6,95 45,59 – 1,84 15/06 di. Le titre avait été suspendu, lundi 11 juin, CGIP ...... w 41,10 269,60 +1,08 08/06 LAPEYRE ...... w 56,45 370,29 +2,64 05/06 SUCR.PITHIVI ...... 310 2033,47 +1,27 27/09 MATSUSHITA...... 20,30 133,16 +6,79 31/12 w suite au projet d’offre publique d’échange CHARGEURS...... 81,50 534,60 +0,49 22/06 LEBON (CIE) ...... 57,85 379,47 +1,94 16/05 SUEZ LYON.DE ...... 36,80 241,39 – 0,08 09/05 MC DONALD’S...... 35,20 230,90 +1,44 01/12 CHRISTIAN DA ...... 111 728,11 +6,73 03/07 LEGRAND ...... w 227 1489,02 +1,11 02/02 TAITTINGER ...... 809 5306,69 +0,50 05/07 MERK AND CO...... 84,15 551,99 – 0,06 02/07 de la société américaine Genuity sur l’entre- CHRISTIAN DI...... w 46,47 304,82 – 0,58 05/06 LEGRAND ADP...... 183,50 1203,68 +1,27 02/02 THALES ...... w 47,14 309,22 +4,76 11/06 MITSUBISHI C...... 31/12 prise française spécialisée dans l’héberge- CIC -ACTIONS ...... 117,20 768,78 +0,17 06/06 LEGRIS INDUS ...... w 55,50 364,06 +0,91 10/07 TF1...... w 39,30 257,79 +0,77 31/05 NESTLE SA #...... w 247,10 1620,87 +1,15 11/04 CIMENTS FRAN ..... w 52,20 342,41 +0,19 21/06 LIBERTY SURF...... 5,60 36,73 +1,27 ... TECHNIP...... w 175,10 1148,58 – 0,51 31/05 NORSK HYDRO...... 48,52 318,27 +1,08 21/05 ment de sites Internet. A sa dernière CLARINS...... w 86 564,12 – 0,81 21/07 LOCINDUS...... 134,90 884,89 ... 03/07 THOMSON MULT . w 43,58 285,87 +2,01 ... PFIZER INC...... 49,80 326,67 – 1,78 07/06 cotation, le titre se négociait à 2,44 euros. CLUB MEDITER ..... w 68,50 449,33 – 4,86 20/03 L’OREAL...... w 76,50 501,81 ... 08/06 TOTAL FINA E ...... w 174,60 1145,30 +1,16 29/05 PHILIP MORRI ...... 57,20 375,21 – 0,44 10/04 b Le titre Canal+ était inchangé à CNP ASSURANC .... w 37,65 246,97 ... 15/06 LOUVRE #...... 97,75 641,20 +2,46 11/06 TRANSICIEL # ...... w 51,05 334,87 +3,13 30/05 PROCTER GAMB .... 77 505,09 +0,72 15/05 COFACE...... w 83 544,44 – 4,60 14/05 LVMH MOET HE.... w 65,05 426,70 +1,40 05/06 UBI SOFT ENT ...... w 42,90 281,41 – 1,04 ... RIO TINTO PL...... 22,82 149,69 +4,30 06/04 3,69 euros à l’ouverture. La société a annon- COFLEXIP ...... w 173,90 1140,71 +0,12 05/06 MARINE WENDE... w 70,50 462,45 – 0,70 30/11 UNIBAIL ...... bw 61,15 401,12 – 0,57 12/06 SCHLUMBERGER... 72 472,29 +1,27 06/07 cé, la veille, la suppression de 217 postes COLAS...... w 66,10 433,59 – 0,30 29/05 MAUREL ET PR...... 12,30 80,68 +10,22 31/03 UNILOG ...... w 100,70 660,55 +6 29/06 SEGA ENTERPR...... 21,11 138,47 +0,52 31/12 dans le cadre d’un plan de réorganisation et CONTIN.ENTRE..... a 48,05 315,19 +2,13 13/06 METALEUROP ...... 5,52 36,21 – 1,95 04/07 USINOR...... w 13,60 89,21 – 2,51 06/06 SHELL TRANSP ...... 10,43 68,42 – 0,19 23/05 CPR...... 58 380,46 ...... MICHELIN ...... w 40,30 264,35 +0,78 22/05 VALEO ...... w 48,80 320,11 +1,12 01/06 SONY CORP. # ...... w 84,55 554,61 +0,65 31/12 d’une refonte des programmes qui prévoit CRED.FON.FRA...... 13 85,27 +0,62 03/07 MARIONNAUD P .. 117,50 770,75 – 2,57 ... VALLOUREC ...... w 69,90 458,51 +3,02 05/07 T.D.K. # ...... 59,20 388,33 – 1,50 31/12 notamment la disparition de l’émission CREDIT LYONN ..... w 42,73 280,29 +3,51 09/05 MONTUPET SA...... 16,65 109,22 – 1,60 30/06 VIA BANQUE ...... 40 262,38 ... 23/05 TOSHIBA #...... 6 39,36 – 3,85 10/12 CS COM.ET SY...... 5,35 35,09 – 17,05 ... MOULINEX ...... 3,86 25,32 – 2,03 14/09 VICAT...... 61,85 405,71 – 0,64 01/08 UNITED TECHO..... 94,55 620,21 – 0,47 10/06 « Nulle part ailleurs », à la rentrée. DAMART ...... 78,60 515,58 – 0,51 20/12 NATEXIS BQ P ...... w 97,20 637,59 +0,21 05/06 VINCI...... w 71,55 469,34 +1,92 27/06 ZAMBIA COPPE...... 0,58 3,80 ...... DANONE...... w 152,50 1000,33 +0,39 06/06 NEOPOST ...... w 30,50 200,07 +3,35 ... VIVENDI ENVI ...... w 48,10 315,52 – 0,95 10/05 ...... DASSAULT-AVI...... 286 1876,04 ... 10/05 NEXANS...... w 29,70 194,82 +10 ... VIVENDI UNIV ...... w 73,35 481,14 +0,89 02/05 ´ DASSAULT SYS...... w 52,50 344,38 +3,35 01/07 NORBERT DENT ... 21,90 143,65 +1,39 06/06 WANADOO...... w 6,44 42,24 – 0,92 ... ABRE´VIATIONS PREMIER MARCHE DE DIETRICH...... 06/06 NORD-EST...... 27,51 180,45 – 3,03 12/06 WORMS (EX.SO...... 19,50 127,91 ... 27/04 ______– w + w + B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. DEVEAUX(LY)# ...... 84 551 0,36 03/07 NRJ GROUP...... 19,62 128,70 0,82 15/03 ZODIAC...... 290,30 1904,24 2,29 18/01 DEV.R.N-P.CA...... 14,50 95,11 ... 16/06 OBERTHUR CAR.... w 11,10 72,81 +3,74 ...... SYMBOLES MERCREDI 13 JUIN Cours a` 18 h 11 DMC (DOLLFUS..... 10,41 68,29 +1,07 20/06 OLIPAR...... 8,87 58,18 – 3,59 ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; DYNACTION ...... 25,80 169,24 ... 10/07 ORANGE ...... w 10,10 66,25 +1,51 ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ;#contratd’animation; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 juin w EIFFAGE ...... 79,10 518,86 +1,41 30/04 OXYG.EXT-ORI...... 408 2676,30 ... 22/06 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; w w ELIOR ...... 13,75 90,19 – 0,36 23/04 PECHINEY ACT...... 58,95 386,69 – 1,67 02/05 ...... d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service Paiement Cours Cours % Var. ELEC.MADAGAS..... 20,76 136,18 – 2,95 ... PECHINEY B P ...... 56,20 368,65 – 3,27 02/05 ...... dernier de re`glement diffe´re´. France f en euros en francs veille ENTENIAL(EX...... 36,50 239,42 +0,83 06/06 PENAUILLE PO...... w 74,20 486,72 – 1,72 15/06 ...... coupon (1) ERAMET ...... w 41,50 272,22 +0,73 30/06 PERNOD-RICAR .... w 84,70 555,60 +2,67 10/05 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : ACCOR ...... w 48,80 320,11 +4,25 14/06 ERIDANIA BEG...... w 103 675,64 +0,98 17/07 PEUGEOT ...... w 320,80 2104,31 +0,53 23/05 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : AGF ...... w 65,50 429,65 +3,15 06/06 ESSILOR INTL ...... w 324,90 2131,20 +0,12 21/05 PINAULT-PRIN...... w 198,40 1301,42 +1,69 08/06 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE(EXIMM ..... 40 262,38 – 1,23 01/06 ESSO ...... 92 603,48 +2,22 14/02 PLASTIC OMN...... w 96,75 634,64 +0,47 22/05 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AIR FRANCE G ...... w 20,90 137,10 – 2,11 29/09 EULER...... w 55,50 364,06 – 0,89 02/05 PSB INDUSTRI ...... 84,40 553,63 – 1,97 01/06 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR LIQUIDE ...... w 164,50 1079,05 +1,42 10/05 EURAZEO ...... w 72 472,29 +0,35 26/04 PUBLICIS GR...... w 34,10 223,68 – 1,16 12/07 ......

CMT MEDICAL ..... 17,50 114,79 – 1,69 GENESYS BS00...... d 4,90 32,14 ... METROLOGIC G ... 68 446,05 – 0,87 GEODIS...... 38,10 249,92 – 2,31 COALA # ...... 18,50 121,35 ... GENSET ...... w 12,70 83,31 +3,17 MICROPOLE...... b 8,30 54,44 +2,47 GFI INDUSTRI...... 31,20 204,66 – 3,35 NOUVEAU COHERIS ATIX...... 21,13 138,60 – 1,72 GL TRADE #...... 43 282,06 ... MILLIMAGES...... 10,43 68,42 – 2,52 SECOND GRAND MARNIE .. 7860,50 51561,50 ... COIL...... 18,05 118,40 +0,28 GUILLEMOT # ...... 36 236,14 – 2,31 MONDIAL PECH... 4,21 27,62 +0,24 ______GROUPE BOURB... 45,90 301,08 +0,22 ´ CION ET SYS...... 3,70 24,27 ... GUYANOR ACTI .... 0,28 1,84 +3,70 MULTIMANIA ...... 4,55 29,85 – 2,15 GROUPE CRIT ...... 18 118,07 +3,09 MARCHE CONSODATA # ..... 18,20 119,38 – 4,11 HF COMPANY ...... 55,65 365,04 +0,36 NATUREX ...... 14 91,83 ... ´ GROUPE J.C.D...... 150,30 985,90 – 0,27 CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HIGH CO.#...... 105,30 690,72 ... NET2S # ...... 13,55 88,88 +0,30 MARCHE HERMES INTL...... w 168,80 1107,26 – 1,80 MERCREDI 13 JUIN CONSORS FRAN .. 4,80 31,49 – 4 HIGH CO ACT...... d 89 583,80 ... NETGEM...... w 6,54 42,90 ... HYPARLO #(LY ...... 29,31 192,26 +0,03 CROSS SYSTEM.... 3,83 25,12 +1,06 HIGH BON DE ...... 5,80 38,05 – 1,19 NETVALUE # ...... 2,12 13,91 +0,95 MERCREDI 13 JUIN IMS(INT.META ...... 8,74 57,33 +0,81 w Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 11 CRYO # ...... 7,59 49,79 +8,27 HIGHWAVE OPT ... 16,31 106,99 – 5,89 NEURONES #...... 4,04 26,50 ... INTER PARFUM .... 70,50 462,45 – 0,70 CRYO NV...... d 6,25 41 ... HIGHWAVE OPT ... d 30,91 202,76 ... NICOX #...... 68 446,05 ... Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 11 JET MULTIMED .... 40,99 268,88 – 0,99 CRYONETWORKS. 3,09 20,27 +3 HIMALAYA ...... 5,71 37,46 – 3,22 OLITEC...... 24 157,43 +2,56 LAURENT-PERR .... 33 216,47 +0,15 Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 1,10 7,22 +2,80 HI MEDIA ...... 1,78 11,68 – 3,26 OPTIMS # ...... 2,80 18,37 – 2,78 Cours Cours % Var. LDC ...... 125 819,95 – 0,16 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 14,60 95,77 – 5,81 HOLOGRAM IND.. 9,05 59,36 – 3,10 OXIS INTL RG ...... 0,30 1,97 ... LECTRA (B) #...... 6 39,36 ... ABEL GUILLEM..... 10,83 71,04 +0,09 CYBERSEARCH ..... 3,99 26,17 +2,31 HUBWOO.COM ..... 3,50 22,96 ... PERFECT TECH .... 13,15 86,26 – 5,33 AB GROUPE ...... 47,25 309,94 – 0,32 LOUIS DREYFU ..... 10,40 68,22 ... AB SOFT ...... 4,36 28,60 – 0,23 CYRANO #...... 0,66 4,33 +22,22 IB GROUP.COM .... 6,45 42,31 – 13,89 PERF.TECHNO...... 0,45 2,95 +7,14 ACTIELEC TEC ...... 6,85 44,93 ... LVL MEDICAL...... 63,20 414,56 – 1,25 ACCESS COMME .. 7,64 50,12 – 1,80 DALET # ...... 4,55 29,85 +5,81 IDP ...... 2,10 13,78 – 7,49 PHARMAGEST I.... 18,49 121,29 +1,32 ALGECO #...... 104,30 684,16 – 3,43 M6-METR.TV A...... w 27,30 179,08 – 4,21 ADL PARTNER ...... 19,70 129,22 +3,63 DATASQUARE #.... 3,80 24,93 +4,68 IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PHONE SYS.NE..... 2 13,12 – 18,03 ALTEDIA...... 49 321,42 +3,38 MANITOU #...... 70,30 461,14 +0,43 ALGORIEL #...... 6,60 43,29 +1,54 DATATRONIC ...... 3,60 23,61 – 5,26 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PICOGIGA...... 10,01 65,66 +2,88 ALTEN (SVN) ...... w 130,90 858,65 +3,07 MANUTAN INTE... 48 314,86 – 2,24 ALPHAMEDIA ...... 1,16 7,61 – 7,20 DESK #...... 1,17 7,67 ... INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE #...... 45,80 300,43 – 1,29 APRIL S.A.#( ...... 23,58 154,67 +1,64 PARC DES EXP ...... 117 767,47 ... ALPHA MOS #...... 4,80 31,49 – 2,04 DEVOTEAM #...... w 42,90 281,41 – 0,23 IGE +XAO ...... 9,35 61,33 – 2,60 PROSODIE BS ...... d 11,49 75,37 ... ARKOPHARMA # .. 147,80 969,50 – 0,14 PCAS #...... 23,10 151,53 – 1,28 ALPHA MOS BO.... 0,70 4,59 ... DMS #...... 12,55 82,32 – 0,16 ILOG #...... 20,10 131,85 +3,61 PROLOGUE SOF ... 6,69 43,88 +2,92 ASSYSTEM # ...... 60,30 395,54 +0,50 PETIT FOREST...... 43 282,06 +0,49 ALTAMIR & CI ...... 125,30 821,91 +1,05 DIAGNOSTIC A..... d 14,50 95,11 ... IMECOM GROUP.. 1,98 12,99 – 0,50 PROXIDIS ...... 1,19 7,81 ... AUBAY ...... 9,19 60,28 +1,88 PIERRE VACAN...... 65 426,37 ... ALDETA ...... d 5 32,80 ... D INTERACTIV ..... 6,02 39,49 +0,33 INFOSOURCES...... 0,96 6,30 +1,05 QBIOGENE ...... 4,90 32,14 ... BENETEAU #...... 121,80 798,96 +1,50 PINGUELY HAU .... w 23,20 152,18 +0,83 ALTI #...... 10,67 69,99 – 2,20 D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ... INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... QUALIFLOW ...... 13 85,27 +4,84 BOIRON (LY)#...... 82 537,88 +1,17 POCHET...... d 98 642,84 ... A NOVO # ...... w 165 1082,33 – 0,96 D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ... INFOTEL # ...... 34 223,03 ... QUANTEL ...... 3,60 23,61 +2,86 BONDUELLE...... 40,11 263,10 – 2,41 RADIALL # ...... 82,65 542,15 +0,79 ARTPRICE COM.... 10,85 71,17 +2,36 DIREKT ANLAG .... 18,60 122,01 – 2,11 INFO VISTA ...... 8,43 55,30 – 1,17 R2I SANTE...... 6,49 42,57 ... BQUE TARNEAU... 88,20 578,55 – 10 RALLYE (LY)...... w 60,80 398,82 – 0,33 ASTRA ...... 0,82 5,38 +5,13 DIREKT ANLAG .... 17,60 115,45 – 4,35 INTEGRA NET...... dw 2,44 16,01 ... R2I SANTE BO ...... d 0,07 0,46 ... BRICORAMA # ...... 59 387,01 +0,08 ROCANI(EX FI ...... d 13,64 89,47 ... AUFEMININ.CO.... 2,60 17,05 – 3,70 DURAND ALLIZ.... 0,82 5,38 – 1,20 INTEGRA ACT...... RECIF # ...... 33 216,47 ... BRIOCHE PASQ .... 75,55 495,58 +0,73 RODRIGUEZ GR ... 65 426,37 – 2,77 AUTOMA TECH .... 6,35 41,65 +0,79 DURAN DUBOI .... 13,30 87,24 – 1,12 INTERCALL #...... d 1,74 11,41 ... REPONSE # ...... 27 177,11 – 3,57 BUFFALO GRIL..... 11,43 74,98 +1,42 SABATE SA #...... 30,40 199,41 +0,33 AVENIR TELEC...... w 3,20 20,99 – 1,54 DURAN BS 00 ...... d 0,18 1,18 ... IPSOS # ...... w 83,30 546,41 – 0,36 REGINA RUBEN ... 0,92 6,03 ... C.A. OISE CC ...... 98,10 643,49 ... SECHE ENVIRO ..... 90,50 593,64 – 1,63 AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ... EFFIK # ...... 12,40 81,34 +0,65 IPSOS BS00...... 3,08 20,20 – 0,65 RIBER #...... 9,50 62,32 – 0,31 C.A. PARIS I...... 73,35 481,14 – 1,54 SINOP.ASSET...... 20 131,19 +2,56 BAC MAJESTIC...... 4,65 30,50 ... EGIDE #...... 115 754,35 – 8 ITESOFT...... 2,97 19,48 +3,13 RIGIFLEX INT...... 126 826,51 – 6,67 C.A.PAS CAL...... 154 1010,17 +0,65 SIPAREX CROI ...... 30,76 201,77 +0,03 BARBARA BUI ...... 17,90 117,42 – 0,56 EMME NV ...... 11,80 77,40 – 0,34 IT LINK...... 5,33 34,96 – 2,56 RISC TECHNOL .... 10,30 67,56 – 3,74 CDA-CIE DES...... 45,90 301,08 +0,88 SOLERI ...... d 243 1593,98 ... BCI NAVIGATI...... 4,88 32,01 +1,67 ESI GROUP ...... 26 170,55 – 3,70 IXO...... 1,09 7,15 – 1,80 SAVEURS DE F...... 8,50 55,76 ... CEGEDIM #...... 52,50 344,38 – 2,78 SOLVING #...... 77 505,09 – 1,22 BELVEDERE...... 17,82 116,89 +1,89 ESKER...... 5,74 37,65 ... JOLIEZ REGOL...... 1,16 7,61 – 0,85 GUILLEMOT BS .... 13,70 89,87 ... CIE FIN.ST-H ...... 123,40 809,45 – 1,28 STEF-TFE # ...... 51,25 336,18 +0,49 BOURSE DIREC .... 3,53 23,16 +0,28 EUROFINS SCI...... 20,10 131,85 +1,01 KALISTO ENTE...... b 2,40 15,74 – 5,51 SELF TRADE...... 4,65 30,50 – 3,33 CNIM #...... 62,10 407,35 ... STERIA GROUP ..... 125 819,95 ... BRIME TECHNO... 51,30 336,51 +2,19 EURO.CARGO S.... 11,90 78,06 ... KALISTO ACT...... b 3,92 25,71 ... SILICOMP #...... 45,75 300,10 +3,25 COFITEM-COFI..... a 57,80 379,14 – 1,45 SYLEA ...... 45,85 300,76 +0,33 BRIME TECHN...... 1,24 8,13 +6,90 FIMATEX # ...... w 3,86 25,32 +0,26 KEYRUS PROGI ..... 1,95 12,79 ... SITICOM GROU.... 19,75 129,55 +2,60 DANE-ELEC ME.... 3,40 22,30 ... SYLIS # ...... 29,25 191,87 – 2,50 BUSINESS ET ...... 13,25 86,91 +3,84 FI SYSTEM # ...... w 4,85 31,81 +4,53 KAZIBAO ...... 1,05 6,89 +5 SODITECH ING .... b 7,86 51,56 – 16,83 ENTRELEC GRO ... 61,30 402,10 – 1,37 SYNERGIE (EX ...... 47,85 313,88 +7,02 BUSINESS INT ...... 3,94 25,84 – 6,19 FI SYSTEME A...... d 4,91 32,21 ... LA COMPAGNIE.... d 10,05 65,92 ... SOFT COMPUTI.... 7,20 47,23 – 1,37 ETAM DEVELOP ... 10 65,60 ... TEAM PARTNER ... 13,59 89,14 – 6,92 BVRP ACT.DIV...... w 22,52 147,72 – 4,17 FI SYSTEM BS...... 0,22 1,44 ... LEXIBOOK #...... 17,16 112,56 +1,54 SOI TEC SILI...... w 22,12 145,10 +7,38 EUROPEENNE C... 104 682,20 +0,97 TRIGANO...... w 44 288,62 – 1,01 CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ... FLOREANE MED .. 8,94 58,64 – 0,11 LEXIBOOK ACT...... d 20 131,19 ... SOI TEC BS 0...... 13 85,27 – 12,81 EXPAND S.A...... b 55,80 366,02 – 13,35 UNION FIN.FR...... 40,10 263,04 ... CALL CENTER...... 9,34 61,27 +3,78 GAMELOFT COM . 1,35 8,86 +27,36 LINEDATA SER...... 22,80 149,56 – 0,87 SOLUCOM ...... 49,50 324,70 +3,13 FINATIS(EX.L ...... 149 977,38 ... VILMOR.CLAUS ..... 72,90 478,19 +0,55 CARRERE GROU... d 20 131,19 ... GAUDRIOT #...... 35,80 234,83 – 3,24 LYCOS EUROPE..... 1,64 10,76 – 7,34 SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ... FININFO...... 37 242,70 +0,41 VIRBAC...... 87,05 571,01 – 2,19 CAST ...... 12,80 83,96 +9,40 GENERIX # ...... 26,50 173,83 +0,04 MEDCOST #...... 6,60 43,29 +1,38 SQLI ...... 2,89 18,96 – 11,08 FLEURY MICHO ... 24,30 159,40 ...... CEREP...... 98 642,84 – 0,51 GENESYS #...... 28,90 189,57 – 0,34 MEDIDEP #...... 105 688,75 – 0,10 SQLI ACT.NOU...... d 3,10 20,33 ... FOCAL (GROUP.... 68 446,05 – 1,02 ...... CHEMUNEX # ...... d 0,18 1,18 ... GENESYS ACT...... d 42,20 276,81 ... MEMSCAP ...... 6,39 41,92 ... STACI # ...... 2,80 18,37 +2,94 GENERALE LOC.... 125 819,95 ......

E´CUR. OBLIG. INTERNAT...... 180,30 1182,69 12/06 Fonds communs de placements Fonds communs de placements CADENCE 3 D...... 152,29 998,96 13/06 ´ 243,50 1597,26 ECUR. TECHNOLOGIES ...... 47,87 314,01 12/06 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 612,41 4017,15 13/06 STRATE´GIE CAC ...... 6935,54 45494,16 12/06 CONVERTIS C ...... 13/06 ´ 58,16 SICAV et FCP ECUR. TRIMESTRIEL D ...... 272,17 1785,32 12/06 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 8,05 52,80 13/06 STRATE´GIE INDICE USA...... 10771,65 70657,39 12/06 INTEROBLIG C ...... 381,50 12/06 ´ ´ EPARCOURT-SICAV D ...... 27,80 182,36 12/06 CIC TECHNO. COM...... 115,82 759,73 13/06 INTERSELECTION FR. D...... 85,59 561,43 13/06 GE´OPTIM C ...... 2270,86 14895,87 12/06 www.lapostefinance.fr SE´LECT DE´FENSIF C...... 194,76 1277,54 13/06 Sicav Info Poste : ´ Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 12 juin Fonds communs de placements www.clamdirect.com SELECT DYNAMIQUE C ...... 274,24 1798,90 13/06 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 181,41 1189,97 13/06 E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,58 253,07 12/06 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 168,25 1103,65 13/06 E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,12 223,81 12/06 EURCO SOLIDARITE´...... 222,83 1461,67 13/06 ADDILYS C ...... 105,47 691,84 12/06 Valeurs unitaires e Date SE´LECT PEA 1 ...... 235,82 1546,88 13/06 E´metteurs f E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 45,07 295,64 12/06 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 484,21 3176,21 13/06 ADDILYS D...... 104,64 686,39 12/06 Euros francs ee cours LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 422,73 2772,93 13/06 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 30,80 202,03 12/06 SG FRANCE OPPORT. C...... 510,20 3346,69 13/06 SICAV 5000 ...... 184,10 1207,62 13/06 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 30,20 198,10 12/06 SG FRANCE OPPORT. D...... 477,72 3133,64 13/06 08 36 68 56 55 SOGENFRANCE C ...... 551,05 3614,65 13/06 AGIPI (2,21 F/mn) SLIVAFRANCE ...... 324,13 2126,15 13/06 AMPLITUDE EUROPE C...... 37,07 243,16 12/06 SLIVARENTE...... 40,40 265,01 13/06 AMPLITUDE EUROPE D...... 35,98 236,01 12/06 SOGENFRANCE D...... 496,59 3257,42 13/06 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 28,45 186,62 13/06 ATOUT CROISSANCE D...... 474,37 3111,66 12/06 SLIVINTER ...... 175,44 1150,81 13/06 AMPLITUDE FRANCE ...... 97,50 639,56 12/06 SOGEOBLIG C...... 109,47 718,08 13/06 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 30,48 199,94 13/06 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 91,15 597,90 12/06 ´ 751,54 AMPLITUDE MONDE C ...... 269,15 1765,51 12/06 SOGEPARGNE D...... 45,19 296,43 13/06 ATOUTFRANCEEUROPED.. 210,01 1377,58 12/06 TRILION...... 4929,78 13/06 AMPLITUDE MONDE D...... 241,42 1583,61 12/06 SOGEPEA EUROPE...... 261,53 1715,52 13/06 3615 BNP ATOUT FRANCE MONDE D .. 52,24 342,67 12/06 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 20,22 132,63 12/06 SOGINTER C...... 73,06 479,24 13/06 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FUTUR C ...... 232,32 1523,92 12/06 ACTILION DYNAMIQUE C .... 206,58 1355,08 13/06 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 19,62 128,70 12/06 ATOUT FUTUR D ...... 210,52 1380,92 12/06 ACTILION DYNAMIQUE D.... 194,58 1276,36 13/06 Fonds communs de placements E´LANCIEL EURO D PEA ...... 119,98 787,02 12/06 ´ BNP MONE´ COURT TERME.. 2457,52 16120,27 12/06 ATOUT SE´LECTION D ...... 125,13 820,80 12/06 ACTILION PEA DYNAMIQUE 78,16 512,70 13/06 DECLIC ACTIONS EURO ...... 18,11 118,79 12/06 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 49,05 321,75 12/06 ´ BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13490,28 88490,44 12/06 DIE`ZE C...... 465,74 3055,05 12/06 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 189,66 1244,09 13/06 DECLIC ACTIONS FRANC ..... 62,10 407,35 12/06 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 36,11 236,87 12/06 ´ BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11778,31 77260,65 12/06 EURODYN C ...... 599,45 3932,13 12/06 ACTILION E´QUILIBRE D...... 177,33 1163,21 13/06 DECLIC ACTIONS INTER...... 41,08 269,47 13/06 GE´OBILYS C ...... 118,33 776,19 12/06 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 153515,03 1006992,59 12/06 INDICIA EUROLAND D ...... 133,12 873,21 11/06 ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 183,64 1204,60 13/06 DECLIC BOURSE PEA...... 57,94 380,06 12/06 GE´OBILYS D...... 108,84 713,94 12/06 ´ ´ 17,83 BNP OBLI. CT...... 162,26 1064,36 12/06 INDICIA FRANCE D ...... 444,32 2914,55 11/06 ACTILION PRUDENCE C ...... 176,08 1155,01 13/06 DECLIC BOURSE EQUILIBRE 116,96 12/06 INTENSYS C ...... 20,31 133,22 12/06 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,84 110,46 12/06 BNP OBLI. LT ...... 33,18 217,65 12/06 INDOCAM AME´RIQUE C...... 48,36 317,22 12/06 ACTILION PRUDENCE D...... 164,08 1076,29 13/06 INTENSYS D...... 17,26 113,22 12/06 DE´CLIC PEA EUROPE...... 28,95 189,90 12/06 BNP OBLI. MT C...... 149,63 981,51 12/06 INDOCAM ASIE C ...... 22,60 148,25 12/06 INTERLION ...... 226,24 1484,04 13/06 KALEIS DYNAMISME C...... 241,31 1582,89 12/06 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 71,39 468,29 12/06 BNP OBLI. MT D ...... 137,27 900,43 12/06 INDOCAM FRANCE C ...... 399,59 2621,14 12/06 LION ACTION EURO ...... 105,14 689,67 13/06 KALEIS DYNAMISME D ...... 234,69 1539,47 12/06 FAVOR ...... 384,68 2523,34 13/06 BNP OBLI. SPREADS...... 180,86 1186,36 12/06 INDOCAM FRANCE D...... 328,45 2154,49 12/06 LION PEA EURO...... 106,94 701,48 13/06 ´ 1922,59 12611,36 KALEIS DYNAMISME FR C.... 89,19 585,05 12/06 SOGESTION C...... 52,71 345,75 12/06 BNP OBLI. TRESOR ...... 12/06 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 182,25 1195,48 12/06 ´ KALEIS EQUILIBRE C...... 209,78 1376,07 12/06 SOGINDEX FRANCE C ...... 614,91 4033,55 12/06 Fonds communs de placements OBLIFUTUR C...... 98,14 643,76 12/06 ´ KALEIS EQUILIBRE D...... 203,22 1333,04 12/06 ...... BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1802,41 11823,03 12/06 OBLIFUTUR D...... 80,97 531,13 12/06 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 192,98 1265,87 12/06 CM EURO PEA...... 25,33 166,15 13/06 ...... REVENU-VERT D...... 171,75 1126,61 12/06 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 186,55 1223,69 12/06 CM EUROPE TECHNOL...... 5,68 37,26 13/06 ...... BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT UNIVERS ACTIONS C...... 65,53 429,85 12/06 KALEIS TONUS C...... 83,01 544,51 12/06 CM FRANCE ACTIONS ...... 40,58 266,19 13/06 ...... UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 43,52 285,47 12/06 OBLITYS C...... 110,60 725,49 12/06 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 CM MID. ACT. FRANCE...... 37,99 249,20 13/06 ...... OBLITYS D ...... 108,86 714,07 12/06 BP OBLI HAUT REND...... 113,42 743,99 11/06 Fonds communs de placements CM MONDE ACTIONS...... 359,40 2357,51 13/06 ...... ´ 47,27 310,07 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 68,42 448,81 11/06 ATOUT VALEUR D...... 93,38 612,53 11/06 CM OBLIG. LONG TERME .... 104,38 684,69 13/06 PLENITUDE D PEA ...... 12/06 ...... 2576,27 16899,22 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 128,06 840,02 11/06 INDOCAM FONCIER...... 102,92 675,11 12/06 CM OPTION DYNAM...... 34,30 224,99 13/06 POSTE GESTION C ...... 12/06 ...... POSTE GESTION D...... 2283,82 14980,88 12/06 BP OBLIG. EUROPE ...... 50,63 332,11 13/06 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 320,61 2103,06 11/06 CM OPTION E´QUIL...... 54,37 356,64 13/06 ...... POSTE PREMIE`RE...... 7001,06 45923,94 12/06 BP SE´CURITE´...... 101417,82 665257,29 13/06 MASTER ACTIONS C...... 50,30 329,95 08/06 CM OBLIG. COURT TERME .. 161,18 1057,27 13/06 ...... POSTE PREMIE`RE 1 AN...... 41573,30 272702,97 12/06 EUROACTION MIDCAP...... 158,77 1041,46 12/06 MASTER DUO C...... 15,31 100,43 08/06 CM OBLIG. MOYEN TERME . 331,12 2172 13/06 ...... POSTE PREMIE`RE 2-3...... 8924,46 58540,62 12/06 FRUCTI EURO 50 ...... 117,77 772,52 13/06 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,51 200,13 08/06 CM OBLIG. QUATRE...... 164,39 1078,33 13/06 ...... PRIMIEL EUROPE C...... 71,25 467,37 12/06 FRUCTIFRANCE C ...... 100,65 660,22 11/06 MASTER PEA D...... 15,04 98,66 08/06 ...... Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... 781,45 5125,98 12/06 FRUCTIFONDS FRANCE NM 258,30 1694,34 12/06 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 21,10 138,41 11/06 ...... CM OPTION MODE´RATION . 19,21 126,01 13/06 THE´SORA C...... 183,52 1203,81 12/06 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 20,24 132,77 11/06 ...... THE´SORA D...... 153,20 1004,93 12/06 www.cdcixis-am.fr ´ 19,96 130,93 ...... OPTALIS EQUILIB. C ...... 11/06 ASSET MANAGEMENT TRE´SORYS C...... 46659,97 306069,34 12/06 ´ ...... OPTALIS EQUILIB. D...... 18,67 122,47 11/06 SOLSTICE D...... 362,11 2375,29 12/06 OPTALIS EXPANSION C ...... 17,68 115,97 11/06 AME´RIQUE 2000...... 151,66 994,82 13/06 ...... MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION D...... 17,56 115,19 11/06 ASIE 2000 ...... 83,85 550,02 13/06 Fonds communs de placements ...... ´ NORD SUD DE´VELOP. C...... 518,01 3397,92 11/06 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18,02 118,20 11/06 NOUVELLE EUROPE...... 246,92 1619,69 13/06 DEDIALYS FINANCE...... 95,20 624,47 12/06 ...... ´ NORD SUD DE´VELOP. D ...... 399,77 2622,32 11/06 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 16,28 106,79 11/06 SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3505,32 22993,39 13/06 DEDIALYS MULTI-SECT...... 73,70 483,44 12/06 ...... ´ ´ PACTE SOL. LOGEM...... 77,44 507,97 12/06 SAINT-HONORE´ CAPITAL D. 3253,39 21340,84 13/06 DEDIALYS SANTE ...... 103,73 680,42 12/06 ...... Sicav en ligne : ´ PACTE SOL.TIERS MONDE.... 82,35 540,18 12/06 ST-HONORE´ CONVERTIBLES 337,84 2216,09 13/06 DEDIALYS TECHNOLOGIES.. 47,80 313,55 12/06 ...... 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ´ UNIVAR C ...... 189,30 1241,73 14/06 ST-HONORE´ FRANCE...... 64,87 425,52 13/06 DEDIALYS TELECOM...... 55,71 365,43 12/06 ...... ´ 89,33 585,97 ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... 59,03 387,21 12/06 UNIVAR D...... 186,54 1223,62 14/06 ST-HONORE´ PACIFIQUE ...... 109,38 717,49 13/06 POSTE EUROPE C...... 12/06 ...... E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 20,57 134,93 12/06 ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 137,52 902,07 13/06 POSTE EUROPE D ...... 85,73 562,35 12/06 ...... ` E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 76,29 500,43 12/06 ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 403,93 2649,61 13/06 POSTE PREMIERE 8 ANS C ... 191,56 1256,55 12/06 ...... ` E´CUR. CAPITALISATION C.... 43,02 282,19 12/06 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 111,86 733,75 13/06 POSTE PREMIERE 8 ANS D... 175,85 1153,50 12/06 ...... ´ + 50,22 329,42 REMUNYS PLUS ...... 101,62 666,58 12/06 ECUR. DYNAMIQUE DPEA. 12/06 Fonds communs de placements ...... E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 49,21 322,80 12/06 CIC CONVERTIBLES...... 6,10 40,01 29/05 ...... 32,98 216,33 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14512,86 95198,12 12/06 CIC OBLI LONG TERME C..... 14,94 98 12/06 WEB INTERNATIONAL ...... 13/06 SG ASSET MANAGEMENT Serveur vocal : E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,54 272,48 12/06 CIC OBLI LONG TERME D .... 14,94 98 12/06 ´ E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 61,10 400,79 12/06 CIC OBLIMONDE...... 134,55 882,59 12/06 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) LEGENDE E´CUR. MONE´TAIRE C...... 220,75 1448,03 12/06 CIC PIERRE...... 37,13 243,56 13/06 CADENCE 1 D ...... 156,01 1023,36 13/06 e Hors frais. ee A titre indicatif. E´CUR. MONE´TAIRE D...... 190,37 1248,75 12/06 UNION AME´RIQUE...... 540,51 3545,51 11/06 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 231,23 1516,77 12/06 CADENCE 2 D ...... 153,89 1009,45 13/06 29 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

SPORTS La Fédération italienne équipes professionnelles de respec- début des interrogatoires par la jus- dopants sur le Tour d’Italie. b DES b À BOLOGNE, une enquête judiciai- de cyclisme a décidé, mercredi ter une « autosuspension » et de ne tice italienne des 86 personnes SUBSTANCES pharmaceutiques ne re serait sur le point de mettre au 13 juin, de suspendre toutes les cour- pas participer à des compétitions à – dont la moitié sont des coureurs – faisant l’objet d’aucune commerciali- jour des liens existant entre certains ses sur le territoire italien à compter l’étranger. b L’ENTRÉE EN VIGUEUR qui font l’objet d’une information sation ou encore en phase d’expéri- réseaux de trafic de produits du lundi 18. Elle recommande aux de cette mesure coïncidera avec le judiciaire suite à la saisie de produits mentation ont été saisies sur le Giro. dopants et la mafia napolitaine. L’Italie met son cyclisme en arrêt de travail Après l’information judiciaire ouverte contre 86 coureurs ou suiveurs du Tour d’Italie, la Fédération italienne de cyclisme a décidé de suspendre toutes les courses à compter du 18 juin. Elle demande également aux équipes et aux coureurs de ne pas participer aux compétitions à l’étranger

C’EST UNE MISE À PIED en renoncé à certaines de ses prati- aux perquisitions policières réali- avait quitté la course et avait été sang », a-t-il souligné, précisant tités de produits saisis ». Pour bonne et due forme. Mercredi ques. sées sur le Giro. Selon le procureur aussitôt licencié par son équipe, qu’il se sentait « en sécurité du fait autant, on cherche à voir le bon 13 juin, la Fédération italienne de La Fédération italienne de cyclis- de Florence, qui était l’un des com- Fassa Bartolo. de les avoir sur [lui] » et affirmant côté de la chose : « C’est une bonne cyclisme a décidé que plus aucune me a donc répondu positivement à manditaires – avec celui de Mercredi, Dario Frigo a tenu qu’il ne savait « pas quel genre de nouvelle, il faut assainir », assure course n’aura lieu dans la pénin- la proposition qu’avait faite la Padoue – de la descente de police, une conférence de presse au cours substances ont été trouvées ». Alain Deloeuil, directeur sportif de sule jusqu’à veille le Comité olympique natio- une bonne moitié des suspects de laquelle il a cherché à minimi- « Elles étaient dans une valise et Cofidis. nouvel ordre, nal italien (CONI). Ce dernier elles y seraient restées jusqu’à l’arri- La suspension de toutes les tant chez les s’était prononcé pour un arrêt pro- vée à Milan. Là, je les aurais compétitions comme possible profession- visoire des compétitions dans la Axel Merckx en tête du Dauphiné libéré jetées », a-t-il tenté d’expliquer, se remède au mal semble en revan- nels que chez péninsule, à l’issue d’une réunion défendant par ailleurs d’avoir che ne pas convaincre. « Qu’est-ce les amateurs. d’urgence regroupant les différen- Le Belge Axel Merckx (Domo) a endossé, mercredi 13 juin, le dénoncé qui que ce soit à la police, que cela va changer ? », interroge Cette mesure tes parties du cyclisme italien. Le maillot jaune et bleu de leader du Critérium du Dauphiné libéré au comme la presse italienne l’a laissé Philippe Raimbaud, qui estime suspensive temps, avait précisé son président, terme de la troisième étape, disputée entre Guilherand-Granges entendre au lendemain de son qu’« il faut prendre des sanctions CYCLISME prendra effet Gianni Petrucci, qu’un comité (Ardèche) et Carpentras (Vaucluse). Celle-ci a été enlevée par le Véné- audition par les policiers, mardi. fermes contre ceux pour qui on a à compter du lundi 18 juin. La fédé- d’éthique se penche sur les prati- zuélien Unaï Etxebarria (Euskaltel), qui, après une échappée solitaire une preuve de culpabilité. Il y en a ration a également demandé aux ques de ce sport et trouve une solu- amorcée dans l’ascension du mont Ventoux, a conservé trois secon- RÉACTIONS MITIGÉES EN FRANCE qui continuent à faire les cons, on équipes et aux coureurs d’obser- tion. Cette commission éthique va des d’avance sur la ligne d’arrivée sur un groupe de treize coureurs, « Quatre-vingt-six informations en tire les conséquences… Est-ce ver une « autosuspension » pour se mettre en place, a annoncé mer- dans lequel figurait Axel Merckx. Ce dernier a ainsi pris la tête d’une judiciaires, ça marque les esprits et qu’il faut en plus sanctionner ceux les courses à l’étranger à compter credi la fédération. Elle sera char- épreuve que son père, Eddy, n’a gagnée qu’une fois, voici tout juste ça prouve l’ampleur du problème. » qui se sont acheté une ligne de con- de cette même date. Ce qui pour- gée de rédiger un « code de com- trente ans. Avant le contre-la-montre individuel de jeudi, le coureur A l’instar de Thierry Huguenin, un duite ? » Pour Jean Pitallier, le pré- rait se traduire par des absences portement ». Y siégeront l’ancien belge devançait de 1 minute et 32 secondes l’Ecossais David Millar, des responsables du sponsoring à sident de la Fédération française sur le Tour de France si la mesure sélectionneur national, Alfredo un des chefs de file de l’équipe française Cofidis, qui compte trois La Française des jeux, le peloton de cyclisme, « cette mesure permet- – dont la durée n’a pas été préci- Martini, le président de l’Associa- autres coureurs dans les dix premiers : Christophe Rinero (5e), dont français, qui se retrouve depuis tra au moins aux Italiens de se ren- sée – n’est pas levée d’ici le tion des coureurs professionnels, c’est le grand retour après près de deux années blanches, David Mon- dimanche sur le 53e Critérium du dre compte du problème et de réflé- 7 juillet, date du départ de la cour- Enrico Ingrilli, le coureur Mario coutié (6e) et Andreï Kivilev (9e). Dauphiné libéré, ne cache pas une chir ». Mais, au-delà de son aspect se. Tout juste la fédération a-t-elle Cipollini, ainsi que des médecins certaine surprise face à l’actualité « spectaculaire », il doute lui aussi déclaré qu’elle se réunira le 23 juin et des représentants de groupes italienne. « Pas surpris qu’il y ait de son efficacité. « Il y a une géné- pour procéder à une nouvelle ana- sportifs et d’organisateurs. sont des coureurs. Au moins 40 % ser ses actes. S’il a reconnu avoir encore des dopés », tempère ration de coureurs à recycler », tran- lyse de la situation au sein d’un Le 18 juin marquera également des personnes visées ont été trou- été en possession de produits inter- Philippe Raimbaud, le manager de che le successeur de Daniel Baal, peloton cycliste dont la vaste opé- le début des interrogatoires par la vées en possession de produits dits – il a parlé d’« erreur stupide » l’équipe Bonjour (l’une des deux évoquant également la nécessité ration policière réalisée lors du justice italienne des 86 personnes, dopants. C’est notamment le cas –, il a assuré ne pas les avoir utili- seules à être sortie indemne de de « rajeunir l’encadrement ». Tour d’Italie, dans la nuit du 6 au qui, depuis mardi, font l’objet de Dario Frigo, qui, alors qu’il sés. « Ils ont trouvé ces produits l’opération de police de San 7 juin, a démontré qu’il n’avait pas d’une information judiciaire, suite occupait la deuxième du Giro, dans mes bagages, pas dans mon Remo), « mais surpris par les quan- Philippe Le Cœur (avec AFP)

Le Tour suivra La mafia napolitaine serait mêlée aux trafics de médicaments dopants la justice italienne LA SAISIE spectaculaire réalisée dans la l’affaire Festina durant le Tour de France Padoue, lequel vient d’ouvrir une informa- ré de 1980 à 1996, grâce notamment à des nuit du 6 au 7 juin à San Remo par deux 1998, ils n’ont pas agi dans la précipitation tion portant sur cinq coureurs de l’équipe subventions du CONI. Le principal instiga- b La Société du Tour de France cents policiers italiens, sur un double man- d’un flagrant délit survenu au détour d’une Liquigas, présente sur le Giro : l’Ukrainien teur de cette entreprise, le docteur Fran- a annoncé, mercredi 13 juin, dat des juges de Florence et de Padoue, route départementale. Sergej Honchar, quatrième du classement cesco Conconi, recteur de l’université de Fer- son intention de tenir compte constitue l’aboutissement d’une enquête général, et les Italiens Marco Zanetti, Gianni rare et membre des commissions médicales des éventuelles décisions de la judiciaire de grande envergure. Ecoutes télé- TRICHERIES SUR ORDONNANCE Faresin, Denis Zanette et Ellis Rastelli. de l’Union cycliste internationale (UCI) et justice italienne dans l’affaire de phoniques, surveillance télévisuelle grâce à Depuis près de trois ans, à travers tout le A Turin, le procureur Raffaele Guarinello du Comité olympique international (CIO), a dopage révélée pendant le Giro. des caméras dissimulées des chambres de pays, plusieurs magistrats instruisent des a poursuivi Marco Pantani pour fraude spor- été mis en examen par Pierguido Soprani et « En cas de confirmation établie de coureurs durant le Tour d’Italie, renseigne- affaires touchant à tous les sports. A Bolo- tive dès l’automne 1999, tout en prêtant une devrait être jugé prochainement. Ce méde- fraude, le Tour de France se réserve ments précis fournis par un repenti : les gne, le juge Giovanni Soprani commence attention particulière au prestigieux club de cin réputé pour ses travaux sur l’EPO est le droit de récuser avant le départ hommes de la NAS (brigade des stupéfiants ainsi à recueillir le fruit de plus de deux football local, la Juventus, soupçonné de poursuivi pour « administration de médica- ou d’exclure au cours de l’épreuve italienne) n’ont pas procédé à l’improviste années d’enquête. Selon nos informations, doper ses joueurs. Durant l’été 1998, plu- ments dangereux pour la santé ». C’est en les équipes et les personnes dont avant de déclencher la désormais fameuse il aurait établi l’existence de liens entre la sieurs vedettes du championnat italien, consultant un fichier intitulé « EPO » dans la culpabilité, démontrée, serait opération « Trèfle à quatre feuilles ». Camorra, la mafia napolitaine, et certains dont les Français Didier Deschamps et l’ordinateur de celui qui se faisait appeler en contradiction avec les principes « Vaccinés » depuis 1996 et la trahison sportifs interpellés pour vente de subs- Zinedine Zidane, ont ainsi été entendues « Il Professore » que le juge a découvert une éthiques et sportifs défendus par le d’un membre du CONI (Comité national tances illicites. Ainsi, un cycliste amateur dans son bureau. D’autres affaires sont en liste impressionnante de champions qui Tour de France », a-t-elle annoncé olympique italien) qui avait alerté les organi- appréhendé récemment à Naples serait lié cours d’instruction à Rome, Venise, Brescia, venaient se livrer à un dopage « scientifi- dans un communiqué intitulé sateurs du Giro avant une perquisition pro- au milieu mafieux et aurait organisé un tra- Trente, Ferrare… que » au centre biomédical dirigé par Fran- « Le Tour réaffirme l’éthique ». grammée à Brindisi, les enquêteurs de la fic vers le nord du pays. Un autre coureur, Dans cette dernière ville, le juge Pierguido cesco Conconi. Le départ du Tour de France sera péninsule ont préparé cette descente dans membre de la même équipe, serait impliqué Soprani a mis au jour un système de dopage donné le 7 juillet de Dunkerque. une discrétion absolue. A la différence de dans l’affaire diligentée par le juge de sur prescriptions médicales qui aurait perdu- Yves Bordenave b L’équipe cycliste allemande Telekom a affirmé mercredi ne pas craindre l’ouverture d’une information judiciaire à son Deux des produits saisis ne sont même pas commercialisés encontre après la découverte de produits contre l’asthme chez LA DÉCOUVERTE, lors du Tour une sorte de « super EPO » dans la contrefaçon. » Baxter réfute l’hypo- Jan Ullrich, vainqueur du Tour d’Italie, de nouvelles substances mesure où elle permettrait, chez thèse selon laquelle un marché de France 1997, et de comprimés pharmaceutiques utilisées à des un sujet sain, d’augmenter le trans- noir d’HemAssist aurait pu, ces de caféine chez le médecin fins de dopage marque une étape port de l’oxygène sanguin jus- derniers temps, en Italie notam- de l’équipe, lors des perquisitions dans l’évolution des pratiques illici- qu’aux muscles. ment, se constituer à partir des effectuées par la police durant tes visant à augmenter artificielle- Les espoirs financiers et théra- stocks du produit ou des échan- le Tour d’Italie. « Il est vrai ment des performances sportives. peutiques de la firme américaine tillons qui, après 1998, n’avaient qu’on a retrouvé chez Jan Ullrich A la différence de l’erythropoïeti- ne devaient jamais se réaliser. pas été utilisés lors d’expérimenta- des médicaments contre l’asthme, ne (EPO), dont la consommation Après avoir construit une unité de tion sur l’homme. qui figurent sur la liste peut aujourd’hui être identifiée production à Neuchâtel, passé un b Le RSR-13. Bien que cette des produits dopants. Cependant, par des techniques de lutte antido- accord avec les autorités françai- molécule fasse l’objet d’essais pré- il dispose depuis longtemps page, à la différence aussi de l’hor- ses chargées de la transfusion san- liminaires pour tester sa possible d’une autorisation pour mone de croissance humaine pro- guine et du fractionnement du efficacité dans certains protocoles les prendre », a déclaré duite par manipulation génétique, plasma humain (pour recycler les thérapeutiques de cancérologie, un porte-parole de l’équipe. deux des molécules identifiées par poches de sang non utilisées), Bax- son usage à des fins dopantes tient les autorités italiennes correspon- ter annonça, en 1998, qu’elle aban- à sa propriété à faciliter le relargua- dent à des médicaments qui ne donnait le développement de cette ge, dans les tissus musculaires, de sont pas commercialisés. molécule. L’HemAssist, qui ne dis- l’oxygène véhiculé par l’hémoglo- b L’HemAssist. Il s’agit d’une posait pas d’autorisation de mise bine. Cette molécule synthétique hémoglobine dite « de substitu- sur le marché international, avait est produite par la société Allos tion » dont le fabricant – l’améri- alors été testée sur des centaines Therapeutics de Denver (Colo- cain Baxter – annonçait, il y a cinq de patients aux Etats-Unis et en rado). En cancérologie, son utilisa- ans, qu’il s’agissait « d’un médica- Europe. Après des premiers résul- tion vise à améliorer l’efficacité de ment vital » appelé « à bouleverser tats prometteurs, la firme avait dû la radiothérapie administrée aux le traitement des patients opérés ou faire face à une série de graves patients souffrant de certaines des victimes d’accidents graves complications médicales cardio- lésions malignes cérébrales ou pul- ayant subi des hémorragies impor- vasculaires plus ou moins bien élu- monaires en augmentant la quanti- tantes ». Connue dans les milieux cidées qui faisaient de l’HemAssist té d’oxygène délivrée au sein de scientifiques sous l’appellation un médicament à haut risque dont ces tumeurs. PCLHb (Diaspirin Cross-Linked la commercialisation ne pouvait D’autres essais sont en cours Hemoglobin), cette substance être envisagée. D’autres molécules après l’observation des propriétés était extraite de globules rouges issues des techniques de recombi- expérimentales de cette molécule humains. Présentée sous forme de naison génétique sont aujourd’hui concernant l’oxygénation cellulai- poche, l’HemaSisst pouvait être en cours d’expérimentation sous re du myocarde. Les pathologies conservée durant plus d’un an et l’égide de Baxter. pouvant être traitées sont l’angine n’imposait pas, pour son usage, le « Plusieurs éléments nous laissent de poitrine, l’infarctus du myocar- respect des règles de compatibilité penser que les produits retrouvés en de et, peut-être, les accidents vas- sanguine. Deux avantages qui per- Italie ne sont pas issus de notre fir- culaires cérébraux. C’est à partir mettaient à Baxter d’affirmer, en me, a déclaré, mercredi 13 juin au de ces données – au mépris des mars 1996, qu’il s’agissait d’une Monde, Patty O’Hyer, porte-parole règles de sécurité sanitaire – que « percée scientifique majeure » et de la société. Nous avons arrêté tou- certains ont pu postuler qu’une tel- que la mise sur les marchés euro- te production d’HemAssist il y a trois le substance pouvait, éventuelle- péen et américain était program- ans et la durée de vie de ce produit ment associée à la prise de pro- mée pour le début de 1997. Parfois n’était que d’une année… Nous tra- duits du type HemAssist, être utili- présenté comme un « sang artifi- vaillons actuellement avec les autori- sée chez des sportifs. ciel », cette molécule put, dès lors, tés italiennes afin, notamment, être perçue par certains comme d’établir qu’il ne s’agit pas ici d’une Jean-Yves Nau 30 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS

Le bilan de Gérard Bourgoin après une année L’Evian Masters s’est donné de présidence suscite de nombreuses critiques les moyens d’attirer L’assemblée générale de la Ligue nationale de football se déroule dans un climat de défiance le gratin du golf féminin Le conseil d’administration de la Ligue nationale contrat de l’émission Téléfoot sur TF1 pour cinq semblée générale de la LNF, jeudi, Gérard Bour- de football (LNF), réuni mercredi 13 juin à ans et le retour à un championnat de France de goin devrait tenter de défendre le bilan très con- Sochaux (Doubs) a entériné la reconduction du D1 à vingt clubs en 2002-2003. Au cours de l’as- testé de sa première année de présidence. Trois Françaises défient le gotha mondial

GÉRARD BOURGOIN devait ironise-t-on dans les couloirs de la Pêle-mêle, on fustige l’absence de d’avoir voulu trancher « à la hus- L’EVIAN MASTERS serait-il ali- terruption lorsque, comme cette conclure à Sochaux, jeudi 14 juin, LNF. Le verdict est rude, mais for- concertation, sa trop grande préci- sarde ». « J’ai cru utile de recom- menté par une source intarissa- année, trois tournois sont suppri- à l’occasion de l’assemblée généra- ce est de constater qu’ils sont nom- pitation, « son impulsivité », « son mander aux présidents des commis- ble ? La dotation de cette épreuve més faute de ressources. le de la Ligue nationale de football breux, même chez ses anciens agitation permanente ». sions – qu’il a rencontrés lors féminine est passée de 2 millions Rien d’étonnant alors de voir les (LNF), son premier exercice de pré- alliés, à dénoncer à mots à peine d’une réunion secrète – d’aller vite de francs en 1994, année de sa créa- meilleures européennes tenter sident. L’heu- couverts la « méthode Bourgoin ». « JE N’AI PAS EU DE CHANCE » dans leurs décisions », concédait-il, tion, à un peu plus de 16 millions leur chance ailleurs, surtout quand re n’est pour- Dernier épisode en date, les pro- L’ancien pilote de rallye a enchaî- tout en se défendant d’avoir tenté (2,5 millions d’euros) pour cette elles ont déjà fait leurs preuves tant pas aux pos acerbes tenus par Bernard né les déplacements sur les stades d’interférer sur l’indépendance de huitième édition. Une seule autre chez elles. C’est ainsi que Patricia réjouissances Tapie après l’annonce de la rétro- de D 1 de D 2 et même de Natio- ces organes. « Je vaux bien une com- compétition féminine de golf, Meunier-Lebouc, après cinq victoi- pour l’ancien gradation administrative de nal – il se targue d’avoir assisté à mission », se vantait-il dans les l’US Open, fréquente de tels som- res dans des épreuves européen- « roi de la l’Olympique de Marseille en D 2 : 110 matches en quarante semai- colonnes de L’Equipe. mets. C’est le prix à payer pour fai- nes, a décidé de tenter sa chance volaille », qui « Gérard Bourgoin est autant fait nes – au lieu de « se concentrer sur Les sanctions sont tombées, les re de cette épreuve l’un des princi- sur le circuit américain à la fin de n’en finit plus pour diriger la LNF que moi pour les dossiers », dit-on encore à la appels et autres recours se sont paux rendez-vous de la saison, l’année dernière. Succès mitigé, FOOTBALL de déchaîner servir la messe. » LNF. Des voyages qui ont eu pour multipliés « sans qu’une ligne cohé- comptant à la fois pour les circuits puisqu’elle n’a obtenu le droit de les critiques. Tout juste pouvait-il Les crispations se sont multi- effet de rendre Gérard Bourgoin rente soit définie », regrettait Noël européen et américain. C’est sur- participer qu’à cinq des épreu- s’attendre à quelques surprises pré- pliées à son égard. Premier grief : populaire auprès des « petits » Le Graët (Le Monde du 21 avril). tout l’assurance de voir s’affron- ves – sur une quarantaine – de la parées en coulisse par une opposi- sa « communication ». Dès le clubs, flattés de sa présence au Gérard Bourgoin plaide, quant à ter, sur le parcours du Royal golf LPGA (Ladies Professional Golf tion organisée autour de Noël Le lui, la bonne foi, ne peut que cons- club d’Evian (Haute-Savoie), jus- Association). Malgré cela, et alors Graët, son prédécesseur. tater les dégâts occasionnés par qu’au samedi 16 juin, les meilleu- que la plupart de ses concurrentes Le 6 juillet 2000, jour de son « Téléfoot » reste sur TF1 « un championnat des prétoires » res joueuses de la planète : les Sué- en sont à plus de dix tournois, elle soixante et unième anniversaire, et s’insurge, après l’éventualité doises Annika Sorenstam, tenante occupe la 72e place du classement Gérard Bourgoin succédait au mai- Les droits de diffusion du magazine « Téléfoot » ont été attribués à d’une invalidation des résultats du du titre, Catrin Nilsmark et Helen américain et la tête du classement re (PS) de Guingamp, en place TF1 pour les cinq saisons à venir, a annoncé, mercredi 13 juin, Gérard championnat par le Conseil d’Etat, Alfredsson, victorieuses de l’Evian des nouvelles venues sur le circuit. depuis neuf ans, au terme d’une Bourgoin, le président de la Ligue nationale de football (LNF), à l’is- consécutive à une requête dépo- en 1999 et 1998, l’Australienne Kar- Un classement dans lequel Mari- élection aussi agitée qu’indécise. sue d’un conseil d’administration réuni à Sochaux (Doubs) à la veille sée par Toulouse, contre « une pro- rie Webb, lauréate de l’US Open, ne Monnet et Karine Icher vou- L’homme était élu « par défaut », de l’assemblée générale. La LNF a tenu à « récompenser la fidélité et la cédure visant à déstabiliser les ins- l’Anglaise ou la Sud- draient bien voir figurer leurs grâce au soutien du courant libéral continuité » de TF1, qui diffuse l’émission dominicale depuis 1977. tances du football avant l’assemblée Coréenne Se Ri Pak. noms un jour prochain. Moins des présidents de club. Emmenés L’offre de TF1 a atteint finalement 430 millions de francs sur cinq ans, générale ». Gérard Bourgoin aime Elles ne seront que trois Françai- patientes que leur aînée, elles ont par Jean-Michel Aulas (Lyon), contre 400 millions de francs pour l’autre candidat, M6. TF1, qui avait se présenter en victime : « Je n’ai ses à se mesurer à elles : Patricia décidé de traverser l’Atlantique ceux-ci reportaient leurs suffrages proposé initialement 60 millions de francs par an, a donc consenti un pas eu de chance, dit-il. La commis- Meunier-Lebouc, actuelle numéro dès cette année. Elles avaient déjà sur Gérard Bourgoin après l’élimi- effort. Gérard Bourgoin s’est félicité de cet accord, qui s’est conclu sion juridique a traité 400 dossiers, un française, Marine Monnet et fait le voyage il y a trois semaines nation de leur candidat, l’avocat cependant bien en deçà des 150 millions de francs annuels demandés dont 42 pour la seule affaire des Marie-Laure de Lorenzi. Invitée de pour participer à l’US Open, après lyonnais André Soulier. Leur but ? dans un premier temps par la Ligue. Le conseil d’administration de la faux passeports. » dernière minute par les organisa- en avoir passé avec succès les quali- Faire barrage à Noël Le Graët et LNF a par ailleurs entériné le passage du championnat de France de A Sochaux, l’opposition ne teurs, elle a été préférée à Karine fications. Aucune des deux n’a placer au centre du débat la négo- D1 à vingt clubs (au lieu de dix-huit) pour la saison 2002-2003. devrait pas manquer de le rappeler Icher, numéro deux française, qui, réussi à franchir le cut, mais elles ciation individuelle – club par à son programme électoral : la pour sa première année profession- sont revenues convaincues que, club – des droits télévisés au détri- négociation des droits Internet nelle, occupe le neuvième rang du pour progresser, c’est désormais ment du système de mutualisation départ, l’homme a largement occu- point de le soutenir dans ce qu’ils pour les clubs – dossier dans l’im- classement européen. C’est que les sur les greens américains qu’elles défendu par l’ancien président. Un pé le terrain médiatique. « Trop » considèrent comme une « campa- passe – ou l’harmonisation fiscale places sont très chères : le nombre doivent concentrer leurs efforts. an après, le sujet est encore en sus- pour certains de ses alliés, notam- gne de harcèlement ». Lui se définit des clubs. Mis en examen le 17 jan- de concurrentes est limité à 78, la pens. ment à la télévision : « Un prési- volontiers comme un baroudeur, vier « pour abus de pouvoir et abus moitié d’un tournoi habituel. Jean-Louis Aragon L’ancien vice-président de l’AJ dent de la Ligue doit avoir plus de homme de terrain, adepte des dis- de biens sociaux » dans l’affaire Cela ne fait que souligner le Auxerre était intronisé aux forceps recul. » Jean-Michel Aulas, vice- cours musclés, fleuris parfois, ainsi concernant son ancien groupe de déséquilibre existant au sein de par le conseil d’administration de président de la LNF et principal qu’en témoigne ce commentaire volailles, Gérard Bourgoin pour- l’Evian Tour, le circuit féminin DÉPÊCHES la Ligue (12 voix contre 11). Cette soutien de Gérard Bourgoin, qu’il lui arrive de livrer à ses pro- rait également entendre des voix européen, entre ses deux épreuves- a FOOTBALL : Luiz Felipe Scola- majorité fragile est désormais lar- regrettait récemment ses « déclara- ches : « Je dirige la Ligue avec ma s’élever pour réclamer sa démis- phares, l’Evian Masters et le Bri- ri a été nommé sélectionneur de gement entamée. « Il fait aujour- tions maladroites » et « ses problè- bite et mon couteau. » sion, au nom de « la crédibilité de tish Open, et les autres tournois. l’équipe du Brésil en remplace- d’hui une autre sorte d’unanimité », mes d’ordre comportemental ». Ces dernières semaines, il s’est l’institution ». Privé d’activité après Six d’entre eux ont une dotation ment d’Emerson Leao, démis de fait plus discret. Sa dernière appari- la mise en liquidation de son entre- ne dépassant pas 163 000 ¤. Pour ses fonctions suite à la médiocre tion marquante remonte à la fina- prise, le 6 octobre, il n’entend pas sa victoire dans l’Open de France, prestation du Brésil à la Coupe des La FIFA dans le rouge après la faillite d’ISL le de la Coupe de la Ligue entre céder un poste de président la Finlandaise Suzann Pattersen confédérations, a annoncé, mardi Lyon et Monaco, le 5 mai au Stade « bénévole » qui lui donne la jouis- n’a empoché ainsi qu’un peu 12 juin, la Confédération brésilien- La Fédération internationale de football (FIFA) enregistre un de France, aux côtés de ses invités, sance d’un appartement de fonc- moins de 40 000 ¤ et Karine Icher, ne de football. découvert de 51 millions de francs suisses (33,4 millions d’euros) sur l’abbé Pierre, David Douillet et tion dans le 16e arrondissement de troisième de cette épreuve, a Ljubomir Barin, intermédiaire le secteur marketing pour la Coupe du monde 2002 après la faillite de son ami Gérard Depardieu, trois Paris, d’une voiture de fonction et 16 500 ¤. Quant à la dernière de la de football impliqué dans l’affaire son partenaire commercial ISMM-ISL, a indiqué son président, personnalités parmi les plus popu- d’une carte de crédit pour ses frais. compétition, elle recevait 718 ¤. des détournements de fonds aux Joseph Blatter, mercredi 13 juin à Genève. Il s’exprimait au terme laires de France. Une opération Il aurait ainsi rétorqué à Marie- Selon Patricia Meunier-Lebouc, Girondins de Bordeaux, a été d’un comité exécutif au cours duquel il devait s’expliquer sur les rap- séduction à l’heure où les rumeurs George Buffet, la ministre de la jeu- « le niveau européen augmente ». condamné, mercredi 13 juin, par la ports entre, d’une part, la FIFA et, d’autre part, International Sport de « putsch » se faisaient de plus nesse et des sports, avec laquelle il « Malheureusement, rien ne suit. Il cour d’appel de Bordeaux, à deux Media and Marketing (ISMM) et sa filiale International Sport Leisure en plus pressantes. entretient des relations plutôt ten- faut savoir que jouer sur le circuit ans de prison avec sursis. Le (ISL), mis en faillite le 21 mai, qui géraient les droits marketing de la Autre pomme de discorde : sa dues : « Dans deux ans, vous ne européen, cela signifie avoir cinq ou Croate avait été condamné en pre- Coupe du monde ainsi que les droits de retransmission hors Europe gestion des dossiers délicats et en serez plus ministre. Moi, je serai six mois sans compétition par an et mière instance, en 1999, à deux ans et Etats-Unis. Cette affaire a suscité une dégradation des relations particulier de l’affaire des faux pas- encore président de la Ligue. » tout recommencer à zéro, ou pres- de prison dont un an ferme pour déjà tendues entre Joseph Blatter et son homologue de l’Union euro- seports, dont il a hérité bien mal- que, au début de chaque saison. » complicité d’abus de confiance et péenne de football (UEFA), Lennart Johansson. gré lui. Là encore, on lui reproche Etienne Labrunie Cela sans parler des périodes d’in- recel d’abus de confiance. AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 31 Le renflouage du « Koursk » pose de dangereux problèmes techniques Une entreprise néerlandaise est chargée de la remontée du sous-marin nucléaire russe qui a coulé le 12 août 2000 en mer de Barents. L’opération, très délicate, devrait coûter quelque 76 millions d’euros Depuis neuf mois, le Koursk, un sous-marin cette thèse, mais surtout pour arracher à la des chantiers exceptionnels de levage, mais tera à découper – dès cet été ? – la coque barges et la dernière à la remorquer pen- russe porteur de missiles à têtes nucléaires, mer les 118 membres d’équipage qui ont n’ayant pas de compétence particulière pour séparer la chambre des torpilles, située dant 250 kilomètres, jusqu’à Mourmansk, gît par plus de cent mètres de fond après trouvé la mort dans ce drame, les autorités pour les travaux sous-marins, devrait être dans la partie avant, du reste du bâtiment. où le tout sera déposé en cale sèche pour l’explosion accidentelle d’une torpille qui russes ont décidé de remonter l’épave. Une chargée du renflouage. L’opération devrait La deuxième à soulever l’épave au moyen examen. L’opération, risquée, devrait coû- l’aurait coulé. Pour confirmer ou infirmer société néerlandaise, Mammoet, spécialiste comprendre trois étapes. La première consis- d’une série de câbles métalliques à partir de ter quelque 76 millions d’euros.

MOSCOU serait renfloué. Le choix demeure expliqué Valentin Pachine, direc- de notre correspondant contesté par plusieurs experts rus- Trois étapes périlleuses teur d’un institut de recherche L’opération est sans précédent ses, qui notent les inconnues d’un 20° 30° 40° militaire. et compte, de l’aveu même de ses travail sur une épave contenant SOUS-MARIN Les interrogations portent égale- responsables, d’innombrables pro- des armes et un réacteur nucléai- NUCLÉAIRE KOURSK ment sur les termes exacts du NORVÈGE blèmes techniques. Le sous-marin res. Militaires et responsables gou- POSITION : 69°40 N contrat finalement signé entre les SUÈDE 37°50 E russe à propulsion nucléaire vernementaux se rangent à la déci- Il a coulé le 12 août 2000 autorités russes et le maître d’œu- Barge équipée Koursk – un géant de 154 mètres sion de M. Poutine en avançant FINLANDE avec 118 personnes à bord vre du renflouage. Durant six de grues hydrauliques Golfe de OCÉAN le de long pesant 20 000 tonnes – va plusieurs explications. Le succès Botnie Mourmansk mb mois, des négociations ont été bases militaires GLACIAL Ze être renfloué. Les travaux prépara- de l’opération permettra de redo- e- conduites avec un consortium de ARCTIQUE ll ve u toires sont engagés et le bâtiment rer le blason d’une flotte du Nord o plusieurs compagnies mené par la N devrait être arraché aux fonds de discréditée. C’est un geste en direc- Péninsule MER DE BARENTS filiale norvégienne de l’entreprise La partie avant de Kola la mer de Barents entre le 15 et tion des familles des victimes et de tres américaine Halliburton, celle-là sera remontée 20 septembre, pour être ramené l’opinion, puisque douze corps de ultérieurement Merdela même qui avait réalisé les opéra- Lac Mer Blanche dans une base militaire de la pénin- marins seulement ont pu être récu- 08 mè Petchora tions de l’an dernier. Puis, à la sur- Ladoga1 70 Severodvinsk C sule de Kola. pérés à l’automne 2000. er prise générale, le 18 mai, M. Kleba- chantier naval cle Arkhangelsk ar Le 12 août 2000, le Koursk som- ct nov annonçait que l’entreprise iqu 200 km brait par 108 mètres de fond, éven- « TOUT PEUT ARRIVER » Longueur totale : RUSSIE e finalement retenue était la société tré par l’explosion accidentelle de « On ne peut pas laisser une telle 154 mètres Le renflouage du Koursk s'effectuera en trois étapes. néerlandaise Mammoet, spécialis- Déplacement : ses missiles. Tout son équipa- épave dans une zone de grande plus de 20 000 tonnes La première consistera à séparer la chambre des te dans les chantiers exceptionnels ge – 118 hommes – trouvait la pêche et de manœuvres militaires », en plongée torpilles, située à l'avant, du reste du bâtiment. La de levage, mais n’ayant aucune mort dans cette catastrophe, qui dit Ilia Klebanov, vice-premier Diamètre : deuxième donnera lieu au levage de toute la partie arrière expérience dans les travaux sous- 18,2 m 2 réacteurs nucléaires, grâce à des câbles reliés à une puissante machine hydraulique. La causa une immense émotion en ministre en charge de cette opéra- 24 missiles à tête nucléaire marins. Vitesse : dernière enfin verra le remorquage de l'ensemble vers Mourmansk. Russie. Le silence de la flotte du tion. Une fois renflouée, son exa- > 30 nœuds 28 torpilles Le contrat n’a pas été rendu Nord les premiers jours de l’acci- men, espère-t-il, pourrait permet- Infographie : Le Monde/GN public, pas plus que son prix, dont dent, puis l’accumulation de men- tre à la commission d’enquête il a seulement été dit qu’il était songes et de désinformation sur d’établir officiellement les causes thèse d’une collision avec un sous- toujours un nombre indéterminé pontons spécialement construits « légèrement inférieur aux 76 mil- les causes de la catastrophe provo- de l’accident. « Il est évident que marin de l’OTAN, ne laissant fil- de torpilles-missiles n’ayant pas dans un chantier naval de la mari- lions d’euros initialement prévus ». quaient une violente polémique c’est l’explosion d’une torpille défec- trer qu’au compte-gouttes des explosé. « La commission est très ne russe. L’attelage sera ensuite A Moscou, plusieurs journaux ont mettant en cause Vladimir Pouti- tueuse qui a provoqué la catastro- informations sur les systèmes d’ar- inquiète de ce qu’on peut trouver remorqué vers le golfe de Mour- attribué ce changement soudain ne, accusé de couvrir l’incompéten- phe, dit-il aujourd’hui, mais il a pu mes et les nouvelles torpilles là », dit Vladimir Kouroïedov. «Il mansk, à 250 kilomètres, où le d’entreprise à des pots-de-vin ver- ce des militaires. y avoir un choc initial provoquant embarquées à bord du Koursk. y demeure des torpilles de très forte sous-marin sera mis en cale sèche. sés aux officiels russes, « une accu- Dès septembre, le président rus- cette explosion. » L’état-major de Le secret toujours entretenu sur puissance », ajoute M. Klebanov. Comment réagira la coque du sation ignoble qui pèse sur leur se annonçait que le sous-marin la marine a toujours privilégié la l’état exact de l’épave et les décla- Cette partie avant du sous-marin bâtiment, déjà fragilisée par plu- conscience », a protesté M. Kleba- rations contradictoires des experts ne serait remontée qu’ultérieure- sieurs ouvertures, découpées à nov. « Nous n’avons pas signé avec militaires ne faciliteront pas la déli- ment ou abandonnée au fond. Des l’automne 2000 ? Que peut-il se le consortium parce qu’il voulait Bagarre avec la Fondation internationale Koursk cate opération de remontée du robots guidés à distance effectue- passer avec le réacteur nucléaire, repousser l’opération à 2002, Koursk. « Il y a évidemment des dan- ront l’opération de découpe, la pré- dont il a été dit qu’il s’était auto- quand Mammoet était prête à tra- Officiellement, le renflouage du sous-marin sera entièrement payé gers. Avec un sous-marin nucléaire sence de plongeurs étant jugée matiquement « mis en sommeil » vailler dès cet été », ajoute le vice- par le budget russe. Ce n’était pas prévu initialement puisque, en chargé de torpilles, tout peut arri- trop risquée. lors de la catastrophe ? Marine et premier ministre. D’autres rai- novembre 2000, était créée la Fondation internationale Koursk, char- ver », dit ainsi Vladimir Kouroïe- gouvernement russes assurent sons, tenant à de complexes ques- gée de collecter des fonds et de financer la moitié du coût de l’opéra- dov, chef d’état-major de la MESURES EXCEPTIONNELLES que des mesures de sécurité tions de financement et d’assuran- tion, estimé à 76 millions d’euros. Etats-Unis, Japon et plusieurs pays marine. La deuxième phase consistera « exceptionnelles » seront prises, ces, expliquent ce changement. européens devaient verser leur obole à la fondation. Ils ne l’ont pas Le renflouage devrait se dérou- pour les équipes de plongeurs à avec une surveillance constante Mammoet s’est d’ailleurs depuis encore fait, pour protester contre le blocage par la Russie d’un accord ler en trois étapes. La première est amarrer tout au long de l’épave de la radioactivité et du réacteur, associée avec deux entreprises du appelé MNEPR (Multilateral Nuclear Environmental Programs in sans doute la plus dangereuse. Elle vingt faisceaux de câbles reliés à M. Klebanov ayant estimé qu’il y consortium – Smit International Russia), portant sur des programmes de sécurité nucléaire et de consistera à découper la double une puissante machinerie de leva- avait un risque de fuites radioacti- et Halliburton – pour mener à décontamination dans la péninsule de Kola, et en souffrance depuis coque d’aciers spéciaux pour sépa- ge installée en surface sur une bar- ves. « On ne peut pas tout calculer bien ce qui apparaît comme le 1998. Moscou s’est finalement engagé le 17 mai, lors du sommet rer le premier compartiment – la ge géante. Le Koursk sera soulevé à 100 %, par exemple les résistances renflouage le plus dangereux de Union européenne-Russie, à parapher cet accord avant le 30 juin. La chambre des torpilles – du reste verticalement des sables de la mer dues à l’ensablement ou le déplace- l’Histoire. Fondation Koursk pourrait alors percevoir quelques fonds et éven- du bâtiment. La proue a été déchi- de Barents. Amené sous la barge, ment du centre de gravité du bâti- tuellement subventionner la remontée du bâtiment. – (Corresp.) quetée par l’explosion et contient il sera alors soutenu par quatre ment provoqué par l’explosion »,a François Bonnet La recherche sur les transports à l’heure de l’effet de serre et des économies d’énergie LE PREMIER programme natio- une meilleure valorisation des sion ». Président du comité d’orga- suivre « et parfois devancer » la mal à supplanter le moteur thermi- gramme : irruption des technolo- nal de recherche et d’innovation recherches et une diffusion plus lar- nisation du Predit, François de Cha- réglementation en matière d’envi- que. gies de l’information et de la com- dans les transports terrestres (Pre- ge auprès des experts, des organis- rentenay estime que nombre ronnement. Les progrès accomplis Sécurité, environnement, techno- munication, explosion du trans- dit) s’était achevé en 1995 sur un mes consultatifs et des décideurs. d’améliorations ont été apportées, en matière de consommation logies de l’information et communi- port de marchandises (trafic aug- constat d’échec : les industriels de Il souhaite également le traite- mais juge qu’il reste « difficile de devraient se poursuivre grâce à de cation, transports de marchandi- menté de 39 % d’ici 2010), préoccu- l’automobile et du rail en avaient ment de sujets de recherches enco- faire de l’interministériel », tous les nouvelles suralimentations, un con- ses, urbanisme, les projets primés pation pour l’environnement et la été les bénéficiaires, au détriment re « insuffisamment explorés », com- cabinets ne partageant pas les trôle complet des soupapes, des illustrent la diversité des thèmes sécurité. Un des défis majeurs, des recherches sur l’« intermodal », me le comportement des utilisa- mêmes préoccupations. Cet ancien systèmes de taux de compression couverts par le Predit : dépollution note Jeannine Forestier, secrétaire au cœur d’une véritable politique teurs ou la régulation des trans- directeur de la recherche de PSA variable et de nouvelles généra- automobile, désodorisation des permanente du Predit, sera posé des transports. Un rapport d’éva- ports. Le comité encourage par Peugeot Citroën estime que la diffi- tions d’injection directe d’essence. habitacles, pompes haute pression par la « desserte périphérique » des luation, particulièrement sévère, ailleurs « le développement de trans- culté n’est pas technologique, mais « Une des questions fondamentales pour camion, diagnostic de l’hypo- villes : quel service public de trans- avait fustigé « faiblesse des actions ferts technologiques entre la recher- bien politique : « Comment associer est le compromis entre consomma- vigilance des conducteurs, prédic- port, quel urbanisme, quel habitat incitatives de l’Etat, o + pportunisme che militaire et civile », en matière transports routiers et guidés sans tion et émission », concède-t-il. tion des risques en sécurité dans permettront de faire en sorte que organisationnel, éparpillement des d’acoustique ou de compatibilité mettre en place les aménagements Notamment en ce qui concerne les les tunnels, transports guidés sur l’utopie d’Alphonse Allais – des vil- interventions publiques, faiblesse de électromagnétique, par exemple. Il nécessaires ? » oxydes d’azote, rejetés notamment pneu, information autoroutière… les à la campagne – ne tourne pas la gestion » (Le Monde du 8 février recommande enfin d’améliorer le En ce qui concerne son domaine par les moteurs HDI. Mais, à son figurent au palmarès. systématiquement au cauchemar 1995). pilotage pour que le programme de prédilection, l’automobile, il sens, des solutions « radicales » Les séances plénières du Carre- quotidien ? Le second exercice, mené soit plus efficace « en matière d’éva- considère que le Predit a financé comme le moteur électrique ou la four du Predit annoncent les thè- entre 1996 et 2000, se devait donc luation, de valorisation et de diffu- des programmes qui ont permis de pile à combustible auront bien du mes centraux du prochain pro- Hervé Morin de corriger le tir. En 1999, Claude Allègre, alors ministre de la recher- che, n’avait-il pas enjoint les partici- pants de trouver des idées « auda- L’électromagnétisme, menace pour la voiture intelligente ? cieuses » pour les transports du futur ? Le Carrefour du Predit 2, un CALER au milieu d’un passage à niveau mètres de câbles électriques et 20 à 30 % de se cumulent », explique Marc Heddebaut. Un dustrie et l’équipement domestique, eux aus- colloque organisé du 12 à 14 juin à est pour le moins inconfortable. Ce type d’in- sa valeur réside dans l’électronique. Plus volet expérimental consiste ensuite à placer si en plein essor. La mise en commun de tous la Cité des sciences et de l’indus- cident, heureusement fort rare, peut avoir de « intelligente », elle est aussi plus vulnérable des instruments de mesure dans les zones les codes de calculs, d’ici à 2003, avec l’Office trie, devait être l’occasion de dres- multiples causes. Mais dans certains cas, aux perturbations électromagnétiques qui névralgiques ainsi qu’à effectuer des relevés national de recherche en aéronautique (One- ser un bilan de cinq années d’exerci- « l’explication la plus plausible est la perturba- peuvent être induites par des sources exté- mobiles. Ce projet, entamé en 2000, devrait ra), fait également partie des projets enta- ce. L’effort de recherche a été consi- tion électromagnétique de l’électronique de rieures – orage, proximité de lignes à haute s’achever en 2002. més au cours du deuxième Predit. dérable, environ 7 milliards de bord du véhicule », note Marc Heddebaut, du tension, etc. Mais aussi par ses propres équi- Un autre axe de recherche consiste à sou- La voiture du futur, dotée de radars anticol- francs (1,07 milliard d’euros), dont Laboratoire électronique ondes et signaux pements et à mesure qu’ils se multiplieront, mettre les différents calculateurs de bord à lision, devra aussi être capable de communi- 1,8 milliard de francs (270 millions pour les transports (Leost) de l’Institut natio- avec les téléphones cellulaires, les ordina- des perturbations électromagnétiques et à quer avec les véhicules qui la suivent, afin de d’euros) provenant de l’Etat, et nal de recherche sur les transports et leur teurs de bord et autres assistants personnels enregistrer leurs éventuels défauts de fonc- les alerter en cas de freinage automatique. 800 millions de francs de program- sécurité (Inrets). Il cite d’autres exemples : la qui envahissent l’habitacle. tionnement. Leur « durcissement » passe Les équipementiers imaginent déjà des systè- mes européens. Le reste (4,7 mil- puissance de la CB des routiers perturbe les Afin de mieux contrôler cette nouvelle pol- par la mise au point de matériaux conduc- mes de réseaux locaux d’information ou fon- liards de francs, 720 millions boucles de comptage du trafic disposées lution, l’un des projets du Predit 2 consistait teurs, capables de se comporter comme des dés sur la puce de communication sans fil d’euros) est fourni par les efforts sous la chaussée ; au début du GSM, certains précisément à offrir une cartographie électro- cages de Faraday protégeant le composant BlueTooth . Mais pour les fonctions de sécu- propres de recherche et développe- véhicules refusaient de démarrer lorsque le magnétique du territoire, afin d’être en mesu- des perturbations extérieures. Ces « blinda- rité, la disponibilité des fréquences en toute ment des entreprises et des centres téléphone fonctionnait ; l’ouverture à distan- re de certifier des équipements dont la résis- ges » doivent impérativement être légers. circonstance est impérative. Marc Hedde- de recherche partenaires du Predit. ce des portières tombe en panne ou s’active tance aux perturbations soit correctement Les tests menés sur des polymères intrinsè- baut, qui étudie la propagation des micro- Au total, 1 200 projets ont été sou- de façon inopinée, notamment dans les par- dimensionnée. Cette cartographie s’appuie quement conducteurs (ICP), comme le polya- ondes dans l’habitacle et d’une voiture à tenus, mobilisant un millier de par- kings souterrains, véritables nasses à effets sur des logiciels de simulation similaires à cétylène dopé ou la polyaniline, semblent l’autre, note que si ces systèmes sont promet- tenaires publics et privés. électromagnétiques avec leurs câbles électri- ceux qu’utilisent les opérateurs de télépho- prometteurs. teurs, « rien ne garantit encore le bon fonction- ques et leurs néons à décharge… nie mobile pour optimiser la position des La simulation des effets électromagnéti- nement 100 % du temps de BlueTooth ». DIVERSITÉ DES THÈMES Ces incidents risquent de se multiplier : antennes relais sur leur territoire. « Nous ques, qui concernent aussi bien l’aviation Michel Delebarre, président de une voiture moderne possède plusieurs kilo- déterminons ainsi les points où les puissances que les transports terrestres, mais aussi l’in- H. M. la région Nord-Pas-de-Calais, a été chargé par les ministres de tutelle (recherche, transports, environne- Chaque lundi ment et industrie) de présider un comité d’évaluation qui juge « patents » les progrès accomplis, avec 0123 notamment en ce qui concerne la DATÉ MARDI prise en compte des transports col- lectifs, la mise en place d’un secré- tariat permanent, et l’ouverture à LE MONDE des études socio-économiques. Le ECONOMIE comité recommande néanmoins 32 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 AUJOURD’HUI-CONSOMMATION

A savoir

b Soldes par téléphone. Sur le Partir en vacances kiosque de Nouvelles Frontières, du mardi au vendredi, de 14 heures à 17 heures : billets d’avion à 50 % de leur valeur, à la dernière minute deux jours avant le départ ; tél : 01-53-95-65-65. Nouvelles Frontières lance aussi les « prix Des conseils pour trouver promotions et soldes fondus » vers des destinations où il reste des places : les Antilles du vers toutes destinations à condition de boucler 14 juillet au 24 août pour 5 275 F la semaine (4 530 F avant le sa valise en quelques jours 13 juillet) ou le Kenya, avec une semaine fin juillet à Mombasa EN JARGON de voyagiste, les cinq inscrits au lieu des quarante par- pour 5 924 F (au lieu de 6 829 F). « VDM », voyages de dernière ticipants escomptés, on peut prendre b Départs immédiats. Jet Tours minute, désignent les bonnes affai- un car plus petit », explique un voya- lance, du 20 juin au 25 juillet, une res, soldes, enchères, ou promo- giste. opération destinée aux clients tions, dont sont friands les candi- Les tour-opérateurs soldent les prêts à partir dans les quinze jours dats au départ non programmé. On destinations (vols et séjours) pour suivant la réservation, pour des les trouve sur les sites Internet des lesquelles ils n’ont pas fait le plein, séjours et circuits en Grèce, au spécialistes des vacances dégriffées, alors qu’ils se sont engagés vis-à-vis Maroc, en Espagne, en Egypte et Dégriftour le leader, et ses concur- des compagnies aériennes et des aux Etats-Unis. Offres rents, Travelprice ou Anyway. On hôteliers. « Le voyagiste solde lors- commercialisées en agences. peut aussi s’adresser aux agences qu’il s’aperçoit que les places d’avion b www.degriftour.fr. Agence en de voyages qui répercutent les pro- et les chambres d’hôtel qu’il devra ligne, Dégriftour distribue les FRÉDÉRIQUE BERTRAND motions, ou à certains réseaux, payer ou qu’il a déjà payées resteront soldes des compagnies aériennes comme Sélectour. Enfin, des tour- vides. Il consent des rabais pour limi- 60 % sur l’Egypte après les attentats d’hôte préfèrent louer sur Internet teurs due à la réduction du temps et les invendus de l’industrie opérateurs comme Nouvelles Fron- ter la perte, comme le marchand des de Louxor en 1997. « Il y a eu des parce qu’ils sont sûrs ainsi de trou- de travail qui fait éclater les pério- touristique : offres affichées tières proposent également des sol- quatre vents, en fin de marché, plutôt clients malins, qui se sont dit ver preneurs, sans frais d’insertion des traditionnelles de vacances : quinze jours à l’avance, avec des sur leur site, en agence et par que de devoir les jeter, brade trois qu’après la réprobation unanime sou- dans les brochures des agences. «Je « Une étude récente montre qu’en réservation jusqu’à la veille du téléphone. salades pour le prix d’une », indique levée par les attentats, la sécurité voulais me rendre au Festival d’Avi- été elles tendent à se réduire à une départ. Réduction de 30 % à 40 % « Comment ces rabais sont-ils pos- Philippe Demonchy, directeur de serait à son maximum », expli- gnon ; tout était complet, raconte durée moyenne de douze jours », par rapport au prix initial. sibles ? », se demandent les consom- Sélectour et porte-parole du Syndi- que-t-il. « Ils se sont offert une croisiè- Jean-Paul. Quinze jours avant la explique Philippe Demonchy. b www.travelprice.com. Agence mateurs méfiants qui craignent de cat national des agences de voyages re sur le Nil pour le prix d’un séjour à date prévue, j’ai cherché sur les sites Pour une famille de quatre per- de voyages sur Internet, qui tomber sur des rebuts. On trouve (SNAV). l’hôtel en Normandie », confirme sonnes, un séjour d’une semaine en commercialise vols secs, hôtels, en promotion de dernière minute « Pourquoi ces destinations ne font- Paule Bueno de Travelprice. Il y a mai à Rome ou aux Baléares repré- circuits, croisières, locations de quatre types de produits : des vols elles pas le plein ? », se demande actuellement des prix intéressants « Le voyagiste solde sente un investissement qu’elle ne vacances. Trois rubriques secs, des séjours en villages de alors notre voyageur méfiant. Elles sur des séjours dans la campagne peut pas renouveler rapidement. Si proposent soldes et promotions : vacances et en hôtels-clubs, des peuvent être boudées pour raisons anglaise, à cause de la fièvre aphteu- lorsqu’il s’aperçoit bien que les voyagistes ont consta- « Bourse aux affaires », « Bons croisières, et des locations en appar- économiques (hausse du cours du se : « Les touristes préfèrent s’arrêter té début juin que les réservations plans » et « Prix de dernière tements, gîtes ruraux, ou mobil- dollar), climatiques (vague de cha- à Londres, destination pourtant que les places de séjours en villages de vacances minute ». Contact : 0-825-026-028 homes. Les circuits touristiques leur en Grèce, tremblement de ter- moins intéressante, à cause des prix et en hôtels-clubs pour juillet et (numéro Indigo). sont rarement proposés, car leur re en Inde) ou politiques (émeutes, élevés », commente un voyagiste. d’avion et août avaient pris un sérieux retard. b www.airfrance.com. Les organisation et les marges bénéfi- attentats). Frédéric Battut, direc- Il existe des raisons moins drama- On peut penser qu’il y aura des sol- « coups de cœur » du mercredi ciaires n’obéissent pas aux mêmes teur général adjoint voyages chez tiques : présence de stocks impor- les chambres d’hôtel des dans ce domaine. pour la France métropolitaine. règles. « Dans un circuit, le coeffi- Dégriftour, cite l’exemple des pro- tants, comme c’est le cas actuelle- Les vacanciers de dernière minu- Soldes de billets européens sur le cient de remplissage est mieux maîtri- motions sur le Maroc pendant la ment pour Nouvelles Frontières, qu’il devra payer ou te, estimés à environ 15 % des per- Minitel exclusivement (36.15 AF). sé. Par exemple, s’il n’y a que vingt- guerre du Golfe, et les rabais de très bien implanté aux Antilles. Ou sonnes qui voyagent pendant leurs b www.cruisesphere.com. erreurs d’appréciation. « Je dispo- qu’il a déjà payées congés, sont essentiellement des Spécialisé dans les croisières. sais de neuf voyages de trois jours à jeunes qui veulent partir à plusieurs Offres en promotion. Des vols secs à saisir immédiatement Prague en hôtel trois étoiles avec petit- resteront vides » et n’ont pas encore choisi leur desti- b www.havasvoyages.fr déjeuner, avion compris, pour nation, des cadres et des profes- répertorie les offres et promotions Il est inutile de naviguer de longues heures sur les sites Internet des 2 000 F TTC (au lieu de 3 000 F) pen- sions libérales dont les dates de de Havas Voyages. compagnies aériennes et des soldeurs de voyages pour comparer les dant le "pont" de la Pentecôte », dit touristiques régionaux et j’ai trouvé vacances sont suffisamment élasti- b www.clubmed.fr : pour prix. En effet, pour un même vol, il peut y avoir jusqu’à dix tarifs diffé- Paule Bueno de Travelprice. «Je une chambre d’hôte à Carpentras, à ques, ou des touristes qui veulent connaître les disponibilités des rents, car les compagnies ajustent les prix en fonction de la deman- n’avais pas pensé que les gens voyage- vingt-trois kilomètres. Peu avant mon valoriser leur budget. « C’est le villages. Promotions dans la de : c’est ce qu’on appelle le « yield management ». Ainsi, pour Paris- raient moins à l’étranger à cette date, départ, la logeuse m’a appelé pour contraire du voyage à la carte et du rubrique « Bons plans ». New York, on vous réclamera 3 000 F, alors qu’une heure plus tard, parce que c’est le week-end tradition- me dire qu’elle ne pouvait pas m’hé- coup de cœur : si vous voulez une b Egypte. Chez Accor Tour : une un autre voyageur trouvera une place sur le même avion, à 2 030 F nellement réservé aux mariages et berger à cause des travaux d’installa- location en Aquitaine, vous risquez semaine pour 2 990 F en seulement, parce que l’appareil se remplissant trop lentement pour aux communions. » On trouve aussi tion de la piscine. Elle m’a trouvé une de vous retrouver en Lozère », pré- demi-pension au Novotel de la compagnie, elle aura décidé de libérer une dizaine de sièges à un des chambres pas chères, lorsqu’un chambre dans un petit hôtel-bar-res- vient Frédéric Battut. Louxor ou au bord de la mer tarif inférieur. Pour profiter d’une opportunité, il suffit de connaître hôtel ouvre en haute saison : plutôt taurant de village à deux kilomètres Pour profiter de ces opportuni- Rouge (5 200 F au Sofitel de les tarifs minimum et maximum d’un trajet, et de visiter quelques que de démarrer à vide, il préfère de là, où j’ai été très bien accueilli tés, une seule condition : être prêt à Charm el-Cheikh). Croisière sites, ou de contacter des agences, en cherchant l’offre la plus intéres- proposer, via un spécialiste du voya- pour 200 F ! » partir pour n’importe quelle desti- « Temples du Nil » (du 30 juin au sante, à saisir tout de suite, sous peine de la voir disparaître. Ne pas ge dégriffé, ses chambres à moitié Les promotions sont liées à la nation, dans les vingt-quatre heu- 21 juillet, 4 400 F la semaine) ; ou oublier de se renseigner sur les escales (vols directs ou non, durée des prix. conjoncture : ainsi, on assiste res. encore un combiné croisière sur le correspondances) et de s’assurer qu’il s’agit d’un prix TTC, car le mon- De petits hôteliers indépendants actuellement à une modification Nil et séjour à Hourghada au bord tant des taxes peut augmenter de 20 % le prix du billet. ou des propriétaires de chambres des comportements des consomma- Michaëla Bobasch de la mer Rouge pour 4 900 F. Chez Voyageurs du monde : neuf jours en Egypte, dont quatre en Des enchères croisière sur le bateau à aubes Les Antilles, la Grèce et l’Egypte pas chères Steam Ship Sudan : 9 950 F. sur Internet b Montagne. Maeva fait des PARMI les destinations de dernière minute en hôtels-club en Sicile dans la région de Messi- dates de départ. Elle consiste à fournir au client promotions sur les studios quatre figurent les Antilles, signalées par plusieurs ne (de 4 480 F à 6 160 F la semaine) et en Sardai- le vol aller-retour avec la location d’une voiture Nouvelles Frontières organise personnes à Plagne-Bellecôte, tour-opérateurs. Havas Voyages propose ainsi, gne (de 6 065 F à 8 200 F), tout comme chez et les réservations de chambres avec petit déjeu- sur son site (www.nouvelles-fron- Val-Thorens, Val-d’Isère et aux du 10 au 30 juillet, l’opération « la fête aux Accor Frantour. Enfin, certains tour-opérateurs ner, en Italie, en Espagne et au Portugal. «Le tieres.fr) des enchères tous les Menuires : 1 450 F la semaine du Antilles », pour 5 990 F la semaine par person- (Accor, Frantour, Voyageurs du monde) ont voyageur est assuré d’une certaine liberté dans le mardis (de 11 heures à 13 h 30 et 30 juin au 14 juillet et 1 950 F la ne, incluant le voyage et l’hébergement en d’ores et déjà programmé des promotions à des- choix de son itinéraire et de sa catégorie hôteliè- de 16 h 30 à 18 h 30) pour des quinzaine du 14 au 28 juillet. A chambre double avec petit-déjeuner. Ces tination de l’Egypte. Plusieurs voyagistes annon- re », indique-t-on chez Donatello. Il faut comp- départs dans les dix jours. Inscrip- Brides-les-Bains en juillet-août : mêmes prestations ne coûteront que 4 400 F du cent des disponibilités en Tunisie (à Monastir et ter de 12 000 F à 14 000 F pour deux personnes. tions avant 9 h 30. Il s’agit de sol- de 1 450 F à 2 200 F la semaine 11 au 25 septembre. Nouvelles Frontières offre Hammamet, moins demandées que Djerba) et Enfin, il y a toujours des places à la montagne des d’invendus : vols secs, week- selon la période choisie. A également les Antilles à « prix fondus » du au Maroc (Agadir et, plus rarement, Marra- en juillet-août. ends, croisières, séjours, sur les- consulter également, le site 14 juillet au 24 août. Nouvelles Frontières possè- kech). En revanche, il y a des destinations où il faut quels des places se sont libérées, www.stations-de-montagne.com. de sa propre compagnie aérienne, Corsair. Mais préparer ses vacances. Le littoral français en généralement à la suite d’annula- b Afrique. Plusieurs voyagistes d’autres voyagistes expriment des inquiétudes, CROISIÈRES À DES PRIX COMPÉTITIFS général, la Corse et la Côte d’Azur en particu- tions. Les offres, qui existent aus- (Frantour, FRAM) disposent de car même si les hôtels ne font pas le plein à cet- En raison d’une moindre fréquentation due à lier, sont réservés de longue date. D’une maniè- si en Belgique, Espagne et Italie, places cet été, pour des séjours au te saison, les avions, eux, sont pris d’assaut par la hausse du dollar, on trouvera des billets d’avi- re générale, les formules locatives (gîtes, rési- démarrent à 25 % du prix catalo- Kenya et au Sénégal. les locaux qui rentrent passer leurs vacances au on en direction du Canada et des Etats-Unis à dences de tourisme, villas) en France jouissent gue et atteignent 50 à 55 %. On b www.sospartir.com. Nouveau pays. D’aucuns s’inquiètent également d’éven- prix compétitifs : 1 995 F vers Montréal, jusqu’à toujours d’une grande faveur. La Turquie, très trouve d’autres enchères par l’in- site, regroupant des offres de tuels problèmes d’acheminement liés à l’incerti- fin juin chez Anyway, 2 030 F vers New York prisée des touriste allemands, offre peu de res- termédiaire du site Voyager- dernière minute, non soldées, tude qui pèse sur l’avenir d’AOM, sans oublier chez Travelprice. Et pourquoi pas une croisiè- sources de dernière minute, à quelques excep- MoinsCher.com (airfrance.com, pour des séjours balnéaires sur le les grèves en Guadeloupe. re ? Contrairement aux idées reçues, celles-ci tions près : le groupe Frantour-Accor Tour dis- aucland.com et Ibazar.com). A littoral méditerranéen, circuits ou Destination traditionnellement ensoleillée et ne sont plus réservées aux élites, ni au troisième pose de places à Antalia. Il en va de même pour l’inverse, sur le site jefixe.com, le vols secs avec location de voiture. moins lointaine, la Grèce dispose également de âge. Sur le site de Travelprice, on trouvera jus- l’Espagne, Madère, les Baléares et les Canaries. client indique lui-même le prix de b www.gites-de-france.fr. Pour places, à condition de ne pas vouloir faire un qu’à fin juillet des croisières dans les îles grec- Certains voyagistes (FRAM, Jet Tours) son billet d’avion ou de sa cham- connaître les disponibilités en périple dans les îles. Havas Voyages propose jus- ques, à bord de la Royal Caribbean, pour 6 000 F auraient cependant décelé une baisse des mar- bre d’hôtel. Sa requête est consul- gîtes ruraux, par régions et par qu’à fin août une réduction de 350 F par person- (au lieu de 10 000 F). chés allemand et britannique vers l’Espagne, où tée par les professionnels du tou- départements. ne sur le prix de la brochure pour un séjour de Les visiteurs intéressés par des vacances acti- l’on pourrait trouver des offres intéressantes, à risme ; actuellement, une sur dix b www.clevacances.com. La liste sept nuits en pension complète, voyage en avi- ves et des voyages culturels trouveront chez condition d’éviter la quinzaine fatidique du 5 au est satisfaite. Les malchanceux des hébergements en hôtels et en on inclus, à Silver Bay, à 150 kilomètres au nord Donatello une formule originale, l’« Auto- 19 août. reçoivent une contre-proposi- résidences de tourisme dans d’Athènes (de 4 270 F à 5 775 F selon le mois tour », à condition de faire preuve d’une certai- tion : trois sur dix trouvent une soixante départements adhérents choisi). Chez Donatello, il reste quelques places ne souplesse dans l’itinéraire et le choix des M. Bo. offre adéquate. au réseau. AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 33 ------Tendance à l’orage 15 JUIN 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. La dépression du dirigent vers la frontière germano- vers 12h00 DU VOYAGEUR proche Atlantique dirige un flux suisse l’après-midi. Elles prennent de secteur sud-ouest chaud et ins- localement un caractère orageux. Peu table sur le pays. La dégradation La Champagne est moins concer- Belfast nuageux a CANADA. Les Jeux de la franco- va se confirmer en fin de semaine née. Il fait de 20 à 25 degrés. Liverpool phonie verront s’affronter, du Dublin avec une baisse des températures. Poitou-Charentes, Aquitaine, Varsovie Kiev samedi 14 au mardi 24 juillet, à Bretagne, pays de Loire, Basse- Midi-Pyrénées. Une bande de Amsterdam Berlin Brèves Ottawa-Hull, quelque 3 000 athlè- Normandie. Les averses parfois pluie orageuse balaie ces régions, tes et artistes d’une cinquantaine Londres éclaircies orageuses présentes dès le matin se situant sur le nord de l’Aquitai- 50 o Bruxelles de pays. Aux disciplines sportives en Bretagne gagnent la Basse-Nor- ne en matinée et en Midi-Pyrénées Prague s’ajouteront divers concours cultu- mandie l’après-midi. Les pays de l’après-midi. A ce moment là, de Couvert rels, avec, à partir du dimanche Loire bénéficient d’un ciel plus belles éclaircies se dessinent des Paris Strasbourg Vienne 24 juin, une super « francofête » ensoleillé. Le vent de sud-ouest plages landaises au Poitou-Charen- Budapest mêlant culture, musique et gastro- Nantes Brume souffle jusqu’à 70 km/h. Les tempé- tes. Il fait de 21 à 25 degrés. Berne brouillard nomie. L’occasion de découvrir les ratures sont comprises entre 18 et Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest musées d’une capitale qui s’enor- Lyon 24 degrés d’ouest en est. Alpes. Il pleut dès le matin en Milan Belgrade gueillit d’un exceptionnel patrimoi- Nord-Picardie, Ile-de-France, Limousin. Ces pluies possiblement Sofia Averses ne naturel. Le forfait proposé par Centre, Haute-Normandie, Arden- orageuses se décalent au fil des Toulouse Istanbul Vacances Air Transat (8 750 F, nes. De la frontière belge et de la heures vers l’Auvergne et les Pluie 1 334 ¤) inclut l’avion (de Paris), Haute-Normandie à l’Ile-de-Fran- Alpes. Il fait de 22 à 27 degrés. Rome une voiture en kilométrage illimi- ce, les nuages laissent passer le Languedoc-Roussillon, Proven- Barcelone Naples té, 6 nuits en chambre double au o Madrid soleil par moments. Une averse est ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. La 40 prestigieux Château Laurier, ainsi à craindre l’après-midi près de la journée est agréablement enso- Lisbonne Athènes Orages qu’un « pass » pour assister aux Manche. Le sud de la région Cen- leillé même si des nuages côtiers Jeux. On peut aussi acheter des pla- tre est exposé à des pluies plus affectent le Languedoc en matinée Séville ces (230 F, 35 ¤) pour les cérémo- durables. Il fait de 22 à 26 degrés. et si des cumulus se développent Neige nies d’ouverture et de clôture. Ren- Alger Tunis Champagne, Lorraine, Alsace, l’après-midi dans l’arrière-pays seignements au 0825-325-825, Bourgogne, Franche-Comté. Des avec un petit risque d’ondée. Il fait dans les agences de voyages et sur Rabat o o o Vent fort pluies remontant de Bourgogne se de 25 à 30 degrés. 0 10 20 Internet (www.jeux2001.ca). PRÉVISIONS POUR LE 15 JUIN 2001 PAPEETE 22/28 S KIEV 11/15 P VENISE 19/25 S LE CAIRE 23/37 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/32 S LISBONNE 15/21 S VIENNE 12/23 S NAIROBI 15/24 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 18/25 S LIVERPOOL 11/17 C AMÉRIQUES PRETORIA 4/22 S EUROPE LONDRES 14/20 C BRASILIA 17/27 S RABAT 16/23 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 12/24 C LUXEMBOURG 12/24 C BUENOS AIR. 10/13 C TUNIS 20/30 S FRANCE métropole NANCY 11/26 P ATHENES 21/28 S MADRID 15/29 S CARACAS 23/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 13/25 S NANTES 13/20 N BARCELONE 18/24 S MILAN 18/30 S CHICAGO 18/24 C BANGKOK 26/32 P BIARRITZ 16/21 N NICE 17/24 S BELFAST 11/14 C MOSCOU 11/19 S LIMA 15/18 S BEYROUTH 23/29 S BORDEAUX 15/24 N PARIS 15/25 P BELGRADE 13/25 S MUNICH 8/24 S LOS ANGELES 16/24 S BOMBAY 26/28 P BOURGES 13/24 P PAU 15/22 P BERLIN 12/22 C NAPLES 17/28 S MEXICO 14/22 C DJAKARTA 27/30 C BREST 11/18 P PERPIGNAN 18/27 S BERNE 10/26 S OSLO 9/17 S MONTREAL 20/33 S DUBAI 27/35 S CAEN 15/22 N RENNES 14/21 P BRUXELLES 12/25 P PALMA DE M. 17/28 S NEW YORK 21/29 S HANOI 24/33 S CHERBOURG 12/20 C ST-ETIENNE 14/26 P BUCAREST 12/21 C PRAGUE 11/21 S SAN FRANCIS. 13/21 S HONGKONG 23/28 S CLERMONT-F. 12/24 P STRASBOURG 13/27 P BUDAPEST 14/25 S ROME 15/26 S SANTIAGO/CHI 2/14 S JERUSALEM 21/31 S DIJON 12/24 P TOULOUSE 17/25 C COPENHAGUE 8/15 S SEVILLE 19/32 S TORONTO 18/23 S NEW DEHLI 28/36 S GRENOBLE 12/29 N TOURS 13/24 P DUBLIN 11/14 C SOFIA 12/18 C WASHINGTON 22/25 P PEKIN 17/22 P LILLE 13/23 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 14/26 S ST-PETERSB. 11/18 S AFRIQUE SEOUL 18/24 P LIMOGES 14/21 P CAYENNE 24/28 P GENEVE 14/24 S STOCKHOLM 9/21 S ALGER 16/34 S SINGAPOUR 27/31 C LYON 15/27 P FORT-DE-FR. 26/30 S HELSINKI 11/15 S TENERIFE 21/27 S DAKAR 23/28 S SYDNEY 7/15 S MARSEILLE 17/27 S NOUMEA 20/24 S ISTANBUL 19/26 S VARSOVIE 11/21 S KINSHASA 18/30 S TOKYO 20/26 C Situation le 14 juin à 0 heure TU Prévisions pour le 16 juin à 0 heure TU

VENTES Adjudications Des tissus décorés de Raoul Dufy proposés à Paris Vente d’archives textiles de la maison Perrier, vendredi 8 juin, à MALGRÉ l’essor de la haute cou- Bianchini et Férier, pour laquelle il diversité de son inspiration. Motifs peu échevelé, elle devient « La 52 cm, 9 000 à 14 000 F, 1 374 à Cheverny, par l’étude Rouillac. ture à la fin du XIXe siècle, la mode dessine des modèles jusqu’en privilégiés des décors textiles, les rose de Bagatelle » (33 cm × 2 137 ¤). b Nuancier de mouchets, est encore loin d’être reconnue 1928. Signe des temps, peu d’entre fleurs tiennent une place essentiel- 108 cm, 2 000 à 3 000 F, 305 à Jeudi 28 juin, une deuxième ven- maison Pierron de Lyon, 2 000 F, comme un art quand le peintre eux sont alors édités. le. 458 ¤), puis se déploie dans une te à la salle Rossini montre une 305 ¤. Raoul Dufy (1877-1953) se lance, La perception de ses œuvres Le goût de Dufy pour les tons autre interprétation, « Roses et autre facette du travail de Dufy, b Echantillons de tweed Ceemo, en 1910, dans la décoration de tis- n’est plus du tout la même aujour- vifs et les arabesques le conduit à feuillages », imprimée noir sur qui utilise la technique de la gravu- 10 000 F, 1 524 ¤. sus. Ce travail suscite alors des d’hui où ses étoffes apparaissent tirer parti des corolles, des feuilles fond blanc (33 cm × 143 cm, 2 000 re sur bois pour l’impression sur tis- b Plaquettes publicitaires réflexions acerbes de la part de ses comme des créations à part et des tiges, qu’il dispose dans un à 3 000 F, 305 à 458 ¤). Ces motifs sus. Œuvres originales tirées en pour un produit Perrier, amis artistes et des critiques, qui entière. Certaines d’entre elles esprit complètement art-déco. Sa floraux s’étendent aussi à d’autres tout petit nombre, ces gravures sur 4 000 F, 610 ¤. assimilent cette recherche à de la sont même proposées aux enchè- célèbre rose sphérique, dessinée espèces : hortensias, althæas, ané- toile sont estimées entre 20 000 et b Trente et une photos décoration, un genre mineur res, et le public pourra découvrir en 1911, se retrouve sur un satin à mones (4 000 à 6 000 F, 610 à 100 000 F (3 049-15 244 ¤). Outre de mode en noir et blanc comparé à la peinture. cet aspect de l’œuvre de Dufy fond bleu daté 1912 (50 cm × 916 ¤). les fleurs et les animaux, elles illus- des années 1960, 40 000 F, 6 098 ¤. En dépit de cette attitude hosti- mercredi 20 juin, à la salle Rossini 40 cm, 3 000 à 3 500 F, 458 à 534 ¤). trent des scènes contemporaines, b Carton d’échantillons le, Dufy signe, en 1912, un contrat à Paris, où soixante-cinq métrages Imprimée en semi-noir sur fond LA FAUNE L’INSPIRE traitées dans un graphisme très dif- de taffetas, faille et shantung avec la maison de soyeux lyonnais, imprimés ou façonnés révèlent la blanc, dans un dessin différent un Le thème de la faune l’inspire férent de ses aquarelles : « Le ten- des années 1950, 1 000 F, 152 ¤. tout autant, et l’entraîne même nis » (118 cm × 133 cm, 70 000 à b Carton d’échantillons vers l’exotisme des animaux 90 000 F, 10 687 à 13 740 ¤), « Cava- de lamés et brochés Calendrier samedi 16 et dimanche 17 juin, tél. : 01-47-05-33-22. d’Orient. « Les éléphants » à décor liers et amazones » (220 cm × de la maison Bradford Perrier tél. : 03-84-44-91-66. b Paris, porte des Ternes, lamé et or, sont accompagnés de 121 cm, 30 000 à 50 000 F, 4 580 à des années 1920, 2 000 F, 305 ¤. ANTIQUITÉS-BROCANTE b Douarnenez (Finistère), samedi 16 et dimanche 17 juin, tigres et d’oiseaux de paradis 7 633¤), « La Danse ou le bal aux b Trois aquarelles ornées b Caudrot (Gironde), samedi 16 et dimanche 17 juin, tél. : 01-40-71-07-63. (21 cm × 34 cm, 4 000 à 6 000 F, Antilles » (126 cm × 121 cm, 90 000 de frise florale, cachet du vendredi 15 au dimanche tél. : 02-98-92-83-62. 610 à 916 ¤), « Les perroquets » à 120 000 F, 12 213 à 18 320 ¤). de la maison Chavent, 17 juin, tél. : 05-56-62-81-23. b Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), COLLECTIONS volettent sur un fond vert, ailes 1 500 F, 229 ¤. b Limoux (Aude), samedi 16 et dimanche 17 juin, b Paris, Palais de la Mutualité, déployées (72 cm × 80 cm, 6 000 à Catherine Bedel b Livre de référence samedi 16 et dimanche 17 juin, tél. : 02-43-86-65-08. « Cartes expo », vendredi 15 et 8 000 F, 916 à 1 221 ¤), « Les chè- répertoriant des patrons, tél. : 04-68-91-25-16. b Pontchâteau samedi 16 juin, tél. : vres du Tibet » évoluent dans un e Salle Rossini, 7, rue Rossini, 4 000 F, 610 ¤. b Rognes (Loire-Atlantique), 01-42-36-68-39. décor de pagodes et de feuillages 75009 Paris. Mercredi 20 juin et jeu- b Carnet de placier (Bouches-du-Rhône), samedi 16 et dimanche 17 juin, b Cognac (Charente), (39 cm × 38 cm, 3 000 à 5 000 F, di 28 juin, expositions la veille et de la saison 1897 contenant samedi 16 et dimanche 17 juin, tél. : 05-57-43-97-93. flacons à parfum, samedi 16 et 458 à 763 ¤). « Chevaux marins et le matin des ventes. Etude : environ 270 échantillons, 10 000 F, tél. : 04-90-79-32-26. b Lyon (5e arrondissement), dimanche 17 juin, tél. : coquillages » relèvent de la fantai- Dumousset, Debureaux, Lenor- 1 524 ¤. b Monpazier (Dordogne), samedi 16 et dimanche 17 juin, 05-55-03-17-04. sie de l’artiste, avec des chevaux en mand, Dayen, Morelle et Marchan- b Projet de tissu à décor d’étoiles samedi 16 et dimanche 17 juin, tél. : 04-72-77-92-42. b Strasbourg (Bas-Rhin), camaïeu rose et bleu qui se déta- det, tél. : 01-53-34-55-00. Expert : noires par l’atelier de Sonia tél. : 05-53-27-32-93. b Paris, place de la Nation, livres, samedi 16 et dimanche chent sur un fond de grande vague Aymeric de Villelume, tél. : Delaunay, 1925-1933, 20 000 F, b Villers-le-Lac (Doubs), samedi 16 et dimanche 17 juin, 17 juin, tél. : 03-88-32-11-72. de coquilles et de baleines (54 cm × 01-56-24-04-12. 3 049 ¤.

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123456789101112 dévoué. - 7. Rejoint la mer du Nord. Pris en mains. - 8. Capitale I arménienne. Associe. Juste la moyenne. - 9. Elégant en toutes « Je chante ce Héros qui régna sur la France » II circonstances. - 10. Se mit à LA GRÈCE avait L’Iliade d’Ho- l’écoute du patient. En route. - mère, l’Italie le Roland furieux de D’après Maurice III 11. Inexact. Oui du Nord. - 12. l’Arioste, l’Angleterre Le Paradis Quentin de La Tour Fait toute une histoire avant de perdu de Milton. Il fallait que la (1704-1788). IV tourner. France eût son grand poème épi- Portrait de Voltaire, que. Avec Henri IV, le jeune Voltai- première moitié V Philippe Dupuis re trouve enfin le héros que les du XIXe siècle, Français attendent. huile sur toile, VI SOLUTION DU N° 01 - 139 « Je chante ce Héros qui régna sur 61 × 51 cm, la France […] Qui, par de longs mal- Versailles, VII Horizontalement heurs, apprit à gouverner […] Et fut Musée national I. Panama. Melon. - II. Apoco- de ses sujets le vainqueur et le des châteaux VIII pe. Cana. - III. Spirituel. Ut. - IV. père », écrit-il dans le chant I (vers de Versailles Sari. Tac. - V. Er. Dessabler. - VI. 1, 3 et 6) de La Henriade, publiée à et de Trianon, IX Débit. Abouti. - VII. Ride. Londres en 1728. La diffusion et le actuellement Ecluses. - VIII. Ol. Nem. Ise. - IX. succès de cette épopée ont mar- au Musée national X Ils. Gîtes. Ré. - X. Temporiseras. qué tout le XVIIIe et le XIXe siècle. du château de Pau Les dix chants de La Henriade pour l’exposition Verticalement couvrent ces années qui menèrent « Voltaire HORIZONTALEMENT scène face au public. Support. - 1. Passe-droit. - 2. Appareille. - le futur Henri IV, conquérant et et Henri IV », IX. Souvenir religieux. Modèle à 3. Noir. BD. Sm. - 4. Acridien. - 5. pacificateur, sur le trône de France jusqu’au 30 juillet. RMN/M. BELLOT I. A besoin des suivantes pour suivre. - X. Comme des fosses. Moi. Et. Ego. - 6. Aptes. Emir. - 7. et de Navarre. Cette rencontre tourner. Un peu de vent et elles Légère et allongée sur l’eau. Eu. Sac. Ti. - 8. Etablies. - 9. Ecla- exceptionnelle entre deux grandes d’illustrateurs. Pour la première a Charles Dupuis tournent. - II. Chez lui, deux bousse. - 10. La. Cluse. - 11. ONU. figures de l’Histoire de France édition, Voltaire choisit lui-même a François Lemoyne verres ou plus pour éviter les VERTICALEMENT Eté. Râ. - 12. Naturistes. allait inspirer nombre d’artistes et trois artistes pour réaliser les dix a Jean-Michel Moreau, dit dégâts. Couleurs dans le ciel. - grandes figures de cette édition. Moreau le Jeune III. Article. Deux grammes pour 1. Changement de ton. - 2. Les deux premiers sont Jean-Fran- le plus petit, cent tonnes pour le Développé… peut-être un peu çois de Troy et Nicolas Vleughels. Réponse dans Le Monde du gros. - IV. Blessés. Equidé encore trop. En bas. - 3. En bas ou en Qui était le troisième ? 22 juin jeune. - V. Rougissent en beauté. haut selon le ton. Lettres pour Arrière-petit-fils de Pompée. - une embauche. Appels. - 4. Tra- VI. Mesure du temps. Jouer vaillera en réduction. Grecque. - Réponse du jeu n˚ 225 paru dans Le Monde du 8 juin avant de mettre à mort. - VII. 5. Victime du soleil en plein vol. Lors de l’ouverture de l’Ecole des beaux-arts aux femmes en 1900, les Sans rien en plus. Mouvement Parlé au sud. - 6. Belle cité de la hommes peignaient le modèle masculin nu et les femmes y ajoutaient un au stade. Parti. - VIII. Seul en Gaule romaine. Suit l’homme pagne en guise de caleçon… 34 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001

MUSIQUE Quatre ans après le sienne, et Oran, l’artiste, star natio- des mariages en Algérie aux scènes visée mondiale, qui propose des gue entre synthétiseurs rétro et succès de Meli Meli, Cheb Mami nale dans son pays à l’âge de quator- d’Europe et d’Amérique du Nord. duos avec Sting et Ziggy Marley et orchestrations de cordes, chansons publie un nouvel album, Dellali. ze ans, est devenu un des plus célè- b PRODUIT par Nile Rodgers, ancien un titre cosigné avec Charles Azna- en arabe et textes en français. Son b PARTAGÉ aujourd’hui entre Fonte- bres chanteurs de raï. En vingt ans, cofondateur du groupe de funk new- vour. b CONCOCTÉ pour plaire au atout reste la voix de Mami, une des nay-sous-Bois, dans la banlieue pari- « Le Môme » est passé des circuits yorkais Chic, Dellali est un album à plus grand nombre, le disque navi- plus belles du raï. Cheb Mami, humble travailleur du raï Le chanteur oranais publie « Dellali », un cinquième album livré aux recettes de la world-music. En vingt ans, depuis ses premières prestations dans les mariages en Algérie, « Le Môme » est devenu une vedette internationale, à la force de sa voix et en gardant la tête froide

DANS LE STUDIO qu’il a amé- un deux-pièces à Paris, paie le vendus. Sting est convaincu que nagé dans son pavillon à Fonte- loyer, les notes d’épicier, la pre- Mami a la plus belle voix du mon- nay-sous-Bois, Cheb Mami joue mière facture de téléphone : de. « S’il chantait en anglais, il une dizaine de notes sur son pia- 24 000 francs, Paris-Saïda. Mami serait numéro un en Amérique », no puis il s’arrête. Le lendemain, fait venir des copains musiciens, aime-t-il répéter. il recommence, accumule « ces un plombier, un électricien, un Cheb Mami garde la tête froi- petits riens », et cela devient une boulanger. Michel Lévy accepte de, persiste à vouloir rester quel- chanson. Il se promène à bord toutes les propositions de qu’un de normal. Le 4 juillet d’une voiture bas de gamme. concert : l’Amicale des Algériens 1999, il donne un concert en plein Arrêté à un feu rouge, il répond à Dreux, à Champigny, à Nancy. air à Alger devant des dizaines de aux gens qui l’acclament en leur « Les sonos étaient merdiques. » milliers de personnes. « Il fallait adressant un signe de la main. Mohammed, le plombier, fait la donner une bouffée d’oxygène, don- Pendant le ramadan, à l’heure de balance en écoutant Bob Marley. ner de l’espoir aux trente millions la rupture du jeûne, il mange une Pendant les concerts, Saadi, le d’Algériens qui résistent. Je pense soupe dans les petits restaurants beau gosse percussionniste, tape aux femmes en particulier, ce sont de Barbès comme un client ordi- sur sa tarbuka tout en faisant des elles qui ont su garder le moral. naire. Il aime faire son marché, petits signes aux filles assises aux Elles donnent une grande leçon marchander. Cheb Mami n’a premiers rangs. Mami apprend le aux gens qui les dirigent. » d’autre ambition que d’être sim- français, se plie aux interviews, ple, modeste, travailleur, d’être sillonne la France et prend la un peu comme tout le monde. mesure de sa popularité. Son pre- « Un chanteur Originaire de Saïda, une bour- mier passage à la télévision, dans gade à deux heures d’Oran, l’émission communautaire Mosaï- n’est pas Mohammed Khelifati est le der- que, atteint un pic de six millions nier d’une famille de huit enfants. de spectateurs. Il donne un un politicien, La maison a poussé au milieu des concert dans un cinéma de bidonvilles à Doui Tabet, à la péri- Barbès tellement bondé que les j’ai peur de dire phérie. Il y a deux pièces : une cui- portes sont cassées. En décembre sine et une chambre. Mohammed 1986, il chante à l’Olympia. des bêtises » se fait vite appeler Mami, ce qui, Après deux ans de service mili- en arabe, veut dire môme. Avec taire en Algérie, Mami revient en ses copains, il se promène dans le France et se débat contre l’admi- Cheb Mami passe désormais sa centre-ville, ouvre grands les nistration, qui reconduit un récé- vie entre Oran, où il a acheté la yeux devant les terrasses de cafés pissé de carte de séjour tous les maison d’enfance d’Yves Saint où les clients mangent des crè- trois mois jusqu’au jour où on lui Laurent, et Paris. Il hésite à s’ex- mes glacées. « Pour moi, c’était le dit que c’est fini, qu’il doit quitter primer sur l’Algérie : « Un chan- luxe. » Mohammed vit dehors, ne le pays. Jack Lang intervient teur n’est pas un politicien, j’ai rentre à la maison que pour aller auprès de Charles Pasqua, alors peur de dire des bêtises. A chaque se coucher. « Des fois, j’arrivais à ministre de l’intérieur. Mami fois qu’il y a des morts, ça me rend minuit au lieu de 8 heures, je me reçoit une carte de six mois. En triste. Je comprends les jeunes, ils faisais engueuler. » Son père, 1989, il se produit à New York. La sont au chômage, ils n’ont pas ouvrier dans une usine à papier, communauté algérienne remplit d’avenir, c’est dur. Il faudrait une ne parle pas. Ses grands frères PIERRE TERRASSON la salle pendant deux jours, met à justice qui lutte contre la corrup- non plus. Le petit Mohammed Cheb Mami, trente-cinq ans, fêtera ses vingt ans de carrière le 29 décembre 2001 à Bercy : sa disposition une limousine. En tion. » En même temps, il ne désa- grandit dans l’affection d’une « J’essaye de prendre des risques, d’avancer. Si un jour, je me sens stagner, j’arrêterai. » 1990, il enregistre Let Me Raï à voue pas le président Bouteflika : sœur aînée. Los Angeles. C’est la guerre du « Il faut lui laisser du temps », pen- Dès l’âge de six ans, il prend scène et, quelques jours plus Deux ans plus tard, il découvre label de musique arabe, Horizon Golfe. Les radios françaises le se-t-il. l’habitude de s’isoler au milieu tard, il est engagé dans le groupe Paris, loue une minuscule cham- Musique, qui distribue entre déprogramment. Seul Yves Bigot Cheb Mami aime la discrétion. d’un bois avec un magnéto- pour égayer les mariages. Il est bre chez une « marchande de autres Oum Kalsoum. Un festival le maintient sur France-Inter. La Sans tapage, il offre les cachets phone. Il écoute Oum Kalsoum, sélectionné pour un radio-cro- sommeil » à Montreuil et chante de raï se prépare à Bobigny en jan- station reçoit des appels à conno- de ses concerts pour financer des arrête la cassette et imite les voca- chet à Oran organisé par la radio- dans les cabarets de raï, à la Kha- vier 1986. Michel Lévy se rend au tation raciste. L’album provoque trithérapies contre le sida dans le lises à la note près. Comme tout télévision algérienne, puis pour la mia, chez Omar Khiame, au Mon- Cadran Magenta avec un contrat un raz de marée au Maghreb, est Maghreb, visite à l’hôpital les vic- le monde, il écoute en cachette finale nationale à Alger. La veille seigneur. La clientèle est inter- pour que Cheb Mami y participe. repris en Israël, cartonne en Espa- times de la guerre civile, leur des morceaux de raï et il travaille de l’émission, il ne dort pas de la lope. Cinq minutes avant la fin Ce dernier ne comprend pas le gne, en Grèce. Mami écume les offre des baladeurs et des dis- sa voix, il ne pense qu’à ça. A nuit. Cheb Mami chante et toute d’un concert, il fait un signe à français, se fait traduire par un scènes du monde entier : Europe, ques, chante dans les prisons fran- l’école, à la fin du cours, l’institu- l’Algérie découvre une voix vire- l’employée du vestiaire pour copain musicien. Il s’en fout un Etats-Unis, Canada. En 1999, çaises et soutient une fondation teur le convoque au tableau, voltante, haut perchée et vigou- qu’elle appelle un taxi et Mami peu, dit à son copain : « Vois ça Sting vient l’écouter à la Cigale. d’aide aux enfants en Algérie. A l’invite à chanter. Les enfants reuse. Triomphe immédiat : il enchaîne dans un autre cabaret, avec lui. » Finalement, il signe, Les deux artistes décident de ses frères, il a acheté un pressing, tapent dans leurs mains. Mami décroche le deuxième prix car on touche des cachets de 500 francs. ignore complètement ce qu’est chanter une chanson en duo : une boulangerie, un taxi à Saïda. découvre « un plaisir intense ». ne peut pas donner la première Il passe ses journées au Cadran un festival. On veut l’interviewer Desert Rose. Et, chaque jour, il compose quel- A treize ans, il est soudeur dans place à un chanteur de raï, jugé Magenta, un bar de Barbès sur- sur Europe 1. Il demande à Lévy : « Les radios américaines deman- ques notes sur son piano dans une usine de radiateurs. Le week- trop vulgaire par les responsables nommé l’ANPE du raï : les musi- « Combien ça me rapporte ? » daient à Sting de couper la voix son pavillon à Fontenay-sous- end, il part écouter le groupe de de la télévision. Mais le public ne ciens et les chanteurs s’y retrou- Devant le micro, il répond oui, arabe. Sting n’a pas cédé. Sponsori- Bois. « J’essaye de prendre des ris- raï Azhar. Il confie à un copain un retient que lui. Les producteurs vent et c’est là que les familles les non, et finit par dire qu’un jour, il sés par Jaguar, des clips publici- ques, d’avancer. Si un jour, je me billet de 10 dinars pour qu’il le de cassettes se bousculent pour recrutent pour animer les maria- voudrait « acheter une boulange- taires ont inondé l’Amérique », sens stagner, j’arrêterai. » Le donne aux musiciens en récla- le faire enregistrer. Il est deman- ges. Mami joue au flipper et au rie ». A Bobigny, la voix de Mami raconte Michel Lévy. La chanson 29 décembre 2001, il fêtera ses mant qu’un certain Mami chante. dé pour chanter dans les maria- Pacman, un jeu vidéo. Michel enchante le public, composé de décroche la première place dans vingt ans de carrière à Bercy. Il a La combine marche, d’autres ges aux quatre coins du pays. Lévy le repère. jeunes issus de l’immigration et les charts aux Etats-Unis, en trente-cinq ans. billets de 10 dinars affluent de la Mami devient une star nationale. Passionné d’Algérie et de raï, de quelques branchés parisiens. Europe, en Amérique latine, en part d’inconnus, Mami reste sur Il est âgé de quatorze ans. celui-ci travaille pour un petit Michel Lévy installe Mami dans Asie. Sept millions d’albums sont Dominique Le Guilledoux

Biographie b 1990. Album Let Me Raï, « Dellali », objet privé de propriétaire enregistré à Los Angeles avec b 1966. Naissance, le 11 juillet, de Hilton Rosenthal, producteur de CLINQUANT : pour son retour Pour concocter ce sommet du La perdition de Khaled, l’éva- l’oud. Les quelques textes en fran- Mohamed Khelifati, dit Cheb Johnny Clegg. vers l’Algérie, Cheb Mami déballe cheap-chic, Mami a convoqué le nouissement de Youssou N’Dour, çais étant placés à point pour faire Mami, à Graba-el-Oued, faubourg b 1994. Signature d’un contrat la verroterie pour célébrer l’aimée, producteur Nile Rodgers, l’un des le naufrage total de Mory Kanté passer la pilule de l’arabe, langue populaire de Saïda. avec la maison de disques Virgin. la proche, « dellali ». La chérie à fondateurs du groupe Chic et n’auront pas servi de leçon à ces sans doute moins universelle que b 1982. Il interprète El Marsam Album Saïda. qui l’on offrait naguère du cous- concepteur du Let’s Dance de apprentis sorciers de la world- l’anglais quand on veut réaliser (Le Sanctuaire) lors d’un b 1996. Album Douni El Bladi. cous, est aujourd’hui gratifiée d’un David Bowie. C’était bien la pei- music, pas plus, a contrario, que son cross-over, les vraies réjouis- radio-crochet organisé par la Concert au Zénith. Duo avec « pas de chichi » répétitif – sans ne ! De même, avait-on besoin les exemples remarquables de sances peuvent commencer sur Radio Télévision algérienne. Tonton David et reprise d’Il doute pour la rime – tandis que d’appeler le musicien électronique constance et d’innovation offerts des formats plus classiques (Tza- b 1982-1985. Enregistrements de voyage en solitaire, de Gérard Sting en personne ânonne « le raï indien de Londres Nitin Sawhney, par Rachid Taha ou Cesaria Evora. zae). cassettes de raï pour le label Manset. c’est chic » avant d’être passé à la pour appuyer sur les boutons com- Wyclef Jean, le plus reggae des Car Mami possède une arme de d’Oran Disco Maghreb. b 1997. Débuts au cinéma dans moulinette du vocodeur. L’accent me au bon vieux temps des synthé- Fugees, vient faire de la figuration choix : la voix. Libre, aérienne, for- b 1985. Participation au premier 100 % Arabica, de Mahmoud anglais est parfaitement glamour. tiseurs ? vocale dans le dernier album en te, elle est certainement la plus Festival de raï d’Oran. Zemmouri. Concert au Central date de la star sénégalaise ; ici, belle du raï actuel. Le jeune Algé- b 1986. Festivals de Bobigny et de Park de New York. c’est Ziggy Marley qui s’y colle rien de Saïda a-t-il réellement La Villette. Cheb Mami rencontre A la Fête de L’Humanité, Mami pour un titre, Madanite. Et vive le besoin d’aligner les collaborations son futur manager, Michel Lévy. reprend No Woman No Cry avec reggae planétaire. prestigieuses (ici, Chet Atkins à la En décembre, le chanteur se les Wailers, le groupe de Bob guitare, Philippe Saisse aux cla- produit à l’Olympia. Marley. UNE COUCHE DE JEUNISME viers, Nile Rodgers à la guitare et à b 1987. Service militaire en b 1998. Album Meli Meli. Autre catastrophe majeure de la production) pour réussir ? Algérie. b 1999. Le 4 juillet, Cheb Mami cet album fabriqué pour plaire, L’écoute comparative de Meli b 1989. Retour à l’Olympia. chante sur l’Esplanade des arts, à Viens Habibi, cosigné par Mami et Meli, paru en 1997, et de Dellali Concert au New Morning. Alger, devant 100 000 personnes. Charles Aznavour, nouveau héros accrédite l’idée inverse. Même Tournées en France et à b 2000. Concert avec Sting à du raï-love, plus à son aise en com- englué dans un son américano- l’étranger. Bercy. pagnie de Faudel, resté lui-même, mondialiste (on y trouvera même c’est-à-dire chanteur de variétés du flamenco, des syncopes sud- popus et fracarabes, ce que Mami africaines, enfin, de tout), même n’est pas et n’a jamais été – le promis à un avenir commercial dénominatif n’est pas péjoratif (Le garanti (Ana Oualache, gospel à Monde du 8 février), mais c’est un échos, Le raï c’est chic), Mami atti- genre. re, car il a du magnétisme (Yaha- Mami s’est laissé tartiner d’une mami). couche de jeunisme tentaculaire, les synthétiseurs rétro, la house Véronique Mortaigne basique, comme si la jeunesse était stupide au point d’ignorer e Dellali, 1 CD Virgin l’existence du violoncelle et de 72438101312. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 35

DÉPÊCHES a ALLEMAGNE : le ministre Saint-Denis à l’écoute allemand de la culture, Julian Nida-Ruemelin, a signé mercre- di 13 juin avec la Ville-Etat de Berlin un contrat destiné à soute- du sud de l’Italie nir la vie culturelle de la capitale à hauteur de 100 millions de marks (51 millions d’euros) par Le festival de musique dionysien fait honneur an, a-t-il annoncé. Le contrat couvrira la période 2001-2004 et à Naples la baroque, du 15 au 30 juin stipule que l’Etat fédéral prendra à sa seule charge le Musée juif, NAPLES est donc avec Paris la ville la plus la Maison des cultures du mon- de notre envoyée spéciale créative d’Europe, et c’est avec de, le Centre d’expositions Voici trois ans que le Festival de Constantinople la plus peuplée. Martin-Gropius-Bau, et les Berli- Saint-Denis, voguant sur la nef De processions en cortèges et céré- ner Festspiele qui organisent qu’est la basilique des rois de Fran- monies, Naples se gargarise de notamment le festival de cinéma ce, poursuit son aventureux péri- musiques et de fêtes. Les églises se Berlinale ou les rencontres théâ- ple en Méditerranée. Après avoir font théâtre le temps d’un orato- trales de Berlin. – (AFP.) longé les côtes arabo-andalouses rio mêlant veine populaire et texte a MUSIQUE : le chef d’orches- en 1999, puis celles des Balkans en sacré, ainsi La Colomba ferita,de tre Esa Pekka Salonen a an- 2000, il aborde cette fois les rives Francesco Provenzale. nulé sa participation au Festi- de l’Italie du Sud. Honneur à val d’Aix-en-Provence. Pour Naples la baroque, Naples la cos- RENOUVEAU BAROQUE des raisons de santé qui lui inter- mopolite, la bouillonnante, entre Le théâtre y est roi, la musique disent de voyager en avion, il ne le feu et l’eau, la baie et le volcan. souveraine. Quelque quatre cents peut quitter Los Angeles et venir

Née sous le signe du chant, la cité églises possédant chacune ses pro- LUCIANO ROMANO/TEATRO DI SAN CARLO diriger Falstaff, de Verdi, ainsi de la sirène Parthénope se définit pres musiciens, sans compter les « La Colomba ferità », de Francisco Provenzale, par le Cappella de’Turchini. que le concert symphonique du d’emblée « ville où la musique a couvents, la musique au palais du 12 juillet. Le chef italien Enrique depuis toujours son berceau ». vice-roi et quatre conservatoires, décrypter, ausculter, transcrire et Musique savante, musique popu- accueillait récemment les musi- Mazzola le remplacera dans Simple colonie grecque au Ve siè- véritables modèles du genre et réveiller les belles endormies, ces laire, quoi de plus difficile à sérier ciens de La Moresca. Créé en 1990 l’opéra de Verdi, Pierre Boulez cle avant notre ère, la voilà deux viviers de la future école napolitai- partitions qui dorment au fond dans cette ville métissée d’influen- par le chanteur Vittorio Acone, le dans le programme symphoni- siècles plus tard opulente matrone ne, dont le plus important, celui de des bibliothèques. Un credo que ces mauresque, espagnole, grec- groupe se veut ouvert tant aux que consacré à Bartok. romaine. Avant que la chute de la Santa Maria della Pietà de’ Tur- Florio, natif de Bari, napolitain de que, italienne et française… Ainsi musiques traditionnelles et popu- a VENTES : Me Dominique l’empire en 353 et son statut chini, est aujourd’hui, via Antonio cœur et d’adoption, partage avec la tarentelle, symbole populaire laires de l’Italie méridionale qu’aux Ribeyre, président de la Com- singulier de duché autonome ne Florio et ses musiciens, l’emblème son compatriote et initiateur le cla- par excellence, irrigue-t-elle la can- multiples cultures du bassin médi- pagnie des commissaires- l’incitent à marier en son sein les du renouveau de la musique baro- veciniste Rinaldo Alessandrini. tate de Noël de Cristofo Caresana terranéen. S’ils ont commencé priseurs de Paris, a confirmé, contraires – Naples byzantine et que. Bientôt l’opéra cessera d’être Le 16 mars, c’était la dernière La Tarentella. Ainsi la Piazza venu- avec des artistes des rues, c’est mardi 12 juin, qu’il avait assigné chrétienne. La « ville de la musi- le seul apanage des cours du nord répétition avant la tournée de la ta da Napoli (« Folie venue de pour mieux voler de leurs propres Sotheby’s France en référé, pour que » se revendique comme telle de l’Italie – de l’aristocratie floren- désormais fameuse Colomba ferita Naples ») de Giramo se répan- ailes. Flûtes et violon, accordéon et que son siège parisien, la Galerie bien avant la fin du royaume ara- tine et mantouane en passant par de Provenzale, l’une des premières dra-t-elle en Europe comme un air percussions, guitare sèche, guitare Charpentier, n’abrite pas les ven- gonais et la domination des vice- le canal vénitien (Monteverdi, œuvres sauvées de l’oubli et fleu- de théâtre à la mode. Quant à la battente (baroque) et bouzouki tes aux enchères prévues fin rois espagnols. Cependant, c’est Cavalli) pour en venir aux mains ron du genre, enregistrée en 1998 « commedeja ppe mmuseca » (sic !, accompagnent les chants sicilien, juin. Me Ribeyre, pour qui « les sous le règne autrichien, symboli- de Rome (Cesti). Bientôt les dans la collection « Tresori di « comédie en musique »), opéra sarde, calabrais et napolitain, dia- ventes doivent avoir lieu dans une quement inauguré par la construc- œuvres des Napolitains Vinci, Jom- Napoli » du label Opus 111. Après comique en langue napolitaine, lecte des Pouilles ou d’Avellino. salle agréée par la Compagnie, tion du célèbre Théâtre San Carlo, melli et Piccini, peu à peu libérées l’agitation exaltée de la ville, l’égli- elle fera florès durant tout le Que ce soit la tammurriata liée aux tant que les décrets d’application que la florissante école napolitai- de leur ethnocentrisme, se lance- se Santa Caterina produit une XVIIe siècle. rites de la fertilité, la villanella vive de la réforme du statut des com- ne essaimera dans toute l’Europe. ront à la conquête de demain (Ros- impression de vide et de froid. et enjouée ou la fantasque tarentel- missaires-priseurs n’ont pas été A l’heure où Bach et Haendel achè- sini et Mozart). Mais déjà les musiciens s’instal- MÉLANGE DES GENRES la, toutes parlent la langue de tous publiés », a confirmé la date de vent leur œuvre monumental, C’est dans le pittoresque quar- lent, déjà la grande silhouette ath- Aujourd’hui encore, rien n’appa- les jours, réalités sociales et politi- l’audience du mardi 19 juin à Naples et son opera buffa (en l’oc- tier Spagnoli et l’ancien couvent létique de Florio a levé les bras, raît plus spécifique de l’art napoli- ques, la vie, l’amour, la mort. Elles 14 h 30, donnée par Le Figaro. currence la célèbre Serva Padrona, Santa Caterina di Siena qu’Anto- découpant dans l’air les extatiques tain que ce mélange des genres. Tel sont le tissu vivant d’une tradition Sotheby’s doit disperser, les 27, de Pergolèse, donnée à Paris en nio Florio et sa Cappella della et douloureux accents du récit de ce duo de La Colomba ferita qui millénaire, tour à tour tragique et 28 et 29 juin, ainsi que le 1746) attisent les braises encore Pietà de’ Turchini travaillent à la sainte Rosalie tombée en amour pourrait faire office de chanson solaire, mélancolique et exubéran- 5 juillet, des grandes collections chaudes de la querelle des Bouf- restauration de ce baroque napoli- pour le Christ. Une histoire mys- populaire, telle cette chanson poly- te, dépositaire de cette musique de mobilier et objets d’art, ainsi fons. Et la France du goût, prise à tain des XVIIe et XVIIIe siècles, vas- tico-charnelle du meilleur cru phonique traditionnelle de La baroque, dont une partie long- qu’une bibliothèque littéraire, partie entre musique française et te répertoire méconnu mais désor- qu’accompagnent facéties, cabrio- Moresca s’apparentant à quelque temps ensevelie vient de renaître en collaboration avec l’étude des musique italienne, de se quereller mais incontestable. Bientôt quinze les et bastonnades, la commedia madrigal de Monteverdi ou scène de ses cendres. commissaires-priseurs parisiens avec délice. ans qu’épaulés par le musicologue dell’arte se mêlant à la ferveur du d’opera buffa. Poulain-Le Fur. Me Ribeyre A la fin du XVIIe siècle, Naples Dinko Fabris, ils ont à cœur de théâtre sacré ! Le Théâtre Galiera Toledo M.-A. R. demande que ces ventes aient lieu dans la salle des ventes où officient habituellement les com- Antonio Florio, directeur musical de la Cappella de’ Turchini Rendez-vous napolitains missaires-priseurs Poulain et Le Fur, à savoir le Palais des con- b A la Basilique : La Colomba jazz par le Maria Pia De Vito grès de la porte Maillot, agréé « On ne peut interpréter cette musique ferità, de Provenzale, avec la Quartet (le 20 juin) ; musiques par la Compagnie. – (AFP.) Cappella de’ Turchini et Antonio traditionnelles par La Moresca a Konrad Bernheimer, proprié- Florio (le 15 juin) ; La Fede, la (les 22 et 23 juin) ; chansons taire d’une des plus grandes que si on en comprend les racines » Speranza e l’Amor divino de napolitaines avec Pino de Vittorio galeries allemandes, a indi- Jommelli avec Les Talens lyriques et Rosario Totaro (le 24 juin) ; qué, mercredi 13 juin, être l’ac- « Il y a quelques années, vous l’aspect musicologique, nous orga- que nous montons un spectacle et Christophe Rousset (le 26 juin). rock napolitain par le groupe quéreur de la Vénus nue du maî- souligniez le peu d’intérêt soule- nisons des séminaires de musique quelque part, il y a une interview b A la Légion d’honneur : Spaccanapoli (30 juin). tre allemand Lucas Cranach, vé par le nouveau courant baro- ancienne, d’études théâtrales et de de Riccardo Muti disant que l’opé- Ensemble Concerto Italiano avec b Festival de Saint-Denis : adjugée dimanche au château de que en Italie. La situation recherche, et, depuis peu, com- ra napolitain nécessite des grands Rinaldo Alessandrini (16 juin) ; 2, rue de la Légion-d’Honneur, Cheverny. Cet achat, à 14,5 mil- a-t-elle évolué depuis ? mençons l’édition de partitions. A interprètes et des instruments Il Signor buffa par La Cappella de’ 92300 Saint-Denis. lions de francs (2,2 millions – Alors que le mouvement part cela, nous développons modernes. Turchini et Antonio Florio M˚ Saint-Denis-Basilique. d’euros), représente l’enchère la autour de la musique baroque se autant que faire se peut l’activité – Comment estimez-vous le (le 23 juin). Tél : 01-48-13-06-07. plus importante de l’année en développait partout en Europe, de nos propres ensembles chemin parcouru en quinze b Au Magic Mirrors/Caffe Prix des places : de 60 F (9,15 ¤) France, toutes catégories confon- l’Italie est restée longtemps à la – chœur, orchestre et maîtrise de ans ? Napoli : musique traditionnelle et à 200 F (30,49 ¤). dues. – (AFP.) traîne, essentiellement à cause de la Cappella de’ Turchini. Avec cin- – Il y a encore tellement à faire ! la prégnance des théâtres lyriques, quante à soixante concerts par an, Nous avons commencé par le qui vampirisent 80 % des subven- beaucoup à l’étranger, la plupart répertoire profane en langue napo- tions. Ajoutons à cela la mentalité de nos musiciens sont à plein litaine, car il est impossible d’ap- particulièrement conservatrice et temps. Mais nous courons tou- préhender la musique savante grégaire d’une ville ancrée dans jours après un minimum de recon- sans une parfaite connaissance de ses habitudes. Et puis, il y a l’as- naissance de la part de la ville. la musique populaire. Il est certain pect législatif, qui oblige chaque – Où en êtes-vous justement que les compositeurs ont assimilé théâtre à utiliser son propre avec le Théâtre San Carlo ? ces mélodies et ces rythmes (vrai- orchestre et si possible l’effectif – On espère que le nouveau semblablement issus de l’improvi- dans son ensemble. Ce qui fait directeur va pouvoir tenir ses pro- sation théâtrale) jusqu’à les intro- qu’on obtient plus de subventions messes et ouvrir l’opéra au réper- duire aussi bien dans des œuvres en montant Verdi que Mozart ! toire baroque. Nous y avons mon- profanes que religieuses. La Colom- Quand on n’est ni un orchestre ni té récemment La Colomba ferita, ba ferita de Provenzale en est un un opéra, une école ou un conser- de Provenzale, mais ce n’est pas magnifique exemple. vatoire, il est difficile de subsister gagné et il faut que le public suive. » Je peux dire qu’aujourd’hui financièrement mais aussi d’exis- L’incurie des journalistes italiens nous avons sérieusement défriché ter statutairement. est invraisemblable : pour beau- quelques pans du répertoire, – Vous avez fondé en 1997 un coup, la musique du XVIIIe siècle notamment l’opéra de Pergolèse. Centre de musique ancienne. est de l’“operina”, une sous-musi- Mais je m’intéresse aussi à l’opera Quelles en sont les principales que qu’on fait avec très peu d’ar- seria de Vinci, dont Métastase activités ? gent et seulement s’il y a un trou disait qu’il était le musicien le plus – Une partie consiste à assurer dans la saison. La grande contra- proche de ses idées. Il préfigure le des cours pour les enfants du quar- diction de Naples, c’est qu’elle n’ar- style galant et le classicisme vien- tier auxquels nous enseignons la rive pas à accepter qu’elle a vécu nois des opéras italiens de Mozart. méthode Orff. Nous avons aussi une histoire fantastique avec ses Et puis, je voudrais approfondir une maîtrise d’enfants et une cho- musiciens baroques, et pas avec encore les fondements de l’opéra rale d’hommes. Pour ce qui est de Puccini et La Bohème ! Chaque fois napolitain, c’est-à-dire le XVIIe siè- cle : il y a entre Provenzale et Cris- tofo Caresana la même différence qu’entre Lully et Charpentier. Des archives de la ville de Hanoï – Pour vous, il n’y a toujours que les Italiens pour bien inter- préter la musique napolitaine ? remises à son maire par M. Huchon – Je l’ai dit et je le répète : on ne peut interpréter cette musique que LORS DE L’INAUGURATION, mardi 12 juin, à Paris, à l’Institut fran- si on en comprend les racines. çais d’architecture, d’une exposition intitulée « Hanoï, le cycle des Mais on peut ne pas être napoli- métamorphoses », des fac-similés de plans anciens ont été remis par tain et avoir ce sens de la souffran- le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, à Hoang ce et de la joie, ce mélange de Van Nghien, président du comité populaire (municipalité) de la capi- mélancolie et d’exubérance. Ce tale vietnamienne, en visite en France. Au total, une centaine de docu- qui est sûr, c’est qu’il faut vivre ici ments datant de la première moitié du XXe siècle ont été extraits des et écouter la ville. Outre les ryth- archives des anciennes colonies françaises, conservées à Aix-en-Pro- mes et les tournures mélodiques vence, dans le cadre d’une coopération franco-vietnamienne sur les très spécifiques, les différents dia- études d’urbanisme. Le partage des archives était régi par un accord lectes sicilien, napolitain, cala- de 1959, mais ces documents – plans du réseau d’égouts, des tram- brais, il y a surtout une façon de ways, vues aériennes – sont utiles au travail de rénovation entrepris vivre et de sentir difficile à appré- par les autorités dans une ville aménagée en grande partie avant hender quand on n’est pas d’ici. » 1945 et où de nombreux édifices publics et privés, aujourd’hui en cours de restauration, témoignent de la présence française. Propos recueillis par Marie-Aude Roux 36 / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 CULTURE

Venise, reflet d’une humanité fatiguée MAGYart, une saison Organisée en deux « plateaux », l’exposition internationale de la Biennale, due au Suisse Harald Szeemann, déçoit hongroise en France nal, les deux lieux du « plateau ». tions, pas de peinture ni d’abstrac- sociologique et auteurs de portraits Les liens culturels entre les deux pays PLATEAU DE L’HUMANITÉ. Bien- Mais alors comment, par exemple, tion, mais des photos et des vidéos, collectifs, comme Tuomo Manni- nale de Venise. Du mardi au comprendre que Beuys et Beckett des images pas très florissantes, voi- nen, contribuent à l’effet « Family s’expriment à travers 400 manifestations, dimanche, de 10 heures à 18 heu- sont les deux grandes figures symbo- re franchement sinistres de la vie et of life » à la Steichen, voulu par res. Le samedi, de 10 heures à liques de l’humanité de Szeemann, des hommes : Jeff Wall propose des Harald Szeemann. de juin à décembre 22 heures. Tél. : 00-041-521-87-11. alors que rien ne les signale particu- vues de rideaux de fer baissés et de Le temps humain, on le perçoit De 15 000 lires (7,75 euros) à lièrement. L’anarchie faisait loi, fenêtres obturées, Gary Hill, une surtout au début du parcours des BUDAPEST-SUR-SEINE : la sai- vocal Tomkins de Budapest). De 25 000 lires (12,91 euros). Jus- déjà, avec dAPERtutto, la Biennale vidéo montrant un homme qui bute Corderies où les regroupements ont son hongroise a officiellement György Kurtag, compositeur en qu’au 4 novembre. de 1999 dont Harald Szeemann à l’infini contre un mur au rythme le plus de cohérence. Plus loin, vers commencé le 12 juin, par la projec- résidence à Paris pour deux ans, à était également le directeur. Mais il d’un flash lumineux. Ene Liise Sem- la fin, on navigue plus qu’au radar tion d’images géantes de la capita- l’invitation de la Cité de la musi- VENISE y avait alors plus de forces motrices per balance entre le suicide par pen- de salle noire en salle noire, entre le hongroise sur les murs et les que, l’Ensemble InterContempo- de notre envoyée spéciale et de projets spécifiques pour daison et le suicide à l’arme à feu. les vidéos et des contributions pau- tours médiévales de la Concierge- rain jouera Scènes d’un roman Depuis son exposition instauratri- emporter le morceau. Cette fois, on Dans ce contexte, les étranges pho- vres de grands cinéastes, qu’il s’agis- rie. D’autres monuments rece- op. 19 (Cité de la musique, 19 juin). ce – « Quand les Attitudes devien- a affaire à des œuvres « intéressan- tos de rituels vaudou en Haïti de se de Chantal Akerman ou d’Abbas vront l’empreinte éphémère de cet- Les musiques actuelles seront nent formes » –, il y a trente ans de tes » mais pas tellement plus, un l’Espagnole Cristini Garcia Rodero Kiarostami. Celle d’Atom Egoyan et te magie, mot-clé de ces program- présentes, avec notamment DJ cela, Harald Szeemann s’est imposé peu fragiles, un peu perdues. Cer- semblent rassérénantes. Juliao Sarmento, dont le film – un mes franco-hongrois, fédérés sous Palotai et DJ Yonderboi, du grou- au monde de l’art en chamboulant tains artistes auraient mérité d’être gros plan sur la coupe d’un ongle de le label MAGYart. pe de rock Anima Sound System les habitudes. Il s’est toujours plu à mieux suivis ; d’autres n’auraient DES ŒUVRES SANS ESBROUFE pied – ne peut être vu qu’en obli- Jusqu’en décembre, quelque qua- (Divan du monde, 21 juin), ou la travailler à la périphérie, à montrer pas dû être là. Aux Corderies, on trouve en vrac que, en rasant un étroit couloir, tre cents manifestations sont formation de jazz Akosh S. Unit des marginaux, des irréguliers, des Aux Giardini, un premier « Pla- des idioties, comme la table hantée trouve mieux sa place dans l’espace annoncées dans tout le pays : musi- (La Villette Jazz Festival, 30 juin, mal connus, mal aimés, mal élevés. teau de la pensée », mélangeant les de Max Dean, et des choses sérieu- de l’exposition. Le jeu sur l’image que, théâtre, cinéma, arts plasti- Festival d’Ile-de-France, du Mais, aujoud’hui, chamboule-t-il temps et les cultures et placé sous le ses, comme les photos des esca- projetée, le voyeurisme et la frustra- ques, photo, danse et patrimoine. 28 août au 1er septembre). quoi que ce soit en nous servant son signe de Rodin, est avancé, « préfa- drons de la mort du Guatémaltais tion du spectateur rejoint celui de En manière de coups d’envoi, on a b DANSE « Plateau de l’humanité » ouvert à ce non verbale » à celui de l’humani- A1-53167 (Anibal Asdrubal Lopez Stan Douglas : celui-ci balance un pu voir à Paris le Tartuffe de Moliè- Après l’ouverture en fanfare par tous et à toutes, aux gueux comme té, composé de quelques peintres, Juarez). Et encore des horreurs : le coup de projecteur au recto et verso re mis en scène par Gabor Zsambé- Pina Bausch, la saison chorégraphi- aux nantis, aux vieux magiciens de probablement pour des raisons de film de Magnus Wallin montrant, à d’un écran sur lequel une femme, ki ; la chorégraphe allemande Pina que continue avec Yvette Bozsik, la terre, aux exotiques, aux excentri- sécurité, étant donné leur cote : Cy la façon des jeux vidéo, des éclopés une torche à la main, avance dans Bausch a donné la première en découverte en 1987 à l’Espace ques, aux classiques, toutes discipli- Twombly, avec onze toiles solaires essayant d’échapper aux flammes une maison plongée dans le noir. France de sa Terre verte, conçue à Kiron dans un solo cruel et maso- nes et tous langages confondus, et aquatiques qui tiennent des graffi- d’une cité. Il y a aussi des choses sim- Que le regard fatigue en fin de la suite d’une résidence à Buda- chiste. Elle dansait repliée dans un tant il est vrai que pour lui, ce n’est tis et des Nymphéas de Monet ; ples, des œuvres sans esbroufe : les parcours, c’est certain. Il est certain pest (Le Monde du 8 juin) ; et Pier- espace grand comme un mouchoir pas le style qui fait l’homme ? S’il Gerhard Richter, avec six losanges regards des enfants sur les bancs de aussi qu’on a envie d’échapper au re Boulez a dirigé, avec l’Orchestre de poche, en un bref autoportrait fut pionnier, ne s’est-il pas fait rat- rouge sec, qui, là, déçoit ; Richard l’école dans la vidéo de Tiong Ang ; climat d’œuvres peu exaltantes qui, de Paris, plusieurs concerts Béla mis au point dans sa cuisine, faute traper ? Tuttle avec des bricolages relative- l’homme endormi dans le dôme de trop correctement parfois, se pren- Bartok, dont, le 12 juin, le Château d’un lieu de répétition : la danse Le héros semble fatigué et l’abon- ment frais ; Helmuth Federle avec Milan d’Anri Sala ; les photos d’ar- nent à assumer toute la misère de Barbe-Bleue, en présence de contemporaine est encore mal vue dant désordre de sa nouvelle presta- une grande toile qui tient le choc. chives coloniales de Fiona Tan ; les humaine, comme des ONG. Alors, Catherine Tasca, ministre françai- en Hongrie. En 1992, on la retrou- tion vénitienne le produit d’une cer- Quoi encore du côté des anciens ? autoportraits sur fond d’animalité on est content de tomber sur les spi- se de la culture, et de son homolo- vait enroulée dans un aquarium au taine vacance. Peu innervée, toute Marisa Merz et ses deux étranges de Tania Bruguera dans un homma- rales de Serra, qui nous sortent de gue hongrois, Zostan Rockenbau- Festival Mimos, à Périgueux ; elle la Biennale en prend un coup. Pas machins roses plus ou moins phalli- ge à l’écrivain cubain Virgilio l’horizontalité de la Biennale. er. Ce dernier souligne que « Béla étouffait toujours. Depuis, la cho- de proposition de lecture, pas de hié- ques. Et Niel Toroni en pointillé. Piñera. Ces artistes-là, d’autres, des Bartok symbolise la culture hongroi- régraphe, devenue une figure de rarchie aux Giardini comme à l’Arse- Du côté des nouvelles généra- Finlandais proches du document Geneviève Breerette se, y compris dans ses composantes proue de la jeune danse hongroise, populaires », et que « la présence a trouvé son espace. On verra Wed- au pupitre d’un chef prestigieux ding et Cabaret (du 13 au 30 juin comme Pierre Boulez, un des au Divan du monde, à Paris), des L’art de montrer la vidéo meilleurs connaisseurs du composi- pièces dans la grande tradition teur hongrois, manifeste de manière expressionniste du théâtre dansé, VENISE nisé pendant le vernissage de la smoking impeccable, et porteur ne, A Loser, de l’Estonien Kai Kaljo, exemplaire les liens qui peuvent se qui balancent entre le genre grotes- de notre envoyé spécial Biennale une série de projections d’une grosse pierre reliée par une Pietà, de Paolo Ravalico Scerri, tisser entre la France et la Hon- que et l’absurde poétique. Venise a parfois des allures de de vidéos d’artistes contemporains, chaîne et un collier à son cou, Fluanxol, de Giovanni Rizzoli, grie ». b PHOTOGRAPHIE cimetière des éléphants. Il y a pour- dont beaucoup étaient montrées saluait les arrivants d’une gracieuse Artist’s Dilemma, du Finlandais Roi Des liens parfois anciens, De Moholy-Nagy à Capa, de tant quelques personnages éton- pour la première fois. L’événement révérence. A l’intérieur, on pouvait Vaara, et Unnatural Acts, du Britan- comme le rappelle l’exposition à Brassaï à Kertész, la Hongrie est nants qui font bouger la ville. Les se déroulait au théâtre de Fonda- voir Theatre, de l’Anglais Graham nique Terry Smith, coorganisateur l’abbaye de Fontevraud retraçant célèbre pour sa riche tradition pho- responsables de la galerie Nuova mente Nuove, situé dans un quar- Fagen, Blue, de Douglas Gordon, de la manifestation, qui avait sélec- l’histoire des princes d’Anjou qui, tographique, que l’on peut vérifier Icona (454 Giudecca), par exemple. tier peu fréquenté, au nord de Veni- Cosmos, du Finlandais Gun Holms- tionné ces artistes pour montrer pendant deux siècles, occupèrent à travers neuf expositions asso- L’un d’eux, Vittorio Urbani, a orga- se. A l’entrée, un artiste vêtu d’un trom, Ivana’s Answers, de Jaki Irvi- « la tension entre la normalité et le trône de Hongrie (Le Monde du ciant des images anciennes à l’anormalité », en affirmant qu’un 2 juin). « Il y a mille ans, les d’autres actuelles. La Maison euro- vrai artiste avait pour mission d’ex- Hongrois ont adhéré à la branche péenne de la photographie (MEP) plorer ce que l’anormal peut appor- romaine, et non byzantine, du chris- ouvre le bal à Paris, le 20 juin (jus- ter à la vie de différent, de nouveau. tianisme », constate le commissai- qu’au 2 septembre), avec une Mais, par-delà son thème, cette re général de MAGYart, Miklos curiosité : la dernière pellicule en manifestation conduit par sa forme Szabo, qui a préparé la saison avec couleur du grand André Kertész, à une curieuse constatation : sauf à le commissaire français, Bernard prise en août 1985 depuis sa fenê- imaginer des installations particuliè- Faivre d’Arcier, directeur du Festi- tre à New York, quelques jours res, comme le font parfois Bill Viola val d’Avignon, qui accueillera des avant sa mort ; vingt photos, plus ou Pipilotti Rist, la vidéo d’art con- spectacles venus de Hongrie. émouvantes que bouleversantes, temporain est plus agréable à regar- L’ancrage à l’Ouest de cette conservées par le Musée hongrois der dans une salle de projection culture « Mitteleuropa » est reven- de la photographie, à Kecskemét. classique. A l’Arsenal, dans l’exposi- diqué avec force au moment où la En septembre, au Musée du Mont- tion de Harald Szeemann, la sura- Hongrie est candidate à l’entrée parnasse, on verra d’autres bondance de vidéos transforme les dans l’Union européenne. « Cette auteurs issus des mêmes collec- locaux en une série de pièces fer- saison est l’occasion de se lire dans tions, des émigrés méconnus, par- mées d’un bien triste effet. Selon le le regard français », note Miklos tis chercher travail et gloire dans mot du critique Nicolas Bourriaud, Szabo. Le président de la Républi- l’Europe ou les Etats-Unis des la boîte noire supplante désormais que hongroise, Ferenc Madl, en années 1930 : Josef Pesci, Rudolf le « white cube », cette pièce claire visite officielle en France du 13 au Balogh, Karoly Escher… où, normalement, s’exposent les 15 juin, rencontrera Jacques Chi- Outre Kertész, la MEP affiche les tableaux contemporains. Avec, rac, qui, en 1997, avait formé le « œuvres récentes » de Jeno Detvay pour premier résultat, une satura- projet de ce rendez-vous culturel et cinq jeunes artistes utilisant de tion des visiteurs qui, pour l’essen- avec Arpad Goencz, alors chef de « nouveaux médias » (vidéo, Inter- tiel, renoncent à assister à la totalité l’Etat hongrois. net, etc.). Parmi les autres exposi- de chaque projection. Les autres La saison s’achèvera le 8 décem- tions, signalons notamment « la œuvres souffrent pour la plupart de bre avec un grand bal à la hongroi- photographie hongroise autour de ce voisinage. Comme souffrent se organisé au palais de Chaillot. 1900 » au Musée de la vie romanti- d’ailleurs certains films : il ne sem- Sans attendre les nombreuses que, à Paris (du 22 juillet au 30 sep- ble pas que Marin Karmitz soit très manifestations prévues à l’autom- tembre). heureux des conditions déplorables ne, nous donnons ci-dessous une b CINÉMA dans lesquelles sa Comédie de 1966, sélection des premiers événe- Grand cinéaste contemporain réalisée avec Samuel Beckett, est ments. encore peu connu en France, Béla présentée. Bref, transplanté dans b MUSIQUE Tarr est le réalisateur mis à l’hon- l’espace des arts plastiques, le ciné- Lancée par trois programmes neur par la Saison. Le Festival de ma peut devenir un calvaire. Bartok dirigés par Pierre Boulez La Rochelle présente du 29 juin au Assis sur les gradins du petit théâ- au Théâtre du Châtelet (prochai- 9 juillet l’intégrale de l’auteur du tre de Fondamente Nuove, rien de nes dates : 14, 20 et 21 juin), la sai- magnifique poème-fleuve Satan tout cela. L’ambiance est tantôt stu- son musicale va essaimer durant Tango, reprise du 4 au 10 juillet au dieuse et intéressée, tantôt grave et l’été, de Cambrai (Festival des lau- Forum des images, à Paris. On y réfléchie, tantôt bon enfant et rieu- réats Juventus, du 6 au 15 juillet) à découvrira aussi le travail du plasti- se, selon la nature du film projeté. Avignon (Peter Eötvös, chef et cien et vidéaste Peter Forgacs. On Car cela peut être hilarant, une compositeur en résidence au Cen- note également une semaine du vidéo, lorsque les artistes réinven- tre Acanthes, du 10 au 24 juillet), cinéma hongrois au Festival de tent, en cinéma muet, les attitudes en passant par le Festival de Col- Gardanne, du 6 au 12 juin. anciennes de Buster Keaton, ou cel- mar, qui rend hommage au grand D’autres festivals sont prévus de les, plus récentes, de Mister Bean. violoniste hongrois Joseph Szigeti, septembre à décembre. Cela peut être poignant, ou déran- celui du Périgord noir (du 8 au geant, ou scandaleux, selon les 17 août) ou encore la Semaine hon- Service culture goûts, quand, comme le fait Paolo groise d’Argentan (du 15 au Ravalico Scerri, on imagine une ver- 21 juin). e Renseignements : sion homosexuelle du thème de la A Paris, les « Passions hongroi- Institut hongrois : 01-43-26-06-44 ; Pietà. Bref, cela peut être tour à ses » résonneront dans les murs de AFAA : 01-53-69-83-00. tour beaucoup de choses, mais la Sorbonne (solistes et Ensemble Internet : www.magyart.com/ jamais lassant.

Harry Bellet CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 37 L’architecture sensible SORTIR PARIS passagers et artistes locaux se rejoignent. Au total, des créateurs Orient Express Moving Shnorers par centaines. des allumés de Team Zoo Ils viennent du jazz, du Marseille (Bouches-du-Rhône). contemporain, de la musique Théâtre Toursky, 16, promenade improvisée. Ils sont tous Léo-Ferré. Du 14 au 19 juin (à L’équipe de concepteurs japonais expose passionnés par la même cause : la partir de 18 heures, quai J4 de La musique klezmer. C’est une bande Joliette) ; en Méditerranée, jusqu’au son insolence ludique au Lieu Unique, à Nantes de musiciens qui prennent un 13 août. Tél. : 04-91-02-58-35. malin plaisir à surfer à travers les Accès gratuit. chitecture de Nantes. Une associa- époques. Vifs, virtuoses et drôles, TEAM ZOO. Le Lieu Unique, 2, rue tion bien dans la logique du groupe ils s’intéressent autant au UZÈS de la Biscuiterie, 44 000 Nantes. qui, dans ce superbe conglomérat répertoire yiddish du début du Festival de la nouvelle danse Tél. : 02-40-12-14-34. Du mardi au de castors, revient aux racines de siècle qu’aux digressions La Grande-Bretagne et ses voisins samedi, de 15 heures à 20 heures. l’architecture pour faire d’abord effrontées des groupes klezmer d’en haut et d’en face, l’Irlande et Dimanche, de 15 heures à 21 heu- œuvre de pédagogie. ayant participé au renouveau du la France, sont à l’honneur de la res. Jusqu'au 2 septembre. Pieds nus, soyez d’abord aveugle genre à partir des années 1970. sixième édition du Festival de la et suivez, en sentant vos pas sur les (CD Klezmer Nova, Universal). nouvelle danse, organisé par le NANTES matériaux de la forêt, le fil mysté- Le Trianon, 80, boulevard Centre de développement de notre envoyé spécial rieux de l’espace, vérifiant ici ou là Rochechouart, Paris-18e.Mo Anvers. chorégraphique d’Uzès et du Joli moment de grâce. Le Lieu la proximité des cieux par quelques 20 h 30, le 15. Tél. : Languedoc-Roussillon. Intitulé Unique, ancien édifice mythique gnons sur le crâne. Puis soyez hyè- 01-44-92-78-05. De 100 F à 130 F. Dance Festival, l’événement, qui des biscuiteries LU reconverti en ne, ou chien, ou singe, et découvrez regroupe douze compagnies – lieu magique de la culture, dirigé votre tanière de prédilection, MARSEILLE britanniques (Philipp Gehmacher, par Jean Blaize, accueille Team enfouie, perchée, sombre ou claire, XIes Rencontres internationales Russel Maliphant, Akram Khan, Zoo. Cet assemblage de concep- sèche ou humide. Ce n’est qu’après du théâtre méditerranéen Wayne McGregor), françaises teurs japonais, tous architectes, fait l’exploration de cette architecture- Marseille est la ville vedette et la (Karine Saporta, Hélène Cathala, preuve du même esprit de perfec- sculpture, mi-post-bab, mi-écolo, première halte d’« Odyssée Fabrice Ramalingom, Rita Cioffi, tion ludique, du même sens de la mais sans naïveté, que vous accéde- 2001 » ; cette « aventure Barbara Sarreau, Bruno Pradet) et liberté, de l’insolence pondérée, de rez à la suite du programme : des humaine » et artistique a été rêvée irlandaises (Liz Roche, Michael la générosité enfin, qui caractéri- dessins butinés dans les paysages par l’antenne française de Keegan Dolan) –, est riche de sent le centre nantais, cousin ger- et les villes du Japon, manière de l’Institut international du théâtre créations et de premières. Une main, par son esprit voyageur, de la rappeler avec force qu’il n’y a pas méditerranéen et par Richard pensée-hommage sera rendue au troupe Royal de Luxe animée par d’architecture sans contexte. Martin, son vice-président. chorégraphe disparu Bernard Jean-Luc Courcoult. Vingt-quatre pays de la Glandier par la compagnie La grande salle d’exposition qui CONCEPTS PASSE-PARTOUT D. R. Méditerranée ont adhéré Alentours. Au programme, outre jouxte le théâtre africanisé, du sol Troisième étape : accrochés com- Une architecture-sculpture, mi-post-bab, mi-écolo : (Espagne, Maroc, Algérie, les spectacles présentés dans des au plafond, de tambours et tapis me autant de tee-shirts sur une l’art singulier des Japonais de Team Zoo. Yougoslavie, Croatie, Italie, Grèce, lieux à eux seuls porteurs de sous l’inconduite ordinaire de l’ar- série de cordes à linge, quelques Bulgarie, Roumanie…) à ce projet. magie (jardin et cour de l’évêché ; chitecte Patrick Bouchain, a été centaines de photos en vrac, mon- galoches, mais directeur du départe- tes du groupe ne se connaissent Le Constanta, navire-école enclos de la Source), sont prévus : remplie d’une « installation » laby- trant le réel de Team Zoo : maisons ment d’architecture de l’université pas forcément : quelques-uns ont porte-hélicoptères, bateau tea-time à l’hôtel des Consuls vers rinthique, légère architecture de ou meubles, immeubles ou jardins, Waseda, à Tokyo. Passé chez Le échangé à Nantes leurs cartes de « brise-bêtise » reconverti au 16 h 30, occasion de rencontrer les bois : « Perches de châtaignier, avec quelques incidentes comme le Corbusier de 1950 à 1952, traduc- visite, mais ils partagent tous les service de la fraternité artistes autour d’un thé et de troncs de bouleaux, écorces, sar- tremblement de terre de Kobe. teur des œuvres du grand Franco- mêmes valeurs venues de l’architec- méditerranéenne et conçu comme crumbles aux fruits ; leçons de ments de vigne, ardoises, filets anti- Pour tout cela, le bavardage explica- Suisse, il ne garda au fond du ture des origines, qui lient les mains un « outil de création, de diffusion danses traditionnelles écossaises oiseaux, cagettes et autres matériaux tif mis, comme le veut le temps, à la « Fada » que l’homme du cabanon du concepteur, du maçon, du char- et de transport », jettera l’ancre et irlandaises avec Mr. Livingstone vernaculaires récupérés auprès des sauce Koolhaas, sous la forme de de Cap-Martin, l’homme inspiré en pentier, du menuisier, dans le res- dans vingt-cinq ports, de Nador Smith ; rendez-vous hip-hop avec maraîchers ou ostréiculteurs », énu- concepts aussi universels que passe- somme plus que le stratège urbain. pect et la compréhension du travail (Maroc) à Braïla (Roumanie), en les jeunes d’Uzès ; expositions ; mère poétiquement Patricia Solini, partout. Les leurs seraient « héréti- En cette saison de Biennale de Veni- de l’autre. passant par Cagliari (Sardaigne) Enfin, le 21 au soir, jour de la Fête responsable des arts plastiques, qui que », « contrepoison » et « inclu- se, ce n’est pas un inconnu puis- La leçon de Team Zoo est-elle ou Ithaque (île ionienne)… A quai de la musique, un grand bal sera a craqué devant la proposition de sion ». Mais ils ont aussi sept princi- qu’on lui doit en particulier le recevable par les écoles françaises ou à bord, « Odyssée 2001 » donné place aux Herbes. Patrice Goulet de faire venir les pes dont on évitera ici la litanie. pavillon du Japon, petite merveille au-delà de Nantes la singulière ? rassemble de nombreux chantiers Uzès (Gard). Jardin et cour de zoulous de Team Zoo. Non pour décrire une œuvre indes- dans les jardins. Un stage à l’exposition serait recom- artistiques, théâtraux, musicaux, l’évêché ; enclos de la Source. « Installation », parce qu’on ne criptible car multiforme, tantôt éla- Sous la tutelle de Yoshizaka, mandable à tous ceux qui décident poétiques, plastiques, Jusqu’au 23. Tél. : 04-66-03-15-39. saurait mélanger les genres lors- borée, tantôt rustique, tour à tour Team Zoo vit le jour, opposé à tou- de ce que doit être une école d’ar- philosophiques… A chaque escale, De 50 F à 120 F. qu’on est subventionné sur la ligne gracieuse ou massive, bricolée ou tes les écoles, notamment celle de chitecture. Pas pour singer Team arts plastiques. Elle a cependant été péremptoire. Plutôt pour rappeler Kenzo Tange (corbuséen, mais sur Zoo. Juste pour sentir et ressentir le conçue, prétendument de façon les origines de ce groupe pluriel et l’autre versant du bonhomme), et bruit que fait l’architecture lors- GUIDE spontanée, par les mains expertes migrant. fragmenté en une vingtaine d’agen- qu’on la sort de sa cage de verre. des Japonais qui se sont adjoint les A l’origine était Yoshizaka Taka- ces autonomes dans tout l’archipel, talents des étudiants de l’école d’ar- maza, né avec cravate, mort en et même jusqu’à Paris. Les architec- Frédéric Edelmann et 23. Tél. : 01-48-51-04-51. De 80 F à FESTIVAL CINÉMA 100 F. Femmes du Maroc Jean-Philippe Viret, Edouard Ferlet, Dans la maison de mon père, A. Banville Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- NOUVEAUX de Fatima Jebli Ouazzini (Pays- bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, Bas/Maroc, 1998) ; El Batalett-Femmes les 15 et 16. Tél. : 01-42-33-22-88. FILMS de la Medina, de Dalila Ennadre (Fran- 100 F. ce, 2000). Projections en présence de Christophe Marguet Quartet Dalila Ennadre. 7 Lézards, 10, rue des Rosiers, Paris-4e. HS HORS SERVICE Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le magic o M Saint-Paul. 21 h 30, les 15 et 16. a Deux hommes en noir, l’un très Cinéma, rue du Chemin-Vert (centre Tél. : 01-48-87-08-97. 70 F. commercial 2). Mo Bobigny - Pablo- jeune, l’autre plus âgé, entrent par El-Babilly, Mohammad Ibn Faris de Picasso. 20 heures, le 15. tél. : effraction dans un appartement. Manama 01-41-60-12-34. 20 F la séance. Ils doivent récupérer une disquet- Institut du monde arabe, 1, rue des-Fos- e o te contenant des documents TROUVER SON FILM sés-Saint-Bernard, Paris-5 .M Jussieu. importants et abattre son proprié- 20 heures, le 15. Tél. : 01-40-51-38-14. taire. La mission se transforme Tous les films Paris et régions sur le De 100 F à 120 F. Rozaneh rapidement en leçon particulière Minitel, 3615 LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Avec les chanteuses iraniennes Parvin pour un jeune tueur à gages qui Javdan, Zoreh Bayat et l’ensemble apprend, sur le terrain, les rudi- VERNISSAGES Avaye Doos dirigé par Fariba Hedayati. ments de son métier de la bouche Forum des images, porte Saint-Eusta- de son aîné. On se croirait dans Le Crépuscule des Mayas che, Paris-1er.Mo Les Halles. 20 h 30, les Pulp Fiction, mais nous sommes Amiens (Somme). Musée de Picardie, 15 et 16. Tél. : 01-44-76-62-00. De 60 F à80F. dans HS, une parodie inutile du 48, rue de la République. Tél. : 03-22-97-14-00. Du 16 juin au 21 octo- Mohsen Keramati et Sariush Tala’i film de Tarantino qui surfe égale- bre. De 10 heures à 12 h 30 et de Orangerie du parc de Bagatelle, domai- ment sur la pop-culture, la bande 14 heures à 18 heures. Fermé le ne de Bagatelle, Paris-16e.Mo Pont-de- dessinée et le second degré. L’ar- 14 juillet. Fermé les lundis et le Neuilly. 20 h 30, le 15. 150 F. gument du film – un tueur à gages 14 juillet. 20 F ; (35 F, exposition Raul Barboza + musée). Les Uns les Autres, 15, rue de Chevreul, qui décide de prendre brutale- e o ment sa retraite est pisté par son Dresde ou le Rêve des princes. La gale- Paris-11 .M Nation. 22 heures, le 15. e Tél. : 01-43-70-22-40. ancien patron – tient difficilement rie de peinture au XVIII siècle Dijon (Côte-d’Or). Musée des Beaux- la route. Il faudrait pour cela que Arts, palais des Etats-de-Bourgogne. RÉGIONS la remise à plat d’un genre cinéma- Du 16 juin au 1er octobre. De 10 heures Osez être heureux tographique soit autre chose à 18 heures ; nocturne jeudi jusqu’à de Michel Vuillermoz et Rémy de Vos, 20 heures. Fermé mardi. Tél. : qu’une simple posture destinée à mise en scène de Michel Vuillermoz. 03-80-74-52-70. 25 F. suivre la mode du jour. Empreint Marseille (Bouches-du-Rhône). La de cynisme, HS n’est rien d’autre Jean-Olivier Hucleux Criée, 30, quai de Rive-Neuve. 20 h 30, qu’un sous-produit. S. Bd Joinville (Haute-Marne). Château du les 16, 19, 22, 23 ; 17 heures, le 17 ; Grand-Jardin, avenue de la Marne. Du Film français de Jean-Paul Lilien- 19 heures, les 20 et 21. Tél. : 16 juin au 16 septembre. De 9 heures à feld. Avec Dieudonné, Lambert 04-91-54-70-54. De 65 F à 160 F. 20 heures. Tél. : 03-25-94-17-54. 20 F. Second Hand-Clownstrophobie Wilson, François Berléand, Lorant Arman de Saint-Pétersbourg, avec Natalia Fis- Deutsch. (1 h 35.) Nice (Alpes-Maritimes). Musée d’art son, Igor Sladkevich et Nikolay Kichev. moderne et d’art contemporain, pro- Montpellier (Hérault). Théâtre d’O, GOURINE ET LA QUEUE menade des Arts. Du 16 juin au 14 octo- 140, route de Grabels. 21 heures, les DU RENARD bre. De 10 heures à 18 heures. Fermé les 16, 17, 19, 20. Tél. : 04-67-67-66-66. a Après une espièglerie de trop, mardi. Tél. : 04-93-62-61-62. 25 F. Durée : 1 h 30. De 40 F à 90 F. un jeune campagnard se réveille Les Amours de Don Perlimplin avec ENTRÉES IMMÉDIATES Bélise en son jardin et Le jeu de Don un matin affligé d’une queue de Cristobal Le Kiosque Théâtre : les places de cer- renard. Il devient l’objet de de Federico Garcia Lorca, mise en scè- tains des spectacles vendues le jour moqueries diverses de la part des ne de Christian Schiaretti. même à moitié prix (+ 16 F de commis- villageois. Apprenant son exis- Reims (Marne). La Comédie, 3, chaus- sion par place). sée Bocquaine. 19 h 30, le 16. Tél. : tence, une rombière qui rêve Place de la Madeleine et parvis de la d’une étole en fourrure se lance à 03-26-48-49-00. De 30 F à 100 F. Derniè- gare Montparnasse. De 12 h 30 à re. sa poursuite, ainsi qu’un corbeau 20 heures, du mardi au samedi ; de Système Castafiore détective privé qui va tenter de le 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Marcia Barcellos et Denis Giuliani : Dik- sortir de ce mauvais pas. Gourine Festival du roman policier et du roman tat sur Gabuzomeuland. et la queue du renard est un film noir Mulhouse (Haut-Rhin). La Filature, 20, Place de la Bastille, côté boulevard allée Nathan-Katz. 19 h 30, le 16 ; d’animation norvégien qui se dis- e o Richard-Lenoir, Paris-11 .M Bastille. A 15 heures, le 17. Tél. : 03-89-36-28-28. tingue par la qualité d’un dessin partir de 12 heures, vendredi ; de qui allie le réalisme et la satire. 130 F. 10 heures à 22 heures, le samedi ; de Otello Dégagé des prescriptions de ses 10 heures à 20 heures, le dimanche. de Verdi. Hans Drewanz (direction), équivalents hollywoodiens (le Accès gratuit. Katja Drewanz (mise en scène). héros fume et boit par exemple), Transes européennes Sextet Nantes (Loire-Atlantique). Opéra, 1, le film est un sympathique conte Théâtre du Lierre, 22, rue du Chevale- rue Molière. 20 heures, le 16. Tél. : e o moral qui souffre parfois d’une ret, Paris-13 .M Bibliothèque-François- 02-40-69-77-18. De 62 F à 297 F. certaine langueur de la narration. Mitterrand. 20 h 30, les 15 et 16. Tél. : Ensemble orchestral de Paris 01-45-86-55-83. 90 F. Œuvres de Beethoven. John Nelson J.-F. R. Dario Arboleda (direction). Film d’animation norvégien de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Planète Sully-sur-Loire (Loiret). Auditorium, Nille Tystad et John M. Jacobsen. Andalucia, 56, rue Emile-Zola. Mo parc du château. 20 h 30, le 16. Tél. : (1 h 15.) Robespierre. 21 heures, les 15, 16, 22 02-38-36-29-46. De 240 F à 290 F. 38. KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 EN VUE a D’après un sondage de l’Institut La France sous le regard d’un journaliste sud-africain sud-africain pour la justice et la réconciliation, 60 % des Noirs trouvent que les « Blancs Après le voyage de Lionel Jospin en Afrique du Sud, James Clarke, éditorialiste du quotidien « The Star », sont racistes », 50 % des Blancs que ce sont les Noirs qui le sont. se moque des prétentions et des habitudes françaises a Dans Katmandou abasourdie « LA FRANCE est un pays de taille la Manche, et James Clarke ne se à parler français, même si certains par le massacre de la famille moyenne, situé en Europe, elle est un prive pas d’un petit paragraphe sur pratiquent l’anglais sous la torture ». royale, où mardi 12 juin la vie membre important de la communau- ces gens qui « mangent des escar- Vue d’Afrique du Sud, la France vit reprenait son cours, un brahmane té internationale, enfin, pas aussi gots mais pas des limaces, des cuis- sous un régime « démocratique végétarien, vêtu comme le roi important qu’elle croit l’être. » ses de grenouille et même des petits mais brouillon », où des « élections Birendra, se punissait en Après la visite de Lionel Jospin et oiseaux ». se tiennent plus ou moins en perma- mangeant de la moelle de bœuf avant le match de rugby qui doit nence ». Le pays est divisé adminis- pour exorciser le mauvais sort, opposer samedi 16 juin l’Afrique L’ART DE LA GUERRE ET DE LA TABLE trativement en « régions, départe- avant de quitter le palais à dos du Sud à la France, James Clarke, Le Français est « pathologique- ments, cantons, communes, villages, d’éléphant vers un exil volontaire un des éditorialistes du quotidien çais » et cite au rang des « trésors mangent chaud, agrémenté de con- ment lugubre » et « presque aussi cafés, toilettes repoussantes et salles en un lieu reculé du Népal. sud-africain The Star, journal sur- nationaux : le Louvre, Eurodisney et fiture. « La France se considère com- mal habillé que l’Anglais ».Il« sent de bain minuscules ». Une des pré- tout lu par la communauté blan- Brigitte Bardot. Pour Bardot, si tu ne me un pays moderne même s’il est l’ail et est très indiscipliné ». « Boire occupations principales du Parle- a Après avoir fêté à leur façon che, s’amusait, le 7 juin, à fournir à sais pas qui c’est, demande à ton pratiquement impossible d’y trouver et fumer sont ses activités principa- ment est de « faire exploser des bom- l’anniversaire de l’ex-président ses lecteurs quelques « données de père », précise James Clarke. L’actri- une bonne “boerewors” (saucisse les, en voiture il utilise plus souvent le bes atomiques le plus loin possible de des Philippines Josef Estrada base » sur la France et les Français. ce française est également réperto- tenant lieu de plat national en Afri- klaxon que les freins. » « Il porte une la France ». Parmi les héros natio- en tranchant le cou, l’an dernier, Sous le titre « Merci pour le riée au rang des « contributions que du Sud).»Les clichés sur la cui- baguette sous le bras et des prénoms naux, James Clarke cite « Napoléon de deux prisonniers philippins, champagne et pour Brigitte Bar- françaises à la civilisation », comme sine française semblent être les de fille comme Michèle ou Jean »,ce et Tintin », un Belge. Il ajoute à cet- les rebelles du groupe Abu dot », le journaliste affirme dès la le camembert et le champagne, mêmes à l’extrême sud du conti- dernier étant en anglais exclusive- te courte liste le général de Gaulle Sayyaf, qui récemment première ligne qu’il « aime les Fran- camembert que les Sud-Africains nent africain que sur l’autre rive de ment féminin. En plus, il « persiste « qui maintenant est un aéroport ». menaçaient d’envoyer pour ses Aujourd’hui, la France a une éco- 54 ans une tête coupée à la nomie « importante et diversifiée, ce présidente Gloria Arroyo, DANS LA PRESSE le plus probable ? Est-ce, cette soupirail est d’un drôle à pleurer. personne. Au jeu des origines, qui est étonnant vu que l’on y tra- auraient décapité un otage, mardi fois-ci, certain ? Au total, 26, 27, Le pire, c’est qu’il n’est pas de rai- tout le monde a ses zones d’om- vaille très peu ». « Quand ils ne pren- 12 juin, jour de l’indépendance FRANCE INTER 28 % de voix de gauche n’iraient sons qu’il s’arrête. A défaut de bre. Une rumeur nauséabonde nent pas quatre heures pour déjeu- nationale, « en guise de cadeau ». Bernard Guetta pas à Lionel Jospin au premier pouvoir taper Jospin sur son bilan, affirme même que Jacques Chirac ner, les Français sont en grève ou blo- a Je te tiens, tu me tiens. C’était tour. Près de 20 % des voix de droi- la droite ne peut l’attaquer que a été gaulliste. L’ennui, c’est que quent les rues avec des camions et a En 1937 , à la naissance cartes sur table, silence contre te peuvent manquer à Jacques Chi- sur sa personnalité, ses « qualités le premier ministre fut en même des tracteurs. » Présentée par le de l’ancien roi de Bulgarie, favori silence ou bien trotskisme contre rac. La présidentielle de 2002 est d’homme d’Etat ». Après cinq ans temps trotskiste et socialiste. Star, la France est un pays partagé des sondages à l’approche des Mairie de Paris : si vous voulez la ouverte, totalement ouverte – à de cohabitation, c’est une trash Quelle drôle de vie politique que entre l’art de la guerre et celui de la élections, les notes des écoliers fange, vous l’aurez. Sans doute droite comme à gauche. présidentielle qui s’annonce. celle qui consiste à travailler à la table, ses principales exportations avaient été augmentées d’un était-ce de bonne guerre, mais la fois pour le premier parti de étant « le vin, les armes nucléaires, point dans tout le pays : « Il est politique et la France, hier, sont LIBÉRATION LE NOUVEL OBSERVATEUR France et pour l’un des plus petits le parfum, les missiles guidés, le à la fois le souverain Siméon II tombées bien bas, si bas qu’on ne Jean-Michel Thenard Laurent Joffrin et des plus sectaires. L’auraient-ils champagne, les avions de chasse et qui inspire du respect, et le peut que s’effrayer à l’idée d’une a Comme président, vous préfé- a Le trotskisme mène à tout, à su que les militants socialistes de le camembert ». souvenir nostalgique du petit campagne présidentielle dans rez un trotskiste ou un affairiste ? condition d’en sortir. Pourtant, il l’époque seraient tombés de leur James Clarke conseille tout de Siméon », explique Ivan Krastev, laquelle les deux principaux can- Au rythme où démarre la campa- y a une bizarrerie dans ce passé chaise ! C’était il y a plus de vingt même la France aux Sud-Africains, politologue à Sofia. didats n’auraient qu’une alternati- gne, c’est bien l’affiche qui risque jospinien. Celui qui allait tenter ans ? Certes, mais quelle étrange « un pays avec une histoire riche, de ve, s’absoudre l’un l’autre ou d’être proposée aux Français l’an une heureuse réhabilitation de la psychologie que celle, hybride, magnifiques paysages et un climat a Interceptant des tomates en s’abaisser ensemble. Cette pers- prochain au deuxième tour de la politique, celui qui allait, plutôt d’un capitaine de paquebot alliée tempéré », en précisant que, même plein vol, ouvrant d’un clic sec des pective est si peu exaltante qu’on présidentielle. Belle alternative légitimement, adopter comme slo- à celle d’un sous-marinier ? Et s’il n’y a pas de graves problèmes ombrelles pour parer des œufs, a envie de regarder ailleurs et que, qui « poubelliserait » bilans, pro- gan dans la présidentielle « Jos- pourquoi l’avoir admis si tard ? d’insécurité, les touristes doivent les gardes du corps des services plus on regarde, moins il est grammes, visions d’avenir, et ne pin, c’est clair » a tout de même Comme l’a dit Lionel Jospin de savoir que le pays est « de temps en secrets polonais ont invité la évident que le gagnant doive obli- laisserait voir de la politique que commencé dans l’obscurité. François Mitterrand : on aurait temps envahi par les Allemands ». presse à applaudir leur habileté, gatoirement être l’un des deux bassesses, coups tordus et crocs- Curieux paradoxe. Que Jospin ait attendu du leader de la gauche un mardi 12 juin, deux jours avant favoris. C’est la règle, mais est-ce en-jambe… Ce débat à hauteur de été trotskiste ne gêne à vrai dire itinéraire plus simple. Fabienne Pompey la visite officielle du président américain George W. Bush. SUR LA TOILE a En une semaine, depuis que www.web-tricheur.net la municipalité de Vilnius a mis TURQUIE-CENSURE gratuitement 500 vélos à la a Le Parlement turc a adopté une disposition des habitants pour Internet et les technologies nouvelles améliorent la qualité de la vie des cancres loi visant à sanctionner la diffusion améliorer le cadre de vie, trois via Internet « d’informations men- cents engins ont été volés, puis « TRICHE, pompe, gruge et anti- mat que l’étiquette à imiter et songères » ou « diffamatoires ».En revendus sur un marché local, de sèches » : le site de Cyrille et arbore des imitations parfaites revanche, le gouvernement a retiré 20 litas (s’ils sont restés orange) à Romain, élèves de terminale S, se des logos. Il suffit ensuite d’impri- au dernier moment un article qui 50 litas (s’ils ont été repeints). présente comme une « Encyclopé- mer la page et de la coller sur le aurait obligé tous les auteurs de die » des techniques du parfait produit par-dessus l’étiquette sites Internet à soumettre leurs a Mardi 12 juin à Bourdelles, cancre. Au chapitre « Bonnes excu- d’origine. pages aux autorités pour contrôle le Toulouse-Bordeaux a emporté ses » permettant d’expliquer un Le chapitre intitulé « S’occuper avant publication. Ce projet de cen- à 140 kilomètres à l’heure un retard, Web-tricheur propose une en cours » est réservé aux pério- sure préalable, qui aurait nécessité homme qui, pour mieux capter liste quasi exhaustive, allant du des noires : « Le conseil de classe la mise en place d’une lourde struc- un appel avec son téléphone décès imaginaire d’un proche aux approche et tu as décidé de venir. » ture bureaucratique, avait suscité portable, s’était placé entre lentilles de contact perdues. Pour- Web-tricheur propose une trentai- une vaste campagne de protesta- deux rails. tant, il est constaté que, parfois, ne de jeux à pratiquer en classe : le tion en Turquie et à l’étranger. – les plus efficaces sont les « excuses tennis-stylo, le foot à encre, l’escri- (AFP.) a Le British Board of Film bidon, à ne tenter que si le prof a de me au Stabilo Boss, la colle-par- Classification, la commission l’humour et qu’il est de bonne ty… Une mention spéciale est FRANCE-SÉNÉGAL de censure britannique, a coupé, humeur » : « Je triais mes cartes décernée aux calculatrices permet- a Quelques jours avant sa visite en application de la loi sur Pokemon » ; « Je me suis fait kid- tant de faire des parties de Tetris officielle en France, le président du la cruauté envers les animaux, napper, d’ailleurs il faudrait payer ou de réussite. Côté travaux prati- Sénégal, Addoulaye Wade, a accep- la scène du film Before Night Falls la rançon. » Un simple « Désolé, ques, Cyrille et Romain recom- té de répondre en direct aux ques- où un oiseau mal dressé apparaît horoscope défavorable », a provo- mandent la fabrication de sarbaca- tions des internautes, jeudi 14 juin, « clairement stressé ». qué le fou rire de la classe, contre nes à partir de stylos et de crité- de 19 heures à 20 heures, sur le site lequel le professeur n’a pas pu lut- riums, photos à l’appui. Web de Radio France Internationa- a D’après le docteur Jan ter. Pour les cas d’absentéisme che. Cyrille et Romain passent en nouvelles au service de leur cause. D’ordinaire, le site est régulière- le (RFI). Le président compte Hirschmann, de la faculté aggravé, Cyrille et Romain ont mis revue les grands classiques : la Ils ont créé un atelier en ligne de ment enrichi grâce aux contribu- notamment aborder les thèmes sui- de médecine de l’université en place un générateur d’excuses fausse feuille de brouillon, l’encre fausses étiquettes à placer sur des tions des internautes, mais, cette vants : les relations franco-sénéga- de Washington à Seattle, le divin aléatoires très sophistiqué : «Je invisible ou le classeur à couvertu- flacons de Tipex et des bâtons de semaine, la mise à jour laisse à laises, les crises en Afrique de Mozart serait mort d’une côte n’ai pas vu le temps passer, je re translucide. colle. L’aspirant-tricheur doit désirer, car Cyrille et Romain pas- l’Ouest, le rôle de l’Union africaine de porc avariée. traduisais “Guerre et paix” en Mais les deux encyclopédistes d’abord taper le texte de son anti- sent leur bac. et la démocratie au Sénégal. chinois ». sont aussi des innovateurs, capa- sèche dans la fenêtre de dialogue www.rfi.fr Christian Colombani Autre outil essentiel : l’antisè- bles de mettre les technologies du site, qui possède le même for- Julien Pot www.canalchat.com PartezPartez enen vacancesvacances avecavec Pour les suspensions ou transferts vacances : 0 803 022 021 (0,99 F TTC la minute) par Luc Rosenzweig FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE Vous êtes abonné(e) ou par Internet : [email protected] Trois points VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... IL SUFFIT, aujourd’hui, de pro- qui pensent que la source de leurs verts en débarquant sur la Côte Commune de résidence habituelle (impératif): noncer le mot « trotskiste » pour désagréments dans la vie provient d’Azur. mettre en marche le moteur para- des manigances d’une société On n’en dira pas autant de la ● Retournez ce bulletin au moins ❏ Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) 10 jours à l’avance sans oublier de noïaque d’une pensée qui se secrète attachée à leur perte. journaliste Guylaine Ottenheimer du: ...... au: ...... nous indiquer votre numéro d’abonné fonde sur la permanence d’un Michel Field, pour qui il était diffi- qui vient de publier un livre préten- (en haut à gauche de la «une» de votre ❏ Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) complot fomenté par des forces cile d’exercer son métier d’arbitre dant dévoiler l’emprise maçonni- journal). du: ...... au: ...... occultes pour tromper et asservir de débats sur le sujet trotskiste, que sur le fonctionnement des ins- Votre adresse de vacances: les braves gens. La droite parle- puisqu’il ne se cache pas d’avoir titutions de notre pays. Cette ● Si vous êtes abonné par prélève- mentaire française a fini par eu, lui aussi, quelques affinités dame, qui semble persuadée Prénom:...... Nom: ...... ment automatique, votre compte sera comprendre qu’il fallait désor- avec l’une des chapelles de cette qu’elle détient une vérité incontes- prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... mais titiller le plus souvent possi- Eglise, s’était donc rabattu sur les table, puisqu’elle affirme avoir dans le mois. Code postal: Ville: ...... ble Lionel Jospin avec cet adjectif loges qui n’abritent pas de concier- fouiné dans les recoins de cette Vous n’êtes pas abonné(e) Pour tout autre renseignement : 01.42.17.32.90 de 8 h 30 à 18 h difficilement prononçable dans ges. Avec, comme justification, nébuleuse, ne supporte pas la RECEVEZ LE MONDE SUR du lundi au vendredi, ou par Internet : [email protected] nos terroirs, pour en tirer quel- une actualité qui voit un procu- moindre contradiction apportée, Votre adresse de vacances: 101MQVAC LE LIEU DE VOS VACANCES. ques bénéfices politiques. Et, for- reur, Eric de Montgolfier, dénon- sur le plateau, par les porte-parole Retournez-nous au moins 10 jours à du:...... au: ...... cément, cela énerve le premier cer et agir publiquement contre des diverses obédiences. Elle s’agi- l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... ministre, qui s’est laissé aller, les agissements de juges relevant te, lève les yeux au ciel, lance des votre règlement. Adresse: ...... devant les caméras présentes à d’une obédience maçonnique, la regards furibards vers la caméra Code postal: Ville: ...... l’Assemblée nationale à riposter Grande Loge nationale française. lorsqu’on tente de lui expliquer DURÉE FRANCE en mettant en cause quelqu’un de Ce dernier, qui était présent sur le qu’elle a été, peut-être, un peu Votre adresse habituelle: ❏ 2 semaines (13 n°) ...... 96F/14,64F très important sans le nommer. Et plateau, impressionna par la vite en besogne accusatrice. On ❏ 3 semaines (19 n°) ...... 139F/21,19F Adresse: ...... nous voilà en pleine chicaya coha- modération de son discours, qui voit bien là les limites d’une atti- ❏ 1 mois (26 n°)...... 173F/26,37F Code postal: Ville : ...... bitationniste, dont on peut présa- visait à couper court à toute déri- tude visant à exiger la transpa- ❏ 2 mois (52 n°)...... 378F/57,63F Votre règlement: ❏ Chèque bancaire ou postal joint ger qu’elle ne va pas s’arrêter là. ve paranoïde, tout en restant très rence généralisée. Il est bon, à ❏ 3 mois (78 n°)...... 562F/85,68F ❏ Carte bancaire n°: Cela fait très longtemps que les ferme sur des positions implaca- notre avis, qu’il existe encore des

F francs-maçons servent ainsi de bles à l’encontre des petits arran- lieux préservés des caméras et de ❏ 12 mois (312 n°) ...... 1 980F/301,85 En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements support aux fantasmes des gens gements entre amis qu’il a décou- la parité. Offre valable jusqu’au 15/12/2001 60646 Chantilly Cedex RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / 39 JEUDI 14 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

22.35 Jazz Open 1995. Muzzik 16.35 Un crime dans la tête aa DÉBATS DOCUMENTAIRES John Frankenheimer (Etats-Unis, 1962, TÉLÉVISION ARTE 22.55 Quatuor à cordes, & 20.45 et 1.00 Le Club LCI. 20.15 La Vie en feuilleton. 125 min) . Cinéfaz 19.00 Voyages, voyages. Birmanie. de Maurice Ravel. aa La peine de mort aux Etats-Unis. LCI MSF Nicaragua. [4/5]. Arte Avec Cécile Brey, violon ; 17.20 L'Inconnu du Nord-Express TF 1 19.45 Météo, Arte info. Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1951, 21.00 Standardisation, 20.30 Histoires d'avions. Planète Marc-André Corny, violon ; 20.15 La Vie en feuilleton. Marie Poulanges, alto ; 100 min). TCM 17.25 Sunset Beach. la guerre des normes. Forum 20.30 Souviens-toi du futur. Frédéric Desfossez, violoncelle. 18.30 Antoine et Antoinette aa 18.15 et 1.10 Exclusif. 20.45 Thema. Sexe : les garçons et les filles [5/13]. Histoire Par le Quatuor Wolfmeier. Mezzo Jacques Becker (France, 1947, vivent-ils sur la même planète ? 21.35 et 23.10 Thema. & 18.55 Le Bigdil. 20.46 Quand les garçons parlent sexe. 20.35 La Science et la Guerre. Ennemi e 90 min) . Ciné Classics Sexe : les garçons et les filles 23.35 Soul & Acid Jazz. Au 30 Festival 20.00 Le Journal, Tiercé, Météo. 21.35 et 23.10 Débat. vivent-ils sur la même planète ? Arte de l'humanité. La Chaîne Histoire de jazz de Montreux. Muzzik 19.00 Calme blanc aa 20.50 Navarro. Jusqu'au bout de la vie. Sexe : les garçons et les filles 23.00 La nature dénaturée. 20.46 Thema. Philip Noyce (Austr., 1989, 105 min). TCM vivent-ils sur la même planète ? Quand les garçons parlent sexe. TÉLÉFILMS aa 22.40 Au cœur du scandale. L'environnement. France 3 20.30 Tout feu tout flamme % 22.15 Désirs de filles. Désirs de filles. Arte Jean-Paul Rappeneau (France, 1981, Téléfilm. David Greene . aaa 23.00 Le Tennis côté femmes. Forum & 23.50 Show People 21.00 Rachmaninov, the Secret Island. 20.30 L'Eté de Zora. Marc Rivière. Festival 105 min) . Ciné Cinémas 1 1.40 TF 1 Nuit, Météo. aa Film. King Vidor. MAGAZINES L'île secrète, portrait 20.55 Une femme sur mesure. 20.30 Le Dahlia bleu 1.10 Cathédrales. en sept variations. Mezzo Detlef Rönfeldt. %. Monte-Carlo TMC George Marshall (Etats-Unis, 1946, v.o., 100 min) &. Ciné Classics FRANCE 2 18.30 L'Invité de PLS. LCI 21.05 François Mitterrand, 22.05 Une semaine au Salon. Dominique Baron. Festival 20.45 Thé et sympathie aa 17.35 Hartley, cœurs à vif &. M6 conversations avec un président. 19.00 Nulle part ailleurs. 22.40 Au cœur du scandale. Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1956, 18.25 Nash Bridges &. Invités : Willy Sagnol ; [1/5]. On ne peut rien contre 125 min). TCM 17.10 Highlander &. David Greene. %. TF 1 19.15 Qui est qui ? Akhenaton. Canal + la volonté d'un homme. TV 5 21.00 Jules et Jim aaa 18.10 Le Caméléon &. 23.30 Passion torride. 19.50 Un gars, une fille. 19.30 et 0.30 Rive droite, 21.20 L'Homme technologique. Neal Sundstrom. !. TF 6 François Truffaut (France, 1962, 19.05 et 20.40, 20.55 Loft Story. [5/8]. Temps et mouvement. Planète 110 min) &. Paris Première 20.00 et 1.30 Journal, Météo. rive gauche. Paris Première 23.40 Mont-Oriol. 19.50 I-minute. 22.00 Un autre regard. 21.00 Place Vendôme aa Les silences dans Serge Moati. [1/2]. Festival 20.55 Envoyé spécial. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.55 Envoyé spécial. Bénin, Espagne et Turquie. Voyage Nicole Garcia. l'Eglise. Sida : Le retour du risque. 23.05 Un spécialiste, 20.05 Madame est servie &. 23.10 L'Inde fantôme, réflexions Avec Catherine Deneuve, a Henri Salvador : le rire chantant. France 2 SÉRIES Jean-Pierre Bacri portrait d'un criminel moderne 23.25 Toutes les télés. (France, 1998, 120 min) &. Cinéstar 2 Film. Eyal Sivan &. 22.35 Boléro. L'actualité des films d'amour. sur un voyage. [7/7]. Planète 0.40 Drôle de scène. 19.50 Homicide. aa Le père absent %. L'agenda vidéo. L'agenda livres. 23.10 Histoires de chevaux. Odyssée La nuit de la pleine lune. Série Club 22.10 Vivre sa vie 1.35 Nikita. La robe de mariée d'un couturier. Jean-Luc Godard (France, 1962, 1.05 E = M 6 découverte. Les clips. Invitée : 20.05 Madame est servie. 85 min) %. Ciné Classics SPORTS EN DIRECT & FRANCE 3 Pierre Pallardy. Monte-Carlo TMC Devine qui vient s'installer ? . M6 22.40 Les Hommes du président aa er RADIO 23.15 Courts particuliers. US Open (1 jour). Canal + vert 20.20 Friends. Alan J. Pakula (Etats-Unis, 1976, 16.35 MNK, A toi l'actu@. 21.00 Golf. Celui qui prenait des coups. RTL 9 & Lambert Wilson. Paris Première 125 min) . Ciné Cinémas 2 17.50 C'est pas sorcier. 20.40 Buffy contre les vampires. aa 23.25 Toutes les télés. MUSIQUE 22.50 La Toile d'araignée 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE Incantation. Série Club Stuart Rosenberg (Etats-Unis, 1975, Britain's Bitchiest Babes. That's % 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Amore. Love Love Train. Tourist Trap. 19.30 La Maîtrise de Radio France 20.50 Navarro. Jusqu'au bout de la vie. TF 1 v.o., 110 min) . Canal Jimmy 20.30 Fiction 30. 20.15 Tout le sport. Boys Meet Girls. Michael Hill. au festival Eclats de voix 1998. 21.05 Urgences. Bonne chance, 21.00 Le Gai Savoir. Michel Balivet. « Tournez manège » suédois. Avec Gilone Gaubert-Jacques, violon ; Ruth Johnson. Le faiseur de miracles. 20.25 Tous égaux. 22.12 Multipistes. Le zapping de la télé mondiale. Françoise Duffaud, violon ; Sacrée Amanda Lee. TSR 20.55 Soirée spéciale Invité : Arturo Brachetti. M6 22.30 Surpris par la nuit. Emmanuel Jacques, violoncelle. 22.15 Freaks and Geeks. « La nature dénaturée ». 23.35 Le Club. Agnès Varda. Ciné Classics Dir. Denis Dupays. Muzzik Faits divers &. Série Club 0.05 Du jour au lendemain. La Rivière Philippe Sollers (Eloge de l'infini). Film. Mark Rydell %. 23.00 La Nature dénaturée. 0.40 Chansons dans la nuit. L’environnement. 23.55 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES 0.25 Texto. Jardins d'enfance. 20.00 Concert Euroradio. 1.00 Espace francophone. Par l'Orchestre symphonique Arte France 2 Arte 1.25 Toute la musique qu'ils aiment. de la Radio de Sarrebruck, dir. Marc Soustrot. 20.45 Thema 20.55 Envoyé spécial 23.50 Show People aaa CANAL + Œuvres de Fauré, Jost, Mozart, Schubert. Daniel Leconte ne cache pas que le Octogénaire, Henry Salvador prou- King Vidor est au sommet de son 22.00 Jazz, suivez le thème. thème du débat de ce soir est une ve par le chant qu’il n’a jamais dés- art lorsqu’il réalise cette chronique 17.10 Basket-ball. 23.00 Le Conversatoire. forme de réponse à « Loft Story ». armé : Chambre avec vue, album de mœurs à la fois critique, nostal- f En clair jusqu'à 19.00 0.00 Tapage nocturne. 18.00 Dilbert &. L’émission d’Arte est d’ailleurs diffu- tout en langueurs veloutées, a gique et tendre. Il aimait passion- 23.50 Show People aaa 18.30 Canal + classique &. RADIO CLASSIQUE sée ce jeudi, en concurrence frontale relancé en 2000 la carrière d’un nément son métier. Il fit la preuve King Vidor. Avec Marion Davies, William Haines (EU, 1928, 80 min). Arte 18.40 Nulle part ailleurs cinéma. avec cette dernière. Dans « Loft » la artiste cultivant les extrêmes. que Marion Davies (Peggy Pepper) 20.40 Les Rendez-vous du soir. 0.40 Il faut sauver le soldat Ryan aa 19.00 Nulle part ailleurs &. Le violoniste Vladimir Spivakov. parole est constamment censurée, « Envoyé spécial » l’a suivi au Prin- était une femme intelligente et Steven Spielberg (Etats-Unis, 1998, 20.00 Comme un aimant a Œuvres de Prokofiev, Chostakovitch, v.o., 165 min). Cinéstar 2 Film. Akhenaton et Kamel Saleh %. Beethoven, Bach, Mozart, édulcorée. Sur Arte, ce soir, les jeu- temps de Bourges, et tente de une comédienne de talent. Des aa 0.50 Atlantic City 22.05 Lain. Psyché %. Schubert, Hartmann. nes parlent de sexe en toute liberté, retrouver les clés d’un succès très célébrités de l’époque traversent Louis Malle (France - Canada, 1980, & 22.35 South Park, le film, plus long 22.45 Les Rendez-vous du soir (suite). prononcent des mots sans tabous ni atypique dans l’industrie de la ce film. La fiction et la réalité hol- 100 min) . Cinétoile Par les Solistes de l'Orchestre de Paris. aa plus grand et pas coupé a pudeur, car c’est ainsi qu’ils parlent chanson. Henry Salvador est un lywoodiennes se rejoignent. Arte 1.10 Le Signe de la croix ? Œuvres de Jarret, Stravinsky, Gould, Cecil B DeMille (Etats-Unis, 1932, v.o., Film. Trey Parker (v.o.) . Desenclos, Mantovani, Gershwin, de sexe dans la vraie vie. drôle de paradoxe. présente une copie restaurée. 120 min) &. Ciné Classics 23.55 Golf. US Open (1re journée). Shaw, Youmans.

VENDREDI 15 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.45 Les Terres de la région nord 23.40 Johnny à la Tour Eiffel. Concert 15.45 Western aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE enregistré au pied de la Tour Eiffel, Manuel Poirier (France, 1997, du Kenya. Odyssée & 21.00 De père en fils. Forum à Paris, le 10 juin 2000. TSR 130 min) . Cinéstar 1 13.45 et 18.40 Le Journal de la santé. 22.00 Dancing in the Street. aa 22.00 Désir d'ivresse 23.45 La Traviata. Opéra de Verdi. 15.50 Le Dernier Rivage TF 1 14.05 Les Pages rouges de l'Histoire. [3/10]. So You Want Par l'Orchestre et les Chœurs Stanley Kramer (Etats-Unis, 1959, v.o., et alcoolisme. Forum to Be a Rock'n Roll Star. Canal Jimmy du Royal Opera House, 130 min) &. Cinétoile 13.55 Les Feux de l'amour. 14.35 Françoise Dolto. 15.30 Jangal. Forum 22.00 La Lettonie entre la mémoire dir. sir Georg Solti. Mezzo 16.20 Barton Fink aaa 14.45 Jalousie criminelle. 23.00 Femmes en jazz. & et l'oubli. Histoire 0.15 McCoy Tyner Ethan Coen et Joel Coen (Etats-Unis, Téléfilm. Larry Shaw . 16.00 Le Système Ikea. [4/4]. & MAGAZINES & the Latin All Stars. 1991, 110 min) . Cinéfaz 16.30 Les Dessous de Palm Beach. 16.35 Les Ecrans du savoir. 22.00 Sous la mer. aa e La Grande Barrière de corail. Voyage Festival Jazz à Vienne 1998. Muzzik 16.50 Vivre sa vie 17.25 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2 génération. 13.05 Faxculture. Rendez-vous exceptionnel Jean-Luc Godard (France, 1962, 18.15 et 1.35 Exclusif. 18.05 Le Monde des animaux. avec Jean-Luc Godard. TV 5 22.15 Grand format. 85 min) %. Ciné Classics TÉLÉFILMS 18.55 Le Bigdil. 19.00 Tracks. Spécial hip-hop. Le Journal d'Indira Berisha. Arte 18.40 L'Ennemi public aa 19.00 Nulle part ailleurs. 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 19.45 Météo, Arte info. Invités : Antoine de Caunes ; 22.25 Les Dossiers de la Crime. 19.00 Mission secrète sur Internet. William A. Wellman (Etats-Unis, 1931, & Iggy Pop. Canal + Les Nouveaux Détectives. Eric Champnella. Disney Channel v.o., 80 min) . Ciné Classics 20.50 Rêve d'un soir. 20.15 La Vie en feuilleton. MSF Le feu aux poudres. 13ème RUE 19.10 La Loi du silence aa 23.10 Sans aucun doute. Nicaragua. [5/5]. Fins de missions. 19.00 Tracks. Spécial hip-hop. Arte 20.30 Mieux vaut tard que jamais. 20.45 Le Plongeon de Véra. 23.00 Biographie. Luca Manfredi. Festival Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1953, 0.55 Les Coups d'humour. 19.30 et 0.35 Rive droite, rive gauche. Edgar Allan Poe. La Chaîne Histoire 95 min) &. TCM Téléfilm. Dominik Graf. Best of. Paris Première 20.45 Le Plongeon de Véra. aa 22.15 Grand format. 23.00 Le Combat des humbles, Dominik Graf. Arte 20.30 Lady Hamilton 20.50 Thalassa. Alexander Korda (Grande-Bretagne, FRANCE 2 Le Journal d'Indira Berisha. la libération du centre 20.45 Les flics aux trousses. & aaa Escale sur la Côte d'Opale. France 3 1941, v.o., 125 min) . Ciné Classics 13.50 Derrick. 23.45 Haut les mains Alexander Wright. RTL 9 Film. Jerzy Skolimowski (v.o.). 21.00 Top bab. de la France. [1/3]. Planète 21.00 Il faut sauver 15.55 Planque et caméra. Invité : Garnier Philippe. Canal Jimmy 23.30 Renaissance. 20.55 Rideau de feu. aa 1.00 Le Dessous des cartes. Igaal Niddam %. Monte-Carlo TMC le soldat Ryan 16.05 et 22.30 Les Jours euros. Les territoires de la Palestine. 21.00 Recto verso. Lumière et liberté. Odyssée Steven Spielberg (Etats-Unis, 1998, 22.05 La Face cachée de la Lune. 16.10 Rex. 1.15 Adieu petite Jacques Villeret. Paris Première 0.00 Pilot Guides. Rio de Janeiro. Voyage 165 min). Cinéstar 1 Josep Lluis Comeron. Festival aa 16.55 Un livre. Film. Imanol Uribe. 22.35 Bouillon de culture. 0.10 Les rythmes nous parlent. 21.00 Le Souffle au cœur La France a-t-elle encore les moyens 22.10 Jon Benêt Ramsey, un meurtre Louis Malle (France, 1971, 17.00 Des chiffres et des lettres. [1 et 2/8]. Raï. Blues. Histoire & de promouvoir sa langue parfait. Lawrence Schiller. [2/2]. TSR 115 min) . Cinétoile 17.30 et 0.15 CD' aujourd'hui. M6 et sa culture ? Invités : Yves Dauge ; SPORTS EN DIRECT 23.35 Mont-Oriol. 17.35 Hartley, cœurs à vif. 13.35 La Recette du bonheur. Bruno Delaye ; Philippe Reliquet ; & Lluís Maria Todó ; Juan Angel Torti ; Serge Moati. [2/2]. Festival 18.25 Nash Bridges. Téléfilm. Donald Kraemer . Cavanna. France 2 13.00 Motocyclisme. 23.40 Vengeance tous risques. 19.15 Qui est qui ? 15.25 Les Routes du paradis. Championnat du monde de vitesse. Andrew Stevens ?. TF 6 19.50 Un gars, une fille. 16.20 M comme musique. 23.30 On ne peut pas plaire Grand Prix de Catalogne. Eurosport [4/7]. 17.10 Highlander. à tout le monde. France 3 0.05 Michel Strogoff. 20.00 Journal, Météo, Point route. 16.00 Golf. Circuit européen. Masters Jean-Pierre Decourt &. TMC 18.10 Le Caméléon. Pilote de chasse &. féminin d'Evian (3e jour). Canal + vert 20.50 Maigret. DOCUMENTAIRES Madame Quatre et ses enfants &. 19.05 et 20.40, 1.15 Loft Story. 20.30 Volley-ball. Ligue mondiale. COURTS MÉTRAGES 22.31 Bouche à oreille. Poule A : France - Italie 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 17.25 Anciennes civilisations. er (1 match). Eurosport 0.20 Histoires courtes. 22.35 Bouillon de culture. La France 20.05 Madame est servie. [2/13]. Rome et l'antiquité. Planète & a-t-elle encore les moyens e Epidermique. Celia Canning . 20.37 Météo des plages. 21.00 Golf. US Open (2 jour). de promouvoir sa langue et sa culture ? 17.50 Souviens-toi du futur. [5/13]. Carpe diem. Elisabeth 20.38 Un jour à part. De David Bowie à Marilyn Manson : A Tulsa (Oklahoma). Canal + vert Aubert-Schlumberger &. France 2 23.55 Journal, Météo. 20.55 Stargate SG-1. les transformistes. Histoire 3.05 Basket NBA. Play-off. Finale 0.20 Histoires courtes. e Pouvoir absolu &. La lumière &. 18.05 Les Noirs dans le cinéma (5 match) : Philadelphia Sixers - SÉRIES Los Angeles Lakers. Canal + 22.35 Sliders, les mondes parallèles. américain. CinéCinémas 18.10 Le Caméléon. FRANCE 3 0.20 Live Zone. & 18.05 Le Monde des animaux. [24/24]. DANSE Pilote de chasse . M6 13.55 C'est mon choix. Animaux en danger. La Cinquième 19.25 Hill Street Blues. Poubelles 22.05 Soirée Bill T. Jones. Love Defined. 22.25 Camille Claudel aa 15.00 La Prisonnière de son passé. 18.15 Cinq colonnes à la une. Planète humaines. &. Monte-Carlo TMC % RADIO Chorégraphie de Bill T. Jones. Bruno Nuytten. Téléfilm. Mimi Leder . 18.25 L'Actors Studio. Musique de Johnston. 19.50 Homicide. Avec Isabelle Adjani, 16.30 MNK. Martin Short. Paris Première Avec Pierre Advocatoff, Thierry Allard, Pour le bien du pays. Série Club Gérard Depardieu (France, 1988, 17.35 A toi l'actu@. FRANCE-CULTURE 170 min) %. Ciné Cinémas 2 19.45 Les Mystères de l'Histoire. Elisabeth Amiel, Hacène Bahiri, 20.05 Madame est servie. 17.50 C'est pas sorcier. Nathalie Delassis, Sylvie Dhuyvetter, [1/2]. L'ex d'Angela &. M6 22.30 Les Indomptables aa 19.30 Appel d'air. A Chicago. Le commerce 18.15 Un livre, un jour. des esclaves. La Chaîne Histoire Nicolas Dufloux, Bernard Espinasse. 20.20 Friends. Nicholas Ray (EU, 1952, 120 min). TCM 20.30 Black & Blue. Quand le tango est là. Et avec Françoise Joullié, 18.20 Questions pour un champion. Invité : Gilles Anquetil. 20.00 Pilot Guides. Le Brésil. Voyage Celui qui enviait ses amis. RTL 9 22.55 Les Félins aa Dominique Laine, Philippe Lormeau, 18.45 Les Jours euros. 21.30 Cultures d'islam. 20.15 La Vie en feuilleton. Arnold Wohlschies. Mezzo 20.45 New York District. René Clément (France, 1963, % 95 min) &. Cinétoile 18.50 Le 19-20 de l'info, Météo. La fin des juifs au Maghreb. MSF Nicaragua. Journal à scandale . 22.40 Les Caméléons. Querelle de pouvoir. %. 13ème RUE 23.05 Le Dahlia bleu aa 20.10 Tout le sport. 22.12 Multipistes. [5/5]. Fins de missions. Arte Chorégraphie de Josef Nadj. 20.50 Maigret. Madame Quatre George Marshall (Etats-Unis, 1946, 20.20 Tous égaux. 22.30 Surpris par la nuit. 20.30 Angélique Kidjo. Par la Compagnie Anomalie. v.o., 100 min) &. Ciné Classics Dire je dans un corps d'homme. Avec Josef Nadj (le gardien). Mezzo et ses enfants. &. France 2 20.50 Thalassa. Escale sur la Côte d'Opale. L'amazone. Planète 23.05 Eyes Wide Shut aaa 0.05 Du jour au lendemain. 20.30 Souviens-toi du futur. 20.55 Stargate SG-1. 22.10 Faut pas rêver. MUSIQUE Pouvoir absolu. &. La lumière. M6 Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1999, [6/13]. De Gainsbourg à IAM : 154 min) ?. Canal + 23.05 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES les artisans du verbe. Histoire 21.30 Felicity. 23.45 Haut les mains aaa 23.30 On ne peut pas plaire 19.35 Betty Carter. A Montréal, en 1982. Petites embrouilles en famille. TF 6 20.35 Les Mystères de la Bible. Avec Khalid Moss ; Lewis Nash ; Jerzy Skolimowski (Pologne, 1981, v.o., à tout le monde. 18.00 Le jazz est un roman. L'Apocalypse. La Chaîne Histoire Curtis Lundy. Muzzik 22.15 Alien Nation. Generation 75 min). Arte 1.20 Toute la musique qu'ils aiment. L'auberge des songes. to Generation. &. Série Club aa 19.07 A côté de la plaque. 20.55 Mon mari est un gangster. Odyssée 22.25 Egberto Gismonti. Muzzik 0.30 Honkytonk Man Clint Eastwood (Etats-Unis, 1983, v.o., 21.00 Civilisations. Les Grandes 22.50 Ally McBeal. 20.05 Concert franco-allemand UER. 23.00 Joni Mitchell. Reach Out and Touch (v.o.). &. Téva 120 min) &. Cinétoile CANAL + Batailles du passé. [2/14]. Histoire Donné en direct, salle Pleyel, à Paris, En 1998. Canal Jimmy 0.45 Antoine et Antoinette aa et diffusé simultanément sur les radios 21.25 On nous parle 1.10 Friends. Celui qui a vu mourir 13.45 La Mouette et le Chat 23.15 Tony Bennett. Rosita (v.o.) &. Ceux qui avaient Jacques Becker (France, 1947, Film. Enzo D'Alo &. de Berlin, Sarrebruck, Leipzig et d'Amérique latine. Planète A Montréal, en 1985. Muzzik trente ans (v.o.) &. Canal Jimmy 90 min) &. Ciné Classics Francfort, par l'Orchestre 15.00 3 copains, 2 ex, 1 amour. philharmonique de Radio France, & Téléfilm. Thomas Berger . dir. Claus Peter Flo. 16.30 En toute complicité 22.30 Alla breve. Film. Marek Kanievska &. 22.45 Jazz-club. Christian Brun, guitare, f En clair jusqu'à 20.35 Baptiste Trotignon, piano, 18.00 Dilbert . Gilles Naturel, contrebasse, 18.30 Nulle part ailleurs. Bruno Ziarelli, batterie. M6 BFM Ciné Cinémas 2 20.35 Allons au cinéma ce week-end. 20.55 Stargate SG-1 22.00 Business FM 22.25 Camille Claudel aa 21.00 Dogma a RADIO CLASSIQUE % Une adaptation sous forme de Le succès de BFM, radio d’informa- Première réalisation de Bruno Film. Kevin Smith. . 20.40 Les Rendez-vous du soir. 23.05 Eyes Wide Shut aaa L'Orchestre de Meiningen. série télé du Stargate, réalisé en tion en continue, est d’abord dû à la Nuytten (1988), dans laquelle Isa- Film. Stanley Kubrick. ?. 22.30 Les Rendez-vous du soir. 1994 par Roland Emmerich, habile bonne tenue de son information éco- belle Adjani interprète Camille, 1.40 Golf. US Open. Œuvres de Bach, Reger, Elgar, Debussy. mélange de science-fiction et de nomique. Emission emblématique, femme sculteur, sœur de Paul péplum. L'équipe SG-1, sous les « Business FM » est, depuis le Claudel. Loin des réserves émises SIGNIFICATION DES SYMBOLES ordres du colonel O’Neill (Richard 21 mai, présenté du lundi au vendre- lors de la sortie du film, on ne Les codes du CSA Les cotes des films Dean Anderson), a pour mission di de 22 à 23 heures par Martial You. retient plus, dans la beauté des ima- & Tous publics aaa On peut voir de découvrir, à travers la « porte L’émission se divise en deux parties ges, que l’extraordinaire interpréta- 1.15 Small Soldiers aa % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer ? aaa des étoiles », de nouveaux mon- distinctes : l’actualité économique tion par Adjani du drame de la créa- Joe Dante. Avec Kevin Dunn, Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Kirsten Dunst (Etats-Unis, 1998, v.o., ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans des, à la recherche d’alliances pour est disséquée pendant la première tion chez une femme dont la sculp- 105 min) . Ciné Cinémas 3 ! Public adulte DD Dernière diffusion lutter contre les envahisseurs demi-heure, puis à partir de 22.30, ture tourmentée traduisait la fié- 2.15 Rocco et ses frères aaa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Luchino Visconti (Italie, 1960, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants Goa’ulds. Une réussite. débat avec un invité de marque. vreuse personnalité intérieure. 170 min) &. Ciné Classics 40

VENDREDI 15 JUIN 2001 Théo le juste Tortures en Algérie : une ancienne combattante par Pierre Georges du FLN met en cause le général Maurice Schmitt GREFFIERS DE FRANCE, ins- diction pour nous, ses deux crivez ! Jean-Marc Théolleyre adjoints, les deux Pierre, qui lui est mort, dans son fauteuil, un faisions face et tentions simple- L’ancien chef d’état-major des armées entre 1987 et 1991 dénonce « le témoignage d’une terroriste » mercredi de 2001, d’une extinc- ment de le seconder au mieux. tion de vie, un peu comme cette Deux années de petits matins L’HOMME qui a figuré pendant en transportant des armes, elle est dance, elle a été employée à Air né dans « une école à l’est de la cas- bougie de l’ultime enchère. Et et de longues journées face au quatre ans au sommet de la hiérar- chargée de déposer deux bombes à Algérie et a été conseillère munici- bah » mais qualifie les propos de nous voici tout bête, tout triste, moins chef des chefs et au plus chie militaire, sous la présidence de la pointe Pescade, à l’ouest d’Alger, pale à Alger de 1984 à 1991 sous Mme Koriche d’« affabulation ». « Je absolument mélancolique. Pen- amical, au plus doux, au plus François Mitterrand, aurait-il parti- le 18 juillet, « juste pour montrer l’étiquette du FLN, parti auquel crois, ajoute-t-il, qu’il s’agit aujour- ser à lui, c’est penser à l’hon- attentif des hommes, cela cipé à des séances de torture, en que le FLN existait après quatre exé- elle restera fidèle « jusqu’à [sa] d’hui pour le FLN de prendre une neur qu’il nous fit, à tous, de le devrait aider à comprendre cet 1957, aux pires heures de la bataille cutions capitales : il n’y eut d’ailleurs mort ». certaine revanche par rapport aux connaître, de le respecter et, homme. Sauf qu’il n’y avait rien d’Alger ? Dernière manifestation aucune victime ». Arrêtée alors échecs que nous lui avons fait subir à quelque part, de l’envier. C’est à comprendre. Et plutôt tout à publique en date de la résurgence qu’elle attend un rendez-vous de « ABSOLUMENT RIEN » l’époque. » saluer la disparition d’un maître, prendre de lui : cette trajectoire du débat sur la guerre d’Algérie, le contact avec l’organisation, elle « C’est une terroriste, c’est le Avant même la guerre d’Algérie, d’un exemple et d’un inlassable incroyablement peu banale général Maurice Schmitt, chef n’avouera que vingt-quatre heures témoignage d’un assassin, et il est le lieutenant Schmitt avait acquis artisan de la belle ouvrage. d’un juste en journalisme et en d’état-major des armées entre 1987 plus tard, comme le veulent les con- possible qu’elle ait été interrogée, une réputation de baroudeur en se Jean-Marc, Théo, Théodule justice. et 1991, est désigné par une femme signes du FLN, être l’auteur des mais pas de cette façon-là, a réagi portant volontaire pour sauter sur – et toutes ces familiarités qui Pendant toute sa vie profes- algérienne, ancienne combattante attentats. Malika Koriche sera tor- mercredi soir le général Schmitt. Je Diên Biên Phu quelques jours prénomment et surnomment le sionnelle antérieure ou presque, du FLN, comme l’un des officiers turée pendant quinze jours à l’éco- nie formellement que qui que ce soit, avant la chute de l’armée française, chagrin au bon motif de l’éva- Jean-Marc Théolleyre fut chroni- qui, en août 1957, donnaient des le Sarouy, selon son récit. « Mon sous mes ordres, ait été interrogé épisode qui lui vaudra quatre mois cuer –, fut un homme du Mon- queur judiciaire. Non pas seule- ordres aux soldats qui l’ont violen- tour, c’était la nuit, chaque soir entre dans les conditions décrites par cette de captivité. Promu capitaine en de. Un grand homme du Monde. ment pour se faire le mémorialis- tée et humiliée pour la faire parler. 21 heures et 3 ou 4 heures du matin : dame. » Déclarant que le nom de Algérie en 1958, il connaîtra ensui- Un modèle d’humaniste et de te des prétoires, et de ces mille Elle venait d’être arrêtée pour avoir ils voulaient me faire donner mes Malika Koriche ne lui dit « absolu- te une brillante carrière qui le con- journaliste. Il protesterait proba- affaires, grandes ou misérables, posé deux bombes. Sollicité par Le contacts. Je ne répondais pas, expli- ment rien », l’ancien chef d’état- duira au poste suprême de chef blement, ou alors rirait devant qu’il eut à rapporter avec le plus Monde, dans la soirée du mercredi que-t-elle, précisant : Je n’étais pas major affirme qu’il a « effective- d’état-major des armées en 1987. cet éloge, qu’il jugerait indé- méticuleux soin et la plus remar- 13 juin, le général Schmitt a nié for- antifrançaise, j’étais contre le ment été appelé, comme beaucoup, Commencée en Indochine, la carriè- cent, excessif et, pour reprendre quable distance. Non pas seule- mellement ces accusations. « J’ai colonialisme. » à travailler à remonter les filières de re de Maurice Schmitt s’est ache- une de ses sentences profession- ment pour devenir, à force de fait mon devoir de militaire en Algé- D’Alger à Pau en passant par l’organisation terroriste d’Alger » vée en 1991, lorsqu’il a commandé nelles, « confitureux ». Et il forcer le respect, le chroniqueur rie, tout en respectant le droit et en Toulon et Toulouse, Mme Koriche a mais que la compagnie qu’il diri- le corps expéditionnaire français aurait raison. Sauf qu’il a défini- le plus estimé de tous les magis- ayant le souci de sauver des vies », passé cinq ans dans les prisons fran- geait procédait par infiltration, ce dans le Golfe. Nommé à la tête des tivement tort de ne plus pouvoir trats et avocats du pays. Non a-t-il notamment indiqué. çaises. Blessée par un policier lors qui était « beaucoup plus astucieux armées en pleine cohabitation Mit- protester et rire, même de son pas même pour cette exigence Le témoignage en question a été d’un interrogatoire, elle a perdu que de taper sur les gens ». Le géné- terrand-Chirac, le général Schmitt rire triste. Et que sa disparition forcenée qui lui ordonnait, du recueilli au début du mois de juin à l’usage d’un œil. Après l’indépen- ral Schmitt admet qu’il était canton- a commandé en 1988 l’assaut con- donne cette ultime et seule occa- premier au dernier mot d’un pro- Alger par un reporter de France 3, tre la grotte de l’île d’Ouvéa, en sion de dire toute cette admira- cès, de ne jamais un seul instant Jean-Yves Serrand, pour un magazi- Nouvelle-Calédonie, où des mili- tion qu’une pudeur des vivants abandonner le prétoire comme ne « Pièces à conviction » consacré Lieutenant chez Bigeard pendant la bataille d’Alger tants indépendantistes qui avaient interdisait de lui signifier. d’autres le terrain. Et pas même à la torture en Algérie, dont la diffu- tué quatre gendarmes s’étaient Sur la fin de sa vie profession- pour cet art, professionnel, de sion, prévue tard dans la soirée du L’autobiographie du général Schmitt, publiée en 1992 chez Grasset sous retranchés avec des otages. L’opé- nelle, entre 1987 et 1989, le tricoter – et avec quel style ! – 21 juin, a été reportée au mercredi le titre De Diên Biên Phu à Koweït City, comporte un chapitre entier sur la ration, conduite entre les deux hasard – le devoir aussi – le fit ses papiers au point qu’entre 27. Ce changement de programme, guerre d’Algérie que l’auteur a vécue comme lieutenant dans une unité de tours de l’élection présidentielle, chef de service, patron des nous nous l’avions surnommé justifié, selon la chaîne, par la coïn- choc, le 3e régiment de parachutistes coloniaux du colonel Bigeard. «La avait permis de libérer ces derniers « Infos géné ». Contre son gré « l’Indémaillable ». cidence avec la Fête de la musique “bataille d’Alger” n’est pas un bon souvenir pour le régiment, je le constate. mais avait causé la mort de deux probablement, contre son goût Il fut chroniqueur judiciaire et le risque de faible audience ce Comme le terroriste a toujours raison et le policier systématiquement tort, on miltaires et de dix-neuf indépen- assurément. Du journalisme comme l’on sert la justice. La soir-là, n’est sans doute pas non retient la répression et non l’attentat terroriste. Pourtant, quoi de plus sauva- dantistes. Il fut établi, notamment debout au journalisme assis en haute idée que l’on se fait de la plus sans rapport avec son contenu ge que les attentats à la bombe qui tuent indistinctement femmes, enfants, par des révélations du Monde, somme en ces lieux, rue des Ita- justice des hommes et due aux explosif. France 3 a cependant dif- vieillards, chrétiens, musulmans ? Il faut en avoir ramassé les débris humains qu’au moins cinq d’entre eux liens, aujourd’hui occupés par hommes. Il le fut inlassable- fusé, dès mercredi 13 juin, un pour en parler », note-t-il dans les quelques lignes consacrées à cet épiso- furent exécutés par des militaires une armée de magistrats. ment. Comme en appel, à vie, extrait du reportage dans son jour- de particulier de 1957 qui, en pleine vague d’attentats du FLN, vit l’armée, français après avoir été faits Ces deux années de chefferie de l’injustice et de l’inhumanité nal de fin de soirée. De son côté, Le à laquelle le gouvernement avait confié les pouvoirs de police, « net- prisonniers. pour la cause furent assurément qui firent de ce résistant un tor- Monde a joint, mercredi soir, par toyer » presque complètement la capitale algérienne de ses « rebelles », une manière de malédiction turé et du déporté le si discret téléphone à Alger, Malika Koriche, au prix d’un usage systématique de la torture. Situant son séjour à Alger Philippe Bernard pour lui. Et une manière de béné- survivant de Buchenwald. l’ancienne moudjahide aujourd’hui entre le 20 juillet et la fin août, Maurice Schmitt explique comment il a par- âgée de soixante-douze ans qui ticipé à la neutralisation définitive de deux chefs du FLN. f www.lemonde.fr/algerie-torture évoque, « pour que la vérité soit connue », son parcours depuis cet après-midi du 7 août 1957, où elle a La SNCF poursuivie pour complicité été interpellée par des parachutis- tes et conduite à l’école Sarouy, située à proximité de la casbah dans l’Holocauste d’Alger. « Deux lieutenants, dont Schmitt, LA SNCF est poursuivie devant la arrêtée à Nice par la police, en jan- accompagnés d’un capitaine ont Cour fédérale de Brooklyn, à New vier 1944, en compagnie de sa commencé à m’interroger sans me York, pour s’être rendue complice famille, avant que tous soient trans- frapper, déclare Mme Koriche. Tout de la déportation de plus de portés à Drancy et déportés le le monde connaissait leur nom. Au 72 000 juifs et de dizaines de mil- 3 février 1944 à Auschwitz, en Polo- début, ils étaient gentils, puis, quand liers d’autres personnes vers les gne. Le voyage (convoi n˚ 67) a ils ont vu que je ne disais rien, ils ont camps de la mort entre le mois de duré une semaine. « Il n’y avait pas donné l’ordre à trois soldats de pour- mars 1942 et le mois d’août 1944, de nourriture, pas d’eau et seulement suivre. J’ai été déshabillée, jetée par révèle le New York Times dans son un seau dans un coin qui nous servait terre. Ils écartaient les jambes, bran- édition du 13 juin. Seulement 3 % de salle de bains. Une seule fois, la chaient des fils de fer dans le vagin et des déportés ont survécu. Représen- porte a été ouverte pour jeter dehors au bout des seins. A l’autre bout, il y tant une centaine de survivants ou les morts », se souvient Nicole Silbe- avait une petite boîte blanche munie leurs héritiers, un avocat de Man- rkleit, qui fut la seule survivante de d’un bouton qu’ils appuyaient. Parce hattan, Harriet Tamen, a expliqué toute sa famille. Selon Richard que j’avais réclamé à boire, un hom- que ces massacres ne se seraient H. Weisberg, l’un des avocats des me en civil a uriné dans ma bouche. autrement pas produits car « les familles des victimes et auteur du J’ai fermé la bouche, il a continué. Allemands n’avaient pas le matériel livre Les Lois de Vichy et l’Holocauste Les lieutenants ne faisaient que don- roulant nécessaire ». Harriet Tamen en France, « la définition de juif par ner des ordres ; ensuite, ils regar- a fait remarquer que la SNCF a été les Français était plus large que celle daient, faisaient les cent pas, deman- payée « par tête et par kilomètre » et des Allemands », tandis que daient qu’on me ferme la gueule que les wagons étaient choisis avec d’autres juristes soulignent que, au quand je criais trop. Il y a sept ou soin afin d’éviter toute possibilité mois d’août 1944, les déportations huit ans, j’ai su que Schmitt a été d’évasion, ajoutant que les chemins se sont accélérées afin de rattraper nommé général. » de fer nationaux français ne pou- les retards. L’ancienne militante, âgée à vaient pas ne pas connaître les con- Le cabinet d’avocats new-yorkais l’époque de vingt-sept ans, avait ditions épouvantables de transport chargé de défendre la SNCF a fait rejoint les « frères » du FLN en puisque les wagons étaient soigneu- valoir que la compagnie nationale 1956. Après avoir fait ses preuves sement nettoyés et désinfectés ne pouvait être poursuivie aux avant leur utilisation. Etats-Unis en raison des privilèges Les plaintes ont été déposées au de souveraineté et surtout parce À NOS LECTEURS. A la sui- mois de septembre devant le juge que, à partir de juin 1940, la SNCF a te d’un mouvement de grè- David G. Trager et les conclusions était placée sous le commande- ve du syndicat du Livre CGT, l’édi- transmises le 29 mai sans que le ment des forces d’occupation. Les tion du Monde du 14 juin n’a pas montant des réparations soit préci- défenseurs rappellent « les hauts paru mercredi 13 juin, comme sé. Le dossier est établi à partir de faits de résistance » de la compagnie l’ensemble des titres de la presse différents témoignages. Par exem- nationale ainsi que les 9 000 victi- quotidienne nationale. Nos lec- ple, un train a quitté le camp de mes de la lutte contre les nazis. teurs d’Ile-de-France retrouve- Compiègne le 2 juillet 1944 avec Dans les conclusions déposées le ront exceptionnellement, avec ce 2 166 « passagers » entassés dans 16 mai, la SNCF invoque l’incompé- numéro, notre guide culturel les wagons à bestiaux et, lorsqu’il tence de la juridiction new-yorkaise aden. est arrivé à Dachau trois jours plus et estime que « la version de la tard, 536 déportés étaient morts. seconde guerre mondiale fournie par Nicole Silberkleit, de Manhattan, les plaignants est pour le moins SOCIÉTÉ DES RÉDAC- avait dix-sept ans lorsqu’elle a été incomplète ». a TEURS DU MONDE. Les associés de la Société des rédac- teurs du Monde sont convoqués, a LOTO : résultats des tirages no 47 effectués mercredi 13 juin. Pre- jeudi 28 juin, à 15 heures, pour mier tirage : 1, 17, 20, 22, 32, 35 ; numéro complémentaire : 11. Rapports leur assemblée générale ordinaire. pour 6 numéros : 5 466 935 F (833 428 ¤) ; 5 numéros et le complémentai- Cette réunion se tiendra à l’Insti- re : 71 580 F (10 912 ¤) ; 5 numéros : 9 495 F (1 447 ¤) ; 4 numéros et le tut agronomique de Paris (amphi- complémentaire : 360 F (54,88 ¤) ; 4 numéros : 180 F (27,44 ¤) ; 3 numé- théâtre Tisserand), 16, rue Claude- ros et le complémentaire : 34 F (5,18 ¤) ; 3 numéros : 17 F (2,59 ¤). Bernard, Paris-5e. Ordre du jour : Second tirage : 2, 26, 27, 29, 31, 43 ; numéro complémentaire : 41. Pas de mouvements d’associés, rapport gagnant pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complémentai- d’activité du conseil d’administra- re : 185 450 F (28 271 ¤) ; 5 numéros : 4 760 F (725 ¤) ; 4 numéros et le tion, approbation des comptes, qui- complémentaire : 320 F (48,78 ¤) ; 4 numéros : 160 F (24,39 ¤) ; 3 numé- tus au conseil d’administration, ros et le complémentaire : 34 F (5,18 ¤) ; 3 numéros : 17 F (2,59 ¤). rapport de la commission des salai- res, élection de deux administra- Tirage du Monde daté mercredi 13 juin 2001 : 526 434 exemplaires. 1-3 teurs, pouvoirs à conférer, ques- tions diverses. VENDREDI 15 JUIN 2001

LE FEUILLETON A LA RECHERCHE LES VERTUS DU DEHORS DE PIERRE LEPAPE D’HENRI MATISSE La chronique « La Sagesse du singe », une biographie du peintre de Roger-Pol Droit d’Eduardo Manet et sa correspondance page VI page II ROGER VIOLLET/AFP avec André Rouveyre PORTRAITS DE FEMMES PARIS VU PAR SES ÉCRIVAINS page IX par Pietro Citati page IV page III Le métier d’historien

si un être exceptionnel grâce au saint nobles en réponse à la simple osten- dent médiéval (Fayard, 1999), Jean- de la légende du Juif errant (2000) – ou chrême, don céleste unique préservé tion des clercs. Qu’il commande Claude Schmitt est un homme de jusqu’ici non traduites, le lecteur pro- depuis le baptême de Clovis, qui lui Plus statique, l’onction au front chantiers, un meneur d’équipe, un fane s’étourdira d’une pensée ténue insuffle une force vitale. n’hésite pas à jouer des codes de la une lecture du sacre défricheur infatigable et un cher- que les variations de son objet enri- Composée pour illustrer un ordo – vraisemblance pour surinvestir le cheur trop scrupuleux pour hâter chissent sans la dénaturer. Le Saint texte qui codifie, met par écrit et cœur de ce que Jacques Le Goff ran- capétien ou réunisse ses une conclusion, caricaturer une Lévrier paraissait naguère dans une mémorise les rituels de consécration ge, avec une conviction contagieuse, leçon pour la rendre plus lisible ou « Bibliothèque d’ethnologie histori- u centre de l’image, le qui élèvent dans la sphère du sacré au nombre des « rituels de passage » travaux de recherches, plus attractive. D’où la – relative – que », Jean-Claude Schmitt penche roi reçoit de l’évêque l’onction sur le ceux qui par leurs fonctions dépas- plutôt que d’« inauguration ». Le roi modestie de sa bibliographie. Mais aujourd’hui pour l’étiquette « anthro- Afront qui en fait tout à la fois le loin- sent l’humaine condition –, l’enlumi- prie mains jointes tandis que les man- Jean-Claude Schmitt ceux qui le découvrirent par son étu- pologique ». Qu’importe ! Les cloi- tain héritier des grands prêtres et des nure ne témoigne pas strictement ches de sa tunique tombent bien de sur Guinefort, chien guérisseur sonnements ne résistent pas à un souverains d’Israël et le singulier d’une pratique ; elle en livre l’esprit et improbablement en une autre postu- milite pour une histoire d’enfants, dont le culte dans la Dom- regard sans frontières dont l’horizon parent des successeurs des apôtres. en précise le sens. A regarder de plus re d’orant. Visiblement à genoux – bes lyonnaise résista aux foudres de recule au fil des ans. Peut-il y avoir Seul laïc sacré, il est à cet instant l’in- ses pieds sortent du ouverte aux autres l’Inquisition à l’heure même où le « aboutissement » tant que l’esprit carnation d’une foi, dont il est aussi cadre central pour sacre royal fixait son idéal capétien doute et avance, faisant son miel de comptable aux yeux de l’Eglise com- Philippe-Jean Catinchi empiéter sur le volet gau- disciplines (Le Saint Lévrier, Flammarion, 1979), toutes les approches des sciences me du « peuple », dont l’acclamation che –, il semble avoir flé- savent que Jean-Claude Schmitt fré- sociales et humaines ? C’est cette foi fonde sa légitimité. Composée sans près la scène de l’onction, image du chi la jambe gauche comme s’il pre- quentera toujours davantage les inentamable dans le métier d’histo- doute à la fin du règne de Louis IX, sacre par excellence, on lit clairement nait appui sur elle, ce qui le met en quelques-uns des meilleurs médiévis- labos, les archives et les séminaires rien tel que l’a pensé Marc Bloch cette vision du monarque chrétien l’association d’un rite « féodal » et tension vers l’avant et l’onction, sans tes de la période, Jacques Le Goff que les tribunes médiatiques. Même qu’incarne aujourd’hui Jean-Claude n’établit pas seulement que le roi d’un rite « sacerdotal ». La remise de doute déjà accomplie. La précision donc, Eric Palazzo, Jean-Claude Bon- ses passionnantes synthèses sur La Schmitt. A l’heure de sa consécra- obéit à des règles qui le contraignent l’épée, indice guerrier et royal, obéit liturgique, la connaissance intime des ne et Marie-Noël Colette, qu’assiste Raison des gestes dans l’Occident tion ? strictement : s’il n’est pas « constitu- à un code très précis : le glaive nu pas- enjeux cérémoniels, la difficulté pour Monique Goulet, en charge des tra- médiéval (1990) et Les Revenants tionnel », il apparaît, à suivre de près se de la main gauche de l’évêque (cel- l’historien d’élucider chacune des ductions latines. (1994) n’ont pas suffisamment impo- LE SACRE ROYAL A L’EPOQUE chaque phase de la liturgie du sacre, le qui n’est pas armée) à l’autel qui intentions de cette représentation Document passionnant pour mesu- sé hors du cercle de ses pairs l’une DE SAINT LOUIS comme un souverain « contrac- sacralise le symbole et le rend digne disent assez l’intérêt de ce formida- rer ce qu’est théoriquement un sacre des pensées critiques les plus fines et de Jacques Le Goff, tuel », lié par les serments qui l’enga- d’un devoir de justice, puis à la main ble gros plan que propose l’analyse dans la conscience du XIIIe siècle, cet les plus rigoureuses de son temps. Eric Palazzo, Jean-Claude Bonne gent ce jour-là devant Dieu, ses repré- droite du sénéchal qui le serre contre croisée du manuscrit latin 1246 de la ordo permet de comprendre le sens Malgré l’attraction limitée de la for- et Marie-Noël Colette. sentants et ses fidèles. Elle en fait aus- lui, marque d’appropriation par les Bibliothèque nationale de France par politique et idéologique de ce mule du recueil d’articles, ces Essais Gallimard, « Le temps des moment unique, son contenu liturgi- d’anthropologie médiévale pourraient images », 360 p., 260 F (39,63¤). que. Plus rare, il dévoile la portée de être la meilleure invite à la découver- son imaginaire, les répons et antien- te. Tandis que les historiens se res- LE CORPS, LES RITES, nes psalmodiés lors de la cérémonie sourceront à des adresses exception- LES RÊVES, LE TEMPS apportant leurs couleurs aux super- nelles – Temps, folklore et politique au Essais d’anthropologie bes enluminures reproduites dans le XIIe siècle. A propos de deux récits de médiévale cahier iconographique qui ouvre le Walter Map (1984) – ou découvriront de Jean-Claude Schmitt. dossier, commandé par Jean-Claude des communications inédites – De Gallimard, « Bibliothèque des Schmitt pour la collection « Le l’attente à l’errance. Genèse médiévale histoires », 472 p., 180 F (27,44 ¤). Temps des images » qu’il dirige avec François Lissarrague. Comme un hommage – et un formidable complé- ment – au livre-phare de Marc Bloch sur Les Rois thaumaturges (1924). Est-ce à dire que l’historien doit se faire anthropologue pour mener à bien son propre projet d’investiga- tion ? On serait tenté de le croire, à suivre le parcours intellectuel de Jean- Claude Schmitt qui confesse la secrè- te autobiographie que propose tou- jours peu ou prou le recueil en volu- me d’articles composés au fil de quel- que trente années de recherche. S’il s’y résout aujourd’hui en livrant Le Corps, les rites, les rêves, le temps, c’est moins par un penchant douteux pour l’ostentation, étranger à son tempérament, que par besoin de fai- re le point sur une pratique profes- sionnelle où la rigueur de sa philoso- phie reste exemplaire. Au fil des pages et des dix-sept arti- cles retenus, retour donc sur trois décennies, où les enjeux cultures savantes/populaires, histoire religieuse/« laïque » cèdent le pas à des chantiers plus neufs – la partie « Le sujet et ses rêves » est des plus attachantes si le travail sur « Le corps et le temps » amène à évoquer le vrai défi du médiéviste : cerner les notions de « personne », de « sacré », de « corps » et d’« ave- nir », périlleux dans une conception eschatologique… D’ordinaire, « un livre d’histoire marque l’aboutissement d’une recher- che et d’une réflexion », s’excuse Jean- Claude Schmitt dès les premières lignes de sa préface. D’ordinaire… Mais, à l’instar de son maître Jacques Le Goff, avec qui il dirigea l’indispen- BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE, CARPENTRAS Onction du roi et rite de l’épée. sable Dictionnaire raisonné de l’Occi- II / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b jours, aux yeux de l’extérieur, un Cuba imaginaire et LA SAGESSE DU SINGE sentimental, symbole pour les uns de la résistance des d’Eduardo Manet. damnés de la terre à l’ogre nord-américain, résidu séni- Grasset, 300 p., 118 F (17,99 ¤) le et cruel pour les autres d’une utopie inhumaine et dévastatrice. Un mythe vivant. a Sagesse du singe est un roman construit sur Mauricio Ravel se fraie, tant bien que mal, un che- un ensemble de figures en apparence symétri- min romanesque entre ces vérités aussi évidentes qu’in- ques. Un jeu de miroirs, juste un peu faussés. La nostalgie joue certaines, ce kaléidoscope de mélanges instables. Et voi- A commencer par le nom du héros, Mauricio là qu’une nouvelle image de Cuba apparaît derrière la LRavel, qui renvoie au nom de l’auteur, Eduardo Manet. jaunissure des clichés anciens, un Cuba sans légende Etes-vous de la famille du musicien ? demandent d’em- rouge ni noire, une sorte de doublure de Puerto Rico, blée les interlocuteurs de Ravel. Et l’on devine que mil- « un pays qui marche à deux vitesses, celle de la misère et le fois Manet a dû s’expliquer sur ses éventuels liens de drôles de tours celle du dollar ». L’ouverture effrénée de l’île à la man- généalogiques avec le peintre, la quasi-similitude des ne touristique, la multiplication des hôtels de luxe, l’en- prénoms suggérant, dans l’un et l’autre cas, l’existence richissement des caciques civils et militaires du régime d’une discrète filiation culturelle entre l’artiste français communiste ont fait du Cuba de Castro un pays réelle- et son lointain écho des Caraïbes. ment irréel, une sorte d’Etat communiste sous embar- Car Ravel, comme Manet, est un enfant de l’archipel go américain, mais « librement associé » à la patrie du des Antilles. Il est né à Puerto Rico, comme son créa- dollar. teur est né à Cuba. Mais Puerto Rico est un pays à la double identité. Cette ancienne colonie espagnole arti à la recherche d’un socle sur lequel se n’est ni un pays indépendant, ni la cinquante et unième reconstruire, Mauricio voit se défaire davanta- étoile des Etats-Unis d’Amérique, « ni chicha ni limo- jamais pittoresque qu’après qu’on l’a vécue, les traduc- ge encore la trame de son identité dans un jeu na », autrement dit « ni omelette ni œufs brouillés » : tions payées comme des aumônes, les blessures de « La Sagesse du singe » est un roman infini de reflets. Il est tenté par la sagesse du sin- depuis 1952, la petite île bénéficie de l’étrange statut l’amour-propre, tout cela augmente encore sa détermi- Pge : faire celui qui n’a rien vu, rien entendu et qui sur- d’« Etat libre associé » aux Etats-Unis. La misère colo- nation, son acharnement à oublier Puerto Rico, à occul- errant, tout en directions oubliées, tout ne dit rien. Pourtant, il lui reste, outre son amour niale « librement associée » à l’arrogante richesse amé- ter l’origine, à mettre la nostalgie hors la loi. basque, cette langue française qu’il a adoptée. L’écriture ricaine. De quoi provoquer de sérieux troubles identi- en bifurcations, en dérivations, est ce qui fait tenir ensemble les morceaux du manteau taires. ais la nostalgie joue de drôles de tours. d’Arlequin. Pour emmêler un peu plus l’écheveau des origines et Un jour où l’écrivain Mauricio Ravel est en traverses. Pris dans cette errance Encore faut-il ne pas tricher avec elle. L’originalité, des cultures, la mère de Mauricio, Sarah Levi-Lopez, invité à parler devant une classe d’un col- l’authenticité du roman d’Eduardo Manet résident dans bien que ne parlant que l’espagnol et l’anglais, est la lège de banlieue, une élève martiniquaise et dans un jeu infini de reflets, son apparente absence de construction ; dans la maniè- descendante de juifs espagnols chassés par l’Inquisi- Mlui pose une question innocente : « Pourquoi écrivez- re dont le récit, comme son héros, se révèle incapable tion, mais dont les parents, devenus américains, ont vous en français, vous qui n’en aviez pas besoin ? » Et le le personnage d’Eduardo Manet de trouver son centre, sa colonne vertébrale. La Sagesse dépensé une fortune pour faire d’elle « une parfaite voilà renvoyé à des questions soigneusement enfouies du singe est un roman errant, tout en directions american jewish princess de la Côte est. » Opération ou oblitérées : « Que trahissons-nous de nous-mêmes voit son identité se défaire oubliées, en bifurcations, en dérivations, en traverses. manquée : Sarah, qui déteste les Yankees, a regagné lorsque nous abandonnons notre langue maternelle ? » Il On passe du « je » au « il », il y a des morceaux de son île natale pour consacrer son temps et son talent se sent affublé du masque du traître ; lui, le comédien, C’était un jeu de reflets assez simple. Tout change lors- roman, des lettres, des dialogues, des histoires dans les musical et poétique à défendre et illustrer inlassable- l’homme de théâtre, se soupçonne d’être le cabotin de que Manet décide d’envoyer son héros rechercher histoires, des poèmes, des morceaux de chanson, des ment, en compagnie de son chanteur de mari, la sa propre vie, de jouer un personnage, de faire comme l’authenticité de sa personne… à Cuba, et non pas à phrases en espagnol et d’autres en anglais. A aucun culture du boléro, cette caricature commerciale d’un si, d’essayer de changer de peau. Il se sent menacé de Puerto Rico. Autrement dit, Manet – qui n’est jamais moment le récit ne se pose, ni se repose, comme s’il art populaire effacé. s’effacer, de disparaître derrière l’apparence qu’il s’est retourné à Cuba depuis qu’il a quitté La Havane il y a était soumis à une loi d’instabilité, à la fois physique, A la mort de sa mère, Mauricio se sent brusquement choisie. Il flotte entre ce qu’il a renié et ce qu’il ne sera trente ans – fait effectuer à son faux double un voyage esthétique et morale. délié de ses appartenances diverses. Il étouffe dans le jamais complètement. que lui-même se refuse encore à faire. Mauricio Ravel Mauricio Ravel raconte qu’il a trois carnets. L’un, corset étroit de son île livrée à l’affairisme et, au mieux, Son histoire d’amour avec Begonia, une Basque – qui ne se sent ni la force ni le goût de retourner à bleu, contient un poème en cours sur l’obsession de l’ar- à un bavardage révolutionnaire folklorique et vain. (comme Maurice Ravel) espagnole militante, va accroî- Puerto Rico – va raconter dans une longue lettre à gent. Le deuxième, rouge, est consacré à un recueil de Che Guevara peut aussi être une sorte de boléro nostal- tre encore son malaise, poser dans la passion la ques- Begonia le séjour cubain que son auteur ne fera pas. nouvelles. Le troisième, vert, il l’appelle son « pot au gique. Ravel prend le bateau pour la vieille Europe, tion de la frontière, de la communauté culturelle, de la Mieux encore : pour comprendre le pays en profon- feu » : phrases recopiées dans des livres, idées jetées, pour la France, comptant, pense-t-il, y passer quelques défense de la langue, de la revendication identitaire. Le deur, pour s’assimiler la réalité vécue par ses habitants, conversations entendues qu’il traduit dans plusieurs lan- années pour étudier et faire du théâtre. Eduardo Français de volonté qu’il est se sent le besoin d’écrire Mauricio le comédien va utiliser encore le «Si»magi- gues. La Sagesse du singe suggère, par sa forme même, Manet, par petites touches claires et rapides, raconte « sur l’étrange attirance que cette région exerçait sur lui. que appris dans l’enseignement théâtral de Stanis- une morale de l’existence qui se rapproche de la recette comment, peu à peu, Mauricio, comme lui-même, s’est Et sur les gens qui y vivaient ». Il découvre que la France lavski. Il va s’imaginer être un Cubain rentrant au pays du pot-au-feu : modeste, multiple, équilibrée, passion- d’abord laissé doucement séduire par la France, par intérieure qu’il s’est construite « n’est qu’un fantasme, après un long exil. Il va s’imaginer être Eduardo Manet, nément modérée. « Je suis un militant de la modération Paris, par la tendresse du ciel, les possibilités d’appren- un rêve dans lequel il s’était laissé emprisonner ». par exemple. enragé », affirme en fin de compte Mauricio ; et il ne fait dre, la multiplicité des rencontres et des expériences. Ici, le roman d’Eduardo Manet ouvre une perspecti- Sommes-nous ici dans le domaine du reportage ima- guère de doute qu’il exprime ici la conviction de Manet. Puis comment la séduction s’est muée en volonté farou- ve fascinante. Jusqu’à présent, l’écrivain avait respecté ginaire, dans celui des souvenirs lointains reconstitués Etre un enragé de la mesure n’est pas dans l’air du che de s’assimiler, de se construire une patrie idéale, de les codes de ce qu’on pourrait appeler une autobiogra- puis réactualisés par les informations, nombreuses et temps, qui accorde au contraire ses suffrages aux con- s’approprier les rues, les livres, les musiques, la langue phie transposée. Moyennant quelques modifications vivement contradictoires, qui nous viennent de Cuba ? servateurs de la subversion, autrement plus conforta- enfin, puis la nationalité. Il joue, il écrit, il rêve en fran- de dates, de lieux, de circonstances et de noms, le Les deux ensemble, inséparablement. A côté du Cuba bles. On songe à Montaigne, philosophe de l’homme çais. Il est écrivain français ; sur le papier, l’accent ne romancier français d’origine cubaine se racontait – par- réel, prosaïque, dans lequel vit, peine et chante une sans définition, de l’homme libre. Montaigne qui écri- s’entend pas. Et toutes les difficultés qu’il rencontre tiellement – au travers du portrait que donnait de lui- population façonnée par plus de quarante années de vait aussi que « le vrai miroir de nos discours est le cours dans sa quête, les jours sans pain, la bohème qui n’est même un écrivain français d’origine portoricaine. dictature révolutionnaire et charismatique, il y a tou- de nos vies ».

livraisons version originale b

b LES DERNIÈRES COLONNES DE L’ÉGLISE, de Léon Bloy En 1903, l’année où paraît ce court pamphlet, Léon Bloy a cinquan- te-sept ans. L’énergie polémique et dévastatrice de l’« Entrepreneur de démolition » n’a nullement diminué. Cette fois, il s’en prend à Le texte de la Bible et sa traduction quelques notabilités littéraires – Huysmans, Coppée, Bourget, Bru- netière... – dont le grand tort et la faute consistent à se réclamer de la religion catholique, ou à jouer au plus malin avec elle. Mais le A la suite de l’article de Philip- vre. Oubli de la force, du continu. direct à l’original hébreu. Quand Quant à la Traduction œcuméni- seul vrai chrétien, aux yeux de Bloy, c’est Jehan-Rictus, l’auteur des pe Sollers sur la traduction des Qui fait du langage dans la Bible Crampon (1894-1904) traduit sur les que de la Bible, en 1965, elle visait Soliloques du Pauvre, bombardé « dernier poète catholique ». Cette Psaumes, sous le titre de Gloires une parabole du rythme dans le lan- originaux, c’est une nouveauté. Le une « fidélité exégétiquement fondée édition est préfacée par Michèle Fontana (éd. La Chasse au Snark, (éd. DDB, « Le Monde des gage en général. Où se situe le para- Maître de Sacy, en 1696, traduit du et non au sens littéral », simplement 168 p., 110 F [16,77 ¤]). Diffusée par les Belles Lettres, cette maison livres » du 18 mai), par Henri doxe des religieux, leur dualisme (la latin, et pour lui « ces écrits si divins « un français correct ». Le « natu- a inscrit à son catalogue une collection dédiée à l’histoire littéraire. Meschonnic, nous avons reçu plu- vérité, et son résidu) affaiblit l’objet ont été destinés de Dieu beaucoup rel », le « français courant » tradui- Avec une belle présentation (mais davantage de marge dans les sieurs lettres de protestation. de son propre culte. Ce qu’aggrave plus pour l’Eglise que pour les juifs ». sant surtout le dualisme de l’équiva- pages imprimées ne nuirait pas), La Chasse au Snark (27, rue de Au-delà du compte rendu et de l’antijudaïsme philologique chrétien Sur quoi fleurit la paraphrase des lence dynamique et de l’équivalence Verdun, 77440 Jaignes) a ainsi réédité récemment Contes & Facé- sa présentation, c’est en fait la traditionnel. psaumes, comme genre littéraire, formelle, c’est-à-dire du langage ties, de Gérard de Nerval, par Michel Bix (122 p., 90 F [13,72 ¤]), et conception du traducteur qui est Si respectables que soient tant de Marot à Claudel – la poésie de courant et du calque pris pour la une Correspondance entre Verlaine et Maurice Barrès, par Stépha- mise en question. C’est pourquoi d’entreprises, je ne peux que consta- poésie n’est pas finie. poésie. ne Le Couëdic et Christian Soulignac (124 p., 90 F [13,72 ¤]). On nous avons demandé à Henri ter qu’aucune traduction, à ma con- C’est du côté protestant qu’est Ainsi on a cru distinguer trois trouvera dans la même collection les Contes satiriques de Nodier et Meschonnic d’expliquer lui- naissance, ne prend comme règle venu le rapport direct à l’hébreu, types de traduction : l’une pour les De Profundis d’André Houssaye. P. K. même sa démarche. rigoureuse d’écoute, comme je fais avec Olivétan, en 1535. Sur quoi lettrés (comme celle de Dhorme), depuis Les Cinq Rouleaux (Galli- prend autre chose, la longue série une autre pour grand public (com- b LE GOÛT DE L'INACTUEL 2, de Pierre Hebey Quelques lecteurs ont protesté mard, 1970) , l’organisation du ryth- des révisions et révisions de révi- me la Bible de Jérusalem), une der- « Je n'aime que les survivances d'un monde ancien dont il n'est pas dif- contre le « chapeau » posé sur l’arti- me dans la Bible (je n’appelle ainsi sions, d’Ostervald (1744) à Segond nière en langage basique – pour ficile d'envisager la disparition », nous dit Pierre Hebey, qui prend cle de Philippe Sollers dans « Le que « l’Ancien » Testament, le res- (1874). Mais pour Olivétan, les ver- évangéliser. Plus une variante, cen- un subtil plaisir à nager à contre-courant et s'affirme assez indé- Monde des livres » du 17 mai der- te, « Nouveau Testament » – ques- sets « n’existaient pas encore », alors sée poétique (celle de Chouraqui). pendant d'esprit pour « lutter contre l'insupportable tyrannie de nier, « Gloire de la Bible ». Sollers tion de clarté). que les massorètes (les grammai- Tout en notant entre elles une certai- l'actuel ». Cette nouvelle livraison de ses « coquecigrues » confirme saluait généreusement Gloires, tra- Il y a donc à démêler des problè- riens-philologues juifs, du Ve au ne homogénéisation. ses choix, son goût pour aller dénicher chez les bouquinistes quel- duction des psaumes. Un abrège- mes. C’est seulement avec les évan- IXe siècle) en notaient déjà le nom- Je dirais plutôt qu’il y a les traduc- ques auteurs trop oubliés à qui il redonne vie le temps d'une insatia- ment regrettable semblait installer à giles qu’on a affaire à des traduc- bre après chaque livre. Et pour le tions vers l’identité, et les traduc- ble curiosité. Propos de moraliste, réflexions sur le cours de la vie à la fois une erreur et une outrecui- tions de traductions de traductions. tóhou vavóhou, Olivétan ne trouvait tions vers l’altérité. Toujours le piè- la lumière du grand âge, confidences et propos rapportés, « choses dance : il n’y aurait eu jusque-là que Bernard Dubourg (dans L’Invention rien de mieux que « Et la terre estoit ge du signe. Et rien de la spécificité vues » et choses rêvées, Pierre Hebey poursuit avec une grande élé- des traductions de traductions. L’er- de Jésus I, l’hébreu du Nouveau Testa- indisposee et vuyde ». du langage dans les psaumes : du gance de pensée et de style les vagabondages d'un témoin désabu- reur, à son tour, a donné libre cours ment, Gallimard, 1987) a, je crois, Mallarmé. sé mais pour qui la littérature reste encore source d'étonnement et à quelques débordements passion- pleinement démontré que le subs- VERS L’IDENTITÉ OU L’ALTÉRITÉ C’est ce piège que je rejette, en de plaisir (Gallimard, 286 p., 120 F [18,29 ¤]). P. Ky nels, symptômes de ce à quoi on tou- trat (grammaire, lexique, calem- Il y a donc le problème des appa- cherchant à rendre le continu ryth- che quand on vise un changement bours, codage numérique d’équiva- rences de renouvellements, le pro- me-syntaxe-prosodie, la force, et b CRÈVE MATIN, de Claude Daubercies dans la pensée du langage. Pas un lences) en était l’hébreu (pas l’ara- blème des différents types de tra- cette spécificité, le dire plus que le C’est à un fin conteur, amateur d’almanachs bucoliques et pataphy- hasard que le texte biblique soit méen), sur quoi vient le grec, puis le duction, et le problème majeur du dit. Ce qu’il fait. Et tout change. siques, et admirateur de Raymond Queneau, Marcel Béalu et André celui par qui le scandale arrive. C’est latin, puis les langues modernes. défi : il n’y a jamais eu en français Il y aura toujours plusieurs maniè- Frédérique, que l’on doit ce roman mediéval attachant et suscepti- l’occasion d’éclaircir quelques confu- Mathieu (27, 46) cite en araméen le la réussite littéraire de la King res d’entendre le langage, plusieurs ble de captiver à tous âges. En 999, « à l’aube de rien du tout », trois sions. Merci aux insatisfaits. début du psaume 22, qui est en James Version et de Luther. Et ce manières de traduire. Selon qu’on orphelins, dont le plus jeune est doté d’ouïes de poisson, cavalent à Car l’irritation a souvent débordé hébreu. n’est pas la Bible du Rabbinat, de croit qu’on traduit de la langue, ou travers un monde barbare digne de Bruegel, avec un chat télépathe du « chapeau », pour englober une Mais il y a aussi le problème de la 1899, qui a révolutionné la traduc- un poème. Où périt le vieux motif qui s’est juré d’assister cent soixante et onze ans plus tard à l’assassi- entreprise sans la comprendre ni la longue captation catholique, qui tion. Segond, protestant, est sou- qui veut que les traductions vieillis- nat de Thomas Becket à Canterbury. Ressuscitant l’art d’un langage connaître. Tout le problème de l’éru- n’accorde d’authenticité pour toute vent plus proche de l’hébreu. sent : la King James Version n’est rem- beau et ludique, cette fable sur l’intégrisme religieux initie entre dition philologique. Son savoir lui la Bible qu’à la version latine de la Le changement est venu d’une placée par aucune des traductions autres à la zigouille et aux Berdouilles (Les éditions du Bon Albert, cache son ignorance de la poétique. Vulgate. visée non confessionnelle, avec plus récentes en anglais, elle tient, 48260 Nasbinais, 164 p., 120 F [18,29 ¤]). J.-L. D. Avec la vieille surdité théologico- Ce qu’officialise le concile de Tren- Edmond Fleg (1959, 1963), qui cal- comme du Shakespeare. politique au rythme, dans son rejet te en 1546. Pour Renan encore, les que l’hébreu, et inverse l’annexion Et on revient au défi majeur. b LES BALADINS DE LA NUIT VERTE, de Chapour Haghighat du texte massorétique et de sa nota- juifs étaient les faussaires du texte en décentrement. C’est ce même cal- Comme disait Claudel, qui n’aimait Deuxième roman de l'écrivain d'origine iranienne Chapour Haghi- tion des accents (te’amim). hébreu. D’où, d’abord, des traduc- que, plus l’étymologisme (l’étymolo- que la Vulgate, « toutes les traduc- ghat, Les Baladins de la nuit verte est un conte à la fois loufoque et La critique ne consiste pas à tions seulement à partir de la Vulga- gie prise pour le sens) qui caractéri- tions françaises me font mal au grave, au cœur d'un Paris imaginaire, menacé de destruction. Poti- décrier les traductions anciennes, te. Sans oublier que les psaumes se la version d’André Chouraqui cœur ». Alors que chacun coure la chon, accompagné de son chien Paria, croise Vincent, jeune mais à reconnaître ce que fait un tex- dans la Vulgate sont traduits (1974-1977 ; 1985), accueillie belle course de faire au français ce homme fantasque en quête d'absolu. Tous deux se retrouvent au te, et ce que fait sa traduction. Plura- d’après le grec. Clément VIII en d’abord avec éloge. C’était le vieux que la King James Version a fait à café du coin où s'est installé « Le Baroudeur », un vieux profes- lité d’attitudes. Le sens du langage 1596 continue de s’opposer à ce littéralisme d’Aquila, traduisant le l’anglais. Traduire est au pluriel, seur qui s'efforce d'écrire la grande œuvre de sa vie… Le ton de ce se juge au résultat. qu’on traduise en langue vulgaire. fameux début « au commence- mais le poème est unique. Rien à roman, léger en apparence, égaye d'une touche d'humour un sujet Rétablir la vérité sur les traduc- Même Montaigne est contre. Lefè- ment » par « dans la tête » – avec voir avec la poétisation. Pour moi, il plus douloureux qu'il n'y paraît, cette course effrénée des tions de la Bible ? Trente ans que j’y vre d’Etaples traduit du latin, en Entête. Mais toujours aucune écoute est dans son rythme. Alors, après personnages, en proie à l'incertitude, pour reprendre le contrôle travaille. C’est tout le conflit entre le 1530. Et encore Frossard, en 1969. du rythme, brouillé même au con- Gloires, je me mets à la Genèse : « Au de leur destin (éd. Le Temps des Cerises, « Girofla », 206 p., 95 F signe et le poème. Le signe, sens C’est seulement en 1943 que le Saint- traire, dans une poétisation appa- commencement…». [14,48 ¤]). Fl. P. d’un côté, forme de l’autre. Du cada- Siège donne son aval au rapport rente. Henri Meschonnic littératures LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / III b Ces femmes qui voyagent de l’autre côté... A travers une série de portraits de romancières, poétesses et mystiques – Simone Weil, Thérèse d’Avila, Marie-Madeleine de’ Pazzi, Katherine Mansfield, Anna Maria Ortese... – le biographe italien Pietro Citati définit sa conception de la littérature comme « révélation de l’absolu»

en Perse ou en Italie. » Aussi n’est-ce de rompre toute mesure, une terrible PORTRAITS DE FEMMES peut-être pas la féminité qui réunit angoisse, qui ne pourra jamais s’apai- (Ritratti di donne) ces femmes d’exception, mais la ser, un amour souffrant qui ne sait à de Pietro Citati. volonté d’absolu et la capacité de qui se consacrer. » C’est jusque dans Traduit de l’italien surmonter la souffrance, qu’elle soit l’apparat du rituel, de la célébration par Brigitte Pérol, produite par l’œuvre elle-même ou d’un office resplendissant que la lit- Gallimard, « L’Arpenteur », par la fuite incessante de l’idéal, par térature, ainsi conçue, se mesure à 370 p., 149 F (22,71 ¤). cette absence qu’elles tentent de l’amour d’un Dieu absent. Comme conjurer à travers ce que, dans un Cristina Campo (dont les Impardon- ans ses carnets de notes, autre essai, Citati appelait « la lumiè- nables figurent dans la même collec- accompagnant la rédac- re dans la nuit ». tion) pour qui, selon Citati, « la per- tion des Mémoires d’Ha- Ce qu’il dit de Veronica Giuliani, il fection suprême à laquelle la littératu- drien, Marguerite Your- pourrait le signer à propos de chacu- re pouvait atteindre était l’ombre du cenar,D se justifiant d’avoir choisi un ne de ses autres héroïnes : « L’âme a couronnement royal, l’ombre de la pri- personnage masculin pour cette accompli son terrible voyage pour se d’habit de l’évêque, l’ombre de la autobiographie imaginaire, écri- trouver la lumière, et elle découvre les Missa solemnis », Anna Maria Orte- vait : « La vie des femmes est trop limi- ténèbres ou une lumière plus inquié- se couvre « la toile de perles et de tée, ou trop secrète. Qu’une femme se tante que les ténèbres ; elle a cherché rubis, d’or et d’argent, de vêtements raconte, et le premier reproche qu’on la plénitude de Dieu et rencontre son colorés et de plumes ». lui fera est de n’être plus femme. Il est absence ; elle a désiré l’amour et C’est donc surtout sur Katherine déjà assez difficile de mettre quelque connaît l’aridité. Autour d’elle il y a le Mansfield que s’attarde Citati, selon vérité à l’intérieur d’une bouche néant, qu’elle avait pensé remplir le même système d’interprétation : d’homme. » Pietro Citati aurait pu avec Dieu ; et pourtant elle sait, ou « En toutes choses, elle recherchait l’il- méditer et commenter cette remar- espère, ou rêve que ce néant, ces ténè- limité. Elle constatait désormais que que, contestable et passionnante, bres, ce non-amour constituent l’expé- le seul infini que les hommes puissent comme nombre des assertions défi- rience suprême de sa présence. » Les connaître est celui de la douleur. » Il nitives de la romancière. moments de plénitude ne sauraient n’est pas sans intérêt de comparer Les femmes qu’il a choisies pour constituer que de « brèves éterni- cette approche avec celle de Scias- ses biographies rapides et lumineu- tés », selon l’élégante formule qu’il cia qui, dans ses très siciliens FARABOLA/LEEMAGE ses (seules les pages consacrées à applique à Thérèse d’Avila. De Anna Maria Ortese dans les années 1950. portraits – Pirandello, Lampedusa, Katherine Mansfield sont abondan- même Simone Weil devait, pour De Roberto, Piccolo (1) –, glisse le tes, ayant déjà fait l’objet d’une mieux aimer Dieu, « se passer de son que toute autre, consciente. Com- tion absolue ». Comme dans l’expé- il tient un écrivain rêvé. Anna Maria nom de Katherine Mansfield pour publication séparée) sont souvent existence ». Et Citati de préciser : mentant une remarque de Woolf rience mystique, la joie et la souf- Ortese, comme Simone Weil, endos- définir Maria Messina, en s’ap- mystiques : Simone Weil, Thérèse « Comme Electre, elle préférait son sur Mrs Dalloway : « Le temps n’exis- france y sont indissociables. se la douleur du monde. La compas- puyant sur une analyse de Giuseppe d’Avila, Marie-Madeleine de’ Pazzi. absence à la présence de quoi que ce te pas », Citati prend le contre-pied L’exemple de Karen Blixen en est sion est son sentiment le plus Antonio Borgese, maître vénéré. Et c’est avec un regard centré sur ce soit d’autre. » Y a-t-il meilleure de la romancière, lui restituant, une parfaite illustration. Lorsque la naturel. Elle devait, durant les Mais Sciascia se situait, lui-même, qu’elles ont, au fond, de mystique manière de définir l’amour ? malgré elle, une dimension immaté- romancière danoise écrit, avant de derniers mois de sa vie, lutter dans une autre catégorie de constel- en elles, qu’il survole les vies de Jane Comme dans l’amour, ce mysti- rielle et métaphysique : « Aucun écri- mourir, que « parvenir à transformer frénétiquement contre la peine de lation, dans l’orbite d’autres étoiles, Austen, Virginia Woolf, Ingeborg cisme pouvait s’accompagner d’une vain peut-être n’a jamais rendu avec les événements de sa vie en récit est mort aux Etats-Unis, qui lui sem- qui avaient nom Stendhal, Savinio, Bachman, Marina Tsvetaieva, Flan- représentation de soi profondé- un tel bonheur la fluidité incessante une grande joie : le seul bonheur blait être la moins pardonnable des Jorge Luis Borges, choisissant les lec- nery O’Connor ou Karen Blixen, ment négative. Si la sœur Juana Inés du temps : un temps tout entier pré- qu’un être humain puisse trouver sur barbaries institutionnelles. Anna teurs « comme légers compagnons, dans leur folie de vouloir donner de la Cruz se nommait elle-même sent, car même le passé est ramené cette terre », le critique se hâte de Maria Ortese n’était pourtant pas comme Ariels d’un monde où tout est une réalité à leur idéal. « la pire de toutes », Simone Weil, au niveau du présent. » On n’est plus renverser la devise et de l’agrémen- une romancière sombre. Citati a en même temps simple et mystérieux, Il se défend, toutefois, d’emblée, quand elle envisageait que la grâce tout à fait dans le domaine romanes- ter ainsi d’une nuance tragique : raison d’insister sur le caractère évident et secret, “superficiel” et pro- qu’il y ait, dans le domaine de la divine l’eût élue, ne trouvait pas que. Le critique quitte le plan de la « Mais les profanes (et parfois même « clair et scintillant, allègre et fond ». mystique, une différence séparant d’autre explication : « Peut-être que narration événementielle pour iso- ceux qui écrivent) ne comprennent joyeux » de son imagination, d’une René de Ceccatty hommes et femmes : « Le premier Dieu se plaît à utiliser les déchets, les ler un autre type de fonction de la lit- pas que ce bonheur suprême est, en stupéfiante inventivité. Mais il y paradoxe de l’expérience mystique, la pièces loupées, les objets de rebut. » térature : quand elle est l’œuvre même temps, le plus grand des mal- avait chez elle une expérience spiri- (1) Portraits d’écrivains, de Leonar- plus personnelle pourtant de toutes A moins de surinterpréter sa mort d’écrivains de la stature de Virginia heurs.» tuelle incontestable, une utilisation do Sciascia, traduit de l’italien par les expériences, réside dans le fait volontaire, on ne peut toutefois pas Woolf, non seulement elle redéfinit Avec Anna Maria Ortese, dont de la littérature pour aller «de Mario Fusco (Fayard, 190 p., 120 F, qu’elle est fondamentalement la dire que Virginia Woolf fût une mys- la perception du monde, mais elle Citati analyse les trois derniers l’autre côté », comme le dit si bien [18,28 ¤]). En même temps paraît même pour les hommes et les fem- tique, sinon de l’écriture. Mais Citati fonde aussi une autre sorte de tem- romans (L’Iguane, La Douleur du Citati, et dans un voyage qui n’a rien chez le même éditeur le deuxième mes, grecs ou chrétiens, musulmans, souligne ce qui rehausse la tâche de poralité. Il s’agit là de quelque chose chardonneret, tous deux déjà tra- de consolateur : « Un très intense tome des Œuvres complètes, chrétiens ou juifs, en France, en Espa- l’écrivain à un niveau d’ascèse dont de plus qu’une haute exigence : la lit- duits en français chez Gallimard, et tourment lyrique, une douleur portée 1971-1983 (160 p., 390 F, gne, en Allemagne comme en Arabie, Yourcenar était précisément, plus térature devient « le lieu de la révéla- Alonso e i visionari, encore inédit ici), au diapason et toujours sur le point [59,41 ¤]). Chacun dans son coin Trevor toujours plus noir Douze histoires de rien du tout qui racontent ces instants Après de « mauvaises nouvelles » sur le thème du regret, l’écrivain où des hommes et des femmes prennent conscience de leur solitude irlandais hausse le ton pour offrir un petit « jeu de massacre » délicieusement cruel

mariage » sans guère en suresti- du était une collection d’accidents. inoubliable histoire où une femme, ble force. Une phrase en appelle DÉROUTES mer les richesses : « L’ignorance en Un individu était un empilement infi- TRÈS MAUVAISES s’étant séparée un peu vite d’un une autre, aussi simple et économe (Birds of America), guise de mystère ; le mystère en gui- ni de rochers sous lesquels pous- NOUVELLES meuble de famille, cherche à le de moyens, mais, insensiblement, de Lorrie Moore. se de confiance ; la confiance en gui- saient des choses. La plupart du (The Collected Stories) récupérer mais apprend, de la bou- on passe d’une situation légère au Traduit de l’anglais (Etats-Unis) se de nourriture ; la nourriture en temps, quand un homme avait envie de William Trevor che de l’antiquaire, que ledit meu- constat d’une vie broyée. Avec son par Annick Le Goyat, guise de sexe ; le sexe en guise d’amour, il choisissait une femme et Traduit de l’anglais (Irlande) ble a été racheté entre-temps par air de ne pas y toucher, son éternel Rivages, 344 p., 135 F (20,58¤). d’amour ; l’amour en guise de hai- la possédait avec précaution, sans par Katia Holmes, son mari pour sa maîtresse. sourire de vieux Britannique civili- ne ; la haine en guise de transcen- trop d’espoirs, puis il la lâchait, s’en- Phébus, 256 p., 129 F, (19,67 ¤). Tout est toujours si lisse et trans- sé, Trevor nous donne des nouvel- u’ils aillent par deux, dance. » Toujours ce mouvement dormait, s’éveillait et, une fois de parent dans la prose de Trevor qu’il les de l’humanité. dans la complicité d’un de pas chassé qui engendre un plus, elle lui échappait. » A certains n nouvelliste qui écrit est difficile d’en suggérer la vérita- Florence Noiville couple, ou par dix, dans écart, infime en surface mais gigan- moments, l’écriture se fait le reflet des romans – et non pas Q la chaleur d’un groupe, tesque en profondeur, entre ce qui de cette solitude. Les phrases, com- le contraire : c’est ainsi les personnages de Lor- s’offre aux regards et la véritable me séparées par un courant d’air que se définit William rie Moore sont toujours nature des choses. Eh bien, même froid, semblent se détacher les Trevor.U Des nouvelles, il en écrivait seuls – inexorablement. elle, même cette femme taraudée unes des autres, chacune côtoyant déjà à l’âge de quatorze ans, avant Est-ce parce que les couples ne par le cancer, ressent encore les sa voisine dans une sorte d’indiffé- d’abandonner, provisoirement, sont pas toujours aussi complices appels d’un furieux désir de conso- rence polie. l’écriture pour la sculpture. Plus qu’ils le voudraient et les groupes tard, il apprendra à conjuguer le rarement aussi chaleureux ? Ou Lorrie Moore meilleurs de ces deux arts, ciselant bien, hypothèse encore plus inquié- Née en 1957 à Glenn Falls, dans l’Etat de New ses textes comme des dentelles de tante, parce que le monde entier York, Lorrie Moore est l’auteur de deux pierre, évidant ses histoires jusqu’à n’est jamais tout à fait ce qu’il pré- romans (Anagrammes, en 1989, et Que vont l’épure, puis les polissant longue- tend être ? C’est en tout cas dans devenir les grenouilles ?, en 1995) et de trois ment jusqu’à en faire des objets cette fêlure, dans ce très léger déca- recueils de nouvelles (Des histoires pour rien,en parfaits – tout cela lui valant d’être lage entre une harmonie fantasma- 1988 et Vies cruelles, en 1991 ont précédé l’ac- récemment salué par le New Yorker gorique et la réalité, que Lorrie tuel Déroutes), tous traduits en français chez comme « le plus grand auteur Moore a subtilement introduit les Rivages. Après avoir effectué des études dans vivant de nouvelles en langue nouvelles qui composent son JOYCE RAVID les universités de Lawrence et de Cornell, elle anglaise ». recueil. Douze histoires de rien du est devenue professeur de littérature anglaise Depuis deux ans, Phébus a tout qui, sous couvert de moments à l’université de Madison, dans le Wisconsin, et entrepris de rassembler toutes les parfaitement simples et même on ses nouvelles ont été régulièrement publiées short stories de cet Irlandais de ne peut plus banals, racontent ces dans divers journaux et magazines, dont le soixante-treize ans, qui restaient instants où des hommes et des New Yorker. assez largement inconnues du femmes prennent conscience de public français. Après Mauvaises leur solitude. Le tout avec une nance avec le monde : « La chair L’ensemble, pourtant, n’est nouvelles, l’an dernier, voici donc, grande originalité de ton et beau- sur le départ s’entêtait encore, elle jamais figé, ni même vraiment tris- tout naturellement, Très mauvaises coup de justesse dans la manière renfermait un interminable adieu, te. Car Lorrie Moore a le génie des nouvelles, un clin d’œil on ne peut de dresser des portraits. sentimental et décousu. » Au fond dialogues mi-figue, mi-raisin, celui plus trevorien, l’écrivain ayant la Chacun dans son coin, les indivi- de chaque être, un bébé vorace des petites réflexions ironiques réputation d’affectionner particuliè- dus regardent le monde tel qu’il continue de hurler pour qu’on le (comme cette femme, descendan- rement la tristesse et la nostalgie. va. Ou tel qu’il ne va pas du tout, prenne dans les bras. te d’une longue lignée de profes- Rien de mièvre ici, pourtant. Au dans certains cas. Si bien qu’à eux Afin de mieux montrer la solitu- seurs et de pasteurs, dont l’auteur contraire. A Mauvaises nouvelles, tous, unis par les liens invisibles de de de ses personnages, Lorrie Moo- dit qu’elle n’avait pas l’esprit d’en- qui se présentait comme un ensem- leur désenchantement, ils finissent re présente les humains dans toute treprise : « Il n’existait pas la moin- ble de variations subtiles sur le thè- par former la grande famille désu- leur splendide opacité. Des énig- dre petite affaire prospère dans ses me du regret, répondent ces dix his- nie de ceux qui ont ouvert les mes les uns pour les autres, voilà gènes. ») et, surtout, des images sai- toires où l’on franchit un degré yeux. L’auteur, pourtant, ne les pré- ce que sont les protagonistes des sissantes. Lorrie Moore possède ce dans le registre de la cruauté ou de sente jamais comme des héros, ni nouvelles. Parmi eux, Mack, le don particulier de donner corps à la violence sourde. Derrière la poli- même comme des gens particuliè- peintre de pylônes qui vit une drô- des impressions par le biais de tesse et les apparences, derrière les rement courageux. Pour quelques- le d’histoire d’amour avec Quiltie, représentations inhabituelles. Cet- codes rigides de l’organisation uns d’entre eux, oui, l’aventure est l’avocat aveugle. « Les gens te propension, qui est celle des écri- sociale et la banalité du quotidien, consentie – mais pas pour tous et n’étaient pas des cartes routières, vains talentueux, à examiner le Trevor montre comment se trame pas forcément jusqu’au bout. songe Mack. Les gens n’étaient pas monde sous des facettes ordinaire- un « jeu de massacre » – c’est l’ex- Même pour Ruth, qui avait pour- des hiéroglyphes, ni des livres. Ils ment dérobées aux regards. pression de l’éditeur – qui n’épar- tant « décidé de laisser vivre son n’étaient pas des histoires. Un indivi- Raphaëlle Rérolle gne personne. Comme dans cette IV / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 histoire littéraire b

A la fin du XVIIIe siècle, Louis-Sébastien Mercier Paris, comme un grand livre brossait son grand orsque les écri- « Tableau de Paris » : vains disparais- sent, leurs der- « On a dit qu’il fallait niers livres pren- nent des allures respirer l’air de Paris de testament. On y cherche des pour perfectionner pressentiments et des prémonitions, comme si la un talent quelconque. mortL pouvait s’expliquer… La mort brutale d’un cycliste, l’été dernier, Ceux qui n’ont point sous le soleil des Alpes-Maritimes. Ce jour-là, le 9 août 2000, les amis visité la capitale, de Louis Nucéra ont tous eu à l’es- prit la si belle phrase d’Henri en effet, on rarement Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes… » Louis était heu- excellé dans leur art », reux. Il se sentait en forme. Il filait allègrement sur les routes, dans la écrivait-il. Mais ce tiédeur matinale. Grimpant les côtes de l’arrière-pays niçois, il statut, un peu mythique pensait peut-être au « roi René », René Vietto, l’idole de sa jeunesse, et toujours menacé le héros des Tours de France de jadis, dont il admirait l’élégance. par les cuistres, de cité C’était un mot que Louis affection- nait, avec la délicatesse. « Ce sont des arts et des artistes des gens délicats », disait-il. Dans sa bouche, ce n’était pas un mai- se double d’un autre, gre compliment. Lui-même conju- guait l’élégance du style et la déli- plus secret : celui de catesse des sentiments… Ce jour- là, il se sentait léger sur son vélo. Il muse et d’inspiratrice. venait d’achever son travail — une histoire du Lapin agile et de Mont- Car Paris, c’est aussi martre. Il prenait des grandes vacances d’écolier, ne se doutant l’élan artistique pas qu’il allait être fauché par un automobiliste pressé. et littéraire qu’il suscite. Dans les mois ou les semaines qui précédèrent, il avait écrit : HARLINGUE-VIOLLET C’est une foule « Les moments de bonheur mas- « Une boîte à musique et à mélancolie », Le Lapin agile, vers 1905. quent la fatalité. » Il citait cette de tableaux, des romans, phrase de Georges Perros : «La digressions, il saute aisément de Georges Brassens fréquentèrent Nucéra. Cela aurait pu s’appeler poésie, c’est le temps durant lequel Louis Nucéra considérait l’année 323 à un dîner (très arrosé) ce cabaret, et même Kipling, Requiem pour un ami disparu. des poèmes… Celle que un homme oublie qu’il va mourir. » avec Arletty, seize siècles plus même Charlie Chaplin – sans C’est un livre de piété presque filia- Mais Nucéra évoquait aussi «ce Le Lapin agile tard. Montmartre fut souvent la oublier le chauffeur de taxi le, mais aussi de colère et de cha- Rimbaud nomma tueur qu’est l’avenir ». Il parlait du proie des invasions. Les accalmies Mikhaïl Ivanovitch, « slave jus- grin. La colère contre les automobi- « silence de ceux qui ont fini par se de Montmartre comme ne duraient pas longtemps. «Où qu’au plus nocturne de l’être ».Il les, le destin, le scandale des absen- « la Cité belle, assise passer de tout », et qui ont « rejoint l’homme vit, écrit Nucéra, les vents « pleurait à la russe » sur le triste ces définitives. Et le chagrin, tout les terres de l’immense mystère ».Il sa résidence secondaire. méchants et les sombres jours ne dis- sort de Modigliani et de Jeanne nu. Heureusement, il reste des à l’occident… » demeure avait écrit cela à propos de son paraissent jamais. » Avec les digres- Hébuterne. Il s’interrogeait aussi mots. Il reste la littérature. Dans ami Alphonse Boudard, mort sept Avant de mourir sions, les réflexions de moraliste sur le mystère des suicides – ce journal de bord, ce portrait-sou- une source toujours mois plus tôt… Louis et Suzanne étaient le vice impuni de Louis. notamment celui de Jules Pascin. venir, Morlino rappelle, juste- (la femme de sa vie) partageaient l’été dernier, Dépeignant les ravages causés par Né en Bulgarie, d’une mère italien- ment, l’amour que Nucéra portait féconde à laquelle leur temps entre Nice et Montmar- la guerre civile entre les Arma- ne et d’un père juif espagnol, ce à la langue française. Ennemi de tre. De leur perchoir, rue Caulain- il racontait son histoire gnacs et les Bourguignons – sur peintre naturalisé américain por- toutes les négligences, il se déso- le regard et la sensibilité court, on voyait « le grand livre de laquelle les écoliers de France tait un « éternel chapeau melon lait pour une virgule de trop, com- Paris ». C’était un havre d’amitié, Louis et Suzanne étaient arrivés tirent la langue depuis des généra- anglais ». Il jouait de la clarinette me d’avoir été inattentif ou désin- viennent puiser. de rires et d’insouciance. On y à Montmartre au printemps 1964. tions –, il se demande si « le bon- ou racontait son existence pour se volte avec un ami. Il choisissait, dégustait des pasta, avec de l’excel- Ils furent tout de suite émerveillés heur de l’homme » fut la préoccu- distraire. Mais, parfois, « son souri- avec le même soin, ses adjectifs et Louis Nucéra, Francis lent bordeaux, sous la protection en découvrant le « calme provin- pation principale de Dieu, lorsque re le désertait. Sa bouche devenait ses braquets. « Le sport était sa de Cocteau, de Kessel et de Bras- cial » de la Butte, au lever du jour. celui-ci créa l’Univers. Naturelle- muette. Il se retirait, en quelque sor- madeleine de Proust, le vélo était sa Carco et Henri Calet sens, les anges gardiens, les par- « Les bruits du petit matin façon- ment, Nucéra évoque la Commu- te ». Maurice de Vlaminck, le pein- machine à explorer le temps »,dit rains de Nucéra, dont les photos naient le silence », écrit Nucéra. ne, dont Montmartre fut la forte- tre coureur cycliste et violoniste, Morlino. Lorsque Nucéra se lan- furent de ces piétons ornaient la bibliothèque. Comment mieux résumer les bon- faisait cette confiden- çait sur la route, imaginant des « Moments ensorcelés » par l’oubli jours, les fenêtres qui s’ouvrent, François Bott ce : « J’ai compris que, sprints entre Bobet et Malaparte, « qui rêvent en de tout le reste. « Comme si de se les chaises et les tables que l’on pour être un humain, il « il payait sa dette à l’enfance ». sentir ensemble pendant quelques traîne aux terrasses des cafés ? fallait ne le dire à per- C’est très joli, très exact. Il pouvait marchant » dont parle heures permettait de mieux s’accom- Rue Lepic et rue Cortot, Louis resse et le cœur. Hélas ! La rébel- sonne. » Louis Nucéra nous offre citer les vainqueurs de Paris-Rou- moder de l’étrangeté du monde. » lion fut rapidement écrasée. une somptueuse galerie de por- baix comme les œuvres complètes Léon-Paul Fargue. « L’agonie des illusions est monnaie traits. Savoureux et tragiques, les d’Henri Calet ou de Marcel Aymé. courante », mais « trop aimer la vie personnages qu’il évoque faisaient Et, pour lui, « les derniers mètres Moins connu, Georges peut conduire à d’abusives tristes- la fête pour cacher le soleil noir de d’un col ressemblaient aux ultimes ses ». la mélancolie. « Le passé est notre pages d’un manuscrit ». Grison, à la fin du Le Lapin agile avait commencé précepteur », écrivait-il, fasciné e par s’appeler Le Cabaret des Assas- par ces « ombres magiques », ces LES CONTES DU LAPIN AGILE XIX siècle, exalta le Paris sins, en 1869. Il fut baptisé ensuite « âmes hors d’âge » qu’il entrepre- de Louis Nucéra. Ma campagne, pour suivre la nait de ranimer et d’« apprivoiser » Préface de Raymond Devos, repensé par Haussmann. mode, qui était sans doute cham- à travers ses livres. éd. Le Cherche Midi, 212 p., pêtre. L’endroit était fréquenté par Souvent, on aurait envie de 98 F (14,94 ¤). Tous ont fait œuvre de Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, poser des questions à Louis sur Charles Cros, Alphonse Allais et son dernier ouvrage, mais il s’est LOUIS NUCÉRA, ACHEVÉ mémoire et de nostalgie. Clemenceau. La bohème et les absenté. Tant pis, ce sera pour une D’IMPRIMER artistes y côtoyaient les mauvais autre fois. Quelle fois ? Alors, on de Bernard Morlino. garçons. Quelques bourgeois se répète ses derniers mots : « Les Le Castor Astral, 250 p., 95 F venaient s’y encanailler. Dans les réverbères s’éteindront. L’aube far- (14,48 ¤). années 1880, le caricaturiste André dera le ciel d’une blancheur de Pier- Gill dessina, pour l’enseigne de rot. Et ce sera peut-être un autre e Signalons la réédition d’un roman l’établissement, un lapin qui avait beau jour. Malgré tout. » de Louis Nucéra, Le Greffier, paru « une bouteille de rouge à la pat- Bernard Morlino vient d’achever chez Julliard il y a trente ans (Gras- GÉRARD TURPIN Louis Nucéra devant Le Lapin agile, à Montmartre, en 1987. te ». C’est ainsi que Ma campagne un beau livre d’amitié sur Louis set, 250 p., 110 F [16,77 ¤]). s’appela désormais Le Lapin à Gill, saluait les ombres de Degas, de puis Le Lapin Agile. Racheté par Van Gogh, de Suzanne Valadon, Aristide Bruant, en 1913, le caba- d’Utrillo, de Dufy, de Léon Bloy, ret devint, selon Nucéra, le « terri- de Renoir et de tous ceux qui toire des pénombres et des fulguran- séjournèrent dans ces endroits. ces ». Il était tenu par Frédéric, un « La boue, disait Degas, les para- philosophe de bistrot qui avait pluies, les heures du soir : c’est tout « ce don magique, la présence ». de même beau. » Quant à Renoir, il Ses clients apprenaient à mettre s’inquiétait lorsque des demoisel- de l’art dans leur vie. « Certains les se présentaient pour être ses hommes, dit Nucéra, atténuent les modèles : « Pourvu que leur peau mauvaises impressions que l’espèce ne repousse pas la lumière ! » Louis humaine nous inflige ». Dans les et Suzanne eurent très vite deux années 1920, Paulo, le fils, prit la « maisons » à Montmartre, car Le succession de Frédé, le père. Ils Lapin Agile devint en quelque sor- étaient de la même école. Ils parta- te leur résidence secondaire. A l’an- geaient les mêmes ravissements, gle de la rue des Saules et de la rue comme en témoigne cette soirée Saint-Vincent, ce cabaret artisti- de 1938 où Paulo engagea tout de que (le plus ancien de Paris) était suite une jolie cliente, après qu’el- « une boîte à musique et à mélanco- le eut chanté, d’une « voix de cris- lie ». C’était un de ces lieux très tal », Parlez-moi d’amour et la priè- habités, où les mythologies, les re de la Tosca. Cette jeune femme, rêves, les fantômes se promènent qui portait une voilette, prit le en liberté. pseudonyme d’Yvonne Darle. Nucéra avait « cette tournure C’est son fils, Yves Matthieu, le suc- d’esprit qui pousse à conjuguer à cesseur de Paulo, qui a feuilleté, tous les temps le verbe appren- avec Louis, le livre de bord du dre ». Aussi, pour raconter l’histoi- Lapin agile. re du Lapin Agile et celle de Mont- Colette, Max Jacob, Apollinaire, martre, il remonte jusqu’aux Mac Orlan, Francis Carco, Cen- Romains et jusqu’au Moyen Age. drars, Marcel Aymé, Van Dongen, Comme il avait le goût et l’art des Utrillo, Picabia, Charles Dullin, histoire littéraire LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / V b Carco, un bohème à Paname Vue des toits L’écrivain de la pègre et des filles à java, le gentilhomme de la nuit, le Gabin de la poésie des bistrots Elle était la vieille maîtresse de ce flâneur faussement et des bals musette dans une belle biographie de Jean-Jacques Bedu, riche en anecdotes désinvolte, maître du détail : Paris par Henri Calet

Lapin agile qu’il écrit, en 1910, un s’évaporerait vite sans son regard) FRANCIS CARCO refrain qui deviendra l’un des DE MA LUCARNE à laquelle il ne participe qu’à pei- au cœur de la bohème grands succès populaires de l’entre- de Henri Calet. ne, transparent, volant délicate- de Jean-Jacques Bedu. deux guerres : « Le doux caboulot/ Gallimard, « Les inédits ment juste au-dessus de l’asphal- Ed. du Rocher, Fleuri sous les branches/ Est, tous les de Doucet », 318 p., te ; le livre donc, De ma lucarne, 436 p., 135 F (20,8 ¤). dimanches/ Plein de populo...» 140 F (21,34 ¤). vaut autant par ce qu’il consigne Apollinaire, Max Jacob, Roland sans en faire d’histoires, de ce qui ne gueule à arpenter le Dorgelès, Pierre Mac Orlan, e ma lucarne est un a disparu, que par ce dont il rappel- quai des Brumes, un Utrillo, Modigliani, Pascin, Picasso, recueil d’articles à la le à son insu la constance. regard voué à peindre Colette sont ses amis. Jésus la construction duquel a L’amour de Paris est un amour les tendres canailles : Caille, un inverti à gueule d’amour songé Henri Calet. De spécial. Les rengaines en témoi- mégotU vissé aux lèvres, Francis épris d’une prostituée, son premier Dma lucarne est le titre qu’il choisit, gnent, et le regard des étrangers. Carco fut le Gabin de la poésie des héros. Carco, qui s’était juré en 1956, l’année de sa disparition, Etranger intime, celui de Calet bistrots et des bals musettes, le d’« entreprendre à quarante ans un pour abouter deux articles. Le pre- l’est de l’intérieur. Ce qui le rend Brassaï du roman à apaches et roman sur François Villon », s’impo- mier (1947), publié par Combat, étrange. Paris changeant, Paris filles vénales. « Je me promets, écrit- se à moins de trente ans comme sous le titre Une vue panoramique des saisons et des quatre jeudis, il en octobre 1915 à son ami Léo- l’écrivain de la pègre et des fem- de Paris. L’autre, Un mois qui sonne Paris de tous les jours, Paris déser- pold Marchand, de foutre, en pleine mes à java. « Ce n’était pas ces filles le creux, paraît en 1952, dans Liens. tée, en vrac, giflée et Paris pavoi- gueule des bourgeois, des romans que j’aimais, mais d’abord les rues Chacun évoquant une scène que sée (Paris est une ville très fémini- musclés et pourris dont ils se léche- noires, les hôtels, les débits, le froid, l’on retrouve dans Le Tout sur le ne), Paris sa vieille liaison, il con- ront les babines. » la pluie fine sur les toits, les bars, le tout, roman. De ma lucarne est naît cette ville par cœur. Pourrait Après avoir avoué sa lassitude hasard des rencontres et, dans les donc le titre du premier volume la reconstruire pierre à pierre. de devoir « gagner son fric avec sa chambres, un air de navrant aban- des « Inédits de Doucet » – collec- Baudelaire, Léon-Paul Fargue, plume » alors qu’il aurait pu « être don qui me serrait le cœur. » tion lancée par Yves Peyré qui diri- Walter Benjamin, Jacques Réda, la taulier » à Montmartre, il meurt, ge la Bibliothèque littéraire fon- complainte de Paris a des heures en 1958, la gouaille intacte, fort de LE FANTÔME DE MANSFIELD dée, en 1913, par le couturier. de gloire. Les couplets de Calet « l’admiration des poules » et Avant qu’il n’épouse Germaine Deux manuscrits sont à l’origine sont parmi les plus dépouillés, un auréolé d’une gloire qui, juge-t-il, en 1919, puis Eliane en 1936, sa vie du texte définitif. Ils sont là, pré- certain ton Michaux, presque « m’a tout l’air d’un diplôme chez le sentimentale aura basculé un soir sentés et édités par Michel P. Sch- absents, si au détour, on ne tom- coiffeur » ! Le voyou, entre-temps, de 1913, lorsqu’il rencontre une mitt, avec postface et notes. Une bait sur : « Dix ans de perdus, dix se sera paré d’une rosette de la jeune fille rebelle et pure, native de vingtaine d’articles pour le pre- ans de retrouvés. On change, on Légion d’honneur, et aura multi- Nouvelle-Zélande, qui a fui le domi- mier, l’autre d’une cinquantaine. grossit, on maigrit, on vieillit. Plus plié les dîners mondains en vue cile conjugal : Katherine Mansfield, A l’origine, Jean Hélion devait se de tabac à volonté, ni d’anthracite, d’intégrer l’Académie française. avec laquelle s’installe une relation charger de l’illustration, mais l’af- ni de boulets, plus de douches dans Egarements dictés par la soif de troublante, inaboutie. Un « amour faire fut abandonnée. les prix doux, ni de biftecks de notoriété : sous la Coupole on le voué au désastre ». Celui qu’elle Les textes, dont l’ordre chrono- cheval… Jusqu’aux rues que l’on traita de « bouffon » et lui repro- appelait le Milord l’évoquera de logique de publication est rappelé, démarque. On finira par s’égarer IZIS cha sa science des lieux mal famés. Francis Carco en 1945. façon sarcastique à travers le per- font l’objet d’une notice érudite, dans son quartier, comme dans ses L’essentiel, pour celui que l’on sur- sonnage de Winnie dans Les Inno- persillée de commentaires très souvenirs. » A moins bien sûr nomma le « romancier de l’inquié- “sphères supérieures”, ils n’y ont guè- est telle qu’on l’attend : l’histoire cents. Il le hante encore à la fin de exactement dans le ton de l’ouvra- qu’on ne soit parti avant. tude », n’était-il pas de recevoir le re trouvé que le mépris à peine voilé d’un bohème de Paname, sur fond sa vie : « Il me semble que le fantô- ge. On complétera l’information salut des siens, cabaretiers, mar- que professent les gens du monde à de mythologies. me de Katherine Mansfield se pen- par les deux études que publie le 14 JUILLET CHEZ TATI lous, fanfarons des vices, individus l’égard des poètes tant qu’ils demeu- Né Carcopino en 1886 à Nou- che à la fenêtre et cherche à décou- même citoyen Schmitt, sur la Calet fait comme s’il se tenait à blêmes, filles errantes ; et l’hom- rent obscurs ou ne sont point capa- méa, celui que l’on affublera aussi vrir qui l’observe ainsi de si près en méthode et la manière de Calet, carreau. Il avance à cadence indo- mage rendu post-mortem par bles de payer en potins plus ou du sobriquet de « Roi des mecs » même temps que de si loin (1). » Ala dans les précieux Cahiers de la lente, allusive et clinique, sans Louis Aragon à son « nom qui se moins scandaleux l’humiliant hon- s’est goinfré tout jeune de poètes suite de leur séparation, Carco s’in- Bibliothèque littéraire Jacques Dou- folie, obstinément, follement, mélancolise ». neur d’occuper à un bout de table susceptibles de le « déniaiser » terdit toute promenade le long de cet (n˚3-4, 2000). Selon une érudi- « une écriture à la fois modeste et « Mes premiers camarades de let- une place entre un ancien ministre (Nerval d’abord), a chanté dans les la Seine, « pour ne pas me jeter à tion plutôt gaie, la littérature têtue, insistante à sa manière, sans tres tentèrent d’agrandir par le haut sans importance et une vieille caf’conc, couru le guilledou avec l’eau ». Elle, dans une lettre, plus « arrondissementière » de Calet, hausser le ton. Aigrelette si l’on le cercle de leurs relations et “belle” déodorée. Je m’amusais bien les racoleuses, fréquenté les bis- tard, expliquant un pèlerinage à lui-même en vigie dans le quator- veut, mais pas maigrelette (…) Une n’eurent pas, je crois, à s’en félici- davantage avec mes fréquentations trots d’arsouille et les bars d’éphè- Montmartre : « Je suis venue ici à zième arrondissement de Paris, écriture un peu “dragueuse”, flâne- ter », écrit Carco dans son dernier de la rue... » Documentée, riche bes. Il a écumé le Paris des assas- cause de vous... » retrouve ici tout son sel. rie faussement désinvolte » : écritu- livre, Rendez-vous avec moi-même. d’anecdotes, la biographie du sins et des peintres, du Sébasto à la Jean-Luc Douin re dont Jean-Claude Corger, au « Au lieu d’apprendre quoi que ce « gentilhomme de la nuit » que Bastoche, de la place du Tertre au LE TEMPS DES RAMONEURS seuil de Lire Calet (présenté par soit dans ce que l’on nomme les nous propose Jean-Jacques Bedu Quartier latin. C’est à la terrasse du (1) Rendez-vous avec moi-même. Paris vue de la lucarne au début Philippe Wahl, PUL, 1999), indi- de la seconde moitié du siècle der- que le rapport compliqué qu’elle nier. Cette plongée dans un passé entretient avec le vrai et le faux, le récent qui semble rejeté à des présent et le passé, le réel et le fic- années lumière, est plusieurs fois tif. Le sérieux et le drôle. livraisons nécessaire. Donc, plaisante. Sur le chemin de halage des vies « Pourquoi s’en aller au loin ? » simples, on croise divers faits b PASCIN ET LE TOURMENT, de Stéphan Lévy-Kuentz Capitale noire Comme grondait Beckett, on est divers, des petits musées bizarres, Le 2 juin 1930, après quarante-cinq ans d’une vie mouvementée, con mais pas au point de voyager. des types qui ne le sont pas moins, faite d’exil, de voyages, de femmes, de nuits blanches dans le Paris Lorsque Calet dit loin, c’est du réel des notations pour anthropolo- des Années folles, le peintre et dessinateur d’origine bulgare Pas- Georges Grison fut l’un de ces « piétons de Paris » lointain qu’il parle : « A Ménilmon- gue, et « de grandes troupes fati- cin se donne la mort. La reconnaissance – il fut célébré à New York tant, à Belleville ? Pourquoi s’écar- guées de chevaux arabes, les avant d’être élevé au rang de chef de file de l’Ecole de Paris – et l’ar- qui observa la mutation de la ville sous Haussmann ter de chez soi quand on a une ville “crouias”, en route pour les abat- gent eurent raison d’un talent qui ne parvint toutefois pas à égaler entière à domicile ? » Pensionnaire toirs de Vaugirard, sous les injures. celui de ses frères en voluptés licencieuses que furent Degas, Van ouvriers, il distingue toujours d’un huitième étage qui à cette C’était un divertissement pour les Dongen ou Forain. Défendu notamment par Paul Morand – dont PARIS HORRIBLE & entre ceux qui vont aux assom- époque domine la ville de plu- gosses ». il illustra la version de luxe de Fermé la nuit –, Carco ou Mac Orlan, PARIS ORIGINAL moirs et ceux qui n’y vont pas. Ce sieurs mansardes, à égalité avec Calet, qui est né le 3 mars 1904, avec lequel il partageait le goût pour la rue et les lieux interlopes, de Georges Grison. qui l’intéresse aussi, ce qui le fasci- les piafs, les pigeons qui ne voya- d’un père parisien et d’une mère Pascin (de son vrai nom Julius Mordecaï Pincas) a trouvé en Sté- Edition de 1882 annotée par ne, c’est le Paris des mendiants et gent plus guère, les avions de pas- flamande, adolescent en Belgique phan Lévy-Kuentz un défenseur pour le moins passionné. Si l’on Vincent-Pierre Angouillant, celui des voleurs. Il décrit ses uni- sage, déjà, mais plus bas, Calet vit occupée, évadé en 1941 après sept regrette des lourdeurs de style et quelques métaphores malheureu- Ramsay, 128 p., 149 F (22,71¤). vers avec un réel talent de conteur « parmi les hirondelles et les ramo- mois de captivité (relire Le Bou- ses, la vision toute personnelle qu’il propose mérite qu’on s’y attar- (En librairie le 22 juin.) et d’observateur auquel s’ajoute le neurs qui se téléphonent de l’un à quet), tour à tour clerc d’huissier, de pour redécouvrir à travers les dessins, et surtout les peintures, charme d’un vocabulaire folklori- l’autre par les cheminées : garçon coiffeur, coursier, statisti- une des figures (trop oubliées) de la bohème artistique de l’entre- ar petites touches de déli- que. Ainsi, il ne faut pas confondre “Hohé !”» cien, directeur d’une usine de céra- deux-guerres (éd. La Différence, 108 p., 98 F [14,94 ¤]). Ch. R. cates aquarelles à la le mendiant sabouleux et le batteur Il n’y a plus de ramoneurs. Com- mique électrotechnique, journa- façon des Croquis pari- de dig-dig, le voleur à l’emplâtre et me eux, plein de détails, de gens, liste solo, écrasé de surcharge pon- b Signalons également deux ouvrages récemment parus. Dans siens de Huysmans, ou celui à la vrille. de tabliers, de modes de vie, de dérale et d’embrouilles amoureu- un livre à la conception un peu curieuse, dont le titre, Paris, vieil dansP l’esprit du Piéton de Paris de Car « Paris n’est pas seulement le façons de marcher, de voix, de ses, amant de Paris comme océan, est inspiré de Lautréamont, Bernard Fricker (décédé en Léon-Paul Fargue, qui relie le pas- Paris brillant, pimpant, viveur et métiers, d’esprits de quartier, d’ac- d’autres le sont des chats ou du 1996) propose une large anthologie de textes littéraires sur la capi- sé au présent avec un rien de mer- tapageur du boulevard des Italiens, cents, ont disparu corps et corps. musette, paresseux auteur prolixe tale. Cela va de Lulle et de Rabelais à Miller, en passant par Nerval, veilleux, il y a bien des façons de de l’avenue de l’Opéra et des En fait, le livre, mosaïque de cho- de La Belle lurette,deMonsieur Hugo, Huysmans, Apollinaire et Reverdy. Paris, comme source per- décrire une ville, de saisir son Champs-Elysées : il renferme aussi ses vues, le plus souvent inessen- Paul et des Grandes Largeurs, tire pétuelle d’inspiration… (Les Belles Lettres, 332 p., 130 F [19,82 ¤]). esprit. Georges Grison le Paris désolé, affamé, désespéré, tielles, donc centrales, et vues par sa révérence en 1956, semblant à Antoine Spire et Nicolas Martin ont rassemblé des contributions (1841-1928), auteur de romans aus- effroyable des quartiers sombres, un décentré, un discret excentri- jamais sortir en dansant d’un film diverses sur le nouveau quartier Paris Rive gauche, dans Questions si oubliés que lui, a la sienne qui infects et moisis, où des milliers que, qui semble à la fois être l’orga- de Tati, un 14 juillet. à Paris (éd. Le Bord de l’eau, diff. Vilo, 224 p., 100 F [15,24 ¤]). est influencée par l’œuvre d’Haus- d’êtres humains, sans feu, sans pain, nisateur de la scène (scène qui Francis Marmande smann pour ce qui est de l’apparen- sans force et sans espoir, végètent en ce et par la Commune pour ce qui attendant la fin... ». est de l’esprit. Il « s’enthousiasme Des jargons de métier ou de pour les “réhabilitations” à coups milieu social, des descriptions d’un de pioche », ne regrette pas le Paris univers disparu, des anecdotes qui disparu. La nostalgie n’est pas son émeuvent comme ces vieilles pho- fait, cependant qu’à l’instar de tos de famille où le chapeau de la ceux de ses contemporains qui cousine fait sourire… c’est tout allaient bientôt être dits intellec- cela le charme de cet ouvrage dont tuels, il réagit aux souvenirs de la la réédition est accompagnée d’il- Commune en défenseur de l’ordre lustrations contemporaines de Gri- moral. S’il ne fait pas toujours la son et d’autres d’aujourd’hui. Ces différence entre misère et délit, dernières, accompagnées des pauvreté et malfaisance, il n’est notes de Vincent-Pierre pas sans commisération pour l’en- Angouillant, nous portent à une semble de cette « populace » qu’il sorte de seconde lecture. La misère décrit au cours de ce voyage dans de gamines prostituées sur les bou- une capitale dont il retient surtout levards, le spectacle de sans-logis ce qu’elle a d’odieux et d’exécra- sur les trottoirs, des gamins qui ble. volent et pillent au service d’adul- Il est vrai que dans ce Paris fin tes qui les frappent… Grison a une de siècle, il a de quoi exercer sa ver- telle façon de décrire ces scènes ve, de quoi alimenter son esprit cri- qu’il nous piège. L’auteur de 1882 tique, qui ne s’en prend pas unique- nous conduit à ouvrir les yeux sur ment aux quartiers miséreux. Il le Paris actuel. Les assommoirs ne insiste : « Paris horrible n’a pas sont plus ce qu’ils étaient, mais il y besoin d’être toujours en guenilles. Il a toujours des assommés. Du Paris porte parfois une redingote et des dont Grison dit qu’il est fou d’ima- gants. » Mais l’essentiel de son pro- giner qu’en « abattant une baraque pos s’attache à la ville des petits (on fait) disparaître tout ce qu’il y a métiers, des caboulots pour étu- d’ignoble dans cette maison », il res- diants pauvres, et quand il évoque te quelque chose. le monde des petits artisans, des Pierre-Robert Leclercq VI / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 La chronique

de Roger - Pol Droit b

la possibilité de s’installer dans PHILOSOPHIE Quel rapport entre l’instant présent, deviennent en D’UN RETOURNEMENT la peau et la Chine ? effet décisives. de François Dagognet. Les vertus du dehors La sagesse chinoise suggère des Ed. Encre marine, 118 p., solutions qui se tiennent pour ain- 98,39 F (15 ¤). Les deux sont, pour nous, si dire en dehors de la notion générale de temps. Sortir de ce DU « TEMPS » à l’extérieur. « pli du temps » où s’est dévelop- Eléments d’une philosophie pée notre histoire intellectuelle du vivre Prendre en compte autant qu’affective ou politique, de François Jullien. ce serait aussi échapper à la thé- Grasset, « Le Collège de l’importance et matique du « souci », s’orienter philosophie », 216 p., vers ce que François Jullien nom- 135 F (20,58 ¤). l’étrangeté des dehors, me « une insouciance qui ne soit pas une fuite ». Cet accès, en Chi- ’interne, l’intime, le plus c’est dire adieu à toutes ne, est sans phrases, presque protégé, le mieux caché, impensable. Pas moyen de répon- l’inaccessible à toute sortes de faux problèmes. dre aux questions de la philoso- L observation, est-ce vrai- Et ouvrir la pensée phie, à ses exigences d’explica- ment cela le plus précieux ? Une tions et de discours démonstra- ligne de pensée ancienne et tena- tifs. D’où la question : sagesse et ce n’a cessé de le faire croire. L’es- a-t-on vu François Dagognet s’in- philosophie pourraient-elles se sentiel, à l’entendre, résidait téresser en philosophe aux rencontrer ? Est-il envisageable au-dedans, dans quelque secret cailloux, à la bakélite, aux maniè- de surmonter l’opposition entre central se dérobant au regard. res de classer, à la peau, aux poils, le silence de l’une, heureuse Cette supériorité valait pour l’hu- aux ongles, à la forme des verres d’une pratique sans mots, et le maine psychologie (le for inté- de bistrot et des couverts de flot de paroles de l’autre, tou- rieur), pour les conceptions de table, aux ordures, aux déchets. jours inquiète d’une théorie à l’organisme (le milieu intérieur) Entre autres ! En repartant de tou- démontrer ? La réflexion, dans ce aussi bien que pour les idées. En tes ces formes de dehors, il a su livre, n’est qu’entamée. Elle est ce dernier domaine, il s’agissait montrer – de manière à la fois évidemment destinée à se pour- toujours de viser l’essence, d’aller rigoureuse, provocante et ironi- suivre : l’enjeu est de taille. directement au cœur intelligible que – que l’extérieur nous trans- Ces deux essais fort différents des faits, par-delà les apparences. met les informations les plus n’ont pas seulement en commun La directive d’ensemble – sous importantes. Selon ce philosophe un intérêt pour le dehors comme des formulations variables selon paradoxal et défricheur, tout ce Enfin certains artistes contempo- apparaître l’étrangeté de nos Il se trouve que la pensée chi- pour un thème nouveau, une pré- les philosophes – était bien de ne qui est visible, externe, offert à rains (notamment Christo, manières de penser au moyen noise s’en passe fort bien. Elle occupation générale. Ils mettent pas se laisser distraire par les for- l’observation directe ou indirecte, Arman, le groupe Supports-Surfa- d’un détour par la Chine, où bien n’ignore pas le « moment » (le sai- en œuvre une certaine manière mes sensibles, les surfaces, les contient en effet les richesses et ces) confirment aux yeux du philo- des questions qui nous taraudent sonnier, l’opportun) ni la de sortir, c’est-à-dire d’ouvrir la images. Le penseur devait s’appli- les inventions les plus grandes. sophe la victoire présente d’une ne se sont jamais posées. Dans « durée ». Mais elle n’a pas forgé pensée à des domaines négligés, quer à négliger la diversité des Un pas encore, l’intériorité sera pensée du sensible. A travers la l’une de ses dernières publica- la catégorie abstraite du temps, des faits oubliés, des cultures ou matières inertes, la créativité des presque une fable. En tout cas, le diversité de ces exemples, il s’agit tions, il y a seulement quelques englobant la totalité des expérien- des connaissances jugées autre- tissus vivants, l’inventivité des privilège insigne accordé à l’inti- de discerner un même passage mois, François Jullien mettait en ces de la durée et leur succession, fois indignes de la majesté philo- objets humains. Ces chatoie- mité risque de devenir une légen- vers le dehors. François Dago- lumière, à partir de son absence pas plus qu’elle n’oppose, comme sophique. Les y élever ne suffit ments infiniment variés n’étaient de sans intérêt. gnet ne nie évidemment pas l’inté- dans la culture chinoise, le sens nous ne cessons de le faire, futur, pas, après les avoir sortis de que leurres. De pauvres ombres, Ce retournement, le dernier riorité. Ce serait excessif et absur- du nu dans l’art et l’imaginaire passé et présent, la langue chinoi- l’oubli ou de l’abjection. C’est au des tromperies, des obstacles. livre de François Dagognet le don- de. Mais il conteste son caractère occidentaux (1). Cette fois, selon se ne conjuguant pas. On aurait contraire cette majesté même qui Derrière, dessous, au centre rési- ne à voir de manière éclatante sur ineffable. Il combat sa prétendue un schéma semblable, il interroge tort de croire que l’ouvrage s’en est en cause. La tâche essentielle dait ce qui compte et vaut la pei- quelques domaines fort divers. supériorité, abusivement valori- une conception profondément tient là. Son principal intérêt est consiste donc à prendre appui sur ne qu’on s’y intéresse, par exem- Ainsi la botanique fournit-elle sée. A ses yeux, l’intérieur ne ces- enracinée dans la métaphysique au contraire de déboucher, d’une ces « dehors » multiples pour ple l’âme, le propre, l’idée. l’exemple d’une vie qui ne cesse se de passer à la surface, de s’y grecque, celle du temps. Sans dou- manière inattendue et novatrice, reconsidérer de manière critique Le grand mérite de l’œuvre sin- de s’orienter vers le dehors. Ainsi manifester. A ceux qui veulent te le XXe siècle a-t-il tenté de pen- sur la question des limites respec- et distanciée les plus profonds gulière et prolifique de François les emballages, du flacon modes- scruter le dedans, il suffirait donc ser autrement le temps, ne serait- tives de la sagesse et de la philoso- ancrages de notre propre Dagognet, c’est d’avoir rompu te aux contenants sophistiqués, de devenir, enfin, attentifs au ce qu’avec Bergson ou avec Hei- phie. Comment passe-t-on de la « dedans ». Bon nombre d’autres avec ces préjugés en portant l’at- permettent-ils de comprendre dehors. degger. Toutefois, souligne Fran- question du temps à cette derniè- chercheurs s’y emploient. Car en tention, systématiquement, de que tout se joue dans les surfaces. Cette maxime pourrait être éga- çois Jullien, dans aucune de ces re confrontation ? Schématisons. ces parages ce n’est pas le travail livre en livre, depuis plusieurs Ou bien les vêtements et leurs lement celle de François Jullien, tentatives n’a été questionnée la La réflexion sur la temporalité est qui manque. décennies, sur tout ce que la méta- constantes évolutions aident à sai- en un sens notablement différent. notion même de temps, telle que à cœur des règles de vie. Quand il physique de l’intériorité et des sir que le « moi » est un proces- Philosophe et sinologue, il s’em- nous l’avons héritée, pour savoir s’agit de savoir comment vivre, (1) De l’essence du nu, Seuil, 2000. Voir arrière-mondes a laissé de côté, sus visible et changeant, non une ploie en effet, d’une manière si elle constituait bien un élément les interrogations sur la disponibi- « Le Monde des livres » du 17 novem- et dévalorisé, et méprisé. Ainsi substance immuable et cachée. désormais bien connue, à faire absolument indispensable. lité au moment qui s’offre, ou sur bre 2000. Sur les rails de la collaboration L’air de la défaite Un portrait de la SNCF des années noires qui contribue Après la littérature ou le cinéma, la musique à éclairer sur les rouages de l’Etat vichyssois sous Vichy est l’objet d’une première synthèse réussie

consciente des rapports entre histoi- ici l’absence) montrent la fécondité UNE ENTREPRISE PUBLIQUE re, mémoire et justice, démarche LA VIE MUSICALE de ces premières approches qui DANS LA GUERRE : dont il sera lui-même une trace. SOUS VICHY savent hiérarchiser les informations. LA SNCF 1939-1945 Après une présentation détaillée des sous la direction Seul Alfred Cortot, véritable direc- PUF, 448 p., 149 F (22,71 ¤). archives disponibles, qui vise à désa- de Myriam Chimènes. teur de la musique avant l’heure, a morcer les soupçons et les fantasmes Ed. Complexe-IHTP/CNRS, droit à une monographie – excellen- ctobre 1944. Les opéra- que le sujet provoque parfois, les « Histoire du temps présent », te, signée Myriam Chimènes –, la teurs de France-Libre contributions brossent le portrait 420 p., 189 F (28,81 ¤). réflexion sur l’hymne (Nathalie Actualités installent leurs d’une entreprise qui devint l’instru- Dompnier) bouscule les certitudes O caméras sur le quai d’une ment efficace d’une collaboration fer- uverte symboliquement fabriquées a posteriori, et l’on s’atta- gare du Loir-et-Cher au nom célè- roviaire d’Etat, sous le contrôle étroit par une étape au Palais che à comprendre la politique des bre : Montoire. Revenant sur les d’une administration allemande for- Garnier, la visite d’Hitler commandes officielles sans l’œil de lieux où, par une poignée de main, te de 4 000 fonctionnaires. Les histo- O à Paris, le 23 juin 1940, l’avocat général ou la naissance des Pétain manifesta son engagement en riens se penchent également sur la scellait l’image d’une vie musicale Jeunesses musicales de France faveur de la collaboration d’Etat, les communauté cheminote, pilier de des années de guerre placée sous (1942) sans simplisme stupide. cinéastes se heurtent à une difficulté l’action et de la mémoire de la Résis- la marque de la collaboration ; ce Récemment, François Porcile de mise en scène : rien ne rappelle tance. Malgré sa création récente que la fortune rapide de Maréchal, achevait sa Belle époque de la musi- l’importance de l’événement politi- (1937), la SNCF des années noires est nous voilà ! – hymne de substitution que française (Fayard, 1999) sur la que dans le paysage d’une banale déjà solidement cimentée par une à une Marseillaise dévoyée – confir- mort, à quelques heures de l’armisti- petite gare de province, choisie pour culture corporatiste, dans laquelle mait dans l’opinion publique. Ces ce, de Maurice Jaubert et Jehan sa proximité de la ligne de démarca- Georges Ribeill voit la matrice des chromos et lieux communs méri- Alain et le vote des pleins pouvoirs à tion et la possibilité, en cas d’attaque attitudes des personnels, cadres diri- taient d’arrêter le chercheur alors Pétain à l’Opéra de Vichy. Pour aérienne, d’évacuer le train blindé geants et ouvriers, face aux exigences que l’histoire culturelle, depuis plus temps plus sombres, il était nécessai- d’Hitler dans un tunnel proche. Aussi des occupants. Cette hypothèse, de dix ans, a fait du temps de l’Occu- re de voir historiens et musicolo- les cheminots vont-ils devenir les nuancée et discutée lors du colloque, pation le terrain favori de sa prati- gues travailler ensemble à établir la héros du reportage. Le commentaire a le mérite de rappeler que l’histoire que pionnière. Après la littérature, première esquisse d’une vision cultu- de Montoire emploie à l’envi des des relations entre chemins de fer et le cinéma, le théâtre, les arts plasti- relle globale. Si, naguère, Pascal métaphores ferroviaires pour expli- pouvoir doit être envisagée sur la lon- ques et même le folklore (Christian Huynh s’y essaya en solo pour pré- quer comment Pétain emprunta gue durée. Pourvoyeur de serviteurs Faure, 1989), la vie musicale sous senter La Musique sous la République l’aiguillage qui engageait la France de la République (Raoul Dautry, Vichy connaît donc sa première évo- de Weimar (Fayard, 1998), gageons sur les rails de la collaboration. Il Louis Armand) et de l’Etat Français cation synthétique grâce à la publica- que le chantier, dont cette publica- n’avait pas compris le signal du chef (Jean Berthelot), le chemin de fer est tion des actes d’un colloque qui s’est tion inaugure la fortune éditoriale, de gare qui agite son drapeau pour un laboratoire où s’inventèrent théo- tenu en 1999 au terme de quatre ans s’avérera des plus féconds, tant la les caméras : « Attention, danger ! ». ries et pratiques articulant l’efficacité de séminaires. pertinence des communications sug- Tout en accordant ainsi aux chemi- de l’action publique, la régulation de Le plan adopté indique la volonté gère à la prompte maturité de la nots, rétrospectivement, la lucidité systèmes techniques complexes, le claire de mise en forme d’une recherche sur ce qui fut plus de cin- politique dont manqua le Maréchal, management des hommes et l’inven- réflexion éparse mais déjà bien loin quante ans un no man’s land désolé. Montoire est muet sur l’attitude de tion du territoire par l’aménagement de n’être que balbutiante. La musi- Philippe-Jean Catinchi ces hommes qui virent passer les pre- d’un réseau de communication. que a-t-elle participé à la politique miers convois transportant les juifs Placée dans le contexte de la colla- d’encadrement et d’embrigadement de la zone sud dans les conditions boration, et ayant à cœur de ne pas propagandiste d’un régime dictato- qu’on sait. Si la question n’était pas trop y perdre, la SNCF se plia à nom- rial aux ordres d’une puissance mili- d’actualité dans l’immédiat après- bre des demandes de l’occupant, taire ? Comment fut gérée, avec un guerre, elle est désormais centrale trains vers les camps d’extermination savant dosage de ruptures et de dans l’appréciation de l’action de la inclus : Serge Klarsfeld rappelle avec continuités, la vie musicale ? Et com- SNCF pendant la deuxième guerre émotion dans quelles circonstances ment aussi les pratiques – classique, mondiale, thème choisi par l’Associa- 75 000 juifs furent déportés de Fran- jazz, chansons – se sont-elles tion pour l’histoire des chemins de ce entre mars 1942 et août 1944. « arrangées » avec un contexte de fer en France (AHICF) pour un collo- Point de départ du travail confié aux production et de diffusion si pré- que organisé en juin 2000. historiens par la SNCF, la mémoire gnant ? Les quelques gros plans Le choix éditorial, pour les actes, de ces faits tragiques a permis d’enga- urbains qui achèvent le tour d’hori- d’une transcription intégrale des ger des travaux qui contribuent à une zon (mention spéciale à Marseille interpellations, parfois vives, entre histoire renouvelée des rouages tech- étudiée par Jean-Marie Jacono, qui participants indique que le livre s’ins- niques et administratifs de l’Etat. travailla aussi sur « La Vie musicale crit dans une démarche de recherche Vincent Guigueno en Algérie », étude dont on regrette essais LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / VII b L’universalité de l’autre homme A l'heure de la mondialisation et des nouvelles formes d'hégémonie qu'elle suscite, Sophie Bessis revisite l'histoire des rapports Nord-Sud marquée par l'ethnocentrisme de l'Occident

que quiconque, à la place pour sous- tous lieux, pareil à lui-même… Et l’in- au présent tel qu’il se donne dans ce L’OCCIDENT ET LES AUTRES traire l’histoire à vision occidentalo- dividu n’est pour lui qu’une somme de processus ambigu qu’est la mondiali- Histoire d’une suprématie, centriste comme pour s’opposer aux traits universels. » Contre cet univer- sation après la victoire du modèle de Sophie Bessis. courants fondamentalistes qui salisme abstrait, aveugle, il y a ce libéral sur le modèle soviétique. Il La Découverte, 342 p., 135 F croient pouvoir fonder la construc- faux concret de culturalisme des dif- s’agit toujours de comprendre les (20,58 ¤). tion de la modernité sur la diabolisa- férences qui fait penser à ce que chemins compliqués et paradoxaux tion du modèle occidental. Ce serait disait Joseph de Maistre : « Il n’y a auxquels le processus est soumis. ’est en Occident que, pour une erreur de penser que, derrière point d’hommes dans le monde. J’ai Une remarque générale : la mondiali- la première fois, l’univer- ce titre (L’Occident et les Autres), se vu dans ma vie des Français, des Ita- sation est d’abord et avant tout une sel est proclamé hors du dissimulent le couple du bourreau et liens, des Russes, je sais même grâce à mondialisation de l’économie pré- C champ religieux. « Les de sa victime et une lecture mani- Montesquieu qu’on peut être persan ; sentée comme universalisme. Cette hommes naissent libres et égaux en chéenne des relations internationa- mais quant à l’homme, je déclare ne mondialisation trouve sa rhétorique droits » est l’affirmation d’un univer- les. Tour à tour historienne, écono- l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, dans le postulat que l’économique sel séculier qui sera le credo de la miste et journaliste, Sophie Bessis c’est bien à mon insu. » Entre un uni- est le déterminant exclusif de l’histoi- modernité politique. Mais l’inscrip- nous livre un tableau original et versel qui ignore l’arc-en-ciel des cul- re des sociétés et que, donc, son tion de ces principes dans le réel, complexe des logiques à l’œuvre, à tures et un culturalisme qui ne voit « égalitarisation », son internationa- l’Occident n’a jamais eu de cesse de l’heure de la mondialisation. pas le ciel unique où s’inscrit l’arc-en- lisation, est le vestibule d’une huma- la repousser et d’en limiter le champ Véritable interrogation sur les ciel, Sophie Bessis cherche à penser nisation du monde. Le sous-dévelop- d’application. C’est ce paradoxe paradoxes de l’incertitude des identi- un « universel concret » approprié à pement économique ne serait, ainsi, entre ce qui est proclamé et ce qui se tés de chacun et du choc des identi- chacun et qui se démarque des illu- qu’un retard dans une évolution qui contente d’être qui sert de départ à tés, le livre veut comprendre sions de certains intellectuels ne peut être que semblable à celle la réflexion de Sophie Bessis. Citons- comment et pourquoi une rhéto- français qui limitent leur investiga- qu’a connue l’Occident car il n’est la : « Le paradoxe de l’Occident rique universaliste des droits de tion au seul horizon de leur ethno- pas d’autre voie d’accès à la moderni- réside dans sa faculté à produire des l’homme se traduit par une ferme- centrisme culturel (ce qui lui permet té. Et c’est là, comme le note Sophie universaux, à les ériger au rang d’abso- des polémiques, pas tou- Bessis, une idée qu’on retrouve chez lus, à violer avec un fascinant esprit jours bien ajustées). les marxistes (les dépendantistes) de système les principes qu’il en tire, et Mohammed Harbi Il faut goûter la façon comme chez les libéraux. à ressentir la nécessité d’élaborer les subtile dont l’auteur Mais derrière ces rhétoriques on justifications théoriques de ces ture qui réduit l’autre à soi et ne voit nous montre quel inconscient ani- décèle les mêmes sophismes que violations. » partout que la suprématie occidenta- me ceux-là mêmes qui, en France, dans la rhétorique universaliste de Sophie Bessis vient de ces lieux où le. On part de la déclaration « Tous soutiennent le mouvement démocra- l’humanisme. Mondialisation mais se mêlent les eaux de l’Occident et les hommes sont égaux » pour en tique en Algérie et le font à travers selon des formes qui conviennent à celles de l’Orient. Née dans une tirer conclusion que « certains sont l’éloge d’une spécificité anti-arabe l’Occident. Et tant pis si les effets société musulmane, la Tunisie, elle plus égaux que d’autres », et que ces des Algériens kabyles. Etrange façon sont l’accroissement des inégalités. sait comment ses compatriotes « autres » ont à apprendre l’Occi- d’unir l’universalité démocratique et Il y a un couple infernal de la vivent et interprètent la suprématie dent sans que l’Occident ait quoi la spécificité culturelle et qui aboutit modernisation abstraite et de la tra- occidentale. Mais, fin produit de la que ce soit à apprendre d’eux. à fabriquer du même. Citons : «Le dition renforcée. La modernisation culture française, comme elle nous Ce qui est posé, c’est un monde parfait démocrate algérien est kabyle abstraite est destructrice de liens le dit dans quelques rares lignes où dont les repères seraient fondés uni- et francophone. Ayant donné naissan- sociaux et de solidarités de groupe elle se laisse aller à la confidence quement sur l’universalité abstraite ce à l’islam, l’arabité produit en effet au profit, certes, de l’individu, mais autobiographique, elle sait gré, à cet- et mortifère de l’Homme ; un huma- naturellement de l’islamisme, tandis d’un individu réduit à la misère éco- te culture, comme, avant elle, le fit le nisme qui aime l’humanité mais hait que l’aspiration à la modernité serait, nomique et à la misère sociale. Dès poète Aboulkacem Chabli, chantre les hommes dans leurs différences. en vertu d’une filiation moins éviden- lors, la société traditionnelle appa- de la modernité et critique du Comme l’écrit Jean-Paul Sartre, te, une dimension dans la berbérité. raît comme une société vivable, conservatisme arabo-musulman, de dans Réflexions sur la question juive : Quant à la langue française, elle véhi- chaude de la solidarité communau- l’avoir arrachée à « la tyrannie protec- « Sans doute il proclame que tous les cule intrinsèquement des “valeurs taire. Evidemment, ce passé est figé trice du groupe (…) pour la faire hommes sont égaux en droit, sans dou- républicaines” non spécifiées, que dans les rets de la nostalgie mais entrer dans l’ère des libertés possi- te a-t-il fondé la Ligue des droits de l’arabe serait pour sa part incapable tant que la modernisation s’inscrit bles ». Elle le sait en tant que femme, l’homme… Mais ces déclarations mon- de porter, de même qu’il serait inapte en rupture sauvage avec un tissu his- mais c’est aussi en tant que femme trent la faiblesse de ses positions… il à produire de la pensée puisqu’il ne torique, il en sera ainsi. L’Occident qu’elle ne peut pas ne pas souligner n’a pas d’yeux pour les synthèses saurait exister d’intellectuels arabo- n’a que trop vu dans un autrui le sim- que les « droits de l’homme » ont concrètes que lui présente l’Histoire, il phones. » ple reflet de soi, il serait temps de été et sont encore aujourd’hui enten- ne connaît ni le juif, ni l’arabe, ni le Soulignons la qualité d’un ouvra- s’arracher à ce miroir mortifère et de dus comme les droits du masculin. nègre, ni l’ouvrier, ni le bourgeois… ge qui n’en reste jamais à un point faire de l’autre aussi un autre et pas Sa situation, donc, la met, mieux Seulement l’homme de tout temps, en de vue spéculatif et qui se confronte seulement un semblable. La Question d’une femme Le coup de jeune Louisette Ighilahriz, qui permit de rouvrir le dossier de la torture de la société en Algérie, raconte son parcours de militante à Anne Nivat iranienne rie – appel qui n’a toujours pas été rer l’égalité ? Capturée lors d’une ALGÉRIENNE entendu – puis, le 23 novembre, embuscade au cours de laquelle JEUNESSE D’IRAN de Louisette Ighilahriz les révélations du général Aussa- elle est grièvement blessée, la Les voix du changement et Anne Nivat. resses, reconnaissant publique- jeune fille fera quatre années de sous la direction Fayard/Calmann-Lévy, 294 p. ?, ment des crimes commis sur prison, après que son sauveur, un de Delphine Minoui. 120 F (18,29 ¤). ordre, ou avec l’aval, du pouvoir médecin militaire du nom de Autrement, 222 p., 120 F politique de l’époque. En Richaud, l’eut sortie des griffes de (18,29 ¤) l y a tout juste un an, un nom mai 2001, Paul Aussaresses allait ses tortionnaires, et surtout de faisait irruption sur la scène poursuivre ses aveux avec la publi- celui qui s’était acharné sur elle oixante pour cent des Ira- médiatique française. De cation d’un livre retentissant, Algé- avec un sadisme particulier, le capi- niens sont nés après 1979, I façon totalement imprévisi- rie 1955-1957 (éd. Perrin). taine Graziani. date de la révolution islami- ble, Louisette Ighilahriz allait deve- Celle qui est à l’origine de ce Libérée en 1962, Louisette Ighila- S que : « Plus qu’une nouvelle nir le catalyseur d’un débat sur la tremblement de terre, Louisette hriz va tenter de se reconstruire. génération, c’est toute une société qui torture et les exactions commises Ighilahriz, réapparaît aujourd’hui Comme elle le dira à Daniel Mer- change de corps », résume le sociolo- par l’armée française pendant la avec un récit autobiographique, met sur les ondes de France-Inter gue Farhad Khosrokhavar. Ces jeu- guerre d’Algérie, le premier d’une écrit en collaboration avec Anne l’année dernière en évoquant ses nes sont les acteurs d’une dynami- pareille ampleur sur ce sujet Nivat. Cette journaliste spécialiste tortures et ses viols, « on m’a ren- que sociale et politique sans précé- depuis quarante ans. Cette Algé- de la Russie, mais également inté- due à la vie, mais en lambeaux ». dent, dont rendent compte les 25 cha- rienne d’origine kabyle racontait ressée par bien d’autres régions du Malgré tout, la jeune femme se pitres réunis par la journaliste Delphi- en peu de mots (Le Monde, 20 juin monde, raconte le parcours de marie avec un ingénieur, Ahmed, a ne Minoui. Couvrant un large spec- 2000) comment, à l’âge de 20 ans, Louisette, âgée à présent de deux enfants, entame des études tre social et politique, donnant la elle avait été torturée au siège de 64 ans : une enfance au sein d’une de médecine, y renonce et finit par parole à des jeunes qui gèrent diffé- la 10e division parachutiste, durant famille de sept filles et trois gar- devenir psychologue. Elle travaille remment l’héritage révolutionnaire, la bataille d’Alger en 1957, sur çons, tenus d’une poigne ferme ensuite avec un psychiatre de ce recueil d’analyses, de photos, de ordre des généraux Jacques Massu par un père aussi aimant qu’exi- renommée internationale, le pro- poésies et de témoignages aide à et Marcel Bigeard. « J’étais allon- geant. Une mère analphabète, fesseur Mahmoud Boucepsi (qui comprendre l’entrée en politique de gée nue, toujours nue. Ils pouvaient mais très politisée. Une jeunesse sera assassiné en juin 1993 à la jeunesse iranienne, depuis le raz venir une, deux ou trois fois par studieuse à l’école française où Alger), puis entre au FLN, chargée de marée électoral en faveur du réfor- jour. (…) Le plus dur, c’est de tenir Louisette découvre qu’elle ne sera de promouvoir la condition des mateur Mohammad Khatami en les premiers jours, de s’habituer à la pas autre chose qu’une « enfant de femmes. Elle a l’espoir de faire 1997, jusqu’à sa réélection à la prési- douleur. Après, on se détache men- raton », une « bougnoule » qui bouger les choses de l’intérieur, dentielle du 8 juin, en passant par la talement, un peu comme si le corps « de toute façon ne [fera] jamais mais c’est l’heure des désillu- contestation estudiantine de l’été se mettait à flotter… » A partir de d’études, c’est la règle », comme le sions… 1999 qui a signé le retour de l’univer- l’histoire de Louisette Ighilahriz, lui répètent ses maîtresses de clas- Vient ensuite la retraite antici- sité au-devant de la scène politique. un travail de mémoire allait se, avec « cette façon de s’adresser pée, en raison de graves ennuis de « C’est finalement au sein de cette s’ouvrir en France, dans une aux Arabes déjà entrée dans les santé dus à ses blessures passées. université surveillée, purgée, contrôlée ambiance de controverses et de mœurs. » Alors que s’ouvre la décennie 1990 et soumise à la répression idéologique passion. qui va ensanglanter toute l’Algé- que sont nés les principaux mouve- Le récit de cette militante du CARACTÈRE EXCEPTIONNEL rie, Louisette n’a qu’une idée en ments réformateurs », analyse le pro- FLN aurait-il eu un tel impact sans En dépit de ses imperfections – tête : retrouver celui qui l’a sauvée fesseur Saeed Paivandi. Témoignant les « regrets » du général Massu, une construction un peu décou- quarante ans plus tôt. L’occasion de l’ampleur des contradictions qui exprimés deux jours plus tard (Le sue, des anecdotes parfois privilé- lui en est offerte par hasard par Le traversent cette génération, l’ouvra- Monde du 22 juin) ? C’est peu pro- giées au détriment de la réflexion Monde, en juin 2000. Après quel- ge prend en compte le rôle de la bable. Car l’intérêt de cette histoi- et de la mise en perspective histori- ques hésitations, tant l’idée d’évo- culture – de la poésie, du cinéma et re en forme de coup de poing est que –, ce livre permet de découvrir quer ses tortures lui est insupporta- du théâtre -, mais aussi l’importance d’avoir ouvert une boîte de Pando- le caractère d’une femme d’excep- ble, elle accepte de raconter son du mal de vivre, de la drogue, de la re qu’il sera difficile de refermer. tion. A l’âge de 18 ans, Louisette histoire. Elle ne sait pas encore fugue, du suicide, et de la prostitu- Après les déclarations de Massu, il Ighilahriz rejoint les rangs du FLN qu’elle va permettre au dossier de tion qui représente aussi un mode de y eut, le 31 octobre, « l’appel des pour mettre fin à la « hogra », l’hu- la guerre d’Algérie de refaire brus- contestation politique et sociale. douze » intellectuels, à l’initiative miliation, ressentie par de nom- quement surface en France, dans « Pour une fille, vendre son corps, c’est de L’Humanité, réclamant aux plus breux musulmans. On leur dénie le un « retour du refoulé » compara- montrer ce qu’elle a toujours dû hautes autorités de l’Etat français droit d’être Français à part entiè- ble à celui qui a accompagné la cacher. C’est refuser les interdits pour une reconnaissance et une con- re ? Tant pis, ils seront Algériens ! redécouverte des crimes de se livrer toute entière », analyse une damnation solennelles des exac- Quel autre choix ont-ils, d’ailleurs, Vichy… psychologue qui garde l’anonymat. tions commises autrefois en Algé- après tant d’années passées à espé- Florence Beaugé Agnès Devictor VIII / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 chroniques b

ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Paris-Moscou, aller-retour amer

guerre et les privilèges, relatifs, d’un journaliste çais (et pas seulement français, reconnaissons-le) Connivence entre Dieu LES CONFESSIONS D’UN MÉTÈQUE de Radio Moscou (service français), Dimitri Sese- un inexplicable effet d’atrophie de l’intelligence », Du Paris d’avant-guerre à l’URSS mann est revenu définitivement en France en écrit Dimitri Sesemann. Fascination réciproque stalinienne. Du Moscou des dissidents 1976. Il s’y est fait un nom comme critique et tra- qui a amené au cours du XXe siècle des vagues à la France mitterrandienne ducteur des plus grands noms de la littérature successives d’émigrés de Saint-Pétersbourg ou et Mammon de Dimitri Sesemann. russe contemporaine. Dans l’intelligentsia russe de Moscou vers Paris, la troisième vague étant Ed. J.-C. Lattès, 280 p., 119 F (18,14 ¤). prérévolutionnaire « était à l’honneur le sens du composée, dans les années 1970, des « intellec- devoir, de l’obligation absolue d’enrichir le patri- tuels, soviétiques jusqu’à la moelle des os ». Dimi- L’ENJEU MACHIAVEL omme l’indique le sous-titre, le livre de moine culturel du pays, d’y faire accéder son peu- tri Sesemann les a vu vivre, sinon fréquentés, et Sous la direction de Gérald Sfez, Michel Senellart Dimitri Sesemann couvre un vaste ple le plus largement possible. Il se peut que j’idéali- peu ont trouvé grâce à ses yeux. Il est plutôt sévè- PUF, « La Librairie du Collège international de philosophie » champ géographique et une longue se les choses », convient Dimitri Sesemann mais, re avec ses contemporains, comme si la plupart 254 p., 158 F (24,09 ¤). C période, traversés des plaisirs de la quand il débarque à Moscou dans les années avaient trahi les idéaux de l’intelligentsia russe. découverte intellectuelle et des malheurs du tota- 1930, c’est cet idéal qu’il découvre dans les restes On trouvera cependant dans ces Confessions ouis Althusser l’avait bien dit dans son cours de 1972 : « Saisis- litarisme et de la guerre, à quoi s’ajoute un cer- de sa famille, loin de l’« état de débilité euphori- d’un métèque quelques portraits attachants. sant. Machiavel se saisit de nous. Mais si d’aventure nous voulons nous tain désenchantement, provoqué par les désor- que » caractéristique des nouveaux intellectuels Celui de la poétesse Marina Tsvetaïeva, avec qui saisir de lui, il nous échappe : insaisissable. » Rassemblés utilement dres de la modernité et la nostalgie de la culture soviétiques. Pourquoi avaient-ils abdiqué tout la famille Sesemann partagea la datcha avant dans ce volume, les textes du colloque consacré par le Collège inter- authentique. Dimitri Sesemann connaît trop la esprit critique ? Sesemann répond simplement : que tout le petit groupe fût décimé par la police L France, l’a trop aimée de loin pendant les qua- par peur. Ce sentiment n’explique pas en revan- de Staline : « La façon dont elle disait ces vers, national de philosophie en mai 1998 au célèbre Florentin montrent bien la diversité des approches possibles de son œuvre. Aussi, plutôt que de nous per- rante ans qu’il passa en Union soviétique, pour che l’aveuglement des intellectuels occidentaux, avec une expression à mi-chemin du défi et du dre à saisir ce qui ne peut l’être, risquons ici de nous laisser surprendre par se laisser aller à l’indulgence. Il est né en 1922, notamment français, pour lesquels il se montre désespoir, me faisait un effet envoûtant, propre- une seule facette de ce génie étincelant, peut-être la moins connue, la plus par hasard à Helsinki, d’une mère russe qui très critique, à l’égard de l’URSS. Lors de la visite ment magique, jamais éprouvé depuis (…). Tsve- étonnante, et la plus éclairante de notre présent machiavélien. Il s’agit de cor- venait de fuir la Petrograd en voie de soviétisa- à Moscou de Montand et Signoret en 1956, en taïeva disait ses vers comme sur un échafaud », ruption bien évidemment, dira-t-on, à tort. Guidés par Domenico Taranto, tion, avant de se fixer à Paris jusqu’en 1937. pleine révolution hongroise, il servit d’interprè- comme si elle savait le sort qui les attendait tous. professeur à l’université de Salerne, qui nous sert ici de mentor pour relire Dans les milieux de l’émigration, « l’appel de la te. Montand, raconte-t-il, n’hésita pas expliquer Finalement, Dimitri Sesemann a vécu jusqu’à notamment le Discours sur la première décade de Tite-Live, moins connu que patrie » retentit, qui prenait aussi le visage d’un à Khrouchtchev que l’intervention soviétique en cinquante ans passés « avec le statut psychologi- Le Prince, nous allons découvrir le rôle qu’a pu jouer la religion dans l’inven- agent du NKVD (la police secrète soviétique). Hongrie était une mauvaise idée qui ne pouvait que d’émigré », d’où l’apparition du « métèque » tion de l’économie. Pas moins ! Nina Nikolaïevna, la mère du petit Dimitri, fit que nuire au bon renom de l’URSS et à la cause dans le titre de son livre, une expression qu’il a La question religieuse a une importance considérable chez Machiavel, quelques missions pour le NKVD – par exemple du socialisme : « Plus amusé qu’autre chose, retenue des slogans maurassiens de l’avant- mais, comme le dit Taranto, l’antimachiavélisme catholique aussi bien que le repérer le refuge de Trotski en Norvège – avant Khrouchtchev remercia Montand de s’être expri- guerre. Elle le poursuit depuis son passage chez libertinage ont nui à sa compréhension. Les catholiques ont voulu démontrer de recevoir « en récompense un billet de retour mé avec autant de franchise, l’assura gentiment les scouts – où l’aumonier lui disait : « Evidem- que la religion du Christ ne nuisait pas à la force des Etats. Et les libertins ne dans sa patrie bien-aimée et, aussitôt rentrée, une que quand il aurait besoin de ses conseils il ne ment, tu es schismatique, mais tu es un bon garçon virent dans les écrits du Florentin qu’un dévoilement de l’imposture cléricale. balle dans la nuque ». C’était en 1941. En 1963, le manquerait pas de les lui demander et lui souhai- quand même » – jusqu’à Radio Moscou dans les Or les enjeux sont beaucoup plus importants. procureur général avertit son fils qu’elle bénéfi- ta beaucoup de succès dans sa tournée soviéti- années 1950, quand son chef de service était sou- La religion qui est cause de corruption de l’Etat, c’est bien le christianisme. ciait d’un « non-lieu à titre posthume ». « Ainsi que. » lagé qu’un certificat de baptême ait écarté l’af- Machiavel lui reproche les « mauvais exemples de l’Eglise romaine », mais aus- s’achève, écrit l’auteur, l’histoire de la vie de ma Cette fascination que la Russie a exercée sur freuse suspicion accolée au nom de Sesemann si les dommages produits par l’interprétation chrétienne du phénomène reli- mère, d’une vie dont les moments les plus beaux, les intellectuels français est antérieure à la révo- dans une URSS antisémite. Avec « métèque »,il gieux « en termes d’oisiveté », et surtout comme une affaire privée. les plus exaltants furent ceux illuminés par le plus lution bolchévique et lui a largement survécu. y a l’idée de « cosmopolite » que ne renie pas un Le premier reproche est central chez Machiavel comme dans toutes les abominable mensonge du siècle ». « C’est bel et bien la Russie – impériale, communis- intellectuel nourri à la croisée de différentes cul- polémiques qu’il a déclenchées au sujet de la curie, ou mieux vaudrait dire de Après avoir connu le bagne, l’hôpital, la te ou eltsinienne – qui exerce sur les esprits fran- tures. l’incurie romaine. Mais Taranto a raison de se désintéresser d’un argumentai- re trop lié au contexte historique. Restent donc les deux autres, liés ensemble comme on va le voir. POLITIQUE L’oisiveté, d’abord. Qu’est-ce à dire ? En invitant à glorifier les hommes humbles et contemplatifs, à mépriser les choses de ce monde, à se soumettre, b par Thomas Ferenczi Un président tout simple le christianisme est accusé d’avoir « donné le monde en proie aux scélérats ». D’où une double corruption. Chez les gouvernés qui n’ont plus d’amour ni pour la gloire ni pour la liberté. Chez les gouvernants qui se fient plus aux priè- reurs, de faux pas, de promesses non tenues, d’im- venu, toutes les occasions manquées d’exercer res qu’à l’action et qui commettent l’erreur de diriger l’Etat avec des patenô- CHIRAC, RÉVEILLE-TOI ! provisations malheureuses. « Le plus mauvais de sur Lionel Jospin la pression déstabilisatrice dont tres. Chez tous, en attribuant à Dieu une activité que l’on enlève proportion- de Thierry Desjardins. tous les septennats de la V e République », conclut-il Jacques Chirac avait été naguère victime de la part nellement à l’Homme. Ed. Robert Laffont, 400 p.,129 F (19,66 ¤). La première grosse bourde, à l’en croire, a été la de François Mitterrand. Religion privée d’hommes privés, ensuite et surtout, le christianisme efface nomination à Matignon d’Alain Juppé, véritable Au terme de cet alerte jeu de massacre, Thierry le lien avec la patrie parce qu’il substitue la verticalité à l’intensité du rapport « APPELEZ-MOI JACQUES » « caricature » de ces technocrates tant fustigés Desjardins conclut pourtant que, face au horizontal avec les autres. La religion des Anciens était capable de religare un Enquête sur un « président sympa » pendant la campagne. La seconde a été la « volte- « déclin » auquel s’exposerait la France si elle choi- peuple. Elle a été remplacée par une religion à la fois universelle et privée, qui d’Yves Derai et Laurent Guez. face » par laquelle, cinq mois plus tard, Jacques sissait Lionel Jospin en 2002, Jacques Chirac offre de ce fait même se place au-delà du niveau de l’Etat. Dans l’opération s’est Calmann-Lévy, 228 p., 98 F (14,94 ¤). Chirac a renoncé à son programme au nom de la sans doute aux Français « leur dernière chance ». perdue la fonction d’unification idéologique et communautaire. Dès lors, les lutte contre les déficits, « constat d’échec », voire Ce n’est pas qu’il leur présente des perspectives lois de l’Etat cessent d’apparaître comme sacrées et inviolables, et des finali- rand reporter au Figaro, Thierry Desjar- « aveu d’imposture ». Entre-temps il y avait eu, exaltantes, mais au moins a-t-il su inventer un per- tés éthiques, comme celle du bien public, autrefois valeur suprême de la vie dins ne cache pas son hostilité à la gau- selon Thierry Desjardins, quelques gaffes plus ou sonnage nouveau en politique, celui du « brave civile, perdent tout fondement religieux. Affaire privée, la religion n’oppose che. Il s’étonne que François Mit- moins graves : le choix de ministres « plutôt médio- type sympa ». Gardez-moi de mes amis… plus de barrage efficace aux tendances imprimées dans le corps social par G terrand ait été réélu en 1988 après les cres », la désignation de Jean Tiberi comme maire Yves Derai et Laurent Guez, qui sont l’un direc- l’ambition individuelle. années « catastrophiques » d’un mandat « désas- de Paris, la reprise des essais nucléaires le jour teur des programmes de la radio BFM, l’autre Dès lors, des considérations économiques très concrètes affleurent dans le treux » et n’imagine pas qu’« en ce début du troisiè- même de l’anniversaire de Hiroshima, la recon- rédacteur en chef au Figaro, dressent le portrait Discours. Machiavel rappelle que « les républiques bien ordonnées doivent avoir me millénaire » les Français pourraient choisir naissance des fautes commises par la France dans de ce « président sympa » qui, disent-ils, par son de riches finances et des citoyens pauvres ». Il faut donc « maintenir les citoyens comme chef d’Etat « un adepte du socialo-commu- la déportation des juifs, l’annonce de fortes haus- « charisme de bistrot », a inventé « une nouvelle dans la pauvreté, afin que la richesse sans vaillance ne puisse corrompre person- nisme même assaisonné à la sauce verte ». Il pense ses d’impôts, le limogeage d’Alain Madelin et façon d’exercer le mandat le plus prestigieux de la ne ». Car ce n’est pas le bien individuel mais le bien général qui fait la gran- que « l’Etat est odieux parce qu’il est socialiste » et autres « couacs » ou « hiatus » de moindre Ve République ». Les auteurs sont moins sévères deur des cités. La corruption générée par la religion chrétienne a opéré un considère comme une « grande erreur » la façon importance. que Thierry Desjardins, mais ils partagent appa- véritable renversement des valeurs qui fait de l’Etat lui-même l’objet d’une dont, depuis des années, « la droite a fait bien sou- Pour Thierry Desjardins, les bévues, sottises et remment son opinion sur Jacques Chirac. Le ban- recherche ardente d’accaparement de la part d’individus « qui, pour satisfaire vent une politique de gauche ». Pour lui, il est maladresses ont continué, sanctionnées régulière- deau de présentation qui accompagne le livre le leurs désirs et leur perversité, se réjouiraient même de la ruine de leur patrie ». temps de libérer la France du socialisme. Dans le ment par les électeurs jusqu’au « miracle » des dit crûment : « Il n’a pas de bilan, il n’a pas de pro- Ruine, en effet. Le métier des armes est méprisé, car dégradé du rang d’exer- duel annoncé entre Jacques Chirac et Lionel Jos- municipales. Citons, parmi d’autres, dans le gramme, mais il peut gagner. » Dans le livre, les cice visant la réalisation de la gloire publique à une simple profession privée, pin, il a clairement choisi le premier, qu’il voit com- domaine diplomatique, l’imprudente promesse auteurs disent les choses avec plus de ménage- servant au maintien de ceux qui l’exercent. Une civilisation riche et florissante me « un élu du tiers état prêt à renverser la dictatu- faite aux Polonais puis aux Hongrois de les ments. Mais l’idée est la même : le « sixième sens croit que l’argent est le nerf de la guerre, puisqu’il permet de se procurer des re », contre le second, tenant d’« une idéologie accueillir dans l’Union européenne dès l’an 2000 du président », à savoir son « sens du contact », est mercenaires. Funeste erreur ! « L’or ne suffit pas à trouver de bons soldats, mais dépassée, désavouée, rejetée ». ou les illusoires tentatives pour redonner à la son principal atout dans sa (nouvelle) course à ceux-ci suffisent à trouver de l’or », affirme Machiavel dans le style lapidaire Pourtant, c’est au président sortant que l’auteur France un rôle-clé au Proche-Orient ; dans le l’Elysée. qui n’appartient qu’à lui. réserve ses critiques les plus acérées. Son livre est domaine social, une série de « cafouillages com- Le voici donc, chapitre après chapitre, dans son Bref, la recherche individuelle de l’utilité efface le public et l’Etat ; elle est un réquisitoire contre le « septennat raté » de Jac- plets »,de« contradictions sidérantes »,de« déci- exercice favori : en Corrèze, à table, à la ferme, bien à la source de ces divisions qui « nuisent aux républiques » et entraînent ques Chirac. On comprend que, pour « réveiller » sions prises à la va-vite puis annulées en catastro- dans la foule, au foot, au musée, en voyage offi- leur chute. Elle semble apparaître comme étant séparée de la vie de l’Etat. le chef de l’Etat et l’inciter à retrouver l’élan qui lui phe »,de« démentis ridicules »,de« reculades ciel, entre amis ou en famille, ce « virtuose de la Taranto se demande, in fine, « si elle ne s’identifie pas en un certain sens, pour a donné la victoire en 1995, Thierry Desjardins le honteuses » ; dans le domaine politique, la malen- relation directe » apparaît comme un homme sim- Machiavel, avec la naissance même du privé ». La réponse ne paraît pas faire secoue un peu. Mais quelle volée de bois vert ! Ce contreuse dissolution, suivie d’une campagne ple, attentionné, familier. Au lecteur de juger si de doute. Le Florentin a eu l’intuition, extrêmement rare, que de la religion septennat n’aurait été qu’une succession d’er- « désastreuse » et, le temps de la cohabitation ces qualités font un bon président. privée à la vie privée et de la vie privée à l’économie privée il y aurait un enchaînement inéluctable « au-delà de l’Etat », ou encore que la religion chré- tienne ouvrirait, nolens volens, la voie à une économie anarchique. Il a deviné que cette connivence implicite entre Dieu et Mammon, deux maîtres que SCIENCES pourtant, d’après les Evangiles, l’on ne peut servir en même temps, pourrait faire courir à l’Etat un danger mortel. b par Catherine Vincent Un naturalisme humaniste Certes, Machiavel apparaît dans ces textes comme profondément réaction- naire, voire archaïque pour son attachement à l’Antiquité romaine, mais c’est complexité biologique certes remarquable mais peut-être cela qui rend son regard particulièrement aigu, clairvoyant, et prodi- maître dans l’exercice ardu de la vulgarisation. non unique (si l’invention de la conscience humai- gieusement actuel. LES COQUILLAGES DE LÉONARD Comme dans ses précédents ouvrages, Les ne a eu plus d’impact que toute autre, sa structure de Stephen Jay Gould. Coquillages de Léonard se compose pour l’essen- neurobiologique elle-même n’est peut-être pas Seuil, 446 p., 145 F (22,10¤). tiel d’articles publiés pour le magazine Natural plus complexe que ne l’est, chez d’autres mammi- History et pour la New York Review of Books. Les fères, l’architecture des os du crâne). Une remise ’un des plus célèbres contes de la littéra- sujets abordés sont ceux qui lui tiennent à cœur : en question du progrès dans l’évolution que ture anglaise évoquant une bosse se clôt, les fondements et les développements de l’évolu- Gould avait déjà poussé jusqu’à la provocation à l’ancienne mode, par une morale sur tionnisme ; les parts respectives du déterminisme dans L’Eventail du vivant (traduction française : L les vertus du travail. « Au début des et de la contingence dans l’apparition des 1997), et qu’il reprend maintenant par petites tou- temps, écrit Rudyard Kipling (Les histoires comme espèces ; l’interaction entre l’homme et les ches, comme on ajoute les détails d’une fresque. ça pour les enfants), lorsque le monde était tout milieux naturels au cours de l’histoire ; les usages « J’aime la nature, aussi passionnément que tous neuf, et que les animaux commençaient juste à tra- illégitimes que la société fait des sciences, pour ceux qui ont pris la plume pour en parler. Mais je vailler pour l’homme, il y avait un chameau qui étayer par exemple un discours raciste ou discrimi- suis encore plus fasciné par le niveau d’analyse juste vivait dans le vaste désert, parce qu’il ne voulait pas natoire. au-dessus (…), l’histoire de la façon dont les êtres travailler ». Alors, pour le punir, le plus puissant Qu’il nous parle des canaux sur Mars, de l’inven- humains ont appris à étudier et à comprendre la des djinns du pays lui mit une bosse sur le dos. tion des aquariums, des escargots terrestres des nature », résume le paléontologue, qui se définit Pour contrebalancer cette exploitation humoristi- Bahamas ou des différences de conception entre comme un « naturaliste humaniste ». Pour ceux, que d’un produit de l’évolution, Stephen Jay Robert Boyle et Charles Darwin sur les marques enfin, qui s’interrogent sur Les coquillages de Léo- Gould propose une autre histoire de bosse, celle du dessein dans la nature, Gould s’amuse-t-il nard – qui est aussi le titre de la première de ses de feu l’élan irlandais – lequel n’était pas un élan autant qu’il parvient à nous le faire croire ? « nouvelles » –, précisons qu’il ne s’agit pas de et ne vivait pas exclusivement en Irlande, mais a, Convaincu que la science se partage, il possède en Léonard Gould – le père – mais de Vinci, et des en revanche, véritablement disparu. Une histoire tout cas l’art de rendre accessibles les questions fossiles qu’il observa avec la rigueur et l’acuité parmi la vingtaine qui ont été réunies dans son biologiques les plus complexes, sans jamais, pour d’« un géologue de l’ère victorienne qui se serait, dernier ouvrage, et qui, une fois encore, se lisent autant, sacrifier leur complexité. Il est ainsi deve- d’une façon ou d’une autre, fourvoyé au début du comme autant de « nouvelles » plus réjouis- nu l’un des hérauts les plus brillants de la notion XVI e siècle ». santes les unes que les autres. de hasard, ce compagnon de route avec lequel la Nous ne dirons rien, en revanche, de la raison On ne présente plus Stephen Jay Gould. Profes- sélection naturelle chère à Darwin doit désormais profonde pour laquelle le grand génie de la seur de paléontologie à l’université américaine compter. Renaissance entreprit ces recherches, qui le Harvard – où il enseigne également la géologie, la L’histoire du vivant, affirme-t-il, serait en per- conduisirent – mais il ne s’agissait que d’un biologie et l’histoire des sciences –, cet ardent manence soumise à un ensemble d’événements détour – à ridiculiser l’idée, très répandue à son défenseur de la théorie de l’évolution, qui affirme extraordinairement improbables et imprévisibles. époque, selon laquelle les fossiles s’étaient retrou- avoir trouvé sa vocation à l’âge de cinq ans, après De même, et de tout temps, la vie se serait vés sur les montagnes lorsque le Déluge de Noé une visite au Muséum d’histoire naturelle où la essayée à divers bricolages, dont les espèces qui avait fait monter les eaux. Pour connaître la suite, reconstitution grandeur nature d’un tyrannosau- ont survécu ne sont que le produit. Parmi elles, il faut lire Stephen Jay Gould. Il la raconte mieux re le marqua à jamais, est depuis longtemps passé Homo sapiens. Une espèce parmi d’autres, à la que personne. essais LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 / IX b A la recherche d’Henri Matisse Une correspondance passionnante et pléthorique entre le peintre et son ami Rouveyre et la réapparition de son condisciple Jules Flandrin : deux éléments pour approcher Matisse et sa création. Et deux façons d’oublier les approximations d’une biographie trop anecdotique

suggestion et de leurs limites. De ces depuis un demi-siècle et ils ne MATISSE, 1869-1908 épisodes d’enfance à la formation lâchent pas prise malgré l’âge et les d’Hilary Spurling. artistique, aux aventures amoureu- maladies. Matisse encore : « Je m’in- Traduit de l’anglais ses, au mariage avec Amélie Parayre, téresse à un tableau de 10 heures à par André Zavriew le récit continue à son rythme lent, midi et demi, le reste du temps j’ai le Seuil, 502 p., xxx F. lesté de détails, d’anecdotes et de poids de ce tableau qui me demande digressions qui, si elles n’ont avec le beaucoup d’efforts – et le poids de la HENRI MATISSE sujet qu’un rapport quelquefois loin- vie : mes insomnies qui me prennent Correspondance tain, ont le mérite d’étoffer le volu- beaucoup d’énergie. » avec André Rouveyre me. Sachant qu’il en a fallu un à Hila- Pour s’approcher de Matisse, une préface et notes ry Spurling pour les autre manière est d’aller voir du côté d’Hanne Finsen, années 1869-1908 et que Matisse est de ses contemporains. Jules Flandrin Flammarion, 674 p., 400 ill., mort en 1954, il convient de s’atten- (1871-1947) fut, avec Matisse, élève 660 F (100,6 ¤). dre à une longue série. de Gustave Moreau aux Beaux-Arts La lecture en est plaisante, – et, quelque temps, l’un de ses pro- JULES FLANDRIN, d’autant plus plaisante qu’elle coûte ches. En procédant à sa résurrection THE OTHER FIN DE SIÈCLE peu d’efforts. Les considérations grâce à une exposition à Oxford et à Sous la direction matérielles y pullulent, de même que un catalogue, l’historienne d’art bri- de Juliet Simpson, les petits faits qu’il faut supposer tannique Juliet Simpson a double- The Ashmolean Museum vrais et que l’auteur interprète selon ment réussi. Elle a rendu justice à un (Oxford), 160 pages, 12,95 £. les règles d’une psychologie commu- peintre qui a parfois, le temps d’une (Pour toute commande : ne. Certains passages, particulière- toile ou d’un dessin, rencontré la grâ- [email protected]) ment ceux qu’elle consacre à l’affaire ce. Surtout, elle a reconstitué une Humbert – un scandale politico- œuvre symptomatique : au tournant ilary Spurling est britanni- financier où furent impliqués les du siècle, Flandrin, comme Matisse, que, critique littéraire et beaux-parents de Matisse –, peu- passe en revue références et modè- biographe. Ces trois méri- vent être utiles. Tant que les ques- les, les variantes de l’impressionnis- H tes sont éminents. Sa vie tions à traiter ne sont ni d’ordre intel- me et du post-impressionnisme, de la romancière anglaise Ivy Comp- lectuel, ni d’ordre artistique, Hilary Monet, Degas, Bonnard, Carrière. Le ton-Burnett a été distinguée par plu- Spurling est à son aise. style de son dessin à l’encre, allusif, sieurs prix. Dès les premiers chapi- On ne saura donc rien des curiosi- abrégé, ressemble à celui d’un autre IN « MATISSE ROUVEYRE CORRESPONDANCE »/FLAMMARION tres du premier volume de la biogra- tés littéraires de l’artiste, ni, plus lar- Enveloppe envoyée par Henri Matisse, en 1943. ami de Matisse, Marquet. Et son qua- phie d’Henri Matisse qu’elle a entre- gement, des courants qui s’entremê- si-classicisme monumental, apparu pris de rédiger, il apparaît en effet laient alors, entre naturalismes et rée et il est pénible d’avoir à lire « J’ai découvert ce matin pourquoi je fet : « Aucune sorte d’originalité vraie. vers 1913, n’est pas sans rapport qu’elle travaille avec sérieux et symbolismes. Ni du contexte idéolo- qu’en 1907, alors qu’il peint Les me suis trouvé si seul à Vence à mon Trucage systématique. » Et que Matis- avec celui vers lequel Matisse glisse à méthode. Son ouvrage commence gique, entre anarchisme, affaire Demoiselles d’Avignon, Picasso se arrivée. Voici : tous les platanes ont été se écrit de Jazz, son œuvre : « Je n’ar- partir de 1917. A la réapparition de par un exposé généalogique com- Dreyfus et séparation de l’Eglise et « terre » dans son atelier, où « ses élagués – quand je dis élagués, je pour- rive pas à l’encaisser moralement. tant de toiles oubliées, l’ouvrage plet, dans lequel le lecteur se perd, de l’Etat. Quant à l’analyse picturale plus fidèles disciples ont de la peine à rais dire déshonorés. (…) C’est comme C’est absolument un raté. » De l’énor- ajoute des lettres inédites et des étu- comme il est d’usage en matière de et esthétique, ce serait peu dire que parvenir jusqu’à lui ». On aimerait si la bombe atomique avait aspiré tout me volume de leur correspondance, des historiques très bien faites. De généalogie. Il continue par une des- l’auteur n’y excelle pas. Tantôt elle savoir de quels « disciples » il pour- ce qui vit. » Des croquis d’arbres-moi- avec son appareil critique exem- l’histoire de l’art spécialisée, objecte- cription de la vie à Bohain-en-Ver- assène des affirmations telles que cel- rait s’agir à cette date… Dans sa pré- gnons accompagnent ces phrases. plaire, s’il n’était si coûteux, on dirait rait la généraliste Hilary Spurling. mandois, ville natale de l’artiste, qui le-ci : « Signac affirme l’autonomie face, Hilary Spurling donne à enten- Or Matisse aime à regarder et dessi- volontiers qu’il n’y a rien de plus inté- Spécialisée en effet – et d’autant plus n’est pas moins complète. Pour en créatrice de l’individu – changement dre qu’elle a souhaité se tenir à dis- ner les arbres, les branches, les ressant à lire pour qui veut suivre un utile pour les amateurs de Matisse, rassembler les éléments, il a fallu sol- radical qui distingue l’artiste du XXe siè- tance de l’histoire de l’art et s’adres- feuilles. Une association se produit peintre dans les accidents de son tra- quels qu’ils soient. liciter des témoins de toutes sortes cle de celui du XIXe siècle. » Delacroix ser « au grand public ». Mais elle alors : des platanes détruits à la muti- vail. Les deux correspondants y sont Philippe Dagen et compiler des souvenirs de et Turner auraient été surpris. écrit sur un artiste, et le public, fût-il lation de toute chose vivante, de cel- d’une sincérité entière. Ils ne s’épar- famille ; se documenter sur l’indus- Tantôt elle se fonde, sans aucune grand, mérite mieux que ces approxi- le-ci à la solitude et à l’humeur noire gnent pas. Ils ne songent pas à leurs e Une autre correspondance d’ar- trie des tisserands bohainois, les déli- critique préalable, sur des témoigna- mations. du peintre, à la vieillesse et à la réputations – celle de Rouveyre n’en tistes, celle de Bonnard et de bérations du conseil municipal et les ges incertains, et depuis longtemps Il se trouve aussi que bien des don- guerre. Il faut pouvoir entrer dans de sort du reste pas intacte. Ils ne son- Vuillard, vient d’être publiée (Galli- fêtes locales. Le spectacle donné contestés. Malgré bien des travaux, nées de la création relèvent de l’im- tels réseaux de sensations et d’idées gent qu’à eux, acharnés à poursuivre mard, 120 pages, 135 F [20,58 ¤]). durant l’été 1884 par un magnéti- dont ceux de William Rubin, elle don- prévisible ou de l’insoupçonnable et pour savoir un peu mieux ce qui se leurs œuvres, à les défendre, à les Lacunaire, essentiellement consa- seur nommé Donato peut ainsi occu- ne de l’apparition de l’art africain qu’elles échappent le plus souvent passe en Matisse, très en dessous maintenir en vie malgré tout, l’Occu- crée à des considérations domesti- per trois pages, au motif que le une version d’une tragique pauvreté. au biographe. En mai 1947, Matisse des apparences sociales. pation, l’indifférence, la bêtise. Ce ques, elle apporte malheureuse- « jeune Henri Matisse » aurait été L’importance de Signac, de Derain est à Vence. Il écrit, comme si sou- Il faut, pour comprendre, décou- sont deux vieillards plutôt féroces, ment trop peu à la connaissance des convaincu alors des pouvoirs de la et de Picasso n’est pas mieux mesu- vent, à son ami André Rouveyre : vrir que Rouveyre juge ainsi Dubuf- difficiles à émouvoir. Ils se battent deux peintres et de l’époque. Un sublime tyran Le politique Les torts de Dieu De l’insolence prométhéenne aux portes de la psychanalyse, il n’y a qu’un pas. à l’ère de Betty Rojtman approche, en exégète et en philosophe, Le musicologue Rémy Stricker ose le franchir dans une étude du « Dernier Beethoven » « l’ultramodernité » ce qu’elle nomme le « tragique biblique » ce, la faveur divine est la récompen- proche ». Il préfère à l’évidence dans « le retrait primordial de la LE DERNIER BEETHOVEN se de l’homme », dit-il. En toute une dissection savante, celle que FIGURES DU POUVOIR LE PARDON À LA LUNE Lumière, en un point d’évidement de Rémy Stricker. logique, le naturel autoritaire de Beethoven impose à l’oreille… Etudes de philosophie Essai sur le tragique biblique et d’absence » que « s’origine la Gallimard, « Bibliothèque des Beethoven ne pouvait s’accommo- « Sceptique, donc, en face de ce que politique, de Machiavel de Betty Rojtman. Création ». De cette figure du idées », 328 p., 139 F (21,19 ¤). der plus longtemps des carcans de l’on raconte de Beethoven, et autant à Foucault Gallimard, 128 p., 79 F (12,04 ¤). retrait, on pourrait sans doute la forme, et Stricker, en rappelant que possible devant ce que je m’en d’Yves Charles Zarka. retrouver les traces dans l’histoire ’image de Beethoven s’est combien Beethoven improvisateur raconte, je choisis de laisser son pou- PUF, « Fondements de la ien qu’elle soit au fonde- de la philosophie (l’origine chargée de clichés jusqu’à éblouissait ses contemporains, sou- voir à l’imaginaire. » Il n’ose sans politique », 160 p., 98 F (14,94 ¤). ment de la morale occi- comme absence), ou bien dans cel- devenir l’emblème facile ligne l’importance de l’improvisa- doute pas dire intuition. dentale, la Bible elle- le du peuple d’Israël lui-même (la L de l’artiste romantique, et tion dans son œuvre. Le mot des Cet essai vient s’ajouter au mon- ouveraineté, pouvoir, raison B même, riche en récits menace de l’effacement). Mais rares sont ceux qui démêlent légen- Carnets de conversation : « Dès lors ceau de littérature sur Beethoven, d’Etat, les concepts fonda- d’injustices et de crimes, est loin c’est surtout sa signification éthi- de et vérité dans leur vision de ce que les idées sont justes, il ne faut fai- mais comme toujours avec Stric- mentaux qui ont permis de d’être toujours morale. Qu’Abel que qui intéresse Betty Rojtman. compositeur. Pensant, comme re aucun cas de l’élaboration », ker, de manière à part. Comme tou- S penser la modernité politi- a-t-il fait de mal, par exemple, Sous-titré « Essai sur le tragique Liszt, que « ce n’est pas parce que prend alors tout son poids. jours, donc, le plan et le style sont que seraient-ils devenus inopérants ? pour susciter l’ire de Caïn ? Et biblique », ce petit livre écrit dans tout a été dit que tout a été entendu profondément personnels, dérou- On retrouve dans l’interrogation qui pourquoi Moïse se voit-il refuser une langue somptueuse nous rap- et compris », Rémy Stricker se « CRÉATEUR INDOCILE » tants, et la démarche friserait traverse ce recueil – neuf courtes étu- l’entrée en Terre promise ? C’est pelle en effet que Dieu n’a pu fai- pique au jeu d’éclairer à sa maniè- Cette notion d’idée juste, essen- même le caprice. C’est que Stric- des, pour la plupart publiées en à de tels dénis du droit que s’inté- re autrement, à la fin, que de re quelques obscurités, dans une tielle dans l’esprit de Beethoven, ker « crée » ses livres, il traite les revues – le double projet qui oriente resse Betty Rojtman. Trois figu- reconnaître ses torts – autrement étude très personnelle des dix der- légitime son obsession de « l’auto- tâches qu’il se donne – et ses choix le travail du philosophe Yves Charles res, notamment, retiennent son dit, de « demander pardon à la nières années de la vie de Beetho- nomie à tout prix », et mène directe- ont toujours un sens —, sur un Zarka. Projet de réexamen de l’histoi- attention : Rachel, Saül, Esther. lune ». L’histoire ne dit pas, cepen- ven. ment Stricker à la notion du « créa- modèle intime et… beethovénien. re de la pensée politique moderne, Trois personnages « lunaires » dant, si la lune a pardonné. Tacticien éclairé et conscient de teur indocile ». Pourquoi Beetho- Il y a du « qui m’aime me suive » d’une part, ici classiquement poursui- qui, chacun à sa manière, appro- Christian Delacampagne la force nouvelle qu’il incarnait, ven a-t-il tant de mal avec « les dif- dans les trop grands pas de sa plu- vi via le commentaire de grands chent de la perfection dont l’hu- Beethoven avait assis son génie férentes autorités, avec lesquelles il me, de ces pas qui exigent la auteurs, la patrie chez Machiavel, le main est capable, mais à qui l’Eter- sur une tyrannie profonde, et ne compose guère et ne cesse de confiance du lecteur face aux sau- héros chez Vico. Plus audacieuse nel, sans raison apparente, acquis un statut social exception- renâcler tant il lui serait plus natu- tes de style, entre l’utilitaire et le peut-être est la façon dont ce profes- demande de « s’éclipser » derriè- nel face à la « subalternité » qui col- rel de commander » ? Pourquoi poétique. Pour être si hardi, Stric- seur en Sorbonne y reprend, d’autre re de moins méritants qu’eux. Du lait à la condition de musicien – le une telle fascination pour Napo- ker sait pertinemment que l’intui- part, sa réflexion sur les « lieux de fixa- tort qui leur est ainsi fait, le Tal- mot est encore de Liszt : l’idée léon ? « C’est la Troisième Sympho- tion, la culture et la finesse sont de tion » d’une crise dont on ignore mud et le Zohar fournissent bien d’« une noblesse d’esprit » lui nie qui suggère l’abolition d’une ses atouts. La force de ses livres, encore, souligne-t-il, s’il s’agit d’une des explications : mais celles-ci tenait ardemment à cœur. Rémy figure paternelle et l’avènement au-delà du détail, ce sont leurs crise de la modernité ou d’une crise demeurent largement symboli- Stricker se penche sur cette tyran- d’un héros engendré par nul autre perspectives. Que l’on excuse alors dans la modernité. Nul doute cepen- ques. Betty Rojtman croit cepen- nie, défait quelques clichés, com- que lui-même. » Le rapproche- telle liberté de forme, ou telle dant que nous soyons entrés, en poli- dant possible de retrouver le sens me celui du neveu Karl dont la tra- ment sous un angle ingénieux de erreur plus gênante de traduction, tique, dans ce qu’il nomme « l’ultra- caché de certaines énigmes talmu- dition laisse injustement une ima- la Symphonie héroïque et des Créa- et que l’on comprenne que ce n’est modernité ». diques, et s’attelle à cette tâche ge très négative – « le garçon tures de Prométhée révèle le justement pas par la forme que L’auteur constate ainsi que l’Etat- infinie en s’inspirant à la fois de n’était ni un voyou ni un vau- complexe du démiurge, complexe Stricker ménagera ses lecteurs, nation se porte plutôt mal, sous l’ef- grands exégètes comme André rien… ». Beethoven était « en con- romantique par excellence, lors- mais par la qualité du fond. fet, notamment, de la mondialisation Néher ou Léon Askénazi (à qui le flit permanent avec son entourage que le moi se confronte à la « per- Stricker propose au lecteur un économique ; que l’affirmation de la livre est dédié), et d’une certaine immédiat, aussi bien qu’avec ce sonne » divine. Beethoven obéit à processus plausible de la création liberté individuelle se trouve fragili- « déconstruction » levinassienne neveu – ni lui ni personne ne répon- ses principes : « Recréer le monde de Beethoven, et démontre à sée par le développement des margi- ou derridienne. dant à une volonté tyrannique et à l’image des rêves qui le hantent, et nouveau qu’il est toujours nalités sociales et qu’enfin le travail a Rigoureusement conduit, poéti- irascible de domination exagérée et que heurte le réel. » C’est un drama- possible aux gens de talent désormais perdu sa dimension utopi- quement inspiré, son travail her- exaspérée ». turge et non un fidèle qui compose d’éclairer des sujets si rebattus. que. Si la question de savoir com- méneutique réussit à mettre en « Que Beethoven ait eu un mau- la Missa solemnis. Rémy Stricker Après trois cents pages, il déclare ment « inventer les formes d’exis- lumière le rôle essentiel d’une figu- vais caractère n’est pas une raison met en évidence cet amalgame de avec une pointe de paradoxe : tence » qui surmonteront cette triple re qui, dans la kabbale, porte le suffisante pour le rendre la création du compositeur et de « J’ai tenté de mettre en regard ce crise, en quoi Yves Charles Zarka nom de « tzimtzoum », « rétracta- ennuyeux », disait Debussy… Bien sa propre vie, c’est-à-dire les liber- qui semble accessible des fantas- situe « le programme de la première tion » : il faut, à un moment don- au contraire, à voir combien l’idée tés de Beethoven avec l’archétype mes d’un créateur et ses accomplis- partie du XXIe siècle », occupe les né, que l’être ou que le bien s’effa- du sublime – où le génie seul fait du principe organisateur : la Créa- sements. L’écoute des derniers gran- sciences sociales depuis près de vingt cent, qu’ils se résorbent dans le autorité – est au cœur de cette tion elle-même… la création de l’ar- dit sans doute en étrangeté de ans, l’actualité de ces enjeux n’en res- vide ou le manque, pour que, tyrannie, et combien cette tyran- tiste est sublimation. l’étrangeté des premiers. Mais qui te pas moins brûlante. Aussi se réjoui- ensuite, puisse advenir ce qui, dès nie elle-même est au cœur de la Mais Stricker manie la psychana- souhaiterait approfondir le plaisir ra-t-on qu’un philosophe entende, l’origine, avait été voulu. Comme matière musicale. Beethoven y pui- lyse avec prudence et scepticisme, de l’étrange ? » de son côté, en relever le défi. l’explique l’auteur dans le glossai- se. « Lorsque l’amour s’unit à la for- et ne prétend qu’à « une voie d’ap- Robert van Kampen Alexandra Laignel-Lavastine re qui accompagne son essai, c’est X / LE MONDE / VENDREDI 15 JUIN 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE Les racines électroniques du Robert Alliance entre farrago b Incident franco-irakien au La filiale de Vivendi Universal rachète Redon qui transforme Salon du livre euro-arabe de Paris. et Léo Scheer Les livres irakiens étaient absents en CD-ROM les grands dictionnaires du passé lors de l’inauguration le 8 juin du sixième Salon euro-arabe qui a lieu ’était une belle aventu- composer en Chine et c’est un suc- électronique a été pris avec pru- eux petites maisons Boyer, les deux maisons ont com- sur le parvis de l’Institut du monde re. Avec l’argent gagné cès. Vingt mille exemplaires du dence. Le formidable Dictionnaire d’édition se regroupent. mencé à discuter. « C’est un rappro- arabe (IMA) jusqu’au 17 juin. Selon en vendant au géant CD-ROM ont été vendus. Alors historique de la langue française, A la rentrée les livres de chement naturel. Nous sommes Badr-Eddine Arodaky, commissaire Reed-Elsevier leur socié- Redon a remonté le temps. Le d’Alain Rey n’est pas encore en farrago porteront aussi complémentaires. Deux maisons général du Salon, « les livres ont été téC de base de données et de Furetière et d’autres ouvrages de CD-ROM. Redon est une opportu- laD mention Editions Léo Scheer. ensemble sont mieux armées, pour la retenus à la douane, dans le cadre des CD-ROM professionnels, Legisoft, référence ont suivi. Ils mettent en nité pour se diversifier dans le mul- Elles ont des amis et des réseaux distribution notamment », explique sanctions relatives à l’embargo contre un couple de juristes est parti s’ins- place un Atelier de la langue fran- timédia et pour retrouver ses raci- communs. Elles ne donnent pas Léo Scheer. Il entre dans le capital l’Irak ». Ce pays avait cependant par- taller dans la Drôme, pour revisi- çaise, qui regroupe sept dictionnai- nes, à l’occasion de ses cinquante dans la facilité et font effort d’exi- de farrago, pour en détenir à terme ticipé aux précédentes éditions du ter la mémoire des dictionnaires. res anciens. Dans le même esprit, ans. Quand Paul Robert a créé sa gence. Mais elles ont un profil et 50 %. « C’est une bouffée d’air », Salon, « malgré l’embargo », souli- L’Encyclopédie de Diderot et ils viennent de proposer les huit société en 1951, elle s’appelait une histoire différents. Le travail de affirme Jean-Pierre Boyer qui veut gne Salwa Al Neimi, du service com- d’Alembert en un seul DVD-ROM, versions du Dictionnaire de l’Aca- Société du Nouveau Littré. «On Jean-Pierre Boyer commence en accentuer sa présence dans le munication de l’IMA, rappelant que avec toutes les planches, pour démie française, avec un système peut avoir donné l’impression 1987, avec la création de Fourbis. Il domaine de la fiction. La distribu- « l’Irak est membre fondateur de l’insti- 690 francs (105,19 ¤), c’était eux. de tableaux qui permet de mettre d’avoir été timide, dans le domaine publie Blanchot, Du Bouchet, tion des livres des deux maisons tut, au même titre que les autres pays Idem pour le Littré, le Furetière et en regard l’évolution des défini- du multimédia, explique Pierre Var- Claude Esteban, Denis Roche et sera assurée par Flammarion. arabes ». A la demande des responsa- tous les volumes du Dictionnaire tions d’un même mot. rod, directeur général du Robert, bien d’autres, et trouve des relais Jean-Pierre Boyer reste aux bles de l’IMA et du Salon, le ministè- de l’Académie française. L’aventu- De nouveaux dictionnaires doi- mais il faut avoir une vision à long fidèles dans la presse et les librai- commandes de sa maison. Il re des affaires étrangères est interve- re continue, mais à une autre vent paraître à l’automne, mais terme. Avec Redon, nous sommes ries. L’aventure de Fourbis est s’inscrit dans la rentrée littéraire, nu pour débloquer la situation. Les échelle. La société Redon a été Redon avait le sentiment d’avoir dans le domaine de la culture. Si les stoppé par l’une des crises de son avec le deuxième roman de Chloé livres sont arrivés à l’institut, mercre- reprise par Le Robert, laboratoire accompli sa mission, en rendant CD-ROM culturels et l’Internet distributeur Distique. Il change de Delaume, Le Cri du sablier. di 13 juin. Ils sont présentés sans être de la langue française et filiale du accessibles les principaux titres du grand public ont souffert ces der- distributeur (Belles Lettres) et de Farrago/Editions Léo Scheer pu- mis en vente et devront retourner en toujours plus gigantesque Vivendi répertoire lexicographique. «On niers temps, je suis convaincu qu’il y nom en 1999 pour prendre un nou- bliera également deux livres d’Yves Irak après le Salon, comme c’est le Universal Publishing. L’intégra- était au bout de ce qu’on souhaitait a un marché pour ce type de conte- veau départ (« Le Monde des Bonnefoy : un poème inédit de cas, par exemple, pour les produits tion de cette petite structure (un faire et on ne pouvait pas rester uni- nu, quels que soient les supports livres » du 30 avril 1999). Fourbis 1945, Le Cœur-Espace et un essai, irakiens exposés à la Foire de Paris. chiffre d’affaires de 4,2 millions de quement dans cette niche histori- électroniques. » laisse place à farrago, « un mélange André Breton à l’avant de soi ; des b Daniel Boulanger et Lionel Ray francs – 640 290 ¤ – en 2000), que. Il nous fallait aborder le mot Quant au papier, il se porte très confus de choses disparates », selon études de Claude Esteban, Etranger lauréats des grands prix de prin- annoncée presque en même dans son sens moderne », explique bien. Les deux volumes du Petit Littré. Jean-Pierre Boyer, installé à devant la porte, et rééditera Exit de temps de la SGDL. Les deux auteurs temps que le rachat de l’éditeur Sophie Braun. Ils doivent aussi Robert dépassent les Tours, veut alors sortir de son Michel Surya. De son côté, Léo ont reçu les prix, dotés de américain, Houghton Mifflin pour réfléchir à l’évolution de leur 200 000 exemplaires et surtout la image de « maison d’édition confi- Scheer a repris la revue Cinémathè- 50 000 francs (7 622 ¤), pour l’ensem- 2,6 milliards d’euros (Le Monde société. maison s’apprête à lancer une nou- née dans le ghetto poésie ». que qui devient Cinéma O2 et va lan- ble de leur œuvre, respectivement en daté 3-4 juin) passe presque ina- De fil en aiguille, les conversa- velle version du Grand Robert de Léo Scheer, lui, a créé sa maison cer une revue semestrielle, L’Image, littérature et en poésie. Les autres perçue, mais a valeur d’un petit tions sur un travail en commun la langue française, en six volumes début 2000. Après avoir vécu à l’om- le monde. Il poursuit son chemin aty- grands prix de la Société des gens de symbole. avec Le Robert prennent un tour – au lieu de neuf –, dans un format bre des grands groupes de médias pique, pour « exister sur un temps lettres sont : Parti, de François Sal- En 1997, Sophie Braun et Ghis- capitalistique. « Les petites entrepri- plus maniable, et à un prix de et d’industrie, il décide de se long qui devrait être celui de l’édi- vaing (Stock), roman ; Effroyables jar- lain Geitner s’installent à Marsan- ses sont presque obligées de s’ados- 2 600 francs (396,35 ¤) – contre reconvertir dans l’édition, haut de tion ». Qui ne l’est pas toujours... Au dins, de Michel Quint (Joëlle Losfeld), ne, près de Montélimar. En bons ser à de grands groupes. Il y a un 5 800 francs (884,20 ¤) pour la pré- gamme (« Le Monde des livres » du mot « farrago », le Grand Robert nouvelle ; La Bague, de Sylvie Lam- juristes, ils aiment les mots et espace pour créer les choses et les cédente version. D’ici la sortie pré- 4 février 2000). Il a notamment cite Chateaubriand : « Il n’est si min- bert (Ed. du Collectionneur), livre leurs définitions. Ils se passion- amener jusqu’à un certain point de vue le 2 novembre, Le Robert pro- publié Explications de Pierre Guyo- ce barbouilleur de papier qui, à l’ap- d’art ; Winston Churchill ou le pouvoir nent pour les dictionnaires. La plu- développement, mais à un moment pose une souscription à un prix de tat, des livres de photographies parition de son farrago, ne reçoive de l’imagination, de François Kersau- part des grands dictionnaires ont donné, on est obligé de s’appuyer 2 100 francs (320,14 ¤). Ce qui est (Ubac, Nebreda, Levinstein) et des lettres de félicitations ». Les deux dy (Tallandier), livre d’histoire ; beau être dans le domaine public, sur une structure plus importante », moins cher que l’actuel CD-ROM repris la revue Lignes de Michel éditeurs veulent bien les félicita- Goethe, modes d’emploi, de Jean-Pier- ils ne sont guère accessibles. Le ajoute Sophie Braun. à 2 800 francs (426,85 ¤). Surya. Ce dernier étant un auteur tions, mais pas les barbouillages ! re Lefebvre (Belin), essai ; Eric Battut couple s’empare du Littré, le fait Du côté du Robert, le virage Alain Salles de farrago et un ami de Jean-Pierre A. S. (Autrement, Milan), livre de jeu- nesse ; Les Foulards rouges, de Frédé- ric H. Fajardie (Lattès), grand prix Paul-Féval de littérature populaire ; Doucement avec l’ange, de Ludovic Janvier (L’Arbalète/Gallimard), prix Charles-Vildrac. Le Prix de la réédi- Olivier Douzou quitte Le Rouergue Heidegger tion a été attribué au Dilettante, pour Microclimats, de Nicole Védrès. Huguette et René Radrizzani ont u terme d’un septennat de bons et loyaux texte/image, Olivier Douzou reconnaît redouter reçu le prix Gérard-de-Nerval de la services, Olivier Douzou, à trente-sept l’effet néfaste de la logique de collection, qui tend et le nazisme (suite) traduction. Le grand prix de l’œuvre ans, s’apprête à quitter toutes les fonc- à exploiter une veine au détriment de la créativité. Multimédia est décerné à Domini- tions qu’il occupe aux éditions du Rouer- Le filon « illustration » a peut-être moins pâti de la epuis l’automne 1987 défendrait l’idéologie nazie de que Autié pour De la page à l’écran Ague. Directeur artistique du studio graphique de la course à la publication – cent albums en sept ans et la publication du l’eugénisme et les pratiques de (Ed. Elaeis) et celui du site Internet à maison d’édition ruthénoise, où il crée en janvier en comptant les six éditions du Petit Monde et les livre de Victor Farias l’« hygiène raciale ». Au cours de Jean-Michel Maulpoix (www.maul- 1994 un département jeunesse appelé à révolution- titres coédités par Paris-Musées (« L’Œil amusé ») Heidegger et le nazisme son rectorat, en avril 1934, Hei- poix.net). ner le monde paisible de l’album – les deux pre- ou le Centre Pompidou – puisque l’usage, qui réser- D(Ed. Verdier), les polémiques rela- degger informe le ministre nazi b Salim Bachi, bourse Goncourt miers titres, Jojo la mache et Mono le cyclope parus vait le plus souvent l’adresse ruthénoise aux tives à l’engagement du penseur du Land de Bade de son projet de du premier roman. L’Académie un an plus tôt, servant d’emblée de charte pour talents neufs et inédits (J. Gerner, Lynda Corazza, dans le mouvement hitlérien chercher un professeur d’hygiè- Goncourt a décerné la bourse Gon- une ligne esthétique largement reprise depuis par J. Parrondo, Fred Bertrand), supporte de plus en n’ont cessé de se poursuivre. De ne raciale pour l’université de Fri- court du premier roman à Salim les autres éditeurs –, Olivier Douzou suspend donc plus d’entorses (Chloé Poizat, Bruno Heitz). nombreux travaux ont été bourg. Sans doute dira-t-on qu’il Bachi pour Le Chien d’Ulysse (Galli- toutes ses fonctions liées à l’édition à dater du Mais sept ans ont passé, et le désir d’innovation, publiés, à charge comme à s’agit là de préoccupations « nor- mard). Le roman de Salim Bachi fait 1er janvier 2002. S’il assure jusqu’à son terme le pro- la soif de création qui firent la fortune du départe- décharge. Si bien des points fac- males » pour un recteur pro-hitlé- partie de la première sélection du gramme des publications des quatre collections ment jeunesse du Rouergue conduisent aujour- tuels relatifs à la compromission rien de cette époque. Ceux qui jury en vue du prix Goncourt qui qu’il a créées au fil des sept dernières années d’hui Douzou à rêver d’autres espaces. A finir un de Heidegger semblent désor- connaissent assez bien la biogra- sera décerné le 5 novembre. Les (« albums », « doAdo », « 12x12 » et, la plus récen- champ d’expérimentation pour en ouvrir d’autres, mais acquis, les discussions por- phie de Heidegger se souvien- autres titres sont : L’Homme de cen- te mais toujours plus inventive « TOUZAZIMU- où l’objet sera sans doute prioritaire. tent toujours sur le sens de cet nent toutefois qu’en 1960 encore dres, de Christiane Baroche (Gras- Te »), son rôle se cantonne désormais dans la seule Des livres peut-être (mais alors un « livre-événe- engagement et sur ses relations il adresse un de ses livres avec set) ; Le Roi-Soleil se lève aussi, de Phi- mise en page des derniers titres qu’il a program- ment », loin de tout esprit de collection), d’autres avec l’œuvre. Jusqu’à présent, ses « cordiales salutations de Noël lippe Beaussant (Gallimard) ; Lui, de més. supports aussi, des vêtements pour enfants au bien qu’il ait entretenu des rela- et ses vœux de Nouvel An » à Patrick Besson (Albin Michel) ;La Espaces singuliers, les collections jeunesse du mobilier, du multimédia aux logiciels comme au tions personnelles suivies avec Eugen Fischer, qui avait été, en Belle Créole, de Maryse Condé (Mer- Rouergue portent si profondément la marque de cinéma d’animation… Rugbyman invétéré, chef des dignitaires nazis, Heidegger 1927, le fondateur et, ensuite, le cure de France) ; Jour sans faim, de leur créateur qu’on imagine mal l’« après- d’équipe, voire de bande, pour rester dans le voca- ne semblait pas avoir partagé les dirigeant de l’Institut d’hygiène Lou Delvig (Grasset) ; Aurore, de Douzou ». Sans doute est-ce pour la série romanes- bulaire des cours d’école, Douzou ne renonce pas convictions raciales du régime ni raciale. Jean-Paul Enthoven (Grasset) ; que « doAdo » que la transition sera la moins à s’entourer de ses confrères illustrateurs, même approuvé l’eugénisme qu’elles L’article publié par Die Zeit n’a C’était tous les jours tempête, de Jérô- malaisée : née d’une rencontre-« coup de cœur » s’il travaille dans l’immédiat en solo lorsqu’il dessi- prétendaient justifier. pas déclenché de vifs débats en me Garcin (Gallimard) ; Dolce ago- avec Guillaume Guéraud, elle n’abrita longtemps ne le logo de Laguiole, fixe la typo du restaurateur Ce dernier point vient d’être mis Allemagne. Mais il attire l’atten- nia, de Nancy Huston (Actes Sud) ; que les titres de ce jeune auteur lyonnais, dont Oli- de l’Aubrac, Michel Bras, s’ouvre au monde de la en doute par un article de Lütger tion sur la nécessité d’une lecture Le Combat avec l’ange, de Jean-Paul vier Douzou ouvrit distraitement, par acquit de sellerie ou invente en toute liberté des lieux en Lütkehaus publié le 23 mai par le attentive de ce volume par des Kauffmann (La Table ronde) ;La conscience, le premier manuscrit pour ne plus le « designer d’environnement »… quotidien allemand Die Zeit, qui philosophes et des historiens, Sagesse du singe, d’Edouardo Manet lâcher. Quatre volumes donc, du provocant Cité Pour l’heure, Le Rouergue – qui a ouvert son se fonde sur la lecture du afin de comprendre dans quelle (Grasset) ; Perasma, de Pierre Mer- Nique-le-ciel (1998) au très ambitieux Coup de capital à Actes Sud (« Le Monde des livres » du tome XVI des Œuvres complètes, mesure des éléments de la pen- tens (Seuil) ; Renée Camps, de Jean- sabre (2000), qui n’aurait pas déparé « La Brune », 12 janvier) – choisit la continuité. Sa directrice, publié il y a un an par les éditions sée même de Heidegger, au-delà Noël Pancrazi (Gallimard) ; Un rossi- la collection romanesque « adulte » du Rouergue. Danielle Dastugue, reprend personnellement en Klostermann. On trouve en effet de ses comportements de circons- gnol chantait, de Michel Ragon C’est d’ailleurs son actuelle directrice, Sylvie Gra- main les trois collections graphiques inventées par dans ce volume des lettres des tance, ont pu converger avec (Albin Michel); Le Passeur, de Franz- cia, qui reprend pour 2002 la collection « doAdo ». Olivier Douzou. Pour un quinquennat ? années 1933-1935 où Heidegger, l’idéologie du IIIe Reich. Olivier Rousseau (Stock). Moins vigilant sur le texte seul que sur le rapport Ph.-J. C. selon l’auteur de cet article, R.-P. D.

dans l’amphithéâtre, le 19, salle 7-8 ; AGENDA 105, boulevard Raspail, 75006 Paris ; rens. : 01-45-49-76-48). b LE 16 JUIN. PSYCHANALYSE. A bLE 20 JUIN. JOURNALISME. A Paris se déroulera une journée- Paris, l’Institut culturel autrichien et débat sur le rapport psychanalyse- les éditions du Seuil organisent une psychothérapie (de 9 h 30 à rencontre avec Jacques Bouveresse, 17 heures, Maison des cultures du Gérald Stieg et Lothar Baier sur le Monde, 101, bd Raspail, 75006 thème « Karl Krauss et le journa- Paris ; rens. : 01-42-33-13-18). lisme » (à 19 heures, Institut culturel bLE 16 JUIN. GRAPHISME. A autrichien, 30, bd des Invalides, Eaubonne (95), dans le cadre de 75007 Paris ; rens. : 01-47-05-27-10). l’exposition « L’Europe, un rêve b LES 19, 20 ET 21 JUIN. POR- graphique ? » qui se poursuivra à TRAITS. A Lyon, journées organi- la bibliothèque municipale jusqu’à sées par l’université Louis-Lumière- fin juin, l’Institut international Lyon-II autour du thème « Portraits Charles-Perrault organise une de l’écrivain contemporain », de table ronde autour du même 9 heures à 17 h 30, Villa Gillet, 25, thème (à 15 heures, Institut Char- rue Chazière, 69004 Lyon ; entrée les-Perrault, 14, avenue de l’Eu- 20 F [3,05 ¤], rens. : 04-78-27-02-48). rope, 95600 Eaubonne ; rens. : b Les 23 et 24 JUIN. SARTRE. A 01-34-16-36-88). Paris, le Groupe d’études sartrien- bLES 18 ET 19 JUIN. PHILOSO- nes tient son colloque annuel : PHIE. A Paris, l’Ecole des hautes « Autour des communistes et la études en sciences sociales organise paix » (9 heures, samedi) et « Robert les Journées annuelles de philoso- Misrahi/Sartre » (15 heures) ; phie morale qui auront pour « Lacan/Sartre » (9 heures, diman- thème « Rationalité, décision et che) et « Autour de L’Idiot de la calcul dans la philosophie de l’Anti- famille » (14 h 30). (Sorbonne, gale- quité et dans la pensée d’aujour- rie Dumas, amphithéâtre Lefebvre, d’hui » (de 10 à 20 heures, le 18 juin 75005 Paris. Rens. : 01-43-36-79-28.)

SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ Place aux marcheurs dieu les Quelques miles agglomérations, nautiques plus loin, 1 b direction les rendez-vous avec l’île de Alpes-de-Hautes-Provence chemins du bord Beauté, où l’équipe de Vers une cabane A de mer ou les alpages. A Méditerranée Magazine a du bout du monde quelques jours de l’été, sélectionné six b2 Le Monde et Milan promenades. Itinéraire Haute-Savoie Presse s’associent de tranquille dans les rues La boucle des Tinderets nouveau. de Bastia ou parcours du Douze propositions de GR 20 dans le massif de 3 b randonnées pour Bavella, les propositions Haute-Savoie marcheurs avertis ou s’adressent à tous. Un alpage gagné sur la pierraille simples amateurs à la Alors, Alpes ou Corse, il b4 recherche de sites n’y a plus qu’à choisir Hautes-Alpes naturels, d’endroits son itinéraire sur les Le Chaberton en ligne de mire préservés. Cette année, chemins de l’été. Les le choix de la rédaction renseignements 5 b du Monde et de l’éditeur pratiques comme les Hautes-Alpes toulousain spécialisé cartes qui accompagnent Un circuit à saute-frontière dans les magazines ces randonnées aideront b6 consacrés aux cultures les futurs voyageurs, Alpes-Maritimes régionales s’est porté sur sans oublier qu’il est Sites préservés pour chapelle en ruine les Alpes, du Nord et du toujours nécessaire, Sud, et sur la Corse. avant de partir en La montagne d’abord, montagne, de s’informer avec ses chemins qui sur la météo, de se serpentent vers les munir d’une carte, d’une sommets. Du pays du gourde et de vêtements Mont-Blanc au chauds. Mercantour en passant Un pied devant l’autre b1 par le Briançonnais, les sur les sentiers du Cap Haute-Corse journalistes d’Alpes ou à l’assaut du col du De Calvi à L’Ile-Rousse Magazine ont testé des Tricot pour admirer les balades accessibles au sommets du mont Blanc, 2 b plus grand nombre. Les Le Monde et Milan Presse Haute-Corse itinéraires parcourent invitent au voyage. Place Escale dans le vieux port de Bastia les prés pour emmener aux marcheurs en quête b3 les promeneurs vers des d’air pur et de nature Haute-Corse lieux magiques : ici un sauvage. Le Cap Corse entre ciel et mer fort, là une chapelle en ruine, ailleurs une ferme Serge Bolloch b4 aménagée. et Richard Clavaud Corse-du-Sud Les aiguilles de Bavella b5 Haute-Corse La région des lacs b6 Haute-Corse

La vallée de la Restonica Crédits photographiques : photo de « Une » en haut Franck Rozet et p. 9/14/15/18/19/20/28/29 ; photo de « Une » en bas : Christian Andréani et p. 21/23/27/30 ; Pierre Millon : p. 3/5/6/7 : Mickaël Charavin et Christophe Sidamon-Pesson : p. 11/13 ; Pierre Huchette : p. 21/23/27/30 ; Charles Pujos : p 25. 2 Parmi les sommets visibles du lac de Roselette : les dômes de Miage, l’aiguille de Tré-la-Tête et celle des glaciers.

Vers une cabane du bout du monde

Ici, grâce au tramway du Mont- te la direction du col du Tricot, où il Blanc, les marches d’approche faut nécessairement se rendre. Après sont facilitées. Mais que les force- avoir franchi la moraine, c’est la nés de la randonnée se rassurent, b Accès : dégringolade vers le torrent glaciaire, il reste de belles dénivelées pour Tramway du qui se fait annoncer par le tumulte de côtoyer l’aiguille de Bionnassay ou Mont-Blanc ses eaux. Le vacarme incite à la pru- découvrir le versant ouest, le plus (tél. : 04-50-47-51-83), dence : les abords de la passerelle, sauvage de ce massif. arrêt à Bellevue, suspendue à des câbles, dominent ou par le téléphérique des dalles dangereuses. des Houches, pour a façon commode et esthétique La montée qui succède n’est guère rejoindre Bellevue en d’accéder au refuge de plan-gla- violente pour franchir le col du Tricot cinq minutes. Montée à cier est d’utiliser le tramway du où se dressent les vestiges de quel- pied possible depuis Mont-Blanc (TMB), pour rédui- ques murs. La suite de l’itinéraire L Bionnassay – parking re la dénivellation importante et du Crozat ou au village débute le long de ces murets, vers la rejoindre, depuis le col du Tricot, un du Champel (1 200 gauche. Il y avait là, encore visibles ancien sentier de contrebandiers mètres), en prenant en 1930, quelques bâtiments occupés récemment réhabilité par l’équipe les sentiers de Miage et par les comtes Nicolaï, deux frères – des guides de Saint-Gervais. On du col du Tricot russes, dit-on – établis à Genève vers rejoint, en contrebas de la voie fer- (une à deux heures 1870. rée, le chemin qui relie le col de Voza de marche en plus). Ceux-ci avaient acquis la conces- au plan de l’Are. Cette traversée réser- Dénivelée : 914 mètres. sion des gorges de la Gruvaz, au fond ve de magnifiques coups d’œil en b Carte : de la vallée, et y avaient établi leur direction de la face nord de l’aiguille IGN Top 25 3531 ET résidence secondaire. On y aperce- de Bionnassay. (Saint-Gervais). vait, paraît-il, de jolies dames en cri- Première étape : le col du Tricot. b Réservation pour noline ! Un porche apparaît, dont le Un portillon indique l’entrée dans l’al- la nuit en refuge fronton vient d’être restauré. Il faut page : quelques mètres plus loin, un (12 à 20 places) ; le franchir. ruisseau. Une pancarte signale à droi- tél. : 04-50-93-23-25. bbb 3 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ bbb Le relief est moins marqué sur ce Les comtes Nicolaï avaient tiré pro- vaste plan incliné, progressivement fit d’une source située à 20 minutes envahi par la pierraille. Le sentier sub- à peine. Il est bon de suivre le che- siste, à condition d’éviter une ancien- min des frères aristocrates : peu ne trace en contrebas. Il s’élève à après la fontaine, on aperçoit les sou- flanc de montagne pour rejoindre bassements d’un petit abri qui leur une arête rocheuse que l’on franchit servait de salle de bains, équipée, en s’aidant des câbles. Une combe de raconte-t-on, d’un chauffe-eau solai- pierraille conduit ensuite à un éperon re ! Situé près de la gare que l’on franchit de la même de départ du TMB, Deuxième étape : une traversée manière. le parc thermal du aérienne. Après une longue marche, Il faut monter encore pour surmon- Fayet couvre une un peu vertigineuse, mais magnifi- ter un petit dôme rocheux, d’où on vingtaine d’hectares que, on domine les chalets de Miage, rejoint une première moraine. Les fleuris, où les devenus minuscules. Un câble rassu- séquoias centenaires névés apparaissent, précédant la re, mais il faut traverser avec pruden- et l’architecture des « moraine-à-l’Ours », qui, de la com- ce – et piolet – les couloirs qui bâtiments évoquent be de Miage, conduit aux premiers seraient encore enneigés. l’opulence des rochers de l’aiguille du Tricot. C’est Après une montée plus rude et l’as- stations thermales. l’itinéraire habituel, à emprunter jus- cension d’un ressaut équipé d’un Pourtant, l’endroit qu’à son proche sommet. Il faudra câble, on change de décor. Au virage n’est pas austère : éviter de descendre tout droit au du sentier doté d’un cairn, la face parcours de santé, retour ! nord des dômes de Miage apparaît. rochers d’escalade, Le refuge est un peu décalé vers la C’est l’endroit idéal pour le casse- jeux d’enfants, courts droite. A portée de la main, de gigan- croûte ! de tennis en font un tesques séracs et, à gauche, le col de A plus de 2 300 mètres, on aborde lieu de promenade. Miage (3 369 mètres), pour les la haute montagne où les conditions anciens contrebandiers et pour les climatiques peuvent brutalement alpinistes qui font étape au refuge changer : en cas de brouillard ou de Durier. Après une soirée passée au menace d’orage, il est prudent de refuge, à écouter le fracas des chutes s’interroger sur la suite de la randon- de séracs, puis une nuit réparatrice, née... prendre le chemin du retour en sui- vant le même itinéraire qu’à l’aller. Un autre itinéraire consiste à rejoin- dre le Nid d’Aigle (2372 mètres) par Col de 1 801 le train à crémaillère pour effectuer Voza une descente d’environ 2 h 30 jus- qu’au village de Bionnassay. En par- P tant du parking du Crozat, un chemin prolonge la route et permet d’attein- Bionnassay dre le col de Voza où se trouve l’arrêt du TMB. On peut aussi prendre direc- tement le train à sa gare de départ. La balade permet de voir les chaos et crevasses du glacier de Bionnas- Col de Tricot say. Elle comporte une petite difficul- té avec une falaise à désescalader à Ar l’aide d’échelles qui sont plutôt des te d e Tr icot escaliers suspendus. Les marches sont confortables, mais il est bon de surveiller les enfants qui peuvent se glisser entre les câbles des rambar- Refuge de des. Un détour par le belvédère du Plan du Glacier glacier de Bionnay, accessible en une vingtaine de minute, s’impose avant de quitter la gare du TMB.

Pierre Million 4 Le refuge des Tinderets, un gîte sympathique.

La boucle des Tinderets

Une cascade et des rochers d’un replat pour emprunter le sen- d’escalade, un alpage et des froma- tier du refuge des Tinderets, qui s’in- ges au lait de vache. Un tour des fléchit vers la gauche. plaisirs alpins en trois heures de Les poutres de vieux bois donnent marche envie de s’y arrêter pour passer une nuit. A défaut de temps on peut y u parking on descend vers déguster la spécialité locale : le ber- b Accès : la cuvette du lac des Pla- thoud. C’est la spécialité du Cha- Village d’Abondance, gnes et, empruntant la blais et du val d’Abondance à dégus- à 25 km au sud-est digue de terre du barrage, ter dans le refuge de Serge Bigot. D de Thonon-les-Bains, on s’engage sur le chemin qui longe La recette du cuisinier-gardien est prendre la direction la rive ouest. Au sommet d’une du lac des Plagnes. simple : découper en fines lamelles côte, repérer le départ d’un sentier Stationner du fromage d’Abondance, le placer dans le talus forestier qui rejoint le sur le parking. dans une assiette à feu préalable- plan de Cubourré. b Dénivelée : ment frottée à l’ail ; incorporer de la Le sentier du lac s’élève dans une 489 mètres. noix de muscade et arroser le tout gorge humide. Une cascade pittores- b Carte : de madère ou de vin de Savoie (ou que inonde le ressaut, que l’on con- IGN Top 25 3528 ET les deux). Un peu de poivre et l’as- tourne par la gauche en franchissant (Morzine). siette rejoint le four pour 5 à 10 une passerelle. Au replat de Cubour- Office de tourisme minutes. Au soleil, sur la terrasse de ré, on bifurque vers la droite. d’Abondance, cette ancienne bergerie, on consom- La piste pastorale décrit de larges tél. : 04-50-73-02-90. me ce plat avec de belles pommes méandres au milieu des blocs Refuge des Tinderets, de terre, des tranches de pain et… rocheux équipés pour des exercices tél. : 04-50-81-60-56. du vin de Savoie. d’escalade faciles. Plus haut, la piste Après cette halte gastronomique, se prolonge en direction des chalets le retour nécessite un petit effort. Il d’Ardens. Il faut la quitter au niveau bbb 5 Le Château d’Oche, un autre itinéraire du Chablais.

bbb faut en effet rejoindre la crête supé- L’itinéraire principal oblique à rieure et basculer dans l’autre val- gauche, franchit la crête et des- lée. Pour cela il est nécessaire de A la Maison cend dans l’alpage de Lens, qui pré- grimper vers la petite cabane qui du val d’Abondance, cède les chalets du même nom, sert d’annexe au refuge. on peut assister dominés par la pyramide imposan- Le sentier débute à sa gauche et à la fabrication te du mont de Grange. On peut s’y s’élève en partie en forêt en décri- du fromage. procurer l’abondance, l’âme pré- vant des lacets marqués de petits b Avoir: cieuse de tout vrai berthoud ! La triangles rouges. On atteint un une exposition piste pastorale permet de rejoin- replat proche du col de l’Aup Couti. sur la race bovine dre, en une heure à peine, le lac Là, il est possible d’effectuer un abondance, ainsi que des Plagnes. aller-retour pour jeter un regard la reconstitution Une autre randonnée dans le Cha- vers la vallée des Lindarets, en direc- d’un chalet d’alpage. blais offre l’occasion d’arpenter cet- tion d’Avoriaz. Tél. : 04-50-73-06-34. te montagne verte et généreuse en panoramas. Elle s’effectue au départ d’un parking au-dessus du village de Bernex sur la D 152 (à 20 kilomètres à l’est de Thonon), Les Plagnes offre la possibilité de découvrir la P Dent d’Oche (2222 mètres). La bala- Lac des de (environ 4 h 45) passe par les Plagnes chalets de la Combe et rejoint le sentier du Balcon du Léman. Après la pointe de Pelluaz, on Refuge des Tinderets gagne le col de la Case d’Oche puis le lac et enfin les chalets du même nom. Le patron des lieux fabrique la tomme, l’abondance et un froma- ge blanc à la crème baptisé « délice Chalets de Lens des alpages ». Pierre Million 6 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ Un alpage gagné sur la pierraille

Face à une nature exigeante, 20 cochons, des poules, des poulets et dans un paysage minéral, des hom- des canards… mes ont lutté pour maintenir une Les fruits de l’alpage, tommes et che- De Samoëns, activité pastorale. Direction les vrotins, sont vendus sur place, dans le rejoindre alpages, à la rencontre de ces éle- magasin de Sixt, la Cash’ta, ou à la fer- Sixt-Fer-à-Cheval veurs des sommets. me familiale de Balme-Dessous. par la D907 Cette « montagne à vaches » se fait et continuer sur n gagnant les chalets de Salva- désirer et, si l’écriteau mentionne 1,5 km en direction du Fer-à-Cheval don, on s’étonne qu’à l’aplomb deux heures, il faut compter plus et puis tourner à gauche de la barrière des Avoudrues, partir tranquillement pour s’extirper vers l’Échamy E des bergers aient pu encore de la sombre forêt de Sur-les-Plans. pour prendre, dénicher une herbe suffisamment L’allure réduite aura pour effet sur la gauche, riche pour nourrir leurs troupeaux. d’orienter le regard vers les petits ora- une route étroite Cette histoire dut commencer au toires qui jalonnent le parcours. e où l’on cherchera XII siècle, avec l’installation des cha- A la première clairière (les Miches à stationner, noines de l’abbaye de Sixt, fondée en de Salvadon) se trouvait un alpage le parking du hameau 1144. intermédiaire, avec son groupe de cha- de Crot étant limité. Huit siècles durant, les corvées lets : il ne reste plus qu’une seule bâtis- Dénivelée 895 mètres. d’épierrage ont transformé les cou- se, adossée au rocher. Une avalanche b Carte : lées de terre et de cailloux en pelouses supprima d’un coup ce « village ». IGN Top 25 3530 ET d’herbe tendre. De nos jours, du Plus haut, les trouées dans le feuilla- (Samoëns). 15 juillet au 5 septembre, les clochet- ge se font plus nombreuses et la bar- tes de 40 vaches et de 50 chèvres rière du Grenier de Commune appa- Les chalets de Salvadon, résonnent dans les parois des Avou- raît à l’est, relayée peu après par la groupés sous la pointe drues, mêlées aux bêlements des muraille des Fiz. Il faut ensuite traver- Sans-Bet (2 240 mètres). 200 moutons, eux-mêmes relayés par ser le torrent qui a façonné dans le rocher de curieuses cavités appelées « tines ». Après la cabane forestière et ses bas- sins creusés dans des fûts de bois, un écriteau annonce l’entrée dans la réserve naturelle de Sixt. Une petite croix de fer, érigée sur un rocher, la « Croix-à-Augustin », marque le départ d’une sente vers la pointe de Sans Bet, qui évoque une montée interminable, « sans bout ». C’est aussi la porte de l’alpage, gagné peu à peu sur la pierraille envi- ronnante. Le chemin le traverse en direction du lit du torrent et, par une courbe large, rejoint les trois rangées de chalets ainsi qu’un charmant oratoi- re. Une messe y est célébrée, à la fin de chaque estivage, début septembre. De là, la descente s’effectue naturelle- ment vers le cours d’eau, où se trou- vent la fontaine et la fromagerie – la « fruitière » –, un peu à l’écart. Au passage on peut voir, les « lèves », ces tas de pierres édifiés bbb 7 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ

Trécot (2 228 mètres). Ce sont des Chalets de lieux très sauvages, en harmonie avec Salvadon les montagnes qui entourent le fond 1 713 du vallon du Fer-à-Cheval, le bien nommé « Bout-du-Monde » ! Dans une de leurs parois, le pion- nier de la première ascension du mont Blanc, Jacques Balmat, chuta pour avoir tenté une manœuvre très osée dans sa recherche d’un hypothétique

Passerelle 1 303 filon d’or. Salvadon, nommé autrefois Salvador, n’était-il pas associé à cette quête aurifère, marque dissimulée d’un espoir de vie plus somptueuse, plus brillante ? Des thèmes qui traver- sent l’esprit du marcheur lorsqu’il le Crot entreprend le retour de la randonnée 818 P par le même chemin qu’à l’aller. A lui de faire attention que ces rêveries n’al- D907 tèrent pas sa progression. A lui de se Sixt-Fer- rappeler que l’étymologie de Salva- -Cheval don évoque surtout la pierre... et l’éboulis. Toujours dans la région de Sixt- bbb Fer-à-Cheval une balade assez facile pour protéger de l’avalanche chacune de 3 h 30 conduit jusqu’aux chalets du des rangées d’habitations. Ils ser- Trot, à 1400 mètres d’altitude. Après vaient de tremplins à la coulée destruc- avoir quitté la D 907 pour gagner, par trice, mais il arrivait que cette dernière une route étroite, le hameau de Balme- eût encore assez d’énergie pour rebon- Dessus, on stationne à l’entrée du villa- dir contre la falaise d’en face et percu- ge du Mont. ter les chalets ! La randonnée emprunte un Ces derniers étaient bien plus nom- moment le chemin qui prolonge la La ferme du Clos breux autrefois, en amont et en aval route du hameau, près d’un pittores- Parchet propose aux de la cuvette. Il paraît que l’on se ser- que bassin et d’un four à pain restau- visiteurs ses objets vait des anfractuosités de la falaise ré. Après 40 minutes d’ascension, il anciens : outils de pour y entreposer des fromages ou de paysans, de bergers, faut bifurquer pour prendre un che- la viande. Ce sont les frères Cassina de tailleurs de pierre, min raide en direction des chalets de qui, en 1985, découvrirent là un trou mais aussi vêtements Criou. Un sentier en sous-bois, une soufflant de l’air froid (entre 0 et et meubles petite descente, puis un parcours hori- 4 degrés), où persistait de la neige. d’autrefois. zontal mène à la bifurcation des Feux Cette falaise marque la bordure du De Samoëns, prendre (1235 mètres). Une nouvelle montée, vaste plan incliné de la pointe de Sans la direction de un sentier entre bois et prés, puis on Bet, impressionnant belvédère du Ten- Joux-Plane jusqu’à rejoint le replat des chalets du Trot et neverge (2 240 mètres). Une vire humi- Cessonex, ou à pied sa fontaine. de et aérienne, à aborder avec pruden- en suivant le fléchage. La récompense est là, avec la buvet- ce, permet de rejoindre le lapiaz qui Visite les mardi, jeudi te que Régine et Christian, qui ont mène au sommet en 1 h 30, tout en et vendredi à 14 h 30. repris l’exploitation de la montagne offrant une vue plongeante sur l’alpa- Tél. : 04-50-34-46-69. de Criou en 1988, ont eu la bonne idée ge et ses chalets. C’est aussi le rendez- d’ouvrir. Pendant que Christian s’occu- vous des spéléologues, qui viennent ici pe des 150 vaches, génisses et veaux, explorer quelque gouffre important. Régine propose à boire aux randon- Le chemin continue discrètement neurs ou présente les fromages que vers le fond de l’alpage, en direction leurs 30 chèvres leur permettent de de la pointe de Bellegarde produire. (2 514 mètres). A suivre pour attein- dre le col (2 089 mètres) ou l’arête de Pierre Million 8 Vue du Chenaillet, le fort de Janus se cramponne à la crête de Château Jouan.

Le Chaberton en ligne de mire

A la frontière franco-italienne, naillet. Au sud du grand parking le secteur du Montgenèvre fut un proche de l’Office de tourisme de enjeu stratégique durant la pre- Montgenèvre, prendre la piste qui mière moitié du XXe siècle, com- s’oriente à l’est, vers l’Italie. Suivre me en témoignent les forts qui le l’indication « Collet vert, par le val- ponctuent. Loin de ce passé guer- lon de la Doire » et le balisage rier, la vallée de la Clarée, les sour- b Accès : jaune. Le chemin côtoie des petits ces de la Durance et les minuscu- De Briançon, prendre lacs, puis s’incurve sur la droite les gorges des Baïsses sont des la N 94, direction pour s’engager dans le vallon de la havres de paix. de l’Italie par le col Doire et bientôt le télésiège de de Montgenèvre. Brousset. es formations géologiques Stationner Arrivé à un col où passe le téléski étonnantes, des vestiges de sur l’un des parkings, du Chenaillet, monter un peu plus la dernière guerre et un à droite après l’office haut, à gauche, sur le sentier indi- D panorama circulaire de pre- de tourisme. qué « Collet vert ». Depuis cette mier ordre… trois bonnes raisons portion de chemin presque horizon- pour une visite au sommet du Che- bbb 9 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ bbb tale, la vue s’ouvre au nord sur l’im- 94 posant massif du Chaberton. Le N sommet (3 131 mètres) était autre- P fois en territoire italien. Au début du XXe siècle, l’armée italienne y entreprit la construc- tion d’un fort, dont les huit tours étaient surmontées de tourelles blindées orientables. Les travaux furent titanesques : il fallut rogner le sommet de 6 mètres et monter les blindages au moyen d’attelages tirés par vingt chevaux ! Ce « fort des nuages » mettait Briançon à la merci des Italiens. Cette position, inexpugnable avant Collet Vert la Première guerre mondiale, finit par inquiéter les autorités françai- se, surtout après l’arrivée de Musso- lini au pouvoir. La destruction du fort de Chaber- 2 650 ton devenait une priorité pour les militaires français. Mais le 17 juin 1940, sept jours après que l’Italie eut déclaré la guerre à la France, le Chenaillet, le sentier pentu et lis- fort tire ses premiers obus sur sant demande de l’attention, Briançon. Le 21 juin, la riposte fran- d’autant que des épieux métalli- çaise touche le monument. Par la ques couvrent encore la pente. Le suite, la frontière sera rectifiée en sommet du Chenaillet 1947, et le Chaberton deviendra (2 650 mètres) est un incroyable français. amoncellement de coussins de basalte, roche vert foncé qui s’est CONTOURNER LE PONT DE BOIS formée au fond des mers, il y a cent Le chemin franchit plusieurs cinquante millions d’années lors de ravins, dont l’un est enjambé par l’éruption d’un volcan sous-marin. un pont de bois pourri. La pruden- Au nord, les glaciers de la Mau- ce impose de le contourner ! Au tor- b Dénivelée: rienne, le mont Thabor et le massif rent de la Doire, la première trace 850 mètres. des Cerces. Plus à l’ouest, les qui monte à droite s’arrête à une b Carte : Écrins. Au sud, le col d’Izoard et le source captée. Il faut traverser le IGN Top 25, 3536 OT pic de Rochebrune qui séparent du torrent, redescendre sur une centai- (Briançon). Queyras. Plus à l’est, le Viso. Pour ne de mètres par la piste, puis pren- Office de tourisme le retour, reprendre le beau chemin dre à droite, la montée assez raide de Montgenèvre, de la montée. Pour aller plus vite, qui se dirige vers le « Collet Vert » tél. : 04-92-21-52-52. on peut revenir au point 2 522 (balisage jaune). Plus loin, on (c’est-à-dire au pied du sommet) et débouche sur un large vallon, qu’il partir à gauche sur un sentier qui faut remonter pour arriver au col. rejoint les téléskis. Dans les derniers mètres, les lacets Au bas du télésiège du Rocher de tracés dans les éboulis bordent une l’Aigle, suivre la piste qui fait face falaise : la crête frontalière. au Chaberton. Après la crête du A 2 519 mètres d’altitude, le Col- Brousset, le chemin bascule dans le let Vert offre un passage sur le ver- vallon du Gondran. Au col, légère- sant italien. On reste le côté fran- ment à gauche, un sentier ramène çais, en se dirigeant au sud-ouest directement à la station. sur la piste qui passe sous les télé- sièges. A l’approche du sommet du Franck Rozet 10 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ Un circuit à saute-frontière

De Saint-Véran, le plus haut vil- get (3 146 mètres) et du pic de la lage d’Europe, direction la tête Farnéiréta (3 134 mètres). Arrivé à des Toillies, avec des vues sur la l’aplomb de ce dernier, on peut sauvage vallée de l’Ubaye et le trouver des éclats de roche vert fon- mont Viso. Le Queyras recèle des cé au sol : cette ophiolite en partie lacs bleutés, où se jouent les composée de serpentine est issue lumières changeantes du ciel du du plancher de la Téthys, la mer b Accès : Sud et les reflets des cimes envi- qui occupait, il y a quelque 180 mil- Quartier du Villard, ronnantes. lions d’années, l’emplacement à Saint-Véran, actuel de la Méditerranée. Par le des navettes assurent epuis l’aire de stationne- jeu de la tectonique des plaques et le transport ment de la navette, emprun- de la formation des Alpes, cette des randonneurs ter la piste qui enjambe le roche a été charriée en altitude. vers la haute vallée de torrent avant de contour- Avant que la piste franchisse à l’Aigue blanche, du D ner le mamelon morainique sur nouveau le torrent, prendre le petit er 1 juillet au 31 août. lequel est édifiée la chapelle de sentier qui grimpe en direction du Départ toutes les Clausis. Le large chemin traverse col de la Noire. A mi-montée, à 30 minutes, les pentes nord de la tête de Lon- bbb dès 8 heures. Dernier retour à 18 heures. Aller – retour : 45 F ; gratuit pour les moins de 10 ans. Bus-navettes Petit – Mathieu, tél. : 04-92-46-71-56. b Dénivelée : 1040 mètres. b Carte : IGN Top 25 3637 OT (mont Viso) Bureau du tourisme de Saint-Véran, tél. : 04-92-45-82-21. Office de promotion du tourisme en Queyras, tél. : 04-92-46-76-18. Parc naturel régional du Queyras, tél. : 04-92-45-06-23.

Le torrent de Bouchouse finit dans le lac Egorgéou. Un itinéraire au départ d’Abriès. 11 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ

bbb point culminant des Alpes méridio- une cinquantaine de mètres avant nales, semble émerger des eaux d’atteindre un petit replat, un bom- lumineuses du lac. bement rocheux conserve les stig- Le chemin borde ensuite une mates d’un ancien glacier : l’action zone marécageuse, dont les eaux conjuguée de la glace et des roches hésitent un instant à basculer vers charriées par le glacier a raboté le le bassin du Rhône ou vers celui du sol, le striant de sillons parallèles. Pô. « Divieto di cacciare. Oazi di Depuis le col, à 2 955 mètres, le protezione » (interdiction de chas- Dans tous le massif du regard plonge sur le lac de la Noire ser, zone de protection) : l’écriteau Queyras est organisé et la haute vallée de l’Ubaye. Des officialise l’arrivée en Piémont, ver- du dimanche 8 au aiguilles de Chambeyron à la cime sant italien. En face, un chapelet samedi 14 juillet un du Loup, ce ne sont que myriades de lacs (Bes, Bleu, Noir, de la Caval- festival du livre et de l’image de montagne. de sommets et de crêtes acérées, le et d’autres, anonymes) sont les Une occasion de dédales de vallons sauvages et de témoins des ères glaciaires du Riss découvrir des combes suspendues. et du Würm, il y a quelques dizai- publications qui Le sentier longe le lac, descend nes de milliers d’années. content l’histoire de jusqu’à un promontoire d’où l’on Ne pas oublier, au moindre siffle- ces lieux ou des récits distingue, en aval, la cabane du ment (l’alarme des marmottes !), d’ascension Col, et vire au sud-ouest en direc- d’observer les cieux : l’aigle royal à travers les âges. tion du col de Longet et le gypaète barbu sont des hôtes b Renseignements (2 650 mètres). Pour éviter une peti- familiers. Après les lacs Bes, le sen- Office de tourisme te barre rocheuse, il est bon de res- tier descend tout en s’orientant au d’Aiguilles. ter sur la sente la plus en amont et nord ; à la première bifurcation, Tél. : 04-92-45-85-87. de rejoindre les berges du lac de délaisser le chemin principal qui Longet, pour un « casse-croûte descend vers le lac Bleu, pour avec vue ». La pyramide emblémati- remonter les pentes d’un vallon que du Viso, seigneur des lieux et suspendu. C’est là, juste en aval du col Blanchet, que la tête des Toillies ou tête Noire apparaît sous son meilleur profil : un éperon som- bre et effilé se dressant dans l’azur. P Du col, vous êtes de retour en 2 308 France. Versant queyrassin, le sen- tier rejoint le petit lac Blanchet inférieur. Un détour s’impose (60 mètres de dénivelée, accès par une sente entre dalles rocheuses et pelouses) jusqu’au lac Blanchet supérieur. Serti dans son écrin de roches que colore le jaune fluores- Col Blanchet cent des lichens, il abrite dans ses eaux le reflet sombre et incertain T te des Toillies de la tête des Toillies. En aval du lac Blanchet inférieur, Col de 3 175 la Noire le sentier dévale en direction du lac de la Blanche. A l’extrémité nord-ouest de ce dernier, côté refu- ge, débute une sente herbeuse. C’est le chemin de retour vers la chapelle de Clausis et l’aire de sta- Col de Longet tionnement de la navette, via les pâturages de la Moutière et les bords du rif de la Blanche.

Mickaël Charavin 12 Du col de la Noire, la vue plonge sur le lac du même nom et, au fond, les aiguilles de Chambeyron, en haute Ubaye.

13 SUR LES CHEMINS DE L’ÉTÉ Sites préservés pour chapelle en ruine

A l’amont de la vallée de la Tinée, le sauvage vallon de la Roya a conservé ses traditions pastora- les, qu’illustrent les granges qui émaillent les alpages.

a montée vers la chapelle Saint- b Sébastien, depuis le vallon de Accès : la Roya, emprunte le GR 5 qui Vallée de la Tinée, traverse un site miraculeuse- 6 km en aval L de Saint-Étienne- ment préservé, où de superbes gran- de-Tinée, prendre ges séculaires sont éparpillées dans la D 61 qui monte les alpages de l’adret. vers Roya. Stationner Le point de départ se situe face à au parking vers l’église de Roya, où une carte du l’église. « Plan départemental de randon- b Dénivelée : née » permet de repérer tous les iti- 400 mètres. néraires du secteur. Suivre la direc- b Carte : tion « Auron, col du Blainon, circuit IGN Top 25, 3 639 OT de Baudric ». Monter à droite jus- (Haute Tinée 1-Auron). Plus loin, les premières fermes, qu’à la balise n˚ 137, toute proche. Office du tourisme construites en dur, et les granges de De là, prendre à nouveau à droite, de Saint-Etienne- bois font leur apparition. Quelques pour emprunter le GR balisé de rou- de-Tinée, détails de construction, comme l’as- ge et de blanc. Tél. : 04-93-02-41-96. semblage à mi-bois des madriers for- A la balise suivante (n˚ 138), con- Maison du Parc mant le haut des granges ou les server la même direction, tout en sui- national cadres des portes assemblés en vant le sentier ancestral bordé de du Mercantour, queues-d’aronde, montrent l’ingé- murets. Entre les vieilles pierres Tél. : 04-93-02-42-27. nieux travail des hommes. s’agrippent quelques saxifrages et A la balise n˚ 140, restez sur le GR des touffes de sarriette. Par endroits, qui arrive bientôt au Clot Giordan la vieille « calade » (chemin pavé, en (1 779 mètres) et, dans le versant de provençal) a résisté au temps. l’Enchastraille, sur une pente en for- me d’amphithéâtre qui conserve un ensemble de granges particulière- St-Sebastien ment remarquables. GR 5 Après le passage du ravin des Gra- vas, une dizaine de minutes suffisent pour arriver à la chapelle Saint-Sébas- tien. Le site est charmant, mais la cha- pelle est dans un état déplorable. Il ne reste rien des fresques qui ornaient, il D61 y a encore une vingtaine d’années, le Roy a P P mur derrière l’autel. La voûte est fen- due sur toute sa longueur et le toit de bois est pourri. Le clocher extérieur a « perdu » sa cloche et l’ensemble du modeste édifice menace ruine. Mieux vaut ne pas y pénétrer. 14 Le village de Roya et ses toits aux multiples teintes.

Depuis plus de dix ans, Lionel Ianni se passionne pour le vallon de La Roya. Après ses études de cuisinier, il a saisi la première occasion pour s’y installer. Depuis 1996, il assume la gérance du gîte L’Alpage On peut déplorer qu’aucune asso- petit parking situé au bout de la rou- à La Roya. Avec simplicité, il sert ciation ou municipalité n’ait eu le te goudronnée il est possible d’effec- la soupe au pistou projet de conserver ce témoin du pas- tuer une grande boucle (environ ou le poulet confit sé. D’ailleurs l’emplacement de la 6 heures de marche) dans le parc à la niçoise, le rôti chapelle, sur le chemin de Roya, national du Mercantour. La balade de porc aux noix ou n’est pas fortuit, puisqu’on évoquait conduit aux vastes pâturages de la les lasagnes. A midi, saint Sébastien pour protéger les montagne de l’Alp où l’on rencon- il dresse les tables communautés villageoises contre les tre de nombreux troupeaux de mou- sur la terrasse risques d’épidémies. On retrouve fré- tons en estive. Le col de Crous offre pour faire profiter quemment des chapelles dédiées à un joli point de vue vers le sud. ses hôtes du soleil ce saint ou à son homologue, saint Quelques notions d’orientation et du paysage. Roch, sur les chemins d’accès aux vil- sont nécessaires dans ce ce secteur Le soir, les guitares lages de montagne. où d’anciens balisages bleus don- rendent l’ambiance Au retour, il faut revenir à la balise nent des indications très discrètes plus musicale. n˚ 140 et prendre le circuit de Bau- du sentier. Le gîte dispose de dric, qui part sur la droite. Le nou- Un autre itinéraire au départ de 26 places en dortoir. veau balisage jaune guide les prome- Roya permet une petite marche Tél. : 04-93-02-41-46. neurs sur l’adret couvert de lavande (1 heure) en rive droite du torrent fine. Sur la route, on trouve quel- vers les ruines de la Tour. Un bâti- ques passages un peu vertigineux au ment jadis assez important pour sur- niveau des ravins du Colombier et veiller tout le vallon, vers l’amont de Baudric. A la suite du plateau de comme vers l’aval. La montée s’effec- Baudric, la descente rejoint de nou- tue sur les lacets du vieux sentier, velles granges, après lesquelles il parmi les épicéas et les mélèzes. En faut tourner à gauche, à la balise fin d’après-midi, la lumière douce et n˚ 141. Une dernière étape ramène chaude donne de belles couleurs au vers le village. village de Roya. En prenant une piste qui part de la balise 142, un peu au-dessus du Franck Rozet 15 Le balbuzard La faune pêcheur Oiseau de proie DE LA CORSE ET aux ailes longues, trop longtemps considéré par les pêcheurs comme un dangereux concurrent, ce rapace a failli disparaître de Corse. Ses pattes et ses serres lui permettent en effet de saisir des poissons en plongeant sous la surface de l’eau. Sur les pitons rocheux, on peut parfois observer son nid Le Cap Corse 3 volumineux. entre ciel et mer

De Calvi à l'Ile-Rousse 2 1 Escale dans le Vieux Port de Bastia

Le sanglier Plus petit que son cousin continental, il fait partie 6 La vallée de la Restonica des mammifères emblématiques La région des lacs 5 de l’île. Pourtant, cet animal méfiant se laisse peu approcher par les promeneurs. L’habitant du maquis ne doit pas être confondu avec les cochons La sittelle domestiques au poil sombre Elle affectionne les troncs que l’on aperçoit parfois des pins morts pour creuser AJACCIO au bord des routes. son nid, d’où elle pourra 4 Les tours partir à la recherche de de Bavella sa nourriture : insectes et pignes de pin. Cet oiseau grimpeur de petite taille b Illustrations : (12,5 centimètres), à la queue Delphine Descudet courte, ne vit que dans Retrouvez chaque sema les forêts de l’île entre 800 dans Le Monde la chron et 1 500 mètres d’altitude. « Histoires naturelles » de Catherine Vincent

La truite L’escargot de Corse Dans les nombreux cours d’eau, elle chasse les alevins, Ce mollusque, de la taille du petit-gris, a choisi la profitant de l’ombre ou des rochers pour cacher son corps Corse comme unique terre d’élection. Son aire de pigmenté. La variété arc-en-ciel – Salmo gairdneri —, distribution, autrefois étendue de Bastia à Bonifacio, très prisée des pêcheurs, sait elle aussi se faire discrète est désormais limitée par l’urbanisation et le lorsqu’elle remonte un torrent, mais, en observant bie tourisme. Protégé et surveillé, il en est réduit à n la surface de l’eau, on peut parfois la voir tenter rouler sa coquille sur le cordon sableux de Campo de saisir un insecte. dell’Oro, où il se nourrit de pousses de genêts. 16 Le chamois Membres musclés, longues pattes DES ALPES postérieures, il peut bondir à plusieurs mètres de hauteur et franchir des crevasses. Pieds sûrs et souples, sabots en forme de pince épousant les moindres aspérités du sol, son anatomie le prédispose à l’escalade. Trop, peut-être, pour les randonneurs, qui n’ont pas souvent le temps de suivre ses sauts.

LAUSANNE La boucle des Tinderets Crêt de la Neige LE CHABLAIS 1718 m 2 La marmotte alpine GENÈVE SUISSE Aux premiers frimas, Un alpage gagné 3 son petit corps allongé sur la pierraille au pelage brun jaunâtre Annecy GIFFRE Une cabane Aiguille Verte frissonne à la recherche 1 4122 m d’un refuge. Mais, dès LYON du bout du monde les beaux jours revenus, MONT-BLANC Mont-Blanc Le gypaète barbu elle aime jouer, et même 4808 m Contrairement à une utiliser ses longues mauvaise réputation, ITALIE incisives pour agresser D Grenoble le plus grand rapace un rival. Les colonies a Le Chaberton d’Europe (2,5 à 2,8 mètres u en ligne de mire TURIN de marmottes et p d’envergure) ne s’attaque Barre d es Ecrin s de marmottons h 4 pas aux petits enfants, Valence i n 4102 m ne s’éloignent jamais é BRIANÇONNAIS mais se nourrit de carcasses de leurs terriers pour d’animaux déjà morts. se protéger des aigles Un circuit à saute-frontière 5 Longtemps pourchassé, ou des renards. QUEYRAS cet « éboueur » des alpages Mont P elat a été réintroduit depuis A 3051 m une quinzaine d’années lp Site préservé pour et peut à nouveau déployer e chapelle en ruine 6 Ventoux s ses ailes sombres au-dessus d MERCANTOUR des vallées. 1909 m e P Avignon r ov en c e Nice

Aix-en-Provence MARSEILLE aine TOULON nique

Le lièvre Les petites crottes brunes, bien rondes et aplaties comme de grosses lentilles, qui jonchent le sol à proximité Le papillon apollon de légumineuses tel le trèfle des alpes, Il est bien présent dans les massifs signalent toujours sa présence. Mais, entre 1 000 et 2 300 mètres d’altitude, où ses ailes pour apercevoir les longues pattes blanches tachetées d’un rouge carmin passent postérieures de ce mammifère, d’une fleur à l’autre. Ce piéride aime le soleil, qui il faut vraiment beaucoup de chance. lui offre l’occasion de se chauffer : il déteste les Ou beaucoup de patience, et des heures ciels couverts, qui le rendent gauche face aux de surveillance. attaques des oiseaux. 17 De Calvi à L’Ile-Rousse

De la citadelle génoise à la ville taine d’arrêts, ce petit voyage permet de Pascal Paoli, la Balagne offre de découvrir la côte de manière pitto- ses villages perchés et ses criques resque. Les amoureux de la nature et de granit. du calme suivront le sentier douanier qui contourne le golfe de la Revellata utrefois « jardin de la Cor- et serpente à travers le maquis où fleu- se », la Balagne mérite d’être Le tramway rissent cistes, bruyères et genêts. A abordée par la mer. En accos- de la Balagne, moins de monter à Notre-Dame-de- A tant au quai Landry, on est au un petit autorail, la-Serra, qui veille sur Calvi. De cette cœur de la cité fondée par les relie d’avril butte s’ouvre le plus beau panorama Romains, où se succèdent terrasses et à octobre Calvi sur le golfe, la Revellata et l’arrière- palmiers. De la citadelle, on gagne la à L’Île-Rousse, pays remontant jusqu’aux monta- magnifique plage de Calvi qui s’étire toutes les heures, gnes, qui dépassent les 2000 mètres. sur 7 kilomètres en bordure d’une tél. : 04-95-65-00-61. Accessible par la route, la forêt de pinède. A quelques pas des parasols Office du tourisme Bonifato est un but de promenade à circule une micheline qui dessert pres- de Calvi, l’ombre des pins laricio. que toutes les plages jusqu’à L’Ile- tél. : 04-95-65-16-67. Un petit coin de paradis existe au Rousse. bord d’une vasque d’eau limpide creu- Rythmé par les secousses de la ving- sée par le torrent de la Figarella, vers 18 Les couleurs vives des bateaux égayent les quais de Calvi.

Le Musée océanographique, au bout de la plage de l’Île-Rousse, possède plusieurs aquariums où, derrière des vitrages blindés, cohabitent de nombreuses espèces dans leur milieu naturel : raies, pieuvres, tortues, coraux.. Office du tourisme, bbb tél. : 04-95-60-04-35.

l’aéroport. En continuant vers l’Ile- De Lumio à L’Ile-Rousse, la route Rousse, un village s’étageant sur les des artisans permet de découvrir l’ar- flancs du Capu d’Occi, attire par la rière-pays. Habitée depuis l’Antiqui- luminosité qui s’en dégage. Son nom, té, cette région fut prospère grâce aux Lumio, est là pour en témoigner. Au productions de fruits et d’olives, un hasard des ruelles ombragées et des peu délaissées de nos jours. passages étroits, on découvre le golfe Harmonieusement répartis dans le de Calvi. Fabuleux village-belvédère paysage, les villages sont bâtis sur les illuminé jusqu’à la fin du jour, il est flancs de collines verdoyantes. Ils bien difficile d’en partir. s’étagent en groupes de maisons sou- La construction des villas a heureu- bbb sement épargné la Punta Caldanu où finit de s’arrondir le golfe de Calvi. Du haut de la vieille tour génoise, on peut avoir l’impression d’être la vigie d’un sous-marin qui vient de faire sur- face au centre du golfe. Ses flancs sont d’immenses dalles de granit lis- ses et ventrues disparaissant douce- ment sous l’eau. Les hommes au temps de la préhistoire y taillait des motifs qui sont encore visibles. Ce Le tramway chaos extraordinaire se prolonge jus- de Balagne qui relie qu’à Punta di Spano. Calvi à L’Île-Rousse. 19 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ bbb dées les unes aux autres autour des Ile de la Pietra églises. Ruelles tortueuses et pavées, L'ÎLE-ROUSSE Mer passages étroits sous des voûtes et ALGAJOLA escaliers en galets tissent un réseau Méditerranée PIGNA compliqué pour le non-initié. Capu N197 San’Antonino, bâti sur un éperon d'Occi SANT'ANTONINO La Revellata 563 rocheux, domine toute la région. Sa Eglise de la Trinité AREGNO position de nid d’aigle avait son CALVI LUMIO

1 revers, se souvient Pierre-Antoine 7 Marcelli : Il fallait amener l’eau à dos D Notre-Dame E d’âne jusqu’au début des années N de la Serra D1 51 G 1960, avant la construction de la sta- D81b A L tion de pompage. Aussi, explique-t-il, A B Monte toute la famille buvait dans le même Grosso verre pour éviter tout gaspillage. CALENZANA 1 938 D81 G En contrebas, Aregno, qui signifie R L 2 orange, produit ce fruit d’excellente a 0 F ig qualité. L’église romane de la Trinité- a Monte r e ll Corona et-San Giovanni resplendit au milieu a 2144 du cimetière. Ses murs, construits en granit polychrome, sont sculptés de 3km F tu o Ifa motifs étranges : animaux, personna- rêt de Bon ges et surtout un homme se tenant le pied. Installé sur une butte face à la mer, Pigna est le village des artisans. moins rocambolesques. A mi-chemin Chaque été y ont lieu des festivals de entre Calvi et L’Ile-Rousse, Algajola se musique, et un auditorium est en cache à l’abri des remparts battus par construction la mer. La ville fut mise à sac par les Le couvent de Corbara, dont le cam- Village typique Turcs en 1643. On vient maintenant à panile semble défier le mont San de la Balagne avec ses Algajola pour se prélasser sur la plage Angelo, peut accueillir des candidats à maisons et jardins et aussi surfer sur les rouleaux. une retraite spirituelle. Corbara, d’allu- regroupés pour Fondée en 1758 par Pascal Paoli re mauresque, a vu naître Dava Fran- libérer les terres pour concurrencer Calvi et Algajola, cheschini qui devint impératrice du agricoles Aregno contrôlées par Gênes, L’Ile-Rousse Maroc à la suite d’aventures pour le mérite le détour. doit son nom au bel îlot de granit rou- Après avoir traversé ge fermant la baie. Toutes les rues les vergers très commerçantes convergent vers la d’orangers, grande place Paoli. En allant vers la de citroniers mer, admirer l’Hôtel Napoléon, le et d’oliviers on plus vieux palace de Corse, qui héber- découvre les maisons gea Mohamed V et son fils Hassan II aux pierres romanes, pendant leur exil. puis la place centrale Dans l’enfilade des rues pavées de et son église baroque. la vieille ville apparaît un ferry qui A voir aussi l’église de accoste. Juste le temps d’explorer l’île la Trinité de la Pietra, rattachée à la ville par et de San Giovani, édifice roman, une jetée. La réverbération de la aux murs colorés, lumière intensifie la pureté des cou- située dans leurs, pas de dégradé entre le granit le cimetière, célébre rouge et la mer profondément bleue, pour le bestiaire entre le blanc du phare de la Pietra et qui orne sa façade. le bleu très pur du ciel. Le regard quitte à regret le paysage. Cueillette des olives Le bâtiment largue les amarres. à Santa-Reparata. Pierre Huchette 20 L’Eglise Saint-Jean-Baptiste domine la petite calanque du Cardo.

Escale dans le vieux port de Bastia

Anse abritée des vents, le princi- ports les plus anciens de l’île, en tout pal fief du Nord est le domaine des cas plus que millénaire. Sa situation pêcheurs, un havre de paix, où géographique en fait le modèle idéal quais, jardins et escaliers invitent du havre méditerranéen, un abri sûr à la balade au cœur de la cité. contre les vagues et les vents domi- nants, en particulier le libeccio, qui omme beaucoup de ses voi- souffle souvent sur le Cap Corse. sins, Roch Viacara n’a quitté Au sud, le bassin, protégé par une le vieux port que pour son ser- falaise, est dominé par la citadelle C vice militaire ou, à l’occasion, construite à partir du XIVe siècle par pour pêcher au large de l’étang de les gouverneurs génois, qui assure à La ville n’est pas Biguglia ou du cap Sagro sur sa bar- la fois la veille sur la mer et la défen- seulement que Roch-Lucie, amarrée au pied de se du littoral. Au sud-ouest, une sui- un des ports d’accès sa demeure. Il a bien déménagé une te de terrasses ont permis de cons- à l’Île, elle mérite fois, mais pour s’installer dans le bel truire des cascades de maisons éle- quelques heures ensemble que venait d’achever Fer- vées, dont les parties basses creu- de visite. nand Pouillon en 1962. Une construc- sées dans la roche servaient d’entre- Office du tourisme : tion en harmonie avec l’architecture pôts et de magasins. Au fond, l’anse tél. : 04-95-55-96-96. ancienne de ce quartier qui est une s’achevait en plage permettant de ville à lui tout seul, le Porto Cardo, remonter les embarcations au sec. devenu le Vieux Port après l’inaugu- La rive nord, plus basse, procurait ration du nouveau bassin devant la un accès idéal pour les marchandises place Saint-Nicolas en 1872. et les voyageurs. C’est là que furent Cette anfractuosité dans le rivage, édifiées la capitainerie du port, la bordée d’un amphithéâtre de colli- consigne sanitaire, d’où ce nom de nes et ouvrant sur la mer par un pas- quai de la Santé, les chapelles de con- sage resserré, est sans doute l’un des bbb 21 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ bbb fréries pour les marins et les porte- sur les quais qui n’abritent plus faix, la halle aux poissons et la gran- aujourd’hui que quatre ou cinq gros de église Saint-Jean-Baptiste qui chalutiers, quelques dizaines de bar- domine de sa majesté baroque l’en- ques, les bateaux de la douane et des semble du Vieux Port. Elle sert de affaires maritimes, ainsi qu’une mul- repère aux navigateurs qui arrivent titude de voiliers qui s’agitent au gré encore aujourd’hui sur les quais d’un léger clapot. Car le plan d’eau éblouissants à toutes les heures du est bien à l’abri après les construc- jour. tions qui ferment le port, le môle Jean Giono, homme de la monta- L’histoire de Bastia Génois au nord et celui du Dragon s’inscrit tout d’abord gne et de l’intérieur, à son retour de au sud. dans la citadelle que l’île d’Elbe un soir de mauvais Le rocher du Lion (le Leone), der- fit édifier le temps, en vantait, comme avant lui nier obstacle dans le port, fut suppri- gouverneur Leonello Flaubert et Maupassant, la magnifi- mé et remplacé par la digue du Dra- Lomellino en 1830, et e que beauté dans le « gris très aristo- dont les remparts gon au milieu du XIX siècle. Le port cratique ». ferment à l’est le connut alors une activité fébrile Ce sont des gens simples qui quartier de avec l’arrivée des premiers navires à vivent ici, des marins, des pêcheurs, Terra-Nova. vapeur et l’apparition de dynasties des artisans, même s’ils ont L’histoire de la ville d’armateurs, comme celles des Valé- conscience que leur Vieux Port, sou- s’inscrit aussi dans les ry et des Morelli. Mais dans la nuit vent leur unique horizon, est l’an- représentations du 22 au 23 février 1860, pris dans la cien rivage du Cardo, le cœur et le historiques qui tempête, le paquebot La Louise vint berceau de la cité. commémorent se briser au cours de sa manœuvre L’ensemble de la ville s’est déve- chaque année sur le d’accostage contre la jetée des loppé à partir de cette calanque où il vieux-port la relève Génois. Ce drame, qui provoqua la fait bon prendre son temps dans les des gouverneurs. mort de 84 passagers, fit prendre échoppes, les cafés et les restau- conscience de l’exiguïté du Vieux rants, savourer les odeurs, contem- Port. Les autorités se lancèrent alors pler les murailles de pierre, flâner dans l’édification d’un port neuf à partir de la place Saint-Nicolas, d’autant que les travaux de construc- tion de la voie ferrée fournissaient les remblais nécessaires. Par ailleurs, la ville était en pleine expansion PLACE avec des activités artisanales et SAINT- industrielles, comme les hauts four- NICOLAS BASSIN neaux de Toga qui traitaient le mine- ST-NICOLAS rai de fer venu de l’île d’Elbe. Le soleil se lève dans l’alignement TERRA-VECCHIA des digues, les barques prennent le large, l’animation gagne les quais. Les badauds se mêlent aux St-Jean- pêcheurs, les musiciens aux pein- Baptiste tres, les jeunes aux vieux. Môle Alors, Roch Viacara ouvre sa peti- VIEUX génois te échoppe tapissée de photo- PORT graphies. Depuis qu’il est retraité de Palais des Gouverneurs la marine, il prend moins souvent la Jetée mer, mais il continue de confec- du Dragon tionner à la main ces merveilleux filets multicolores que les spécialis- TERRA-NOVA tes viennent lui acheter de toute Ste-Marie Citadelle l’île, mais aussi de Sardaigne et du Ste-Croix 150 m continent. Jean-Marie Homet 22 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ Le Cap Corse entre ciel et mer

Presqu’île qui s’avance dans les du ciel. Il a un flanc orienté vers le flots vers le continent, le Cap, tou- soleil levant, l’autre vers le couchant. jours vert, lumineux, parfois Sa colonne dorsale, orientée vers le secret, est une anthologie de tou- nord, pointe vers le continent. Ce tes les splendeurs de la Corse « doigt de Dieu », comme l’appe- laient les anciens, semble désigner e Cap, comme l’appellent sim- les rivages de Provence-Côte d’Azur, Le tour du cap Corse, plement les gens d’ici, concilie de Liaurie, de Toscane ; la terre, d’ici, environ 115 km, est possible par à merveille la montagne et la a vue sur trois grands espaces mariti- une route étroite L mer. L’une et l’autre s’embellis- mes : la Tyrrhénienne et ses îles, le et sinueuse (D80 ) sent mutuellement, s’enrichissent de golfe de Gênes et ses baleines, la qui offre leurs ressources naturelles, se sou- Méditerranée occidentale avec sa de nombreux points tiennent. Ce petit bout de fin de ter- lumière et ses surprises météorologi- de vue et des départs re, d’à peine 40 kilomètres de long ques. de balade vers sur 12 de large, possède toute la flo- Traditionnellement, les hommes les chemins re et la faune des littoraux et toutes du Cap, bâtisseurs hardis de châ- de douaniers. celles des étages montagnards : des teaux, de tours, de phares et de mou- Office du tourisme terrasses, des collines, des cimes. lins, ont une double appartenance. de Macinaggio, Le sommet du Monte Stello (le Ils sont à la fois hommes de la mer et tél. : 04-95-35-40-34. mont des Etoiles), qui culmine à de la montagne. Ils ont leur « mari- 1 307 mètres, semble émerger des ne » sur le rivage et leur village per- flots comme au premier jour de la ché sur les hauteurs. La mer, c’est création du monde. Grâce à la force leur travail, avec la pêche, la naviga- du libeccio, à la pureté de son envi- tion, le commerce ; la montagne, ronnement, il se dessine sur le bleu bbb

Le port de Macinaggion, l’une des plus belles arrivées par mer du Cap.

23 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ bbb Et pourtant, les gens d’ici ne vivent c’est leur refuge contre les envahis- pas repliés sur eux-mêmes. Bien au seurs, le siège de leur vie familiale, le contraire, l’univers est leur clocher. lieu de leur sépulture. Ils le parcourent, s’y aventurent, y Entre les deux, ils élèvent leurs font parfois fortune, avant de reve- vaches, leurs chèvres, leurs mou- nir sur le sol natal pour y construire tons, ils cultivent des oliviers et, sur- leurs maisons d’Américains, coiffées tout, des vignes. Elles produisent ces de toit à quatre pentes, ornées de fameux vins qui alimentaient dès riches façades flanquées de pilastres l’Antiquité la table des empereurs et, et de balcons, et aussi leurs dernières à partir du Moyen Age, celle des demeures : des chapelles funéraires, papes. Ce sont ces vins qui ont valu Dans la commune de avec des escaliers monumentaux et au petit port naturel, au pied de Brando, le hameau de grandes coupoles, au cœur d’un d’Erbalunga, sur la Sisco, le nom de Sagro, le cap jardinet planté de palmiers et de côte est, mérite la « sacré ». cyprès. visite. Les maisons de Avec les produits de la terre et de Le Cap compte moins de 5 000 ce village ont leurs la mer, les hommes d’ici pourraient habitants, mais on se plaît à dire, fondations dans l’eau, vivre en complète autarcie. Les sour- et l’on peut presque sans doute avec un peu d’exagéra- ces canalisées alimentent fontaines pêcher des fenêtres. tion, que les Cap-Corsins, qui ont et lavoirs. La serpentine, le marbre, Comme la kyrielle de fait la célébrité internationale des le cipolin des carrières de Brando petits ports blottis sur produits Mattei, sont 500 000 à tra- fournissent tous les matériaux de la côte entre mer et vers le monde! Ce qui est certain, construction des dix-huit villages du montagne, elle c’est que les « marines » et les villa- Cap, riches de leurs églises, de leurs possède sa vieille tour ges du Cap donnent depuis des siè- couvents, de leurs chapelles de con- gênoise. Un hôtel, cles des milliers d’émigrants vers les fréries, de leurs mausolées, de leurs ancien palais, permet Amériques et plus encore de généra- ponts, de leurs bergeries et de leurs de passer la nuit dans tions de marins. tours. Et la mer, au large de la Gira- cet endroit de On ne compte plus les boscos d’Er- glia, est un véritable vivier de lan- charme. balunga, de Sisco, de Canari, ni goustes, poissons bleus (anchois et même les amiraux depuis que l’un sardines) et côtiers (loups et daura- d’eux, le fameux Negroni de Roglia- des), et les pêcheurs de Centuri, de no, s’illustra à la bataille de Lépante Macinaggio, d’Erbalunga le savent en 1571. Et n’oublions pas que ce fut bien. le capitaine Cervoni, originaire de Brando, qui apprit à Joseph Conrad l’art de la navigation... C O P R Aujourd’hui, le Cap vit toujours de A Ile de S la mer et de la montagne, mais il est C la Giraglia E Iles aussi devenu un paradis pour les ran- Finocchiarola donneurs des sommets et des sen- tiers de douaniers. Les amoureux de CENTURI Macinaggio la nature, des plantes, des oiseaux ROGLIANO trouvent ici des sites magiques com- Mer Méditerranée me la réserve naturelle des îlots de Finocchiarola. D180 Ces trois petites terres, qu’il est Monte Alticcione possible de gagner à la nage, sont, 1 139 D avec les Lavezzi, les rares niches de

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0 0 D8 reproduction en Méditerranée des cormorans huppés et des goélands SISCO d’Audouin. Ils font leur nid parmi Monte Stello Marine Golfe de 1 307 de Sisco St-Florent les cristes-marines et les obiones, où se cachent les geckos et autres BRANDO Erbalunga lézards. D31 Tout à l’extrémité de la pointe, l’île 4km de la Giraglia offre aussi la splendeur bbb 24 La ville de Nonza, au sud-ouest du Cap, perchée sur un piton rocheux, surplombe une immense plage de galets noirs.

bbb de sa serpentine naturelle. Elle est mouiller dans les eaux sereines des dominée par sa tour génoise carrée « marines » de Macinaggio, comme et son phare, inauguré le 1er janvier le fit le navire d’Eugénie au retour de 1848, après dix années de travaux l’inauguration du canal de Suez, en L’antique bourgade qui furent une véritable épopée car 1869. de Centurium a laissé toutes les pierres et l’appareillage Ces abris naturels font du Cap l’un place au port furent transportés par bateau de des domaines privilégiés de la plai- de Centuri, jolie marina de la côte Macinaggio, avec parfois des vents sance. Petits et grands voiliers trou- ouest du Cap. de 150 kilomètres/heure. Avec une vent, sur ses 100 kilomètres de rivage Les pointus des portée de plus de 60 kilomètres, il fut – le dixième de l’île –, des suites de pêcheurs s’amarrent, pendant longtemps le plus puissant plages et de criques, de rochers et chargés de langoustes de la Méditerranée occidentale. d’îlots. On passe d’un mouillage de et de rougets, au pied Depuis l’Antiquité, le Cap est la rêve à l’embouchure d’une rivière, des maisons peintes. route maritime obligée entre la Tyr- au quai protecteur d’une marine. Ce petit port abrité rhénienne et les ports d’Espagne et Tous les fonds sont riches et propi- n’exporte plus, de la Provence. Bien des épaves avec ces à la plongée. Et le soir, on peut comme au XVIIIe leur cargaison d’amphores en témoi- déguster, à l’abri d’une vieille tour, siècle, vin, huile, bois gnent. Et pourtant, la triple orienta- sur une petite place entre chapelle et et céréales, mais, tion des côtes, tournées vers l’est, le maisons de pêcheurs, les meilleurs pour témoigner nord, l’ouest, offre toujours un sec- produits de la mer et de la monta- du passé, il reste teur à l’abri des tempêtes. En hiver, il gne. la chapelle n’est pas rare de voir des petits cabo- Santa-Maria- teurs de toutes les nationalités Jean-Marie Homet Maddalena. 25 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ Les tours de Bavella

Deux jours de marche au long du beaux décors du monde, celui des GR 20, qui traverse un des plus entrailles de Bavella. Les lumières du beaux massifs de l’île. soir donnent à ces lieux une ambiance surréaliste. Elles exposent certaines remier jour. Après une visite faces à des éclairages futuristes ; elles matinale aux bergeries de Tova, en ignorent d’autres, condamnées à site romantique perché en bal- une obscurité prématurée. P con au-dessus de la Méditerra- Cette facile ascension peut se trans- née, départ du refuge d’Asinao vers former en aventure. Qui osera me dire trois heures de l’après-midi. D’autres encore que les heures du soir ne sont randonneurs ont déjà installé leurs pas faites pour les randonneurs ? Les affaires pour la nuit. Leurs leçons bien chanceux auront même le privilège apprises sur l’heure et la manière d’apercevoir des mouflons. Le massif d’aborder la montagne ne doivent pas de Bavella est avec celui du Cinto (Hau- dissuader le randonneur de partir vers te-Corse) l’un des endroits où l’on Le massif de Bavella les cimes de la Muvrareccia et du For- peut encore observer ces animaux. est l’un des plus nellu, sommets culminants de Bavella Deuxième jour. Sous les monta- beaux ensembles pour y surprendre la tombée des gnes de Paliri, rencontre avec deux d’aiguilles ombres sur les aiguilles. individus silencieux, l’air gêné, trans- de la Corse. Le GR 20 est Il faut remonter à vue la pente, en portant chacun un long étui qui doit praticable l’été slalomant entre des buissons d’aulnes. dissimuler autre chose qu’un Stradiva- mais il est bon Ils ont envahi un versant où l’on rius. Ils se dérident et acceptent la con- de prévoir extrayait autrefois les blocs calcaires versation sur les grives et les bécasses. un équipement coiffant le sommet des aiguilles – pour- Les deux hommes pressés prennent conséquent tant montagnes emblématiques du quand même le temps d’indiquer au (vêtements chauds granit. Hier, du haut de l’Incudine, on voyageur une astuce qui lui permet de et chaussures pouvait apercevoir les rigoles tracées gagner quelques secondes sur la route de montagne). par ces blocs que l’on faisait dégringo- du refuge. Ils y ont laissé des traces Office du tourisme ler jusqu’aux anciens fours à chaux ins- indiscrètes, notamment un amoncelle- de Zonza, tallés près du torrent. Ce sont eux qui ment de papier journal qui a dû tenir tél. : 04-95-78-67-72. ont donné ce nom de Fornellu au som- au chaud leur repas et leur café. met dont la cime semble déjà à portée. Sur l’une des pages froissés, un arti- Parvenu à la crête faîtière, il est pos- cle consacré aux mésaventures de sible de contempler l’un des plus Nicolas Hulot en Corse attire l’atten- tion. On y apprend qu’il s’est fait cre- ver les quatre pneus de son véhicule Refuge sur le plateau du Coscione ! La veille, de Tova aux bergeries d’Asinao, des habitants Incudine des environs évoquent son installation 2 134 Muvrareccia 1 899 au village de Quenza, qui alimente Refuge d'Asinao G depuis quelques mois la chronique de

R Fornellu 2 1 899 l’Alta Rocca, cette « terre des sei- 0 gneurs ». Aiguilles de Bavella Un peu plus tard, l’heure de la halte 1 611 et de la dernière nuit du randonneur est venue. Un matelas dans un abri qui Paliri devrait le protéger, pour la nuit, des 8 1 312 6 2 plombs des chasseurs. Un refuge dont D l’environnement vaut le décor de n’im- QUENZA porte quel palais. 2km ZONZA Charles Pujos 26 L’aiguille de Tova, dans le massif de Bavella.

27 SUR LES CHEMINS DE L’ÉTÉ La région des lacs

Du col de Vergio à Vizzavona, trois jours de marche en suivant les balises du GR 20 sur la ligne de partage des eaux.

remier jour. A l’hôtel du col de Vergio, il y a du monde attablé. Le bar-restaurant P n’a pas l’air victime de la publicité douteuse faite à l’établis- sement par le film Les Randon- neurs. Ici on peut parler du pays et Entièrement balisé, du temps de l’été. Deux cafés et le GR 20 est doté quelques enjambées sur le GR 20 de refuges équipés plus loin, Nino fait enfin son auxquels s’ajoutent entrée en scène. On a envie d’ap- des chalets plaudir ce lac et ses pelouses, si et petits hôtels privés reposants après tant d’étapes de situés à proximité caillasse. Les chevaux ont pris la du sentier. place des mouflons de la veille, Parc naturel régional mais ils ne paraissent guère mieux à Ajaccio, apprivoisés. tél. : 04-95-51-79-10. L’allure doit se faire plus rapide après le refuge de Manganu, si l’on souhaite rejoindre son cousin de Petra Piana avant la nuit. Nouvelle scène de rêve avec le franchisse- ment de la brèche de Capitello, sur- plombant le plus beau cirque lacus- tre de Corse. Plus loin, il faut con- templer du haut de la Maniccia son gné par les eaux sombres du lac de seul rival, le cirque du Rotondo, bai- Bellebone. Des vagues légères cou- rent sur son onde noire. Deuxième jour. Il arrive souvent qu’on atteigne 84 CORTE D l’Onda, même au mois de juillet, Col de Vergio dans les brumes. Des rouleaux de

N193 nuages se bousculent dans la Lac de Nino dépression d’Oreccia et laissent 23 D6 comme seul repère des enclos de Monte Ritondu pierres sèches. Ils ont été cons- 2 622 truits par des chasseurs, qui ont Refuge de Manganu choisi cet endroit en fonction des R Lac de Belledone G 20 Refuge circuits migratoires des pigeons de Petra Piana ramiers. L’air est très frais. La ligne de par- Guagno tage des eaux est en Corse une sui- Refuge Monte te de hautes crêtes entrecoupées de l'Onda d'Oro de rares cols où se donnent rendez- 2 389 Vizzavona vous tous les brouillards de l’île, 3km Agnone qui baignent les forêts de hêtres. La rencontre du refuge est un 28 soulagement, la garantie d’une tomber sur le goudron. La gare du nuit sans eau et sans vent. Mais un hameau accueille les traversées de long corps-à-corps avec un poêle la Corse en locomotive et à pied. diabolique est souvent nécessaire Mais il faut se rendre à l’évidence : avant qu’il laisse échapper des certains jours, les randonneurs du fumées aussi blanches que les nua- GR 20 sont plus nombreux que les ges de pluie coiffant à cet instant Au pied du Monte passagers de la ligne Corte-Boco- les pentes du Monte d’Oro… d’Oro, de petits hôtels gnano. Troisième jour. sont posés autour de A l’Hôtel des Larici, on peut faire Le GR descend en lacets la haute la gare la connaissance de Marcel, le pro- vallée de l’Agnone. La piste de Vizzavona. priétaire des lieux. Par amour des emprunte d’abord un vaste plateau Les amateurs de montagnes, il vient de renoncer à avant de longer la rive gauche du calme et de courses sa vie ajaccienne pour reprendre ce cours d’eau. Après avoir franchi le en montagne ou de vieil hôtel datant de l’époque bénie ruisseau sur une passerelle, on simples promenades de Vizzavona. Il parle d’un temps rejoint le site de la cascade des en forêt choisissent ce où la bourgeoisie des villes venait Anglais, une petite chute d’eau qui village dans en villégiature à la montagne et où dégringole dans des vasques natu- une clairière, les touristes anglais venaient se relles. La forêt de Vizzavona est proche des hêtres rafraîchir dans les cascades de l’une des plus belles de l’île. et des pins laricio. l’Agnone. A Vizzavona, on croise les rails du chemin de fer avant même de Charles Pujos 29 Une vasque naturelle dans la vallée de la Restonica.

30 SUR LES CHEMINS DE L'ÉTÉ La vallée de la Restonica

Située au cœur du parc naturel torrent de Timozzo, rebondissant sur régional, elle offre la richesse de les rochers moussus, diffuse dans le son patrimoine naturel. Découverte sous-bois une fraîcheur bienfaitrice. du lac de l’Oriente au terme d’une Dans la futaie de pins Laricio, il fau- ascension de quelques heures. dra être discret pour apercevoir la peti- te sittelle corse piquetant les troncs, la on nom déjà fait rêver. Il inspire tête en bas. Un détour par les berge- féminité, beauté, fraîcheur et ries de Timozzo est conseillé pour vivacité. Au pied de l’éperon déguster le fromage de brebis, avant S rocheux coiffé par la citadelle de de remonter par une large crête tapis- Corte, la Restonica vient épouser le sée d’aulnes. Cascades, source et ruis- fleuve Tavignano, qui va se jeter dans seaux enchantent le cirque de Trighjo- la mer Tyrrhénienne, à Aléria. ne, où l’on produit un dernier effort. b Accès : Laisser la voiture au niveau d’un bâti- Randonnée légère, On oublie soudainement sa fatigue ment désaffecté, au lieu-dit Chjera- de 10 km ou plus quand apparaît le lac, niché dans la ver- ghjola, pour emprunter l’itinéraire en fonction dure où reposent de larges dalles ven- pédestre tracé sur une dizaine de kilo- des itinéraires, trues. Au fond de cet amphithéâtre mètres jusqu’à Grotelle. Un pont de pour cette balade minéral aux contours déchiquetés par bois donne accès à la rive droite, où le au cœur de ce qui la dernière glaciation, le Ritondu poin- sentier longe le cours d’eau encombré demeure un très beau te fièrement ses 2 622 mètres. Ce lac de gros blocs arrondis. Les rapides site forestier malgré peu profond (1,80 mètre) se comble de sont étourdissants mais leur impétuosi- les incendies dépôts charriés par les torrents lors té se calme dans les grandes vasques, de l’été 2000. des crues. L’irrégularité du colmatage où l’eau transparente invite à la Office de tourisme forme une ramification de canaux et baignade. de Corte, de puits appelés pozzines, une curiosité Au bout d’un kilomètre, le chemin tél. : 04-95-46-26-70. de la montagne corse. s’élève en lacets à travers les chênes Toute la magie des montagnes se verts et un haut maquis où prospèrent dévoilera lors du rendez-vous fixé par bruyères, lentisques et genêts. Dans le soleil, les 26 et 27 juillet, sur le pla- un virage, la vue s’ouvre sur la vallée. teau d’Alzu. A proximité des bergeries La Restonica murmure au fond des de Cappellaccia, on peut voir l’astre gorges noyées dans la végétation ; au s’éclipser derrière l’arête du Capu Tafu- loin, les sommets de la chaîne centrale natu et réapparaître comme un rayon sont encore enneigés. Il faut alors des- d’espérance par le trou légendaire. cendre jusqu’au camping de Tuani, en traversant une futaie où apparaissent Pierre Huchette les premiers pins Laricio. De là, on peut opter pour un retour par la route qui offre de beaux points de vue sur les CORTE nano gorges et les marmites de géant de Tavig

Nucariu. ca ni Toute la Restonica peut ainsi être Tuani to es remontée à pied, mais il existe aussi Bergeries de R Cappellaccia D623 d’autres itinéraires, moins fréquentés, permettant d’accéder aux vallées laté- Bergerie de Bergeries de Timozzo rales et à la plupart des sommets, des Grotelle lacs et des cols. Lac de l'Oriente Une des plus belles randonnées part du pont de Timozzo et mène au lac de Monte Ritondu G 2 622 l’Oriente par un chemin très monta- R 20 gnard nécessitant plusieurs heures 4km d’ascension ininterrompue. Le petit 31