Beihefte Der Francia Bd. 16,1 1989
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Deux siècles plus tard, elle s'est fondue dan s l'Empire franc, dont elle est devenue, avec l'Austrasie et le nord d e l a Bourgogne, l e noyau central , l e cœur, e n un mo t l a Francie. L'ambitio n générale de cet ouvrage sur la Neustrie est de dégager les étapes et les processus de ces transformations. Un e recensio n de s agent s d u ro i e n Neustri e s'imposai t donc . L e modèle étai t tou t trouvé : e n 1974, Horst Ebling publiai t un e prosopographi e de s fonctionnaires mérovingien s e n poste dan s l e Regnum Francorum entr e 614 et 741, de Clotaire II à la mort d e Charles Martel2. Cet ouvrage pionnier e t fondamental es t rapidement deven u indispensabl e à tous ceu x qu i s'intéressaien t au x structure s d u pouvoir à la fin d e la période mérovingienne. Mon étude doit évidemment beaucou p au travail et à la méthode d'Horst Ebling , même si les perspectives en sont différente s puisqu'elles son t ic i strictement régionales . J'ai don c rassembl é de s matériau x permettan t d'explique r comment , duran t ce s deux siècles , la Neustrie fu t contrôlé e pa r u n pouvoi r centra l qui , dan s un premie r temps, émanait d'elle mai s qui, après les défaites d e Tertry (687) et de Vinchy (717), s'imposa largemen t d e l'extérieur . Avant d e dresse r l a liste de ce s agent s du ro i dont l a mission étai t d e soutenir l e pouvoir central , quelques points peuvent êtr e évoqués lapidement. Tout d'abord, l a hiérarchie de s fonction s qu i confortai t le s position s d e l a nobless e neustrienne ; ensuite l'impact d e la victoire austrasienne su r l'administration d e la Neustrie; enfin , le renforcement de s tendances à l'hérédité de s fonctions duran t ce s deux siècles . 1) La hiérarchie des fonctions »Pépin, roi des Francs, homme illustre. A tous les ducs, comtes, grafiones, domestici, vicarii, centeniers , à tous les agents tant présents que futurs, ains i qu'à tous ceux que nous avon s envoyé s partou t d u palai s e n mission...« 3. L a structur e administrativ e qui se dégage de ce capitulaire de 753 n'a guère changé depuis le milieu du VIIe siècle 1 Karl Ferdinan d WERNER, Les origines , Pari s 1984 (Histoire d e France , 1), 54 0 p. E n particulier , l e chapitreXII: Les Mérovingiens , p. 310-333. 2 Hors t EBLING, Prosopographie der Amtsträger des Merowingerreiches von ChlotharlI. (613) bis Karl Martell (741), Münche n 1974 , (Beiheft e de r Francia, 2), 260 p. 3 DKI, n°6 , 8 juillet 753: Pippinus rex Francorum vir inluster. Omnibus ducis, comitibus, graffionibus, domesticis, vecariis, centenariis, vel omnes agentes tarn presentibus quam infuturis, seu et omnes missus nostros de palacio ubique discurrentes. 232 Régine Hennebicque-Le Ja n et reste l a même un siècl e plus tard 4. L a Neustrie, comm e l e reste d u royaume , es t divisée en pagi, chaqu e pagus étan t dirigé par un comte ou un grafio, le s deux termes étant devenu s largemen t synonyme s dè s l a fi n d u VIIe siècle 5, tandi s qu e de s domestici gèren t les terres fiscales. Les ducs et les marquis (marchiones) sont à la tête de vastes circonscriptions militaire s destinées à surveiller le s régions dangereuses: en 710, Charles Marte l install e Chrodegarius (n ° 170) comme dux dan s l e Maine. Cett e Marche de Bretagne est administrée par Rolland (n° 175) dans les années 770 puis par Gui (n°296 ) e t so n fil s Lamber t (n ° 197) entre l a fi n d u VIIIe siècl e et 834. Le comte qui, au nom du roi, réunit l'assemblée des hommes libres du comté, rend la justice, convoque l'os t e t lève l'impôt, dispos e d'auxiliaires qu i sont le s courroie s de transmission indispensable s à l'exercice d u pouvoir central . Ce sont le s vicarii e t les centeniers . Certes , a u fi l de s dates , j e n'a i relev é qu e troi s vicarii 6 e t quatr e centeniers7 mais cela tient à ce que ces agents ne souscrivent e n général que des actes privés don t nou s n'avon s malheureusemen t conserv é qu e for t pe u d'exemplaires . Tout comm e le s avoué s (advocati) de s monastères , il s n'interviennen t a u tribuna l royal qu e s'il s sont directemen t concerné s e t son t don c resté s l e plus souven t dan s l'anonymat. L'act e pa r leque l l'illustr e Adrouual d fai t e n 649 don d e bien s a u monastère d e Sithi u montr e bie n qu e l'organisatio n administrativ e d u pagus d e Thérouanne étai t moins squelettique qu'on pourrait l e penser: le grafio Chunebertu s est ic i entour é d e si x sacebarones, qu i son t de s agent s subalterne s chargé s d e l a perception de s amende s judiciaires . Nu l dout e qu e ce s fonctionnaire s n'aien t ét é nombreux dan s tout e l a Neustrie 8. Directement e n contact ave c les populations, vicarii, centeniers et agents subalter - nes disposen t d e moyen s coercitif s importants ; c e son t de s personnage s puissant s contre lesquel s le s plainte s de s pauperes n e cessen t d e s'éleve r a u IXe siècle 9. Dè s l'époque mérovingienne, le pouvoir central cherche donc à contrôler l'administratio n locale e n envoyan t e n tourné e dan s le s provinces de s chargé s d e missio n (missi), l e système s e généralisant sou s Charlemagn e e t Loui s l e Pieux. Les ordres partent en effet d u palais royal, mieux vaudrait d'ailleurs dir e des palais royaux, les principaux palais neustriens étant ceux de Quierzy, Luzarches e t Ver. Au milieu du IXe siècle, Hincmar d e Reims dress e un tableau san s doute idéa l du palai s royal te l qu'i l fonctionnai t à l'époque d e Charlemagne 10. L'imag e qu i ressor t de s textes dépouillé s es t cell e d'un e administratio n palatin e complex e e t bie n fournie : complexe parce que les fonctionnaires, a u premier rang desquels il faut cite r le maire 4 BOUQUET t . VI, n°XXXI, p . 629. 828 , Instruction général e d e Loui s l e Pieu x Omnibus episcopis, abbatibus, ducibus, comitibus^ gastaldiis, vicariis, centenariis, actionariis, clusariis seu missis nostris discurrentibus, caeterisque fidelibus nostris, partibus Franciae, Burgundiae, Provinciae, Septimaniae ... 5 EBLING, p . 24. 6 Adaleus (n°7) , vicarius à Tours e n 813, Humbertus (n°182) , vicarius dan s l a régio n d e Vermand - Noyon e n 708, Hunnaldus (n°186) , vicarius dan s l e pagus d e Chambly e n 797. 7 Modolenus (n°217) , centenie r dan s l a régio n d e Noyon aprè s 660, Gislefridus (n°117) , centenie r à Vermand e n 685, Chunbaldus (n°183) , centenier dan s la région d e Saint-Bertin e n 723, Austrohaldus (n°42), centenier dan s l a région d e Saint-Bertin e n 745. 8 Dipl . Belg. n°l,p.7. 9 R. LE JAN-HENNEBICQUE, Pauperes e t Paupertas aux IXe et Xe siècles, dans: Revue du Nord 50 (1968), p. 169-187. 10 Hincmar d e Reims , D e ordin e palatii , éd . V. KRAUSE, Fontes iuris germanici antiqu i i n usu m scholarum V, 1894. Prosopographica Neustrica : Les agent s du ro i e n Neustrie 233 du palai s mérovingien 11, y remplissen t de s tâche s auss i bie n privée s qu e publique s mais qu'e n mêm e temp s i l y a de s service s spécifiques , chargé s d e tâche s précises , ayant à leu r têt e d e haut s fonctionnaire s comm e le s sénéchaux , le s trésoriers , le s bouteillers, le s chambriers, les gardiens des clefs (arcarii), les référendaires e t comtes du palais .