56. Rias D'etel
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RIAS D'ETEL, DU BLAVET ET MER DE GAVRES (MORBIHAN) ***** RAPPORT DE PROSPECTION THEMATIQUE 2008 PRESENTE PAR ALAIN PROVOST ET CYRIL DRIARD MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DRAC BRETAGNE - SERVICE REGIONAL DE L'ARCHEOLOGIE 2M> Prospection thématique des sites du littoral des rias d'Etel et du Blavet, et de la petite mer de Gâvres pour les périodes protohistorique, romaine et médiévale. Programme 2008-2009 Rapport 2008 Présenté par Alain Provost et Cyril Driard Programme : 2006-20 : Espace rural, peuplement et productions agricoles. Remerciements : M. Stéphane Deschamps, conservateur régional de l'Archéologie M. Emile Bernard, conservateur du Patrimoine au Service régional de l'Archéologie MM. les membres de la Société d'Archéologie et d'Histoire du Pays de Lorient MM. Pierrick Guéguen, Jean-Paul Rieux et Joseph Rio, nos informateurs locaux. Opération financée par le Ministère de la Culture et de la Communication Cliché de couverture : éperon barré de Mané-Coh-Castel au Vieux-Passage en Plouhinec (M. Thomas). Introduction Ce programme, proposé sur 2 ans, vise à recenser et inventorier les vestiges archéologiques des époques protohistorique, romaine et médiévales des milieux particuliers que sont les rias. Il s'inscrit dans un double cadre : celui de l'étude de l'environnement de la villa romaine de Mané-Véchen fouillée de 2000 à 2007 et celui de l'étude de l'occupation des espaces littoraux de la Lyonnaise, conduit par C. Driard dans le cadre de son doctorat à l'université de Tours ; l'espace géographique défini constituant une étude de cas. La question des activités économiques développées dans cette portion du territoire vénète est au centre de nos préoccupations ; en particulier la pêche, le sel, les productions de salaisons de poisson et le commerce avec, pour corollaire, le problème de la navigation dans la ria d'Etel aux périodes anciennes, compte tenu du phénomène de la barre d'Etel qui, aujourd'hui, constitue une entrave à la navigation. La vision d'un espace résidentiel privilégié dans l'antiquité, à l'instar du Golfe du Morbihan, constituait une autre interrogation. La zone comprise entre les rias du Blavet et d'Etel constitue un territoire cohérent, qui se manifeste aujourd'hui notamment par l'organisation communautaire. Cependant, les rias constituent des entités distinctes au plan géomorphologiques. La ria d'Etel est une ria « en bouteille » avec une embouchure étroite, ramifiée à l'extrême, et le trait de côte y est très peu élevé. La ria du Blavet est tributaire d'un important fleuve côtier et, de ce fait, présente un profil linéaire à méandres et le trait de côte y est globalement plus élevé. Dans ces deux rias, l'action des marées se fait sentir jusqu'à 15 km des embouchures. La petite mer de Gâvres, très peu profonde et à la côte plate, résulte de la formation du cordon dunaire qui a relié l'ancienne île de Gâvres au continent. La compilation des sources (sociétés savantes, travaux de Wheeler, prospections et fouilles récentes, informations orales) constitue une première approche de l'occupation du littoral et du territoire. Or, la carte archéologique ne rend que très partiellement compte de cette densité d'occupation (Figure 1), notamment pour l'époque romaine (Figure 2). Certes, un certain nombre d'informations étaient encore à confronter avec les réalités du terrain, mais il apparaît clairement que la carte archéologique sous évalue le potentiel archéologique de ce territoire. Si la période romaine est bien centrale dans ce projet, il importait de prendre en compte les époques protohistorique et médiévale dans une perspective d'évolution de l'occupation. En 2008, la prospection a porté exclusivement sur la ria d'Etel. N A BELZ ■ ETEL ras commune concei s te twoM de prospection EPDEVEN > pfOKiIftttôJU^ I Fig. 1 : Carte des communes littorales des rias d'Etel, du Blavet et de la petite mer de Gâvres et les entités archéologiques des périodes protohistorique, romaine et médiévale figurant dans la carte archéologique. Océan Atlantique Carnac .o Légende : # Villa de Mané-Véchen ■Cr Usines de salaisons 0 Autres villac Voie principale 1 1 "Agglomérations secondaires" Voie secondaire ° Autres gisements indéterminés Fig. 2 : L'occupation des rias d'Etel et du Blavet à l'époque romaine, d'après compilation des sources documentaires. 1. Contexte, mode opératoire et contraintes 1.1. Le contexte géographique et géomorphologique Située entre l'estuaire du Blavet (Lorient - Port-Louis) et la presqu'île de Quiberon, La ria d'Etel est une ria en forme de "bouteille" à l'embouchure étroite (210 m), qui, à partir de Pont-Lorois, à 4 km en amont de l'océan, se développe en une multitude de ramifications alimentées par autant de ruisseaux drainant le Bas-Vannetais. Entre Nostang et Mendon, selon une diagonale nord-ouest - sud-est, la largeur de la ria atteint 8 km. Le trait côtier se singularise par de multiples petites îles et presqu'îles et des promontoires qui développent un littoral d'environ 85 km de long. Dix communes se partagent le littoral de la ria : Erdeven, Etel, Belz, Landaul, Landévant, Locoal-Mendon, Merlevenez, Nostang, Plouhinec et Sainte-Hélène. La côte d'Erdeven, tributaire de la ria, ne dépasse pas 1 km de long, tandis que le littoral de Locoal- Mendon atteint 30 km. La région appartient au complexe métamorphique sud-morbihannais au substrat de gneiss granitoïde et de granité au faciès varié, le plus souvent fortement diaclasé, avec une côte rocheuse, basse et découpée (figure 4). Les formations superficielles n'ont qu'une faible épaisseur et la roche affleure fréquemment. Là où ces formations subsistent, l'horizon d'altération du substrat est recouvert par un sédiment brun à structure sableuse (arène) et limoneuse. La ria entaille un bas plateau parsemé de croupes molles correspondant aux pointements du granité massif. La différence altimétrique entre les estrans et la plateforme côtière ne dépasse pas 15 m; dans les presqu'îles, elle s'établit entre 4 et 8 m. Quelques promontoires sont bordés par des falaises d'une dizaine de mètres d'amplitude. L'action des marées se fait sentir jusqu'à 13 km de l'embouchure. L'amplitude spatiale des marées est telle qu'à marée haute la ria présente l'aspect d'une mer intérieure, tandis qu'à marée basse, le flux se réduit au lit des ruisseaux affluents, dévoilant des vasières qui ont colmaté les anses (figure 5). Les courants sont sensibles au niveau des détroits tels le Vieux-Passage et le Pont- Lorois (anciennement Passage-Neuf) entre Plouhinec et Belz. Ils sont parfois violents au niveau de l'embouchure, amplifiés par le phénomène de la barre d'Etel, qui doit son nom à la présence d'un banc de sable sous-marin, mouvant, formé par les courants qui se croisent à l'entrée de la ria dans le prolongement des dunes de Pouhinec-Erdeven. Le banc de sable se déplace au gré des vents et des courants et la mer, qui se brise sur toute la largeur de l'embouchure, entrave la navigation à certaines marées, notamment quand le vent souffle du large. Ce phénomène est directement lié au cordon dunaire dont la formation est récente comme en témoigne l'édifice romain de Kérilio en Erdeven, enseveli par la dune. Avant la formation de ce cordon, le trait de côte océanique était en retrait d'environ 1 km et l'embouchure de la ria se situait au niveau du bourg d'Etel et du port du Magouer en Plouhinec. Depuis l'antiquité, on estime à 1,50 m l'amplitude de la remontée du niveau de la mer sur le littoral vénète. Figure 4 : aspect du trait de côte à la pointe de Kerguen en Belz. Figure 5 : l'estran et l'anse de Locoal en Locoal-Mendon, à marée basse. 1.2. Le Contexte archéologique et historique d'après les recherches précédentes Les recherches anciennes se sont focalisées sur les sépultures mégalithiques, fouillées au XIXe siècle par les érudits de la Société polymathique du Morbihan. Ces mêmes érudits signalent quelques stèles funéraires protohistoriques et des gisements gallo-romains. L'abbé Milon fouille (partiellement) la villa de Kerfrézec en Sainte-Hélène en 1897. Dans les années 1930, M. Wheeler et ses élèves visitent les retranchements potentiels de l'Age du Fer, en effectuent des croquis et y pratiquent quelques sondages. Pour la période récente, on peut mentionner les signalements sporadiques des prospecteurs de la Société d'Archéologie et d'Histoire du Pays de Lorient (SAHPL): gisements gallo-romains et objets isolés de diverses périodes. P. Naas effectue quelques missions de prospection aérienne et détecte des enclos protohistoriques ou gallo-romains. De 2000 à 2007, la villa romaine de Mané-Véchen à Plouhinec fait l'objet, sous la responsabilité de A. Provost, d'une fouille exhaustive en préalable à sa mise valeur; ces travaux font suite aux sondages de reconnaissance exécutés par P. André entre 1970 et 1976. En 2007 et 2008, C. Driard réalise des sondages sur l'unité de salaisons de la Falaise à Etel. En résumé, aucune opération de prospection systématique n'avait été conduite auparavant sur le territoire baigné par la ria d'Etel Au néolithique, la zone de la ria d'Etel prolonge, à l'ouest, le complexe mégalithique sud-morbihannais. Les menhirs isolés, les reliques d'alignements et les allées couvertes sont particulièrement nombreux entre la zone dunaire et le fond de la ria, notamment sur les territoires des communes d'Erdeven, de Belz, de Plouhinec et de Locoal-Mendon. Seuls deux dépôts de fondeurs -datables du Bronze final- sont connus, à Belz et Locoal-Mendon. Les nombreuses stèles funéraires repérées autour de la ria, révèlent, quoique déplacées, une occupation dense du territoire baigné par la ria à l'Age du Fer, ce que confirme la répartition des enclos sur les plateaux.