Le Château (Les Junies)
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www.patrimoine-lot.com le portail patrimoine un site créé par le Conseil Général du Lot Le château (Les Junies) Découvrir Situé sur les bords du ruisseau de la Masse, à l’écart du village des Junies, le château était au 14e siècle la demeure du cardinal Gaucelm de Jean, fondateur du monastère voisin des dominicaines. Se distinguant par sa couronne de mâchicoulis et ses riches fenêtres croisées, l'édifice actuel est toutefois l’œuvre de la famille de Morlhon et date Le château : vue générale du 15e siècle. depuis le Nord-Ouest Le château des Junies a été quasi entièrement reconstruit au cours du dernier quart du 15e siècle à l'emplacement d'une demeure qui appartenait à la famille des de Jean, seigneurs des Junies dès 1214. Nombreux furent en effet les châteaux qui, comme les villes et villages du Quercy, subirent le vandalisme des troupes anglaises durant la guerre de Cent Ans. Le cas des Junies est un peu différent, puisque ses seigneurs, qui avaient pris parti pour la cause ennemie, se virent assiégés par les Français : le château fut ainsi pillé et en partie détruit en 1368. On doit sans doute aux de Morlhon la reconstruction de l'édifice à la fin de la guerre. Le plan adopté alors est classique des demeures seigneuriales mises en œuvre à la fin du 15e siècle : de forme rectangulaire et d'allure massive, le logis est cantonné de trois hautes tours circulaires, dont une réservée à l’escalier en vis desservant les différents étages. Le château fut alors couronné de mâchicoulis et orné de croisées en pierre, chargées d'un décor sculpté associant putti, feuilles d'acanthe, fleurs et fruits au vocabulaire ornemental de la Renaissance. En savoir plus Notes d'histoire La famille de Jean, seigneurs des Junies au Moyen Age En 1214, l’évêque Guillaume de Cardaillac fit don à Bertrand de Jean, riche marchand de la ville de Cahors, de la terre de Canourgues dans la vallée de la Masse. L’évêque, par cette donation intervenue peu après les premiers faits de la guerre contre les Albigeois, récompensait l’une des plus actives familles de la bourgeoisie cadurcienne pour le concours financier qu’elle apporta à l’Eglise. Benoît II de Jean (mort en 1263), chevalier et seigneur des Junies, illustre la réussite et l’intégration dans la noblesse locale des membres de cette oligarchie marchande, enrichie dès la fin du 12e siècle par le négoce de la laine et du vin sur toutes les places commerciales internationales. Dans les premières années de la guerre de Cent Ans, son descendant et homonyme Benoît de Jean était passé du côté des Anglais et, avec son beau-frère Guillaume de Pestilhac, ravageait les places fortes de la région de Puy-l’Evêque, restées fidèles au roi de France. En représailles, le roi intima en 1368 l’ordre d’assiéger le château des Junies, alors occupé par des capitaines de compagnies anglaises. Une terre en héritage Le fils de Benoît, Philippe de Jean, mourut sans postérité peu après 1381. La branche des Junies s’éteignit ainsi, tandis que prospérait celle de Saint-Projet. La seigneurie passa alors à Cécile de Cardaillac qui, avant de disparaître, fit de son frère, Jean de Cardaillac-Bioule, archevêque de Toulouse, son héritier. Celui-ci vendit les Junies en 1386 au comte d’Armagnac. La seigneurie devint ensuite la propriété des Morlhon de Sanvensa. Antoine de Morlhon, procureur général du parlement de Toulouse, aurait ainsi possédé Les Junies dès 1440 : on lui attribue la reconstruction du château. La fille d'Antoine de Morlhon, Jeanne épousa Guillaume de Rodorel. A la mort de ce dernier, elle vendit le fief en 1526 à Jean du Pré, seigneur des Barthes, gentilhomme et compagnon d’armes de François Ier. Jean du Pré, homme d’armes, poète de Cour et seigneur des Junies de 1526 à 1573 Dans sa monographie consacrée à l’histoire des Junies, Françoise Auricoste a mis en relief la personnalité de ce personnage mal connu. Seigneur des Barthes (près de Moissac), Jean du Pré fut le compagnon de Galiot de Genouillac, grand écuyer de France qui fit construire le célèbre château d’Assier. Il participa à la bataille de Pavie en 1525 auprès de François Ier, fut emprisonné et libéré grâce à la reine mère, Louise de Savoie. De retour en Quercy, il acheta la seigneurie des Junies et épousa tardivement, en 1566, Jacquette de Lyon de Vidounet. Peu avant 1534, il publia Le Palais des Nobles Dames, recueil de poèmes en l’honneur de Marguerite de Navarre, et dont on ne connaît que deux exemplaires, conservés à la Bibliothèque Nationale de France. Après la mort de Jean du Pré en 1573, sa veuve désigna comme héritier des Junies, Antoine de Goux. La seigneurie revint ensuite un temps à la famille de Morlhon, puis aux du Buisson de Bournazel par le mariage de Florette de Morlhon, à la fin du 16e siècle, avec François du Buisson, sénéchal du Rouergue. En 1608, le mariage d’Hélène-Isabeau de Bournazel et d’Antoine de Beaumont-Toucheboeuf permit de réintroduire aux Junies, délaissées tout au long du 16e siècle par ses seigneurs, un personnage soucieux de reprendre en main le fief et le monastère. Un de ses descendants, Jean-François de Beaumont, avec sa femme, Cécile de Lard de la Rigoulière, qu’il épouse en 1744, possédait les Junies et les seigneuries de Pontcirq et de la Bastidette. C’est son frère, Jacques, qui habitait alors le château des Junies, Jean-François résidant à Cahors. Son fils, Armand Augustin naquit en 1750 et fut d’abord page du roi en la Petite Ecurie dès 1765, puis sous-lieutenant de dragons dans un régiment de cavalerie. Il épousa en 1777 Elisabeth Agathe de la Baune de Frosac, fille du vicomte de Forsac, chevalier de Saint-Louis, qui lui apporta la seigneurie de Baune. En 1790, Armand Augustin dut vendre la seigneurie des Junies afin d'émigrer émigrer en Allemagne. Pendant la Révolution, en 1793, le château, les bois et les terres furent affermés à Baptiste Solives puis divisés en lots vendus à plusieurs propriétaires. En vertu de la loi du 17 juillet 1793 sur les indemnités et redevances seigneuriales, le comité général des Junies ordonna de raser les tours du château après avoir procédé à la destruction de ses archives : cet ordre ne fut visiblement pas exécuté En 1794, Marguerite de Beaumont, la soeur d’Armand Augustin, parvint à racheter le château dont sa famille avait été dépossédée. Enfin, en 1921, Madame Barberet, veuve d’un officier de l’armée coloniale d’Algérie, acquit la demeure et œuvra, durant toute sa vie, à sa restauration. Le château Le château des Junies est isolé du bourg des Junies et de son couvent de Dominicaines, sur les bords du petit ruisseau de la Masse. L’imposante silhouette du corps de logis, haut et massif que cantonnent trois tours rondes, se mêle aux feuillages des arbres du vaste parc qui l’entoure, fermé par des murs. Les traces d’une demeure seigneuriale du 13e siècle Comme l’indiquent des éléments tels que le tronçon de mur englobé dans la façade nord-est, ainsi que les deux archères en croix pattée qui y sont percées (elles sont comparables aux archères du moulin de Coïmbre à Cajarc), se dressait ici une première demeure seigneuriale dès le dernier quart du 13e siècle. A l’image des châteaux du 13e siècle, elle devait combiner un logis et une tour maîtresse de plan carré ou rectangulaire, dont le soubassement pourrait être conservé dans l’avancée sud-est du logis actuel. Par ailleurs, on peut faire l’hypothèse qu’il y avait au sud-ouest du logis une cour fermée, accessible par la porte en arcade intégrant le passage d’une herse sur la façade nord-ouest. Sans doute faut-il croire que ce logis fut en grande partie détruit lors de la guerre de Cent Ans, de sorte qu’il fallut le rebâtir à la fin du 15e siècle. Une reconstruction de l’après guerre de Cent Ans La campagne de reconstruction de la demeure fut réalisée par Antoine de Morlhon, procureur du parlement de Toulouse ou par sa fille, Jeanne, et son gendre, Guillaume de Rodorel, au cours du dernier quart du 15e siècle. Englobant l’ancien château, la nouvelle construction adopte un plan massé rectangulaire, encadré au sud-ouest par deux tours rondes. Une extension au sud-est est cantonnée par une troisième tour circulaire. Sans doute protégée à l’origine par un fossé sec, la construction est établie sur deux étages, couronnés d’un niveau de mâchicoulis destinés à la défense. La maçonnerie se distingue, comme sur l’ensemble des constructions de la fin du 15e siècle, de celle du château primitif : ce ne sont plus des moellons bien équarris montés en lits réguliers, mais des blocs de calcaire à peine dégrossis au pic et noyés dans un mortier de chaux et de sable légèrement ocré. Les différents étages destinés à l’habitation sont desservis par un escalier en vis en pierre logé dans la tour ouest. Au premier étage, la cuisine est constituée d'une pièce voûtée dans laquelle est aménagée une imposante cheminée en pierre. D’après les ouvertures et les aménagements intérieurs, l’étage "noble" dans lequel s’étendait la salle (aula) était situé au deuxième étage. Les tours est et sud sont occupées par de petites pièces circulaires. La tour est, arasée de son niveau de mâchicoulis, superpose deux niveaux de latrines dont les coffres maçonnés sont portés en encorbellement sur l’extérieur.