Deux Scènes De Cannibalisme Dans La Peinture De Francisco De Goya Y Lucientes: Essai Pictural Sur La Nature Humaine
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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL Deux scènes de cannibalisme dans la peinture de Francisco de Goya y Lucientes: essai pictural sur la nature humaine par Bianca Laliberté Département d’histoire de l’art et études cinématographiques Faculté des arts et des sciences Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures En vue de l’obtention du grade de Maître ès arts (M.A.) en Histoire de l’art 2016 © Bianca Laliberté, 2016 UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL FACULTÉ DES ÉTUDES SUPÉRIEURES CE MÉMOIRE INTITULÉ : Deux scènes de cannibalisme dans la peinture de Francisco de Goya y Lucientes: essai pictural sur la nature humaine PRÉSENTÉ PAR : Bianca Laliberté A ÉTÉ ÉVALUÉ PAR UN JURY COMPOSÉ DES PERSONNES SUIVANTES : Denis Ribouillault Président-Rapporteur Johanne Lamoureux Directrice de recherche Olivier Asselin Membre du jury I Résumé Ce mémoire vise à élargir, à l'aune d'une approche herméneutique jaussienne, l’interprétation de deux tableaux de Goya portant des titres qui leur ont été donnés a posteriori : Cannibales montrant des restes humains (1800-1808?) et Cannibales préparant leurs victimes (1800-1808?). Notre analyse se fonde en premier lieu sur une description de la matérialité des œuvres ; nous fournissons la première lecture de la relation entre ces tableaux et en défendons par ailleurs le statut de diptyque. Nous proposons ensuite une analyse critique de la réception des deux tableaux. Puis, dans la mesure où ces œuvres sont les premiers exemples où apparaissent en peinture des « sauvages » cannibales, nous explorons l'horizon iconographique du cannibalisme afin d'y chercher des images comparables. Cette tradition figurative paraît se réduire à trois catégories, à savoir: l’image coloniale, la caricature et la peinture mythologique. Ensuite, en partant de l'hypothèse répandue et héritée du romantisme que ces œuvres constituent des représentations de la nature humaine, nous tentons de les réinscrire dans l'horizon historique et philosophique dont est issue cette notion. Nous nous penchons tout spécifiquement sur les pensées philosophiques de Thomas Hobbes et de Jean-Jacques Rousseau, qui articulent des conceptions contraires de la nature humaine : si pour l’un, celle-ci est cruelle, pour l’autre elle est fondamentalement bonne. Ainsi, pourrons-nous mieux situer ces deux tableaux par rapport à cette notion à l’aune de son contexte d’émergence spécifique, notion que Goya a certainement découvert à travers les Ilustrados qui incarnent la philosophie des Lumières en Espagne. Nous désirons démontrer de quelle manière ces œuvres pensent et comment, par l'entremise de leurs propres moyens, elles en viennent à se distancier, en les dépassant, les horizons iconographique et philosophique dont elles participent. Mots clés Francisco de Goya y Lucientes XIXe siècle – Espagne Cannibalisme Thomas Hobbes Jean-Jacques Rousseau II Abstract The present research project aims to broaden the interpretations of two paintings of Francisco de Goya, whose titles were attributed to them a posteriori: Cannibals Gazing at their Victims (1800-1008?) and Cannibals Preparing their Victims (1800- 1008?). The analysis begins with a description of the materiality of the paintings. This section represents the first reading of the works’ structural connections, and suggests that the two images are in fact two parts of a diptych. We will then delve into a critical exploration of their reception. Since these images are the two first examples of cannibal figures inspired by colonial imagery to appear in the Western art historical tradition of painting, we explore the iconographical horizon of cannibalism in order to find comparable images, the likes of which are divided into three categories: colonial images, caricature, and mythological paintings. Afterwards, considering the widespread and romantic interpretation of these paintings as representations of human nature, we will attempt to reinscribe them within the historical and philosophical spheres from which this notion derives. We focus on the ideas of Thomas Hobbes and Jean-Jacques Rousseau, whose conceptions of human nature are contradictory towards each other. While Hobbes suggests that the nature of humanity is cruel, Rousseau deems it fundamentally good. This notion is one that Goya probably encountered himself while frequenting the Ilustrados – or, the more prominent figures of the Spanish Enlightenment. As a result, we will be able to situate the two paintings with respect to their specific context of emergence. Through the examination of these horizons, we aim to demonstrate the ways in which these two paintings think, and how, through their own resources, they deviate from – or even surpass – the iconographical and philosophical situations from which they hail, and to which they respond. Key Words Francisco de Goya y Lucientes 19th Century – Spain Cannibalism Thomas Hobbes Jean-Jacques Rousseau III TABLE DES MATIÈRES Sommaire..............................................................................................................................i Abstract ...............................................................................................................................ii Table des matières .............................................................................................................iii Liste des illustrations .........................................................................................................iv Remerciements ................................................................................................................viii Introduction ......................................................................................................................1 1. L’objet mis-à-nu : histoire d’un diptyque.................................................................14 1.1 Histoire matérielle des tableaux …………………………………………………..…...….....14 1.2 L’objet mis-à-nu : la structure du diptyque………..…...............................................16 1.3 Le Goya nationaliste de Charles Yriarte ……………….….......................................27 1.4 La curieuse mise en rapport entre le mythe des Saints Martyrs canadiens et le diptyque avec Cannibales……………………………...……...........................................31 1.5 Un nouveau paradigme historiographique : le cannibale comme métaphore de la nature humaine ………..……………………………………….…...................................37 2. Une iconographie du cannibalisme du XVIe au début du XIXe siècle ..................44 2.1 L’Autre cannibale : une figure coloniale …………....................................................45 2.2 Le cannibale dans la caricature : contre la France révolutionnaire…..........................53 2.3 L’image mythologique : un cannibalisme de l’hybris ……………............................61 3. La nature humaine : entre le même et l’autre chez Hobbes, Rousseau et Goya....71 3.1 Le refoulement du sauvage ou la nature humaine chez Hobbes……………..............72 3.2 Le mythe du bon sauvage ou la nature humaine chez Rousseau…………………....79 3.3 Goya chez les Ilustrados .............................................................................................85 3.4 Une manifestation picturale de la nature humaine…………………….....……......…87 Conclusion ........................................................................................................................99 Bibliographie ...................................................................................................................105 IV Liste des illustrations Figure 1. Francisco de Goya y Lucientes, Cannibales montrant des restes humains, 1800-1808?, huile sur bois, 31 x 50 cm, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Source : L’ange du bizarre : Le romantisme noir de Goya à Max Ernst, Catalogue d’exposition, Francfort-sur-le-main, Städel Museum, 26 septembre 2012 – 20 janvier 2013 ; Paris, Musée d’Orsay, 5 mars – 9 juin 2013, Ostfildern : Hatje Cantz, p. 75. Figure 2. Francisco de Goya y Lucientes, Cannibales préparant leurs victimes, 1800- 1808?, huile sur bois, 31 x 45 cm, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Source : L’ange du bizarre : Le romantisme noir de Goya à Max Ernst, Catalogue d’exposition, Francfort-sur-le-main, Städel Museum, 26 septembre 2012 – 20 janvier 2013 ; Paris, Musée d’Orsay, 5 mars – 9 juin 2013, Ostfildern : Hatje Cantz, p. 74. Figure 3. Grégoire Huret, Preciosa mors quorumdam Patrum é Societ. Iesu in nova Francia, 1650, estampe, Réserve, Collection Hénin, tome 40. Source : LAFLÈCHE, Guy (1988). Les Saints Martyrs Canadiens, vol. 1, « Histoire du mythe », Laval : Les Éditions du Singulier Ltée., Planche 1. Figure 4. Gravure tirée de l’œuvre de Théodore de Bry, « Discipline militaire d’Outtina pour aller au combat », Grands Voyages, 1613, Deuxième partie, planche XIV, Eau forte colorié. Source : DUCHET, Michèle et coll. (1987). L’Amérique de Théodore de Bry : une collection de voyages protestante du XVIe siècle : quatre études d’iconographie, Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique, p. 157. Figure 5. Chaussure anglaise. Source : PEACOCK, John (2005). Un répertoire des modèles de la chaussure de l’antiquité à nos jours, Paris : Éditions de la Martinière, p. 57. Figure 6. Un chapeau anglais. Source : AMPHLETT, Hilda (1974). Hats : A History of Fashion in Headware, Meneola : Dover Publications, pp. 125-126. Figure 7. Francisco de Goya y Lucientes, Automne, 1786, huile sur toile, 33,8 x 24 cm, Musée du Prado, Madrid. Source : Musée du Prado, Paris. Du site : https://www.museodelprado.es/. Consulté le 13 avril