Colonisation et organisation sociale : les chefs traditionnels du Sud-Cameroun pendant la période coloniale allemande (1884-1914) Joseph Gomsu

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Joseph Gomsu. Colonisation et organisation sociale : les chefs traditionnels du Sud-Cameroun pen- dant la période coloniale allemande (1884-1914). Sociologie. Université Paul Verlaine - Metz, 1982. Français. ￿NNT : 1982METZ003L￿. ￿tel-01775635￿

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COLONISATION ET ORGANISATION SOCIALE. LES CHEFS TRADITIONNELS DU SUD.CAMEROUN PENDANT LA PERIODE COLONIALE ALLEMANDE (1EE4-1914).

THESE DE DOCTORAT DE 3E CYCLE

' Qà'

Sous ls direction du Préscntéeel soutenuePar JosephGOMSU ProfesseurPierre GRAPPIN

Saarbriicken l9t2 à Rachel,

â Ia famllle TEFoKoU. TABLEDES IIATIERES

AVANT-PR0P0S...... a...... 5

ABREV IAT I0 NS ...... o...... o...... o......

INTROOUCTION o. o.. . o...... o......

PREMIEREPARTIE : Le commandementdans lâ sociêtÉ tradi- tlonnelle pr6colonialê oroooo...... 16

1.1 . Les soclÊtËs segmentaires ou acêphales de la rêglon forestiêre et côtiêre ....o...... 22 1.1.1. Le groupe Fang ...... 22 1.1 .2. Les Eantu de Ia c8te ...... r...... 27 1.1.3. Les ethnies du Cross-FIuss ooo...... o..... 32 1.1.4. Le groupe lYlakaet Kozime ...... o... 35 1.1.5. LEs sociÊt'es sgcrètes ....o...... 37

'l .2. Les chefferles et royaumes du Grasland ..or 42 1 .2.',| c Les BaliNlYong ...... 42 1.2.2. Lg royaumg Bamum ...... o.... 46 1.2.3 . Lgs ljutg ...... o...... 50

1.3. Lgs0uala ...... o...... o...o. 55 1.3.1 . Les donnÉes soclo-politiques ...... 55 1.3.2. Les traitËs anglo-duala ...... o..o. 5? 'l .3.2.1 . L r esclavage ...... o.. o...... 58 1o3 .2.2. Lgs coutumes or o...... 59 1.3.2.3. La Cour drEquit'a: trlbunal international. de COmmgrCe ...... a...... o...... a.. 61 1.3.3 . Les requêtes des souverains dual.a ou le dÊbut du transfert de souverainetê ...... 65

OEUXIEIIEPARTIE : La nlse en placa de lrordre colonialo ?1

2.1. Quelques donn'eesprÉlimtnaires ...... ?2 2.1o1 . La sltuatlon sur plac6 ...... o..... ?2 2.1.2. La situation en Al!96g969 ...... oo. ?4

2.2. Le traitÉ de protectorat du 12 JullleÈ iBg4. ?6

2.3. Ll implantation du pouvolr colonial ...... gg 2.3.1. Le soulêvement de dÉcembre 1gg4 : la part des chef s ...... a a. a a o.. e.. . a. o...... a.... a a gg 2.3.2. De 1884 â iB91 : lroccupation progressive de I, arrière-pays oo o...... o...... o...... g? 2.3.2.1. De Ilutilisation des misslonnair€s ooooeooo g? 2.3.2.2. La consolidation du pouvolr colonial chez les Duala ...... r...... o...... l0Z 2.3.2.3 . Les expêdltions rrrecherches,r de ...... l0g 2.3.3. Le gouvelnement, puttkamer dE v. ou la conauê- te systêmatique de IrarDière-pays .o..... 115 2.3.3.1 . Les expéditions militaires ...... o...... o 115 2.3.3.2. Ltintervention du colonisateu[ dans ltorgani- sation des systèmes politiques oorooooroo 124

TROIS IE ME PARTIE ! Chefs : Instruments du rêgime colo_ nial a...... o...... a. o...... a a... o. a.. o o I JS

3.1. L I admlnistration ...... o...... iJ? 3.1.1o Lfobjectif premier de Bisnarck ...... 15? 3o1.2. I De I int'egration des autorltÊe3 traditionnelles à lradmlnistratlon coloniale 141 3.1.3. La part directe des chefs dans Iradmlnistration: le proJet de gestion autonome .o...... i50 5.1.4. Chefs : rrtraits drunionr entre Ie pouvolr colo_ nial et Ia population colonisreE ooooooooo 15g

3.2. La Juridlction .o..o...... o.o...... o.... i65 3.2.1. Les trl,bunaux de chefs ...... ,.. i6? 3.2 .2. Les tribunaux drarbitrage ...... o.. .1g0 3.2.3. Lrorganisation Judiciaire pour le reste du Sud- Cameroun. .a...... a...... aa....o..o 190 3.3. La perceptlon de ltimp6t ...... 1S8 3 .3.1 . Les objectifs de IrimposiÈion ...... 198 3 .3 .2. Les différentes formes dr impâts ...... 2t2 3 .3.3. Le r6le des chefs dans 1a perception ... 206

S.rr. Le rôle des chefs dans lrêconomie de mar- ch'e ...... o. 212 3.4.1r Lfapprovisionnement. en main-droeuvre ... 21h 3 .4.2. Les autres fonctions'economiques des chefs 222 3 .4.2.1 . Les chefs des villages traversés par 1es ca- favanes de potteurs ...... 222 rtcash 3 .4 .2.2. La production de cropsll ...... 224 3.4.2o3. La mise en place de Ilinfrastructure .... 226

3.5. Les chefs et llaccultulation r...... 230 3 .5.1 . Les chefs dans 1e processus de scolarisation et dl'evangÉlisation ...... o...... 230 3.5.1.1. Les demandes de mattres ooo...... 231 3.5.1.2. La contribution matêrieLle des chefs ..... 235 3 .5.1 .3 . Llautorit'e des chefs au service de La scolari- sation et, de ItêvangËlisation ...... 23? 3.5o1.4. Les chefs chrÊtiens ...... 241 11Lf'educationrt 3.5.2. des f ils de chefs ...... Z4S 3.5.2.1. Le problème de la relève ...... 245 3 .5 .2 .2. tfLrêducationrt des fils de chefs en Allema- gng .. .. a...... o...... o...... 248

3.6. Le trait,ement des chefs ...... o... 264 3.6.1 Les mauvais traitements ...... 264 3.6o1o1o La p'etition des Duala au gouverneur Zimmerer (29.10.1892) : une illustration des mauvais traitements ...... 264 3.6.1.2. La volontê du pouvoir de prêserver l.rlnstru- ment de sa politiqu€ oooooo...... 26? 3.6.2. Lloctroi de privitèges comme moyens de corrup- t ion 272

5.7. Entre collaboration et opposition ...... 276 3.?.1 . Lrobstruction aux mesures prises par lrauto_ ritÊ coloniâl€ oo...... c... 2?? 3 pêtltions .?.2. Les : dêbut drune opposltion orga_ nisêê ..... a...... a...... a. .. Z7g 3 I .?.3. Duala lvlangaet I expropriation des terres â 0ouala ooa.....oo...... a...oaa.a...a..a ZgJ

C0NCLUSI0N ...... o..o.o. 2gJ,

ANNEXES ...... o...... J00

INDEX a a aaa a a a a a a a aa aa a o a....a o a a aaa a aa a aa a a a a a a J0?

BIBLI0GRAPHIE ...... o...... o....o JIJ -5-

AVANT-PROPOS

La collaboration entre les autoritês traditlonnelles et Iladministration coloniale allemande au Camerounnla pas en- core Êt'e, â ra connaissance, IrobJet dfune recherche systêma- tique. Le but du prêsent travail est de suivre lrËvolution des chefs dès lraube et tout au 1on9 de la domination alle- mandeet de dËt,erminer les rapports qui furent Établis entre eux et lrautoritË européenne. Je nrai nullement Ia prêtention dravoir Ëpuisê Ie sujet. Il est possible.que Irun ou lrautre des chapitres du travail paraisse bref et que lrun ou lrautre aspect de la question ressorte plus ou moins clairement, ce- ci est peut,-être inêvitable. Jrai tentê drapporter Oes êlê- ments drapprêciation sur la problêmatique de la collaboration et Jrespère que des travaux futurs comblenont mes lacunes. Un entretien et une correspondance suivie.avec le profes- seur Helmuth Stoecker de lrUniverslt'e Humboldt (Berlin-Est), éminent spËcialiste de la pËriode coloniale allemande au Ca- merounrnlont permis de donner une orientation dËfinitlve à rnon travail. Le professeur Stoecker srest montr'e disponible â tout momentet je lui en suis profond'ementreconnaissant. Le professeur Klaus Bade de ftUnlversitê de Erlangen.Erpar ses suggestions, contribué â lrélaboration de ce travail; qut il en soit remerciÉ. Le 0r. Gotthilf Italz de Freiburg/l.8r. mra êgalement êclai- rÉ par sa connaissance juridique de Ia question coLoniale au Cameroun; je lui en sais grÊ. Je tiens à exprimer toute ma gratltude au professeur Pier- re Grappin qul a bien voulu prendre ce travail sous sa direc- tion et qui mra ainsi permis drêvlter bien drécueils. Je remercie particulièrement mon ami Jean-CIaude Naba pour son aide â la frappe et pour la lecture critique de plusieurs chapitres du travail. Je ne puis exprimer toute la reconnaissance que je dols â ma femmeRachel Gomsusans Itaide de laquelle la frappe aurait const,ituÉ une difficultê considêrôbIeo 5a comprÉhensiona s1- '-6-

gnlfi'e pour moi un grand soutten moral. Que tous ceux que Je ntal pas pu clter trouvent lci le tÉ_ Bolgnage de ma gratltude. Pour le côtÉ matÉrlel, Je suis redevable au DAAOdont une bourse a permis lrËlaboratlon du prÊsent travall.

Saarbrûcken, avrll 1982o ABREVIATIONS

ANC : Archives Nationales du Cameroun(Vaoundê).

EF1A: BasIer ltlissionsarchiv ( Bâte ) .

OKB : Oeutsches Kolonial.blatt.

DKZ : Deutsche KoLonlalzeitung. ttlDS: ltlittellungen aus den deutschen Schut,zgebieten.

RKA : Reichskolonlalamt (Potsdam). INTRODUC T ION

La problÊmatlque

. Notre travail ne se pr'eoccupeque drun aspect bien d'eter- mlné du phênomènecomplexe que fut la colonisation allemande au Cameroun. La mise en place du pouvolr col.onlal crêait pour les au- tochtones une situatlon tout â fait nouvelle. LrobJectif du pouvoir colonial êtant entre autres de srimposer commeuni- que aut,oritê polltlque dans La colonie, iI convient de se po- ser un certain nombre de questions dont notammentcelle de savoir ce qurallaient devenir les dÉtenteurs de lrautorltê dans la sociêtË.colonlsée. Lrautoritê coloniale se substitu- ant en quelque sorte â eux, allaient-1ls Stre tout simplement mis â lrêcart du dêroulement des affaires pubi.iques ? 0u bien allaient-iLs être appelês â mettre leur autoritê et leur pres- tige au service de Iloccupant colonial ? En prenant en considêration Ies systèmes dradministration pratiquês par les anglais et Les français dans Ieurs colonies africaines, on peut affirmer, en faisant abstraction des co- lonies de peuplement, euril Ëtait lmpossible â une puissance colonisatrice drexclure Ies anciens dirigeants des peuples colonisês du processus global de domination.l L" deuxiême vo- I'ee de notre question servira donc de fil conducteur â notre analyse, car notre hypothèse de travail est que les chefs lo- 'etÉ caux furent utilisês par ce qui a appelê Ia rrsombretri- 2 nit'et' du colonialisme, ctest-â-dire par lladministrateur, le missionnaire et le commerçantou planteur. Le système co- lonial devait compter sur Ieur colJ.aboration. Noug excluons de notre ptoblêmatique la question da La r'e-

1 cf. Surêt-Canaler J. ! La fin de la chefferie en Guin'ee, in: Journal of African His-tory, ?, 3, 1966r p.45g-493; Croù,- der, [ï. : Indirect Rule. French and English Style, in: Africa XXXIV, 1964, p.19?-205. '2 Llexpression est du poète et êcrivaln camerounais Ren'e Philombe, cf. PEuples Nol.rs, Peuples Africains N.g, 1979, p.??. -9-

slstance 6rm'ee, blen que nous soyons conscierits que les chefs y prirent une part dËcisive. Nous nravons pas vouru inclure question cette â notre champdrinvesttgatlon entre autres pour la raison sulvante : elle a ÉtË trait,ee de long en large. flous mentionnons seulement les êtudes exhaustives et hautement scientiflques du professeur Hermuth stoecrer et de ses colra- borateurs : unter deutscher Kolonialherrschaft. ger_ lin (Z 1960./1968 volumes). Nous aurons nêanmoins lroccasion de parler de lropposition (non-armêe), mals uniquenent pour essayer retait de montrer qurelle en interaction avec la col._ la borat ion. Si dans perspective la marxiste ou natlonaliste iI a Éte souvent question et c just,e tllre de la rêsistance des chefs contre ,etÊ Ie systême droppresslon colonialel iI a drune ma_ nière 9ênérare beaucuopmoins question de r.a corlaboration de ces mê'mes chefs. Lrautre côtÉ oe ta mÉdairle nra pas subi Ie mêmeêclairage. II faut donc reconnaitre qgril y avait une Iacune. Notre travail sroriente donc vers une analyse criti_ que de la corlaboration des chefs avec le pouvoir coloniar. Ce ne sera pas une êtude sociologique, nous essayerons de si_ tuer historiquement Les chefs dans La pêriode dêterminËe. I1 importe de se dEmandercomment le. pouvoir cologialrre_ prÊsentê par personnel un extrêmernentrêduitr â pu se faire accepter commeautoritê dans La colonie. Ainsi, il apparatt sinon Ëvident, du moins vraisemblable que rrautoritÊ européen- ne avait besoin de complicltÊs, eue ceIIes_ci fussent ou non souhaitées par la popuration. Et il est drautant prus vraisem_ blable que ces complicitês ne pouvaient dans un prenier temps se trouver ailleurs que parmi les anciens tenants de lrautori_ tê. Le but de notre travail. est par consêquent, de montrer Ie rôle que la collaboration a jouê dans Ia mise €n place et Ie maintien de 1rÉdifice colonial. Ceci dans lroptique de la thËo- rie de collaboratLon êlaborÉe par Ronald Robinson, thêorie selon laquelre las facteurs corraboratlonnist,es ont rargement -1 0-

contrlbuê â la domination des peuples colonisÊs. Robinson pose le ploblème ainsi : The old notions for the most part uere restrlcted to ex- plaining the genesLs of neu colonial empires in terms of circumstances in Europ. The theory of future urill ha- ' ve to exolain hor,la handful of European Pro-consuls ma- naged to manipulate the polymorphic societies of Africa and Asia, and horrr,eventually, comparatively small, na- tionalist elites persuaded them to Ieave. 1) Eien que dans les dêtails nous ne pulssions pas adhêrer tota- Lement â la tnÉorle de Roblnson, nous !econnaissons qurel'Ie a le mÉrite de permettre une nouvelle approche de Irimpêrialis- me colonlall ceci en accordant une place â Ltinterprêtation du rôIe des intermËdlaires autochtones. D. A. Lotrrdonne la même orientation â Irinterpr'etation de lrimperialisme coLonial lors- qulil pose la question de savoir commentlrordre colonial. a pu être acceptÊ pendant si Longtemps.2 La recherche historique sur la colonisation allemande au cameroun connatt indiscutablement un grand intêrêt avec les travaux de Karin Hausenr Albert trjirz et Gotthllf llalz- mais elle semble gên'eralementeffectuêe dans une perspective plus ou rnoins eurocentrique. Les ttavaux du professeur Stoecker et de ses collaborateurs donnent une autre orientation à cette recherche, â savoir qutil est indispensbler non pas dlanalyser le phÊnomènecoLonial en se ref'erant en majeure partie aU co- Ionisateur, mais plutôt dlaccorider une place Lmportante au co- lonlsê. La thèse de Patrice Mandegse situe dans le mêmecadre.4 Nous orientons notre travail vers cette voie où le colonis'e (dans ce cas le chef) nrest plus seulement objet mais aussi et surtout suJet dans le pDocessus colonial. Dloù une convergence

1 Robin=on, R. : Non-Europeanfoundatlons of European Im- perialism. Sketch for a theory of collaborationr in: Studies in the theory of imperialism, ed. Roger Ouen/BobSutcliffe119721 P.11fl.t Lor, E.A. 3 €ssays ln the study of British imperiallsm, London 19?5, p.8o

a " Hausen, K. : Oeutsche Kolonialherrschaft in Afrikar At- lantis 19?0; UJirz, A.: Vom Sklavenhandel zum kolonialen Han- del, Atlantis 19?2; ldalzl G.: Dle Entuicklung der Strafrechts- sprechung in Kamerun1884-1914, 0iss. Freiburg/Br. 1980. 4 mandengrP. : Ausrdirkungender deutschen Kolonialherrschaft in Kamerun, Hamburg19?3. -11-

entre la th'eorie de Robinson et les êtudes de stoecker et de Flandeng. rr convient donc de mettre un accent particulier sur les ê1Éments locaux de la domination colonialer En analysant ces'elËments collaboratlonnistes locaux, indispensables au malntien de lrordre colonial, nous voulons contribuer â fai- re ressortir la part de responsabititÉ incombant â une certar- ne couche de Ia populatlon colonlsée.1 peut 0n nous faire le reproche dravoir tinitÉ notre Étu_ de â la catÉgorie sociale des chefs. Ce reproche seralt même fondê êtant donnê que res chefs ne furent certainement pas les seurs â corraborer avec l.roccupant coroniar. La nouverre lrdrÊvoruÊsrr couche socl'ale formËe surtout sortis dô rrÉcore coloniale en fit autant. seurement lrÉmergence da cette cou- che peut-être nrest pas assez marquêe pour la preriode qui nous pour lntÉresse que nous puissions ]rlntÉgrer dans notre tra_ vail. De plus la limitation aux chefs permet une nreilleure concis ion. IvrargrÉra limitation de notre suJet â la pÉriode 1g84-1914, nous avons jugé utile de revenir â la pÉriode prÊcoloniale et dressayer dry situer les dirigeants camerounais dans le con- texte socio-polit,ique. Une fois quron les aura campÉssous cet êclairage, on pourra mieux saislr leur position une fois qul ils seront passÉs sous la domination Étrangère.. La mise en place du système colonial devait tenir conpte de la variÉt'e des formes socio-politiques existanÈ dans la col'onie. rl importait dès rors de faire apparaitre r,es diffÊ- rentes m'ethodesdrimplantation de rrordre coronial et de re- constituer ltattitude du coronisateur vis-â-vls des systèmes politiques et de leurs dirlgeants. rr est nÊcessaire de met- tre en Êvidence ltorientation qurallart prendre rrinterven- tlon du colonisateur dans ces systèmes, cte chercher en même temps les motifs qui allaient le pousser â les modifler ou à leg Iaisser intact,s. Les chefs reconnus par le pouvoir colonlal al.laient Être

I' Nous ne ILvrons en aucun cas des arguments aux apologis_ tes du colonlalisme, bien au contraire, ce que nous disons ne disculpe en rien Ies colonisateu!s. -12-

intÉ9rËs dans lradmlnisirationr Nous êssayerons alors de dé- t,erminer IrÊtendue de la collaboration, en montrant dans que]- le mesurE et â quel niveau ils ont servi drinstruments à la politique coloniale, en analysant syst'ematiquementIeur rôle de collaborateurs dans les domaines politique, Êconomlqueet culturel.

Quelques remarques sur La terminolooie

Llemploi frêquent du terme nchefrr tout au long da notre travail nêcessite quelques remarques qui permettent de 1e si- tuer dans le contexte qui êtait !e sien. Le terme rrchefr est un titre portê par des personnalitês assez dissemblables; de trchefferielt même,la (institution et territoire du chef) ne renvoie pas â une forme socio-politique hpmogène.Oans lreth- nie duala et apparentËe, Ie rrsangoa mboanl(père de la maison) nravait qutun pouvoir Ilmitê, bien qurêtant Ia personnalitê la plus marquante au sein de J.a communautê.0n rencontre chez les Duala et chez drautres ethnies de la côte le titre de ttkingn, nous lrutilisons souvent pour king Bell et king Akua. Ce titre rêsulta ptut8t de Ieurs relations avec les anglais quril ne fut Itillustration drune rÉalitê sociolpolitiquerê- tant donnê que lrorganisation de cette ethnie ne correspondait en rien â celle dtun royaume. Nous utilisons le titre de trkingil qui dans ce cas nrest pas traduisibLe partrloir, pour des con- venances historiques. Si le mot rrchefrtcorrespond sans doute â une institutlon couturnière chez Ies populations segmentaires de Ia côte, il ne semble par contre pas recouvrir une rêalitÊ sociologique chsz les Fang. En effet, chez ces derniers il est employê pour rrnkukuman eui signifie en faitrrl.e plus richett.2 Dans Ia rÊgion du Grasland, on a affaire au nfon ou nfonlr.

I ui"ar A. ! op. clt. p.39. Abb'e ,2-Tsala, t Dictionnaire Euondo-Français, Lyon 1g56, Po 453.o '-1 3-

rr stappuyalt sur un" o"g.ni"ation polltique bien structur'ee et dÉtenait un pouvoir plus Étendu que le nsango a nboar ou nnkukunarf le de la rÉ9ion forestiêre et c8tiêre1 ce titre de nfon pourralt rrroltr mênreÊtre tradult par dans lo cas des Ba_ mum.

Lradministration allemande hiÊrarchisera les anciens di- rigeants (signe de La bureaucratie) et draprès Ia terminolo_ gie officielle, ils auront le tltre de n0berhâuptlingrrr trHâupt_ lingn et rrunterhâuptllngr. Nous attirons r.attentlon sus la connotation p'ejorative de trHâuptlingr. Quant aux deux autres termes: rtribun (Stamm) et nindi_ gênett (Eingeborener), ir convient Égarernentdren faire ressor- tir 1e côtË pÉ5oratif.z Nous sqmmesdonc conscients que ces termes lmpliquaient pour les coronisês et impliquent encore aujourdrhui pour Les ressortissants des anclennes colonies une discriminationo par consêquent nous avons systÉmatlque_ ment lalss'e oe côtê ces deux termes qui nfont par contre ËtÊ conservês que dans res citations. A reur prace nous avons choi- si des mots plus neutres et recouvrant le mêmesens, ainsi, pour |ttriburr ttethnLeil nous utillsons ou npeupJ.enet pour rin_ digènstt nous utilisons rrautochtoner.

La dêlimitation du suJet

Nous nous sommesproposês dranalyser le râIe colLabora_ tionniste des anciens dirigeants autochtones au cours des J0 annêes de colonisatj.on allemande au Cameroun(tgg4_tgfq).ta ,etude ralson essentielle en est qurune telle permet drobser- ver res chefs dans les diffêrentes Ëtapes de ra coronisation, ctest-â-dire de lrimplantation du pouvoir colonial â lradml- nistration effective et à ra'mise en valeurr. rl est int,eres- sant de volr IrÊvolutlon de cette catêgorle sociale à lraube

1^Barble5r J.C.3 Essal. de dÉftnltton"--- dê la chefferie en pays BamilêtÊ, yaounoê 19??, p.3. Urs rrrtltdenr rZlvitlsierten,r, _,.__1_qtlt:rIi, : 0ie und dte lYltinchen19?6, p.?.. et au cours de la pÊriode de lradminLstration allemande. Nous avons Jugê nécessaire de circonscrire territoriale- ment notre champ drinvestigation; nous Itavons Iimit'e â la partle sud de la colonie. Nous en avons exclu le Nord-Eame- ro.un, fê9ion des rêsldences (Resldenturen) et le ttNouveau- Camerounr'(Neu-Kamerun) parce que leur intêgration â lradmi- nistration centrale se fit relativement tard. Les rêsidentsr ne sfinstallèrent au Nord-Camerounqurâ partir des.ann'ees 1gO2/O3. Le lNeu-Kamerunrrne fut a].Iemandquren 1911 : en'Échange de lrabandon de ses droits sur le lYlaroc,l.rAllemagne t€çut ce territoire de Ia France. 0e plus une analyse ayanÈ pour obJet tout le territoire de Ia colonie aurait dÉpassê ls cadre dl une thèse et aurait exig'e Ies efforts conJugu'esde plusieurs cheDcheurs. Ainsil nous avons jugê opportun de circonscrire notre sujet â des rË9ions qui furent asseT t6t sounlses â une edninist,ratlon relativement intensive.

Les sources

Les documents officiels relatifs â cette pêriode de lrhis- toire du Camerounsont conservËs respectivement au Deutscher Zentral Archiv â Potsdam en Allemagne de lrEst et aux Archives Nationales du Camerounà YaoundÉ. Grâce â un sê5our de deux mois au Camerounet grâce à un travail intensif, nous avons pu consulter aux Archives NationaLes les différents dossiers concernant Les chefs locaux. Ces documents, articulant sur- tout le point de vue propagandiste du pouvoir colonial slav'e- rè!ent insuffisants. Lressentlel des documents officiels conservês â Potsdam a Étê très Judlcieusement exploitË par le professeur Stoecker et ses collaborateurs. Nous nous sommesdonc appuyês sur les rËsultats de leurs travaux, tout en sachant qulil y a sans doute des faits concernant notre suJet qul nront pas êtË prls en considÉrat.lon. '-15-

Pour complÉter les soulces officielles, rious sonmesallres en S.uiEseconsulter les Archives de Lâ lllsslon de Bâle; y sont conservês entre autres les rapports que les nissionnalEes envoyaient rêguliêranent à lsurs supêr1eurs. Les Archives dE la Flission de aâle ont lravantage lndÉniable de nous rlvrer des témoignages de mlsslonnaires qui, mis en face des rapports officiels, permettent dravolr une vue contrastante de la sr- tuation coloniale. En plus des archives, nou3 utllisons des revues contenpo_ que raines, ce soient des organes officier.s de lradministra- tlon coloniale à Berlin -rrOeutsches Kolonial.blattr_ et de lr administration Iocale au Cameroun -nAmtsblatt fl,ir gas Schutz_ gebiet Kame!unrr- ou des publicqtions appartenant â des grou_ pes de pression [Deutsche tell.es Ia Kolonialzeitungn pour Ia SociÉtÊ Coloniale AlIemande ou la nKoloniale Rundschaurr.Nous que savons ces revues prÊsentent les faits dans une perspectl- ve journalistlque.

Les m'emoires des contemporains sont .certainement, dtutili_ t,É mais prêsentent ils gênÉralement un Orefaut majeur : leurs auteurs ont beaucoup plus le soucl. de polir leur image per_ sonnelle et de cacher le vral visage du colonialisme que de donner uniquement des faits. -1 5-

rere PARTTE

I LE COMMANOEMENTDANS LA SOCIETETRADITIONNELLE PRECOi

LONIALE. t1?-

La colonisatlon a pour consêquence immËdiate lrétablis- sement de rapports entre races ou cultures diffêrentesi les soc.iologues parlent alors de contact. de races.l Cès rapports ne sont jamais de rapports entre partenaires Égaux, nais touJours ceux existant entre dominant et doninê. 51 le colonisateur est censê connaitre sa sociÉtÉ orori_ gine avec son organisatlon soclale, politique et Économique, tel nrest pas Ie cas lorsquril a affaire â la sociétê colo_ nisÉe; il se trouve dês lors dans trune contrêe rnal eyp1s1!"m.2. Avant ltannexion du Camerounen 1gg4 par Ies Allemanos, deux parties du territoire 6taient connues d.es EuropÉens c,e- puis longtemps, qurlls fussent cornmerçantsou explorateurs. La ré9ion côtiêre Était depuis.le 14e sie.cle en relation a_ vec Ies Portugais. Ceux-ci donnèrent au fleuve ly'ouri Ie nom de rrRio dos cameroesrt-riviêre des crevett€s- îom qui devint par la suite celui de la vilte de Oouala (Cameroun), puis de tout le territoire.3 Jurqrtâ lrannexlon, la préseîc€ Euro- pÉenne fut ininterrompue sur la côte. portugais drabord, An- glais ensuite nouôrent avec la population locale des rela- tions commerciales; l.tinfluence anglaise devint prÊdominante. Le Nord-Camerounfut connu des Européens au 1ge sie.cle grâce aux explorateurs al.LemandsHeinrich garth et Gustav Nachtlgal, prêcêdés par les Anglais Denhamet Clapperton.4 Etant que donnê nous nous proposons dranalyser les rap_ ports ent,re rtautoritê existant au sein de ra sociêtê tracti- Èionnelle et rradministration colonialel il est nÉcessaire de quelles .economiques savoir â données poiltiqu"", et so- ciales les Allemands se trouvèrent confrontês au Cameroun.

! Sociologie colonlale, paris .lgJ2, p.12i-^' -"-f:.wlaunierrR. -curture vol.l tYlarlnouski : 0ynami.csof chanle, Ner,rnavei 2 1s46. maunierrR. t op. cit. p.11. .3 Bouchaud: La côte du Cameroyndans lrhistoire cartographie, et La I'rlémoiresde lr IFAN nosr-tSSZ, p.if È. 4 S"hul.t."rA.3 The sultanate of ào"nu, London 1g6J, p.115q. -18-

II est donc indispensable dresquisser une prêsentation des formes socio-politiques antÉrieures â la colonisatlon. Ceci permet tout drabord dravoir une idÉe de ce que fut cette so- ctêtË avant lrinstallation de lradminlstration coloniale, et de constater ensuite quelles mut,ations y eurent Iieu surtout en ce qul. concerne les tenants de lrautoritê. Une meiLleure connaissance ethnologique des populations col.onisêes Êtait Orun grand intêrêt pour Ies colonisateurs, qurlls fussent administrateurs, commerçants,planteurs ou missionnaires. Le coLoniaLlsme europêen allait prêparer le terrain pour un dÉveloppementrapide des recherches ethnoLo- giques.l Les r'esultats de ces !echerches devaient être mis au service du système coloniaL. Cette ethnologie peut donc â juste titre être consid'erée commeun instrument servant à aplanir les difflcultês en vue drune exploitation col.onia- le plus efficiente. Mleux la structure socio-politique dlun peuple Était connue dans sa complexitê, mieux elle pouvait être utitisée pour 1tÉtablissement drun ordre qui convenait aux visêes de lr impÉrialisme coloniaL. Une discipline scien- tifique orientÊe de La sorte ne peut qutêtre considêrêe avec une distance critlque. 'Les Allernands cherchêrent-ils â connaltre de façon sys- tÊmatique lrorganlsation socio-polltique des peuples du Ca- meroun? Notons avec Karin Hausen qutils montrèrent t,rês peu drintêrêt pour des êtudes de ce genre2 qui ne commencêrent qurau dêbut du 20e siècle. Dans Lrensemble il faut regretter lrinsuffisance de documents consacr'es â ce sujet, insuffi- sance qui pourrait srexpllquer par les prêoccupations immê- diates des diffÉrents particlpants â la colonisation.0ans la première phase de la colonisation, celle de Ia conquÊte,

i 1 cf. Oreitzel, H.-P.: (Hrsg.) Sozlaler rùJandel.Sozlolo- glsche Texte, 41, Neuuled, Berl in 196 7, p.6 8sq. 2 H.r="n, K.: DeutscheKolonlalherrschaft in Afrika, At- lantis 1970, p.145. '-19-

1tÉnergie des intÊress'es fut avant tout oriont,cr: vers une irrrplantation territoriale; lradministration chercha tout dl abord â soumettre physiquement les populations sans se prê_ occuper de Ieur organisatlon soclo-polltlque. Les mission- naires, bien guren contact plus direct avec les populations, furent beaucoup plus pr'eoccupéspar La survle et la bonne marche de leur entreprise. Des êtudes sur les systèmes politlques de certains grou_ pes de populatlon ne furent entreprises qutune fois la con_ quête violente terminÊe.1 Ceci signifie qurelles ne furent faites qutaprès que dlffËrentes sociêtÉs tradltionnelles aient dÉjâ subi des mutations certaines. Le Dr. riansfeld, chef de circonscription ]a drOssidinger publla en .1g0gune Étude intÉressante sur le systême politique des populations se trouvant sous son autorité administratlver2 cecl aprês quril y ait eu une rêvor.te génÉralisÉe de ces derniêres con- tre 1a soci6tê concessionnaire du Nord-0uest-cameroun (Ge; sellschaft Nordurest-Kamelun,GNITJK).3 Il faut signaler â ti_ tre drexemples dlautres Études ou rÉcits de voyage qui con_ tribuent à mettre à jour lrorganisatlon politique des peu_ ples qui allaient être colonisés par les Allemands.4 1ri,r* portante monographie de Gûnter Tessmannsur les pangue (Fang, Pahouins) êmerge du rot. cet ouvrage rassemble res rêsurtats drune expêdition ethnologique nenËe entre 190? et 1909 dans le sud de Ia colonie.

1 H"r""n, H. : op. cit. p.146. 2 _ Nansfeld : Urùrald-Dokumente.Vler Jahre unter den Cross- flussneger ,Berlin 1909. Ballhaus, .,__],-:1. J. : 0ie Konzesslonsgesellschaften, in: rE,oecket, KamerunII, p.i54sq. 4 Ziill"!r-H. ! Forschungsrelsen ln der deutschen Colonie Kamerun,,, Berlln lBB5r 3volsl Zenker, d.:nyàuÀoài i.,-r,65 e 1895, p.36-?0. NeskesrH.: yaunde und seine Oe,.ror,nei(suà- Kamerun), in: Koloniaie Rundschaurg,igiZ, p.aOg-aàzr..fess- .Tlll^c:. : Die. Pangu,e.Vijlkerkundiiéhe moÀographieeines u,esEattrKanischenNegerstammes, BerIin 1glJ, Z vols. -29-

Nous avons mentionnÉ llexistence en nombre rÊouit du matêrieI donnant des indices sur lrorganisation politlque des populatlons du Camerounet surtout de sa partie sud quI fait lrobjet de notre travail. II faut aussi signaler que ce matêriel ethnologique que nous devons avant tout à des gens plus ou moins int6ressês directement â llentreprise colonia- le ne peut manquer de porter Ilempreinte de Ieur engagement pou! llidÊologie coloniaListe. Nous sommesconsclents de ces lacunes mais malgrê cet êtat de chosesl nous nous efforçons dren tirer ]e maximumdrinformations pour prêsenter les dif- fêrentes formes politiques et sociales prêcoloniales dans le Sud-Cameroun,ce qui permettra de mieux saisir la situation durant la colonisation. Il est intÉressant dans ce contexte de considËrer briè- vement Ia typologie que Ies sociologues donnent des sociêtês africaines et de leur organisation poLitique .en gên'eraI. Dans leur ouvrage. su! les systêmes pold.tiques africains, E. Prit- chard et tYl.Fortes classent ces systêmes en deux grands types! dlune part ]es soci'et'es sans ou avec peu dlautoritê centrale, drautre part Les soci'et'es ayant un pouvoir politique centra- lisË.1 Dans la premie're catÉgorie Ie pouvoir nrest pas entre les mains drune seule personnalitê, mais iI est plutôt Oête- nu par les chefs des.diff'erentes branches famil-iaLes. Dans la seconde catêgorie au contraire, 1e pouvoir politique est llapanage dtune seule personne. Cette typologie ne semble pas convenir â certains de Ieurs collêgues, en lloccurrence Nkui Nchoji et Barbierr eui critiquent la rigidit'e de cette clas- sification qurils trouvent trop restrictive.2 Barbier intro- duit un moyen terme dans la typologie initiale et parle de rrla. sociôtê â chefferierr.3 c" nour".u terme dans Ia diversi-

1 PritchardrE./f4.Fortes : Afrlcan political systems, ox- ford 1955t P.SsQ. 2 Nkrl NchojirP. : Traditional government and social chan- ge, Fribourg tSiO', p.2? i; Barbier, J.C.: Essai de d'efinition ée'la cheffàrie en pays Bamilêkê, YaoundÉ19??r p.19. 3Barbierl J.C.: op. cit. P.19. -21-

tÉ des systèmes politiques africains caract6rise un pouvoir i pollt,ique cèntralisÉ srexerçapt.sur une population et un Eê!_ ritoire restreints. cettertsociÉt6 â chefferiesrr repr'esente alors une forme LnterrnÉdiaire entre les soci6tÉs segmentaires et J.es états. NkrrrlNchoJl retient lui aussi trois catêgories mais la catêgorie quril introduit nrest pas la mêmeque cel_ Ie de Earbier. En effet dans ce type drorganisation politi- que qulil qualifie drrracêphaler, le pouvoir nrest pas nÉces_ sairement trêréoitaire: crest ptutôt ra richesse, ra force de caractère ou Ia sagesse qui déterminent Ie dirigeant.l Nous pouvons simprement dire que ces crassifications sont assez variables et pas dêfinitives. Nous avons vouLu y atti_ rer lrattention, Étant donnÉ la diverslté des formes de so_ ciêtê dans le territoire du Cameroun, êtant donné aussi qur elles peuvent sans doute être re refret de ces crassifica- t ions.

Notre analyse des systèmes politiOues dans la pÊriode prê- col.oniale va se faire â partir de Itexemple de quelques peu_ Ples. Nous avons choisi ces peuples dtune part pour leur re- prêsentativitê, en drautres termes, ce quI est dit pour eux est, quefques â nuances près valable pour res autres dont il nlest pas question ou que nous ne mentionnons quren passant,. Drautre part notre choix a êt,e guiOê par la documentation; nous pouvions ne donc pr'esenter que des peuples sur Iesquels il existait quelques êcrits. Enfin il a êtÊ tenu compte ctu rô]e que ces peuples alLaient jouer une fois passÉs sous la dominatlon coloniaLe. Dans notre analyse nous plenons en considreration les as- pects êconmiques, et culturels, mais iI va de soi que nous accordons un intêrÊt particuller au contexte socio-politique, dans la mesure où la situation des dirigeants politiques constitue notre première prËoccupatlon.

1 Nkri Nchoji, p.: op. cit. p.2?. -22-

1.1. Les soci6tÊs seomentaires ou acêohales de la rÉoion forestiêre et côtiêre.

1.1 .1 Le orouoe Fano.l

Ce groupe de populations occupe dans le sud et le centre du Camerounun terrltoire couvert de forêt dense en partie et dont la superficie est estlmêe â 94000 t r2.2 U". Fang que lron nommeaussi Pahouins (Alexandre/einet ou Pangure(Tess- mann), ne se trouvent pas uniquement au Camerounr ils habi- tent une partie du Gabon et de la GuinËe Equatoriale, ce sont des Bantu. Ce groupe se compose de plusieurs ethnies -BouIou, Euondo, Eton, Bane, Ntoumou- qui ont ceci de communqurelles parlent la mÊme'langueet possèdent Ia mÊmeculture. Tessmann Ëcrit â leur propos : ' Dle Bevôlkerung gehôrt bis auf unbedeutendeSpuren einer âIteren Rasseeo.. zu den Pangrrle,einem von Nordosten ein- geuanderten Negerstammmit eintteiitl-1cher Sprache und KuItur.3 Dugast pr'ecise quant â Irorigine que Les Pahouins ne vlennent que de la haute Sanga. Llavan- ce des sous-tribus... slest faite par bonds'successifsr. chacune chassant llautre ou passant par dessus. La mi- .. gration slest faite par groupes familiaux dont chaque tribu comptait une trentaine et qui constituaient lru- nitÉ politique et sociale. Ces unions familiales (agon) se sont avancêes, souvent en dêpassant Irune llautre, vers Itouest, dlune manière continuei Ies derniers ve- nus slÉtablissaient au-delâ de Leurs devanciers poul une ou deux gËnêrations et repartaient.4)

1 Por" la tit,tÊrature de 1têpoque cf. Tessmann: Oie pan- gue; Neskes: Yaundeund seine Ber,lohner;Zenker: Yaunde; A- tangana: Une étude sur la chefferie, in: Abbiar23t'1969; A- tangana/tttesgl 3 Jaunde-Texte rHamburg1919; pour une littéra- ture plus rÉcente : cf. Bertautrll.: Le droit coutumier des Boulou, Paris 1935; Du9astlI. ! Inventaire ethnique-du Sud- Cameroun, t'lêmoiresde trIFÂN, Centre du Cameroun, Sêrle Popu- lationsr l949; Alexandrer/Binet: Le groupe dit Pahouin, Paris 1958. 2 T"""r.nn 3 op. cit. vol.1, p.1. 3 Ibid. p.J3. 4 DugastlIo ! opo cit. p.59. -zl-

Cette migrationr'provoquËe par la presslon des poputa- tions ltlboumet Baya, elres-mêmesfuyant devant ra poussêe des envahisseurs Fulbe, date de la fin du lgee dÉuut du lg6 sid_ ctel gtte semble nravoir êtÉ arrêtÉe que par lrarrivée des colonisateurs allemands2. I LrunitÉ politique et sociale chez les pahouins Était cons- tituée par la cellule familial.e. Le groupe social de base É_ tait donc la famille êtendue3 ou famllle patriarcale4 qul ha- bitait un hameau : 1rl/llI ein Familienvater eine Ansiedlung grijnden, er zurei so baut Hâuser, ein trlohnhausund versaimiung" ;jr". lr,erdendie Kinder.grô.er, [...1 so baut der Vater-jedem àiÀ ef- Haus anschl 9enes ieBend, an das ursprûngl ict eben so bekommr jede seiner u,ei[éiLn Èiàràil-ir,r";ï;;;""".U"Àrnà"= Haus.lr 5 ) Lorsque plusieurs hameauxêtaient regroupês au mêmeendroit, ils formaient un vi1lage. Un tel village avait à sa tÊte un dirigeant (nkukuma)6 qui était le plus ancien chef de familre, il'etait Ie plus influent de par sa position Économiqueet a_ vait la plus grande autoritê. pour accÉder â ta clignité cle chef, pouvoir le ÉconomiqueJouait, un rôle d,ecisif.

,|'cf. Dugast, I.: op. cit. p.59_60. 2 Les Bourou attaquèrent le poste admrnistratif côte de Kribi _sur ]a. en-septembre fgSS. V6ir-ie rapport res sch!.,ab, p/Schil_it des rnissionnai_ z, A. z ô"r Àuf in sUo_iarrruÀ, in OKZ 1899, F. 4?, 496, 5g?:S18. "tana(

BeDtautr - .l-"t. lYl. ! Droit coutumier des Boulou, paris p. 163. l9J5

p./Binetl . 1^çf. Alexandre, J. ! Le groupe dit, pahouin pa_ p.40i :i:1959! cf. auisi rrriizi-n. i vom Sktavenhandel Kolon lal handel. zum

Tessman6, Go ! opo cit. p.'-56. Ce qu!. sult stappuie Éga- Iement sur les'observation" àr-rêr"-.Jt"u".

trl.,: Zuanzig ^--,1 "tt-langheld, Jlhl9 in deutschen Kolbnien, P:"lrl 1e0e,p. J05 : r,aut"u; [";;;i; ;"r"rrià;"Ë"."iiË"r,,. Lrabbé Tsala dans son dictionnaire EuÀndo-Français Lyon 1956 P.453 traduit mÊme Ie mot par "richài. -24-

Ainsi â la mort drun nnkukumart,son fils ainÊ lul succÉ- dalt et hêritait de la plus grande partie des biens et devenait de nouveau le plus riche. Si par contre il ne demeurait pas le plus riche, il perdait toute prêtention â Ia succeslon qui re- venait, â celul qui, dêsormais êtait fe plus richel. Les critè- res pour. devenir chef nrâtaient donc pas des critères drhêr'edit'e, de sang, nais des critêreô Ëconornl.queset de m'erlta. Voici ce qur'ecrit Charles Atangana qul fut fait chef supê- rieur des Eulondoet des Bane par lladministration aLlemande â propos du rrnkukumatt: Pour devenir rrnkukumartil fatlalt être: 1 ) vainqueur en guerre; . 2) bon juge impartial; 3) avoir du taLent, de lrexpÉrience et, des richesses. Par exemole : Atanoana Essombaoère de Charles Atanoana. chef supêrieur des VaoundÉs-Banêsoossêdait tout 1e Àêceésaire pouf un rrnkukumarr.Lorsqut.un chef mourraitr Ia succession ne revenait oas nêcessairement â Iraing de ses enfants. 0n pouvait mêmene pas tenir compte de Ia d.ynastie ni de la famille, sauf si un menbre de Ia famille rêservait ses droits nais iI-devait possÊder les qualités ênÈmêrêesolus haut.2) 'Qu"L Ëtait le pouvoir rÉel de ce rrnkukumarr? Tessmannles appelait des rrSchattenkônigert"pour traduhe sans doute qur iIs nrÉtalent pas investis drune grande autoritË. Ils avâlent ce- pendant des'Ëompêtences larges mêmesi leur pouvoir nrÊtait pas autocratique. Charles Atanganadit ceci: Das ganze Landgebiet, in dem der Hâuptling urohntr 9ehôrt ihm, rrleil er, der Hâuptling, zuetst die Anordnung getrof- fen hat, das Land zu roden, oder ueil er das Land im Krieg erobert hat, uo er mit seinem Volk rrrohnt.trJenn jemand lJild erlegt, oder ein Haustier schlachtet dann geben sie dem HâuptlIng eine Keule ( ... ) trjennein lvlâdchenheiraten rrrill

1 T"rrr"nn, Go ! op. cit. .vol.2r'p.2O8-209. 2 At"ng"n., Charles: Une Êtude sur La chefferle. in: Ab- bia, 23, 1969, p. 87-88.

3 T"""*nn, Go i opo clt', vol.21 p.208. -25-

': oder ein Krieg auszûbrechen droht oder 6rasrand in Brand gerât oder eine Trauerfeier oder ein Fest r""à""i"ft"t ù,erden soll oder. bei. jedem ungerrrôhnlicfrenEràifÀi", 0.. sich im Lande zutrâ9t, Ucfrag[.man.zuerst oen ÉaufËfrng, er selbst entscheidèti.ure ei (uas) zu machenist. Ir9Ërio- ein beliebiger [,'ienschkann die'S""n" o"u Hâuptlings entscheiden, nicht ureir der Hâuptring das uano uesitit.l.ri--"- En rnkukumarr fait la position du nrÉtait pas si.prédoninante, commeLe Iaisserait srpposer cette citation; en effet, lrau_ toritê du Itnkukumar Était soumise au contrôle du conseil des anciens (rtessiert) et rorsque celui-ci prenait des dêcisions à Ia majorité, rtnkukuma, le êtait tenu de sry sounettre. Ain_ sir ra sociétê fang avait une base remarquabrement dÉmocrati- que. Julius Lips que note cÀ"2 les Boulou de Ia rÉgion côtiê_ rer lrerganisation politique était parfaitement dÉmocratique, que la chefferle'etait peu marquÉeet que Le conseil des an_ ciens jouait un:rôle bien plus important;2 En matière juridiction, rnkukuman de Ie Était trautoriÉé compêtente. 11 prÉsidait l.rassemblÉe de tous les membresc,e sa famille en cas .de Iitiges mineurs. Lorsqur iI stagissait .de cas graves (meurtre, vol de femme, nÉgociation de paix), on avait lecours â des dirigeants neutres Qui Jouaient alors le rôre dr arbitre." La sociêtê fan9, bien que - ionsiOÊr6e commerpeuhiÉrarchi- sêe" dans son ensembre, montrait u'ejâ una certaine stratifi- cation comme lra observÉ le missionnaire Neskes :

,^. l..lrilgl!a;[./fe9sirp. : Jaunde-Texre,p.59-60, Remarquons"Ë: ialË "," ?iâ :;' Ë, ;1. "5 ; iÊ I :" "i :'Ëi jl;:ai, ;ii",i : !:;! L "'itait une propiiêtÉ collective.; : "'t : ! Kamerun, -^_-1^!it:,^J. _ in: Schultz-Errrerth,/AdamrOasE inge- oorenenrecht,II, p. 149. 3 ZenkerrG. : yaunde, p.4?. 4 Alexandre/BLnet : op. clt. p.5g. -26-

Unter den Jaunde und Eene gibt es viele Splltter frÛher dort ansâssiger Stâmme, dié sich geurôhnlich als mintô- bô unter die Jaunde- und Bene-flâuptlinge stellten. 5o entuickelte sich ein dreifacher Klassenunterschiedr ztr,i- . schen Beti den Freienr ltlintôbô den HOrigen und Belô den Haussklaven.l ) Les' captifs de guerre devenaient des escLaves; Ilesclavage pouvait cependant rêsulter drautres situations : ttDiebstahl ruird mit Sklaverel bestraftrt2, lorsqutun"'p"".onne Était re- connue coupable dladultêre et qurelle ne pouvait ou ne voulait pas payer Iramende qui lui Était lmposêe, eIIe était vendue en esclavage; iI arrivait la mêmechose â celui qui êtait in- capable de payer sa dette de jeu.3 IJ. est important de relever ici Ie fait qurau nlveau drune ethnie iI nry avait pas une organisation politique centralisËe. A ce nlveau, la fonction de chef bas'ee sur une institution cou- tumiêre nrexlstait pas. La chefferie supêrieure dans une eth- nie fut de crÉation colonialel donc en fait quèlque chose drat- tificielo llaurice Bertaut Êcrit à ce sujet: rrLesBlanc ont voulu ttouver des chefs de clan ou de tribu... ils en ont crê'e car iL nren existait pasttA Et Alexandre,/Binet drajouter : 11 nry avait pas de chefs politiques en dehors des alnês ... dâs families-'etendues... Les administrations françai- I se , allemande et espagnole ont tent'e d implanter un corIF . orandèmenthi'erarchisÉ qui nlavait jamais pu srimposer r'eellement dans Ie pays ... Seul.e la chefferie de village ressemblait à une institution coutumiôre.5) Le contexte êconomique êtait à peu de choses prês ]e même; le secteur principal en êtait Iragriculture où le travaiL ê- tait rÉpartl selon le sexe. Les hommesse chargeaient de rendre

1 Neskesr! oFo cito p.4?1. 2 zenkerl Go ! opo cit. p.48. 3 Ibid. p.60. 4 Bertaut, $1. : op. cit. p.165. 5 Alexandre/Binet : oPo cit. P.63. -27-

les parcelles cultivables en coupant et en dÊplaçant les ar- bres; ensuite il revenait aux fenmes de cultiver et de semer. A propos de cette rêpartltion du travail Tessnann Écrit : Aus dieser Verteilung der Arbeit geht hervorr... da0 die schuerere, stârkere Ânspannungdei xrâfte Arbeit den FtânnernzufâlIt, oie leicÀa";;;;;;;;;";;.""Éèii"À"no" Frauen ûberlassen UfeiUt... t ) Il existait un échange de produits J.ocaux, mais seulement â une êchelle rêduite; les marchês pÊriodiques êtaient inexts_ tants-2 cependant il y a des indices montrant que les habi- tants de ra rê9ion participaient au commercequr se pratiquaient sur la côte. Lrivoire que les glanc achetaient à Grand_Batan- ga venait cer.tainement de Irintérieur et par consêquent, la participation des populations fdng semblait établie.3 93n5 1r ensemble les Faog avaient une Économie cte subsistance vlsant avant tout â couvrir leurs propres besoins.

1.1.2. Les Bantu de La côte.

Les ethnologues dêsignent les 0uala, les Bakueri ainsl que res familr.es ethniques apparent'ees â ces deux premrères sous Ie nom de Bantu de Ia côte.4 por" des raisons de proxlmitê 9êo- graphique, nous permettons nous drajouter â ce groupe les po_ pulations bakundu, bakoko et bassa. Le prÉsent chapitre va sr articuler essentiellement sur Ies Bakueri et les Bakoko; pour llinstant nous laissons de c6tê Les Ouala auxquels nous consa_ crerons un chapitre à part,, ceci â cause de Leur position par- ticuJ.iôre avant et au dêbut de Ia colonisation.

1-' tessmann, G.: op. cltl vol..!, p.97. - Zenker, G. : op. cit. p.64. '1 Zôllerr H. ! op. cit. vol.3, p.4g_52.

_^._o,,03".1"g"r.S.. 3 Kamerun, in:Hans Fteyer (Hrsg.), Das deut- sche Kolonialreich. vol.i I Oétafrità und-Kamèrunr-iËiprig, ùlien Ârdenerie., côàilai ljî3;.r;3B,: "r. Banruof rhe cameioons, -28-

Chez les Eakrrreri, habitants des pentes du Mont Cameroun, lrunitê polltique et soclale était te villager gênêralement constituê de petits lignages qui se rêclamaient tous drun ancêtre commun,fondateur du village. Chaque village ainsi constituê Êtait placé sous lrautoritê drun chef assistÊ dtun conseil des anciens. Chaque village vivait indêpendamment de ses voisins avec lesquels il ne formait pas une unitÊ po- lltique.l Ot.près 1e têmoignage de certains administrateurs coloniaux, iI y aulait cependant eu une chefferie supêrieu- re au niveau de toute llethnie. Ainsi le chef de Ia circons- cription de Victoria notait : ttbei den Bakrrreriund Bambuko existierte ein 0berhâuptIing, eine lrJûrde,die die jedesmaligen HàuptIinge von Bonjongo und Efolouro bekleldeten".2 Une person- 'energiqÛe nalitê pouvait réussir â regrouper Les Bakurerl.sous son autoritË commele fit le chef Kuba : Kuba muOeine âu8erst energische Perônlichkeit ger,lesen sein, denn er uurde lm ganzen Gebirge von der an sich trotzigen Bevôlkerung als 0berhâuptling anerkannt. 3) Lrexistence drun chef supÉrieur ne constituait certain- ment pas une caract'eristique permanente de Ilorganisation po- Iitique des Bakùreri. Oe plus Irautoritê de ce chef.supêrieur ne dépassait guêre les limites de son propre village, si ce nl était peut-être pour certaines affaires judlciaires. En effet on faisait recours â sa compÉtencepour trancher certains Liti- ges en seconde instance; en dehors de cela, Irautorltê demeu- rait au niveau de chaque village. Le chef du village lul-même nravait pas un pouvoir consi- d'erable : rrThe Kpe ( Bakr,reri) village chief never had ulide po- urers, but uas ln effect the leader of the body of elders of

I ZtilI""l H. ! op. clt. vol.11 p.183; Aldene!, E.: op. clt. 9.71. 2 Art"bl"tt ftlr das Schutzgeb!.et Kamerun 1910, p.8?. 3 S"ltr, Th. : VomAufstieg und Niederbruch deutscher Ko- lonialmacht, Karlsruhe 192?, vol.1t p.3?1 Kuba resistant farou- chement :i ltimplantation du:.colonisateur dans son territoire.' -2 9-

the villagettl. Le seul pouvoir rÊel dtun chef bakrrrerlrêsi- dait sans doute dans son droit de Juridtction. Il rendait Jus- tice, assistê des membresdu conseil des anclensl sa compê_ tence srÉtendait aussi bien aux affalres civiles eue pênales, de ces activitÉs Judicialresl lui et res membresdu conseil des anciens tiraient quelques A ""u"nr".2 la mort drun chef, la succession revenait â son flls aînê. fiais ceci. nrÊtait pas automatique puisque le nouveau chef nrobtenait sa lÉgitimation que du conseil des anciens qui Lrélisait en tenant compte de crltères bien prÉcis ters mâturitê, la lrâ9e et les qualitÊs personnelleso Si le fils ainÉ ne remplissait pas ces conditions, Ie choix des membres du conseil pouvait porter se su! un fils plus Jeune et voire même sur un frère du chef dêfunt.3 Lrappltcation de ceg crltè- res sÊvêres permettait dravoir un chef reprÊsentatif, accep- tÉ par la communautÉ. La sociêtË bakueri ne semblait pas tellement hiËrarchi_ sêe. Le statut social Était O,eterminêsoit par lrnÉrêoitË, soit par rtâge, de ce faitr les chefs et r.es membresdu con- seil des anciens Étaient drun rang social plus Êlevê que J.e reste de la populatlon. La division en classes sociales hom_ mes libres-esclaves ntêtait pas nettement marquÊe. Hugo Zôr- rer dit rnêmeque la crasse drescraves Ëtait inexrstante chez les Bakueri.4 m.i" il semble bien que Iresclavage domesti- que êtait, une caractÉristique communeaux populations de La côter commele souligne Ardene! : rHourever, .it seems unlike- ly that Kpe rrlere great slave oùrners, although it rrlouLdbe ulrong to_maintain, as is sometimes done, that they had not slaves.tt5

1 A"d"n"", E. : op. cit. p.?1. 2 fUia - ..p.ZZ::rrit uas usual for a person uinning a case to give u piS...to the judges in order to secule their appea_ Dence as uitnesses...rr; cf. Amtsblatt fiir das Scnutzg-uiàt Kamerun1910, p.gg. 3 A.d"n""rE. I opo cit. p.?3. 4 zijIl""r H. ! op. cit. voI.i, p.1g4o 5 AldenerrE. ! op. cit. p.??. -30-

Il est vrai que llorganisatlon politique et soclale nl Était pas partout identique â celle des Bakureri nais elle slen rapprochait . Ainsi, chez les populations bakundur 1e pouvoir politique et Judiciaire se trouvait entre Ies mains drune assemblêe appelËe ttgoatt.l Les membresde cette assem- b]êe Ëtaient êIus par tous les habitants mâles du village. 0,e chef êt,ait tenu de st lncliner devant les d'ecisions de cette assemblÉe. Il faut donc noter que pour les Bakundu tout commepour les Bakuerir le chef, têgitimÉ par une ins- titution coutunière, nravait qurune autoritê limitÉe, ne jouissait pas drun pouvoir absolu et nrêtait en dÊfinitive qurun rrprimus inter parestt.2 Concernant les Bakoko, Ies Allemands ne semblent pas a- voir discern'e qui êtait le vêritable dêtenteur du pouvoir politique et judiciaire. Ceux drentre eu'xqui eurent três tôt Effaire aux Bakoko, crurent voir dans Leur soci'etË des chefs commedans les autres ethnies de Ia rêgionrJ et ne cherchèrent pas plus loin. Yves Nicol, administrateur des colonies nous fournit les renseignements sur le pouvolr po- Iltique chez Les Bakoko: AntËrieurement à Iloccupation europêenner chacune des six grandes familles Bakoko êtait Oirigée par une oli- g"t"hi" d I origine essentiellement f'eticniste puisqur éIle s" compoéait des gens de Ia sociÊtê lgggQ ayant Irun des leurs â Leur tête: fe @uok. 4) Yves Nicol explique ensuite pourquoi les AIIemands ne pri- rent pas connaissance de ce système politique :

1 Art.bI.tt fûr das Schutzgebiet Kamerun1910, p.53sq; cf. DugastrI. :op. cit. p.23sq.

2 Amtsblatt fûr das Schutzgebiet Kamerun1910, p.53; cf. ZingraffrE.: Nord-Kamerun,Berlin 1895r p.50sq; ttirzrA. : op. cit. p.103. '1 Puttkamer, J. von! GouverneursJahre in Kamerunr Berlin 1912r p.43; OominikrH. : Vom Atlantik zum TschadseerEerlin 1908, p.41sq. 4 lti.olrY.: La tribu des Bakoko, Paris 1929r p.121, Sou- IignÉ par nous. -3 1-

Au retour de leurs prcmiers voyages dans les pays ba_ koko_et basa, tes Allemands J-ro5!iàr-à."" la Basse-Sanaga, les reprËsentants"oÂr6qrê"oni qualifiês-Jes poàu_ qutil; lations venaient Oe vjsiter, mais Geux_ci fièrent se mÉ_ de cette invitatiàn-;;-b;" nombredrentre eux dêlé9uêrent.â leur prace J"s-ÀoIàur".. A ceux qui presenterent, se l9s Allemands remirent des livrets de chef et un drapeau. Et rorsqurirs revinrent dans ges' le, viitu- ce furent aux dÉpositaires de ces signeÀ qriif" adressèrent, pensant avoir affài"" .u* ,Éiiiàuiu=--- ", chefs. 1) Cette erreur drapprÊciation est confirmÉe par Ikelle_Hatiba qui écrit notamment : Die Einheimischen, die _im Zeitalter der Kolonisation- a_ls Vorgesetzt,e iÀ der Verrualtung arbeiteten. r,raràÀ- fûr uns eruas Neues. ùJir harie, Ë"i;;;-ù;rsïJiJi^i;'rii", uaren doch unsere eisenen. Fijhrer ;;;;;rrËï"Ë-"i"_ .' gesetzt oder ernannt, sonàern geuâhIt"i;Àf uoraei. ù;;;"; lJaldgemeinschaft kanÀte auch kéine f,tonarchie. EsLr qabsqs c,en Stammesârtesten- und oen iirtesie"_n.t.-zi"-r' Chez les Bakoko,comme chez les Bakueri, lrorganisation po_ Iitique êtait teLle que le pouvoir de décision revenait non pas a'une personnalitê, mais plut6t â un groupe de personnes. Dans cette r'egion, lrêconomie Était en gÊnÊral bas,eesur lragriculture. Les Bakuleri êtaient en tout cas de grands a_ griculteursi;les pentes du Flont-Camerounse prêtaient fort bien â cette activitÉ, Étant donnË Ia fertllitÉ du sol. La diuersification des activitÊs Économiques (artisanat, chas_ se...) avait contribuê à lrapparition de marchês dont res prus importants avalent lieu â victoria et à Tiko.3 Les ga- koko de leur c8tê, de par reur situation au bord du freuve Sanagal voie dreau reliant Irintêrieur â la cgte, avalent

1 Ni"olr y. : op. cit. p.125.

.2-Ik"II"-t'îatiba, Jean: Adler und-Lilie in Kamerun, Stutt_ gart 1966, p.{g-46i-cf._Haessig: ÈiêÀents de droit, coutumier Bassa, in: Abbia, 4, 1963, p.f!asq. 3 S"ld"lr A. : Deutsch-Kamerun,Berlin Scholzer i906r F.25li cf. J.vÀn: 0as Bakui"iuoiLl-fÀ:-ôxz f gO1, p.Z4S-24?. -32-

pour princlpale activitÉ Ëêonomique Ia pratique du collm€!- ce lnterm'ediaire, crêtalent des courtiers.l

1.1.3. Les ethnies du Cross-FIuss.

Nous devons au 0r. ltlansfeld, chef de la circonscrlption 'etude dr0ssldinge une approfondie sur Ie système politique des ethnies de la rêglon, dont les plus importantes'etaient les Ekoi et les Keaka. La communautêvillageoise constituait lrunitÉ politique et Êtait soumise â lrautoritê drun chef. A llexception des Ekoi, aucune eÈhnie ne connaissait une.orga- nisation politique suffisamment structurêe : Von allen StËmmendes Bezirks ist nur bei einem, den E- kois , von einem gemeinschaftlichen Zusamnenhaltenecuas zu verspûren. bJie die ein2elneÉ Stâmmeunabhângig von- . einander dahinlebene so Iebt auch meist jede Dorfàemein- schaft streng abgesèhlossenfûr sich...2) Les chefs de village nlavaient qurune influence relative, à moins qurils ne fussent en mêmet,emps prêtres du f'etiche, auquel cas ils exerçaient un pouvoir considêrable sur l.e res- te de Ia population. Les chefs de village ekoi avaient drau- tant plus drautoritê qurils dÉtenaient en mêmetemps Ie pou- voir politique et le pouvoir religieux.S Les chefs dêtenaient Êgalement le pouvoir judiciaire et rêclamaient des parties des frais de Justice en nature le plus souvent (une chèvre par exemple). La fonction de chef êtait frÊrËOitaire et passait de pê- re en fils, mais dans certains cas ll pouvait être procêdê â I t Ëlection d r un nouveau chef 3 0as Amt des Hàuptlings oder BUrgermeisters ist erblich: ldennder Hâuptling einen etua 25- bis 4Sjâhrigen Sohn,

1 cf . 0lorgen, Ci : A t,ravers Ie Cameroundu Sud au Noro Leipzigr 1893, ( traductlon de Laburthe-Tolrai yaoundË 1g?2), p.99; cf. KaeselltzrR. :Kolonialeroberung und trjiderstanskampi in Sûdkamerun, in: Stoacker, Kamerun IIr p.26-34. 2 - 0iansfeld : Urlrald-Dokumente, p.1SB-1Sg; cf. Amtsblatt fûr das Schutzgebiet Kamerun1910, p.89. 3 tlansfeId : Urrrlald-Ookumente,p.161 . -33-

der bei der Bevôlkerung In Ansehen steht hinterlii0t so ulrd der Sohn,stets-Hâuptling. In .ff".-ôù"iôu.-' Fàllen finder uahl statt. irat oËr Hàuptrrng-t"iià"sor,- ne, aber einen erurachsenenBruder, so uird geuâhlt; dieser oft hat er. elnen^Sohn,der aber erst ca.2o JaÀre alt,_ist, so glbt es e_LnInÉerràgnum, bis der Sohn ca. 30 Jahre alt ist.... Fehlen Uerrianote, oder rrlird Sohn der oder Bruder von uornherein aIs uÂq"eiônei-"nàur"_ hen, so hëlt rnanetrua vier lJochen lang-Berâtunsrn'àb. GroOe Schr,rierigkeiten entstehen selteÂ, O"nn-rin'r"ig oft schon bei Iebzeiten oes-iàupiting",r;;; ^;;; i;; der-ruûrdigste ist, und tritt J"i f"fi,inr-oàô-,0.À"oia UJahlhat, so soll oft die u,ahl auf O"n geËaii.n"."ii, der die meisten Ausgabenfi.ir éinà 9ro0e Totenfestlicn- keit zu Ehren des fiûrreren-àtià"r"in-uàri;ùa;;-;;;;;- Iings spendiert, hat. l) Ainsi res condltions posêes à tout prËtendant à r.a succession du chef Étaient la garantie mêne de la IÊ9itlmit'e vis_â_vis de La communautÉet de ses coutumes. Considêrons maintenant le système politique des Ekoi. Con- trairement aux Fang et aux autres gantu de Ia c6te, ltorgani- sation politique des Ekoi n!êtait plus seulement structurÉe au niveau du village, erre dêpassait ce cadre et se montrart beaucoup plus complexê. Lâ cohêsion Cui rêgnalt au sein de ll ethnle êtait parfaite et se traduisait par lrexistence de I, lnstitution ?tEuli-ngbetr qurobserva Mansfeld : Kehren urir nun zu den Ekois zurûck, so exlstlert sen tatsâchtich bei die_ von Alters her einé Ein;i;ha;;;, ài" ne ziemlich straffe Disziplin ii-cefolge nati Ëé i"t "i_ die sogenannte. oi". Errri-ngbe (Ë,li= Cesetz, !',lSbe='lrtame-àer Ge- meinschaft nach dem frgbe'= t_eopàrO).'21-- LlErrll-ngbe était une instltution dont faisaient partie tous res chefs de village et res hommesinfruents. Erle avait oes compÉtences tout aussi bien politiques, Ëconomiques, jirdici_ aires que religieuses. EIte reprÊsentait lrinstance suprême du culte ethnique. Elle Jouait le rôle drune cour drappel pour tous procès les tranch,es par Ies chefs de village;

1 Itlansf,eld: op..cit. p.162. 2 Ibldr p.159. -34-

elle 6tait ainsl chargËe de la rÊvision des jugements pro- noncês par les chefs et ce faisant, êtalt lrautoritË suprê- me en matière de jurldiction. ElIe ne se Iimitait pas â la rêvlsion des procès, qui plus est, elle constituait un organe 1êqislatif. Lorsqurune motion Ëtait acceptée par lrassembl.Ée, elle avait immÉdiatemenÈfor- ce de loi que chaque chef êtalt tenu de promulguer dans son village: Der Verein lst erstens die oberste Berufungsinstanz bei allen Prozessen, ferner die gesetzgebendeKôrperschaftt die (...) alle drei bis fijnf Jahre einmal zusammentritt, und endlich versorgt er die religiôsen 8edùrfnisse der Gemeinde 1) Soulignons ici Itexistence drun corps législatif que 1e coLonisateut refuse toujours au droit africain.2 LrErrri-ngoe sroccupait des questions êconomiques et fixait avec prËci- slon au cours de ses sêances les prix de tbus les produits locaux et du bêtail.3 Les sÊances dlEui-ngbe se d'eroulait de la façon suivante : Oie Sitzungen dauern ger,rôhnlichvon frûh I Uhr bis 12 Uhr; nachmittags finden Beratungen oder Gerichts-Palaver statt. Jeder Hâuptling und jedes Ngbe-tqitglied erscheint mit fûnf- zehn bis drei0ig f,lannGefolge.4) 'enorme Ll Errri-ngbeavait un pouvoir sur les populations qui lui êtait soumises. EIle prÊvoyait 9én'eralementdes peines tellement lourdes, pour le cas où des gens slaviseraient â se montrer récalcitrants, que finalement toutes ses d'ecisions

1 iuio. p.1S9i Lrauteur êcrlt en 1910 que IrEui-ngbe se rêunit tous les 2 â 3 ans et non plus tous les 3 à 5 ans com- me il est dit dans la citation ci-dessus. Le rapprochement de cet intervalle est sans doute â rnettre au compte de son influ- ence.

2 Art"blatt fOr das Schutzgebiet Kamerun, 1910, p. 91 Elne eigentliche"9. 6esetzgebung(...) hat (...) nie bestandenrr.

3 cf. tiansfeld : Urùrald-Dokumentelp. 160.

4 ibld. p. 161. _55-

Étaient respectêes â Ia Lettre.l

1.1.4. Le oroupe lviaka et Kozime.2

Les populatlons r'rakaet Kozime de ra rÊgion du suct-est du cameroun constituaient sans doute le groupe sur lequer furenE en- registrÉes Ie moins dr inFormations sur Irorganisation politi_ que et sociale avant lrêre colonIaIe.Sur leur origine et leur emplacementDugast êcrit : Nous sommesen prÉsence de faits lncertalns mais on peuc peu près ceci ! il y a ,; ;ïé;i;-;l-o"ii-a"j",* 9il".asrecles se serait.produit Ie peuplementactuel de Ia fo_ rêt^par une invasion u"n"ni di-ùlro_est et du Sud-Est Ia fois à de popurarions peut-êi";-;;p;;;.;êr;; ;;ii;; nant ,"_ du Nord êtaient poussê'espar le flot dei lraÀJifa- Baya refoulés par res Futbe. c;.-p;;"i;ii""I-."ËriÉ""r. une grande aire de forêt, plus tard'vint égàfem;;[-;, Nord et du Sud Irinvasion pahouine. ElIe Oiuscufâ fàs premiers occupants, dont une partià (ry;rrb;-;[-r,:"u!àj fraya un chemin juéqre dans là t;;; èô;;J;".-i)"--"' "u Les colonisateurs allemands qui eurent pourtant â maintes reprises 'pacifie!r! rroccasion de ces populations ne mention- nèrent rrprimitifn souvent que Iraspect, de leur organlsation.4 Ils ne virent en elles qurune masse sans organisatlons ou seulement avec un minimumdrorganisation. personne en fait ne semblait prendre en considêration Ie fait que la prêsence de la forêt êtait un obstacle naturel à une organisation po_ litique et social.e sur une base êtendue. Une cohËsion politi_

1 |\lansfeld se rendit compte de Iravantage que tion pouvait tirer lradminisÈDa- drune terie institution;-ir'i-air,,"ra et ta fit Étendre aux autres sthniés Jà:ià-"ê9ioÀ: hat "oie n"!iuru.,9 hierin in Zukunfr einvorzûslicnus-i;;;;;"";;; v^lioià"".e"n durchzudrtickenauf JulnEingeborenen unctnatiirrich "+r:.,,U:g"r'à"" bekannt ist erscheinr.r Ir éonsidêrait ;;;;;;;;;"cJà''ià ron.- tion rerigieuse de r'rinstitution la prétendue un oanl"r-pour mission civiriiaiii"Ë "àp"ê""ntaitr-iùis. p.160. -2 cf. OugastrI.: op.cit. p.96. 3 tuio._0.96-9?; cf. Neskes s Vier Jahte in Jaunde, in: Stern von Afrika i9ô5, p.i51. 5"itr, _ ^-4 Th. ! op. cit. vol.21 p.4g; cf.DugastlI.: op.cit. P.9?. 5 Amtsblatt fitr das Schutzgebiet Kamerun1910, p.91. -36-

que et sociale des villages Ie plus souvent coupÉs les uns des autres par Ia forêt Était difficilement réalisable. Ainsi les populations ne pouvaient srorganiser que dans le cadre rêduit qurétait 1e village. LrautorltÉ principale y'etait dêtenue par un.chef dont les compêtences sembLaient se limiter â lradmi- nistration de la justice civile et pénâIe, les affaires pêna- Ies graves pouvant draiLleurslui êt,re retirêes pour être con- fiêes à la d'ecision de IrassemulË ou vilIage.l Concernantle le tenant de Itautorité, Schlosser, administrateur de Ia cir- conscription écrit : , Bei dem erst,en AuftreÈen der Regierung im hiesigen Bezirk bestanden als einzige politische 0rgane die Dorihâuptlin- 9e. Oberhâuptlinge, die a1s politische Leiter der einzel- nen 5tâmmeoder Unterstâmmeanzusehen ularen, fehlten. 2) Les informations êtaient cependant plus nombreusessur la partie de ce groupe de populatlons ayant fray'e son chemin jus- qutaux environs Oe ta côte, en ltoccurrence sur Les Ngumbaet les t4abea. Lrunité politique dêpassait-el.l.e chez fes Ngumba et lYlabeales limites de La communautêvillageoise ? lJne person- nalité commefltunga avait réussi à srimposer commechef â tous Ies Ngumba.3 ltlais ceci ne fut sans doute qurune situation exceptionnel- Ier ltorganisation politique et sociale restant dans le cadre du village.4 Le chef Ngumbantexerçait pas de fonction reli- gieuse, celle-cl Ëtait rËservêe au prêtre du fêtiche.5 Sur le plan'economique les populations wlakaet Kozime sroc- cupaient dractlvitÉs aussi variêes que lragricultu!e; la chas- se et Ia pêche, les Ngumbaet les lvtabeajouant en pl.us de cela

I ibid. p. 91. cf. aussi Freiherr von Stein : Die 0zimu- Landschaften, in :OKB 1901, p.358-360 eÈ Expedition des Frei- herrn von Stein, in : DKB 1901, p. 518-520. 2Art"bl"tt fiir das Schutzgebiet Kamerun, 1910, p. g1. 3 cf. lriorgen, G.: op. cit. p. 98. 4 cf. Conradtl L. 3 Die Ngumba ln SUdKamerun,ln : GIobus 1902,p.334. 5 Ibid. p. 334. -3 ?-

un rôle dans le commerceintermêdialre.1

1.1.5. Les soclêtês secrêtes.

Llavertissement que lançait le 0r. Flansfeld en gulse de conclusion â rEr,ri_ngben, son êtude de Irinstitution â savoir quril êtait indispensabre drêtudier pend.nt deux ou trois ans les coutumes drune population, avant drêllnlner les institu- tions qualifiÉes de fêtichistesr2 n" passer inaperçu. cet ""u""it avertissement est le refret mênrede lrattitude g,enérale des colonisateurs vis-â-vis des nombreusessociÊtés secrêtes. 0n en dênombrait en effet plus de 40 sur la seule côte au nord de DouaIa.3 Ces diverses soeiÉtÉs ne furent observées de lrlntérieur que très peu, le plus souvent Irattention fut uniquement,retenue parles objets cultuels, crest_â_dire dlune manière génêrale par les masques et certaines cêr'emonies conr- me les danses.4 Ainsi il fut rarement procédê à ls recherche de leurs fonctions politiques et socialesi Les misslonnaLres qui Êtalent le plus En contact avec Ia popuration qui et de ce fait Étarent les nieux ptacês pour per- cer à Jour Ies m'ecanlsmesde ces sociêtres, f urent surtout pr,e- occupÉs par 1e problême qurelles reprêsentaient pour Irexpan- sion de la religion chrétienne. Entre Ies soci,etÉs secrètes et les rnissionnaires, crêt6it une vêritabre rutte dr lnfruence; rêduire lrinfruence des soci'etÉs secrètes à nÉant pour instau- rer la leur, tel semblait bien être leur obJectif.5 Ils êtaient

1,fio"g"nr-C:^i op. cit. p.155-iS?i cfo Frelherr von Stein! op. cit. p.358-J60. 2 mansfeJ.d : op. cit. p-161. 3 FrobeniusrL. :Masken und GehelmbUndeAfrikasrHalle 1B9grp.fg. 4 rbid. p.?s. 5 . trarticle ou ris"ionnaire Kerlerhars : vom Kampf sion gegen der Ftis- die Gehe_imbiinoein-i.;;;;;, in:Buch der deutsêhen KoIonien, Berlin 193?, p.126-128, Ë"-"rj"t. cf. schratter : Dle Gàschichte oér ""t'"ÈuÈf"t"r"-âaasrer-r'li;;i;r, r' Ëà"Ëi'rsro,Y-YY- Po225sq. -3 8-

chargÉs dlapporter quelque Iumière dans Ie trcontinent gombrerl (dunkler Erdteil)l et cherchaient donc â dêtruire un des en- nemis de la prÊtendue mlsslon civilisatrice. Les adainlstrateurs pour leur part, ne voulaient dans 1l' ensemble voir et Juger Ia sociÉt'e africaine que selon le cas quron pourrait appeler normal, autrement dit iIs croyaient que Ia plupart du temps IrautoritÉ ne pouvait être que entre les mains dlune personnalitê marquante, en occurrence dlun chef. De cefait les sociétês secrè'tes ne furent oas tallement lrobJet de lrat,tention des administrateurs. Nous devons une observation minutieuse des sociêt'es secrè- tes de la r'egion entre Douala et Calabar â Leo Frobenius; son 'etude nous dêvoiIe Leur fonction politique, sociale et religieu- se.0e la nultitude de sociÊtês secre'tes sur la côte du Came- roun, retenons la sociÉtê secrête f4unji qu'I fut donnÉe comme pendant de Ia sociËtê [gbo de la rêgion de calâbar.2 Les re,n- bres de Ia soclÉtÉ FlunJi, uniquement des hommesIlbres, êtaient Iiés par des intÉrêts de classe et le but principal de Itins- titution êtait Ia dêfense et Ia pr'eservation de ces intêrêts: 0er Zrrreckdes Egbo, der mit einem heiligen Nimbus umge- ben ist, und der ausser bei Kriegen etc. nur bei Voll- mond stattfindet, ist der, auf Frauen und Sklaven, die in so groOer ZahI vorhanden sind, einen 0ruck ausûben zu kônnen, der sie abschrecken soll, sich.ùber ihren Herrn zu erheben. 3) Les femmes et le esclaves qui constituaient Ia mojorit'e de la population devaient donc se souhettre aux lois de la sociêtÉ secrète. Le but poursuivi par le lvlunji ou ItEgbo êtait dlassurer une position pr'edominanteâ ses membreset ce but semblalt identique à toutes les sociêtês secrètes.4

1 s"hl.tt"", lJ.! op. cit. p.213. 2 Frobenius, L. : op. cit. p.83; cf. Bouchaud!op. cit.p.151. 3 Frobenrus,L.:op. cit. p.85. 4 seitz rTh. : VomAufstieg und Niederbruch, vol.11 p.?O-?23 cf . 5e idel ,Ao : opo cIt. p.122-124. -3 9-

La sociÉtê riunJi ou Egbo Était dlvlste en plusicurs Éche_ lons et sel.on ce qulun hommellbre payai! commedroit dren_ trÉe, ir Étalt clsss'e â un certarn Êcheron. Les hommcgrrches et les chefs atteignaient ainsi lrÊchel.on le plus'elevÊ et Jouissaient par cons'equentde la plus grande influence. Lrap_ partenance â la sociêté confÉrait des privilêges sociaux; â travers elle chaque membrepouvalt gravir lrÉchelle sociale. Lr institution permettait ainsi ra formation drune catêgorie sociale privîtâliËe au sein de la population. Ces privilêges Étaient dtautant plus considêrables que lraccès à l.rinstitu_ tion nrêtait pas â ta portêe de tout un chacunS t4an hat zu,ar am Anfang zu leisten, und auch nach der Auf_ nahme in den Bund sinà zunâchst die zur.ir"nJrn"nÀIeire gering; doch sie uachsen je mehr man im Bunde aufriickt, und im Atter ist der unteihaft gestCnert;-ii- Vu ces privllèges, chaque père de famille cherchait â faire entrer au moins un de ses enfants dans la sociêtÉ cecrête. En plus de la protection de privilèges de ses membres, ll Egbo fut utilisé par exemple commeInstrument éconmiqr".2 Le commelce dlhuiLe de palme entre DouaLa et Calabar Était su_ à Jet beaucoup de dÊsordres et de conflits; les obligatlons commerciales ntétaient pas souvent respectêes et de ce fait lrEgbo devint une sorte drinstitutron poriciêr. pour obliger Ies créanciers à sracquitter de leurs dettes. f{Êmedes com_ merçants europ'eens adhÉrèrent â lrEgbo surtout pour user de cet avant,age 3 0a dort vielfache Unordnungeneinrl.ssen, gche der europâl- HandeI aber zur Aufreèhterhaltung ées cr"Jii! èine 9enaue Einhaltung der ûbernommenenveipflichtunqen for- : derte, so bitdetè. sich dieses fnstitu[ ;];-;i;;-;i"i Hansa unter den angesehensten Kaufleuten iu g"ô"n..iti_

,.-__]..1!!rllnl J..: Der kultische Gehetmbunddjengu an der kameruner Kûste, in: Anthroposr52rlg5?, p.l?S.

Hildebrandr E. i Die Geheimbûnde'Jestafrikasals problem der, : Reliqionsurissenschaft, Leipzig 19J]r p.fS, faàu[orr' p.rfe drune classification Oes éociêt,es-secrèÈeset,'iI question ItHandelsbûnde, est, ainsi de Tânzerbiinde, XriegerUUnà"r-iâuUu"_ bùnderl. -40-

9er lJahrung ihrer Interessen (...) Europâische Capitâ- ne haben es mehrfach gefunden, sich in die niederen Gra- de einreihen zu lassen, um ihre Schulden leichter ein- trelben zu kônnen. 1) LrEgbo ôtait aussi une sorte de tribunal â la disposition de touÈ membrede la communaut'e,les femmes et les esclaves pouvaient donc falre appel â sa justice i Ein jeder l'iann, Frau oder Kind hat das Recht, die Hûlfe des Egbo gegen seinen Herrn oder seinen NachÉar anzuru- fen, und dazu bedarf es nur, dass er ein tjitglied des 0r- dens auf der Brust berûhrt oder an die grossé Egbo_Trom.. meI schlâgt. Der Beanspruchte muss aLso 91eich àinen Con- vent zusammenberufen,uo die KIage untersucht und, ùJenn gerecht befunden, befriedigt uird. 2) LrEgbo se mettait ainsi au service de la population, elle Ie faisait êgalement lorsqulelle se chargeait de la protection des biens de personnes qui pour Une ralson ou une autre, slab- sentaient de Leur domicile.3 Les sociêtÉs secrètes êtant plus ou moins hiêrarchls'ees, Ies honmesles plus influents de la communautÉoccupaient Ie plus souvent ltêchelon Ie plus êlevË et iI ntÉtait pas rare de trouver le chef du village à ta tête de La sociêtê secrète: rrmanchmal 4 sind beide Amter in ei.ner person vereint.r Ce nrest certainement pas donner trop dtlmportance aux sociêt'es secrêtes que de vouloir volr en err.es une sorte de dêtenteur du oouvoir pol.itique.5 La sociÉtê seerète pouvait être communeâ des populations ne constituant pas nËcessairement une unitê 9êographique et ethnique. Elle pouvait dêpasser les frontiêres de sa rê9ion drorigine et alors sa fonction se trouvait au-delâ des asoects' magico-religieux etc, elle devenait ainsi un ê]Êment de cohË-

1 Frobeniusl L. 3 op. clt. p. 8?. 2 tuta. p. 96o 5 lbid. po 8?. 4 ltt*nn , oo. cl.t. p.164. 5 IoiO. p.164 et 1?5i cf. Hildebrand: op. cIt. p. 45: lr0ie Eantu uurden frtiher von den Geheimbijndenregierttr. -41-

pour slon des popurations diverses, un êtêment.dynamrquedans la formation de Lr'etat. Ittmann â ce sujeÈ dlt ceci : Ein vorlâufer des staates rst das Kurtische Geheiarbunct. claube und Kult, Religion und Schule, ziviler-poii."ifi_ che und militàrische. Geualt, zivil uào stràrieEÀi-riro dem uon Kultbund [iberuacht, ùrennnicht verrrraltet, ei-siÀafft die ôffentliche f4einun9. urtûmriche Bindung"À ii"i"n in den B[inden zurûck, dieie uorlen ûber.oie sËr,opiunilrnaoig"n Gegebenheiten hinaus, uollen orgànisieren; .i! iri""ig"n natûrliche Bindungen, r,renndies- ihren Z"écf

1 rttr"nn, op. cit. p. 135i cf. aussl cit. p.126. Kellerhals, Eo i opo 1.2. Les chefferies et royaumes du Grasland.

Le Glasland constitue un haut pl.ateau limitê au sud et à lrouest par la forêt tropicale, au nord par Le massif de lrAdamaoua. A llest le ftlbanpourrait être considêré comme une sorte de frontièrerl mais pour notre part nous Êtendrons un peu cette frontiêre orientale pour englober Ie pays uure. Le Grasland doit son nom à de grandes superficles couvertes drherbes, ce qui ne veut pas dire que clest exclusivement un paysage de savane. Le terme de llGtaslandtl est entrê en usage dans Ies Éêrits allemands et est devenu ?tGrassfiel.dsrrdans la littËrature anglaise ou anglophone. Contrairement à ce que nous avons vu Jusqulici dans la zone forestière et côtiêre1 Irorganisatlon politique et so- 'etait cial.e dans le Grasland beaucoup plus structurËe; nous ne sommesplus en prÊsence de soci'etês segmentaires ou acê- phales. Le pouvolr politique connaissal.t une centrallsation plus pouss'eei nous avons affaire â des sociêtês à cheffeiies trf rrçsnrr 'etait ou des sociêtês êtatiques. Le chef ou roi ( otrr ) alors au centre des Évênementspolitiques et sociaux du grou- pe. Nous avons choisi trois exemples -BaIir Bamum,ldute- et notre choix se Justifie par la documentation rÉunie sur ces qroupes et par le r6le qurils allaient jouer au cours de Il êpoque coloniale.

1o2.1. -!gro!g.2

Ils font partie des popul.ations que Ies ethnologues ont appelËes Bantu des hauts glateaux ou semL-Bantu.J Ils sont

1 cf. Geary, Christaud: trJe,Die Geneseeines Hâuptllng- tuat in Grasland von Kamerun, ldiesbaden 1976, p.4. 2 B"Ii NrYong signlfie les vrals Ball par opposltlon aux autres 9!oupes bàlir cf. HutterrHauptmann: Die Volksstâmme an der SûdgrenzeAdamaoua, in: Globusr?5r 1899rp.3?9. J1 cf. Hauseî1Ko! op. cit. P.149i Dugast;I. !op' cito 9.111. -43-

arrlvÉs dans Ieur emplacementactuel venant du Sud-Adamaouar mêmesi pays leur dtorigine nE fut pas toujours êtabli de fa_ incontestable.l çon Les BaIl Nryong appartiennent â Ia popuJ.a_ tion Charnbaqul, partle de l.rAdamaoua,se seralt dlrigËe vers l!ouest et le sud. Cette migration aurait mêmedÊbutÉ svant Ia proclamation de la guerre sainte l5irraa)Z par 0usmaneOan Fodiol cependant il est probabre que sans en être la cause pre_ mière elle r - Itaccélera sûrement. Hutter disait avec raison Quron ne pouvait, pas parler gall des sans tenlr compte de lrA_ damaoua.3 Le groupe Chamba se dirigeant vers le sud Était sous ra conduite de Garrrolbe, grand-père de GaIega4, il subit plus tard une scission et Gafega se retrouva â Ia tête du.groupe Ie plus important, et crest de ce groupe qutil est question ici. La di_ vision de la population en couches bien distinctes Était une caract'eristique de Ia sociÉtÉ Balii iI fallait distinguer les hommeslibres, Les serfs parmi et les esclaves. les hommesli_ bres il y avait drun côtÉ le chef et les notables qui consti- tuaient une sorte de noblesse, et Ies simples sujets de lrau- tre. Sur lrêchelle sociaLe, les simples sujets se situalent entre ies notables et serfs; iIs Étaient paysans ou. artlsans et ne dêpeÉdaient que du chef de lrethnie. serfs Les eux, faisaient part,ie des populatlons autochto_ nes conqulses par gali; Ies un rapport de dêpendance les liait â leurs maltres. Les esclaves se situaient au niveau Ie plus

Hauptmann: op..ci!f-in p. J?9; Fioiselr Zur- _ Geschite] "t...Hrrtter, Fi. ! von Bali und Bamun, CioUus 9J; lgOBr-Ë.'ffZ_ 120; cf. Zingraffr E._t..tJord-Kamerun, BerIin igôSl-Ë.'iaB; Ka_ 99lTV' P.M./Chilver, E.14. : An outliÀe of tne traÉiIion"i po_ litical system of Bàli-tlyonga, souiÈern cameroonr-i"-Ài:"i"" 1961, p. 358. 2 cf. Chilvglr paramountcy E.tt. 3 and protection in the Cameroons. in Gifford,/Louis, p. 479i'cf. xluËriir-Ë.li.lciifr"" E.t'I. :.op: p. cit. Js's; r4ohà,Éiou,-Ë.-, LrHistoiie ie-ïiLati, Yaound'e1 965, p. ?. -1 cf. Hutter, Hauptmann3 opo cit. J??. o - g?t"na_fut le premier chef gali d entrer en contact avec Eugen Zingraff en jânvier iBg9. -44-

bas de ltÉchelle sociale et chaque élËment dËjâ nommêpou- vaient pos"êd"r.1 "n SociaIement et politiquement, ctÉtait le chef qui se trou- vait au centre de Itorganisation des Bali. Le commandement'e- tait donc entre Ies mains dlune personnalltê forte et puissan- te qui srêtaiu placËe â la tête de La communautêou y avait Étê placée par les autres membreset qui par llinstauration du pouvoir trêr'editaire tÉgitimait juridiquement son autori- tÊ.2 cette autoritê durrfonrtntétait en aucun cas contestËe par les notables qui â lrorigine avaient sans doute autant dl infLuence que ]ui et qui ne voulaient le lui cêder en rien, que ce fut en prestige ou en noblesse. 'etait Du fait que l.tautoritê du tlf onrt rarement remise en cause, il avait un pouvoir politique ùrês êtendu. En plus oe ce pouvoir politique, iI faut mentionner le rôIe quril jouait dans la Juridiction; il avait Ie droit de vie ou de mort sur tous Les ressortl.ssants bali et en était le juge ' "uprêr".3 Le trfonrt occupait Également une position importante lors- quril sragissait de Ia vie religieuse de La communautê.11 Était itrepr'esentant des ancêtres mythiques et le prêtre de Leur. cultert, êcrit Delarozière âpropos de.s chefs Uamilêkê.4 Lrobservation de Hutter ntêtait pas diffêrente à ce sujet : rrSo ist der Graslandherrscher 0berhaupt und Priester zugleich, der dl.e Kultakte anordnet, meist selbst ]eitettr.5

1 Hutt"", F. : ly'ânderungenund Forschungen im Nord-Hin: terland von Kamerun, Braunschureig1902, p.340sq. 2 tuto. p.342. 3 Hutt.", F. : Itanderungen, p.3?8. 4 Oelarozière, R.: Institutions politiques et sociales des populations dites Bamilékê, in: Etudes Camerounaises, 1949, p.41o 5 Hrtt""e F. ! u,ônderungenrp.450. -45-

Le conseil ilfonfl des notables assistalt le dans Irexerci_ ce de ses fonctions. Il constituart unE sorte de gouvernement et Étalt en falt un contre-poids à IrautoritÉ du chef. II se composait de 50 â E0 membres issus de toutes leg couches so_ ciales, êtait une sorte dtorgane interrnêdiaire entre le chef et la population et grâce â lui, le chef pouvait mleux savoir ce que son peuple pensait.l L" rôI" du conseil Était loin d, être nêgligeabler du quril fait influençaIt les affalres in- tÉrieures et extêrieures de la chefferie et que le chef se devait de respecter son point de vue.0e ce falt, le pouvolr clu chef ne pouvait pas être un pouvolr absolu : Auch elnem Absolutismus bilden sie.(die das Vornehmen,G.) Gegengerrricht,und urahrensie slcn den nere Einfl.u0.auf in_ und àuBere.Angelegenfreiten in oer rorr-eiiJJ bejahrresten -- -Ir" rr,rrn Ftitgliedein g"uiiJ"ten Ràre;: 2t- Seidel donne lrimage suivante de Irorganlsation Folltique chez les gali: Bei den BaIi ist die Hàuptlingsrrr(irdeerblich qeht den ârtesren und auf Sohn aus lesirimén Àrti"n-ù;;;; o;; ËILptrins ist Herr Uber Leben uno ioO-;;ïn;, Untertanen, ihr Anfûh- rer im Kriese,-ihr 0berpri".a;;; der giôsen alle Zeremonien selbst vollziËfrt, und "ifËtifin.reri_ das Recht (".i,lil+ ihr Richter. Er hat zr_rafi)r-5i"u""n aufzuerlegen dienste zu uncrFron_ verrangen. Ihm zûi sert" steht ein nannter Rat personen. von ihm er- von 50-60 die our.f, ùo"n"irn"it, tum oder rilchtiekeii-h;;;;;;;;;n'. Reich_ rn di"""r Krirperschafr trrerdenGesetze 6eraten û;-;;;;ilirssen tische Angeleqenheiten und urichtige pol i_ rror[e"t.-oi" ô".ï"r,rià"iirJno"r"., 5tàmmenr,rerdeÀ aurcrr cesàÀài."Ààft"n vermittelt, die als unverl.etzlich gelten. Die fiacht, des Hâuptlingi 6"q"iUO". dem Rat beruht.vornehmlûoh auf dàr von Zah] der- unmittelbar ihm abhângigen stammeigeÀosien. f) Le chef bali avait sous son aut,orit,e plusleurs villages ayant â leur tour des chefs à leur tête; un seul vlllage nrÉ_ tait donc plus lrunité polltlque et socialeo Chacun

1 cf. Hutter, Fr.: op. cit. p.J42. lu.to. -, .2 -p.342 ;_!l:, oeraroziôre, R: ! opo cito p.3?; Eballa, yalla : EtÉnische^entricr.iuig cf. Kamerun ln der Bundesrepublik unter besonderer.gerûckstchtigung-iËzz, sol idierungsprozesses. des natlonalen Kon_ o iss.-àurifn p.ZZ. 3 s"ld"l, A.: oeutsch-Kamerun,p.116. de ces villages dirigeait ses propres affaires intêrieures nais Êtait soumis au contrôJ.e dtun intermêdiaire appeLê ilta- manjirtl par Iequel iI devait payer tribut au chef BaIi. Les intermédiaires êtaient des princes ou des sous-chefs (Fonte) et rêsidaient dans Ia capitale; ils Étaient bien str nomm'es par le chef BaIi. En plus de Ia perception du tributl ils de- vaient informer 1é chef des êvê'nementsde leurs villages, pu- nir Irinsurbordination et agir en intermêdiaires lorsque les chefs de villages vouLaient une audience auprès du chef bali. La caract,êristique essentielLe du système politique BaIl semblait bien être la concentration du pouvoir entre les mains du chef (Fon) qui stappuyait sur une armêe bien organisêe, ar- mÉequi lui permettait drassumer son hÉgÉmoniesur les viIIa- ges conquis.

1.2.2. Le rovaume Bamùm.

Le royaume Bamumpouvait être consldêré commerine unitê territoriaLe et politique considêrabIe et hautement structur'ee2. Les Bamumavaient leur origine chez les Tikar sur la rive droi- Èe d.u [v|bam,plus exactement â Bankim. En effet le fondateur de la dynastie Était le fits dtun chef Tikar qui â Ia suite 'emigra, de dissensions avec sa f.amilIe, suivi de ses parti- sans. Au cours de sa marche 1I soumit les cfrefferies autoch- tones et installa finalement sa capltale à Foumban.3Par con- 'et'e sêquent 1ô ttjihadrr des Fulbe ne semble pas avoir pour quelque chose dans Ia migratlon des Bamum.Dans Ilhistoire des 8amum,Ia poussÊe des Fulbe ne joua pas Ie mêmerôIe que

I K"b.""yrP.tyl./ChilverrE.lt.! opo citr p.363, rrtamanjir s1- gnifie IittÉralement |tpère de la routerr,; cf. Zingraff, E.: op. cit. 9.189sq. 2 Êiartin, H. : Le pays BaDUn€t le Sultan l'ljoya, ln: Etudes Camerounaises,1951, p.?. 3 po,rt plus de dÊtatIs, cf. Rein-lJuhrmann!wleln Bamumvolk im Grasland von Kamerun,Stuttgart, Basel, l9Z5; Njoya Der Kônig von Bamum,Basel 1949; fttoiselrPl.: op. cit.;0ehler, Anna: Der Negerkônig Ndschoya, BaseI 1913. -4?-

dans cerle des Bali et drautres popurations.0iars les gamûm, une fois dans leur territoire, ne nanquêrent pas de subir les attaques FuJ.be commetoutes les autres populations â la fron- tiêre sud de lrAdamaoua. Les cavaliers Fulue pËnÊtrèrent plu- sleurs fois dans Ie royaume : Schon seit rângerer Zeit kamendie Fulbe auf ihren len Pferden pamom, schnel- nach. brannten die 0ôrfer-- nieder und f ûhrten d ie BerrrohneriÀ ole Sklaverei. i ) Les Bamumsurent cependant rêsister et â chaque fois repous_ sêrent victorieusement les assaillants, crevenantainsi un renpart infranchissable â la poussée fulbe. La stratification sociale êtart ra mêmeque chez les Ba- li. Parmi les hommeslibres, Le roi et sa famille ainsi que Les notables constituaient en euelque sorte la noblesse; Ies sujets libres êtaient les descendants des envahisseurs bamum. Les popurations soumises'et,aient r'eduites au servage comme chez les 8ali. Les esclaves se trouvaient évidemmentau bas de lrêcheLle sociale, ils,etaient pour Ia plupart des cao- tifs de guerre. QuelIe 'etait la situation politique du royaume bamuma_ vant Itarrivêe des colonisateurs? Au centre du système poli- tique se trouvait sans conteste Ia personnalitË marquante ou roi qui synibolisait Itunitê de lrensemble . Il êtait entour,e dlune cour nombreuse, le chiffre de g00 personnes fut avan_ cé pour La cour de trtjoya.2 Le roi stêtait entourÉ de prusieurs organes qur lraidaient dans Llexercice de son pouvoir, organes fortement hiérarchi_ sÉs. Tout en haut de cette hi,erarchie politique se trouvaient les trftsmr. rrKomrr Était un titre de noblesse que le fondateur de la dynastie bamum àonna â se.pt de ses coopagnons; c-e nom- bre sraccrut par. la suit,e. ceux qui port,aient ce titre étaient

1 tott"lt [4': oP' clt' P'118; cf' Martinr H.: op. o.ro. citr 2 R"in-l,J,rh"mann:^Der_ Kônig von Ba,num,p.ZJ rDer Njoya t KônIg hatte einen qro.en tofstâai. gôo l4ânner uaren jeden im Kônigsseh6fte Tag séines oi"n"ies-i",iàiti9 cf. Târdits,C.3 Lrorganisation politique ; traditioiÀ"ii" du royaume bamoun, in: Paideuma 25, 19?9, p.?J, iaàrt"r"-p"rle drune cour de 1000 â 2000 serviteurs. _49_

des |tagents de renseignement du toitrrl ils êtaient placês en diff'erents endroits du royaume et informaient Ie roi de l,a situation politique. 'eta L I inf ormat ion rassemblêe par Ies trkomrl it acheminêe Jusqulau roi par lrintermêdiaire dlun corps de grands offi- ciers appelËs tttitamfontt (pêres du roi )2, iI. êtaient au nombre de trois , êtaient vieux et v'enêrés, constituaient en fait le vêritable conseil. Crêtaient certainement Ies;. hommesles plus influents du royaune; le roi devait les con- sulter lorsquril ÉIaborait de grandes dêcisions. II est ce- pendant difficile de savoir srils influençaient effectivement les d'ecisions du roi, puisque draprès Hutter, Njoya serait un monarcheabsolu malgrê llexistence de ce conseil." ces hominesÊtaient J.es seul.es personnes du royaume â qui le roi confiait le nom de son successeur. Un hommeËtait sp'ecialement chargê de ]a proclamation des dêcisions du souverain, ctÊtait 1e Ittangurt (père du pays),. iI Ëtait à ta tête drun organe drexêcution des otdonnancesro- rrtangurr yales, appelê rtmûtngurt(êpoux du pays) . Le pouvait mêmeexiger du roi la rêparation de torts commis en son nom. Le rttangurret les trmûtngurrÉtaient très craints dans Ie ro- y"rr"f ils refirêsentaient un instrument coercitif. A la tête de chaque groupemenl ou village êtait plac'e un chef choisi par l-es gens du village et ceéi pour une durée q de trois ansro mais ceci ne serait vrai que pour les villages conquis par les Bamum.Dans 1es coLlectivitÉs en dehors de Foumban,chaque chef de Iignaqe calquait en effet Ie système politique de son territoire sur celui du roi.o

1 li".tin, H.: op. cit. p.15; TarditslCo iop. ci!. qt]?; Ce qui sult érappuie sur les ouvrages de ltlartin et Tardits. 2 l,iartinrH.:op. cit. p.15. 3 Hutt"", Hauptmann:Bamumr in: Globus 91, 190?1 p.6. 4 f4artinrH.: op.cit. p.15-16; TarditsrC.:op.cit. p.?8. 5 tiarin, H.: op. cit. p.16. 6 .Tardits, C.: op. cit. p.?9-80. -49-

Quelles êtaient les diffêrentes fonctions du roi bamum? Il avait des responsabilitês Judiclaires, commepresque tous Ies autres dÉtenteurs du pouvoir politique dans les sociËtés du Sud-Cameroun. Il êtait le juge suprême du royaume. Rein- ùJuhrmannsignale drailleurs dans la cour de Njoya la prêsen- ce de 11 juges de métier qui tenaient leurs s,eancesau oalais sous la prÉsidence du roi.l Le souverain bamumÊtait un chef religieux, il cêl,eUrait le culte des ancêtres'. Il Êtait le chef de guerre et menait. ses hommesau combat. Il Était le chef de Ia colJ.ectlvitê er en tant que tel, attribuait tous les droits fonciers. II per_ cevait chaque annÉe de son peuple un tribut en denrËes aIi- mentaitesr2 les Bamumpayaient.ce tribut en signe drallê9ean- C€o

Du point de vue êconomique, chez les Bamumcomme chez les 8ali, nous sommesen prÊsence dlun phÉnomènejusque-Là incon- nu dans Ia rêgion forestière et surtout chez les Fang : lrexis- tence de v'eritables rnarchêspêriodiques. Ils prirent de lles- sor chez les Bamumdês Ie règne du grand-père de Njoya.3 Le march'e pêriodique êtait gênÊralement rÉpandu dans tout le GrasIand., Ce phénomènefut-iI favorisê par la prËsence de centres assez peuplÉs? Certainement. La popul.ation drun vil- 1a9e bali êtait estimêe â OOOOâmes, tandis que Foumban, Ia capitale du royaume bamumcomptait entre loooo et lsooo ha_ bitants.4 A propos des marchês Hutter,ecrit: Allerdings erreicht der f,tarkt- und Handelsverkehr bei den Graslandstâmmennicht im entferntesten die Blûte, zu der ihn der Haussa in Adamauaentuickelt hat. Hier ist in jeder grôOeren Stadt jeden Tag Flarkt... In den

1 Rein-trjuhrmann ! Oer Kônig von Bamum, p.24-2g3 cf. 0eh- lerrA.! op. cit. p.8. 2 Tardits, Co 3 op; cit. p.?5. 3 lrtoisel , [Yl. : op. c it. p.l îg. 4 H,rtt"", Hauptmann: Bamum,p.6. -50-

Graslandiirfern finden griJBere Mârkte nur fûnf bis acht Tage und zuar an verschiedenen Tagen und in verschiedenenOrten. 1) Les rapports entre Ies diffêrents groupes de populations êtaient donc marquÊs par des êchanges assez intensifs; le mar- cnê êtait une institution êconomique de grande importance. Les activitês êconmiques êtaient diverfiËes; on produisait pour la subsistancer le surplus jouant un rôle dans les êchan- ges commerciaux.LrartisanaÈ ( sculpture, tissage, poterie) contribuait auusi â lrintensification des êchanges.2

1.2.3. Les lrjutê.3

Les ldute sont des populations de culture soudanaise. Leur teriitoire Était Iimitê au nord par les montagnesde Yoko et de Linte, â ltouest par le l,lbam,au sud et à l.rest pa! La 5a- naga et le Djerem.- Les Ful.be furent â ltorigine de la migratiôn des lJute dans ce territoire; ce fut bien après le d6but de la guerre sain- te (jihad) proclam'ee par OusmaneDan Fodio, qurils durent quit- ter leur emplacementdlorigine devant la pouss'eedes envahis- sêu!so Ils fondèrent de nouvelles chefferies en soumettant ou en refoulant à Ieur tour les populations autochtones. Les pre- miers AIlemands â entrer en contact avec les ùJute datèrent .. Leur installation toût.â fait diffÊremment.0ominik sitùe Leur arrivÊe vers le milieu du 19e siêcle, tandis que f4orgenaffir-

1 Hrtt"", F. : ly'anderungenund Forschungen im Nord-Hin- terland von Kamerun, Braunschr,leig1902, p. 360.

2 sg. Hutter; F. t ùlanderungenund ForschunÇ€î' po 400 sq. 3 r,,ut" (voutê) ou Baboutê : Ies deux dênomminations sont plus ou moins erronÉes. Au oluriel trJutedevrait faire lJutere J.rappelation française BaboutÉ ne convient pas non plus. cf. Dugastl I. ! op. cLt. 9. 147. 4 cf.Oominik, H. : Vom Atlantik zum Tsch3flegg , Berlln 1908, p. 48 sq. -51-

me en lBB9,/SOquril.s nroccupaient leur territôire gue depuis dix ans.l TiU.ti Êtalt certainenent Ia capitale de leur pays. lvlohamadouparrant de la fondatron du lanidat de Tibati Écrit cecl: Ayant affaire.â forte parÈie, lrarmêe Tchambadevra ore_ ner des comba,tspart,iculièreÂent àcrràr^à;-;;.;-;i""..- cher aux Voutês La ville de Tibati. C,est aui"enJfio., de 1890 que cette citê tombe ÀÀire res mains oes-iuroa.z) Une fois refoulês par les FuIbe, les lrlute ne constituèrent plus une unitÉ territoriale et politlque; ils furent clivisÉs en trois 9!oupes sous la conduite de frêres.f, Ils vivalent oans une relative dêpendance vis-â-vis du ramido de Tibati au- quer ils devaient payer tribut, en esclaves le plus souuent. ce besoin en esclaves devait pousser les ldute à comrnettre drln_ cessantes attaques contre les ethnies gantu volsines. Pour illustrer lrorganisation politique et.sociare des tùu_ ter nous allons prendre le groupe de Ngila _ de son vrai nom Gomtse groupe auquel _ Ies colonisateurs eurent le plus affai- re lorsqutils pÉnÉt,rèrent dans ce territoiEe. La stratificatlon sociale donnait une image dêjà connue des Bari et des gamum, avec peut-être la seure diffÉrence que ra condition des escra- ves Étdit beaucoupplus difficile.4 Ngita êtait donc â la tête drune partie du groupe ethnique Itjute. Pour gouvelner il avait fait appel â des notables drorl_ gine esclave.: tout en Êcartant de toute participatlon au pou_ voir centraL les membres de sa propre famille, surtout ses frères. Ces derniers, par de Ieurs ambitions politiques, re_ prêsentaient toujours un danger certaln pour sa vie et son trône, de ce fait sa confiance allait moins â eux qurâ des notables qui étaient ses ptopres crÉatures et qui, parce qurlls

1 luio. p.4g; F|orgen,c.: op. Fo sol 2 mohamadourE. ! Lrhistoire de Tibati, yaoundÉ1g65, p.2?. 3.cf.,Dugast, I.: op: cit.-p-. i4B; [r:ohamadou,E.: pour une histolre du caneroun centràrlilË"-i""iitions historlques des voute ou Babouter, in: Abbi;,1À iËÀ;, p. ?J sq. 4 cf SiebeR, . J. : Die lrlute, gerlin 1925, po lS?. -52- :

lui devaient tout, savâient lui t'emoigne! de la plus grande fidÊIitË.1 Dominik fit Irobservatlon suivante â propos de lren- tourage du chef : Fast alle diese Leute seiner nàchsten Umgebunguaren kei- ne freien ldute, sondern Sklaven, aber dem Hâuptling un- bedingt ergeben und auch bei den lrjutes befûrchtet, ù,eil sic das Ohr des Herrschers besaBeh. 2) Lorsquril fallait donner une quelconque responsabilitÊ po- litique â un membrede sa farnille, Itadmlnistration de villages par exenple, il le faisait à un endroit le plus ÉloignË possi- ble de sa capitale. Ceux de sa famllle â qul iI confiait la responsabilité Oe chef de quartier dans la capitale mêmecons- tituaient sans doute une exception.3 C" procédê de fonder son âdministration sur des êIêments Êtrangers â. sa propre classe, procêdË largement justifi6 par la mÉfiance ui"-à-ut" des siens, et par la volontê de conserver jalcusement, son pouvolr, fut sans doute la caractÉristique essentielle du système politique de ligila. Ce proc'edÉtraduisait certainement une influence des' Fulberchez qui gouverner en slappuyant sur !es esclaves très fidôles Êtait'erig'es sn rÈgle du systèm'epqlitique. ChEz les lJute nous assistons incontestablement â une très grande con- centration de pouvoir entre les mains du souverain. ttlorgenpar- le de Ngila commedfunrrdespotett4 tant iI es vrai qulil nry avait pas drinstitutions selvant de garde-fbu â son pouvoir. La dignitÊ de chet' chez les ùJute Êtait hérÉditaire, mais contrairement â ce que nous avons vu jusqulâ prÉsent, elle ne semlf,ait pas passer automatiquement de père, en fiIs. EIle res- tait cependant au sein de la famille; â la mort drun chef, son guccesseur êtait Êtu. 0raprès la coutume, pouvaient pr'etendre â la succesion les enfants du chef dËfunt, ainsi que ceux de ses frères et soeurs5.

1cf. f,iorgen,C.: op. clt. p.54. 2 Oomlnik, H. 3 Kamerun,EerIin 1901, p.80. J ruio.9.Bosq. 4 f,]o"g"n, Co ! op. cit. p.54. 5 0ominit<, H.: Kanerun, p.264i Sieber, Jo 3 op.cit. p.60. Le chef était, le juge suprême pour les affatres tout aus- si bien civiles que p'enales. II disposalt de toutes les ter_ qurll res redistrlbuait contre paiement drune modiqu€ sonne d I argent. l Pour affirmer sa suprÉmatie vers lrext,erieur, iI dispo_ sait dtune armêe puissante et bien disciplinêe eui garantis_ sait des succès certains sur les populations bantu sociale- ment politiquement et moins bien structurêes. Ngila lui_nê- me estimait son armÉe â 2ooo hommesdont environ 200 armês de fusil.s â pierre et une petite troupe de cavalier".2 L"" membtes de.Irarmêe constituaient une catêgorie soclale pri- viIê9i'ee.

Commedans les autrès chefferies et royaumes du Grasland, J.e commercèjouait un rôle prêpondÉrant dans lrÉconomie des ly'ute. Llimportante réserve drivoire de leur pays exerçait un attrait particulier sur les Iamidats de lrAdannoua drabord, puis prus lard sur res commerçantseurop'eens instarrÊs sur ra côte ou â irintÉrieur du Cameroun. Le marchê y êtait une ins- titution cdnnue de longue date. Llactivitre des commerçants haoussa. veàus des ramidats de rradamaoua Ëtait intense; irs constituaie.;rt un ÉlÉment êtranger non nêgligeable au sein de . la population uute. IIs vivaient dans des campementsà part, â Lrextêrieur de la ville de Ngila. Les produits en circula- tion ne se,Iimitaient pas unlquement â lrivoire, le commerce des escl.aves êtait malheureusementfLorissant, vu Irexisten- de march'es,dlesclaves dans l,rAdamaoua.3 Pour cônclure, nous pouvons dire que dans le Grasland les fonctions administratives'etaient organis6es et dirigÊes â partir 'econorniques de éentres poritiques et où rÉsidaient res

1 Eu.lLu, yalla : op. cit. p.29o 2 ûlorgenr Co I oFo cit. p.54. 3 Ibid. p.li?. -54-

les rois, chefs et notables. Les tois et les chefs avaient une autoritê considêrable mals pas toujourS absolue, Étant donnË qur il y avait -sauf peut-être chez les tllute- des ins- titutions pouvant contrôler Ies souverains et pour Ies colo- nisateurs, ces institutions nrapparaissaient pas toujours au grand jour.1

1 Des travaux olus rêcents donnent une idêe plus prêcise des m'ecanismesde contrôIe auxquels Étaient plus ou moins sou- mis les souverains du 6raslandi cf. Hurault:La structure so- ciale des Aamilêkê; OngoumrL.ii. : Le chef dans la tradition orale des BamilÊkËFereFere du Haut-Nkam,Ngamr5r 19?9r Cahiers du Dôpart,enent rte Iittêrature Nê9ro-Africaine, UniversitÉ de YaoundÉ. _55_

1.3. Les Duala.

1.3.1. Les donnêes socio-po!!tiques.

ilous accordons une place partlculière aux 0uala du falt de leur long contact avec les Europêens et de f.importance politioue et êconomique qutils avaient fini par acquêrlr. Comme nous lravons Oéjâ vu chez les autres groupes ethnl_ ques de la côte et de lrarriêre-pays trnmêdiat, lrorganLsation politique et sociafe se fondait sur la parentË, puisque cha- que communauté se rêclamait gênêralement drun ancêtre commun; il en êtait de mêmepour lrethnie duala. Tous res Duaia avarent pour ancêtre trErale' commun f irs de fvlbedi. c r est ra dËf orma- tion du nom de ltancêtre qui donna plus tard Duala.l Vralsàmblablenent Jusquren 1g10, les Ouala êtaient tous sous Itautorité diun chef unique, issu du lignage gell; lrAn_ glais Robertson de passage â Oouala vers cette êpoqr" dit qulun ttindigène qui I se fait apperer king Berl dÉtient rrautoritê prin- cipale.2 iing Belr êtait donc reconnu commeêtant le seul. chef supêrieurdes Oual.a puisqurif êtait à lrépoque le seul â porter Ie titre rrkingn3. 9-e ffiais dès 1g14 king gell trouvalt son pen- dant en Ia personne de Ngandta Kuladu Iignage Bonambelai ce dernier, â la suite de dissensions au sein de la branche Bel.I Qui st'etait querque en sorte affaiblie, avait rêussi â se ren- dre indêpendant et portait dÊsormais Ie titre de rkingr.4 gs ph'enomêne:de segmentat,ion, dêfini par Lomberd commeËtant un systême séron Lequel res groupes familiaux infêrieurs se divl.- sent pour-former les uns vi-â-vis des autresrdes unitres anra_

]."f..g:.;!:ch, J.R. : Traitês camerounais,in: Etudes Came- tounaisesr4?/4gr1gs5, p.43i iI y aI,."U"""àânrr;T;si;;;-;"= 0uala; cf . trjirzrA.: ôp. cii,. p.SS.

? Robertson cit'e draprès Bouchaud: op. cit.D.l16. 3 Br"hn.", 14. : Kamerun, Skizzen und Betrachtungen, Lalp- zig 188?, p.46-47 pour Ie titre de |tkingtr. 4 BouchaudI opo cito p.120. -56-

gonistesl, fut sans doute une caractËrist,ique de lrethnle Dua- la. En effet, au seln des branches BeIl et Bonambelava se pro- duire au mllieu du l9esiècle une nouvelle scission, et les deux Kings devaient dÉsormais compter avec Les chefs de leurs sous- Iignages : . In der gegerrrârtigenHierarchie der Duala-Hâuptlinge .haben uir zunâchst zuel Kings und Headmenzu unterscheiden.0ie beiden Kings, BeIl und Akua, sind die Hàupter der beiden erst seit sieben Generationen getrennten Stammeshâ1ften" Von jeder dieser zulei ersten Stammeshâlften haben sich dann in neuere! Zeit zuei HâIften, al.so Viertel vom Ganzsn, abgetrennt, an deren Spitze je ein sog. Headmanstehto.. Neben diesen Abtrennungen... haben aber auch noch andere Stattgefunden, die sich dadurch kennzeichneten, da0 die betreffenden Dôrfer von Zaunen umgrenzt.sind und die Namen ihrer spezieLLen Oberhâuptlinge fi.jhren. Stets aber blieben auch solche kleinere Gemeinueseneinem der beiden Kings untertan, uenn auch hie und da GeLûste:und Versuche zur vôIIigen SeIbsÈândiguerdungvorgekommert sein mochten. 2) La cornmunauÈêvillageolse était constltl'ee par des groupes patrilinÉaires Ët, reprêsentait une unitË politique avec â sa tète Ie rlsango a mboan(père de la nalson). La cheffer!.e en tant qut Qulinstitution coutumiêre Ëtait reconnue mais son organisation Êtait peu marqu'ee.Le pouvoir Ëtait partag'e:*entre segments du groupe ethnique. Le chef du segment 1e pLus ancien êtait accep- t'e conme chef de la communautê;iI Jouissait certaj.nement dtun plus grand prestige mais nrêtaiqen fait qutùn ttprimus inter pa- 1 tesrti Pour garantir Ia cohêsion des diffêrents segments, iI existait une institution apÈel'ee ttngondorrqui reprÉsentait lrethnie dans sa totalitË et qui allait ainsi(du moins thêo- !iquement) au-delà de lrautoritê dêtenue par les Kings et les chefs4. CrÊe vers Ie début du 19e siècte par King Akrrra,le

1-cf. Lombardl J. : Autoritês traditlonnell.es et pouvoirs européens en Afrique Noire, le dêclin drune aristocratie sous le rÉ9ime colonial, Paris 196?, p.30. 2 Buchner, !1. : KaneDUn45-46. 3 cf. Buchnerr Fl.: Knerun, po 45 sq; Ardenerl Eo ! opo citç p.1? sq; ljirz, A.: op. cit. po 38-41. 4 cf. Brutschl JoR. : op. clt. p.16. -5?-

trngondort, ,eUait cet,te assemblée du peuple duala, convoquÊ chaque qurun fois Évênementmenaçait Irunitê ethnique ou gue Irethnie'devait falre face â une menaceextÉrieure. La pjtel- dence nngondorl du revenait tour â tour aux chefs des deux principales branches, crest-à-dire aux deux kings. Cependant Itautorit'e durrngondort ne semblait pas très importante face â celle de ces derniers. Ou point de vue économique, Ies Duala pratiqualent lra_ griculture, Ia chasse, lrartisanat et la pêche, activitÉs qui Ieur permettaient de couvrir leurs prop!es besoins; rnais très tôt ils srorientèrent vers Ie commerce. La position prépondê- rantc des Éeux kings fut considêrablement renforcêe 9râce â cette activité comrnerciale; en effet, dans un premier temps, iIs furent les seuls â traiter directemenÈ avec Les commer_ çants européens, ce ne fut que petit â petit qurils autorl_ sèrent leurs chefs, puis Ieurs suJets à partlciper aux êchan- ges. Cette position intermêdiaire entre les populatj.ons de rrintêiieur et res Blancs reur procurait de substanciels bÉ- nêficesr Èuisqurils avaient Ie monopole du trafic. Les prin_ cipaux p.Àduit" du trafic Étaient rrhuile de pal.rneet lrivoi- re; llis étaient êchangês contre les armes â feur la poudre, la verrotèb i". ..1

1.3.2. : Les traitÉs anglo-dua1a.

Avant 'que les Allemands ne prennent possession du Came_ roun, les,AngIais, de par Ieurs attaches commerciales, jouaient sur cett,e .partie de la côte ouest-africaine un rôle prËpondê_ rant. Un examen de divers traitês pass,esentre chefs duala et res Angrais nous permettra de mieux prendre connaissance de I'a situation'econômique dans lr_embouchuredu fleuve,uiouri

I' - cf. q|(B 1888, p.150-151i 0eutsches Kolonial}exikon , vol. l r p.477-479. -58-

ainsi que de la r'epartitlon du pouvoir politique entre les diff6rents segments de la sociËté duala. Notre analyse srap- puie essentiellement sur Ies traltÉs rêuniE par le pasteur Erutsch, nous en ferons ressortir les aspects domlnants tels llesclavage, les coutumeset le commerce.

1.3.2.1. L I esc lavaqe.

. Aprês lrabolltion de la traite des esclaves au dêbut du 19e siècle, Irun des'soucis du gouvernementanglais fut de .: remplacar le trafic humaj.npa! un commercelêgal basê sur des produits commeIthuile de palme. Llinstauration du rrlegitima- t,e commelcetr1ne fut pas une tâche facile;.pour pleuve le nom- bre de traitÊs dans Lesquels il êtait question de Ia suppres- ': sion du commercedes esclaves. Un des tous preniers traitês que les Anglais signèrent avec Les chefs duala fut entièrement consaor'e â ce problê- rneoC€ texte datait du 10 juin 1840 et reprêsentait un enga- gement de king BeIl et de king Akua.2 Ces derniers se d'ecla- raient prÊts â ne plus permettre â leurs sqjets de faire Ia t,raite des esclaves et â sren abstenir eux-mêmes;si 5a Fla- Jestê Ia Reine drAngleterre leur donnait chaque annêe un tldashtr(cadeaux) en çompensation. Ce rrdashtldevait se compo- 1160 ser de fusilsr l00 piêces de toile, 2 barils de poudre , 2 tonneaux de rhum, 1 uniforme écarlEte aveè êpaulett,es, 'l ' sabre'r pour chaque king.3 Cette rêpartition êgale du rrdashtt prouve bien que les deux kings étaient traitês sur un pied , clt É9aI ité. un an plus tard, le ? mal 1841, un autre traltÊ confir- ' mant Ie premier et étauorÊ de façon plus d'etaillêe, fut si- gnê par le cornmandantùJ.5. Blount du navire ilPlutotr et king

1 cf. brirzrA. 3 op. clt. p.36o 2 Brutsch, J.R. : Trait'es camerounais, p.9-10. 3 Iuid. p.9 ; cf" Bouchaud! op. cit. p.144. -5 9-

Bell..1 fing e"ff et ses suJets Étaient menac,esdans l,ratÈi- cle premier dtêtre s'evèrementpunis au cas où ils ne respecte- raient pas llabolitlon de la traite des esclaves. King gell ne trdashtt recevrait son qurLprès avoir produit un certlficat attestant que cette roi êtait effectivement entrËe en vigueur. Cette abolition semblait cependant être une tâche ardue puisque re 25 avrir 1942, re commandantEarre remettârt à rtng Berl une déclaration rÉaffirmant que le rrdashr ne serait pas accordê sril Était prouvê que la traite continualto? pour sal- sir difflcultê Ia que reprêsentalt lrabolition de la tralte, iI suffit de se reporter â un autre traitê sign,e une dêcennle ptus tarir le 29 avril 1gS2.3 Il reprenait dans lrensembl' Ie3 termes des prêc'edents. Les menacesanglaises se faisaient plus prËcisesl rr intervention nrilitaire angrarse êtart prêconisÉe; Lrarticle trois du traltê pr,evoyait ceci: StiI-est avêrê.p?r la suite que la tralte des esclaves a.Étê pratiqu'eê â travers ou-pà"'Ie territoirg du roi et chefs de Cameroun,la traite sera abolie de force sur ce territoire par la Grande-Bretagne, et les officiers anglais saisiront les embarcations camerounaises trou_ vees a pratiquer Ia traite des esclaves, de quelque mâ- . nrere que ce soit et le roi et chefs de'Camerounencour_ raient de ce fait le vif.déplaisir de la Reine drAngle- terrre.4) ces diffËrents traités assortrs de menace sont sang doute ra . preuve que la traite des esclaves continuait drêtr€ pratiouêe crandestlnement. Notons que rresclavage domestique contlnuait drexister et nt'etait pae lrobjet de ces traitÉs. : 1.3.2.2.' Les coutumes.

Grâce aux traltÉs, Ies commandantset consuls briÈanni- ques ava ient d'esormais Ie moyendrlntervenir dans les affalres

1 BrutschrJ.R.: op.cit. F.1osq; cf. Ardener, S.: Eye-ult- nesses to the annexatlon of Cameroon1883-lBg?, Buea 1il6B, Pc71-?2.; -) BrutschrJ.RoS op.clt. p.12; Ardenerr5.:op.cit. p.?2. " BrutschrJoRr 3 opocitr p.1?sq o 4 rbid. -60-

intÉrieures des Duala. Certains traltês eurent pour objet la àupressiôà dEs coutumeg r'eprêhensibres telles re meurrre par r6prÊsaille et le sacrlfice humain à là mort des chefs et des personnalitês influentes. 0ans Ia convention du 19 mai 1858, king Akrrraet ses chefs srengageaient â renoncer rrfiakokort aux couLumes etttllangangatt.l L,arrangement du g juillet 1859 stipulait querrtousles sacrifices humains, en v.:e drun culte palen ou de toutes autres cÊrËmonies, ou cou_ tumes seront â partir de ce jour, entièrement supprimês et aoolistt.2 Un autre accord anglo-duaIa datant du 1J dÉcembre 1861 entre le consul anglais Burton drune part, klng Bell et king Akua drautre part, menaçait les souverains drun emprl_ so,rnement s'ir êtait prouvê qurils srêtaieÀt mêrês â la pra- i:que des coutumes interdites.J srgnalons ia participation acÈive des nissionnaires baptistes â lrÉraboration et ra si- gnature des traltês concernant les coutumes; Alfred Saker par exemple êtalt signataire de ra convention du 19 mai lg5g.4 Ceci indique vraisembleblement que les misJionnaires prê- natent une part croissante â la transformation de la soci,e_ tê duala. Il est mêmepossible draffirmer que, â t,ravers de tels traités, Ies Anglais intervenaient directement dans les affairês internes des Dual.a. Ainsi, lorsque king BeIl (Lobe Eebe) mourut en 1858, le consul Hutchinson lefusa de recon- naltre son successeui lêgitime Bonny BeIf (Ndumbea Lobe= signataire du traitË de protectorat), ceci parce que Bonny EeIl avait fait tuer deux esclaves après la mort de son pèr".S Coramecet exemple nous le montre, les souverains duala rece_ rvaient pour ainsi dire partiellement Ieur Iêgitimitê des An- glais.

1 Erutsch, J.R.3 op. cit. p.24. 2 Ibid. p.25. 3 Iuio. p26. 4 Le missionnaire Joseph trlerrlck signa aussi un traitê abolissant le sacrifice humain chez les Bimbia (rê9ion de Uictoria) en mars 1848, cf. Ardenerrs. !op.cit.-p.6a-OS. 5 ErutschrJ.ll.:op.cit. p.26; Bouchaud:op.cit. p.i45. -61- .

1.3.2.3. commercg.

Ltlmportance de la vllle de Douala venait incontestable_ nent des activitËs commerciales qui se dreroulaient gur les bateaux-pontons ancrÊs dans Ie fleuve lJouri.l Rappelons que les Ang!3j.s installês â Fernando-po depuis tgZ? effeètuaient de frêquentes visites sur la côte camerounaise. Le nornbreoe commerçantsexerçant sur Ie fleuve aIIalt croissantrf il en Êtait de même des diffêrends opposant les Blancs aux crrefs_ commerçants. Clest ainsl que Ie tout prerirler tralt,,e snglo- duala connu, celui du ig mars 1g4o, tentait de rê91ËmentEr les rappôrts entre commerçantsafricains rt Soullgnons res "rropànn".z êrËments importants de ce traitê. Les drux parties contractantes, crest-â-dire king Bell et klng Akua dlun côtÉ, nBruz:ardn le commandantdu navlre et le conmer_ çant John Liltey de lrautre, srengageaient â,eviter les af_ fronternei'rtS.Ainsir commerçants africains et europreens Jouls_ sal'ent dr:une certaine sêcuritê et ne risquaient pas drêtre moles.têsr Klng BelI et king Akrrra engageaient leur respon_ sabilitÊ _dansle recouvrement des dettes quravaient contrac_ tÊes ll"r"" sujets; ils se portalent ainsi garants du ntrustr remboursementdu (crêdit). IIs devaient protecÈion à tous lés navlres ancrÉs dans le fleuve, ainsi quraux Équl- pages et.marchandl.ssso C€ systême patrlarcal dans la com_ merce se.justifiait avant tout par le fait que très peu de Ouala étâient impllqu'es dans le trafic comrnercial qut à ll Êpoque sémblait biEn Être une act,ivitÊ rÉservÊe aux nembres privllÉgtËs de la sociêt,e, avec à leur tête king Bell et klng Akua." Ce fut sans doute dans le but de mettra en place des con_

1 Asmls, Ro t oes Haâdel de! Ouala, In: ilSO, i90.?, p.a5-90. 2 Ardene!1 5o : op. cit. p.?O-71. 3 Asni.s, R. t op. cJ.t. p.8?. -62-

ditions plus propices au comme!ceque les Anglals crêè.rent poste .ln de consul pour les Baies de Benin et de Biafra. Le premier consul fut nommêle J0 juln ig49 en la personne cre rlcoloured John Beecroft, un gentlemanu.l Crest lui quI con: voqua la confêrence anglo-duala du 1? dêcemUre,1g50.2 Ce fut ccrtainemcnt la premiôre 9rande tentative falte par les An_ grais pour aboutir â une meilleure rêglementation commercia- le à 0ouala. 0uatre agents subr,ecargueseuropéens ainsi que 1? chefs et notabres duala signêrent re traitê qui en r'esurta" Le nombre Élevê oe chefs duala signataires de ce traitê prou- ve jusqgli quel point ra segmentatlon avait, eu lieu au sein cie ltethnie. La distribution de lrautorltê'avait changé, la nouvelle distribution nous fait penser quraucun chef de Ii- gnage rftt-ce king Bell ou king Akrrra,nrêtait plus à mêmedr engager son groupe sans rtaccord de ses sous-chefs, autrement ditr vers lrextêrieur, Ies kings ne pouvaiént dêcider que Jàns la mesure où leurs sous-chefs Leur accordaient leur a_ val.

Le traitÊ du 1? dêcembre 1g50 pr,econlsdit que, pour la rionne marche du commerce, tous les diffêrends survenus Jus_ qurau jour de sa signature devaient être consid'erês commerê- glês. 'etait Il y en outre question drusage drentrepots, du blocus, de llindemnitê de pilotage et du rrkumir; tout ceci visait â une plus grànde correction dans Ies rapports com- merciaux. Le trait,É prévoyait qul en cas de malentenduentre un agent ou subrêcargue.et les rois ou commerçantssur le fleuve, lediÈ.oËnt o, subr'ecarguesera Iiure draLler â-t;r;; t. té, afin de rê9ler pacifiquement toui Oifiê""nJ-"rJ."à."-Ati""r.r"=_ r"s rois, chefs ct commerçants.3) Pour la protection que Ies souverains duala leur accordaient, les conmcrçants europêens êtaient tenus de payer aux chefs

I ùouchaud: op. cIt. F.143; grutschrJ.R.: op.clt; p.I2-13" z BrutschrJ.R.s op.cit.p.15-1?i Ardenerr S.: op.cit.p.?Osq. 3 lJrutschrJ.R.: op. cit. p.1J. -63-

rkumlrr une redevance annuelle appelËa ou ncomcyn : Unter Kumi versteht man ln Kancrun eine jiihrllche Abga- ber die. den beiden Klngs und den beiden Éeaoien von-- den Kaufleuten noch heute beurilligt ùerden mun.-it Un lmportant t,raitê commercial fut sign,e le 14 Janvler 1856 entre le consul britannique Hutchinson et res souverains duala.2 rl prêconisait dlabord ra crêation drun trrbunar ' in- ternational de commerceappelê Cour drEquitË , Une Cour drEquité sera_,etablie dans Ie fleuve pour Cameroun ltobservation intégrale des lois .,"gi"oÈ;il qui suivent; re tEibunal se composera de tous"t, IËi-"ùL'ià"""- gues, ainsl que . des rois et commerçantsOe ta ptace. l) Il êtait- prêvu la construction drunpalais de Justice raux frais co'muns de subr'ecarguescommerçant actuellement sur Ie fleuverr.:Ll lnstitutiondevait fonctinner de Ia façon suivante: elle tieÂdrait une session mensuelle sous la présidence drun subrêcargue'eru â t,our de rôre et seron lrancienneté. En tout temps, dés sessions extraordinarres pourraient Être convoquêes. Chaque fois un procès-verbal de la sÊance serait erivoy6 rau Consu] de sa ltlajesté britannique â Fernando-por. Appel pour_ rait êtré fait contre les dÉcisions du tribunal par tout grou- pe drau moins trois membres;le consul anglais serait ltins- tance â laquelle devrait âtre adressÊ tout pourvoi. Presque tous les articles du traitê étaient consacrÉs â la rêglementatlon du commerce. Les souveralns duaJ,asrenga_ geaient d:sracquitter de leurs dettes et â rruser de leur in_ fluencerl chacun auprês des commerçantsde son ressort pour qurils eri fassent autant. La redevance annuelle (kumi) fut cette fois fixêe de façon dêfinitive: chaque babeau devait payer la val.eur de 10 krus drorigtne par 100 tonnes de ca_ pacttÉ( I kru=12M).4

1 Buchnerr Fl.3 Kamerun,p.102. 2 BrutschrJ.Ro 3 opocit. p.20-2Ji Ardenerrs.:op.clt.p.?Ssq. 3 ErutschrJ.R. : op. cit. p.20. Buchnel?Û1.!op.clt. p.243.'Ztt4donne untableau d,ctaillÊ du- .4 par kumi firme europênne et chcf dualE. n fiarrivàe-Jes-aeir Allemands en 1BB4 king Akrrrareceva it 29tl krus et t

Toutes sortes de mesures coercitives et dramendesÉtalEnt prêvues.afin drassurer Ie respect des lois promulguÊes.Ce - traitê fut repris le 19 mai 1862 avec une prêcision importan- te pour la r'epartition du pouvoir chez les Duala. En effet si tous Ies chefs Duala pouvaient si'eger â Ia Cour DrEquitêr seuls les 2 Kings et leurs 2 headmenavaient voix au chapitre lorsqu.ti] fallait prendre des dÉcislons : rrbut the 4 chlefs, viz. King 8ell, King Acqua, Preso BeIl, and Charley 0idor alo- ne shail have a vote in the procedingsrtl..Chacun des 4 souve- rains citËs avait alors une voix lorsqutil fallait voter, cela veut dire dans ce cas prÊcis que vers Irextérieur, iI y avait en quelque sorte êgalitÉ entre King et headman.Les Anglais reconnaissaient irnplicitement, aux chefs Presso BelI et Charley Dido une autonomie vie-â-vis de leurs Klngs. Ces divers traitês furent-iIs respectês ? Nous nous en dou- tons car leur nombre mêmetraduit une situatlon plut6t confu- se. Ils nontrent la volontê des Anglais et des Duala de clari- fier les conditions dans Iesquelles se faisait le commerce. Les lois promulguêes ne furent pas toujoursirespect6es; tout, le monde Ies signait mais personne ne les appliquaitZ. flême si Ia Cour dtEquitê ne siêgeait que de façon lrrégullère et par consÊquent ne pouvalt pas remplir avec efficacitê Ie rôIe qui .a btait le slen'1 il nten demeure pas nroins qutelle marquait un Èvênement important avant le traitÊ de protéctorat. EIle est lr illustration même de It influence anglaise- sur La côte came- 'eÈaient rounaise. Et Ie fait que seuls 4 chef s Duala autoris'es â prendre part aux d'ecisions de la cour, trarluit un dêsÉquiIi- ,bre daos Ia repr'esentation en son sein; Ie parti europêen êtant plus nombreux.

1 A.d"n"", S.: op. cit. p. g0. 2 T'emoignagedu Consul'.Burton, cf. Bruisch, J.R. : op. cit. F.23. 3 cf. BuchîBrr 0lo : op. cit. p. 22?i Hugo Zôller; opo clt. P. 168. dit â propes de la Cour drEquit'e : ttdie seit lângeren Jahren selig ent,sclafene Cour of Equitytt. -Éu-

Nous pouvons dire pour conclure que tes trattÊs, aêine . rrlls ne permettaient pas touJours drobtenir les rÊsultats escomptÊs, irlustrarent re partage du pouvoir. chez res oua- lar les Kings, leurs headmenet Ieurs chefs se paDtageâient lrautorit'e; le trngondorr constituait une institrrtion thÊorl_ quement'supêrieure â celle des chefs. Vers lrextrerieur, 0uala et Europêens devaient se conformer aux dÉclsioné de la cour drEquitÉr re consul britannique Ëtant lrrnrtance suprÊoe. ce dernier avait â sa disposltion un rnoyende pression [r",on"- tltuaient les navl.res de la marlne britannique; il pouvalt les nrettre en oeuvre pour faire respecter ses d,ecislons. Lrin!Éren_ ce des consuls dans les affôires pollttques internes des Oua- la alla croissant; du refus du consul Hutchinson de reconnaî- tre Ndumbla Lobe commesuccesseur gell de King Jusqurâ la vo- Lontê du consur Heuett de s'Êrrger en arbitre suprême des af- falres des chefs : Tout diffÉrend entre les deuxparties (BelI eÈ nkua) vra -â I I aven ir, s I de_ il Àr-p"ri-'âË" par les deux rois: eux-mêmesr.olJpar eux et leurs"or"ni seil., chefs rêunls en con_ être souris pà."."'uiii"ià'., -riiii-â.-Ioii""id."^.consul britanniq ue, dont. e de sa Flajesté pour 1 5ue9'en[-i""" les deux parties. i) Les traitês nous auront montrÉ la divlsion et, lraffaiblis_ sement de- IrautoritÊ chez les DuaIa ainsi que la dËpendance progressive des deux Klngs vls-â-vis drune puLssance,etrangè- re. Leur trouvoir'etait peu â peu grignoté de lrintérleur par Ies ambitlons de leurs chefs. a

I .J.3. es deg souverain

un autr. chapitre dans res relations entre Anglais et chefs 0uala est constituê par les rettres que ces dernrèrs adressè- rent â diffêrentes personnalitês britanniques. Dès 1g64 King Bell Êcrivit une lettre â la reine Victoria pour lui denander la permisslon de vlsiter son royaume et en 1g?? res dlff,erents

1 cf.. Brutsch, J.R. 3 op. cit. p.31. Accord Duals du 29 mars lgBJr -6 6-

chefs en envoyèrent une dans laquelle ils demandaient le pro- tectorat anglaisl. Le ? août 1g?9 King Akua et ses chefs sou- haitaient dans une lettre adressêe â ra relne drAngreterre, trloisrt avoir res et rradministratron anglaise tdans leurs vil- lagestt2. Oeux arguments êtaient invoqués à lrappui de leur cfe- marcheo Dtune part ils voulaient trmodifieril Ieurs ncoutumesil, se conformer aux rJêcisions du consul briÈannique; Ia prôsence anglaise aiderait â mettre fin aux guerres, aux crines et à rldr Itadoration idolesrt. Drautre part ils se disaient sêduits par Ilexemple de Calabar qui était sous administration anglai- Sê o Le contenu de la lettre de Klng BeIl du g mars,lgglS au consur llcrrrett ntêtait pas três dif f'erent de. cerui de King Akua et de ses chefs. II souhaltait se placer avéc son paysrrsous le contrôle de sa pla3EstÉ,r,car disait-it, ii Était rfatiguê cle gouvernerrr son pays. Il demandait au conlul Heuett drinter- céder en sa faveur auprès du gouvernementanglais pour rrcette importante entrepriserr. Le 6 novembrede la-mÊmeannée, King .Akua et King BelI envoyèrent une lettre â Giadstone, chef du qguvernenent anglais; les mêmessouhaits y êtaient repris : oooonousd'esirons être sous-Ie contrôIe de sa llajestê... que notre pays soit gouvernÉ pa! les Anqlais. l*loùssommes fatiguEs de gouverner ce pays nous-mêmeé;chaque dispure ameneune guerre.... ainsi pensons-nousque le mieux esr de vous remettre.ce pays, â vous les Anglais, qui sans doute apporterez'la paix, la civilisatiôn, ei le chritia- nisr.re. 4 ) Le ler nars 1882 te gouvelnement britannique fit savoir aux deux Kings quril nrêtait pas prêt à prendce leur territoi- re sous sa protection. f,lais devant lractivitê des Français â l';alimba sur la partie sud de la côte camerounaise, commerçanr,s et missionnaires anglals ainsi que les chefs firent pression

1 cf. Brutsch, J.Ro ! opo cit. p. 26.

Ibid. p. 2'l . 3 Ibid. Po 2?-281 4 Ibid. Fo 27-28. -6?- I .l sur consul le Herrlettet crest ainsi qurun traitê eui devait Être, soumis â la signatuae des chefs fut êlaborê en rBg3. Les discus- |

Quel're signifrcatlon accorde! aux lettres des souverains ouala ? Pourquoi cherchêrent-irs en vain â offrir la éouverai- netË de leur territoire â lrAngletrre, sl tant est qurils Ie le firent ? Fut-ce qutils rroubliêsr2 se sentaient corrmele pense pasteur le Brutsch ? Leur long contact avec les Anglals pôurrait certainement expllquer qurlls se soient en prenier lleu tourn'es vgrS €uxo Cependant 1I semble y avolr des raisons plus complexes â leur dÉmaiche, Il faut mettre au premier plan la structure so- cio-politique des 0uala. Celle-ci avait subi des transforrla- tions considêrables depuis re dêbut du r9e siôcre. Nous notons la premieêre segmentation qui conduièit à Ia reconnaissance de Ngandrakurà commertêgal du King Berr. Les traitÉs sign6s entre 1840 et 1b50 montrent que les dEux Kings Étaient pour lrcthnie Ouala les"seuls interlocuteurs des Anglais. A partir de lB5O chaque traitÉ fut signË soit par un King et ses chefs, soit par les dËux Kings et leurs chefs; ceci montre sans doute qulil farrait â,chaque fois obtenir un concensus chez tous les dêten- teurs de irautorité; donc prls a. part chaque chef nravait qulun pouvoir très limitê. La segmentat,ionqui faisait de presso serl et de Charley Dido les chefs de sous-lignages Bell et Akua et reurs ambitions poritiuqes contribuaient â affaibrir re pouvoir des deux Kings. Les autres chefs de lignages moins importants constitualent aut,ant de forces centrifuges. A ces forces cen_ trifuges devait venir srajouter une pression ext'erieure; en

1 cf.'Bouchaud : op. cit. p. 156. Zcf. Brutsch, JR.: op. cit. p.26. -6 8-

effet les ethnies de lrarrière-pays cherchaient à traiter directement avec les commerçants europ'eens.1 Don"r logique- ment,, pour prÉserver leur position. privilêgiêe, les souverains rJuaIa auraient pu chercher Ie soutien drun partenaire plus puissant. Crest untel comportement qurobservait et exprimait le consul tsurton avec des prê5uqés racisLes: Like all Africans, having no confidence in, and expec- ting nothing like justice from one another'they (0ua- l?r C.) flock to the nearest European official, and beg him to act as arUitroi. 2) | Dike cherche Lrinitiative des lettres non pas chez les souverains dual3, mais plutôt chez Ies commerçants et consul anglais qui en auraient êté les principaux.instigateurs : Letters of this type, characteristic ôf the period, ûrele sometimes inspired and instigated by the British tiaders and uere designed to influence the Foreign office in favor of mercfrantsr request ... Uhat is élear, houever, is that the petty kings of the Cameroons river trJêre per- haps unable to distinguish betureen informal control and outright annexation. The consuls uere gpvernors in all but name and could uith little inducement obtain the letters they desired from some of,the corrupt minor chieftains on the coast. In 1884, rrrhenthe Germans bri- ., bed these chiefs, they soon changed sides and transfer- red their allegiance from England to Germany. J) Une telle thèse pourrait se vêrifier en certains points de Ia côte ouest-africaine.4 Pour ]e cas prêsentr ll y a cepen- dant un têmoignage allant contre la thêse de Oike; crest ce- lui du comnandant britannique Rlchards qui.sêjourna du 16 au 1? mars 1880 â 0ouala. Draprès son t'emoignage, Ies commÊr- çants prËtendaient tout ignorer des lettres des souverains duala:

Oen 16. und 1?. mârz 1880 hielt sich der Commande!Ri- chards nrit zrrrei Kanonenbooten Forester und Firebrand im Kanerunflu0 auf und fragte im Vorbeigehen die Kaufleute,

1 AsmisrR. ! op. cit. p.88. 2 B.rrton, R.F. ! Abeokuta and the CarneroonsllountaJ.n, London 1863, vol.2, p.67. 3 Oit", K.Onuuka : ïrade and poliÈics In the Niger OeI- ta, 1830-1885,oxford 1956, p.2i6-21?. 4 A.d"no" , s. : op. c it. p.21. -6 9-

ob sie etuas davon erfahren hlitLen, Oaô Oie Eingebore_ nen voD làngerer Zcit un.Einvcrleibung durch en{fÀnJ- gebeten haben sollten. Oie Kaufleute érn,i.oertenl-Jaà sie nichts davon u{.i8ten. 1) Oevant posltions ces plutôÈ divergentes, ll seralt bien clifficile de trancher, mais retenons tout de mêmequrun p5o_ tectorat anglais sur le territoire de chefs duala nlauralent pas rnanquéde servir res intêrêts des suJetà brita.nn'iques qui exerçaieht des activitês commerciales . Creût É,tËdrail_ leurs la mêmechose pour les missionnaires baptisteô anglals. Certains termes des lettres renverraient â leur tnfluence. Les souverains nrinsistaient-ils pas trop sur leur volontÉ drabo- lir les.rrcoutumes paienneslr et dtaccepter Le christtanisiae ? pouvons Nous nous demandersi ceux_mêmesquise disaient prêts â abandonner Leurs coutumes, allaient en exiger Ie respect querques'annËes plus tard des coronisateurs alremands. lvlalgrË ces indices tendant à prouver une participation en coulisse. des Anglais â la rêdaction des lettres des souverains duafa, i.I serait impossible de minimiser la part de ces der_ niers. Ii suffirait pour cela de songer aux conditions auxquel- les ils b'eAèrent en 1gg4 Ieur territoire aux Allemands. ' A laiffin de cette prêse6tation des formes soclo-polltlques, nous constatons un fait essentiel : le commandementpolitique êtait orlanisé de façon assez peu homogène. II est cepenc,anÈ possible de rassembler les diff'erents systèmes politiques en deux grandes catêgorles. La première engloberait les sociêt,es de Ia rÉ9ton fores- tiêre et,côtière. Nous pouvons grosso modo dire que Ia chef_ ferie y existait entant qurinstitution coutumiêre rnais que son organisation était peu structur,ee et que le cadre de Ir unitê politique ne dÉpassait guère celui du village. Le sys- tème politique êtait génêralement bas,e sur les liens de pa_

I' Z6Ilerr H. i op. cit. vol.1, p.16g. : -?0-

rentê et iI nry avalt pas de pouvoJ.rcentrElisê. Le chef ,e- tait le reprÉsentant de Ia communautêmais ntavait qurun pou- voir limitô, êtant donn'equril rie pouvait prendre aucune dê- cision importante sans ltavis favorabre du conseil des an- ciens ou parfois de rrassemblêe de toute ra communautÉ.Le pouvoir de d'ecision nrêtait pas entre les'mains drun indivi- .du, mais drun groupe qui Ie plus souvenÈtirait ses prêro_ gatives de lrâ9e et où le chef nrétait en r,ealitÊ qurun ilprl- mus inter paDestl. Ces sociÊt,es peuvent être consid,erÉes con me ayant une base relativement dêmocratique.l Les peuples du Grasland appartiendraient à La deuxième cat'egorie. La situation Était tout â ralt ôirtêrente ici. Le dêveloppement des institutions polltiques avait at,teint un degrê de centralisation assez poussêe. Le chef ou rol Était petsonnalitê la autour de laquelle se dÉroulait la najeure partie du processus socio-po).itique. II É,tàit â Ia tête oe ra hiÉrarchie sociare, dêtenait en mêmetemps le pouvoir po- Iitlque, et exerçait par consêquent une au!oritre considéra- ble sur ses suJets. L.a centralisation du pôuvoir politique hous conduit â dire que ce systême tendait vers la monarchie. Les deux catêgories de systèmes poritiôues reprËsentaient des donnËes socio-politiques avec resquerres les coronisateurs devaient compter.. Commentle pouvoir colonial allait-iI srê_ tablir sur des popuràtions aussi diverses ? Alrait-ir inter- venir dans ces systèmes en place pour essayer de les unlfor_ miser et Ies rendre plus efficients pour Ia rêalisation oe ses objectifs politiques et Économiques? Et si Iruniformi- I sation avait lieu, allalt-elle srorienter sur les systêmes de type dêmocratique ou de type monarchique ? l,loustenterons , dans Ia deuxiême partie de notre travail drapporter aes êlê_ ments de r'cponse.

1 cf. Binet, J.: ConmandementafricEln au Cameroun, tn: Penantr 1954r p.1-9. -71-

IIE PARTIE :

:l LA IqISE EN PLACEOE LIORDRECOLONIAL. _72_

2.1. Quelques donnôcs pr'elimaires.

2.1.1. La situation sur olace.

Avant de prÉsenter le trattÉ de protectorat du 12 Juitlet 1884, nous nous proposons de donner un aperçu des circonstan- ces tant sur place quren Allemagne, qul pr,ecËdêrent sâ signa_ ture.

Dès 1868, les int,Érêts Économlquesallemands Étaient re_ piËsentÉs sur ra côte camerounaise par ra firme ry'oermannde Hambourg. Quelques annêes plus tard, la firme Jantzen & Thor_ mâhlen venait sry ajouter et jusquren lgg4, ces deux maisons de commercefurent les seules â, faire contrepoids aux comoer- çants anjlais prêsents depuis longtemps. gien que numêrique- plus nent faibres, leur importance ne cessa de croltre aux dÉpens de celle des Anglais et dans les derniêres ann,eesa_ vant lrannexion du Cameroun, leur iÀfluence Ëtait prêoominan- te.1 Cette forte posltion êtait surtout due à la consolida- tion de leurs relations commerciales avec Ies chefs duaIa. Ramsayaffirme que Ie chiffre draffalres des deux firmes al- remandes'etait êgal à celui des sept naisons de conmerce bri- ta nn iq ue stl 2

Le systême de ctêdit'ou trust permettait drailleurs de salsir le'comment de cette prêdomlnance. Les engagementscon_ sidêrables des chefs duara vis-â-vis des firnes europêennes les mettaient dans une situation de dÊpendance.J Les repr'esentants des firmes aJ.lemanctes,forts de Ieur influence, jouer, vont commenous allons le voir, un rôIe dÉ_ clsif dans le passage du cameroun sous la domination du Rerch. Jusque-lâ, le poids des firmes allemandes Êtait presqurexclu_ sivement limitê au secteur Économique, mais dès lggJ, Eduard --1-_--. 'Ardener, S.:op. p.19. ) cit. - Ramsay ._ i Oie Festsetzung der deutschen Herrschaft in Karnerun, ln3 Jahrbuch tiber dié OeutsctrenKolonien, Essen 19ll; P.î ?5. -. -a Asmis, R. 3 op. cl,t. p.g?. -?3-

Schmidt, lragent de U,oermann,chercha à Le doubLer d!une in- fluence politique en signant de sa propre initiative un trai- tê avec les chef s akr'ra, qui sans être un tr'aitê Oe protecto- rat, lui permettait drintervenir dans les affaires politiques des Akua.l Les Anglais, de par leur longue prêsence sur Ia côte, a- vaient rêussi â imposer une souverainetÊ informelle, ceci sur- tout â la Cour cltEquitê. La prêpond'erancepolitique des gri- tanniques Était illustr'ee par Ie nombre impressionnant de trai- tês pass'esavec les Duala. Hax Buchner êcrit à ce sujet: Hier ist die Oberhoheit der Neger schon sehr uesentlich getrùbt. Ja man konnte vielleicht schon sagen: Kamerun uar englisch, urennauch nicht ganz offiziel, so doch stark offiziôs und in allen Beziehungen...Z) Fappelons oue dê5â dans Les annêes jA??,1880, et 1801, Ies chefs duala demandèrentlrannexion de leur:territolre par le gouvernementanglais, sans doute sous lrinfluence du consul, des commerçants et des missionnaires britanniques, mais aus- si â cause des changements intervenus dans ieur structure so- ciale même.3C"= requêtes des chefs duala njobtinrent pas de rËponse favorable de la part des autorit'es britanniques, qui eurent surtout peur de slengager dans une entreprise trop cotteuse pour les contribuabl"=.4 L". autoritês britanniques la issêrent ainsi .passer I I occasion d rannexer le territoire ctes chefs duala; ce qui nrêtait pas pou! apaiser les commer- çants anglais qui avaient peur des actlvitês de leurs coîcur- rents allemands et français. Les Français, de leurs comptoirs du Gabon ne manquaient lpas de Jeter des regards de convoitlse sur la côte camerou- naise. Crest ainsi qu!il y eut le 19 avril 1gg3 la signature

1 Erutsch, J.R. ! Traltês camerounais, p.Zg. 2 Buchner, 01ax: Aurora Colonialis, Irtjnchen1g14, p"?1. cf. premiêre part ie de notre travall ( t .S.S); wlvengrE": Histoire du Camcroun,Paris 1963, p.2?g; JaeckrH.É.:Ole Jeut- sclte Annglionrin:SLoeckcrrKamcrunIrp.3B-3g. 4 Brutsch, J.H.: op.cit. p.2g; JaeckrH.p.: op.cit.p.46. -7 4-

drune convention franco-marimba.l Le chef r"rrn'o. srengàgeait à assurer la protection des Français et de leurs propriÊtês, que tandis ces derniers srÉrigeaient en arbitres dans les dlf- fËrends opposant le chef marimba â ses voisins. commenous re constatons, ra compêtition êtait ouverte entre res puissances coloniales pour la maln rnise sur le Caneroun..Les Anglais, Français.et Allemands rivalisaient pour obtenir en plus des avantages Économiques,des avantages politiques: crétaIt le trscramble for Af ricarr. t

2.1.2 . Lif situation en Allemaqne.

0ans,son livre paru en 1g?g eÈ intltulÊ :rBedarf Oeutsch_ rand der'Kolonien?rr, le pasteur Fabri2 analysait les raisons tout aussi bien politiques qurêconomiquesqui pourraient jus- tlfier lrengagementdE lrEmpire allemand dans Irentteprise co- loniale.l Selon Fabri, les possessions outre-mer né pouvaient r"prêsenùer pour l.AIl.emagne quravantage politique et Économi- que certâin. Le dêveroppementêconomique de rrenpire trouve- rait en elles de nouveaux dËbouchês pour la productlon, en mê- me r I temps ...puune source d approv isionnement en rnatiêres premiè_ res. cette idêe tui sembrait drautant plus importante que res autres natlon" europêennes telles lrAngleterre et la France tiraient'de leurs coronies de substanciels profits. rr faisait alors appel aux autorités responsables pour qurelles slenga- gent dans] lracqulsition des colonies :

I Erutsch, J.R. i op. cit. p.30. -7 Voir lraperçu biographique que donne de lui Klaus BacrÊ oans_son ouvrage : Friedrich Fabrl und der Imperialismus. in der Bismarckszeit, Freiburg i.Br. l9?S, p.3O_JJ. 3 F.b"i, F. : Bedarf Deutschland der Kolonien, Gotha lg?9. _?5-

Sollte Kaiser und Reich, sollten Reichskanzler, Bundes- rath und ileichstag nicht auch daran denken, das Ihrige zu tun, um dem neuen Reiche ein Stûck der alten Handels- mâcht ù,ieder zu geulinnen? und ihm, rrrenhauch verspâtet, zu kolonialem Besitz, dessen es zu seinem ôkononischen Sestande auf die Dauer gar nlcht entraten kann, ZU ver- helfen? 1 ) Ltopinion publique devait être arnenêe petit â petit â sr intêresser â une Éventuelle expansion colonlale. Fabri ne fut dtailleurs pas le seul à mener cette agitation coloniale : le journaliste Hugo ZôlIer du journal rrKôlnisc.he Zeitungrt î€ oârl- qua pas drutiliser les colonnes de son journal pou! gagner 1l opinion publique â sa conviction coIoniaIe.2 Le 26 août 1882 eut lieu â Francfort la fondation de lras- sociation colonlale (trKolonialvereinrr), elle fut placêe sous le prêsidence du prince Hohenlohe Langenbur'g.Elle avait Le sor.ltlen de La Chambrede commercede Francf-ort et le pasteur Fabri y siège commecollaborateur.3 Lrassociation srÊtait fi- xê corme but la formation drune opinion publlque propice à fa conquête coloniale, car iI convient de signâIer que lrenQoue- rent colonial nr'etai! que lraffaire drune m.inoritê directement intéressËe, de la bourgeoisie commerçanteeh lroccurrence. Sans sous-est$ner Ies raisons de politique intérieure et ex- tÉrieure quI eurent aussi leur importance dans Ia dêclsion de Eisnarck de tenter lraventure colonial.e, iI, nous semble que .l.apression de certains milieux économiquesfut â Ia base de Ir impËrialisme colonial aIIemand. Lradoption du système pro- tectionniste (1S?8) entralnait pour lrAllemagne la n'ecessitê drouvrir de nouveaux marchês â son industrie, par consêquent

1 F"b"i, F.! op. cit. p.12i pour le rôIe propagandiste'de Fabrircf. BaderK.: op. cit. i cf.0ehlerrtrJ.: Die Geschichte der deutschen evangelischen f4ission, Eaden-Baden1951, voL.2, p. 15. 2 - Zijll""rH. : Forschungenin der deutschen Colonie Kamerun, Itauteur voyageait au CamerounIors de Itannexion allemande, cf .BrunschuigrH.: Llexpansion coloniale allemande outre-merr Parls 195?, p.9(. 3 Tounsend : Rlse and fall of the Germancolonial empire, fieL,York 196li , p.81sq. -?6-

la nÉcessitÊ dracquÉrir des coronies.l Adorf ty'oermann,dans son mémorandurnproposant la colonisation du Camerounr î€ aâô- qua pas de relever lrimportance Éconooique que revêtalt lE ter_ ritoire pour lrlndustrie allemande : Das Innere Zentralafrikas bletet ooo êin gûnstiges Ab- satzgebiet fi.ir europàische Industri""r."rini"r"i...' Oi, Erschlie0ung dieses Absatzgebietes fûr aié tige deutsche fndustrle seI dah.r von gro0em"rpoiiù"OU"f-u""t"...2) La pression de lrloermann sur Bismarck, exerçêe surt,out par lr intermÉdiaire du reprêsent,ant prussien â ltambouEg,KuLserov, finlt par venir â bout des rêticences du chancelier qui, Jus_ que-là, s!êtait montrê assez indiffêient, pour ne pas dlre hostile à,Irentreprlse col.oniale, ceci malgrê lrouvrage de Fa- bri et lrexistence de rrassocition coroniale (Koronlalverein).J

2.2. Lé traitÊ de protectorat du l2.iuillet 1884.

Le point de dÉpart de lrexpansion coloniale allemande fut certainemènt le têlêgramme adress'e re za avril lgg4 au consur all.emand rêsidant au Cap.4 0raprês ce tËlÉgrammer le Gomm€r_ de ,etablissements çant Bième Li:Oeritz eÈ ses drAngra pequena (5ud-0uest, Afircain) pouvalÈ se considêrer commeÉtanÈ sous la protection de lrempire. Lrenvoi Oe ce têlégramme inauguralt en quelque' sorte une ère nouvelle pour IrAlIemagne, ltère de la co.,quête coloniale. Le 0r.'Nachtigal, consul allemand â Tunls depuis igg2, fut chargé-Ie 1g mars lgg4 drune mlssion drlnformation sur Ia c6te ouest-africaLne. Le premier souhait de ra chambre ds com-

,-,.1'*landeng.rP. 3 Ausur-irkungender deutschen Koronlarherrschaft in Kamerun, HamburgfS?3, p.6-iS: 2 CitÉ draprès.JaeckrH.p. : Die deutsche Annerion, p.5i; cf. Ramsay: op. cit. p.i?4-1?S. J JaeckrH.p. 3 op. cit. p.51-5?; Ardene!1Sr opr cit. p.22. 4 Brunéchuig, Ho 3 opo cit. p.ioosq. -??-

merce de Hambourgvengit ainsl de se rêaliser. Selon les directives données â Nachtigal, il devait Étu_ dier commerce le allemand en Afrique, anal.yser les intentions anglaiscs sur Irannexion de territoires en Afrique de lrouest, assurer les droits des commerçantsallemands en territoire ê- !-ranger et signer des traitês avec les chefs de territoires ind'ependantspour garantir les droits de ces mêmescommerçants. iJne dêpêche contenant des instructions plus prêcises rui fut envoyêe Ie 24 avril 1gg4, lui demandantexpressËment de pren_ dre en possession re territoire situê entre le derta du Niger et Ie Gabon.l Adolf lJoermannpouvait être satisfait. De mêmeque ce dernier joua un rôle drecisif dans llenga- gement colonial du chanceller, de mêmeson agent, E. Schmigt et celui de la firme Jantzen & ThormâhlenriJohannesVo0 ori- rent une part active et non molns dêcisive; dans lracquition effective du Cameroun.Dês le .6 mai lgg4r.hjoermannenvoya â son agent â 00uara une lettre contenant des instructions très. prÊcises. Il le mettait au courant de la dÉcisicn du gouver_ nement impêrial de prendre possession c,u Camerounrde la mis- èion de l{achtigal et Lui demandait entre autres que lui et Johannes Vo0 signent des traitês avec les chefs Akrrra,gell, Lcck Priso et Dido dans lesquefs ces derniers transfêieraient Ia souveraineté de leur pays â uoermann poÉr lrEmpereur drAl_ le.agne.2 Dês la rêception de ces lnstructions, les deux agents com_ mencôrent à nêgocier avec les chefs, tout en essayant de cachc! au maximumIeurs intentions aux Anglais.S Ce n,êtait pas une mission facile, car si king Bell et king Akua,etaient prêts à signer, llattitude hostile de leurs sujets ne res €îcoura-

1 4"d"n"", s. : 9?: Brunschuigr H.! op. clt. P.101; Ramsay3 op. cit. "it:_p.22-233p.1?6. 2 Jaeckr ll.p.: op. cit. p.54. 3 ruio. p.64. _?8_

geait, guêle dans cetLe voie. La mission Ocs Ocux ogcnts de con- merce ne sernblait donc pas su! ls point de rôusslr quand ar- rivèrent deux autres nêgoclatcurs le g Juillct 1884, en lroc- currence J.e consul Schulze venant du Gabon et Eduard Uoer- mann, le frère drAdolf ùJoermann.0âs Ie lendemain, Eduard ldoer- mann, Schulze et Schrnidt se rendirent â Bimbia où lls obtin- rent des chefs de la place la signature drun traitÊ prÉffof- naire .1 Itialgrê les efforts des Allemands pour garder secrlet leur plan, les Anglais se doute'rent tout de rnêmede quelque chose. Lrordre fut donnË au consul lleuret Ie 16 mai lBg4 de falre des arrangements prêllminaires sur la côte canrerounaise. Le capi- taine ('loore arriva â Oouala le 10 juillet pour préparer les chefs â lâ venue du consul Heuet. King BeIl lui aurait dit que si les Angf6i5 ne prenaient pas possession de son pays, il le donnerait;aux Allemands, cependant il lui aurait tout de n:ême promis dràttendre encore une semaine lrarrivêe du consul. Crest le bateau du capitaine lirooreque Nachtigal, Buchner et leurs iompagnons croisêrent Ie ll juillet. La prêsence de ce batpau'inspira chez les Allemands un sentimenÈ drinquiÊtu- de qui nerse dissipa que lorsqulils apprirent que rien nc sl Était passê entre ce bateau anglais et les chefs duala; ils avaient eù peur drêtre venus trop tard.2 pendant que Eduard lJoermannr,Schultze et Schmidt obtenaient lâ signature des chefs de Bimbia, Johannes Vo0 rêussissait â faire signer le chef Dido .'1e 11 juillet.S

1 tUiO. p.65i Buchner, tr't.: Aurora Colonialisr p.64. -) Euchncr, li. : Aurora Colonialis, p.6Jsq: il note ceci . rrErst â la page 64. am folgenden l'iorgen des 12. JuIi, aIs uir uns anschickten, den FIu0 noch ueitei hinauf zu fahrén, kam ein Lotse angerudert... und brachte die Nachricht, es sei rrreiter nichts passiert, die Englânder hijtten an Bord àer rGoshaukl nur eine lange Eesprechung gehabt, und die rGosharrlkr sei aoge- gangen, um den englischen Konsul zu holen, der in Bonny ocler Benin sei. ldir atmeten auf.n cf. JaeckrH.p.: op. ctt.p.6S; Ramsay: op.cit. p.l??i ArdeneD S.: op. cit. p.2J.

-1' Buchner, 14. : Aurora Colonialis, p.?0. -? 9-

Lrarrivêe de Nachtigal â Uord du navlre de guerre rMôueil d'ecida sans doute king Bell et king Akuraâ.signer Ie traitÉ; ils se sentirent certainement plus s0rs avec un alliê puis_ sant â leur côtÉ ou bien ils eurent justement peur du navire de guerre. Avant de transf,erer leurs droits de souverainetê aux firmes allemandes, iIs tinrent â fixer'une liste de clau- ses qui leur furent garanties par la signature du consur schuts ze; en voici le texte :1 . . CameroonsRiverl July 12th. 1994" Our uishes is that r,rhite men shoutO not go up and trade urith the Bushmen,nothlng to do r,rifn our ttàr- kets, they must.stay hére in tËis niu"rl-ànJ-in"n-gi_ ve us trtrst so that ue uill trade rrlith our Bushmen. ùJeneed no protection, ù,e should tit

1 Buchner, f4.: Aurora Eolonlalls, p.?0o 2 JaeckrH.P.: opo cit. p.4?o -80-

que les chefs duala mirent leurs croix au bas de ce que nous avons aujourdlhui commedocument officlelr.eui eat une cople rnise â ra disposition de ra comrarssiondu budget du Reichstag Ie 16 fÉvrler 1906 pour son enquête sur Is p,etitlon des chefs akrrrai 1 4Eschrift. ue, the_undersigned lndependant Kings and Chtefs of the countrv called caméroons situateJ d"i"roon"- Riverr.betr,ree the River Bi;;ï; àn tne North";-t'f,; side. the River Qua-Qua on the South-Side a"O up tà-aô iôi-ri""tn lat. |-1sygin a neeting held to_day in the CerrnÀni"ito- ry on_ King Aqgats Beach, voruntary concruded as forlous: sive this day our rtshr oi sor"i"ilnili,'tn" glslat,ion- !g r"_ and manaqementof Ihis our Country to entireJy up trtr- Eduard schmidt acting roi trre f irm c. lr,oerrnann. and llr. Johannes Vo0 actinq-for Fiess. Jantzen a ii,ormen_ lenr- both in Hamburg,and for y".." trading in this River. ".ny ' lr,e have conveyed our rights of Sovereignity, gislation the Le- and r'ianagemenÈof [ni" uounrry to the firms tioned men- above under the follouing reservaLions : : 1. under reservation of thé rights oi-tÀi"o persons, .2. reserving that aII friendsr,ip ànJ ties' made t"."_ before rrrith otner foreign governments"orÀ"i"iài shall. ve full pouer, ha- 3. | that the-land cultivated by us noruanc, the places the touns are built on shall Ue-tÀe property of the pre_ sent oulners and their successors. , :!4..t,hat the coumie shall be'paid annually as lt has been,paid to the Kings and Chiefs before, :5. that during the first tlme of establishina an ad- ministrarion h"r3r our-counrrv i.-r'iàn"-;iii-;;';;ril"."o. -i;l;-r;;';r,ËJ"âii"lient cameroonsthè_rruelvth day of hundred and eiqht four. Zeugen gez. : Ed.^ry'oermann gez. Ed. schnidt. gez. Joh.vo0. I gez. 0. Busch. 6ezo: Klng Akua + gez. ' KIng Bell + his mark - David lleetom + - John Angua - + dto. Endene Acqua + - Coffee Angua+ - Black Acqua + - Jim Joss + - - f4anga Acqua + - llalt - Joss + - Joe Ganer Acqua + - Oavid Joss - - + Scott Jost + - Jacco Esgr - - + 81S Jim Acqua + - London Bell - - + Lôrton Acqua + - Barrot peter + - Jug Acqua + - Clame Joss + _ - trlilliam Acqua + - Lookinggtass Bell + - - Ned Acqua +

otti^FAl/9Jr(pxtralt) .^^^t de Relchstagsverhandtungen, 1906. p.42. 1905./ -81-

Concernant le texte des souhaits des chefs duala, nous nous permettons de faire quelques !emarques. Il irnporte tout drabord de se demanderquelles êtalent les'intentions rêelres des Allemands Iorsqulils reconnurent dans Ie premier point Ie monopole du commerceinterm'ediaire aux Duala, car crest un point qui allalt devenir source de conflits ( sans doute plus que tous les autres). Buchner êcrit â ce propos ! Oamit uar die Ger,ràhrungder frJûnscheeigentlich schon versprochen, und das uar bedauerlich. Fûr den Auoen- blick ohne Bedeutungkonnte das Schriftstûck in àer Zukunft allerlei Schuierigkeiten bereiten, und das Iiess sich jetzt schon eiÀsehen. 1) La rivalitÊ entre les aspirations all.emandeset anglai- se3 pourrait apporter Un peu de lumiôre dans cette dÉcision 'eLablies du consul Schulze draccepter les clauses par les Dua- la. liroublions pas que le i1 juillet, les Allemands êtaient passÉs si près dtêtre devancêspar les Anglais, ce qui expli- querait sans doute une certaine hâte â obtenir la signature des chefs duala â tout prix; dans cette compétition, il fal- lait avoir le traitê â nrimporte quelles conditions pourvu que les concurrents soient évincês. Cependant, ce facteur compêtition, seul pris en considêration, ne, saurait donner satisfaction. Lorsque les chefs akurarêdigêrent leur p'etition de 1905, se plaignant justement de la violaÈlon de cette clause, iI faut voir que Buchner se demandaplus tard dans son ou- nAurora vrage Colonialisrt si Iton avalt fait disparaltre con- venablement ce document.2 c"tt" clause, reconnue ou niêÉ par

1 Auchner, lit. : Aurora Çolonialisl p.?0sg. -) rrDiese Ibid. p.71 : Beschuerde sei aber doch gânzlich ohne Grund geu,esen. ular das Schriftstûck rour uishei i5r glûk- kl ich rrreggezaubert?rt -1 ZingraFf, E. :op. cit. p.4 reconnalt cette clause :rrLei- der uar die ttlhaltung dieses lionopols auch von deutscher seite bei Ûbernahme der Schutzherrschaft qer,râhrleistet urorden.tt Asnis: op.cit.p.85 prêtend avec une malhonnêteté notoire qul il nry.eut aucune reconnaissance de ce monopole. _82_

Ies colons allemands, Êtait dlamÉtralement opposêe aux.intê- rêts de lrimpÉrialisme colonial. Et les nËgociateurs allemanoc ne pensèrent pas un seul Lnstant â respecter les clauses du traitÉ, une fois maîtres du pays. Seuls les chefs furent as_ sez naifs pour croire une chose pareille, ils ne savaient pas que Allemands les jouaient avec des ca!tes truquêes. Lrinten_ tion de tromper êtait êviOente chez les Alleroands, nË serait_ ce que parce que le système colonial en taht que systême de domination jamais nreût torÉrÉ une rinritation de soil expansion, et le rôle drintermêdiaires que se r,eservaient les Ouala en constituait une, et drimportance. pour preuve, nous nravong qurâ nous reporter au mêmorandumde ùJoermann.Lrun des motrfs qui le pgussèrent â demander au gouvernement impêrlal de pren- ctre possession du camerounêtait, bien son intention de faire ainsi supprimer ce monopole: Die^Kamerun-Neger z.B. lassen keinen rrJei6enûber rluumùnctung die ins. Innere hinein (...) Daher sei zur Èr,rei_ terung des Absatzes europiiischer Industriooiroirô^i="" dire!te-Verkehr a*. der Europâer mit den ttcgern im Innern er._ forderlich; dieser kônne aber nur herbeigefûhrt uerden, uennl gesitz die Kûste im einer europâiscÉen t,;actrtiei, und .diejenige fiacht, urerchedie Kùstenstrecke--i -""-"--innehabe, uerde den Lôr,renanteil an den verkehr nàu"À. ) ùJoerdannprêvoyait mêmeque drêvent,uers confrits avec ceg chefs nratteindraient guêre de proportions graves, Êtant don- né quril.sragissait dans ce cas de ilpetits cnefs,r.2 Lrimpo5- ture ne iaisait plus de doute. Le canrpcoronialiste se montra unanime quant â la suppression du droit de monopole, crest_à_ dire quant â la violation flagrante des termes du traitê. pour journaliste le Zôl.ler par exemple, la prËoccupation premiêre drun gouvernement colonial consisterait â lrÉlimlner; il nry aurait pas de meilleur service rendu aux tntêrêts mercantlles du syst,ême colonial :

ly'oernann cltÉ draprêE Jasck, Hopo opo cltr p. 5?.

Ibid. p.5?. -83-

Ein grô0erer Dienst aIs die ly'egrâumungdieser elenden '. und fiir uns besclriir.rendenl,ionopàle kanÀ dem HandeI nicht gcleistet uerden (...)fcn ,"r.i"n" darunter eine Abschaf- fung des von cJenKûstenstâmmen uirlkûrricrr einjeri:nrtcn Uerbots, anders als ihnen oder durch ihre Vermittlung HandeI zu treiben. i) Si nous insi5tons ici sur Le caractêre conflictuel de la clause concernant Ie monopole du commerceintermrediaire, ctest parce qurelle allait être â ]a source de campagnesbrutales contre la population colonisêe. En signant l-e traitê avec res Allemands, Ies chefs duala que ttelmut Stoécker caractêrise de rrbourgeoisie compradoterr2, croyaient se servir de I ralli-..: ance avec une puissance coloniale pour raffermir Leur autorl_ plutôt tô vacirlante et maintenir reurs privirè9es commerciaux, ceci â condition que leur monopole du commerceintermÉdiaire leur ftt garanti. Lcs Allemands srengagèrent entre autres à garantrir aux chefs Ia perception du droit de preage.Chaque chef percevait ce p'eageou comey (Kumi) du commerçanteuro., pÉen dont les magasins êtaient installês su! son territoire. Rappelons que ce droit avait ËtË fix,e off.igiellement par Ie .traitâ

I' Zôller, Hugo : Forschungen ln der deutschen Kolonie Ka- merun, tserlin und Stuttgart igg5, p. 1SJ. -) Stoecker, H. : Die deutsche Annexion von Kamerunoin urlssenschaftliche zeitschrift dcr Karl-f4arx universitât Leip-1. zip. Gesellschafts- und sprachuissenschaftliche Reihe.- -1 Brutsch, ofo cit. p. ppr ZZ-23. 4.Buchner, l,i. : Aurora CoIonIalis p. rttrlie . rrOashrt, i10 : es sich mit.diesem leidigen mit dem crer vertrag erkauft uerden musste, eigentlich verhlilt, ist mir niemals klai geuordenr. -84-

furent achetês. Lock Priso, dans sa lettre du Zg août îgg4 à f,laxEuchner, comnissaire impêrial par intËrIm, protestant contre que le fâlt le drapeau allenand fût nissÊ sur son territoire, qgton dit ne les achète pas, sous-entendu cornme on a acheté les Bell et les Akr,ra.l guchner nota les pots_de_ que vin 1es chefs !eçurent des firmes coloniales2: King-.Bell erhielt von.dem Agenten der Firmé C. iro""r.nr, aIs rrOaschrr(Geschenk).geleientlicn puncheons seinèr fr""t=cfrr"r_ dung ?0 (...) ungéfâhr 13 44u trark Akrrra-Leute i...i-oi.'i"n rrrurdebei dérseiuen cetegenne i[-J"iIt ngu.,- ten der Firma. Jantzen u. Thormâhler-,,gedascÀi-unO-i"." ' einzellr_(...) so daO die Gesamtsummegleichfalls puncheons àuf et!,a 70 zu stehen kam. Ces diffêrent,es sommesne leur furent pas payËes en argent llquloe nais furent seulement irort,Ées â leur créOit. Les Àllemands ne pensèrent sans doute pas un seul lnstant tenir les engagement,squrils venaient de prendre aupràs dès chefs duala, et nous pouvons drEvance dire qurlr ne res tien- drsnt pas.' Llère coloniale allernande au Camerounbommençait par une imposture commeres sources le montrent3 erle arrait se poursrrivre sous le signe de la viorence commele note stoe- ': trrn -cker Kamerun stand die Annexion uie in anderen Gebieten Afrikas im Zeichen von Betrug, Korruption und schlieBlich, entscheidend, in Zeichen der Ger,raltrr4.Les conflits au sein de La clàsse dirlgeante duaIa, directement issus du mauvais partage du rtdashtr alraient donner au pouvoir colonial lrocca_ sion de mettre en marche sa rnachlna...ÊÉpressivei nous le ver- rons un leu plus loin. AvanÉ de passer â l.rimplantation mêmede lrordre colonial, nous vouions encore faire quelques tanarques qul nous senblent - 1 Euchnerr 01. Kamerunp. i21 : trNo man buy re.oorr -) Euchner, [rl. Kamerun, p.222. lrinstallation . ,3.0ê, du.pouvolr colonial, son soucl fut de briser le monopole que o,elenai""t-i"o peuples Lrexpropriation de Ia côte. des terres a 0."àià-o"ns res derniËrs ann,ees de la prêsence allemande constitua une violation (article.3). du traité -^' Stoecker, Ho opo clt. p.602. -85-

essentielles sur le Èraité. La littêrature scientiflque sur IrËpoque coloniale allemande au Camerounpr'etend, â tort , ne connaltre de ce traitê que la.traduction alLemandequI fut publi'ee lors de lraffaire de Irexprorpiation des terres â Oouala en mai 1914;1 crest-â-dire presqurâ la fin de la prËsence allemande au Cameroun. Rudin dans son ouvrage lrGermans in the Cameroonsrraffirmedans Itappendice qutil lui fut impossible de trouver l-e teite originâl en anglaié. Brutsch dans les rr Traitês camerounaisrrdêclare ceci â pro- pos du tra it'e de orotectorat : Nous ne pouvons donc en pr'esenter ici que la traduction officielle allemande, donnêe dans Ir important mêmoire du Reichstag, publiêe en 1914 pour justifier lrexpropria- tion du plateau de Joss â Douala.2) Le R.P. itrvengdans sonrrHistolre du Camerounrraffirme dlail- leurs la mÊme chose.S Le texte du traitê que nous prâsentons ici est une copie de lroriginal qui fut jolnte en 1906 au dossier de la Commis-. sion du Budget du Reichstag enquêtant sur ia pêtition des chefs akua. Commenous pouvons le constater, le texte est i- 'dentique aux versions française et allemande.4 Dans son ou- vragerrA trvers le Cameroun du sud au nordrrparu en 18g3, le Iieutenant C.Morgen en donne dans Il introduction une traduc- tlon, ce qui prouve bien que lroriginal anglais existait ef- fectivement et Était accessible au pubIic.S philippe Labu!the- Tolra note dans son commentaire de Irouvrage de C. l4orgen ce fait qui est tout de même dtimportance face â lropinion g'e-

I verhandlungen des Reichstagsrl 912-1914, Anlagenl Akten- stûck N. 15?6 , p.3 353sq. 2 BrutschrJ.R.: op. cit. p.36. 31,,r"r,9, E":Histoire du Cameroun, Paris 196J, po2glo 4 cf. Annexc no 1. 5 norg.n, c. : A ravers le Cameroundu sud au nordl Leip- zi9 1893(trad.), introductioni cf. Ramsay! op" clt. p.1?5-1?6" -86-

nêralement admise.l ,egalement Notre seconde remarque va contre unr optnlon tout aussi gênêralement partagËe et selon laquâlle les chefc duala ne jamais reçurent de copie du trait,e.0e nouveau. le pasteur Brutsch, srappuyant sur re contenu de la lettre drun officier naval britannique, datant du 26 juillet iBB4 et pu_ pliêe dans J.e Blue Book de 1gg5, affirme qurâ en croiie cet_ te lettre, rtles rois Akta et Bell nren reçurent aucune copier. AIbert lJirz est du mêmeavis lorsquril Écrlt : nElnefKopie des vertragstextes uurde den Duala bezeichnenderueise nicht ausgehând.igttt.3 Notons que ces auteurs ne sont pas les seuls â dêfendre cette thêse qui bien entendu srappuie sur des tê_ moignages tout â fait plausiblas.4 tlax rrKamerunn ELchner montre dans comment les traitês É- taient gÉ'nêralement faits; selon lui, pareil document Était habituellement fait en deux exemplaires, dont lrun Êtait re- mis au chef africain.S Ceci nrexclut pas quril y ait eu peut_ être des cas oû les chefs africains aient ÊtË tout sinple- ment,tromiés et nraient pas reçu drexemplaire de traitÉ. Tel aurait êt'e te cas pour le traitê de protectorat duala_alle_ mand. cependant, nous voulons ici remettre en cause cette thèse, caf les documents drarchivEs nous donnent des s,erieux indices sûr lrexistence drune copie du-dit traitê cher les Duala. Dahs leur pÊtition , les chefs akua dernandaientau Reichstag drexiger une copie du traitê au Dêpartement coro- nial pour-prendre connaissance des condit,ions qurils avaienc posêes lois de sa signature et ils nravaient pas joint â la pêtttion une copie du t,ralt,e pour Ia raison suivante :

1 l'to"9"1. . - . -rÇ.! oF.git. r Traduction, Prôsentation, f,onmen- taires et Bibliooraphie Oe Éfr. LaburthejTofra, vaounJL iSZZ, 9.236sq. -2 B"ut""t, J.R. 3 op. cit. p.3S-J6. 3 Ui",r A. i op. cit. p.5?. Nyoonae-Libam: ,^-_4 Le traité duala-atlemand du l2 juillet 1884, Paris 19?5, p.3?; Ardenerrs. : op.cit. p.24. - Euchner, !lo 3 Kamerun, p.?1. -B?-

Uâre unser Èxemplar des obeneruâhnten Vertrages, uns nicht abhanden gelcomnen,so hâtten rrrir dasseibe ur- schrift.lich in AnschIu0e dieser Beschrrlerdeelngesandt; u1g dûrfen allerunterLânigst um spàtere Ërteilung einer beglaubigten AbschriFte desselben bitten. 1) Ce point de la pêtition des chefs akù,a nous apport,e un fait nouvcau inportant: les Duala (du moins Ies Akrrra)furent bien en possession drun exemplaire du traitê. Ltexistence de ce- lui-ci nous est pour ainsi dlre confirmÊe par Ia lettre de ItlpondoAkua adressée de Berlin le 22 fêvrier 1906 aux chefs Akrrra.Repr'esentant les Akua en AlIemagne, iI avait rêussi â avoir une copie du traitÊ. II Ia leur envoyait et leur deman- dait de bien la conserver. Sa lettre nous donne en mêmetemps une idée des conditions dans lesquelles lrèxemplalre des Dua- la aurait disparu:rr... beurahrtden Vertrag gut auf, daO er Ja nicht uieder verkauft r,rûrd(e), rrlie der erste.tt2 Ltexem- plaire des Ouala aurait Ëtê vendu ? A qui ? Qul avait int,e- rât â ce que pareil documentnrexistât pas ? Les chefs duala signataires du traitê di protectorat vou- laient avec le soutien dlune puissance europénnepréserver feur position prépondêrante; iIs croyaient que le traitÉ pou- vait leur garantir certains droits. Mais iIs se trompaient. Pour les Allemands, Ie traitê ne reprÉsentait qutun papier qui leur permettait de justifier leurs prêtentions par rap- port aux autres puissances colonisatrices. Les Allemands a- vaient besoin dlun document officiel pour faire pr,evaloir des droits sur leur part du,t9âteautt africain. IIs nravaient nullement ltintention de respecter Les clauses du trait'e tqutils êtaient prêts â escamoterâ tout moment.Ceci drautant plus que le contenu du traitê âllait contre les aspiratlons , dominatrices du système colonial.

1 Anlc,FArl193, p.16. 2 ANCt FAA/454 suntersuchung gegen mpundoAkua, F.1 et 2. 2.3. Lr implantation du pouvoir colqnial.

Nous avons vu dès la fin de notre prerniêre partie que ls diversitê des systèmes politiques chez les diffËrentes pspu- lations camerounaises nrËtait pas sans poser un probtême ma_ jeur â lr impêrialisme colonial. Ces systêmes politigues, pour être utilisables pour les tenants du systême coloniali e voir lladministration, ""- les missionnaires et les planteurs et commerçants, avaient besoin drêtre retouchês, adapt,e3et re- structurês au nivEau du territoiEe, de la personnalitÉ diti_ 9èante et parfois mêmeau niveau de lrinstitution. Crest ainsi que lrinstallation du pouvoir colonlal doit Être tout'dtaboDd considÊrÊe conme une interventron extÉri- eute dans" lrordre êtaUti trouvË, commeune tentative de re_ structuration en vue drobjectifs politiques, Écononiques et, culturels.â venir. Le colonisateur fut dês le dÊbut confron_ tê â ce problème, mais ce ne fut quren 1909 quril y.eut un Écrit thÉôrique dÉfinissant les diffËrents proc,edêsà adop_ ter devant le système politlque trouvê en placE. Ltauteur de cet Ëcrit fut trJilhelm Langheld, ancien offi_ cier de la troupe coloniale (Schutztruppe), ancien chef de la circonscrlption drEdêa et ancien rÊsident â Garoua. II proposait:dans son article paru dans le pËriodique rKolo- niale Runàschautr de 190g1 de regrouper Ies populations de la r'egion. fôrestière dans des ensembles plus larges;eui de- vaient pracËs être sous lrautoritê de chefs supÉrieurs nom- m'espar rradministratron, ce qui faciriterait du mÊmecoup le travail de cette dernière. Langheld ne perdait pas de vue problème 'eventuerlement le que poserait re choix drun chef pour un ensemble êlar9i.2

aungneldr^trJllhelm -___] : liber die StanrDesorganlsation in Kamerun, in: Koloniale Rundschau 190g, p.542_S4S. 2 rbid. -89-

0ans le Grasland où Ies populations êtaient dêjâ orqanl_, . sêes en ensemblesrelativement grands, Iradministration,de_.,.. vait srefforcer de maintenir et de renforcàr IrautoriùÉ ou chef, tout en procËdant de façon assez diplomatique, car cet_ te autorit'e ne devait en aucun cas reprêsenter un danger pour te système colonial. Il serait par consêquent dangereux dr,e_ quiper par exempredes chefs drarmes modernes,res chefs ne oevaient donc pas devenir trop puissants. _ llans lrAdamaouaoù Ies lamldats Ëtaient plus ou moins tri_ butaires de ltÉmlr de yola, en colonie brltannique de Nigeria, un changement politique srimposait dans res lamidats en colo- nie allemande du Cameroun. Il fallait plus prêcisêment que rrinfruence de Yola soit supprimêeet que lradministration.. coloniale plenne sa place.l O"n= cette rÉgion où Le pouvoir politique Était Oe type fêodal, Langheld envisageait la rê_ duction du nombre de souverains. Langheld arriva â ces consid'erations threoriques certaine_ ment grâce à ses diverses activités dans pl'usieurs rêgions de la colonie. Les dif férentes m,et,hodesde :lt implahtation du çiouvoir allaient-elles suivre les grandes Iignes tracêes par LangheLddans son article ? Oans ce qui va:suivre, nous allons analyser les m'ethodesde lrinplantation coloniale : mÉthodes pacifiques ou militaires; ceci sans perdle .de vue l.rattitu_ cle des colonisateurs vis-â-vis des systèmes politiques en place-et des dirigeants politiques autochtones.

2.3.1. Le âoûlêvementde d'ecembre1gg4 : la part des chefso

Le Dr. max Buchner reçut le 1g juillet igg4 sa nommination officlelle de ; il devenait ainsi le premier reprêsentant de lrempire arlenrand dans la coronie nouvelle- ment acquis".2 por" souligner combien son autoritê Était fi-

Langheld, kl. : op. clt. p.544.

Euc hner r 11. : Aurora Colonialis t g.'??. _ 90-

rrder nitËerlI parla de platonische Scfrutzgedànkertl; iI esti- malt quril lui fallait plus qurun drapeau de guerré et quel- ques armes. II aurait bien voulu dêployer Ies forces qurll êtait cens'e reprêsenter. Essayons dranalyser les causes du soulèvementdrune partie du peuple duala et lrintervention arm'eede la nouvelle puissancerrprotectricerr. Cette lnterven- tion armée, commenous allons le voir, ne fut que le bËUut drune domination coloniale sem'eedtépisodes sanglants. Nous nous préoccuperons de faire ressortlr la part des chËfs duala dans ces Évênements. Depuis la slgnature du traitê, certaines tensions au sein de Ia communautêduala ntavaient fait que graggraver. Ces ten- sions srarticulaient sur le mêoontentementde certains sous- 'King chef s de BeIl et Klng Akuraqui sr estirnaient lêsês oans trdashrl ]a rêpartition du que Ies firmes allemandes leur avalent donné pour la signature du traitÉ. Crest ce qui ressort oes têmoignages des personnes ayant pris part plus ou moins direc- tement à rlaffaire. Hugo Zôller dans.son analyse des êvènements en nota Gommecause les querelles entre King Bell et ses sous- chefs, car King EelI aurait conservÉ pour lui tout seul Ie trdashrr.2 D"n" un entretien entre ZôIler et le consul Heuett a, en date du 29 d6cembre1884, crest-â-dire après la rêpression des lnsurgËs par llamiral Knorr, le consul britannique expri- 1r0a's ma la mêmeopinion : Volk beschuerte sich, da0 Kôni9 BelI von der Summe,die er elhalten, nicht die Hâlfte rrrie ausbedun- gen abgegeben(...) habett3.Buchner, tout en prenant King BeII sous sa proÈection, fut obligê de reconnaitre les faits repro- chês â King BelI, mêmesril ne semblait pas y croire:

1 Ibid. p. 84. 2 Zôl:ler, H. op. cit. tome 2, p. 171. 3 Ibld. p. 204. _91-

t'tsnsagte (King. ihm BeII, G,) nach, dass er es ùrar, der das Land an uns verkauft und das VoIk verrat;; gen fabelhafte h;;;r 9"_ Geschenke,die er ganz fûr sich behielt. Oas r,rurde aIs eine Sûnde betrachtèt gegen den i"iii9"n l(ommunismus,der-bei diesen Negern qiit-(...i"n"Jf,--o", KlJglichen King Akrrra uurde der-9feiéne vàirrif g"r""n[. f) Le lerao0t, Buchner reçut une rettre de parrot et 0uke Akrrla datant juillet, du 31 dans laquelle ces derniers 16clamaient -leur part durrdashrr.2Shirley Ardner nous Iivre les têmoigna_. qes dlun missionnaires anglais, dlun agent de lJoermannet drun Duafs; ils sont unanimes sur le rôle que joua le partage ou ptutôt rrdashr Ie non-partage du dans les êvènements graves qutallait vivre UouaIa3. Ces tensions illustraient, srll en êtait besoin, quel â point un consensus êtait nêcessaire au sein de la communautê duala, de ses souverainé plus exactemenr,, LorsquùunedÊcision .prise. importante devait être King BeIl par son attitude êgolste portaiti ainsi une importante respon_ sabilitÊ dans ce qui allait se passer. CrÉtaient surtout. Ies Joss qui formaient le centre de cette opposition contre King Bellr opposit'ion essentielrement motivêe pa' une question dlar- gent.

' Lock Priso de Hickory (Bonauêri) sropposait â King Bell et aux Allemands pour des raisons plus politiques que financi- ères. Vis-â-vis de King BeIl, iI avait toujours essay,e draffir_ mer son ind6pendance et dans ce cas il srêtait absolr.rment re- fusê â signer Ie traitê, montrant ainsi son opposition à la prôsence allemande au Cameroun. Il nravait pas manqué de sou_ I.i.gner lui-même son anglophiliea. En plus de la question du Itdashrr,3uchner rUnd note: ûberdies gaE es eine partei, die .sich von Anfang an, engrisch gesinnt, durchaus feindrich ver- haltcn r,rolltc5tr; rlprincipal il lE caractêrisa de ennemirr de

1 Buchncr, lt : Aurora CoIonlaIls, p. 96; il expliquait rÊ mecontcntenrentconLre l(in9 Uell pai Ia jalousie chcfc, des sous- car disait-ll, Xing Oôtt âi"it-ru favori des Allcnrands. 2 tuto. p. 113. 5 n..,"nor, s. op. cit., pp. Ji-40. 4 [Juchner, l':. ! Aurora Colonialis, pp. 123. " Ibid. p.96. -92-

1a colonisation allemandel. la coalition de ces deux parties contte l(lng gell prtt tout de suite un caractêre anti-allemand, bien quc les Joss aient tenu â rassurer Eduard schmidt re 30 octobre par Êcrit que guerre Leur nrÉtait en aucun cas dirigê contre les grancs2, puisquren fait irs avaient signÉ pour les arlemands. selon Zôr- ler, lralliance des gens de Joss et de Hlckory nrétalt à lrori_ gine dirigêe que contre King Berl et non contre les Altgri!36633. autre Un facteur â ne pas sous_estiner fut certainenent le râre attribuÉ â tort ou â raison aux comnerçants et rnrsslon- naires angrais par Ies arremands. Llinfluence anglaise sur la place fit que les soupçons des Allemands se portèrent tout de suite sur S"lon Ies rappgrts envoyés "ur4. en Allstnagne, tous les dÉsair'ements nr,etaient que Iroeuvre des Anglais. Les rnoin- dres incidents dans Iesquels les Anglais Ëtaient impliquÉs fu- rent rapportês en Allemagne de façon exagÉrênrentgrossle; ll fallait un !esponsable et les Anglais furent tout dÊsignÊs bien quer remarquons-re, il ne leur eût pas dËplu drêtre les maltres du cameroun. Buchner nous rapporte re cas de creuxagents drune firme britannique, capitaine Trott, et capitaine Ëuart; ils avaient voulu se rendre justice eux-mêmesen arrÊbant un de leurs dê6lteurs. ce cas fut poritiquement exploit'e â BerlinS. Le têmoignage du missionnàire angrais Leuris montre que les nis- sionnaires anglais furent consid'erês comarerrthe uorst ôgitators against Germanascendancyrt6. crtte façon insistante de n.ettre les Ang]6i5 en permettait cause de Justifier une intervention ar_ rnée;11 fallalt farre croire aui Arremandsque ler Anglars Êtârent

1 Buchner, Fl. : Kamcrun,p.52. 2 Buchner, fi. : Aurora ColoniaJ.is, p.140; cf. ZôllorrH op.cit. p.1'11. t 3 zolJ."", H.: op. cit. p.i?1 . I B,rchner, fli.: Kamerun,p.52; Aurora Coloniall", p.9?. .SttI., BerIin ùrurdeder Fallgegen dle Englânder ausgenûÈzt unct sogar vor den Reichstag georàcht in eiÀer n"o" oài-iùr"ten Bismarcks ( 10. Januar 1BS5l.l.'r 6 Ad"n""1 So 3 op. cit. p.34. -93-

sur l€ point de tenverser la sltuation en'leur faveur dans la nouvelle colonie. Buchner prêtendit plus tard dans son ouvrage trAurora Colonialisrt se rêpentir dlavoir accuser les Anglais dragitation et se Justifia en disant quril ne pou- vajt interprêter tout acte drun britannique que commeinci- tation au soulêvement, puisque cela nraurait qutété normal pouE un rrpatrioterr anglais ! 1 Il est vrai que les navires britannlques croisant dans Ies environs de DouaIaZ pouvaient être considêrËs commeune- provocation. SeuIement nl Schmidt, ni VoBr:ni Buchner nrê- taient capables de fournir J.a moindre preuve de la culpabi- litË des Anglais. La tension entre king BeII et ses adversaires montait de plus en plus et sur les conseils de Buchnei, king BeII se rê- fugia â Boadibo dans Ie l4ungo. La coalition se prÊparait ac- tivement â la guerre et obtint drEduard Schmidt Ia promesse de ne plus approvisionner king Bell en armes et munitions.3 Nous pouvons nous reprêsenter les consÉquencesprÉ5udi- que ces activitês eurent sur .ciables Ie dêioulement du com- merce. La proposition du vice-consul Buchan du 2 décembre de faire venir king BelI du llungor mêmede force sril en êtait besoin, pour organiser une grande palabre au cours de laquel- le iI serait tent6 de mettre fin aux hostilit'es qui nuisaient au commerce, fut rejetËe par Buchner. CeIui-ci croyait que pareille palabre ne profiterait quraux Anglais qui aulaient ainsi eu Iloccaslon de voir les dessous de llaffaire durrdashtr que les Allemands tenaient plutôt â garder secrets.4 Buchner ne manifestait aucune intention de rê9Ier cette situation par la nêgociation, et ce ne peut Être que par pure hypocr!.- sie qurII Écrivit plus tard ! rr... es uàre noch viel viel

1 Buchnerr l.l. ! Aurora Colonlalls, p.98. 2 Ibld. p.118,125,149. 3 Ibid. p.154. 4 Ibid. p.155. -94-

besser geuesen, uenn die ganze drôhnende Sclllacht ûberhaupt unterblieben uâre.Ourch elnfaches 0rohen und durch palaver hÊitte nranviel rnehr errelcht.trl guchneD refusa Êgalemeng 1r lntervention 'guerre du navire de anglais rFrolicil, non pas parce quril envisageait une alternative pacifique, mais tout simplement pour des raisons de prestigel lui eb ses compa_ triotes ne pouvaient accepter l,idÊe drêtre sortis dé rrror- passe par les Anglais.2 Le 15 dêcembre, lequartier de king Bell fuÈ lncandiÉ par la coalition Joss-Hickory et selon le têmoignage de guchner, seule la factorerie de ldoermanntenue par pantànius fut Ëpar- gnée contre paiement dlune rançon de ? kru".J Buchner se prêsente dans ses mÊmoires limiter "or"" ""lrfloufait Irintervention all.emandeaux Joss dont ta Oêiaite au_ rait entralnÉ Ia soumission de Lock priso et de ses partisans.4 Ceci nrest en fait qutune façon de se donner bonne conscien- ce après coup, car ce fut entre sutres pour Ia protection de king rrder Beri, eiazigen zuverlâssigen stûtze des Deutsch - tumsrt qu!1I envoye une demandedralde ie ? clËcembre,par Il intermêdiaire drun bâteau de ly'oermann,à Irescadre dont lrar_ rivÉe lui avait êtê annoncêe. Draprès le têmoignage de ira- gent de lrloernann, SchotI, king gell aurait dit aux Allemands: rrif you uant to rule here you nust make me safe as chief.rrs La responsabifit'B de Buchner est drautant plug engagÊelors- qulon continue à lire son appel au secours : srrense und harre Bosrrafung uird ly:_:ir:_l!gtlchstsEanoe 1lrr- sernr cteDrohen lrochmutder Kameluner nicderzu_ beugen, , und nur, urennihnen môglichst bald eine i;;; ."_ ropàischer Kraft, die sie niemâls erfatrrén À"o"nr-ù"iq"- bracht rrrird, kônnen uir auf ertrâgliche ZustaÀ0"'r,"iiËi. g)

1 Buchnerr M. i Aurora CoIonialIsr F.1gJ. 2 Ibid. p.149-150. J Ramsayi op. cit. p.1?9. 4 Suchnerr Fl.: Aurora Colonialls, p.1gi_l9J. 5 Ardenerr S. t op. cit. p.JS. 6 Buchner, Irl..: Aurora Coloniallsr p.l5g. -95-

! Le 18 d'ecembre, les deux bâtlments de Irescadre, sous les ordres du contre-amiral ltnorr, Êtaient à la barre â oouala; il sragissait durtBisnarckrt et du rl0lgatt. A bord durlBismarcktr eut lieu un conseil de guerre auquel assistèrent entre autres Buchner, Eduard Schmidt et Hugo ZijIler. Ce furent ces derniers qui informêrent Knorr de la trgravit'erl de la situation, sur ce, iI fut dôcidÉ dradminlstrer unerrpunition exemplairerr aux tlrebelles[.1 Oès le 20 d'ecembre, cette dêclsion fut mise â exÉcution; ]rattaque fut, drabord portêe contre Hickory, puis vint Ie tour de Joss. Dôs que les Joss virent ce qui se pas- sait â Hickory, lls allèrent se saisir de Pantânius, lragent responsable de Ia factorerie du quartier de king Bell. Selon Ies têmoignages de Scholl et de Lerrris, ils.ne le firent que pour empêcher que le même sort ne Ieur fut:r'eservê qutaux gens de Hickory, autrement dit, Ia vie de pantânius serait sauve si les AIIemands ne les attaquaient p""..2 01.i. dès que Kalabar Joss, le frère de leur chef Elami joss tomba sous Ies balles allemandes, ils ne tardêrent pai â exËcuter ]eur otage.' Le 21 dêcembre, Ies Allemands continuèrent Ieur ac- iion en brûIant le quartier des Joss. Le 221 Hickory fut de nouveau Ia cible des Allemands, le quartier fut soumis â un bombardement. King EelI eÈ ses hommes prirent palt à cÊS ôc- tions punltives.et profltèrent de ltoccasion pour sr.adonner 1 au pillage.- CommeconsÉquence immêdlate de cette intervention arm'ee, la Cour OtEquitË fut supprimêe le 28 dêcembre par le capitai- ne Bendemann,commandant du rr0lgan.4 L"s Anglais protestê- rent en srappuyant sur la dêcision du Dr. Nachtigal de Iais- ser subsister cette institution sous la prêsidence drun al- Iemandi5cette protestation fut êvidemmentvaine, puisque Ies

1 R"r."y : op. cit. p.178. 2 A"d"n"", s. : op, ctt. p.32-36. 3 Euchner, l,i: Aurora ColonlaIls, p.1g4. t Ibid. p.2oo. 5 R"r."y : op. cit. p.1??i Buchnerrfil.: Aurora Colonialis, p.?6-?7. -96-

Allemands, après avolr accusê les Anglais d.incitation â lâ rêvolte, ne voulaient pas lalsser passea cette occaslon ines- pérêe de supprimer cetta institution, t'emoln de lrlnfluencc snglaise. Combien de victlmes y eut-il â la ftn de cette cture iê- pression ? guchner ne nous donne qulun bllan partiel qulil faut drailleurs qualifier de parèiaI. Il ne signale Éue les pertes subies par les colonisateurs. Selon Buchner, ces en- gagements ne firent que trois ou quatre blessês donû un de- vait sucomber plus tarOl Ou côtÉ camerounaLsce fut le si- lence, mais sans doute un silence qui en dit long puisque Jaeck dit que draprès le rapport militaire, il y eut 25 rnorts parmi Ies autochtones, mals que ce chiffre devalt être certainement plus ËlevÉ.2 wlaintenant que les Duala avaient eu une tdêe de ce que devait être. Ia trprotectionrr allemande; il fallait peu à peu rétaOlir. lrordre public pour que le comnerce puisse continuer. Les diffêrents opposants furent appelÉs â rendre des comptes3 llanga Akruaeui srêtait montrê particulièrer,rent insatisfait rrdashrr de son et avait menacêking Akua, fut bastonnÉ et dê- portê au Togo.3 Lock Priso ct ses gens qui avaient désertÊ Hickory èt srêtaient rêfu9iês â Irint'erieuD, manifest,èrent leur intention de rentrer â Douala; le iB janvier lSS5r Suctr- ner alla les checher en pays abo,A Lock Priso fut maintenu prisonnièr â bord du trOlgart, Ies gens de Hickory ét de Joss durent signer un traitê de paix dans lequel ils reconnais- saient ltautorit'e des colonisateursi.Ainsi, king Bell ne sortit pas particul.ièrement grandi de ces Êvênements, les vaincus ne furent pas placês sous èon autoritË. Llordre colonial venalt de commencerpar une dêmonstra- tion de la puissance militaire, Ramsayêcrit : rrDie Kameru-

l Euchner , lvl. i. Aurora Colonlalls, p.1901 Ramsay:op.cit.p.l?6 ZJaeckrH.p.: op.cit. p.?5. 3 Buchner , f,l, : op. cit. p.2u93 ANC, FAlr/3?I F.25. 4 Buchner, 14..3op. clt. p.J13. 5rbtd. p.zz?. - 9?-

ner (OuaIa) hatten zum ersten MaI die nacht Deutschlands... zu spiJren bekommenund zular so nachdrûcklich, daB sie Auf- standsgelûste nicht rrrieder gehabt haben.trl Cette volonté de r'cduire toute opposition au rêgime colonial par la force sera Ë- rigêepeu à peu en principe. Le jugement de uilhelm Schlatter, historien de la 0lission de Bâle, sur ces 6vÊnementsdrama- tiques est significatif des rapports qui allaient exister en- tre Ia mission et le pouvoir coloniali Allerdings zog die neue Schutzmacht zunâchst nlcht r,rle ein Friedensengel, sondern als ein verheerendes Unrrretter ... Der Schreckenuar heiLsam oer B! brach Eresche fûr .0rdnung, Hecht und Gesetz...2) La puissance coloniale voulait sraffirner dès Ie OÉUut; â cela venait slajouter le fait que les dirigeants duala nl arrivaient. pas à srentendre sur un partage.'equitable du ttdashrl. Par ailleurs il importe de souligner que Irinterven- tion eut lieu entre autres pour soutenir un chef particulie'- ment bien disposê â collaborer avec le pouvoir colonial, en occurrence king 8eIl"

2.3.2" De 1884 C 1891 : lroccupatlon prooressive de Itar- rière-pays.

2.3.2.1. De lrutilisatlon des misslonnaireso

Ltobjectif de la polltique coloniale allemande nrêtait pas de soumettre les peuples êtrangers afin de 1es. êvangéliser la motivation religieuse se trouvait plus à Irarrière-pIan; t mais nroublions pas que dans Ie cas prËsent un hommedtêglise comne Ie pasteur Friedrich Fabri Joua un rôIe três important , dans la mobilisation de lropinion allemande pour Irentreprise coloniale. Fabrù qui prËsidait la rrConf'erence de Brêmett de ma! 1884 rêunissant les sociËtËs missionnaires allemandes, mit

1 R"r="y, op" cito p.1?g. 2 Schl.atter, td. : Dle Geschlchte der Basler trlission, Basel 1916, vbl.. 3, p. 215. -98-

rraccent sur lrrnterdêpendancE devant exister entae la ,rssion et le pouvoir colonial.l Ainsi le pouvoir colonial dcvait des cr,cer conditions politiques stables pour que les activit6s rnts_ sionnalres se dêroulent sans problème; Fabri Ituie nontra Ëçalementr bei unkurtivierten uôrkern die Fiission schon Etappe und vorarbeit fûr die Kolonisation (...) ger,ressensei,,2. il allait donc se nettre au service du pouvoir "i""ion en lraidant â srimplanter "ofo.ri"fr.JecI dans les rê9ions de lrintÉrleur. Un an après le dêbut de Ia colonisation .ffer.nOJ, Fabsi convoqua une autre confêrence â grême le 25 octobre lggs; il y fut surtout question de ra position de ra missron pouvoir vis_à_vis du colonial, Un participant rêsuma ainsl le rêsultat des discussions: rSle (die Hission) rrrùrdeaber gern ihr geuâhrten fijr cren Schutz mit ihrem moralischen Einflu0 und ihrer Sachkenntnis der Kolonialen fiachf freirrrillig Gegendienste lels- tentrS. Cependant tous participants les ne partagealent pas cette collusion de la mission et de lradministratioô colonia- le;,EugenlReicheI, chef de rrBrûdergemeinder la sly opposa catêgoriquement: lJas uill man h,ohl von._uns ? Ich mer zrei (taeS; rrKoloni"ipofiti="f,enf inde die Antrrrort in Num- der Korrespondenzrr. f,Jachdem-r"i"da zuerst nacnqeri"="i-JJ, nichr r,i-I"i, Ji;. 1:-B;,8ïuËillË'o::o":j:.^;:rr::î"" i.e, . :^i:l,yiir senéieC-;j ;;;;;;Ë; ,. machen,uie das nerrlsche lrlesen.desurei0en x"ràÀiàrist.n-ar.',ie;i;"Ë;" so ti;i .;-;;;Ji.',"n, 9i;t:l:1":""t:.,1:":::I'in ersreDnéine hei0r es u,eirer: zur È"iûri""s'â;"-:;;',Ârffi"';:'riiI"';;;;"... ;:.i:i:; iit-i"" Er isr Ei::nî::^,.1_o:::r:lI athien cr+ r

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UT r o o,f "UBS gesellscha n unsereS e l..rss ions- Vater landes gerlchtet,

1 o"hl""' rrlilhelm- :-Geschichte-i.-à;-;.-;;. der deutschen evangelrschen lllssion, Badén-Baden1 gsi, 2 tulo. p. 16. 3 rbid. pc 1?. -99-

ihre Tâtigkeit und ihre Schrltte nach denjenigen Stâtten zu lenken, uo nunmehr die deutsche FIâ99e am Strande r,reht ...rt Oas hei0t mit anderen l/orten docI nichts rrleiter als : Oia t',issiona!e s!.!Ien den Kolonisten die Kastan

Les colonisateurs savaient parfaitement quravec Ies métho- des de pén'etration pacifique des mlssionnaires, le terrain Était beaucoup mieux prÉparÉ pour Ieur installation. Lors de la conflence de BrÊmede 1885, on débattit le souhait de ljoer- mann et du gouveur vo Soden de voir une sociêtê missionnaire commencerdes activitËs au Cameroun. La proposition fut faite à la soci'etê oe la l;tission de BâIe qui se d6clara prête à s, en- gager dans ces activitês au Cameroun.2L" souhait de ces deux porte-parole de lradministration et de Itexploitation êconomi_ que ne pouvait srexpliquer que par le profi_t qurils comptaient tirer de la présence des missionnaires dans-la colonie. Il fallait remplacer les missionnaires baptisdês anglais dont lrinfluence Était 5u9êe mauvaise sur les Ca.merôunais.Drautre part, la suprématie allemande ne srêtendait. qurà la frange ct_ tie're, iI fallait surmonter la m'efianceet lrhostilitÉ des peuples de lrarrière-pays en usant de lrinfiuence des mission- naires qui se seraient, instaIJ,ês parmi eux, surtout que ces missionnaires nl'etaient pas directement intéressôs âu com,opr- ce dont certains peuples commeles Bakoko et les f,îalimbadê- tenaient le monoporequtirs ne voulaient en-aucun cas perore. Nous savons par le missionnaire Authenrieth,que tridêe de fon_ der une mission â BaIi lui fut sugg'erégpar Ie Dr. Zingraff aprês une expÉdition dans la rÊgion3. (Lrexpêoition du 0r. Zin- était soutenue entre autres par t-.graff la maison Jantzen et

1 citê draprès Rudi Kaeselitz : Untersuchungen ûber die RoIler der christlichen l,lissionen in Kamerunuàhrend der deut- schen KoloniaLherrschaf t (teaa-t914), Berlin 1965, pp. 30-311 soul ignê dans I I or iginal de lleichel.

-t 0ehler, ldilhelm, op. clt. Fo 18" 3 _ Arth"nrieth, F. : Im Baliland, Basel 190J, p. g-10; cf. 0ehler, lJ. op. cit. p. il5; Rudin, H.: Germans'in the Came- roons,1884-1914, London1938, p. ei. -1 00-

Thormâhlen.) Les commerçants dans lrensenble prrefreraient sui- vre les traces des rnissionnaires car lls savaient quel rôle ces dernlers pouvaient jouer dans la rêalisation de leurs ob- jectifs. ly'oermannaida parexemple les missionnaires catholi_ ques â srinstaller â eOÉa(tASO1, car il y avait une station commerciale et son espoir Était Ae voir les missionnaires aL_ der â renforcer lrinfluence allemande en habltuant la popula_ tion locale â Irhomme blanc et au conmerce.l H.""y fluclin Écrlt .âcesujet: , The Cameroo"::l:?9119^trader, - Adolf Lloerrnann,opposed military expeditions that uo;ld arouse ne prefered nativé noltirity; a_more cautious ond ,o." graduel suggested policy. xe in the. middle nineties that used missionnaries be in this rrrork : their p""i"rrr ,.th;;;-;;;-iiài" commercial non- qoals.r,rould breàk dohrnany animosiiy-aiainst the urhite man.2) Ce rôle de la mission dans la consolidation. du systême co- lonial fut mis en relief par le gouverneur v. Soden. Dans son du 30 juiltet 18g6 au chancelier tr€:port Bismarck, iI se dit con_ .vaincu que dans chaque virrage ir faudrait ,n orrr"r", ur"" 30 â 40 soldats, mais que prêsence la drun misslonnaire ou drun maitre auprès drun chef pourrait â elle seule remplâcer une armÉe' ce.missionnaire ou ce mdltre pourrait en intervenant de façon É,rès adroite, rendre un service inestimable et Étouf_ fer dans itoeuf maint mêcontentement : bJie ich schon fr.ûher hervorgehoben jedem habe, kônnta ein bel grô0eren Hâuprri"s =iàii.iir"t"i-rr;irrï"À"r-r"o Lehrer in por_izeilictrer-aàzietrJng ourctr taktvorres greifen viel Ein- Gutes stiften, rn"Àff,"n Unfrleden im Keiare

1 Rrdin, H. g?; op. cit. p. Kaeselitz, R. opo cit. p. gg. nyo:"r op.9it. p. 90. ceci nrerrrpôcha commerçants-^--1 f. pas quc res virent plus.tard dans les misstonnairo"l-I"iLou. les protestants de.lî-l:::i:l-J"-oâi", Ieurs concurienrs, qur accusèrent de se consacrer.beaucogp ils pius â l.an.nonqurâ Dicu. cet antagonisme peut ôtre rirust;à'p5; la plainte de la char.,r bre de commercedo Douala qu,àffo travailler ;" pour le.compte de"ontru-r,3I|â la fiimÉ ";.;;"i; ANc'FAll38, it',e"i"e!nn"ii"à"r comrerclale de la 1t5sien Fl 3ll5: Hriuptrinô"-isôà,/rsro -1 01-

erstickcn und so ein Heer von poltr"iOi.nurn aufrrlieien. Die uaptistenmission ist dicser Aufgabe i;-k"i;;;-ùeise qeù,achsen... Von deutscher f,lission ist, aber unglûckli_.r. chcrrueisc ueit und breit nichts zu verspû";n. ii- Lorsque les missionnaires allemands srinstallêrent au Ca_ merounr ils ne manquêrent pas dragir selon'les idêes de v. so- den, même slils ne remplacèrent pas â eux seuls les troupes. Lraction du missionnaire Ernst (fltission de BâIe) auprês ou chef Bali fut 9ênêralement jugêe positiver'elle allait dans le sens de Itexploitation coloniale? Lr influence du missionnai- re Gôhring, toujours de la l'tission de BâIe; sur Irattitude fa- vorable du roi Bamum pourralt êgalement ètie citée.,en exemple3. Les missionnaires servirent souvent de mrediateurs entre le pouvoir colonial et les chefs ou les populations refusant lrautoritê coloniale. Ils srefforcèrent de tles amener à signei, des tttrait'es paixr de et â se soumettre4. Rudi Kaeselitz nous rapporte dcux cas orj ra môdiation des missionnaires conduisit â la soumission des chefs: ttBei .dem unbeugsamen Charakter Oer Aatoto hielt ich es iûr notrrrendigr_ihÂen durch die f,tission UetanntzuleU"r, à"0 von einem . Ende des l(rieges nicht eher die ReJe sein kônne, als bis sich auf Gnade rlnd unenaoe'JËm G;r;;;;";; ersebeno,, 0ie t'iissionare ûbermitterten verschiedênen gatoko-nlupt- lingen die t'ritteilung lrlehlans und ûberredeten sie, sich dem 6ouve!neur zu untertrerfen. 5) L!officier v. Danenberg dans sa lutte càntre les résistants 3oulou eut aussi recours â la mêdiation.des.missionnaires pres-

1 v. soden citË-par Rudi Kaeserlrtz : untersuchunqen iiber die Rolle der christlichen 'deutschen. t,tissionen-i"-fà","f"r-r;;;;;;-o", Kolonialherrschaft ig94-1914, Berlin 1965r-p" f fZ, 2 o"hl"", Y. op. lit:.p.116; cf. Rein-ùluhrmann:Njoya., in: , Oer ly'andererr Basel, Zûrich 1949, p.i?-31. 3 nartin, H.: op. cit. p.32-33.

1 Schlatter, rrl" : op"cit. p.281; oehlerl bJu:op.cit. p,116, q it7f . ^.1.1(""."f -!: : Kolonialeroberung und uiderstanciskamp.i. i.n sûdkamerun ( 1884-1 90? ) , in: Stoeckei , Kamerun Il , p.ZZ. -1 02-

bytêriens travaillant sur la placo : So berichtete er im Februar 1900, da0 es ihn durch die Vermittlung der lvlissionare tdilliarn C. Johnston und Si- las F. Johnson gelungen sei mit vier guluhâuptlinqen... rrFriedensverhandlungenrr zu fûhren. I ) Dans Irensemble de leurs activitÉs, les misslonnaires de de toutes les congrégations constltuêrent un facteur stablli- sateur du système coroniar; lls furenl -parfois incoriscien- nent - les collaborateurs du secteur Ëconomlqueet adninis_ tratifr sans oubller qur ils contribuaient à rraliênarÈion oes colonisés, ce qui nrÉtait pas moins indispensable au systême coronial. ce rôre stabirisateur fut drairreurs confirnÉ par Ie gouverneur Seitz qui Ie Jugea de três grande importance: 0lan uird begreifen, (OaO),Oas ganze innere Leben der tlngebolenen ins ùJanken kam.. Und uas sollte an die Stel- Ie der versinkenden ùJelt treten ? Etrrra eine moderne lrlo_ ralphilosophie...? 0a rrrardoch die iteligion, Ji"-Cr,.i"- tus einst den Handu,erkern und Fischern àuè ôaliliia ce_ predigt hatte, besser. Ja, sie uar und ist noir,renctif, uenn uiD die Eingeborenen der rrlestlichen KuItur nâhéi bringen uollen... Z)

2.3.2-2. La consolidatlon du pouvoir colonlal chez les Ouata.

'etê Lrordre avait sêrieusement êOranIê par les ÉvÉnements de décembre 1884 dans Ia communautÉdualao Il est vrai que lrintervention brutale de lramlral Knorr Étalt de nature â terroriser Ies habitants et Ies ameneEà se soumettre sans plus songer â remettre en cause lrautoritË coloniale. Cepen- dant, cette lnterventlon à elle seule ne sauralt suffiri il fallalt prendre des mesures amenant ce peuple ou plutôt ses chefs à collaborer petit â petit évec le nouveau système. La segmentation qui avait eu lieu dans lrethnie duala jusqurâ ltarrivêe de lrère coloniale ne semblait en aucuri j

t' Kaeselitz, . R.: KolonialerobeEUng, p.J2. l,totons que la mrssron, et c,ans ce cas la tïlission de BâIc ne joua Fas sr.uJG- ment un rôIe dans la consolidation ou syitêre Ëoio"iufr'-"ff" srefforça aussi de d'efendre Ies droits de la population co- Ionis'ee â la terre. Voir leur rôIe dans Ia commission fonçiè- re crêÉe en 1902 pour que les Bakrrleri aient plus de terre. -a Seitzr Th. ! Vom Aufstieg und Niederbruch II, p.86. -1 03;

cas favoriser les n'egociatlons avec cê groupe.ethnique. Le pouvoir colonial allait-iI chercher â rêaliser lrr:nit'e des Duala, ce qui Iui permettrait drimposer plus facilement ses propres options ? LrunitÉ du groupe duala reprêsentàit-eIle des avantages pour les colonisateurs ? : ' En tout cas le gouverneur v. Soden, dês son arrivÉe au Camerounsongea â faire quelque chose en ce sens.0ês le l? juillet 1885, iI prêsida une rêunion â laquelIe prirent part v. Puttkamer en tant que rédacteur du procès-verbal et 14 chefs duala venant des diffêrents quartiers. Il y fut dêcidË Qurune importante palabre aurait lieu â NoËl et qurau cours de cette palabre lrunion de tous les chefs de Kamerun(Douala) serait rêalisêe : .rrZutrJeihnachten rrlird ein'9ro0es palaver ab- gehalten, um die Vereinigung sârntlicher Kamerun-HâuptIinge abzuschlie0en.trl Ce projet illustre sans doute le soucl du pouvoir colonial dratteindre le plus de gens possible par ll intermêdiaire drun seul chef, autrement dit, Ie gouverneur semblait chercher â atteindre un certain dè9ré dtnomogên'eitÉ chez les Duala. ' Il importe de se demandercomment allait se r6aliser cet- te unitê duala, au cas où eIIe aurait eu }leu ? Sous Irêgide de king Bell Ie favori des Allemands ? Tout drabord 1es sour- ces ne nous rêvêlent pas si cette importante palabre prévue pour lloËI eut lieu. Le projet de faire lrunitê des Ouala sur Ia base drun consensus, ctest-à-dire en laissant la possibi- lité aux chefs de se prononcer sur la personnalitê, de leur souverain, semble être restê au stade de lridÉe. Nous savons que la segmenLation de Irethnie duala ne fu! pas surmontêe par le pouvoir colonial; il nry trouvait certainement pas son int'erêt. Tout tend plutôt â prouver quravec les Duala le co- lonisateur mit en application le principe consistant â Oivi- ser pour mieux régner, cecl en favorisant de façon ostenta-

1 Al,tc, FA1/3?, F.3-?, procès-verbal du 1?.?.ig8s. -1 04-

toire king Bell et r"nfo.ç"nt ainsr la,nËrnrrt"nt" entre res deux hommes.Selon Alfred gell, le neveu du king Bellr 16 di_ vision des Ouala Était une situation qui ne profitait qgrsu systême colonial, et, crgtait pour cette raison que le gouver_ neur ne nramenait pas king gell et king Akua â srenÈendre.l Il est vDal qutune lnitiative aurait pu venir des 0uara eux- mâmes"Plus tard, la chefferie supËrleure duala fut:iccorO,ee â la famille Bell par le colonisateur;, cet octroi Était plu_ tôt par JustifiÊ le dÉvouementde celle_ci au systàrÈ colo_ nial qus par une quelconque reconnal.ssance de l,rensernble ctu peuple dr.rala.2 Ou côtê des Akura, une actlon fut entreprise qu1 devalt contribuer a*èonso.llretlrautoritê coloniale. Le lg nârs 1886, une circulaire du gouverÀeur .suspendait la peine flr exil prononcÉe contre flanga Alçû,s,le frère de king Akua, a- près la répression sanglante du mois de dÉcembre igg4. Cette suspension peine de srexpriquerait par le dêsir du.pouvoir colonial,de ne pas sraliÉner Ies Akura,ceci drautant plus quren l886, Jar;vier king Akua, le chef l4ukuri et le sêcrêtai_ te des Ouala avaient prêsent6 une requÊte visant à obtenir Ie pardon du gouverneur pour filanga Akrrra.SL" f"ur,rr du gou- uernèrr ne fut en qurune fait manoeuvre habile pour sratta- cher les.services drun chef. En effet, la libêrâtion da Êran_ ga Akr,raËtait liÉe â une condition expresse : il devait sr engager â devenlr lrinstrument du systêmE colonial et â le

t, aNc, FA1/3?r ïraductlon drune 8el1^_.. (Bremerhaven) l.g?-61, Iettre d,Alfred â ruoumoéEyunJi fÀLr", du 26.9.1gsg. Voi".Ie portrait ^-2 de king BeII par l.lax Buchner : Kânerun, p.8?; cf. tlalbino. p.,: f,tan9: É:ffr-i"; Sterr,-vor, ÀFirro"i'ôrr,/rS, p.99-100; seitz,fÉ. : vo. A;fsrieô'u;J-r,rirJ"furil'n,i-,p.iÈ; Nous retrouvons une autre idée dans le sens des 0uala en de lruniÈ,e l9l!rlorsqurif frt-qu.silon"ifàni Oe lrexpropriation des terres. t' idéé vcnaiÈ oe ouaia-iàiq. nèrent à-qri-î!r-ôr"î"'o""- les pleins oouvoirs po,rr -air-o6rrà"i"-a-i;rliirË"i"- tionrcf . ANc, FA4rl45/,,un[ei"rch;;;'9;9"n r.,pundoAktarFot t-zz. -1 ANC, FA1/3?, F.25. -1 05-

soutenir de façon inconditionnelle : €r (manga Aku,a, G.) verspricht feierllch, die bestehen- den Gesetze unverbrûchlich zu halten, jeden Versuch zu irgeng urelcher Auflehnung gegen die l(êiserllche flegie- rung nicht nur sebst zu unterlassen, sondern auch Àach besten Kràften unterdrijcken zu helfen...1 ) Contre cct engagement, l.ianga Akua pouvait de nouveau repren- dre ses droits et ses biens à Oouala. Le gouvernaeur v. Soden ne resta pas les bras croisês fa- ce aux tlell. Le ? novembre 1888, iI informait Le chancelier Eismarck du bannissement de trtanga BelI, le .f ils de king BeIl. 'etait II lui reprochË dravoir une mauvaise'inflr".r.r sur son pêre, de pousser Ies autoohtones contre Ie gouvernement et ses institutions et de dôsobêir aux ordres.du gouverneur.2 rrlrordre 'geIl 0ans Ir intêrêt de publictt3, lrianga devait être Étoi9nê de la colonie pour un t,emps indêterminé. Cette dêcislon du gouverneur fut confirmêe le I janvier 1889 par Ie mlnistê- re des Affaires Etrangères, et entretemps t'langa BelI se trou- vait O'e3â â XIein-Popo au Togo. La déportat-ion de lrianga Bell eut sur les Ouala en gênÉral un effet que v. Soden jugea posi-, tif, puiseue Ie 11 avril 188g, iI songeait dÉjâ â son êventuel !etour.4 V. Sod"n êtait Oravis que depùis la déportatlon de Franga Bell, king BeII et Ies autres chefs duala srêtaient com- portês de façon relativement lrrÉprochable.'En effet iI se clêclarait prêt â faire revenir trrangaBelI dL Togo; à certai- nes conditions bien sûr. King BeIl devait srengager â têmoi- gner vis-â-vis du gouvernement dlun Ioyalisme absolu ! notons que Ie 4 novembre 1888 et le 19 f'evrier 1889, deux plaintes êtaient parvenues au ministère des affaires êtrangères à Ber-

I nruc,rn17s 7 , F.21 . ' 2nrucrFA1/3?, F.65-66. Lettre du gouverneur au chancelier du ?.'l1 .1888. 3 Ibid. 4 ANc, FAl/3?, F"121-123. Lettle du gouverneurau chance- I ier du. 11 .4.1 989. -106-

lin â son norrl qui devait le rcncjrc plus ou moins "" suspcct aux yeux gell de v.Soden. Si king srengageait, donc â se d,e_ vou€r au pouvoir colonlal, son firs pourrait rentrer àu dê- buÈ de llann'ee 1Bg0 au Cameroun. v. Soden nrhôslta donc pas â appliquer la politique de Ia carotte et du bâton. Les conditions riËes au retour de r.iangagelr devarent dÉ- sormais faire de lui unpollaboraÈeur sans faille. Les'derx premières par exemple lui demandaient de srinstaller dans sonterritoire, dty maintenir ltordre et la paix, de loutenir son pêre de toutes ses forces, drexêcuter les orctres du gou_ verneur tout en cherchant â obtenir Le mêmer6sultat de ses sujets et de livrer â-Irautoritê allemande tous ceux qul ne se sounettraient pas;2 crêtaient lâ Oes conditions vitales pour le pouvoir colonial. En plus, une autre condition fut, posée dans rtint'erêt des firmes comnerciares. En effetr rian- ga Bell et son pôre devaient s.engager à sracquitter de leurs dettes vis-â-vis de ces firrnes. Lorsque ilanga gell .arriva au Lameroun janvier Ie 19 1990, lui et Son pêre signêrent le procês-verbal contenant Èoutes ces conditio.,r.3 Lradminist,ra- tion coloniale pouvait dêsormais compter sur eux. fvlalsavant cela, v. Soden en'etait arrlvË en tggg ô con_ sidÉrer comme. une êventualit,e la destitution de klng BelI. Ceci deva.it être mis en rapport avec la lutte qûe menait Ie pouvoir colonial, pour'anÊantir le monopole du comnerce in_ termÉdiaire dêtenu par res Duala et les autres eÈhnies de la côte. Le 22 avril 1gg9, v. Sodenécrivalt au chancelier: trBereits gericht in meinem ... habe ich der Entthronung der Dynastle Eell als einer ln Errrrâgungzu ziehenden Thatsache Eruâhnung gethantr.4

1 ANC, FAlrl3?, F.78, 79, king Bell nlalt en être IrauteuE. 2 ANC, FAlrl3?, F.12'l-12f,. 3 ANC, FAl/3?, F.152-153, Procès-verbal du 19.1.1g90. ANC, FA1/37, F .88- 91. -10?-

'etait King Bell ainsi considêrÊ un obstacle â Ia "orr" rËalisation drun des objeetiis prlncipaux du systêmecoloniar, â savoir lrexpansion commerciale. King tselli commetous les auLres chefs duala, tiraient Ies fruits de son existence es- sentiellement de ce monopole commercial. Nous nous demanctons si IridÊe de la destitution de king gell venait de v. Soden ou si elle Iui fut suggér'eepar les commerçantê. Toujours est_ il qr" ceux qui plaidaient pour cette éventualitÊ, prËvoyaient des conséquences favorabres tout aussi bien pour le commerce que europêen pour Ie changementsoclal en général.1 gn oêfi_ nitive, v. Soden sropposa â une dest,itution" qui, selon lul, eut constitu'e une sorution â courte vue. Ir nj.Était pas coo- vaincu des suites favorables qurapporterail ra destitution de king BelI. II pensait mÊmeque çtauraiÈ Été une erreur de procêder de cette façon; Ëtant donnÉ que lal:dignitê de chef ne reposait pas uniquement sur Irappartenance à une famillee sur lrattachement â une coutume historiquer-mais aussl et surtout sur la soivabilit'e I autrement dit, le chef se l69iti_ nait aussi par son pouvoir êconomique.2 Et selon v. Soden, tel Était le cas chez les Duala : Eine fôrmliche Absetzung des ItKing Belisrr r,rûrdeaLso hôchstens auf seine tseziehungen... von EInfIu0 sein, nicht aber auf sein Verhâltnig zu den ëiqenen Leuten und den verhâltni0mâ0ig groBen Kreisen (Jer) Eingebo_ renen, die mehr oder minder von ihm in kommerzieiler und finanzieller Abhânqigkeit leben. 3) Pour le gouverneur, la solution adêquate consistait â a_ menager une plantation et â installer une factorerié dans le l,''ungopar exemple. Ret,irer à t

1 ANC, FAl/37, F.88. 2 Al:C, FA1/ 37, F . 8g- 91. l Ibid. -1 08-

pris qurils firent t,ouLpour sapcr lrinfluence des chcfs dua- .l'a en leur enrevant Ieur puissance Ëconomique. tl suffrsart de leur enlever leur monopole du commerceinLerm6dlalre gour Ies r'eduire â la pauvret'e et pour f aire d I eux des autor itÉs vid'ees drune importante partie de leur substance. Lrêvolu_ tion Économique allait met,tre tous les atouts Ou côtË du pou- voir colonial; la d6sintêgration du gDoupeethnique fâisait que seule Irautorltê coloniale devatt pr,evalolr.

2.3.2 .3 . Les expêditions de Irechelchesn.

Les exp'editlons nrecherchesr de relevaient avant tout cle la stratégie êconomique et poli.tique du pouvoir colonial. Les connaissances du colon sur le territoire se limitaient â cet_ Ies que Ies explorateurs et autres voyageurs avaient laissËes;. en dlautres termes, Itint'erieur du pays lut êtatt mal connu. Le souci des administrateurs coloniaux sur place et des responsables au ministêre des affaires êtrangêres Êtalt Oe procâder -â la reconnaissance de lr intêrieur, afin dry instat_ ler une administration qui serait Ie prÉalable drune exploi_ tation êconomique.l Les mirieux êconomiques et en particurier les commerçants êtaient três intËressês par rrouverture de Itintêrieur, car cela signifiait pour eux une extension des act iv itês.

Crest ainsi que toutes ces expêditions furent flnancêes par le gouvernement impêrial â Berlin; elles eurent aussi â bËôâficier du soutien de Iradministration coloniale et des flrmes installêês au Cameroun. Le Dr. Zingraff pat exemple eut le soutien de Ia maison de commerceJantzen & Thormâh_ lenr tandis quc curt r4orgenavait celui de ls flrme r,Joer- mann et Jantzen & ThormàhIen.2

1 S"it.; Tho 3 VomAufstieg und Niedorbruch, vol.t, p.J9. 2 Zingraff,. E. :-gt. :ii. ; Horgen ,c. : op. cit. --p,11?3 Rarnsay: op. cit. p.lBg; RudinrH.:6p. éit. p.bi-gs.- -'t 0 9-

Lrobjectif principal des expêditions consistait en lrou- verture de voies commerciales reliant lrintrerieur â la côte. I'lais comme les populations de la côte veillaient jalouse- nent à Ia protection de leur monopole du commerce intermê_ diaire, la rôalisation de cet objectif ne sren trouvait pas faéiIitêe. La volontê des commerçants europêens de briser ce monopole qui contribuait â la rêduction de leur marge de bênéfices se traduisit par leur soutien aux expêditions ctont le caractêre êconomique Ëtatt indêniabre. Lrouverture de voies commerciales devait être doubl,ee dtune fonlation de postes et drune instalration de fact,oreries comme-re prËconisait re gouverneur v. Soden.l LrexpÉdition du capitaine Kund et du sôus_lieutenant Tap_ penbeck dêbuta le ? novembre 1gg?. II partirent de Grand-Ba_ tanga au sud de Ia côte, accompagnÉs de l2p porteurs en par_ tie armés, se frayêrent une voie â travers la forêt pour at- teindre le cours supêrieur du Nyong et de la Sanaga.z Au re- tour, iIs voulurent Êtablir une liaison enÈre Irintêrieur et Douala mais trouvèrent Itopposltion farouche des Bakoko qui Ieur infligèrent une sêvêre d,efaite; Kund et Tappenbeck furent drailleurs blessËs. A partir de Kribi, une seconde expredition fut lanc'ee Le janvier 2 1889; y prirent part Kund, Tappenbeck, ldeissenborn et Hôrhold. Cette fois-ci le nombre de porteurs avait plus que doublê, puisquril y en avait 2g0. peu aprês le d6part de Itexpédition, ,etait ly'eissenborn qui tombé malade dqt être ranen'e à la côte par l.ltjrhold où iI succomba quelque temps !aprês. Le capitaine Kund tomba lui aussi rnalade, fut ramenÉ à XriUi et rentra en AtlE6sgne aprês sa gurerison. Tappenbeck

1 ANc, FA1/3?,F"Bg-91. p.2-6,6-22r. -^^ 1^TOt1888, 112-'t21;1889, p.61-65t 114t 200-201;cf. Ramsay: op. cit,. p.195. -110-

fonda yaoundÊ en mars 1BB9 le poste de et de lâ iI fit des voyages de reconnaissance qui le condulsirent chcr ilgila pays en rrrute3après son retour à la côte il nourut. Après la nort de trleissenborn, de Teppenbeck ot lo dÊ- part de Kund, il fallait quelqurun drautre pour prendre la direction de lrexp'edition. Erle fut alors confiÉe au rieu- tenant curt v. fvrorgenpar re ministêre des affaires Étran_ gêr"s.1 Il arriva â Yaoundéen novembre 1Bg9 avec le bota- niste Georg Zenker qui devalt prendre en main tradmiçistra_ tion du poste. Oe 1Bg9 à 1g91, [ttorgenentreprit deux sxp!- ditions en direction du pays uute et de lrAdamaoua. Il vou_ lait surtout dêtourner le commercequi se faisait dans cet_ te rêgton vers la côte pour que. les firmes européennes puis_ sent en profiter Tandis que Kund, Tappenbecket tqorgen chechaient à ouvrir Ia colonie par Ie sud, le 0r. Eugen Zingraff entreprenait la p'enÉtration par le nord. Zingraff avait eu ses premières ex- p'eriences.africaines en tant que menbre de lrexpédltion au _ trichiennê au Congo en lgf,a/g5.2 A son retour de cette expédition, il fut chargê par le gouvernement impÉrial de Ia rnlssion dreffectuer de petites expêditions de reconnaissance dans lrarriêre_pays du Uameroun. Il arriva â Oouala en Juin 1gg6 et fit au cours de cette an_ nEe et de celle qui altait suivre de petites expÉditions vers lrintÉrieur jusqurâ une distance de i25 km.3 Il dêbuta sa grande expêdition qui devait le conduire au Grasland en dêcembre 1gg?; en cours de route iI fonda le pos_ te de Barombi qul sllait devenir plus tard trJohann-Albrects_

1 Lte*pôdition fut relat,ee ttA en dôtaIls par llorgen dans son ouvrage, travets le Cameroundu suà au nordr.- 2 R"r""y : op. cIt. p.1g?. 5 Zingraff relata êgalenent nNord-Kamerunn.5 ses actlvlt6s dans son llvre cfe Rarisay :op.-.it.-p.taZ. -111-

, hôher1. Il arriva au pays ball en 1888 et fut amicalement re- çu pa! fon Galega. Pour donner satlsf.action â Galega et aussi pour des raisons stratêgiques, il fonda le poste de Baliburg au d'euut de Irannêe 1889. Ce ne fut quraprès cela quril put pou.rsuivre sa route vers le sud dd. lrAdamaoua;'iI ne reuint â Ia côte quren janvier i890. Après un sê3our en A|]smsgne où il exposa de nouvelux projets et propositions au ministère des affalres Étran9è- res, iI sréquipait Oê5â en septembre lB90 pour une autre gran- de expêdition dans le Grasland. A cette expÉditionsejsjofonit une colonne commerciale Ëquipêe par la firm'e Jantzen & Thor- mâhlen, ceci avec lraccord de lradministration coloniale. Cet- te expêdition avait pour but de nouer des rapports amicaux avec les chefs de Ia rÉgion et de dÉtournert Ie commercequl jusque-lâ Ëtait drainê vers la colonie anglaise du Nigeria, vers la côte camero.rnuise.2 Lrexpêdition rencontra une rÉsis- tance imprÉvue chez Ies Bafut et Bandengoul infligèrent beau- coup de pertes â la colonne de Tingraff.3Le changementSUrv€- nu entre-temps à la tête de lradministration coloniale au Ca- tnero,.rnnt allait pas avoir des suites f avorables pour Ies pro- Jets de Zingraff, du momentoù Ie nouveau gouverneur, Zimme- rer Était contre de telles expéditions qulr.selon luI, en1 gloutissaient inutilement des sommesênormei. Ces expêditions scientifico-êconomiques ne trouvaient sou- vent leur passagc qutau bout du fusil; par consÉquent lorsqu- on affirmait que cetLe mêthodeêtait pacifique, cela devrait être saisi de façon tout â fait relatiu".4 O", affrontements

1 Uu ,ror de-Johann Albrecht, Ouc de l,lecklembuEg, Pr6si- dent de Ia SociÊtË Coloniale Aliemande. Aujourdr hui la ville sl appelle Kumba. -) Zingraff, E.:op. clt. p.338. -1 Ibid. chapitre IX. 4 Zingraff pr6fôralt pas parce qurelle 'epargnait. cette nêthode non dcs vie hunraines, nl,r pour une quelconque raison philantnropique, mais tout simplement parce qureLle revena!t bon marchÉ au pouvoir colonial; op. cit. p.43. -1't2-

entre ces diff'erentes colonnes et les pop.rlotiorr" locales pourraient être'enumêrêes longuement. Les chefs drexpÊdl_ Èions srappuyaient en gËn,eral sur des porteurs eul, en cal de conflit, jouaient aussi le rôIe de soldats, cat ils ê- taient armês. Les expéditions nrêtaient ctonc pas sous la protection de soldats de mËtier; chaque porteur av6it en plus de sa charge un fusil avec J0 â 40 cartouches.l Le fait que des porteurs peu ou pas entraîn'es devenaient subitement des soldats, explique que Irissue de certaines batailles fût â lravantage populatlons des localesi la dÊroute de Zingraff face aux Eafut et Bandenget celle de Kund et ïappenbeck fâ_ ce aux Bakoko en sont lrlllustration.2 La prioritê donn,ee aux intêrêts Ëconomiqueseuropêens permettait de justifier des actions brutales contre des populations cherchant à gar_ der Ieur souverainetê ou â conserver leur rôle. drinterm,ediai- res commerciaux. pour briser ce monopole du commerceInter_ médialre chez les wlallmba, lylorgenenvisagea une solution ra_ dicale:' Un pareil peuple, qui lui-mêne ne produtt rien et qui ne fait-que-profiter de la force et du travail des au- tres, nra oê5â, tout compreiàii, tcnqc; erç"f.,.à.oif-alii"rir_ mais surtout, iI perd touè a rarÈ me ce droitsir corn_ dans ce cas, ra éeule' po""i"it" d;-;";-p;;;io'oiorit J'ramène â minei trensàmute-J"-iài."."" a-i"-ià"Iiy="", bloquant ainsi le dêveloppement-dupays.-Ji "i Lrère colonrale impriquait que les populatrons colonisÉes devaient se soumettre ou pêrir; leur existence mêmenravait plus dlimportance que dans la mesure où elles ,etaient au service des objectifs des colonisateurs. Dans le mêmeor_ dre dridêes, v. puttkamer dit plus tard c,esDuala qurils au- ralent Oû être exterminés lors de la ml,seen place du systê-

1 R"rr.y: op. cit. p.t90. 2 Rur""y, op. ci!. e:t85: ZingraffrE. 3 op. cit. p.JJ?: selon Ies pEopres estimations dc ZingraÉf- , ces pertes stêle- vaient â 1?4 morts dont 4 europ'eens. 5 trlorgen, c, : op. cito p.BBl souligné par nous. -113-

me colonial.l 0"n" cette êtape de la colonisation, mêmesl lrlnplantation par les armes ntËtalt pas êrigêe en principe, il nlen reste pas moins certain que dans pas mal de cas, le colonisateur ne rêussit â srimposer que par la violence. Cet- te.violence traduisait en outre lroppositiôn de certains chefs et de leurs populations qui nrêtaient pas prêts â perdre oes orivilêges Êconomiques ou qui voulaient tout simplement gar- der Ieur souveraineté.

Cependant, malgrê llexistence drune volontê de rêsistance, iI est clair que le rôle des chefs fut dêterminant pour Ia progresslon et voire même la r'eussite des expêoltions. Lors- qurils êtaient dÊcid'es â barrer la route aux êtrangers, ils leur créaient des difficult6s 6normes; nous Iravons vu. Mais sans leur collaborat,ion, voulue ou non, il te0t 6tê aifflcite sinon impossible aux expêditions dravancerj, car leurs chefs connaissaient mal le pays et la maJoritÊ des porteurs Étaient oes etrangers venant de Sierra Leone et du Llberia Les chefs rencontrËs contribuaient de trois façons es- sentielles â Itaboutissement des expêditions. Tout drabord, lbrsqurelles arrivaient dans un village, ct'etait au chef du village de se charger de leur hËbergement. II mettait â leur disposition des naisons pour passer la nuit,, se rreservant Ie plus souvent le droit. drhêberger les chefs brexpêditions, cl est-â-dire les blancs, dans sa propre concession. Le fait dl r'eta h'eberger des blancs n it pas sans se rêpercuter sur son image de marque, cela rehaussait en quelque sorte son presti- ge vis-â-vis de ses sujets et des chefs voisins. Ainsl le fFon 6alega de SaIi utitisait la prêsence de Zingraff chez Iui pour faire unc grosse impression sur Ies chefs du voisinaoe.z

I Puttkam_e1, -.._^' J.vs :.-Gouverneursjahre in Kamerun, gerlln 1912, p.51 :0ia l)uoIaItseien das fàulste, fâIschesÉe und nie- dertrâchtigste Gecindel rrrelches cJie Sonne bcschcint, und es u;rc Sicher arl bestcn getcsen, ucnn Sie bei Erobcrung des Lan- dcs in Jôhre 1684, ucnn niclrt ausgerottet, so rJoch aùBer Lan- dcc vcrttrachL uror(lcn uriirrirt.rl 2 Zit,r.;ratff,[-. : op" cit. p.199; cf. Authenrieth:Ins In- ncrl'oclrlilnd von l(anrcrun, Stuttgart,1913, p.23. -114-

Ensuite le chef veillait â lrapprovisionnement en vivres des membresde lrexp'edition; il donnait gênÊralenent des chè- vres ou des poulets aux chefs drexpêdition en signe drhospita- I'itêr il demandalt aussi à ses sujets de vcndre des produits aux porteurs; il devait être bien sûr rêcornpensÉpour son d,e- rangement. Ce geste en retour ne fut pas toujourE fait de bon coeur, certains chefs drexpêdition commeZingraff ne vlrent dans I.exigence des chefs.camerounaisque Ilexpression drune mendicitÉ innêe; iIs auraient ji"n.l voulu tout avoir pou" L"" services rendus aux expêditions nrêtaienL pas dËnuês drintÉrtts. La part ic ipat ion des chef s â la pên'etration se concr,etisa it surtout dans Ia mise à la disposition des exp,editions de gui- des connalssant parfaitement la..rêgion, et souvent nembres oe la famirre de ces chefs.2 Les colonisateurs utirisaicnt ainsi les rapports de voisinage existant entre les ethnies. ûes re- ladions nrêtaient pas toujours bonnes et iI nrÉtait pas rare de voir des chefs refuser de fournir cles guides parèe que la rÉgion à iraverser êtait sous le contrôle drun ennemi. Les chefs drexp'editlon utirisaient alors dlffêrentes mêthodes pour les obliger à trouver des guidesi tous les moyensÊtaient bons; Zingraff par exemple prit en otage les filles drun chef Jusqurà ce que les guides rui fussent fournis.J Lorsque deux cnefs oe Kribi refùsêrent de fournir des guides â trexpêdition Kund et Tappenbeck, ils furent arrêtês et gardÉs â bord du rCycIoptr.4 Slavent,urer dans une rÉ9ion sans guide pouvaiÈ Être fataI. Les chefs furent prêsents dans re processus de ra mise en place du système coronial; les premières rêsistances aux coro_ nisateurs furent indubitablement lroeuvre de certains drentre euxr le chef Tungo (Aatot

1 Zingraffr E. oF. cIt. p.42. 2 l'lo"grn, C. op. cit. p. S0l Zlngraf f r Eo oFo cit. p. 5. 3 Zingraff, E. op. cit. p.14?.

, ^4 .l(""""1it2, -R. : -KolonlaleDoberung und l/iderstandskampf in Siid-Kamerunr-in: Stoecker, Xàr"ru.-ff, p.-iÀ:- -115-

tion Kund et Tappenbeck qulll ne les avait , pas appelÉs dans 'ou aorl p"yal; dlautres par contre, contraints guidÉs par leurs intérâts personnelsrcontrlbuèrent â la rêussite des ex- pÉrJit ions. :

2.3.3 . Le oouvernement de v. put,tkamer ou la conquête svs_ t'ematiquede Irarrière-pavs.

a 2.3.3 .1 . Les expêditions militaires. :

si les différentes expêditions de rreclierchesrr permettaien! dratteidre 'eloignÉs des polnts assez â Irintêrieur du pays, il est évident qurerles ne rêussissaient pas â briser ra rêsis- tance des populations rocares. La force qur.erres repr6sentaient ne suffisait pas â assurer une implantatioî effective de rror- dre colonial. Les colonisateurs ressentaient de plus en pLus la nêcessit'e dtune troupe coroniare qui acc'erererait ra soumis- sion de lrarriêre-pays. Le prêlude de la foimation drune telle troupe fut sans doute ra proposition du Dr.iZingraff au Oépar- tement Cofonial drarmer les BaIi qui serviraient ainsi â la soumission du Grasland. La proposition fut agrêêe, ce qui per_ mit de remettre 2000 fusils aux gali en ao0t 1g912. Lrencadre_ ment de Ia troupe Bali (Balitruppe) fut confiêe au Lleutenant Franz Hutter. Il est vrai que cette entreprise êchoua Iorsque Zingraff se vit interdire t,outes activitËs dans la colonie â cause des divergences entre lui et le nouveau gouverneur Zimmerer. Il est vrai aussi que cette opêration eut presque lle contraire du résurtat escompté, car les Bari vendrrent ces armes â Ieurs voisins qui nrêtaient pas nécessairementIes a- , mis du pouvoir colonial, ce qui fait que certaines r,esistances poursuivies furent 9râce à ces armes; le pouvoir colonial ar_ pour ma ainsl dire certains opposants de la coronisation comme

I Ibid. p.18. 2 Zingraff, E. op" cit. p.194. -1 16-

Fontem (Oanlua)1. gn tout cas, lrop,erat,ionde Zlngraff aon"ti- tuait Ie dêbut drune pênêtration appuyÊe avan! tout sur leg forces armËes. Une troupe de police fut offlcielleraent autorlsÉe par Aer- lin en octobre 1g91. Flais OÊjâ avant cette date, le pouvoir colonial au Cameroun avalt trouvê le moyende constituer une troupe bon marchÉ. En effet, en avril 1g91, le capitaine v. Gravenreuth avait achetê 3?0 escraves au roi Behanzin du oaho- mey. Ainsi le pouvoir colonial prenalt part à la traite des esclaves que Ia rtmission clvilisatrice,, lui recomnandait cte réprimer. [Jnecinquantaine de ces ex-esclaves fornaient lros_ satute de la troupe qui alllait ouvrir lrintÉrieur de la colo_ nie â Itexploitation Ëconomiqu"2.c"" soldats et les autres 0ahoméensÉtaient par li,es un contrat qul stipulait qu,ils : travailleraient pendant 5 ans sans solde, mais seraient habil_ lÉs et nourris, étant donnê que le prix drachat, J20 tiark pour les hommeset 280 llark pour ,etait les f emmes, considôr,e corn_ me une avance de solde pour ceÈte pêriode3. Crest ceLte trou_ pe de porice (porizeitruppe) qui allait prus tard devenir la toupe coloniale (SchuÈztruppe) â Ia tête de laquelle fut pla_ cÉe v. Stetten. La cr'eation de cetÈe troupe marquait la volontÉ des colo_ nisateurs de soumettre Ies populat,ions canerounaises le plus rapidement possible par la force. La pênétration par Ies ex_ pÉditions de recherches avait un rythme trop lent, rythme quril fallait maintenant accÉlêrer3 lraccès aux richesses de Ia co- Lonie devait être rendu possible. Crest ainsi que dès 18g2, cette troupe fut engagêe contre les gakoko qui ne voulaient

n:r:iy, Die ___ ] Festsetzung der deutschen Herrschaft in t(a_ 2, in : Jahrbuch i.ib." Ji" o"rtschen Kolonien'rsrZ, il"i3ô.t"tt

A: polizeisoldaten, , Der Aufstand der in: -,.^-t Kamerun 3!9g", p. Stoe- 1k"Tr. Ir 105i Rarnsay,op. c:.to po lg5; la volonL,e de rutter contrà lresclàve Ét"li pi""tant cle La Conférence exprinôe dans lracte Anti_esclàv";iri;-;; aruxelles du Ruppel, 0ie 2.?. tB9o. Landesoesetzgebung-fûr oàs Scfrutzgebict Kamerun, Eerlin 1912, no. 6{i, p. i0i_1ô4. ooon1"lln3;;,3'03il rndrque iij;rl; ;:".,.3;l:"' quanrâ rui -11?-

en aucun 'evincËs cas être de leur rôle dr interm'ediaires; elle Était placôe sous les ordres de Ujehl.an.l Oetlgg2 â 1g94 cette troupe asscz rêduite devait mener des opêratrons de conquête conLre populatLons les rje LJarrière-pays imnrediat. A la fin de lrannêe 1Bg4 et au cjÉbut de lrannêe 1g95, v. Stetten er Dominik lancèrentr une expËdition contre les Bakrrreri (guea), pour venger entre autres la mort, de v. Gravenreuth, ture en 1gg1 par ces derniers.2 C". expêditions êtaient destin'ees à pr,epa- rer Ie terrain aux capitalistes allemanos. Le passage politique drune prudente â une politique de de conquête systêmatique devait confÉrer à la Èroupe coloniale une inportance consid'erabre- un changement â la.prus haute instance de lradministration venait de confirmer cette nouver.re orienta- tion. Jesco puttkamer v- qui avait d'ejâ servi au cameroun au temps du gouvernement v. Soden, et, qui Jusqùe tâ êtait commis- saire (Landeshauptmann) du Togo, venait en aott. lg95 prenore la relève de Zimmerer comme gouverneur. iette arrivÉe oe v. Puttkamer doit Être considôrée comme le tour'nant drune politi- que de conquête. Ramsay êcrit à ce propos: ' Sein Amtsantritt bedeutet einen vôIIigen Systemrrlechsel in der Verrrraltung des Schutzgebietes.-V. puttkamer hat die von rabr,rartenJ"; seinem Vorgânger einlenommene ir.f_ tung und Reserve aufgegeben; er ist getr.issermaBen zum Angriff-ûbergangen. ùoÀ nnfàn9-an ha€ er die erscniienung und Erforschung auch des ùinterùandes in j-à""-r,t"i=" zu fôrdeln gesucht. 3) La politique puttkamer de v. srorientait rÉsolument vers la satisfaction du secteur êconomique, une conquête.du pays Étant prêalable le sans lequel Ies colonisateurs ne pouvaient téaliser pleinement leurs objectifs drexploitation reconomiquè. Lrintervention puttkamer de v. consrstait â soutenir par tous

1 KaeseIitz , R. op. cit. p. 21. 2 Doninik, ll. ! Kanerun, BerIin 1901, p. 110; Hamsay,op. cit. p. l8?. S lrortoy, op. cit. p, 18?. -118-

les moyensle capltal investl dahs la cotonie.l Alnsi les actions mllitaires allaient-elles se poursuivre â un ryth_ me plus de en plus accêlÉrê. Notre propos nrest pas ict de clter toutes les expÊditions militaires ou punitlves qur il ordonna, mais tout simplement dren menLionner quelques unes et dren analyser les mêhtodeset les objectifs poursulvis. En 189?, v. Puttkamer effectuait une visite â yao'undË, le poste plus le avancê â Irintêrleur. Il se rendit avec Oo_ mlnik dans la rêgion de la Sanaga et tandis que Domihik at_ taquaient les lrJute, il se livralt â une partie de chasse.2 Il fallait soumettre violemment les ùlute et les contraindre â orienter le commercequi se pratiqualt dans Ieur territoire vers Yaoundê, ce que Morgen nr?vait pas rêussl â falre quel_ ques annêes plus tôt. Lrannêe lBgB allait voir les expêOitir:ns mllitaires se multiplier; â titre drexemples: la campagnede v. Kanptl con_ tre Ies BouIou, celle de 0ominik contre les Batschenga, celle de v. Stèin contre les Bane.3 La rÊsistance des cnefs qui a- vait entrairnê ces diverses actions constituait un prétexte l_ déa1 pour demander au dêpartement coronial à gerlln re renfor- cement de la troupe.4 En trlJute-Adamauar 1899, IIexpÉdition fut tancÉe; elte ê- tait sous les ordres cle v. Kampt,z,commandement de la troupe coloniale personne. en Ce fut une dêmonstration cie force de granc,e envergure, sans doute sans précêdent dans lrhistoire de la colonie. Quatre compagnies y prirent pôrto.Les lrute fu_ lent inexorablement, êcrasês.5 Le nouveau commandahbde la troupe colonialel Ie lleute- nant-colonel Pavel dirigea en 1901 une expêditlon 'etait dont Ie but dtouvrir une vole courte reliant le Sud-Adamaouaâ la

1 puttk"r"" s op. cit. p.104. t Ogl:nf!r. ^,. tt.. : KâDerun, Berlin 19o1, p.185; Ramsay:op. cit._p.188; puttkamer: op. cit. p.g6. 3 R"r..y : op. cit. p.1g9. 4 puttk"r"": op. cit.p.4ql Ransay: opo clto p.lgg. 5 oomlnik 3 opo cito p.Z60sq. -119-

-'-l:,:'c';t F.itssant par 8ali. Les populations Bafut et Bandeng, touc conrrneau cours de lrexpêdition de zrngraff querques an- plus n'ecs tô1, se dêfendirent courageusement.l Lrs expêdi- tions continuèrent tout au long de lradministration puttka- ner et même au-delâ. Les exp'editions punitlves (Strafexpe_ Oi[,ionen) êtaient lancêes â Ia moindre incartade des popula- tions rKamen colonis'ees, même si Dominlk dit : uirklich ûber_ griffe einzelner Hâuptlinge oder ganzer Stârnmevor, so griff die Station mit Nachdruck ein.,,2 Les postes de Irintérleur avaicnt alors un rôIe inrportant dans cettetconquête 3 ils ser_ vaient de tête de pont aux nouvelles expêditions. Les expêdl_ tions punitives allaient devenir un êlêment de la politique êconomique du pouvoir colonial, une des solutions au problè_ me de Ia main-dtoeuvDe; nous en reparlerons plus loin. II convient maintenant de faire ressortir les caractêris- tiques essentierres de ces expéditions et lrattitude du coro- nisateur face aux dirigeants autochtones. une brutaritê pous- s'ee â Irextrême sembre bien être la princiçiare caractÉristi- que des expêditions miliÈaires. En outre, Ies consêquences ne pouvaient qutêtre d'esastreuses pour Ies populations tou_ chêes. Ce proc'edê de pênêtration parle un langage on ne peut. plus clair; â titre d:.iIIustration, le rapport, de u,ehLan sur son expêdition contre les Bakoko du 2g octobre lAgZ 2 0er Hauptrrriderstandsherd uar Toko-Dorf... Es ,urde to- tal zerstôrt,, kein Haus blieb stehen, sâmtliche Bananen, Planten, yams, Zuckerrohr, Koko, Kaséada und sonstige l{5hrpflanzen ù,u-rden vernichtet, die meist"n XoLo"p"ir"n niedergehauen._Uie Verfolgung r,rurde durch È"ff9iuO"À gehalten. [.rie Gegner sctzten sich mit SchuB_ rià ftl"u_"uf_ uaffen sgrrlie lrjurfgeschossen zur !rehr.0as Dorf punoo- 5un90 uurde als nàchstes angegriffen. Die Dorfleute-setz_ . ten uns energischen ldiderstànj ent9e9en. Nach der Ein_

.l .. .l lfCr FA1/112, F.S3-S?, Bericht der Expeditlon Uber den UregBali-8anyo. -2 UominkrH. - ! op., cit" p.146; il suffisait par exemple cte refuser drcnvoyer Ies rravailleuis exilês ;;-i,;;;";;i"ii"n"_ nrcnt en vivres pour avoir droit â une éxpêditi"n-;;;i;i;;", cf . [JKIJ1805, p.Ë,58. -1 20-

nahme ùrurde es ebenfalls total zerstajrt,, rfas stattli_ che Dorf uurde den Er.dbodenglei.chgemàcËt. i l- Pour briser ra vorontË de résistance des chefs et de reurs suJets, res colonisateurs cherchèrent â faire rÊgner ra ter_ reur. La supérioritê,etant de leur côté, ils ne se privêrent pas de rrutiliser. Il est inutile de prËciser que res pertes en vies humaines'etaient consid,erables parmi les populations localeé.2 A ranËantissenent cela srajoutalt I total de.leurs moyensde subsistance. Dans ces conditlons, les chefa nra _ vaient dtautres solutions que de se soumettre et de signcr de prêtendus traitês de paix ou alors de rêsister Jusqurâ la mort' Les atrocitâs commisescontre les popurations refusant de se soumettre nravaient plus de limites lorsque les têtes des chefs êtaient coupêes et port,ees en troph,ee, lorsque les chefs faits prisonniers êtaient parfois systÉmatiquement exé- cutÉs.3 L I issue des expêditions êtait g'en,eralementla s.ignature rltrait'es de de paixlr assortis de conditions contraignant. les chefs â rèconnaltre lrautoritÉ du pouvoir colonial. Four res peuples dêtenant Ie monopole du commerceintermÉdiaire, la suppression de ce monopoleÉtait automatique. Les conditlons de paix imposêes aux populations vaincues,etaient tout simple_ ment draconiennes. Nous reproduisons ici â titre dtexemple Ittraitê le de paixrr impo,sÊ gakrrleri, aux population des pentes c,u Mont-cameroun, aprês ,pacification, leur par v. stetten et Do- minik: Zuischen dem Kaiserlichen GouvernementKamerun Friedensunterhândlern und den der Bakr,riri Oeli Ngueli und Eqbatze uird unter nachrolgenden aeoinguÀe;;-F"i;i;;-eJ.Ir,iË="u.,, 1. Den Bueas rrrird ihr bisherigei C"uiàt-;b9;;;;;;;". und- ihnen. aufgegeben, sich neue-t/onnptàtze in bisher her_ renlosem Lande zu grûnden.

I,cit'e_dtaprÇs ,.__ KaesEIitz : Kolonialeroberung, ln: Stoek- ker II t p.22.

op. git.., Irauteur donne genent^---1^ogttlik -: le bllan de son ega- contre le chef^uuté 0andugu: tO0O màrtsr-"oni."-lfif", 153 morts, p.136 et 195. K."""litzrR.:. - ^,.3 Kolonialeroberung, ln: StoeckerrKamerun II, 9.24. -121-

2. Bis der Fertigstellung des neuen. urohnplatzes uirct den Eueas ein angemessener Theil ihrer Kokofarmen im bisherigen Buea-Gebiet zur Nahrung freigegeben. J. Als Kriegskostenentschâdigung habeÀ Jie Buea-Leu- te fûnfzi9 Stûck itindvieh oder deren tderth an das Kai- serlichen Eezirksamt VicLoria zu qeoen. 4. Oas ilecht ûber Krieg und Frieden, Gerichtsbarkeit und Palaverbefugnis rrrird den gal

Ce traitê illustre parfaitement comment,J.rôrdre colonial fut impos'e aux colonisÉs" Les colonisateurs ne.se contentaient pas seulement de faire reconnaltre leur autoritÉ, ils en pro_ fitaient pour sremparer syst'ematiquerent Ote ce qui jusqura- lors constituait Ir6Iêment le plus important pouE la subsis- tancer'ebant donnË que Ia vie'economique êtait presque partout oas'ee sur llagriculture. Les colonisateurs slemparaient deà terres pout les plantations capitalistes.0ominlk s€ rêJouls- que sait lrarticre premier du traitê ait ainsi êcarté un obs- tacle majeur â ]rextension des plantations.européennes : Vor allem aber ùrat das HaupthinderniB, uelches der Aus- dehnung des Plantagenbaues im Hinterland von Victoria enLgegenstand, beseitigt und somlt ein ger,raltiger Schritt voruârts gethan, der bald reichLiche Frùchte fijr die u,irtschaftliche l-lebung des ganzen Schutzgebietes zeiti_ . gen sollte. 2) Par dÉcret imp'erial du 15 juin 1g95, le pouvoir prenait I possession des terres de ra coronie. ce dêcret, instituait res trterres de couronnen (KronJ.and).3 Toutes les terres dites , sans maltre (herrenloses Land) devenaient la propriêtê Oe It

1 Domink, H.: Kamerun,Berlin 1g01r p.110. 2 Ibid. p.1 10. 3 Ruppel, N.351, cf. Krauss, H. :Oie moderneBodengesetz_ gebung in Kamerun, 1884-19ti4,BerIin 1966, p.46-49. -122-

emplre et le gouveDnementcolonial devalt en prendre posses_ s ion. Ce dêcret apportait une solutlon â un problËn€ qul ne ces_ salt prêoccuper de Ie gouverneur v. puttkamer; ll se plalgnait du fait que selon les chefs locaux, touLe terre appartenait à une ethnie par et consêquent il nry avait pas selon eux de rtterres sans maîtrer.1 II que faut dire Ie colonisateur nravait pas vu le carac_ tère essentiel de la propriÉtÉ foncière dans la sociltÉ colo_ nis6e. La diversit'e des forrnes socio-politiques dans le sud_ cameroun entralnait aussi une diversitê dans re rÉgionedoma- nial. Cependant on peut dire de façon gên'erale que Ia propriê_ tÉ fonciêre dans re sud-camerounavait un caractêre essentiel- lement collectif. La terre Était considêrêe comr,reâppartenant â toute' ra communaut'e.2ta distribution ctes terres aux drffê- rents membres de la colJ,ectivitê revenait soit aux chefs oe famille commechez les Fang, soit aux chefs de village dans res sociÉtËs â chefferies commechez res Bamiré*6.3 Les chcfs de famille ou de village étaient chargËs de gêrer et de pré- server le patrimoine corlectif. rr faut donc insister sur ra nature totalement diff'erente du rÉgime domanial chez les peu_ ples du Sud-Cameroun. Ainsi.le pouvoir colonial ne reconnalssait pas le droit des chefs et de leurs populations sur les terres non encore mises en vâleur. Cette situat,ion ne pouvait qulêtre g,enÊra_ trice de conflits et pour trouver une solution à ces conflits, le pouvoir colonial ne fit jamais appel aux chefs concerr,ês.4 Le dêcretlsur larrterre de couronnen prËparait en fait le tcr-

1 Prttk"ru" : op. cit. p.loJ. 2 s"id"t: Kameun,p.1Z4sq. 3 K"uu.r, H.: op. cit. p.s-iZ.

f r-9. intêrêÈs cres chefs et leurs populations presentês, rlLandkommissionenr! furcnt rc- dans les par cres curateurs, Hallden, cf. E.:The culture policy oi in" Easel i ission Cameroons in t,he i8g6-190S, Lund i96â, p.1ea; cf. KraussrHe! p.47. op. cito -1 23-

roin au sens propre du terme â la politlque des grandes so- ciôtôs concessionnaires qui allaient voir le Jour le 2g no- vembre 1898 (Gesellschaft Sûd-Kanerun)et le Jl juillet 1899 (G*sallschaft Âlorduestkanrcrun).1co.,n" dans le cas des gakue- rir ir fallait expulser les habitants de leurs terres au profit des grandes plantations. Cette irrrplantation de lrordre colonlal suivit un principe prônê par v. Puttkamer et 0ominik, prlncipe selon lequel il fallait d'emontrer aux colonis'es Ia supÉriorit,e militaire des 'emanant impér ial istes, principe sans doute du social-darrrri- nisme: 5ie (die Afrikaner, G.) mtissenulissen, da0 ich ihr Herr bin und der Stârkere. Solange sie es Àicht glauben, mûs- scn sie es eben fûhlen, und zr,larhart.und uÀerbittiicfr. so daB ihnen fijr aIIe Zeiten das Auflehnen vergeht. 2)' Ooninik pensait drailleùrs rêaliser cette irnplantation ar- rnêetout en rehaussant Ie prestige des chefs locaux acquis â la cause coloniare. Ainsi, pour le recrutement des soldats._ par exemple, on devait en premier lieu songer à recruter les fils de chefs. Non seulement cela permettait de Ies mettre de plus en plus dans le camp du colonisateur, mais surt,out cela servait à grandir leur image de marque : rrHâuptling_Sôh- ne sollten Soldaten Uerden, um von vornhereln das Ansehendes Standes im Lande zu heben.,r3 ; Nous pouvons donc dire que sous v. puttkamer, la volontê drimposer lrordre colonial aux populations du Sud-Camerounse trê_ tlulalt par des actions extrêmement vlolentes; les colonibareurs ne se fiant qurâ Ieur sup'erioritê militaire, une.alternative â celle-ci fut inexlstante, commel,lobserva le pêriodlque an- IILJest gla is Af ricart en l gOJi

1;luppel N.360, J61i cf. lrexcellente étude de Jolanda 9âIIhaus : Oie Landkonzessionsgesellschaften,in: Stoàckàr, XamerunIl, p.101-148. 2 puttk".", : op. cito p.42. 3 Dominkrit. ! Kamerun,p.232. -124-

l'hey (the Germans,G.) pin thelr faith Èo drastlc nea- sule. t to fight and talk afterr,rards, thcir Bethods of settling ner,lterritory being to march trough rrrith a for_ ce and break the different tribes as they pass along. l)

2.3-3.2. Ll lntervention du coronisateur dans lroroanrsatlon des svstèmes politiques.

La chefferie en tant qur lnstitution fut touJours t""o.rnu" par le colonisateur au Cameroun. Crêtait une institution qul il farrait dans la mesure du posçibre pr'eserver et voire rnê- me renforcer, ceci tout en sachant que sa soumission â Itau_ torit'e coloniale êquivalait â une perte de son pouvoir ancré dans la tradition. Les colonisa.teurs ne pouvaient pas se pas_ ser de cette instltution, bien qurirs se substituêrent â erre.2 Nous avons soulign'e dans la première partie de notre tra_ vail que re fait re colonisateur voulut saisir Ia sociÉtê afri- caine selon les normes dE sa pDopre sociÉtê. Cette .conduite pouvai.t ne conduire qutâ des erreurs; il croyait que le com.nan- politique dement devait être nËcessailement dêbenu par une personnal.it'e. forte Il risquait ainsi de ne pas voir la vÊri_ table instance d'etanant Irautoritê. Ctest le cas dont fait mention Yves Nicol dans son Ëtude monographique sur Ies ga- koko. En plus de telles erreurs drapprÉciat,lon, Ifadministration coloniale voulut modifier lrordre êtauli pour mleux satisfar- propres re ses besoins, qurils fussent administratifs ou Êco- nomiques. Nous assistons ainsi à Irapparition dtune instltu_ tion chez. certaines popurations, institution jusque-lâ incon- nue de ces dernières, bien qurexlstant dans drautres rê9ions de la col.onie. .

1 .cltÊ draprès Stoeckcr, t,lehlsrE./mehlsrH.: Die Erobe----- rung des Nordostens, In: Stàeckerr-KameruniI, o.gg. 2_Su.êt-c.nalerJ.: La fin de la chefferie en Guinêe, in: Journal of African HistoryrVIIr3rl966,-p.lJ-i6. O.459_rr93;SeitziTn.: VomAufstieg und NtederbruéhrI r -1 25-

Jusquta' lrarrivêe du colonisateur, le O.r.onnon" du chef supérieur ôtait totalement inconnu dans re système politique des Fang. Les communautêsfang fonctionnaient de façon d,emo- cratique; un chcf dirigeant toute une ethnie ne falsait son apparition qulen des circonstances excepLionnelles, et alors il''etait 'elu. par Ia grâce du colonisateur, le chef supérleur, ayant sous son autorit'c plusr.eurs communautêsjusque-lâ auto- nomes, fit peu â peu son apparition. llorgen dit Être celut qui crêa la chefferie sup,erieure des Euondo (yaoundê); il par_ le de (Essono) ?rinstituË Zonu quril avait chef supÉrieur des Yasun6[ n .1 Cette crêation fut donc un plaquage artificiel sur les institutions des Eurondo.Cette crêation traduisait la volon_ t'e colonisateur du de schêmatiser pour ainsi dire res formes socio-politiques pour avoir une meilleure pmprise sur la po- pulation colonisée. Des communautêsd6mocratrques dravant ,rr Ëre colonoale êtaient condamnÊesâ la Oispàrition, car elles ne semblaient pas efficaces pour. re systèmË coroniar. En pra- plusieurs çant communautêssous lrautoritê dtun chef sup,e- tieurr cela devait faciriter ra tâche de lradministration coloniale; thËoriquement, car dans la pratique, ceci ne pou- vait aller sans difficultês. Le zèIe avec lequel Zonu (Essono) se mit aux ordres du colonisateur prouvait bien qurit êtait sa crreation et en tant, que telle devenait un instrument du système coronial. crest lui qui cherchait â convaincre les autres chefs eurondode la nêcessit'e de collaborer avec le colonisateur en se soumettant, i de façon absolue : profita Il en pour exhorter les sous_chefs à abandonner dôsormais reurs mauvaii rià9!"-anci"ni,-"n a.Ààioà 0., ' qrands avantages que leur piocuraieni i"i grr"pâJ"., à

l floag"n rc.: op. cit. p.107; Quinn, F. : Charles Atan- gana and the Euondo chiefs, in: Abbia, 1969, p.B?-Bg. -1 26-

adoptcr plut6t Ies mocurs du Blanc, ct surtout d lE sui- vre et lui obêir toujours en toutes circonstances. l) La soumission et lracculturation du colonisê senrblaient être pou! cs chef supêrieur deux cho3es qui allaient de pair. En tout cas le nouveau r8le de Zonu ne semblait pas lui dÊpleire. Au cours drune rêunlon avec ses sous-chefs et Oornlnik, il tint â faire 1rËIoge de ce dernier, ce qui nrest pâs.Êtonnanr. Commelui, tous Ies autres chefs'etaient prêts â exêcuter les ordres du chef de poste; surtout que celui-cl nrava[t pas manqu'ede faire appel â quelques bouteilles de rhum pour ob- tenir ces êssuDancesde loyalisme, methode .fort connue et pri- sÉe des colonisateurs.2 Charles Atangana, prot'e9ê de Oomlnik, fut envoyÊ à Kribi chez le missionnaire pallot,tin Schu,abpour être êOuquË. Âprès avoir travaillé conme interprète pour les travailleurs bourou en service dans lâ clrconscription de Victoriar ll rentra â YaoundÉen 1902 et devint le repr'esentant de lradminlstratlon pour sontethnie (er,rondo).En mars 1914r. il f ut fait chef sup,e_ rieur deé Er,londopar le pouvoir colonial.S LrévoLution du personnage de Charles Atangana nous semble particulièrement significatif, surtout si nous pensons à son dêvouement pour le système qui Ie crêa. Crest, un type de per- sonnage tout â fait nouveau quI illustre en der.nière analy5E la volonté du pouvoir colonial de procêder à une centralisa- tion du commandementpolitique dans des rÉgions qui nren con- naissaient pas. Le pouvoir colonial accordait son soutien â des personnages commeCharles Atangana pour administrer des

1lrlo"9"n, C.: op. cit. p.i09.

-. ,2 l,,y"t" dÉcrit commentlralcool fut systËmatiquencntuti- lis-e par les colonisateurs en Amêrlque du nord pour cËcimer les populations indiennes, cf. t.iyersrG.: loney, Frankfurt/à.11. 19?9, p.?4-?6.-En Afrique, les colonisateurs oÉtinrent sou- vent Les traltês en usant de cette mêthode.

D.orinikrH.: gerlin _ ,^3 VomAtlantik zum Tschadsce, lgUg, P.38; ^NvengrE.: op.cit. p.249-2Sii llausenrK.! op.cit. p.16g note 83; cf.QuinnrF. opo cito p.g3-gS. -127-

ensembles êlar9is. Une telle crêature n. t".,"it que par et pour le pouvoir coloniaI. PendanL que le pouvoir colonial cherchait â rassembleD plu_ sieurs conrmunautês sous lrautorit'e drérêments docilesl il pro- cêOait inversement pour briser la rêsistance dfensembles poli_ tir'rues assez soudês- Les colonisateurs non seurement soumireni brutalement ces groupes, mais encore ils songêrent â les affai- blir en res divisant pour obtenir une implantation durabre. trdivide La loi du et imperiarr trouvait son application dans. ces cas. Nous allons essayer de voir cette Folitique oe démembrement dans deux cas prêcIs, celui dès trJute et des Ba- fut, deux ensembles du Grasland De [,rorgen â Donrinik, le chef llute, Ngila, r,eusslt â pr6ser_ ver sa souverainetê. Rind,i, comme il ne semblait pas être un morceau facire, le colonisateur trouva bory:de retirer de son autorit'e certains de ses sous_chefs qutiJ. utilisa ensuite.con_ tre lui. Ce fut au cours de son sêjour â yàoundé en tant que chef de station que Dominik mena divers". i"rp"gn"s contre les s ùandugu, l.Ja et tr,imba pour .chef les ramener sous l lautorit,e de la station; crêtaient des sous_chefs de Ngila. En les rendant indôpendantsr Dominik attendait, dreux le respect incondition- nel de lrautoritô coroniare. A partir du moment où ces chefs devenaient des collaborateurs du pouvoir cgloniaI, la lutte contre tJgila 5ten trouvait facilitêe1. Il fallait mettre certains groupes de lrensemble dans une situation psychologique I où ils auraient I impression de devoir Quclque chose au colonisateur. Son intention Était dans ce cas de pouvoir plus tard pr,esenter ilIibêrateurn se en de ces 9roupes dc lroppression qurils êtaient cens,es subir de la parc de li'gila.5culcn:ent une oppression laissait, la place â une auLre. Ainsi pour rappeler les Bati â leurs obligations vis_à_

1 Oominik: Kamerun,p. i4g;0ominik: VomAtlantik zum Tschadece,p.4J. -128- vis du pouvoir colonial (nettoyage des pistes, approvision- nement en main-dloeuvrc tout aussi bien pour Iradministration que pou! Ies commerçants), 0ominlk se llvra à une descripbion de ce que fut leur situatiqn quand ils êtaient sous trautori- tÉ de trglla : In einer groOenVersammlung (...) ich die gati da- ran, uÉe ich sie aIs elende lrlutesklaven"rinnerte angetroffen hat- te, uie sie aus Angst vor ihrem geualtÈJtigen Herrn es nicht mehr geuagt hatten die Felàer zu bebàuen; uie die liJutes stolz mit Speer und Bogen durch ihre Uijrfer schrit- ten, us sich die Batis Nqillas Her!schaft unteryorfen hat- ten. Von alledem haben r,lir sle befreit, nun fûhlen sle den FuB nicht mehr irn Nacken und urollen dem Befrcier nicht mehr gehorchen. 1) Oominik savait parfalt,ement ce quril pouvait tirer de sa ttlibêrateurrr; position de une lib'eration qui nren êtait dtail- leurs pas une puisque le pouvoir colonial venait remplacer in- dubitabremenÈ le souverain rJute. La reconnaissance que 0omlnik exigeait de Eati nrêtait rien drautre qurune nouvelle forme drassujetissement. Cette stratÊ9ie du pouvoir colonial de ren- dre aux chefs autrefois tributaires drun souverain leur auto- nomie portait ses fruits, puisqurelle donnait â lrancien vas- sar rtimpiession drêtre vËritablement autonome et obtenait en nême temps de lui une soumission aux ordres du colon nlibÊra- teurtl . Lrlmplantation de lrordre colonial ne se r6alisa pas seule- ment par ia dislocation de lrensemble politique trjute. Les chefs ayant fait montre drune volontê dtind'ependance furent renpla- cês par des êI'ements dociles, vËritables instrunrents du systè- me colonial. Ceci ne fut drailleurs pas valable uniquement pour les ùJutel pattout où un chef ne semblait plus faire ce que i.!administration attendalt de lui, partout où un chef ne voulait plus travailler pour lEs intêrêts du colonisateur, lI êtait destit,ôô, et remplacô pâr un personnage plus prêt, à col- laborer, ou au moins des mesures Ëtaient prises pour Ie ramener

1 Donlnik ! Vom Atlantlk zum Tschadseer pr 46-4?. -1 29_

dans re giron coloniarl. Les chefs devaient, être cies personna- ges s0rs pour lradministration; Leur reconnaissancepar I,au- toritÉ coloniale Ëtalt fonction de leur disposition â t,ravail_ lcr pour les intËrôts de lrinrpôrialisrne colonial. Oans le cas prêcis . des ljuter les Allemands mirent en 1999 ii fa place de Ngila, Ngane, un instrument de teur potittor". o Ngutte, lrautre souverain tr,ute, succêdait son fils qui avait servi sous les ordres de 0ominik2 Un autre exemple ill.ustrant le dÉrnantêlementdrensembles po- litiques réticents â lrordre colonial nous est Oonnêp"r Aa_ fut. Bafut était consÈitu,ede 13 villagesi.lorsquren pôdittion 1901-i,";_ v. pavel réussit â en soumetrre certains, la premiè- re chose â faire fut de les rendre indêpendants de lrautorite centrale. v. pavel annonçaaux chefs tributaires qurils ,etaient dÉsormaisrtrrb'erêsrr de-la pression du chef jgaf ut qui continuait dtailleurs de r'esister3. c". chefs Étaient soustraits de rrau-. torité du chef Bafut Aboumbi4pour être placés sous les ordres du post.e le plus proche, en lroccurtence Bamendâocesnoru"u* chefs Itindêpendantsr srengageaient en outre..â approvisionner

1' At,,C,FA1/120, Akten der Station_ggly",_r. FA1/110, Hkr,enbetr. verualtungder station gamenda, 9?-A9i oemonstration F. 132_133:!-- - 'rs' une nilitaiie suffisaii pàrfois.,l 2.Oominik _ _ : Kamerr-,nr-p.26g; 0ominik Tschadsee, p. : Vom Atlantik zum 14?3 Horméilier-i'eii"uni..e im rn l(amerun,Kassel [,rissionsdrènst l921_1SZZ,tome-2, p. 32. -1 ANÙr FA1/112., F" 53i Stoeckerr. H. f,tehls, H", ûlehlse rule Èrobelunq des. Nordostens, E" : in i-Ëto"cker, Kamerun II, p. 7s-82; cf . Tirzenrpl::: ii-,.'rà. p. 71-?9 pour i.-l of uafur, Londonie66, la rcsrstance du chef Bafuto. ' 4 Cf . tiitzenttl:l , op. cit.; stoeckerr H.r Ftehlsr l"ehlsr Ë' : uie froberùng H"r oes r'làioàstens rn : stoeckerr Kame- run II, p. BZ : le.chef ÉontemJË-Ààngro, crasland, t.ori.ri.-iàn3 r" ,; fut desLitu'c.et,-ii-i ."t-r.. partition toirel deux de son terri- nouvcaux chefs rui"Ài-ri" en prace par SACGUT. re coroni- -1 30- le .poste dc Bamendaen main-dloeuvre. lls quittaient llancien souveraln pour faire allÉgeance au colonicaLeur bien plus exi- geant. Tout autre fut ltattitude du pouvoir colonial face aux en- sembles dont Ies chefs se mettaient dreux-mêmesdans le canp du colonisateur. Ceux-ci ne semblalent drailleurs pas Êgre très nombreux. V. Puttkamer ne signalait que deux exemples,eui, pour lui, constituaient des exceptions en quelque sorte : ... mit alleiniger Ausnahmedes Bali-Stannes und des 3a- mumrUblkes, deren Hâuptlinge sich von vornhsreià nit unqe- uijhnlicher InÈelligenz bei der Bekanntschaft mit den Eu- ropâern auf Seite der letzteren gestellt haben und auch bis heute bei der Stange geblieben sind. 1) Nous nous proposons de voir de plus près lrattltucte du pou- voir colonial face au Fon Galega et aux Balio Lorsque le Or. Zingraff arrivq-à Eali en 1888, Galega lui rÉserva un accueil particulièrement aimable. Il trouva toutes sortes de prêtextes pour Ie retenir, ce qui lui percrettait de rehausser sa rêputation vis-â-vis des chefs du voisinage. II ne voulait pas que Zingraff poursuive sa route vers llAdamaoua. Zingraff. fut donc obligê de faire contre nauvalse fortune bon coeur et pensa peu â peu â Ia fondation drune station â Bali. Son intention êtait de faire dEs Bali les alli'es du pouvoir colonial : ldohl.aber urar Aussicht, vorhanden, uenn man dieses Krie- gerische VoIk der Bali zu Freunden zu geuinnen und ihre Interessen fest und dauernd an die unseligen zu binden verstand... 2) Cette idêe de fonder un poste â Oali nemanqqa'pasdrenchan- ter Galega, car cela atlait, dans Ie mêmesens que son ambltion dragrandir son terrùtoire, drêtendre son autorit6 poliLique en se servant de Ia puissance militaire de son ami'etrançer. DÉjâ, pendant la construction de la station, le fait drenvoyer ses suJets rêquisitlonn"r O.] matêriau de construction chcz ses

1 Prttk.r"", op. cit. g. 42. 2 zingraff, op. clt. p. 190. -131-

voisins est symptomatique a. cet Égardl. Zingraff nravait pas manqu'e de percer â I r intention Sour c,e 6alega : ... Oarum ruill er vor allem, da0.dle Nachbarstàmme .irrnr,Galesa, ars siÀieJ"iil,ritË"' vor Enr sc he id rlni u,ine" n. ni"" r,ïi-. iii;"";.::it"' zur Einigunô sammili"rr..-cfàrrJnrstâmme. ?:;"t::i"; ï", un.ter schaf t von Bari. Dazu uo"i-solï'rnm der Fûhrer- sein der .,,eiBebehûrf r ich ,durch dessen ltacht er àiruigu. Zr,reifel barkeir seiner. an cJie Unfehl_ Entscheiduns uË="ïtiiEn "nJgiiitiô-i, norrt.z) Pour gagner dêfinitivement Z_ingraff, Galega fit sceller leur amitiô par le pacbe du Dans "ang3. lralliance Zinyaff/ 6alega ou pouvoir colonial/gali, chaque partl,etait parfaite- mcnt conscient de ses propres objectifs et,de ceux de lrautre. Tout en acceptant de satisfaire aux souhaits de Galega, voulait Zingraff se servir de lui etréciproquenent. Dans un mémorandum au ministêre des affaires êtrangères, Zingraff proposait autres que entre le pays gali fût utitisÉ commepÉservoir de main_ dloeuvre. Droù la n,ecessitêpour le gouvernement srappuyer colonial oe sur des chefs â forte autori.ê;;";;;r"-;;;;';"r"_ 9a; au besoin son territoire pouvait être a.grandi" son GaIega oe côtê savait que le pouvoir colonial avalt besoin al0rs de lui, autanr exproiter ce besoin. Il Ëtait tout â fait cons- cient que son ambition politique êtait o:.fficilement réalisa_ bIe sril fallait seulement,compter sur Lemissionnar.re Authenrierh de r" ri!lril"5l"iuiltlil,," les intentions des deuxpartis oe ta raçon Freudrichkeir.ryld"."rr"."i"'r'"" !:1"::r;:Hdentticher Zinsraff samt çeno.men.,,,",,llllllF:l:jii:i_l?i';l;;:::i jii:*";l- bcrcchncte Absicht,, crrÀJË]-ô'iïn t;3:11:l stà'À.- rruicn zu verqôBern ;::rl"':.'il ""t "i'o i."_ù;f ';0-ek; i;";;i;"" zcs ziel seinesrÀ.e.i- oeucsen.sorlre'ihn'-hi;;;;-"i"it'o'Iisji,o:l"TÎ'-1::9:t-1::. ùliâË","ii.S3ï;,;,

1 loio. p. ,tg?. 2 tuio. p. J4l. 3 lt,rtt".: Dcr Âbschlu0 von Blutforundschaft",u."ii;;;; und VertrJgen T;1,,'j"il. ";:ï;",1;;":i; :' : ;i":,Ï: ;;l-i^ l"Ërllil, r,,u, -132-

uaffen, Schlitzen und l{atschlJoen cin gceir;netcr iundcs- genosse scin! (...) Glûclclicherlroisc licficn sich die t-l,ij- ne und Uiinsche Garegas nrit dcn Zucckcn und Zielcn, ù,clche die deutsche Schutzherrschaft verfolgte, aufs beste ver- 'l einiqen. ) Zingraff proposait tout sianplementlrunion de tous les pcu- ples de la r'egion sous I tautoritê de Ealega. tJet,te proposition tcndant â la r'ealisatlon du rêve de GaIega fut renForcêe par un traitÉ conclu entre celui-ci et Zingraff en a6êt 1'991. Oans ce traitê, Galega transfêrait sa souverainet'e au Dr. Zingraff et srengageait aussi â mettre ses soldats â 1a dispotltlon du mêmeDr. Zingraff pour les guerres quril aura jugêes nÊcessai- res. Galcga devenait ainsi un instrument qui allait être uti- lisê pour La soumlssion des rêsisLants2. En êchange, iI êtait reconnu commele chef supêrieur. de tout,es les populatlons du Crasl.and;.Ie troisième point Ou trait6 stipulaib en eFfet : Dagegen uird dem flâuptling Garega dle Begrûndung, Anerken- nung und Schutz seiner SteIlung als obersfer llâuptling ûber die umulohnenden5tàmme des nôrdlichen Kamerun-Hinter- landes zugesichert.3) Le traitê ne put être traduit en actes du vivant des c,eux contractants 3 Zingraff mourut en 189? et Galega en.l90l. Ce nrest que 13 annêes après sa signature que I€ traitÉ fut en qr+elque sorte appliquê, surtout cn ce qui concerne le troi- siême polnt dont nous venons dE parler. 0ès 19(J4, la chefferle de Pinyin. et 1? autres furent placês sous la Jurldictlon Bali par le gouvernement impÊrial4. Lrambition politique de Galega

1 Arth"n"ieth : Im BaIi-Land, Berlin 1905, p. '11-l2l cf. aussi l-lutter : Politische und soziale Verhâltnisse bei den r: GraslandstàmmenNordkamerund, in : Globus LXxV, p. 284. 2 Les Bali furent utilisês contre Ies Bafut, cf. Ritzentha- ler, op. cit. p. Ao-42. Pour rôtablir lrordre arrrès Ic soulè- vement des Anyangen 19tJ4,Ie colonisateur euL recours aux auxilliaires Eali qui participèrent ainsi â des exp'editions punitives, cf. Chilver, E. opo cito p. 498. -a Zingraff, op. cit. F. 395. 4 chilr"", E. tn: Giffordr/Louls, p.4gB. -1 33-

et 'e d6sir de zingra'ff drutiliser cette ambition â des fins stratêgiques se trouvaient rêalisÉs en 1905 et se concrêti_ sa.ient par Irexpédition du capitaine Gl.auning, chef de Ia sta_ tion de Bamenda,â gali. GaIega et son successeur Fonyonga ve_ naient ainsi drêtre rêcompensês pour reur corraboration avec le'systôme colonial. Fonyonga êtait ainsi llacê par le colo_ nisateur â la tête de 3i localitês et son territoite sren rrou- vàit considêrablement,elar9i. Le capitaine.Glauning rapporte i An 15. Juli fand die feierliche. Einsetzung als 0berhâuotlins ji-l;;;.inurt"n des Fonyonge ron statt (...) Nacrr_ dem ich verkill:É harre, Jàô-Fànyonge von ihm zum Donk fûr die und sgi6g0r_Vorgângeroer- oerjtscrr"n-n"liàirng derzeit beriesene rreué ais-0u""r,:trpiiii.lg,'oË"rg.iâËt"".;"- Teils des alten Bali_riÀi"n" iiJo"" erngesetzt sei. hielt er selbsr vonrdem bet

1 Deutsches Kotonialblatt, XVI, 1905, p. ) 66?. _._^-9"-hl"".l Y. :-Geschichte der deutschen sron, ûaden-Badcn evangelischen Flis_ 1951, tome Z, p.-iig , l'issionar Ernst "i"J;;;;;';;;;;; ôfters, rten vuirittier zu machen grutver-". gieOen zu verhindern. und Uurch seinen Èinff,rO bekamder Iing auch von der cJeutschen Balihâupt- R;;l;;r;;'inr Jahre i905 eines oborhuuÈtlinqs... die 5relle

FA1/119r_F:1J2-13Jr.cas cê_. -] 1',jc, - du-- chef Batebe eui fur pla_ de force sous liautoritê tfaii. -1 34- de la situation locale fut inÉvitable, le Oessein du colon Étant de 9a9ner rapidement des Iocalit'as à lradministration. Des chefs autrefois indépendants et maintenant soutnis de for- ce aux Ball ne pouvaient pas â la longue accepter lrarbltrai- re du souverain BaIi1. Pactout où cela parut nêcessaile, le pouvoir colonial pro- cêOa â lrêIimination des chefs qui ne lui convenaicnt'pas, soit en les exilant, soit en les emprisonnant, srils nrêtaient pas physiquement êlimlnês. Ces diffêrentes nrêthodeslui !crmettaient de mettre en place des êlêments qui loi semblaicnt favorables au système colonialr En effet, Irattitude de tout prêtendant â la dignitê de chef, tant face â lradministration quraux mis- 'etait sions, prise en considêra.tion avant sa lËgltimation par le pouvoir colonial2. Disons pour conclure que le pouvoir colonial eut recours à une restructuration des formes politioues pour srii:planrer dans la colonie. Ltintervention eut Ileu en se refêrant aux 'politiques systêmes qui pouvaient être caractÉrisÉs de monar- chiques3 La concentration du pouvoir entre les mains drune personnalit'e marquante semblait être ItidËal pour le pouvoir colonial.. Nous mettons en doute la rôussite dlune tcIIe inter- vention. Que ce fOt dans le Grasland ou chez les Fang, Ie per- sonnage d.u chef trouva sa position consldÊrableirent rcnforcêe; il avalt derrière lui le pouvoir colonlal. Cela ntallait-il pas le couper de ses sujets ? l,têmesans être une crêation co- J.oniale â proprement parler commechez Ies Errlondo,Ie chef nrêtait pas moins dêpendant du pouvoir colonial, puisquril srétait mis ou avalt Êtê mis à son service et qurâ prêsent iI avalt avec Iui une conrmunaut'edr lntterêts.

1 chilr"", Ë. in : 6ifford/Louis donne plus de dêtaiIs sur les rapports entre les BaIi et pouvoir colonial. 2 s"itr, op. cit. vol 1. po 14. IIIE PARTIE . CHEFS : INSTRUIYIENTsoU REGIIqE cOLqNIAL. -136-

La conséquencepremière de l'inplantatlon àu pouvolr colonial fut Ia perte de souverainet'e des chefs locaux, qu'lls l'alent transf'erâ de pleLn grË ou qu'ils y fussont contraints par 1a forcE mllltalre de l'occupant. La sou- mission au pouvoir colonlal Ieur enlevait du mèmecoup tou- te posstbilitê de dêcider eux-mêmesde Ieurs affalres; lls 'etaient dêsormals dans une situatlon de dËpendence. A ôar- tir de ce moment, on est en drolt de se demander quelle va être Ia nature des rapports que Ies colonisateurs vont êta- blir avec les chefs. Autrement dlt, de quelle rnanière vont- ils être associês à Ia tâche d'exploitâtion que s'Ëtalt flxËe 1e rê91me colonlal? Vont-ils y prendre une part dl- 'etant recte, c'est-â-dira en int'pgr'es au nouveau pouvoir à un nl.veau de d'eclsion, ou blen vont-ils davenlr de slmples agents lntermêdiaires au service de I'1mpêriaLisne colonlal? Dans cEtte troisième partie de notre travail, nous aIlonE 'el'ements tenter d'apporter des de r'eponse â ces questlons et â d'autres en analysant les fonctions des chefs dans le nouvaau processus politique, êconomlque, socIaI st culturel. -13?-

3.1. L'administration t, 3.1.1. L'objectlf premler de Bismarck.

peler assez raplde- ment le système d'adminlstration que gismarck entendalt met_ tre'en place dans les colonies nouvellement acquises. Nous savons que Ie chanceller fut amen,e,â la politlque coloniale en grande partie par presslon la des rnirieux êconomiques, en l'occurence par res marchands de Hambourg et de Brême. Jusqu'â I'engagement du Reich dans lrentreprlse coloniale, Ies efforts du gouvernement srorlentaient surtout vers une protection des intêrêts des firmes alremandes opêrant outre- mer. L'Arlemagne se trouva ainsi en possessron de colonies sans en avolr d,efini un concept clalr dradministration. Bismarck ne voyait pas d,un bon oell la mise sur pied dans les colonies d,un apparell adminlstratif â 1a fran- çaise, ê'est-â-dire avec une infrastructure bureaucratique consld'erable. Il se refusait â adopter un tel système àrad_ ministration pour deux raisons essentierres: premièrement il. ne tenait pas â engager financièrement le Reich, car lI Ëtait convalncu que ce système reviendrait t"oo "l"r-6-r,U_ tat; deuxiêmement il êtait co.nsclent qu,au Reichstag il fa[- lalt compter avec l,opposition de la SocIal_D,emocratle, et au sein de la majoritê même, Ies proJets demandant un genenC flnancier du gouvernement "nn.- ne trouvaient pas touJoirr€ 'echo 1 un favorable . Bismarck fit connaitre son programme colonial dans un prononc'e au Reichstag Z $lscours le 26 Juin i gltt t

,". ci. Noske, . ] G.:'Kolonlarportttk uno sozlaloemokrat,ie., Stuttgart. r914, p. zr"q.; rirÀo!""ârr^u.0.: colonial studies in Germàn history, London 1962, p. fi-ia. )- Cltê d'aorès Noske! op. cit. O.. 23_24; cf. Jaecks H"p.; 0le deutsche Annexlon, in: sioec[eir-K.."rrn I, p. 91 sqe; ttorgen, c.: op. ctt. éomment;i;;;-;; p. ân, r"uurthe-îorra^ 237; 0runschuig, H.: op. "it.-p.-fiO"q. -138-

lYlelneAbslchÈ isL, die Verantuortlichkelt fûr dle mate- rlelle Entuicklung der Kolonien ebenso r,rie ihr Entstehen der Tâtigkeit und dem Unternehmungsgeist unserer seefah- renden und handeltreibenden lYlitbûrger zu ijberlassen und ueniger in Form der Annektierung von ûberseelschen Pro- vlnzen an das Oeutsche Reich vorzugehen als In der Form von Geuâhrung von Freibriefen nach Gestalt der Engli- schen Royalcharters, lm AnschluB an die ruhmreiche Lauf- bahn, urelche die englische Kaufmannschaft bei der Grûn- dung der 0stlndlschen Kompagnie zurûckgelegt hatr. un6 den Interessen de! Kolonien zugleich das Regleren der- selben im rresentlichen zu ûberlassen und ihnen nur dle Môglichkeit europàischer Jurisdiktlon fûr Europâ9r und desjenigen Schutzes zu ger,lâhren,den uir ohne stehende I Garn.ison dort leisten kônnen. Ich denke rnit' also, daO man dann ent,uederunter dem'Narnenelnes Konsuls oder eines Residenten bei einer derartigen Kolonle einen Ver- treter der Autoritât des Reiches haben uird, der KIagen entgegenzunehmenhâtte usu,....

Selon Bismarck, pulsque c'êtait le,sàq,teur conmerclal qul avait en quelque sorte entratnê Ie Reich dans l',entreprise 'etatt colonialer, il normal que I'adminlstration des colonies lui soit confiËe. CeIa slgnifiait concrètement pour.Ies co- lonls'es que non seulement Ie commerçantferaiÈ ses affaires, mais qutll- aurait en plus le pouvoir de dêcider de leur sort, auquel cas il n'hêslteEalt pas à faire trionpher ses lntÊrêts par tous les moyens, c'êst-à-dire en Ëtouffant eans scrupu- les Ies molndres aspirations de ces derniers. Cette volontÉ de confier l'administratlon des colonies aux commerçantsétait confirm'ee ensuite dans les inst,ructlons en- I voy'ees à ruachtigal Ie 19.5.1884 :

Die Einrlchtung elnes Veruraltungsapparates, der dle Entsendung einer grô0eren Anzahl deutscher Eeamten be- dingen uÛrde, die Errichtung stândiger Garnlsonen mlt deutschen Truppen und die Ubernahmeeiner Verpflichtung des Reiches, den in solchen Gebiet,ensich ansiedelnden 0eutschen und ihren Faktorien und Unternehmungen,auch urâhrendetualger Kriege mit grôBeren Seemâchten, Schutr zu gerrrâhren,uird dabei nlcht beabsichtigt.

Les commerçants devalent Évidemmentprendre en charge Ies

l ctt'" d'après Jaeck, H.P.i op. clt. p.81 . -13 9-

frais qui rêsulteraient d,un tel système. L,ldêal da gis_ marck trouvait là sa pierre drachoppement, puisque Ies ma3_ chands allaient trouver plus druns raison pour se â dêrober cette responsabllibê ftnancière. Ils estimèrent tout d.a_ bord qu'iIs n,avaient pas suffisamment de moyens pour' financlers administrer Ies colonies I . Ensuite l/oermannavança I'argumenb selon lequel ll ne pouvait pas, en tant que com-- merçant au Camerounr_s,lmposer face aux commerçantset au consul britanniques 2. Il faut reconnàltre que ces diverses ralsons n,êtaient en fait que des faux_fuyants, la dêrobade se.justlfiant plu_ tôt par un esprit mercantile. Les commerçantsse montrêrent en effet peu coop,eratlfs; tnitiateurs de la colonlsation lemanda al_ au Camerounoils tenalent aussi à en êtra les profi_ t eurs. 0evant cette situation, gismarck convoqua,les prlnclpaux commerçantsexerçant des activitês sur la côte camerounaise le 25.9.1894 à Friedrichsruh. Furent prêsentè â cette rêu_ nion ly'oermann,Jantzen et Thormâhren; ils s,entretlnrent a;.ec Ie chancelier pour trouver une solutlon au problème de l'administration de la nouvelle colonie. Les commerçants 1:roposèrent tout de suite la nommlnation d,un gouverneur-;;;;; mais Blsmarck persista dans son idêe et ^" u"";;; Reich que ," dans des domàines blen prêcls; notammentceJ.ui de Ia guerre, des affaires j.-r" êtrangères et de la justtce chancelier demandaaux commerçants de former un consortlum auquel reviendrait tout le reste de lradministretion. De_ yant l'insistance de Bismarck, ce consortium fut effective_ ment constituê au mols d,ocÈobre de la mêmeannêe. Seulement ,les comnerçant,snravalent nulJ.ement lrintention de se char_

1 cf . Brunschrrlig, H.: .op. cit. p. 131. Noske,G.: op. crr. p. ,i 24; Jaeck, H.p.: op. clt. ". ";:. t Jaeck, H.p.: op" g2. "r, clt. p. -1 40-

'etalent ger des frals de I'entreprlse; lls pfutôt prêts à faire dEs propositlons; quant aux charges flnanclères, clles devaienÈ regarder le gouvernementimpËrial.1 Ainsl le 15 octobre 1884, le groupement des conmerçFnts fit unE nouvelle proposition pour 1'admlnistratlon. Ce plan prêvoyait la nomminat,lond'un gouverneur et d'un sêcrêLalre, ainsi que Ia constltutlon d'un organe adrnlnlstratif sutonome appelêItConselI du Camerounn(Kamerunrat). Ce conseil devalt regrouper en son seln Ie gouverneur, le s'Ecr'etalre, Iis re- prêsentants des deux flrmes allemandes, un Anglals et ôven- 2 tuellement un ou deux Camerounais. Pour nous, ll est èer- tain que les reprêsentants camerounais au sein dE ce consell devalent être des chefs. QuelIe Furait O0 être la positlon de ces reprÊsentants camerounais dans le conseil? Oevaient- iIs Jouer un rBIe purement consultatif, c'est-â-dlre de fi- gurants en rêalitâ, ou blen Ieurs volx allaient-elles être prises en consl.d'eratlon au mêmetltre que celles des.autre3 repr'esentaàbs? Nous doutons de la seconde'eventuallt'e. Il est cependant intêressant de noter Ie fatt que dès les pre- mières heures de leur dominatLon sur Ie Cameroun, Ies colo- nlsateurs pensèrent â associer les tenants de l'autoritÊ traditionnelle à la gestion des affalres de la colonte. Ce plan ne fut cependant jamais mis à exÉcutlon. Face à ce peu d'enthousiasme des commerçantspour les obligations administratives, àismarck fut amenËâ rêviser sa position et à rEvenir à un système d'adml.nlstratlon de type conventionnel. I1 ne pouvait abandonner la colonle nouvellement, acquise sans entamer Ie prestige du Reich. ' Les Ëvènements du mois de dËcembre1884 furent sOre- ment pour beaucoup dans lc changemenÈde concept de Bismarck,

Ibid. p.82.

2 cl. Rudln, H.: op. clt. p. 124 sq.; Jôeck, H.P.: op. clt. p.82. -1 41-

tant il est vraL que max guchner, le commissalre lntêrImai- re du Reich au Camerounrn,âccordait aucun crédit au con_ sortium des comnerç..,ts 1 r Il rêclamait une prêsence alle_ mande forte dans Ia colonle. Le soulèvenent drune partle peuple du duala en ce mois de dêcembre 1gg4 contribua à la dê- cision de Berlin drinstaller au Camerounune adminlstration avec tout,e sa st,ructure bureaucratique. En juillet lgg5o liax Euchner fut remplac,epar premier 1e gouverneur du Came_ roun en la personne du baron von Soden. lJoermannet les au_ tres commerçantsvoyaient àinsi leur voeu exauc,e,puisqu, une adminLstratlon du type qu,ils souhaitalent venalt O,êtrE mise en place; couvrir Ies dêpenses de L,adminlstration ne fâlsait plus partie de leurs soucis. Le gouverneur siregeant d,abord à Douala (Kamerun) puis â Buêa'etait l,instance suprême o" r" vuE admlnistratif et milltalre. "oioni;;';;i.;";" Il êtait =o,.isles ordres du Oêpartement Colonial au flinistêre des Affaires Etrangères d'abord, puis sous ceux d,un ministère cles colonies (Relcns_ kolonlalamt) à partir de 190?. L,administration rêgionale da.nsla colonie se fit au fur et à mesure que le territotre êtait soumis. Il fallait faire ra distinction entre une âd- ministration civiler lnstallêe surtout dahs Ia rê{lon côe ttêre et une administration mllttaire lnstall,ee dans les . rê9ions où la conquête n,,et,ait pas encore jugêe termin,"" 2..

3.1.2. , â I'administration coloniale. La colonisaLion, basêe sur la dominatlon d"" p"u_, ples colonisËs par les colonisateurs, sans être pour autênt

I Euchner, lnax: Aurora Colonialls, F.3i0 sq. 2 cf.0eutsches Kolonlallexlkon, Hrsg. P. 210 sq. H. Schnee, Bcr. II, -142-

utilltaire pour la itclvlllsation universellex'coome t. prê- 1-' tend Flaunler , posalt Ie problème du contact entre peuples et cultures diffËrents. En d'autres telmes' quelle Êtalt Ia place râservêe aux peuplo! sutochtones et à leurr dirlgeanta en situation colonlale? Les pulssances colonisatrices eurent des façons tout â fatt diff'erentes d'aborder le problème que rêsumait I'expresslon [poliùIcue indigènett (Einqebore- nenpolitlk). La place attrlbuêe aux autochtones et princi- palement aux autorit'es traditlonnelles pouvalt alors rlarler. 0n fait gênêralement la distinction entre deux gran- des orientations dans cette |tpolitique lndigèner: la con- ception françalse en la matière fut considËrêe comm€un€ po- Iitlque d'assimilatlon, c'est-à-dire qu'on voulalt falre du colonlsê un citoyen français, Oès qu'.ll se convertlssait au ? chrlstlanisme et qu'1I pouvalt parler et êcrIre le français CeIa slgnlfialt que le colonlsê devait falre siehnes les va- leurs que lui imposait le colonisateur. La polltique brltan- nique, eIIe, prenalt une direction diffêrente: elle iettait, un accent particuller sur Ia dlff'erence entre les races et 3 Ies culture, . L"" Anglals Iaissalent alors aux colonlsâs leurs instl.tutions soclo-politiques intactesr car lIs pr'e- voyaient à.1ong terme une posslbtlitô pour Ies colonis'es de se gouverner eux-nêmes, et cecl dans le cadre de I'empire britannique, bien entendu. Une telle pollttque fut qualiflËe de polltique d'assoclatlon. A. Full, fonctlonnair€ dans I'admlnistratlon coloniale au Camerounpeu avant Ia premlère guerre nondlale rÉsumaaln- 4 sl les conceptions française et anglalse :

1 maunler, R.: Soclologle coloniale, Parts 1932, VoI. 1, p. 51.

2 cr. SeItz, Theodor: Zur Elngeborenanpolltlkr ln: Kolo- nlale Rundschau 1927t p. 294. '3 lbtd. p. 2b4.

a cit'" d'après Lûders, E.: Sozialpolltlk ln den al'ri- kanischen tYlandatsgebleten, lnl Soziale Praxls 47r 19J8' P. 264. -1 43-

0ie englische Eingeborenenpolit,ik verzichtet grundsâtz.- lich darauf, den Ëinseb"";;;;-;;; oder Èiô,.uno"" umzubilden auch nur den eiÂzel.nen ÈiÀô"uJ"à."n Stammesgenossen aus sernen heranzurreuen-(.l.-i-ii"tt dessen der Gesamtheit das geschrosseÀ"-À,irrù"x"r, soll (t)_teueniro.r"n rn menschen- Ansari:19i99"" es sorlen die ze zur Sraats_..und 6emein.ir,"it.uir".i"r"Ài".t, . uncr zu rrâqern alrmâhlicÀ Jr^à-ôËàïr Ëôi i;iï;;;;;;"Hasse und Land angepa0ter Zivilisation ausgestaltài,,reraen. 0ie franzôsische Eingeborenènpolitik glaubt an lichkeit den urestafrit"ni""À"1-ÊiÀ""u-Ëi"iq" die lrlôg- oer ziviris"tià" j;;;;;";;;;;";;:l:;"iÏn!;.J;n""n lassen (...) zunacnst-r,rird .r" ii"'ë"r,affung einer angesrrebt,. 0ie Angehôr19en EIite dieser Èiit" ;i";^^"= die Denkueise der ".iir; berechtigte li:l-r"J:l;;;;;;.;; sie sollen eleich_ franzijsische Staatsbûrt"i r""ou.,, ihren Stammessenossen sie sollen "i=-;;;;.-;;iï"""0" Beispiere dienen" Ces d€ux visions du colonisê dêterminèrent fondamental ement la façon d'utiliser Ies autoritês traditionnelles pour les besoins du systèmecolonial. Un lmportant article sur l,utilisation dés lnsti tutlons des colonisês â des fins administratlves ou judiciaires mê- 1 rite d'êbre mentionnê ici. Il frt r,edigê par Ie lieute- nant Stockhausen, publiê dans pêriodlque ttKoloniale le Rund_ schaurr de 1911 et intitulé rrVeruendung der Elngeoorenen_Or- ganisation Tropisch-ljestafrlkas zum Zulecke europâischer Ver_ ual tung. tl

Selon l'auteur, le maintien des aut,oritês,et des lnstitu_ tions des peuples colonisês par les Anglais fut en fait dic_ tê par les Ëvènements. En igsg y il eut des rêvoltes dans Ia colonie anglaise de Sierra Leone, les causes de ces rËvoltes furent à tort recherchêes dans la taxation directe de la po_ gulation colonisêe. Le ministère des colonles à Londres d,e_ clarait cependant que les causes vêrltables êtaient les me_ sures prises à la hâte par 'alable le gouverneur; sans avoir au prê- consulbê les chefs et cherchê â obtenir Ieur collabo_

1 Stockhausen: Veruertung der Elngeborenen-Organisatlon Troplsch-ljestafrikas- zum ZuecÉ-joo:gii.' Kolonlale Veruraltung, in: RuntJschauI 9t I , p. "u.op'ai."n"r -144-

ratlon, II avalt voulu lntroduire la domination europ'eenne dans l'arrlère-pays. Au Ghana(GoId Coast), la dêportatlon 1 du rol ashantl entraina le soulèvement

' 1 Ibid. p. 3oB. '2 cf. Crourder, !1.: Indlrect Rule. French and English style, ln: Afrlca XXXIU, 1964, p. 198. 3 cf. Gifford, P.: IndlrecÈ Rule: Touchstoneor tom: stone for colonlal policy? ln: Glfford/Louis, p.353:'rIn- dlrect Rule rrrasless a planned policy than a subsequent ra- tlonallsatlon of one responsE to a colonial sltuatlon.r -1 45-

existantes. Les chefs furent dêgradês en slmples agents de i'administration coloniale, des exécutants et, rien de pIus. Irs conservaient prus ou morns leur titre et les attrrbu- tions anciennes, nals aux yeux de la loI des colonisateurs iIs n'êtaienÈ

que des agents de l,admlnistratlon coloniale, agents non-foncLionnalres, dêpourvus de tout sLatut'et-pai consêquent de- tout-droit, rêvoààutes-passiUfes ,ad nutu;, ;;; I'administrat,ion supêrfeure, de sanctions applicables aux autres sujets indigènes. 1) Les chefs êtalent placês sous IrautoritÉ directe du commandant dE cercle ou de I,admlnistrateur..Ce systême français fut connu sous le nom de système d,admlnistra- tion directe.

0ueIIe voie aIlaIt sulvre lrAllemagne? NoUs pouvons dlre qu'eIIe prit beaucoup des Français et qn peu des An- glals- lL n'y eut dans res coronies arremandes drAfrrque que deux rêgions où une politique semblable à ceIIe pratl_ quée par l'Angreterre au Nord-Nigêria pouvail être rencon- trêe: iI .lrEst s'agissait du Ruarrda-Urundi en Afrique de | et' de ] Adamaoua au Caneroun . AInsi, lorsque l'ancien 9ouverneur du Cameroun, Ie Dr. SeLtz, êcrit:

Im allgemeinen-haben wir uns (...) oem ènglischen .Auf System angeschlossen. lrJir r,loliten unter rechter- haltung der Rassenunberschiede die Eingéoorenen sich in ihrer eigenen Art enÈuickeln lassen, ohne sie zu Europâer schuarzer Farbe zu machen. Zi

cecl ne concerne certainement que la s,eparation entrè Ies deux races. En outre, ces paroles de Seitz, placËes dans Ie dontexte (celui de l'après-guerre), perdent de leur signlfi_ cation eÈ rêfIètenL ptutôt.la tendance chez res Arremands â démontrer à t,out prix qu,ils Ëtalent capables d,sdministrer

I Surêt-Canale, J.: La fln de la chefferie en Gulnêe, ln: Journal of African History VIIr-3, 1966, p. 462. 2 S"it.r Th.! op. ctt. p. 29g. -1 46-

les colonles commBtoutes les autres pulssancàs coloniales. En faltr pour bren marquer ra sêparation entre les races, les AIIemands refusèrent la nctionalit6 allenande â Èout colonis'e, quel que 1 f0È son ,"ng. Les Allemands ne vou_ pas pratiquer lurent la politique d'assimiration, mars nous pouvons dlre aussi qu'ils na voulurenÈ Jarnals lalsser aur autorltés traditronnerres la possibilitâ de corlaborer.de façon autonome; hormis les rê9ions de rêsldence (Residen_ turen) citêes plus haut, l,administratlon, dans las cglo_ nl.es allEmandes, fut plutôt dlrecte. L'Allernagne, commeles autres puissancas coloniales, ne pouvait aucun en cas se passer des servlces des chefs lo- caux. Il faut souligner lcI que I,opposition habituelle en_ tre le système britannique d,administration indirecÈe et le systême français d'administration dlrecte n,est juste que dans une certaina mesure; iI faut la relativlser. L,adminis- tration directe ne signlfiait pas que Ies fonctlonnaires co_ Ioniaux êtaient plac'es partout. Autrement dit, la dlffËren_ ciation entre style anglals et style françals n,est que d'une importance relative, en falt elle na recouvre que Ia forme. Oans le fond, les deux systèmes eurent recours â l'lntermêdiaire des chefs et des institutlons locales pour râsoudre Ieurs problèmes administratlfs. En 1910 les chefs des différentes clrconscrlptlons du sud-cameroun s'exprimèrent sur ra n'ecessit'e ou non d,utili- ser l'organisation polltique des populations locales pour l'admlnistration et la Juridiction. Tous Ies chefs des slx

t Epstein, . -"f. Klaus: Erzberger and the Gernan colonlal scandals, 19oS-1910, nHe ln: Baesseler Archiv VII;-igaô,-i]-âoe, (Eizberger, G.)-rldiculeà tn"-fJ"à rhat negroes secure should the status of GermanCitizens. He thouglib tnaI should given cni"fs be citlzenship to flatter their ."0-(...i added ù,ith ôride characteristic cunning thab this nàO tne .JràÀt.- of allouring 9e their extradition lf they fleO tnto-f;;;i;^ countries after attemptlng rebelllon.r, La nationaliÈ'e allemande fut refusêe en 1902 â manqa BelI er à son flrs Rudorf, cf. Riiser,-À.i-ôi"-orài"-"io"iïl-xoro- nlalmacht, in: StoecÈer, KamérunII, p. 19g. -'t4?-

circonscrlptlons, sans aucune exceptlon, tinrent à mettre en rellef le fait que les chefs êtalent des ald.es lndispen_ sables â I'admlnistratlon. 1 Ce nêst êvldemment pas rendus en lgiO gue les Âllenrands se posèrent sÊrreusement la questron de se servir gani'sation de r,or_ politique des populations auÈochtones, car blen avant cette date, elle êtait oêjà au servlce o. i,"o"i"r._ tration. Le soucl. das colonlsateurs tendait sans doute veps une utillsatlon olus systËrnatlque et plus rationnelle de ceLte organisation polltique, c,est_à_dire une utilisation plus efficiente. Il est alors nÉêbssaire de poser Ia quesÈion de savoir quelle.rétaient les ralsons profondes qul poussè- rent les Allemands, t,out commeles autres colonisateurs, â intêgrer les autorit,es Èraditionnelles dans lradminisÈration des colonies. Il est certain que l,argument ir.;;;;;;";;., slnon premier, le du moins l,un des plus importànts. Le Relch ne vourart pas s,engager trop â fond financièrernent dans l'administrat ,.ioêed. une coronlll;lii ;::;::";;,:3';":';i:,:"ï:ï,." fallait donc utillser un personnel administratlf aussi r,e- dult que possibre, ce qui dlminuait automatiquement le bud_ get de fonctionnement. Etant donnê que r"" ;;";"^, des territolres parfois "oronr"; immenses, il êtait pratiquement im_ possible de s'appuyer partout et â tous Les niveaux sur c,es fonctlonnaires europreens sans qu,une teLle infrastructure ninistrative ad_.. n'entralnât des frai5 !66.res. 0onc ;;;;;;;";; PrrinclPal du àystème,consistant à.se servlr des chefs lo- caux se trouvait dans son aspect bon marché:

t Die politische.0rganisatlon der Elngeborenen Veruendunq fûr Verualtr"d und lhre t3;-3î:.or"rt "ÀJ-À""i,t]IË"r"nrng im Schutzsebiet Xl.Ell!;, rdr-Jàs"è"i,,liiË,orerKamerun 1e10-, -1 48-

Zueltens ist cJieEitIlgkeit eln nicht zu'unterschâtzen- der Uorteil dieses Systems. Es uâre c.1nûberaus gro0er und kostspleliger Eeamtenapparaterforderlich, ur nach Zerstôrung Jeglicher ElngeborenenverbândeJede eingebo- rena AutorLtât durch einen uei0en Beamten tu ersetzen, ganz abgesehen von der Schrrlierigkelt, dle nôti9e Anzahl von ulrklich brauchbarenBeamten zu erhalten... 1)

Une autre raison du malntien des autoritËs traditlonnel- les commeagents de I'administration coloniale dott êtie re- cherchÊe dans le donaine sanitaire. CommeIa cBte occldenta- le de I'Afrique étatt â l"epoque rêputêe pour être,l/ ton- be de I'homme blancn -à cause de l'insalubritâ cllnatlque-, Il fallait autant que falre sE peut,'epargner la vie de3 co- Ionisateurs. Alors on pouvait volontiers lalsser les chefs remplir les fonctions subalternes dans les rê9ions partlcu- I I1èrement hostiles aux Europêens. L'auÈorltê dont jouissaient les chefs traditlonnels vis- à-vis de Ieurs populations respectives fut 'egalementpour beaucoup dans Ieur maintlen en tant qu'organes de l'adminls- tration; êette autoritË devait être nrise au service du pou- volr coIoniaI. Les ordres de l'administration, passant,par l'intermêdiairE de ceux qul, Jusque-là, âtaient les reprê- sentants Iê91Èimes de Ia populat.ion autochtone et qul êtaient censês continuer de Irêtre, avaient plus d€ chance d'être acceptËs et ex'ecutâs par c€t- te dernière que s'IIs lut Êtatent lmposÊs directement par les colonisateurs. Cette populatlon n"etait-elle pas O'ejâ plus ou moins habit,uÊe â faire ce qua voulaient les chefs? Raison de plus donc, pour lEs utlllser afln d'att,eindre plus 3 facilement la population. Seulement, lorsqu'lI s'agissait d'appliquer le programme falsant du chef un lntermêdialre du pouvoir colonial, on se rendalt compte qua les 6vènernentsayant accompagnËla mise

Stockhausen: op. clt. p. 312.

Ibld. p. 512.

3 cf . FlansfeId: .Urrrrald-Ookumente,p. 160-162, -1 49-

en place de ce pouvolr pouvalent constltuer une grande dlf_ r-icult.é. En d'autres termes, les colonisaterus s,êtant le plus souvent lmposês de la façon la plus brutale, ll nrretait pas évident que l'on obtienne dans la pratlque une collabo- raLlon sans confliÈs. Le ressentlment seul pouvait consti_ tuer-un handicap difficllement surmontable; la brutalitre ou pouvoir colonlal â son installation pouvalt hypothêquer en quelque sorte la disponlbilttê des chefs â collaborer. La desbitution de chefs et leur remplacement par des Fersonnages doclles dans l,espoir que ces derniers, tout en exêcutant ou en faisant exêcuter les ordres du colo- nisateur, auraient l,adhésion de leurs suJets, ËtaIt tout â fait simpliste. Ce n,êtait pas la prêtention lêgitime à la ctignitÉ de chef qui pouvait êcarter tout conflit comme Ie croyait Stockhausenl lorsquril disait:

0ie Ausuahl dleser Hâupbllnge erfolgte lach tfrrer ee- fâhigung und Ioyalen Gesinnung 9"q"À di" n"gi"iunq-rn- ter Berijcksichtigung itrrer légitimen Ansprùcne ar]f eine-Nachfolge oder, bei Neusctiaffung ùàupiiing"- stelle, ihrer etuaiger Abstammung voÀ einer"inl. xâuptiing=- famil ie. I ) . Lorsque l'autoritê d,un chef,êtait contest'ee, Ie pouvolr coroniar avait ra possibiritâ oË faire une oimonstrati"" o" sa puissance miritarre pour 2 soutenir son arli6. Ainsl ra l'egittmitê d'un chef ne venalt prus nécessarrement de sa communautË d'origine, mals beaucoup plus du pouvoir colo- nial. Le nouveau rôle que Ies chefs êtaient appelËs â Jouer rendalt complexe le rapport sujets-chefs et chefs-admlnistra_ tion. Les chefs Êtaient dêsormais non seulement les repré_ sentants de Ia population colonisêe, mals aussi ceux du pou- voir colonlal, et ceci ne pouvait pas cr,eer une situation lrarmonieuse; les confltts d,lntêrêts allaient être inêvi- tables, selon que Ies chefs prenaient partie pour les so_

5tockhausen: op. clt..p. Jl1.

cf.2.J.1. -1rg-

lonlsateurs ou pour la population colonisêe.

3.1.3. Ie projet de gestion autononre. quel A niveau les autoritês traditlonnelles allaiant- elles être inté9rêes à l,administration? Les colonlsateur3 pouvaient falre apper â erles de deux façons diffêrentes: soit directement, eô leur laissant la posslbllitâ de pren_ dre psrt aux dêcisions plus ou moins ialportantes les gon- cernant, solt lndirectement en faisant d,elles de sirnples exêcutant s. La gestion autonome (Salbstverr.raltung) prêvoyatt ls crêation dans les colonles de communess,auto-9Ërant; e.lles fut d'ecidêe par ordonnance Impêriale du 3 Juillet 1g99.1 L'ordonnance ne disait d,allleurs rien concernant Ie rôle que les 'etalent colonisês appelês à Jouer c,ans cette forme d'administration. C',€tait au chancelier de r.egler les dË_ tails de cette gestlon autonome.L,expêrlence de cette for- me d'administ,ration ne fut pas du tout rêpandue dans les co- lonies allémandes, puisqu'eIle senbrait être rêservêe à des peuples dits,,plus clvilisâsrt2. En partant de tels prin_ cipes, iI n'êtait pas permls de se faire d,lllusions sur Ies chances de rêussitE d'un tel système où Ies arguments racis_ tes prËdoninaient. Erle fut rntrodulte dans les territoires de Samoa, de Kiautchou et dans une cert.aine mesure au Sud- 0uest-Afrlcain (Namibie) où res mêtis oËcioaient de certai- nes affaires 3 les concernant exclusivement. D"n" ces cas,

l Ruppel No 61.

L3Tp"f_A.: AnteiI der Elngeborenen an der Verrrral- tung^, __' und _:t, Rechtsoflege in unseren KolJnien, ôi;..i;- Greifrrraldi919, p. ajr;. 20: "r. alig;r;i;;; isi àie-é"1;;r;;;- uralt,unqder Einoeborenen ln rni"r"À ioroni"À-r"Àil-;r;;;_ blldet (...).oaà rJ.egt vor arrem oàràn, da0 trrr nur llsierteren (l) zivr- Vôfkàrn elne solcÀe gestatten k6nnen.n 3 Lampe, A.3 op. clt. p. 25. "f. -1 51-

les autochtones exerçalent dans reurs propres affaires une admlnistration 6utonome. En Afrique de I'Est, un drecret du chanceller du 2g nars 1. 1901 autorisait Ia crêation de comnunes, où les Africalns 'etaient apperês à travairler câte â côte avec les coronlsa- t,eurs. Chaquecommune avait un conseil composêdu chef de disLrict et de trois à cinq membresproposês par ce dernier et nomm'espour deux ans par re gouverneur. Au morns un nem- bre de ce consell devait être un reprêsentant africaln. Les sÉances dE ce consell êtaient prêsldêes par le chef du dis_ trict.2 Le fait de faire collEborer colonlsateurs et colonlsés au sein d'une mêmeinstance ne pouvalt pas soulever tellement d'adhêsion, les colonisateurs se prêsentant touJours comme ressortissants d'une race prêtendue sup,erieure, ne suppot,- t,aient que difficilement cette sltuatlon. Aitnsi nombre de colonisateurs tentèrent de s,opposer â cette expÊrience eÀ aII'eguant que la participatlon des Africains.ne contrlbue_ rait à la Iongûe qu'â saper I,autorité de hommeblanc; pour eux, participation la des Africains à r'administratron com- munale reprêsentait un danger, elle risquait de porter at- telnte â leur position dorninatrice. Ce fut pour satisfalre Ies opposants à ceLte politloue que certaines mesures furent prlses qul permettraient au chef de district d'exercer un plus grand contrôle sur le o,.rl{s) membre(s) africain(s). Une soupape de sOreté fut crêÊe; ainsl chaque reprêsentant africain pouvait être rê- vpouê â 3 tout moment â Ia demandedu chef de district. t: Ëtait alors plus facile de se dêbarrasser du mernbreafrl- cain s' il devenait gênant. lvlalgr,ecela, la gestion autono_

1 Ioio. p. 2s. 2 tuto. p. 26i cf.-0ernburg, B.! Fragen der Eingebore- nenpolltlk, ln: DKg 1908, p. 227.

J cf. Lampe, A. : op. cit. p.26. -1 52-

me ne fut pas un succès en Afrlque de l'Est; dès 1g0g, tou- tes les assoclatlons comnunales furent supprlm'ees, â l,ex- ceptlon de Oar-es-Salam et de Tanga. Un dâcret du chanca- fler du 18 Juillet 1910 vanalt supprlner toute particlpa- tlon des Africalns à l'administration comrrunale; ceIIe-cl 'atait 1 confiêe excluslvement aux Blancs. C'est un projet du mêmetype que celul de la colonla d'AfrlquE de l'Est qul fut conçu par le gouverneur Seltz cn 1908 pour le Cameroun.Ce projet vlt le Jour à la mâmçoâ- riode que l'inposltlon quasi-gênÉrale de la populatlon câ- merounals6. Seitz voyait dans la gesÈion autonome un noyen d'utiliser de façon posltlve les ressources que Ie gouverne- ment tirait de I'impôt. En permettant aux Camerounals de par- tlciper à la gestion des fonds aêcumulês par eux, cela les inciterait â s'acquitter de leurs impôts avec beaucoup plus 2 de zèle. Le pro3et de Seitz avait deux aspects devant contrlbuer â une d'ecentralisation adminlBtrative. II. devalt permettre d'une part de mettra certaines sommesâ Ia dispo- sition de èhaque circonscription qui pourralt alnsl couvrir ses besoins sans toujours recourir à I'admlnlstratlon cen- trale. Ceci rendalt les circonscriptions financlèrement plus autonomes et âvitait les lourdeurs bureaucratiques. Ee pre- mler objectlf fut atteint sans trop de difflcultâs.3 0'autre part, Seitz astimait nêcessaire de faire dlrecte- ment appel aux aut,orit'es traditlonnelles, car il fallait qua la.situation soclale se stabilise dans Ia colonle. La mise en place d'un système d'Ëconomie de narch'e, le dËveloppe- ment des Ëcoles et des nlssions, bref les consêquences que l'lmplantation de la domination coloniale avaient eues sur la structure soclale-de la population, avalent cr'e6 une si-

1 L"rpr, A.: op. cit. p. 2?. 2 cf. Seltz, Th.: VomAufstleg und Nlederbruch... II, p. 54.

3 luio. p. s4. . -153-

tuatlon qui allait se dêgradant et contre laquelle il fal_ 1 laib entreprendre quelque chose. En observant Ia soci,e- t'e duala, Seitz y remarquait une d.egradatlon de I, autorlt,e eE notait:

Es urar eben durch dle Entrrlicklung uirtschaftlichen 'Uerhâltnisse der eine Lockerung der àlten Stammesorganisa_ t.ion einqetreten, die beinahe einer AufIôsung dérsel_ ben gleichkam (...) n" StelIe der verlorenen Stammes_ organisation muBbe etuas anderes treten, und das konnte meiner Ansicht nach nur die Bildung einér Gesamtgemeln_ de Duala sein. Z)

Donner une nouvelle cohéslon à la structure soclo-polltt- que des populations colonis'ees ne relevait pas d,une quel- conque g'en'erositê de la part du colonisateur. II faut re_ marquer que la dislocatlon de cette organisatlon soclo_po_ Iitique'etalt pr'ejudiciaule â la rêallsation des obJectlfs admlnistratifs et Économiques du système colonial. Alnsi, Conner une place aux autoritês traditionnelles dans Ie nou- veau contexte, c'êtait en même temps falre d,elles des ins- truments ad'equats de I'économie colonlale:

. Allerdings gehôrt dazu, daB man dem Eingeborenen, ù,enn man ihn nicht mit Geroalt zu einem fûr dàs moderné, rrrest_ europâisch orientierte Leben, besonders fûr die mode..,, ùJirtschaft geeigneten ùJesen machen rrriII, auch innerhalb des sozialen und politischen Organismus der Kolonie die ihm nach seiner neuen Einstellung zukommende SteIIung anuei st. 3 )

projeL Le de Seitz devait sussi être perçu comme moyen cte prêvenir Ies êventuels conflits qui surgiraient un Jour ou I'autre si les colonlsês êtalent toujours exclus de la vie publique. Dans un rapport à son mlnistère de tutelle, l.l jus- tlfialt son projgt de dÉcret de la façon sulvante:

1 tuio. p.4s.

5eltz. Th.: oo" ctt. p. 45.. 3 Iula. p. s6. -1 54-

Eine Kolonialveruraltung, deren Zlel es ist, ln dem Schut,zgebiet ein sich-ieIUsI erhaltendcsr,O.rrcÀ-rirt- schaftliche une kulturelle Interessen mit dem lttutter- land verknûpftes Gemeinr"r"À iu scrraffen, nlcht darf sich der Gefahr ausserzen, oà0 etnes i;;";-;i"-r4;;"" der Bevôlkerung _und das r,rérdenin den Schut'zgcbieten. ti"Ài..À""- immer oie eiÀàetorenen bleiben- rein bureaukrat.isch einer organisiériàn verroaltu"l r""iJ, feindlich 5. gegenûberstetit. 1 ) CommenÈdevrait alors se prêsenter concrètenent fa ges_ tion autonome et quel 16re devait êtle attrlbu'e aur auLorrtés traditlonnelles? projet Le de dêcret du gouverneur Seitr prê- voyalt la constltutron dE Communesurbaines et d'assoclations communalesau niveau dEs circonscriptlons, de çommsng5r.rj5s_ les en quelque sorte. z pour les communesurbaines dont princlpalement Douala, un consell,municipal devalt être formê. Ir devait être composêde deux assembl,eesdlstlnctes: ra première regroupant les reprËsentants des colons, la se_ conde ceux de Ia population colonlsêE. Cette deuxième assem_ blêe devalt être un conseil des anciens (illtestenrat). au sein duque.l se trouveraient Èous les.chefs exerçant Ie droit de judidiction,; il êtalt prêvu qu, elle allait être placêe sous Ia tutelle d'un curateur J blanc (Eingeborenenpfleger) . Ces deux organes devaient sl,eger sêpar,ement pour d,ell_ bêrer sur Ies affaires.communales et prendre des dêcisIons. Pour permettre une communicat,ionentre les deux organes, le conseil des anciens deùalt envoyer son curateur blanc assis_ ter aux sêances de Irassemblêe reprêsentant, les colons.0e nême, un reprêsentant blanc devait particlper aux sêances du conseil des anclens. Au cas où Ies deux assemblÊes arrt_ vaient à des d'ecisions dlvergentes, lI revenalt au gouver_ neur cte trancher. Ouant aux assocLatlons communalesdes cl,rconscriptions,

Ibld. p. S?.

cf. Seltz. Th.: op. cit. p. 56.

Ibld. p.56. -155-

elles devaient être pracêes sous le contrôre du chef oa cti- conscrlption qui devait les reprêsenter vers I,ext,erleur et Jouer re rôle d'lntermêdraire entre elres et le gouvernement" Le chef de clrconscription devalt en outre convoquer les rê- unions du conseil, en fixer I'ordre du Jour et prêslder aux sêances. A la demandede quatre membresdu conseilr une rê- union pouvait être convoquêe et trois membrespouvaient en . 1 imposer l'oidre du Jour. Il est lmpossible de dire quelie devait être la proportion des Camerounals au sein de ce con- seil. Le rôIe de ces comnunesrurales aurait d0 avoir un ca- ractère Ëconomlqueprêpondêrant. I1 devait notammentconsis- ter à mettre sur pled et à rËallser Ie plan âconomique, â rêunir et à g'erer des fonds qui ne venaient pas du budget, de 1a coloniE. Les actlvitês des communesurbalnes devaient se concentrer sur ra mise en prace d'une infrastructure (routes) et sur I'organisation de la santê publlque.'2 0uelle fut la rêacÈion du minlstère de tutelle devànt i la. le proJet du gouverneur Seitz? II y avait de- fortes chances qu'elIe aille dans Ie mêmesens que celle enregistrËe face_ â la cr'eatin de communesen Afrique de l,Est. L,instaura- tion de communesrurales n'obtint pas l,approbatlon de ger-, IIn; n'oublions pas qu'à la pêriode ces communesêtaient sup-, primêes en Afrique de l'Est. La possibilit,e subsista quant à la crêatlon de communesurbaines, ceci après.que le conseil 'etê des anciens àit pratiquement r,edult, à un rôIe secondai- re car l'organe reprËsentant les colons reçut pour ains! d!-. re un droit de veto:

, Solange aber die EingeborEnen des Schutzgebietes slch auf der Jetzlgen Kulturstufe befinden, urird die nicnt-

I cf.l{ausen , K.i Deutsche Kolonlalherrschaft in AfrIka. u,rrtschaftsinteressen und Koloniarverrrraltung in Kamerunuor 1914. Atlantls 19?0rF. 2SZ sq. -) cf. Hausen,K.: op" ctt" p" 254. -1 56-

eingeborene Bevôlkerung in allen Fragen der Selbstver_ rdoltung den entscheldenden EinfIu0 fûr stcÀ iÀ-ÀÀspr"cn nehmendûrfen. | ) Serlln eut ainsl recour3 â un argument raclst! pour barrGa 1a vole aux chefs camerounais qul auraient pu alnsl paDtl_ ciper directement à une lnstance de dêcislon. wlais mêmeen donnant aux colons allemands du Cameroyncet_ te positlon où leur prêtendue supÉriorlté raclale êtatt prâ- serv'ee, ils ne s'empêêhèbent !as d.e se prononcer contre le proJet gouverneur du en ig10 lorsquril fut soumls au Jonsetl du gouvernement (Gouvernement,srat)_organe qul, selon les textes-officlels ) n'aurâit d0 avoir qu'une fonctron consulta- ' - tivet L'opposition des Allemands du Camerounsrappuyait sut l'argument gèrlin. OêJà avancÊ par Cette opposltion s,a3_ ticulalt en fait sur le m'epris â r'É'ard de r'homme coronisê. Les colons ne pouvalent pas supporter Ie simple fait que des autoritês tradittonnerles fussent assocrËes aux dêcisions res . concernant. La majorltê du conseil du gouvernement sè pro.,en- contre le projet ça de dêcret du gouverneur; c.Ëtait, le re- pr'esentant'de la Chambrede Commercecle Kribl qui était à ta tête de cette opposition. EIle se r,esumait, tout comme nous I'avons pour vu lrAfrique de lrEst, au fait eu,une par- tlclpation dlrecte dEs chefs locaux à la gestion des fonds -fournis d'ailleurs en naJeure partie par eux et leurs sr.r- ne Jets- contribuerait qurâ miner la positlon et à saper la suprêmatie du colonisateur et, ne constltueralt qu,un danger pour le gouvernenrent: 3

Elne Reihe Einuendungenuurden erhoben, alles aber glng schlie0lich darauf_zurûck, daO man_einé xeranzi"Àrnà oæ Etnseborenenfiir oià-À'iôàuà.-oËi sàrù'"tràirliÊrliË"iu,

L.gttre-de_l,office ^ ,.: de colonies â seitz du 20.?.1909, R.K.A. N" 42?9, F. ZS-3A, d,après Hausen,K.i op. p. ZSr,. "it. Ruppel .lg. No Verfûgung des Relchskanzlars, betr. dle BIldung von GouvernEmentsràtenvom 24.10.190J. 3 s.ltr, Th.: op. cit. p. 5?. -1 5?-

verfrùht hieltr. ln ihr elne Untergrabung der Stellung der tdei0en iiberhaupt und dre schr,rèrsbe 6efahr rùr-ài. macht der Regierung sah.

Le conseil du gouvernernent demanda qùe tout le proJet soit repoussê, mals pour ne pas sropposeD c,e façon aussl radicale â l'initiative du gouverneur, 1l accepta lors de 'evrier Ia sËance du 10 f 1gl0 que Ia d,elibération sur le pro_ soit Jet ajourn'e, ce qul fub fait. Flais comme le gouverneur seitz fuÈ rapperê juin en 1910, son proJet de dêcret ne sor- t,it plus des tiroirs; sôrement â la. grande satlsfaction ou conseir du gouvernement. Les successeurs de seltz ne s,ln- - têressèrent plus proJet au de lol qul ne fut plus remis à l'ordre du 5our.1 Il est êgalement lntêressant de noter la rêaction du par_ lement face au proJeÈ de Seitz. Lorsqu,il y fut question de I'octrol de Ia gestion autonome â certaines bêgtons du pa- - meroun, les sociaux-démocrates posèrent deux.condltions prË_ alables. Premiêrement, Ies fonds qul devaien! être mis â la dlsposition de ces organes autonomes viendraient obligatoire, ment de ccux qui les'elisaientl ce qui veut dire que les co_ rons du cameroun êtaient apperês à financer eux aûsei cetse administration. 0euxiômement, l,octroi de la gestlon autono_ ne devait être n'ecessairement liË au respect.des intêrêts de la population ' colcinisêe; autrement dlt, sa repr,esentation au sein d'un organe devait être garantie, Ie droit des colonisËs de faire connaitre et respecter reurs intêrêts devatt être 2 reconnu. Laa sociaux-démocrates, par Ia bouche de,leur p.orte-paroIe, , Ie dêput'e Noske, refusaient toute forme de gestlon autonome qul serait accordêe excrusivemenÈ aux corons. ceux qui la rêclamaienÈ êtarent surtout les firmes qui en fait he voulaient qu'atteindre des objectlfs personnelso cherchant

1 Ibid. p.58. 2 Verhandlung des Reichstâgs, XIII. ^ Stenographlsche Berlchte, !eqislaturOeriode, I. SesJiôn, 52.-Slizung uom t. ftal 1912,Berlin 1912, p. tS59. -158-

avant tout â satlsfaire leurs lnt,erêts,econontques. Leur am- bltion'ebait dedêrtier an naitres du pays eÈ d,en falro ce qu'el.les voulaient. I

cette lnterventron de ra socrar-dâmocratre pouE la cause des peupres colonisês ne sembre pas avorr êt'e entendue. En effet, lorsque Ie sËcrêtalre d,êtat aux colonies, le 0r. Solf s'eJourna au Camerounen 1913, il ne sernblalt pas pré- occupê outre mesure par l,êventuelle repr,esentatlon des co- IonIsés au sein d'une admlnistration auÈonone. Lorsqu,rll a_ borda la question de la gestion autonome, lI ne fut questlon que 2. pou" des colons Iul, si la gestlon autonone n,étalt pas réalIsabIe, c'Étalt surtout â cause du nombre fluctuant des Europ'eensdans Ies colonies tropicales, de leur moyenne d'â9e relativernent Jeune et de re dÉcision des soci'etês-mè- res Arlemagne en de ne pas accorder trop d'autorltê à leurs agents. Au cours de la mêmeann,ee 1g13, le dêput,e Noske demanda, sans que succès, des repr'esentants des. colonrsËs solànt ao- mls au conseil du gouvernement, ce qul leur auralt ainsi permis de faire entendre la voix des colonls,es â une lnstan- ce de dêcision sup'erleure et aural.È par contre servl le râ_ glme colonial;

ldeiter lst ganz selbstverstàndlich, da0 ein ûerstàndI_ ger Ausbau der Selbstverrrraltungdaiu belt""g"n-riiJ, uenigstens in mancher geziehung vernûnftigeien CirÀà_ 5âtzen zum Ourchbruch zu verhelfen. Dadurén rann auÀr, eine ueitere wirtschaftllche Fôrderung der Schutzgebie- te eruartet rrrerden.ty'rr sozialdemokràten miisse.,àu"r grundsâtzllch immer urieder betonen, daO es nlcht antent, Iediglich darauf zu sehen, da0 eine handvoll trlei0er mit .dem GeId der Eingeborenen und den Ertrâgen, die o"r, Elngeborenensteuèrn herausgeholt uerden, séhaltet",ri und ualtet, uie es lhnen beliebt,. In 0stafrika, Xà"àr"À-""o

Ibtd. p. 1599.

DKZ,1913r p.368-J69. -1 59-

Togo z.B. kônnte ohne Zrueifel lm Gouvernementsrat aIs Vertret,er def Farbigen auch eln Elngebo."rr"" ty "itr"n... Le contralre de la position de Noske sur la partlclpa_ tion aut'oritâs des traditionnelres â une rnstance de dêcr- sion dans la colonie, s,articulant sur un argument raclstee fut'exprimË par Erzberger, dêput,e du partl du centre (partI cathollque)

The main principle ln the employment of natlve offl_ cials must be to_avoid situatloÂs uhere natives u" state authority (Obrigkeit) torrrards uhltes. Su"f,""[ situu_ tlons are incompatible rrliLh the lnterests of the r,rtrttp race. 2)

La position de Erzberger et des colons du Cameroun prêvalut finalement. Ainsi, la tentative de Seitz d,inclure dlrecte- ment les autoritÊs traditionnelles dans le processus admi_ nistratif, ne f0t-ce qu'à un niveau subalterpe et de façoÀ assez modeste, se heurta à un refus des colons, refus dictê par un prlmaire racisme et par une volont'e dé ne rien cêder de position leur dominante et de Ieur dêsir d,exploitation optimale. Les chefs furent ainsl exclus des dËcislons qui poortant concernaient Ieurs peuples et eux. De ce fait, lIs furent rËduits à oe slmples instruments au servLce du systè- me d'exploitation.

3.1.4. tttraitË 3 Chefs: drunlonrt entre Ie pouvolr colo- nral et Ia population colonisêe. t-a po" voix à un olveau de dêclsion, aussl bas f0t-iI, n,êtant pas accordée aux cirefs, il ne Ieur restait plus que celIe d,êÈre util!sês comme des personnages devant veilre:.- â i'exêcution des oi-, de l'administration 9res coronrare. rls êtaient devenus la

Verhandlungen des Relchstags, Stenographlsche Berlchte, 288,1913, p. a35ô.

2 Cttê d'après Epsl:ein, Ko: op" cIt,a p. 663" J- L'u"pru.slon est de Charles Atangana, eIIe t,radult très bien position la des chefs soyl Ie rêgime côIonial. Cf. Àtanga- na, Ch.: Uno ôtude sur Ia chefferie, in: Abbia, Zf, iS6S, p.gf" -1 60-

courroie de transmlssion entre le rêgime colonial et la ps- 1 'etalent pulation colonlsêe. L"" Allemands bien obllgÉs de se servir d'eux pour les raisons que nous avons dêjâ nen- tionnêes. 8on gr'e, nal 9rê, les chcfs Êtalertdevenus del agents de l'impârisllsme colonial; leur positlon d, inter- o'ediaires entre le pouvoir colonlal et la populatlon ap- portalÈ un changementfondanental dans leurs responsabill- t'es. 5i jusqu'â l'arrlv'ee du colonisateur lIs ne reprêsen- talent que leurs communautês,teI n,,etait plus dêsormqis le cas; ils avaien! dêsormais des qomptes à rendre aux nouveaux màltres du pays. Sltuation d'elIcate, car iI sufflsalt qu,ils se mettent entièrement dans le camp du colonisateur pour en devenir dêpendants et ne plus pouvoir compter sur la sociËtê dont IIs pr'etendaient être les reprêsentants lÊ9itimes. S,en_ gager pour Ies intérêls des Ieurs impllquait souvent une rê- actlon brutale de ld part du pouvoir colonial. C,est dans cetÈe posltion quelquefois peu confortable, mals combien d,e- terminante, que les chefs avaient â rempllr leurs foàctions vIs-à-vis de l'administration. Il'etaii pratiquement impossible au fonctionnalre colo- niar d'entrer en contact direct avec res colonisËs lndividu- ellement pour leur dire ca qu'iI aLtendait d,eux. L,utilisa_ tion des chefs commeintermêdiaires s,imposait; lls furent consid'erês commeêtant la voie Ia plus rapide pour âtteinctre la population colonis'ee. pour Ie juge Strahler rêsunant le rêsultat de son enquête sur la pêtition des chefs Akrrrale J0 'etait 'elêment janvier 190?, Ie chef un lndlspensable pour l'admlnistratlon de Ia colonie:

Der Hâuptling lst ein unentbehrllches 0rgan der Landes- veruraltung, dem es obIiegÈ, die Regierung zu beraten, ihre Anordnungenund Befehle seineÀ Stamriesgenossentu ûbermitteln und deren Ausfûhrung zu ûbErr,racÉen. Z)

t' Amtsblatt fijr.das Schutzgebiet, p. troie Kamerun1910, 90: Hâuptlinge (...) sind die 0rgane durch uelche-die verr.rar- tung der Bevôlkerung ihre Anordnungen- Ubermlttelt und deren Aus_ f Ûhrungen ins lJerk setzt. rr -) Uerhandlung.des Reichstags, Stenographlsche gerichte, lz. LegIsIatur-Periode 190?, 241, p. 19J4. -161-

A partlr du momentoù les chefs êtalent lêqttim,es par le pouvoir coroniarr celui-cl leur donnalt des papiers offlclers 1 pour valoir ce que droit. L". lnslgnes que leur remettalenÈ les AllemandsIes lnstallaient pour ainsl dire dans leurs nouverles fonctions. Faisaient partle de.ces inslgnes des can- nes, des casquettes, des drapeau)

cf. Annexe :ro J-

OKZ,1910, p.856.

ANC, FAlrl3?, F" 3-?. -162-

und zu erhalten.n 1 'ces journ'ees avatent arors une lrnportance ôdmrnrstsaÈlve lndêniable. Les chefs y recevalent de nouverles lols et rns- tructrons qu'rrs êtarent chargés de faire exêcuter par Ieurs sujets; lls devaient renseigner lradministrateur de ce qul passait se dans leur territoire respectif. Ces renconLres rÉ9u11ères facilltalent consldêrablement la tâche adninis_ trat ive:

An einzelnen Bezirksâmt,ern slnd bestimmte Hâuptlitnos- tage festgesetzt, an denen sich die HàuptIt"à-"-àui'o", Eezirksamt einfinden, up ùber ihre Bezirke gericht zu erstatten, ûber VerualLungsmaOregeln,die Oie-ÈtnleOo_ renen besonders angehen, mitzuberaÈen und neue Verorcr- nungen entgegenzunehmen.Diese Hâuptllngspalave, von groBer trlichtigkeit fijr Verr,raltungsz,iette, "ino ten dem Verualt,ungsbeamten.Gel.egenheit,die Ânschauun-"i"-[iu_ gen und ldûnscheder EingeboreneÀ durch-lhre HàupÈlinqe zu hôren, diese selbst zur Beratung und politischer Tâ_ tigkeit heranzuziehen und den Zureci und Nutzen-il neuèr---' Verordnungen zu erlâutern und zu erklâren. Les Journêes de chefs'etaient alnsl devenues une rn.tltutro., qui permettait à 1'admlnistration de prendre pour alnsi dire le pours populatlon, oà la car pour erres res chefs Étalent transfoim'es en v'eritables agents de renseignement du eouver_ nement. L'ddministratlon pouvaib de ce fait orienter ses dê- clslons en.connaissancede cause, elle avalt Ia possibilitÉ d'lntervenlr au momentopportun et de retourner ra srtuatton en sa faveur. Au cours de ces r,eunions, le rgle du chef con- slstait-â Ittraduire et expliquer Ies paroles du tam-tan, fai- re à r'autoritË des comptes-rendussur res Ëvènementsdu pay9.r.J Cecl êtait d'autant plus important que le Iangage tanbourinê (Trommelsprache) pouvalb servir â transmettre des rrressages secrets peut-être et peu favorables au pouvoir colonral.

,1 Stockhausen, op. cit. p. JtJ.

Ibtd. p. 31ii cf. oKz, 190J, p. i4o.

Atangana, Chrs op. cit. p. g9. -163-

Charles Atangana avalt pour ce but une audlence spêciale du chef de la 1 circonscription. Tout ce qul se passait au setn de la population colonis,ee, tout ce qul êtait dlt oans les conselrs dE noÈables devait êtrE rËpêtê â l,adrninrstra- tion. Il leur êtait assignê comme rgle de chercher à obtenlr la confiance des habit".,t" 2, ils devaient endormir la vI_ gllance de population la pour mieux la livrer â I,exploita_ tion coloniale. Une population méfiante ne constituait pas un bon prêalable pour Ia rêalisation des objectifs êconomi_ ques. Les chefs êtalent ainsi devenus le prolongement de la main du pouvoir colonial, c,est par eux qu,il fallait passer pour tirer Ie maximum des colonis,es. C,êtaient des Iiens in_ dispensables au fonctlonnement, du système cqlonial; leur rô- le d'lnterm'eadiaires était o, import,ance. Tout êtait falt pour garder le contact inier_ mËdlaires "r{t"","" et Ieurs nouveaux maitres. Il pouvait arriver que des chefs lmportants soient â une grande distance du poste administratif. pour surmonter cette dlstance qui risqualt d'.entratner une certaine lenteur dans la transmission et I'exêcution des ordres de I,autorit,e coloniale, iI fut cr,eê une sorte de représentation pour de tels chefs au poste. même: The more important ones (chlefs, G.) uere obliged to keep-,?deputies'r rèsident at the staIion to uhori o.J"r" and instructlons or exhortations to plani ^;;-;r;Ë;'or pre-, pare for the arrival of vaccinating teams could be sir"."il Alnsi le roi NJoya du gamum par exempre entretenait ijes re- prêsentants poste au de Bamenda pour resEer en contact per- ilanent avec 4 l'administration. Une chalne de communication Étalt ainsi mise p.lace en et relayait le plus rapidement pos__

1 cf. Atangana, Ch.: op. cIt. p. g1. 2 Iuio.r p. 90. -1 ChiIver, E.|tl.: Admlnistrat.ton ln the ljest Central Came- roons 1902-1954, in: Essays in InrperiaLGovernment presented to lYlargeryPerham by K. Robinson and F. madden, 0xford 1963, p"gJ,

P".", I.: Allemands _4- Les à Fournban, ln Abbla, 12-lJ, 1966, P. 220. -16 4-

sible tout ce que l'adminrstration voulatt faire parvenir à Ia population. Il nE suffisalt pas aux chefs de recevolt at de trans_ metbre les instructrons du gouvernernent, il leur fallait en- core .Ies faire respecber, Ies faLre exêcuLer. posr ce faire, lls étaient lnvestrs d'un pouvoir de porrce. ce pouvolr leur permettait d'exerce! une pression certalne sur la populatlon et au besoin de l'opprimer pour obtenlr d,elle ce qu,exlgealt I'admlnistration. Ils êtalent alnsl transforn,es en ingLiu_ ments coercitlfs, pulsque rnalgrË l,appareil mllitaire du pouvolr coloniar, cerui-ci s'en renettait à eux pour re marn- trsle tien de I'ordre: (die deutscha Reglerung, G.) erÈeilt oder ve!sagt den Hâuptlingen und,0berhâuotlingen die Aner_ kennung und macht jene fûr Ruhe und 0rdnung verantruortllch.n 1 0ans sa r'eponse â p,etltion 2 une du peuple duala , le gouver- neur Zimmerer en novembre 1Bg2 mettalt un accent particuller sur re que rôle devaient Jouer res chefs dans le maintien dE 3. l'ordre public U.," des conditions posÉespar le gouver- neur von Soden pouD le retour de manga Bell de son exil du Togo êtait qu'iI s'engageât â exêcuter tous les ordres du gouvernement et à obtenlr la mêmechoss de ses sujets; en outre ll devait livrer â l,admlnistratlon tous ceux qui ne voulalEnt pas se soumettre'4 . Nantis de ce pouvolr de rê- pression, les chefs contribualent â l.entretien d,un cll.mat favorable à la rêalisatron des objecttfs du rË9lme coloniar. L'admlnist,ration coloniale Ieur dêlËguaiÈ par ce blais une partle de son pouvoir r'epressif qu,elle exerçalt alors ln_ dlrectement,; cecr ne pouvart que contrrbuer au drscrËdrt des chefs face à leur peuple.

1 L"rp", A. : op. cit. p. 2. '2 ANc, FA1/37, F. 210-21g. 3 nHc. FA1/37, F. 121-123icf. aussl FA1/J7, F. 26-28, F. 229. -1 65-

3.2. La Juridiction

L'to'ee que les colonisateurs se falsalent des colonisres 'etalt et de leur culture surtout une lctÊe de sou-s-estimatlon I et de mêpris, idËe dlctêe par un raclsme indêniable. Lt principe d'une pr'etendue supêrlorlt'e des colonisateurs par rapport aux colonisÉs, insplré du social-daruinisme et d'un 2, auteur tel Gobineau d"v.it jouer un r6le important dans la consolidation du rêgime colonial. Le maintien de l'êdifi- ce colonial devait se faLre par Ia mise en place d'une jus- tice r'eflêtant le principe dont nous parllons plus haut:

Bei der Rechtsprechung zuischen trjeiBenund Schrrrarzen, die der europâischenAutoritât vorbehalten bleiben muB, lst dringend zu uarnen vor der in den englischen Kolo- nien versuchten Gleichstellung beider Rassen. Der euro- pâisch formullerte Eid eines Negers ist meist eitel Humbug. 3)

Pour pouvoir conselver sa posltion de domlnant, le colon se prËsentait en tant qu'rtêtre dupêrieuril (,,hôheres ldesenr), st- non Il aurait lui-même ouvert la voie à une remlse en ques- tion de sa situation par le colonisê. Ainsl lI fallait orga- niser la justlce de telle sorte qu'à aucun momentIe coloni- sê n'ait la posslbilitê Oe Juger un colonisateur. La Justice coloniale connalssait une sêparation nette se- lon qu'll s'aglssait, d'Europ'eensou d'Africalns. Cette sê= paratlon êtait prËvue par la loi sur les protectorats qui stipulait aux paragraphes 2 et 3 que la juridictlon consu- laire devalt être appllqu'ee pour les glancs; le paragraphe 4 excluait les colonisÉs de cette Jurldlct,ion:

1 HauptmannFlorgen, RltLmelster von Stetten in: Giesen- recht, F.: 0le Eehandlung der Eingeborenen in den deutschen Kolonlen, EerIln 1898, p. 101; cf. Seitz, Th.3 VomAufstleg und Nlederbruch, IIr p. 54.

t Gobineau, Arthur, comte de: Versuch ilber die Unglelch- heit der Menschenracen,Stuttgatt, lgOO-1gOg,4 voIs. -1' Euchner, M.: Kamerun,p. 190. -1 66-

paragraphen OIe ElngeborenEnunterllegen der Im Z 9e- regelten GerlchtsbarkelÈ und den lm paragraphen J 6e_ zelchneten Vorschriften nur lnsouelt, ali oies durcn Kaiserliche Verordnungbestimmt r,rird. Den Eingeborenen kônnen durch Kaiserllche Verordnung besLlmmte andere TeiIe der 8evôlkerung gleichgesLellt r.rerden. l)

Aucune ordonnance impêriale ne vint changer cette dlsposl- que tion, c'est-à-dire les colonlsâs avalent une Jurldlctlon â part. Nous allons donner un aperçu de la Jurldictlon cher les Elancs avant de volr son organlsation et le rôIe qury Jouaient les chefs chez Ia populatlon colonisêe. La jurldict{on sur les EuropËensêtait organisêe an deux instances. Au nlveau de la clrconscrlptlonr ll y avait un juge rendant JusÈice en première instance. Il y avalt trols trlbunaux de première instance au Cameroun: Douala, Krlbl, 2. Lomiê Le tribunal supêrleur (0bergericht) fonctlonnelt commeinstancE d'appel pour Ies affaires jugées par Ie tr1- bunal de clrconscription. Au Cameroun, cette seconde instanee 3 avait des compêtencesêtendugs sur le Togo. C"tt" o"9"- nlsatlon en deux lnstances ne semblait pas donner satlsfac- t,ion aux concernês. Selon ZiegIer, lui-même juge supËrieur à Dar-es-SaIarn, il fallalt cr'eer une troisième instance. La nêcessit'e de cette lnst,ance de r'evislon êtatt Justlfiée par Ie falt que 1e trlbunal de seconde lnàtance nravalt pas suf- fisamment d'autoritê puisqu'il n,était constlture que d,un juge de. m'etier et de quatre assesseurs, et qu, en plus ll n'êtait pas permanent,à cause de frêquents changementsde 4. personnes dans les colonles I"i, un fait Important se doit d'être soullgnê: chez Ies Europêens, la Juridlction con- naissait Ia sêparation des pouvoirs entre l,admlnistration et la Justice.

1^' RuppeI.N" 9, Schutzgebletsgesetz vom 10.g.1900.

-2 Deutsches Kolonlallexikon IT, p. 212.

J K6bneri KoIonIaIrecht, in: Internatlonal Unlon of pe- nal Lau, Berlin 1904, p. SS?-5S9.

Zlegler: : Eingeborenenrecht ln deutschen Schutgebleten, ln: International Union of Penal Larrl, Berlin 1904, p. 5?I-57â. -16?-

3.2.1. Les tribunaux de chefs nendre j@ement partle intêgrante des compêtences du chef dans sa communautê avant la colonisatlon" L'installation du pouvoir colonlal venait remettre en ques- tlon cette autorlté Judiclaire du chef, puisqu'elIe pouvalt lui être reconnue ou refusée. 6t ce qu'écrit August.Lampe: rrfn Kamerun uar den Hâuptlingen 1884 und 1885 in Vertrâgen dle Respektierung threr einheimischen Gerichtsbaikeit fûr die erste Zeit zugesagt uorden.,,(1) ,"rg1" bien être en con- tradiction avec les faits. II est plutôt certain que dans Ies premlères annêes de Ia colonisation, les activitês ju- dl.cialres furEnt directement prises en maln par I'adminis- )- tration.

Le pouvoir colonial fut amenê pour plusieurs raisons â laisser au chef une autorité 5uoiciaire IlmiÈÉe sur ses su- 'epargner jets. Il tenalt avant tout â se dêcharger et à et du personnel et de l'argent:

Gegen eine Ausdehnung der deutschen Gerichtsbarkeit auf die ùbrigen BevôIkerung sprechen die verschiedenen Grijnde. Zunâchst u,âIe das Reich vôIIig auBer Stande, einen Behôrdenorganismus einzurichten und zu unterhal- ten, der die unmittelbare Jurisdiktlon ûber die einhei- mlsche 8evôlkerung ausijben kônnte; es rlird sich viel mehr immer In geuissem Ma0e der elnheimischen macht- haber aIs seiner 0rgane bedienen mûssen. 3)

Ce n'est qu'au début des annêes g0 que les chefs direc- tement souml,s à I'autorit'e colonlale furent autoris'es à exercer Ia jurldiction sur leurs sujets. Le premler octrol du droit de Juridiction à un chef camerounais n'eut Iieu qu'au dêbut de l'annêe 1890. En effet, par une note du 20 mars 1890, Zimmerer, qui aIIaIt remplacer le gouverneur von Soden quelque temps plus tard, accorda à KIng BeII le drolt

1 L".p", A.: op. cit. p. A77 cf Bornhak: Das Recht der Eingeborenen ln den deutschen Kolonlen, ln: DKZ, 1891r p. 146.

2 cf. Rudln, H.: op. clt. p. 199 sq.

Bornak: op. clt. p. l46i cf. Hesse, H.: EingeborenBn- SchIedsgerlchte ln Kamelun, 1n: DKZ, 1896, p. 299. -16 8-

de rê91er les querelles de ses suJets, c,est..â.la demande nême de Klng Bell que cette dêclslon fut prlse. 1 Klng Bell étalt, ainsl autorlsâ â rendre Justlce selon Ia drolt du pays. 5es comp'etencesJudlclalres Étalent consldâ- rablement ltmitêes, elles êtaient r'eduites aux affalres cl- vIIes et pênales mineures. Klng BeIl pouvalt punir tout ac- te crimlnel par la confiscation des blens, la privstlon de libertê et la châtlmenÈ du fouet. Cependant, l,emprlsonne- ment ne devait pas d'epasser une durée de six rnols, et le maxlmumde coups de fouet êtsit flxê â clnquante. Il lul était lnterdlt de poursurvre une personne pour sorcerrerre. II avait cependant le pouvoir d,arrêter les dêblteurs in- solvables et de Ies falre Lravalller -mesure qul a son lm- portance pour l'économle colonlale eù spêclalernent pour la r'eglon câttère où le systêmedE crêdit (trust) contlnualt de fonctlonner dans le commerce. Et mêmepour permetLre un recouvrement efficace des debtes, les membresde Ia famlllc du d'ebiteur pouvalent voir leur responsabllitê engag,ee, c'est-â-dire qu'ils pouvalent être contraints de rembourser 2 lE dette de leur parent. Tous les cas de meurtrE et de coups et blessurEs ayânt entralnê Ia mort n'êtaient pas de la compêtencede King gell 3 et devaient être rêservés au Jugement du gouu".."r". CeLte dêcislon autorlsant Klng BeII â statuer sur les lI- tiges entre ses suJets ne resta pas sans pr,ecêdent. 0rautres chefs duala lntroduislrent auprès du gouvernementdes deman- des de droit de juiidictton. Le 6 septembre1990, l,lnstltu- teur FLad adressait au gouverneur une Iettre relative au droit .de jurldictlon du chef Jim Ekuala de Oeido. Selon Flad, Jlm Ekuralaêtalt prêt â construire une prison dans les meilleurs d'elals et â trouver un endrolt où les prlsonniers

ANCrFAlrl3?r F.'160, Aktenvermerkungvon 20.3.1gg0.

Ibtd.

Ibld. -169- pourraient fatre la corvâe'. L'avls de Flad Ëtait tout â falt favorable, puisqu'lI Jugeait que Jlm Ekuala jouissalt d'une grande autoritê dans son village et, qu'll avait mêmeplus 'etant d'inf luence que King Akua. Et, puls, donn'eque Jim Ekuala se donnalt beaucoup de pelne pouf malntanir l'ordre dans son viIIage, le gouvernement voudrait blen accËder â sa 1 requ.eEe. Le f1 novembre1891, Ie chef Nsamede Bonabêri adressait une demandede Juridlctlon au gouverneur. Cette demandefut rËaigêe et transmise par un misslonnalre allemand de la mis- sion de BâIe. En note marginale, iI êtait question de consul- 2 ter Oavid ltletom, l'lnterprète du gouverneme.t. A partir de ces demandeset d'autres du mêmegenrer ll est possible, en considérant chaque cas particulier, de fai- re ressortir Ies principaux critères d'attributlon du droit de Juridiction. La soumission au pouvoir colonial venait, cer- tainement en première Iigne; iI fallalt qua le chef soit prêt à travailler en respectant Ies instructions de I'administra- tion. Cette soumission êtait d'autant plus convaincante que c'êtait un instituteu! ou un missionnaire connaissant bien le chef qut jouait I'intermêdiaire. L'agent du gouvernement qul reçut Ie chef Yaltah Bell dit de lui qu'il est un homme 3 digne de confiance. L'autorlté personnelle du chef deman- dant Ie droit de Jurldlction Êtait uien sOr prise en consi- dêratlon, Le pouvoir colonial avalt en effet lntêrêt â re- nettre cetta fonction dE Juge â quelqu'un qui puisse la rem- pllr sans provoqueE d'heurts au sein de 1a population, â quelqu'un qui, de par sa fortÊ personnallt'e, pouvait faire respecter ses dêclsions; iI fallait que I'ordre public soit respect'e pour que I'adm1n1strat,lon n'ait pas â disperser ses energi es.

1 ANc, FA1 /J7 , F.,1?7-1?8, Flad an den Gouverneurt vom 6.9.1890. 2 nnc, FA1/37.F. 19?, Nsamean den Gouvern€urr vom 21.11.1891. 3 nNc, FA1/37.F. 209 et 219. -1?O-

Ces dlff'erent.es demandesfurenÈ-eIles agr,eês?Les sour- cas ne nous êclairent pas entièranent sur ce polnÈi ce qul est, par contre sOr, c'est que dès lg9O, Kt.ng gell exerçalt le drolt de Jurldlctlon sur ses suJats. C'est par Le dâcret Instltuant un trlbunal d,arbltrage pour l' ethnia duala que Ia juridlction des chefs -c, Est-â- I dlre le tribunal du chef- fut aussl rê91é. L, 0.""9r"- phe 1 de ce dêcret stlpulalt que les lltlges entre les res- sortissants duala devalent être rê91ês par le chef de_l,ac- cus'e, Iorsque l'objet du lltige pour Ies sffaires clvlles ne dépassalt pas 100 fl. et lorsque pour les affalres pêna- les, l'obJet, du Jugementêtait un acte crimlnel dont Ia rêpression n'exlgealt pas une amendede plus de J00 M. ou 2 un emprisonnementde plus de slx ,oix. Ces limites exist,aient sans doute partout où tI y avait une telle rè- glementation, mais elles n'étalent pas touJours les mêmes. 'comp'etences Ainsl les du chef llbome d, Ed'ea s, êtendalent aux affalres civlles dont, l'obJet du littge s,êIevait jus- qu'à 500 ftl., tandis que l'amende pour les affaires pênales pouvait aller jusqu'â 600 ttt.3 Les tribunaux de chefs constituaient la première instan- ce; les affaires qul n'Étaient pas de leur ressort ,etalent rêservËes à un tribunal d'arbitrage. Notons que cette jurldictlon de prernière instance avalt un caractère tout à fait personnel, pulsqurelle ne concer- nait que le chef et ses sujets. Quelle importance donner â ce dêcret, sl aprdls sa publi- catlon des chefs continuèrent â demanderI'ocbroi du droit de juridiction? II n'eut certainement pas pour consêquence que chaque chef duala se vit investi du droit de rendie jus_ tice dans son village. Les demandesËmanant de chefs contl-

1 RuppeI nto 434, Verordnung des Gouverneurs, betr. Eln- fiihrung_eines Eingeb6renen-schIèdsgerrchts fûr dén ouarastamn, vom 16.5.1892.

Ibtd.

ANC, FAll3?t F.234. -1?1-

nuèrent â parvenir au gouvernement dans les ann,ees qui sui- virent. Celle du chef lYtobl Banya de la branche Be.lI fut mê- 1 me accompagn'ee d' un boeuf d'une valeur de 40 tyl. Le procès-verbal d'une rêunion entre les chefs duala Et le gouverneur, du 20 avrll 18g4, nous permet de faire le point sur Ia question chez les Ouala. King Akrrla et King EelI dernandèrent que le droit de Juridictlon fût accordê à ceux de leurs chefs qul, jusque-là n'en exerçaient pas; leur demande fut satlsfaite. Ainsl â cette date tous les chefs duala avalent l'autorlsation d'exercer la Juridiction sur 2 leurs sujets. Entre 1893 et 1Bg?, cette rdglementatlon sur Ie tribunal du chef fut étendue au reste de Ia circons- cription de 0uala, aux circonscriptlons de Victorla, de ya- 3 bassi et d' Ed'ea.

Les chefs exerçant le droit de jurldiction recevalent de l'administratlon coloniale un document êcrit (Urkunde) pour valoir ce que de droit.4 Ils êtaient alnst ounisd,un pa- pier officlel pour justifier Ieurs compétences, cela falsait, partle de leur lntêgration officielle dans I'apparell admi- ni strat i f.

La demande da Mobi Banya fut .."orpugÀê" d,un boeuf; êtalt-ce Ia rè9Ie gênêrale ou I'exceptlon? Jusque-lâ, il n'êtalt mentlonnê la prêsence d'aucun cadeau particuller dans Les autres demandesi sl ce.lles-ci êtaient appuy,ees par des cadeaux, il n'en âtait pas fait mentlon dans les docu- ments. Nous nous posons alors la questlon de savolr â quel- les conditlons les chefs recevalent Ie droit de juridlction. Etalent-lls obllgês de payer un prlx? En s'en tenant au tê- moignage du mlssionnalre GôhrIn9 de la mlsslon de Bâle, lI

1 nruc, FA1/3?,F. 231, lTlangaBell an den Gouverneur, vom 8.4.1894.

ANC. FA1/3?t F. 244-250.

Ruppel, No 434, note 3.

.4 ANC. FA1/37, F. 248-250. -1?2-

est posslble de r'epondre à cette questlon par l,afflrmatl- ve; selon Gôhrlng, 1l f6lIaIt donner un boeuf pour recevotr rFûr Ie droit de Jurldlctlon: dle Erteilung dieser Ermàchtl_ 9un9 (zur Gerlchtsbarkelt. G.) hat der betreffendc Hâuptllng an das Bezlrksamt einen Ochsen zu llefern.rt 1 Cette pratique n"etalt pas llmitêe aux OuaIa. Lorsqua nous avons affaire aux clrconscriptlons de I,arrlère_pays, force est de constater qu'une telle pratlque permettalt au pouvoir colonial de renflouer ses caisses, et de ce f.alt, les chefs Étalent syst'ematlquement,rançonnês. A I'tnstaIIa- tion pouvoir du colànial, non seulement Ie drolt de Jurldlc- tion des chefs n'âtait, plus êvtdentrmais ils devalent payer pour de nouveau I'acquËrlr. Cet êtat de choses s,expliqualt peut-être par le falt que l'exercice de ce drolt êtait deve- nu une source de revenus non nËgllgeable. Dans la circonscriptlon drEd,ea, il êtait drusage drexiger de tout chef souhaitant avoir Ie droit de Juridictlon una 2 sommede 80 lvl. Le chef de la circonscription estlmait que cette pratlque'etait prâsuoiciauIe aux lntêrêts de I,admInls- tration coloniale, surtout Iorsque Ies chefs êtslent blen dlsposês â la collaboration. C'est pourquol iI flt une re- quête auprès du gouvernementâ Buea pour que cette pratlque soit modifiée; 1l y ptaldait surtout le cas du chef Fumbâ d'Edea, qu'1I souhaitait voir exemptê de cette taxe:

Fumbahat kein Geld, um die Kosten zu zahlen. Es lst aber seh! ulijnschensulert,daB sein Ansehen und EinfIuB den Leuten gegenûber(...) gefestigt ruird, damit die Eingeborenen den durch ihn vom Bezirksamt gegebenen tdeisungenuilIiger folgen. Bei dieser CelegeÂneit môchte Ich mir erlauben zur hochgeeigneten Eruâgung zu stelIen, ob die Gebiihr von 80 M. fûr eine palavérei- mâchtigung nicht ûberhaupt viel zu hoch ist und eine ba- deutende Ermâ0igungder Gebûhr der Regierung viel mehr dienen rrlûrde.

BmA, E. 2. 15) 1902, No 139. 2 arc , FA1/627.F. zz, Brief an den Gouverneur, vom 4.?.1g05 -1?3-

I ei ulchtigeren und sich beulâhrenden Hàuptlingen uijrde ich sogar Gebùhrenfreiheit vorzuschlagen mir sind die oeoebensten

doch uerden sie naturg nur Interesse deren haben, ulenn sie nicht nur Pflichten, sondern auch Rechte ha- ben, die selbstverstândlicl beschrânkt urerden mûssen. 1)

Cet administrateur colonial plaidait donc pour que les fonc- pas -tout tions ,judiciaires ne soient une charge financière au moins au dêbut- pour le chef. Ces fonctions s'effectuaient dans Ie cadre de I'administration et par contre Étaient d'une grande uttIltê pour Ie rê9ime colonial. SeIon I'admi- nistrateur, cebte taxe de 80 M. constltuait un frein à la collaboration des chefs. II voulait que le gouve!nement son- ge à une politique plus efficace, qu'iI ne se crêe pas des difficult,ês nouvelles. La perceptlon de cette t,axe aIIait en Èout cas contre I'objectif du gouvernement qui, en dêl'egant aux chefs cette Juridiction mineure, voulait se d'echarger et utiliser ses fonctlonnaires à d'autres tâches. En effet, si seuls quelques chefs s'achetaient le droit de juridlction, les fonctionnalres seraient par conséquent plus chargês. Le chef de Ia clrconscription d'Ed'ea poursulvait son ar- gumenta Èion

Paleverschlichtung u,ar von jeher das Recht der Hâuptlin- ge.0ie noch nicht botmâ0igen Hâuptlinge ùben diese Ge- c,ohnheit. Urenn von den botmâOigen Hâuptlingen Gebûhren fûr Eruerbung dleses Rechtes erhoben ù,erden, urerden sie hierln eine Schâdigung erblicken (...) ich glaube nicht fehlzugehen ln der Annahme, daB viele Hâuptlinge sich der Reglerung gegeniiber auch noch jetzt abuelsend ver- . halten, rrreil sie fûrchten, daB ihnen ihr altes PaJ.aver- recht genommen ulird, und sie es geulisserma0en zurûck kaufen mi.issen. 2)

Cette polltlque de l'admlnlstration, conslstant à rempllr ses

Ibid. , SoulignÉ par Gomsuo

IbId. F.23. -174-

calsses en faisant paysr les chBfs, âtalt pour le molns mal approprl'ee. Elle n'avalt pour consêquenca que de crêer chez les chefs une attitude mâflante vrs-à-vis de l'autoritê co- lonlale; cecl êtalt d,autant plus naladrolt qu,lls âtalBnt indlspensables au gouvernement. pour êtayar son polnt de vue, le chef de la circonscriptlon dit que l,argent perçu grâce â ces droits êtait instgniflant si l,on consld'eralt les avantages qul rêsultaient de l'acqulsition des chefs et du renforcement de Ieur autorltê. 1 Cetteextorsion de sommesconsldêrablas nrâtalt dralllsurr prêvue par aucun texte lêgaI:

Da lch ln den Akten (...) elne Verordnung, uelcha dle_ se Gebûhren bestlmmt,, nlcht finden kann und meines tri.- sens in ânderen Bezlrken solche Gebûh!en nlcht erhooen uerden, mu8 ich annehmen, daB dies nur In nieselgem Ae- zirk geschieht. Ich Uittà Oaner sehr gehorsamst Ëine bedeutende Ermà0lgung der Gebùhren (.;.) oder aber ûber_ haupt Gebûhrenfreiheit fûr paraverermâcÉtigung genehmr- gen zu uollen. Z)

Le chef de la clrconscrlptlon rEIève avec Justesse le carac- tère itlêgal et arbltraire de cette pratique. wlals nous ne croyons pas comme rui qu'erle êtalt llmitêê â la seule clr- conscriptlon d'Edéa; ll n,,etalt peut-être pas au courant de ce qui se passalt dans les autres circonscriptlons. Oans yabassi la circonscripÈion de en effet, une taxe prêtevée êtait pour I'attribution du droit de juridiction, et cette taxe venait même de sublr une courbe plutât ascen- dante: ItDie neuerdings betrâchtlich erhôhten Gebijhren fûr die verlèihung bezrehungsrrreise Ausiibung der Gerichtsbarkert fallen nicht an die Stationskasse.,, J C,est ce que nous Ilsons dans un rapport adressê le l6 avrll 1905 au gouvernement à Buea.

Ibtd. F. 23.

Ibid. F. 23.

ANCt FA1/62?t F. 168_169. -175-

Kigler, l'auteur de ce rapport, ne nous livre malheureuse- menL pas toutes les informat,ions. AinsI nous ne savons pas quel êtait auparavant Ie montant de cette taxe et à combien elle s'ÊIevait au moment du rapport. Sur les motifs qui pous- sèrent l'administration â l'augmenter, on ne peut que faire des conjectures. II faut remarquer en outre que ce rapport renforce le caractère ilIê9aI de cette pratlque. Exiger de I'argent des chefs pour I'octroi du droit de juridiction ne semblait pas rencontrer de I'approbation en haut lieu. Cette pratique pro- voquait même un scandale à Ia Cour des Comptes à BerIin. C'est pourquoi l'argent ainsi perçu ne devait plus être ver- sê â Ia caisse du poste:

0ie Abânderung beruht auf Informationen des Kassenvor- stands Barche, uelcher mitteilte, (dao) der Rechnungs- hof an Palaverberechtigungen AnstoB genommenhat. Es ist eine besondere interne Kasse fijr die Verr,laltung der betr. Einnahmen eingerichtet uorden. 1)

La caisse spêciale am'enagéepour Ies fonds payês par Ies chefs devait permettre â I'administration d'acheter Ies ou- tils pour ]es travaux que les chefs et leurs suJets êtaient obliqês d'exêcuter (construction et entretien des pistes par exempLe ) . Pour finir son rapport, Kigler écrit une phrase d'une grande importance, phrase qui pourrait permettre de combler- certaines lacunes des sources:rrMe mlr mitgeteilt rrlurde, verfahren auch andere Dienststellen in der angegebenen ùlel- -) se.tt Il est logique que si Ies autres postes administra- tifs procËdaient de la façon lndiquée par Kigler, iI est cer- tain que des fonds y êtaient effectivement prËlêv'es. Ce qui nous perrnet d'afflrmer, sans pour autant génêraliser, que

ANC, FA1162?,F. 168-169.

Ibtd. F. 169. -1 ?6-

dans bon nombre de postes adminlstratlfs, les chefs êtaient systêmatlquement contraints de rachetar reur ancten drort de Juridiction. Dans la circonscription de OouaIa, les chefs ne payalent peut-être pas BO lI., mals selon toute vralsemblance iIs donnaient un boeuf â la circonscriptlon. Nous lgnorons quelle sulte fut donnêe â Ia proposition du chef de la cir- conscriptlon d'Ed'ea concernant sinon la suppression, du molns une rêductlon de cette t.axe. Il est cependant peu probable que Ie gouvernenent â Buea alt r,eagi favorablement, ,etant donnê qul ce se passait presqu,au même moment dans Ia clr- conscription de Yabessi. Ainsi le pouvoir colonlar en s'ins- talrant, confisquait res droits.des autoritês traditionnerres, droits qu'iI leur revendait ensuite. juridiction, Le droit de accordê contre palement d,une taxe en natule ou en argent, n,êtaiL pas assurê de continui- autrement tê; dit le chef ne pouvait conserver ce droit que dans Ia mesure où lI rêpondalt aux exigences de I'administra- tion. Alnsi il fallait qu'iI respecte scrupuleusement Ies li- mltes de ses compêtences; Ies dêpasser, c,était rlsquer de volr son droit de Juridiction supprlmê ou de se faire punir. En accordant ce droit au chef sup,erieur drEdêa le ? dêcembre 1892, il Iui est rappelê que Ie non-respêct et Ies abus sont sévèrement punis. Et ce droit n'êtait d,ailleurs accord,e que pour une 1 durée de 6 mols. A, .our= de cette période, il devalt faire ses preuves, et I,administration pouvait annu_ Ier ce droit â tout momenr.

Oonc Le pouvoir colonial n'accordait ce drolt qu,en fai- sant comprendre au bênêficiaire qu, iI y avait une menace oe ce qui retrait. fait, qu'il est tout â fait impossible de oar- ler d'une quelconque autonomle du chef-juge dans l,exercice de ses fonctions. Le contrôIe de l,administration Ie trans- formalt en simple agent d'exêcution, même s,il êtait dit par ailleurs qu'il devait rendre Justice selon les lois et Ies

ANC, FA1,/3?,F. 239-239. -17?:

coutumeè du pays; car de nouveau c,êtait Ie colonLsateur qui dêterminait si une roi ou une coutume étart bonne ou mauvai- se. Le contrôIe du pouvoir colonial s,exerçalt par I,lnter_ médlaire du tribunal d'arbltrage qul devalt signaler les cas de chefs qui dépassaient Ieurs compétences. C,est ainsi que le chef EIessa de Jebale fut accusê de dépasser les limi- tes de ses comp'etences; il lui êtait reprochê de juger des affaires graves au Ileu de s'en tenlr aux cas mineurs et d,in_ fIiger des peines plus lourdes qu,iI n,êtait habilité à le l faire.

Les restrictions et le contr8le de l,admlnistration pou- vaient avol.r des consêquences diffêrentes selon qu,on consi_ dêrait Ie chef ou ses sujets. pour Ie chef, Ia conséquence plus la importante touchait son autoritê. Le chef êtalt sou_ â mis l'autorltê coloniale et res rimites qui rui êtaient im- posêes dans I'exercice de ses fonctions ne pouvaient que con- trlbuer à une perte d'autorit'e vis-â-vis de ses sujets, ceci d'autant plus que seules Ies bagatelles êtaient cle son res- sort. Pour Ies sujet,s, les Iimites et le contrôle de l,adml_ nistration signifiaient thêoriquement une mellleure protec- tion contre I'arbitraire de Ieurs chefs. Nous disons th,eo- riquement parce que Ie caractère Iucratif de Ia juridlctlon les Iivrait à la cuplditê des chefs. Les frais de Justice et Ies amendes constituaient sans nul doute pour Ies chefs le chapitre le plus lntêressant de leurs fonctlons judiciaires, parce que rênumêrateur. Crest point un important de Ia colraboration entre les chefs et re pouvolr colonial, celui-ci ne pouvait mieux Ies attacher à son setvlce qu'en les atti!ant avec des avantages financiers. Les frals de Justice, c'est-â-dire Ia somme que devalt payer chaque personne dÉslrant lntroduire une plainte auprès

1 nruc, FA1/3?tF. 2s3-255. -1 78-

'eZ'e d'un chef, ne semblent pas avolr t'egltes de f açon homogè- 1 ne. Le taux varialt entre 0r5 tî. et 2 !1. L" t"lbunal de l'admlnistrstion sE rêserva plus târd un taux bien plus êIevÊ: au molns I lvl. pour chaqua affalre clvlle et 20 fl. pour une affaire pênaIe. 2

En plus des frais de Justlce, les amendes -qul pouvalent jusqu'â aller 30O wl.- constltuaient une rentrêe d,argent con- sidérable. Nous nous posons la question de savolr â qui 3g- venalent ces sommes; aux chefs ou à l,admlnlstratlon. Jus- qu'en 1904 cette question n'êtalt pas rê9Iêe d,eflnitlvement. Chaque clrconscrlption procêdait d,une façon plus ou molns autonome. Un fonctionnaire de liadminlstratLon centrale â Buêa demandalt en ao0t 1904 au chef de poste de yabassl quel_ le solution il avait adoptêe pour cette question. II deman- dalt si lEs recettes des tribunaux des chefs devalent être versêes au flsc ou laissées â r'entrère disposition des chefs!

Die Frage, ob die bei den Hâuptlingsgerlchten elnkommen- den Strafgelder den Hâuptlingen zu belassen oder fûr den Fiskus ln Anspruch zu nehmen uird, ist noch nicht grund_ sâtzlich geregelt. In einigen Bezirken, z.B. DuaIa, ,er_ den den Hâuptlingen dle Strafgelder ebenso uie dia Kla_ gegebûhren belassen. 3)

Dans la circonscrlption de Douala et dans quelques autres, les chefs disposalent entlèrement de ces rentrêes d,argent. Kigler, le chef de poste de yabassi rêpondalt â la ques- tlon de Buéa de la façon sulvante:

Alle Strafgelder uerden den Hâuptllngen belassen. Es lrird denselben aber nunmehr Iedigltch dle gefugnis ein- gerâumt, 0rdnungsstrafen fûr NicÀterscheinen v6r 6erlcht, ungebijhrliches Eenehmenvor Gericht zu verhàngen. Die Hôchstbetrâge sind 6 und 12 lvl. Je nach BedeutrJng der be- treffenden Gerichtssterre und je nach der vertràuensurûr- dlqkeit des betreffenden HâuptIings. 4)

1 nnc, FA1/3?, F. zJB-2J9, F. zJ4, F. zsl. 2 Ruppel, No 4Z?, Verordnung des Gouverneurs betr. Gebijh- rensâtze fûr das summarischeGerichtsverfahren, vom l.6.tgg?. 3 Rt'tc) FA1/62?, F' 16?. 4 ANc, FA1/62?, F. 168. -1?9-

Kigler dit êgalement que les frais d'lntroduction de plain- 'egalement 1 te (Klagegebijhren) êtaient lalssês aux chefs. Le montant des amendes a êtê consldêrablement rêduit dans la circonscription de Yabassi. En effet, dans le d'ecret ac- cordant le droit de juridiction aux chefs, ceux-ci pouvaient infllger des amendes aIIant, jusqL'â 300|r|.. KigIer considê- rait qu'une teIIe somme n'êtait pas en rapport avec la sl- 2 tuatioçr êconomique de Ia r'egion. Une telle dêclsion pro- bêgeait un peu les sujets descohefsrlqûlrrauÉaiènt eu I'envie de n'infIlger que Ie maximum. Oans Ia circonscrlption deYULoàorta, I'administratlon se r'eservait.le drolt de disposer au besoin d'une partie des la - recettes que faisaient les tribunaux des chefs. fitême s'il est impossible d'êtablir statistlquement ce que le ,chef gagnait ainsi au cours d'une annËe d'activité, lI n'en demeure pas moins que ses fonctions judlciaires 'etalent, bien Iucratives. Cette oossibilitê de s'enrlchir qu'offralt I'exercice du droit de juridiction explique sans doute pourquoi Klng Akua Oêployait tant d'efforts pour fai- re mettre Ies populations Abo sous son autoritê. II vint chez Ies Abo et chercha à les convaincre de d'eclarer qu'lls 'etaient ses sujets et Ieur dlt que son droit de juridiction 4 s'êtendait êgalement sur eux. c"tt" revendicatlon du droit de Juridiction par King Akrrra, revendicatlon contestêe par Ies Abo, traduit surtout l'.aspect fucratif de la Juridiction. Avoir beaucoup de gens sous son autorltê signifialt du même coup pour le chef pouvoir plus fr'equemment statuer sur Ies diverses querelles et par consêquent encalsser beaucoup de frals de Justlce et d'amendes. Le fait que la fonctlon de

rbtd. F. 169.

Ibld. F. 168.

3 nlrcI FA1/627, F. 81: En lgoJ par exemple. 41?r 59ltl. fu- rent pr'elevês de ces recettes pour termlner Ia malson du gref- fler de la clrconscrlptlon.

ANC,FAll101, F. 6. -1 80-

Juge soit devenue pour les chefs une source de revenus sug- gère l'exlstence diabus; certaln3 statuant 3ur des cas qul leur êtalent enlevÉs, d'autres n'lnfligeant le plus souvent que le naxlnum de l'amende autorisêe. Alnst ll y eut des crl- tiques contre Ies chefs quI emprlsonnalent arbltrairement reurs dêbiteurs et imposaient des amendeslxcessives. En lg0o, I'admlnlstratlon dut prendre des dlsposltlons pour falre fa- ce â ces abus. 1 Les chefs, en tlrant la maxlmunde proftt de lrexerclca o du drolt de Juridlction, mettaient activement la rnaln â l,ocu- vre de I'exploitation colonlale. Nous avons vu que I,octroi du droit de Juridictlon êtait liâ au versameàÈd'une taxe; sans doute parce qu'1I êtait devenu source de revenus. Con- ,etait sldêr'ee sous catte perspectlve, Ia Juridictlon monnaya- blei on est alors moinsisqrprls de voir que l,admlnistration se permettait de revendrê aux chefs des drotts qul se trouvalEnt être Ies leurs avant Ia colonisatlon.

3.2.2. Les tribunaux d'arbitraqe.

Une règlementation assez claire de la Jurldlctlon chez les colonlsês n'eut en falt lieu que dans les rêgions soumlses â une adminlstration intenslve, en r'occurence dans les circons- criptions de Oouala, d'Ed'ea, de yabassi, de Uictoria et un peu plus tard dans Ia clrconscriptlon de yaoundê. Selon Herrnann -) Hesse cette règlementatlon poursulvalt les obJectlfs sul- vants: falre prendre conscience â la population de l,autori- t'e coloniale, gagner sa confiance par une juridictlon just,e et impartiale (!) et la.rêconciller avec la dominatlon êtran- gère, surtout en ce qui concernalt la perte de ses drolts sur Ies terres. Cette juridiction prêtendait aussi êpargner Ie plus d'us et coutumes du pays -nous nous demandons blen comment , puisque le but poursulvl êtait une acculturation à

1 orz, i900, p. 34; ANc,FA1/J?, F. 2s3-zss.

2 Hesse, H.: Elngeborenen-schiedsgerlchte in Kamerun ln: DKZ 1896, p.299-300. -1 81-

Iong terme:

Die erste AuFgabe einer solchen Rechtssprechung mu0 sein (...) durch eine schrittueise und ganz allmâhlich erfol- gende Anr,lendungund EinfÛhrung von deutschen Rechtsgrund- sàtzen-sie zu unserer Kulturstufe in rechtlicher und da- her auch ln sittllcher Beziehung zu heben und zu erzie- hen. 1)

Ainsi Ia justice allait-eIIe être rendue par Ies colonisés, mais c'était l'aùtorité coloniale qui se chargeait de tout déterminer. c'était d'après des normes ducolonisateur qu'une affaire relevait du tribunal du chef ou du tribunal d'arbitra-

9e. Itlais au-deIâ de ces considêrations, il faut rappeler que I'instauration du tribunal d'arbitrage constituait une êtape dans Ia volontÉ du pouvoir colonlal de se décharger de cer- taines tâches et de Ies oêI'eguer aux autorités traditionnelles. Les tribunaux d'arbitrage furent instituês par décret du gouvernement pour Ies groupes ethniques directement soumis à l'administration. Le premier fut instaur'e Ie t6 mai 1892 pour 2 I'ethnie DuaIa. 1l ."t nêcessaire de présenter cet impor- tant dêcret. Le tribunal d'arbitrage constituait une cour d'appel de seconde inst,ance. Il êtait habilit'e à Juger en première ins- tance Ies affaires civiles et pénales qui ne relevaient pas de Ia compêtence des tribunaux de chefs. Les crimes et homi- cides volontaires lui étalent enlevês. En outre, il n'êtait pas autorisê â tnfliger la peine capltale, de même Qu'un em- prisonnenent de plus de deux ans.

_ La Justlce devalt être rendue selon les lois et les cou- tumes du pays. Les membres du tribunal d'arbitrage ainsi que Ieurs supplêants

1 luio. p. 299.

2 R,rpper , ruoa3rr, Verordnung des Gouverneursr betr. Ein- fûhrung eines Eingeborenen-Schiedsgerichtes fijr den Duala- stamrn,vom 16. lYlai'l892; cf.OKB 1892, p.3?3. -182-

Étaient nommês par le gouverneur ou son reprtesentant et pou- vaient êt,re rêvoqu'es â tout moment.

Le tribunal nommait en son seln un prresldent pour dlrlger les sêances alnsl qu'un sêcr,etalre pour prendre le procès- verbal de chaque affaire. Le procês-verbal devait être st- gnê par pr'esident le et Ie sêcrêtaire, iI devalt porter la date de la sêancep le nom des juges et des partles, l,obJet du ritige que ainsi la sentence. Les procês-verbaux de cha- que ann'eesdevaient être classés par ordre chronologique et r'eunis en un document; ils pouvaient â chaque instant être par examinés Ie gouverneur ou par son reprêsentant. Ceux-ci êtaient llbres d'assister â tout moment aux sêances du tri- .bunal .

L'interJection d'appeI contre les dêcisions du tribunal pouvait être faite devant re gouverneur ou son représentant. EIIe devait avoir lieu dans un d'elaI d,une semainer orâIe- ment ou par êcrit auprès du sêcrËtaire du gouvernement. Les affaires ne relevant pas de la compêtence du tribu- nald'arbitrage êtaient rêservêes â Ia juridiction du gou- verneurlrou..de son reprêsentant.

Entre Ia crêation du tribunal d,arbitrage pour l,ethnie duala et celle des autres qui suivirent, hormis celui de VIctorla, il se passa plus de trois ans. Un tel dêIai est sans doute la preuve que ce système de juridiction n,êtaIt qu'au stade d'expêrimentation. Si I' expêrience s, avérait con- cluante, alors elle pouvait être êtendue à d, autres groupes populations: ?rVon de den Erfahrungen bei den Dualas uird es abhângen, ob dle Verordnung spâter auf andere Volksstâmme 1 des Schutzgebietes auszudehnen ist." Le système rêpondlt apparemment à I'attente du gouverneur. Oans le rapport annuel 1894/95, on note qu'iI a Ëtê fait appel contre 44 sentences

1 Drg 1892, p. 3?3; cf. Jahresberlcht ûber die Entuik- klung der deutschen Schutzgebiete 1894,/9S,Bellage zum DKB 1896, p.41. -1 83-

prononcées par le tribunal d'arbitrage de DuaIa et que ces sentences ont êtê confirmêes dans l'ensemble par 1e gouver- ' neur et n'ont subi que de petites modiflcations. Ce n'est donc qu'â partir du moment où I'exp'erience fut considêrêe comme positive chez les DuaIa que des tribunaux d'arbitrage ayant Ies mêmes compétences furent crêês pour d'auties loca- litês. Entre 1893 et 189? Ie gouvernement créa dix autres triou- naux d'arbitrage dans Ies circonscriptlons de DuaIa, Yabassi, vlctoria et d'Edêa: A. Circonscription de Douala: 1. Ie 12.9.1895 pour les villages du moyen lJouri 2. Ie 25.4.1896 pour Ia localitê de oibombari 3. le 21.5.1896 pour la localitË de NDokama 4. le 21.5.1896 pour la localité de Dibamba 5. 1e 3.?.1896 pour les agglomêrations rurales Bakoko du ba s-Abo 6. Le 27.?.1 896 pour les localitês trlangamba, fianduka et Besunkang sur la rive gauche d'Abo ?. le 21.1 1 .1 897 pour Ia Iocalltê Lungasi. B. Circonscription de Yabassi: 8. Ie 12.9.1895 pour Ia Localité de Bodlman C. Circonscription de Victoria: 9. le 9.12.1893 pour les Victoria, les Bakrrreri et Ies Isubu. 0. Circonscriotlon dt Ed'ea'. '10. le 30.9.1895 pour les llallmba et les Bakoko de la basse- san.9".2

1 Jahresbericht ûber die Entrrricklungder deutschen Schutz- gebiete 1894/1895, Eeilage zum DKB 1896r-p. 42. -)^ RuppeI, N" 434, note 3; DKB 1895, p. S?0-S?J; DKB 1896, p...5?5-576, p.60?-608; DKB1898, p.51-52; cf. tJinkelmann, Gijnter: 0ie Eingeborenenrechtspflegein Deutsch-0staFrika, Ka- merun und Togo unter deutscher Herrschaft, in: Zeitschrift fûr vergleichende Rechtsulssenschaft, 53r1939, p. lgg; cf. ANC, FA1/6141F. 7. -'t 84-

Les textes de ces dêcrets êtaient presquridentlques drune clrconscriptlon â l'autre; ll y eub cependant des modlflcations selon que dans une circonscrlption II y avalt ou non une colo_ nie duala. Les Duara êtautis dans ces circonscriptrons ne re- levaient pas de Ia juridtction des chafs, reurs affaires retaient directement rËservêes au trlbunal d,arbitrage, même si elles auraient d0 normalement être tranch'ees per un trrbunar de chef. Un membre du tribunal d'arbitraga devait nêcessalrement être un ressortissant, duala. ce paragraphe accordant un statut par- ticulier aux Duara se retrouvait dans les décrets 1 â g.1 0n peut bien sOr se demander pourquoi cette partlcularlsatlon des Duara. Etant donnê que les tribunaux de chefs avaient un personnel, caractère três puisque la jurldiction du chef ne que rlêtendait sur ses propres sujets, lrautorltê colonlale chercha â pr'eserver les int,erêts des DuaIa. Le dêIai du pourvoi en appel contre Ies décisions du trt_ bunal d'arbitrage variait d'une â deux semaines selon que Ie poste administratif êtait ou non jugê êIot9nê des justicia_ bI es. La composition du trlbunal d,arbltrage ne semble avoir êt-e officlelrement fixêe que pour ra circonscrlption de victorias ses membres êtaient au nombre de 5 dont un Victoria, deux Bakueri 2 et deux Isubu. C,êtai"nt les chefs qui remplis- saient le plus souvent ces fonctions de juges:

Die (...) errrrâhntenEingeborenenschiedsgerichte fûr ein- zelne Landschaften Kameiuns setzen sich aus finqebàrenen der betreffenden Lanschaften zusammen (...) Z" riitqiie- dern uurden besonders die mâchtl9".en ÈârptItng",.,ià 0berhâuptlinge ausgeuâhlt. 3)

II est êvident que le dêvouement d,un chef au pouvolr colo- nlar dêterminait fondamentarement sa nomination au tribunar

IrJlnkeImann, .G.: op._clt. p. 1g4; Jahresbericht lgSA/gSr Bellage zum OKB 1896, p. 42.

-? Lampe, A.: op. cit. p. 4g.

? trjinkelmannr,G.: ^ .. op. cit. p. 1gg; cf. Rieder, p. |r,|ichael: Rechtspflege der Elngeboernen im Edea-6ezirk, in: Str"n uon Afrika 19ug, p. 44. -1 85-

d'arbitrage. Lorsqu'i1 fallait choisir entre plusleurs chefs, le plus disposê â servir I'admlnistration avait plus de chan- 1 ces que res autres. Il , avait ainsi une tendance à Ia mi- se â l'êcart des chefs encore rêticents vis-à-vis de l'auto- ritê coloniale. wlêmeà l'intêrieur du tribunal, Ie poste de prêsident n'Ëtait confiê qu'â un'chef s0r. L'illustration d'une telle situation nous est donnée par le tribunal de la circonscription d'Edêa. Dans une Iettre du 27 mai 1913r le chef Bakoko, EIange se plaignait de n'avoir jamli.s pu faire accepter un de ses sous-chefs comme président du tribunal de- z puis la crêation de ce dernier. Selon E1ange, ils sont, Nyanga Toko et lui, deux à exercer l'autoritê sur les Bako- ko et jusqu'â prêsent c'est toujours à ttlyanga Toko qu'lI est revenu de dêsigner le pr'esident du tribunal. Si Nyanga Toko agit ainsi, c'est avec la uênËoiction des autoritês de la clrconscription. La raison de cette exclusion d'EIange des affaires du trlbunal se rêsumait, en un mot: manque de dêvoue- ment. En effet, Nyanqa Toko affirmerait que Elangeret ses gens n'ont jamais êtê au service du gouvetnement. " Cètte plainte d'EIange nous permet de constater jusqu'où I'lntervention de I'autoritê coloniale pouvait aller dans cette instance de la juridiction des chefs. EIIe se Iivrait pratique- ment â des manipulations pour qu'un chef qui Iui êtait acquis solt prêsldent du tribunal d'arbitrage, ce qui ne pouvait que renforcer son contrôle sur ce dernier. Le contrôle de I'administration sur Ie tribunal d''arbitra- ge était systêmatique. Les membres du tribunal ne devaient Ieur place qu'â I'autoritê coloniale, puisqu'iIs êtaient nommêspar elle et pouvaient être r'evoqués â tout moment. En plus de cette

Rieder,

ANC,FA1/614, F.35-J6.

Ibid. F.36. -1 86-

position de dêpendance des chefs-Juges, le gouverneur ou son regr'esentant (ou bien le chef de circonscrlption ou son reprêsentant) avaient re droit â toub moment d'examlner res procès-verbaux et d'assister aux s,eances du tribunal. Ainsi non seulement cette Juridiction êtalt Iinitêe, mais ancore elle êtalt soumise au contrôle permanent de I,admInIstra- tion. Ce contrôIe, tout en permeLbant thâorlquement de lI- miter les abus des juges, enlevait tout caractère autonome au tribunal.

Les recettes des tribunaux d,arbitraga n,êtaient pas entlèrement Iaiss'es â la dispositlon des chefs-Juges, con- trairement à ce qui se faisait pour les tribunaux de pre- mière instance. Dans la circonscrlptlon de yabassi, les frais d'introduction de plainte êtaient lalssês au tribu- 1 nal. Ces recettes êtaient en majeure partie utilisêes pour des buts dits d'int'erêt commun (,,gemelnnijtzlge Zueckerr) eIIes servaient par exemple dans Ia circonscription de Vlc- toria à couvrir les co0ts de la construction de Ia maison 3 d'un fonctionnaire. C" frt de ces mêmes recettes que fut prêlevê de I'argent pour acheter des cadeaux aux Ëlèves de l'êcole gouvernementale. Et même le salaire d,une institu- 'etait trice de ra même éeor e payê grâce aux recettes du trr- o bunal d'arbitrage. Un" telle utilisation de I,argent en- par caiss'e Ie trlbunal d'ar_bitrage allait d,allleurs contre Ies instructions de Berlin:

Es ist daher unzulâssiQ, die ijberschijsse der Eingeborenen_ schiedsgerichte zu den Kassen der verruartunq zu Jereinnin- men. Ebenso unzulàssig ist es, derartige ûoérschûsse zu Zurecken zu verù,enden, fùr welche in deÀ jeureiligen Etat lvlittel bereits ausgeuorfen sind. 5)

ANC, FA1',l62?,F. 169.

ANC, FA1/62?, F.8f.

ANC, FA1 /62?, F. 81.

Ibid.

Ruppel No 435, ErIa0 des Ausrrràrtlgen Amts, Kolonial-Ab- -1 8?-

Il est certain par exemple que dans le budget, des fonds êtaient prêvus pour Ie salaire des maltres, surtout d'êco- les gouvernementales.

Chaque mois, une partie des recettes êtait partag'ee entre 1 Ies membres du tribunal ; it est cependant difficile de dire si cette part des Juges éta.it importante. Il n.en de- meure pas molns que Ies fonctions de juge au tribunal d'ar- bitrage, tout comme au trlbunal de chef, êtaient des fonc- tions Iucratives. Parlant'du tribunal d'arbitrage dans Ia circonscription d'Edêa, Ie missionnaire pallottin Rieder écrit:

Das Richteramt verleiht elne geuisse llacht und trâ9t et- uras ein, ureil die streikenden Parteien GebUhren und Ge- richtskosten bezahlen mûssen; darum ist der Rlchterpos- ten ein sehr begehrter und sorgsam gehûteter. 2)

La création de tribunaux d'arbitrage semblait jusqu'Ici rt'avoir eu Ileu que dans les circonscriptlons de Douala, Vic- toria, Yabassl et Edêa. Cette thêse est infirmêe par le tê- moignage de Charles Atangana, un fidèle serviteur de I'admi- nistration allemande.Oans Ie chapitre 4 de son êtude sur la chefferie intitulâ ,,I'arbitrage indigènett, il êcrit:

En 1911 est créê un tribunal indiqène pour les Yaoundés et les Banês. II portait le nom de: ,,arbitrage indigènert. Il se composalt d'un prêsident Euondo, d'un vice-prési- dent Ban'e, de huit assesseurs, dont cinq Euondo et trois Banês, d'un greffier, un caissier, et un ordonnateur.Ehaque nembro avait son repr'esentant ou suppléant, L'arbitrage indigène êtait assistê par douze polices. Le tribunal n'êtait compêtent que pour Ies affaires civiles. Le ju- gement se rendaiÈ à la majorité des voix. Il ne pouvait infliger qu'une peine exêcutêe par Ia même juridiction. Les formulaires de I'exêcution ont êtê procurês par I'ad- ministration allemande. La peine de dêIit tnfligêe par l'arbitrage indigène ne dêpassait pas deux ans,-mais eIIe êtait homologuêe par Ia juridiction de I'autorité alleman- de. 0n versait Ie droit de convocation (cinq marks), Ia

teilung, betr. dle Elnnahmen der Eingebo r enen- Schi edsge- richte von 15.6.1 906.

ANC,FA1/62?, F.84.

Rieder, P. Ëlichael: op. cit. p.44. .1 8S-

recette de l'enregistrement et I'extralt de Jugernent ne ctevalÈ pas dêpasser Ia sommede trois marks. Le clno de chaque mois Ia caisse était rêvis,ee à L,agence sp,eciale, qui divisait cet argent après en trois paities.-"pà"iài" La ore- mlêre partie êbait iêseruâe â l'ager,-e po"ï-ir"- vislon de l'amôIioratlon du pays.-ua oeuxtêm" at!ii-oâ"- nêe pour la contribution des membres Ju tribunal et la troisième pour la contribution des poIic"" ,i pÀui-di av- tres dêpenses de I'arbltrage inoigène. Les appels contre les jugements rendus par l'arbitrà9e indigène devalent se soumettre au trlbunal de races dans un-dêlai de deux semaines. Le siè9e de l'arbitrage indlgène Ëtait placê proxlmltê a de Ngoekele pour faciliter Ie contrôIe aux fonctionnalres. 1 )

Oans la même année, Iorsque Charles Atangana dêmlsslonna du servlce du gouvernement, il fut.promu prêsident de rl'arbi- 2 trage indigène" . Tout ce qui diffêrenciait ce trlbunal de ceux fonctionnant dans la rê9ion côtière êtait sa rimitation aux seuls cas civlls, car l'ordonnance du chancelier du 22.4. 1896 êtait Oêjà en vigueur, et d,après cette ordonnance, Ies autorltês traditionnelles n'êtaient plus autorisêes â s,occu- per de Ia juridiction pénaIe -nous y reviendrons. L'expêrience positive que Ies AIIemands eurent au dêbut avec Ies tribunaux d'arbitrage et surtout avec Ie tribunal d'arbitrage de Douala, ne resta pas intacte. Les fonctlonnai- res chargês de Ieur contrôle déplorèrent les excès eue com- mettaient les chefs-Juges:

DaB die Einrichtung der Schledsgerlchte an solchen plâtzen die nicht untsunmittelbarer xoÂtrolle der Regierung stehen, sich-uenig beuâhrt hat, und verfrijht erscheint, ist icnon zum Ausdruck gebracht uorden. Es ist auch mein Eindruck Schled.sgerichten parteilichkelt, ^r-ojl_d_El, des Abo und lriuri. BesEecnlrchkert , fiiBbrauch der Amtsgeualt _d1e hôchsten 5unoen5unden 9e9engegen den GeIstGeist des Richtertums- sind bei ihnen regelmâBige 9inSg: Im Interesse der BeseiÈigung einer hochst unsachgemà0en Justiz vermag ich nur ùoriuschlagen:

1 Atangana, Charles: op. cit. p. g0; cf. Hennemann, F.: lder d en und UJirken eines Afrika-Flisslonars, Limburg,/Lahn 1922, p. 155.

-) - Ibid. p. 90-91i cf. DKB 191g, Ein lJerk deutscher KoIo- po, nisation auf Fernando p. 40-sq.: Cnarles Atangana conti_ nua d' exercer sa fonctio oe prêsiàeni o, t.ibrnal lors de po son séjour à Fernando avec Ies AIIemands en fuite. -1 89-

die Schiedsgerichte lm Gebiet des Abo und trJuri nlcht mehr zu erneuern. 1

Ces carences du tribunal d'arbitrage sont confirmêes par la ténoignage du missionnaire wtaier de Lobetal:

Neben ihrer Grausamkeit ist die Habsucht der Richter ein bedauerlicher Fehler. Strafen die Richter um Geld und U,a_ ren, dann haben sie einen bestimmten TeiI davon anzu.spre_ chen. hiird aber ein Verklaqter lnit Gefângnis besLraFL, dann muO er uàhrend der Zeit selner Haft fiir den RichLer arbeiten. Aus diesem Grund liegt die Versuchunq. hohe Strafen in Geld und Haft anzusétzen, naher Z)"

Pour Ie missionnaire lvlaier, Ies maux du tribunal d,arbitrage plus ou exactement des juges, se résumaient â la cruautê, Ia 3 cupiditÉ et Ia partiatitê.

MaIgrÉ ces anomalies prê.ludiciables surtout â Ia popula- tion colonisËe, les tribunaux d'arbitrage ne furent pas sup- primés comme le souhaitait le fonctionnaire chargê Oe Ies con_ trôler dans ra rêgion d'Abo et LJuri. ces anomarres sont sans doute pour quelque chose dans le falt que I,autoritê alleman- de n'êtendit pas ce systême de juridiction aux rêgions de I' intêrieur.

Ainsir dans les circonscriptions de Douala, Victoria, ya- bassl, tdéa et plus tard dans Ia circonscription de yaoundê, juridiction Ia sur Ia population colonisêe,etait organisêe en trois lnstances: les cas en dehors des compét,encesdes 'etaient trlbunaux de chefs et d'arbitrage rêservés au gou- verneur ou au chef de circonscription. En plus, tous Ies pourvois en appel contre les jugements des tribunaux de se- conde instance devaient être adressês â ces mêmes repiêsen_ tants de l'autorltê coloniale.

1 . lNC. FAi/613, F. 26-2?, citê d,après Ualz, c.J Die Entuicklung der _Stràfrechtsspiechung' ln Kamerunigga- 1g1o, Diss., Freiburg,/8r9. 1gB0t p. 11?. ) _ : BrrlA, 8.2.1 4, 1901 , No ZZqr Qualgsl6"richt ûber das Rechtsuesen in Lobetal

Ibid. No 224. -1 90-

3.2.3. L'orqanlsation Judiclalre pour le reste du Sud_ Cameroun 22 Le avril 1896, le chanceller Hohenlohe prenalt un Oê- cret rËglementant la Jurldictron pénale et le pouvorr discr- plinaire sur Ies populations des colonLes d,Afrique de I,Est, du Togo et du 1 Camerorn. Les atrocitês de tr,ehlan et de LeIst au Cameroun et, celles de CarI peters en Afrique de l,Est2 obligèrent les autorltês de Berlin â mettre un peu d,ordre dans res agissements de reurs subalternes en terre africarne. peine peu La sêvère infligêe â Uehlan en proc,edure discipli- naire pour Ies atrocitês commises contre les populations ca_ merounaises amena la commisslon du budget du Reichstag â exi_ ger dans une rêsolution du 3 fêvrier 1g96 une loi permettant de poursuivre les abus d'autoritê des fonctionnaires dans res S colonies. Le dêcret dv 22.4.1896 permettait formellement, de contrô- Ier Ies fonctionnaires; surtout ceux chargËs de la juridic_ tion sur les colonisês êtaient plus ou moins obligês de s,en tenir aux instructions.

Le titre premier du dêcret confialt Ia juridlction p'enale cur res camerounais â r'autoritê arremande. Les chefs de crr- conscription êtaient chargês de cette tâche dans leurs unitËs administratives. IIs êtaient autorisés à oêIê9uer cette comp,e- tence aui fonctlonnaires placês sous leur autoritê. Ces com- pétences accordêes au gouverneur et aux chefs de circonscrlp- tions êtaient étendues aux cheFs de postes de l,intêrieur, 4 aux chefs d'exn'editions et parfo'is même aux missionnaires et aux pLanteurs.S

t nuor"t No 401:.Verfûgung des Reichskanzlers uegen Aus- ûbung der-strafgerichtsuarkéit und der DiszipIin"rg"rJit geqen- ûber. den__Eingeborenen in den deuLschen SchuÈzgeOieIen ,ron Ost_ Afrikar Kamelun und Togo vom 22.April 1g96.

2 Handbooks pr or the HisÈorlcar secrionor Foreisn;?;i::,"il8"i,,11"o?t'""tion

3 Zlegler, op. cit. p. S?g.

Ruppel No 401, $ ta.

ly'inkelmannlG.: op. cit. p.192. -1 s1-

Le titre deux êtait, consacrê aux diffêrentes pelnes que I'autorité colonlale pouvalt infliger. Le paragraphe 2 ênu- m'erait les peines: châtiment corporel, emprisonnement avec travaux forcês, mise aux fers, peine de mort, amendes... Plusieurs paragraphes fixaient avec une mlnutie cynique Ies limites dans lesquelles Ie châti'ment corporel, châtiment hu- miliant et réprouvê, devalt être adminlstrê. En dehors du gouverneur, les autres fonctionnal-res avaient des compétences Iimitêes. Toute peine de mort n'était exê- cutoire qu'après approbation du gouverneur; de même, Ies fonctionnaires devaient attendre I'approbatlon du gouver- neur lorsqu'iIs infligeaient des amendes au-delà de 300 14. 1 et des peines de prison de plus de six rois. C'êtaient ces mêmes fonctionnaires chargés de Ia juridlction p'enaIe qui exerçaient le pouvoir disciplinaire sur les colonis'es au service des oarticuliers allemands ou de I'administration. Le dêcret du 22.4.1896 retirait aux chefs 1a juridiction p'enaLe sur Ieurs sujets, ceIIe-ci êtait entièrement de la compêtence de I'autoritê coloniale. Pourquoi cette d'ecision? Si les colonisateurs se r'eservaient Ies affaires pênaIes, c'êtaIt pour une raison politique avant tout; une telle dê- clsion permettalt certainement de mieux asseoir leur systè- me de doml.nat,ion. Le fait que les affaires pénal.es relevaient. de l'autoritÊ coloniale renforçaIt son lnfluence auprès de Ia population:

Abgesehen davon, daB die deutsche Regierung sehr oft keine Eingeborenen gefunden hâtte, die ihnen fûr eine . Ausiibung der Strafgerichtsbarkeit im Sinne der deut- schen Regierung genÛgend geeignet erschienen, rrrar bei der Ubertragung der Farbigenstrafgerichtsbarkeit auf ItJeiBe auch die Erfahrung ma0gebend, daB bei den Einge- borenen derjenigerals der ulahre wlachthaber angesehen

Ruppel, No 401, 5 to et 11.

rbrd. s 1?. -1 92-

ù,Ird, der auch das Recht hat Strafen zu verhângen. Dle ueitere AusÛbung der StrafJustiz durch Elngeborenenmacht- haber uijrde also einer Anerkennung der deutschen Regie- rung als der Landesgeu,alL hindernd lm ùlegc AesLanden haben. 1 )

Il est donc très signiflcatif de constater que dans cette nouvelle r'eglementation de la jurldiction sur Ies colonlsês, l'obJectif polltique primait, et non pas une volontê de ren- dre justlce indêpendamment des justiciables. L'admlnlstrareur juge et le se confondaient dans ce cas, et le Juge n'exerçalÈ alors plus ses fonctions en toute conscience mais'etait pra- tiquement lite aux instructions de ses supérieursl en I'occu- rence c,u gouverneur.ou du chef de circonscrlption. Il n'Ëtalt pas uniquement soumis aux prescriptions de Ia loi comme cela eÛt êt'e normàIement Ie cas. II n'y avait, donc pas de sêpara- tlon de pouvoir; en plus de cela, Ies foncbionnaires chargês de la juridlction n'avaient que peu pour ne pas dire pas ctu tout de connaissances juridiques, surtout pour ce qul est du drolt africain, Jusqu'en 19'14, il n'y avait que trols Juges 2 de mêtier au car"roun. Les consËquences d'une telle pra- tique était le rêgne d'une certaine insêcurltê pour Ies colo- nisês. Un dËputê du Reichstaq dêclarait â ce propos:

ldith us, on the contrary, the officer and agriculturlst rrlithout judiclal training appointed as Direct.or of the station, can decide on the Iife and death of the nati- ves. True, the sentence needs confirmation by the goveD- nor, but he goes by the report of the official uho acEs as judge (...) nn urgent demand had been rightly made to end this system of absolute arbitrariness and absolute absence of equit,y in our colonies. 3)

Cette insêcurltê pour les colonisês est confirmêe par gn tê-

1 Iti"k, H.: Oie Farbigenrechtspflege in den deutschen -Schutzgebiet,en, ln: Kolonialrechtliche Àbhandlungen, Heft 4, lvliinster 1914, p.93; cf. tJinkelmannr 6.: op. cit. p. tSO. -) tjlnkelmann, G.: op. clt. p. 191. 3 Cit'u d'après: Treatment of Natives, p.1g. -1 93-

1 moignage du missionnalre Spellenberg. Le dËcret du 22.4.'1896 ne Iaissait qu'une place secondai- re aux autoritês traditionnelles. Les paragrapges 13 et l5 les confinaienÈ dans un rôle purement consultatif:

Zu den Strafverhandlungen kdnnen der ùJali, Jumbe, Dorf- âlteste hinzugezogen uerderr. Bei schrrreren Verbrechen hat der. Bezirksamtmann ( Amtsvorsteher) mehrere angesehene Ein- geborene zuzuziehen, ohne daB dadurch die ausschlie0liche Verantuort,llchkeit des Bezirksamtmannes aufgehoben trlird. Z)

Le fonctionnaire n"etait donc obligê de faire appel aux auto- ritËs Iocales que pour Ies cas graves. Pour Ia juridiction pênaIe, i1 dêcidait en première instance; Ie gouverneur ou son représentant constituaient la seconde instance, iI n y 3 avait pas de pourvoi contre leurs jugement". Les s'eances du tribunal allemand êtaient publiques et se tenaient dans des saIIes couvertes ou en plein air. Les affai- res concernant Ies ressortissants des villages proches du pos- 'etaient te adminlstratif tranchêes au poste même. Par contre, Iorsque les villages en êtaient êIoignês, c'êtait au fonction- naire allemand de faire des tournêes rêguIières pour s'acqult- t-er de ses obligations. Ces s'eances connaissaient alors une affluence considêrable et donnaient lieu à des êchanges de ca- deaux. Le rôle des chefs dans le fonctionnement du tribunal du chef de cl.rconscription revêtait un aspect souvent purement dê- coratif; Ie fonctionnaire chargê de Ia juridiction pËnaIe tran- chait les litiges et recevait les plaintes en Ieur prê""n.".4 Jusqu'en 1914, il n'y eut pas une réglementation officielle sur Ia juridiction civile, autrement dit I'autoritË coloniale nè se rËserva pas ce domaine. Les chefs Ëtaient alors implici-

BnAr 8.2.2?,1909, No 1g, p. ?.

Ruppel No 401, $ 13.

3 oeutsches Koloniallexlkon II, p. 513. ' q L angheld, uJ.: ZùranzigJahre in deutschen Kolonlen, Ber- lin 1909, p.335. -1 94-

tement autorisês â statuer sur les affalres clvlles, telles les affaires de femmes et les drelits sur la propriËtre au seln 1 de leur com.nunaûtê et seron res coutumes. contre leurs Ju- gement on pouvait touJours faire appel auprès du trlbunal du chef de circonscrlption. Cependant le manque de rêglementa- tion sur juridiction la civile pouvait être interpr,etâ oans un sens tout â fait, opposê par l,âdministratèur colonial, en ce sens qu'il pouvalt retirer aux chefs le droit de Jurldlc- tion civile. Dans la circonscriptlon de Oschang par exemple, L'administrateur refusa aux chefs ce droiÈ de juger les affal_ 2 res civiles , peut-ètre parce que ces derniers ne voularent pas au moment de f instarlation.du pouvoir colonial satisfai- re certaines de ses .3 "ri,gunce". QueIle signification faut-iI donner au dêcret du chance_ Iier du 22.4.1896 par rapport aux ordonnances du gouverneur portant création des tribunaux de chefs et d,arbitrage? l.!o- tons qu'avant et après la publication du dêcret du chancerler, Ie gouverneur dêlË9ua par ordonnance la juridiction civile et pênale aux chefs: pour la première fois Ie 20 mars 1gg0 et pour Ia dernière fois Ie 21 novembre 1g9?. Le dêcret du chan_ celier pris â la letbre eût fait perdre aux tribunaux de chefs et d'arbitrage leur importance quant â la juridiction pênale tout au moins, qui aurait d0 alors être entièrement rêservêe â l'aut,oritê administrative allemande. En effet, un dêcret pris par Ie chancelier passait avant les ordonnances du gou- 4 verneut et Ies rendait sans effet. SeuIe.ent, Ia position pouvait des chefs être assimilêe â celle de fonctionnalres su- balternes dans la mesure où ils,etaient au service du gouver_ nement (,,lm 5 DlenstverhâItnistr) et de ce fait, le nouverneur

1' Chilver r E.lvl.: Native adminlstratlon in the rrlest central Cameroons, 1902-i954, P. 94.

Hausen,K.: op. cit. p. 1?0. 3 Art"br"tt fr.ir das Schutzgebiet Kamerun 1910, p. 90. 4 ùJink"I..nn, G.: op. cit. p. 195.

-q RuppeI No 405: Runderla0 des Gouverncurs, betr. dle Ge- richtsbarkelt ûber die Eingeborenen vom 28. 0ktober 1909; cf. ANC, F^l,/614, F.22. -1 95-

.oouvait leur oêIéguer Ie droit de juridiction pênaIe. Cepen- dant, après 189?, la Juridiction pênale ne fut plus accordée aux chefs, pour preuve 1e tribunal d'arbitrage cr'eê en 1g1i pour Ies Yaoundês et Ban'es n'êtait compêtent que pour Ies affaires civiles. Le dêcret du chancelier n'entra réellement en vigueur qu'un an et demi aprè's sa publication et n'eut pas d'effet rêtroactif. Juseu'ici nous avons analysé seulement Ia juridiction sur les cas n'impliquant que les colonisês entre eux. Qui était compÉtent lorsqu'un litige sutvenait entre un colonisé et un colon? Dès Ie début de l'ère coloniale, lvlaxBuchner disait qu'il n'êtait aucunement question de mettre Noir et BIanc I sur un pied d"egalitê en matière de justice. Pour lïax Buchner, iI était donc impensable qu'un juge noir, en I'occu- rence Ie chef, ait la possibilité Oe juger et de condamner un colon; c'eût êtê une menace pour 1a position dominatrice et exploitatrice de ce dernier. La pratique ne s"ecarta pas de cette idêe de {Iax Buchner:

FÙr die llischprozesse richtet sich die Zustândigkeit nach Rassenzugehôrigkeit des Beklagten. Ist der Beklagte ein [Jei6er, so ist das Gericht des ùJeiBen, ist er ein Farbi- ger, so ist der Richter des Farbigen zustândig, und zuar im Ietzten FaIle immer der ureiBe Eingeborenenrichter, auch uenn Hàuptlings- oder Schiedsgerichte bestehen. )-) 'etait A.insi, Iorsque le colonisê confronté au colon, il de- venait une personne de moindre droit parce que lrEuropêen in- fligeait rarement â un autre Europêen la peine qu'il mêritait réellement. Il êtait alors difficile, pour ne pas dire impos- sible au colonisê d'obtenlr justice. Les chefs duala par exem- ple se plaignirent â plusleurs reprises de cette in'egatltê du 3 Nolr et du Blanc devant Ia loi. D"n, Ieur p'etition au Reichstag, les chefs Akrrrase plaignaient du fait qu'un Blanc

' Buchner, f4.! Kamerun,p.190.

2 DeutschesKoIoniaIIexlkon IIr p. 413.

3 nltc, FA1/37, F. 210-21g, pêtltion du peupre duara du 29.10.1892; ANC, FA1/93, p. 18. -1 96-

qui avait tuê un de ses employÊs duala et avouË son crlne, ne fut condamn'e qu'a 4 mois de prrson. Le chef de crrconscriptron von Brauschitsch accordait au colon lrlmpunlt,e presque; crest pourquol iI rÉpondlt aux chefs Akua qu,Il êtait hors de ques- tion qu'un 8lanc solt condamnê â mort pour I'assassinat d,un Noir: ,... eln Europàer kônne nlcht zum Tode verurteilt uer- den, uenn er einen schu,arzen Ouala ln ligend urelcher uelse 1 um das Leben gebracht hat.rr

Il êtait exclu que dans de parells cas le colonlsê bénê_ justice ficiât d'une êqultable. Ir est rmpossrble de cautron- justice ner une terre coloniare qui se préÈendait rsêvôre mais êqultablert (nstreng aber gerechttr). Cette devlse ne pouvalt en tout cas être interprêtêe que d'une manière saLisfaisant le colonisateur et non le colonisê. Le traitê de protecto- prot'egeait rat ne en frn de compte que re coronisateur et ses intêrêt s.

Rêcapitulons les points essentiels cte notre analyse de la jur idict ion.

Les chefs furent maintenus dans leurs fonctions judictal_ par res l'administration coroniare qui limita reurs compêten- ces aux affaires mineures pênares et civiles dans res circons-- criptions de Doualar-victoria, yabassi et Edêa et aux affaires civiles mineures dans les circonscriptions de l,int,erieur. Tous les tribunaux de chefs ou d'arbitrage êtalent sous le contrôle de l'autorité coloniale. pour les cas en dehors de la comp'etence des chefs, Ie juge blanc à,êtait pas obligê de les consulter, à moins qu'il ne s,agisse de cas três graves. Bien que juridiction cette des chefs ne donnât pas entiêre- ment satisfaction au colonisateur, il se garda bien de Ia sup_ primer car il n'avait pas assez de personnel pour Ia lgp1sn-

ANC, FAl/93r p.18. -1 97-

dre en main. L'exercice parallèIe de Ia juridiction par les organes tra- ditionnels et l'administration crêait une situation nouveIIe. L'administration jugeait Ies affaires qraves, tandis que Ies chefs n'avaient qu'une juridiction mineure, ce qui contribuait â une perte d'autoritê dans Ieurs communautês, surtout que Ieurs jugements n'étaient plus dêfinitifs. Cette situation de- vait à plus ou moins long terme favoriser les tribunaux admi- nistratifs parce que leurs compétences êtaient les plus im- ' portantes et non pas palce qu'iIs rendaient une justice t nêcessairement plus Êquitable. C.LI" situation montrait qu'iI y avait chez le..colooisateur un d'esir de monopolisation de la juridiction sur Ies colonisés, dêsir qui s'achoppait 3 â un problême de personnel et de finances. La tentative de certains chefs d'empêcher leurs sujets de porter leurs 4 IitIges devant ]e tribunal de I'administration pourrait être alors interprê!êe comme leur r'eaction face â cette si- tuation nouvelle; ainsi, iIs auraient pu donner quelque vi- gueur à leur autoritê déclinante. Enfin, nous devons souligner que Ia collaboration des chefs dans ce domaine êtait hautement intêressêe. Le fait qu'ils pre- naient leurs fonctions judiciaires pour une vêritable prêbende qu'iIs exploitaient, ne pouvait que créer une situation d'insê- curttê pour Ieurs sujets, ca qul explique sans justifier pour autant les abus.

Amtsblatt fûr das Schutzgeblet Kamerun1910, p.9O.

-) lJinkelmann, G.: op. cit. p. 221.

3 A.t"bI"tt fùr das Schutzgebiet Kamerun 1910, p. B0: Kirch- hof, le chef de la circonscription de Uictoria, dit:rrDie Rechts- sprechung der Hâuptlingsgerlchte làBt immer noch manches zu ùrùn- schen ijbrig, und es urâre gut, r,rennsâmtliche Streitigkeiten vom Bezirksamt geschlichtet uijrden.rl

4 BtYlA,E.2.20,1905, No 227, Jahresbericht der Station uomDe. -1 98-

3.3. La perception de Irlmpôt.

3.3.1. Les ob.iectifs de lr imposition.

0ans lrËvorution du rê9ime colonia] lrimposition repr,esen- tait une êtape traduisant une bonne mise en placc de lrappa_ reiJ. administratif. population La devait être considrerree col me conquise pour qutune telle mesure stapplique sans heurts. Lradministration arlemande choisit la mêthode dr imposi- tion directe pou' des raisons êvidentes : il,etait três dif- ficile pour procéder le colonisateur de de Ia môme façôn quren mÉtropole, ,economique parce que dans .l.a colonie Ie systême 'etait oirrêrent; reconomie on y avait affaire â une de subsis- tance' Ltimpôt sur res revenus Êtait par exernple difficilerrent applicable car de la propriét,e un homme retirait beaucoup plus un prestige social que des avantages financiers. Ce ne fut pas avant Ia fin du 1ge siêcle que lradministra- tion introduislt un lmpôt au Cameroun. En 1901 un impôt sur les chiens fut introduit à Douara; ir avait pour objectif morns de rempllr les caisses du gouvernement que de débarrasser ra vilre de chiens appartenant aux camerounais _ ceci en viora- tion des conditions que Les DuaLa avaient posËes avant le transfert de souverainetê1_ ,etait - car Douala appelÊe â deve- nir un centre irnportant pour les Europêens2. Il est vrai que jusqufâ cett,e date les Camerounais êtaient touchôs par Ies diffêrents taxes sur lralcool, 1a poudre et les autres pro_ duits importÊs. LtidËe de Ilimposition directe remontait au drebut nêrne de lrêre coloniale allemande au Caneroun. Lorsquril fut ques_ tion du financement de lradministration et de Ia mise en va- leur de la colonie, Kusserov, le reprêsentant prussien à ilanr-

.1 cf. deuxièmepartie de notre travail (2.2.). 2 Ruppel n. 226 ; OKB1901, p. 81?. -199-

bourg charg'e des nêgociations avec les comnrerçants, êmit une sug- gestion all.ant dans Ie sens drune imposition des colonisés. Il proposa qurun irnpôt par tête fût introduit pour trouver une solution au problème que posaient les cotts de Irentrepri- se coloniale; cette proposition ne fut pas retenuel. Clest au cours drun sêjour pn Allemagne que le.gouverneur von Puttkamer d'evoila lrintention du gouvernement drintrodui- re lrinpôt au Cameroun2. QueIle signification faut-iI donner â cette dêcision ? EIle revêtait une signification hautement poliôique. Lrinr- position des colonisês devait être ta preuve que les Allemands êtaient rêeIlement les maltres du pays. Lraccent êtait mis sur la nÉcessit'e drintroduire llimp6t pour faire comprendre à Ia population que la souverainetê êtait à présent détenue par les AIIemands. Lrautorit'e du gouvernement devait se'c6ncr6- tiser dans la pression quril exerçait par J.e biais de Irimpôt. Lr impôt devenait ainsi un véritable instrument de politique coloniale; payer 1r impôt â Itadministration, crêtait en quel- qu sorte Ia reconnaltre comme la nouvelle autoritË du pays: trieiterhin uerden die Steuern das Ansehen des Gouverne- mcnts unter der schuarzen Bevôlkerung festigen uncJ er- hôhen, da durchaus ihren Rechtsanschauungen cntpricht, Abgaben zu entrichten, ohne eine direkt handgreifliche Gegenleistung zu erhaIten... Eine von dern 6ouvernernent crhobene Steuer bringt die Beuohner.in eine qeuisse ElerÛhrung mit den Behôrden, urodurch vielen eist, das Dasein einer i?egierungsgeuralt zum BeuuBtsein gebracht uird. 3)

1 Rudin, H.: op. cit. p.3J8. -) . Schkopp, E. : Die Eesteuerung der Eingeborenen in Kame- run in : DKZ 1903, pr'1?1. -1 Schkopp, E. : op. cit. p.1?1; cf. Schulte in Hofe: Zur 3esteucrung der Eingeborenen in l(anerun, in t)KZ 10U5, p. 413; Tetzlaf f , il. : l(oloniale Entrrricl

Le colonisateur avait des problèmes drordre budgêtaire et lrimpôt fut considêr6 corme une des sorut,ions possrbles. Ltadministration devenant plus intensive et par consÉquent,plus co0teuse, 1I fallait de lrargent ailleurs et pas toujours at- tendre que BerIin finance touts.Lrimpôt devait devenir une importante source de revenus pour la colonicl. Lo gouvcrneur Scitz ôtablissait bien le rapport cntre les problênres budgÊ- taires et, lrimpôt Lorsqurll disait : Um ein brauchbares lrJegenetz herzustelJ.en, hâtte es ganz andEeE:. t,littel. bedurft, aIs sie durch AnforOerung-n-im Etat zu erreichen ,^,aren. Auch mûBten Oie Ein!èù;;;;". in ganz andDer ùJeise an der Unterhaltung dcr lrjege inue_ ressiert ulerden. Den Versuch dazu machte ich durch dic E infi.ihrung einer allgemeinen Elngeborenenuesteuerunil'Z) Par ailLeurs, rdrËduquelr iI Était-question Ie colonisê au travail, de rparesserr Ie faire sortir de sa _ qui ne tenait que de lrinvention du coron - . cetobjectif prêtendument'edu- catif cachait un autre beaucoup plus êconomique. Lrimpôt re- prÉsentait arors une contrainte qui devait arnener les coroni- sês à chercher du travair rêmunêrê dans res diffêrents secteurs de llêconomie coloniale. Les colonisés, pour pouvoir trouver de quoi payer ltimpôt,, Ëtaient obligês de srintégrer dans le circuit de 1rêconomie de marchê, soit en devenant des proctuc_ teurs, soit en vendant leur force de travail. Cet,objectif êtait dtautant plus réalisable que certains groupes de popu- _ ration cornme res Bakureri êtaient sêrieusenrent touchês par re dêcret drexpropriation appelê dêcret sur Ia terre de.ou"onnn3. Par llinrposition, les camerounais devaient se mettre au ser- vice du r'egime colonial : llat.die eingeborenen Bevôlkerung aber jâhrlich Abgaben an das Gouvernernent zu entrichtàn, so ist der einz-eine

1 schkopp, E. : op. cit. p. 1?1; cf. Knollr A. : Taxation in the GoId Coast and in Togo, in : Gifford/Louis, p. 422. 2 s"itrr Th. i Vom Âuf stieg und tJiederbruch II r p. J.l . 3 cf. deuxième partie de notre travail,2.3.3.1. -20't-

von ihnen gezùrungen der angeborenen Trâgheit zu entsagent um aIs schuarzer deutscher Steuerzahler dem Kaiserlichen Gouvernement gegenùber seinen Pflichten nachkommen zu kônnen. Die Neger urerden demnach zu erhôhter Arbeitslei- stung angehalten, u.rasder Kolonie zu gute konrmt uod von nicht unterschâtzender Eedeutung fijr die Erzichunq der Gesamtheit ist. 1) Les capitalistes approuvaie'nt lrusage de llimpôt commê cori- trainte économique pour des taisons êvidentes2. Les tnission- naire,s en ce domaine dêmontraient bien qurils travaillaient main dans Ia main avec le pouvoir colonial. Voici ce que dit un missionnaire pallotin : Die Trâgheit des Negersr die in seinem NatureLl bêgrÛn- det und durch das Klima begÛnstigt ist, soll in ihren stârksten Stûtzen, dem l4angel an Notuendigkeit zur Ar- beit und der Bedûrfnislosigkbit getroffen uerden. Dazu Leistet die Besteuerung die besten Dienste; denn uenn sie in einer erhôhten Arbeitsleistung des Àlegers ihre trlirkung âuBert, urird direkt die Arbeit 9ef iirdert. llird aber Celd oder Abgaben an llaturalien gefordert, so muB der schurarze Reichsuntertan durch Feldbau sich diese lJaturalien besorgenr beziehungsueise aus ihrem Verkauf die Steuergroschen geuinnen. 3) Lrimpôt devenait un moyen pour transformer 1rÉconomie de 'economique subsistance en êconomie monÉtaire.'Le système trou- vê sur place ne pouvaitpas donner satisfaction aux colonisa- teurs; Ia mise en circulation de Ia monnaie europ'eenne êtait alors dlune importance caPitale : Das ZieI der Eingebotenensteuer muO ihre Erhebung in barem GeId sein. Das ist nicht nur uichtig fÛr die Kfar- heit und Ûbersichtlichkeit der Finanzrrrirtschaft. Es ist noch t ichtiger, r,leiI die Steuererhebung eines der urich- tigsten und uirksamsten filittel. istr die Elngeborenen an den Gebrauch gemijnzten Geldes und die Nottlemdigkeit des . Gelderùrerbs zu geûrôhnen. 4)

1 5"hkopp, E.: op. cit. p. 1?1i c|. Ruppel n.231.

2 llû9u"r A. i Entstehung und Lage der Arbeiterklasse, in Stoecker, KamerunI, P. 2O7. a I 6rôBer , P. [4ax : opo c it. p. 330. 4 oeutsches Koloniallexikon Ir P.513; cf. Seitz, Th. : VomAufstieg und Niederbruch IIr p. 53. -202-

Lrimpôt devenait entre les mains de Lfautoritê colonrale un. puissant. lnstrument drassuJettissement de la population.

3.3.2. Les diffêrentes formes drinpôts.

Le 16 mal 1903 le gouverneur puttkamer von prenait un de- cret lntroduisant un impôt par tête (Kopfsteuer) dans la cir_ conscrl.ption de 0oual.a1. Et"it considêrê commecontribuable tout hommeadulte et capable de travailler ainsl que tout,e femme adulte, c'el.ibataire et apte au travail . Le montant cte 1rimpôt'etait de 3 par Il an; chaque polygame devaLt payer pour 2 ll chacune de ses fernmes saui pour une, la femme êtant con- sidêrËe commesigne de richesse. Une commission de 3 membresêtaiÈ chargêe de lr,etablisse- ment de Lrassiette de lrimp6f, Ie chef de la circonscrlptlon en'etait le prêsident. Les deux autres membres,etaient norn- mês au sein de la poÈulation par le gouverneur et su! propo_ sition du chef de circonscriptionz. Cette commission fut plus tard supprlmée, 1l revenait done exclusivement â lrautoritÉ coloniale de fixer le montant de IfimpgtS. Tous ceux qui payaient lrimpôt, recevaient du chef un ti- ket pour varoir ce que de droit; ceux qui par contre ne srac- quittaient pas de leurs obligations fiscales devaient travailler pour rtautoritÉ administrative en remplacement4.Ainsi ra re- lation' entre rrimpôt et r.e travail était crairement êtaolie; Était contribuable celui qui êtait, capable de travailler, èt â Ia pl.ace r .eta de I argent le trava il it acceptê. Les Aflemands introduisirent Irimpôt par tête dans la cir_ conscription de Douala pour voir dans quelle mesure la popula_

1 oxa t904, p. 2z?-zzl. 2 Ltrp"r A. ! op. cit. p. Jg-39. Ruppel N. Z2B. DKB 1904, p.2ZB. -203-

tion lraccepterait. Il est important de noter que les donnËes socio-politiques poùvaient jouer un rôIe important dans lrac- ceptation ou lerefus d'e Irimpât. La population serait moins dispos'ee à accepter lrimpôt dans Ies rÉ91ons où le pouvoir politique ntËtait pas centralisÉ et où une taxe senblable â 1!impôt nrexistait pas auparavant. Par contre, dans Ies r'egions ayant un pouvoir central fort où le tribut faisait partie des obligatlons de chaque sujet, Itimpôt rentrait presque dans I ! ordre des chosesl. Les Duala ne rêagirent pas positivement au dêcret du 16 mai 1903, lropposition à ltimp6t ne se flt pas attendrei les s6sfs Akrrladéclaraient dans Leur p'etition au Reichstag: ùlir erklârten dem Herrn Regierungs-Rath von Brauchitsch, daB das Volk sehr in Armuth herabgekommen sei und es sei nicht im Stande Steuer zu zahlen, er schloB die Sitzung mit dem Auftrage an uns Hâuptlinge, die Sache in einer besonderen Volksversammlung unter uns DuaLa noch einmaJ. zu ûberlegen, und sollen einem jeden Ouala in der Versamrp lung frei seine ltieinung Liber die Einfûhrung der St,euer sprechen lassen.. 2) Sur ce, deux Duala soulignèrent Ie fait que le peùple ntê- tait pas capable de payer lrimpôt et que la perception provo- querait des troubles. Une telle opinion parut assez dangeleu- se pour von Brauchitsch qui fit arrêter les deux Duala et les fit condamnerâ cinq ans de prison. La détermination avec Ia- quelle Ie pouvoir colonial vouLait faire exêcuter le dêcrer drimposifion est illustr'ee par lrextrême sêvêritê des peines infligêes à ceux qui ne voulaient pas payer Irimpôt. Ainsi Ie ? janvier.1905 le mêmevon Erauchitsch fit incarcÉrer 60 chefs de famille duala dont les parents ne sl'etaient pas ac- quitês de leur trpôt.3

1f,rkri, '148; Nchoji: op. cit . pJ Knoll r A. i opo cito p. A22. 2 ANc, FA.l/g3r p. 16. 3 luio . p. ,l?-23. -204-

Avant 1908, annÉe où lrlmpôt par tête fut êtendu â tout Ie sud de la colonie, lrimposition ne semble pas srêtre llmi_ têe aux seules circonscriptions de Douala et rje Johann_Albrecht. shôhe comme les textes officiels le laissenÈ. croire. En sren tenant au tËmoignage de Charles Atanganar il est posslble de dire que dès l90J lrimpôt êtait levË dans la circonscriptlon de Yaoundê : quren Ce nrest 1g03que Lradministration aller:randea com_ mencêâ mettre un impôr pou" i"=-i;Ji;é;";-;;;;-;ircons- cription de Yaoundê. En cette occasio-n on versa en produits, A la deuxième por.liirpat en argent. fri,n- Un dêsordre eut lieu "nnâu-on-veisa dans cette op6iation, car on ne savait pas combien il y avait de cnefs, combien drhabitants, com,bien.chaque contiibuabl" à'puyu., qui devait se présenter au premier abord "u"iiet à-qri-on oe- vait remerrDe pour trimpôr. mettrà fi;-à ;; JaJà'i"Ji uno commissionde recensementet de l rÉrectioÀ-0"-.À"iL"- connus par rrautoritê fut crêee par rradministràiiàn ar- lemande. 1) Il est cependant difficile de savoir si Ia perception de rrimp6t par 'etait tête effectuÊe avant 190g dans drautres cir- coscriptions de lr intêrieur. Lropposition des Duala â Lrimpôt par tôte amena lradmlnis_ tration â reconsid'erer la forme drimpôt; aû lieu de se baser sur lrindividu, elle sren tint â un signe extêrieur qui fut la maison. nimpôt Dès 1904 un par maisonrr (Hûttensteuer, Llohr nungssteuer) fut introduit dans J.a circonscription de Johann- Albrechtshôhe commerêgion test. Le montant êtait de 3rSf,l par maison2. La circonscription de Duala fut vraisenblablement dès 1905 soumise â cet impôt par maison, crest ce qui ressort de la pêtition des chefs Akrrra: In diesem Jahre 1905 ist auch schon bereits, im Auftrag des Herrn Gouverneurs von puttkamer durch dén Herrn Re- gierungs-Rath von Brauchitsch verfijgt, daB ein ieàer Oua- La bis.zum 1. 'tctober 12 t,1.(zr,roIf tiaik) uiiÀ ,Ë..i"r"rn muB. 3 )

1 At"ng.n., Ch. : op. cIt. p. g1. -) Hausen, Ko ! opr ctt.1g4; Rudin, H.: op. cit p.340. -1 At,C, FA1/93, p..tg. -205-

Ce fut â l!issue de ce test que le dêcret introduisanc Irimpôt par maison fut publlÉ te 15.4.1s0?; i] êtait en vi- gueur dans la circonscription de Johann-ALbrechtshôheet dans celle de Douala où iI remplaçait Ie dêcret sur Irimpôt par tête1. Tout propriêtaIre drune maison Était consid'er'ecomme contribuabl.e; sril y avait une àutre personne habitant Ia mè- me rnaison et ayant un m'enageâ part, celle-ci êtait Égalëment tenue de payer Itimpôt. Le montant de cet impôtêtait de 12Flpar malson dans Les villEs et de 6M dans les zones rurales. Cet irnpôt fut supprimê et remplacê par Irimpôt par tête en 1911 dans la circonscription de Johann-Albrechtshôhe et en 1913 Éans La circonscription de Douala2. Le 20 octobre 1908 le gouverneur Seitz prit un dêcret ins- taurant I t impôt par tête dans presque toute Ia rêgion du Sud- Cameroun". Tout hommeadulte et apte au travail était tenu oe payer cet impôt â condition qutil nrexistât pas Aêjà dans sa circonscription de rêsidence une autre forme dtimpôt. II avait Ie choix entre payer en argent ou effectuer unrrtravail drim- pôtu (Steuerabeit) pour lradministration. Quiconquese dÊro- bait â ces obLigations fiscales srexposait â une amendeallant jusqurà 150 t4. ou à un emprisonnementavec travaux forcês aI- lant jusqutà 3 mois. La circonscription de Lomiê et Le district de l,louloundouÉtaient exenptês Orimpôt.4 'etabli Le montant de !.I impôt fut selon les c j.rconscriptionso Dans ceIles consid'erêes commeayant pris un certain essor'eco-

1 . Rupp"l N. 22?, Versordnung des Gouverneurs, betr. die Êrhebung einer lrJohnungssteuerim Schutzgebiet Kamerun, vom 15. 1907. 2 Deutsches KolonialLexikon Ir p. 51?-518. -1 Ruppel ll. 228 Versordnung des Gouverneurs betr. die Heran- ziehung der Eingebotenenzu Steuerleistungen, vom 20.10.i908. 4 Ruppel N. 231. -206-

(Victorlal guÉa, nomique Krlbl, yaoundê, Dschang), ce montant êtait de 6 fii soit 30 jours de travailS dans les autres (flio- del Reyr yabassl, 0ssidinge, Campo,Dume et Bamenda)il Êtait de 4 tt. jours soit 20 dc travaill. Le changementrJe IIirrpôt en travail. traduisait la volontê du pouvoir colonial drint,egrer Le colonisÉ dans Ie nouveau processus êconomique. Il ôtait cn outre interdit de rouer ceux qui effectuaient un rrtravarr drih- pôtn aux firmes privÉes, ceci pour ne pas lôgaliscr les tra_ vaux forcÉs2. Cet impôt par tête semble avoir donnÉ satisfaction 6u pou- volr colonial.; en effet, dôs 1910 le gouverneur demandalrap_ probation du conseil du gouvernement pour porter lrimpôt â .tO It3; le dêcret correspondant fut publiÉ re 22 f,evtier 1grJ. ce texte quron stlpulait pouvait exiger plus de 10 fl drun con_ tribuable lorsqgton estimait que son revenu annuel dêpassait 400 14.Etait-ce le dêbut drun impôt sur le levenu ? Il nry eut pas drautre texte expllcitant cet aspect de la question.5e_ lon le dÉcret, une partie de lrimpôt pouvait 6gaEpayÊeen argen une autre chang'eeen travail. Si un contribuable nr6talt pas capable de stacquitter de Irimpôt, il pouvait être louÉ â un emproyeur qgi blan6 sten chargerait4. Ainsi lrargument seron lequel_ltimpôt ne devait pas créer une autre forme de travaux forc6s5 ne tenait plus; tous ceux qui ne pouvaient pas payer - rrimpôt êtaient dêsormarscorvêables â merci. pour trouver une solution au problêmede la main droeuv!e dans les secteurs delrÊconomie coloniale, lradmnistration en Êtait arrivêe là.

3.3 .3. Le r6le des chefs ans la perception.

Pour des raisons de personnel, de frais et surtout dref_ ficacit'e, ltadministration coroniale eut !ecours aux chefs

' Ibid. N. 231. 2 tuto. N. 23i. 3 Art=bl.tt fûr das Schutzgebiet Kamerun, 191J, p. lO?. 4 ttudinl Ho ! op. cit. p.34J. -q fluppcl N. 2J1. -20?-

pour Ie recouvrement de lrimpôt. Derrière Ilutilisation c,es chefs se cachait êgalement une considêration drordre oure- ment stratêqique; en effet le percepteur jouant un rôle,.maI vu ctes contribuables, il valait mieux utitliser un africain Qutun europêen. Ceci êvitait au colonisateur drapparaître devant la population sous son vêritable visage drexploiteur. Oans tous ]es autres dêcrets qui suivirent celui du 16 mai 1903, la fonction de percepteur fut chaque fois attri_ buée aux chefs. Ils êtaient appel'es â faire rentrer lrirnpôt moyennant une commission. Dès lors, leurs intÉrêts person- nels étaient liês â ceux du colonisateur. Celui-ci misait sur Ieur lnt'eressementqui allait les pousser à encaisser le plus possible afin draugmenter Ieur propre part. Ainsi, dans lrexercice de leur fonction, la motivation venait surtout du pourcentage qur iIs touchaient. Alors que Irimp6t par maison nrËtait quren test dans Ia circonscription de Johann-Albrechtshôhe, sur Ies 3r5lvl. en- caissês par maisonr les chefs avaient droit à 30 pfennigs.l Selon le dËcret du 14.4.190?2 chaque chef devait au début oe irahnée fiscale communiquer â Irautoritê administrative ora- lement ou par êcrit le nombre de contribuables d,ependant oe son ressort; ces indications êtaient drailleurs vêrifi,ees par .l.a suite.

Les chefs devaient remettre Itargent perçu â lrautoritê coloniale au plus tard le 1er octobre de chaque annêe. IIs êtaient tenus dlindiquer en même temps les noms de ceux de leurs suJets qui ne srêtaient pas acquittês de leur irpôt. La commission des chefs êtait fixêe de la façon .suivan, te:

Von dem von den Farbigen eingehenden Steuerbetrage er_ hâIt de! die Steuer abliefernde Hiiuptling im Falie, daB die ganze Steuer am festgesetzten Tage ii Uar eingént,

1 Hausen , K. : op. c it . p.194. 2 Ruppel N.22?. -209-

10 v.H., sbnst, 5 v.H. Oieser Anteil ulrd ihn sofort bei der Ablieferung ausbezahlt. i) En 1909 le gouverneur Seitz conflrmalt de façon dêftnitive la rêglementation de la commisslon des chefs; elle deumeu- rait la mêmeque celle indiquËê plus haut, crest-â-dire 101 des sommesremlses Jusqulau 1er octobre et 5;( pour les sorp mes remiseE après cette dat€.2 Cette sommepouvait reprêsen- ter pour le chef un revenu confortable. Le mlssionnaire GoeX- kel de la filission de BâIe indique que dans la rêgion. de yabas- si un chef pouvait percevoir Jusqurâ 30000 14. drimpôt.3 Il est vrai que la sommeencaissêe variait drune rÊgi? â une au- tre; cependant 1e têmoignage de ce missionnaire donne une id'ee de ce qurun chef pouvait 1Ëgalement tirer dE Itexerci- ce de ses fonctions de percepteur. Lladministration avait prêvu plusieurs' mesures permettant de contrôler Ies chefs. Ainsi ils devaient remettre un tiket â chaque contribuable qui payait son impôt. Au poste adminis- tratif même,Ies rentrêes drargent pour les tikets remis aux chefs'etaient contrôI'ees avec attention. Les tikets Ëtaient rêunis en blocs de 50 et Ie chef nren détachait un que lo!s- que lrargent Atait Oêjà payê. pour chaque chef iI y avait un registre indiquant Ie nombrede tikets quril avait reçus et et à la fin de lrannÊe fiscale, combien il avait retournËs â fradmlnistration.4 Commenous lravons dËjà fait remarquer, la perception dl impôt reprêsentait pour Ies chefs une source de revenus non nËgIigeabIe; la commission êtant proportionnelle â la somme globale remise â Ltadministration, iI êtait de Irintêrêt des chefs que cette sommefOt la plus grande possible. Lorsquron considère cet aspect r'ernunêrateurde la perception, il nrest

1 Ruppel N.ZZI. 2 Ruppel N.232, Bekanntmachungdes Gouverneuts zur Ausfûh- rung der Steuerverordnungen,vom 18.3.1909. 3 Bnlo,8.2.3?r 191z, N.26, p.J. 4 Ruppel N.2J2. -20 9-

pas sans intêrêt de voir de près les mêthodes utilis'ees par les chefs pour amener leurs sujets â payer ltimpôt. Dans les r'egions forestière et côtière où lrorganisa- tion socio-politique nrêtait pas três structurêe, le chef 'etait en contact direct avec ses sujets et iêclamait person- nellenent lrimpôt. Etant donn'e'queson pouvoir ntavait rien drautocratique, il'etait parfois en difficultês devant des contribuables peu enclins à srexécuter. Voici le témoignage du missionnaire baptiste Hofmeister sur Ies ennuis drun chef dans le pays Abo : Gestern Nacht kam noch der Hàuptling Nseke mit einem qe- lraltigen Loch im Kopf, das ich nâhen und verbinden muBte. Er hatte fûr die Reqieruno die Steuer eingetrieben und da hat ihm einer anstatt Geld zu gebenr den PrÛgeL Ûber den Kopf geschlagen. 1) Il faut souligner que lrimpôt, sril Ëtait soutce de revenus pour Les chefs et lradministration, reprêsentait certaine- ment une lourde charge pour Ia population. Le têmoignage du 'eaifiant mêmemissionnaire baptiste â ce sujet est plutôt : trheute laufen mir die Leute fasÈ die Treppe durch, sie ulol- Ien Geld borgen, um ihre Steuer zu bezahlen.'r2 Oans les rêgions où Itimpôt ne reprËsentait pas UnÊ îou- veaut'e pour Ia population, commedans Ie Grasland, Ie rô1e des chefs'etait Orautant plus facilitê quri).s pouvaient srap- puyer sur des organisations existant depuis Iongtemps. Lors- que le momentêtait venu dlencaisser lrimpôtr Ies chefs en- voyaient Ieurs serviteurs dans tous I'es coins du territoiret ceux-ci se chargeaient de faire rentrer lrimpôt. Certains chefs

' Hofmeiste!1 J. 3 Erlebnisse im 14issionsdienst in Kame- run, Riel in gshau se n 192 1 , p.5 8. 2 Iuio. p.58, Pour montrer commentIrimpôt êtait ressenti comne une charge-et une exploitationr !eportons-nous à une rôdaction des éIôves de la llission Oé gâfe à f,langambasur la question:rrqulest-ce que rrSo les blancs vous ont apport'e "rl' nchriensie (oie trJeiBen,6.) die jâhrliche 5Èeuer von uns ohne jegl ichen Grund, obr,rohlviele Schrrlarzekein 6eld haben; hat ein Armer kein Geld, so fangen sie anr ihn zu quàIen... Un- sere Alten...halten die Steuer fûr ein iibermâBi9bôses Ding!rl cf . BI4A,8.2.3?, 1912, N.24, p.5. -2',to-

nrhêsitêrent pas à utiliser des organisations â caractère ml- litairerl ce qui laisse supposer que Ia perception ne se dÉ- roulalt pas touJourE sans une contrainte. II serait mêmeÊtauli que cetains chefs remplirent leurs fonctions tout en cherchant â en tirer le maximumde profit. Dans la circulaire du 20.10.1908, 1e gouverneur srattendait plus ou moins d'ejâ aux abus de la part des chefs : Da bei dieser Art der Steuererhebung indessen Ieicht mit Ubergriffen der Hàuptlinge zu réchnen sein uird, so uird zu prûfen sein, ob eÀ in einzelnen gerzirken nicht. zrueckmâ0igist, dem einzelnen steuerpfli-frtigen Lrn9eborenenseLbst eine Einzelquittung zu erteilen...2) Il est parfois rapport'e que dans le Grasland, Ies chefs, au lieu de prendre seulement 6 ou 4 f,i. en auraient exigê 12 ou I et en auraient encaissê directement la moitl,e en plus de leurs 10 ou Si|. Des familles auraient êtÊ obligêes de payer pour des parents dêfunts : This gave them opportunity to enrich thEmseLves. There ùrere reports that the Foyn of Kom, ]ike his Grassfield counterpart, charged sometimes double tax and pocketed the difference plus his ten per cent. Families uere so- metimes asked to pay for dead members.3) Pour conclure, nous pouvons dire, en considÉrant la cour- be ascendante que suivirent res sommesrapportêes dans le buct- get de La colonie grâce à lrimpôt, que les objectifs drordre 'economique - et budgêtaire du pouvoir colonial êtaient large- ment atteints.4 Le fait que la perception fOt Iucrative pour J'es chefs ne risquait en aucun cas de diminuer res recettes drimpôt, bien au contraire; le pourcentage des chefs cons - tituait en quelque sorte un stimulant, cr,etait trop tentant. ,| Nchojl, ____,-Tkri- P. : op. cit. p.149; cf. Chilver/Kaberry: lractrtronal government ln Bafut, lrJestCameroon, in: Nigeriàn Field 1963, 28, p.21. t *.,00", N.2Ji. -a Nchoji, P.-: op. cit. p.14g, Des pratiques de ce genre Il.ri, otai'ent aussi frêquent,es dans la coronie allemande dl Afrique-9:_ItEst, cF. TetzIaff, R. :Enturicklung Àr.ù"utrng Eerl in 19?0, p.5l . ""J 4 Deutsches Koloniallexikon I, p.518; RudinrH.: oF.cit. 9.3!3: Irimpôt rapportait en 1909i i tSrôoO r,t. i en 1912 2 19u000 f4. et en 1914 on prêvoyait presque 3 000000 fl. -21 1-

Ainsi , la communaut'eO t int'erêts entre les chef s et le pou- voir colonial fonctionnait au b'enËfice des deux parties et bien entendu au dêtriment de la population. La commission des chefs êtait un ÉIêment qui les attachait un peu pl.us au rê9ime coIoniaI, leur collaboration Était drautant. FIus,facj.- le qurils y voyaient Ieurs int'erêts sonnants et trébuchanrs. Ce côtê lucratif de Ia perception ne pouvait quraccentuer la pression des chefs sur Ieurs sujets. -212-

3.4. Le rôIe des chefs dans lr'economie de march6.

Dans la première d'ecennie de Ia colonisation allemande, les activlt'es êconomiques se rimitaient seurement à ra fran- 9e c6tière3 elles êtaient, avant tout menÉesdans le secteur commercial. Aux deux firmes nËgociatrices du traitÉ de pro_ 'etaient tectorat venues srajouter drautres terres Randad & Stein, A.& L. Lûbecke. Les commerçantsbritanniques conti_ I nuaient d exercer d I importantes act iv itÊs commerciaies. l A partir de 1894/95 et surtout avec lrarrivêe du gou_ verneu! v. Puttkamer, une impulsion nouvelle fut donnêe â ltagriculture drexportation. Crest après un sê5our à Sao Tho_ me où lragriculture êtait florissante, suEtout Ia culture du cacao, que v. Puttkamer décida de favoriser Iramênagementde plantations sur Ies pentes du f,tont-Cameroun;par la suite il devait mettre toute son autoritê en jeu pour dËfendre les in- têrÊts des pIanteu.".2 Au"" lrexpropriation des Bakueri et trterre Ia prise du dÉcret sur Ia de couronnerrrSles conditions pr'ealables ,etaient au dêveloppement de I ragriculture dresor- mais remplles. Drimportantes sociêtês de plantation virent rapidement le jour : la ùJApV(lJestafrikanische pflanzungsge_ sellschaft victoria)r la t ApB (uestafrikanische pfranzungs- _ gesellschaft Bibundi) et la 0'ioriue- pfranzungsgeserlschaft pour nlen citer que quelques unes.4 c.. diffÊrentes sociêt'es se consacrèrent principalement â la culture du cacao. Ainsi, à côtÊ du commelce,lraqriculture devenait un secteur êcono_ mique important. Quelques années plus tard, deux grandes concessions fu_ rent accordêes au capital privê : Ia GSK(Gesellschaft Sûd_

1 Rû9"rr A. ! op. cit. in: Stoecker, KamerunIr F.i59-160. 2 P,.rttk.ru" : op. c it. p.103. 3 cf. deuxième partie de notre travaif ( 2.3.J.1 ). 4 Rû9"", A.: op. cit. in: StoeckerrKamerun Ir p.16J. -213-

Kamerun) en novembre 1898 et Ia GNIJK(GeseIIschaft Nord- uestkamerun) en septembre 18gg.1 A lr int6rieur du territoi- re ênorme (gtSgZ km2 pour la seule GSK par exemple) de ces deux concessions, les activitÉs commerclales et agricoles É- taient combin'ees. II y avait tout un rêseau de factoreries qui revendiquaient le monopolé du commerce, elles se Iivrai- ent au pillage de ressources telles llivoire et le caoutchouc. 0es plantations y Êtaient'egalement am'enagêes. II faut ajouter aux activltËs des secteurs agricole et commercial celles de lradministration coloniale. II imoorce de souligner qurà partir de 1g0? on commença la construction de deux lignes de chemin de fer. 'economiques II ne suffisait pas â ces secteurs dtavoir des capitaux à investir; un autre facteur indispensable au système de production de type capitaliste êtait celui de la main-droeuvre et 1e besoin en êtait important. Il est int,eres- sant dans le cadre de notre problêmatique génêrale, dranaly- ser ctans quelle mesure les chefs camerounais furent inté9rês dans le processus de Irexploitàtion économique de La colonie. Les activit'es Économiques exercées par la popuLation au- tachtone relevaient avant tout drun système visant â satis- faire les besoins de la famille, du groupe, autrement dit, la production ntétait pas rêsolument destinêe â la vente, elle demeurait dans un cadre drauto-suffisance dtêconomie de sub- sistance. Lrobjectif du colonisateur êtait Oe remplacer cette Économie de subsistance par une économie dtexportation plus adapt'ee â sa volont'e de f a ire prof it. La réal isat ion de cet objectif devait se traduire par Ia transformation du systè- me êconomique trouvÉ dans la colonie et plus pr'ecisêment par Ia transformation du colonisê en producteur et en consomma- teur.2 I

I 8.llhuu., J.: op. cit. p.105sq. in: Stôecker, Kamerun I. 2 Solf: Kolonialpotitik, BerIln 1919, p.29. -214-

Dans ce travail de transformatlon du colonls'E et de son système économique, le chef êtait consid'erê commeun êlêrnent de pression directe qul devait amener la population â sradap- ter à 1rêconomie de marchÊ et â ses exigences : Hier liegt also die Aufgabe unserer Eingeborenenpolitlk darin enthalten, da0 uir uns durch genijgendeVerbindungs- ulege und militârische Besatzungen an den bcherrschenden PIâtzen der Untertânigkeit dcr groBen llâuptlinge in dem Sinne versichern, da0 jene uns in der Heranriehung ihrer Untertanen zu verstârkter urirtschaftlicher Produktion durch den Druck ihrer von altersher eingeuurzelten Au- toritât unterstûtzen. Diese einheimlsche HâupLlingsau- toritât mu0 fûr uns ein llauptmittel zur Beherrschung unserer schùJarzenuntertanen sein. 1) 'etaient Les chefs ainsi appelês â devenir un instrument au servlce de Itexploitation êconomique du pays. A quel niveau devait se situer leur rôle ?

3.4.1. Llaporovisionnernent en main-dloeuvre.

Nous avons Oê3â taissÉ entendre que la main-dtoeuvre cons- tituait un facteur dêcisif dans Iloeuvre drexploitation colo- niale. Les différentes branches êconomiques mentlonnêes ci- dessus exigeaient une importante maln-droeuvre; iI importe de voir commentelles srarrangeaient avec les dirigeants autoctr- ton es . Au d'ebut de Iramênagementdes plantations, Ies capitalis- tes srarrangeaient sans interventlon de lradministration pour trouver les travailleurs nÉcessairesl il est vrai que la de- mandenrétait pas encore grander'etant donnê que les acLivi- t'cs ne faisaient quc commencer.Pour ce fairè, ils concluai- ent des traitÊs avec des chefs qui se montraient mat6rielle- ment intêressês. Ces chefs et Ies colonisaLeurs remirent â Jour une pratique abonrinablequi est la traite des'hommes.Le traitô passê entre le chef Galega de Bali et Ies dirigeants

I'nohrbach, PauI 3 Deutsche Kolonialherrschaf t. KuItur- pol itische Grundsâtze fûr llassen- und liissionsfragcn, Berlin '1909r p.$$. -215-

de la UAPV en est ltillustration. En effet voici lrengage- 'l ment que prit Galega en 896 : Ich erklàre hiermit, daB ich im Herbst 1896 dem Dr. Zin- graff und dessen Begleiter Hoesch und Dr. Esser fijr de- ren in Victoria zu grûndende Pflanzungsgesellschaft das von ihm besetzte Land bei Bali in GrôBe von ca.100 llel<- tar nebst den darauf stehenden Hûtten, zu Eigentum abge- treten habe, unter der Eedingung, da0 mindestens zuei Jahre einmal ein lLJeiBer der 6esel.Ischaft mich besuchen kommt und Vertrâge mit meinen Leuten uegen Arbeiterlie- f.erung macht. l) Galega et les dirigeants de la ùJAPVpurent parvenir â un tel accord sans doute grâce â Lramitié renforcêe par le pac- te du sang qui Ie liait au Dr. Zingraff.2 Zingraff qui dut interrompre ses activit'es au Cameroun avec Ilarrivêe du gou- verneur Zimrnerer (lASt), uénêficia de lrattitude favorable de v. Puttkamer pour mettre â profit ses relations amicales avec Galega et utiliser le pays bali comme réservoir de main- droeuvre. Après sa rort13 le Dr. Esser put signer en 1Bg? un contrat beaucoup plus explicite avec Ie chef Galega; celui-ci srengageait en outre à livrer 2000 travailleurs par an à Ia ldJAPV.4

Toujours concernant cet accord de livraison, voicl ce que rapportait 1e journalrrOeutsche Reichs-Postrr dans une enquê- te du 15 août au 12 septembre 1900 : Nachtrâ9Iich rrllrd uns von verschiedenen Seiten noch fol- gendes mitgeteilt : Seit Dr. Zingraffs Tod rrrird die triest- afrikanische Pflanzungsgesellschaft Victoria vom Kônig Garega iô BàIi mit Arbeitern versorgt, rrrofiJr Garega jâhr- I ich f ûr etrrra 300 t4. Geschenke erhielt und jâhrl ich von einem Beamten der Pflanzung besucht ulerden muOte. Zuerst uurden die Arbeiter rrlahrscheinlich einigermaBen ordent- Iich behandelt, so daB mhnche Arbeiter nach Ablauf der auf ein Jahr festgesetzten Arbeitszeit ein zueitesmal nach Victoria kamen. Oie Behandlung der Leut,e uurde aber

1 nxA Lt.3501, BI. 1s, citê dtaprès RUger : Entstehung und Lage dee Arbelterklasse, in: Stoecker, KamerunI, p.2tr2. 2 Zingraff, E. : op. cit . p.ZO2. 3 Puttk.r""r: op. clt. p.l4J. 4 ftlandeng,P. : op. cit,. p.g1 . -216-

' schlechterrund Garega sandte Im Juli 600 Leute auf nur vler flionate nit dem Versprechen, da0 seine Leute sechs l4onate arbeiten mûBten, u,enner nach Ablauf der vier Itionatenicht neue Leute sende. lrjie schon ber ichLet star_ ben aber viele Leute, rrrasGarega durch Handelskarauanen erfuhr und infolgedessen keine neuen Leute rnehr sa"Ote. t) Ce texte et celui citê plus haut nous donncnt une idêe qui des motifs poussôrent 6alega â acccpter un tel accorc, : nous pouvonsdire qurils êtaient de deux ordres. 0rune parÈ, Galega tenalt à voir son autorltê poritlque croitre face aux autres chefs de la r'egion; ctest certainement pour Èette ral- son qutil exigea que chaque annêe un dirigeant de la trlApVlui rende visite. Il comptait sur ces contacts permanents avec les pour retape blancs rehausser son image de marque; crretait une dans la satisfaction de son ambition poritique. Drautre part, son intêrêt mat,êrieL fut tout aussi dôcisif dans la conclu- sion de Itaccord; ne recevait-il pas pour J00 lyiode cadeaux de la !iAPV ? Et ce nt'etait pas tout ce quril tirait commepro_ fit des travailleurs envoy'esâ la c6te: Dieselben (Arbeiter, G.) miissen ihm aber, sourohl wenn .sie^fortgehen, uie ruennsie uliederkommenieine bestimmte Kopfsteuer entrichten. Dafijr soll Jeder BaIi das Recht habenr 5 ]4ànnervon den den Barl uÀtertanen stâmmenorr ne Steuer mit zur Kûste nehoen zu dùrfen, doch er andererseits verpflichtet sein, an allen auf dem"àij LJege befindlichen Hângebrûckenauch fùr diese von ihm mitoe_ nommenenLeute den ausgemachÈengrùckenzollzu zanlenl 2) Disons peut-être à Ia dêcharge de Galega quril nrhÉslta pas â rompre ce contrat avec la trJApVcomme le rapporte le journal trDeutsche Reichs-posttr, lorquril se rendit compte quril envoyait ses sujets â la mort. une dêcision en faveur de ses sujets têmoigne du fait euril âvait signê lraccord de plein 9rê et quril Ëtait libre de le rêsiIier. En plus, ce faisant, iI jouait pleinement son rôle de reprËsentant du peuple bali en veillant à la vie de ses sujets envoyêsdans les plantat,ions. Son refus drenvoye! drautres Bali â Ia câte est une preuve quril êtait conscient de ses responsabiliires.

Deutsche Relchs-Post 1900, N. i 9J.

DKZ, 1897, Bellage N.III. -21?-

Lrexploitation des travailLeurs se faisait â deux niveaux: dans les plantations, ctêtait au colonisateur de tirer ]e ma- ximum de leur force de travail en leur payant un salaire oe misère.1 A 1",r" retour, crêtait au tour cte Galega de les dê- pouiller drune partie de ce qu.ils avaient si durement gagne. Galega rËcJ.amait une certaine somme de ses sujets revenant de la côte en alguant que leur dêpart constituait pour lùi une perte dans Ia recette drimp6t.2 Le colonisateur et, Ie chef participaient ainsi main dans la main â lrexploitation de Ia population. PLus tard, le pouvoir colonial, en la per- sonne du gouverneur Ebermaier, interdira au chef baLi ôe con_ tinuer â rêclamer de Ilargent des travailleurs revenant de Ia côte.3 t,lais il faut dire Que Ia dêtêriorati.on des relations entre le pouvoir colonial et GaIega .êtait sans doute la rai- son essentielle de cette interdiction et non pas une quelcon_ que volonté de protêger Les travailleurs bali, puisque, tant que tout aIIa bien, Ie pouvoir colonial ferma Iroeil sur Ies pratiques de 6alega.

Tout comme Galega, dtautres chefs camerounais concLurenl de Leur plein gr'e des accords pour la Iivraison de Ia main- droeuvre, accords dont iIs tiraient bien str des bénÉfices. Le gouverneur v. Puttkamer signale quril signa lui_même tou_ te une sêrie de pareils accords pour venir en aide aux caoi- taux investis dans la colonie: Soueit es-irgend mô9lich urar, habe 1"1..,hier(Arbeitskrâf_ tebeschaffung, G.) helfend eingegriffen, sei es durcn AbschluB von Arbeitervertrâ9en mit grô0eren Hâuptlingen oder durch Gestellung von Stafarbei[ern. a) . Les accords entre chefs et colonisateurs permirent ainsi pendant un certain temps de couvrir les besoins en main-droeu-

_ .1_nrdin, H.t op. cit. p.334, ce salaire se situait entre ? et I fl. par mois. -) Cilver, E.tyl.: Native Administrationl,p.g6_9?. 3 ANc, FA1/110,F.132-133. 4 Prttk"r"": op. cit. p.1OS; cf.Rûgerr A. ! op. cit. in: Stoecker, KamerunI, p.1g?:ttKamptz versuchte auch ande- re Hâuptlinge fiir das Geschâft des f4enschenhandelszu interes- -218-

vre de la colonie. llais ces besolns allant croissant et les conditions de vie et de travaii oes recrutÉs se dêtÉriorant, il est. possible, en se basant sur lrarticle du Journal rl0eut_ sche Reichs-Posttt citÊ plus haut, de diçe que de ters accords se firent de plus en plus difficilement. Le colonisateur va donc passer dlun recrutement â base draccords avec les chefs â un autre de nature plus coercitive. Le gouverneur v. Puttkamer accusalt les chefs de nrenvo- yer â la c6te que des personnesfaibles et maladesrl.il exprl- mait ainsi son insatisfactlon quant â ce genre de recrutment. Il vint en quelque sorte à la rescousse des sociretês privÉes en faisant directement appel â la troupe coloniale. VoIci les instructions qufil donna le J0 mars lggg â Kamptz, commandant de Ia troupe :

!_i3 ;gnJeuligg ynd-griJnsliche Lôsung der Arbeiterfrage sel "nur môglich mit HiIfe und tâtiger nituirkung der da alte 1:l:!:!lrgle, ijbrisen bishei semachren vËriuche, Arbeiter fûr die groBen plantagen aus dem InLande auf dem gerrrôhnlichen ùege des Anr,reibensin genûj;nJ;; Àn_ zahJ. zu beschaffen, ein befriedigendes Èrge6nis nicht gehabt habcn.tt 2) Dès lors, les chefs ne fournissaient plus Ia main-droeu- vre parce eur ils Ie voulaient ou parce qur ils en tiraient pro_ fit, mais parce que leur soumission au pouvoir colonial irnpli_- quait cette obligation. Charles Atangana note â propos des tlrecruter chefs euondo que les manoeuvresr faisait partie de leurs devoirs vis-â-vis du pouvoir coronial.S A ." niveau du recrutement par la force, 1es chefs êtaient contraints de con- tribuer â la rÊalisation des objectifs Ëconomiquesdu systê_ me colonial. ILs devaient remplir Ieurs fonctions drorgane exËcutif de ltadministration : ,sie beschaffen die nôtioen sieren. Er bot den Hâ'uptringen fûr jeden in Jaunde eintreffen- dcn Arbeiter eine Prâmie von Z l'iark],r 1 Prttkamer: op. cit. p.i05:rIhre stârksten und besten Leul te schickten die Hâuptlinge auch gerade nicht an oio xusi";.cet.,] puttkamér te affirmation de est c6ntredite par i"-;à';i;;;9;---l dr une personne ayant véc_uâ ltôpoquc â Bafut: 'rKr,rifo rnenEo 90"r cf . chilver/Kaberry: Tradltional Government"nJro-Ëio in Baj f ut, p.21. 2 Puttkamer __ cit'e draprês Rûger, A. :op. cit. ria: Stoecker, KamerunI, p.196. -219-

Arbeitskràifte.t11

Les chefs refusaient-ils de satisfaire les exigences du poste administratif, soit parce qurils se souciaient du sorE de Ieurs sujets, soit parce que ceux-ci refusaient draller travailler dans les plantations, alo!s cr,etait un dêtache- ment de soldats ou dragents de police qui se prêsentait oans le villaqe. Cette dêmonstration de force pouvait suffir'pour trouver 1e nombre de travailleurs requis. Voici deux têmolgna_ ges qui nous montrent comment cela se passait; le premier est du missionnaire Keller de Ia f,lission Oe aâte: Die ganze Art des Anurerbens ist eine Art Sklaverei in etulas milderer Form. Oer Antuerber, sei es nun ein Regie_ tungsmann, oder ein von der pflanzung dazu ersehener follt in. ein Dorf, schâtzt desien junge f4annschaft vreLleichtl]1!ll nach der Anzaht der Hûtten und vérlangt dann von dem Hâuptling so und so viele Leute. Der ohnmâchti- ge flâuptling beteuert bittend nicht so viele bekommen zu kônnen. ltlit der 0rohung das Dorf niederzubrennen, oder ihn setbst mitzunehmËn, u"riànef-J;;-;;;ô;"ô;;i"- ter die bestimmte Zahl. ttâhrend dieier Verhandluno sind manche junge Leute entflohen, und der Hâuptling fàOt nun fangen u,en er bekommt, Gesunde oder Kranke] 2) rrKamerun-postr Lrautre est du journal de 1913 : Die Bezirke bekommen den Auftrag so und so viele Arbei- ter zu stellen. Die Bezirksleiter senden polizisten in die einzel.nen Dôrfer und verlangen von den Hàuptlingen dass eine bestimmte Zahl Arbeitér geliefert urird. trlun kommt die t''lisere, die Leute uolIen nicht auf die pflan- zungen gehen und laufen mit ihren Famirien in den Busch... 0a aber die in den Busch gesandten polizisten Leute bringen mûssen, so geht es ohne Zuang nicht ab. 3) Ainsi, Ies chefs nravaienÈ dlautre alternative que de faire que ce leur demandait Ie colonisateur, ils avaient peur oes reprêsaiIles. Parfois des chefs flrent appet â la troupe co- Ioniale pour venir chercher des travailleurs.4parce qurils

3 Atangana, ch. : op. c it . p.93. I Art"bl"tt fû" das Schutzgebiet,Kamerun 1g10, p.g0. 2 Bf',A, 8.2.14 , 1901, N.212. 3 Kamerun-Post, Ouala 1913, N.?4. 4 mandeng, P. : op. c lt . p.1?1. -220-

avaient Justement peur de ces reprÊsailles. Un t,el comporte- ment ne pouvait en tout cas que contribuer â ta oÊtÉtroration des rapports entre eux et leurs suJets tout en les lendant ,etaUI d'ependântsdu pouvoir colonial. Il semble I que des chef s ayant Ieurs propres soldats nthésitêrent pas â les met!re au service de llimp'erialisme colonial en Ieur donnant un rôle dans le recrutement de la main droeuvre. Alnsl les chefs Ball et Bafut envoyaient leurs sordats chercher les treûailleursl. Lradmlnistration utirisait lr instrument de dominatlon qurê- tait la troupe coloniare pour recruter ra main droeuvre. Les expêditions punitives jouaient un grand 16re en ce sens. Elres êtaient lancÉes â la moindre incartade contre Ies populatlons opposant un refus aux exigences de Lradministration. Elles ne constituaient qutune façon dê9uis'eedrarrer â la rechercne lde Ia maln droeuvre pulsque leur aboutlssement'etait touJours tttraitêsrr la signature de qui contraignaient Ies chefs â li_ vrer un certain nombrede travailleurs chaque fols que Itad_ ministration I I exigeait2. 0ans ces conditions de recrutement exacerbê, les chefs furent Ia plupart du temps victimes des mËthodesles plus in- famantes des agents de firmes coloniales ou du gouvernement. Lrimposture êtait la oêthode la plus utilisêe par les rêcru- teurs. Ecoutons plutôt le têmoignage de deux missionnaires de la fvlission de Bâle qui mettent au grand jour les pratiques rêvoltantes des recruteurs vis-âvis des chefs : ZudemerIie0 der Gouverneur(von puttkamer, G.) eine Verordnung nach ulelcher jedes Dorf verbranÂt r,lerden solI, dessen Einr,rohnerbei llerannahen eines He- gierungsbeamten, in den Buschfliehen. Einer der nàch_ stigsten Hâuptlinge rrrurdeder erbeiber ueoen in Ketben

1 Chilu""/Kabe!ry.: An outline of the traditional ooliti- c.al system of BaIi Nonga in : Africa, 31, 1961, p.3?0i Chilver /Kaberry s Traditional 6overnment in 8afut, in: l,ligerian FieId, 1963, 28, p. 21. 2 ANc, FA1/112,F. 62-63; oominik, H. : Kamerun,p. 110. -221-

qelegt und zum Steinetragen verurteilt. Das hat ûberall groBe Erbitterung hervorgerufen und nicht mit Unrecht.i) Le cas de ce chef entrê en conflit avec Iradministration et humiliê provoqua chez la population un mécontentement. II est possible de dire qurune grande sévêritÉ vis-â-vis du chef Ie rapprochait finalement de ses sujets, â partir du moment où ils se sentaient tous victimes du même système droppression. Le t'emoignage du missionnaire KeIIer nous montre que les chefs Étaient littéralement tromp'es par les recruteurs2: Die Hâuptlinge des Inlandes uerden auch manchmal ûber die Verr,rendungder Leute nicht aufgeklârt.5o soll es der bekannte Sammler Conrau auf seiner vorletzten Reise oe- rnacht haben und hat darob sein Leben lassen mûssen. U]ie ich hôrte rrrar der llâuptling der Kangue sein Freund. Von demselben verlangte er 60 Trà9er fijr sein Elfenbein etc... bis nach lviundane.Der Hâuptling gab ihm dieselben. Conrau aber nahm diese Leute nicht nur nach 0lundane, son- dern brachte sie aLs Arbeiter in die trjAp in Victoria. Tromper les chefs faisait partie intÉgrante des pratiques des recruteurs; ils se faisaient passer pour des agents du gouvernement et alLaient mêmejusqurâ se dêguiser en soldatsl. Ces pratiques sans scrupules étaient â Ieur comble Iorsque Ies chefs'etaient amenês à signer des accords êtant en Ëtat Ot'eUriêtê : Dazu ist die Art r,rie viele Arbeiter angeuorben uerden nicht gerade zur Ehre dieser Gesellschaften. So lud ei- nes ïages einer dieser Direktoren mehrere Nkosi-Hâuptlinge zu sich ein, gab ihnen Sclrnaps zu trinken und als sie halb betrunken u.raren, engagierte er sie einen Vertrag zu zeichnen, in urelchem sie sich verpflichteten eine oe- uisse Anzahl. Arbeiter fûr 12 Jahre (?) zu stellen. Seit- dem befinden sich einige dieser Hâuptlinge in elner sehr peinlichen Lage, da sie dle. geruûnschte AnzahL Leute nicht stellen kônnen, und sie sogar Frauen und l4âdchen schicken mijssen.4)

1 8f44,8.2.'14, 1g01, N. 226, Jahresberlcht der Station LobetaI. 2 Bf,iA,E.z. 14, 1goo, N. 212.. 3 BrÂ, E.z. 15, 1g02, N. r40; cf. Bf4A, E.z. J?, i912, N. 28, Jahresbericht der Station Nyasosor p.3 4 8,,,4,8.2.3?, 19121 N. 281 Jahresbericht der Station Ilyasoso , p. 3 . -222-

I1 faut mettre surtout lraccent sur le fait que dans le recrutement de la main-droeuvre les chefs furent souvcnt deg victimes, mêmesi dans un premier temps ils srentendirent et conclurent des accords avec les côlonlsateurs, accords qul le.ur rapportaient des bênêflces.

3.4.2. Les autres fonctions Ëconomiquesdes chefs.

Le recrutement de la marn-droeuvre fut sans doute lroblr- gation êconomique la plus importante des chefs, nais certat_ neoent pas la seule.

3.4.2.1. Les chefs des villaoes traversês par les caravanes de porteurs.

La situation de maints villages en bordure des pistes em- pruntÉes par Ies caravanes mêrit,e de retenir notre attentlon car les chefs et populations de ces villages furent confron- t'es â des problèmes dôs au passage de ces caravanes. Ces vtl_ Iages, en pfus de la main-droeuvre qurils devaient fournir, étaient supposês produire suffisamment cre vi.vres pour se nou- rir et ravatailler les porteurs; ce qui nrêtait pas facile dans la mesule où une bonne partie de forces productives se trouvait oê5à intêgr'ee r'econonie. dans re circuit de r Dans le domaine du portage par exempler les femmes et enfants nrretaient pas êpargnês, qui ce devait rendre Ia situation de certains de ces villages dtautant plus critique. Le dêpeuÊ,Ienent ctes virlages d0 au recrutement fut critiquê lors de ra visite du sÉcrêtaire dtEtat atrx Colonies, SoIf, en 191J âu Ca"erounl. Le passage des caravanes dans les villages ne steffectuait pas toujours sans exaptions contre Ies populations locales. Les chefs de villages victimes de ces exactions demandèrenr

1 DKZ, 1913, p. ?O4, Zut Reise des Staatssekretâr or. SoLf. -223-

protection auprôs de rradministration.l cette dernière inter- vint en faveur de ces chefs en prenant un dêcret rêglementant le portage2. II faut signaler que Ies exactions des porteurs nuisaient tout aussi bien â lrËconomie quraux populations des villaqes travers'es. Voici un cas où les intêrêts des deux grou- pes que Les chefs représentaient, étaient pour une foid en harnonie et où Itadministration et les populations concein,ees ôtaient satisfaites. Le dÉcret exemptait Ies villages qui ôtaient dans une si_ tuation êconomique particulièrement prÉcaire de rrapprovision- nement en vivres des caravanes. rl 6tait interdit aux ôarava- nes oe passer la nuit dans Les villages nrayant pas de.possibili_ t'e drhebergement. Dans tous les autres cas Les villages tra_ versés devaient approvisionner Ies caravanes en vivresg Ies prix de ces vivres êtaient fix,es par lrautoritÉ col.oniale ec figuraient dans le livret du chef. Les porteurs devaient Être héUer9ês dans des cases passage; de lorsque crÉtait Ie chef qui les h'ebergeait il pf. réclamait 5 par porteur et nuit : Die 0rtschaften in der Nâhe der KaratrlanenstraBen haben den Kararrlanen Verpflegung-den nach dem behôdlich verpfreounossatz festqesetzten .oder ortûbr icneÀ prei"r.' iJ-iiàr"r". Falls sie éazu nicht i.rtunJ"-iino, h"bon Ausureis sie sich einen hierûber von der Verr,laliungsbehôrdeihres Bezir- kes zu verschaffen. 0ieser Ausueis'ist aui-eiÀ'r-ueiÈiÀrte Frist auszustellen. Behôrden,uelche derartige Aus..rerse ausstellen, haben sobald als mô91ich Oen FiiËèn l,iiti"i- rung davon zu machen. rn 0rtenr'in denen Rasthàuser tehen, oes- dûrfen einzerne Trâger ,iin Ku"urunen nicht .rtschaften in oen ûbernachtenc In den iibrigàn o.i"n irf-oËn nu- ratranen durch die_Hâuptlinge Unterkrlnft. geuàhren. zu Hierfûr sind fûr den,Trâ9er"orrii-rOÀii"n, ,"J-JiË-ilâËr,t . 5 Pf. an den Hâuptling zu entrichEen. r; Ainsi, dans Ia mesure du possible, Ies chefs de villages so trouvant sur la voie de caravanes êtaient appelres â contri- buer à une meilleure implantation de Lrêconomie de marchÉ.

1 Rudin, H. : op. cit. p. 301-30S. 2.Rrppot - N. 511, Verordnulg des Gouverneurs,betr. Rege- lung dcs Triigeruesens,von 4.J;1SOg. 3 Ruppel, N.511. -224-

Lradministration chercha â les 9a9ner â cette tâche en leur donnant la possibilit'e dren tirer cle menus profits.

3.4.2.2. La production de ttcash cropsrl.

La participation des chefs et de leurs populations â la culture des produits dtexportation êtait drune grande impor- tance pour Ies colonisateurs. Les sociÉtËs de plantationsayant des difficulttes pour 1e recrutement de la main-dloeuvre, amener Ies colonisÉs à produire eux-même le cacao ou le caouLchouc ne semblait pas si dËsavantageux pouD le système colonial;une telle politique consistant â promouvoir les cultures de la population. colonis'ee 6tait consid'erêe comme une réussite au Togo1. Lravantage principal dr une telle politique rêsidait dans le fait que Ies colonisateurs pouvaient rachcter ces pro- duits à bas prix et. É'ealiser de substanciels b'enêfices. Dès 1e dêUut de Iramênagement des grandes plantations sur les pentes du ltlont-Cameroun, le gouverneur von Puttkaner cher- cha â intêresser l,langa Bell â Ia culture ctu cacao: Als der Gouverneur von Puttkamer im Jahre 18g5 mit aller Energie auf Ausbreitung der Kakaokultur drângte; forderte er fianga BeII auf , auch bei seinen DôrFern am I'iungo Ka- kaopflanzungen anzulegen. lrlatûrlich sagte lianga zu, er begann.auch an zuei 0rten mit der Anlage von Pflanzun- gen.2)

Les colonisateurs entendaient se servir de lfinfluence des chefs dans lrexpansion des nouvelles cultures; une fois qul 'etaient e.l.1es acceptêes par les chef s, 1es su jets nr allaient pas tarder à suivre ltexemple. Lladministration attendait des chefs qur ils jouent leur 16Ie dr intermédiaires. pour I r intro- duction et la promotion des cult,ures dtexportation il falLait

1 Di"hn, 0tto ! Kaufmannschaft und deutsche Eingeborenen- politik in Togo und Kamerun von der Jahrhundertr,rendè bis zum Ausbruch des lrJeltkr.ieges, l-tamburg 1956 , p.46sq. -) - 5eitz, Th. i Vom Aufstieg und lliederbruch I, p.6O; cf. Amtsblatt fûr das Schutzgebiet Kamerun 1908, p.?0. -225-

compter sur eux3rrDie Stationsleiter haben mehr Fûhlung mit den Eingebo!enen, vor aIIem mit den 11âuptlingen, und kônnen ihren Einflu0 mehr in Geltung bringen aIs die Vorsteher von Versuchsgarten".l Le pouvoir colonial savait qutune pression exercêe sur Ies chefs était rêpercutêe par ces derniers sur leurs sujets. En 1910, Ir inspecteur du caoutchouc Treichel argumentait dans Ie mênresens lorqur il rêcIama.it du gouvernement un ordre obligeant tout hommede Ia circonscription de Yaound'e, drAko- nolinga, drEboloua et de Sangmétima â planter chaque annêe 100 pieds drarbres â caoutchouc (tict

1 5"hrIt" im lJofe : Stationsleiter und EinoeborenenkuL- turen, in: DKZ 1903, p.J15. 2 Treichel : Bericht ûber die Landurirtschaft der Jaunde und tsulu und die Aufnahmeder Kickxia-Kultur bei denselben, in: Amtsblatt fûr das Schutzgebiet Kamerun'1910, p.233r p.89. -1 Rudin, H. :op.cit. p.301-305; Atangana, Ch.: op.cit.p.89i RûgerrA.:0ie Entstehung und Lage der ArbeiÈerklasse, p.188. -226-

Eereisung des Gebiets bis bei den Bafia, einem fast noch unberûhrten Hochlandstammkleinere Farmen angetroffen habe. I ) Les autoritês coloniales souhaltaient volr se dêvelopper â côtê de fragriculture de pLantations pratiqu'ee par les co- Ions, une agriculture pratiquêe â une plus petite Échelle par les camerounais. Ceci avaiÈ son importance pour lrintËgration des colonisÉs dans le processus global de Irêconornie monê - taire : Fûr elne tropische Kolonie ist die Eingeborenenkultur unzuleifeLhaft ein Faktor, mit dem gerechnet uerden nu0, da ohne eine solche die Kolonie rrrohlnie daran denken kann, sich selbst zu erhalten. Speziell der Etat von Kamerunbasiert auf Eingeborenenkulturen und Urrualder- zeugnissen (PaImkernen,palmôI und Gummi)und uird, uenn Kakao aIs ein rrreiteres Produkt in grôBerem l,iaôe hinzu kommt, durch die dadurch beuirkte grô0ere Kauf- kraft der Eingeborenen, vermehrte Einfuhi von t:Jaren und grôBeren Zolleinnahmen sich bald sel.bst erhalten k6nnen.2) Et,ant donnê Itenjeu êconomique que reprêsentait la vulgarisa- trcash tion des cropsil, lradministration coloniale srefforça de se servir de Ilinfluence des chefs pour Ia rËaliser; sur- tout quron avaitrrd'ecouverttravec Irarrivêe de Dernburg au sêcrêtariat dl'etat aux colonies, que Ies colonisês consti- tuaient un êIêment dynamique dans lrexploitation des colonies.

3.4.2.3 . La mise en place de lrinfrastructure.

Les pistes trouvêes sur place par Iradministration colo- niale nrêtaient pas en rapport avec les objectifs Économiques qulelle poursuivait. Pour Irêvacuation des produits de Irin'- têrieur, il fallait des voies plus adaptêes. Le passage frê- quent de calavanes de porteurs, de fonctionnaires coloniaux â cheval et plus tard de véhicules motorisÊs nêcessitait oes

1 Br,tA, 8.2.3'. r1912, N.26, Jahresberlcht der Statlon Jabass 2 merkur : Kakaokultur der Eingeborenen in Karncrunrin: Kol-onialc flundschau 1912, p.2?2. -{ ' Dernburg, B.: Fragen der Eingeborenenpolitik, in: DKB 1908rp.218: der EingeboreneistItdas rrrichtiçste Aktivum in Af r il

routes plus larges et des ponts plus solides. pour une c.ir- culation plus facile des caravanes commerciales par exemple, le lamido de Banyo fut obtigê en lg02 drétablir des routes vers Eanenda et le sud de la colonie.l Lrexêcution des tra- vaux tels la construction et lrentretien des routes et ponts de moindre importance relevait de la compétence des chefs; ils supervisaient le dËroulement des travaux quréffectuait population. la Ces travaux étaient considêr,es comme un trj.- but que les chefs et la population devaient payer â lrauto- rité coloniale en guise de soumission.2 Il" f"i="ient partie de Ieurs obligations vis-â-vis de lradministration : Die Hâuptlinge sind verpflichtet, diejenigen Veruraltungs- maOnahmenauszuf(jhren, die ihnen von der gehôrde ange- geben werden : Reinigung der l/ege und Unterhaltung àer UJegeund geuôhnlicher Brûcken, 3) yaoundê, Dans la circonscription de Hans Dominik, Ie chef de poster semblait assez satisfait du travair fourni par les chefs et la population en ce domaine. II.ne lui restait plus qutâ amener Les chefs â ÊtaUtir des.voieg drÉgale largeur: Um eine geuisse Gle'ichmâ0igkeit in der ty'egebreite zu er_ zielenr_IieB ich eines Tagés sâmmtliche XSrpifinqe-, oie an der Stra0e bis zum Nyong hin uohnten auf die-Stàtion kommen, ermahnte sie nochmals zu aIIem Guten ... uno gao schlie0lich jedem eine 4m lange palmrippe als llaBstab fijr die ùJegebreite mit nach ttàuse.4)

Il importe de se demander droù venait le matêriel pour ll exËcution des travaux. Les sources nous donnent très peu drin- formations à ce sujet. f4ais en partant du fait que ces tra- vaux Ëtaient considêrÉs comme tribut vis-â-vis de rrautorit'e colonlale, Il est vraisemblable que les chefs êtaient laissês â eux-mêmes et devaient srarranger pour trouver ce matêrieL.

1 ANC,FA1/112e F.62-63. 2 Ruppel N.231; ANC, FA1/62?, F.169. 3 A.t"bl.tt fûr das Schutzgebiet Kamerun'i910, p.89. 4 DominikrH.: Kanerun, Berlin 1901, p.160. -22e-

Dans un rapport envoyËle 16 avril 1905 â-lradmlnistratlon centrale â guêa par Ie poste de Yabasslr il y a des indices confirmant cette hypothêse : Es ist eine besondere interne Kasse fûr die Verualtung der betreffenden Einnahmen (Gebûhren fûr die Verleihung der Gerichtsbarl

en und ijhlbaren iJotstand abge- ulerden o .. den Hâuptlingen belas-

Commeles chefs de Ia circonscription de yabassl, tous les autres chefs de la colonie devaient trouver, avec le concours de leurs sujets le matêriel nêcessaire à lrex'ecution des tra- vaux drinfrastructure routiêre dont ils avaient la rËgie. Ces ttavaux, insignifiants en apparence, avaient une incidence considêrable pour une implaÀtation durable du système êconornr- que souhaitê par le pouvoir colonial; ils permettaient une circulation plus rapide des biens nouveauxrune intêgration de Ia population â IrËconomie de marchÊ. En conclusion nous pouvons dire que, pour une implantat,ion de Llêconomie monêtaire, Ie colonisateur avait besoin des chefs et de leur autorité. II se servit dreux pour recruter la main- dtoeuvre, h'ebergeret approvisionner.l.es caravanes de porteurs, vulgariser 1a production de [cash cropsrt, am'enageret entre- tenir lrinfrastructure routiêre. Bref, les chefs furent des intermêdiaires lmportants pour adapter Ia population au nou- veau processus Économiquei ils se montr.èrent parfois très r'c- ticents non pas seulement parce que ces travaux ne leur rap- portaient aucun profit. ou presqutaucun, mais aussi parce qur ils les ressentaient commeune forme dtoppression pour eux et leurs sujets.

1 ANc, FA1/627, F.16g, soulign'e par nous.. -229-

II faut draillcurs signaler que lrintËgration des chefs et de Ia population dans Ie nouveau système êconomique n1ê- tait rêalisÊe que dans la mesure où elte ne gênait pas les intôrÊts du colonisateur. Cresb dans ce sens quril faut in; tcrpr'eter ]a suppression du monopole du commerce intermêdi- aire des ethnies cluala et bakoko qui Ëtait jug'e pr'eiuAicia- bIe aux int'erêts du conmerçant blanc. Le pouvoir colonial anêantit Ie pouùoir êconomique des chefs en faveur des co- lonisateurs. La même volontê dtêtre Ies seuls maitres du pays poussa les commerçants allemands â accuser en 1908 t'Jjoya de Eamum oour ses activitês commerciales avec Ia maison de com- merce de 1a Mission de Bâ1e (wlissionshandlungsgesellschaft). tljoya dut se dêfendre dravoir avec cette firme menê une con- cur!ence dÉIoyale aux auttes sociétês commerciales.l Les co- lonisateurs ne pouvaient tolËrEr une activitê êconomique des chef s susceptible de leur faire concurrencel cotTlrle1l illustre si bien le cas suivant. Njoya srlntôressait aussi au nêgoce. A Founban iI ouvrit un magasin où l!.on vendait entre autres des produits de lrartisanat local. Il y faisait venir ]es produits import'es par lr intermêdiaire de la sociét'e de com- rnerce de la llission de Bâle. Le colonisateur fit fermer ce magasin car il. faisait concurrence au commerce européen.z

1 ANc, FA1/38, F.9-i 3

2 Tardits, Claude 3 Le royaume Bamoun,Faris 1980, p'228sq' _230_

3.5. Les chefs et llacculturation.

3.5.1. Les_chefs dans Le processus de scolarisation et d I 6vanq'elisation.

Dans leurs souhaits confirmés officiellement par le con- sul Schulze avanÈ la signature du traitê de protectorat, Ies chefs duala. demandaient e.ntre autres ltannexion et non La protection, crest-â-dire en rËalitê lrinstallation drun rê- gime avec tôut un appareil administratlf.l Avec une telle ad- minrstration, ils espêraient obtenir ra cr,eation drrecoles oir Ieurs enfants seraient êduquês. A ce propos I,lachtigal êcrit dans son rapport du 16 août 1gg4 : Es urar mir besonders errrl(jnscht, nur auf Grund eines ztci_ schen den HamburgerFirmen und'den eingeboreneÀ-Hàuptfin_ gen abgeschlossenen Zessionsvertrages das Kanerunaebiet der 0berhoheit_seiner t'iajestàt des-xaiieis zu kônnen, ureil, uenn ich einen staatsverir;;-;;-;i;"","n[".rË"ir"n Zuecke hâtte vereinbaren uollen, oie tràuptiii9"-"i"i nict,t mit der Arrerhôchsten schutzh""iri"nk"it u"gniitt-Ààte., u[irden. Dieserben kennen sehr ù,ohr den UnteisiËi"J-iri- schen protektorat einem und einer Annexion u"J iorOJ"""n entschieden die.letztere, da nur diese ihnen ùi"-ùohft"_ ten einer zivilisierten Verr,raltung, die fi"iiiÀtunô"ron Schulenr-die ihnen besonders am Hèizen Iie9t, und Jnoe- re Vorteile zu versprechen schien. 2) Nous avons vu que le projet de gisnarck de faire administrer les colonies par Ies compagnies commerciales êchoua et qurune administration de type convent-ionnel fut mise en place au Ca- meroun; ceci sans doute â Ia grànde satisfaction des chefs duala. Les chefs duala ne tardèrent pas â porter leurs asplra_ tions â la connaissance du premier gouverneur du Cameroun. En effet, le gouverneur v. soden, peu après son instarlation, t.int avec les chefs rlne rËunion au cours de laquelle c€s o€r_ niers insistèrent particuliêrement sur la construction drêco_

1 cf. deuxiêmepartie de notre travail (2.2.). 2.RKA., N.4zoz Bl .205, citê draprès JaeckrH.p.: op. cit. Stoecker, KamerunIr p.6?. -231-

I les.' Un tel engoumentpour lr,ecole, présent dês les premiô_ 'Itère res heures de coloniale, ne se Iimita pas certainemenr aux seuls chefs dua1a, bien qutil ne faitle pas non plus Ie g'enÉraliser. Il est cependant, indispensable de souligner cet- te volonté des chefs de mettre leur jeunesse â Lrêcol.e du co_ Ionisateur. I1 faut Ëgalement mettre Iraccent sur le faiÈ que la mise en place drêcoles gouvernementales(Regierungsschulen) nrÉtait pas vrairnent une r'eponse au dêsir des chefs. La crÉa- tion drêcores sravêrait une nËcessitê car le rËgime coronial avait besoin dtun personnel subaJ.terne bon march,eet passable_ ment frêduqu'urr.2 De ce fait il ne pouvait sragir que dr une mi- noritê puisquril et fallait aussi int,egrer la rnajoritË des jeunes dans Ie système coloniaI, Iradministration laissa Ie soin aux missionnaires de procêder â lrendoctrinement, ,â Ia socialisation des jeunes colonisÉs.3

3.5.1.1. Les demandeg de maîtres"

De part leur position, les chefs Ëtaient les personnes par lrintermËdiaire desquelres les missionnaires chercha!ent â nouer contact avec la popuLation. Ce mouvementde prise oe contact sleffectuait en sens contraire, Iorsque les chefs, voulant avoir une École dans leur village, faisaient appel aux missionnaires. Les demandesde maîtres adressêes aux mis- sionnaires par les chefs'etaient relativement nombreusersur- tout si llon se fie aux indications des missionnaies eux_mê- mesl il Êtait oirftcile de les satisfaire toutes. Très souvent, pour donner plus de poids â Ieurs demandesr les chefs faisaient construire les salJ.es de classes eÈ le logement du malLre, ceci dans lrespoir qurune rêaction posi_ tive ne se ferait pas trop attendre. A titre drirlûstration: en 1906, deux mlssionnaires dB ra lrission de aâle travairrant

ANC, FA1,/3?,F.6B-?i. .-

Seitz, Th. : Vom Aufstieg und {rliederbruch II, pu3?o

Ibid . p.3 9. -232-

â Bonab'erl, lntercêdaient en faveur drun vIlIage qui atten- dait son maitre depuis Iongtemps : Oie Leute von Tube... bitten schon seit 4 Jahren um ei_ nen Lehrer. Bereits haben sie Kapelle und Lchrerroohr,,rng fgrtig gestellt. Da sie nun so lange urn einen Lehrer bitten, glauben rrlir, da0 es den Leùten recnt ist...i) ItJilhelm Schlatter, Irhistorien de la f,,ission de gâLe note â propos de lraffluence de dêlêgations venant réclamer les mai- t,res: Es uar kein Leichtesrdie Abordnungenabzuweisen. mer die irr rieder kanen, um''ihren Lehreiri ."-ior.i"rilriui] r',.r, fragte sich auf der Station, rrlie lange es noch dauern uûrde, bis sie nicht rnehrkàmen.2) y II a certainement une intention de justlfier la rlmission civilisatricerr, Schlat,ter voudrait prêsenter de lroeuvre de ses confrêres un tableau de rêussite, ll ne semble pas tenlr compte de lroppositlon â IrêcoLe, pourtant prÉsente. Il est Évidemmentimportant de se demanderquerles Ëtaient les motivations des chefs Iorsqurils rêclamaient les maltres. une des motivatlons essentièrles êtait sûrement drordre poli_ tique. Le chef souhaitait Ia prÉsence drun maltre dans son village pour faire impression sur ses voisins quand ceux-ci nren avaient pas. Pour les chefs, la pr,esencedrun maître re- haussait le prestige du village, on pourrait dans ce cas par- Ler drune sorte de nationalisme local.3 Les chefs souhaitaient voir leurs enfants acquêrir des con- naissances nouvelres. savaient-irs que rrêmancipation du cor.o- nisê pouvait passer par-râ ? rrs dêsiraient lrouverture drËco- Ies parce qulils avaient vu les avantages matêriels que leurs enfants et, ceux de leurs sujets pouvaient en tirer. Lrêduca- tion Était ar.ors en rapport direct avec rracquisition de biens oe consomation nouveaux mis en circulation par Ie système co- LoniaL. Une fois un r,udiment drinstruction acquis, les jeunes

' Bl'tA,8.2.2'1, 1906, N.118. -_Schlatter,) _--^ trJ.:.op.cit. p.Z?1; cf .Bt4A,E.2.6r1.8g3rht.160; 8t44, 8.2.16, 1903, N.2u5 -1 BI,]A,E.2.6, 1893, N.108. -2-a 3-'

esp'eraient trouver plus faci.lement un emeloi r'emun6rÉ cJans lradminisLration ou auprès Jes 1j.;m:s coloniales. Le travail rêmunêrê Était le moyen le p!.us sûr pour accêder aux produits inportÉs. tlermann Skolaster, historien de la congrêgation des pôres pallottins rêsume les deux motivations dont nous venons de parler de la façon suivante: l:an hat manchmal die Ansicht ausgesprochen, da0 lileger nur aus irdischen Interessen sicÀ dem Chriétentum iu- uenden. Es mag uohl vorgekommen sein, da0 mancher Hâupt- ling nach llission und Schule verlangtc, nicht ueil ihm am Christentum etuas gelegen war, sondern rrleil er da- durch an Ansehen geuinnen oder seinen Kindern ein gutes Fortkommen bei den Europàern sichern urollte. Ein SahluB auf die_Allgemeinheit ist, vor allem bei rien Jaunde nicht berechtlg!,.. 1 ) Lravis drun de ses collêgues protestants allait dans le même sens. En effet, le missionnaire Stolz de la llission de Bâle mettait Iraccent sur llintention des êlèves de trouver du travail â la sortie de lr'ecole: ù/ohl-alle, die unsere Schulen durchlaufen, tun dies in der Absicht, spâter aIs Lehrer, Schreiber bei Kaufleuten und der Regierung oder als Kanzlist eine Anstelluno zu bekommen.2) En outre, Ie maltre Êtait Ia personne qui dans le villa- ge pouvait lire et êcrire les lettres du chef; iI jouait ain- si le râte dtintermËdiaire en matière de communication entre Ies habitants du village et les reprÉsentants du rê9ime colo- nial. Cette possibilit'e de communiqueravec ceux qui necompre- naient nas la langue locale avait son importance. Consid'c- rée de cette perspective, la prêsence du maître dans un vil.- lage slgniflalt souvent une garantie pour la sêcurit'e de Ia population, Étant. donnê que le maltre pouvait n'egocicr avec les divers agents du système colonial. Le maitre pouvait ain- si'evitcr â la population les brutalit'es -drailleurs frêqucn- tcs- de la troupe coloniale, iI reprÉsentait alors une protec-

1 Skolasterl H. 3 0io Pallottlner in Kamerun, Limburg ,/ Lahn 1925, p.229. 2 BrtA,E.z.26, lgo8, N.90. -234'

tion (Schutzuehr)1 contre les agents de l.radrnlnlstratlon et des firmes . Le t6moignage du missionnaire Lorch de lr rilrs- sion de Bâle montre que dans les ré9ions partlculiÈrenent menacÉespar les actions de ces agents, le maitre pouvalt être drune certaine utilitê : Gegen diese und andere tjbergriffe von lJelOen und Schuar- zen suchen die Leute Schutz. Und rrrosollte man da andcr3 hingehen, als zu den f4issionaren, uie konnte man slch . besser schûtzen, als dadurch, daO man einen Lehrer ins Oorf zû bekommensucht. lJo ein Lehrer ist, erlauben sich trleiôe und Schruarzenicht so viel, als in éen Oôrf ern, die keinen haben. Auch kann der Lehrer den Sprecher na.. chcn, ùrennein Europâer ins Oorf kommtund... auch den Hâuptling auf die Station begleiten, uenn geradc eine schuierige Sache,vorliegt... 0aher ireffen'r^rir in jenen ganzen-Gebietauf ein gro0es Verlangen nach Lehreri... Uberall uo urir hinkommen,uerden r,lii freundlich aufger nommenund sofort erklâren sich die Leute bereit, dfe nôtigen Gebàulichkeiten zu erstellen, damit sie éin"n. Lehrer bckommen.2) Le missionnaire ne surestime.t-lr pas tes capacltês du nnî- tre ? Il est douteux que Ie maitre a1t pu constituer uî obs_ 'violence tacle au dêchalnement de la caractÉr.istique du sys_ tème colonial. II importe de soullgnet le fait que, sl les chefs dÉsl_ raient la prêsence drun maitre dans leur villagel rls contrr- buaie.nt, sans en être peut-être conscients, â la réalisation de lrobjectlf prlncipal des missionnalres qul consistait Êvt- demnent â rêpandre la religion chr'etienne, contribuant ainst â Ia perte de Itidentitê du colonisê. La scolarisatlon ne cqnstituait aloDs qulun moyendêtourn'e mais combien lmportant de lrâvangÊlisation, Êtant donnê qurune fois certalo€s con- naissances acquises, Ies Éle'ves pouvaient lire eux-mêmesIa blble et contrlbuer à influencer ]es membresde leur entou- rage dans re sens que souhaitaient les missionnaires.0e plus il faut estimer â sa.juste valeur, si lron veut bJ.encompren_ tali'cnation dre Ie phËnomènede I du colonis,e, le f ait que le

1 grtlA,E.2.J2, 1910, N.31. . 2 Bnto, E.z.z3 , 1907, N.29, Bellage zum Jahresberlcht der Station Nyasosor -235-

mattre rêunissait en sa personne deux fonctlons bion dlstinc- tes: ll était en mêrne tempi enseignant èt prÉdicateur.l

3.5.1.2. La contribution matêrielle des chefs.

Lrattitude des chefs êtaient dêcisive à tous les stades du travaiJ. des missionnaires. Lo!sque les chefs Étaient favo- rables à prêsence Ia des missionnaires-entre âutres pour Ies taisons que nous avons exposêes prus haut,- tout se dêroulait sans problèmes; par contre, sr iJ.s avaient une attitude nrega- tive, les rnissionnaires êtaient arors en butte â des diffi- cultês. A Nyasoso, Ie missionnaire t4aier de la Mission de tà- Le rêsumait ainsi cette posltion décisive des chefs : I'iit diesen Leuten (den Hàuptlingen, G. haUen r,rir hâuf zu verkehren. ) ig Sie besitzen hieriulànde'meistens no"n Efn_ flu0, den uir in unserer nrUàii-ran"hmal zu fûhlen be_ .kommen,sei es zur Fôrderung oder zu! Hemmungunseres lJerkes . Z) Lorsque les missionnaires voulaient stinstaller dans un vilIage, il leur fallait lrautorisation du chef. Le chef était lrinterlocuteur tout ié"i9né des missionnaires lorsque ceux- ci voulaient acqu'erir une parcelle pour la construction de ra chapelle ou de ltêcole. Lrattitude positive des chefs se rrâ_ duisait gên'eralementpar le don drune parcelle choisie le plus souvent au meilleur endroit du viIJ,age. Les chefs pouvaient aussir lorsqurils voulaient tirer un bênËfice matÉrier de rr installation des missionnaires, leur vendre la parcelleo Chefs et nlssionnaires êtablissaienL alors un acte de vente ou c,e don selon le cas, lequel acte Était dûment signÉ par les c,eux parties. Volci un acte de don entre les anciens du village da Bona-Dibong et la llission de Bâle ! Schenkungs-Urkunde , lJir, die iiltesten ées 0orf es Bona_0ibong ( Kr,randorf in Bonaku, ) Ûbergeben unter dem heutigen ei Ètuct iànÉ r,

1 Schlatterr u. ! op.cit. F.2gJ. 2 8HA, 8.2.321 1910, N.29. -236-

UJegtenunseres Dorfes, unfern des Flusses geleoen..des_ sen-Lânge von Siiden nach Norden 100 Frcterr-rnO-J"i"on Ereite von Osten nach rrjestenca. g0 r'reter'uàtrggi.-oo"- selbe schlicBt sich im Sûden an den Landungsrrreg-rÀOi, uesten an dic SûOùjasserquellean, uâhrcnd i" Oiten-Ofe 6renze durch einen t4angobaumund mehrere palmen olk"nr,- zeichnet ist, an dle BàsIer l,iissionsgeieff".f,àitl-zu deren freien Eigentun, aber zum Zr,reclieeiÀer cfrrislfi- chen Ansiedlung in unierer f4itte. Eethel, Kamerun,den 20. 0ktober 1ggg. i) Sulvaient les signature des chef, notables et mlsslonnalres. LEs missionnaires dÉpendaient de nouveau des che.fs lors_ qurll passer falrait â la construction propremcnt drte. une fois de plus ces derniers agissaient de cteux façons diffÊren- tes selon les intent,ionsr recherche du prestlge polltiquE d0 à La présence drun EuropÉen dans le village ou recherche dl gain un matêriel. La plus part des chefs mettalent gratuite_ ment la main dloeuvre â la dispositlon des missionnaires lors_ qurils prenaient ne pas sur eux-mÊmeslrexêcutron des travaux.2 Fonyonga de Bali par exemple fit construire en deux Jours les premiers bâtiment,s nÉcessaires â la l4ission de gâle, ll super- visa personnellement les travaux.J 0,"ra""" chefs exigeaient cependant que cette main-droeuvre soit rêmunérêe par les nrs- s ionnaires.4

Une fois les mlssLonnalres instalJ.Ês, rnêmeleur approvi_ sionnement en vivres pouvait dËpendre de lrattltude favorable ou dËfavorable des chefsS res prix rêflÊtarent g'enâralernent cette position. Fonyonga par exemple, donna Irordre à ses su_ de vendre Jets aux missionnaires â des prix raisonnabres; rien dlÉtonnant â cela car par ailleurs ses relations avec les missionnaires rtrês êtalent quatifiêes de amicalesrfr5 ceci

I . gmAl E.Z.Z, 1889, N.g?; cf.BptA; E.2.3r1Bg0rN.tJg(CopIe e.lnes Kaufvertrags)i cf. Bf,tA,E.2.16, f SOSr'f,r.ZO6;;:i;:-' -) Bl'lA, E.2.6, N.1OOrp.16; Schlatte!rùJ.:op.cit .p.Z2g. -1' 8f44, E.2.16, N.205 19.24-25. h- EeEgerrH.: rlission und Kolonratpolitrk, Die kathorlschr 1'llsslon in Kamerunr,rThrend der deutsci-renKolôniarherrsèÀaf t, Immensee1978, p.1?'1. -8trA, E.2.16, 1903, N.20S, p.29. -237-

expliquant cela. A Nyasoso, les chefs, sous la pression de certains notables, coupêrent les vivres aux missionnaires en 1896 et exigèrent le double des prix pratiquËs jusque-lâ,1 Le soutlen matêrier des chefs aux activités sàotaires des mis- sionnaires ne.connalssaient plus de Iimite lorsqutils s,en_ gageaient financièrement et acceptaient draider les mission- naires â- payer Ie salaire des maîtres. Ce fut fe cas de Fo_ nyonga de Bali;.iI avait â sa charge le salairè de plusieurs maîtres travaillant gali.2 en dehors de C,est peut_être un cas rare, mais iI nren est pas moins signicatif. Ainsir 1r est êvident que la position des chefs Ëtait de- terminante, partir â du momentoù Ieur soutien mat,eriel ,etait pratiquement indispensabte â la bonne marche du travail des missi onnair es..

J.5.1 .J.

sation et. de lrÉvano'elisation"

Il ne suffisait pas aux chefs et aux missionnaires de cons_ trulre des êcoles et des chapelles, il fallait encore trouver des éIèves et des ouallles pour les remplir. Et les rnission_ naires avalent quelque apprêhension de ne pas pouvoir par Ieurs propres moyens gagner beaucoupdes gens â leurs activitÉs" Oès lors, ils sren remettaient â lrautoritê des chefs pour réussir tout aussi bien dans la scolarisation que dans l,,evan- gélisation. Le rapport suivant, Émanantdu missionnaire Lauf- fer de La ffisslon de Bâle travaillant â Bombe, nous montre â quel niveau lrautoritê du chef pouvsit être utilisÉe : Ich hatte dreierlei mit den Hâuptlingen zu besprechen: ll 9". tJichterscheincn Our'-fl"JiÀ ooi, cottesdienst. 2) 0as Ccbot der tJiyntfinqor-J"ô"niemand nrehr I'Jamcn seinen auf die laufliste sétien Iassen diirfe. 3) Denspârllchen sènriuà""ir,. 3)

1BF|A, E.2.g1 lg96, N.24o, p.3-4. 2 schlatterrtrl.: op. cit. p.ZBS. 3 BtnA,E.z,1o, iB9?, fir.152. -238-

Le misslonnalre Lauffer eut avec les chefs concernËs un entretlen aû cours duquel 1I slefforça de les convaincre de faire Jouer leur influence en faveur des actlvltês de la l.,is- sion, ceci en levant llinterdictlon pour leurs sujets de se porter candidats au baptême, en poussant Ies fenmcs â ôtrc plus rêguliôrcs au service religicux et les êlèves â venir plus nombreux à ]rÉcole. Lauffer raconte plus loin dans son ra- pport qutil fut obligê de rencontrer plusieurs fois les dlts chefs avant drobtenir satisfaction sur lcs trois points cit'ca. Cette dêmarche peut nous convaincre de lllnfluence des chefs lorsqurils êtalent prêts â Ia nettre au service des mission- naires. Aprês ces ent,retiens avec Ies chefs, Ies. femmes vin- rent plus nombreusesâ trêgIise, de nouveaux candldats au bap- tême se présentèrent et le nombre drêlêves devlnt satlsfal.sant. Sur Le plan scolaire, nous pouvonsdire que lrautoritÉ des ctrefs Était dtune importance consldêrabl.e; 1l sufflsait qurils interviennent pour que Ia frêquentation de lrËcoIe soit rË9u- liôre. Lorsqulun chef donnait lrordre à ses notables ou â ses sujets de fournir tel ou tèl nombre dr'elêves, cet ordre Était gênÉralement ex'ecutê2. Pour donner lrexemple Ils ne manquaient pas dlinscrire quelques uns de Ieurs propres enfants eÈ par- fois ils y allaient eux-mêr""3. Uoi"i un tÉmoignage du nission- naire Ernst de la Mtssion de Bâle qu!. at,teste de Irlnfluence positive du chef BaIir Fonyonga, sur la bonne marche de ltê- col.e: Einige Tage nach der Aufnahme lst der Kônlg selbst in der Schule erschienen (...) ttier (...) nat Lr dann den Burschen eine schneidige Rede gehalten. An Deutlichkeit lie0 sie nichts zu rrrûnschenûbri9. UnregelmàBigkeit in Schulbesuch, lJiderspenstigkeit und Faulheit, sagte ei ' unter anderen, ruird mitrttrrlenty flve for backsidett ge-

1 BtitA,E. 2. 10, 189?, N. 152. 2 I'lart ln, ll. op. cit. p. 33.

Ibid. p. 32; cf. Schalatter, ld1 op. cit. p. 280i -239-

rû9t.5eine eigenen Sôhne, daren ei drel in dcr Schule hat, hat e! cJannnoch besondcrs ermahnt, daO sie als Kônigssôhnevor_alIen artig und flei0ig éein,i:ii"n-(...) 0a0 seine Rede Eindrucl< gemacht hat, zéigte Oer-ScnufUe- such lm I'ionat 0ezember. i ) Si les chefs ne pouvaient ou ne voulaient pas faire usa_ ge de leur influence pour faire en sorte quril y ait suffisam- drêlèves, ment res missionnaires envisageaient parfois la.pres- sion de lrautorit'e administrative sur eux. Ceci surtout lors_ que les sociËtés de plantations accaparaient la majoritê dr,e- lèves potentiels sur les pentes du l,1ont-Camerounpar exemple : ijberhaupt rrlâre zu rrlûnschen,die Regierung urûrde nicht blo0 den Plantagen fûr Arbèiter soigen, iondern.auch uns fûr 5chûler. Iç!. bin ûberzeugt, r,renÀdie Regierunl-Kindei oi" H-âuptlinge und Al.testen ermahnenrrrûrde, ihre 'zur Schule zu schicken, das viel ausmacheÂ,û;J".-ài-- Si nous considérons maintenant la christianisation, noùs nous rendons compte que les chefs y jouèrent un rôle qui fut loin dtêtre insignifiant. Le !espect du dimanchene fut sou_ vent obtenu quravec lrassentiment des chefsS. Cette introduc_ tion du dimanche commejour de repos était, parfois accompagnÉe par une recommandation'do chef à ses sujets les invitant à prendre part au service rerigieux. une terle recommandation avait pour rêsultat lraugmentation du nombDede participants au service religieux4. Lorsque Ie nombre de ces participants au service religieux êtait 3u9É insuffisant, crest bien aux chefs que les mission- naires faisaient appel pour redresser Ia barre. IIs êtaient alors capables drexercer ra pression nécessaire sur reurs su- pour Jets faire changer la situation; ils Jouaient le rôle

1Br,'iA, E. 2. 16, 1903, N.232; cf. Schlatter, lrl. op. cit. P. 282 sq. 2 Bf4A, E. 2. 13r 1900, N. 211.

-3_0tiA, E. 2. 23, 190?, N. 5g; cf . Schlatte!, lJ. op. cit. P. 290.

h S"hfltter, rrZehn - ..^l u. op. cit. p. ZgZ: t,tonatenach c,er Lrolrnung oes Gottesdienstes-proklamierte der Kônig (Fonyonga von RaIi, c.) den SonnragôffànÈIich àI" nrn"t.g, Ëui à"Â den Besuch des Gottesdienstes empfahl. Nun mehrià sich crie"r Zahl der Teilnemer...rl -240-

de vÊrltables porte-parore des missronnaires lorsqurlls. rap- pelaient â leurs suJets le momentdraller â lrÉ9lise: Ngeb von Nyasoso ist uns in Freundschaft sehr zugetan... I'ranchmalam Sonntagmorgen lii0t er scine stirnme ljut durch das Dorf erschallen, daB alle zum Gottesdienst komnen sollen. Von Zeit zu Zeit nimmt er auch selber daran teit. i ) Dans ce rapport, le mlsslonnaire trlaier montre blen que les chefs servaient souvent de vËritable cloche à la arlsslon. Son collè9ué Champodajoute que Ia particlpation au servlce religieux êtait particullèrement nombreuse lorsque Ies chcfs exerçaient une pression sur Ieurs sujets : ùlohI sind. die Sonntags-Gottesdienste lm allgemelnen gut besucht, ganz besonders, lrenn dte Hâuptlingé einen 9éuis_ sen Druck auf die Leute ausûben, oder gar jie5enigen strafen, die ohne Grund in ihrEÂ Hûtteri zuri:cIuleioen.2) Ainsl, les missionnaires Êtaient prêts sinon â accepter, du moins â tolêrer rrarbitraire des chefs â trÉgard de reurs su- pourvu Jets, que cet arbitralre puisse profiter â lrexpansion de lloeuvre draliênation. Cela nraurait pas tellement 9ÊnÊles nissionnaires si les shefs avalent mêmepris un dêcret tnsti- tuant lrobligatlon drassister au servLce religieux. Le rnlssion- naire Champodregrettait mêmequrun tel dêcret nrait pas ête pris â cause dt unadrninistrateurrtmaladroitrr : Die beiden Hâuptringe Ngeb und Ntoko geben srch auch urrk- Iich vieJ. tlUhe, die-Leute zum regelmâ6ige; B;;;cr,-ià"= Gottesdienstes, G.) anzuhalten, tlnd gehén selbst mit oes- tem Beispiel voran. Ngeb hâbte sogar gerne alle Leute ge_ zrrungen, jeden Sonntag zum 6ottesàienit zu kommen,ja uiinschte alle dieJenigen streng zu bestrafenr,reléhË orr ne triftigen Grund sich nicht dorthin begebeÂ, in sei_ nem Eifer profitierte er eines Tages die-Versâmmluno aller Bakosihâuptlinge, rrlelchedei Statlonsleiter, Ë""" 6odtknecht, in lrldomeinberufen hatte, um densclOen Oie 5ache vorzulegen. Zu unseremlledauern anLuortete ihm oe!. Stationsleiter, da0 er nicht das ltecht habe, eineÀ 0ruck auf seine Leute auszuûben, und noch _tenigei berechtigt . sei, sie zu straf.en :ttjedér ist frei in die Kirihe zu gehen; es ist f reirrrilligtr, sagte er. Es ist ja r,rohl ein

1 BltlArE;2.32, 1910, il.2g. 2 gî'tA,8.2.32, 191 0, N.31. -241-

ùrahres, abeF bei dieser Gelegenheit ein unvorsichLiges . tdorL geuesen.0en BerrreishierFijr liefert die Tatsache, da0 von jeneri,Tage an die Gottesdienste ,"ni9""-àri O"_ sucht uurden (...); uno so oft ich die rraupiiinqË-nactr dcr Ursache fragte, erhielt ich als .unveranOerl'icn. Antuort rlder : Gouverneur hat gesagt : es ist freiuiIlig,,.1) II est difficile de documenter drautres tentatives de chefs tendant â rendre le service religieux obligatoire et iI nrest pas s0r qurune telle tentative ait réussi sans !encontrer dropposition au sein population, de la notamment parmi les notables et autres repr'esentants des sociêtês secrêtes.

3.5.1.4. Les chefs chr'etiens,

Entre le soutien accord,e aux missionnaires pour leurs ac_ tivitês scolaires et Évang'eIiques, entre le fait draller per- sonnellenrent à lrÉglise le dimanche et Ia possibilitÉ de oe- venlr chrétien, il y avait un pas que les chefs nrosaient pas souvent franchir. Nous avons vu quravant Irarrivêe des colo_ nisateurs, la fonction de chef avait un aspect religieux très important - cet aspect'êtant sans doute beaucoup plus sensi_ ble dans les chefferies du Grasland que c,ans celles de la zone forestiôre et - côtière . Une telle charge au sein oe La communautÉ ne leur permettait pas dradopter du jour au len_ demain une rel,iglon étrangdre. De plus, le refus de la poly- gamie par la religion chrêtienne constituait un handicap dif- ficilement surmontable pour les chefs.2 pour ces raisons, re nombre de chefs convertis au chrlstia- nisme ne pouvait qurêtre extrêôement rêauit. Il faut noter plus qulune en telle conversion stest presqutexlusivement rimitêe â ra zone forestiêre et côtiêre où la chefferic nrê- en falt pas trôs .tait structurÉe. Si nous tenons cependant à parler du cas des chefs chrêtiens, ctest surtout â cause de

1 .. BnA, E. z. J4, rg11, N. 32a, Jahresbericht llyasoso. der Statlon

Schlatter. op. cit. p. 263; Hennemann.ù/erden und ly'ir_ ken elnes Af rika-f4issionars, Limburg/Lahn, 1922. p. i10. -242-

leur positlon malgrÉ tout encore dêterminante dans la commu- nauÈÉ. Par consêquent, la conversion dtun chef devrait être perçue commeun acte indlviduel ayant une rêpercucslon certel_ ne sur les aut,res membresde la comrnunautÉ.En sa qualitê de figure centrale, mêmesril nr'etalt que fiprlmus inter parestrl sa converslon facilitait et encouragealt celle de sas suJets; eIIe grandissait La réputatlon de la mission comne le slgna- rrOas Ie Skolast,er : ansehen der ûllssion uruchsnoch mehr, als auch einige Hâuptllnge ihre Frauen entrle0en und slch den cbrl.g- tentum zuuandtennl Crest certainement pour cette raison que, lorsqulun chef srinscrivaLt au catêchlsme, les rnlsslonnaires le notaient commeun fait important, commeun pas en avant ,etaIt dans le processus drêvangêIisation; il en de mêmeIors_ qurun chef se faisait baptiser2. Le missionnaire Franziskus Hennernannde Ia Congrêgatlon des Pères Pallottins met Itaccent sur le falt que La conver- sion drune personnalitê commele chef devait provoquer drarr tres conversions au sein de l'a population : 0ie Hauptursache der schnellen Verbreitung unseres hl. Glaubens in frûheren Jahrhundertenliegt r,ràhldarin, daB damals die Fûrsten in erster Linié fiir das Christen_ tum geuonnen wurden, deren Beisplel und EinfluB auch dia Bekehrung.der Untertanen beschleunigte und erleichterte (...) Aftika kennt urenigegroBe Reièhe und màchtige Fûrs- ten. Oie GeuaIt der Stammesoberhàupter.isteine Oitticn recht beschrânkt,e, da die St,àmmef ast durchrrregklein sind. Es rrrârefûr das Christentum immerhin sehr vlei oeuronnen,

Pour montre! que Ia conversion dtun chef avait des retorn- b'ees positives sur le travail dr'evangêIisation, Hennemannclte lrexemple de Charles Atangana : ùJennman bedenkt, daB Atangana aIs Dolmetsiher und spâter als Schiedsrichter uncJOberhàuptling ein nach Kame- runer Verhâltnissen recht gutes Einkonmenhatte, so uird

1 skolaster. op. cit. p. 232. 2 arA, E. z. 23, r9o?,N. 34 Jahresbericht der Statlon Edea; Bt'tA,E. Z. 3?, 19j2, N. 15 Bellage zum Jahresbericht der Station Sonaberi. 3 H"nn"runn. op. cit. p. 110; soullgnê par Gomsu. -243-

non es verstehen, da0 cr sich nach und nach ' zu,n !,ohlha- bendstcn lyrannin Jaunde emporarbeitete. Das brachte man- che Gro0e und Hâuptlinge des Landes zum Nachdenken. Sie fragten sichr. uenn AtaÀgana aIs Christ ein so-iifroàer f'lanntruerden konnte, dann k6nnÈen ulir es auch einnral mit dem christenturn probieren. so verdanken rrlir seinem Ein- flusse und Beispiere vieles fûr die Aus breitunc des hr. Glaubens im schônen Bene und Jaundeland. l) l.lous dirions ici entre parenthèses que Atangana devait sa po- sitionrrdlhomme importantr beaucoup plus â sa manière soumise de collaborer avec pouvoir Ie colonial qurau fait drêtre oe- venu chrétien, la conversion nrapportant en soi aucun avanta_ ge matériel.2 Une telle mêthode de chrj.stianisation _passer par la con_ version des chefs dont lrexemple serait, suivi par les sujets_ nrêtait pas lrapanage de la missioncatholique. La mission pro_ testante slefforçait constamment de convertir les chefs pour Ies mêmes raisons.3 Ell" adoptait Ia même d,emarche lorsqurel- Le estimait qutune bonne implantation c,ans J.a capitale drun ensemble poliùique pousserait ta pêriph,erie à prendre une at- titude plus favorable: Dadurch, daB diese ( -Stâdte Bali und Bamum, G. ), die ueit_ hin einen groBen EinfIu0 haben, mit dem e,l.ÀÀéiiur-u"- kannt.ùrerden, urerden auch andeie Gebiete ,".- den, dasruas die Har.rptstadt als gut erkannt""rJn["it hat, anzu_ nehmen. 4 ) Nous pouvons rêsumer notre analyse sur le rôle des chefs dans Ie processus de scolarisation et dr,evangêlisatiom en di_. sent que leur soutien fut de tout premier ordre. Ce soutien nrÉtait pas Èoujours inconditionner et Ëtait parfois sous-ten- du par des motivations poritiques ou mat6rielles. Ainsi leurs aapports avec les responsables de lrêducation pouvaient subir

l . H"nnomann: opo-cit. p.i1S; cf" Lemkert,,l.:Oie Funktion der katholischen f4issionskongregàtionen in éen erremariteÀ oeut- schen Koronien Afrikas (taea-rsia) im systernJ"" o"r["JÀ"" Kolonialismus, Potsdam19?1, p.Jt5 2 Skolaster: op.cl.t. p.230. -1 BllA, E.2.2611908rN.90;Schlatter: op.cit. p.?B?. 4 grA, E.z.26,190g, N.90. -244-

une dÉtÊrioratlon lorsque Ieurs espoirs Étalent dÊçus.1. Ce rôle des chefs dolt être replacê dans le contexte colontal; autrement dlt, il se situait dans le cadre de Irutillsatlon des autorlt'es traditionnclles pour une exploitatlon plus sys- tÉmatique de la colonie au profit des colonlsateurs et de la m'etropole. De ce faitrnltôducationrr et ltËvan9ÊIisation ne dol- vent.pas être appr'enend6escomme des ph'enomênesâ part dang le système colonial, nais commepartle tntêgrante des noyens dl asservissement des colonisês, le rÉsultat du processus'etant la mise à la dlsposition du systême colonlal de travallleurr quelque peu qualifês et bon marchê. rLrÉducationtr et la chris- tianisation offraient au pouvoir colonial une population ldeo- logiquement endoctrinêe. Il faut encore insister sur la fait quravec trllÉducatlont les colonisateurs espêraient intê9rer Ies Camerounais dans le circuit dt'economiede marchê enles transformant eî corlsomilâ- teurs de biens import'es.2 Parrrl| êducat ionrt on esp'erait crËer en eux de nouveaux besoins qurils ne pouvaient satisfaire qul en achetant les produits des colonisateurs. Il convient de soullgner que tous les chefs nlaglrent pas dans Ie mêmesens, clest-â-dire en soutenant les actlons des colonisateurs.et què certains perçurent en elles uî€ ne- nace pour les valeurs du peuple colonlsÉ. Sl beaucoup de chefs firent appel à toute leur ênergle pour soutenir Ie travail trdrôducationrr et drêvang'elisationr. drautres agirent â contre courant du processus dtacculturation ou nlacceptèrent qulune assimilation culturelle partlelle, ceci pour le bien de Il identitË du coionisê. Le fait que des chefs lnterdisaient â leurs sujets draller â lt'eglise ou de se faire baptlser doit être perçu commeune opposition â lracculturation.f, Ce sont ces mêmeschefs qui dgns certaines rêgions de la côte et de

1 s"hl"tt"" l op. clt. F.285. 2 Rudin, H. : op. cit. p.361. 3 B',',0,E.2.,ro, 189?, N.212; E.2.16, 1903rN.'118; E.2.23, 190 ?, N.34. -245-

Irarriôre-pays imm'ediat contribuêrent â sauver les objcts cultuels de lrautodafê ou du vol organis'e par ttethnologie.l [rlotonsdans ce mêmeordre dridËes que le roi Njoya du 8a- mum, personnalit'e remarquablement intelligent, tout en soute- nant les activitês scolaires et êvan9'ellques des missionnaires, 'etait fonda sa propre Ëcole dans laquelle ltenseignement don- nê en langue bamumet dans une êcriture de son invention.2 lljoya collaborait tout en cherchant à prendre du colonisateur des êlêments qur il jugeait positif pour lui et son peuple.

3.5r2. rrLrÉc!!cationrr des flls de chefs.

3.5.2.1. Le problème de la relève.

'etait Pour une rÉussite de la domination coloniale, iI nÉ- cessaire que les autoritËs tradltlonnelles stadaptent aux exi- gences de llordre'etabli, sUDtoUt eÉ ce qui concelnertl!édu- cationrt . Etant donné que lradministration'srétait, dès te dË- but appuyée sur elles à cause de leur influence sur la popula- tion, si elles perdaient cette influence du fait de lr'emergen- ce dt une couche sociale trÉduquêett,Iradministrationaurait ipso facto moins de prise sur Ia population, â moins qurelle ne re- construise un nouveau m'ecanismede collaboration. trLléducationrt des autoritÊs traditionnelles sr imposait presque, drautant que quelques colonisÉs êtaient OÊjâ quelqr:e peu scolarisês Et' sl, elles demeuraient analphabètes et ne suivaient le rythme du changementsocial imposÉ par le colonisateur, Ieur posltlon pr'epondérante se!alt tôt ou tard contestêe. Il êtait donc de lrintêrêt de Iradmlnistration colonlalE dravoir pour interm'ediaires, ct est-â-dire pour chefs, des personnallt'es jouissanL drune certaine formatlon intellectuel- le. 0ans ses rappolts quotidiens avec les chefè, ilrfallalt

t 8"4, E.2.41 1891, N.149, p.l2-14; schlatter :opocit. Po259o 2 S"l.tt." : op. cit. p.290. -266-

qulEII€ recourt frÊquemmentaux lnterprètes. Par contre, sl un chef parlait la langue du colonisateur, la connunlcatlon en Êtait, dtautant plus facllltôe et devenalt plus directe. Alnsl, le colonisateur nrallait-ll pas chercher à assurer la relève des cHefs en tenant compte du facteur communlcatlon et de blen drautres dÉcoulant de rrlrôducationn ? Il nrest pas sans intÉrÊt de voir rapidement comnent les aut,Des puissances coloniales, en occurrence la France et Il Angleterre, abordèrent ce problême de la relève des.chcfs. Les Français furent certalnement les preniers à y songer. En effet, dès 1856, le gouverneur Faidherbe fondait pour la co- lonie du 5ênÊ9al une êcole pour fils de chefs et drinterprô- tes. Son lntention êtaitttdtamêliorerr! Ia qualttê des inter- mêdiaires de lradministrat$on.l Plus tard Ie 16le de lrins- titutlon se limita â la formation de futurs chefs3 les flls drinterprètes en furent exclus, car iIs manquaient dlasslse coutumiêre pour devenir chefs.2 Buell Écrit â propos de cet- 'ecole ': te pour f ils de chef s They practice urriting letters such as a chlef is expec- ted to send to an admlnistrator; they Iearn principles of bookkeeping and accounts. In other rrrordsthe tral- ning is designed to make them French civil servants.3) Apparemmentjusquren 1925, iI nry eut pas drinstitutlon pa- reille dans Les colonies anglaises dtAfrlque. Après le pas- sage de ItEst Africain Allemand sous 1e contrôle britanni- que, les Anglais y fondèrent en 1925 une êcole pour fils de chefs poursuivant les mêmesdesseins que celle citÊe plut haut.4 ' Au Caneroun, les Allemands ne crÊèrent pas de centre de' formation pour futurs chefs, mals 1l apparaît que le problô-

' I Buell, R.L.: Ndtlve problem in Af r1ca, NerrrrYork1g281 vol .1 r p.992. 2 Iuio. 't - - Ibid.; cf. Schober : Kamerun, Neuzcitllche Verrrraltung elner troplschcn Kolonic, BcrIin 193?, p.159:Lorsque les l'-ran- çais prirenb en tutelle Ia partie orientale du Cameroun aorùs la prcnriùre guerrc mondiale, iIs y fondùrent un cenLre pour rrlrêducationrr des fils de cheFs. 5chobcr caractêrise cctte -24?-

me êtait perçu par ltadministration. Le seul fait qurun fu- tur chef rrêduquêtr soit J, Était dr importance, il nr'etait sans doute pas indispensable quril Ie fût dans un centre spËcia_ I isé. En 1910, Rausch, le chef de la circonscription de 0schang plaidait comme tous ses autres collègues pour Ie maintien oe lrinstitution de Ia chefferie. Entre autres, il estimait in_ dispemsable prËserver de rrinfluence des chefs.en leur don- trËd na nt une uca t ionrt : Fûr sehr rrrichtig halte ich die Aufrechterhaltunq des Ein- frusses der Hâuptlinge durch ihre interi"rtràiïJ È"riu- hunq und finanzielle Krâftigung. Je mehr Oie E.aniipa- tion des einzelnen.Negers, 6ie-unaufhaltsame F;i;;-;"" fortschreitenden r,rirticnaftlichen und kulturellen Enc_ rrricklung sein rrrird, der rnoralische Einfrro ori-"iertc"n tlâuptlingsautoritât sinken r,rird, um so uichtige"-ri.O es ùrerden, sie durch hôhere giléun9 und grôOeien Reicn- tum der Dorfhâupter zu ersetzen. Nùr auf diese LJeise urird. es gelingen, den Bezirk mit uenigen Eeamten zu verualten. i ) "uropai"cÀàn Ce qr-reRausch dit pour Ia circonscrlption de Dschang était valable pour le reste de Ia colonie, car partout les chefs êtaienÈ engagês dans Ie même processus socio-.economique. 0n espérait |tlr'educatlonr avec parvenir à atiêner encore plus le chef et Ie faire accepter plus facilement Ie système co_ lonial, ceci en lrinfluençant dès le jeune â9e. ùJoIfgang ltlehnert souligne avec raison llreffet germani_ santrr de (rtgermanisierende lrêcole ly'irkungr der Schule).2 En. tentative drinfruencer re futur chef dês rradorescencerdertrès adroiter, ( sehr geschickt ) . : BuelIrfl.L. i op. cito voloZl p.46J. Amtsblatt fûr das )I Schutzgebiet Kamerun1910, p.91. ilRegierungs_ -^_..:^lih?:.!lU.^: Zur Genesis und Funktlon der scnulen" ln den Afrika-Kolonien des deutschen Imperialismus 1984-1914, in: African Studies 196?, p.14?. n est vrai que lranalyse de .lehnert se limite /o"àt"= reffet goruurn"r"ÀtaIos, nraisrrl germanisantrrne saurait"ui se ririiie"-â-.À"-à"or"s. Lcs missionnaires catholiques nrettaient un acccnt parti-utier de rrarlemand. "y" Itenseignement En 1gr0 touies-r!"-à"or"" nlssionnaires devaient avo,{r lrallemand au programme. -248-

ef fet, â partlr du momentoù trll'educatlonn Était faite dans 'etait la langue du colonlsateur, elle susceptlble dtinfluen- cer encor plus le futur chef. Ce nrest donc pas un hasarcJsI dans les'ecoles gouvernementalesoù ltenseigneruenÈ se faisalt excluslvement en langue allemande, la majorit'e dr'elèves Êtait fornr'cedrenfants issus des familles de chefs ct do noLables.l 'etaient Les mËcanismesde pens'eequi inculquÉs aux futurs chefs au travers de cette tr'educatlonnÊtaient ceux choisls par le colonisateur qui pensait avant tout â falre accepter frordre qui'etait le sien. nLr'educationtrËtatt alors un aoyen drlmposer efficacement dans lresprit du futur chef Iridêolo- gie du colonlsateur.

ttLlêducationrr 3.5.2.2. des fils de chefs en Allemaone.

Au nIr'educationn Cameroun, cette expêrience de de Jeunes colonisés en mêtropole se llmita presquraxcluslvement â lr€th- nie côtière des ouala.2 Il faut mett,re Iraccent sur Ie falt que les Jeunes gens envoyês en Allemagne Êtaient issus des couches prlvilÉgiêes de la soclÉtÉ duala; ils'etaient flts de chefs ou de notables importants. Leur dÉpart n'ecessitait lraccord et parfois le 'evident soutien de lradministration col.oniale. Il est que le pouvoir colonial nourrissait des espoirs bien prê.cls en lals- sant les jeunes gens aller en AllsrÉgne. Il voulait â plus ou moins long terme ùirer profit de leur formation, soit en les cmployant à moindres frais, soit en b'enêficiant de leur coLlaboration au cas ori ils succÉdaient à leurs pères. Ainsis dans une lettre du 1B avril lBgl.adressteeau chancelier, Ie gouverneur du Cameroundemandait lroctroi drune aide financlè-

1 mehnert; U. ! op. cit. p.1S4. 2 Noton" que Fiartin Sambaet Charles Atangana qul nrÉtalent pas dcs-ressortissants duala sËjournèrent cn ÀIIemagne. Lrun y compléta sa formaLion militaiie, lrautre enseigna la langue euondo â llambourg. -249-

re, afin que lrinterprète David tletom puisse Faire éduquer son fils Tube eri AlIemagnel. Les raisons avancêes pour cette demande Ëtaient symptômatiques quant âux services que le gou_ vernement attendait jeune dlun Camerounais ainsi form,e. Entre autres il fut notË que jusque_lâ les services de David f4etom avaient étê indispensables â lradministration et que plus tard son fils Tube pourrait êgalement rendre des services apprêcia- bles: 0azu. kommtr_daB Tube, nach dem ihm durch den verstoroe- nen Lehrer Flad ausqèstellten-ist, Zeugnisse-ii"-uàri"'r^;";;;;;1", urà"rÀortinn- I ich beqabter Junge uercr,ei "in dereinsr eeeenveillilrnismâ0i9 oiiiis"-i/r;;ij;r;;-;;; Gouvernement qute Dienste reiStàn zu-*tinnài. ti. La volonté du jeune f4pondoAkr,ra (14 ans) de collaborer avec les Allemands quel que soit le cas, (runtei allen Umtân_ dentt)3, de supprimer La polygamie et lresclavage, une fois quril aura succédË â xing Akua, allait dans le sens que sou_ haltait le pouvoir coloniaI. Ce dernier insistait sur le fait que son'education devait se faire en fonction de sa position future (trmit Rûcksicht auf seine dereinstige Stellung,,)4..- Ainsi it était très important pour Le pouvoir colonial de fai_ re des fils de chefs envoy,esen Ailemagne des instruments de sa politique. Le dËsir des chefs duala de mettre Ieur progêniture mâle â lrêcole de colonisateur j.ui et de faire acquêrir un nLveau relativement supêrieur â celui quroffraient les êcoles gouver; nementales et con:"essionnelres irrustrait ra teîdance crraccur- turation due â leur contact ininterrompu avec Ies Europêens

1 .n$lc , F A1/s?, F. i go-1 g2. 2 tuio. 3 ANc, FA1/J?, F.1a4. orja ,lAA. __ ..0 , ^FA1/3?, F. Les dispositions si prometteuses de fipondo Akua Dour te pouvoir corlni"i-ii',Ët"i"iilËii;;";". ? ilpondo nr.rà iut plus rard llun des pre_ mlers1y::-â^.:l_i::i" a dênoncer în" le système coloniar en Jouant rn-"âr"-irpo.- tant dans la pêtition des chef s Akr,ra. -250-

depuis longt,emps. llanga Eell par exemple "u"it êtê ttêauquô11en Anglet""""1. La formatlon de Camerounalsen Allemagne nr'etalt que dluna lmportance secondaire dans llenseignement, étant donnê que le nombre de ceux qui Uênêficiaient de cette formation 6talt extrêmementrêOultlrd6part dtun'alève provoquait dcs frals considôrablesi il fallalt payer entre 1000 et SO0OI,t par an. Pour frlpondoAkua sa f amille payait 1000 f,i par an et on exi- geait 5000 Fl pour Tube, le flls de David f4etom2. C"".éIèves Ëtaient 1e plus souvent emmenêspar des colons qul rentralent, en Alfemagne. En dehors drAlfred Bell (neveu de Klng tsell), de I'tpondoAkua (fiIs de Akr,ra)et de DuaIa t4an9a (fils de tiarr 9a BeIl), tl eut dtautres jeunes Camerounaisen Allemagne;. FrpondoAkua arriva en Allemagne avec trols autre" g""çon"3. PlaIgrÉ les lacunes dans les documents dtarchivesr naIgr'e Ia place appa!emmentsecondaire qutoccupait lJù.r.âducatlonrdes Camerounais en mêtropoIe, il est intêressant pour notre pro- bl'ematique de voir de prês la position des autorit,es colonia- les face â Iracquisitlon de plus grandes connaissances par une minorltË de la Jeunesse canerounaisê. Quril nous solt per- mis dresquisser ici le cas drAlfred BeIl qui pourra ainsi ser- vir drlllustratlon â la conception fondamentale que le systè- me colonial allemand se faisait de trlrêducationn des coloni- sÉs. Si nous en croyons une lettre dtAlfred Bell du 25 octobre 18Bg à King Bell son oncle, Ies rapports qui existaient entre lui et le gouverneu! von Soden'etaient au beau fixe â son dêpart du'Cameroun. Avant de quitter le Cameroun.,Alfred gell pouvait être considËrê commele favori du gouverneur :

1 A.t.br"tt fû" ctas Schutzgebiet Kamerun 1908, p. ?0; Euch- ner, 1,1.Kamerùn, p. 49. 2 ANc, FA1/3?, F. 141-144i FA1/37, 180-182. 5 ANc, FAI/J?, F. 1t12. -251-

rrer-hat mich geliebt uie sein eigenes Kindil dft_ilr:de.,von.So_ denl. juin ttKijlnische Le 2? 1887, le journal Zeitungrr ônnonçait son arrivêe â Hamuourg; il Ët,ait alors â9É de 16 ans. Le gou- verneur avait signê avec une firme privêe un contrat pour sa fornration; il devait apprendre le mÉtler de mêcanicien ou de menuisier2. Alfred Eell ne semble pas être rest,e bien longtemps dans La firme de Hambourg. Quell.es sont Ies raisons qui poussèrent les Allemands â le faire partir de Hamboulgpour gremerhaven ? Selon ItNorddeutscher le Lroydrr, son nouver employeur'â Bremer- haven, il aurait r9âtên êtê â HambourgS.llais Affred BeIl nral_ lait pas rNorddeutscher rester dÉfinitivement au Lloyd,r. Ce second changementdu lieu de formation eut lieu à la demanoe expresse du gouverneur von Soden qui fit intervenir le Dêpar_ tement Colonial. Von Soden avait mont,rédes doutes quant â la rêussite de la formation drAlfred BeIl; il nrétait visib]e- ment pas satisfait de la surveitlancé exercêe sur le jeune En earÇono rËponse C deux lettres de von Soden, le f,linistère des Affaires Etrangêres (0.epartement Colonial) fui faisait savoir janvier le I lggg que des dispositions seraient prises pour rlllêducationr mieux superviser dtAlfred BelI: Aufrdiergefâlligen-Berichte von 27. und 29, 0ktober d.- J. ( ... J eruidere ich.Euer l_lochuohlgeboren'ergebenst, da0 ich nâhere Erkunorgungen ùber die jetzioe-Stèfiuio der Erziehungund Beaufsiéhtisungdes Àii""Ë-s"ii-;;;;- ordnet habe, Ich uerde eventuélI-den Versuch ,"-nunr-àon genannten. Eingeborenen durch Vermittlung des Kaiserl ichen Âdmiralltàt oder des Ka{s_l"rlicnenUèirn Kultusministers i n e i n er a nd e r en St e I I un-g-un t bîiù Ëi in geÀ r-, i ;;'Ëi; ee9enaUerena ue r e KontrolfeK onr r orre ilâund i richtioere i"À'l; !"iài:i?iBehinarrrô6 " rtêêcôrl ermô9licht.4) ;li #;t; ::" :il:"

I ANC, FA1/3?, F.153. 2 nrR il.azg?- n131, draprès-0"mehnertrtd.:schulpolitik 0 len st e im der Koro ia r rreirscrrl Fi !"iJirt r.hen ln Afrika 1as4-1e14, rrnperialismr.rs Leipzio issË, Ëli.r. -:t ANCr FA1/J?, F.t03_104. 4 ANc, F A1/J?, F .?7 . -252-

Pourquol von Soden rnettalt-ll en branle la rnachlne adml- nistrative coloniale au plus haut niveau pour obtenir un c6n- tladêquatsr trôle et.un traitement plus dtAlfred Bell ? Sl Al- fred Bell Évait ËtÊ gâtê â Hambourg, quravalt-ll fait â Brc- merhaven pour mêriter cette attentlon des autoritês colonia. les ? Les raisons qui ont poussê von Soden à entreprendre eet- te dêmarche devraient Être cherch'ees dans une lettre drAlfred Bell du 26 septembre 1888 â son ami Ndunrb'eEyundi à Ooualal. Son ami Iul avait apparenrment parlÉ dtune dlscussion ontre un pasteur baptiste duala et le missionnaire lrunz de la |,iis- sion de Bâle. Le pasteur camerounaLs avalt rêagi dlune façon très stre de lui, ce qui provoquait la joie drAlfred BelI : Es freute mich sehr zu hôren, dass Herr Collins dem Flunz ins Gesicht gesagt hat, dass der pastor ûber den rÈeachert rteacherr herrscht und nicht der ûber den pastor. Solchc Nachricht Iiebe ich immer zu hôren, r,reiI die trlei0en die Schuarzen fûr Narren halten rrrolLen, bis die Erde unter- geht, sie denken die Schuarzen selen sehr dumm. Ja, Ndum- be., denke ...rdaB uenn mir Gott das Leben schenkt, daO ich nach Kamerun kommen kann. uir und die lJeiOen élle, uelche in Kamerun sind, trrerden sein in llao uie zurischen Teufel und Christen oder zr,lischen Pulver und Feuer, denn rrf ich rrrerde nicht glauben ihren ooI ishnesstr. 0, icÉ sa- ge dir mit aller heiner'ùlahrhelt, 0eutschland ist ein gutes Land, aber die Affen von Oeutschen, âllet, die in Kamerun sind, sind die Teufel ..., die von der Hôlle kommen... 0, ich glaube, claG urenn diese Gedanken, die ich im Herzen habe, den Oeutschen in Kamerun nicÉt ver- borgen rrrâqen, sie mich mit dem Geurehr erschieBen uûrden, denn ich ihnen thun uerde, rrlas sie nicht lieben uerden, deshalb uùrden sie mich tôdten. Ja, l.Jdumbe,.urenn du seibst einrr:aI nach 0eutschland l

1 -ANC, FA1/3?, F.62-64, Traduction de Ia lettre drAlfred EeII :i NdumbeEyundl du 28.9.1888. '253-

genheit sich festzusetzen, deshalb gibt er sich keine llûhe das Land zum Frieden zu bringen. Ndumbe und Dira selbst sind sehr unklug ..., ù,enn sie beide geschickt uâren, uûrden sie dem Lande Frieden geben... 01 Ndum- be, a]'5 ich h6rte, da0 der Gouverneur den Oika ins Ge- f ângnis gerrrorfen hat, brannte mir mein Herz urie Feuer im Bauche, r,reil es eine groOe Schande ist fûr uns Dual- la; ôie 0eutschen sagen auch so, viele haben .gelachr,, ueil ein Kônig iJberhaupt nicht inrs Gefângnis-kommen solt. I ) Dans sa lettrer Affred Bell prend position sur.ce qui se pas- se dans son pays. I1 nry a pas drêquivoque quant â sa posi_ tion vis-à-vis de lrimpêrialisme colonial.0e mêmequril prend parti pour le pasteur noir qul dit ce euril pense au mission_ naire blanc, de même il prend la dêfense de son peuple contre lroppression coroniale. sa position est clairement antico]o- niariste. une terre conscience politique constituait une incon-

nue dans les prêvisions de v. Soden. Le gouverneur voulait le ,droit ramener dans le cheminrr, plus conforme aux intêrêts du pouvoir colonial pour lesquels Ia conscience critique Était une menace.

QueIle êtait la situation drAlfred Bell â Bremerhaven? Dans un rapport adress'e le tFr février lggg â v. Soden, le trNorddeutscher Lloydtr donnait quelques êIËments de rêponse â cette question.2 Tout commev. Soden, la firme trouvait qur il fallait exercer un plus grand contrôIe sur Ie jeune BeII. Celui-ci ayant refusê dthabiter dans une auberge, la firme nr avait rien trouvê de.mieux que Ia demeure drun agent de poli_ ce:

ùJir gaben ihm nach, da rrlir glaubten in Euer Hochuohlge_ boren Einverstândnis zu handeln, fanden fûr ihn ein Un_ terkommen in der Familie eines ... polizeidieners. uo er auch unter besonderer Kontrolle stand... J) Pour ce qui est de la formation professionnelle propre_ ment diter la firrne avait une opinion tout â fait positive

: AHC,FA1/3?, F.62-64i pour Iropposition entre la Hission de 8àle et les Baptistes, cf. BnA, E.2.3, iggorN.56, ?O, ?4. 2 ANc, FA1/J?, F.loJ-104. 3 tuio. -254-

drAlfred Eell. Sa volont'e dracquérlr du savolr ne fut d au_ cun ntiment mise en doute; iI avait des prÉdispositlons pour rêussir: uiibrigens rrlollen uir Euer Hochu,ohlgebotenanmerken, da0 p.p. Bell sich als anstelllg und flei0Ig erurelstn.l . Dans trNorddeutscher le mêmerapport, le Lloydr nrentlon- nalt la difflcultÊ que constituait le financement de la for- mation drAlfred Bell; il falsal! appel â drautres flrmes pour continuer cette formation : Er rslrd, um in selner schuarzen Heimath als llaschlnen- bauer nûtzlich uerden zu kônnen, noch mehrere Jattie tn diesem Fache arbeiten mûssenunj setzen uir voraus, oaO auch andere r'raschinen-Fabrikenihre coloni"r-pÀtriÀti_ sche GefûhIe bekunden und ihn zur r,reiteren À"!uiiJ,.,.,g im tllaschinenfacheûbernehmen r"";";:-ti- En dehors de Ia lettre drAlfrecl Bell â son aari Ndumbe Eyundi de Bonaku, il y avait drautres faits quron Lui repro- chait, qui faits avalent aussi poussê v. Soden â Intervenir auprès du DêpatementColonial et de la firme rNorddeu!scher Lloydtt. En effetr Alfred Bell êtait mis en cause pour deux plaintes de king Bell du 2J beptembre et du 15 novembre 1Bgg.3 Dans une rettre du zJ dêcembre lggg adressêe au oêpartement Colonial, v. Sodenaffirmait gell qurAlfred srËtait chargË dc la transmission plalntes des et suggêrait quril soit êlo1gne de son milieu.4 Dês lors, il est beaucoup plus facile de con_ prendre ce que les autoritês coloniales voulaient du Jeune Duala; â savoir Ie soustraire gn à milleu quron Jugeait nê_ faste et le soumettre à un contrôle plus strlct, Irempêcher de prendre la défense de son peuple grâce au regard critl_ que quril Jetait sur les actes des autoritËs coloniales et sur la situation ioloniale en gËnêral. Il fallait empêcher Alfred Bell dranener petit â petit son oncle et son peupla â exprimer des revendications. Commenty procéda_t_on ?

1 ANC, FAlrl3?, f .103-104. 2 Ibid. 3 ANC,FA1/3?, F.?8, F.94. A ANC, FA1,/3?,F.?9. -255-

A cause de cette affaire de plaintes et de la lettre adres_ sËe â NdumbeEyundi, Alfred Bell devint persona non grata au Cameroun. A cause de son esprit critique, ildevint gênant pour Itadministration. Oans un procès-ve!baI du 19 janvier 1g90 fixant les conditions du retour de FlangaBell de la dêporta_ tion au Togo, iI était entre aut,res demandêâ t

1 ANc, FA1/37,F.153. 2 ANc, FA1/s?l F.10?-108, cettE lettre, commetoutes Ies autres fut saisie et traduite. 3 tuio. -256-

ratlon sur Irhonneur, dêclaratlon psr lâquelle ll srengageait â ne plus tlansmettre â ses sujets les lcttres Ëmanant de la famille gell.l Il fallalt qurll êvlte â ses suJet" d" "" "o,,- promettre. II est.tout C fait êvldent que cette mosurevtsait Alfred 8ell. Par cet isolement le pouvoir colonial voulalt exercer sur le Jeune Bell une pression de plus en plus fortc et ainsl lramener â abandonner ses idêes anticoloniallstes ou du moins â ne pas les transmettre aux autres Camerounais. Par cette mêthode, lradninistration voulait briser Ie noral du jeune Camerounal.set eLouffer en lui toute vellôitê dtop- position; pour le noment,elle ne portait pas ses fruits. wlalgiÉ ces tracasseries, Alfred Bell demeura sur sa post- tion anticolonlaliste. par lrintermêdiaire de son oncle Bebe BeII il demandait aux siens delui envoyer de Irargent.2 Ce qur 11. envisageait faire de cet argent nous prouve eue son ôt- titude face au systèmecolonial srétaIt plutôt radicallsÉe, Son intention êtait de continuer â Iutter contre le pouvotr colonial et ainsi contribuer' â ltam'elioration du sort des slens - Ic.h uerde damit die Reise bezahlen, uenn lch von Berlln zurtickkomme.ltJenn du mir gibst, uas lch uûnsche, uerden urir diese Leute (die Deutschen, C.) in ein Unglûck stûr- zen, das sie uns auf Erde niemals vergessen uerden. Dle groBe Folter kam zu uns, uleil urir in gro0er Angst uaren ... Nun uill ich aber ein lrJunderthun rrrovonman ûberal I in der t elt sprechen uird. Ich uill euch aus eurer Anos! hsffgn.. 3 ) Itlais avant drarrlver là, Alfred Bell voulait proflter de son sé1our en Attsm6gne pour essayeE de falre changer Ia situation au Cameroun : Bebe! ich versichere dlch, lch ruerde alles aufbleten, r,renn lch nur ein uenig Hilf e von Euch oder von l.Jdumbe (King Bell) bekomme. !Jenn er mir etr,ras schickt, zahle ich die Reise nach Berlin. Und rrrenn ich dorthin komme, uerden uir vor allem von Gouvernement (in Kanrerun) spre- chen und ihr uerdet sehen, uas mit all dem ijbel (allen

1 ANC, FA1/37, F.6?. 2 ANC, FAlrl3?, F.10?-108. 3 Ibid. -257-

diesenrrdevilrt) in OuaIla geschehen rrrird... Ich bin ein t'lann.geùrorden,uelchen die 0eutschen in ouarra...Àassen. 9cbe! habe keine Angsto Der [,tannstirbt.:.i"""-iJà"..-ii- Dans son opposition au systême dtoppression coloniale, A1- fred Bell Jouissait vraisemblablement du soutLen drun certain milieu droù il était cens,e avoir des idêes peu compatibles avec la domination'etrangêre. En effet il est plusieurs fois question de lrêcarter de ce milieu et de le mettre sous un contrôle plus rViele rigoureux. t,tânner zeigen irir Tag fûr Tag den lrleg zur Lôsung aller Fragen t12,ecrit-il à son oncle Bebe BelI. Qui êtaient ces hommes? Il est possible qurils aient de prês ou de loin un lien avec Le parti social_dêmocrate, lropposition â politique la coroniare se trouvant la plus part du temps articulËe par les membres de ce parti. Pour soustraire rtnrefasterr Alfred Bell à Irinfluence de ce . milieu, les autorités coloniales â BerIin avaient promis â v" Soden de lui trouver une autre place et de Le falre quitter Ie rrNorddeutscher LIoy6rr.3 Le l9 mai igg9, crétait chose fai_ te.4 Le 25'mai AlFred gell êcrivait de BerIin une lettre à king Bell pour lrinforrner qurir y poursuivait sa formation aux ateriers de ra direction des chemins de fer.5 cette infor- mation fut transmise au gouverneur v. Soden Ie 2g mai.6 Le ministère des affaires êtrangêres lrinformait en même t,emps que sa proposition de faire entrer Alfred BeIl aux chantiers navals ntêtait pas r,ealisable: ... unter Bezugnahme auf den geflilligen grief vom g. t4àrz d.J....betreffend AIfred-Beii; u""""À"i.r,iI9e-ictr Euer Hochrrrohlgeboren. ergebenst , daô der von Ihneri oemach_ ten vorschrag, den Eingéboreneri urr-àinà" o"l"t"i,i""ri- chen uerften zu beschôfti9en, nicht ausf(ihrbar q"rà."n ist' reir die verhârtnrssé in den dortigen .,ertllalcen

I ANC, FA1/37 , F.10?-108. 2 Ibid. 3 ANC, FA1/3?, F .?7. lr ANC,FA1/3?, F.129-130. 5 ANC, FAlrl3?, F .1 58- I 59. 6 ANC,FA,l/3?, F.165_166. -258-

ftir die Erzlehung desselben sehr ungûnst19 slnd. 1) Cr'etait certalnenrent la politisatlon du mllleu des travall- Ieurs qul rendait les condltions si rrdâfavorabglesr â la for- matlon drAlfred BelI. Lrof.ficier chargË de lradmlnistratlon des ateliers des chantlers navals â [dilhelmshaven dit pourquol Alfred BelI ne devait pas y poursuivre sa formation: Oie Arbeiter auf den lrlerften bekennen sich durchueg rur Sozlaldemokratie und uenn es auch Ausnahmengâbe, so ùrerde es doch sehr schrger sein, elne orr eut gesinnte Arbeiterfamilie, in rrrelcherder Eingeborene leben konn- te, zu vermitteln... Keinesfall3... sei es zu vermeiden, da0 der Eingeborene vielfach mit SoziaIdemokraten ln Be- rûhrung komme... 0iese aber uûrden mit Sicherheit versu- chen, den Afrikaner fûr ihre Ideen zu geuinnen. 2) Il est certain dès lors eue clest lrinfluence des sociaux-de- ttnêfasten mocrates qui êtait Jugêe sur AIfred Bell. En effet, nr taient-ce pas les dêputês sociaux-d'emoclates qui critiqualent Ie plus la politique coloniale ?3 Aux ateliers de La direction des chemins de fer â Berltn, Alfred BelI ne risquait pas glentrer en contact avec les gens de lloppositioni lrinspecteur des cherninsde fer Garbe ,spË- cialement chargê de sa formatlon y veillait. Dès Ie Z0 mai 1889 il êcrivait de lui: Ich fand in den BeIl dabel elnen anschelnend besserungr- fâhigen fllenschen... liber den Karl Ftei0ner, den er ali sehr guten ltlenschenhinstellt, uerde lch Erkundungen einziehen. Vorlâufi9 habe ich dem Bell Jeden anderen Umgangals mit seinem Vorschlosser Hiller untersagt. A) 0eux mois plus tard, Ie dËpartement colonlal. du ministê- re des affaires étrangères transmettait au gouverneur v. So- den les apprêciations de Irinspecteur Garbe sur Alfred BelI. Il annonçait avec espoir : ... daB zunâchst das Verhalten des Alfred Eell in keiner . lJeise zu Klage Veranlassung gegeben hat. 0erselbe ist jetzt zutraulich, bescheiden und rrrilIi9... Es ist nicnt

1 ANc, FAl/J?, F.16s-166. 2 RKA, N.4298 BI.9 f. citÉ draprès ltehnert, u.: Schulpo- Iitlk im Oienste der Kolonialherrschaft, p.132 3 ANc, FA1/93.

4 ANc, FA1/37, F.16g-1?1. -25 9-

zu verkennen, da0 an dcm p. BelI bereits einc merl

de ses anis. La tendance â lramêlloration (rtUerânderung.zun Besserenrr, selon ).lexpression de Garbe) ntÉtait sans doute que le rêsultat de ces tracasseries et pressions; olle lais- sait eh tout cas entrevolr au pouvolr colonial la posslblll- tê de rêcup'erer Alf red Bell. Les autorit'es coloniales ne le latssèrènt pas achover s6 tNorddeutschcr formation quI, selon le Lloydr (i.Z.igB9), arr rait demandêencore plusieurs annËes. Le 21 mai lBg0, Ie mi- 'etrangêres nistère des affaires prlt la dêclsion de .le falre rentrer au cameroun.l Il faut bien s0r se demander pourquoi les autorltês colo- nlales mirent brusquement fin â sa formatlon. Ce nrest certai- nement pas parce qurll avait terminé sa formation ou parce 'etait qurit arrivê au bout de ses possibirit,ês intellectuerlec qui à aucun momentne furent mises en doute. Les vraies ral- sons de.son renvoi au Camerounse trouvaient plutôt dans le fait qutil avait osê apprêhender de façon crltique Ia situa- tion coloniale; Il avait perçu la dominatlon coloniale comme une situation spoliante et partant inacceptable; ce qul ng c!_ drait pas avec l.ridêolo91e du colonisateur. La tentative du pouvoir coLonial de former Alfred BeIl dans un esprit de sou- mission peut être consid'erêe commeun êchec, mêmesl âta fin 'etalt il y a des indices montrant quril encore rËcupêra- bIe et que le systèmecolonial pouvait encole I.utiliser. Lracquisition de plus grandes connaissances Ialssalent entrevoir Ia possibllitê Oe mieux discerner Ies rapports en- tre colonisateur et coronisê, dominant et dominê. Alfred "nt"r Bellr sans constituer une nenace immêdiate pour llordre colo- nial, nren laissait pas molns apparaltre en fillgrane à plus ou molns Iong terme une opposition à cet ordre, opposition conduite avant tout pgr des gens ayant Uênêficié drun ensei- gnement drun niveau avanc'e. II est alors tout â fait r€mâr- quable de constater que Ia plus part de ceux qui â l,,epoque

1 mehnert, IrJ. : Schul.polttik im Dienste der Kolonialhe!r_ schaft, p.133. -261-

Uênêficiêrent drun sê5our drêtudes en Attgmsgne, se retrouvè- rent à un momentou à un autre dans une opposition dravanE- garde contre le système colonial. A ce propos signalons que f'lpondo AkrrraJoua un rôre important dans la fiêtition des chef s ak!,a au Reichstag en 1905.1 Duala wlangaquant â lui, devint le leader du peuple duala contre lrexpropriation des terrains â Oouala, iI paya de sa vie la lutte co.ntre Ia spoliation co- loniale;2 nous aurons lroccasion dly revenir. Il est incontestable que la formation de jeunes câfi€rou_ 'niveau nais, lorsqurell.e atteignait un relativement Ëtevêl ,e_ tait 9Ënératrice dtune remise en cause du système colonial, surtout lorsque les jeunes coronisés faisaient montre drun es- prit critieue. En plus, les autoritês coloniaLes avaient peur que ceux-ci, une fois en Allemagne, nrentrent en contact avec les milieux de lropposition, notammentavec Ia sociale-dêmo- crat ie. Ltexpêrience tent'ee avec Alfred Bell ne fit pas êcoIe, bien au contraire lradmlnistration coloniale au Camerounprit des mesures pour ,filtr,er lrarrivêe drérèves camerounais en Arlernagne. Ainsi la formation r.êserv'eeaux cor.onisês Ëtair une formation qui devait faire dreux drêternels serviteuis ; moins les colonisËs pouvaient rêfI,ectrir, mieux Ie système co- rrltêducation, lonial se porterait, nr,etait alors qurune sorte de dressage des colonisês afin qurils se mettent au seruice-'de ce système. une terle politique'etait soutenue sans rêserves par les mlssions, voici ce qurêcrit HermannNeskes de la con- grégation des pêres pallottins â ce sujet : Die deutsche Regierung in Kamerunhat mit Recht verboËene einen Schuarzen ohne triftigen Grund und besondere Èr- laubnis des Gouverneurs mit nach Deutschl.and zu nehmen.

1nruc,rnrTsl'. -) gt'lA, E.2.41, 1914r.N.19; ,8.2.42, 1914, N.13. I ne parlons pas drun niveau universitaire commeEn- gelbert-. 1,lou= }lveng-qui croit,.â.tort1 eue Ouala lrlangafit J"= Ctr_ dcs de droit â lruniversitê_de Bonn, Flveng-:op.cit. p.33J; Les Alrernandsne donnôrent la possiÉititê-â aul"n-"È"I"ài" de poursuivre des êtudes supérieures, cf. lettre du prof.or. Stoecker du 21.1.1981 -262-

In 0eutschland lernt der Schuarze manches kennen, uas er nicht begreifen kann. Oie Achtung vor dem Europiier schrrrindct dahin, oft lernt er mehr Bôses als Gutes, und kehrt dann mit falsch verstandenen Ansichten in seine I'iêimat zurtick, r,roer die falschen Ideen unter die Einge- borenen rrleiter verpflanzt. Anders verhâlt er sich zuar, ù,enner in strammer Zucht gehalten uirdrsei es in elnur Erzirhungsanstalt, oder bei einernEuropJerl der es ver- steht,, auf den Schrrrarzenerzieherisch einzuulirkcn. troch uozu den Schuarzen in Europa erziehen, da ihm In Afrtka eine bessere, den dortigen Verhâltnisseri mehr ançapa0te Erziehung gebot,enurird ? 1) Les idêes exprimêes lci par le missionnalre Neskes renvolent directement â ce quron reprochait â AIfred Bell, notaoment la fait dravoir, du fait de son sê5our en Allemagne, prls conscl- ence de la slgnlfication rêeIle de la domlnation coloniale. Un an aprês le départ de Duala filangapour lrAllemagne (tASS), ]radmlnistration prit un dêcret faisant dêpendre tout dêpart de Jeunes camerounais pour lrEurope de lrautorlsation du gou- verneur.2 L" 15 octobre 1910, un nouveau dôcret venait renfor- cer Les dispositions dêJâ existantes.S L,"drir,lstration esti- mait avoir fait une mauvaise expêrience avec les camerounalg ayant séjournê en AIIemagne: Ole Regierung hat mit solchen Leuten, dle in Oeutschland geù,esensind, fast durchrueg eoo so schlechte Erfahrungen gemacht, daB sie im Interesse der Eingeborenen auf kei- nen FaIl auf dIe Verodnungverzichten kann...4) Le s'ejour en mêtropole nt'otait sans doute pas indlspensble â une prise de conscience du caractère spoliant du systène co- lonial, seulement un tel s'e5our pouvait accÊIêrer ce processus de prise de conscience. II est alors nalf et abeDrsnt de fai- re abstraction drune telle conception dans la politique de sco- larisation des Allemandsau Camerounet de se mettre â ]ouer le travail scolaire commele fait Engelbert f,,vengr5sans mon-

1 N.skes, H.: Ein ldiedersehen, in: Stern von Afrlka 1s11/12 p.27. 2 Verhandlungen des RelchstagsrAnlagen, lgi4r305, docunent 1576, P.3292. 3 Ibid. p.3379. 4 Ibid. p.3293. 5 lYlveng,E.: op.cit. p.333 :tlCette raplde esquisse de 'etudiantsIl oeuvre scolaire serait incomplète si Ilon oubliait les -263-

montrer que pouvoir le colonial tenait à empêcher l.r,epanouis- sement de tout esprit critique chez les camerounais et que par trr't'êducationrt ir ne voulait que res conf iner dans une at- titude servile contribr.rant â la perp'etuation de ra domination co lon ia I e. Les chefs rêduqu!1il et notables souhaitaient voir certains de leurs'enfants en Afls,n6gne, sans doute pour qurils puissent occuper des fonctions rerativement importantes dans ra machi- ne adninistrative de la colonie et qurainsi Ia position prÉ_ dominante de leur catÉ9orie'sociale soit prêserv,ee au sein de la population colonisée. Lradministration, el1e, voulait que ces camerounais rrêduqu!5rr Jeunes soient dans Llacceptation sans critique du rê9ime colonial; elle voulait srattacher Ies services de cette mince couche intermêdiairerrêduquÉêtret ioÉo- logiquement endoctrinêe. Seulement elle se trompa dans ses pr'evisions car I I exp'erience de la f ormation de f ils de chef s en métropole tourna pour ainsi dire à son dêtrimenti ceux qul elle souhaitait utiliser comme collaborateurs dociles furent sans doute les premiers â sropposer â elle et â chercher â obtenir des conditions acceptables pour Ieur peuple.

drAlrenagne. cetbe inlt,iative fut certainement de celres qui font le plus honneur â Iro"ru."-Jo-i;Àllur"9n" u; ô;;;;;un, car cllc nonLre que-le.col.onisateur, ron"iÀioÀ"rt p." taclte et qurir voulait donner ià'popuration ";Ëioit" possibres ! re prus de chan- ces pour bâtir erre-.êre sâÀ'"u"ni"-rr-!r me colonial lÀpà"iàri"_ ne trouverait pas nrellleur apologiste ! 3.6.

J.6.1. L"r r.uull. traitements.

La dêgradation des chefs en instruments de la politlque colonlale et Ieur int'egration dans lradminisÈration n'rrcessl- talt beaucoup de pr'ecautions de la part dc la nouvelle auto- rité; Pour que leur utilisatlon solt efficace, 1l importait qut iLs aient La bonne volontê de collaboreD et qur iIs gardent une certaine autorit'e sur la population. Nous avons nontr'c par ailleurs qurâ lrheure de la conquêt,e, les colonlsateurs ne tËmoignèrent souvent dlaucun respect vis-â-vis de leur per- sonne; ils furent Oestituôr envoyËs en d'eportationr emprison- n'es ou tout simplement supprimés; ceux qui restaient en pla- ce êtaient parfois contraints de signer des rrtrait'es de paixÉ aux conditions draconniennes; tout ceci ne contribuait pas à cr'eer un climat de conf iance.

3.6.1.1. La pêtition des Duala au qouverneur Zimmerei (29. 10.1892)1 : une illustration des mauvais traite- rflent,s.

Une fols lrordre colonlal êtaUItr'lrlnt'egratlon des chefs dans la machlne admlnistrative êtait 1e plus souvent entrav'ee par les mauvais traitements dont ils êtaient lrobjet de la part des administrateurs, obsôdês dirions-nous par Iridée ra- ciste de Ieur trsupêrioritê". Les chefs duala furent sans dou- te parmi Ies premiÈres victimes en ce domaine, commenous lc montre ta pêtition adressËe le 29. 10.1892 au gouverneur Zir:r- merer par ltensemble du peuple duala. Les plaintes des chefs duaLa et de leur peuple touchalent diffêrents domaines de leur vie quotidienne. Leur nonopole 'etant du commerce intermédiaire brisË par ordre de I ladr,rinis- tration, il se disaient incapables de rembourser le crÉdit,

1 ANc, FA1/J7, F. z1o-21g. -26s-

ôtant donnê La consurrence des peuples de lrintrcrieur. ,IIs plaignaient se aussi du peu de protection qui êtait accordêe par I radrninist,ration r et de r inËgalit'e entle le Noir et le Blanc devant Ia loi. points t'iais les qul nous intêressent le plus dans cette pêtition, concernaient Ies mauvais traitements infligËs a,..,x chefs. Les ouara plaidaient pour le respect de ra dignité des chefs. Ils consid6raient que lremprisonnementdrun chef cons- tituait une grande humiliation, a.utrementdit, lorsqurun chef êtait emprisonn'e, il perdait beaucoup de sa dignité et par consÉquent de son autoritê sur ses sujets : Idé rrrish that the Governmentcould or uilr pay a rittle !espect to our. Kingsr.chiefs etc..., if a kiÂ9 oi cnief is guiIty in the Couit, r,rer,rish the imperiaf punish dor.rÀo, to him by.a finé or goods.but not imprisonment, for iÈ is a great shame to ùs. 1) Il faut que souligner lradministratlon usait souvent c,e son pouvoir rêpressif en emprisonnant,les chefs qui entraient en conflit avec elle; ce nrêtait donc pas une situation excJ.u_ sive aux chefs duala2. Les 0uala trouvaient qurune trop grande pression êtait exerc'ee sur leurs chefs pour les amener â livrer ceux qui en_ traient en conflit avec lrordre public; ils avaient I,imores_ sion que les chefs'etaient tenus pour responsabLesdes dÉlits de leurs suSetsl. cette impression devint. un fait r,eer rors- quren 1905 les chefs Akua se praignaient que certains drentre eux avaient êtê emprisonnês parce que leurs suJets nravaient pas voulu sracquitter de leur impôt4. 0ans dtautres circonscrip_ . tlons de la colonie, des chefs furent emprlsonnÊs Jusqu.à ce que leurs sujets aient payé Irimpôtr. LrhumiLiation du chef êtait â son comble lorsque celui_ci êtait maltrait,e devant ses suJete. Lors de la campagnecontre les gakokoE, les chefs

Iuio. _ -_1 F. Z1o sq. Dans sa-lettre â^NdumbeEyundi Alfred BelI exprinait exactement le,êre avts â I,e;;ti;;r""rlni o" Klng Akrua, ANC, FAI/J?, F. 62_64: 2 puttku.""o opo cit. p. ?g sq. 3 Altc, FA1/J?, F.211; cf. Rudinr Ho opo cit. po 205. -256-

duala eurent â subir un tel sort : The chiefs uere treated roughly uhen they uera doun to the Bakoko ûrar, the soldlers flogged the chiefs as ucll as ùheir people. You knou that our chief have hundred of men under them, uhich reason they ought to be more respected than other man, buL they cornpelled and flogged to trlork as if their people rrlould not have done it Out themselves. For instance the kru have an hcadn,an(...) but the chlcfs lrere noL even treated as a kruboyst head- man; much more they are the people ù,ho gave their coun- try under the Germanprotection, hence ue be to say they ought not to be cursed srrrinesand brutes publicly. Such treatement bring every mind to sorry for the day rrrhich u,e gave our country to GermanGovernment ... Thc chiefs ùrish the Imperial Governor to knou that the 3nall oover- nor (chef de Ia circonscriptlon, G.) uas u"ry rougÉ to them, his salutation uas nothing but curses, sr,rinés, brutes... By this reason ue hope the sr,rineèeto... may not accompanythe Governmentany more in future. t) Les injures et brutalitês dont les chefs Ëtaient ltobjet en public contribuaient à saper complêtement leur autoritË. r_es Ouala se plaignaient ici que leurs chefs aient ÊtÊ traltÊs commedes gens bien moins irnportants que les chefs dlêquipe des travailleurs venus du Libêria (Kru). Cette situation ê- taient drautant ptus intolêrable qurlls estimalent mêrlter mieux en tant que signataires du traitê de protectorat. Le nrËpris avec lequel ils furent traitês au cours de cette exp'e- dition contre les Bakoko illustrait en fait la position fon- damental.edu colonisateur face au colonisê quel qur tI fOt. Ce mêpris allait plutôt contre les objectifs politiques et êcono- miques du pouvoir colonial qui avait besoin de la collabora- tion de cette catê9oriE sociale privllÉ9iËe que constiuaient les chefs.

' 4 nrvc, FA1/g3, p.,t?. - Rudin, H. : op.'cit. p.34O 6 - A, cours de cette campagnecontre les Bakoko, les Ouala pr?talent main forte au pouvoir colonial pour brisér le mono- pole du commerceintermÉdiaire des Bakoko, alors qurIIs sE plaignaient que Ie leur aiÈ êtê supprimË I 1 ANc, FA1/37, F.214sq. -267-

Les lluala à la fin de leur pretition se prononçaient roeso_ lument conLre Ia bastonnade qui Était visiblement le Iot de tous les Camerounais . Liusage exag,er'edu fouet contre Ia population colonis'ee avait drailleurs fait donner au Came_ roun une bien triste réputation sur toute la côte ouest-afri- caine; rrcolonie le Camerounfut baptisê aux 25 coupsn (rlF(inf- 1 unzrrra nz i ger la ndt, ) Lorsque les colonisateurs foulaient, aux pieds la dignitre des chefs pour une taison ou pour une autre, ils oeuvraient en fait contre les objectifs de Ieur propre politique.0n peut se demandersi le gouverneur Zimmerer en tant qurautorité su- prême de La colonie en Était conscient. En tout cas, dans sa réponse â la pÊtition, il passa sous silence les passages otr il êtait questlon des mauvais traitements infrig,es aux-chefs2. Est-ce â dire qur il approuvait les actes de ses subordonnÉs ? rl est possibles de r'epondre à cette question par lraffilma- tlver si Iton considère que pendant les premières annêes de la domination coloniare arremande ir rËgnait un vior permanent de la personne du colonisê quel quril fût. Les mauvais trai- tements (emprisonnement, fouet, insultes) ne constituaient pas une mêthode pouvant,amener les chefs â une collaboration plus profitable au pouvoir colonial. Quelques annêes plus tard le gouverneu! Seitz aJ.lait sren rendre compte et cher_ cher à y rem'edler.

3.6.1.2.

Au Reichstag llusage du fouet rencontra beaucoup de cri_

-^._1 Verhandlungen.des.neichstags, Stenogr. Bcrichte 1913, p.4349 jei , Zgg, : lloske dit :t,An rrrestafrikanischen KûsLe erfrent 9àn."^ sich Kamciun Namens: man es das Ftinfundzulanzigerland."ii""-[".àid"r"ntr nennt

ANc, FA1/37, F. : -223-226, R,eponsedu gouvelneur à Ndunr- be Lôbe gebe du 1g. il. 1092. -268-

tiques, surtout au seln du partl soclal-dËmocrate. Avec la cr'eation dtun sËcr'etariat drÉtat sux colonr.es et ra nornina- tion xdrecouvraltF â sa tête de Bernhard Ocrnburg, on que Io colonisê 'elËment êtait un êconomique important et qurll fal_ lait le mÊnager. Cecl êtait drautant plus valable pour les chefs qurils êtalent devenus un instrument indispensabre oe politique .12 la colonlale. Le Juitlet 190? Oernburg prit un déèret visant â restreindre lrusage du fouet - mals pas â . Itinterdire-- dans les coronies afrrcainesl. La sortre de ce d'ecret peut Être consid'erËc,commeIe point.de d,epart drune norr verle attitude des autoritËs supÊrieures dans re traitement des chefs. Celles-ci stêtaient rendu conrpte quron ne pouvait pas passer se des chefs et que par consêquent il ne fallait pas se les aliêner. Le châtiment corporel infltg,e â un chef 'equivalait â ltébranlement de son autoritê alors que lradmis_ tration coloniale avait justement besoin de cette autoritÉ pour lrexËcution des tâches les plus diverses. Le pouvoir co_ lonial allait, donc chercher â'restreindre Irusage du fouet contre le chef. En 1908 survLnt dans la circonscrlptlon drEdea un ÊùÊnenent qul.ua montier .qutll y avait drune part une nouvelle at- titude quant au traitement des chefs et drautre part une di_ vergence entre les autorltËs supêrieures (gouverneur et ses supËrieurs â Bertin) et Les administrateu!s subalternes de la colonie. Dans le cas prËsentr le.supplreant du chef de cir_ conscription drEdea fit quelque chose qui allait radicalement contre res intêrêt,s de Lradministration coloniare; ir infli- gea notammentâ un certain nombre de chefs le châtlnent cor_ porer parce qurrls ntavaient pas exêcutês certaines tâches qufil leur avait confiêes. Le gouverneur Seitz fut arnenreà r'eagir, Ies chefs ayant portÊ plainte contre le supplêant du

l Ruppel ll. 414, Erla0 des Staatsekretârs des Relchskolo- nialamts an die Gouverneure des Afrikanischen Schutzgebiete zur Verfûngung, betr. die Anucndungkôrperlicher Zûchtigung als Strafmittel. chef de clrconscription. Voici Ie rappori confldentiel qur il adressa à Dernburg le 5 octobre lgog : Der stellvertretende Bezirksamtmannvon Edea, Lutz, hat tm ftonar j;;-;i;; Sekretâr Juni d. Ànzanr von Hàuprrin_ 'en am unteren sanaga.in Edea .ii-'is--iri"ù;"-;;.;;""Ë;;-,'- ueil sie zu dem von-ihm uà""ilL"""n"n .in-ùJÀr.otJIji'".iu.t Bau elnes rr,elnel:li:1"p:llchtssebàudes trotz or" erforderlichen rnehrfacher Aufforoerunl-nicht ;.-6;;-;;;,,",. Stelle brinqen lieBen, so daB der v6m Bezirksamt f(ir den Gerichtshauses gelieferte drohte91r,9"r Zementzu verderben ... Die Hàuortinie ùù;;';";;; Rechtsanrrralr Lurz durch den Eller oJàrà-e;;"Ë;:;;" erhoben. gleicher Zeit _ir oa zu eine n.in"-"""-g"g;".iïiig"n Beschuerden en.dem.Sekretàr Lutz und ter,zy_isgf àen Ititgliedern der Bas- ttission in Lobetal ,nJ ÈJ""-uo"i'"-i.n, clen Assessor so habe ich Dr. Schurmannzur eingehénoen d_er sâmtlichen Untersuchung Beschù,ero"prn[i"-n-."'i"Ëo"" gesandt. crgebnis der oas umfanoreichen U;a;";;;;r;9, die auch gegen den porize-ir"i"t"r-e"ÀiJns-"rrcntete, stch..o und mich veranlaot hat dessen Enri;;;;n;-;;;";", zu beant,rgen. Kolonialdiensr lieot.m_ir. noch nicnt voitstândi9 mu0 mir also ein vor, lch énogultigei ii"tl,ir-ii 0"" sache vorbehalten. Unter at tÊn ilhelx^aÂ- :-r -- zunâchst

enunsom aul se SI

g:lr:;::: cn t r icÀl nr"i."àjËi,, i; "Ëï:: i;ï î: j :: nrulr :"r::,: ll ".1:e 3!n;:":ii, il :::i"îg:^:::::;i-:;:,"Iiïr,"iIi,'.Ë"iài.iïiËlïi;- :;: Él rt!nnl::'s:"ll :";^i:ll: voreehenvorseneni.l- à""-'ôuJiiJiË,âitl=ËààË-des Fg 0berreutnantiËi#9 ;::i; .à;. ;;;;; iJri t!io"'"9i_g:: Bode Lurzschenr/araah^^ l1^t:p y.f. Burhur, ruroimu_iig;i;,-;;; 'r^Lrr rsL' "so l",ilch, "um "lnX e,,rrrrurenâhnliéhen ;n"'i i, IiïËl oeaDsrchtige Ëlï; n i i ::,.,I "",;l îî: :l: ",,vorKonmnlssenU:l: Ii_:lll li; vorzubeugen," i" Iich rreiôÊriiô+-_ r_p:IolTll"sennÀ"","',ôëuêD den abscËrifabschrifr_ i::llenz bitte iii3:tï::":"::1"1-hl:1. ièh Oane roeEure Excer- prtifung, oU Oortieits eeoengegen die Verf t,o,Fir^,,^^ro:i^lp:19:."igteEedenken besténen, m ich oeh sam e ich -270-

Verualtunq auch oegen0ber ulderspenstloen Hâuptllnoen durchzusetzen....l ) o,"o"tîlLl ta dtffËrence est clalre entre ce que voulalt le gouverneur Seltz et ce que falsalent effectlvencnt ses subordonn'es. Pour une mellleure lntËgratlon des chefs dans lrappare.lI admlnistr.atlf, Seitz souhaitait que les chefs golent êpargnÊs sutant que falre se peut du châtlment corporel. II faut relever que le compottement de LuÈr vls-à-uls des chefr ne constltualt pas un cas lsolÉ; llusage du fouet contre ler chefs êtait donc vralsemblablement très têpandu psrtnl les a- gents subalternes de Itadmlnistratl.on. Lrintention de SeItz êtalt drendlguer un comportement prËJudiclable aux intÉrêts du pouvoir colonlal. Seitz et ses supÉrieurs de Berlln avalent bien comprls â quol devalt servlr Irautorltê et le prestlga des chefs et cherchaient alnsi â les prêserver. La collabora- 'etalt tlon entre les chefs et le pouvoir colonlal entravÊa de façon consldÊrabte lorsqur lls êtaient fouettês â la nolndrc occasl.on, alors qulil y avait dlautres moyensde pression. Pour Seltz, Itusage du fouet contre un chef'etait Jusqutâ un certain point incompatlble avec Les fonctlons qui lul êtalent conc'edÉesdans Iladminlstratlon. Oans le proJet de dÉcret en- voyê à Dernburg, il contlnualt son argumentation : Tritt an elnen Funktionâr dle Frage heranl ob 9e9en el- - nen Hàuptting tlegen schuerer Uergehung strafrechtlicher oder disziplinârér Art auf PrÛgelstrafe zu erkennen sei, so muB stets zu gleicher Zeit die Frage mitgeprÛft trer- den, ob der tYlannnach Uollzug einer derartigen Strafe tiberhaupt noch Hâuptllng bleiben kann. 2) Les autoritês de Berlin ne trouvèrent certalnement pas dt obJectlon au projet de dêcret du gouverneur SeItz qui publla un an plus tardr le 22 octobre 1909, un dêcret-clrculaire r'e- glêmentant dÉfinltlvement llusage du fouet contre les chefs: Ein SpeziaIfall, in t,elchem gegen triderspenstige Hâupt- Ilnge auf Prûgelstrafe erkannt trorden ist, ohne daO die-

I RKA ru.53?9, g1.181-182, Gehelmer Eerlcht des Gouverneurs von Kanerun an dén Staatssekietàr des Reichskolonialamts, citê draprès Fritz-Ferdinand MûIIer: Kolonlen unter der Peitsche, Elne Dokumentation, EerIln 1962r p.119-120.Soulignê par nous. t) RKA N.53?9,8I.183, cltê dtaprès FrlÈz-Ferdinand tluller: oPrCit.9.12O. -2? 1-

ùrâren, Schutz-

it den

von ihr anerkannte; Uaupttinge iu À zu erschùttern. t/ird es, uas volkommentain, unver.eiO_ lich, gegen einen Hâuptiing auf-pri:getsrrài; ;;-;;krr- nen, so ist derselbe unter allen Umétânden Amtes vorher-seines zu iii, U"uor.ur verÀangung PrûgelsÈrafe""tkl:i9"".:..St:!? ron segen Hâuprlinge 6"."n"it["n ri.Jl"àri' 0". geuissenhafteste. zu prijfen, ob nicht, andere ausreichend stiarÀitter erscheinen. vo verhângung à""-niùôriîi""r" 1rt jedenfarrs aann auiusJi-i"Àl-r"nn aus poritischen den die Grûn- Absetzung des Hâuptlings bedenkticfr uare.-ôie sâmtLichen Dienststel.lrn à"s SËÀutzgebietes r,,eiJèn ,iesen, .nge_ kiinftig nach diesen-crunosatzen zu verfah""n.-i) Ainsi, il apparaât sans Équivogue, que le pouvolr colonial, malgrÉ que le fait le châtiment corporel fit partie intÉgran- te de son appareil de rÉpresslon, tendart â rimiter au maxr- lnumson usage lorsque les chefs êtaient concernês. Cecl non pas parce qutils 'etaient respectables en soi mais parce qul ainsi ils Ëtaient mieux gagn,esau service de ]rlmpêrialisme colonial. Avec ce décret-circulaire, Ie gouverneur Seitz es_ pêrait amener ses subordonnËsâ nieux prreserver lrintrument de politique colonlal.e que constituaient J.es chefs. Il est ce- pendant assez difficile drafflrmer que, mêmedans les coins les plus recurês de la colonie, res agents de rradministration sren tinrent à ces lnstructions du gouverneur; êtant donnê que lrexistence dtune lol n!lmpliqualt pas nêcessai3ement pas son appllcation. Par-dessus tout, ce d,ecret_clrculaire montre que lrintÉ- gratlon des chefs dans lradministration ne se faisalt pas tou- jours sans accrocs. Les collaborateurs ne pouvaient se montrer três disponibles que dans la mesure où ils Éta ient 'epargn'es de certains sËvices. A partlr de 1g13, les chefs, une fois re_

a'Ruppel N.41Sr.RunderlaO des Gouverneur.s,betr. die Ver hângung der Prûoelitrafe gegen nàuliiing9, cf. Atansana vom 22.10.1909; 'etait :.ôp. c,it. plài,'',|;à[[âiit,e du chef devanr hoooes rÉserveée, ses .c'""i-a-0i"" ie crret ne devait être blâné en présence de ses Jamais "rj"[".ri -2?2-

connus par lradrnlnlstratton colonlale, ne pouvalent plus êtrc destituês gans lravls du eouv€lo€u!o1 Cecl devalt perrnettre une perennitÊ dans la collaboration entre eux et le pouvolr colonlal.

3.6.2. Lloctrol de prlvllèqes comne noyens de corruptlon.

Comnele desseln du pouvolr colonlal Étatt drutlllser ler autoritËs traditlonnelles commeorgane exêcutlfr ll flt appel aux cadeaux pour gagner leur sympathle, susciter leur lnt'e- rêt et les attacher. au systême. Oans cat. ordre drldÊer, 1l nrest peut-être pas superfËtatoire de rappeler que les chefs duala ne slgnèrent le traltÊ de protectorat qulen Êchange de cadeaux promis par les deux maisons de commercely'oermann et Jantzen & Thormâhlen. Nous svons relev'e le caractôre corrup- teur de ces cadeaux.Oans la suite de La mlse en place de son systême, le colonisateur eut souvent lEcours â cette mêthode. Il importe donc de ne pas sous-estlmer les cadeaux-(de valeua inslqnlflante la plus part du temps) que les chefs drexp'edl- tions dlabord et plus tard les adminlstrateurs, les comm€!- çants et, les misslonnalres donnalent aux chefs. Oe tels ca- deaux nrêtalent gênËralement pas dênuÊs drarrlêre-pensÊes, notammentcelJ.e dlobtenir la blenveillance des anciens tenant! de IlautorltÊ pour Ie système colonial;2 tout en flattant leur orgueil, ces cadeaux resserral.ent Ieurs llens gvec le pouvolr colonlal Sous la rubrlque |tprlvllèges de chefsn, Charles Atangana Écrtt ceci: Pour dÊsobËlssance, rêvolut!.on, mauvalse volontê, calon- ' nle cont,re le chef, celui-cJ. nravait qulà sradreiser â l.rautorit'e conrpêtente, où le dêlinquant Ëtatt punl de quatorze Jours de prison. 3)

I A"tubl"tt fttr dar SchutzgebletKanerun 191J, p.201. 2 ANc, FA1/J?tF.1-2, F.rs-16. 3 At"ng"n", Ch.: op. cit. p.92. -2?3-

Avec la mise en place de lradministration colonialer les chefs avaient vu leur pouvoir considÊrablement renforcê. Il est pos- sible qut Ils aient lnterprétê ce renforcement de leur pouvoir commeun privllège nouveau; en effet, nlavaient-ils pas, avec le soutien de lrautorLté administrative, llimpression dlêtre devenus plus puissants face â'Ieurs suJets ? TeI êtait en tout cas Ilopinion de Charles Atangana, pure ér'eature du système coLonial. lTlaisce pouvoir arbitraire repr'esentait-iI vraiment un privilège ? 0n peut en douter, vu que ce pouvoir arbitrai- re des chefs sur leurs suJets reflêtait les rapports rê91ês par IrarbitraJ.re qui existaient entre Ie pouvoir colonial et la population coionisêe, chefs incLus. Le pouvolr arbitaire 'etoignalt des chefs les isolait et les en fait de leur com- munautê drorlgine. En plus, ce rrprivilêgerr ne les protêgeait que de leurs sujets et non pas de lladministration. Srils t'e- tlmauvaise moignaient de volonté11, dettdêsob'eissancetl et de rlca- lomnlerr face au pouvoir colonial, iIs êtalent eux-mêmes!âr€- ment pardonnês.1 La volontÉ du pouvoir colonial de soustraire ]es chefs aux sêvices du fouet doit aussi être interprêtêe commeune autre façon de les privtlêgier dans le nouveau système. II voulait bien montrer qur ils êtaient pfus ou moins au-dessus de La masse colonisêe. En Leur donnant ce statut queLque peu à part Ll srassuralt leur soutien dans son oeuvre drexploita- t ion. 0n peut dire drune façon gênêrale que lroctroi de privi- lêges aux chefs êtalt directement fiê â ltintêrêt du pouvoir colonial. Lorsquril srest par exemple agi de donner des soins gratuits aux personnallt'es camerounaises dans les dispensaires publlcs, les considêrations politlques furent dÉcislves : Uergûnstigungeno Frele ambulante Behandlung oder, falls erforderlich, freie Behandlung und Verpflegung in den

1 Lo""qr" les chefs akruarÉdloêrent une pËtition et lra- dressèrent au Relchstag, le pouvoir colonial au Camerounleur intenta un procès en dlffamation et las Jeta en prison, cf. ANC, FAlrlg3. -274-

Krankenhâusernr-ist zu geuHhren : ln besonderen FâlLen einflu0relchen Eingeborénenr.deren rrere-iienàiJrriô or" ôrtllche verrrraltung aus poritischen Rûcksrctrten-iui cr- forderllch erachte[. 1) Stockhausen parlait de lroctrol drun galalre aux chefc par nDie ltadmrnlstration: sterre ernes Hâuptlings diirfte nle Ehrenamt seln, sondern es lst gerade Ger,rlchtdarauf zu legen, selne Interessen durch Zahlung elnes festen Gehalter mlt denen der deutschen Reglerung zu verknlipfen.n2 II auralt souhaitê voir les chefs transformÊs en agents salariËs. rr egt vraJ' que les chefs devrnrent un olgane ex'ecutrf dE rradmrnrs- tratlonr pendant mals toute la coronisatlon allemande au ca- meroun, ll nry eut pas de salaire de chefs â proprement par_ ler. En dlautres termes, tout chef reconnu par Iradmlnlstra_ tion ne touchalt pas un traitement. Certalns chefs duala conr_ me Duala lvlanga et Ekuala Epee (successeur de Jlrn Ekuala) rece_ vaient annuellement un subslde de rradminlstratl.n.3 Ils rece- vaient ce subslde en rempracement dunktrnilr que res comrnerçants payaient â reurs prédêcesseuls, ce subside se Justrftait donc historiquernent. Duala lqanga touchalt J000 llo par an.4 Charles Atangana, parlant en de Iut-même êcrlt I rrEn qualltÊ dfinter_ prête entre lrautorltÉ europÉenne et 18 populatton indlgène une indemnitê Ëtait accordêe au chef supêrreur de la caisse de lrarbitrage indigên".r5 Srll faut parler de rÉtributlon de chefs, crest sans doute uniquement de ces quelques cas l- sotËs.

Il est pas contre lndlspensable de rnettre un accent par_ ticurier sur le caractêre lucratif de certaines fonctions des chefs. pensons Nous notammentaux avantages qul Êtaient atta- chês'â la perception de rrimpôt et à rrexercice du droit de jur id ic t ion.

t *,roo"l . N.4gg, Verft!gung-vom des Gouverneurs, bet!. Eetrleb der RegierungskranÉenhâusér, 16.iO.t SOg. _2Stockhausên ! opo cit. p.316. t.,lun""r ,--_ 1: :0le DuaIa und die Kolonlalmacht, ln: Stoek- ker, Kamerun.II, p.1g4. lr'Verhandlungen des Relchstags, St. ge!.r1g14, p.gg16o - Atangana ! opo cito p.g2o -27s-"

Soulignons que Ies privilêges, de quelque nature qurils fussent, ne furent jamals octroyês de façon dÉsintÊressêe, au çontraire, cl'etaienÈ de v,eritables moyensde corrupt,ion -colonlaleo. entre les nalns de lrautoritË Il liaient les i.n_ têrêts des chefs à ceux du pouvoir coLonial; ainsi, la dis_ position des chefs â collaborbr Êtait beaucoup plus motivÉe pa! J.a volontÊ de satisfaire Ieurs int,erêts matêriel.s, ceci dtautant que lrordre colonial avait anêanti l"r" pouroir Éco_ nomique. Lrautoritê coloniale regard pratlquait â leur la po_ litique de la carotte et du Uâton; cette possibillté de rêcom_ penser et de châtier permettait rui en dÉfinitive de mieux contr€ler ses intermêdiaires. -276-

3.7. Entre collaboratlon et opoosltlon.

Nous relevons Ia dtffÊrsnce entrâ râslstance (surtout ar- m'ee)et oppositlon . Notre intentlon nrest pas dranalyser la premlêre forrne drattltude des chefs vis-â-vls de la doml- nation coloniale, nous Iravons d'eJâ fâlt II eppa- "".""q,r"".1 ratt pourtant lndlspensable dtêtaUllr une relatlon entre les fonctions des chefs dans lradnrinlstratlon et leur opposltlon au rê9tme colonlal; 1l importe dès lors de mettre eÉ rellef Ies raisons profondes de leur opposltlon et de se demander st cette opposltion signlfiait un rejet radlcal du système colo- niaJ. ou si elle ne traduisait qurun souci de collaborer sur une autre. base. . Dans lrexerclce de leurs fonctlons, les chefs ne se Don- traient pas tout le temps bien disposês â ltÊgard des autori- tÊs, ceci dans la mesure où il fallalt de temps en temps sau- vegarder tes intêrêts de leur peupleo Le fait que les chefs et Ia populatlon colonisê6 !€3sên- t,aient le rÊ9lme colonial commeune domlnation êtrangère est une Ëvldence. IIs Ëtaient d6sornais obligês de faire quelque chose qurils nralmalent pas et dont lls ne voyaLent pas tou- jours la nÊcessit'e.0n peut dire, toute proportion gardêe, eue la situation coloniaJ.e Était tout aussl contraignante pour les chefs. Ainsi, si certalns exêcutalent avec zèle les tâches qui leur Ëtalent impartles, dtautres par contre, ne Ie fal- saient qutâ contre coeur, en nour!issant peut-être ltespoir secret de se débarrasser un Jour ou Ltautre de la domlnation coloniale et de rêbablir lrordre dans lequel ils avaient la prÊpondêrance drantan. Ltoppositlon des chefs se fit de pIu- sieurs manlères ! Ils firent secrètement obstruction à la vo- lontê du pouvolr colonial dans lrexercice de leurs fonctions; ouvertement, iIs adressèrent Oes pêtit!.ons à lrautorlt'e colo-

1 Nou" lenvoyons à llouvrage de Helnuth Stoecker:nKamerun unter deutscher Kolonialherrschaf ttl où la rêsistance arm'ee est trait'ee de façon exhaust,ive. -27?-

niale pour protester contre Ilune ou Lrautre de ses dêcisions.

3.?.1. Lrobstruction aux mesuresgrises oar lrautorité gfssiale'.

Dans Leur positlon drinteamêdiaires, Ies chefs. contribu- aient â 1a rêalisation des objectifs du colonisateur; iI faut cependant souligner que dans cette position, lIs pouvalent, lorsqurils le voulaientl nuire â la rÉalisation de ces objec- t lfs. Grâce à leur ttpouvoir de policerr (Polizeigeualt)r ils poursuivaient, arrêtal.ent et Iivraient â lrautoEltê alleman- de ceux de leurs suJets qui entralent en conflit avec elle. En 1892, par exemple Les chefs duala protestêrent auprès du gouvelneur Zlmmerer parce qulils se sentalent harcelês par lradministration pour Ie maintlen de lrordre public.l Ainsll le pouvoir colonial rappelait les chefs â leurs obllgations et au besoln, faisait presslon sur €lrXo Ceci signifie que les chefs Êtaient dans une certaine mesuf,econsclents des rioueurs que Ie pouvoir coloniai imposait â ceux qul êtaienÈ en clnfrit avec 1ui, cherchaient â les couvrir et hêsltaient â les livrero 0e plus, les chefs se rendaient sans doute compte qurun tel travail ne contribuait en aucun cas â grandir leur r'eputation auprès de Ia population; bien au contraire. La rÉtlcence des chefs Êtalt une façon de refuser de falre la sEle besogne. Ils arguaient olors dlêtre incapables de falre tout ce que lrad- minlstration exigealt dreux; celle-ci interprêtait cette in- capacltÉ commeun n€rnquedrautoritÊ alors que ce ntÉtait sans doute qurun refus dÉguisê (mêmestll est vrai que certains chefs nlavalent rêellement pas assez dtautorit'E pour remplir leurs fonct ions ) . La dêsob'eissance peut être consid'erêe commela forme Ia plus rÉpandue de lropposltion des chEfs au rÊ9ime colonLal3

1 ANc, FA1/J7, F.216. -278-

elle lllustralt leur volontÊ de ne pas gervlr d tout prlx de support â lroppresslon êtran9è!e. Le refus de collsborer non- tralt que dans la situatlon conflictuella qul Ëtatt la lcur, prenaient ils posltron en faveur de reur communautËd.orrgr- neo cette dêsobêlssance avalt surtout lteu dans les fonctrons qul avaient des retomb'eestrop n,egatlves sur la populatlon, qui .constlÈualent une menace physique ou Êcononlque pour leur communautê. Les cas où les chefs refusaient drenvoyer leurl suJets travalller dans res plantatlons ou â la constructlon des chemins de fer, sont nombrerrrl Lls savalent qua sou_ "., vent leurs sujets nren levenalent pas ou nren revenalent que plysiquenent très dimlnuËs. Ainsl , lorsque GaIega apprit que plusreurs de ses suJets qul travarrlaient dans les prantattons de la côte êtaient morts des surtes des condltions de travarr. inhumaines, ll refusa dren envoyer drautres.2 A de son ".u"" refus de satisfalrE les exigences du colonlsateur, Fonyonga, successeur de Galega, assista dês lglZ au dême,nbrenentde son territoire; plusieurs chefs ÈracÊs sous son autorit,e en 1905 furent rendus autonoresl Les cas de chefs qui refusaient de ctonner satisfaction aux exlgences de lradmlnlstratLon, docrr mentent leur oppositLon aux mauvaises conditions auxquelles Êtaient sounls res travaiJ.leurs et leur souci de prêserver la vie de leurs suJets. ' Oans ltexetcice de leurs fonct!.ons, les chefs ne sren te- naLent pas toujours aux limites fix'ees par lradministration. Nous pensons surtout â la juridlction où ils dêpassaient par- fois largement leurs compêtences en statuant sur Les cas qui Leur Étaient enlevÊs. Nroublions pas quravant ltimplantatlon de Ltordre colonial, la fonctlon essentlelle des chefs se crls_ talrlsait certainement dans leur droit de rendre justrce. cet- 'etait te fonctlon Judiciaire en rapport dlrect avec leur au_

1 8tTlA,8.2.13, 1900, N.21g; 8.2.14, 1901 N.226. 2 , cf . 3.4.1. 3 BtqA,E.2.3?, 1912, N.56. t: I -279- t

toritÉ et leur prestige au sein de la population; par con- s'equentr r'edulre leurs conpÉtences en ce domaine, crnetait du nême coup entamer leur autoritê et J.eur prestlge. Les chefs all.aient donc au-delâ de.Ieurs nouvelles compËtencesrl c.ci permettait Ieur de conserve! un peu drautoritre sur leurs su_ Jets. En ne respectant pas Le.s llmites de leur pouvoir judi_ cialre, irs falsarent obstacle à ra volontÉ ae lradministra- tion de srrmposer commeunique autoritê dans la coJ.onieo cer- tains a1lèrent mêmejusqurâ interdire à leurs suJets de sou_ mettre leurs litiges au Jugement du tribunal de rradministra- teur colonial; ctest ce qui ressort du têmoignage du mission_ naire Johannes 0taler de la llission de Bâle travail.lant, à La station de Bombet Es sind besonders dle Hâuptllnge, uelche ihre Dorfbeuoh- ner vom deutschen Gericht fernhaiten uol.Ien. Viele von ihnen sind zu Richtern ernannt und so Iiegt ihnen-dàran viele 6erichtsgelder einzunehmen, und ifrln EinfIuB im Volke zu r,rahren und neu zu krâftiqffi Vu de cette perspective, ce genre drabus constitualt une all_ tre forme dropposition au pouvoir colonlal.3

3.? .2. Les pêt it io ns : début d r une opposlt ion orqanis.ee.

Pour tenter drharmoniser ra situatlon confrictuelJ.e dans laquelle iIs se trouvaient, Ies chefs. eurent recours aux pê_ titlons. Celles-ci leur permettaient drexprimer leur mrecon_ tentement, et leurs aspirations, de condamne! ce qurils con- sidÉraient il juste titre commeabus du r'egime coroniar. rl nlest malheureusementpas possible de documenter dtautres protestations Écrites que celles des chefs duala. La premiêre pêtltion à notre connaissance, est celle que klng EelI adressa le 2J septembre lggg au dÉpartement colonialo

1 ANc, FA1/J?,F.253-2s5. 2 .gnn, E.2.zo, 1905, N.z2?r-sourlgnêpar Ge6sg a Nous nous gardons bien drinterprÉter tous les abus des cners commeslgne de protestation contre Ie ré9ime colonial, plus loys,?v9ns. drune fois eu lroccasion de coÀdamnerles abus qul ecalent une oppresslon sur la populatlon. -280-

Le 4 novembre da la rnêmeannËe1 le gouvernaur von Soden fut informê de la rÊceptlon de cettc plalntel. Lc l9 fêvrier ig09, le MInlst,êre des Affalres Etrangàres dont dêpendait le 06par- tement Colonlal faisait de nouveau savolr à von Soden qurune eutre p]ainte de King Berl Étalt parvenue â Berllnl cette cteu- xième plalnte datatt du 15 novembre 1ggg2. De cette correspoî- dance entre les autoritÊs de Berlln et le gouverneur du Cane- roun, il nlest malheureusementpas possible de dêceler ce qul opposait King BeII à ltadminlstratlon. Etalent-ce des-notifs dtintËrêts personnels ou communautalres qui lravalent conduit à ltenvoi de ces platntes ? Oifflcile â dlre. Au Camerounvon Soden ouvrLt une enquête. Selon von Soden, King gell ignorait tout du contenu de ces plaintes dont le vêrltable auteur ne que seralt Joseph BeIl, sgn neveu et frêre drAlfred gell3. Le 4 novembre 1888, le D'epartementColonial demandalt â yon So- den sl pour des raisons politiques il fartait punir sÉvèrement Ktng Eell ou tout slrnplament le calner4. Apparemment,aucune sanctlon ne fut prlse contr" iing Bell, mêmesl ces plalntes ne furent peut-être pas êtrangères au falt qurau cours de lrannÉ '1889 Ia destitution de Klng BeIl fut envlsagêe puls jugÊe lnop- portunes. Llexistence de ces plaintes dÉmontre que très t8t les chefs manlfestèrent leur opposltlon au pouvoir colonialr Le 29 octobte 18gZ ctÉt,a1t au tour de 19 chefs duala de slgner une pêtition en anglals formul.Êe en 12 points qurils adressêrent au gouverneur Zirnmererau nom de tout le peuple duaIa6. Nous avons AÉjà eu lroccaslon draborder cette p,etitlon

1 ANC, FAlrl3?, F. ?8. .2 ANC, FAlrl3?, F. 94. 3 ANC, FA1/37, 5. ?9. 4 ANC, FA1/3?, F. ?9. 5 ANC, FA1/37, Fo 88-91. 6 ANC, FAlrlJ?, F. 210-219. _2S1-

.lorsqurir Êtait question des mauvais traitements infrig'es aux chefs. Dans 1e prernier point de la pêtitiono les chefs dueta plalgnalent se qutaprès Ia suppression de leur monopole du conmerce intermÉdialre, ils nrêtaient plus capabres de sracquit- ter des obligations prises auprès des commerçantseuropêens. rrs avaient des difflcultÊs con'sidêrabres pour rembourser re Ittrustrr (crÉdits). Ce point ds Ia pËtltion signifialt une op_ position à la oêcision arbltraire de rradmlnistratron de sup- primer le monopole du commerceintermêdiairermonopole que les Duala srêtaient rËservê et qui leur avaieht raconnu avant ra signature du traitê de protectorat. Dans le point ? de la pêtition, les chefs dualô sratra_ quaient pour ainsr dire â rressence mÊmedu système coloniar, dans la nesule où lls relevaient que dans ce systême, crêtaient lrarbitrairel,lrlnjustice entre Noir et glanc qui rêgnaient" Ils se plaignaient que Ies autochtones Ëtaient condamnêspour des p'ecadilles alors que le glanc, quelle que fOt sa culpabi- Iitê, nravalt pas encore jusqurà cetÈe date, êt'e emprisonnÊ. au cameroun. Oans re point g, irs accusaient rradmrnistration ds ne pas se soucier de la vie des colonisês. La rêponse du gouverneur adressêe le 1g novembre ig92 à King Eell Était tout â fait dilatoirel Il nrest pas surprenant de constater qutâ aucun point de la p,etltion il ne donna rai_ son aux chefs duala, il prêtendait qurils se plaignaient pour rien. Nous doutons que les chefs duala alent pu Écrire une pêtitlon tans se rêfêrer aux pratiques qui êtaient pourtant â lrordre du jour dans le systême colonial. Les chefs duala hrenreglstrêrent aucun r'esurtat posittf pour eux et pour leur peuple. CE qui ne les dêcouragea nullement. En qualitê de reprêsen- tants de la population, ils continuèrent â stopposer au viol du peuple colonlsÉr Ainsl, en 1902, les dcux chefs duala, Klng

1 Aluc, FA1/3? F. 22-226. -282-

Bell .et Klng Akrrrase rendl.rent en Allernagne où tls flrent con- naitre leurs dÉsldelata au dÊpartenent Colonlall. Blen qua les deux chefs alent effectuÊ le voyage sÊparrement(Klng Sell en Juillet et Klng Akua en ao0t), Il lmporte de soullgner la rl_ militude de leurs revendicatlons ! en dehors de leurs souhalts personnels, lls se plaignalent entre autres de lrarbitralre des adminlstlatours et de ltusage du fouet,. Ce voyage ne fut peut-être pas un Êchec total; si King Akua ne fut satlsfait '.obtint en aucun point, King BeIll par contre Irautorlsbtlon da falra la chasse â lrêlêphant.2 Par ces plaS.ntes, les chefg cherchèrent â obtenlr uns aore- lloratlon de reur sort et de celui de leurs suJets. Non seure- ment cet effort fut presque vain, nals encore, aux difficultes dêjâ existantes vlnrent sraJouter des charges nouvell.es (lrirn- position dêbute en 1903). L. i9 rnai 1g05, les chefs Akrrraaores- sèrent une p'etition au Reichstag3. En 24 points rls êhumêrarent les lnJustlces, Les brutalltËs et lrarbltralre dont eux et Ieurs suJets Ëtalent lrobJet de la part de lradminlstratlon r usage du fouet, mauvais traltements, expropriatlon lors du trac6'des routes dans leur quartier, travaux forcês, charge! flscales et, vlolation du traitê de protectorat (suppression du monopole du commerceintermÉdialre). Ils dernandaientau Reichstag de me_ttrefln.à laur cauchema! et de rappeler le gouverneua von Puttkamer et toute son adminlstration4. Von Puttkamer et ses subordonnês, gravement mis en cause par les chefs akula, leur intentèrent un procês en dlffamatlon. Le 6 dÉcembre 1905, après un procês sommaire, lls furent con- damnês â de lourdes peines de prJ.son avec travaux forcÊs5.

1 Rûger, A. :01.e Duala und dle Kolonlalmacht, ln: Stoe- cke!, KamerunII, p. 196 sq. 2 IbId. p.200. 3 ANC, FAlrl93, Petltlon der Akrrra-HËuptllnge. 4 Ibld. p. 13. 5 lbid. po 22o -283_

Ainsir de pl.aignants, les chefs akrrradevenaient des àccusÉs et qui plus est, ils furent !econnus coupables et condamn,es. La façon exp6ditive dont ils furent jugês et condamnêsprouve, srir en Étalt besoin, le bien-fondê de J.eurs plarntes. ce bien- fondÉ transparalt, nettement des dÉbats c,e J.a Commisslon du budget du parr'ement, qui exigêa que les chefs fussent rejugÉs. cela fut fait et les chefs vlrent reurs peines considÉrablement, rÉduites; King Akua qui avait êtê condamnËâ g ans de prison vit sa peine rêdulte à iB mois. La consÉquence immêdiate de ra pêtition des chefs akua fut re dÉpart de von puttkamero La pêt,ition pouvait être considÉ- rêe commern mêne si ra dÊcislon "r""i"l, des autoritês de Ber- lin de rappeler le gouverneur ne signifiait pas Ia fin des souffrances lnposées par Ie colonisateur.Le rappel de von putt_ kamer cônstituait pour res chefs akua une gran.de victoire sur lroppression coloniale, mêmestils furent finalement condamnes drauoir osê se praindre. par reur action, r.es chefs akuraavaient remis en questlon Ie rË9ime colonia]; lIs avaient montrÊ que par voie l'egale (droit.de p,etitlon) on pouvait de façon rela_ tlvement efficace sropposer â Ia dominatlon colonlaLeo

3.?.3.

En 1908 moural.t flanga BelI; son fils Duala llanga (nuOotf Bell) lul succÉdait, Jusqurâ son accession â Ia dignltê de chef eupÉrieur, rl nravait pas encore eu de dÊmêlêes avec rradminis- tration, ce qui Laisslerait supposer une collaboration Ioyale avec Allenands. les Tel nrallait pas être le cas. Au dÉbut de lrannêe 1910, iI exlstalt un plan drexpropria_ tion â grandq Êchelle des terres â Oouala. l,radminlstration

1 ^ .. Jug"rent de lvtpondoAkù,a, cf . ANC, FAj/454, seltzl Th. F. J-5; cf . : vomAuiattàc r.J'niài"iËiucrr, rr., po 4J. ) - Verhandlunoen_des Reichstags, i912_1g14,Anla9en, Akten_ stiick N.-15?6, pl 3z?2. ct""t-;;-;r".;ianoum par qui fut ÉlaborÉ le 'êcrÊtàire drEtat càfonf"l, o". Solf. partle "u" La première est consacrÊeà la oÉrenseJe-ia porrtique drexpropria- tion de rradministration. pour ce pàint o" notre travair. nous appuyons nous en grande partie su! ce mênorandund; Dr;-6olf. -284-

du gouverneur Se!.tz se garda de nrettre les chefs au courant du plan; ê son brrivÉe, son successeur, le gouverneur Gleln convoqua les chefc duala et Ies Lnforrna du plan dlexproprl.e- tlonl. ConsldËrons la raLson avancÉe pour Justlfler Irexproprla- tlonde 900 ha au b6n6flce de 3o0 d 400 Europ'eens. Lladnlnlstra- tion stappuyalt sur deux rrexpertlses mêdlcalesrr pour nontrer la nÊcessit'e Ue Irexpropriatlon et de Ia sÊgrÉgationo En effete pour amteliorer les condltions sanltaires pour les Europêens, on jugeait nÉcessalre drêIolgner dreux la populatlon afrlcalneo II fallait crÉer une nvllle.europêennen (Europâerstadt) et une ltvllle africainetr, clest-â-dire une rêserve, la deuxlême Étant sÊparÉe de J.a premiêre par une zone-tampon drun kilomètre. Le3 nexpertsn deux Jugeaient que cette séparation Ëtalt indispen- sables si llon ne voulait pas que les Africains contaminent Ies colonl.sateurs avec la malaria, de plus lls prÊtendaient que les Afrlcalns et les Europêens ne devaient plus habiter dans le mêmesecteur parce que c"ux-cl ne pouvalent plus sup- porter les bruits, les odeurs etc... de ceux-IâZ. Le caractô- rrscientl,flquen te de ces deux experÈl.ses ntenlevalt rlen â llessence racl.ste du plan rdrassainissementn; Ia sctence ve- nait servir de support au rac1smE. En 1911,560 000 M furent accordÉs au budget de la colonle pour rrlrassalnissementn de la ville de Douala; lrexproprlatlon et la sËgrêgatLon raciale pouvaient dès Iors II "orr"n"""3. apparait Ëvident que lrexêcutlon drun tel projet ne pouvait avoir lieu sans rencontrer droppositlon au sein de la popula- tion dualao

1 rbld. p. 3Jo?. 2 Ibid. p. 3306 : Gutachten des Reglerungsarzte3 Prof. 0r. Zlenann (28.5.1910); p. 3320 : Gutachtén tibe; die Notuendiqkelt der Verlegung der Eingeboren, von 0r. Ph. Kuhn (3f.tZ.tgt2J. 3 tuio./ p. 33os. -285-

Lropposition storganisa três tôt; Ies Duala clonnèrent Les pleins pouvoirs â Ouala lrrangapour dêf endre r.eurs int,erêts. Le 30 novembre 1gi1, Duala lrlanga,au nom des autres chefs dua_ la, expÉdia un tÉlêgramme au Reichstag pour lrinformer que lrexpropriation signiflalt une menacedirecte pour rrexisten- ce même peuple du duala. Entre le g mars 1912 et Le 23 décem- bre 1915, les par I Ouala, I intermédiaire de Duala lrlanga 0"" avocats allemands "l Flemming et HaIpert, adressèrent 11 p,etttions et plaintes â Iradministrat,ion locale et aux autoritÉs de Ber_ I ln. Le I mars 1912 les chefs duala envoyêrent une premiêre p,e_ tition au Reichstag pour protester contre le plan drexpropria_ tion et de la sÊgrêgation1. rls refusaient tout aussi bien cre vendre leurs que terres de se laisser expropriet. La raison de leur refus É'ait surtout drordre Êconomique3 re commerce internêdiaire leur ayant êgalernent,êtÉ interdit dans la rê9ion de Ia Sanaga en iB95 par lradministration, il.s se tournèrent vers la pêche et Iragriculture; en les êloignant des bords du fleuve, on leur enlevaiÈ toute chance de survie Ëconomique. 0ans les autres pêtitions et plaintes qul suivirent, les Dua- la srefforcêren! drêiayer une argumentation soride. rr impor- te icl de mettre en relief les principaux arguments sur les- quers arrar't sYartlcurer rropposition de ouala |'langa et oe son peuple. premier ,etait Le argument contre lrexpropriation dtordre 0e Juridique. toute êvidence, lrexpropriatlon reprresentait une violation du traitÊ du 12 Juitret 1gg4. Les chefs duala nravaient transfêr'e reur souveratnetË aux firmes arremandes qurâ des con- ditlons bien prËcises, notammentcell.e du droit à la propriË- t'e sur les terres qurils curtivaient et sur resquerres se trou- valent leurs villag""2. C"tt," clause du traitÉ retirait aux

1 rbld. F. 33og. 2 Artl"l" nthat J du trait,e : the land cultlvated by nou. and us the places, the tor,rns are built on 3hall be property or the o!,ners and thelr succesgorsrr. -286-

colonlsatEur3 lé drolt draccaparer les terres das Ouala. Csux- c1 rappelêrent donc eu pouvoir colonlal qurll Êtalt an treln de fouler aux pleds le traitê de protectorat. Les Duala protestalent contre Ia polltlquc da sÊgrÉgatlon raciale. Ils estrmart qurune sêparatl0n absolue entre t{olr et Blanc Êtalt utopique dans la mesure où 1l êtait lmposslble au Blanc de sren sortir sous les tropiques sans la nain droluvre du Nol.r. Ils considÉraient à Juste titre qurtl.êtaIt possible de laisser Europêens et Africains r.es uns â côtÉ des aùtres, auquel cas nllassainissementlr serait acceptable pour eux. rlg cltaient en exemple Lagos oû Anglais et Africatns vlvaient en bonne communautÉl. Ils Jugeaient que Ia s,egrêgation êtalt lnop- portune et lrrÉallsable. Même sI lrexproprlatlon pouvalt être acceptÊa Dar les Dua- la, son Êtendue les en auralt empÊchês;autrenrent dlt, Ia su_ perficie â exproprier Ét,alt sans rapport avec r.e nombre drEu- ropÊens. Lladmlnistration nravalt pas besoin de 900 ha pour tout au ptus 400 Europêens2, Enfinr la zone (Neu-Berl) où rradmrnrstratron vourart rns- tarler la population expropriÊe ne rêpondart pas aux condrtionc hygiéniques requises; elre Ëtalt en grancte partre rnsalubre3. Les Duala argumentaient contre lrexpropriatlon et la sre- gr'egation raclale tout en recourant â ta rêsistance passl,ve (passiver ùJiderstand). crest ainsi que, rorsque rfadmlnistra- tion leur demandâlt de donner un prlx pour leurs parcelles, et dten choisir de nouvelres à Neu-Bell, rrs refusaient de far- re Lrun et Irautre4. Le 4 ao0t t91J, Dual.a Ftangafut destitu,e pour'Ia durÉe de l.expropriation et du dÉplacement de la popu-

_ -1-R"i"hstagsverhandlungen,19i4, Anlagen, Akenstûckl5?61 P.3350. 2 lulo, p. JJsi 3 rbld, 4 tUto. p. 3Z?S-JZIÊ. -28?-

Iation.l les autoritÊs locales ayant refusé aux Duala la pos- sioilitê dtenvoyer une délêgatlon de 4 personnes dËfendre Ieur cause en Allemagne, lls flrent crandestinernent partlr Ngoso oin pour lnforner lravocat Halpert. Lorsque Ngoso 0in arriva le 9 février 1914 â Hanbourg, iI fut arrêtê par la police et ne fut relâchê que Ie lendemain.2 A aucun momentlradmlnlstration locale et les autoritês coloniales de Berrin ne voulurent faire de concessions à Dua- Ia ttlangaet aux Duala. Leur volont'e d | éx,ecuter Ie plan d I ex_ propriatlon et de sêgrêgation resta inflexible, bien que dans les rangs des colonisateurs les misslonnaires et les coflmer- çants aient exprlmê de sÉrieuses rêserves â rrêgard de ce pran,3 Les commerçantsse demandaient st ils pouvaient encore avoir rles travailreurs africains; res missionnaires êtaient inquiets pout leurs parolsses qui se trouvaient dans la zone à expro- prier. Hansen, anclen supplêant au gouverneur au Cameroun,es_ rt6tassainissementrr 'pas timait que le pla6 de pouala nrÉtait mûr et avait besoin drune êraboration approfondie.4 un mêdecin qui avait osê mettre en doute la raison rsanitairen de Itex- propriatlon fut tout sinplement r"nuoyê.5 Ains1, Itautoritê coroniale ne toréra nl na prit en considÉration res critlques des europÊens. De même, elle ne voulut jamais tenir compte des arguments prÊsentês par les Ouala. Au cours de toutes les nêgociations avec les reprêsentants duarar la position de lradmlnlstration ne bougea pas dlun iota. Elle eut recours â des mrethodespar_ faitement llIê9ales pour brlser lropposltion des Duala; dans la matlnÉe du 15 Janvier 191Jr 0uala Ftangaenvoya un tÉlêgran> me au ReLchstag, ll fut salsl par lradrninistratton et dans ll

1 Ibld. p.J3o2. 2 roto. p.3294. 3rbid. p.32?6. 4 Ibld. p.J3s6. 5 Rrdin, Ho 3 opo c1t. p.41i. -258-

aprâs-nldl _ la dÉclslon drexpropr!.atlon fut prlse.l Lradnl- nistration partlr ne flt le tél.egrammequa Ie 20 Janvlesl le faiÈ qutelle alt retenu ce tËlêgrammeprouve surtout qurslle ne voulalt pas que Ie Reichstag soit lnformÉ que les travaux dtexpropriatlon avançaient sans une dêcrsion offlciellê. En- tre dêcenbrE 1913 et Janvier 1914 cette dÊcislon drexproprla- tion fut mise en appllcation sur le plateau de Joss. Le Relchstag auquel les 0uala flrent appel â pluslcurs reprises confia lraffalDe â la commission des pËtltlOns out d'ebattit sur les plalntes des Ouala et qul recoBmandalr Z? qutelles Juln 1913 soient soumises à ra considÉratlon du chan- celier. Sans annurer ra décisidn drexpropriation, ra comnrs- sion se montra pourtant plus souple que ltadminlstration Io_ caLe et tE sêcrÉtaire drÉtat aux colonies, or.Sorf. son avrs que êtalt la procêdure drexproprlation devalt être mlse en oeuv!e avec tous les mênagementspossibles (rein môglichst schonendes und mlldes Vorgehenrr), quril ne fallalt pas lÉsi_ ner sur Ies moyens pour le d'edommagernentde la populatlon et quril fallalt veiller â ce que res conditions sanrtaires sorent remplles 'tvllre dans ra africainer.2 Les actions de lradminis- tration ne furent pas conformes â ces Deoonnandatlons du Relchs- tag. Depuis trois ans, les autoritês du cameroun avaient rn- terdit aux Ouala dreffectuer tout travall de rêparatlon sur Ieurs maisons, ce qui fait qurils êtaient, exposËs aux lnten- pËries ( rart en-contradictlon avEc le but avouÊ de nlrassai- nissementn qut Ëtait de crêer des condr.tions sanitaires accep- taules). CerÈalnes personnes qui sropposaient aux mesures dt exproprlation Ëtalent emprisonn'esou punles dramendes.3 ce nl est donc quravec beaucoupde brutalitês que lradmrnistratron appliquait Ia dÉcislon drexpropriation at de s,egrê9atlon. En pal 1914, le 0r. SoIf eut lroccaslon de dêfendre Ia

1 . -- Verhandlungendes Relchstags, 1912-1g14,Ânlagenl Akten- stûck 15?6, p.33ig. 2 tuia. p.JJ33. 3 Verhandl.ungendes Relchstags1914, St. ger. p.g?g1. -28S-

politique de lradministration devant le Relchstag. Dans son nËmorandum,il consacra totrs ses efforts au dlscrÉdit de Ia position des 0uala et de Iravocat social-d,emocrate Halpert. et pr'etendit avoir Saison sur tous les points sauf sur ce- lul de la salsie du têlêgramme. Au cours de ces dêbats, le 9 mai 1914, un tÊlêgramme arrivà du Cameroun, envoyê pa! Ie gou- verneur Ebermaier. A en croire ce têIêgramme, il y avait au Camerounun risque de soul.èvementdont IrlnstiQateur ne serait autre que 0uala Flanga;celui-ci chercherait â amener Les peu_ ples de ItintÊrieur â se joindre il lui dans son opposition aux allemands.l Le but recherch6 par ce t,elregrammeêtait de gagner le Reichsiag â Ia poLitiquB raciste drexpropriation et en mêmetemps de se d'ebarrasser de Duala Mangaen Itaccu- sant de haute trahison en faveur des anglals. Il est vrai que Ouala Oanga chercha â prendre contact avec le roi NJoya de Bamumpour le gagner â ta lutte antlcolonialiste. Après avoir reçu Le messagede-0uala Manga, Njoya Ëcrivlt une lettre â lr administrateur allemand de Kuti (â proxlmitÉ dE Foumban)pour lllnformer de cette dÉmarche.z Le point 4 de la r'esolution prlse par la commission du budget du Reichstag recommandait dE sropposer avec fermetê à llagitatlon au Cameroun : lYlit allem Nachdruck in KamerunJeder Agitatlon gegen die von der Regierung und Reichstag endgûl{i9 beschioésene Enteignung entgegengetreten uird, sàbald-Oiese Agitation Formen annimmt, durch urelche die-politische Ruhe gefâhr- det uird. 3) cette recommandatlon de la comnisslon du budget fut approur/ee par lrassemblÉe au cours de ra sËance du 13 mai 1914. Au cours du mêmernols de mal, Ouala Ftangafut arrêtÉ et accusÉ d€ hau- te trahison. Ngoso 0ln fut Également arrÊtÊ et renvoyê au Ca- fielouno Le ? aoOt i914 les deux hommesfurent jug,es, Reconnus

1 Verhandlungen des Reichstags 19i4, St. .Bero p.g?84. 2 Bf,,o,8.2.41,i9i4, N.2iZ(copte de Ia lettre de Njoya);cfo Verhandlungendes Reichstags 19i4, St. Ber. p.ggl6. 3 Verhandlungen des Reichstags 1g14, St. Berr pog??6. -2S0-

coupables ds haute trahlson et exÊcutËs te g aoOt par pcn_ da Ison1 . r Ce crl.me prow6 que I lnpÉrlal lsme colonlal rllernand a- val.t en fsce de lu1 des hommesbien dÉcldÉs â lul arracher ltÉmanclpation politlque du peuple colonlsÉ. En effet, ce crime grandit la personnalltê de Duala Manga. Il sut srlrnpo- ser en vÊritable leader de la communautÉduala dans la lutte contra la spollatlon du patrlmoine ancestral. Il est lnpor_ tant de souligner que dans une situation de conflit avec Iroc_ cupant Ëtranger, lrethnle duala surmonts parfaitement ses d1- visions lnternes pour se prêsenter en un front unl, contre re colonisateur. En stappuyant sur des arguments valablesr Dua- la Manga sropposa de toute son Ënergle au pran trdrassalnrssa- mentrt de Oouala basÉ sur des prlncipes raclstes commeceux en vigueur en Afrique de Sud (Apartheld). AppelÊ â cholslr entre sa posltlon de nfoncttonnalreÉ ds lladministration colonl.al.Eavec les avantages financiers qul y êtaient attachÊs, et celle iJe reprËsentant des lntÉrÊtg oe son peuple,0uala manganrhÊslta pas et opta pour la deuxlè- me ËventuaLttê. Ce noble choix drÊtre le vêrltable représer tant de son peuple lui valut drêtre dest,ltu,e provlsolrement le 4 ao0t 1913. Le dÉput,esocial-dËmocrate IrelIs souligna â titre, Juste au cours de la sêance du 12 mai 1914, lrengage_ ment patriotlque, le natlonalisme de Ouala Flanga : lJenn die Regierung..denOuala Fiangavor dle Fraga gestellt hat, ob er seinen !Jiderstand 9e9én die entefônJÀg=""rg"_ ben und dafûr seine GeldbezUgé6ehalten ,ofiËr-uio-r"nn er sich dafûr entsch^iedenhair,auf seine GeIséinnafrÀen, auf selne lJûrde als Oberhâuptilng und als Beamter der Reglerung zu verzichten, so hat ér damit doch nui gehandelt., rrrieuir es von einem uahren patrioten zu"à for- oern geuohnt sind.0ie Regierung sollte stolz daràuf seln dort unten Eingeborene zu haben, die ihr n"ir.["ô"iùnf und die Liebe iu ihrem Uolke so lebhaft Uetatfqei.'ii-

1 BIIA, E. 2. â1 11914, I{. 1lg Rudln, H. : op. clt. p. 41Jo 2 Verhandlungen des Reichstags i914, St. Ber. p. 8?83. -2 91-

tlrebeJ-lerl Ce qui fait de OuaIa lvtangaun , un rragitateurrl (Aufrrriegler) - pour rtadministratlon coloniale - et un combat- tant dtavant-garde de la luttE de libêration nationale -pour nous-, clest quril chercha â Étarglr le front uni que constitualt 1e peuple duala face aux colonisateurso Ses con- tacts avec les chefs de Itint'erieur et notammentavec Le roi Njoya rËvèle une prise de conscience de la n'ecessitê de com- battre lrimpêrialisme colonial en bloc cohêrent. Il srÉt,ait rendu compte que les peuples colonis'es ne pouvaient changer quoi quE ce soit â leur situation, srils se prêsentaient oe- vant le colonisateur en ordre dispersê. Au momentcruclalrDua- Ia ftlangasut transcender les antagonismes de groupes pour a- mener le colonlsateur â faire cesser Ie viol des populations colon isêes. Le passage de la collaboration â Itoppositlon traduisait lrengagenent du chef pour le bien de son peuple; un tel chan- gement dtattitude, mêmesril. ne repôêsentait pas nêcessaire- ment un changementradical de camp, rÉvêIait une prise de con_ science de ses responsabilités vIs-â-vis de son peuple. Lren- gagementde Duala wlanganous aura montrê que la collaboration Êtalt en interaction avec Iloppositlon et que Ie passage de l.rune â lrautre d'ependait de la volontê du chef de prendre sur lui les cons'equencesquelles qutelles fussent. Tous Ies chefs nragissaient pas commeIe f tt Ouala trlanga.En 190?, ll y eut un attentat nranquêcontre Charles Atangana; il tui Êtait re- prochÉ de coll.âborer trop étroitement avec Ies autorités colo- nlales.l Les chefs responsables de cet att,entat furent con- damnÉsâ mort pour haute trahison et tentatlve drempoisonne- nent; deux autres chefs furent condamnêsà 5 ans de prison avec mise aux fers. En sren prenant â un chef considÉrê com- ne un trop grand support du rÉgime colonLal., ces chefs slat- taquaient au r'egime même.

1 org l9o?, p.624. -292--

Il faut encore soullgner que ce rêglnra colonlgl, de par sa nâturê oppr€ssive, pouvalt ne en fin de compte quê favorl_ ser la nalssance drune oppositon ouverte ou disslnulêeo Les quelques formeg dropposltlon que nous avons tentÊ dl analyser demeuralent gomme toute dans Ie cadre du systême co_ loniar, autrement dit, elres ne remettarent pas encore radr_ calement en questlon ce systême, en ce sens qurelles ne vl_ saient pas le dêpart des colonisateurs, mais portaient en el_ J.es llespoir drune certalne enÈente avec les autorltÉs colo- nlales. Elles ne signifiaient pas la rupture dravec lrattitu- cle corlaborationniste. Err.es constituarent pourtant un fait positif dans Ia mesure où elles poursulvaient toutes le nême obJectif, a' savoir rrarnêrloration du sort des coronlsÉs. El- Ies cherchaient â desserrer lrêtau oppresslf dans lequel se trouvait populationo Ia En derniêre analyse, elles peuvent sans doute être considÊrreescomme dfautres formes de colla_ boration, car elles articulaient La volontre des chefs de rre- concilier Ia population avec.le systême colonial. Une telle concrusion doit cependant être nuancêe en ce qu1 concerne Dua- Ia Manga, vu que ses efforts dtassocler drautres peuples â son opposition reprtesentàient â plus ou moins long terme le meilleur moyen pour Êbranler le système colonial. -2 93-

CONCLUS ION

A la fin deJ décennies de colonisatlon allemande au Cameloun, iI convient , pour conclure, de faire quetques remarques rê- capltulatives sur la situatlon particulière des chefs Locaux. Le survol de la pêriode pbËcolonlale nous aura montrÊ une diversitÉ de formes socio-politiques dans le Sud-Cameroun. Les. chefs y jouaient gênÉralement un 16le de premier plan du point de vue politique, économique et cultureL, bien que ce rôle pulsse Être relativisË drune rê9ion â lrautre. A cette position relativement prÉdominante êtaient attachés des pri- vilèges. Nous avons suffisamment fait ressortir le fait que, si leur pouvoir Était dans certains cas considËrable , il sragissait rarement dlun pouvoir absolu, ce pouvoir Était Ia plupart du temps partag'e avec certaines lnstitutions teLles Ie conseil des anciens et drautres sociêtÉs coutumières. II importe de faire remarquer que cett,e soci'etê prêcoloniale ne constituait pas un monde exemplaire; en dlautres termes, la stratlfication sociale.-à ses dêbuts dans certaiîes comfiunau- tês commecell.e des Fang- permettâlt dlavolr drune part oes couches prlvtlËgi'ees et drautre part des couches non-priv11ê- 9iêes. On peut alors parler dtune structure sociale favorisant la dominatlon drune minoritË sur une majoritê. Cette exist"nss -parfois non encore prononcêe- de rapports entre privilÉglês et non-privifÉgiÉs a sans doute semblê idea- le au système colonial qui pouvait ainsi se rattacher â des systèmes politiques non d'epourvusdloppresslon. Ceci stavêrait surtout pour les ensembles politiques du Grasland (SaIi et Ba- mum). Oans ces ensembles, llorganisation correspondait plus ou noins aux notmes du colonisateur, clest-â-dire que Irauto- ritÉ principale ÉÈait dÉtenue par une personnalitË forte qul avait un pouvoir relativement autocrat,ique. Une telle organi- sation polltique laissait en quel.que sorte entrevolr comment allalt srorlenter lllnterventlon du colonlsateur dans Ies sys- -294-

place. nmonarchrquesr t,èmes en Entre les systèmes et las sys- ndêmocratiquestrl têmes le choix du colontsateur slla lnraredta_ tement aux prenlers. Il y eut une restructuratlon des systê- mes politlques dans le sens des rÉgrnes monarchiquesl crest- â-dlre que le colonlsateur tenta dans la nesure du posstble de regrouper les communautÊsde type dêmocratique en des en_ sembles plus grands placês sous lrautorltË de chefs au pouvolr Ëgalement Élargi. Le colonlsateur crêa ainsl un chef 3up$st_ eur eurondo,chose que les habitants ignoralent auparavant. Un politlque cosenble ayant un pouvoir centrallsê conme le pays ball, vit son territoire consld,erablement agrandlS dec chefs autrefols autonones furent pracÉs sous l.autoritÊ du chef balir cErui-ci srÉtant montrÉ partrcurrêrement fEvorable à ltordre coloniaJ.. fvlalgrË cette tendance â favorr.ser les systêmes polr.trques de type autoritalre, Itattitude du pouvorr coroniar varia pa3- fols selon Les n'ecessitËs du,noment. Alnsl, les chefs placÉs sous lrautorit6 du chef bari'en furent retlrÊs lorsque les re- lations rautorrt'e entre ce dernier et l coroniale se d'etËrtorê- rent. Dès lors, crêtait la mise en oeuvre de la polltlque du rtdivLde et imperan. Celle-cl fut appllquÉe dês le dÉbut aux Itlute qui tenaient â dêfendre leur souveraineté. A la base dE ces diverses interventions du colonisateur une seule mot,Iva_ tion fondamentale : adapter les systèmes politlques â ses pre- pres desselns drexploitation et de domination. Au cours de la pêrrode drimprantation du pouvolr colonrar, le sort des chefs fut dêtermin'e par leur volontê de se soumet_ tre ou de contl'nuer â staffirmer dans res frontières de leur terrltoire et â OÉfendre leur souverainetË. Ceux qui accep_ taient liordre colonlar sans faire trop de drfficultÊs Êtaient gênêral.ement blen vus et soutenus par lrautoritË coroniale. Par contre, ceux qui voulaient dtune maniêre ou drune autre entraver llimplantation colonlale furent parfois systêmatl_ quement supprimÉs (surtout au dêbut). par la sulte ils ,etaient -2 95-

dÉportês, emprisonnês ou tout slmplement destit,uËs. Après Ies avoir mis â ltËcart drune façon ou drune autre, lradministra- tion les remplaçait par des personnalitËs plus facil.es à ma- nipuler. I{êmesi les nouveaux chefs placÉs par }e pouvoir co- lonial Étaient gên'eralement issus de la famille des anciens dirigeants, il leur manqualtdn critêre important de dêfinition de leur position et ce critère Était celui de la Iêgitlmitê" , La situation coloniale impliquait pour les.anciens dêten_ teurs de lrautorit'e au sein de la population colonlsêe une grande dÉpendancevis-â-vis de lroccupant. Leur autorttê fut entam'eede façon dÉcislve. Drune part, après la perte de leur souverainetÉ, lradministration se substituait â eux dans La conduite des affaires. rls perdalent par consêquent re pouvoir de dêcision et nombres de leurs privilèges. Drautre part, les changementssociaux, êconomlqueset curturers ne contribuaient pas nêcessairement â renforcer leur position. Les chefs devinrent un organe subalterne du pouvoir colo_ nial. !srrr' lntégration dans lradministration apportait un changementconsidÉrable dans reur situation.0'esormais irs ne reprêsentaient plus uniquement Ieur peuple, mais aussi le pou- voir colonialr ils devaient, jouer Ie rôIe de double reprÉsen- tant. Ils symbolisaient Iradministration aux yeux de Ia popu- lation et pour lradmlnistratlon ils reprÊsentaient la popula- tion autochtone. Tout au long de notrè travail, nous avons largement atttr'e ltattention sur re caractère conflictuel de ce rôle dlintermËdialres. Il sufflsait en effet quriLs refu- sent, par solidaritË pour leurs sujets de satlsfaire les exi_ gences de lladministration pour subir ses reprêsailles, ou que dans Ieur rôlD de rêpr'esentants de lradministration, lls per- dent de vue les intÉrêts de leurs suJets pour que ceux-cl se sentenÈ trahis. Un autre changernentlmportant sur lequel ll convlent dl lnsister est rrisorement du chef au sein des instltutions go- lltrquer tradltlonnerleso Avant son lnt6gratlon dans rradnri- -296-

nlstratlon rr y avait tout un nËcanl.srncde contrôle de ion pouvoir; falsalent sans doute partle de ca mÊcanirmede con- trôle les drverses organlsatlons, sociËtÊs secrêtes ct rec consells des ancLens. Tous ces êlêments oervaient de gardc_ fous au chef. Lradminlstratlon Ignora totalement Irlnstltu_ tion du consell des anclens dans lrutlllsatlon de lrorganlsa_ tion politique des peuples colonlsês.Oul plus est, les sociË_ tÊs secrêtes furent rittÉrarement poursulvies -surtout par rcs mlsslonnalr€s- pârcE qurelles êtaient consldÉrËes cohme obs_ tacle â Ia rmlssion civilisatricerr, crest_â_dire commeobsta_ cle à rrariËnation. peut 0n parler drune dissociatlon du chef des lnstitutions avec lesquelles iI coopêralt et qul en arême temps le contrôlaient.0n assiste dês lors â une grande lndl_ viduarisatlon du pouvol.r des anciens dlrigeanÈs autochtones. Nous avons parlÉ plus haut de la lÊgitlmit'e; ff faut sou_ llgner â ce propos quren situatlon coloniafe, 'etait la l,egttiottÊ pour la plus part des chefs quel.que chose de beaucoup noins important que le dÉvouèmentâ lradministratlon. Alnsl, les chefs êtaient parfois imposÉs dren haut sans le consensus de la base, crest-â-dire de la populatlon quflls Êtaient cen_ sês reprêsenter. Ils avalent besoin drêtre reconnus par Irad_ minlstration. La l'egitimitê êtalt drautant plus inexistante que des chefs Étaient la crêation mÊmedu pouvoir col.onlal.i Dans cette perspective iI faut cependant constater que, même sl les anciennes compêtencesfurent consldÉrabrement rêdurtes, Ie pouvoir colonlal procÉda â un affermlssement de leur posi_ tion, affermissement tout â fait artiflciel dans ra mesure où ils devenaient dÉpendants de Iroccupant Étranger et ne pou_ vaient parfois exercer reur pouvoir renforcê sans son soutieno

1..Lr.drinl"trat,eur yves ItLes_chefs des colonles Nlcol Écrlt â ce su_ Jet: supêrieurs nous doivent r"ur iriuiiioi.-ir= vent que leur autoritË esÈ fonction de ra confiance et o"-rrii_""_ au.ri f:.i :i:":"y: ::yl^prêrons: nor"-sont_rls rrès dÉvouÊs. Les chefs de vilrage, mieuxsurveiiiê", n,isÀoreni-0".-i""i'irr, que nous nrhÊsirerÀné ] p". à l;;;;;;i;"er si par mauvaisvoutorr il.s conrrecarraienr ?y-p-":irs ::!l_i ". norre acrton civili="tiiJri'. se montrenr, ;;;iir;;;;;l i"^";iJ:":;il:;t, et intelligents.r'"r."n "on.Èqr";;;-;;; _loyaux lri"Àiri.lr_" tribu^vs vs-des odKuKotBakoko Paris 1g29, p.12g. -297-

Les chefs furent dêgraclês en agents subalternes de. lrad- ninlstration coloniale qui, parce qurelle ne pouvait pas em- ployer partout des fonctionnaires europêens, leur concËda des fonctions. Leur posit,ion intermêdialre parut id'eale â Iroccu- pant colonlal pour mieux faire prévaloir sas optlons polltiques,, êconomiqueset culturelles aûprès de la population. II est n'ecessaire de souligner que la plupart de Ieurs fon,ctions êtaient nouvelles, notammentLe recrutement de la main-dloeuvte, la mise en place dlune lnfrastructure routi- ère et dans une certalne mesureIa perceptlon de llimpôt. Ces nouvelles fonctions furent certainement de celles qui rendi- rent les chefs irirpopulaires aux yeux des colonisês, car par leur bials, lradministratlon exerçait sur les chefs une pres- sion qui êtait ensuite rêpercutêe sur les suJets. Ceux-ci nr étaient enthousiasmês outre mesure ni pour aller travailler dans les plantations ni pour sracquitter des charges fisca- leg. En drautres termes, en faisant exêcuter ces tâches peu ou pas acceptées, Ies chefs slaliênaient les populations qur lIs représentaient en princlpe, cecl drautant plus qurlls faisalent parfois appel â lradministration pour obtenir dr, elles les services souhaités par Ie pouvoir. Force est de reconnaitre que la collaboration des chefs fut indispensable au pouvoir colonial, iI Êtait en effet ior- possible à ce dernier de faire triompher ses objectifs sans passe! pôr €uxo Les.chefs devinrent pour ainsi dire lrune des chevilles-ouvrières de lradministration, un vêritable support de lrlrnpÉrlalisme colonial. Il fallait pour assujettlr et con- trôler la population passer pâ! EUXo Ls collcboration'etait drautant plrts facilltÉe que les intêrêts des chefs se trouval.enÈ dËsormais li'es â ceux du co- Ionisateur. Nous avons tout au long de notre travail tent'e de rêpondre â laquestlon sulvante: â qui profltait cette col- lsboratlon ? 0e notre analyse iI ressort quren premier lieu elle servalt les lnt'erêts du pouvoir colonial, que les chefs -2 98-

recueIIl6lent iu passage quelques niettes et quren dÊflirltt- ve le peuple demeuralt le grand perdant; droù Irimposslblll- tË de donner au tertne collaboration une acceptlon positlvro Nous avons mis â Jour le caractêre êminemmentlucratif des fonctions Judlclaires et flscales; la colluston entre re pou- voir colonial et les chefs'etait indêntable. En plus du falt quE tetatt cette corraboratlon êmalllÉe drabus coonis contre la populatron, erle raissalt apparaltre que les corlaboratrurs, tant qurils ne voyaient pas de posslbllltË de rËtabl-ir lror- dre dtantan, contribualent â La survie du systôme colonlal tout en se servant de leurs fonctions commede vÉritables prre_ bendes.

La collaboratlon nrÉtalt pourtant pas acqulse une fols pout toutes. Oes évÊnementsgraves pouvalent falre prendre conscience aux chefs de leurs responsablritËs vis-à-vis de la population, Ies faire basculer drun camp dans Irautre, de la collabolation servile â Itopposition. Ceci slgnifie que mâl- grË lradaptatlon des chefsr'ils ont tout de nême contlnuê d rcr sentir la colonisatlon comnE une donlnatlon êtrangêre et nl ont falt que slen accommoder. Au cours de la domination coloniale allemande, on peut parler dlune êvolution dans le trait,ement des chefs, Évolu_ tlon due certalnement au fait que rradminlstration (en haut lieu du moins), stêtalt rendu compte de Ia nêcessité €bsolue cle se servLr des anciens dirigeants. Jusquren 1g0? approxima- tivement (arrlùêe de Dernburg â la tête du minlstêre de coro- nies), des mauvais traitements furent infJ.tgês aux chefs sans que le gouverneur cherchât â sry opposer. CommeDernburg prt- ttpolitique nait une indlgêner plus rhumainerr et souhaitait que le colonisË soit utilis'e de façon plus efflcienter lrad_ minrstration du camerounchercha â prteserver lrinstrument oe poJ.itique sa en protËgeant les chefs des sêvlces que subis_ sElent les autres colonlsês. Crôst atnsi que lrusage du fouat contre les chefs fut restreint et qurils ne pouvaient plur -? 99-

être destituês sans le consentiment du gouverneur. Ceci nrem- pêchait tout de mêmepas que tout chef gênant soit mis hors drÉtat de nuire drune façon ou drune autre et soit remplacË par un êl'ement plus trloyalrt. En fin de compte, Ie mecanisme de collaboration pouvait être reconstruit sans grandes diffi- cultês, le pouvoir colonial jbuant surtout sur les rivalitÉs éxistant entre Les dlffêrents prÉtendants â Ia dignitê oe chef. Oe mêmequrun chef pris individuellement .était rempla- çable à volonté de mêmetoute la cat'egorie de chefs pouvait se voir êcartÊe de toute partlcipation â lradministration au profit drun autre groupe de collaborateurs, le remplacement de la catégorie des chefs commecollaborateurs nlaura cepen- dant pas lieu pendant Ia p'eriode coloniale allenande. Jusqul en 1914, les chefs, transformês en agents (sans statut ni droits vÉritables) du pouvoir coLonlal, furent associês â ll oeuvre de domination et drexploitationi iIs demeurèrent une catÊgorie sociale relativement privilêgIËe. Hier en situation coloniale les facteurs collaboration- nistes locaux jouêrent, un rô1e dêterminant dans Ie processus de dominatlon des peuples colonis'es. FormelIement, le systè- me colonlal prend fin avec llindépendance de ltancienne colo- nie. Eela signifie-t-iI pour autant la fin de Ia prêpond'eran- ce politique et êconomique de Irancien colonisateur ? Le nÉo- colonialisme repr'esente une forme de domination sans souveral- 'economiques. netê due avant tout aux rapports Il conuient de se demander si aujourdrhui, en situation nËo-coloniale les mê- mes facteurs collaborationnlstes ne sont pas en oeuvre, tant 1I est vrai que Ir'epoque coloniale ne devrait pas Être consi- dÉrêe commerËvolue et sans incidences sur Les structures ac- tuelles ds lranciennE colonle. -300-

Annexeno 1.

Tratt'e de protectorat du 12 Juillet.lBB4o

Nous soussign'es, rois et chefs du territoire nommËCa_ neroun, situê le long du fleuve Cameroun,entrç les fleuves Bimbia au nord et Kruàkuraau sud, et Jusqrlr.u aofôi-O"srà de,longitude nord, avons aujourdrhui, au cours drune âssam_ blee t,enue en la factorerie allemande sur le rivagè du roi Akua, volontairement dêcidÉ que: Nous abandonnonstotalement aujourdrhui nos droits con_ cernant Ia souverainetê, Ia lêqislàtion et lradmlnistration cte notre territoire â mtyl.toouid Schmldt, compte de la firme C.-trloermann,et JohanÀes"1i..ànf-;;;;-i" VoB, po.ur le compte de la firme Jantzen et Thormâhlen."9i"..ni fous Jeux a Hambourg, et commerçantdepuis des annêes dans ces fleuveso Nous avons transféré nos droits de souverainetê, gislation O- i,e_-- et-dradministration de notre territoire ar]x firmes sus-mentionnËêsavec les rêserve" iriu"nt".: 1. Le territoire ne peut être cêAt: à une tierce personn€o 2. tous les traitês dramitiê et de commercequi;";-atà-- conclus avec drautres Gouvernementsêtrangers doiveni pleinement valables. ""st"r 3. Les terres cultiv'ees par nous, et les emplacementssur se trouvent .1,:"-ay:l: des_vtliages, O6ivent rester la propriê- Ee oes possesseurs âctuels et de leurs descendants. pêages ,- _1:_t". doivent être payÉs ànnuellement, commepar re passe, aux rois et aux chefs. 5. Pendant les premiers temps de lrêtablissement dtune ici, :9ii"i:!1.!lon nos coutumes locales et nos usages doi- venE etre respectês. cametoun,t" sis. Ed.rrloermann, !ir:"llîtol3lo. I emo]'ns : 0. Busch, Sig.Oavid Fteatom, Endene Akua, Joh. Vo0, Ed. Schmidt, King BelI, Coffee Angua, Joé Garner Akua, John Angua, Big Jim Akua, lt'langa Ak!,a , ÙJiIIiam Akrrra, Scott Jost, Jim Joss, Lorten Aku,a, lYlatt JoEs, Ned Akrrla, David Joss, Jacco Esqre, London BeIl, Barrou peter, Elame Jossr Lookingglas gelI.

Source 3 Brutsch, J.Ro 3 Les traltês camerounalsl p.J6-3?. -30 1-

Annexe no zL

01rectèurs du OÊpartenent Colonlal au lllnlstêrc des Affalres Etrangères et Secrétalies drEtat eux , Colonies.

Dr. Frledrich Rlchard Krauel, svrll 1g90 - Juln 1g90. 0r. Paul Kayser, Juillet 1g9O- octobre 1896. Dr.0su,ald Frelherr von Richthofen, octobre lgg6 _ mars 1g9g. 0r. Gerhard von Buchka, mara 1g9g - Juin 1900. 0r. Oscar trJllhelm Stûbel, Juln 1900 - nouembre 190S. Prlnce Hêrit,Ier Èrnst zu Hohenlohe-Langeaburg, noven- bre 1905 - septembre 1906. Bernhard Oernburg, septenbre 1906 _ mal 190?; SecrË_ taire drEtat de mal i90? â Juln 1910. Dr. , Secrêtaire dtEtat, Juin 1910 - novembre 19l I . 0r. ly'ilhelm Heinrich Solf, Secrétalre drEtat, d'ecenbre 'l 91I - dêcembre 1916.

Les gouverneurs du Cameroun.

Julius von Soden, rnai 1gg5 - f,evrler 1ggl. Eugen von Zimmerer, avril iggi - août 1g95. puttkamer., Jesco von aoot 1995 - mat 190?. Dr. Theodor Seitz, mal 190? - aoot tg1O. 0r.otto Gleim, aoot 19.10- janvier 19i2. Ebermaier, Janvler 1912 _ 191S. .Karl

Source: Stoecker, H. (êd.), Kamerun!, p.Zg?. -302-

Annexe no 3. -J03-

Source: Charleg Atangana: Une Étude sur la chefferle. -304-. Annexe n04 Source 3 Franz Hutter ! ldanderungen und Forschungen.

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P -Jôs- Annexe no 5. Source: Uue TLnm : Oeutsche Kolonlen.

Kônig ^ Njoya von Bamun in Offiziersuniform cAM 6ROUN ara.rryt Ag44

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O ie tco krn lrl -30?-

INDEX

AKlrJA,King:12,55, 56, SB,60,61, 62, 64, 66, 67, 7?, .lg1 80, 90, 96, 104, 169, 1?1, 1?9, 249, 252t 281. AKUJA,îlanga 3 96, 104I i0S. AKlrJA,ttlpondo : 249, ZSO, 261t ALEXANDRE/8INET: 26. ARDENER,Edrrrin:29. ARDENER,Shirley : 91. ATANGANA,Charles | 24r 1261 163, 18?r 1ïgr ZO4r 21Br 24Z, 243, 2?2) 2?3, 2?4. 291. '3 AUTHENRIETH,Fr. 99, 1J1. BADE,Klaus : g. gARBIER, Jean-Claude z 2O, 21. 8ARTH,Heinrich:17. 8EECR0FT,John : 62. 8ELL, Alfred : 104, 250-261, 280. BELL, King : 12, 55, 56r 5gr S9, 60r 61, 62, 64, 65, 66, 6?, g1.r92, ?7, ?9, ?9, 90, 90, 93, 95, 96r 97, 103, 104, 105, 1O?, 16?, 168, 169, 1?1, 25O, 252, 254, 256, 25? , 259, 279, 28O, 292. BELL, Flanga:105, 106, 164r 224, 250r 255,283. 8ELL, Presso ! 64r 6?. 8ELL, Yallah ! 169. BERTAUT,Maurice:26o .t40, BISlrlARCKrOtto v. : ?6, iO0, 10S, 137, 138, 139, 14?,23Oo gRAUSCHITSCHv. : i96, Z0J, 204. BRUTSCH,J.R. s 58,6?, BSr 86. BUCHNER,lY|ax : 73, ?9, 81, BJ, 84, 96,89,90:96r 141,195. BUELL,R. L. ! 246. 8IJRT0N,Rlchard F. :60,68. c HAFrP00 . i 240. C0NRAU.. 221. DANOUGU2 12?. DELAR0ZIERE,R. ! 44. OENHAIIT/CLAPPERTONs l?. DERNBURG,Eernhard . 226, 268, 269, 2gg. _308_

0I00, Challey s 64, 6?. OIKE, Onuuka: 69. 00MINIK, Hans: S0, 52, il?, iig, iig,120,121, iZJ,126, 12?,1281 1291 22?. DUALA,Ivlanga (Rudoff Bell) ! 2S0, 261,262,274, ZgS, ZBS, 286, 2g?t 289, 290, 291, 292. DUGASTlf.3 J5. EBERptAIERIKo 3 217, ZgB. EKttALA, Epee z 2?4. EKttALA, Jim: iEB, 169. ELANGEs 185. ELE55Az t??. ERNST! 10i. ERZSERCER,|Ylathlas ! 159. ESSER,Dr. : 215. . EvAS-PRTTCHARO/FORTES: 20. FABRI, Friedrich | ?4, ?5, ?6, 9?, 98. FAIOHERBE2 246. FL AD : 16 9 , 16 9, 249. FLEMMING: 285. FoNTEllls 116. FoNY0NGA: 1JJ, ZJ6, 2J7. 239) 2?9. FROBENIUS,Leo:38. FULL : 142. FUtrtBA ! 1 22 . GALEGA: 43, 110, ilJ, 130 1J1, 13'2, 1SJ, 21A, 215, 216. 21?, 2?8. GARBE! 258,259. GAII,O,LBE: 43. GLAOSTONE: 66. cLEItvt : 284. GoECKELI ZOA, 225. .t GoHRINc : 01, 171, 1?2. GRAVENREUTHv. : i16, 11?. HALPERT: 285, 297, ZB9. . HAUSEN, Karln : 10, 19. HENNE|vlANN,Franzlskus 2 242. -30 9-

HE55E,Hermann : 180. HEttETT: 66, ?9, ?9, 90. H0FIqEISTERTJo 3 209o HOHENLOHE ' 19tr. HfiRHoL0: i09. HUTCHINSoN: 60, 63. ' HUTTER,Franz . 44, 48, 49, 115. IKELLE-IYIATIBA,Jean : 31. ITTIYIANN,J. ! 41. JAECK, Hans-Peter : 96. JANTZEN& TH0R|YlAHLEN:?2, ??,108,139. KAESELITZ,Rudi a 101. KAIYIPTZvr ! 118,218. KANGI'E. 221 . KELLER? 219, 221. KIGLER! 1?3,1?8,1?9. KNoRR: 90, 95, 102. KUBA: 28. KUNo: 109, 110, 112, 1'l4t 115. KUSSERoVv. : ?6, 198. LABURTHE-ToLRA,Philippe : 85. LAIYIPE,August : 167. LANGHEL0,Ùlilhelm : 88, 89. LAUFFER,i23?) 238. LEIST ! 190. LEtl,IS : 95. LILLEY, John : 61. LIPS ,Juliua : 25. LoCK PRI50 . ?7, 84, 91, 94, 96. L0Fl8AR0,Jacques : 55. LoRCH3 234. LolJ, o. A. ! 10. LUGARO,Lord ! 144. L[iOERITZ ! ?6. ItlAIER , Johannes s 189, ztrÛ, 2?9. tqAN0ENG,Patrice : 101 11. mANSFELo,0r. A. ! 19, 32, 33, 3?. -310-

tqAUNIER,RenË r. 142. tqB0tYlE: 1?0. mEHNERT,lrtolfgang z 24?. I{ET0m,Oavld : 169, 249. lv|0EIrBanya:1?1. fvloHAtlA00U,Eldridge : 51. l400RE: ?8. IYIoRGEN : S0, ,Curt SZ, 95, 109, liO, i 12, 11gt 12St 127. IIUNZ : 252. |tlVENc,Engelbert : 95, 262. NA : 127. NACHTIGAL,Gustav | ?6, ??r 781 791 g9, 95, i3g, 2J0. NDUTYfBE,Eyundl I ZSZ, ZS4, ZSS. NESKES,Hermann I ZS, 261, 262. NGANE: 129. NGEB: 240. ,lZ? NGILA : 51, 52, 53, 110, , 1Zg, 1Zg. NG0S0Oln | 287, ZB9. NGUTTE: 129. NIC0L, Yves : 30, 124. NJoYA : 4?, 48, 49, 16J, 229, Z4S, 2gg, Zg1. NKùJI,Nchoji paul I ZOr.21. N0sKE,Gustav : 15?, 159, 1S9. NSAtYtE: 169. NT0K0 : 240. NTUNGA: 36. NYANGA,Toko : 1gS. oUSIYIANEDAN F0DI0 :4J,50. PANTANIUS! 95. . PAVELv. ! 118, 129. PETERS,CarI : 190. PUTTKAFTER, ,1,12, Jesco v. : 103, 11?, 1r1g, 1ZZ, 123, 1JO, 1gg, 2O2, 2O4, 212, 2,15, 217, 218, 22O, 224, 2g?r 283. . RAMSAYz ?2, 96, 11?. RAUSCHI Zh7. . REICHEL,Eugen : 99. REIN- tUHRfiANN,Anna : 49o ..311-

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INHALTVERZEICHNIS

V0RUJ0RT ...... o.... o.... o..ô.oc6o ôo. or. ôoo ge. o. ggf .o 5

ABKÛRZUNGEN...... o.....o...... o... ?

EINLE ITUNG .. o...... o...... I

ERSTER TEIL : Die politischè ttlacht in der vorkolonialen Ggsgllschaft ..oooô.ôo..o.ooo..o"o.o.. :16

1.1. Die segmentâren Gesellschaften im lJalo- und Kûstenland ... o. .. . o...... Zz 1.1.1. Die Fang ...... ô...... Zz I .1 .2. 0ie Kijstenbantu oGo..o ?..oc.... 2? 1.1.3. Oie Ethnien des Cross-Flusses'.....:.: 32 1.1.4. Die Maka und Kozime .....oo...... eo 35 1.'1.5. Die GeheimgeselLschaft,en ...... 3?

1 .2. Oie'Hâuptlingtûmer und Kônigreiche des Graslandes ..o...... o...... o qz 1 .2.1 . Die Bali NlYong ...... Az 1.2.2. Oas Kônigreich von Bamum ...... n...46 1.2.3. 0ig trJute ...... o...... o...... o....o. 50

1.3. Die Oual,a ...... o 55 1.3.1. 0ie gesellschaftlichen und politischen Formen ...... 55 1.3.2. Die duala-englischen Vertrâge ."...., S? 1.3.2.1. DieSklaverei .o....ô...... c.o..â 5B 1 .3 .2.2. Die Gerrlohnheiten ....o.c...... o 5g rrCourt 1.3.2.3. of Equityrr : internationalcs Han- delsgericht ...... o..o.o.o.o. 61 I .3.3. OIe Gesucheder duala Hâuptlinge o... 65

ZIdEITERTEIL ! Die Kolonialherrschaft ...... e ?1 2.1. Einige Vorbemerkungen ...... ?2 2.1.1 . 0ie Lage in Kamerun ...... o...... 72 2.1.2. Oie Lage ln Deutschland ?4

2.2. Oer Schutzvertrag vom 1Zo Jull 1BB4 . ?6 2.3. Oie Festsetzung der Kolonialherrschaft. gg 2.3.1. Oer Anteil der Hâuptlinge an den Ereig- nissen vom oezember1884 ...... ; gg 2.3.2. Von 1884 bls 1891 ! die allmâhliche Fest- setzung der Kolonialherrschaft, ..... o g? 2.3.2.1. Oie frlissionare als Erschlie0ungsmittel des Hinterlandes g? 2.3 ,2.2. Oie Konsolidierung der Kolonialherrschaft bei den Duala ...... 102 -332- '

2.3 .2.3 . Dle sForschungsexpeditl.onenr nBefriedungrr ...... o 10g 2.3.3 . Dl.e des Hinterlande3 unter v. PuttkameD ooo...... 115 . 2.3.3.1. Die militârische Erschlie0ung ..... 115 2.3 .3 .2.' 0er Eingriff in die vorherrs;henden poll- tischen Zustânde ...... l?h

ORITTERTEIL HâuptIinge als Handlanger des Kolonialre- gimes r...... 1Js

. 3.1. Dle Vertlaltung ...... o.... iJ? 3.1.1o 0ie Absicht . Bismarcks .....o...... :. 13? 3.1.2. Von der Veruendung einheimischer ftachtha- bgf ...... 141 3r1 .3. Die Selbstverùraltung ...... 1S0 . J..1.4. 0ie Zr,lischenrol.ieder HâuptliDÇE oor o 15g

J.2. Die Rechtssprechung ...... 165 3.2.1. Die Hâuptlingsgerichte rrEingeborenen-Schiedsgerichtetr...... o 16? 3.2.2. Oie .. 180 3.2.3. 0ie.Gestaltung der Rechtsiprechung im ûbrigen Tèil Sûd-Kameruns 190

3.3t 0lE^Stgugrerhebung ...... 1gg 3.3.1 { lele der Besteuerung ...... o. .lgg 3.3.2. Steuerformeît roo...... Zg2 3.3.3. Die Rolle der Hâuptlinge bei der Steuer- elhebung .. o...... ZOG

3.4. Die Rolle der Hâuptllnge ln der expôrt- orientierten uirtschaft ...... ;... Z1Z 3.4.1. Oie Arbeitskrâftebeschaffung 214 3.4.2. 0ie anderen uirtschaftlichen Funktionen der Hâuptlinge ...... Z2Z 3.4.2.1. 0ie Pfl'ichten dbr Hâuptlinge gegenùber den Trâgerkalaù/anen ...... 222 rrCash 3.tt.2.2. 0er Anbau von Cropsrr .. . 22tt I .4.2.3. lJege- und Brûckenbau ...... 226

5.5. 0le Hâuptllnge Ln Proze0 der Akkultura- tion ....o...... AJO 3.5.1. Einschulung und Evangelisation 2JO 3.5.1.1o Die Bitten der Hâuptiinge um Lehrer.. 3.5.1.2. 2J1 0er materielle Beitrag der Hâuptllnqe 2J5 J.s.1.5. Die llacht der HâuptIiÀqe im 0ienste-der Schule und Kirche ...... 23? 3.5.1.4. Oie christlichen Hâuptlinge 3 rf0ie . 241 .5.2. Erziehungrr de! Hâuptlingssôhne. Ztts 3.5.2.1. 0as Problem der Ablôsung ...... 2t1S -3 3-i-

J.5.2.2. Die Ausbildung der Hâuptlingssôhne in Oeutschland o...... 24A

3.6. Oie Behandlung der Hâuptlinge..oo. 264 3;6.1. Dle fvli0handlungeno..ô.oo, 26d: 3.6.1.1. Oie Petition der Duala an Gouverneur Zimmerer : ein Katalog der miOhând- lungen ...... 264 3.6.1.2. 0ie Schonung dq{ Hâuptlinge,Els Exçt

3.?. Ztrischen Kollaboration und 0pposition.2?6 3.?.1. Die Behinderung der behijrdlichen lYtaB- nahmen .t...... r....277 3.7.2. Die Petitionen: Anfang einer organi- sierte6, 0ppqçition ....o....o.o,cço 279 J.?.3. Die Opposition Ouala l|,langas9egen die Enteignung des Grund und qodens in Doua- la ..oa....o...... 283

5c hl u0bemerkungen ...... o...... o. 293

Anhang .a...... a. a..... oà roo r o.. oo...... 300

30?

Bibllographie ...... oo....c.o...... 313