Le Poitou Et Les Pays De L'ouest Entre
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Université Paris I-Panthéon-Sorbonne Unité de Formation et de Recherche d’Histoire -Département Histoire Médiévale Elodie Giard THESE DE DOCTORAT Le Poitou et les Pays de l’Ouest entre la France et l’Angleterre, 1337-1415 Tome 1 Directeur de Thèse Monsieur Jean-Philippe GENET, Professeur à l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne Avant-propos Ce travail est né d’un intérêt profond pour l’Angleterre, qui m’a conduite à envisager de traiter un sujet mixte, où l’histoire de France et celle de l’Angleterre pourraient se mêler. L’Aquitaine, terrain de leurs affrontements et objet de leur rivalité, était évidemment le point de cristallisation de cette histoire commune. Après la lecture de l’ouvrage de Jean-Pierre Trabut-Cussac, j’ai pu envisager de nouvelles perspectives, tant géographiques que chronologiques Une rencontre avec Nicolas Fauchère m’a permis de me déterminer pour l’étude du Poitou et des Pays de l’Ouest. Ma réfl exion n’était pas encore aboutie. C’est lors de mon entretien avec Jean-Philippe Genêt que les perspectives offertes par ce sujet me sont apparues. Son intérêt pour ce thème d’étude, intégré dans une phase de recherche plus générale portant sur le thème du « recouvrement », de la « recovery », et plus généralement tourné vers la gestion anglaise de ces régions continentales, m’a permis d’explorer de nouvelles pistes de recherche. C’est grâce à son soutien que j’ai pu, avec un plaisir réel, étudier en profondeur les archives anglaises, dans toute leur richesse et toute leur diversité. Il m’a guidée dans mes recherches, dans mes lectures, et m’a aidée à conceptualiser des raisonnements et à élaborer des réfl exions. Son soutien permanent a été une aide précieuse face aux diffi cultés matérielles que j’ai pu rencontrer compte tenu de mon éloignement géographique. J’ai pu, grâce à lui dépasser les seules implications locales de cette étude et envisager des problématiques plus globales. Son expertise m’a été d’une grande aide au cours de ces années. 3 Remerciements Je remercie M. Jean-Philippe Genêt pour son soutien et sa patience. Encadrée, guidée par lui, j’ai pu parvenir à mener cette étude à bien. Je remercie également M. Robert Favreau d’avoir bien voulu, non seulement me recevoir à Poitiers, mais également me lire et me fournir des renseignements précieux sur la région. Je remercie M. Michael Jones pour l’éclairage scientifi que qu’il a bien voulu m’apporter concernant l’identifi cation de certains combattants anglais en Poitou. Je remercie aussi Mme Françoise Yala pour sa relecture, son aide précieuse et son soutien amical. Je remercie la famille Giner-Lurie, et particulièrement Sabrina et Steve, pour leur aide rapide et effi cace. Je remercie Mme Dominique Giard pour sa relecture assidue et ses corrections pertinentes, ainsi que M. Antoine Giard, pour son aide précieuse lors de la mise en forme du manuscrit. Je remercie ma famille, pour sa patience, son soutien, sa compréhension des diffi cultés inhérentes à l’engagement qu’exige un tel travail. Je dédie enfi n ce travail à ma fi lle, Mélinée, dont la patience et le soutien au quotidien m’ont été indispensables. 4 Introduction Le roi de France au Moyen Age subit la pression du système féodo-vassalique. En effet, certains de ses vassaux possèdent des territoires bien plus étendus que le seul domaine royal, et représentent donc une menace, non seulement pour l’intégrité du royaume, mais aussi, pour le pouvoir personnel du roi. Le cas le plus manifeste est celui des rois d’Angleterre, qui ont tenu en fi ef, suivant les périodes, entre un quart et une moitié du pays. En effet, à la suite du Traité de Paris de 1259, outre l’abandon de beaucoup de terres constitutives des possessions aquitaines, le roi d’Angleterre se voit contraint de prêter hommage au roi de France, pour des terres qu’il possédait auparavant de manière directe. Cette situation qui dure de 1154, (date de l’accession d’Henri Plantagenêt au trône d’Angleterre), à 1453 (fi n de la guerre de Cent Ans), fait donc des histoires de France et d’Angleterre, des histoires communes, confl ictuelles dans les moments de crises, ou parallèles dans les moments plus calmes. C’est durant la Guerre de Cent Ans, en effet, que l’on voit se durcir l’opposition entre les Rois de France et d’Angleterre, et s’exacerber les perpétuelles tensions qui affectent leurs rapports. C’est aussi durant cette période, que se développent des luttes d’infl uence, au gré des alliances et des trahisons, et que s’intensifi ent les affrontements entre les deux royaumes. Enfi n, c’est à l’issue de la Guerre de Cent Ans qu’intervient le règlement défi nitif du confl it entre la France et l’Angleterre. Pour ces raisons, cette période offre un champ d’étude inépuisable, et fondamental pour appréhender l’histoire de ces deux pays. D’où l’intérêt d’approfondir l’étude de la présence anglaise en France, et plus précisément de la gestion des territoires sous domination de l’Angleterre, durant cette période. La domination anglaise met en évidence une contradiction intéressante. Aussi bien les rois anglais mettent en valeur leur légitimité à « posséder » ces terres de l’Ouest, parties constituées de biens « familiaux », aussi bien leurs revendications, telles qu’elles s’expriment au XIVe siècle, aboutissent à une forme d’occupation. Quant au choix de la région étudiée, les « pays de l’ouest », il s’est imposé pour plusieurs raisons. Il s’agit, tout d’abord, d’une région au centre de la lutte franco-anglaise, qui a été séparée de l’Aquitaine tardivement, au XIIe siècle, alors que les deux régions avaient toujours eu une existence liée. Il s’agit, ensuite, d’une région qui représente un intérêt évident pour les deux rois, car c’est une région maritime. Un intérêt commercial tout d’abord, puisque tournée essentiellement vers la production du sel et du vin, elle offre aussi un certain nombre de ports, sûrs et protégés. Mais elle présente des attraits différents, pour chacun des souverains. Pour le roi de France, elle offre des ouvertures maritimes supplémentaires entre la Bretagne et l’Aquitaine, alors que celles-ci étaient peu nombreuses. Pour le roi d’Angleterre, elle permet de disposer d’un territoire continu, allant du Ponthieu à l’Aquitaine. De nombreux territoires possédés en France par le roi d’Angleterre ont fait l’objet d’études : La Normandie, l’Aquitaine, le Ponthieu et la Bretagne. Le Poitou a-t-il alors une existence spécifi que et différente de ces autres possessions? Sa conquête, sa gestion, et son administration, font-elles de lui un territoire à part dans l’ensemble de terres déjà possédé par le roi d’Angleterre, où celui-ci tente-t-il de calquer son administration sur une de celles mises en œuvre pour un autre territoire ? 5 I - Historiographie et problématiques. On peut diviser les études sur les terres anglaises en France en deux groupes. Le premier groupe comprend des études portant sur la période précédent la guerre de Cent Ans, le deuxième groupe s’intéressant spécifi quement aux territoires soumis ou liés aux Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Les études portant sur les terres anglaises se sont dans un premier temps concentrées sur la Gascogne. La Gascogne permet en effet une étude institutionnelle approfondie et sur le long terme. Ainsi, on peut dégager un premier groupe d’études, portant sur les institutions et décrivant précisément sur les institutions et décrivant précisément leur fonctionnement. Les études anciennes d’Eleanor C. Lodge 1, de Jean-Pierre Trabut-Cussac 2, Pierre Chaplais 3, portent sur l’administration anglaise de l’Aquitaine du XII e siècle jusqu’au XV e siècle. Quant à Eleanor C. Lodge, elle s’est surtout consacrée à la mise en valeur des particularités de l’administration en Gascogne, de 1152 à 1453. Jean-Pierre Trabut-Cussac fournit l’analyse thématique de l’organisation politique, administrative ainsi que l’administration judiciaire. Il y présente en détails la gestion des territoires aquitains de 1254 à 1307. Cette période de paix est propice à l’organisation d’un pouvoir centralisé en Aquitaine. Quant aux études de Pierre Chaplais, elles fournissent une étude précise de la machine administrative mise en place par Edouard Ier , pour permettre le fonctionnement du duché en l’absence du roi-duc. L’exercice de l’autorité royale, se faisait grâce à trois personnes : le lieutenant du roi, le connétable de Bordeaux, le sénéchal de Gascogne. Sous le règne d’Edouard II, cette autorité reposait sur les sénéchaux de Gascogne, en l’absence de nominations régulières de lieutenants. Malcolm Vale exprime enfi n une analyse transversale des rapports entre Capétiens et Plantagenêts, dans son ouvrage The Angevin Legacy and the Hundred years war, 1250-1340 4. Il y démontre l’homogénéité de la civilisation anglo-française, et les liens entre les deux dynasties : Plantagenêt et Capétienne. La deuxième étude de Malcolm Vale 5, portant sur l’exercice du pouvoir anglais en Gascogne, concerne, quant à elle, une période allant de 1399 à 1453, s’attache donc à la description des dernières décennies de la domination anglaise en Gascogne, et complète cette analyse de la Gascogne. Le deuxième thème historiographique que notre étude nous permet d’aborder est celui de la France sous domination anglaise. Les travaux existant portent sur différentes régions et sur différents thèmes transversaux permettant d’aborder plusieurs niveaux de domination. Les deux études sur les terres anglaises en France ont pour contexte sur la période de la guerre de Cent Ans.