Décembre 2009

NUMÉRO 18

Les BDS (Business Development Services) L’actualité des services aux entreprises L’actualité des services aux entreprises 2

Nous sommes heureux de vous présenter le nu- approches de développement de marché : l’appro- méro intégral du second semestre 2009 de che « M4P » est appliquée par SDA en Arménie L’Actualité des services aux entreprises. Ce 18e nu- pour développer le marché de la production laitière méro compte exceptionnellement douze articles en dans les zones rurales ; en Zambie, un système de raison d’un premier numéro allégé. chèques est mis au point par MEDA pour stimuler l’adoption de technologies d’irrigation améliorées Dans cette édition, retrouvez trois articles consa- et développer le marché des technologies agrico- crés à des structures d’appui locales ou des entre- les sans créer de dépendance aux subventions. Le preneurs du Sud. Rédigés à partir d’entretiens ex- troisième article est un inventaire des services ou clusifs, ces profils invitent à découvrir l’expérience systèmes novateurs de conseil agricole utilisant les du Forum des jeunes entreprises du Congo (FJEC) technologies de l’information et de la communica- dans l’appui aux petites entreprises, l’initiative ori- tion (TIC) actuellement en cours en Afrique. ginale de l’entreprise Sicam qui a créé son propre centre de formation pour pallier le manque de qua- L’application des TIC au développement des peti- lification à Madagascar, et le parcours de Cawaan, tes entreprises agricoles est également illustrée par une entreprise familiale de transformation du cuir au une autre expérience, celle du projet IGP India qui Sénégal. a mis en œuvre une solution informatique baptisée freshConnect pour résoudre certaines contraintes La formation professionnelle, qui occupe une place de la filière des fruits et légumes frais en Inde. essentielle dans les besoins exprimés par les petites entreprises et dans les services offerts par les struc- Ce numéro présente par ailleurs un outil de dia- tures telles que le FJEC, est également abordée dans gnostic du développement des entreprises. Baptisé ce numéro sous l’angle économique. Fournir des MEASURE, cet outil conçu par l’USAID a pour ob- repères sur les coûts et bénéfices de la formation jectif de décrire comment les performances et les pour les différents acteurs est l’objet du document décisions des entreprises au sein d’une économie de la GTZ synthétisé dans ces pages. donnée sont influencées par l’environnement qui les touche directement, notamment l’accès aux com- Sur le thème du financement toujours, cette fois ap- pétences, aux services et à la connaissance. pliqué à la filière, une autre synthèse présente l’ini- tiative menée par le World Council of Credit Unions Enfin cette édition aborde pour la première fois une (WOCCU) au Pérou, qui aide des coopératives de problématique de santé publique à l’occasion de crédit servant les acteurs de la filière café à conce- la publication par le SEEP Network d’une série d’é- voir des produits financiers adaptés. Par ailleurs, un tudes et rapports sur le développement des micro- guide à l’intention des PME/TPE fait le point sur les entreprises dans les communautés fortement tou- ressources financières et techniques offertes par les chées par le sida. institutions internationales de soutien au secteur Pour finir, vous retrouverez les actualités et infor- privé ACP. mations utiles les plus intéressantes des bulletins de Les services non financiers aux entreprises sont abor- Brèves à la fin de ce numéro. Bonne lecture et à dés à travers trois articles s’intéressant particulière- bientôt ! ment aux entreprises agricoles. Deux illustrent des L’équipe de la revue

Photo de couverture de Do Xuan Hanh,

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret 3

Sommaire ● Outils d’action ➤ « Guide des ressources financières et techniques ● Idées, concepts et politiques pour les PME et TPE africaines », Fondation ABEO (avec l’appui de la Coopération belge et de la ➤ « Systèmes novateurs de conseil agricole utilisant Fondation Marie et Alain Philippson), 2009 les TIC : essai d’inventaire », M. Gakuru, K. Winters, pages 52 à 56 F. Stepman, février 2009 pages 5 à 10 ➤ «Aspects clés de l’économie de la formation tech- ● Informations utiles pages 57 à 61 nique et professionnelle », GTZ, 2009 pages 11 à 15

● Études de cas Mode d’emploi ➤ « Le développement de marchés pour la pro- duction laitière via des services et des partenariats public-privé en Arménie rurale : une étude de cas « L’actualité des services aux entreprises » est un SDA-Elola », Springfield Center, décembre 2008 produit d’information financé par la coopération française (MAE puis AFD) et la coopération suisse pages 16 à 20 (DDC), et publié par le Gret à destination des opé- ➤ « Expériences innovantes dans le financement rateurs, praticiens et partenaires au développement. des filières (2) : la méthodologie WOCCU au Chaque mois, deux synthèses de textes consacrés au Pérou », H. Schiff et J. Stallard, avril 2009 développement du secteur privé sont envoyées aux pages 21 à 24 inscrits, avec un bulletin mensuel de l’actualité du ➤ « État du développement des entreprises en Éthio- secteur. Celles-ci sont rédigées en français à partir pie : application de l’outil de diagnostic MEASURE », de documents le plus souvent publiés en anglais. C. Jones, juin 2009 pages 25 à 27 Deux numéros semestriels compilent les synthèses et les actualités pertinentes. ➤ « 20 ans d’expérience du Forum des Jeunes Entreprises du Congo (FJEC) », Entretien avec Paul La revue répond à une attente maintes fois expri- Kampakol (FJEC), septembre 2009 pages 28 à 31 mée, à savoir faciliter l’accès d’un public franco- phone aux écrits et analyses émanant d’autres coopé- ➤ « Stimuler les marchés agricoles dans les zones rations. Sa réalisation mobilise Sandra Barlet (appui rurales pauvres : exemple de subventions ‘intelli- éditorial et synthèse) et Karin Barlet (coordination gentes’ en Zambie », A. Snelgrove et L. Manje et synthèse) du pôle Microfinance et petite entre- (MEDA), juin 2009 pages 32 à 35 prise du Gret. La PAO est assurée par Hélène Gay. ➤ « Lorsque le privé comble les failles du système Les précédentes parutions sont consultables et télé- de formation professionnelle : l’exemple du CAF/ chargeables sur le site internet du Gret : Sicam à Madagascar», Entretien avec Alain Vincent http://www.gret.org/ressource/bds.asp Lebideau et Rasata Hery Julia (CAF/Sicam), septembre 2009 pages 36 à 38 ou celui du ministère français des Affaires étrangères : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/ ➤ « L’entreprise Cawaan au Sénégal : après diffé- economie-mondiale_901/cooperation-economique_ rentes expériences à l’export, un retour au local », 4108/bds-actualite-services-aux-entreprises_4109/ Entretien avec Moctar Gueye (directeur technique index.html adjoint de Cawaan), complété avec Moussa Gueye (directeur), novembre 2009 pages 39 à 42 Les articles sont classés par type selon les catégo- ries suivantes. ➤ « Nouvelles technologies et circulation d’infor- mation dans les filières : le cas de freshConnect en ● Idées, concepts et politiques Inde », ACDI/VOCA, 2009 pages 43 à 46 (couleur bleu-vert) ➤ « Adapter l’offre de services aux entreprises aux Des analyses portant sur l’évolution des démarches communautés touchées par le sida : modèles de par- d’appui, les axes d’intervention des bailleurs et les tenariat », The Seep Network, 2009 pages 47 à 51 problématiques du moment.

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● Études de cas (couleur orange) pour en savoir plus sur les thèmes développés et Description et analyse de démarches et de pro- l’actualité du secteur. grammes nouveaux, différents ou originaux mis en œuvre dans une large variété de contextes.

● Outils d’action (couleur bordeaux) Vos attentes, commentaires et réactions Description de guides pratiques détaillant la mé- thodologie relative à une démarche d’appui ou à une phase de la vie d’un programme. Ce travail vous est destiné, à vous de le faire évo- luer ! ● Informations utiles (couleur violet) Merci de nous faire connaître vos avis, remarques Publications récentes, nouveaux documents en et suggestions en écrivant à l’adresse suivante : ligne, actualité des sites et des revues périodiques, [email protected].

Glossaire : quelques termes utiles pour faciliter la lecture

LES INDICES ET DIAGNOSTICS NATIONAUX DE L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES Plusieurs organisations établissent des rapports nationaux — donnant parfois lieu à des classements mondiaux — à partir d’indices composites visant à évaluer l’environnement réglementaire et légal, l’environnement des affaires ou les conditions de la création d’entreprise dans les pays.

➤ USAID : L’organisation de coopération américaine propose plusieurs types d’évaluations dont l’évaluation des réformes commerciales, juridiques et institutionnelles (Commercial, Legal, and Institutional Reform Assessments, CLIR). Ce rapport est produit dans le cadre du projet Seldon vi- sant à identifier les inefficiences des lois et institutions commerciales des PED. L’évaluation repose sur 11 domaines traditionnels de la législation commerciale. Les rapports nationaux sont téléchar- geables à cette adresse : http://www.bizlawreform.com/assess_Country.htm

➤ Forum économique mondial : Le Forum économique mondial (World Economic Forum) est une fondation à but non lucratif dont le siège est à Genève. Il est connu pour sa réunion annuelle à Davos (Suisse) qui réunit des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes. Il a le statut d’observateur auprès du Conseil écono- mique et social des Nations unies et est placé sous la supervision du Gouvernement suisse. Le Forum publie chaque année, entre autres, un rapport sur la compétitivité économique de 133 pays (Global Competitiveness Reports, GCR), sur la base de 12 séries d’indicateurs pondérés. http://www.weforum.org/en/initiatives/gcp/Global%20Competitiveness%20Report/index.htm

➤ Banque mondiale : Les rapports « Doing Business » de la Banque mondiale sont peut-être les plus connus parmi les évaluations de l’environnement des affaires. Les indicateurs utilisés ont été créés par la Banque mondiale pour évaluer différents aspects de la réglementation des entreprises (création d’entreprise, octroi de licences, embauche des travailleurs, etc.) dans tous les pays du monde. Ils donnent lieu à des classements mondiaux et contribuent à guider les réformes néces- saires de l’environnement des affaires. http://francais.doingbusiness.org

ACCÉDEZ AU GLOSSAIRE BILINGUE de l’appui non financier à la petite entreprise et de la formation professionnelle (Gret, septembre 2006) : http://www.gret.org/ressource/pdf/07875.pdf

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret IDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES Systèmes novateurs de conseil agricole utilisant les TIC : essai d’inventaire ■ Inventory of innovative farmer advisory services using ICTs, M. Gakuru, K. Winters, F. Stepman, Au cours des dix dernières années, l’utilisation des technologies de l’information et Forum for Agricultural de la communication (TIC) dans le domaine agricole en Afrique a progressé de ma- Research in Africa nière remarquable, en particulier en matière d’accès aux informations de marché. (FARA), février 2009, Différents projets ont intégré les TIC dans la diffusion des informations agricoles 67 p. aux paysans. L’inventaire publié par le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) est le résultat d’une enquête menée en octobre 2008 et d’une revue biblio- graphique qui visent à documenter les services ou systèmes novateurs de conseil agricole actuellement en cours ou récemment expérimentés en Afrique.

epuis plusieurs dizaines d’années, Avec le développement de la télépho- D les formes « traditionnelles » de TIC nie mobile, les solutions vocales et SMS se sont progressivement imposées dans devraient permettre une utilisation ac- la prestation de services de conseil agri- crue car elles offrent une meilleure ac- cole en Afrique. Les programmes de cessibilité. Elles ne sont pas non plus la radio et de télévision, les télécentres ru- panacée. Les SMS requièrent un niveau raux, les centres d’information publics d’éducation minimal et ne peuvent de district diffusent aujourd’hui des in- contenir qu’une faible quantité d’infor- formations dans le domaine agricole mation. Les solutions vocales sont tech- grâce à ces technologies. niquement assez compliquées à déve- Accédez au document original : http://www.fara-africa.org/media/ Actuellement, la plus grande partie des lopper, mais sont de loin l’instrument le uploads/File/NSF2/RAILS/Innovative_ informations aux agriculteurs est four- plus prometteur pour le milieu rural. Farmer_Advisory_Systems.pdf nie par des vulgarisateurs agricoles, par des bibliothèques ou via des sites Web. Le nombre de vulgarisateurs ayant di- minué tandis que celui des agriculteurs OBJECTIF ET MÉTHODOLOGIE augmentait, il a fallu développer des sys- DE L’ÉTUDE tèmes d’information novateurs pour ré- pondre aux besoins. Le développement du NAFIS1 (National Le travail d’inventaire des systèmes de Farmers Information Service), un service conseil agricole innovants s’est heurté à de vocal, est l’une des initiatives nées de nombreuses difficultés, notamment du fait ce besoin. La plupart des autres initiati- du caractère temporaire des projets pilo- ves sont basées sur Internet, comme tes, de la taille très réduite et de la grande INFONET [www.infonet-biovision.org], spécificité de nombreux projets. Cet in- un service Web de promotion de l’agri- ventaire ne prétend donc pas à l’exhaus- culture biologique. Ces systèmes pré- tivité. Il ne vise pas non plus à l’analyse de sentent des limites qui tiennent au temps l’efficacité des projets. Son objectif est de « L’Actualité des services passé à la recherche de la bonne infor- o fournir une vue d’ensemble des types de aux entreprises » n 18 mation, à la barrière de l’illettrisme et services et projets en cours en Afrique s’ef- juillet 2009 au niveau d’infrastructure requis pour la forçant de diffuser de l’information aux Un produit d’information connexion Internet. Ils restent néanmoins paysans de manière innovante. financé par la DDC (Suisse) des ressources très utiles. et l’AFD (France), Cet inventaire se limite aux projets/ et publié par le Gret 1 http://www.nafis.go.ke services qui fournissent directement aux

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agriculteurs de la formation et de l’in- par le biais de téléphones portables ou tront aux agriculteurs d’utiliser les tech- formation agricole par le biais de TIC. d’Internet. Ces services se caractérisent nologies recommandées et les inciteront Il ne documente pas les services qui fa- par la personnalisation et la création de à le faire (via des mesures incitatives cilitent les échanges d’informations profils utilisateurs permettant de mini- comme l’accès à des intrants subven- entre chercheurs et décideurs par exem- miser le risque inhérent aux transactions, tionnés, l’offre de services de crédit, etc.). ple, ni les initiatives étudiant les possi- de proposer des services de courtage et Cependant, très souvent aussi, ces projets bilités d’application des TIC dans le do- de générer des revenus publicitaires. laissent peu de traces une fois les condi- maine agricole. tions spéciales disparues. La réplicabilité 4. Les systèmes de formation des gains de développement reste une en ligne et de contenus vidéo question clé. La meilleure façon de la ga- Cette catégorie couvre l’offre d’informa- rantir consiste à s’assurer que le système QUATRE CATÉGORIES tions et de matériel pédagogique relatifs fonctionne dans les conditions physiques, DE PROJETS OU SERVICES aux techniques agricoles. L’approche fon- socioéconomiques, culturelles et institu- D’INFORMATION AGRICOLE dée sur la vidéo présente plusieurs avan- tionnelles existantes, et, éventuellement, tages importants par rapport aux formes à élargir durablement ces conditions. traditionnelles de contenu agricole, qui La majorité des petits producteurs ne sont ne sont généralement pas dans la langue pas organisés, n’ont pas de poids poli- Pour les besoins de cet inventaire les pro- locale, sont destinées à un public lettré, tique et ne sont pas en mesure d’exprimer jets ou services ont été répartis en qua- utilisent la terminologie des experts et efficacement une demande en matière tre catégories. manquent de praticité dans leurs moda- de services d’information. En dépit du lités d’application. grand nombre de services d’information 1. Les services d’information vocale sur les prix agricoles utilisant la télépho- Cette catégorie comprend les services nie mobile, cette information n’est sou- d’information par téléphone offrant des vent pas accessible et les prix restent dé- conseils sur les méthodes agricoles et MESURER L’IMPACT SOCIAL ET terminés par les aléas des conditions l’accès aux marchés. Certains prennent ÉCONOMIQUE DES SOLUTIONS météo, des transports, des monopoles la forme de centres d’appel de vulgari- d’acheteurs locaux, etc. La téléphonie TECHNOLOGIQUES sation agricole. rurale ne peut fonctionner que si elle Des technologies vocales plus complexes s’inscrit dans les petites fenêtres d’op- utilisent le téléphone comme média, portunité qui s’offrent aux paysans. mais reposent sur des applications so- Pour son travail d’identification des ser- vices de conseil agricole novateurs uti- phistiquées. Elles combinent une plate- L’impact économique forme de messagerie intégrant un ser- lisant les TIC, l’équipe de l’étude a cher- veur vocal interactif (SVI) et une solution ché à affiner sa compréhension de de gestion de la relation client. l’impact social et de l’impact écono- L’un des principaux enjeux des gouver- mique potentiel de ces services. nements et de la communauté interna- tionale est de faire en sorte que les pe- 2. La radio : informations à la tits producteurs tirent profit de leur demande et diffusion d’émissions L’impact social participation aux marchés agricoles. Les régulières interventions visant à réduire les coûts Dans cette catégorie figurent les émis- Déterminer l’impact de la téléphonie de transaction sont susceptibles d’en- sions de radio périodiques consacrées mobile dans le secteur agricole néces- courager la participation accrue de ces aux informations agricoles et les systè- site une bonne connaissance du contexte acteurs à des marchés compétitifs. mes « dial-up » qui permettent aux utili- rural dans lequel doit se faire l’adoption En termes économiques, l’objectif des sateurs d’avoir accès par téléphone à des et l’adaptation de l’outil d’information systèmes de diffusion d’information agri- contenus audio de style radiophonique novateur. cole consiste à réduire les coûts de tran- par le biais d’un système vocal automa- Pour produire un impact, il ne s’agit pas saction en diminuant les coûts de re- tique. Le dispositif fonctionne comme un seulement de développer une technolo- cherche d’information dans la filière. centre de ressources proposant des conte- gie de diffusion de l’information, mais Pour comprendre quels sont les coûts re- nus préenregistrés régulièrement actua- aussi de modifier les limites et conditions latifs à l’information, il est utile de com- lisés, accessibles via un menu. qui influent sur la marge potentielle de prendre quels sont les besoins d’infor- changement. Les agriculteurs pauvres tra- mation à chaque stade d’activité. 3. Les services de vulgarisation vaillant dans des environnements risqués basés sur la téléphonie mobile et ne disposent que de fenêtres d’opportu- Le producteur a besoin d’information la gestion de bases de données nité très étroites pour l’innovation. aux six stades suivants : Il s’agit de systèmes permettant à qui- Les projets de téléphone mobile figurant 1. décision : choix du type de culture, de conque depuis n’importe quel endroit de dans l’inventaire du FARA cherchent sou- la superficie à allouer à chaque cul- partager des informations sur le marché vent à créer les conditions qui permet- ture, du financement ;

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2. préparation/achat des semences ; Un modèle plus global, plus intégré, est ➤ Le deuxième niveau concerne les ma- 3. préparation de la terre et plantation ; nécessaire pour dépasser les limites des ladies des cultures et du bétail, les en- méthodes existantes : un service d’in- grais, etc. L’inventaire indique que ces 4. irrigation et entretien des cultures ; formation complet, holistique, accessible services d’information sont le plus sou- 5. récolte, emballage et stockage ; via une variété de médias intégrés et ca- vent fournis de façon standard, selon 6. vente. pable de recueillir le feedback des pro- des systèmes de questions-réponses. (D’après de Silva et Ratnadiwakara, 2008) ducteurs pour améliorer son offre. ➤ Le troisième niveau est plus spéci- La transmission pure d’information sous fique au contexte local et nécessite Une analyse des recherches d’informa- la forme de flux de messages n’est sans un contact direct entre le vulgarisa- tion menées par un groupe de petits agri- doute pas suffisante pour résoudre le pro- teur et l’agriculteur. culteurs au Sri Lanka a montré que le blème du manque d’information ou de coût de la recherche d’information s’é- La constitution d’une base active d’uti- l’inégale diffusion de l’information dans levait à 11 % du total des coûts suppor- lisateurs est une condition préalable très le domaine agricole. Ce qu’il faut viser tés par les agriculteurs tout au long de importante pour mettre en place un est la connaissance en tant que résultat ces étapes. dispositif de vulgarisation solide. La fonc- dynamique : l’ancrage des informations tion centrale de la vulgarisation consiste L’absence de chaînes de commerciali- dans la conviction et l’engagement des à aider les gens à faire de meilleurs choix sation efficaces en Afrique est un véri- acteurs impliqués. table obstacle et a des conséquences sur en leur fournissant des informations et L’environnement dans lequel est bâtie la l’impact potentiel de l’information et de en renforçant leurs capacités à utiliser connaissance (processus de renforce- l’utilisation de la téléphonie mobile. Une ces informations. ment des compétences et d’émancipa- chaîne est comme un réseau multi- Un tel dispositif ne doit pas jouer un rôle tion, mobilisation et organisation sociale, acteurs fortement intégré qui partage un direct de mise en œuvre mais bien de etc.) est un facteur essentiel à prendre objectif commun : livrer au consomma- facilitation d’un processus de mobilisa- en considération. Les paysans ne doi- teur un produit à moindre coût aussi tion, d’organisation, d’appropriation et vent pas être considérés comme de purs efficacement que possible. de gestion propre des systèmes et des consommateurs d’information générique. connaissances. La menace de la concurrence conduit Le secteur agricole a besoin d’une com- les acteurs de la filière à être très atten- munauté d’apprentissage bien organisée tifs à la position concurrentielle de la fi- — en associations, coopératives, grou- lière par rapport à celle des autres. Cette pements, etc. prise de conscience pousse à adopter Fournir des prévisions météorologiques LES DÉFIS DU CHANGEMENT une perspective globale commune. quotidiennes est de l’information. Elle est D’ÉCHELLE Accroître l’efficacité de l’ensemble de produite ailleurs et fournie à la commu- la chaîne ou filière – le but de la diffu- nauté rurale par divers médias comme la sion de l’information – est dans l’intérêt radio, la télévision, les journaux, les aler- Le passage à grande échelle des initiati- de tous les intervenants, qu’ils soient tes sur mobiles, etc. La communauté ru- ves — souvent pilotes — de technolo- agriculteurs, transformateurs, transpor- rale n’est en rien impliquée dans la géné- gies appliquées se heurte à plusieurs dif- teurs, détaillants, etc. ration ou l’évaluation de cette information. ficultés : Cette prise de conscience reste un grand Le transfert de connaissances horizon- ➤ lorsqu’un très grand nombre de pro- défi pour l’Afrique. tal est tout autre. Il s’agit d’un processus ducteurs reçoit de l’information d’un d’apprentissage combiné dans lequel les fournisseur particulier, le service peut approches d’apprentissage par la pra- être sujet à controverse si son contenu tique, de recherche participative, d’éva- n’a pas fait l’objet d’un consensus QUELS MODÈLES luation, d’interaction directe, etc. jouent large préalablement au changement POUR QUELS RÉSULTATS ? un rôle essentiel. d’échelle ; Il n’existe pas de système universel. ➤ le changement d’échelle des initiati- Différents systèmes et médias sont né- ves reposant sur la téléphonie mobile Les nombreuses initiatives qui visent à cessaires en fonction du contenu, du ni- requiert une bonne alliance avec une fournir de l’information aux petits pro- veau d’alphabétisation et des besoins compagnie de téléphonie ; ducteurs sont pour la plupart de forme spécifiques en information. ➤ les différentes plates-formes d’infor- institutionnelle, spécifiques à un produit ➤ Le premier niveau d’information pour mation doivent être interopérables. donné, spécifiques à un média donné, les agriculteurs correspond aux don- Chaque plate-forme délivrant de l’in- souvent en langue anglaise. Le paysan nées sur les prix du marché, les pré- formation a ses avantages et ses in- africain est de son côté confronté à un visions météorologiques, les services convénients. Lors d’un passage à manque d’infrastructure et un faible ni- de transport et de stockage. Bien grande échelle, elles se révèlent sou- veau d’alphabétisation. qu’essentielles, ces informations sont vent inappropriées si elles sont utili- Ces modèles de fourniture d’information rapidement obsolètes et changent sées isolément. Pour obtenir un sys- se sont révélés largement inefficaces. constamment. tème efficace, il faut que plusieurs

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plate-formes soient soigneusement in- en Afrique sur le long terme. C’est là Les agriculteurs disposent d’une solu- tégrées afin d’exploiter au maximum que le secteur public et les ONG peu- tion complète à partir de laquelle ils leurs avantages respectifs et de limi- vent jouer un rôle considérable de peuvent obtenir des informations cru- ter leurs inconvénients. Le service catalyseur et de partenariat pour ga- ciales dans la langue de leur choix. Le d’information prend alors la forme rantir la pérennité du dispositif après fournisseur de téléphonie augmente sa d’une matrice composite compre- la fin du projet. pénétration dans les zones rurales. Les nant : (a) une plate-forme SMS, (b) Lorsque les systèmes d’information agri- chercheurs collectent des données en une plate-forme vocale, (c) un portail cole répondent aux besoins spécifiques masse par le biais du système de feed- Web, (d) un centre d’appel, (e) des des agriculteurs et bénéficient à la fois back du dispositif. Les fournisseurs de agents de vulgarisation, (f) des bi- aux agriculteurs, aux fournisseurs de télé- produits agricoles peuvent faire la bliothèques, (g) des chercheurs ; phonie mobile, aux chercheurs et aux publicité de leurs produits par le biais ➤ il est habituellement difficile d’attirer fournisseurs d’intrants/produits agrico- d’un système ciblé. Cette publicité des investisseurs du secteur privé pour les, les chances de pérennité sont contribue à garantir la pérennité du ■ s’engager dans de telles entreprises meilleures. système.

Projets présentés dans l’inventaire du FARA

Services d’information vocale Services par téléphonie mobile et bases de données ➤ Allo Ingenier www.irinnews.org/Report.aspx?ReportId=78408 ➤ Agricultural Marketing and Information System Cameroun for Malawi (MISMalawi) ➤ Banana Information Line www.ideaamis.com/SMS/index.php www.comminit.com/en/node/267102/306 Malawi Kenya ➤ Agricultural Marketing Systems Development ➤ National Farmer’s Information Service (NAFIS) Programme (AMSDP) www.nafis.go.ke/termcond www.ifad.org/english/operations/pf/tza/i575tz/index.htm Kenya Tanzanie ➤ T2M (Time to Market) ➤ Agricultural Research Extension Network http://t2m.manobi.sn/ (ARENET) Sénégal www.arenet.or.ug/question2.php Ouganda Services de radio ➤ Esoko (formerly Tradenet) www.esoko.com ➤ African Farm Radio Research Initiative (AFRRI) Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Madagascar, www.farmradio.org/english/partners/afrri/ Mali, Mozambique, Nigeria, Tanzanie, Ouganda, Cameroun, Afghanistan Ghana, Malawi, Mali, Tanzanie, Ouganda ➤ Farmers Information Communication Management ➤ Family Alliance for Development and Cooperation (FICOM) (FADECO) www.syngentafoundation.org/projects_programs_ www.hedon.info/FADECOTanzania ficom_overview.htm Tanzanie www.ictard.org/ictard_projects_pilot.htm ➤ Freedom Fone Ouganda www.kubatana.net/html/ff/ff_cont.asp ➤ InfoPrix Bénin : les prix du marché par SMS Zimbabwe www.onasa.org ➤ Rural Radio Resource Packs (RRRPs) Bénin http://ruralradio.cta.int ➤ Kenya Agricultural Commodities Exchange (KACE) Pays ACP MIS Project ➤ The Organic Farmer www.kacekenya.com www.organicfarmermagazine.org Kenya Kenya .../...

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Projets présentés dans l’inventaire du FARA (suite)

➤ Livestock Information Network and Knowledge ➤ Collecting and Exchanging of Local Agricultural System (LINKS) Content (CELAC) Kenya, Éthiopie, Tanzanie http://celac.or.ug/index.php?option=com_content& task=view&id=5&Itemid=6 ➤ Réseau régional de systèmes d’information Ouganda de marché et de commerce agricole en Afrique de l’Ouest (MISTOWA) ➤ CROMABU (Crops Marketing Bureau) Project www.mistowa.org et www.wa?agritrade.net www.iicd.org/projects/tanzania?abis?cromabu Pays CEDEAO Tanzanie ➤ Regional Agricultural Trade Information Network ➤ DrumNet (RATIN) www.drumnet.org/index.htm www.ratin.net Kenya Afrique de l’Est ➤ Eastern Corridor Agro?market Information Centre ➤ Réseau des systèmes d’information des marchés (ECAMIC) en Afrique de l’Ouest (RESIMAO/WAMIS-Net) www.sendfoundation.org/programs/project_item.asp? www.resimao.org/html/en id=4§ion=7 Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Niger, Mali, Ghana Sénégal, Togo, Nigeria ➤ E-commerce for Non-traditional Exports ➤ SMS Information Service www.iicd.org/projects/ghana?ecommerce/ www.farmprices.co.zm/ Ghana Zambie, RDC ➤ E-commerce for women ➤ Système d’information des marchés agricoles Ghana (SIMA) ➤ Enhancing Access to Agricultural Information http://ictupdate.cta.int/en/Feature?Articles/Dakoro? using Information and Communication calling Technologies in Apac District (EAAI) Niger www.comminit.com/en/node/273680/38 ➤ Trade at Hand Ouganda www.intracen.org/trade?at?hand/ ➤ Farmers’ Internet Café Burkina Faso, Mali, Sénégal, Mozambique, Liberia www.iicd.org/articles/iicdnews.2005?09?06.1315910878/ ➤ Xam Marsé Zambie www.manobi.sn/sites/za/index.php?M=9&SM=20&Cle=54 ➤ First Mile Project Sénégal www.firstmiletanzania.net/ Tanzanie ➤ Fruiléma Systèmes de formation en ligne www.fruilema.com/ et contenus vidéo www.iicd.org/projects/mali?quality?fruilema Mali ➤ Ghana Agricultural Information network System ➤ Agriculture Research and Rural Information (GAINS) Network (ARRIN) Ndere Troupe www.gains.org.gh/ www.iicd.org/projects/uganda?arrin Ghana Ouganda ➤ ICT Support for Rural Agricultural Literacy ➤ Agrovision www.iicd.org/projects/ghana?wadep www.eagriculture.org/19.html?&no_cache=1&tx_ttnews Ghana %5Btt_news%5D=473&tx_ttnews%5BbackPid%5D= 96&cHash=50cab57bc8 ➤ ICT for Shea Butter Producers Nigeria www.iicd.org/projects/mali?shea?butter?and?ict Mali ➤ Agricultural Sector Development Programme (ASDP) ➤ ICT4D Research and Resource Centre www.ifad.org/operations/pipeline/pf/tan.htm www.torodev.kabissa.org/ Tanzanie Ouganda .../...

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret Systèmes novateurs de conseil agricole utilisant les TIC : essai d’inventaire 10

Projets présentés dans l’inventaire du FARA (suite)

➤ Improving Agricultural Productivity and Market ➤ Rural Universe Network (RUNetwork) Success of Ethiopian Farmers (IMPS) www.runetwork.de/html/en/index.html www.ipms?ethiopia.org/ Bénin, Jamaïque, Afrique du Sud www.eap.gov.et/ ➤ Éthiopie Sene Kunafoni Bulon www.iicd.org/projects/articles/mali?sene?kunafoni?bulon ➤ Infonet-Biovision Farmer Information Platform Mali www.infonet?biovision.org/ ➤ Kenya Sissili Vala Kori: Improvement of agriculture related information channels to farmers in the rural ➤ Réseau d’information du Mandé area Sissili www.iicd.org/projects/mali?aaag www.iicd.org/projects/burkina-feppasi Mali Burkina Faso ➤ Integrating ICT for Quality Assurance and ➤ Strengthening the Agriculture Information Flow Marketing and Dissemination System www.iicd.org/projects/articles/zambia?oppaz www.iicd.org/projects/zambia?nais Zambie Zambie ➤ Jèkafo Guèlèkan: Système d’information rurale ➤ Sustainet (Sustainable Agriculture Information pour les paysans de la région de Sikasso Network) East Africa www.iicd.org/projects/mali-jefako-gelekan www.sustainet.org/index?en.html Mali Afrique de l’Est ➤ Linking Local Learners (LLL) ➤ Millennium Information Centres and Community www.linkinglearners.net/ Parliaments Kenya, Tanzanie, Ouganda www.kendat.org ➤ Market Information Service Facility and Training Kenya www.commercialinvestments.com.gh/mp/aboutus/ ➤ Towards Improved Farmer Access to Agricultural whoweare.php Information in Uganda: The Question and Answer Ghana Service (QAS) Voucher System (VS) ➤ Miproka (Maison d’information et de promotion www.kitabu.info/REN_Uganda/ du karité) Ouganda www.songtaaba.net/ ➤ www.iicd.org/projects/burkina?mikropa TV Koodo: Market price information system using Burkina Faso web and national television www.iaber.bf/tele_koodo.php ➤ Question and Answer Service Burkina Faso www.cta.int/about/qas.htm ➤ Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Togo, Ouganda, Botswana, Virtual Extension and Research Communication Malawi, Lesotho, Namibie, Zimbabwe, Afrique du Sud, Network (VERCON) Ghana, Nigeria www.vercon.sci.eg/Vercon_en/vercon.asp Égypte ➤ Rural Information System (RIS) www.stockholmchallenge.se/data/2130 Chaque projet fait l’objet d’une fiche détaillée dans la Ouganda deuxième partie du document original.

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret IDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES Aspects clés de l’économie de la formation technique et professionnelle ■ Key aspects of the economics of technical and vocational education and training (TVET), Lessons L’économie de l’EFTP (enseignement et formation techniques et professionnels) s’at- learned and gaps to be tache aux coûts et aux bénéfices pour l’individu et pour l’entreprise, mais aussi pour filled, GTZ, 2009, 32 p. la société et l’État, ainsi qu’au financement des activités d’EFTP. Pour que la répar- tition soit équitable, les coûts doivent être supportés par les différents acteurs en fonc- tion des bénéfices qu’ils en retirent. L’économie de l’EFTP est d’une grande impor- tance pour l’établissement de modèles d’EFTP qui assurent le développement des compétences, la compétitivité des entreprises et le développement global des pays. Elle est pourtant peu étudiée par les chercheurs et les opérateurs. Le manque de données empiriques et de recherche limite ainsi considérablement le travail de conseil. Sur la base des études existantes, ce document de la GTZ donne un certain nombre de repères sur les coûts et bénéfices de la formation pour les différents acteurs, sur l’implication de l’État et les types de financement de l’EFTP.

lus spécifiquement, il cherche à ré- P pondre aux questions suivantes : COÛTS ET BÉNÉFICES ➤ Pourquoi les entreprises investissent- DE LA PARTICIPATION elles dans la formation ? Quels sont AU SYSTÈME D’EFTP leurs coûts et bénéfices ? ➤ Quels sont les différents coûts et bé- Accédez au document original : http://www2.gtz.de/dokumente/bib/ néfices de l’EFTP ? Le système d’EFTP a diverses parties pre- gtz2009-0390en-economics-tvet.pdf ➤ Quels sont les coûts et bénéfices so- nantes. Les acteurs directs sont les for- ciaux de l’EFTP ? més et les entreprises offrant une for- ➤ Comment l’implication de l’État en mation. Mais l’État et la société peuvent matière d’EFTP peut-elle se justifier ? également être considérés comme des Quel rôle doit jouer l’État ? parties prenantes indirectes du système d’EFTP ainsi que dans une certaine me- ➤ Quels types de financement de l’EFTP sure, les entreprises qui ne s’impliquent existent, et lequel d’entre eux est le pas dans la formation. plus raisonnable d’un point de vue socio-économique ? Ces intervenants indirects bénéficient de l’EFTP par des effets externes positifs et Cette étude définit l’EFTP de façon large ; peuvent donc être amenés à assumer cer- elle comprend la formation profession- tains des coûts. Les parties prenantes di- nelle scolaire et la formation en entre- rectes, lors de leur choix d’offrir ou de re- prise, ou la combinaison des deux. Elle cevoir ou non une formation, réfléchissent porte essentiellement sur la formation pour une part importante en termes de professionnelle formelle initiale. rapport coût-bénéfice, même si les critè- res économiques ne sont pas les seuls. « L’Actualité des services Les coûts et bénéfices pour les différents aux entreprises » no 18 acteurs sont naturellement déterminés octobre 2009 par plusieurs facteurs, dont l’organisa- Un produit d’information tion du système, la nature de l’emploi ou financé par la DDC (Suisse) du secteur économique, les caractéris- et l’AFD (France), et publié par le Gret tiques du pays, le contenu de la forma- tion et le profil de la personne formée.

11 Aspects clés de l’économie de la formation technique et professionnelle 12

Une difficulté tient à l’impossibilité de > augmente la productivité ; sur le marché du travail, les individus quantifier certains éléments de coût et > évite les coûts de remplacement ou préfèrent souvent suivre un enseigne- surtout bon nombre de bénéfices liés à la de vacance de poste. ment général supérieur même s’ils ne formation. L’évaluation est nécessaire- ➤ 3. Bénéfices indirects (réputation en sont pas en mesure d’en faire usage. ment en partie qualitative, donc délicate. tant que marque et en tant qu’em- Il faut ajouter à cela les mêmes incerti- ployeur). tudes quant aux bénéfices futurs de la Employeur formation que pour les employeurs. Les personnes formées courent plusieurs Personne formée risques : ne pas terminer la formation, Lorsqu’un employeur offre de la forma- ne pas pouvoir en faire usage sur le mar- tion, il fait face à un certain nombre de Les coûts pour la personne recevant la ché du travail en raison du chômage, ou coûts, parmi lesquels il convient de ne re- formation sont les suivants : ne pas souhaiter en faire usage à cause tenir que les coûts nets, ou coûts directs. ➤ coûts et frais directs et indirects de la de changements intervenus entre-temps. Cela revient à éliminer les coûts qui au- formation ; L’analyse des études empiriques existan- raient été supportés même en l’absence ➤ matériels pédagogiques (livres et tes sur les impacts individuels de l’EFTP de formation (certains salaires, infras- autres) ; fait ressortir deux conclusions. D’abord tructures, etc.). L’entreprise peut suivre ➤ le nombre d’études estimant le « retour deux approches : coûts d’opportunité. sur investissement » pour les individus ➤ Les coûts d’opportunité correspondent Approche centrée sur la productivité ayant fait le choix de l’EFTP est réduit. au différentiel de revenu entre le mon- du personnel en formation : l’entre- Ensuite le rôle et la compréhension de tant perçu par le stagiaire durant la for- prise est incitée à offrir de la forma- l’EFTP varient considérablement selon mation (qui peut être nul) et le montant tion parce qu’elle lui permettra de les pays. Il est donc difficile d’évaluer les qu’il aurait perçu s’il avait trouvé un faire travailler les personnes formées études existantes sans bien connaître le emploi — non qualifié — sur le marché durant leur stage à un coût de main- système d’EFTP dans le contexte écono- du travail. d’œuvre inférieur. mique particulier du pays. ➤ Une fois formée, cette personne a des Approche centrée sur l’investissement : En outre, les comparaisons internatio- chances de trouver un emploi mieux ré- l’entreprise compte sur les bénéfices nales requièrent de prendre en compte munéré que s’il était non qualifié. Cette futurs qu’elle tirera du personnel formé, les différents rôles joués respectivement différence de revenus constitue le béné- à condition que celui-ci reste dans l’en- par la formation, la formation profes- fice de la formation. Le bénéfice net s’en- treprise. Dans ce cas, l’entreprise sup- sionnelle et l’enseignement profession- tend une fois les coûts de formation dé- porte à la fois les coûts préalables et nel. Une distinction claire doit par duits de cette différence de salaire. Un le risque que l’employé formé quitte ailleurs être établie entre formation ini- autre aspect important est que le travailleur la société à l’issue de la formation. tiale, formation de pré-emploi et forma- qualifié est plus susceptible de trouver du Il est important de distinguer à ce stade tion in situ intervenant dans le cadre de travail que le travailleur non qualifié. la formation générale de la formation la formation continue. spécifique. La première concerne des Les bénéfices ne se limitent pas aux compétences qui peuvent être exploi- avantages financiers. Bien que difficiles à quantifier, les impacts positifs comme Coûts et bénéfices sociaux, tées dans toutes les entreprises ; la se- effets externes conde relève de capacités susceptibles la satisfaction liée au contenu de la for- d’améliorer la productivité uniquement mation, les contacts sociaux, les meilleu- Une composante majeure des coûts so- dans l’entreprise qui a dispensé la for- res chances de trouver un emploi inté- ciaux de la formation consiste dans les mation et sont donc « perdues » pour ressant ou d’obtenir une promotion, revenus non générés, qui doivent être l’employé s’il quitte l’entreprise. l’estime de soi et la réputation, etc. doi- vent également être considérés. Citons calculés sur une base brute et non plus Le bénéfice pour l’employeur est la enfin d’autres effets indirects, notam- nette comme c’est le cas pour l’individu. contribution de la personne formée au ment liés au meilleur état de santé et à De nombreuses études ne mesurent les résultat productif de l’entreprise. Il peut la plus grande sécurité, comme le risque bénéfices de la formation que sur la base intervenir à une période ultérieure, et réduit d’une grossesse non désirée, etc. des revenus du travail. Les autres béné- être difficile à mesurer ou quantifier. Les fices sont souvent négligés, ainsi que cer- bénéfices peuvent être répartis selon les Les bénéfices non monétaires étant moins taines réductions de coûts sociaux, par catégories suivantes : évidents, ils sont susceptibles d’être sous- estimés. Par ailleurs, on observe que les exemple dues à la baisse du taux de chô- ➤ 1. Bénéfices tirés de la personne for- jeunes renoncent à la formation tech- mage des personnes très qualifiées. mée durant sa formation. nique et professionnelle pour des rai- En termes d’effets induits, la formation ➤ 2. Bénéfices tirés de la personne for- sons liées à la mauvaise réputation de interne peut donner lieu à des pratiques mée après sa formation : certains emplois, particulièrement dans de « débauchage » quand les employeurs > évite les coûts de recrutement, le commerce ou l’artisanat. Même préfèrent recruter des employés formés d’embauche non pertinente, de ro- lorsque l’EFTP est économiquement ra- par d’autres sociétés. Dans ce cas, l’en- tation inutile du personnel ; tionnelle et offre de meilleures chances treprise qui a consenti l’investissement

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n’est plus en mesure d’en tirer un quel- des instruments importants pour l’éva- Par ailleurs, de nombreuses études se li- conque retour et le futur employeur pro- luation des résultats de l’EFTP. Toutefois, mitent aux données sur les revenus du fite quant à lui de cette formation gra- il faut être bien conscient que ces cal- travail sans tenir compte des autres bé- tuitement. Cette situation peut conduire culs sont basés sur un certain nombre néfices. En outre, les coûts d’opportu- à un sous-investissement général dans d’hypothèses et de conditions spécifiques nité associés à l’enseignement général, la formation. et négligent en outre souvent les aspects en particulier supérieur, sont parfois sous- Ainsi, amener le secteur tout entier à sociaux. estimés faute de prendre en considéra- participer au financement de la forma- Certains contestent donc la validité d’ap- tion la rémunération, même faible, des tion, par exemple par le biais d’un impôt, proches économiques telles que l’ana- personnes formées. limite le risque de débauchage, répartit lyse coûts-bénéfices. Elle est un instru- le risque sur l’ensemble du secteur et ment utile pour évaluer l’impact de la augmente les opportunités de formation formation, mais elle ne peut pas servir pour les employés. de critère unique, car elle ne détecte pas MODÈLES DE FINANCEMENT les externalités et les effets à long terme. Les défaillances du marché financier DE L’EFTP sont une autre raison importante qui Un autre point à soulever est que, même plaide pour l’intervention publique dans lorsque les entreprises investissent dans la formation. Du fait de l’insuffisante ca- la formation technique et profession- pacité à garantir les investissements dans nelle, elles en calculent rarement les Les nombreuses études existantes sur le capital humain, des problèmes d’anti- coûts. Par conséquent, elles ne savent les modes de financement de l’ensei- sélection et de risque moral se posent. souvent pas exactement ce que leur gnement en général et de l’EFTP en par- Le risque d’anti-sélection conduit les coûte la formation. L’une des raisons ticulier parviennent toutes à la conclu- banques à refuser de fournir des prêts à probable est que la mesure des coûts et sion suivante : il existe des lacunes la formation, sur lesquels elles auraient des bénéfices peut s’avérer onéreuse. Les considérables dans les données sur le à appliquer un taux d’intérêt trop élevé. entreprises en général ne sont par ailleurs financement de la formation technique Le risque moral tient à l’incitation à ne pas souvent conscientes des bénéfices et professionnelle dans tous les pays. pas générer de revenus ou à réduire son de la formation. Ainsi la sous-estimation Le principal problème tient à la rareté travail pour ne pas avoir à rembourser des bénéfices, la surestimation des coûts des données sur l’investissement privé, le prêt. et le manque de données fiables sur les que ce soit par des entreprises ou des in- deux peuvent se traduire par un sous- dividus. Ces risques, et leurs conséquences en ter- investissement dans la formation. mes de niveau de taux d’intérêt des prêts à la formation, justifient l’intervention pu- Un défaut majeur dans le calcul des Financement privé de l’EFTP blique dans le financement de l’ensei- coûts et bénéfices tient au fait que leur gnement général et de l’EFTP, au moins estimation est souvent basée sur le dif- ● Salaire inférieur à la productivité par le biais de subventions des taux d’in- férentiel de salaire, sans prendre en au cours de la formation compte le taux d’emploi. Les taux de térêt ou de garanties. Mais est-il suffisant Il semble normal que les personnes for- chômage étant particulièrement élevés de faciliter l’accès au crédit ? L’aversion mées participent au financement de pour les personnes peu qualifiées, l’EFTP au risque reste la même et induit des dif- l’EFTP, puisqu’elles figurent parmi les présente aussi l’avantage d’augmenter férences selon le niveau socio-écono- premiers bénéficiaires de la formation. mique des candidats à la formation. la probabilité d’emploi des personnes La rémunération de la personne formée L’intervention publique est donc néces- formées, et pas seulement leur niveau à un niveau inférieur à sa productivité saire si l’on veut garantir l’égalité des chan- de salaire. peut être justifiée par les coûts directs et ces, en réduisant le risque individuel. Lorsque l’on regarde au niveau interna- indirects supportés par l’entreprise qui tional l’impact de la formation, les ré- Des études récentes mentionnent d’au- offre la formation. La part des coûts sup- sultats sont très variables, ce qui s’ex- tres types d’externalités positives, no- portés par l’entreprise destinée à être plique d’abord par la diversité des tamment hors marché, dont la cohésion couverte par la réduction de salaire dé- systèmes d’EFTP selon les pays. Mais il sociale, le changement technologique pend de la probabilité de perdre la per- semble que la raison la plus importante et la réduction de la criminalité. sonne formée à l’issue de la formation. soit ailleurs. La plupart des études ne tiennent en effet pas compte du biais À cet égard, plusieurs facteurs peuvent Limites de l’analyse de sélection : le groupe cible de l’EFTP, être pris en compte : le degré de spéci- coûts-bénéfices et et particulièrement de la formation pro- ficité de la formation, la structure de des études existantes fessionnelle, est différent du groupe cible l’EFTP et du marché du travail, et les tra- de l’enseignement général. Toute com- ditions sociales. Nous avons donné un aperçu des coûts paraison entre les taux de rendement de Si la réduction de salaire est supérieure et bénéfices de l’EFTP pour les entrepri- l’enseignement général et de l’EFTP com- au montant total des coûts de la forma- ses, les individus et la société. Les ana- porte nécessairement un biais en faveur tion, l’entreprise perçoit un bénéfice net lyses comparant coûts et avantages sont du premier. à l’issue de la formation. Dans ces condi-

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tions, le nombre d’entreprises offrant de Financement public de l’EFTP selon les environnements. Les mécanis- la formation a toutes les chances d’être mes de financement de l’EFTP se distin- élevé. L’EFTP a une dimension à la fois écono- guent essentiellement en termes de : Cependant, le risque est de voir baisser mique et sociopolitique. D’une part, elle ➤ sources et méthodes de redistribution ; la demande d’employés formés, car il fait partie d’un système d’éducation plus ➤ type d’autorité administrative ; sera devenu moins cher de recruter des global. D’autre part, son système de ré- ➤ formules d’allocations. candidats à la formation que des em- férence est principalement le marché du travail. Ainsi, elle oscille entre un ser- ployés qualifiés. ● Financement par l’impôt vice public qui doit être accessible à tous public général ● Frais d’enseignement et les citoyens et un service qui suit l’éco- d’apprentissage nomie de marché. De là, trois arguments ● Paiements et subventions directs Les subventions directes du gouverne- Dans de nombreux pays, les étudiants majeurs justifient — selon les principes de l’économie sociale de marché — l’in- ment à des établissements de formation ou candidats à la formation doivent payer ou à des entreprises offrant de la forma- des frais couvrant la totalité ou une par- tervention publique dans le financement de l’EFTP. tion font partie des incitations couran- tie des coûts de formation, en particu- tes. Le financement public direct de la Le plus important d’entre eux est que lier pour l’EFTP scolaire. L’argument prin- formation est commun, même dans les l’EFTP est lié à des bénéfices intéressant cipal plaidant pour la participation des pays dotés d’une EFTP duale. bénéficiaires de la formation est le même de larges groupes de population, comme ● Réductions d’impôt que pour la modération de salaire men- l’augmentation de l’emploi, de la pro- Les dépenses de formation des entrepri- tionnée plus haut. ductivité, des revenus et de la compéti- tivité au plan national. Ces bénéfices ses dans un certain nombre de pays sont Un autre argument consiste à dire que déductibles des impôts. cette participation financière augmente pour la société sont de nature à décou- ● Chèques et bons l’efficacité des mesures de formation, rager l’investissement privé, puisque cer- Les systèmes de chèques formation sont dans la mesure où les candidats sont tains bénéfices lui échappent. Si les dé- les instruments de financement de l’EFTP prêts à payer pour une formation à condi- cisions concernant l’EFTP ne relèvent les plus courants sur le versant de la de- tion qu’elle soit bonne et utile. Les frais que des individus et des entreprises, le ré- mande. peuvent aussi être le résultat de la sultat peut être un sous-investissement confrontation de l’offre et de la demande. dans ce domaine. ● Prêts Si la demande est supérieure à l’offre, ils Le deuxième argument a trait aux im- Les prêts subventionnés par le gouver- sont susceptibles d’être augmentés. perfections du marché, de nature à ré- nement peuvent être utilisés pour en- courager l’EFTP. Mais l’expérience mon- Les frais consistent en un coût direct pour duire l’investissement privé dans la for- tre que là où ces prêts sont accessibles les candidats à la formation. S’ils sont mation : mobilité des travailleurs, perte aux individus et aux entreprises, la de- élevés, ils restreignent l’accès aux per- du retour sur investissement au profit mande est assez limitée. sonnes les plus aisées. Si leur niveau est d’autres entreprises, défaillance du mar- lié à la qualité de l’enseignement, ils in- ché financier, etc. Pour pallier ces dé- ● Dispositifs de financement duisent nécessairement des inégalités. faillances et répartir les coûts équitable- par prélèvement de taxes Le gouvernement doit considérer l’inté- ment en fonction des bénéfices perçus, rêt de systèmes différenciés. l’intervention gouvernementale est rai- Dans la pratique, trois systèmes d’impôt sonnable. peuvent être distingués : ● Enfin, le troisième argument en faveur EFTP financée par l’entreprise ● Taxation sur les revenus de l’intervention publique est la néces- De même que pour les personnes for- Ce système constitue la source la plus sité de garantir un minimum d’équité so- mées, il est raisonnable de faire partici- sûre et la plus fiable de financement de ciale à ceux qui n’ont pas les moyens de per les entreprises — également bénéfi- la formation. La taxe est généralement payer les coûts de l’enseignement, et de ciaires — au financement de la définie comme un pourcentage de la fournir des chances égales à tous les ci- formation. Un employeur peut financer masse salariale de l’entreprise et de la toyens. l’EFTP soit en fournissant de la forma- rémunération des salariés. Elle est col- tion dans son entreprise, soit en payant Il existe un consensus sur ce troisième lectée par les institutions nationales de une partie des coûts de l’enseignement argument. Mais la responsabilité pu- sécurité sociale et reversée au budget professionnel. blique ne signifie pas que tous les en- public ou directement aux établissements seignements doivent être gratuits. La di- de formation. Le risque de sous-investissement dans versification des sources de financement la formation, et donc de faiblesse de Ce système fournit cependant très peu est inévitable, en particulier dans les pays l’offre de formation, par les entreprises d’incitation à offrir de la formation. Par en développement. ne peut être prévenu que par des régu- ailleurs, les fonds peuvent être mal ex- lations institutionnelles, avec ou sans Il existe divers mécanismes de finance- ploités dans la mesure où les entrepri- implication gouvernementale. ment, qui ont tous une fonction d’inci- ses ne bénéficient pas nécessairement tation pour les bénéficiaires. Chacun a de services de formation à la hauteur de ses limites et produit des résultats divers leur contribution.

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● Exemptions de taxes mation des salariés (par exemple La participation de l’État est justifiée à Ce mécanisme permet à l’entreprise d’é- Allemagne, Japon et Suisse) ; plusieurs titres. Le gouvernement doit liminer ou de réduire ses obligations ➤ les employeurs et les syndicats met- encourager le secteur privé par des me- contributives en échange de l’offre ou tent en place des fonds de dévelop- sures légales et financières à développer de l’achat de formation. Le gouverne- pement de la formation en vertu des ses propres initiatives de formation. ment fixe un pourcentage de la masse clauses de formation des conventions Il n’existe pas de modèle de financement salariale à consacrer à la formation. collectives (par exemple Belgique, optimal. Le cas par cas est requis, en L’avantage majeur de ce mécanisme est Danemark et Pays-Bas) ; fonction des structures existantes, de l’en- qu’il évite aux employeurs d’avoir à payer ➤ les gouvernements offrent aux entre- vironnement politique et social, de la une taxe au début de l’exercice. Les prises des incitations à la formation culture de formation, etc. fonds affectés aux actions de formation (par exemple Chili, Allemagne, L’avantage majeur des systèmes incita- restent au sein de l’entreprise, qui met République de Corée, Pakistan et tifs est leur capacité à maintenir un degré au point un plan pour les dépenser effi- Royaume-Uni) ; élevé de formation d’entreprise. D’un cacement. Parmi les autres avantages : ➤ les gouvernements introduisent des autre côté, les incitations peuvent ne pas la satisfaction des employeurs plus libres programmes de formation obligatoire être suffisamment fortes pour induire une de leurs décisions et le faible coût d’ad- (par exemple Danemark, France, réelle plus-value, au-delà du niveau « mi- ministration. Inde, Irlande, République de Corée, nimum » de formation. Le gouvernement Toutefois, il offre moins de possibilités Pakistan, Malaisie, Nigeria, Singapour peut ainsi se retrouver à subventionner de développer des politiques de forma- et divers pays d’Amérique latine) ; des programmes que les entreprises au- raient mis en œuvre de toute façon. tion nationales ou sectorielles. En outre, ➤ les gouvernements et les entreprises les fonds peuvent être mal utilisés par cofinancent les congés de formation C’est pourquoi le contenu et la qualité de les employeurs et les employés. payés des travailleurs (par exemple la formation requièrent une supervision,

● Redistribution des taxes (subventions) Belgique et France). qui peut s’avérer chère et problématique, car elle est parfois menée par des agents Dans ce système, les contributions pré- Dans certains pays, des fonds sectoriels fiscaux sans compétences dans le do- levées sur la masse salariale sont col- de développement de la formation per- maine de la formation. La création d’une lectées par des structures spécifiques et mettent une coopération étroite entre bureaucratie spécifique peut être né- redistribuées aux entreprises ou aux in- employeurs et État (Danemark, Pays-Bas cessaire pour assurer une supervision et dividus sous la forme de subventions. et Belgique notamment). Les engage- une assistance technique compétentes. Dans ce cas, la redistribution est plus fa- ments des différents partenaires varient Par ailleurs, dans les systèmes de sub- vorable aux entreprises qui forment. Le suivant la forme retenue. Généralement, ventions ou de remboursement, les em- coût administratif est plus lourd car il la majeure partie des ressources provient ployeurs ne recouvrent jamais la totalité implique des décisions au cas par cas. de taxes payées par les employeurs, le de leur contribution. Les procédures de reste consistant en des subventions de ● facturation sont souvent très lourdes et Mécanismes de partage l’État. Ces fonds financent le dévelop- font fuir les petites entreprises. Des ef- des coûts pement des politiques et programmes de forts sont requis pour administrer les sys- Les mécanismes de partage des coûts formation sectorielle plutôt que l’offre tèmes d’incitation à moindre coût et de entre les entreprises et l’État sont inté- de formation proprement dite. manière plus souple. ressants en termes d’incitation. La struc- ture et le degré de contribution dépen- Certains domaines d’étude doivent en- dent des arrangements spécifiques entre core faire l’objet de recherches pour ten- ter de répondre aux questions suivantes : les partenaires. Quelques grandes ca- CONCLUSION ractéristiques peuvent être distinguées : ➤ Comment mesurer l’importance de la ➤ les entreprises n’ont aucune obliga- formation informelle et non formelle ? ➤ tion légale en matière de formation Les forces du marché à elles seules ne Est-il possible de concevoir un mo- et de financement (par exemple peuvent pas conduire les entreprises à dèle élémentaire d’EFTP, qui pourrait Canada, Pays-Bas, Suède, Royaume- consacrer un niveau optimal de res- être adapté suivant les cadres et les Uni et États-Unis) ; sources à la formation. Lorsque la de- besoins nationaux ? ➤ les employeurs prennent volontaire- mande en biens et services faiblit, l’in- ➤ Quels sont les outils de mesure adap- ment une responsabilité significative térêt des employeurs à offrir de la tés pour évaluer les coûts et les bé- dans le financement légal de la for- formation diminue de la même manière. néfices de l’EFTP ? ■

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS Le développement de marchés pour

■ SDA-Elola case la production laitière study, Developing markets for dairy via des services et des partenariats production through service development public-privé en Arménie rurale : and public-private partnership in rural une étude de cas SDA-Elola Armenia, Springfield Center, décembre 2008, 22 p.

Cette étude présente le travail financé par la Coopération suisse (DDC - Direction du développement et de la coopération) et mis en œuvre par l’ONG arménienne Strategic Development Agency (SDA) entre 2003 et 2008, afin de développer des sys- tèmes ruraux de marché des produits laitiers. Elle illustre, dans un contexte d’éco- nomie en transition et de développement rural, l’approche de développement de marché au bénéfice des plus pauvres (M4P, du terme anglais « Making markets work for the poor ») et souligne le rôle du partenariat public-privé dans le développe- ment de marchés et de services durables.

ans les années 90, la série de ré- régionale. La DDC appuie différentes formes politiques et économiques initiatives dans la région en suivant l’ap- Accédez au document original : D proche M4P, qui reconnaît le besoin de www.bdsknowledge.org/dyn/bds/docs/ initiées par l’URSS a culminé avec l’in- 726/DairyArmeniaSpringfield.pdf dépendance de plusieurs pays dans les- systématiquement intervenir pour déve- quels une libéralisation des économies lopper des systèmes de marché durables. planifiées et contrôlées par l’État a eu cours. Les changements ont été rapides et ces pays ont été confrontés au défi LES FONDEMENTS d’une croissance économique et d’une DE CETTE INTERVENTION transformation politique. L’Arménie a accédé à l’indépendance en 1991 et au niveau agricole est passée Développer des revenus agricoles sur d’un système de fermes collectives éta- des marchés ruraux distants de la capi- tiques à des petites fermes privées. Avec tale Erevan a le potentiel d’impacter di- la stabilisation politique de la fin des an- rectement sur la pauvreté et de redresser nées 90, l’enjeu a porté sur la dynami- le développement asymétrique entre les sation de la production industrielle et de zones urbaines et rurales en Arménie. la base agricole. Dans l’agriculture, il s’a- Avec un marché solide et une demande gissait de faire émerger de nouveaux sys- croissante potentiellement en lien avec tèmes de marché et les paysans devaient des centaines de milliers de petits éle- « L’Actualité des services évoluer d’une agriculture de subsistance veurs, le secteur laitier représente un aux entreprises » no 18 à une production rentable. sujet pertinent d’intervention pour via- juillet 2009 La DDC a reconnu l’importance de cet biliser le marché. Un produit d’information enjeu et a priorisé le développement rural Syunik Marz a été choisi comme zone financé par la DDC (Suisse) et la réduction de la pauvreté rurale dans d’intervention de par son économie lo- et l’AFD (France), et publié par le Gret le pays et dans le Caucase du Sud dans cale fragile, sa localisation rurale et en- le cadre d’une stratégie de coopération clavée et sa prédominance agricole.

16 Le développement de marchés pour la production laitière en Arménie rurale : une étude de cas SDA-Elola 17

plans d’affaires. Ce double positionne- marché du fromage était vaste et en L’APPROCHE M4P ment a permis à SDA d’avoir une entrée croissance alors que la vente directe sur le marché des produits laitiers : de lait frais au consommateur était li- ➤ En 2003 SDA, sur financement DDC, mitée. La fonction clef de concentra- Le travail réalisé par l’ONG locale SDA a accompagné le développement de tion des activités était ainsi la relation est examiné sous l’angle de l’approche services vétérinaires pour les produc- transactionnelle entre les producteurs M4P, dont les principales caractéristiques teurs de lait. et les transformateurs de lait. sont : ➤ En 2005, SDA a dans le cadre de ses ➤ Les fonctions de support : Pour per- ➤ la recherche de compréhension des activités de conseil accompagné Elola, mettre à cette transaction clef de se mécanismes de marché, pour appré- une petite entreprise privée de fabri- réaliser, des fonctions complémen- hender le fonctionnement d’ensem- cation de fromage, sur un finance- taires doivent être instaurées et opé- ble du marché et ses goulets d’étran- ment 50-50 entre Elola et la Banque rationnelles : l’accès à des services glement ; européenne pour la reconstruction et spécialisés tels les services vétérinai- ➤ la durabilité : les interventions visent le développement (Berd). Elle lui a res, aux infrastructures, aux équipe- à introduire des changements dura- permis d’identifier des opportunités ments et aux financements. bles dans le fonctionnement du mar- de marché pour le fromage et a fait ➤ Les règles : Formelles ou non, elles ché ; ressortir que l’offre de lait était une forment le cadre opérationnel du mar- ➤ le traitement des causes sous-jacen- contrainte majeure à son développe- ché. Les acteurs du système sont ceux tes de la faiblesse des marchés et non ment et à celui du secteur laitier. qui interviennent sur le marché, qui de leurs symptômes ; ➤ En 2005-2006, SDA a conseillé Accion proposent des fonctions d’appui, qui influent ou qui définissent les règles ➤ la facilitation : les « développeurs » Contra el Hambre (entité soeur de et réglementations du marché. de marché se positionnent afin que Action Contre la Faim) pour poser les les acteurs permanents ne deviennent bases d’une intervention plus large et Les contraintes à la participation des pas dépendants de leurs activités ou de orientée sur le développement du mar- personnes pauvres en zones rurales sur leur appui. ché laitier en zone rurale dans la ré- gion Sisian, intervention similaire à les marchés des produits laitiers sont es- SDA a commencé son intervention en celle qui sera initiée ensuite par SDA en sentiellement la distance de nombreu- 2003 via un projet centré sur le déve- 2006 à Goris. ses communautés des routes principa- loppement de services vétérinaires, mais les et des usines de transformation, qui a petit à petit identifié la véritable Passer des services aux systèmes : SDA rend leur lait peu attractif pour les ache- contrainte, plus large, au niveau de l’ac- a reconnu que se centrer uniquement teurs. Ceci était exacerbé par de faibles cès aux marchés, de la politique et de sur les paysans producteurs à un niveau rendements et une qualité insuffisante la mobilisation villageoise, des compé- communautaire et sur des services à l’ex- du lait. Les petits paysans producteurs tences et de la perception des paysans. ploitation n’allait pas résoudre les ruraux se trouvaient ainsi dans un cer- Ainsi, son intervention a rapidement évo- contraintes de nombreuses communau- cle vicieux de productivité et de qualité lué d’une approche de développement tés qui étaient en dehors du réseau exis- de la production de lait trop faibles et de services vers l’introduction de chan- tant de collecte de lait. Une approche d’un accès limité aux marchés. gements durables dans le fonctionne- plus large ciblant spécifiquement l’ou- L’histoire récente du pays a par ailleurs ment de marché. verture de créneaux de marché pour le accentué ces problèmes : lait était nécessaire ainsi que l’amélio- En 2006, SDA avait largement adopté ➤ Les marchés locaux établis pour le lait ration de la qualité du lait. La consul- une approche M4P de développement frais se sont effondrés : les investis- tance réalisée pour le transformateur du secteur laitier rural et était guidée par seurs privés arrivés après la chute des Elola avait par ailleurs permis à SDA d’é- les approches et modèles développés et usines de transformation de l’époque tablir des relations de confiance et de promus par la DDC. soviétique, telle Elola, sont inévita- respect avec l’entreprise, bases d’une fu- blement allés vers les produits les ture collaboration plus importante sur moins chers et les plus accessibles. l’accès au marché, les services et les compétences des producteurs. ➤ Les services agricoles publics ont di- COMPRENDRE LE minué, puis cessé, avec le processus FONCTIONNEMENT DU MARCHÉ L’application de l’approche M4P au mar- de privatisation ; par ailleurs la cul- ché des produits laitiers en Arménie ru- ture du service payant n’existait pas. rale a permis de conceptualiser le cœur L’accès aux services vétérinaires était L’avantage du double positionnement du marché, ses fonctions « de support » alors restreint. de SDA : SDA agit en tant qu’ONG opé- et ses règles de fonctionnement : ➤ Un manque de compétences et de rateur de projets et que cabinet de conseil ➤ La fonction clef : La vente de lait frais connaissances en élevage : le licen- aux entreprises, qui propose à des en- à des transformateurs a été perçue ciement des employés de l’industrie treprises des services d’étude de mar- comme l’option de marché la plus via- et la privatisation des terres a eu pour ché, de développement marketing et de ble pour les producteurs ruraux ; le conséquence que de nombreuses fa-

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milles sont devenues dépendantes de SDA a proposé aux paysans des forma- ne concevaient ce service comme un l’agriculture, sans toujours avoir les tions sur le maintien ou l’amélioration service commercial, mais plutôt comme compétences nécessaires. de la qualité et de la quantité du lait, en une prestation relevant du service pu- seconde phase Elola leur propose di- blic. SDA a proposé des appuis de dé- rectement ces services dans le cadre de marrage d’activité aux vétérinaires pour leurs relations commerciales, avec l’ap- s’établir dans les bureaux mis à disposi- LES INTERVENTIONS pui de SDA : ce sont des services inté- tion au niveau des villages. SDA a par POUR RENFORCER LE MARCHÉ grés à la transaction. ailleurs incité la mobilisation des pay- Le rôle des partenariats publics-privés sans en les sensibilisant sur les bénéfi- (PPP) dans le développement d’un mar- ces du recours aux services vétérinaires ché : le PPP a été utilisé dès la première et en encourageant la création d’un fonds Identifier les points d’intervention : phase comme une méthode d’ouverture rotatif de financement dans le village, L’analyse du fonctionnement global du des marchés formels du lait pour les com- qu’ils abondent chaque mois. Il permet marché a permis de mettre en évidence munautés rurales. Ces partenariats se- de payer les services vétérinaires et cons- à la fois les symptômes et les problèmes ront développés dans la seconde phase titue à la fois une assurance et un moyen plus profonds. Il s’agissait d’identifier les pour améliorer les services intégrés de d’avoir de la trésorerie pour les paysans. points d’achoppement qui, une fois sup- formation pour les paysans. Il a permis de poser les prémices de l’ac- primés, peuvent permettre un change- ceptation de services vétérinaires payants. ment réel et durable au bénéfice des pau- Les parties prenantes ont chacune trouvé Neuf fonds ont ainsi été créés, qui fonc- vres en zone rurale. À cet effet, le leur intérêt dans ces partenariats : Elola tionnent tous aujourd’hui sans appui fi- développement de l’industrie laitière im- a comme contrainte majeure de crois- nancier. Ces fonds ont été subvention- pliquait d’ouvrir le marché du lait en tra- sance la qualité et la quantité de l’offre nés la première année le temps de vaillant avec les transformateurs et de de lait. Les pouvoirs publics ont intérêt constituer un capital suffisant pour faire développer des services ruraux pour les à ce que les populations marginales in- face à une épidémie. paysans. tègrent le réseau commercial d’offre aux transformateurs laitiers afin de dynami- L’approche a été dans un premier temps L’approche de facilitation et de péren- ser le développement rural. (de 2006 à 2008) de développer des liens nisation : SDA a joué un rôle de facili- vers les marchés formels via un parte- Ce scénario gagnant-gagnant s’est tateur et non de prestataire de services. nariat avec Elola et d’établir des « points concrétisé par un contrat signé entre Elola Dès le démarrage du projet, une straté- de services vétérinaires ». D’autres be- et SDA stipulant clairement les attentes gie de sortie a été clairement définie, soins avaient été identifiés mais qui n’ont de chaque partie. Elola devait étendre qui permet aux services et aux liens de pas été priorisés lors de cette phase, telle son réseau à de nouveaux villages et in- marché établis de se poursuivre une fois une demande des paysans pour des in- vestir dans des équipements de collecte le projet terminé. Le facilitateur a un séminations artificielles, permettant de du lait dans ces villages. SDA avec l’ap- rôle clef dans les interventions de dé- planifier le vêlage et la production de pui de la DDC (représentant l’opérateur veloppement de marché. Le rôle de SDA lait tout en renforçant la santé et la pro- et le bailleur) devait aider Elola à mobi- a été de temporairement catalyser le ductivité du bétail. liser et former les paysans pour assurer changement et non de devenir un ac- la fourniture qualitative et quantitative teur du marché. La seconde phase, débutée en 2008, de lait. Pour établir la production de fro- cherche à construire sur ces bases : avec Par ailleurs, son action a suivi une règle mage à Goris, Elola devait investir tout un meilleur accès au marché, les pay- d’or de la facilitation en permettant un au long de la chaîne (par exemple sur sans seront intéressés à investir. Le tra- effet de levier avec des financements lé- les infrastructures de distribution et de vail porte sur l’accès aux intrants, en gers et ciblés ainsi qu’une assistance marketing) afin de lier les paysans aux particulier l’alimentation du bétail et technique, plutôt qu’en injectant un flot marchés domestique (surtout à la capi- l’introduction des services d’insémina- de financements, ce qui a plus de chance tale Erevan) et international (en particu- tion artificielle demandés par les pay- d’aboutir à des résultats positifs et dura- lier en Russie). L’investissement d’Elola sans. SDA a aussi cherché à améliorer les bles. De plus, SDA a permis à Elola de a été de presque 2 millions USD au re- contraintes d’accès aux financements développer son réseau de collecte dans gard d’une contribution de la DDC/SDA en encourageant les liens entre institu- des villages en zone rurale en renforçant de 195 000 USD. tions de financement et paysans. Enfin, le rôle même de l’entreprise comme for- l’ONG a encouragé le développement Le réseau comme approche d’ouverture mateur des paysans producteurs. de services intégrés entre Elola et les de marché : SDA a groupé ses appuis à Aussi, la modestie des fonds injectés par paysans fournisseurs : ces services sont des villages afin de créer des circuits pé- rapport à ceux investis par Elola a permis proposés dans le cadre des transactions rennes de collecte du lait le long des- un effet de levier sur une durée bien dé- commerciales et visent à améliorer la quels suffisamment de volume peut être finie dans le temps : SDA a incité à l’ap- qualité, la quantité du lait et la solidité réalisé. propriation et à l’implication locales en des fournisseurs (liens en amont) ou à Le développement d’une culture payante s’assurant que les bénéficiaires sachent développer la demande en produits lai- du service vétérinaire a été un des défis que le financement et l’appui technique tiers (liens en aval). Si en première phase majeurs : ni les vétérinaires ni les paysans seraient limités. La pérennité a ainsi été

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au centre de la stratégie d’intervention un plus grand nombre de têtes). Les pay- Les composantes clefs et des opérations quotidiennes. sans ont de plus pu vendre leur lait plus de l’approche M4P et comment Enfin, SDA a adopté une approche « par cher car il est de meilleure qualité (en les mettre en œuvre la relation » avec les acteurs clefs du moyenne 46 USD de prime supplé- mentaire par paysan en 2007) et cette marché, souple et en les accompagnant ➤ Développer une compréhension des tendance devrait se poursuivre. dans l’identification et la résolution de marchés par un engagement opéra- leurs problèmes sans solution prédéfi- Les impacts sur les ménages sont éva- tionnel plutôt que par une étude ou nie extérieurement ; ainsi par exemple, lués, avec en moyenne 59 % de l’en- une recherche. les fonds rotatifs n’ont pas tous les semble des revenus totaux des ménages ➤ Identifier et comprendre les contrain- mêmes modes de fonctionnement, cha- qui provient de l’agriculture. 40 % de tes de marché, toujours complexes, cun répondant aux problématiques pro- ces revenus agricoles provient des pro- pour trouver des points d’entrée per- pres au village. duits laitiers (vente de lait et de beurre). mettant une croissance inclusive pour Le principal impact de l’intervention de les plus démunis. SDA a été que les produits laitiers ne sont ➤ L’importance d’une planification stra- plus vendus informellement et occa- tégique et d’un phasage des inter- LES RÉSULTATS sionnellement, mais qu’ils sont doréna- ventions, et non de traiter en même vant vendus à un acheteur formel sur la temps différentes contraintes (l’insé- base d’une relation stabilisée. Avant l’ou- mination par exemple n’a pas été per- L’intervention de SDA à Goris en fin de verture du marché avec Elola, seulement çue comme prioritaire et est traitée première phase s’étend sur 9 localisa- 8 % du lait produit était transformé, le dans la seconde phase). tions dans 12 villages ruraux. L’objectif reste étant utilisé par les ménages ou final de ce projet est d’améliorer les re- perdu. Au total, 900 ménages ont aug- Les caractéristiques venus et les opportunités d’emploi dans menté leurs revenus annuels de les communautés rurales. Pour cela, SDA 314 USD, dans un pays ou le PIB par ha- d’un facilitateur qui réussit cherche à créer des changements dura- bitant est de 2 640 USD et où les reve- bles aux niveaux des services et des en- nus ruraux se montent en moyenne à ➤ Établir des stratégies de sortie claires treprises laitières. 80 USD par mois. et cohérentes dès le démarrage. ➤ Rester fixé sur la durabilité de l’action Les impacts du projet au niveau des ser- La dimension genre de l’impact est pré- et éviter de devenir un acteur perma- vices sont de trois ordres : 9 points de sente, dans un pays où les rôles respec- nent du marché. services vétérinaires sont fonctionnels, tifs des membres des ménages dans la qui servent plus de 2 200 ménages, 9 production des produits laitiers sont clai- ➤ Encourager l’appropriation locale en fonds rotatifs sont opérationnels et les rement identifiés. L’homme réalise les maximisant la prise de décisions et le fermiers les abondent couvrant plus de tâches physiques (construction de l’abri contrôle locaux. 2 800 têtes de bétail (vaches, moutons du bétail, nettoyage et désinfection, nour- ➤ Privilégier une intervention légère via et autres). Les services vétérinaires de riture, soin des bêtes et pâture) et la un appui et un suivi techniques, avec faible qualité et erratiques ont été rem- femme s’occupe de la traite et de la trans- des financements faibles et limités placés par des points de services vétéri- formation du lait en fromage. La trans- dans le temps. naires auxquels les paysans peuvent re- formation est sortie des activités des mé- Les partenariats publics-privés ont un courir lorsque nécessaire. Enfin, l’accès nages avec le développement de la vente rôle à jouer dans l’ouverture et le déve- au marché formel du lait s’est développé de lait frais, réduisant le rôle de la femme. loppement de marchés. Il faut pour cela et Elola a étendu sa collecte de 5 à 12 Cette baisse d’implication est toutefois identifier là où les intérêts publics et pri- villages, assurant un débouché pour le perçue par les hommes tout comme les vés se rejoignent afin de concevoir une lait à environ 2 000 paysans. femmes comme positive car elle permet à ces dernières de consacrer plus de situation gagnant-gagnant. Cette straté- Les impacts sur les fermes et le secteur temps à d’autres tâches du ménage et à gie n’est pas à utiliser seule car elle ne laitier sont tangibles : 62 % des paysans des activités sociales. permet pas de répondre à toutes les enquêtés perçoivent que la santé du bé- contraintes du développement de mar- tail s’est significativement améliorée avec ché et ne constitue qu’une partie des ac- l’accès aux points de services vétérinai- tivités à entreprendre pour les lever. SDA res. La mortalité du bétail a baissé de a ainsi testé deux mécanismes pour dé- façon significative. Combinée avec l’ac- LES LEÇONS ET velopper des marchés faibles en y créant cès aux marchés, cela a incité les paysans LES DÉFIS des dynamiques : le regroupement à investir et accroître leurs cheptels (218 comme une approche pour ouvrir des nouvelles têtes, soit plus de 5 % de marchés à des communautés rurales en- hausse). La production totale de lait a Bien que le travail de SDA à Goris soit clavées ; le fonds rotatif comme un augmenté de 14 % (dont 9 % dus à une encore récent, on déjà peut en tirer des moyen de transition douce vers des ser- meilleure santé du bétail et 4 % dus à leçons pratiques. vices payants.

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Le focus sur la pauvreté de l’approche sera éventuellement renforcé en encou- pour les petites organisations qui ont des M4P a induit que le développement du rageant la délivrance de services intégrés moyens humains et financiers limités. Si secteur laitier n’était pas le premier ob- comme la formation. De plus, SDA va l’accès au marché formel et aux servi- jectif de l’intervention, mais bien d’as- s’occuper plus spécifiquement de la dif- ces vétérinaires était à la base de l’amé- surer des revenus aux ruraux pauvres, ficulté des paysans d’accéder aux finan- lioration du secteur laitier, l’accès aux en particulier aux petites communautés cements : la principale contrainte à ce finances et à l’insémination artificielle enclavées, en les associant au dévelop- niveau serait le manque de garanties et de sont le bâti qui peut être posé sur ces pement du secteur (approche inclusive). références fiables. Les banques néan- fondations. Il s’agit de poursuivre le ren- moins s’étendent en zone rurale et sont forcement du socle, en particulier les Le futur : les interventions à la recherche de nouveaux clients sol- services vétérinaires qui sont un vecteur planifiées dans le secteur laitier vables. La référence d’Elola comme client fort de promotion et de succès de l’in- formel peut inciter ces dernières à la sémination. SDA, fin 2008, entre dans une seconde confiance. SDA s’engage ainsi dans un De même, les institutions financières ne phase d’intervention en s’appuyant sur processus d’amélioration de la relation seront pas intéressées à prêter aux pay- le travail réalisé lors de la première phase entre les banques, Elola et les paysans. sans qui vendent de façon informelle et en l’élargissant. Les services vont être La planification stratégique et le phasage mais plutôt à ceux qui ont un marché étendus à l’appui à l’insémination artifi- des activités sont essentiels au succès garanti, et surtout, une traçabilité auprès cielle. Le lien d’Elola avec les paysans des interventions M4P, et en particulier d’un acheteur reconnu. ■

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■ H. Schiff et des filières (2) : J. Stallard, WOCCU’s value chain finance la méthodologie WOCCU au Pérou methodology. Innovations in financing value chains, AMAP microREPORT #155, USAID, avril 2009, 12 p. Par financement de filière on désigne les produits et services financiers qui alimen- tent une filière ou circulent entre ses différents acteurs pour accroître le retour sur investissement, la croissance et la compétitivité de cette filière. Le programme AMAP de l’USAID s’intéresse aux pratiques innovantes dans ce domaine et vient de ré- compenser deux expériences dans le cadre du concours « Innovations in Financing Value Chains ». L’une d’elle est menée par le World Council of Credit Unions (WOCCU) au Pérou, notamment auprès de la filière café dans la région de San Martin. WOCCU forme les coopératives de crédit à un processus en quatre étapes permettant d’évaluer les besoins de financement de la filière et les risques associés, d’impliquer les acteurs de la filière et de concevoir des produits financiers adaptés.

e secteur de la microfinance s’est dé- Le CUMIP est mis en œuvre par WOCCU L veloppé au Pérou pour pallier les de 2006 à 2009 dans les régions pauvres manques laissés par les banques com- du Pérou. Le projet, en partenariat avec merciales, qui forment près de 95 % d’un la FENACREP (Fédération nationale des Accédez au document original : secteur financier relativement bien dé- coopératives de crédit du Pérou), consiste http://www.microlinks.org/ev_en.php?ID= veloppé. La microfinance offre aux micro à travailler avec neuf coopératives de cré- 39236_201&ID2=DO_TOPIC et petites entreprises des crédits de fai- dit pour améliorer leur performance fi- ble montant assortis de garanties mini- nancière et l’adéquation de leurs condi- males. Toutefois les producteurs ruraux tions d’épargne et de crédit, faciliter les sont toujours très mal servis par les pres- liens de marché pour accroître la com- tataires de services financiers. pétitivité de la filière et créer un réseau Les coopératives de crédit font figure d’agences pour diminuer les coûts de d’exception : dotées d’une forte présence transaction. historique dans les régions reculées du À travers ce projet, WOCCU a mis au Pérou, elles servent les communautés point et testé une méthodologie pour rurales pauvres depuis plus de cinquante concevoir des produits financiers plus ans. Mais elles peinent aussi à offrir des appropriés en conduisant une analyse produits de crédit adaptés aux petits pro- systématique des besoins et des contrain- ducteurs ruraux. Les modalités de prêt tes d’une filière donnée. Cette métho- s’accordent mal avec les contraintes de dologie comprend quatre phases : trésorerie particulières des producteurs et 1. Identifier et évaluer les opportunités les défauts de paiement sont fréquents. de financement de la filière. « L’Actualité des services Le programme CUMIP (Credit Union 2. Faciliter et exploiter les liens de marché. aux entreprises » no 18 Market Integration Program) financé 3. Déterminer la faisabilité financière et août 2009 par l’USAID a été conçu pour résou- concevoir le produit. Un produit d’information dre les contraintes financières rencon- financé par la DDC (Suisse) trées par les petits producteurs par le 4. Octroyer, suivre et recouvrer les prêts. et l’AFD (France), biais d’une approche globale de finan- Une condition importante pour la réus- et publié par le Gret cement de filière. site de cette méthode est que, outre l’ac-

21 Expériences innovantes dans le financement des filières (2) : la méthodologie WOCCU au Pérou 22

cès aux services financiers, les produc- ment pourrait correspondre aux intérêts teurs doivent avoir accès à l’assistance des petits producteurs et de la coopéra- PHASE 2 : FACILITER ET technique pour améliorer la production tive à la fois. EXPLOITER LES LIENS (à la fois la qualité et la quantité) afin de La « notation » est effectuée par le per- DE MARCHÉ répondre aux exigences de l’acheteur. sonnel de la coopérative au cours de vi- En partenariat avec d’autres bailleurs et sites de terrain auprès des acteurs de la prestataires d’assistance technique, filière. Principe WOCCU a appuyé les interventions vi- sant à aider les agriculteurs à améliorer La deuxième phase consiste à réunir tous la qualité de leur production. Application à la filière café les acteurs de la filière (producteurs, as- En août 2007, le WOCCU a commencé L’évaluation révèle qu’une association sociations de producteurs, prestataires à travailler avec la coopérative d’épar- locale de Rioja regroupant environ 300 d’assistance technique, fournisseurs d’in- gne et de crédit Santo Cristo de Bagazan producteurs de café, Selva Andina, a éta- trants, acheteurs, etc.) lors d’un atelier dans l’Alto Mayo, dans la région de San bli une relation avec un acheteur, mais dans le but de : Martin. La culture du café y a une lon- manque de capital pour payer les pro- ➤ finaliser et corriger la carte de la fi- gue histoire, et beaucoup de petits agri- ducteurs au moment de la livraison du lière préparée lors de la phase 1 ; culteurs dépendent du café. WOCCU a café. Ceux-ci, devant attendre le règle- constaté que la production de café pour- ➤ évaluer les contraintes clés le long de ment de la transaction avec l’acheteur rait être développée en augmentant les la filière ; final, rencontrent des problèmes de tré- ventes à l’exportation si les producteurs ➤ solliciter l’engagement des acteurs vis- sorerie, choisissent parfois de vendre étaient en mesure de répondre aux exi- à-vis d’interventions appropriées ; ailleurs à des prix moins intéressants et gences de qualité et de quantité des laissent l’association avec des stocks in- ➤ déterminer les besoins réels de crédit ; acheteurs. suffisants. ➤ collecter des données sur les coûts de La coopérative Santo Cristo de Bagazan Cette phase permet aussi d’identifier que production et le prix des produits. ayant montré son intérêt, WOCCU l’a la seule offre de financements provient aidé à mettre en œuvre sa méthodolo- d’acheteurs intermédiaires qui exigent gie dans cette région, dans le but d’é- Application à la filière café que l’ensemble de la production leur soit tendre les services financiers proposés vendue, ce qui leur donne quasiment aux acteurs de la filière café. L’objectif de l’atelier est double : 1) ame- tout contrôle sur les prix et limite la ner autant d’acteurs de la filière que pos- marge de manœuvre des producteurs en sible à discuter des problèmes et op- matière de modes de production. portunités de la filière du café de Par ailleurs, l’équipe d’évaluation note spécialité d’Alto Mayo et 2) identifier des PHASE 1 : IDENTIFIER ET que, outre de bonnes conditions clima- activités concrètes pour améliorer son ÉVALUER LES OPPORTUNITÉS tiques et des sols favorables, les pro- fonctionnement. ducteurs de la région ont déjà bénéficié DE FINANCEMENT L’analyse effectuée par les participants a de missions d’assistance technique qui été structurée suivant le modèle des cinq DE LA FILIÈRE leur permettraient, s’ils appliquent tou- forces de M. Porter (« diamant de Porter »). tes les recommandations, de satisfaire aux exigences de l’exportation et gagner Les participants attribuent le principal Principe de meilleurs prix. problème de la filière (faible production de café de qualité supérieure) à deux En outre, certains cultivateurs ont ob- causes : Cette première étape consiste à évaluer tenu une certification biologique pour ➤ la viabilité de la filière à l’aide d’une leur culture de café de spécialité, mais le manque de ressources financières grille de notation qui quantifie les cri- deux raisons les empêchent d’en tirer pour appliquer les recommandations tères suivants : 1) la demande du mar- profit : (i) en raison des difficultés de tré- des assistants techniques ; ché pour le produit, 2) la capacité des sorerie de l’association, les producteurs ➤ le manque de ressources disponibles producteurs à répondre aux exigences n’ont souvent pas les ressources néces- pour assurer des cultures aux normes du marché, 3) le niveau d’organisation du saires pour acheter des intrants biolo- biologiques. groupement de producteurs, 4) les ca- giques, et (ii) les acheteurs intermédiai- Les producteurs membres de l’associa- ractéristiques socio-économiques du res ne valorisent pas le café biologique. tion Selva Andina déclarent qu’ils ont groupement de producteurs, 5) la force La grille de notation utilisée pour l’éva- besoin de crédits pendant les deux mois des relations au sein de la filière, et 6) luation mesure deux types d’indicateurs : qui précèdent la récolte pour financer l’historique de l’accès au crédit. les indicateurs de marché et les indica- la culture d’hectares supplémentaires de Par ailleurs, la coopérative évalue les for- teurs de risque. L’évaluation de la filière café de spécialité. L’association a quant ces, faiblesses, menaces et opportuni- café de Rioja donne lieu à un score pon- à elle besoin de financements dans la tés de la filière et cherche à déterminer déré de 7,75, ce qui la rend éligible pour période qui suit la récolte pour payer les à quels points de la filière le finance- la poursuite du processus. producteurs dès la livraison.

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Sur cette base, les producteurs, l’asso- d’un mois, taux d’intérêt mensuel de ciation et la coopérative de crédit s’en- 2,2 %, sans période de grâce, garanti RÉSULTATS ET IMPACT gagent à prendre des mesures visant à par l’engagement à fournir le produit). SUR LA FILIÈRE résoudre ces contraintes financières. Les producteurs signent des contrats qui les engagent à appliquer un ensemble de Santo Cristo de Bagazan a octroyé 97 recommandations techniques pour amé- prêts individuels aux producteurs en jan- liorer la production s’ils ont accès à des PHASE 4 : OCTROYER, SUIVRE ET RECOUVRER LES PRÊTS vier 2008 (de 442 USD en moyenne) et crédits. 114 en septembre de la même année (833 USD en moyenne). Un prêt de 16 600 USD a été accordé à l’association Selva Principe Andina en mars 2008. La coopérative est PHASE 3 : DÉTERMINER très satisfaite des résultats, ne déplore LA FAISABILITÉ FINANCIÈRE La dernière phase de la méthodologie aucun impayé et continue à répondre à une forte demande à la date du rapport. ET CONCEVOIR LE PRODUIT consiste à établir les processus et poli- tiques nécessaires aux coopératives pour Les coopératives d’épargne et de crédit faire face aux risques associés aux cré- qui ont travaillé avec WOCCU ont gagné dits à la filière (notamment éloignement une meilleure compréhension des filières Principe de l’emprunteur et remboursements in et des besoins financiers des producteurs fine du capital). Les coopératives de cré- engagés dans ces filières. Grâce à cette Cette phase consiste pour la coopérative dit travaillent avec les associations de collaboration, cinq coopératives de cré- de crédit à utiliser les données financiè- producteurs et les prestataires d’assis- dit péruviennes ont conçu et mis en res et de production collectées pour ana- tance technique pour contrôler la pro- œuvre de nouveaux produits financiers lyser les besoins financiers et les capa- duction et élaborer des politiques de rem- pour les producteurs et associations de cités de remboursement des clients boursement et de gestion des impayés. producteurs dans 20 filières différentes. potentiels. Chacune conçoit une gamme Ces nouveaux produits ont permis d’é- adaptée de produits financiers pour sa Application à la filière café tendre la portée des coopératives tout en base de clients, en proposant différen- diminuant leurs taux d’impayés. Les pro- tes conditions, structures de rembourse- ducteurs, qui suivent désormais les nor- ment, taux d’intérêt, périodes de grâce et WOCCU a aidé la coopérative de cré- mes de production biologique et ven- garanties. dit Santo Cristo de Bagazan à définir les nouvelles procédures et politiques de dent à l’association plutôt qu’à des prêt aux cultivateurs de café. Par exem- intermédiaires, ont vu les prix d’achat Application à la filière café ple, avant son intervention, le règlement de leur café augmenter de 54 %. interdisait à la coopérative tout octroi de En amenant autour de la même table Les informations réunies lors de l’atelier prêt agricole. acheteurs et vendeurs — souvent pour sur les cycles de production, les coûts, Les nouvelles procédures définissent la première fois —, les ateliers organi- rendements et prix ont été exploitées aussi une approche spécifique de suivi sés dans le cadre du projet ont ouvert de pour concevoir et structurer les caracté- des clients très éloignés, que les agents nouvelles voies de communication entre ristiques des prêts. de crédit ne peuvent pas visiter deux fois acteurs. L’information circulant davan- Deux produits potentiels ont été identi- dans le cycle de production (minimum tage, tous sont en mesure de prendre des fiés pour la filière café : requis). La coopérative s’appuie sur d’au- décisions mieux informées. Les produc- teurs peuvent aussi commencer à ren- ➤ Crédit à la production pour les pro- tres acteurs de la filière (associations de forcer leur pouvoir de négociation sur la ducteurs : échéance de 6 à 9 mois producteurs locaux, assistants tech- base de leur connaissance des besoins calée sur le cycle de production, oc- niques, acheteurs) pour effectuer un suivi des acheteurs et fournisseurs. troyé directement au producteur pour de la production. couvrir jusqu’à 70 % des coûts de pro- Dans certains cas, la coopérative reçoit duction (taux d’intérêt de 2 % par mois, le remboursement des prêts directement période de grâce de 2 à 3 mois, garanti des acheteurs à réception des comman- par des commandes ou titre de pro- des ; une fois le prêt ainsi remboursé, le CONCLUSIONS priété). Crédit remboursé par la CAFE- bénéfice de la transaction est versé sur le ET ENSEIGNEMENTS SAM, fédération régionale dont fait par- compte d’épargne de l’association ou tie Selva Andina, et l’acheteur du café. du producteur. ➤ Crédit commercial pour l’association : Collaborer avec les différents acteurs Les éléments clés pour la réussite de tout offre les liquidités nécessaires à Selva de la filière sert le double objectif de projet de financement des filières sont Andina pour acheter de plus grandes renforcer les liens entre acteurs et ré- la réduction des risques et la conception quantités de café aux producteurs et duire le coût et la charge de suivi de la d’incitations durables. Mettre en place les payer immédiatement (échéance coopérative de crédit. ces deux éléments de telle manière qu’ils

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret Expériences innovantes dans le financement des filières (2) : la méthodologie WOCCU au Pérou 24

ne se substituent pas aux dynamiques du secteur privé mais qu’ils catalysent le développement de la concurrence est essentiel.

Plusieurs enseignements importants ont émergé du modèle de WOCCU : Pour en savoir plus ➤ les incitations à prêter aux produc- teurs ont découlé de la démonstration > Technical Guide - Integrated Financing for Value Chains: Credit unions de la rentabilité de services financiers fill the agricultural lending gap and create market linkages, WOCCU, bien conçus ; 2009, 12 p. http://www.woccu.org/publications/techguides ➤ les risques associés au crédit pour les coopératives ont été réduits en conce- > Expériences innovantes dans le financement des filières (1), vant un produit qui répond aux be- in « L’actualité des services aux entreprises » no 17, Gret, juin 2009. soins de trésorerie des producteurs et http://www.gret.org/ressource/bds.asp associations de producteurs ; > Intégrer la dimension du financement dans l’analyse de filière : ➤ les incitations à travailler en collabo- le cas de la filière mangue au Chiapas, in « L’actualité des services ration ont été créées après la mise en aux entreprises » no 16, Gret, octobre 2008. relation des différents acteurs lors de http://www.gret.org/ressource/bds.asp l’atelier. > Identifier les besoins de financement des filières : analyse de quatre filières au Mali, in « L’actualité des services aux entreprises » no 14, La méthodologie mise en œuvre par Gret, octobre 2007. WOCCU est susceptible de servir à d’au- http://www.gret.org/ressource/bds.asp tres prestataires de services financiers désireux de servir des groupes cible ru- > Finance in the Value Chain Framework Briefing Paper, Briefing Paper, raux enclavés. Quelques conditions préa- USAID, 2009, 4 p. lables doivent toutefois être réunies pour http://www.microlinks.org/ev_en.php?ID=34299_201&ID2=DO_TOPIC permettre la réplication de ce modèle : ➤ existence d’un marché, d’une de- mande identifiée pour le produit ; ➤ niveau minimum d’organisation des producteurs de la filière (pour des questions de volume de production, de mise en œuvre de l’assistance tech- nique, de pouvoir de négociation, d’ef- ficacité pour la coopérative de crédit, d’information sur l’historique de cré- dit des membres, notamment) ; ➤ existence de données fiables sur le marché ; ➤ bon niveau de compétences tech- niques ou accès à de l’assistance tech- nique (pour répondre à la demande et satisfaire aux normes) ; ➤ existence d’une infrastructure de base (routes notamment) dans la région de la filière ; ➤ existence de titres de propriété (au moins déclaratifs). ■

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS État du développement des entreprises en

■ C. Jones, MEASURE: Éthiopie : application de l’outil Ethiopia - The Enterprise Development Diagnostic de diagnostic MEASURE for USAID/Ethiopia, BGI, USAID, juin 2009, 43 p.

Le projet BGI (Business Growth Initiative) de l’USAID a élaboré un outil de dia- gnostic du développement des entreprises baptisé MEASURE pour évaluer (i) l’évo- lution des performances des entreprises, (ii) l’évolution du comportement et de la prise de décision des entreprises, et (iii) l’impact sur ces évolutions des changements intervenus dans l’environnement économique des entreprises. L’outil est composé d’un certain nombre d’indicateurs, qui associés à une enquête auprès des entrepri- ses, fournissent des données de référence et de comparaison entre pays. L’outil per- met également de segmenter, d’interpréter, d’analyser et de suivre les données dans l’optique de la programmation d’interventions futures. En mars 2009, la BGI a ef- fectué un diagnostic pilote à l’aide de l’outil en Éthiopie. Elle a réalisé des enquê- tes à Addis-Abeba auprès d’un échantillon de 54 entreprises représentatives des principaux secteurs clés. Sur la base de l’analyse des données, BGI a identifié les prin- cipales forces et faiblesses caractérisant l’activité des entreprises en Éthiopie.

Accédez au document original : ’ojectif de l’outil MEASURE est de tionnelles de l’USAID (Commercial, https://www.businessgrowthinitiative.org/ L décrire comment les performances Legal, and Institutional Reform Assess- BGIProducts/Documents/MEASURE%20 et les décisions des entreprises au sein ment, CLIR), les rapports sur la compé- Ethiopia%20final.pdf d’une économie donnée sont influen- titivité des pays du Forum économique cées par l’environnement qui les touche mondial (Global Competitiveness directement, notamment l’accès aux Reports, GCR) ou les indicateurs Doing compétences, aux services et à la Business de la Banque mondiale. connaissance. L’outil ne restreint pas la Alors que ces autres outils se focalisent définition de l’environnement au cadre sur l’environnement réglementaire et politique et réglementaire. légal (CLIR), le temps, le coût et la com- plexité de la création d’entreprise (Doing Business), ou l’analyse macro-écono- mique de l’environnement des affaires QUELLE EST LA SPÉCIFICITÉ dans un pays (CAS), MEASURE cherche à montrer dans quelle mesure les entre- DE L’OUTIL MEASURE prises parviennent à se développer et par rapport aux autres indicateurs réussissent dans l’environnement spéci- ou cadres d’évaluation ? fique qui est le leur, et comment évo- luent leurs stratégies et leurs prises de « L’Actualité des services décision. Pour cela, il s’appuie sur les aux entreprises » no 18 MEASURE se différencie des autres ou- questions suivantes : août 2009 tils de diagnostic ou indices nationaux 1. Comment peut-on mesurer la struc- Un produit d’information existants, tels que les enquêtes nationa- ture, la sophistication et la performance financé par la DDC (Suisse) les analytiques (Country Analytical des entreprises dans un pays donné et l’AFD (France), et publié par le Gret Surveys, CAS), les évaluations des réfor- (taille, rentabilité, croissance, expor- mes commerciales, juridiques et institu- tations, pénétration du marché, etc.) ?

25 État du développement des entreprises en Éthiopie : application de l’outil de diagnostic MEASURE 26

2. Si des changements ou des améliora- Développement des entreprises : définition de la BGI tions ont été récemment apportés à l’environnement des entreprises, cel- les-ci y répondent-elles de la manière Définition : le développement des entreprises vise à améliorer les opportunités et les prévue (plus de créations d’activité, incitations offertes aux entreprises en particulier, et au secteur privé en général, et à investissement accru, exportations en renforcer leur capacité à créer de la richesse, à croître et à opérer dans l’économie hausse, etc.) ? formelle. 3. Quels choix, prises de décision et au- Corollaire 1 : le développement des entreprises améliore la capacité du secteur privé tres comportements peut-on s’atten- à réduire la pauvreté et favoriser une répartition plus équitable des revenus en dre à voir si les entreprises répondent augmentant le taux de croissance économique, la croissance des entreprises et l’emploi. comme prévu à l’amélioration de l’en- Corollaire 2 : les initiatives pérennes de développement des entreprises incluent des vironnement (par exemple, formation mesures d’amélioration de l’environnement des affaires et de renforcement des liens interne des salariés et augmentation verticaux et horizontaux visant l’augmentation des performances. des niveaux de compétences, straté- gies plus sophistiquées, prix plus éle- vés, accroissement des liens de mar- ché, meilleure compréhension des Cadre de diagnostic du développement des entreprises besoins du marché final) ? En répondant à ces questions MEASURE met en évidence les forces et faiblesses internes aux entreprises et indique si les changements de politique ciblent les principales contraintes auxquelles elles font face. Savoir, Accès au technologies et financement accès aux services

QUE MESURE PRÉCISÉMENT L’OUTIL ? Développement des entreprises

Le cadre MEASURE étudie la réponse des entreprises à quatre facteurs clés. Développement de la Environnement légal, Chaque grand facteur contribue à ren- force de travail et réglementaire et forcer le développement des entreprises, des compétences concurrentiel qui constitue le centre du cadre. Le développement des entreprises (per- formance, structure et sophistication) et chacun des quatre facteurs environne- mentaux (accès au financement ; déve- loppement de la force de travail et des compétences ; environnement légal, ré- glementaire et concurrentiel ; savoir et technologies) sont associés à des indi- cateurs : 4. Diversification des industries d’ex- 8. Stratégie proactive (FEM, rapport sur portation (Nations Unies, statistiques la compétitivité) Performance des entreprises Comtrade) a. Contrôle de la distribution 1. Taille et croissance des exportations 5. Informalité (Forum économique mon- (entreprises nationales vs. (OMC, statistiques) dial, rapport sur la compétitivité des pays) entreprises internationales) 2. Productivité du travail (BIT, Indicateurs b. Sophistication des processus Niveau de sophistication clés du marché du travail) pour l’en- de production des entreprises semble de l’économie c. Niveau du marketing 6. Certifications de la production (Banque Structure d’entreprise mondiale, base de données Enterprise d. Degré de réactivité à la demande 3. Taille de l’entreprise (Banque mon- Survey) diale, Indicateurs de développement dans 7. Nombre d’entreprises avec des certi- 9. Étendue des activités à valeur ajoutée le monde) fications ISO (FEM, rapport sur la compétitivité)

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret État du développement des entreprises en Éthiopie : application de l’outil de diagnostic MEASURE 27

Accès au financement ➤ les entreprises commencent à com- 10. Accès aux prêts (FEM) LE PAYSAGE DES prendre les avantages des liens entre ENTREPRISES EN ÉTHIOPIE entreprises pour saisir des opportuni- 11. Accès aux capitaux propres (FEM) tés de marché. 12. Accès au capital risque (FEM) Parmi les points négatifs : Développement de la force de travail L’économie de l’Éthiopie est dominée par ➤ la pénurie de devises étrangères ; et des compétences le secteur agricole. Celui-ci représente ➤ une forte dépendance aux intrants im- 13. Formation de la main d’œuvre (FEM 60 % des exportations du pays, 80% des portés ; et BM) emplois et 46 % de son produit intérieur ➤ un mauvais accès aux services d’en- brut. Le secteur des services compte pour 14. Disponibilité locale de services de treprise. recherche et de formation (FEM) 40 % et l’industrie pour 13 %. 15. Fuite des cerveaux (FEM) Enseignements des indicateurs Conclusion Environnement légal et réglementaire Si l’Éthiopie est freinée par des politiques L’application de l’outil a permis de faire gouvernementales restrictives, qui inter- 16. Qualité de la réglementation (BM, ressortir les forces et les faiblesses du disent l’investissement étranger, un mau- Indicateurs de gouvernance) pays, certains indicateurs étant bien po- vais accès au financement de trésorerie sitionnés par rapport aux pays de com- Environnement concurrentiel et d’investissement, des filières ineffi- paraison (Kenya, Ouganda, Afrique du cientes et un accès insuffisant aux servi- 17. Nature de l’avantage concurrentiel Sud), d’autres révélateurs des points fai- ces commerciaux pour les entreprises, le (FEM) bles de l’Éthiopie. 18. Sophistication des analyses et déci- pays montre cependant des signes pro- Les indicateurs positifs comprennent : sions des acheteurs (FEM) metteurs. Les entreprises s’adaptent à ces ➤ le taux de croissance des exportations ; contraintes, certaines avec succès, et 19. Niveau de développement des clus- changent leur manière de fonctionner. ters (FEM) ➤ une diversification des industries d’ex- portation plus forte que la moyenne ; Les résultats de l’enquête indiquent que, 20. Intensité de la concurrence locale en réponse aux faiblesses du pays, les (FEM) ➤ un niveau d’informalité relativement entreprises éthiopiennes ont développé plus faible ; plusieurs stratégies d’adaptation, no- Savoir et technologies ➤ un meilleur contrôle de la distribution. tamment : 21. Nombre d’utilisateurs d’Internet Les domaines de faiblesse notables du ➤ (FEM) retarder l’expansion et l’offre de nou- pays sont : veaux produits jusqu’à ce que le fi- 22. Nombre de souscripteurs de contrats ➤ le mauvais accès au financement, par- nancement soit sécurisé ; de téléphonie mobile (FEM) ticulièrement pour répondre aux be- ➤ rechercher des associations en co- 23. Capacité d’innovation (FEM) soins de trésorerie et d’investissement ; entreprises, à la fois auprès des in- 24. Degré d’adoption des technologies ➤ un faible niveau de productivité de la vestisseurs étrangers et nationaux ; (FEM) main d’œuvre ; ➤ recruter des consultants externes afin ➤ la faiblesse de coordination ou d’effi- d’améliorer la productivité et résou- L’enquête auprès des entreprises sert à cacité des filières ; dre les inefficacités opérationnelles ; approfondir, à valider et parfois à éclair- ➤ un accès très insuffisant au savoir et ➤ renforcer la rémunération et les plans cir les indicateurs nationaux et à illus- aux technologies. d’incitation dans l’espoir d’accroître trer les aspects de performance, sophis- la productivité de la main d’œuvre ; tication et structure des entreprises. ➤ rechercher les possibilités d’intégra- MEASURE est conçu avant tout comme Enseignements des entretiens tion verticale afin de faire baisser les un outil de diagnostic. Lorsque ses coûts d’exploitation, d’améliorer l’ef- résultats sont utilisés dans le cadre de D’autres enseignements sur les points de ficacité de la filière, ou de gagner un l’analyse des réponses des entreprises à force et de faiblesse ont été tirés de l’en- meilleur contrôle des chaînes d’ap- l’évolution de leur environnement di- quête auprès des entreprises. provisionnement. rect, il permet de faire émerger des points Parmi les points positifs : d’entrée logiques. En prenant en consi- En actualisant les données générées par dération ces points d’entrée et les ré- ➤ les secteurs prioritaires, avec l’appui l’outil dans le futur, les analystes seront ponses attendues des entreprises, l’outil du gouvernement et des bailleurs, sont en mesure de suivre l’évolution du com- peut être utilisé comme une ressource en croissance ; portement des entreprises, ainsi que les pour élaborer des stratégies ou pro- ➤ les entreprises s’adressant au marché changements dans leurs prises de déci- grammes visant à améliorer le dévelop- intérieur sont aussi sophistiquées que sion à l’occasion d’améliorations de leur pement des entreprises. les entreprises axées sur l’exportation ; environnement. ■

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS 20 ans d’expérience du Forum des Jeunes Entreprises du Congo (FJEC) ■ Entretien avec Paul Kampakol, secrétaire général du FJEC, pour la revue (septembre 2009). En octobre prochain, le Forum des Jeunes Entreprises du Congo (FJEC), ancienne- ment Forum des Jeunes Entreprises de Comafrique, fêtera ses 20 ans d’existence. L’occasion de présenter cette structure locale d’appui aux entreprises, l’évolution de vingt ans de services aux entreprises, et de faire un zoom sur l’une des activités actuellement menées, l’appui aux initiatives paysannes. Le FJEC a organisé à l’automne 2008 des échanges visant à réorienter ses missions, dont les principales conclusions sont présentées ici.

vices intégrés d’appui aux créateurs LA GENÈSE ET L’ÉVOLUTION d’entreprise. Les candidats qui se pré- DU FORUM DES JEUNES sentent à lui, jeunes et moins jeunes, ENTREPRISES DU CONGO passent d’abord par une séance de for- (FJEC) mation à l’esprit d’entreprise et au mon- tage de projet d’entreprise. Les études de faisabilité pour la réalisa- tion des projets bancables sont assurées Le FJEC a été fondé en 1989, à une pé- par une cellule d’appui ayant une sec- riode où le régime socialiste en place au tion urbaine et une autre rurale. Étant Site Web du FJEC : www.fjec.org Congo ne favorisait pas l’initiative éco- dans un contexte d’économie centrali- nomique et associative, par le Révérend sée avec un système financier peu fami- Père Christian de la Bretesche qui a fait lier du financement des petites entrepri- adopter cette initiative par la Comafrique ses, le FJEC s’est vu contraint de mettre (Commission épiscopale pour la ges- en place une institution de microfinance tion des moyens de communication de spécialisée dans le financement de la l’Église catholique). petite entreprise : la Caisse de petits prêts Depuis cette date, sa mission principale aux entreprises débutantes, devenue en est l’insertion économique des popula- 1996, Caisse de participation à la pro- tions par l’initiative économique et/ou motion des entreprises et à leur déve- sociale. C’est une structure d’appui et loppement (CAPPED). d’encadrement. Très vite (1993-1994), le FJEC s’est aperçu Ses activités sont orientées vers : la for- que les besoins des petites entreprises mation et la sensibilisation à l’esprit en suivi étaient de plus en plus orientés d’entreprise, les services d’appui finan- vers la maîtrise des outils et processus ciers et non financiers, les services d’a- de production. Un service d’information nimation et de promotion pour l’ac- sur les technologies appropriées a été compagnement de « mutations cultu- développé, se rapprochant des parte- relles ». Ces activités ont été mises en naires et réseaux techniques nationaux « L’Actualité des services place progressivement, sans feuille de et internationaux. aux entreprises » no 18 septembre 2009 route clairement prédéfinie, en répon- Le développement de ce service a donné dant chaque fois à un besoin des jeunes Un produit d’information lieu en 2003 à la création de la Maison financé par la DDC (Suisse) apprentis entrepreneurs. des initiatives économiques et sociales lo- et l’AFD (France), Entre 1989 et 1991, le FJEC est devenu cales (MIELS) équipée d’un centre de do- et publié par le Gret l’une des rares structures offrant des ser- cumentation, d’un cyber café et d’une

28 20 ans d’expérience du Forum des Jeunes Entreprises du Congo (FJEC) 29

salle de réunion. L’appui technologique d’autre part. Bien qu’autonome, la CAP- 2. Renforcer le volet formation en met- est aujourd’hui développé au sein des PED est restée une structure de finance- tant en place une vraie ingénierie en centres de ressources professionnels ment des initiatives économiques et tra- la matière. Au-delà des modules sur (CRP), tant dans les zones urbaines que vaille en synergie avec les centres de l’esprit d’entreprise, en proposer d’au- rurales. gestion agréés du FJEC. tres pour accompagner en même Entre 2002 et 2003, deux événements Les services du Forum sont diversifiés et temps les nouveaux et les anciens en- majeurs ont donné un autre tournant à la soigneusement articulés. L’ingénierie so- trepreneurs, ainsi que leur personnel. vie institutionnelle du FJEC : son autono- ciale développée par la CAP pose les ja- 3. Encourager la culture de résultat en misation vis-à-vis de la commission épis- lons de l’intervention du service tech- passant d’une gestion de type bud- copale et la séparation de la CAPPED. nique du CGA. gétaire à une gestion fondée sur la lo- Depuis 2002, le FJEC dispose d’une per- Bien qu’étant sous la responsabilité du gique de résultat. Le rendement est sonnalité juridique et est devenu une secrétaire général, chaque CGA est doté mis en avant. association à but non lucratif. C’est une d’un directeur. Ils emploient deux types structure professionnelle d’appui, re- de conseillers, à savoir les rédacteurs de 2008 a vu la mise en place du service connue d’utilité publique par le projet et les chargés de suivi. de gestion déléguée. Cette activité per- Gouvernement et les bailleurs de fonds. met au Centre de gestion agréé d’aider Il compte 37 salariés répartis dans ses les promoteurs résidant à l’étranger dans deux antennes, à Brazzaville et à Pointe la gestion de leurs entreprises. La ges- Noire. tion déléguée ouvre de belles perspec- LES PRINCIPALES ACTIVITÉS tives grâce à un projet géré en partena- Dans chaque antenne sont aujourd’hui DU FORUM EN 2008 riat avec le ministère français des Affaires proposés : étrangères, qui accompagne l’investis- ➤ les services d’ingénierie de formation sement des migrants au Congo. et de conseil : études de projets (d’en- En matière d’appui aux entreprises en Les appuis-conseils dans le domaine treprises ou d’opportunités) et ac- 2008, le Forum des jeunes entreprises agropastoral ont porté sur un centre de compagnement en gestion des entre- du Congo a pu réaliser en zone urbaine formation en élevage à Pointe-Noire prises, à travers le Centre de gestion et en zone rurale des activités de : (Djéno) et sur deux entreprises de trans- agréé (CGA) ; ➤ suivi en comptabilité ; formation de produits agricoles. Une di- ➤ la cellule d’animation et de promo- ➤ conseil en gestion ; zaine d’études de faisabilité ont été réa- tion (CAP) offrant des compétences lisées pour permettre l’installation de ➤ étude de faisabilité de projets ; en ingénierie sociale pour accompa- nouveaux fermiers dans la zone. gner les organisations de base. Sa mis- ➤ gestion déléguée des entreprises. Les deux unités de transformation des sion est de contribuer à l’émergence En tout, 55 PME ont été suivies à produits agricoles ont bénéficié de sui- et au développement des acteurs du Brazzaville et à Pointe-Noire. Parmi les vis hebdomadaires de leurs activités (suivi secteur privé et de la société civile en services demandés par ces entreprises, des investissements, suivi de l’activité et République du Congo par l’ingénie- le suivi comptable est le plus sollicité. Il conseils, vérification des données de fi- rie de l’information et de la commu- permet à l’entrepreneur d’avoir la maî- ches mensuelles d’inventaire et élabo- nication. trise de son activité en vue de promou- ration des tableaux de bord). Par ailleurs, le FJEC a créé des unités de voir sa croissance. En partenariat avec la CAPPED, le CGA a production, véritables entreprises de ser- À l’automne, des échanges ont eu lieu monté des dossiers de financement afin vices : une fabrique d’aliments pour bé- afin de réorienter la mission du CPEJ. d’obtenir de cette structure des fonds né- tail du Congo (Faabco) qui devrait jouer Ceux-ci ont donné lieu aux principales cessaires pour permettre aux maraîchers de un rôle dans la structuration de la filière décisions suivantes : la zone de Nkounda à Pointe-Noire d’ac- élevage périurbain ; une entreprise de 1. Fusionner les cellules d’appui diffé- céder à la propriété foncière. À l’issue de transport qui pourrait jouer un rôle dans renciées (CAU pour l’urbain et CAR cette opération, trois maraîchers sont de- le désenclavement des zones rurales où pour le rural) pour mettre en place le venus propriétaires de leurs terrains. intervient le Forum ; un cyber-espace, Centre de gestion et d’appui aux en- En zone rurale, le FJEC a renforcé sa stra- lieu d’initiation des entrepreneurs à l’ou- treprises. Cette décision doit permet- tégie de partenariat avec les Centres ru- til informatique, et un service de main- tre de briser le cloisonnement qui raux de ressources professionnelles tenance. commençait à devenir très fort entre (CRRP) et de lancement de nouveaux En décembre 2003, après une année de les conseillers en milieu urbain et centres en collaboration avec les orga- préparation, la CAPPED a été séparée ceux du monde rural. Il est apparu nisations professionnelles. Ceux-ci sont du FJEC. Deux raisons ont contribué à que l’entreprise, quelle que soit sa mis en place pour promouvoir le déve- cette décision : l’entrée en vigueur de la zone d’implantation et son secteur loppement communautaire rural. Un loi sous-régionale sur la microfinance d’activité, a besoin d’appuis multi- appui spécifique a été apporté au CRRP d’une part et la nécessité de séparer l’ap- formes. Toutes les compétences doi- de Bouazi dans le département du Pool, pui financier de l’appui non financier vent être disponibles. dans le suivi de sa Caisse villageoise d’é-

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pargne et de crédit (CVEC). Il s’est agi Les appuis du FJEC pour répondre à l’en- et éleveurs de Louomo). À Bouazi (dans essentiellement de l’accompagnement semble de ces besoins se mettent en le district de Loumo), on peut citer : le des gestionnaires de celle-ci dans le mon- place progressivement, constituant ainsi groupement des maraîchers et arbori- tage des dossiers de crédit des mem- un package intégré de quatre volets. culteurs, la coopérative familiale Mikissi, bres. Deux autres caisses sont suivies à Celui-ci comprend : l’animation sociale, le Groupe d’initiatives rurales de Kanga Makotipoko dans le département de la l’appui-conseil, l’appui à la commer- Dzaka, etc. Dans ces associations, l’in- Likouala et Djéno à Pointe-Noire. Le cialisation et l’appui financier. L’objectif tervention du FJEC porte sur l’accompa- Forum poursuit les réflexions avec les principal visé étant l’encadrement des gnement des mutations sociales et cul- gestionnaires des différentes caisses, no- initiatives économiques rurales à travers turelles et les formations alternatives tamment sur leur statut et sur leur arri- le renforcement des communautés villa- (rencontres d’échanges d’expériences, mage à la CAPPED. geoises et la mise en place de véritables ateliers de formation, etc.). organisations paysannes. De ces échanges avec les groupes de paysans naissent des besoins d’appuis L’évolution des services techniques spécifiques. Le FJEC met en ZOOM SUR UNE ACTIVITÉ DU place la deuxième action qui prend la forme d’appui-conseil en accompagne- FJEC : LES SERVICES D’APPUI La première action du FJEC en faveur du ment des activités économiques. AUX INITIATIVES RURALES milieu rural consiste en de l’animation sociale. Celle-ci a pour but d’aider à la structuration locale et de favoriser la co- Les défis de la promotion La genèse et l’évolution des habitation entre ruraux et jeunes ex-ci- d’un monde rural entreprenant services d’appui au monde rural tadins de retour au village. C’est une dé- marche de responsabilisation des Il est souvent difficile de faire changer les populations et d’implication dans la mise Les années 80 correspondent à une pé- habitudes des paysans qui ont gardé les en œuvre des projets de développement riode de crise pour l’État congolais, suite mêmes méthodes de culture et les mêmes communautaire et local. à la mise en place des programmes d’a- cultures pendant de nombreuses années. justement structurel, commandités par L’objectif est de susciter la naissance d’or- Pourtant, avec les conseils techniques du les institutions financières internationa- ganisations paysannes viables capables FJEC, les paysans de la zone de Loumo les. La fonction publique, seul employeur de conduire des dynamiques entrepre- ont pu se tourner vers la culture de la ba- jusque-là, arrête brusquement les recru- neuriales. De ce fait, quelques associa- nane plantain. En effet, à la suite d’une tements systématiques des jeunes désco- tions et groupements paysans voient le attaque de la mosaïque sur les cultures larisés. On voit ainsi apparaître dans le jour et sont accompagnés pour devenir de manioc (aliment de base dans la zone), paysage, et sans préparation aucune, les de vraies organisations paysannes pro- les paysans ont été sensibilisés aux mé- nouveaux entrepreneurs. fessionnelles. thodes de culture de la banane plantain, Certains parmi eux décident de s’instal- À Louomo (dans le département du Pool), aliment de substitution du manioc. ler dans les campagnes où ils disposent l’action de structuration a fait naître Aujourd’hui, plusieurs paysans se sont de terrains familiaux. La rencontre entre l’ASMAELO (Association des maraîchers complètement reconvertis à cette culture. ces jeunes citadins et les paysans autoch- tones fait émerger quelques conflits sur des sujets tels que : leur place dans la Deux exemples d’appui aux activités économiques rurales communauté, leurs méthodes de travail qui supplantent les savoir-faire tradi- tionnels, etc. À travers les semaines d’a- Après la guerre civile de 1997, le FJEC lance dans certains villages une opération dite « coq amélioré », en vue de favoriser la recomposition du cheptel des poulets nimation sociale baptisées « chantiers locaux. C’est un programme de métayage en zone rurale. Son objectif est de croiser ville-campagnes » organisées chaque une race de coqs étrangers avec des poules locales, afin de produire une race année par le FJEC, ces problèmes com- améliorée plus résistante. La production d’œufs fécondés issus de ce croisement mencent à être posés, et les besoins conduit à la production locale des poussins améliorés. Cette opération permet de d’appui formulés. relancer des cheptels décimés pendant la guerre et d’obtenir une nouvelle race de Ceux-ci s’orientent vers : poulet plus résistante. 1. la structuration des organisations pay- Pendant la même période (2002-2004), la FAO a recours au FJEC pour accompagner sannes ; la relance et le développement du maraîchage dans la zone de Louomo (villages Simouloukouni, Kindamba et Vinza). 2 225 paysans de 75 villages bénéficient de 2. l’amélioration des techniques cultu- semences améliorées. Les appuis portent sur le suivi-encadrement permanent des rales et d’élevage ; maraîchers, la formation permanente par des sessions modulaires, la fourniture des 3. la commercialisation des produits ; intrants et des services appropriés de traitement phytosanitaire, l’appui à l’organisation et à l’autostructuration des groupements, etc. Ce programme permet à certains 4. le financement des activités écono- maraîchers de se spécialiser dans la production d’espèces rentables. miques ; 5. la santé et l’éducation de base.

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret 20 ans d’expérience du Forum des Jeunes Entreprises du Congo (FJEC) 31

Toutefois, l’appui a été confronté à une terroir des Centres ruraux de ressources Pour le FJEC, l’expérience montre que résistance des paysans à augmenter leur professionnels (CRRP). les projets de développement en milieu production, le problème principal étant Un CRRP est un dispositif qui fonctionne rural qui ne donnent pas naissance à des l’écoulement ou l’évacuation de leur pro- comme une plate-forme sur laquelle on CRRP ayant un caractère pérenne et pre- duction. En partenariat avec l’ONG trouve : nant appui sur des milieux profession- luxembourgeoise SOS-Faim, la troisième nels structurés sont sans lendemain. ➤ des formations modulaires ; action relative à l’appui à la commer- Le FJEC gère actuellement un réseau de ➤ une convergence des compétences cialisation s’est développée. Un premier trois CRRP à savoir : Louomo, Bouazi, et des problèmes ; camion acquis en 2001 dans le cadre Thébaïde Saint-Jean. C’est au niveau de ➤ du programme d’appui à la relance des une évolution des solutions, des am- ces centres que se traitent les problèmes activités des paysans après la guerre, fi- bitions, des opportunités de déve- importants liés au développement des nancé par la Coopération française, a loppement ; activités dans la zone d’implantation. été doublé en 2007 d’un autre véhicule ➤ des possibilités de financement grâce En définitive, pour le FJEC, la stratégie d’une capacité de 20 tonnes. Ici, l’ap- aux partenariats avec les établisse- d’appui en milieu paysan doit trouver proche d’intervention est fondée sur plu- ments financiers et les EMF ; sieurs volets intégrés : collecte et un ancrage dans la structuration des ➤ des débouchés de commercialisation transport des produits agricoles vers les groupements et associations existants des produits de l’ensemble de la pro- marchés ; appui à la mini-structuration en organisations paysannes. Les outils fession, etc. des marchés locaux par le biais des co- nécessaires pour le développement de mités locaux de marché (organe régula- Ce sont des structures professionnelles ces dernières ne sont efficaces que dans teur des prix et diffusion des informa- équipées qui permettent à des profes- le cadre des Centres ruraux de ressour- tions sur la situation des marchés). sionnels de s’engager dans des proces- ces professionnels (CRRP). Ceux-ci doi- sus de recherche-action (recherche dé- vent donner lieu progressivement à de Le FJEC a été confronté à une autre dif- veloppement). Ils sont faits pour les véritables programmes de développe- ficulté : le financement des activités en professionnels (jeunes ou moins jeunes). ment local. ■ milieu rural. Toutes les institutions fi- nancières et de microfinance étant ins- tallées dans les zones urbaines et semi urbaines, le FJEC travaille avec les paysans Zoom sur le CRRP de Bouazi pour la création de caisses villageoises d’épargne et de crédit (CVEC). Ces cais- ses autogérées, qui ne demandent pas de Créé en 1996, le Centre rural de ressources professionnel de Bouazi, dans le district de Loumo, rayonne sur 45 kilomètres et couvre 43 villages répartis en 13 comités de mesures de sécurité spécifiques, per- village. Géré par un comité de gestion autonome, le centre a pour activités principales : mettent de financer directement les acti- la formation modulaire, l’animation du milieu, la recherche/expérimentation/action, vités (agricoles ou commerciales). Le FJEC la fourniture d’intrants, la veille vétérinaire et phytosanitaire, l’évacuation/positionnement intervient dans la structuration et la des produits agricoles, l’appui à la commercialisation, l’animation des filières, la mise réalisation des études de faisabilité. en place des systèmes d’épargne et de crédit rural. La problématique du financement se Réhabilité grâce à un financement du PNUD (programme post-conflit), le centre de complique encore lorsqu’il s’agit de l’ac- formation à la couture et au métier agricole de Bouazi met à la disposition des quisition des terrains d’exploitation par apprenants des formations suivantes : couture, maraîchage, arboriculture fruitière, les paysans. Grâce au partenariat de la élevage avicole. Ce centre a une capacité d’accueil de 100 apprenants. Il compte 17 CAPPED avec COFIDES, qui a mis à la machines à coudre, 26 parcelles de maraîchage, 1 porcherie, 1 poulailler (capacité : disposition de cette structure un fonds 300 pondeuses), 4 hectares d’arbres fruitiers. de garantie, le FJEC aide des maraîchers En vue de financer leurs diverses activités (agropastorales ou commerciales), les de la zone de Nkounda à Pointe-Noire bénéficiaires de Bouazi ont mis en place une caisse d’épargne et de crédit dénommée à devenir propriétaires de leurs terrains. « Caisse villageoise d’épargne et de crédit » (CVEC) qui bénéficie de l’appui technique de la Caisse de participation à la promotion des entreprises et à leur développement Trois d’entre eux ont acquis leurs titres (CAPPED). fonciers grâce à un crédit spécifique oc- Avec ses 174 membres (individus et groupements des producteurs) et une épargne troyé par la CAPPED. globale de 3 516 000 FCFA, la CVEC est une des principales réalisations du CRRP. Nombre de crédits accordés : 17 Pour une offre d’appui intégré Le CRRP de Bouazi regroupe 56 groupements. Chaque groupement dans son domaine aux initiatives rurales : d’action présente des projets au centre qui recherche d’éventuels bailleurs. Des projets les Centres ruraux de ressources de grande envergure ont ainsi vu le jour. On peut citer : professionnels (CRRP) ➤ la construction d’une digue pour un étang de barrage par le groupement Moukongo au village Ngoudianza (financement PURAC) ; Toutes les interventions du FJEC en mi- ➤ la réalisation de 40 étangs de pisciculture, l’élevage porcin par le groupement lieu rural s’inscrivent dans la stratégie Kimpagri du village Kimpalala (financement PURAC). d’appui ou de mise en place terroir par

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■ Catalysts of zones rurales pauvres: agricultural supply markets: The case for exemple de subventions smart subsidies in Zambia, A Snelgrove « intelligentes » en Zambie et L. Manje (MEDA), in Enterprise Development and Microfinance Vol. 20 no 2, juin 2009, p. 125-138. Le choix d’investir dans de nouvelles technologies de production, même promet- teuses, présente des risques importants pour les paysans pauvres. Ceux-ci sont ré- ticents à l’achat de matériel innovant et les fournisseurs et détaillants par consé- quent peu enclins à investir dans l’offre et la constitution de stocks. Pour rompre ce cercle vicieux, des subventions ciblées peuvent servir à catalyser la demande et l’of- fre. En Zambie, MEDA a mis au point un système de chèques de réduction pour sti- muler l’adoption de technologies d’irrigation améliorées et développer durablement le marché des technologies agricoles sans créer de dépendance aux subventions.

’utilisation de meilleurs intrants et peuvent contribuer à développer les mar- L de technologies adaptées, comme chés agro-industriels faibles en démon- l’irrigation en goutte à goutte, sont sus- trant aux entreprises du secteur privé l’in- ceptibles d’améliorer la productivité agri- térêt de servir les besoins des petites Avec l’aimable autorisation de Practical cole d’une exploitation quelle que soit sa entreprises. Action Publishing. taille. Mais les petits producteurs dispo- Information et abonnement : sant de maigres revenus cherchent gé- http://practicalaction.org/publishing? néralement à éviter tout risque lié à des id=sed_journal techniques inconnues. Certains opéra- LE CONTEXTE DU PROJET teurs de développement contournent cet obstacle en introduisant de nouvelles technologies par le biais de la distribu- tion gratuite de matériel. Cette approche Une agriculture faible a cependant le plus souvent un impact en dépit des opportunités limité et un effet de distorsion du marché. Mennonite Economic Development La Zambie, qui a vu son indice de dé- Associates (MEDA) a choisi de dévelop- veloppement humain (HDI) reculer au per une approche différente. L’organi- cours des vingt dernières années, compte sation teste actuellement en Zambie un plus de 63,8 % de sa population en des- 1 système de chèques de réduction qui sous du seuil de pauvreté . La majorité vise à servir d’incitation à l’adoption de de la population (70 %) dépend pour sa nouvelles technologies agricoles en di- subsistance des activités agricoles. La minuant l’aversion au risque des petits défaillance de l’agriculture en Zambie « L’Actualité des services est, selon le gouvernement lui-même, aux entreprises » no 18 paysans. Cette étude de cas doit nourrir l’une des principales causes de la pau- septembre 2009 la réflexion sur l’usage de subventions vreté rurale. Un produit d’information dites « intelligentes » (smart subsidies) financé par la DDC (Suisse) dans les projets de développement éco- et l’AFD (France), nomique. Elle cherche notamment à 1 Vivant avec moins de 1 dollar par jour (PNUD, et publié par le Gret montrer que des subventions de ce type 2008).

32 Stimuler les marchés agricoles dans les zones rurales pauvres : subventions « intelligentes » en Zambie 33

Augmenter la productivité agricole est pacité de marketing ou leur système de ➤ les chèques créent une demande qui donc une composante essentielle du contrôle qualité. Bien qu’importantes favorise l’installation d’un réseau com- cadre stratégique de lutte contre la pau- pour le renforcement du marché, ces ac- mercial dans les zones rurales, aug- vreté du Gouvernement zambien, le sec- tivités auraient été insuffisantes : les pay- mente la capacité des détaillants à in- teur horticole jouant un rôle clé. En dépit sans auraient continué à être réticents à vestir dans des stocks et renforce le de la forte demande nationale en fruits l’achat des technologies et les fournis- marché naissant ; et légumes et de débouchés solides à seurs auraient continué à vendre leur ➤ en engageant les fournisseurs à entrer l’exportation, seul un petit producteur produits depuis la capitale Lusaka. sur le marché, le système favorise le horticole sur cinq produit des cultures développement d’un service après- de rente. vente accessible aux utilisateurs, ce L’adoption de techniques d’irrigation ap- qui n’est pas le cas lorsque les tech- propriées offre aux paysans la possibi- nologies sont distribuées gratuitement. lité de passer de cultures sèches (céréa- FONCTION ET RÉSULTATS les) à la production de légumes à forte DU PROGRAMME DE CHÈQUES Fonctionnement valeur ajoutée. Des technologies à fai- ble coût comme les pompes à pédales ou les systèmes de goutte à goutte per- Approche mettent une utilisation plus efficiente de L’objectif que se donne le pro- l’eau, une économie de travail et des pé- Pour catalyser le développement du mar- gramme de MEDA est d’accélérer riodes de culture étendues. ché des technologies d’irrigation, MEDA l’offre et la demande pour des a donc décidé de concentrer son inter- produits technologiques d’irriga- Comment diffuser les techniques vention sur la demande. Il était entendu tion adaptés et abordables, sans améliorées d’irrigation ? que l’adoption de nouvelles techniques induire de dépendance et en ren- exigerait un changement de comporte- forçant les entreprises locales ment important et qu’il était nécessaire L’évaluation de MEDA en Zambie, cen- pour assurer leur viabilité à long de démontrer de façon convaincante les trée sur les ressources en eau et l’accès terme et leur capacité à servir les avantages des technologies en question. à des technologies d’irrigation aborda- populations rurales en Zambie. bles et adaptées, a cherché à identifier Dans le contexte du développement des des moyens efficaces de stimuler la de- filières, les systèmes de chèques ont par mande sans créer de dépendance, et de le passé principalement été utilisés pour renforcer l’offre sans miner les dyna- subventionner l’accès des micro-entre- Initialement, la valeur du chèque était miques d’investissement et d’entrepre- preneurs à la formation. MEDA a retenu de 50 dollars environ. Une approche va- nariat des fournisseurs. ce type de dispositif pour plusieurs rai- riable (bon de réduction de 40 %) sera sons : La diffusion gratuite des technologies a privilégiée dans la suite du programme. été écartée par MEDA : une telle distri- ➤ les chèques ne dissimulent pas le coût Le montant a été fixé sur la base des bution aurait conduit à une distorsion réel de la technologie. Les paysans conditions du marché et de la propension de marché, dissuadant les acteurs du sec- savent que l’offre proposée est en fait à payer indicative, avec suffisamment de teur privé d’entrer sur ce segment, et l’ac- une réduction de prix, présentée souplesse pour être reconsidéré en fonc- cès aux technologies n’aurait pas duré comme venant du fournisseur ; tion des changements du marché. au-delà de la période du projet. ➤ le chèque se présente clairement Les nouvelles techniques d’irrigation et L’organisation aurait pu choisir de s’o- comme une réduction de prix ponc- bonnes pratiques agricoles font l’objet rienter vers des stratégies de renforcement tuelle ; il ne s’agit pas d’une subven- de démonstrations et de formations lors de l’offre pour soutenir le marché. Des tion structurelle mais d’une promo- de sessions pédagogiques, de foires agri- programmes de cofinancement en faveur tion initiale permettant aux paysans coles et autres manifestations organisées des fabricants et des importateurs auraient de tester la technologie. Le chèque par les partenaires de MEDA et les four- fourni à ces entreprises des incitations à de réduction a une durée de validité nisseurs de matériel d’irrigation. améliorer leur processus de production limitée dans le temps ; Après avoir assisté à ces démonstrations, ou leur efficience. Malheureusement, ces ➤ la recherche a montré que les pay- les petits producteurs ont droit à un programmes échouent souvent à mettre sans sont plus susceptibles d’appli- chèque de réduction pour acheter le ma- en place les conditions permettant de pé- quer les technologies lorsqu’ils les ont tériel qu’ils souhaitent à un prix promo- renniser les impacts sur le marché après achetées que lorsqu’elles sont distri- tionnel. Ils se rendent pour cela chez leur retrait. En outre, ils ne contribuent buées gratuitement ; l’un des détaillants participant au pro- pas à nourrir la demande naissante pour ➤ le système exige toujours que la plus gramme. ces technologies. grande partie du prix soit payée par les Les détaillants à leur tour remettent le Il en va de même pour les programmes paysans. Seuls ceux qui sont réellement bon au fabricant ou à l’importateur du de formation développés à l’intention intéressés à améliorer leur production matériel en échange d’un nouveau stock des fournisseurs pour améliorer leur ca- par l’irrigation répondront à l’offre ; et conservent leur marge. Les fabricants

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et importateurs se tournent ensuite vers Le dispositif de chèque, bien que com- nes demandes non satisfaites. Pour se MEDA avec le bon. posante importante, n’est pas la seule donner toutes les chances de parvenir à Toutes les transactions réalisées avec le activité menée par le programme. Des l’échelle attendue, le projet a identifié chèque sont effectuées de manière activités complémentaires telles que la une série de stratégies pour engager les électronique par un système SMS. formation des fournisseurs au marketing, fournisseurs à investir davantage dans le l’appui aux petits producteurs pour ac- marketing et les stocks. Le système mis en place par MEDA à des céder à de nouveaux marchés et la mise fins de développement du marché s’ins- La première année doit donc être consi- en relation avec les prestataires de ser- crit donc clairement dans un modèle dérée comme un temps d’apprentissage vices financiers seront essentielles au commercial. Un certain nombre de ca- permettant aux fournisseurs de reconsi- succès du projet. ractéristiques sont à ce titre importantes : dérer le risque, réorganiser leurs inves- Les activités actuellement menées par le tissements et dresser des stratégies pour ➤ l’invisibilité de MEDA. Il est assez fré- projet seront transférées au secteur privé répondre aux opportunités de marché. quent que les bailleurs de tels pro- dans le cadre de la stratégie de retrait, grammes fassent figurer leur logo sur Dans un programme de développement une fois que les entreprises concernées se- les chèques. Dans le contexte du dé- de marché, les changements qualitatifs ront convaincues de l’intérêt de ces ef- veloppement de marché, il est im- sont de bons indices des changements forts et prêtes à y investir des ressources. portant que les bailleurs soient le durables sur le marché. Les fournisseurs moins visible possible pour se don- Par exemple, MEDA a organisé des foi- participant au projet ont déjà indiqué ner toutes les chances d’un retrait res agricoles au cours desquelles les four- qu’ils se préparaient sérieusement à la réussi par la suite. Le logo de MEDA nisseurs ont eu l’occasion de présenter prochaine saison d’irrigation. Le projet n’apparaît pas sur les chèques qui ne leurs produits. La saison prochaine, ces prévoit qu’au cours de cette saison le portent que les logos des fournisseurs. démonstrations seront organisées par les taux d’utilisation des chèques augmen- Tout est fait pour que les clients pen- fournisseurs eux-mêmes. MEDA a choisi tera sensiblement. sent que la réduction est offerte par de ne pas établir de partenariat avec des Le coût d’atteinte des petits producteurs le fournisseur ; ONG qui souhaitaient jouer à la fois un constitue une difficulté pour la plupart rôle de facilitateur et un rôle de fournis- ➤ les ventes de matériel sont assurées des fournisseurs et exige de trouver des seur de matériel technique. via le réseau commercial des four- méthodes innovantes en matière de mar- nisseurs. Ni MEDA ni le secteur pu- Le pari de MEDA est que, une fois le keting et de distribution. Certaines en- blic n’intervient dans la distribution dispositif de chèque de réduction sup- treprises privées apprécient les pro- ou la gestion des chèques et du ma- primé, la demande en matériel se main- grammes de développement basés sur tériel technique. Pour pallier certai- tiendra à un bon niveau, les fournisseurs de purs principes commerciaux et y sont nes faiblesses de l’offre, MEDA a as- comprendront l’importance d’investir réceptives. D’autres, du fait de relations suré des activités d’appui complé- dans le marketing et la distribution, et passées avec des organisations de déve- mentaires, mais sans subvention des les institutions de microfinance auront loppement n’appliquant pas cette ap- prestations de service ; développé un produit adapté pour aider proche de marché, ont plus de difficul- les paysans à faire face au coût d’ac- tés à la prise d’initiative et à la proactivité, ➤ le recours à un modèle commercial quisition de ces technologies. ayant souvent besoin d’une impulsion permet d’élargir la portée des tech- de l’organisation facilitatrice. nologies dans toutes les zones dans lesquelles les chèques ont été distri- Résultats bués ; les fournisseurs sont plus en- clins à investir dans des points de Le projet a récemment achevé sa pre- vente dans les zones où ils savent qu’il mière année d’activité. Au cours de la RISQUES ET FACTEURS y a une demande effective. Ils sont en saison d’irrigation, 3 500 chèques ont DE PÉRENNITÉ DES outre encouragés à être proactifs dans été distribués, sur lesquels près de 500 PROGRAMMES DE CHÈQUES le marketing et la vente directe aux ont été utilisés. Ce taux de réalisation petits producteurs ; peut paraître bas par rapport aux pro- ➤ plutôt que de créer un marché pa- grammes de chèques habituels. Il est im- rallèle, l’intervention attire de nou- portant de noter à ce titre que le coût Risques veaux investissements de la part des des matériels continue à représenter un fournisseurs existants et de nouveaux investissement substantiel pour les pay- En dépit du potentiel significatif de cette entrants sur le marché, favorisant la sans, particulièrement en comparaison approche, il faut en connaître les risques concurrence et élargissant le choix du prix d’une session de formation. et écueils pour se donner toutes les chan- des clients ; Par ailleurs, du fait de difficultés liées à ces de succès. Peuvent poser problème : ➤ l’utilisation d’un système électronique la gestion des stocks et de la distribu- ➤ une mauvaise analyse de filière ou basé sur une application SMS sert tion, les fournisseurs n’ont pas pu tirer étude de marché préalable à l’adop- d’outil de suivi en temps réel et limite pleinement profit de la première saison tion du dispositif de chèque. Il est im- les risques de fraude. d’irrigation (avril à juin), laissant certai- portant que l’analyse de l’offre et de

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la demande soit correctement menée de pouvoir mener le projet sur une ➤ intégrer des activités complémentai- pour s’assurer que l’approche chèques plus longue période ; res adaptées. Sur les marchés où l’of- est la bonne et est bien structurée ; ➤ des subventions ou appuis gratuits fre est très faible, comme c’est le cas ➤ un montant de réduction inapproprié. implicites. Même lors du développe- en Zambie, l’offre promotionnelle Si la valeur du chèque n’est pas suffi- ment d’un modèle commercial, il ar- peut ne pas être suffisante pour sti- samment significative, la réduction ne rive que des ONG s’insèrent implici- muler le marché. D’autres interven- constituera pas une incitation suffisante tement dans la filière en gérant tions sur l’offre peuvent être néces- pour les paysans. Si elle est trop éle- certains aspects, liés au transport ou saires, comme la sensibilisation au vée, ceux-ci ne paieront plus une part au contrôle qualité par exemple. développement du réseau de distri- réaliste du coût de la technologie ; bution ou l’appui à des stratégies mar- keting innovantes ; ➤ un niveau de prix trop élevé des tech- nologies. Si le prix du matériel n’est Facteurs de pérennité ➤ trouver des stratégies pour mettre en pas fixé à un niveau raisonnable, la avant l’effet de démonstration. Les demande ne pourra pas être stimulée Le projet en Zambie a d’ores et déjà iden- petits producteurs capables d’aug- au-delà de l’offre promotionnelle ; tifié quelques facteurs essentiels qui menter substantiellement leurs reve- ➤ un détournement du dispositif en fa- contribueront à la pérennité des effets nus grâce à une nouvelle pompe ou veur de paysans non-cibles. Le sys- de l’intervention : un système de goutte à goutte seront tème électronique SMS et d’autres ➤ faire profil bas. L’un des messages im- les meilleurs promoteurs des produits. mécanismes d’identification permet- portants que MEDA a fait passer au- Exploiter les cas de réussite est es- tent d’éviter que les chèques aient près des parties prenantes du projet sentiel ; une valeur vénale exploitable à d’au- est que son rôle ne doit pas être mis ➤ s’assurer que la validité des bons est tres fins que son objet. En outre, les en avant. Son nom n’apparaît pas sur limitée dans le temps. Dans le cas technologies ciblées sont plus adap- les chèques, ni sur les véhicules du présent, les chèques ont une validité tées pour les petites exploitations que projet et MEDA a fait en sorte que les d’un an ; pour les grandes ; paysans pensent que la promotion ➤ développer des solutions complé- ➤ vient des fournisseurs ; une mauvaise stratégie de retrait mentaires à long terme. Un facteur ➤ concernant les activités complé- s’assurer de l’existence de plusieurs essentiel pour le succès du modèle mentaires (foires agricoles, forma- concurrents sur le marché. Les de chèques en Zambie est le déve- tions, etc.). Depuis le début du projet, chèques sont valables chez n’importe loppement des services financiers. il est prévu que ces activités seront quel fournisseur participant au pro- MEDA travaille aussi avec des insti- transférées au secteur privé ; jet. Ceux-ci ont donc tout intérêt à tutions financières locales pour dé- ➤ une durée trop limitée. Le projet proposer des produits et services les velopper leurs capacités à offrir des MEDA est prévu pour une durée de plus adaptés à la demande pour atti- prêts agricoles. Une fois l’offre et la trois ans. Étant donné la réticence rer les clients à eux ; demande renforcées, les paysans doi- initiale des fournisseurs à se lancer ➤ s’assurer que les clients connaissent vent pouvoir accéder à des crédits dans le marketing à destination des le prix réel du produit en promotion. adaptés pour faciliter l’acquisition des petits producteurs, il aurait été idéal La réduction doit être transparente ; nouvelles technologies. ■

Pour en savoir plus sur MEDA : http://www.meda.org

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■ Entretien avec système de formation M. Alain Vincent Lebideau, directeur technique du professionnelle : CAF/Sicam et Mme Rasata Hery l’exemple du CAF/Sicam à Madagascar Julia, directrice de la formation, septembre 2009

La crise politique que traverse actuellement Madagascar a un impact fort à la fois sur la stabilité institutionnelle du pays et sur sa santé économique. Le système de for- mation professionnelle est par ailleurs obsolète et peu structuré et la plupart des entreprises ont des difficultés importantes pour trouver des ressources humaines qualifiées. L’expérience originale présentée ici est mise en œuvre par l’entreprise Sicam, qui, bien avant la crise actuelle, a décidé d’investir dans ses ressources humaines en internalisant une partie de la formation dont elle a besoin. L’emploi de technologies de pointe nécessitant du matériel et du personnel que Madagascar ne possède ou ne forme pas, il était impératif de trouver une solution pour pallier le manque de qualification. La réponse proposée par l’entreprise il y a dix ans a été la création du Centre d’apprentissage et de formation (CAF).

Mitsubishi, BMW, Hyundai, Honda, LE GROUPE SICAM Suzuki, des groupes électrogènes, hors- bord et des motos Yamaha et BMW, ainsi que de quelques marques chinoises de Créé à Madagascar il y a plus de 50 ans, véhicules utilitaires et poids lourds. le Groupe Sicam est l’un des grands L’entreprise comprend 8 cadres dirigeants concessionnaires automobiles du pays, pour toutes les activités du groupe dont 5 présent dans six villes. Acteur majeur de cadres expatriés, 45 cadres intermédiai- l’ensemble des métiers de l’automobile, res et 350 employés. La gestion de ses res- le groupe est également présent dans le sources humaines est basée sur celle exis- secteur touristique, la location de véhi- tant en Europe, mais avec des adaptations cules et l’audiovisuel. Il s’agit d’un groupe propres au pays puisqu’il n’existe pas de à capitaux mixtes comprenant deux ac- protection sociale efficace. Le groupe tionnaires principaux : le Groupe Caillé prend en charge une partie des soins mé- de la Réunion (51 %) et le Groupe CFAO dicaux : hospitalisation, lunettes, etc. de France (49 %). Le groupe emploie entre 300 et 400 personnes. C’est une holding qui regroupe Sicam, Socimex, Austral Automobiles, Sicamrent (location de voi- À L’ORIGINE DE LA CRÉATION « L’Actualité des services tures), Mercure (agence de voyages), DU CENTRE : le besoin d’avoir des aux entreprises » no 18 Canalsat Madagascar et Madasie (repré- ressources humaines qualifiées octobre 2009 sentant des marques de véhicules chinois). Un produit d’information La Sicam possède trois ateliers de répa- financé par la DDC (Suisse) ration à Antananarivo. L’entreprise est Le Centre d’apprentissage et de formation et l’AFD (France), et publié par le Gret équipée en appareils haut de gamme (CAF) a été créé par la Sicam en 1998 pour la réparation des véhicules Peugeot, sur constat que la formation des jeunes

36 Lorsque le privé comble les failles du système de formation professionnelle : CAF/Sicam à Madagascar 37

ne répondait pas aux besoins de l’en- du lancement, les structures fonction- Groupe Sicam, M. Alain Lebideau-Vincent treprise. Lorsqu’ils sortaient des lycées, nelles ont été construites ou rénovées en est le promoteur. Sa femme, Michèle, les jeunes n’avaient pas les compéten- pour être aptes à recevoir douze adoles- est la conseillère en formation et inter- ces suffisantes pour bien exercer leur cents (deux promotions par session de vient également pour le bain linguistique métier. De plus, les techniciens déjà en formation) pour une durée de trois ans. des apprentis. Mme Rasata Hery Julia est place n’avaient pas les connaissances La Sicam a ainsi mis en place des salles la responsable du centre depuis sa créa- nécessaires pour agir sur les véhicules de cours théoriques, une salle didactique tion. Mme Rasata enseigne aussi bénévo- actuels modernes. pour l’initiation à la pratique profession- lement le français pour les apprentis et En effet, les sortants des Lycées techniques nelle. L’apprentissage a été structuré en les ouvriers, les normes de qualité et de et professionnels (LTP) de Madagascar et deux temps : 50 % en salle et 50 % en procédure, ainsi que l’éducation civique les autres postulants opérationnels sur le atelier, afin que les jeunes soient opéra- et morale. Elle a à son actif plus de 35 marché du travail n’étaient pas encore tionnels dans les ateliers dès l’obtention ans de service, en tant que consultante en mesure de traiter les pannes occa- du BEP. Chaque apprenti a, durant sa for- en techniques de communication pro- sionnées par la conduite assistée par or- mation, un maître d’apprentissage pour fessionnelle entre autres pour la Cotona, dinateur, ni de maîtriser l’électronique chaque poste de travail. la Sacimem, les Assurances Aro. embarquée. Or, il y avait alors déjà af- Sur le plan matériel, l’évolution du cen- Le centre comprend une directrice et dix fluence de nouvelles technologies et nor- tre a été constante : sa construction, l’a- formateurs – deux permanents et huit va- mes en matière d’outils de diagnostic et chat d’un rétroprojecteur, le don de cataires –, qui travaillent sur les orienta- la Sicam était obligée de former en interne Peugeot d’une télévision, d’un lecteur tions du directeur technique et suivant son personnel technique, par exemple de cassettes et d’un tableau, l’acquisi- le programme officiel du ministère de sur le multiplexage, l’ESP, l’ABS. tion de locaux neufs spécifiques pour la l’Éducation nationale. Un coordinateur formation lors du déménagement dans du ministère joue le rôle de conseiller une nouvelle concession, le don de technique spécialisé en mécanique auto- Peugeot de trois voitures pédagogiques mobile. Les examens passés par les élè- L’ÉVOLUTION DU CENTRE neuves, l’augmentation de la durée de ves sont les examens d’État (le BEP). l’apprentissage de deux à trois ans, ont DEPUIS SA CRÉATION Toutes les formations sont entièrement peu à peu modelé le visage du centre de prises en charge directement par l’entre- formation. Le CAF est aujourd’hui équipé prise. La formation interne fait partie du de trois voitures pédagogiques, d’une budget de fonctionnement général de la Au départ, il a été décidé que tous les ou- salle didactique et de carcasses tech- société. Les frais de fonctionnement du vriers de tous les sites suivraient obliga- niques pour servir de travaux pratiques centre sont toutefois limités : une bonne toirement la formation interne permanente de montage et de démontage, de re- partie du matériel pédagogique a fait l’ob- pour s’adapter aux nouvelles réformes sur dressage et de peinture. jet de dons, et les investissements réali- les technologies et par la suite pouvoir Le contenu des formations a aussi évo- sés relèvent essentiellement des ressour- utiliser tous les appareils sophistiqués in- lué. Si le centre depuis sa création forme ces humaines, dont le coût est relative- vestis tels le PPS (Peugeot Planet System), des apprentis en mécanique, électricité ment faible à Madagascar. le GTOne (BMW), MUT III (Mitsubishi) et carrosserie-peinture, en 2004, des for- ou encore le banc de contrôle des trains mations autres que techniques, ont été in- roulants (Ravaglioli). Par la suite, les thè- troduites, par exemple pour sensibiliser mes de ces formations de perfectionne- au respect de la clientèle ou apprendre ment ont été diversifiés pour atteindre l’ob- LES TROIS MISSIONS DU CAF à gérer des situations difficiles. Cette jectif final : le professionnalisme. année, le CAF réfléchit à l’introduction Étant limité en place d’une part, et la for- d’une nouvelle formation motos et hors- Le CAF est un centre privé agréé par mation n’étant pas la vocation première bords, pour former les jeunes en spé- l’État. Il a trois missions : de l’entreprise d’autre part, il a fallu im- cialisation après le BEP. proviser et s’investir sur le long terme. 1. Formation de formateurs : basée sur L’entreprise a créé le centre en commen- les réformes relatives aux technologies çant par fermer un local au-dessus d’un de pointe (multiplexage, électronique des garages (les « balcons » d’Analakely), embarquée, gestion des appareils de dia- où se faisait anciennement la sellerie des DES MOYENS HUMAINS ET gnostic, etc.), elle développe le profes- voitures (du temps de la construction de FINANCIERS AU SERVICE sionnalisme des formateurs. Citroën dans ces ateliers). Ensuite, un ré- DU DÉVELOPPEMENT Le CAF forme aussi gratuitement deux férentiel d’action de formation a été éta- DE LA FORMATION INTERNE fois par an pendant cinq « journées pé- bli, pour l’apprentissage des métiers de dagogiques » douze professeurs de LTP, mécaniciens et de carrossiers peintres. dont six LTP publics et six LTP privés pro- Les démarches de demande d’agrément Les trois personnes à l’origine du centre venant des six provinces malgaches. officiel ont été faites auprès du ministère sont des convaincus de la formation pro- L’entreprise développe le partenariat avec de l’Éducation malgache. Dernière étape fessionnelle. Le directeur technique du les LTP, non pas pour pouvoir recruter

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret Lorsque le privé comble les failles du système de formation professionnelle : CAF/Sicam à Madagascar 38

leurs élèves, mais pour leur donner accès (CCIA), d’autres sont partis pour la aux nouvelles technologies, objet des ré- concurrence, un a choisi de se perfec- LES ENJEUX DE LA FORMATION formes obligatoires citées précédem- tionner en informatique. AUJOURD’HUI POUR LA SICAM ment. Les professeurs sont bons, mais Au total, trente jeunes ont été formés et les LTP sont peu ou pas du tout équipés. ont obtenu leur BEP depuis la création À Antananarivo, le Centre a cherché à du CAF. En période de crise comme le pays tra- établir un partenariat avec le LTP verse actuellement, l’utilité du centre ne 3. Formation interne permanente (for- d’Ampasampito pour monter un BEP en peut qu’être confirmée : avoir des ou- mation continue). Tous les ouvriers re- carrosserie-peinture : définition de réfé- vriers qualifiés est un atout majeur pour çoivent 6 heures de formation par mois, rentiels d’action-formation, venue d’un surmonter cette période et la formation à raison de 1h30 par semaine au cen- carrossier-peintre sans frontière qui pou- en est justement l’outil idéal. Preuve en tre : soit en électronique embarquée, soit vait aider le lycée à s’équiper en en- est par la fréquentation des ateliers qui pour l’amélioration de leur environne- voyant des matériels que l’on n’utilise ne cesse de s’accroître : si les gens n’in- ment de travail (choix des outils, gestion plus en France. Mais les échanges avec vestissent pas dans une automobile de situations difficiles, comment donner le ministère de l’Éducation nationale neuve en période difficile, ils doivent en- des ordres, respecter un engagement, pour développer et reconnaître le BEP tretenir et faire réparer l’ancienne. respecter les véhicules des clients, etc.). n’ont jamais abouti, à cause notamment Ce centre d’apprentissage a permis à la Par ailleurs, une formation des techniciens de l’instabilité institutionnelle et du Sicam de rattraper le retard technique en mécanique automobile porte sur les manque de moyens. en matière de diagnostic automobile. normes qualité, l’assainissement, l’hygiène L’entreprise est en mesure aujourd’hui 2. Formation professionnelle initiale en et la sécurité au travail, l’application des d’appréhender tous les problèmes ren- maintenance automobile : par promo- notes de service et des procédures. contrés sur n’importe quelle voiture, tant tion, six jeunes de 15-16 ans sont sé- Des formations de perfectionnement sont en mécanique qu’en carrosserie ou pein- lectionnés tous les trois ans par voie de aussi proposées en informatique, en an- ture. La réparation des Peugeot ou BMW concours direct parmi une cinquantaine glais, en marketing communication, et ne pose plus de problème, quelle que de candidats qui ont le BEPC. Ils de- en entrepreneuriat dans le cadre de l’a- soit la gravité de la panne. viennent alors boursiers de la Sicam qui mélioration de la qualité professionnelle. Les ouvriers de l’ancienne génération par- les forme pour le BEP « vaccin Sicam » L’objectif de cet accompagnement par tent petit à petit en retraite et sont rem- (apprentissage aussi axé autour de la un coach est la prise d’initiative en vente, placés par les jeunes sortis du centre. Le connaissance de l’entreprise et de ses en management et en gestion de sa per- pari est que bientôt tous les ouvriers au- procédures internes) : mécaniciens, élec- sonnalité. Enfin, le centre propose des ront les connaissances nécessaires qui triciens, carrossiers-peintres. formations pour les clients fidèles qui, faisaient cruellement défaut il y a dix ans. Le CAF les prépare à toutes les matières par exemple, ont un parc automobile, Il sera donc nécessaire d’assurer, outre du programme officiel, y compris les ma- sur le moteur, la maintenance, etc. Ces la formation de base pour les apprentis et tières générales enseignées par des for- formations sont modulaires, gratuites et la formation continue pour les techni- mateurs vacataires, avec en plus une for- dispensées à la carte. Quatre à cinq for- ciens, une formation complémentaire, mation sur les normes qualité et les mations se tiennent par an, de une se- dont les prémices sont en train de se met- procédures internes (le « vaccin Sicam »). maine à un mois, avec un à trois élèves. tre en place, sur la relation entreprise- Les apprentis signent avec l’entreprise Le centre a par exemple formé des chauf- client, indispensable à l’heure où les voi- un contrat d’engagement de quatre ans feurs de la Jirama (l’entreprise nationale tures deviennent de plus en plus fiables, de travail suite à l’obtention du BEPC d’électricité) pour apprendre l’entretien quelle que soit la marque, et où la rela- pour rembourser leurs études. périodique des véhicules mis à leur tion avec le client fait de plus en plus la disposition. Actuellement, deux pom- Tous ont toujours été reçus avec mention différence. ■ parmi les dix premiers du pays. L’examen piers de la ville de Mahajanga sont en est préparé sur trois ans : deux ans et stage pour une durée de six mois. demi de cours suivis de six mois de pra- Ces trois missions sont toutes aussi im- tique en entreprise. Cinq promotions se portantes pour l’entreprise car elles per- sont succédées. Auparavant, la formation mettent de pallier les lacunes en forma- s’étalait sur deux ans. L’entreprise a dé- tion continue mais surtout, donnent la cidé d’allonger d’un an la durée de l’ap- possibilité de préparer la relève des ou- Pour des informations prentissage pour laisser aux jeunes plus vriers. La formation est démultipliée en complémentaires sur la Sicam de temps pour appréhender leur nouveau cascade, ce qui permet aux employés et sur le CAF : métier. Après les quatre ans de travail dû, individuellement de mieux gérer leur http://www.sicam.mg et certains jeunes sont restés dans l’entre- carrière professionnelle et de former en- http://www.sicam.mg/News/caf.html prise, mais pas tous : un a créé sa petite suite à leur tour. L’investissement est di- entreprise et est formateur pour la for- rect et à court terme pour les ouvriers, mation duale au sein de la Chambre de mais il est aussi bénéfique à long terme commerce et d’industrie d’Antananarivo pour l’entreprise.

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS L’entreprise Cawaan au Sénégal : après différentes expériences ■ Entretien avec Moctar Gueye, à l’export, un retour au local directeur technique adjoint de Cawaan, complété avec Moussa Gueye, directeur (novembre 2009). Mékhé est une petite ville sénégalaise située à une centaine de kilomètres de Dakar, qui a acquis une solide réputation dans le travail de qualité du cuir au niveau na- tional et même régional. Si le travail du cuir est traditionnel au Sénégal, l’activité s’est fortement développée à Mékhé depuis une vingtaine d’années, à la suite de la fermeture de l’usine Bata de Dakar. Cawaan est une entreprise familiale de trans- formation du cuir, dont l’évolution, de l’informel au formel, s’est dessinée au fil des générations. Plusieurs fois distinguée, cette entreprise a connu une croissance qui a permis la création de nombreux emplois directs et indirects et la formation d’ap- prentis. Pour autant, sa progression a subi des revers et connaît aussi des limites. La trajectoire de cette entreprise illustre les enjeux et difficultés auxquels sont confron- tés les entrepreneurs des pays du Sud.

« Pas un pas sans Bata ! » Au Sénégal, compte : l’entreprise a depuis sa création tout le monde portait des chaussures Bata formé et « libéré » une dizaine d’ap- du temps où l’entreprise était encore pré- prentis. Son chiffre d’affaires était envi- sente. À Mékhé particulièrement, les dif- ron de 12 millions FCFA en 2007. férents acteurs de la filière cuir sont nom- breux et se développent suite à la fermeture de l’usine : micro et petites entreprises de fabrication d’articles en cuir, collecteurs de peaux, vendeurs de LA GENÈSE ET L’HISTORIQUE chaussures, femmes tanneuses. DE CAWAAN : Cawaan et les autres fabricants de chaus- UNE HISTOIRE DE FAMILLE sures de la ville font fonctionner direc- tement ou indirectement plusieurs bou- tiques de vente de peaux importées et Les arrières grands-parents des frères d’accessoires, des magasins de vente de Gueye fabriquaient déjà des selles en chaussures et des groupements de tan- cuir pour les chevaux dans les années neuses qui leur vendent des peaux. Une 1930. Le grand-père a ensuite repris l’ac- centaine de femmes d’une trentaine de tivité et lorsqu’il a pris sa retraite, leur familles tannent les peaux. père a monté sa petite entreprise avec La production de l’entreprise varie selon deux machines, servant à la fabrication les années de 6 000 à 8 000 paires de des selles et des chaussures. chaussures ; d’autres articles en cuir sont Les quatre frères Gueye sont impliqués « L’Actualité des services aussi fabriqués (sacs, chapeaux, etc.). Sept dans l’entreprise depuis qu’ils l’ont re- aux entreprises » no 18 à huit personnes y travaillent à temps prise à leur tour. Ils l’ont dotée d’un sta- novembre 2009 plein : trois des frères fondateurs et qua- tut formel en 1985. Ils ont commencé sur Un produit d’information tre aides et apprentis. Lorsque l’entreprise la base de ce qu’ils avaient appris de leur financé par la DDC (Suisse) doit répondre à des commandes plus im- père, souhaitant fabriquer des chaussures et l’AFD (France), portantes, elle sous-traite aux apprentis en cuir avec l’objectif ambitieux de rem- et publié par le Gret qu’elle a formés et sont aujourd’hui à leur placer Bata et « de chausser tout le pays ».

39 L’entreprise Cawaan au Sénégal : après différentes expériences à l’export, un retour au local 40

L’aîné, instituteur en brousse, en est le Foire internationale de Dakar en 1986, la fin de ces stocks. Par ailleurs, locale- directeur depuis le début. Il ne travaille constituait un test. Les frères Gueye ont ment, on ne trouvait alors pas de cuir de pas à plein temps mais durant ses congés été informés de cette foire par le Centre bœuf, les tanneuses mauresques tra- et temps libres. Les trois autres frères as- international du commerce extérieur du vaillant traditionnellement la peau de surent le fonctionnement de l’entreprise Sénégal (Cices). Ils ont financé cette par- chèvre. En 1990, ils ont commencé à au quotidien. Ils ont suivi un apprentis- ticipation à leurs frais. Ils y ont vendu les acheter des peaux venant du Mali. sage du métier auprès de leur père, pa- quelques produits qu’ils avaient apportés En 1991, deux des frères ont suivi une rallèlement aux études coraniques et (moins d’un million FCFA car ils avaient formation courte en gestion d’atelier françaises. alors peu de stocks) et sur constat de ce (grâce à la Coopération canadienne), afin Avec le legs du grand père, Cawaan s’est succès, ont décidé d’investir dans la par- d’apprendre à mieux gérer les aspects bâtie avec une certaine philosophie et ticipation régulière à des foires. financiers. Ils ont ensuite eux-mêmes pris une vision à long terme : chacun a une En 1988, ils ont été informés par le bou- contact avec un centre de formation, et mission dans l’entreprise, qu’il doit trans- che-à-oreille du concours Créa, organisé suivi une formation payante. Ils ont, suite mettre aux générations suivantes. Les frè- autour d’une foire par une ONG fran- à cette formation, bénéficié d’un res ont, à eux quatre, dix fils, sur qui ils çaise, Éducation Échanges, en partena- suivi/conseil gratuit sur la tenue de leurs comptent pour reprendre le flambeau. riat avec Enda Tiers-Monde. Cinq lau- comptes à Dakar, où ils avaient un ma- Les jeunes étudient et viennent appren- réats finaux, tous secteurs confondus, gasin de vente aujourd’hui fermé. dre le métier le soir après l’école. ont reçu le prix du Jeune créateur d’en- Outre les formations en gestion et en ma- treprise en Afrique, reconnaissant la roquinerie, les frères Gueye ont plus ré- grande qualité de leur travail. Cawaan cemment suivi une formation en tein- en faisait partie. ture (dispensée par le Pnud) et une LES OPPORTUNITÉS Un des frères, Mamadou Gueye, a été formation courte en cordonnerie. RENCONTRÉES AU COURS DE invité en France et a pu y suivre une for- Certaines formations étaient payantes, LA CROISSANCE DE CAWAAN mation en maroquinerie. Une somme mais la plupart étaient accessibles gra- de 5 millions FCFA (environ 7 600 €) tuitement. La formation que Moussa leur a aussi été remise, qui leur a per- Gueye juge la plus importante parmi tou- mis d’investir dans cinq machines qu’ils tes celles reçues est une formation en La première opportunité : ont ramenées de France, pour 4 millions maroquinerie dispensée (gratuitement) la fermeture de Bata et la FCFA ; le million restant a servi à ache- par un expert français venu à Thiès du- disponibilité de matière première ter des peaux et des petits matériels. rant trois semaines, qui présentait l’in- Les frères Gueye ont ainsi jusqu’en 1996 térêt de partir des méthodes de travail Les quatre fils ont commencé en 1985, participé à différentes foires au Sénégal propres de Cawaan. sans capital, en s’inspirant de l’usine Bata et à l’étranger (Burkina Faso, Marseille, Aucune des formations n’a été réalisée qui venait de fermer. À cette période, le Tunisie, Johannesburg). Ils ont saisi l’op- sur leur demande directe, car elles étaient cuir n’était pas développé à Mékhé de portunité que leur offraient les foires de pour la plupart proposées au niveau na- façon moderne, les mauresques tannaient toucher une clientèle hors du Sénégal, tional. Elles ont toutefois toutes répondu la peau de chèvre et les villages alen- de nouer des contacts, d’acquérir une à leurs besoins. Un des frères, Moctar, est tour fabriquaient des babouches. certaine connaissance de la demande à lui-même parti en Centrafrique former de Bata possédait une tannerie et un atelier l’étranger et une expérience de l’export. jeunes analphabètes à la cordonnerie en de fabrication locaux, mais importait ses Pour les identifier, ils se sont rapprochés 1997 pour le compte du Pnud. peaux. Cawaan a ainsi débuté avec l’op- du Cices, qui informait les entreprises portunité de rachat, petit à petit, des sur la tenue des foires. Celles-ci leur ont stocks de peau restant de Bata (écoule- permis, outre de vendre, d’apprendre ment des stocks jusqu’à épuisement) jus- beaucoup en observant les autres pro- LES DIFFICULTÉS ÉPROUVÉES qu’en 1989, accédant ainsi à une ma- duits et en échangeant avec leurs fabri- PAR CAWAAN tière première de meilleure qualité et cants. En 1994, ils obtiennent la médaille moins chère que le cuir local. En 1991, d’or du Cices (plusieurs pays en lice). Bata a été repris par un groupe sénéga- lais, qui a échoué faute de technicité. Une concurrence croissante Des opportunités d’affaires dans les foires et de formation Les foires commerciales, la Avec le temps, les foires ont cependant reconnaissance de la qualité des Lors de ces foires, les frères Gueye ont cessé d’être rentables. Lors des premiè- produits et la prise de contacts rencontré des Maliens qui leur propo- res foires, Cawaan rencontrait peu de saient une matière première peu chère et concurrence à l’étranger, mais petit à Cawaan a rapidement cherché à déve- d’assez bonne qualité. Si les cuirs étaient petit la diaspora sénégalaise s’est ren- lopper ses relations commerciales pour tout de même de moins belle qualité que due compte que les articles en cuir se savoir où vendre. Sa première foire, la ceux des stocks Bata, il fallait anticiper vendaient bien et a commencé à leur

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faire concurrence sur des produits simi- part, en cherchant à baisser les prix, elle laires. Il s’agissait de revendeurs, qui rap- a acheté du cuir aux tanneuses tradi- L’ENTREPRISE AUJOURD’HUI, portaient du pays leurs propres articles et tionnelles, moins cher que celui des SES DIFFICULTÉS, restaient pour les écouler plusieurs mois Maliens, et celles-ci ont petit à petit com- SES BESOINS sur place avant de revenir se rapprovi- mencé à travailler le cuir de bœuf et à ET SES OPPORTUNITÉS sionner. Ils vendaient en petites quanti- améliorer la qualité de leurs peaux. tés des produits de fabricants concur- Cawaan travaille encore aujourd’hui avec rents, proches de ceux de Cawaan. plusieurs femmes regroupées dans des Les frères Gueye avaient ainsi de plus en associations. Aujourd’hui, des choix plus de difficultés à écouler leurs pro- L’entreprise n’a depuis cette aventure ja- d’investissement dans du duits. Ils n’ont pas envisagé de travailler mais réussi à vendre directement à des « hard » : bâti et équipements avec les membres de la diaspora, qui revendeurs étrangers qui leur permet- avaient déjà des artisans partenaires et traient un écoulement continu et massif Récemment l’entreprise a décidé de quit- écoulaient de trop petites quantités par de leur production. ter le local qu’elle occupait car il n’ap- rapport à ce que les foires leur permet- Aujourd’hui, l’entreprise n’exporte plus partenait pas à la famille. Il a semblé né- taient de vendre depuis plusieurs années directement, même si certains de ses cessaire aux frères Gueye d’investir dans déjà. Suite notamment à deux déboires, acheteurs revendent ensuite les produits un site qui leur appartienne pour ne pas vol de la recette d’une foire et mauvaise dans la sous-région et en Europe. Elle payer de loyer et bâtir un capital trans- organisation d’une autre foire, ils ont dé- n’arrive pas à identifier un partenaire férable à la génération suivante. Cet in- cidé de cesser leur participation à ces grâce auquel exporter en quantité sur un vestissement, de l’ordre de 18 millions manifestations. partenariat de moyen/long terme. Elle FCFA (27 500 €) a été fait sur les fonds vend uniquement à Dakar, mais conti- de l’entreprise, avec l’aide d’amis fran- çais. Le futur atelier doit encore subir Un partenariat peu profitable nue à chercher à vendre à l’étranger. Elle a toutefois recentré sa stratégie et sa pros- des travaux ; le toit n’est pas achevé. pection principale sur la demande lo- Les douze machines de l’entreprise sont Autre piste de partenariat identifiée cale en priorité. à ce jour largement inutilisées. La pro- alors que Cawaan avait renoncé aux duction est assez faible, alors que l’en- foires et cherchait un mode d’export treprise n’a pas de difficulté à écouler Une tentative de stable, la rencontre en 1996 avec une ses produits, faute de fonds de roulement française, intermédiaire revendeuse à regroupement décevante pour s’approvisionner en matières pre- des enseignes françaises connues tel- mières (en peau surtout) et payer les sa- les qu’Agnès B. ou le Bon Marché. Directeur de Cawaan, Moussa Gueye est laires. De plus, les équipements de- Durant sept ans, ils ont collaboré, sans aussi secrétaire général de la Fédération viennent obsolètes en comparaison de avoir l’autorisation d’apposer leur logo régionale des professionnels du cuir, re- la qualité et de la précision des produits et moyennant des prix très bas et une groupant une vingtaine d’entreprises de indiens et asiatiques. Cawaan souhaite baisse de la qualité (utilisation de car- fabrication et des tanneuses (environ 300 investir dans des équipements plus mo- ton dans les chaussures par exemple, femmes de Mékhé, Thiès et Khombole). dernes, par exemple changer sa presse plutôt que du tout cuir). Cette fédération, avec l’appui de la mécanique pour une presse hydraulique. Ils se sont rendus compte lors d’une vi- Coopération française, a essayé en 1997 Les frères Gueye n’ont jamais eu recours site dans les magasins revendeurs en de lancer un atelier de services aux ar- au crédit et ne l’envisagent pas car « l’ar- France que les termes de l’échange leur tisans de la filière à Thiès (la grande ville gent de nos banques coûte cher ». Ils se étaient très défavorables. Durant ces an- la plus proche de Mékhé) : l’atelier pro- projettent sur une période beaucoup plus nées, les chaussures qu’ils avaient ven- posait de la prestation de services et de longue et n’ont pas peur de prendre le dues à 1 500 FCFA la paire se retrouvaient la mise à disposition (payante) de ma- temps : « mes fils vont travailler avec une sans transformation aucune, si ce n’est le chines. chaîne automatisée, j’y crois. On a le logo des revendeurs, à 28 000 FCFA en Cependant cette initiative nécessitait la temps, l’entreprise se transmet de géné- magasin en France. Ils n’ont pas réussi à contribution des membres et les artisans ration en génération ». renégocier les termes de l’échange avec ne se sont jamais montrés intéressés. La l’intermédiaire. Agnès B. a fini par rom- fédération a par ailleurs tenté de rap- pre le contrat avec l’intermédiaire pour procher et d’organiser les artisans, mais Un manque de capacité aller se procurer les produits en Asie, de sans succès, ce qui fait dire à Moussa d’investissement et l’étalement meilleur rapport qualité-prix. Gueye que cette tâche est très difficile des projets dans le temps Plusieurs points positifs ont tout de même car les artisans « ne sont pas demandeurs été tirés de cette relation difficile : d’une et fonctionnent seuls ». Aujourd’hui, il Les frères Gueye travaillent actuellement part cela a permis à Cawaan de tester sa ne s’implique plus dans l’association et dans un atelier intermédiaire qu’ils ont capacité à exporter en quantité de façon souhaite passer le relais car il estime s’ê- aménagé et réfléchissent à le transformer stable (4-5 000 paires par an) ; d’autre tre déjà suffisamment investi. en atelier consacré exclusivement à la ma-

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roquinerie-bagagerie et la fabrication de selles ; lorsque le nouvel atelier sera prêt, il sera uniquement dédié à la fabrication des chaussures. Ils ressentent le besoin d’approfondir leur réflexion sur l’organi- En savoir plus sation du travail et souhaiteraient suivre Pour visionner les produits de l’entreprise : une formation pour apprendre à optimi- http://www.pcsenegal.org/artisan/sandals.html et ser l’organisation interne de l’atelier. http://picasaweb.google.com/pcvsenegal/NgayeMKhSandals# Le manque actuel de capacités d’inves- tissement n’empêche pas les quatre frè- res de nourrir des projets à très long terme ; ils comptent sur la génération suivante pour les réaliser si eux n’y par- viennent pas. Un des frères, Moctar, souhaite un jour monter un centre de formation lié à leur atelier : il n’aurait qu’à formaliser les mo- dules de formation qu’il a développés en Centrafrique. Il n’existe en effet pas de centre de formation sur le travail du cuir au Sénégal, alors que le secteur présente un potentiel important. La famille Gueye est sûre de pouvoir tenir tête aux im- portations chinoises en utilisant les ma- tières premières locales. Enfin, les frères espèrent créer un jour une usine de tan- nerie locale qui permettrait de ne plus dépendre des importations de cuir. ■

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS Nouvelles technologies et circulation d’information dans les filières : le cas de freshConnect ■ New ICT Solutions to Age-Old Problems: en Inde Case of the IGP India Project, ACDI/VOCA, The Seep Network, 2009.

Faciliter et renforcer les liens entre les petits producteurs et les marchés finaux n’est pas un enjeu de développement nouveau. De nombreux projets ont cherché à met- tre en œuvre des solutions basées sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans ce domaine. L’Inde, qui présente un secteur des TIC très développé et une base large de petits producteurs, offre un environnement idéal pour appliquer des solutions de ce type visant à rapprocher les petits paysans dispersés des gros acheteurs et chaînes nationales de vente au détail. Cette étude de cas décrit l’expérience du projet IGP India d’ACDI/VOCA qui a mis en œuvre une solution informatique baptisée freshConnect pour résoudre certaines contraintes de la filière des fruits et légumes frais.

rganiser et gérer un système d’ap- Le modèle traditionnel est le système Oprovisionnement planifié de pro- étatique : le paysan apporte sa récolte duits frais à partir d’une base de pro- au « mandi » (marché local mis en place duction étendue et dispersée est une par le Gouvernement) où il la vend à des opération complexe et délicate. Les agents qui eux-mêmes la revendent à Accédez au document original : contraintes et problèmes propres à l’ap- d’autres négociants, etc. Le produit passe www.seepnetwork.org/Resources/ provisionnement en produits frais en Inde ainsi entre les mains de plusieurs inter- ICT_Solutions_Value_Chain.pdf ont été identifiés par le prédécesseur du médiaires ; le système est très peu projet IGP India, le programme GMED transparent, souvent défavorable aux pay- (Growth Oriented Micro-Enterprise sans et conduit à des pertes dues aux Development). mauvaises conditions de manipulation, de stockage et de transport. En 2002, le Gouvernement fédéral amende le système pour permettre aux LE CONTEXTE : LA RECHERCHE grossistes et détaillant organisés d’a- DÉLICATE DE MODÈLES cheter les produits directement auprès D’APPROVISIONNEMENT des paysans. Cette évolution a le mérite EFFICACES de supprimer plusieurs niveaux d’inter- médiaires, mais présente de nouveaux problèmes associés à l’approvisionne- Entre 2004 et 2008, le programme ment direct auprès des producteurs : GMED vise à mettre en relation les pe- inadéquation entre les compétences des tits producteurs de fruits et légumes avec producteurs et le niveau d’exigence des « L’Actualité des services les acheteurs organisés (grossistes, dé- acheteurs, absence d’infrastructure entre aux entreprises » no 18 taillants, exportateurs, entreprises de lieu de production et marché final, mo- décembre 2009 transformation) et à les aider à répondre dèle d’approvisionnement peu fiable, etc. Un produit d’information aux exigences de ces entreprises. À l’é- Pour tenter de résoudre certaines de ces financé par la DDC (Suisse) poque du programme, plusieurs modè- difficultés, un autre modèle d’approvi- et l’AFD (France), les de filières ont cours dans le secteur sionnement est mis en place qui consiste et publié par le Gret des produits frais. pour les grossistes ou détaillants à gérer

43 Nouvelles technologies et circulation d’information dans les filières : le cas de freshConnect en Inde 44

des centres de collecte nationaux. Là en- tion. ACDI/VOCA estime que ces technique, en informations sur le mar- core, le modèle est défaillant et n’incite contraintes peuvent être solutionnées par ché et en moyens d’assurer la qualité pas les acheteurs à payer de bons prix le biais des technologies de l’informa- et la sureté des produits ; car ils ne peuvent pas compter sur une tion et de la communication. L’organi- ➤ au cours des cinq années à venir, base fiable et organisée de fournisseurs. sation décide de développer une appli- 6 000 à 10 000 nouveaux supermar- Ils ont très peu de contrôle sur la qualité cation permettant de fournir à l’ensemble chés, hypermarchés et détaillants spé- et la quantité des produits achetés. des acteurs de la filière toutes les infor- cialisés en produits frais vont s’ouvrir Face à ces problèmes, le programme mations utiles à son efficacité. en Inde ; GMED introduit deux modèles d’appro- ➤ la majorité des producteurs ne maî- visionnement supplémentaires qui sus- trisent pas l’informatique et ne par- citent un grand intérêt. Dans le premier, lent pas couramment l’anglais. les petits producteurs sont organisés et passent des accords avec les acheteurs. LES ÉTAPES DE De cette étude, ACDI/VOCA retient en Interactions fréquentes, assistance tech- DÉVELOPPEMENT DE LA particulier que le système devra per- nique et services de vulgarisation assu- SOLUTION TECHNOLOGIQUE mettre différents niveaux d’accès à l’in- rent la solidité du schéma qui offre aux formation, et différents types d’appareils producteurs de meilleurs revenus et aux portables. acheteurs l’assurance d’une quantité et La plupart des producteurs n’ont que des d’une qualité prédéfinie de produits. Choisir la technologie téléphones bon marché et ne maîtrisent Dans le second modèle, un intermédiaire que les SMS ; côté acheteurs, des appa- commercial (une coopérative par exem- ACDI/VOCA s’est posé la question de la reils plus sophistiqués peuvent être pré- ple) établit un partenariat avec des grou- technologie la plus appropriée et a consi- vus, capables de traiter des données plus pes organisés de paysans et sert de lien déré qu’une solution basée sur les ré- complexes et de fonctionner sur plu- entre eux et les acheteurs. Cet intermé- seaux mobiles sans fil serait la plus adap- sieurs standards de communication 1 diaire peut également fournir des servi- tée au contexte du pays et à la filière. (GSM, GPRS, CDMA) . ces de vulgarisation et un support logis- Trois raisons à ce choix : tique aux paysans. Les détaillants (i) l’Inde a déjà une très bonne cou- Rechercher un partenaire et apprécient ce modèle dans la mesure où verture réseau, y compris dans les développer le modèle économique la plupart ne sont pas intéressés et/ou zones rurales ; les souscripteurs de compétents pour traiter directement avec téléphonie mobile sont plus nom- Le marché indien des fruits et légumes les producteurs. breux que les abonnés aux lignes frais est très volatile et hétérogène. classiques ; Appliqués aux filières des produits frais, Développer une application technolo- (ii) les tarifs de la téléphonie mobile en ces modèles se heurtent cependant à un gique efficace exigeait un partenaire so- Inde sont parmi les plus bas du certain nombre de contraintes clés : lide ayant les ressources techniques, la monde et continuent de baisser ; ➤ une base de production composée de capacité de générer un intérêt commer- milliers de petits producteurs indivi- (iii) les marchés des produits frais auront cial, et la volonté d’investir pour soute- duels ; toujours besoin d’informations en nir l’application dans le temps. temps réel. ➤ un manque d’accès aux technologies Sélectionné par appel d’offres, Infosys améliorées de production et de répond le mieux à ces critères et est in- conservation et à l’assistance néces- Réaliser une étude de marché téressé à développer une gamme pé- saire pour les utiliser ; et concevoir le produit renne de produits basée sur l’applica- ➤ un manque de systèmes d’informa- tion. En tant que facilitateur, ACDI/VOCA souhaite se dégager de la responsabilité tion sur le marché efficaces et acces- Une étude de marché est menée pour de la maintenance et de l’évolutivité de sibles aux petits producteurs de fruits ACDI/VOCA par Accenture Develop- l’application. Il est donc essentiel de trou- et légumes ; ment Partnership sur les modèles d’ap- ver une entreprise ayant un intérêt com- ➤ un suivi et une traçabilité inadaptés provisionnement en fruits et légumes frais mercial à s’en charger. des produits frais ; et sur la réaction attendue à une solu- ➤ un manque de coordination et de tion TIC mettant en relation acheteurs et contrôle des activités de production producteurs. Développer et tester le produit sur le terrain et de la logistique d’ap- Elle met en évidence les points suivants : provisionnement. ➤ les détaillants ont plusieurs modèles Sur la base des enseignements du pro- gramme GMED et des résultats de l’é- Tous ces facteurs se traduisent par un d’approvisionnement et une vision tude de marché, Infosys développe une manque de contrôle sur la quantité et la différente de leur responsabilité vis-à- qualité du produit et continuent à en- vis des fournisseurs ; 1 GPS : Global System for Mobile communi- ➤ gendrer des pertes lors du transport du les producteurs font état d’une forte cations ; GPRS : General Packet Radio System ; lieu de production au lieu de distribu- demande non couverte en assistance CDMA : Code Division Multiple Access.

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version du logiciel baptisé freshConnect, Comment fonctionne freshConnect ? qui fait l’objet d’un test pilote en 2008. L’application surveille les prix de pro- duits frais sur plusieurs marchés de gros freshConnect comporte trois modules principaux : (« mandis ») prédéfinis (jusqu’à six) et ➤ Formulation des commandes : permet à un détaillant ou un autre acheteur fournit cette information aux producteurs de passer une commande, que les agents de terrain répartissent entre les sur une base hebdomadaire. Sur cette producteurs, et de générer une confirmation de commande. base, l’acheteur et le producteur peu- ➤ Réalisation des commandes : aide les agents de terrain à enregistrer les vent s’entendre par contrat sur un prix données relatives à la quantité et à la qualité des produits au moment où minimum et un prix maximum pour un ils sont récoltés, triés et transportés. produit donné. Lorsque le prix du mar- ➤ Transport des commandes : génère des numéros de suivi pour les produits ché fluctue, le contrat est adapté en fonc- et les camions de transport, puis envoie ces informations à l’acheteur, au tion des limites définies ; il n’est rené- producteur et à l’agent de terrain. gocié que lorsque les prix sortent de la fourchette établie. ACDI/VOCA travaille avec deux réseaux de distribution organisés, Radhakrishna Foodland et HyperCity, pour mener le test pilote de freshConnect, avec les pro- ducteurs et les acheteurs déjà connus La coopérative sélectionne 250 produc- À la date du rapport, environ 500 pro- d’eux à travers le programme GMED. teurs pour fournir Foodland et 65 pour ducteurs approvisionnent en produits La phase pilote permet de résoudre cer- fournir Hypercity. frais HyperCity et Foodland. Les projets tains bugs du logiciel ou imperfections d’extension prévoient la mise en œuvre L’introduction de freshConnect permet dans le transfert des données. Des pré- de freshConnect par de grands détaillants de résoudre bon nombre des difficultés férences quant à l’utilisation du produit indiens de produits frais comme Adani des modèles d’approvisionnement de la ressortent également ; par exemple, il AgriFresh et Bharti Field Fresh. filière. est initialement prévu que les produc- Les résultats de l’application du système Pour les distributeurs, toutes les fonc- teurs accèdent au système par le biais sont encourageants : les pertes subies tions essentielles sont assurées par le sys- des appareils mobiles des agents de ter- entre le lieu de production et le lieu de tème (informations sur les prix, com- rain, mais le test montre qu’ils préfèrent distribution ont diminué de 10 % chez mandes en quantité et qualité, dates de de loin accéder au système par le biais Hypercity et de 15 % chez Foodland. livraison). de leurs téléphones portables. Les groupes de producteurs de la coopé- Des changements significatifs sont ainsi Pour les producteurs, l’accès aux infor- rative de Nandani ont augmenté leurs apportés avant la commercialisation du mations techniques et la notification des revenus de 15 % à 20 % grâce au mo- produit. demandes actuelles et futures en pro- dèle d’approvisionnement direct mis en duits sont les apports les plus importants. place avec HyperCity et Foodland. Mettre en œuvre la solution

Les deux grands distributeurs Radha- krishna Foodland et HyperCity expri- L’impact de l’évolution des conditions de marché ment leur intérêt à déployer freshConnect au sein de leurs organisations. ACDI/VOCA facilite la contractualisa- La dynamique du marché peut contrecarrer l’adoption d’une solution TIC et tion au début de la phase de mise en conduire à l’abandon de nouveaux modèles d’approvisionnement. œuvre. Celle-ci concerne deux types de Début 2009, la situation financière des réseaux de distribution organisés contrats : s’est détériorée en Inde, contraignant plusieurs gros détaillants à fermer des magasins ou à réduire leur expansion. Malheureusement, cela signifiait qu’il (i) les contrats entre chaque distributeur n’y avait pas assez d’acheteurs directs au sein des détaillants organisés pour et une coopérative agissant comme acheter une part suffisamment importante de la production des agriculteurs. intermédiaire entre les distributeurs Le taux de croissance dans le secteur de détail organisé et la confiance des et les producteurs (précisant la qua- consommateurs ont diminué, amenant les principaux détaillants à offrir une lité, quantité, variété, fourchette de baisse des prix compétitive. Les budgets informatiques ont été réduits ou prix des produits et établissant un annulés, entraînant une demande réduite pour les applications TIC telles que mécanisme de crédit fournisseur) ; freshConnect dans le marché de détail organisé. (ii) les contrats entre Infosys et chaque distributeur, établissant le coût d’uti- lisation de freshConnect.

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efforts supplémentaires en renforcement soin de maintenance et d’évolutivité des ENSEIGNEMENTS POUR de capacités, sans lesquels il était extrê- systèmes logiciels, les interventions dans L’INTRODUCTION D’APPLICATIONS mement difficile pour les agriculteurs le domaine des TIC sont particulièrement TIC DANS LES FILIÈRES d’augmenter et d’améliorer leur pro- dépendantes de la viabilité des partena- duction. Rendre l’information accessi- riats établis avec des acteurs du secteur ble n’était pas suffisant. Or l’investisse- privé. Les partenaires doivent être bien ment supplémentaire que représente cet établis, faire preuve d’innovation et avoir L’expérience de IGP India en partenariat appui a rendu certains détaillants réti- de l’expérience dans le développement avec Infosys permet de faire ressortir cents à appuyer la solution logicielle. de nouveaux modèles économiques. quelques enseignements et recomman- 4. Avoir à l’esprit les aspects humains ACDI/VOCA et Infosys ont choisi de col- dations à l’intention des organisations des solutions TIC. Une solution techno- laborer avec IFFCO, le plus gros distri- envisageant l’application de technolo- logique ne fonctionne qu’à condition de buteur d’engrais en Inde, lequel met à gies de l’information et de la communi- ne pas négliger tous les aspects humains disposition une plateforme de messages cation dans des filières. qui conditionnent sa réussite. Informer vocaux pour diffuser l’information tech- 1. Comprendre ce que les applications les producteurs sur le rôle de la solution nique auprès des producteurs ; il y gagne TIC peuvent et ne peuvent pas résou- proposée, encourager les changements ainsi une base de clientèle potentielle. dre dans une filière. Il ne s’agit jamais comportementaux nécessaires, s’assurer 7. Régler les aspects de propriété intel- d’une panacée destinée à régler toutes que tous les acteurs comprennent ce qui lectuelle. Les interventions dans le do- les inefficacités de la filière. Dans le cas est attendu d’eux et en quoi l’applica- maine des TIC impliquent souvent le dé- de freshConnect, le système a permis tion va changer la situation, répondre veloppement de nouveaux logiciels, dont aux petits producteurs d’accéder aux aux questions des utilisateurs sont au- les droits de propriété intellectuelle peu- gros distributeurs que sont HyperCity et tant d’activités de préparation et d’ac- vent s’avérer précieux. Il est donc im- Foodland, mais n’a pas tout réglé. S’est compagnement essentielles. portant de définir et d’établir ces droits posé par exemple avec HyperCity le pro- 5. Concevoir des solutions qui bénéfi- sur la base des relations formées entre blème du transport des produits jus- cient à tous les niveaux de la filière. Les les acteurs d’une filière donnée. Les or- qu’aux magasins. solutions qui avantagent significative- ganisations de développement doivent 2. Les solutions TIC sont efficaces pour ment un niveau de la filière plutôt qu’un maîtriser la législation relative au droit faciliter les flux d’informations à l’inté- autre ont peu de chances d’être adop- de propriété dans le pays où est mise en rieur de la filière. Le manque de transpa- tées par tous. De même celles qui vont œuvre l’application. Lorsque les projets rence sur le prix et sur les spécifications à l’encontre des facteurs de marché pré- sont totalement financés par un bailleur attendues du produit est un obstacle ma- sentent peu de chances de réussite. Dans de fonds, les droits du logiciel sont gé- jeur au bon fonctionnement de nom- le cas de freshConnect, les acheteurs ré- néralement détenus par le bailleur ; breuses filières. Un modèle de tarifica- duisent leurs pertes, peuvent mieux gérer lorsque le financement est partagé, ils tion transparente fondé sur les conditions leurs stocks et passer leurs commandes sont habituellement répartis entre le du marché répond aux attentes des ache- plusieurs mois à l’avance ; les produc- bailleur et/ou le maître d’œuvre et le dé- teurs comme des producteurs. teurs vendent à un meilleur prix. veloppeur ou distributeur du logiciel. 3. Ne pas négliger le besoin de renfor- 6. Choisir de solides partenaires locaux Cette question peut s’avérer très com- cement des capacités. Faire accéder les pour assurer la pérennité du système. plexe, en particulier lorsqu’il est prévu producteurs aux informations techniques La plupart des interventions sur les filiè- que l’éditeur du logiciel continue à faire appropriées était un enjeu central du res ont une durée limitée et prévoient évoluer l’application après la fin du pro- projet. Mais cet objectif nécessitait des une stratégie de retrait. Du fait du be- gramme. ■

En savoir plus sur le programme IGP en Inde : www.acdivoca.org/acdivoca/PortalHub.nsf/ID/indiaIGP

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret ÉTUDES DE CAS Adapter l’offre de services aux entreprises aux communautés ■ Partnership models for successful microenterprise touchées par le sida : service delivery to HIV and AIDS affected modèles de partenariat communities, Practitioner Learning Program in building alliances to serve HIV/AIDS-impacted Cette note technique explore les modèles de partenariat capables de promouvoir le communities in renforcement économique des communautés touchées par le virus du sida via le dé- Sub-saharan Africa, veloppement des micro-entreprises : microfinance, services d’appui aux entreprises (SAE). Technical note, Son contenu se fonde sur les expériences et les échanges des membres du Programme The Seep Network, d’apprentissage (« Practitioner Learning Program ») du réseau Seep. Quatre études 2009 (18 pages). de cas sont analysées qui présentent des caractéristiques, des enseignements, des défis et des modèles partenariaux différents : le partenariat institutionnel, le partenariat ciblé, le partenariat intermédiaire et le partenariat commercial.

e guide méthodologique du réseau ➤ des terminologies différentes ; L Seep sur le développement de la ➤ un risque pour la performance des micro-entreprise dans les communautés programmes de SAE ; touchées par le sida1 affirme que « le dé- ➤ le besoin de se spécialiser techni- veloppement de la micro-entreprise est Accédez au document original : quement pour développer des bon- un élément crucial d’une approche ho- http://seepnetwork.org/Resources/ nes pratiques et avoir des résultats ; TN_BASICS_Models.pdf listique de la prévention et de la réduc- ➤ tion du sida. La clef de réussite est de fa- la petite échelle des initiatives de SAE. ciliter des partenariats entre les pro- Ce manuel poursuit en comparant qua- fessionnels et organisations de santé et tre types de partenariat et leur rôle, qui d’appui aux micro-entreprises ». sont repris via des cas étudiés ci-dessous. Les principaux défis institutionnels sont : ➤ d’avoir des objectifs plus larges, pour une programmation conjointe ; ➤ de financer des actions qui requiè- 1RE ÉTUDE DE CAS : rent une collaboration ; LE MODÈLE DU PARTENARIAT ➤ d’adopter des modèles institutionnels INSTITUTIONNEL efficaces de mise en œuvre des ac- tions ; ➤ de soutenir les chercheurs et les pra- Le modèle du partenariat institutionnel ticiens. est celui d’une collaboration de long Les principaux défis techniques de ces terme entre des organisations. « L’Actualité des services partenariats sont les suivants : Le cas ci-dessous présente la relation en aux entreprises » no 18 ➤ les programmes de SAE et de déve- cours entre une ONG internationale, décembre 2009 loppement de la santé n’ont pas les Catholic Relief Services (CRS), active Un produit d’information mêmes stratégies ; dans plus d’une centaine de pays, et une financé par la DDC (Suisse) ONG nationale opératrice, Caritas et l’AFD (France), 1 Guidelines for microenterprise development et publié par le Gret in HIV’s and AIDS-impacted communities, Rwanda, qui coordonne tout un réseau The Seep Network, 2009. de diocèses, de paroisses et plus de

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10 000 petites communautés chrétien- (Saving and Internal Lending Commu- le sida. CRS a proposé de la formation, nes dans le pays. Dans le cadre du pro- nities). Il s’agit d’une épargne de groupe de l’assistance technique, du suivi et du jet Lifeline au Rwanda, CRS appuie tech- qui permet aux communautés de mieux renforcement de compétences aux par- niquement et finance Caritas Rwanda, gérer leurs propres ressources, d’investir tenaires de Caritas. Caritas emploie par qui met en œuvre et propose le service lorsque des opportunités se présentent diocèse un superviseur Silc et sept agents au niveau de la communauté. et de mieux faire face aux aléas. En 2006, de terrain, qui agissent au niveau pa- Dans le pays, CRS concentre ses pro- les deux ONG ont ainsi, dans le cadre du roissial afin de former ces groupes sur la grammes sur l’agriculture, la microfi- projet Lifeline, fait évoluer l’offre de cré- méthode Silc et leur proposer assistance nance, la construction de la paix et l’aide dit proposée aux ménages touchés par technique et supervision. alimentaire. Caritas Rwanda cherche à renforcer les capacités des groupes les plus vulnérables et restaurer la dignité 1RE ÉTUDE DE CAS : LE MODÈLE DU PARTENARIAT INSTITUTIONNEL humaine des personnes menacées de marginalisation sociale, de division eth- Les leçons tirées de ce partenariat sont nombreuses. Les succès d’abord : nique et d’injustice. Les structures par- ➤ des objectifs et des valeurs partagées ont renforcé le partenariat ; tagent une mission similaire et CRS pro- ➤ les communautés bénéficiaires sont activement engagées dans le partenariat ; pose aussi des services d’ordre médical, ➤ le renforcement de capacités des organisations de base permet un résultat de long social ou spirituel via un large réseau de terme pour les bénéficiaires. structures communautaires et de cen- tres locaux de santé. Les défis auxquels les structures sont encore confrontées sont les suivants : ➤ Le partenariat entre les deux structures a des politiques « projet » peu cohérentes et qui gênent la collaboration institutionnelle. Les deux structures collaborent sur de nombreux projets, chacune ayant son propre débuté en 1963. Le rôle de CRS dans ce budget et sa structure de rattachement. Ceci peut conduire à des incohérences dans cadre est en premier lieu de renforcer les organisations et affecter la qualité des services aux clients. Par exemple, les les compétences de Caritas sur la pro- bureaux diocésains de Caritas n’ont pas tous une grille de salaires, et des employés grammation, les activités administrati- de même niveau peuvent, selon les projets, être payés différemment. Il en est de ves et l’expertise technique afin que cette même pour les équipements mis à disposition des volontaires (vélos, radios, etc.), dernière puisse mettre en œuvre des pro- qui varient selon les projets, incitant les volontaires à partir pour les projets les plus grammes de qualité et accéder de façon offrants ; indépendante aux financements des ➤ un système à la « double administration » peut retarder la mise en œuvre : Caritas bailleurs internationaux. s’appuie sur CRS pour la gestion financière, c’est cette dernière qui lui remet les Les deux structures ont introduit, afin de fonds pour la mise en œuvre des activités. Des reçus manquants de Caritas ou des lutter contre l’insécurité alimentaire chro- retards de paiement de CRS peuvent gêner la mise en œuvre des activités et engendrer des sentiments de frustration des deux côtés. nique et la vulnérabilité des ménages touchés par le sida, la méthodologie Silc

formé une alliance dans le cadre du PLP 2E ÉTUDE DE CAS : E 2 ÉTUDE DE CAS : du réseau Seep afin de proposer des ser- LE MODÈLE DU PARTENARIAT CIBLÉ LE MODÈLE DU PARTENARIAT vices de santé : sensibilisation sur le sida, dépistage volontaire, références de santé CIBLÉ Les gains que ce partenariat aura per- pour les clients de l’IMF, tout en main- mis sont les suivants : tenant anonymes les données concer- ➤ le planning participatif permet de nant la santé des clients de l’institution. meilleurs résultats : ceci est possible Ce modèle est fondé sur la réponse à des Le fondement du partenariat est que SAT lorsque les deux structures s’impli- besoins spécifiques, du programme ou (80 000 clients dans 10 régions) a re- quent activement dès la préparation techniques. Le partenariat peut être de connu la gravité de la pandémie du sida du programme ; court comme de long terme selon les et ses conséquences sur ses clients, leurs ➤ le souci de respect de l’anonymat objectifs fixés. Dans l’exemple présenté, entreprises, leurs communautés, ainsi trouve plus facilement une réponse une ONG nationale contracte une autre que les conséquences potentielles pour lorsque l’on agit avec un partenaire ONG nationale afin de proposer une son personnel. Les deux structures se tiers. offre de services supplémentaires. sont ainsi associées afin d’améliorer le Des défis restent à surmonter : Sinapi Aba Trust (SAT) et Planned bien-être des clients de SAT concernant ➤ proposer une gamme de services Parenthood Association of Ghana (PPAG) les questions liées au sida dans 4 villes conduit à d’autres, pour répondre par sont deux ONG ghanéennes expéri- ayant un taux de prévalence au-dessus exemple aux besoins de médication et mentées dans leurs domaines de spé- de la moyenne nationale. 560 des d’accompagnement des clients testés cialisation respectifs, la microfinance et 80 000 clients de SAT ont été sensibili- positifs ; .../... le planning familial. SAT et PPAG ont sés et/ou dépistés.

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loppement local et des groupes d’en- afin de proposer des soins palliatifs à do- .../... traide. Par leur intermédiaire, Fantsuam micile et d’autres services et appuis à la propose des services de microfinance, communauté : accompagnement psycho- ➤ les financements sont pour le mo- d’amélioration des conditions de vie ainsi logique, groupes de soutien, conseil et dé- ment inadéquats et n’ont permis de toucher que moins de 1 % de clients que des services de santé. La fondation pistage, mise en réseau des acteurs. Icap de SAT. Pour poursuivre et étendre agit souvent en tant qu’opérateur inter- cherche à ce que ces services soient ac- cette collaboration, SAT et PPAG médiaire entre une ONG internationale cessibles dans un unique point d’accès, doivent trouver des fonds supplé- et les organisations de base. ce qui est primordial dans les zones rura- mentaires ou déterminer d’autres voies L’organisation Icap (International Center les dans lesquelles Fantsuam intervient. de couverture des frais du programme. for AIDS Care and Treatment Program), Enfin, Icap appuie Fantsuam pour que en partenariat avec le Gouvernement cette dernière renforce ses compétences nigérian, propose toute une gamme de de développement de services de soutien services pour lutter contre le sida dans à une communauté touchée par le sida. l’État du Kaduna, notamment de l’assis- Fantsuam a contracté avec une petite tance technique et financière pour amé- ONG locale créée en 2007, Eassi. Eassi liorer la prévention et les soins. Icap fi- met en œuvre une partie des activités 3E ÉTUDE DE CAS : nance Fantsuam dans le cadre d’un accord programmées : sensibilisation, formation LE MODÈLE DU PARTENARIAT passé avec les Centres américains pour de jeunes sur la fabrication de briques INTERMÉDIAIRE le contrôle et la prévention des maladies. compressées, formation de volontaires Le rôle d’Icap est d’aider Fantsuam à éta- retraités de la santé et de l’agriculture, blir un programme de lutte contre le sida services d’appui aux micro-entreprises. Typiquement, ce modèle implique une ONG internationale, une ONG locale

(nationale ou régionale) et des organi- 3RE ÉTUDE DE CAS : LE MODÈLE DU PARTENARIAT INTERMÉDIAIRE sations à base communautaire (allant de groupes d’entraide à des petites ONG). Les leçons tirées de ce partenariat sont multiples. Les succès d’abord : L’ONG internationale s’appuie sur ➤ des alliances stratégiques facilitent la programmation d’ensemble pour répondre à l’ONG locale pour mettre en œuvre le chaque individu des communautés ciblées : les organisations communautaires programme et l’ONG locale travaille proposent une gamme de services assez complète alors que les grandes organisations avec les organisations communautaires sont généralement plus spécialisées. Cette association de structures ayant des cibles pour développer les services spécifiques similaires mais des atouts différents est ainsi bénéfique pour mieux couvrir les besoins ; dont leurs clients ont besoin. ➤ un système de suivi solide permet d’améliorer l’efficacité, la durabilité et le La fondation Fantsuam est une ONG ni- déroulement des programmes. Les ONG internationales sont rompues aux exercices gériane, opérant dans l’État du Kaduna de reporting et prêtent attention aux données à extraire et analyser. en y développant un modèle réplicable Des défis restent à relever : de développement rural intégré. Ses ser- ➤ plus de partenaires, c’est aussi plus de sources de conflit ; vices intègrent la microfinance, la santé ➤ (dont des programmes de lutte contre le le personnel peut facilement se trouver débordé, car souvent il n’est pas intégré aux sida), la formation et la prestation de ser- coûts de l’extension de la gamme de services et ne se voit pas renforcé en parallèle du développement de l’offre ; vices sur les technologies de l’informa- ➤ tion et de la communication (TIC). le partenaire intermédiaire, l’ONG internationale, est responsable du travail de l’organisation agissant au niveau communautaire tout en étant peu en lien avec la Fantsuam travaille avec de nombreux communauté. Il risque de ne pas être en capacité de contrôler les résultats. partenaires, dont des ONG locales et internationales, des conseils de déve-

ment de capacités du groupe de pro- loppement du secteur privé, réforme de 4E ÉTUDE DE CAS : ducteurs. l’environnement des affaires, tourisme. Le LE MODÈLE DU PARTENARIAT Emerging markets Group (EMG) est un cabinet travaille sur le projet Cope2, fi- COMMERCIAL cabinet de conseil international. nancé par l’USAID, qui agit sur le ren- forcement de capacités des personnes EMG applique son expertise commer- prenant soin des orphelins et enfants vul- ciale à différents domaines liés à l’amé- nérables en Tanzanie, en Ouganda, au Ce partenariat résulte d’une relation entre lioration des infrastructures économiques, une entreprise et des groupes de pro- sociales et physiques des communau- ducteurs. Un partenaire facilite cette re- tés : agribusiness, conditions de vie ru- 2 Community-Based Orphan Care, Protection, lation, organise et appui le développe- rales, services financiers, santé, déve- and Empowerment project.

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Rwanda et au Mozambique. EMG a éta- de facilitation d’EMG et qu’éventuelle- tifier les voies de réduction de la vulné- bli des partenariats avec des associations ment l’accord entre EMG et Fruits of the rabilité des aidants et des enfants, par communautaires de personnes s’occu- Nile soit remplacé par un contrat com- exemple en les encourageant à se re- pant des enfants et des entreprises pri- mercial entre l’association et l’entreprise. grouper pour épargner et être capables vées, afin d’aider les premières à accé- EMG devra dans son plan de retrait iden- de faire face à des urgences. der à de meilleurs marchés, à des ressources et à la formation. EMG a contracté en Ouganda avec des 4E ÉTUDE DE CAS : LE MODÈLE DU PARTENARIAT COMMERCIAL « fédérations » d’aidants, chacune com- posée de 10 groupes de 5 à 8 personnes Des succès, différentes leçons ont été tirées : prenant soin en moyenne chacune de 5 ➤ les partenariats peuvent combler un manque entre les besoins des communautés enfants. Ils sont le point d’entrée du pro- et les acteurs commerciaux ; gramme Cope pour la formation, le dé- ➤ veloppement d’entreprises et d’autres une relation commerciale avec une entreprise renforce le partenariat : les négociations ont immédiatement porté sur comment le faire et non sur la motivation services. sociale de l’entreprise ; Fruits of the Nile est une entreprise de ➤ prévoir une stratégie de sortie est critique, dans ce cas afin que la relation évolue transformation et d’export de fruits sé- de trois à deux partenaires. chés, créée dans les années 1990 par des paysans ougandais afin de ne pas Les principaux défis qui se posent encore sont les suivants : perdre leurs fruits frais. Elle achète aux ➤ les dynamiques de marché peuvent affecter la stabilité du partenariat commercial ; paysans les fruits qu’ils sèchent avec des ➤ des activités commerciales et des subventions peuvent se compléter si cela est équipements faciles à construire et bien fait : des subventions ponctuelles et ciblées, par exemple pour investir dans respectueux de l’environnement (séchage un local de stockage, peuvent motiver les groupes à adopter une nouvelle à l’air ou avec des sécheurs solaires) et technologie sans avoir des dépenses à effectuer qui augmenteraient les coûts les exporte. pour l’acheteur ; ➤ les services d’appui sont essentiels pour les communautés touchées par le sida. Suite à une étude de marché et à De tels services n’étant pas rentables et pérennes à terme, ils sont d’autant plus l’identification des besoins des aidants positifs qu’ils incitent les bénéficiaires à développer une activité commerciale, de saisir des opportunités commercia- orientée par le marché. les, EMG les a mis en relation avec Fruits of the Nile, les a organisé en groupes pour contracter et les a formés sur deux aspects : (1) sur l’importance de l’épargne, sur la gouvernance, la gestion financière, la tenue d’une comptabilité et la ges- ➤ l’accord commercial encourage, pour tion d’entreprise ; CONCLUSIONS ET des petits producteurs, le développe- (2) au niveau technique, sur la produc- RECOMMANDATIONS ment de liens durables fondés sur le tion en quantité et en qualité, l’hy- marché. giène, le séchage et l’utilisation de Chaque forme de partenariat comporte sécheurs solaires. 853 aidants ont Bien qu’il reste des défis à relever, pas- des points positifs et des défis : été organisés en 15 fédérations qui ser des alliances est clairement un avan- soutiennent 2 337 orphelins et en- ➤ les alliances institutionnelles com- tage pour des communautés touchées fants vulnérables en lien avec Fruits prenant de multiples projets peuvent par le sida. of the Nile. Ils vendaient déjà des conduire à des politiques « projets » fruits frais sur les marchés locaux et Les quatre modèles présentés sont inté- peu cohérentes et à des problèmes sont dorénavant intégrés dans la ressants à différents titres : de management ; chaîne de production des fruits sé- ➤ les alliances institutionnelles sont la ➤ la durée des partenariats ciblés est chés qu’ils produisent et vendent à base de relations familières, de long souvent limitée par des contraintes Fruits of the Nile. terme, entre des structures qui ont des financières ; valeurs et des expériences communes ; EMG, qui joue un rôle de facilitateur, a ➤ les intermédiaires peuvent se trouver planifié son désengagement : phase de ➤ les collaborations ciblées permettent débordés par des demandes de mul- travail direct des groupes avec l’entre- de proposer des services qui sont li- tiples partenaires ; prise, déclaration des activités, création mités en envergure ou dans le temps ; ➤ le partenariat commercial exige de la d’une association des sécheurs de fruits. ➤ le modèle intermédiaire facilite les rigueur et un comportement com- Cope prévoit encore de les former à la flux de services et de financements mercial et nécessite un investissement négociation et à l’administration afin entre de grandes organisations exter- fort en développement de compé- qu’à terme l’association reprenne le rôle nes et des groupes communautaires ; tences.

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret Adapter l’offre de services aux entreprises aux communautés touchées par le sida 51

Malgré ces différences — et il y en a compétences, services spécialisés, d’autres — entre ces quatre modèles, on etc.), vous devez vous mettre d’ac- peut en tirer des leçons et des recom- cord sur comment ces ressources se- mandations communes : ront gérées, suivies et comment elles ➤ comprenez le type de partenariat dans vont fonctionner. Chacun doit rendre lequel vous êtes, ses atouts et défis des comptes sur les ressources à sa spécifiques ; disposition ; ➤ utilisez un processus de « due dili- ➤ impliquez les clients dans le parte- gence » et sélectionnez les structures nariat ; avec qui vous voulez collaborer ; ➤ définissez d’avance des stratégies de ➤ définissez clairement les rôles et les pérennisation, avec une vision à long responsabilités de chacun afin d’a- terme comprenant des objectifs en méliorer le fonctionnement du par- termes d’impact ; tenariat ; ➤ identifiez un personnel dédié à la ges- ➤ recherchez le soutien de l’équipe de tion du partenariat ; gestion et du comité directeur ; ➤ assurez-vous que les politiques et pro- ➤ gérez les ressources à la fois séparé- cédures — financières, opération- ment et ensemble : chaque partenaire nelles, administratives — sont vala- apporte des atouts et services spéci- bles, solides et standardisées pour fiques (financement, renforcement de l’ensemble des projets. ■

« L’actualité des services aux entreprises » n° 18 ● décembre 2009 Un produit d’information financé par la DDC (Suisse) et l’AFD (France), et publié par le Gret OUTILS D’ACTION Guide des ressources financières et techniques pour les PME et TPE africaines ■ Les ressources financières et techniques pour les PME et TPE du secteur privé africain. Aider les entrepreneurs privés souhaitant démarrer ou développer une activité en Guide pratique pour Afrique à identifier les ressources financières et techniques qui leur sont offertes, tel les entrepreneurs est le but du guide qui vient d’être publié par la Fondation ABEO. Les ressources cherchant à développer mises en évidence dans ce document sont celles proposées par plusieurs catégories une activité d’institutions internationales de soutien au secteur privé ACP pour encourager l’in- économique en Afrique, vestissement privé dans les pays africains. A l’aide de repères utiles et concrets, il Fondation ABEO permet de répondre aux trois questions suivantes : à quel stade de développement (avec l’appui de la l’entrepreneur se situe-t-il ? Quels sont les produits ou instruments financiers et Coopération belge et techniques qui pourraient l’aider à démarrer ou étendre son activité ? Qui peut les de la Fondation Marie lui fournir et à quelles conditions ? et Alain Philippson), 2009. es ressources financières et tech- L niques présentées dans le guide sont COMMENT PRÉPARER les ressources extérieures aux pays dans ET FINANCER UN PROJET lesquels se déroule l’activité écono- D’INVESTISSEMENT ? mique. Le guide présente essentielle- ment les institutions émanant de l’ac- cord de Cotonou qui sont encore trop Trouver les informations dont il a besoin largement méconnues et mal utilisées. Accédez au document original : pour préparer, mettre en œuvre et fi- www.pme-guide.org/view/fr/Download.html Trois types d’information sont proposés nancer son projet constitue souvent la à l’entrepreneur ou candidat entrepre- tâche la plus difficile pour le candidat neur : entrepreneur. La phase de préparation ➤ des conseils pour l’aider dans l’éla- est cruciale, aussi bien pour la création boration de son projet, en vérifier la que pour le développement d’une en- faisabilité par le biais d’un plan d’af- treprise. faires et d’un plan de financement, et Quelles sont les étapes de cette prépa- identifier les montants et les appuis ration ? techniques nécessaires ; 1. Définir et finaliser le projet ➤ des informations sur la nature et le 2. Évaluer les capitaux nécessaires à sa fonctionnement des instruments fi- mise en œuvre nanciers existants ; 3. Identifier les modes de financement ➤ un récapitulatif précis des instruments les plus adaptés proposés par pays, pour les treize pays 4. Rechercher les bailleurs de fonds qui de concentration de la Coopération les proposent belge en Afrique.

Étape 1 : Définir « L’Actualité des services aux entreprises » no 18 et finaliser le projet novembre 2009 Un produit d’information Évaluer et décrire avec objectivité et pré- financé par la DDC (Suisse) cision tous les aspects de l’activité pro- et l’AFD (France), jetée — produits/services, caractéris- et publié par le Gret tiques du marché, marketing, méthodes

52 Guide des ressources financières et techniques pour les PME et TPE africaines 53

de production et de distribution, re- Vade-mecum du plan d’affaires cherche et développement, financement, organisation, fournisseurs, main d’œu- vre nécessaire, expertise apportée par 1. Le résumé. À rédiger en dernier mais sera lu en premier ! Soyez convaincant ! les différents gestionnaires — tel est le rôle central du plan d’affaires. 2. L’entreprise et ses promoteurs Il peut dans certains cas nécessiter des – Les promoteurs : Qui êtes-vous ? (compétences, motivation, complémentarité, etc.) études assez complexes dont le coût est – Historique : Quel est votre parcours ? Comment l’idée et/ou l’entreprise est-elle née ? difficile à supporter par l’entrepreneur – Entité juridique : Dans quelle structure comptez-vous travailler ? lui-même. De nombreuses institutions financières de développement (IFD) 3. Produits / services et marché proposent leur soutien à ce stade es- – Les produits ou services : Que proposez-vous ? sentiel de la préparation, qui consiste – Le marché : À qui s’adressent vos produits et/ou services ? en général à prendre en charge une part – La concurrence : Qui trouve-t-on sur le marché ? du coût. Il peut aussi s’agir d’un soutien technique à l’élaboration du plan. 4. Forces et faiblesses – Forces : Quels sont vos point forts (produits/services) ? Étape 2 : Évaluer les capitaux – Faiblesses : Quelles sont vos faiblesses ? nécessaires à sa mise en œuvre – Opportunités : Quelles sont les opportunités de marché ? – Menaces : Quelles sont les menaces, les risques ?

L’entrepreneur doit estimer la somme né- 5. Orientations stratégiques cessaire au démarrage du projet et dé- – Spécialité de l’entreprise : Quelle est votre spécialité ? terminer pour quelle part il doit trouver – Cible : Qui sont précisément vos clients ? des financements extérieurs. Pour cela, il va établir un plan financier, c’est-à- – Positionnement : Comment l’entreprise se différencie-telle des autres ? dire une estimation sur plusieurs années – Objectifs : Comment voyez-vous votre entreprise à long terme ? (3 à 5 ans) des investissements à réali- 6. Approvisionnement et production ser, du chiffre d’affaires de l’entreprise – Cycle d’approvisionnement : Comment et chez qui vous approvisionnez-vous ? et des charges supportées. – Cycle de production : Comment et avec quels partenaires produisez-vous ? Le plan financier, réalisé à l’aide des in- formations contenues dans le plan d’af- 7. Commercialisation faires, permet de déterminer si le projet – Politique de prix : Quelle est votre politique de prix ? est viable ou non. Il donne une idée – Promotion et force de vente : Comment vous faites-vous connaître ? claire de la rentabilité attendue et des – Cycle de distribution : Comment touchez-vous le client final ? capitaux nécessaires. Il constitue la base des discussions entre l’entrepreneur et 8. Recherche et développement (R&D) les bailleurs de fonds potentiels. – Programme de R&D : Que souhaitez-vous développer ? L’entrepreneur doit ensuite déterminer – Organisation et administration les fonds qu’il est prêt à investir lui-même – Gestion : Qui se charge de la gestion administrative ? dans son activité. Cette décision aura un – Personnel et structure : Comment l’entreprise est-elle structurée (organigramme impact sur sa capacité à trouver un fi- des fonctions, flux d’informations, etc.) ? nancement externe. 9. Structure des coûts et des recettes Étape 3 : Identifier les modes – Le chiffre d’affaires : Combien l’entreprise vend-elle ? de financement les plus adaptés – Les frais généraux : Quels sont vos frais de fonctionnement ? – Les investissements : Quels sont les besoins en investissements ? Pour faire son choix entre les différentes – Le prix de revient : Que coûtent ses produits à l’entreprise ? formules de financement disponibles, – Mode de financement : Comment vous financez-vous ? l’entrepreneur doit se poser la question initiale suivante : suis-je prêt à aban- 10. Les états financiers donner une partie du contrôle de l’en- – La trésorerie : Quelle sera votre trésorerie les douze premiers mois d’activité ? (plan treprise en échange de financement et de trésorerie) de soutien technique ? – Compte de résultats prévisionnels : Quel sera l’ensemble des charges et des pro- Si oui, il est possible de rechercher des duits des activités de l’entreprise durant les trois premières années ? investisseurs en capital (capital risque ou quasi-capital) ; voir la partie sur les

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instruments. Sinon, l’entrepreneur se En dehors de quelques IFD régionales Elles développent par conséquent tout tourne vers les formes plus classiques de africaines, toutes les interventions en fa- un réseau d’institutions financières inter- financement que sont l’emprunt à long veur des TPE/PME des institutions pré- médiaires partenaires (banques, fonds terme et le leasing (voir la partie sur les sentées dans le guide sont des interven- d’investissement, sociétés de crédit-bail, instruments). tions financières indirectes ; les inter- institutions de microfinance1, etc.). ventions financières directes de ces ins- Certaines font de même pour ce qui est titutions vont en effet à des projets plus Étape 4 : Rechercher de l’appui technique, en participant no- importants nécessitant un investissement les financeurs tamment à des programmes locaux d’ac- de 500 000 euros au minimum. compagnement aux entreprises, exécutés Les IFD soutiennent donc le secteur des par des organismes intermédiaires na- L’entrepreneur doit d’abord identifier les petites entreprises par des initiatives in- tionaux ou internationaux. Plus rarement, institutions susceptibles d’octroyer un fi- directes visant à renforcer leur accès fi- certaines proposent directement des ser- nancement, puis les contacter pour pré- nancier auprès des institutions finan- vices d’appui technique auprès des PME senter le projet. Certaines IFD accom- cières locales (banques commerciales ou des pays ACP, comme le Centre pour le pagnent dans ces démarches l’entreprise IMF) en octroyant à celles-ci des lignes de développement de l’entreprise (CDE). qu’elles ont accepté de financer, en ai- crédit ou de crédit-bail, des avances glo- dant les propriétaires à structurer leur bales spécialisées ou en concluant des démarche et à professionnaliser leur ap- accords cadres de refinancement. Elles 1 Les institutions de microfinance (IMF) font proche. investissent également dans des fonds de l’objet d’une rubrique spécifique dans le guide qui propose notamment une liste des IMF les participation (souvent régionaux) actifs mieux notées par les agences de rating dans Et après ? ou spécialisés dans ce secteur. les treize pays étudiés.

Lorsque l’entreprise est en phase de dé- marrage ou de croissance, ses proprié- taires peuvent être confrontés à des dif- Les institutions financières de développement (IFD) par catégorie ficultés techniques, financières ou organisationnelles. Pour y faire face, ils peuvent dans certains cas bénéficier d’un soutien technique sous forme de mis- Les IFD bilatérales européennes – Banque de développement des États sions de consultance ou de formations. – AWS (Autriche) de l’Afrique centrale (BDEAC) – Banque de l’Afrique de l’Est et Face à un problème temporaire de tré- – BIO (Belgique) de l’Afrique australe pour le sorerie, l’entreprise peut avoir recours – CDC (Grande-Bretagne) commerce et le développement au crédit de caisse ou à l’avance à terme. – COFIDES (Espagne) – DEG (Allemagne) (Banque de la ZEP) – FINNFUND (Finlande) – Banque de développement – FMO (Pays-Bas) d’Afrique du Sud (DBSA) – IFU (Danemark) Les IFD régionales européennes VERS QUELLES INSTITUTIONS – NORFUND (Norvège) – Centre pour le développement FINANCIÈRES DE – OeEB (Autriche) de l’entreprise (appui technique DÉVELOPPEMENT SE DIRIGER ? – PROPARCO (France) uniquement) – SBI-BMI (Belgique) – Banque européenne – SIFEM (Suisse) d’investissement Caractéristiques générales – SIMEST (Italie) – SOFID (Portugal) Les IFD multilatérales – SWEDFUND (Suède) En ce qui concerne les critères d’éligi- – Société financière internationale bilité, un certain nombre d’éléments sont Les IFD régionales africaines (SFI) – Agence multilatérale de garantie généralement pris en compte, quel que – Le Groupe de la Banque africaine des investissements (MIGA) soit le type d’IFD : de développement : BAD, Fonds ➤ la nationalité du promoteur et/ou de africain de développement (FAD), Fonds spécial du Nigeria l’entreprise ; Le guide offre des tableaux récapitulatifs – Fonds africain de garantie et de ➤ la localisation de l’entreprise et le pays des principales caractéristiques (condi- dans lequel aura lieu l’activité éco- coopération économique (FAGACE) tions d’accès, instruments, etc.) des IFD nomique ; – Fonds de solidarité africain (FSA) mentionnées. Ces institutions font toutes – Banque ouest-africaine de l’objet d’une fiche technique détaillée sur ➤ la nature de l’activité économique ; développement (BOAD) le site http://www.pme-guide.org ➤ la gouvernance de l’entreprise et les compétences techniques avérées du promoteur.

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● Les crédits à long terme ➤ garanties personnelles : une ou plu- QUELS SONT LES Les crédits à long terme, appelés aussi sieurs personnes physiques ou mora- INSTRUMENTS EXISTANTS ? « prêts senior » (senior debt en anglais) les s’engagent à honorer les obliga- sont des outils de financement à moyen tions de l’emprunteur en cas de et long terme aux caractéristiques par- défaillance. Ce mécanisme s’appelle fois sophistiquées. le cautionnement ; Les instruments financiers ➤ ➤ Crédits d’investissement : prêt à garanties réelles : un bien meuble ou moyen ou long terme accordé à l’en- immeuble est laissé au prêteur en ga- ● Les participations au capital treprise pour lui permettre d’effectuer rantie, ou désigné comme tel dans un Le capital est un ensemble de ressour- un investissement bien défini (biens contrat ou un acte notarié. Selon les ces mises à la disposition d’une entre- immobiliers ou d’équipement, actifs modalités de garantie et la nature du prise par ses propriétaires. Ces ressour- incorporels, etc.). bien, on parlera d’hypothèque (bien ces peuvent être de nature financière, immobilier), de gage (bien mobilier) ➤ Crédit-bail ou leasing : contrat à matérielle ou immatérielle. Lorsqu’un ou de nantissement (bien mobilier res- moyen ou long terme permettant de financeur entre au capital de l’entreprise tant en possession du débiteur). financer l’acquisition d’un bien d’in- par un apport de fonds, on parle de vestissement (machine, véhicule, local La plupart des IFD exigent des garanties capital-risque. industriel, entrepôt) : le prêteur achète de la part des bénéficiaires de prêts. Par L’investisseur apporte du capital à l’en- lui-même le bien et le met ensuite à ailleurs, les IFD peuvent proposer des treprise aux côtés de ses fondateurs ; il la disposition de l’emprunteur moyen- garanties bancaires, consistant à se por- devient un des propriétaires de l’entre- nant paiement d’un loyer. Au terme ter caution pour l’emprunteur, pour fa- prise, participe à la prise de décision et de la période de location, l’emprun- ciliter l’accès de celui-ci au crédit. reçoit une part des bénéfices ; l’opération teur peut éventuellement acheter le ne garantit ni intérêt ni récupération des bien à un prix également convenu ● La couverture des risques sommes investies. dans le contrat. dans le cadre des activités L’octroi de capital-risque est en général d’investissement et d’exportation couplé à d’autres formes de finance- ● Les crédits à court terme Les organismes de crédit ont développé ment : prêts mezzanines, prêts subor- Les crédits à court terme servent à venir des instruments de financement destinés donnés et emprunts à long terme (voir en dépannage de trésorerie lorsque l’en- spécifiquement au commerce interna- plus loin). treprise est à court de liquidités. Les cré- tional. Ces instruments permettent de dits à court terme sont du ressort des répondre à deux préoccupations essen- ● Le quasi-capital : entre emprunt banques commerciales. Les IFD ne pro- tielles des entreprises : à long terme et participation posent pas ce type de produit financier. ➤ au capital le « risque de contrepartie » : il s’a- ➤ Crédit de caisse : faculté pour l’en- git de l’insécurité engendrée par le Le quasi-capital désigne un ensemble de treprise de présenter un solde débi- fait qu’une entreprise ne dispose pas méthodes de financement que leurs ca- teur sur son compte en banque. des connaissances et des informations ractéristiques placent entre le crédit à ➤ Avance à terme fixe : prêt à court suffisantes pour juger de la fiabilité long terme et la participation au capital, terme « classique ». et de la solvabilité de leur partenaire ce qui leur vaut le surnom imagé de commercial ; « financements mezzanine ». Ils sont ➤ Crédit d’escompte : consiste à tirer également appelés « emprunts junior » une traite sur les clients de l’entreprise ➤ les formalités douanières : les droits (junior debt en anglais). et à l’escompter ensuite auprès de sa de douane viennent s’ajouter au prix banque. À l’échéance, le client de de la marchandise et aux frais d’ex- Comme les prêts, les financements mez- l’entreprise règle le montant de sa pédition, et doivent être acquittés avant zanine ont une durée limitée inscrite dette directement à la banque. l’écoulement des marchandises, ce qui dans le contrat et un rendement garanti nécessite un financement spécifique. au moins en partie. Comme les partici- ➤ Factoring : mécanisme par lequel une pations au capital, ces financements ne entreprise spécialisée s’occupe pour le Diverses formules de crédits à l’expor- sont pas assurés d’être remboursés ; ils compte de son client de la gestion du tation et les assurances nécessaires sont sont en effet dits « subordonnés », ce qui recouvrement des factures en échange commercialisées par les banques et les signifie qu’en cas de faillite, ils ne seront d’une commission. sociétés d’assurances privées. Les pro- remboursés qu’après l’apurement des duits proposés sont notamment les cré- autres dettes de l’entreprise. ● Les garanties dits documentaires, les assurances sur Les financements mezzanine prévoient Les systèmes de garanties permettent à transport des marchandises, et les assu- en général la convertibilité totale ou l’institution financière de réduire le rances contre la résiliation de contrats. partielle de l’emprunt en capital, à la risque que l’entreprise à laquelle elle ac- Par ailleurs, la plupart des États de discrétion du bailleur de fonds mais selon corde un prêt soit incapable de faire face l’OCDE ont établi des organismes dont des modalités fixées lors de la signature à ses obligations de remboursement. Ces le rôle est de faciliter les activités d’ex- du contrat. garanties peuvent prendre deux formes : portation. Ces organismes proposent

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d’une part des garanties supplémentaires ➤ Phase de financement - Afrique de l’Ouest (français) : ou des extensions de couverture liées à (investissement) http://westafrica.smetoolkit.org des contrats de crédit ou d’assurance En ce qui concerne l’élaboration du plan - Algérie (français) : existants, d’autre part des produits non financier, l’appui des IFD peut être ac- http://algeria.smetoolkit.org commercialisés par le secteur privé. cordé de deux manières : Business Edge : Certaines IFD, comme le MIGA, propo- - soit directement, lorsque l’IFD inter- www.businessedge-me.com sent pour leur part des garanties qui cou- vient dans les frais de réalisation du Ce site présente des outils et des services vrent spécifiquement les risques liés aux plan de financement ou propose l’as- de formation à la gestion conçus spéci- investissements directs étrangers. sistance — rémunérée partiellement fiquement pour les PME. Il propose 36 — de ses experts (rare) ; outils de gestion différents en marketing, Les instruments techniques - soit indirectement, lorsque l’IFD a ac- ressources humaines, production, fi- cepté de participer au capital de l’en- nances et comptabilité, et management. La plupart des IFD ne souhaitent pas se treprise et lui fournit son assistance Doing Business : limiter au seul financement de projets pour obtenir le reste du financement www.doingbusiness.org d’investissement. Le rôle des instruments de son projet. Ce site contient de nombreuses infor- techniques est de procurer aux entre- En ce qui concerne la recherche d’inves- mations régulièrement mises à jour sur preneurs les outils et les connaissances tisseurs, en dehors du CDE, l’appui à cette les formalités de création d’une entre- qui leur permettront d’affiner leur pro- recherche est apporté par les IFD lors- prise dans 178 pays. Chaque rapport na- jet, d’optimiser la recherche de finance- qu’elles participent elles-mêmes au finan- tional contient, outre un commentaire ment et de mieux gérer le démarrage du cement du projet. sur l’évolution du pays en termes de fa- projet. ➤ Phase de lancement de l’activité cilité d’investissement, dix sections cou- L’appui technique peut être proposé (post-investissement) vrant les aspects les plus importants de indépendamment du financement. Il s’a- la vie d’une entreprise. git alors d’un apport d’expertise réalisé Durant la phase d’activité, des besoins par l’IFD elle-même ou par des consul- peuvent se faire ressentir au niveau de FDI net : www.fdi.net tants extérieurs, dont le coût est supporté l’assistance technique (apport extérieur FDI Net est un portail Internet dont l’ob- au moins en partie par l’entrepreneur. d’expertise pour résoudre un problème jectif est de répertorier toutes les res- technique ou de gestion) ou de la for- Il peut aussi intervenir conjointement au sources et informations intéressantes sur mation du personnel (à des techniques financement total ou partiel du projet. l’investissement direct dans 175 pays du de gestion ou de production spécifiques). Dans ce cas, le soutien proposé concerne globe. Le visiteur peut aussi bien y trou- la recherche d’autres investisseurs pour Certaines IFD proposent ce type d’appui, ver des informations sur un pays spéci- compléter le financement du projet et un uniquement aux entreprises avec lesquelles fique que les plus récents appels d’offres apport d’expertise lors de l’exécution. elles ont déjà un accord de financement publiés à travers le monde. (BIO, FinnFund, Simest), exception faite du L’appui peut intervenir à chaque phase CDE qui propose formation du personnel, ● Matchmaking du projet : assistance marketing ou spécifique, dia- gnostics et audits. Les institutions multila- Certaines IFD proposent à leurs parte- ➤ Phase de planification térales ne proposent pas ce type de service. naires des services de « matchmaking », (pré-investissement) c’est-à-dire une assistance à la recher- che de partenaires commerciaux ou d’in- L’appui à la réalisation de l’étude de fai- ● Instruments particuliers sabilité peut prendre plusieurs formes, offerts par certaines IFD2 vestisseurs potentiels dans les pays où directes ou indirectes : prise en charge ces IFD sont actives. ■ d’une partie des coûts liés à l’étude ; SME toolkit : www.smetoolkit.org mise à disposition d’experts en partie ré- Le « SME toolkit » proposé par la SFI est munérés par l’entreprise ; accompagne- un site Internet qui propose gratuitement ment à la structuration du dossier de aux PME des informations utiles et des financement. petites formations en ligne. Le site prin- Parmi les institutions bilatérales européen- cipal est en anglais, mais propose une nes, BIO, FinnFund et Simest proposent une série de liens vers des sites locaux (ré- intervention directe. Le CDE octroie des ap- gions ou pays) en version française. puis sur la base d’un dossier soumis par l’entrepreneur. Pour les institutions régio- 1 N.d.R. D'autres sites Internet proposent gra- nales africaines, l’intervention est toujours tuitement aux PME des informations utiles liée à une future participation au finance- pour faciliter la rédaction d'un plan d'affai- ment de l’entreprise. Les institutions mul- res ou tout autre aspect de la création ou du développement de l'entreprise. C'est le cas tilatérales mettent gratuitement à disposi- par exemple du Guide de création et de ges- tion des investisseurs des outils d’information tion d'entreprise sur : en ligne (voir Instruments particuliers). www.senegal-entreprises.net/creation.htm

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➤ Linking business with propoor de- PUBLICATIONS RÉCENTES velopment: A backyard poultry value ET NOUVEAUX DOCUMENTS chain increases assets, incomes and EN LIGNE par thème nutrition, Good Practice Note, South Asia Pro Poor Livestock Policy Programme, 2009, 20 p. — Montre comment le sec- teur privé peut créer un modèle écono- Généralités mique viable à partir du savoir-faire tra- ditionnel des femmes en matière d’élevage ➤ Emerging markets, emerging mo- de volailles. http://smartsite.kit.nl/smartsite.shtml dels: Market-based solutions to the ?ch=FAB&id=12505 challenges of global , Monitor ➤ Mise en ligne des contributions à Group, 2009, 144 p. — Analyse les so- l’atelier « Making Markets Work for the lutions et modèles fondés sur le marché Poor », Abuja, Nigeria, 13-14 octobre. susceptibles d’aider à lutter contre la http://www.bdsknowledge.org/dyn/bds/docs/ pauvreté. http://www.bdsknowledge.org/dyn/bds/ detail/750/6 docs/752/Emerging%20Mkts%20Full.pdf ➤ Towards sustainable poverty reduc- ➤ Innovative firms or innovative tion through market orientation and owners? Determinants of innovation value chain development. A review of in micro, small, and medium enter- progress, IFAD Vietnam, juillet 2009, prises, Policy Research Working Paper 19 p. — Revue des principaux enjeux et 4 934, World Bank, 2009, 34 p. — difficultés associés aux programmes de Analyse l’incidence de l’innovation dans développement de filières « orientés mar- les micro et petites entreprises des pays ché » au Vietnam. http://www.bdsknowledge. en développement. org/dyn/bds/docs/detail/731/3 http://www.infodev.org/en/Article.385.html ➤ Dans le cadre du programme GFSR ➤ Network meeting on knowledge (Global Response) pour lut- transfer in donor organization pro- ter contre la crise alimentaire mondiale, grams with the private sector - l’USAID a commissionné l’analyse de la Conférence « Public-Private Partnerships: filière riz dans plusieurs pays d’Afrique « L’Actualité des services A meeting with established and new do- de l’Ouest. L’objectif de ces études est o aux entreprises » n 18 nors », Vienne, juin 2009 — Les présen- d’améliorer la sécurité alimentaire en décembre 2009 tations et la synthèse de la conférence sont identifiant les mesures susceptibles d’aug- Un produit d’information en ligne. http://www.enterprise-development. menter la production, la transformation financé par la DDC (Suisse) org/page/event?id=135 et la distribution des aliments de base et l’AFD (France), ainsi que la compétitivité des filières ali- et publié par le Gret mentaires correspondantes. Développement des filières et marchés – Sénégal : Global Food Security Response Senegal Rice Study – Liberia : Global Food Security Response ➤ Flores blooming: A case study on Liberia Rice Study promoting the cashew nut value chain – Ghana : Global Food Security Response in Indonesia, Swisscontact, 2009, 20 p. Ghana Rice Study — Cette étude de cas évalue la phase pi- – Nigeria : Global Food Security Response lote du projet de Swisscontact d’appui aux Nigeria Rice Study producteurs de noix de cajou en Indonésie. – Afrique de l’Ouest : Global Food Security http://www.swisscontact.or.id/wpcontent/uploads/ Response West Africa Rice Value Chain 2009/09/cashewnut-case-study-sci-2009.pdf Analysis

57 Informations utiles 58

Entreprises agricoles Normes et certification tenariat destiné aux IMF, organisations de développement des entreprises et ca- binets de conseil engagés dans la pres- ➤ Accès au marché et commercialisa- ➤ European food safety regulation tation de services intégrés aux commu- tion de produits agricoles : valorisation and the developing countries. nautés touchées par le sida. d’initiatives de producteurs, collectif, Regulatory problems and possibili- http://seepnetwork.org/Resources/Tool_BASICS_ Inter-réseaux, 2009, 178 p. — Présentation ties, DIIS Working Paper, 2009, 44 p. Partnership.pdf d’initiatives de paysans et d’organisations — Identifie les obligations légales de sé- paysannes pour améliorer les conditions curité alimentaire qui posent le plus de ➤ Partnership capacity building for de mise en marché, de négociation, de difficultés aux exportateurs de produits economic strengthening in HIV and transaction de leurs produits. alimentaires des pays en développement AIDS-impacted communities: Two http://www.inter-reseaux.org/groupesde-travail/ et met en évidence les solutions possi- cases from Rwanda, Case Study, The commercialisation-de-produits/article/acces-au- bles. http://www.diis.dk/sw79080.asp SEEP Network, 2009, 20 p. — Décrit les marche-et-3758 expériences et leçons tirées par deux ➤ Normes de qualité pour les pro- ONG internationales travaillant avec des ➤ L’appui à l’hévéaculture familiale : ca- duits agroalimentaires en Afrique de partenaires locaux sur la prestation de pitalisation sur l’expérience de l’AFD, l’Ouest, Notes et documents no 49, AFD, services de microfinance et d’appui aux Série Évaluation et capitalisation no 26, 2009, 230 p. — À partir d’études de cas entreprises au sein de communautés tou- AFD, 2009 — Vise à tirer des leçons sur sur le gari et le poisson, met en lumière chées par le sida. les modalités d’intervention de l’AFD en les enjeux liés à la définition de normes http://seepnetwork.org/Resources/CS_BASICS_ appui au développement de l’hévéacul- régionales et propose un outil d’aide à la Capacity.pdf ture familiale dans trois pays : Vietnam, décision aux personnes en charge de la Cambodge et Ghana. normalisation dans les pays d’Afrique de ➤ Partnership models for successful http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/afd/users/ l’Ouest. http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/afd/ microenterprise service delivery to HIV admirecherche/public/ExPost/ExPost%2026%20% users/admirecherche/public/Notes%26Doc/BAT% and AIDS-affected communities, 20Rapport%20principal%20version%20web.pdf 20-%20N49_produits_agroalimentaires.pdf Technical Note, The SEEP Network, 2009, 24 p. — Explore les modèles de parte- ➤ Commodity associations: a tool ➤ Revenue effects of participation in nariat capables de promouvoir le ren- for supply chain development? smallholder organic cocoa production forcement économique des communau- Agricultural Management, Marketing And in tropical Africa. A case study, DIIS tés touchées par le virus du sida via le Finance Occasional Paper 24, FAO, Working Paper, juin 2009, 25 p. — développement des micro-entreprises. 2009, 59 p. — Sur la base d’une revue Examine l’impact sur les revenus de l’a- http://seepnetwork.org/Resources/TN_BASICS_ de la littérature et d’études de cas, ce griculture contractuelle certifiée biolo- Models.pdf document explore le rôle des associa- gique et de l’utilisation de méthodes d’a- tions de producteurs dans l’amélioration griculture bio dans le contexte de des performances des filières. l’Afrique tropicale. http://www.diis.dk/ Technologies de l’information graphics/Publications/WP2009/WP09-06_Revenue_ http://www.fao.org/ag/AGS/publications/docs/AGSF_ et de la communication OccassionalPapers/OP24_web.pdf effects_smallholder_organic_cocoa_production_ tropical%20Africa.pdf ➤ Facilitating the development of out- ➤ Information and communication grower operations: A manual, Action for for development report (IC4D 2009) : enterprise, USAID, 2009, 153 p. — Développement Extending reach and increasing im- L’objectif de ce manuel est de fournir des entreprises et sida pact, World Bank, 2009, 340 p. (40 $) aux organisations de développement des — Étudie comment les TIC, particuliè- outils pour favoriser la mise en place de ➤ Enhanced service provision for eco- rement Internet et la téléphonie mobile, dispositifs d’agriculture contractuelle nomic strengthening in HIV and AIDS- influent sur la croissance économique avantageux pour les deux parties. impacted communities, Technical Note, des pays en développement. Données http://www.actionforenterprise.org/paper-usaid.pdf The SEEP Network, 2009, 20 p. — sur les performances du secteur des TIC Explore la gamme des services requis dans 150 pays. Quelques chapitres sont ➤ Farmers as shareholders: A close par les communautés touchées par le téléchargeables gratuitement. look at recent experience, Koning M. sida pour renforcer le secteur écono- http://www.infodev.org/en/Article.384.html de, Bart de Steenhuijsen P., Bulletin 390, mique via des programmes de microfi- Royal Tropical Institute (KIT), 2009, 64 p. ➤ Inventory of innovative farmer ad- nance et d’appui aux entreprises. — Sur la base de l’expérience de qua- visory services using ICTs, Forum for http://seepnetwork.org/Resources/TN_BASICS_ tre sociétés, cet ouvrage expose com- Agricultural Research in Africa (FARA), Services.pdf ment les groupements de petits produc- 2009, 67 p. — Documente tous les sys- teurs peuvent prendre part au capital des ➤ Partnering to achieve economic im- tèmes ou services de conseil innovants entreprises qui transforment ou vendent pact in HIV and AIDS-impacted com- aux paysans actuellement mis en œuvre leurs produits. munities. A partnership toolkit for ou développés en Afrique. http://www.kitpublishers.nl/net/ KIT_Publicaties_ microenterprise development, The SEEP http://www.fara-africa.org/media/uploads/File/NSF2/ output/ShowFile2.aspx?e=1590 Network, 2009, 36 p. — Guide de par- RAILS/Innovative_Farmer_Advisory_Systems.pdf

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Conflit et post-conflit lyses dans de nombreux domaines du http://www.businessenvironment.org/dyn/be/ développement du secteur privé. besearch.details?p_phase_id=172&p_lang=en&p_ ➤ Entrepreneurship in postconflict http://www-wds.worldbank.org/external/default/ phase_type_id=5 WDSContentServer/IW3P/IB/2009/05/27/000158349 transition : the role of informality and ➤ Getting electricity. A Pilot study _20090527130847/Rendered/PDF/WPS4944.pdf access to finance, Policy Research by the Doing Business Project, World Working Paper 4935, World Bank, 2009, ➤ Outcome monitoring concept, SDC Bank, 2009, 40 p. — Données statis- 38 p. — Examine les facteurs qui influent South Caucasus / Springfield Centre tiques sur le délai, le coût et les procé- sur la transition vers l’auto-emploi en 2009, 24 p. — Présentation du concept dures nécessaires à l’obtention d’une Bosnie-Herzégovine depuis le change- de suivi des résultats (OMC) conçu pour connexion électrique pour les entrepri- ment de cadre légal censé encourager mesurer les résultats des interventions ses dans 140 pays. l’activité entrepreneuriale. de la Coopération suisse en matière de http://www.doingbusiness.org/Documents/Getting- http://www-wds.worldbank.org/external/default/ développement rural. Electricity_pilot_indicator_project.pdf WDSContentServer/IW3P/IB/2009/05/18/000158349 http://www.bdsknow-ledge.org/dyn/bds/docs/ ➤ _20090518152429/Rendered/PDF/WPS4935.pdf Regulatory impact assessment. detail/742/4 An effective instrument to improve ➤ Private sector development in post- the quality of business laws in conflict countries: A review of current Environnement des affaires Vietnam, GTZ, 2009, 23 p. — État des literature and practice, DCED, sans lieux des évaluations de l’impact régle- date, 89 p. — Revue de la littérature et mentaire sur les entreprises au Vietnam. ➤ des pratiques existantes en matière de Doing Business 2010: Reforming http://www.businessenvironment.org/dyn/be/ développement du secteur privé dans les through difficult times, World Bank, besearch.details?p_phase_id=174&p_lang=en&p_ pays sortant de conflits : introduction au 2009 — Septième édition du rapport an- phase_type_id=5 sujet et aperçu des différentes écoles de nuel sur la réglementation des affaires pensée et approches pratiques. dans 183 pays du monde. Un résumé en http://www.enterprise-development.org/download. français est accessible en ligne. Formation professionnelle aspx?id=1294 http://www.doingbusiness.org ➤ Business training for entrepreneurs ➤ Rough guide to investment climate ➤ Doing Business in the Arab World in Vietnam: An evaluation of the Sida- reform in conflict-affected countries, 2010, World Bank, 2009, 87 p. — État supported start and improve your bu- IFC, 2009, 122 p. — Vise à aider les équi- des lieux de l’environnement réglemen- siness (SIYB) project, Sida, 2007, 78 p. pes projets à concevoir, mettre en œuvre taire de 20 économies du monde arabe. — Évaluation du projet SIYB de forma- et évaluer les réformes du climat des af- http://www.doingbusiness.org/documents/FullReport tion à la gestion d’entreprise mené depuis faires dans les pays affectés par un conflit. /2010/DB10_ArabWorld.pdf 1998 au Vietnam au profit des petites http://www.ifc.org/ifcext/fias.nsf/AttachmentsBy- ➤ Doing Business in India 2009, entreprises du pays. Title/RoughGuideICReform/$FILE/RoughGuideIC- World Bank, 2009, 148 p. — Montre http://www2.sida.se/sida/jsp/sida.jsp?d=118&a= Reform.pdf comment les réglementations et pratiques 35227&language=en_US&searchWords=Sida- ➤ Sustainable economic development des pouvoirs publics favorisent ou res- Evaluation07/31 in conflict-affected environments. A treignent l’activité commerciale dans 17 ➤ Les coûts de formation et d’inser- guidebook, GTZ, juin 2009, 148 p. — villes d’Inde. tion professionnelles. Conclusions Expose les défis particuliers associés aux http://www.doingbusiness.org/Documents/Subnatio- d’une enquête terrain en Côte d’Ivoire, projets de développement économique nal/DB09_Subnational_Report_India.pdf Document de travail no 88, AFD, 2009, dans les contextes marqués par les ➤ Doing Business Reform case study, 91 p. — À partir des données de l’en- conflits et donne des conseils pour la Madagascar, World Bank, 2009, 7 p. seignement technique et de la formation planification, la mise en œuvre et le suivi. — État des lieux des réformes des régle- professionnelle de la Côte d’Ivoire, pro- http://www2.gtz.de/dokumente/bib/gtz2009- mentations propres au secteur privé à pose une méthodologie d’analyse des 0266en-conflict-affectedenvironment.pdf Madagascar. coûts des parcours de formation, de qua- http://www.doingbusiness.org/Documents/Case- lification et d’insertion professionnelles. Impact et mesure des résultats Studies/2009/DB09_Reforms_Madagascar.pdf http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/afd/users/ admirecherche/public/DT/DT_88_-_Les_couts_ ➤ E-Government solution to on-line de_formation_et_d_insertion_professionnelles_- ➤ Impact assessments in finance business registration, computerized _version_%C3%A9lectronique.pdf and private sector development: What and online public services for enter- have we learned and what should we prises and business information ➤ Key aspects of the economics of learn ? Policy Research Working Paper transparency in Vietnam, GTZ, 2009, technical and vocational education 4 944, World Bank, 2009, 31 p. — 29 p. — Étude de cas sur la mise en and training (TVET) lessons learned Synthétise les principes et les enseigne- œuvre de solutions numériques pour les and gaps to be filled, GTZ, 2009, 32 p. ments tirés de diverses études d’impact services publics aux entreprises au — Étude sur l’économie de la formation pour démontrer la faisabilité de ces ana- Vietnam. technique et professionnelle (coût et bé-

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néfice pour l’individu ou l’entreprise, la des programmes d’aide à l’insertion pro- gramme Making Markets Work Better for société et l’État, financement des activi- fessionnelle des jeunes sur la base de the Poor financé par l’ADB et DFID vise tés d’EFTP). http://www2.gtz.de/dokumente/ trois études de cas. à améliorer la participation des pauvres bib/gtz2009-0390en-economics-tvet.pdf http://www.seepnetwork.org/Resources/YoutPLP_ dans trois domaines : partenariats pu- ScalingUp.pdf blic-privé pour les services collectifs, ➤ Linking vocational training with the filières, et emploi dans le secteur privé. enterprises. Asian perspectives, Sur le même thème, voir les autres docu- Le site présente notamment les instru- InWEnt / Unesco-Unevoc, 2009, 100 p. ments du SEEP Network : ments de la nouvelle phase, les actuali- — Recueil d’articles sur la formation pro- http://seepnetwork.org/Pages/YouthandWorkforce- tés et publications liées à M4P. fessionnelle et son lien avec le secteur Development.aspx www.markets4poor.org entrepreneurial au Vietnam notamment. http://www.unevoc.unesco.org/up/Link_Voc_End.pdf ➤ Nouvelles ressources sur le Wiki Genre Filières de l’USAID — Coup de projec- ➤ Participation aux programmes for- teur sur l’outil Ciber (USAID) permettant mels d’enseignement et de formation de hiérarchiser les contraintes régle- techniques et professionnels au ni- ➤ Making the strongest links: A prac- mentaires entravant la compétitivité des veau mondial. Étude statistique pré- tical guide to mainstreaming gender filières et sur le GFSR, cadre de réponse liminaire, Unevoc/Unesco, 2009 (pour analysis in value chain development, à la crise mondiale de sécurité alimen- la version française), 116 p. — Rapport ILO, 2008, 113 p. — Guide de l’OIT sur taire. http://apps.develebridge.net/amap/index. sur les données statistiques existantes sur les méthodes permettant d’intégrer les php/Value_Chain_Development l’EFTP formel au niveau mondial, les li- questions de genre dans les différentes mites et les étapes vers l’amélioration de composantes de la filière et de renfor- ➤ Nouveaux documents en français la collecte et de l’analyse des données cer l’égalité entre hommes et femmes. sur le site de Microlinks — Plusieurs EFTP. http://www.unevoc.unesco.org/fileadmin http://www.ilo.org/empent/Whatwedo/Publications/ documents sur l’appui aux filières ont /user_upload/pubs/EtudeStatistiqueEFTP.pdf lang--en/docName--WCMS_106538/index.htm été récemment publiés en français. http://www.microlinks.org/ev.php?ID=9870_201& ➤ Success in reforming the TVET- ID2=DO_TOPIC system and shaping the society. Autres Reflecting more than 15 years of ex- perience with an innovative apprenti- ➤ Extracting value for enterprises: ceship approach in Egypt, GTZ, 2009, Enterprise development in the mining 30 p. — Présentation de l’initiative industry in Sub-Saharan Africa, BGI VOS REVUES ET Mubarak-Kohl (MKI-DS) de système de Research Paper (37 p.) et Technical Note BULLETINS formation duale en Égypte et de ses ré- (15 p.), BGI/USAID, 2009 — Explore les sultats en matière d’employabilité et de effets sur le tissu économique local des transition école-travail. programmes sociaux accompagnant les ➤ Bulletin Unesco-Unevoc — Bulletin http://www2.gtz.de/dokumente/bib/gtz2009- activités des sociétés minières. du Centre international de l’éducation 0300en-innovative-apprenticeship.Pdf https://www.businessgrowthinitiative.org/BGI- et de la formation techniques et profes- Pro-ducts/Pages/Research.aspx sionnelles de l’Unesco. Numéro 16 (bientôt en français). Emploi des jeunes http://www.unevoc.unesco.org/bulletin/bullnews. php?bull=16en ➤ Staying connected. Partnerships NOUVEAU SUR LE WEB ➤ Bulletin de veille de l’Inter-réseaux that keep youth workforce develop- 2e semestre 2009 — Bulletin bimensuel qui fait un point ment programs market driven, sur l’actualité du développement rural Technical Note, The SEEP Network, 2009, sur le net. Numéros 146 à 151. 12 p. — Sur la base de trois études de http://www.inter-reseaux.org/rubrique. php3?id_ cas (Amérique du Sud, Afrique de l’Ouest ➤ e+i network : Une nouvelle plate- rubrique=3 et Haïti), montre comment les program- forme de la Coopération suisse — Cette mes d’aide à l’insertion professionnelle plateforme dédiée au personnel de la ➤ Business Growth Initiative News- des jeunes peuvent établir des partena- DDC et ses partenaires fournit des in- letter, bulletin trimestriel de la BGI, riats les aidant à être davantage en prise formations sur les thèmes : développe- créée par le Bureau de l’USAID pour la avec le marché. http://www.seepnetwork.org/ ment du secteur financier, développe- croissance économique — Numéro 3 Resources/YouthPLP_Partnerships.pdf ment du secteur privé et formation (vol. 2), octobre 2009. https://www.business- professionnelle. Vetnet disparaît et laisse growthinitiative.org/SiteCollectionDocuments/BGI ➤ Scaling up market-driven youth place à une page dédiée du site e+i. %20Q3%20and%204%20Newsletter.pdf workforce development programs, http://www.sdc-employmentincome.ch/en/Home Technical Note, The SEEP Network, 2009, ➤ Enterprise Development & Micro- 16 p. — Montre la diversité des straté- ➤ M4P 2 : un site enrichi pour une finance (ex Small Enterprise Develop- gies et modèles de changement d’échelle nouvelle phase — La Phase 2 du pro- ment) — Revue trimestrielle sur le dé-

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veloppement de l’entreprise et la micro- http://www.inter-reseaux.org/revue-grain-de-sel/ finance. Volume 20, no 2 à 4, 2009, plus 45-economiesrurales-au-dela-de-l/article/grain-de- particulièrement consacrés à la micro- sel-no45-economies finance. http://practicalactionpublishing.org/ ➤ MicroLINKS Connections est le bul- publishing/sed_journal letin mensuel du Bureau du développe- ➤ Grain de Sel — Publication trimes- ment des micro-entreprises de l’USAID. trielle de l’Inter-Réseaux développement Numéros 62 à 67. rural. Le numéro 45 a pour dossier http://www.microlinks.org/ev_en.php?ID=2896_201 « Économies rurales : au-delà de l’agri- &ID2=DO_TOPIC (puis cliquer sur Download culture... ». Current Issue). ■

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