Plobannalec-Lesconil
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HIER PLOBANNALEC-LESCONIL PLOBANNALEC HIER LESCONIL Roland CHATAIN Raymond CARI OU Collection MÉMOIRE , Editions Roland CHATAIN Kermatheano 29120 PLOMEUR Tel: 98 58 25 26 - Fax: 98 58 33 06 1 Ce nouveau livre de la collection Mémoire va vous permettre de compléter votre collection de documents photographiques sur le Pays Bigouden. Comme dans le précédent ouvrage, Hier Guilvinec-Léchiagat, nous avons essayé de rendre disponible au public un ensemble de cartes postales anciennes et de photographies, qui souvent étaient réservées à quelques initiés ou collectionneurs. Grâce à Marie Le Bec, nous vous proposons une série de 40 photos des années 1930-35, réali- sées par le peintre Henri Sollier qui aimait venir séjourner à Lesconil pour y puiser son inspiration. C'est Raymond Cariou, personnalité bien connue à Lesconil, qui nous a confié le fruit de ses recherches dans les archives municipales et auprès de la population, afin de nous permettre de retracer l'évolution de sa commune. REMERCIEMENTS Nous remercions pour leur collaboration à la réalisation de cet ouvrage: Corentin Draoulec, André Faou, Maxime Guénolé et Maurice Stéphan. -� 1 ommune à vocation agricole, Plobannalec va, à partir du milieu du XIXème siècle, voir un de ses hameaux, Lesconil, se tourner vers la © pêche. Car c'est la période d'expansion des pêches à la sardine et au maquereau grâce à l'avénement des conserveries, qui attirent vers la mer un grand nombre d'agriculteurs sur tout le littoral Atlantique. Bénéficiant d'un havre naturel avec sa rivière le Ster, Lesconil va emboiter le pas à Guilvinec et Penmarc'h, et saura au fil des décennies faire évoluer sa flottille pour se main- tenir aujourd'hui au quatrième rang des ports bigoudens et devenir économi- quement plus important que sa commune mère Plobannalec, leurs noms étant désormais jumelés. Contrairement à Guilvinec qui s'est séparé de Plomeur, Lesconil et Plobannalec ont su préserver l'unité communale, malgré les rudes difficultés à faire cohabiter le monde de la terre et celui de la mer. Etymologie Le nom de Plobannalec est relativement simple à expliquer, "Paroisse de la genêtière". Pour Lesconil il y a dans ce nom deux termes, "Les" et "Conil". "Les" ou "Lez" très courant dans la toponymie bretonne désignait la demeure d'un seigneur ou d'un chef. Le second élément "Conil" serait le nom d'un per- sonnage et l'on pourrait traduire Lesconil par "le château ou la cour d'un certain Coulyn", car on sait aujourd'hui qu'en 1545 ce village s'appelait "Lescoulyn" puis deviendra Lesconeil en 1737 avant de trouver sa graphie actuelle. Le vieux Lesconil De 1806 date la mise en place d'un réseau de signaux sémaphoriques sur toutes les côtes de l'Océan et de la Méditerannée, par ordre du Vice Amiral Decrès, ministre de la marine. C'est ainsi que Lesconil va accueillir sur son ter- ritoire un sémaphore, qui influera beaucoup sur son évolution. Au début de ce XIXème siècle, une poignée de maisons de cultivateurs bor- dent le Ster, formant le hameau de Lesconil; quelques hommes pratiquent la pêche sur de petits canots mais de manière accessoire, en complément à l'ali- mentation de la population locale. Les quelques bateaux sont mouillés dans le Ster Nibilic qui est le port de Lesconil à cette époque. En 1870, nombreux sont les cultivateurs de Lesconil qui optent définitive- ment pour le métier de pêcheur qu'ils considèrent comme plus lucratif, la terre dans les environs ayant un faible rendement. Dans cette même période, des retraités (sémaphoristes et douaniers), qui se sont installés à Lesconil, gonflent les rangs de la nouvelle corporation. Mais il y a encore peu de bateaux et beau- coup de ces pêcheurs émigrent à la belle saison et vont apprendre leur métier sur des chaloupes de Concarneau ou de Douarnenez. Très bon abri naturel, le Ster avait comme inconvénient majeur d'être un port d'échouage. Un événement important allait changer le destin de Lesconil. En août 1878, une lettre du comité d'administration de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés indiquait à la Mairie son intention de créer au port de Lesconil une station de bateau de sauvetage et demandait au conseil municipal la cession d'un terrain pour son implantation. Rapidement la municipalité donna son accord et accorda gratuitement un terrain situé à gauche du corps de garde de la douane, au lieu dit Menez ti gouard, (ce corps de garde fut construit sur le port sous Napoléon 1er). La proxi- mité du sémaphore fut sans doute déterminante dans le choix de Lesconil pour accueillir cette station de sauvetage. Ce n'est donc pas au Ster, au port, que fut construite la station de sauveta- ge, mais face à l'océan, sur une anse rocheuse, Pors Carn, avec son îlot de Men ar Groaz. Dès 1879, l'abri et la cale de lancement sont terminés et Lesconil reçoit son premier canot de sauvetage le "Foubert de Bizy". Par beau temps, les bateaux sortiront du Ster pour s'amarrer à cette cale et y débarquer leur pêche: c'est le premier ouvrage portuaire. Lesconil compte à cette date 36 embarcations et une centaine de marins, pratiquant principalement la pêche au maquereau et à la sardine. Quelques petits canots pêchent également homards, langoustes, au casier, et le poisson de fond au filet trémaille. A cette époque Lesconil n'est qu'une petite baie natu- relle où les bateaux ne peuvent rester que par beau temps. Dès que le vent se lève il faut amener les bateaux dans le Ster. Les plus gros bateaux se dirigent le plus souvent vers Loctudy où ils trouvent un mouillage plus sûr en attendant un temps calme qui leur permettra de revenir à Lesconil. La construction de cette cale va donner un nouvel élan à la pêche et progressivement, le port va se déplacer du Ster à l'endroit du port actuel. De 1884 à 1885 , des améliora- tions sont apportées au port par le creusement d'un chenal entre l'ilot Karrec Douelarc'h et la terre ferme, pour permettre aux bateaux de se mettre rapide- ment à l'abri dans le Ster. Une demande d'approfondissement de ce chenal fut faite en 1896, mais les travaux ne seront réalisés qu'en 1905, en même temps que la construction du premier phare sur Men ar Groaz. Les marins embarqués sur les chaloupes ou les grands canots partaient pendant huit à dix jours chercher la sardine ou le maquereau qu'ils vendaient à Saint-Guénolé, à Guilvinec, à l'lie -Tudy, voire même à Audierne ou Concarneau. Ils dormaient à bord, en mer ou dans un port après avoir cabané et ne revenaient au port que pour changer les filets en chanvre qui devaient être remplacés régulièrement afin d'être tannés pour éviter qu'ils ne pourris- sent. Pendant toute la saison, de mai à octobre, il n'y avait pas de dimanche; seul le mauvais temps les arrêtait. Pendant ce temps les petits canots rappor- taient la langouste et le homard pêchés dans les roches autour du port. Par exemple en 1889, du 14 au 21 juin, 35 bateaux, se livrant à la pêche aux crus- tacés, ont pris chaque jour la mer; ils avaient 2 100 casiers et ont capturé, par sortie, environ 530 homards; soit en moyenne 60 casiers par bateau et 15 homards par bateau par jour. L'anse de Pors Carn, bien que plus accessible aux bateaux de plus en plus nombreux qui viennent y mouiller par beau temps, comporte de nombreux inconvénients, en raison de la quantité de rochers qui tapissent le fond. Elle a aussi une plage de sable très fin, et à marée basse se découvre un sol très solide, le "lidic", de couleur bleu-ardoise, utilisé dans les cours de fermes. Des travaux de déroctage seront réalisé en 1902, ils seront renouvelés tous les hivers par les marins eux mêmes, et cela jusqu'à la veille de la dernière guerre mondiale. L'anse de Pors Carn est ouverte à tous les vents, à toutes les tempêtes et, en juin 1904 la municipalité invite le Maire (Jean Souron) à demander au Préfet de faire établir les plans et devis d'une digue qui protègerait le port. Les travaux de construction de cette digue ne commenceront qu'en 1907 puis seront inter- rompus en 1912 pour reprendre en 1913. En mars 1914, la municipalité demande la prolongation du brise-lames et s'engage à prendre à sa charge les trois quarts de la dépense. La guerre de 1914, déclarée le 1 er août, met un terme à ces projets, de nom- breux marins vont rejoindre leurs navires de guerre et d'autres les régiments d'infanterie. Le conseil municipal, réuni le 26 Juillet 1914, ne reprend ses déli- bérations qu'au 27 juin 1915 en votant un crédit de 6 750 francs dans la dépen- se définitive du prolongement du brise lames. A cette date, l'environnement du port de Lesconil a bien changé. En 1895, un mareyeur, Monsieur Richard, est venu s'y installer, faisant construire une belle maison, des magasins de marée, un mur solide protège le jardin et la rue des assauts de la mer, Il construit également des viviers. La même année, Monsieur Maingourd, un industriel d'Orléans fait construire la première conserverie qui, dans l'esprit des lesconilois est restée la "vieille usine", (ar fritur gozh). En 1900, ce sera la construction de la conserverie Billet -Lemy, dite "l'usine neuve". Sous cette impulsion, le port passe de 36 à 47 unités. Le tonnage de pois- sons et de crustacés débarqués varie alors entre 200 et 250 tonnes par an.