Les parcours pastoraux Les parcours pastoraux

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Les Habitats d’Intérêt Communautaire de Wallonie

Les habitats pastoraux

Louis-Marie Delescaille Gaëtan Bottin Julien Taymans

avec la collaboration de Jean-Yves Baugnée Philippe Frankard Serge Rouxhet

Juin 2021 - version 1 -

Publication du Département de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole (Service Public de Wallonie – Agriculture, Ressources naturelles et Environnement)

Série « Faune – Flore – Habitats », n°10

3 LesIntroduction parcours pastorauxgénérale

Citation recommandée :

Delescaille L.-M., Wibail L., Claessens H., Dufrêne M., Mahy G., Peeters A. et Sérusiaux E. (éditeurs) (2021). Les Habitats d’Intérêt Communautaire de Wallonie. Publication du Département de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole (SPW ARNE ), Série « Faune – Flore – Habitat » n° 10, Gembloux : 1011 p.

Chapitre :

Delescaille L.-M., Bottin G., Taymans J. (2021) Les habitats pastoraux. In : Delescaille L.-M., Wibail L., Claessens H., Dufrêne M., Mahy G., Peeters A. et Sérusiaux E. (éditeurs) (2020). Les Habitats d’Intérêt Communautaire de Wallonie. Publication du Département de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole (SPW-DGARNE). Série « Faune – Flore – Habitat », n° 10, Gembloux : 147 p.

Coordination et homogénéisation Editeur responsable : finales : Bénédicte HEINDRICHS, Louis-Marie Delescaille, Lionel Wibail Directrice générale du Service public de Wallonie – Agriculture Ressources Mise en page : naturelles Environnement (SPW ARNE) Studio Debie, Violaine Fichefet, Lionel Wibail

© 2021, SPW ARNE - DEMNA

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Photos de couverture : Grande photo : © Jean-Louis Gathoye / Bandeau : © Lionel Wibail

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Remerciements

Les auteurs et les éditeurs tiennent à remercier Plusieurs collaborateurs de l’Université de toutes les personnes qui ont collaboré à Liège ont également contribué à la rédaction l’aboutissement des différents chapitres de ou fait part de leur expertise scientifique : cette publication, depuis sa genèse jusqu’à sa Sophie Cordier et Marc-Antoine Haeghens réalisation finale. (habitats forestiers), Maurice Streel (habitats tourbeux), Marie Legast et Julien Piqueray Plusieurs collaborateurs du Département de (habitats pastoraux), Pascal Hauteclair l’Étude du Milieu Naturel et Agricole - Di- (habitats prairiaux), Serge Rouxhet (habitats rection de la Nature et de l’Eau (DEMNA - prairiaux et pastoraux) et Eric Graitson DNE) ont aidé à la rédaction de cet ouvrage : (habitats rocheux et pastoraux). Jean-Yves Baugnée (aspects patrimoniaux des habitats pastoraux, prairiaux et rocheux), Fa- Jean-Pierre Duvivier a fourni une liste de brice Etienne et Thierry Kervyn (conception lichens caractéristiques des différents habitats des cartes), Sonia Vanderhoeven et Adrien rocheux. Latli (espèces invasives), Alain Licoppe (im- pact du gibier), Luc Derochette (réseau Na- La conception technique de l’ouvrage a tura 2000), Laurence Delahaye (parasites des bénéficié de l’aide de Christine Veeschkens essences forestières). (CREA) et Violaine Fichefet (DEMNA) a contribué de manière conséquente à la D’autres collaborateurs du DEMNA-DNE conception graphique des cahiers. ont fait part de leurs remarques et com- mentaires : Emmanuelle Bisteau, Hugues de Les très nombreuses illustrations ont été Dormale, Pascal Dupriez, Fabrice Etienne, fournies à titre gracieux par des photographes Vincent Fiévet, Pierre Gérard, Philippe Gof- amateurs et professionnels. Qu’ils soient ici fart, Gilles Maldague, Catherine Marneffe, remerciés. Etienne Peiffer, Oliver Schott, Quentin Smits, Annick Terneus, Oliver Schott, Patrick Verté. Le processus de rédaction et de publication de ces « Habitats d’Intérêt communautaire Certaines données statistiques forestières de Wallonie» ayant mis à contribution de ont été fournies par Hughes Lecomte nombreuses personnes, certaines ont pu être (Département de la Nature et des Forêts / oubliées et les éditeurs s’en excusent. DNF). La publication a également bénéficié d’une relecture et de commentaires avisés de Didier Marchal (DNF), Catherine Hallet (DNF), Christian Mulders (Département de l’Environnement et de l’Eau) et Olivier Miserque (DEMNA - Direction de l’Analyse Economique Agricole).

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Table des matières

Définitions 13 Introduction 15 1|Présentation générale 15 1.1. Origine historique 15 1.2. Contextes européen et wallon 18 2|Valeur patrimoniale 22 2.1. Les habitats pastoraux au sens large 22 2.2. Les pelouses pionnières sur sables calcaires, les pelouses pionnières à orpins et les pelouses calcicoles 25 2.3. Les pelouses pionnières sur sables acides, les landes et les nardaies 28 2.4. Les pelouses calaminaires 31 2.5. Les fourrés à genévrier commun 31 3|Services écosystémiques 32 3.1. Les services de production 32 3.2. Les services de régulation et de maintenance 32 3.3. Les services culturels et sociaux 32 4| Exigences écologiques et facteurs de qualité de l’habitat 34 5| Menaces 35 5.1. La destruction des habitats 35 5.2. L’abandon et l’évolution naturelle de la végétation 36 5.3. Les retombées atmosphériques 36 5.4. Les espèces invasives 36 5.5. L’impact de la grande faune 38 5.6. Les changements climatiques 39 6| Principes d’évaluation des structures et fonctions 39 7| Mesures de gestion et de restauration 40 7.1. Gestion courante 40 7.2. Restauration 48

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Fiches descriptives 57 FICHES DESCRIPTIVES 57 3 Les pelouses pionnières sur sables acides (2330) 59 3 Les landes humides (4010) 67 3 Les landes sèches (4030) 75 3 Les fourrés à genévrier commun (5130) 85 3 Les pelouses pionnières à orpins (6110*) 89 3 Les pelouses pionnières des sables calcarifères (6120*) 97 3 Les pelouses calaminaires (6130) 103 3 Les pelouses calcicoles (6210*) 109 3 Les nardaies (6230*) 131

7 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail

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Préface d’abord les connaître, caractériser leurs com- posantes, comprendre leur fonctionnement, Si notre époque est qualifiée de cruciale par leur fragilité et leur variabilité, les menaces tous les spécialistes de la biodiversité car étant qui pèsent sur leur maintien, et aider à mieux celle des choix, le premier qui s’impose est les gérer. d’entreprendre les efforts pour transférer aux La présente publication est tout cela à la générations qui nous suivent un environne- fois : un guide de compréhension et d’ana- ment de qualité. Parmi les composantes fon- lyse établissant un socle solide sur lequel nos damentales de cet environnement : les bio- stratégies de gestion pourront s’appuyer. Elle topes ou habitats. vient combler un vide dans la diffusion des connaissances sur les habitats d’intérêt com- Tantôt d’origine purement naturelle, tan- munautaire de Wallonie, et s’adresse aux ac- tôt générés et entretenus par des pratiques teurs impliqués dans la caractérisation et la traditionnelles, ces habitats ont une valeur gestion des habitats, mais aussi aux natura- patrimoniale à la fois intrinsèque par les as- listes et au grand public. Bien qu’il s’agisse sociations d’organismes qui les composent, d’un document scientifique, un effort didac- mais aussi par les innombrables services qu’ils tique a été fourni pour rendre le texte com- procurent à la société. préhensible et de nombreuses illustrations ont été sélectionnées à cette fin. Protéger ces biotopes constitue une mis- sion de première importance que s’est fixée Fruit d’une collaboration entre les univer- l’Union Européenne à travers la Directive sités et les experts de mon administration Habitats, qui établit une liste d’habitats d’in- chargés de réaliser le suivi de la biodiversité, térêt communautaire à préserver en priorité. cet ouvrage fait la synthèse et met en valeur les connaissances sur ce volet de notre patri- Abritant 41 de ces habitats, dont certains peu moine naturel. représentés à l’échelle du continent, la Wal- lonie peut s’enorgueillir de détenir une part Soyons sûrs que les fruits de ce travail col- significative de cette nature européenne mal- laboratif contribueront à mieux connaître et gré l’exiguïté de son territoire. Par là-même, faire connaître nos richesses régionales et par- elle se doit d’assumer sa responsabilité dans ce tant, à mieux en garantir la pérennité. devoir de conservation.

Beaucoup de ces habitats ont connu une dé- Bénédicte Heindrichs gradation historique parfois ancienne, liée à l’évolution des pratiques agricoles ou syl- Directrice générale vicoles, à leur abandon, à leur destruction Service public de Wallonie – directe… et plus récemment aux change- Agriculture, Ressources naturelles et ments climatiques. Protéger ces habitats, c’est Environnement (SPW ARNE)

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Présentation de l’ouvrage

La publication des « Habitats d’Intérêt Com- ensuite développées les notions de qualité des munautaire de Wallonie » (HICW) est le ré- habitats et les facteurs qui interviennent pour sultat d’une collaboration entre la Direction leur évaluation, de même que les pressions et de la Nature et de l’Eau du Département les menaces qui pèsent sur eux. Ces notions de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole sont importantes car elles sont utilisées pour (SPW-Agriculture, Ressources naturelles et rendre compte de l’état de conservation des Environnement) et plusieurs services uni- habitats et de son évolution dans le cadre du versitaires en appui scientifique à la mise en rapportage périodique prévu à l’article 17 de œuvre du réseau Natura 2000 en Wallonie. la Directive Habitats.

Cette collaboration s’est concrétisée par un L’introduction générale se termine par un ensemble de conventions de recherche éta- chapitre développant la notion de services blies entre 2002 et 2005 conduisant à la pro- écosystémiques et le rôle des habitats d’inté- duction de documents scientifiques relatifs à rêt communautaire dans la production de ces la typologie descriptive des habitats, à l’éla- services. boration de clés d’identification de ces ha- bitats, à la définition de la méthodologie de La partie consacrée à la description des ha- cartographie des sites Natura 2000, à la défi- bitats est structurée en différents chapitres nition et à la description des habitats d’intérêt reprenant : communautaire wallons, à la méthodologie d’évaluation de leur état de conservation et 3 Les habitats forestiers : hêtraies (9110, à la définition de lignes directrices de gestion 9120, 9130, 9150), chênaies climaciques de certains de ces habitats. (9160, 9190), forêts de ravins et de pentes (9180), forêts alluviales (91E0, 91F0), bou- Le projet de publication des HICW a fait laies tourbeuses (91D0) ; l’objet de marchés complémentaires en 2010. 3 Les habitats aquatiques : plans d’eau (3130, Dans un souci d’homogénéité et afin d’y inté- 3140, 3150, 3160) et cours d’eau (3260, grer de nouvelles informations, plusieurs cha- 3270, 7220*) ; pitres ont été modifiés ou complétés depuis 3 Les habitats agropastoraux : landes (4010 par les experts du DEMNA. et 4030), pelouses (2330, 6110, 6120, 6130, 6210, 6230) et genévrières (5130) ; La publication se compose d’une introduc- 3 Les habitats prairiaux : prairies de fauche tion générale et de six chapitres thématiques (6410, 6510, 6520) et mégaphorbiaies regroupés par grands types d’habitats. (6430) ; 3 Les habitats tourbeux (7110, 7120, 7140, L’introduction générale présente le contexte 7150, 7230) ; géographique naturel et humain de la Wal- 3 Les habitats rocheux (8150, 8160, 8210, lonie, les concepts qui sous-tendent le réseau 8220), buxaies (5110) et grottes (8310). Natura 2000 et le rôle des habitats d’intérêt communautaire au sein de ce réseau. Sont Chaque chapitre dédié à un groupe d’habitats

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comporte une partie introductive situant leur té des Sciences agronomiques de Gem- origine et leur intégration dans le contexte bloux – actuellement Université de Liège européen et wallon, leur intérêt patrimonial Gembloux Agro-Bio Tech / Département et les services écosystémiques qui leurs sont BIOSE / Gestion des Ressources fores- associés. Sont ensuite passées en revue les tières – habitats forestiers (sous la direction conditions nécessaires à leur existence, les de H. Claessens) ; menaces qui pèsent sur eux, les principes de 3 le laboratoire d’Écologie de la Faculté des leur évaluation qualitative et les mesures de Sciences agronomiques de Gembloux – ac- gestion et de restauration. tuellement Université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech / Département BIOSE / Chaque habitat fait ensuite l’objet d’une fiche Biodiversité et Paysages – habitats agropas- descriptive individuelle permettant de définir toraux : landes, pelouses et nardaies (sous sa déclinaison wallonne, son appartenance la direction de G. Mahy) ; phytosociologique et la correspondance entre 3 l’aCREA (Conseils et Recherches en Éco- les différentes typologies utilisées dans les pu- logie Appliquée) - Université de Liège - blications scientifiques. Les caractéristiques habitats rocheux, grottes, pelouses calami- de l’habitat sont ensuite passées en revue, naires et mégaphorbiaies (sous la direction avec les espèces diagnostiques, la variabilité d’E. Sérusiaux) ; de l’habitat à l’échelle régionale et sa répar- 3 le laboratoire d’Ecologie des Prairies - Uni- tition connue. Lorsque l’habitat peut être versité catholique de Louvain - habitats confondu avec un autre, les différences per- prairiaux (sous la direction d’A. Peeters). mettant de les distinguer sont indiquées. Ceci est particulièrement utile pour les habitats fo- Les experts Habitats de la Direction de la restiers où des faciès sylvicoles peuvent prêter Nature et de l’Eau (DNE) du Département à confusion lors de leur identification. Enfin, de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole l’habitat est replacé dans son contexte évolutif (DEMNA) du SPW qui ont (co)rédigé, ac- et ses rapports éventuels avec d’autres habitats tualisé, complété et restructuré le texte sont : sont décrits. 3 Jean-Marc Couvreur : habitats prairiaux L’ensemble des différents chapitres est accom- 3 Louis-Marie Delescaille : habitats agro- pagné d’une abondante bibliographie tant ré- pastoraux et habitats rocheux gionale qu’internationale. 3 Philippe Frankard : habitats tourbeux 3 Christine Keulen et Colette Delmarche : Les services universitaires et bureaux ayant habitats aquatiques participé à l’élaboration des documents scien- 3 Lionel Wibail : habitats forestiers et habi- tifiques qui ont servi de base à la présente tats rocheux publication sous la coordination d’A. Peeters avec la contribution des collègues de la DNE (RHEA– natural Resources Human Envi- impliqués dans la relecture. ronment and Agronomy) sont : La coordination et l’homogénéisation finales 3 l’Unité de Gestion des Ressources fores- des documents ont été assurées par L.-M. De- tières et des Milieux naturels de la Facul- lescaille et L. Wibail.

11 © Louis-Marie Delescaille Les parcours pastoraux 12 Les parcours pastoraux

Les parcours pastoraux © Louis-Marie Delescaille

Complexe de pelouses calcicoles - Montagne de Sosoye (Anhée)

1 Définitions développées des landes ou des pelouses silici- coles. Sur les sols secs et riches en bases se sont 1| Parcours pastoraux développées des pelouses calcicoles.

Les parcours pastoraux désignent les espaces 2| Pelouses principalement dévolus aux troupeaux dans les économies rurales reposant sur l’agricultu- Les pelouses sont des formations herbacées, re et l’élevage extensifs. Ils sont utilisés pour souvent de faible productivité, installées sur l’alimentation du bétail et de la faune sauvage des sols secs à légèrement humides et pauvres (d’après Allen et al. 2011). Les parcours ne en nutriments disponibles. Leur couvert vé- sont généralement pas clôturés et le bétail paît gétal peut être continu (pelouses fermées) ou sous la garde d’un berger. discontinu (pelouses ouvertes).

Sous l’effet du pâturage, la végétation s’est Les pelouses résultent en général d’activités différenciée en fonction de la nature du sol. pastorales, principalement le pâturage exten- Sur les sols acides, secs ou humides, se sont sif ou, éventuellement, la fauche dans les

(1) Voir définitions des divers types de prairies dans le document relatif aux prairies.

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types les plus productifs. Certaines pelouses apparaissent toutefois indépendamment d’ac- tivités agricoles, principalement sur des sols © Violaine Fichefet à forte teneur en métaux lourds ou sur des affleurements rocheux réfractaires au boise- ment.

Parce qu’elles se rencontrent essentiellement dans le contexte des parcours pastoraux, les pelouses pionnières, qui désignent des forma- tions végétales se développant sur des subs- trats minéraux (sables, substrat rocheux), ont été intégrées dans les habitats pastoraux, même si elles peuvent aussi se développer dans des stations artificielles comme les sa- blières ou les carrières, indépendamment du pâturage. Néanmoins, la plupart ne peuvent se maintenir que s’il existe une forme d’en- tretien récurrent qui est, le plus souvent, le Les anciens paysages pastoraux ont été localement pâturage. préservés sur les hauts plateaux de l’Ardenne

En fonction du substrat, on distingue des pe- 4| Fourrés louses silicicoles (sur substrats acides : sables, schistes, grès, phyllades, notamment), des Les fourrés désignent des formations végé- pelouses calcicoles (sur substrats basiques : tales composées d’arbustes et de petits arbres calcaire, dolomie, craie, sables et grès calca- se développant fréquemment en peuplements rifères, marne) et des pelouses calaminaires2 denses. (sur sols pollués par le zinc et d’autres métaux lourds). Les fourrés ciblés par la Directive Habitats sont, en Wallonie, constitués de peuplements 3| Landes de buis (Buxus sempervirens) ou de genévrier commun (Juniperus communis). Les premiers Les landes sont des formations végétales sont traités dans le chapitre relatif aux habi- dominées par des arbrisseaux nains semper- tats rocheux au sein desquels ils coexistent. virents, notamment des éricacées et des fa- Les seconds sont traités dans le présent cha- bacées. Elles colonisent des sols pauvres et pitre en raison de leurs liens dynamiques avec acides, secs ou humides. Elles se différencient les milieux agropastoraux (Ellenberg 1996 ; essentiellement sur la base du climat régional Fitter & Jennings 1975). et sur la base du régime hydrique.

(2) Calamine : minerai souvent composé de deux minéraux, le carbonate de zinc et le silicate hydraté de zinc. Le terme « calaminaire », s’ap- plique par extension à tous les milieux contenant des teneurs élevées en zinc (Zn) et en autres métaux lourds (Cd, Cu, Pb). Par extension les plantes calaminaires (aussi appelées métallophytes) se développent exclusivement sur des sols riches en métaux lourds.

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Genévrière de Cour (Stoumont)

Introduction pastoralisme, c’est-à-dire le pâturage itinérant extensif dans des parcours gagnés de proche 1| Présentation générale en proche au détriment de la forêt. C’est l’ori- gine des paysages pastoraux, prés-bois, landes 1.1. Origine historique et pelouses (Noirfalise 1983, 1989).

Les pelouses et les landes ont une histoire Dans l’économie traditionnelle, héritière des commune en Europe. La plupart d’entre elles civilisations gauloises et romaines, le finage, sont des habitats secondaires, dont l’exis- regroupant l’ensemble des terrains exploités tence est liée aux grandes opérations de dé- par les communautés villageoises, était réparti frichement des bois et forêts, à partir du Néo- entre les secteurs cultivés (ager), généralement lithique. Les premiers agriculteurs dont on a proches des habitations, les secteurs réservés retrouvé des traces en Wallonie appartenaient au parcours des troupeaux (saltus) et la forêt à la civilisation du Rubané et, en Belgique, usagère (sylva) (Belayew et al. 1996). Cette ont été désignés sous le terme d’Omaliens, compartimentation était perméable et les li- en référence au village d’Omal en Hesbaye. mites floues ou mouvantes. Les espaces dévo- Cette période omalienne aurait débuté vers lus à la culture et à l’élevage progressaient dans 5200 avant J.-C. (Hauzer & Jadin 2011). l’espace lors des périodes de relative opulence Dès cette époque, l’Europe tempérée a connu ou, au contraire, régressaient lors des périodes une large extension de l’élevage (Otte et al. de misère liées aux conflits armés, aux épidé- 2008) dont la forme la plus ancienne est le mies ou aux périodes de mauvaises récoltes.

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Dans le saltus, le pâturage et la récolte de li- territoire des communes d’Eupen, Malmédy tière étaient les principaux usages. Outre la et Saint-Vith rattachées à la Prusse), soit de production de nourriture (lait, viande) et de 30 à plus de 50 % du territoire des communes divers produits dérivés (cuir, laine, corne), concernées (voir aussi Dumont 1975). l’élevage avait aussi pour fonction de prélever des nutriments dans les parcours et de les ra- Au cours des deux derniers siècles, les sur- mener à proximité des habitations sous forme faces de landes et pelouses chutèrent progres- d’excréments utilisés pour amender les terres sivement, à l’échelle européenne, en raison de cultivées. Les parcours étaient aussi occasion- leur abandon, de l’intensification agricole, de nellement mis en culture pour de courtes du- boisements et de l’urbanisation (Noirfalise & rées (un à deux ans en général) puis laissés Vanesse 1976, Wolkinger & Planck 1981). en jachère et à nouveau disponibles pour les troupeaux. Selon la nature du sol et le climat En Belgique, cette évolution est déjà ancienne. régional, l’utilisation pastorale a donné nais- Peu après sa fondation, l’État belge a édicté sance aux pelouses sèches, principalement sur toute une série de mesures destinées à moder- les sols secs et riches en calcaire, ou aux landes niser l’agriculture et l’économie du pays. Par et aux nardaies, sur les sols pauvres et acides. exemple, la loi du 25 mars 1847 sur la mise en valeur des terrains incultes appartenant aux La plupart de ces milieux pâturés étaient des communes a signifié la fin des parcours, la loi terres « vaines » ou des « communs », terres du 19 décembre 18543 a imposé l’interdiction dont les villageois avaient coutume de jouir du pâturage en forêt, la loi du 22 avril4 1873 a en commun en toute période de l’année, en aboli les vaines pâtures et le droit de parcours. vertu d’un droit ou d’une simple tolérance du En province de Liège, 44 000 hectares ont propriétaire. Dans les régions au sol pauvre été boisés entre 1866 et 1929, essentiellement et au climat rude de la Belgique, ce mode par enrésinement des landes. En province de d’exploitation de l’espace rural s’est prolongé Luxembourg, l’enrésinement a été réalisé en jusqu’au début du XIXe siècle, époque corres- parts égales, d’environ 45 000 ha chacune, au pondant à l’extension maximale des parcours, détriment de la forêt feuillue, surtout des tail- et il s’est maintenu localement jusqu’au début lis et taillis sous futaie, et des zones pastorales. du XXe siècle. En province de Namur, le boisement (environ 30 000 ha) a été réalisé depuis 1866 « sur des Le rôle de la lande dans l’économie rurale terres délaissées par l’agriculture » soit sur des traditionnelle de la Wallonie a été largement parcours pastoraux essentiellement (Gérard & documenté, notamment par Hoyois (1949). Laurent 1985). Selon cet auteur, les parcours pastoraux occu- paient, lors du premier recensement belge de Dans les Hautes-Fagnes, les landes et les tour- 1846, quelques 385 000 ha en Ardenne (hors bières occupaient de 15 à 20 000 ha à la fin

(3) La loi du 19 décembre 1854, contenant le Code forestier, définit les dispositions applicables aux droits de pâturage, glandée et panage (titre IX, section 3). Elle interdit notamment (article 101) « aux usagers, nonobstant titre ou possession contraire, de conduire ou de faire conduire des chèvres, brebis et moutons, dans les forêts et sur les terrains qui en dépendent ».

(4) La loi du 22 avril 1873 sur le parcours et la vaine pâture abolit le droit de parcours et autorise les conseils communaux à modifier, à restreindre et, le cas échéant, à supprimer la vaine pâture sur tout ou partie de leur territoire.

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Au début du XXe siècle, les tiennes calcaires de Treignes témoignaient encore de leur utilisation pastorale. Carte postale non datée (début du XXe siècle) ; collection L.-M. Delescaille du XVIIIe siècle. Leur surface s’était réduite cartographiée comme « pelouse » dans les an- à 12 500 ha en 1852, 7700 ha en 1925 et à nées 1960 était déjà en voie de colonisation 5000 ha vers 1975 (Schumacker 1975). Sur le par la végétation forestière ou par de jeunes Plateau des Tailles totalisant environ 60 000 plantations de pins. ha, ces habitats occupaient plus de la moitié de la surface à la fin du XVIIIe siècle et moins En conclusion, les surfaces occupées par les de 1 % un siècle plus tard (Dumont 1985). parcours ont drastiquement régressé par rap- port à leur extension historique connue, sou- Dans la région du Viroin, les pelouses calci- vent de plus de 95 % (Ansay et al. 2007), pour coles ont régressé de 2000 ha à la fin du XVIIIe être remplacées par des forêts, des cultures et siècle jusqu’à 970 ha au début du XXe siècle des prairies, des carrières et des surfaces urba- et seulement 140 ha en 1982 (Bruynseels & nisées. Ne subsistent actuellement que les re- Vermander 1984). Sur un secteur plus limité liques souvent dégradées qui ont échappé à la de cette région et en se basant sur les cartes de valorisation immobilière, agricole, forestière végétation publiées au début des années 1960 ou industrielle. par Dethioux (1963, 1965), Leduc & Mahy (2004) ont quantifié une diminution des sur- Certains habitats pastoraux ont été, avec les faces en pelouses de 716 ha en 1964 à 51 ha grands massifs tourbeux de haute Ardenne, en 2002. Signalons toutefois que la végétation parmi les premiers à être protégés sous le cou-

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vert de la Loi sur la Conservation de la Nature et à bénéficier de projets de restauration, dans le cadre de la gestion des réserves naturelles © Lionel Wibail et/ou dans le cadre de projets co-financés par l’Union Européenne (LIFE Nature, Interreg, Programme wallon de Développement Rural - PwDR).

1.2. Contextes européen et wallon

L’estimation des surfaces actuelles des habi- tats en Wallonie est issue du dernier rappor- tage européen pour la période 2013-20185. Complexe dunaire (Pas-de-Calais, France) 1.2.1. Les pelouses pionnières

Les pelouses pionnières désignent des forma- lorsque la dynamique naturelle permet en- tions végétales s’installant sur des substrats core l’existence de bancs de sable régulière- minéraux régulièrement rajeunis (dunes mo- ment mobilisés par les crues ou par le vent. biles, bancs de sable remodelés par les crues le Elles peuvent aussi subsister au sein des vastes long des grands cours d’eau) ou particulière- ensembles de landes sur sable, là où le surpâ- ment ingrats (substrats rocheux ou intoxiqués turage ou le piétinement favorisent l’érosion par des métaux lourds). Dans nos régions, ces éolienne. pelouses se rencontrent fréquemment dans des sites industriels (sablières, carrières, an- En Wallonie, elles sont rares (moins de 70 ciennes exploitations de minerai). Au sein de ha au total), pour la plupart morcelées, et se ces habitats, l’évolution vers des groupements rencontrent en mosaïque au sein des landes végétaux plus structurés (pelouses fermées, sèches (Taymans & Mahy 2007, 2008), le boisements) est bloquée par le renouvelle- plus souvent en relation avec une activité ment constant du substrat lié aux activités humaine (piétinement, extraction de sable, humaines ou par ses caractéristiques intrin- activités militaires). Les surfaces les plus im- sèques de sécheresse ou de toxicité. portantes sont situées dans le camp militaire de Lagland (Wibail et al. 2014). 1.2.1.1. Les pelouses pionnières des sables acides (HIC 2330) 1.2.1.2. Les pelouses pionnières des sable cal- caires (HIC 6120) Les pelouses pionnières des sables acides se rencontrent, souvent en mosaïque ou au Les pelouses sur sables calcarifères (HIC contact d’autres pelouses ouvertes, sur les sols 6120) subsistent dans les systèmes dunaires sableux acides des systèmes arrière-dunaires et littoraux ou continentaux (alluvions des dans les plaines alluviales des grands fleuves, grands fleuves).

(5) http://biodiversite.wallonie.be/fr/rapportage.html?IDC=5803

18 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail © Mathias Ernst

Pelouse sur sable calcaire (Darmstadt, Allemagne) Pelouse calaminaire (Le Rocheux, Theux)

Elles sont rares en Wallonie et ne sont actuel- 1.2.1.4. Les pelouses calaminaires (HIC 6130) lement connues que d’un secteur limité de la vallée de la Haine et en Lorraine ; leur exis- Les pelouses calaminaires se développent tence actuelle est totalement tributaire d’acti- sur des substrats chargés en métaux lourds vités humaines qui favorisent la mobilisation (plomb, zinc, notamment), soit sur des af- du substrat. Elles ont fait et font l’objet de fleurements naturels (gisements), soit, le plus restaurations dans le cadre de projets LIFE, souvent, sur les déchets d’exploitation de ces et leur surface actuelle est estimée à un peu gisements, soit encore sur des sols intoxiqués moins de 50 ha. par les retombées atmosphériques à proxi- mité des anciennes usines de traitement des 1.2.1.3. Les pelouses pionnières à orpins minerais. On en retrouve notamment en Al- (HIC 6110) lemagne (région d’Aix-la-Chapelle, au nord- est du Sauerland, aux environs d’Osnabrück, Les pelouses pionnières à orpins se déve- dans le Harz), en Pologne (Haute-Silésie, ré- loppent sur des substrats rocheux riches en gion d’Olkusz), en Slovénie (basse Carniole), bases (calcaires, schistes calcarifères, grès cal- en Sardaigne, en Grande-Bretagne et en Ir- caires), en situation xérothermophile. Elles se lande (Brown 2001 ; Lambinon & Auquier rencontrent généralement au sein des pelouses 1963). Elles sont également renseignées en calcicoles, dans les secteurs surpâturés, ou à la Autriche, en France et aux Pays-Bas (dans le faveur d’affleurements rocheux. Secondaire- prolongement des stations wallonnes pour ce ment, elles peuvent se développer en carrière, pays) dans la dernière synthèse européenne sur les roches mises à nu par l’exploitation. détaillée6. Il s’agit d’habitats naturellement rares et n’oc- cupant que des surfaces limitées en Wallonie En Wallonie, on les trouve en province de (environ 50 ha estimés). Liège (basses vallées de l’Ourthe et de la Ves-

(6) http://bd.eionet.europa.eu/article17/reports2012/habitat/summary/

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dre, région de Theux, bassin de la Gueule), essentiellement par les moutons, régénération où elles occupent au total une soixantaine de la lande par brûlage dirigé, récolte de li- d’hectares (Graitson 2009). Bien qu’elles tière (par fauche ou par étrépage de la couche soient décrites sous le terme de pelouse, elles d’humus brut) et mise en culture occasion- peuvent localement avoir un aspect de lande nelle après étrépage (écobuage). Cette gestion ou de prairie. traditionnelle a entraîné l’appauvrissement progressif du sol en nutriments et a favorisé le 1.2.2. Les landes sèches (HIC 4030) et maintien d’une végétation oligotrophe (Du- les landes humides (HIC 4010) mont & Champluvier 1990 ; Gimingham 1972 ; Noirfalise & Vanesse 1976 ; Tüxen En Europe, selon le dernier exercice de rap- 1975 ; Webb 1998). portage (2013-2018), les landes sèches ou humides se rencontrent dans la plupart des En Wallonie, les landes sont devenues rares régions biogéographiques et occupent en- dans la région atlantique (moins de 100 ha) core des surfaces considérables. Elles sont et les surfaces résiduelles se trouvent princi- particulièrement développées dans la région palement sur les substrats sableux pauvres et atlantique, mais on en retrouve également acides du Brabant et du nord du Bassin de la de grandes surfaces dans les régions méditer- Haine. En région continentale, elles occupent ranéenne, continentale et alpine. Au sein de des surfaces plus importantes (de l’ordre de leur aire de distribution, ces formations do- 5000 ha), majoritairement situées sur les minées par des arbrisseaux nains présentent la hauts plateaux ardennais. On les retrouve plus grande richesse spécifique dans la région aussi dans le sud et l’est de la Lorraine et, plus atlantique, le nombre d’espèces diminuant du localement, sur les substrats rocheux détri- sud vers le nord et des côtes vers le centre du tiques à réaction acide de Fagne-Famenne, du continent. Condroz, de basse et moyenne Ardenne. Si les surfaces paraissent relativement importantes, La gestion traditionnelle des landes sèches une proportion significative correspond à des implique, avec quelques variantes locales, une faciès dégradés ou en cours de restauration interaction complexe entre pâturage extensif, (notamment par l’intermédiaire de projets © René Dahmen © René © Louis-Marie Delescaille

Lande sèche atlantique (golfe du Morbihan, France) Lande sèche ardennaise (Elsenborn)

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LIFE co-financés par l’Union Européenne - 1.2.4. Les pelouses calcicoles Dufrêne et al. 2015). Actuellement, les landes (HIC 6210) les mieux conservées se situent dans les grands camps militaires d’Elsenborn et de Lagland Les pelouses calcicoles (aussi appelées pelouses et, pour les landes humides, en bordure des calcaires) désignent des formations herbacées grands massifs tourbeux de haute Ardenne. qui se développent sur des sols riches en bases (généralement en carbonate de calcium), secs 1.2.3. Les nardaies (HIC 6230) et pauvres en éléments nutritifs, et qui sont utilisées comme parcours pour les troupeaux Les nardaies (HIC 6230) se rencontrent dans de moutons. Elles existent dans une grande l’aire de distribution des landes dont elles se partie de l’Europe occidentale et centrale, de- distinguent par leur mode d’utilisation (pâ- puis la Suède méridionale, le Danemark, l’Al- turage) et par la physionomie qui en découle. lemagne et les Alpes autrichiennes jusqu’aux La végétation est en effet dominée par des rivages de l’océan Atlantique (Grande-Bre- espèces herbacées et les éricacées sont rares tagne, Irlande, Asturies et Pays Basque). Vers lorsqu’elles sont encore utilisées. le sud, elles se limitent aux chaînes de mon- tagne (Monts cantabriques, Pyrénées, Alpes Leur distribution potentielle est la même que méridionales et Apennins) (Royer 1991 ; celle des landes mais leur surface est nette- Wolkinger & Planck 1981). Vers l’est, elles ment plus faible, parce qu’elles régressent très sont progressivement remplacées par des pe- rapidement lorsqu’elles ne sont plus entrete- louses steppiques et, vers le sud, par des pe- nues ou sont soumises à une intensification louses xérophiles méditerranéennes. agricole. Elles couvrent environ 600 ha pour l’ensemble de la Wallonie, majoritairement En Wallonie, les pelouses calcicoles occupent situés dans le camp militaire d’Elsenborn. entre 400 et 500 ha. Elles sont principale- Elles ont pratiquement disparu de la région ment localisées dans le bassin de la Meuse, atlantique. là où l’érosion a dégagé des affleurements de calcaire dur, de dolomie ou de craie. Ailleurs, elles sont rares (Decocq et al. 2004). Après © Lionel Wibail © René Dahmen © René

Nardaie à Arnica (Vaud, Suisse) Nardaie à fenouil des Alpes (Elsenborn)

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l’abandon du pâturage, celles qui n’ont pas été 1.2.5. Les fourrés à genévrier commun boisées, transformées en cultures ou herbages, (HIC 5130) détruites par l’exploitation de carrières ou ur- banisées, se sont reboisées spontanément. En Le genévrier commun est le conifère ayant définitive, seules les plus réfractaires au boi- la plus vaste aire de distribution mondiale. sement, donc les plus xériques, ont subsisté. On le trouve à travers toute l’Europe, à l’ex- Leur intérêt patrimonial est reconnu depuis ception des Açores, des Îles Baléares et de la longtemps (notamment par l’abondance des Crête. Dans la partie nord de son aire, il a espèces rares, en particulier les orchidées et une distribution continue mais elle devient les insectes thermophiles). De ce fait, de discontinue vers le sud, où il se cantonne dans nombreux sites ont été protégés par les asso- les massifs montagneux (Ward 2007). ciations de conservation de la nature et par l’administration ayant en charge la conser- Les fourrés à genévrier commun constituent vation de la nature. Aussi, la majeure partie très fréquemment des stades de recolonisation des pelouses calcicoles est localisée dans des forestière consécutifs à l’abandon des landes réserves naturelles intégrées au réseau Natura et des pelouses sèches. Ils sont donc suscep- 2000. Les principales zones où subsistent des tibles de se rencontrer dans l’aire de distribu- pelouses ont fait ou font actuellement l’objet tion de ces groupes d’habitats. Si la distribu- de restaurations dans le cadre de projets LIFE tion du genévrier est relativement vaste au sud ou de projets financés par le PwDR. du sillon Sambre-et-Meuse (Saintenoy-Simon et al. 2006), les fourrés correspondant à la dé- finition de l’habitat 5130 sont actuellement réduits à quelques hectares localisés dans des stations disséminées de l’Entre-Sambre-et-

© Louis-Marie Delescaille Meuse, du bassin de la Lesse, d’Ardenne et de haute Ardenne (Delescaille & Frankard 2015 ; Wibail et al. 2014). 2| Valeur patrimoniale

2.1. Les habitats pastoraux au sens large

Les habitats pastoraux (landes et pelouses) ont un intérêt patrimonial majeur. Bien qu’ils représentent en surface seulement quelques pour cent du territoire wallon, ils abritent une fraction importante de la biodiversité régio- nale et une majorité d’espèces menacées. En outre, ils sont généralement en contact avec Pelouse calcicole (Ave-et-Auffe) d’autres milieux d’intérêt communautaire

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ou de grand intérêt patrimonial, comme les à lui inféodé aux landes sur sable de Lorraine, bas-marais, les tourbières, les prairies maigres où il fréquente à la fois les zones à sol nu et les ou les milieux forestiers. vieux buissons de callune.

Près de 30 % des plantes supérieures de la flore Les autres espèces de reptiles peuvent aussi se indigène wallonne sont inféodées aux landes et rencontrer de manière occasionnelle ou régu- aux pelouses au sens large, dont plus de 50 % lière dans les habitats pastoraux (Graitson 2008 ; sont rares et/ou menacées à des titres divers (De- Graitson & Paquay 2007 ; Jacob et al. 2007). lescaille & Saintenoy-Simon 2006, 2007 ; Sain- tenoy-Simon et al. 2006). Parmi la faune, de Il n’y a pas, à proprement parler, d’espèce d’oi- nombreuses espèces, appartenant à des groupes seau strictement liée aux habitats pastoraux en taxonomiques variés, se rencontrent préféren- Wallonie en dehors, peut-être, du traquet mot- tiellement ou exclusivement dans les habitats teux (Oenanthe oenanthe), qui ne niche plus de- pastoraux. Ainsi, les reptiles sont fréquemment puis la fin des années 1990 (Jacobet al. 2010). associés aux faciès enfrichés des pelouses, aux Néanmoins, certaines espèces s’y rencontrent landes matures et aux fourrés de genévriers préférentiellement lorsque les surfaces d’habi- (Graitson 2008 ; Graitson & Paquay 2007 ; tat disponibles sont suffisantes. Ainsi, l’alouette Jacob et al. 2007). C’est plus particulièrement le lulu (Lullula arborea***8) est une espèce qui cas de la coronelle lisse (Coronella austriaca**7) semble avoir bénéficié des restaurations entre- qui affectionne les pelouses thermophiles et les prises dans différents types de milieux : pe- rochers. La vipère péliade (Vipera berus) se ren- louses, prairies maigres et landes (mais aussi contre dans les pelouses mésophiles embrous- exploitation de pessières). Par contre, l’engou- saillées ou enfrichées où elle bénéficie de toute levent (Caprimulgus europaeus***), une espèce la tranquillité nécessaire ; elle occupe aussi des surtout liée aux landes sèches, est en forte di- landes sèches ou humides, surtout en Ardenne. minution (Jacob et al. 2010). Le lézard des souches (Lacerta agilis**) est quant

(7) ** Espèces figurant aux annexes de la Directive Habitats. (8) *** Espèces figurant à l’annexe 1 de la Directive Oiseaux. © Jean Delacre © Jean © Jonathan Lhoir © Jonathan

Alouette lulu (Lulula arborea) Vipère péliade (Vipera berus)

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Flore patrimoniale des pelouses calcaires

1 Bugle de Genève (Ajuga genevensis) © Jean-Louis Gathoye 2 Hybride entre l’orchis singe et l’orchis pourpre (Orchis x angusticruris) © Sébastien Krickx 3 Ophrys abeille et géranium sanguin (Ophrys apifera et Geranium sanguineum) © Lionel Wibail 4 Chlore perfoliée (Blackstonia perfoliata) © Jean-Louis Gathoye 5 Joubarbe d’Aywaille (Sempervivum funckii var. aqualiense) © Jean-Louis Gathoye 6 Spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis) © Jean-Louis Gathoye 7 Orobanche du thym (Orobanche alba) © Jean-Louis Gathoye 8 Sauge des prés (Salvia pratensis) © Louis-Marie Delescaille

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De nombreuses espèces d’arthropodes sont, genevensis*, Allium sphaerocephalon*, Alyssum dans nos régions, inféodées aux pelouses alyssoides*, Anthericum liliago*, Artemisia alba*, sèches et aux landes. Il s’agit très souvent d’es- A. campestris*, Aster linosyris*, Avenula praten- pèces à la biologie spécialisée n’exploitant par sis*, Blackstonia perfoliata*, Campanula glome- exemple qu’une seule plante nourricière ou rata*, C. patula*, Carex arenaria*, C. humilis, qui sont liées à un microbiotope ou à un mi- C. tomentosa*, Dianthus carthusianorum, D. croclimat spécifiques. Les groupes les mieux deltoides*, D. gratianopolitanus*, Eryngium cam- représentés sont les araignées, les lépidoptères pestre*, Festuca pallens*, Fumana procumbens*, (en particulier les papillons de jour), les or- Gentiana cruciata*, Gentianella ciliata*, G. cam- thoptères (criquets, sauterelles et grillons), les pestris*, G. germanica, Geranium sanguineum*, hémiptères (cicadelles et punaises), les hymé- Globularia bisnagarica*, Helianthemum apen- noptères, divers coléoptères. ninum*, Helichrysum arenarium*, Hypericum montanum*, Inula salicina*, Lactuca perennis*, 2.2. Les pelouses pionnières sur Linum leonii*, L. tenuifolium*, Lychnis visca- sables calcaires (HIC 6120), les pe- ria*, Medicago minima*, Nardurus maritimus*, louses pionnières à orpins (HIC Orobanche alba*, O. caryophyllea*, O. teucrii, Phleum phleoides*, Poa bulbosa*, Potentilla ru- 6110) et les pelouses calcicoles (HIC pestris*, Pulsatilla vulgaris*, Rhinanthus angus- 6210) tifolius*, Rosa micrantha*, R. pimpinellifolia*, Salvia pratensis*, Scleranthus perennis*, Sedum D’un point de vue floristique, les pelouses cal- sexangulare*, S. rubens*, Sempervivum funckii cicoles (HIC 6210) sont l’habitat préférentiel var. aqualiense*10, Silene armeria*, S. gallica, ou exclusif de nombreuses espèces d’orchidées Stachys recta*, Teucrium montanum*, Thlaspi (Anacamptis pyramidalis, Coeloglossum viride, montanum*, Thymus praecox*, Trifolium monta- Dactylorhiza fuchsii, Epipactis div. sp., Gym- num*, T. ochroleucon*, T. scabrum*, T. striatum*, nadenia conopsea, G. odoratissima, Himanto- Veronica prostrata subsp. scheereri*. Certaines de glossum hircinum, Neotinea ustulata, Orchis ces espèces, autrefois communes dans d’autres div. sp., Ophrys div. sp., Platanthera chlorantha, habitats, ne se rencontrent plus actuellement P. bifolia, Spiranthes spiralis). Lorsqu’elles sont que dans les pelouses reliques. présentes avec un certain niveau d’abondance, de rareté et/ou de diversité, elles confèrent à La faune des pelouses calcicoles est également l’habitat 6210 un caractère prioritaire au sens très diversifiée et comporte de nombreuses es- de la Directive Habitats. Par ailleurs, toutes pèces d’intérêt patrimonial, soit parce qu’elles les orchidées sont protégées par la Loi sur la se développent sur des espèces végétales rares, Conservation de la Nature (LCN). soit parce qu’elles apprécient les conditions microclimatiques (chaleur et/ou sécheresse). Les pelouses calcicoles, pionnières ou pérennes, Les espèces les plus xérothermophiles ont sou- sur substrat rocheux ou sableux, accueillent vent une préférence pour les pelouses pion- également de nombreuses autres espèces rares nières, notamment les criquets Chorthippus ou protégées par la LCN*9, notamment Ajuga vagans, Oedipoda caerulescens*, Sphingonotus

(9)* Espèces figurant aux annexes du décret du 6/12/2001 relatif à la conservation des sites Natura 2000 ainsi que de la faune et de la flore sauvages. (10) Variété endémique, uniquement présente en Wallonie, d’origine hybride (Van Rossum et al. 2017).

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Entomofaune des pelouses calcicoles

1 Mante religieuse (Mantis religiosa) © Yvan Barbier 2 Hyménoptère Symphyte (Corynis crassicornis) © Jean-Yves Baugnée 3 Diptère Syrphidé (Merodon rufus) © Jean-Yves Baugnée 4 Criquet bleu (Oedipoda caerulescens) © Jean-Louis Gathoye 5 Cicindèle champêtre (Cicindela campestris) © Jean-Yves Baugnée

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6 Petite violette (Boloria dia) © Yvan Barbier 7 Fluoré (Colias alfacarensis) © Yvan Barbier 8 Virgule (Hesperia comma) © Yvan Barbier 9 Argus bleu-nacré (Polyommatus coridon) © Yvan Barbier 10 Mélitée du plantain (Melitaea cinxia) © Jean-Louis Gathoye 11 Flambé (Iphiclides podalirius) © Yvan Barbier

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caerulans, Tetrix bipunctata, le grillon cham- Les fourmis sont bien représentées dans les pe- pêtre (Gryllus campestris) et les cicindèles (Ci- louses calcicoles avec plusieurs espèces spécia- cindela campestris, C. hybrida). De même, les lisées comme Camponotus piceus (Dekoninck espèces fouisseuses montrent fréquemment et al. 2007 ; Wegnez et al. 2012), de même une préférence pour les substrats fins, sableux que les orthoptères, dont Stenobothrus linea- ou limoneux ; c’est le cas d’un grand nombre tus (Couvreur & Godeau 2000 ; Hofmans & d’abeilles et de guêpes solitaires protégées par Barenbrug 1984). Les arachnides (Bara 1986 ; la LCN. Kekenbosch 2009) et les punaises sont égale- ment bien présentes dans les pelouses. Parmi Les pelouses à orpins possèdent leur ce dernier groupe, citons, à titre d’exemple, cortège spécifique incluant notamment une espèce prédatrice, la punaise guitare (Phy- l’hyménoptère symphyte Corynis crassicornis mata crassipes), et deux espèces phytophages et la punaise Chlamydatus evanescens, deux très rares et vivant exclusivement sur Bupleu- insectes s’alimentant uniquement aux dépens rum falcatum : Catoplatus horvathi et Eury- des orpins (au stade larvaire pour le premier). colpus flaveolus.

De nombreuses espèces de papillons de On peut encore y ajouter les mollusques gas- jour sont des hôtes préférentiels ou exclusifs téropodes, notamment l’hélice des bruyères des pelouses calcicoles plus ou moins (Helicella itala), l’escargot probablement le plus thermophiles. Parmi les espèces rares ou typique des pelouses calcicoles wallonnes. protégées*, on peut citer Argynnis adippe, Boloria dia*, Coenonympha arcania, Colias 2.3. Les pelouses pionnières sur alfacariensis*, Cupido minimus, Erynnis tages, sables acides (HIC 2330), les landes Erebia aethiops*, Glaucopsyche alexis*, G. (HIC 4010, 4030) et les nardaies arion, Hesperia comma*, Melanargia galathea, Melitaea aurelia*, M. cinxia*, Plebeius agestis, (HIC 6230) Polyommatus bellargus*, P. coridon, Spialia sertorius, Thymelictus acteon. Les pelouses Les pelouses pionnières sur sables acides, les légèrement embroussaillées sont fréquentées landes et les nardaies abritent diverses espèces par Aporia crataegi, Gonepteryx rhamni, végétales rares, protégées* par la LCN et/ou Iphiclides podalirius*, Satyrium spini*, Thecla reprises aux annexes** de la Directive Habi- betulae. tats. Ainsi, elles hébergent Agrostis vinealis, Ajuga pyramidalis*, Antennaria dioica*, Ar- Les pelouses embroussaillées et les zones de nica montana**, Botrychium lunaria*, Carex lisière sont aussi le biotope de prédilection de arenaria*, C. binervis*, Cirsium dissectum, la cigale des montagnes (Cicadetta montana Corynephorus canescens*, Cuscuta epithymum*, sensu lato11*) et de la mante religieuse (Mantis Diphasiastrum div. sp.**, Drosera rotundifolia*, religiosa*). D. intermedia*, Erica tetralix*, Genista angli- ca, G. germanica, Gentiana pneumonanthe*, Huperzia selago**, Jasione montana, Lycopo-

(11) Le complexe spécifique de Cicadetta montana s.l. regroupe plusieurs taxons différant par leur chant (Sueur & Puissant 2007). Sur base d’enregistrements réalisés dans la vallée du Viroin, il s’agirait de Cicadetta cantilatrix (St. Claerebout, comm. pers.) mais la présence d’autres taxons n’est pas à exclure.

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Flore patrimoniale des landes et nardaies

1 Arnica (Arnica montana) © Yvan Barbier 2 Cirse anglais (Cirsium dissectum) © Lionel Wibail 3 Orchis blanchâtre (Pseudorchis albida) © Jean-Louis Gathoye 4 Orobanche du genêt (Orobanche rapum-genistae) © Jean-Louis Gathoye

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dium clavatum**, Lycopodiella inundata**, Certaines plantes typiques de cet habitat hé- Orobanche rapum-genistae*, Platanthera bifo- bergent des arthropodes spécialisés souvent lia*, Pseudorchis albida, Scleranthus perennis*, rares en Wallonie. Sur Jasione montana, citons Serratula tinctoria*, Thesium pyrenaicum*, le charançon Cleopomiarus micros, la punaise Teesdalia nudicaulis*, Trientalis europaea*, Strongylocoris luridus et Hylaeus variegatus, une Vaccinium oxycoccos, Vicia orobus*. abeille solitaire. Sur Corynephorus canescens vivent au moins trois espèces de punaises dont Du point de vue faunistique, les pelouses Amblytylus albidus et Trigonotylus pulchellus pionnières sur sable abritent de nombreux (hémiptères Miridae), ainsi que plusieurs es- insectes thermophiles comme la cicindèle pèces de cicadelles (Psammotettix div. sp.). hybride (Cicindela hybrida) et d’autres coléoptères (carabes, charançons, etc.), et une Les landes possèdent aussi leurs organismes diversité importante d’hyménoptères fouisseurs spécifiques, la callune Calluna( vulgaris) ac- (abeilles et guêpes solitaires). Certaines espèces cueillant à elle seule des dizaines d’espèces à de criquets peuvent y abonder, comme l’un ou l’autre stade de leur cycle de dévelop- Myrmeleotettix maculatus et Stenobothrus pement. Au moins trois espèces de coccinelles stigmaticus. Les parcours pastoraux sur sable protégées par la LCN vivent principalement sont aussi l’habitat du minotaure typhée dans les landes à bruyères : Exochomus nigro- Typhaeus typhaeus, un coéloptère dont les larves maculatus, Coccinella hieroglyphica et Chiloco- se nourrissent des déjections de moutons et rus bipustulatus. Plusieurs abeilles solitaires de lapins. Plusieurs familles de diptères ont ainsi que des bourdons butinent préférentiel- des représentants spécifiquement inféodés lement, voire exclusivement, les fleurs de cal- aux pelouses sur sable. C’est le cas d’asiles, de lune, notamment Colletes succinctus et Andrena syrphes et de bombyles dont le remarquable fuscipes*. Nombre de lépidoptères, carabes, pu- Thyridanthrax fenestratus qui parasite les naises et cicadelles sont également inféodées à oothèques (coques recouvrant un ensemble cet habitat. d’oeufs) de criquets (Myrmeleotettix e.a.). © Violaine Fichefet © Jean-Yves Baugnée © Jean-Yves

Andrène (Andrena sp.) Cicindèle hybride (Cicindela hybrida)

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2.4. Les pelouses calaminaires (HIC 6130) © Yvan Barbier © Yvan

Les pelouses calaminaires comportent une série de taxons endémiques européens pour lesquels les populations régionales constituent une par- tie représentative des populations européennes. Ce sont Armeria maritima subsp. halleri*, Viola calaminaria*, Festuca ovina subsp. guestfalica*, Minuartia verna var. hercynica*, Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis, Thlaspi caerules- cens subsp. calaminare. Outre des plantes su- périeures, on peut également y rencontrer des bryophytes polluotolérantes comme Cephalo- ziella divaricata, Ceratodon purpureus, Pohlia flexuosa, P. nutans ou des calaminaires strictes comme Scopelophila cataractae et Didymodon australasiae, ces deux dernières espèces étant vraisemblablement introduites (Sotiaux & Van- Petit nacré (Issoria lathonia) derpoorten 2015), et diverses espèces de lichens comme Cladonia subulata, C. symphycarpia, Di- on mentionnera la coccinelle à 24 points ploschistes muscorum, Stereocaulon dactylophyl- (Subcoccinella vigintiquatuorpunctata), espèce lum, S. nanodes, S. vesuvianum var. nodulosum, phytophage particulièrement abondante sur Vezdaea leprosa (Lambinon 1969 ; Sérusiaux et cette plante, de même que la rare Cassida al. 2004). azurea (coléoptère Chrysomelidae).

Ces pelouses hébergent également un En raison de la présence de zones de sol dénu- peuplement faunique remarquable. Les dé bien drainé, les pelouses calaminaires sont chenilles du petit nacré (Issoria lathonia*) se également fréquentées par des insectes pion- développent sur différentes espèces de Viola niers comme le criquet Oedipoda caerules- mais principalement sur Viola calaminaria cens*, ainsi que divers organismes fouisseurs (Ertz 1998 ; Fichefet et al. 2008). Cette plante (abeilles e.a.). peut aussi nourrir les chenilles de plusieurs autres lépidoptères, dont le petit collier 2.5. Les fourrés à genévrier commun argenté (Boloria selene) et le microlépidoptère (HIC 5130) schwarzella, et elle accueille en outre plusieurs organismes cécidogènes. Armeria Les fourrés à genévrier commun peuvent abri- maritima est la plante hôte de plusieurs ter les espèces rares ou protégées des landes, microlépidoptères spécialisés et rares comme nardaies ou pelouses au sein desquelles ils se Aristotelia brizella, connu de quelques rares développent. Le genévrier commun, égale- stations calaminaires de la région liégeoise. ment protégé par la LCN, est l’hôte de nom- Sur Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis, breux arthropodes spécialisés, dont plusieurs

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espèces de géomètres (papillons diurnes), de 3.2. Les services de régulation et de punaises (Pitedia juniperina, Gonocerus juni- maintenance peri) qui ponctionnent plus particulièrement les fruits, de l’acarien Trisetacus juniperinus Les parcours sont généralement très fleuris responsable d’une déformation du cône char- et attirent de nombreuses espèces d’insectes nu ou encore de diptères du genre Oligotro- qui peuvent participer à la pollinisation des phus occasionnant des galles au niveau des cultures et des vergers (Lemoine 2016) ou à bourgeons ou de l’extrémité des pousses (Di- la lutte biologique contre les ravageurs de ces dier 2016, 2017 ; Thomas et al. 2007 ; Wulf mêmes cultures. & Pehl 2003). Il est également un des hôtes de la rouille Gymnosporangium clavariiforme, 3.3. Les services culturels et sociaux responsable de spectaculaires déformations des tiges (Vanderweyen & Fraiture 2008). Le pastoralisme et les paysages associés ont été une source d’inspiration pour les poètes, 3| Services écosystémiques les écrivains et les peintres. Ils participent à la (d’après UK NEA 2011) beauté des paysages et sont des lieux de prome- nade et de ressourcement pour de nombreuses 3.1. Les services de production personnes. Ce sont des endroits de découverte pour les amateurs de nature, par la diversité Les parcours pastoraux ont eu une impor- et la rareté des espèces qui s’y rencontrent. Ils tance considérable dans l’économie de subsis- sont parmi les milieux les plus parcourus par tance. Actuellement, leur rôle de production les classes vertes et les associations naturalistes. de fourrage est devenu très marginal bien que L’observation de la faune sauvage y est facilitée de nombreux sites soient à nouveau parcou- par l’ouverture des paysages et par la tranquil- rus par des troupeaux dans un but de gestion lité dont bénéficient les animaux. conservatoire. Ils ont gardé localement un in- térêt pour la production de miel artisanal ou Les landes et les pelouses sont en outre fré- de petits fruits. quemment associées à des structures archéo- logiques (camps fortifiés, dépôts funéraires, traces de cultures ou de recherche de gise- © Yvan Barbier © Yvan © Jean-Louis Gathoye © Jean-Louis

L’abeille solitaire Colletes succinctus (1) et le syrphe Sericomyia silentis (2) assurent la pollinisation des espèces qu’ils visitent pour se nourrir

32 Les parcours pastoraux © Guy Focant / SPW - AWaP © Guy Focant

À l’époque où Ferdinand Marinus a peint le Tombeau du Géant à Botassart (1866), le paysage est encore largement déboisé et le troupeau de moutons qui gravit la côte rappelle l’importance du pastoralisme en Ardenne à cette époque

Paysage avec berger et troupeau (Balthazar-Paul Ommeganck, 1755-1826) - Musée de l'Ermitage (Saint-Petersbourg)

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ments de minerais). Ce sont également des lations. L’existence de connexions permet les laboratoires vivants permettant de réaliser des échanges génétiques entre populations, ce qui études d’écologie fondamentale ou appliquée, limite les risques de disparition. Ces facteurs notamment sur les problèmes liés à la réduc- sont primordiaux étant donné les réductions tion de la taille des populations, à leur isole- de surface et la perte de connectivité auxquels ment génétique et à leur restauration. les habitats pastoraux ont été confrontés par le passé (cf. évolution historique). 4| Exigences écologiques et facteurs de qualité de l’habitat En termes de composition spécifique, la bonne qualité des pelouses et des landes est Les facteurs généraux qui conditionnent la liée au développement du cortège des espèces qualité des habitats sont présentés dans l’in- typiques, qu’elles soient végétales ou ani- troduction générale. Ce sont des facteurs de males, y compris des espèces à grand domaine taille et de connectivité, des facteurs de di- vital (oiseaux, lépidoptères rhopalocères). versité spécifique et des facteurs de structure. En particulier, la présence d’espèces rares ou Les milieux agropastoraux dépendant d’une exigeantes témoigne du maintien de condi- activité récurrente, les pratiques actuelles de tions favorables. La diversité en orchidées est gestion conservatoire doivent être en adéqua- un facteur de qualité important dans le cas tion avec les exigences écologiques. des pelouses calcicoles et dans les nardaies mais c’est aussi le cas de la présence des lyco- La taille des habitats détermine le nombre podes dans les landes. d’espèces présentes et la taille de leurs popu- © Lionel Wibail © Jean-Louis Gathoye © Jean-Louis

La présence de sol nu, un facteur de qualité des pelouses Lycopode en massue (Lycopodium clavatum) pionnières

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La diversité structurelle concerne à la fois la 5| Menaces présence d’éléments du milieu (sol nu) ou, pour certains, la présence de différents stades Les menaces qui pèsent sur les habitats de développement des espèces d’arbustes ou concernés sont assez semblables, raison pour d’arbrisseaux (par exemple le genévrier ou la laquelle elles seront traitées en commun. callune) qui témoignent de leur régénération et fournissent des microhabitats aux espèces 5.1. La destruction des habitats associées. En raison de leur abandon déjà ancien, la La présence de substrat mobile est nécessaire plupart des parcours pastoraux ont été l’objet à l’existence même des pelouses pionnières d’opérations de valorisation : mise en culture sur sables (Jentsch 2001 ; Jentsch et al. 2002). des sols les moins ingrats, grâce notamment De même, l’existence de zones de sol nu (« re- à l’utilisation généralisée des amendements generation gaps ») est nécessaire à la régénéra- et des engrais, plantations des sols les plus tion de nombreuses espèces végétales qui ne pauvres, éventuellement après drainage peuvent germer et s’installer dans une végéta- (landes humides), exploitation du substrat tion fermée (Delescaille et al. 1991 ; Dutoit et par l’industrie extractive, urbanisation ou al. 1999 ; Grubb 1976, 1977 ; Muller 2002 ; installation d’infrastructures de communi- Muller et al. 1998). Il s’agit en outre de micro- cation, réhabilitation des friches industrielles habitats pour certains éléments de la faune, (pelouses calaminaires) (Delescaille & Sain- notamment les guêpes et les abeilles solitaires tenoy-Simon 2006). En conséquence, les sur- et certains reptiles. faces occupées se sont réduites de manière cri- tique et sont souvent constituées de fragments À l’exception des pelouses calaminaires et des de petite taille, isolés dans une matrice pay- pelouses les plus xérophiles, naturellement as- sagère ne permettant pratiquement plus les sez stables, la diversité des facteurs de qualité échanges génétiques entre populations. Dans est liée aux modes de gestion pratiqués autre- ces conditions, les populations connaissent fois par les éleveurs : pâturage extensif sans un risque accru de disparition (Butaye et al. intrant, brûlage dirigé, récolte de la litière. 2005a ; Fisher & Stöcklin 1997 ; Van Rossum Actuellement, la gestion conservatoire, impli- 1998). quant le pâturage, voire la fauche et la mise à nu du sol, éventuellement à l’aide du feu, Certains sites ont cependant été protégés est plus complexe à mettre en œuvre lorsque par des associations de conservation de la les surfaces sont faibles et morcelées. L’intérêt nature ou par l’administration belge et puis d’agrandir les surfaces existantes par restaura- wallonne lors de la régionalisation de cette tion des zones périphériques (embroussaillées compétence. Les principaux sites wallons de ou boisées) est donc double : il permet d’amé- pelouses, landes et nardaies sont actuellement liorer les facteurs de qualité spatiale (surface en réserve naturelle et/ou ont été intégrés dans individuelle et connectivité) et de rationaliser le réseau Natura 2000, mais il subsiste ici et la gestion. Les modes de gestion et de restau- là des habitats reliques de grande valeur qui ration des milieux agropastoraux sont déve- ne bénéficient d’aucun statut de protection loppés au point 7. et qui disparaissent par manque d’entretien,

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souvent en raison de leur découverte récente clusion des sites au sein de massifs forestiers ou de leur imbrication dans des paysages for- ou dans une matrice urbaine. La plupart du tement anthropisés, ou encore parce qu’ils temps, il faut d’abord restaurer le milieu avant sont situés au sein de zones industrielles ou de de pouvoir y assurer une gestion récurrente. zones d’extraction (carrières, sablières). C’est la raison pour laquelle de nombreux ha- bitats pastoraux ont fait et font encore l’objet 5.2. L’abandon et l’évolution natu- de chantiers de restauration, dans le cadre de relle de la végétation la gestion des réserves naturelles et, surtout, grâce à des co-financements de l’Union Eu- ropéenne, au travers de projets LIFE, Interreg La seule protection des habitats pastoraux par ou PwDR. un statut légal, bien que nécessaire, n’est pas suffisante et le principal problème qui se pose 5.3. Les retombées atmosphériques actuellement est lié à l’évolution spontanée de la végétation, souvent enclenchée depuis des Les retombées atmosphériques (pluies acides, décennies, et à la difficulté d’y mener une ges- retombées azotées) pour lesquelles les seuils tion conservatoire. critiques ont été ou sont encore dépassés pour la plupart des habitats concernés (Bobbink & L’abandon de la gestion s’est accompagné Hettelingh 2010 ; NU-ECE 2010 ; Stevens et d’une stabilisation du substrat dans les pe- al. 2010), favorisent le développement des es- louses pionnières et d’un enfrichement dans pèces sociales et participent à la dégradation tous les milieux concernés. Cet enfrichement de leur état de conservation. En général, la se caractérise par le développement et l’exten- reprise de la gestion après restauration per- sion d’espèces sociales à caractère dominant met de faire régresser ces espèces et d’exporter qui concurrencent les espèces typiques et, une partie des nutriments en excès accumulés dans la plupart des cas, annonce une évolu- dans les sols et dans les plantes. Cependant, tion ultérieure vers le boisement (Bornkamm les techniques les plus efficaces (fauche avec 1988). Il est en outre favorisé par l’eutrophisa- exportation, brûlage dirigé, étrépage) sont tion diffuse liée aux précipitations atmosphé- aussi les plus difficiles ou les plus coûteuses à riques (Bobbink 1991 ; Stevens et al. 2010). mettre en œuvre (Steven et al. 2013). Certaines espèces dépérissent et ne peuvent plus se régénérer en l’absence de gestion. C’est 5.4. Les espèces invasives notamment le cas de la bruyère commune (Calluna vulgaris) et du genévrier (Juniperus Certains habitats sont impactés par le dévelop- communis). pement d’espèces exotiques à comportement envahissant12. Les habitats les plus concernés La difficulté à mener une gestion conserva- sont les pelouses sur sable, les landes et les nar- toire efficace réside dans le morcellement des daies dans lesquelles le cerisier tardif (Prunus sites et dans la complexité de mettre en œuvre serotina), le rhododendron pontique (Rhodo- certaines techniques de restauration ou d’en- dendron ponticum) et le robinier (Robinia pseu- tretien (par exemple l’étrépage ou le feu cou- doacacia) sont particulièrement agressifs. Le rant), en raison des surfaces exiguës, de l’in- (12) Voir le site Invasive species in Belgium : ias.biodiversity.be/species

36 Les parcours pastoraux © Louis-Marie Delescaille © Louis-Marie Delescaille

Dépôts de terres sur pelouse calcicole © Louis-Marie Delescaille

Pelouse calcicole enfrichée et embroussaillée Dépérissement de genévriers © Lionel Wibail

Lande dégradée à molinie avec semis d’épicéas

37 Les parcours pastoraux © Louis-Marie Delescaille © Louis-Marie Delescaille

Le Mahonia (Mahonia aquifolium), une espèce exotique Lande sèche envahie par le genêt à balais (Cytisus régulièrement observée en pelouse calcicole scoparius) et le cerisier tardif (Prunus serotina)

dernier, par sa capacité à fixer l’azote atmos- à rhizomes comme les orchidées) et la préda- phérique grâce aux bactéries symbiotiques qui tion de la faune (reptiles, micromammifères, se développent dans des nodules racinaires, oiseaux nichant au sol comme l’engoulevent) modifie de manière irréversible les caractéris- peuvent fragiliser leurs populations (Maré- tiques physico-chimiques des sols (Cierjacks et chal 2005). al. 2013 ; Kleinbauer et al. 2010). Les pelouses calcicoles sont également colonisées par di- Le surpâturage par les grands herbivores mo- verses espèces arbustives ornementales échap- difie localement la composition floristique pées de jardins comme certains Cotoneaster, le des landes (consommation préférentielle de mahonia à feuilles de houx (Mahonia aquifo- la callune ou de la myrtille) tout en favori- lium), le cytise faux ébénier (Laburnum anagy- sant les espèces peu consommées ou toxiques. roides) (Piqueray et al. 2008 ; Vanderhoeven et La végétation peut, dans le meilleur des cas, al. 2006) et les pelouses ouvertes peuvent être évoluer vers la nardaie. Le surpâturage des impactées par l’extension du séneçon sud-afri- grands herbivores constitue aussi un frein à cain (Senecio inaequidens). la régénération du genévrier (Delescaille & Frankard 2015). 5.5. L’impact de la grande faune Localement, l’activité des lapins de garenne Lorsqu’ils sont présents en grand nombre, les peut modifier la structure et la composition sangliers peuvent causer des dégradations aux floristique des pelouses, favorisant l’extension habitats et aux espèces. La destructuration du d’espèces à caractère rudéral ou nitrophile à tapis végétal sur de grandes surfaces par les proximité des garennes. Le lapin contribue activités de recherche de nourriture favorise aussi, de manière plus positive, à l’entretien éventuellement l’extension d’espèces à carac- de pelouses ouvertes ou à végétation très rase. tère pionnier. La consommation de certaines plantes (notamment des espèces à bulbes ou

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5.6. Les changements climatiques Des groupes faunistiques faisant déjà l’objet de suivis par ailleurs (papillons diurnes, rep- Les effets du changement climatique, déjà per- tiles, oiseaux) devraient également être inté- ceptibles, seront certainement plus marqués grés dans les évaluations futures de la compo- encore dans les années futures. Selon les dif- sition spécifique des habitats pastoraux. férents scénarios envisagés, les landes sèches et les pelouses ne figurent pas parmi les plus Les paramètres liés à la structure sont : sensibles, dans la mesure où les espèces qui les 3 pour les pelouses pionnières (HIC 2330, constituent sont adaptées à la sécheresse ou 6110, 6120), la présence de sol nu néces- sont originaires de régions plus méridionales saire à leur existence et, pour les autres (Natural England & RSPB 2014 ; Schlum- habitats, nécessaire à la régénération de precht et al. 2011). Elles pourraient cepen- nombreuses espèces végétales incapables dant devenir plus sensibles à l’envahissement de germer et de s’installer dans un tapis vé- par des espèces exotiques (Schlumprecht et al. gétal fermé. La présence de substrat nu est 2011). Par contre, les espèces montagnardes également indispensable à la reproduction (essentiellement présentes dans les nardaies de certaines espèces animales typiques ; et landes des hauts plateaux de l’Ardenne) 3 pour les landes sèches (HIC 4030), la pré- pourraient être plus fortement impactées. Les sence des divers stades d’évolution de la principales interrogations concernent leur callune qui donne des indications sur les capacité à migrer si nécessaire, alors que les « stations relais » sont rares et très isolées les unes des autres. © Lionel Wibail 6| Principes d’évaluation des struc- tures et fonctions

Les critères généraux utilisés pour évaluer les structures et fonctions sont présentés dans l’intro- duction générale. Ils sont déclinés en indicateurs spécifiques aux différents habitats pastoraux.

Les paramètres liés à la composition spécifique du milieu sont, en règle générale pour tous les habitats pastoraux, le nombre et le recouvre- ment des espèces végétales diagnostiques (ca- ractéristiques et compagnes). Pour les pelouses calcicoles (HIC 6210), la présence, la diversité et l’abondance des populations d’orchidées in- terviennent dans la détermination du caractère prioritaire ou non de l’habitat.

Le nombre et le recouvrement des espèces typiques interviennent dans l’évaluation des pelouses calcaires

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possibilités de régénération de l’habitat 7| Mesures de gestion et de res- (Barclay-Estrup & Gimingham 1969 ; Gi- tauration mingham 1992) ; 3 pour les fourrés à genévrier commun (HIC 7.1. Gestion courante 5130), la présence de semis et de jeunes ar- bustes de genévrier . 7.1.1. Les pelouses pionnières (HIC 2330, 6110, 6120) Les paramètres qui suivent indiquent une perturbation du fonctionnement des habi- tats et donc une dégradation de leur état de La gestion des pelouses pionnières consiste conservation : à conserver les perturbations naturelles ou 3 la présence et le recouvrement d’espèces anthropiques du substrat qui permettent indicatrices d’eutrophisation. Les valeurs leur subsistance : remodelage des dunes par indicatrices des espèces pour ce paramètre le vent, piétinement, érosion, exploitation sont reprises d’Ellenberg et al. (1991) ; de matériaux à petite échelle (Warren et al. 3 la présence et le recouvrement d’espèces 2007). rudérales, indicatrices de perturbation du substrat (autre que les perturbations néces- Le pâturage, qui assure la présence de sol nu saires à l’existence de certains habitats) ; indispensable au maintien des communau- 3 le recouvrement excessif d’espèces indica- tés végétales (Jentsch & Beyschlag 2003 ; trices d’enfrichement (Brachypodium pin- Schwabe & Kratochwil 2009), est certai- natum, Bromus erectus, Sesleria caerulea en nement un des moyens de gestion les plus « pelouse calcicole ; Molinia caerulea, Cala- naturels ». Etant donné les surfaces souvent magrostis epigejos, Deschampsia flexuosa, limitées des sites et leur rareté, l’impact sur Poa chaixii, Pteridium aquilinum dans les certaines espèces sensibles ou particulière- landes, les pelouses sur sable ou les nar- ment rares et menacées doit néanmoins en- daies) ; core être évalué et l’intensité du piétinement 3 le recouvrement excessif d’espèces ligneuses doit être limitée par l’utilisation d’animaux (autres que le genévrier). Les valeurs seuils légers (ovins ou caprins rustiques), surtout pour ce paramètre peuvent différer d’un sur les substrats rocheux. Par contre, l’utili- habitat à l’autre, selon l’intérêt (ou non) de sation d’animaux plus lourds (ânes, chevaux, la présence d’une strate ligneuse (notam- bovins), éventuellement en association avec ment pour les espèces de la faune) ; des animaux plus légers (chèvres, moutons), 3 la présence et le recouvrement d’espèces paraît plus efficace sur les substrats sableux exotiques. (Lammot et al. 2005 ; Süss & Schwabe 2007).

Par ailleurs, les modes de gestion des habitats associés (landes ou pelouses calcicoles) sont généralement favorables aux pelouses pion- nières.

40 Les parcours pastoraux © Séverin Pierret © Séverin © Louis-Marie Delescaille

Pelouse sur sables calcarifères entretenue par des ânes Gestion de lande humide par pâturage bovin © Lionel Wibail

Lande entretenue par fauche (aérodrome de Saint-Hubert)

7.1.2. Les landes humides (HIC 4010) Ce mode d’exploitation n’existe plus et d’autres techniques doivent être mises en Les landes humides étaient traditionnelle- œuvre pour limiter l’extension de la molinie, ment utilisées comme parcours pour le bétail une graminée sociale favorisée par l’abandon ou pour la production de litière, avec fauche du milieu. Le fauchage ou le pâturage à faible de la végétation herbacée et ligneuse et ratis- charge sont deux techniques qui permettent sage des sphaignes (stiernage). Elles étaient de limiter le vieillissement de la lande mais occasionnellement étrépées et parfois culti- il paraît nécessaire, au moins occasionnelle- vées pendant une ou deux saisons. L’étrépage ment, de réduire la quantité de litière accu- consiste à décaper la végétation herbacée et la mulée au sol (Hampton 2008). Le brûlage couche d’humus sous-jacente. Il permettait dirigé donne de bons résultats, pour autant aux espèces des tourbes dénudées (voir HIC qu’il soit réalisé lorsque la végétation est en- 7150 - habitats tourbeux) de se développer core humide (Symes & Day 2003). Il s’agit avant que la lande ne se reconstitue jusqu’au néanmoins d’une technique à utiliser avec prochain cycle. discernement au risque de favoriser l’exten- sion de la molinie. Ailleurs, l’étrépage mé-

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Troupeau de chèvres et moutons sur les hauteurs de La Roche-en-Ardenne. Carte postale non datée (début du XXe siècle) ; collection L.-M. Delescaille canique est également utilisé avec succès En Ardenne, les landes étaient généralement (Frankard 2006, 2012). cultivées après que la litière eut été décapée, séchée et mise à feu (technique de l’écobuage) 7.1.3. Les landes sèches (HIC 4030) (Dumont 1975 ; Hoyois 1949 ; Noirfalise 1983). Les cendres étalées apportaient une maigre La gestion des landes sèches était assez sem- fertilisation permettant un court cycle (géné- blable à celle des landes humides. Néanmoins, ralement une seule année) de cultures frugales la callune est un arbrisseau vivace à durée de (seigle, sarrasin) avant que la lande ne se réins- vie limitée qui produit une litière particuliè- talle. rement acide (humus brut) sur laquelle il ne peut se régénérer. Il est donc indispensable Dans certaines régions d’Europe, les bergers d’éliminer régulièrement cet humus brut. régénéraient la lande par brûlage dirigé, ce qui relançait le cycle d’évolution de la végétation et Dans les landes sur sable (Campine, nord de fournissait au bétail des pousses de bruyère plus l’Allemagne, Pays-Bas), l’humus brut était dé- appétantes. capé pour être utilisé comme litière dans les étables et les bergeries. Enrichi des excréments Sur les sols sableux, la mise à nu du substrat mi- du bétail, il servait à amender les cultures. La néral permettait de régénérer les pelouses pion- répétition séculaire de ce traitement a modifié le nières (HIC 2330) qui, lorsque la bruyère est relief régional, créant des alternances de terrains bien développée, ne se maintiennent que dans en dépression (les landes) et de terrains en relief les zones piétinées ou surpâturées. (les cultures) (Tüxen 1975).

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Ce mode d’entretien n’est pratiquement plus régénérer. Dans ce cas, le passage par un stade possible aujourd’hui et d’autres techniques boisé permet à la végétation arborescente de doivent être utilisées pour obtenir le même ramener vers la surface des éléments miné- résultat. Elles doivent être adaptées suivant le raux profondément enfouis dans le substrat contexte (localisation, voisinage, financement) (Nielsen & Strandberg 2013). et les contraintes associées à la protection d’es- pèces particulières (Gathy & Schmitz 1990). 7.1.4. Les pelouses calcicoles et les nar- daies (HIC 6210, 6230) Le pâturage, le fauchage et le brûlage dirigé sont trois techniques qui peuvent être utili- Les pelouses et les nardaies étaient tradition- sées pour l’entretien des landes sèches. Fauche nellement utilisées comme parcours pour le ou pâturage ralentissent le vieillissement de la bétail (Sougnez 1977). Le pâturage paraît callune mais il faut, au moins occasionnelle- donc le mieux à même d’assurer leur entretien ment (tous les 25 à 40 ans), éliminer l’humus lorsqu’il peut être mis en œuvre. Néanmoins, brut, soit par étrépage mécanique, soit par la protection de certaines espèces rares de la mise à feu. Quelle que soit la technique uti- flore ou de la faune impose d’adapter la tech- lisée, il est recommandé de ne traiter qu’une nique, éventuellement avec une fréquence partie d’un site lors de chaque opération, de d’intervention moins élevée (Poschlod & manière à permettre la coexistence des diffé- Wallis de Vries 2002 ; Wallis de Vries et al. rentes phases de vieillissement de la callune 2002). nécessaires pour la survie des espèces ani- males associées. Par exemple, les landes du Dans le cadre de la gestion conservatoire, camp militaire d’Elsenborn sont préventive- les pelouses calcicoles sont principalement ment mises à feu en mars (début avril), ce qui entretenues par des troupeaux de moutons, correspond, dans cette région, à la fin de l’hi- éventuellement accompagnés de chèvres. Les ver. D’autre part, la progression du feu n’est troupeaux séjournent au maximum deux à jamais homogène et il subsiste toujours des trois semaines dans une même parcelle et pra- zones qui ne brûlent pas ou qui sont moins tiquent un pâturage intensif mais de courte intensément touchées au sein des périmètres durée. La période et la fréquence de passage traités (Frankard 2014 ; Symes & Day 2003). des troupeaux dépendent du type de pelouse et de son état de conservation. Dans les pe- Une rotation sur 10 à 12 ans permet de louses en bon état, un passage printanier ou conserver les différents stades de la lande tout de fin de saison, un an sur deux ou un an en limitant le recru ligneux. Exceptionnelle- sur trois suffit. Dans les pelouses enfrichées, ment, des rotations plus longues, intégrant les un ou deux passages par an peuvent s’avé- premiers stades forestiers, peuvent se justifier rer nécessaires pour contrôler les graminées lorsque des espèces patrimoniales sensibles y sociales. Le premier passage au printemps sont liées, notamment le lézard des souches permet de contrôler avec un certain succès (Lacerta agilis) ou l’engoulevent (Caprimulgus le brachypode penné, une espèce peu appé- europaeus) (Gimingham 1992 ; Symes & Day tée en dehors de cette période (Delescaille, 2003) ou lorsque l’acidification du substrat 2005). En passant d’une parcelle à l’autre, les est telle que même la callune ne peut plus se animaux assurent la dispersion des diaspores

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Régénération cyclique des landes sèches à callune (Calluna vulgaris)

1 Phase pionnière : recolonisation progressive par la callune issue de semis ou de rejets de souche

Pelouses pionnières 2 Phase édificatrice : croissance à espèces annuelles Régénération par incendie vigoureuse et fort recouvrement (Corynephorion / Thero-Airion) de la callune

Étrépage ou écobuage (éventuellement mise en culture pendant 1-3 ans)

4 Phase de dégénérescence : 3 Phase de maturité : début accumulation d’humus brut ; d’accumulation d’humus brut ; dégénérescence de la callune buissons à large développement et extension éventuelle de lichens

Phase d’abandon : disparition de la callune et extension Phase d’abandon : installation éventuelle de la canche flexueuse, de fourrés à genévriers de la fougère aigle ou de la molinie

Installation de fourrés de recolonisation à genêt à balais, sorbier des oiseleurs, bouleaux

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Le cycle de la lande à callune

La durée de vie des buissons de la callune est de l’ordre de 25 à 30 ans. Au-delà de ce terme, elle dépérit et se régénère difficilement en raison de l’accumulation d’humus brut.

Le cycle biologique de la lande peut être décrit en 4 phases : pionnière, édificatrice, de maturité et de dégénérescence.

1 La phase pionnière est la période de l’éta- 3 La phase de maturité correspond à une blissement et du début du développement. Elle période qui s’étale sur 10-20 ans. Les indivi- dure un à deux ans. À ce stade, la callune se dus de callune y atteignent une hauteur de 60 présente sous une forme pyramidale et fleurit à 80 cm. Leur croissance ralentit et ne se fait un an après la germination. À la fin de cette plus que par des rameaux courts. Ils perdent phase, elle mesure environ 25 cm et couvre en- leurs branches inférieures suite à l’ombrage. viron 10 % du sol. 4 La phase de dégénérescence est atteinte 2 La phase édificatrice se déroule sur 3 à après 20 à 25 ans. Les branches se dessèchent 4 ans. Au cours de cette phase, la distinction progressivement et s’affaissent du centre à la entre rameaux courts et rameaux longs ap- périphérie et forment un trou laissant la lu- paraît clairement et les plants de callune ont mière arriver au sol. Au contact du sol, les l’aspect d’une sphère. Les individus atteignent branches peuvent se marcotter. Les individus 50 cm de haut et couvrent plus de 90 % du de callune couvrent souvent moins de 40 % sol à la fin de cette phase. C’est la phase de du sol. Les trous laissés par les bruyères mortes croissance la plus vigoureuse et les floraisons sont des opportunités pour d’autres espèces y sont maximales. de s’établir, que ce soit des espèces des landes ou non, ou encore des semis d’arbustes. Ce- pendant, l’acidité du substrat ne permet bien souvent qu’à des lichens ou des bryophytes de s’installer. Localement, un couvert dominé par la canche flexueuse (Deschampsia flexuo- sa), la fougère-aigle (Pteridium aquilinum) ou la molinie (Molinia caerulea) peut remplacer la lande (Gimingham 1972).

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Les différentes phases de développement de la callune

1 Phase pionnière © René Dahmen 2 Phase édificatrice© Louis-Marie Delescaille 3 Phase de maturité © Jean Fagot 4 Phase de dégénérescence © Lionel Wibail

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et, de ce fait, participent au maintien de la doit aussi être évitée lorsque les pelouses sont connectivité entre les populations d’espèces colonisées par des espèces qui ne le supportent isolées (Rico et al. 2012). pas, comme le genévrier commun ou les es- pèces d’orchidées dont les rosettes de feuilles Dans les parcelles trop petites ou contenant se développent en automne ou au tout début des espèces sensibles au pâturage, la fauche du printemps. avec exportation de la litière permet d’obte- nir les mêmes résultats. L’époque de fauche En nardaie, le même type de pâturage peut est adaptée en fonction des espèces à favoriser être préconisé, éventuellement avec des bo- ou à protéger. Cependant, en raison des dif- vins rustiques, mais les surfaces pâturables ficultés de mécanisation, surtout en terrains sont peu importantes, souvent enclavées en rocailleux, cette technique est réservée à des forêt ou au sein de vallées humides. petites parcelles (Delescaille 2005, 2006). Le brûlage dirigé permet aussi d’entrete- La technique du brûlage dirigé n’est pas indi- nir les nardaies (Frankard 2014 ; Frankard quée pour l’entretien récurrent des pelouses & Dahmen 2016 ; Schumacker 1978). Uti- calcicoles car il induit une profonde modifi- lisé en rotation sur une période de 10 à 12 cation de la structure de la végétation et tend ans, son impact sur la faune semble limité, à favoriser le brachypode penné (Kahmen & voire favorable pour certaines espèces. Par Poschlod 2004 ; Zimmermann 1977). Par exemple, Decticus verrucivorus est une espèce contre, utilisé occasionnellement, au début de sauterelle rare en dehors du camp militaire du printemps, il permet de réduire la quantité d’Elsenborn. Alors que les nardaies y sont en- de litière accumulée au sol et fournit aux trou- tretenues par brûlage dirigé, il n’est pas rare peaux une herbe plus appétente. d’observer les adultes en train de pondre juste après le passage du feu. La fauche est égale- Afin d’éviter des dégâts à la faune, les par- ment une alternative lorsqu’elle peut être mé- celles ne sont jamais entièrement pâturées, canisée. fauchées ou incendiées. L’utilisation du feu © René Dahmen © René © Louis-Marie Delescaille

Entretien de nardaie par fauche Pelouse calcicole gérée par pâturage ovin

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7.1.5. Les fourrés à genévrier commun La réussite à long terme de la restauration dé- (HIC 5130) pend cependant de plusieurs facteurs :

Dans une grande partie de son aire euro- 3 la possibilité de reconstituer des conditions péenne, la survie du genévrier est étroite- microclimatiques (lumière, ensoleillement) ment liée à l’existence des parcours pasto- et édaphiques (teneur en éléments nutri- raux (Ellenberg 1996 ; Ward 2007 ; Ward & tifs) en adéquation avec l’habitat-cible ; Shellswell 2017). Cette espèce a une durée de 3 la possibilité de restaurer le régime hydro- vie qui ne dépasse probablement pas 50 à 70 logique (dans les landes humides) ; (100) ans dans nos régions (Ward 1982) et 3 l’existence d’une banque de graines dans elle ne peut subsister à long terme que si les le sol et/ou la présence de végétations ty- conditions nécessaires à sa régénération sont piques à proximité de la zone restaurée présentes à intervalles de temps réguliers. (apport de graines par le vent, les oiseaux, Cependant, ses graines, disséminées par les le ruissellement de l’eau, les herbivores). oiseaux, sont incapables de germer à l’ombre À défaut, l’apport de foin, de graines mois- des massifs ou dans la végétation dense. Par sonnées ou de plantes cultivées au départ contre, elles germent facilement sur les sols de sites donneurs permet de pallier à l’ab- dénudés par le surpâturage. À cette période sence de graines locales. de surpâturage nécessaire à la germination des graines doit succéder une période d’aban- 7.2.1. Les pelouses pionnières et les don ou de réduction de la charge animale pelouses ouvertes (HIC 2330, 6110, pendant laquelle les jeunes plantules peuvent 6120, 6130) se développer sans risquer d’être abrouties ou piétinées (Fitter & Jennings 1975). Les pelouses pionnières des substrats sableux 7.2. Restauration (HIC 2330 et 6120) sont en situation cri- tique en Wallonie et ne sont que rarement en connexion avec d’autres habitats pastoraux. Une proportion importante des parcours Elles ne pourront être conservées que moyen- pastoraux qui subsistent en Wallonie étant nant un important effort de restauration, dans un état de dégradation important, leur dans des zones où le substrat est favorable maintien à long terme n’est possible que si (sablières et carrières de grès abandonnées, des actions importantes de restauration sont notamment). Leur restauration nécessite entreprises. Certains d’entre eux ont déjà fait souvent un déboisement ou un débroussail- l’objet de travaux conséquents dans le cadre lement préalable et un décapage de la couche de la gestion des réserves naturelles et/ou superficielle du sol pour ramener du sable nu grâce à des co-financements européens, no- à la surface et permettre aux espèces typiques tamment au travers de projets LIFE, Interreg de se réinstaller au départ de la banque de ou PwDR. Il est utile de noter qu’une res- graines du sol ou avec des graines récoltées tauration permet généralement de cibler plu- dans des sites donneurs. sieurs habitats simultanément, raison pour la- quelle ils ont été regroupés dans ce point 7.2. La restauration des pelouses pionnières à or-

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pins (HIC 6110) doit s’envisager dans le cadre de la conservation des pelouses calcicoles

(HIC 6210), des parois rocheuses (HIC 8210) © Lionel Wibail ou des éboulis (HIC 8160) au sein desquelles elles se maintiennent. Elle doit également être envisagée là où les conditions de milieu sont particulièrement favorables, notamment dans les anciennes carrières. Dans le premier cas, il peut suffire de ramener la lumière au sol en déboisant ou en débroussaillant les stations où se maintiennent les espèces. Dans le se- cond cas, il peut s’avérer nécessaire de réintro- duire les espèces au départ de sites donneurs proches.

Les pelouses calaminaires sont relativement stables lorsque la teneur en métaux lourds du sol est importante. Localement, le lessivage des éléments toxiques peut enclencher une dynamique défavorable à leur maintien. Dans ce cas de figure, le décapage de la couche su- Réintroduction en nature de l’immortelle des sables perficielle du sol permet de ramener un subs- (Helichrysum arenarium) - réalisation du Life Herbages trat adéquat à la surface et de relancer la dy- en collaboration avec le Jardin botanique de Meise namique végétale (Hermanns & Ertz 2011). Afin d’augmenter les chances de maintien avec une forte charge instantanée dans des en- de cet habitat et de garantir la survie à long clos, pâturage extensif en parcours. terme des espèces typiques, l’étalement de remblais calaminaires dans des sites adéquats L’étrépage donne les meilleurs résultats pour peut s’avérer nécessaire. autant qu’il ne soit pas réalisé à trop grande profondeur pour profiter de l’existence d’une 7.2.2. Les landes humides (4010) banque de graines permanente. Par la suite, un pâturage ou un fauchage occasionnel Les landes humides sont fréquemment reboi- permet d’entretenir les milieux restaurés sées à des degrés divers et envahies par la mo- (Frankard 2006). Cet habitat a bénéficié de linie. Plusieurs techniques de restauration ont plusieurs projets LIFE sur les hauts plateaux été envisagées et testées pour limiter l’exten- ardennais, avec des surfaces restaurées consé- sion de cette graminée sociale : gyrobroyage quentes, mais leur entretien à long terme doit des touradons suivi d’un pâturage ou d’un être pérennisé. Ces techniques permettent fauchage les années suivantes, étrépage de la également de reconstituer, au moins de ma- végétation de surface et de l’humus tourbeux nière temporaire, les formations pionnières (Frankard 2006, 2012 ; Herremans 1980 ; Jac- des tourbes dénudées (voir HIC 7150 - habi- quemart et al. 2003), pâturage ovin temporaire tats tourbeux).

49 Les parcours pastoraux © Pascal Ghiette © Pascal Ghiette

Lande tourbeuse envahie par la molinie avant (à gauche) et après étrépage (à droite)

la callune, les genêts anglais et velu) consti- tuent des stocks de graines très longévives et peuvent reparaître après une exploitation fo- © Jean-Yves Baugnée © Jean-Yves restière (Allison & Ausden 2006 ; Granström 1998) ou un étrépage. Sur le substrat mis à nu, les nombreuses graines enfouies dans le sol peuvent germer et reconstituer la lande en passant éventuellement, sur les sables acides, par un stade transitoire de pelouse pionnière (HIC 2330), pour autant que les espèces carac- téristiques soient encore présentes à proximité. Crossage de fougères-aigles (Pteridium aquilinum) en lande sèche Dans les grandes landes de Campine, des Pays- Bas, d’Allemagne et d’Angleterre, l’étrépage 7.2.3. Les landes sèches (4030) s’effectue mécaniquement, à l’aide de machines récolteuses qui décapent la végétation et la Seules les landes sèches situées dans les camps couche d’humus brut (Boon 1990). Le brûlage militaires d’Elsenborn et de Lagland occupent dirigé constitue une alternative à la gestion encore des surfaces permettant à la majorité mécanique lorsque celle-ci n’est pas possible ou des espèces végétales et animales inféodées à trop coûteuse ; elle est régulièrement utilisée ces milieux de subsister. Pratiquement partout dans le camp militaire d’Elsenborn (Frankard ailleurs, elles sont de faible taille, dépérissantes & Dahmen 2016 ; Schumacker 1978). (vieux buissons de callune qui ne se régénèrent plus), envahies par des espèces sociales (canche La restauration de landes sèches au départ de flexueuse, fougère-aigle, molinie) et plus ou terres agricoles sableuses semble également moins reboisées, parfois par des espèces inva- possible. Elle nécessite généralement un dé- sives (cerisier tardif, rhododendron pontique, capage de la couche arable mettant le sable robinier). à nu et l’épandage de litière et/ou de graines récoltées dans des sites donneurs (Bossuyt & Les arbrisseaux caractéristiques de la lande (e.a. Hermy 2003).

50 Les parcours pastoraux ©Yvan Barbier ©Yvan © Louis-Marie Delescaille

Débroussaillage mécanique en pelouse calcicole Débroussaillage manuel en pelouse calcicole 7.2.4. Les pelouses calcicoles (6210) enfrichées mais son action est plus lente en raison de la faible appétence du brachypode Etant donné la régression et la fragmentation penné, l’espèce la plus problématique (De- subies par cet habitat au cours des dernières lescaille 1999, 2006). Toutefois, un pâtu- décennies, des restaurations ont été entre- rage continu à forte charge permet de faire prises dans les sites protégés, afin d’augmenter régresser cette espèce au profit des graminées leur taille et leur connectivité. Plusieurs pro- à feuilles fines, Festuca lemanii et Koeleria jets LIFE ont permis d’augmenter de manière macrantha, notamment (Dutoit et al. 1995). sensible ces deux paramètres (Piqueray et al. Il permet aussi de réduire les rejets ligneux, 2005) mais il subsiste des possibilités de res- même s’il ne parvient pas à les éliminer tota- tauration qui devraient être mises en œuvre lement. Pour limiter ces derniers, un contrôle pour conforter et compléter le réseau actuel mécanique occasionnel reste donc indispen- (Delescaille et al. 2016). sable (Delescaille 2007).

La restauration au départ de pelouses enfri- La restauration de pelouses au départ de boi- chées ou embroussaillées nécessite un déboi- sements résineux ou feuillus a été largement sement préalable et une action forte sur le documentée (Bisteau & Mahy 2005 ; Deles- tapis herbacé envahi par des espèces sociales. caille 2006, 2007 ; Delescaille et al. 2016 ; Pi- La fauche avec exportation de la litière répétée queray et al. 2010). Peu d’espèces de pelouses au moins deux fois par an pendant plusieurs constituant des banques de graines perma- années fait régresser ces espèces et permet aux nentes, le succès des restaurations est surtout espèces de petite taille de se régénérer, pour conditionné par l’existence à proximité de autant qu’elles aient subsisté à l’état végétatif pelouses en bon état assurant un apport de (Bobbink & Willems 1993 ; Delescaille 2001, graines disséminées de proche en proche par 2006). La germination des espèces présentes le vent ou dispersées par les animaux (Bis- dans la banque de graines du sol est favori- teau & Mahy 2005 ; Delescaille et al. 2006). sée par le retour de la lumière au sol. Après Lorsque ces pelouses en bon état font défaut, quelques années, l’entretien peut être assuré il est nécessaire d’introduire les espèces par par pâturage ovin. Ce dernier est aussi utilisé épandage de foin ou par semis de graines ré- dans le cadre de la restauration des pelouses coltées dans des sites donneurs ou produites

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1 Restauration de pelouse après déboisement sur le plateau des Abannets (Nismes) après 1 an © Louis-Marie Delescaille 2 La même coupe après 2 ans © Louis-Marie Delescaille 3 La même coupe après 4 ans © Louis-Marie Delescaille

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1 Brûlage dirigé de lande dégradée © René Dahmen 2 Floraison de l’arnica (Arnica montana) après brûlage dirigé en nardaie dégradée © René Dahmen 3 Jonquilles (Narcissus pseudonarcissus) dans une nardaie restaurée par fraisage © René Dahmen

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en pépinière. En raison du couvert forestier L’épandage de foin ou de graines et/ou la parfois ancien, le développement de ronces et plantation d’espèces produites en pépinière d’arbustes est parfois observé, ce qui nécessite (Godefroid & Ensslin 2017) permettent de une action particulière sur ces espèces, par suppléer à leur absence dans la banque de une combinaison de sessions rapprochées et graines du sol. répétées de pâturage et de recépage. 7.2.6. Les fourrés à genévrier commun Par ailleurs, la possibilité de reconstituer des (5130) pelouses après l’exploitation des carrières de roche calcaire devrait être systématiquement La restauration des fourrés à genévrier com- envisagée. Elle est possible lorsque sub- mun est assez complexe. Lorsque les popula- sistent à proximité des pelouses en bon état tions qui subsistent sont encore florissantes, (Bradshaw 1997 ; Pitz et al. 2018 ; Tropek et la mise à nu du substrat à proximité des pieds al. 2010) ; si ce n’est le cas, l’apport de foin ou femelles permet d’observer des semis, pour de graines récoltées dans des sites donneurs autant que la pression de pâturage, surtout du peut y suppléer. Il est aussi possible de recréer grand gibier, ne soit pas trop forte (Delescaille des pelouses au départ de sols cultivés, éven- 2015 ; Delescaille & Frankard 2015 ; Franka- tuellement après décapage de la couche super- rd 2004). Le substrat adéquat pour la germi- ficielle de sol et avec épandage de foin ou de nation est obtenu par étrépage superficiel du graines issus de sites donneurs (Kiehl et al. sol ou lors de la coupe de fourrés et de gros 2006, 2010). arbres sous lesquels la végétation herbacée a disparu. Lorsque les buissons sont âgés et peu 7.2.5. Les nardaies (6230) fertiles, la régénération est absente ou insuffi- sante pour permettre le maintien à long terme Les nardaies se développent en mosaïque ou de l’habitat. Dans ces conditions, la plantation dans le même contexte pédologique et clima- d’arbustes obtenus par semis ou par boutures tique que les landes sèches ou humides, dont est la seule solution envisageable (Delescaille elles constituent fréquemment un faciès sur- & Frankard 2015). Cette technique, réguliè- pâturé ou fauché (Galvánek & Janák 2008). rement utilisée dans les régions ou pays voisins Leur restauration s’inscrit donc dans le cadre (Broome 2003 ; Gruwez et al. 2010 ; Hüppe de la restauration des landes. Comme ces der- 1995), est également mise en oeuvre pour la nières, elles ont bénéficié de plusieurs projets régénération de genévrières en Wallonie (De- LIFE et des surfaces conséquentes ont été res- lescaille & Frankard 2018 - non publié). taurées. Afin d’en conserver le bénéfice, leur entretien par pâturage ou fauchage doit être pérennisé.

L’étrépage ou le brûlage dirigé sont des tech- niques de restauration adéquates pour cet habitat, comme le démontrent les résultats obtenus sur les nardaies du camp militaire d’Elsenborn (Frankard & Dahmen 2016).

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Mesures de restauration des fourrés à genévrier

1 Élimination des arbres et mise à nu du substrat 2 Régénération naturelle sur site restauré 3 Boutures de genévriers en pépinière Toutes les photos © Louis-Marie Delescaille

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FICHES DESCRIPTIVES

56 Les parcours pastoraux © Xavier Janssens © Xavier

FICHES DESCRIPTIVES

57 © Jean-Louis Gathoye Les parcours pastoraux 58 Les parcours pastoraux

Les pelouses pionnières sur sables acides (2330)

1| Définitions WALEUNIS : E1.93 - Pelouses à Corynepho- rus canescens 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat Syntaxonomie : Alliance du Corynephorion canescentis Klika 1931 L’ habitat 2330 correspond à des pelouses ins- 3 groupement à Corynephorus canescens tallées sur des substrats sableux pauvres, secs et 3 groupement à Agrostis vinealis et Festuca acides. Il regroupe des pelouses pionnières ou- filiformis vertes, à corynéphore (Corynephorus canescens) et des pelouses plus fermées, surtout caractéri- 2| Caractéristiques diagnostiques sées par l’agrostis des sables (Agrostis vinealis) de l’habitat et la laîche des sables (Carex arenaria).En Wal- lonie, son existence est liée à des perturbations 2.1. Structure, physionomie géné- d’origine anthropique (exploitation du sable, rale, description générale piétinement, activités militaires) ou à l’activi- té des animaux. Il s’agit d’un habitat très rare, Les pelouses pionnières sur sables acides re- dont les seules stations connues sont limitées à levant de l’habitat 2330 sont associées aux la région sablo-limoneuse (Brabant, Campine systèmes dunaires intérieurs d’origine fluvia- Hennuyère) et à la Lorraine. tile mais, secondairement, et c’est le cas en Wallonie, elles se développent sur des sables 1.2. Synsystématique non fixés, mis à jour et maintenus mobiles par l’activité humaine (sablières encore en exploi- Les pelouses relevant de l’habitat 2330 ont tation, talus routiers, champs d’exercices mi- été classées dans l’alliance du Corynepho- litaires) ou par l’activité des animaux, parti- rion canescentis Klika 1931 par Lebrun et al. culièrement des lapins et du bétail lorsque les (1949). Ces auteurs ont notamment reconnu pelouses sont pâturées. Ces pelouses, souvent une association à Corynephorus canescens ty- riches en espèces annuelles, en bryophytes et pique des sables mobiles et une association à en lichens, ont des affinités écologiques et flo- Agrostis vinealis et Festuca filiformis succédant ristiques avec les pelouses pionnières des sables à la première par fixation du substrat. calcarifères (HIC 6120) dont elles peuvent dériver par lessivage du calcaire (Bournérias 1.3. Correspondances entre les typo- et al. 2001 ; Julve 1993 ; Oberdorfer 1993). logies Elles se rencontrent également dans les landes sèches, le long des sentes et des pistes où le PAL.CLASS. (CORINE) : 35.23 - Pelouses substrat est régulièrement remanié. du Corynephorion EUNIS : E1.93 - Pelouses à Corynephorus Sur les sols en place, le sable est fréquemment canescens de teinte claire en raison du lessivage des élé-

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ments minéraux et repose sur un horizon hu- mo-ferrique en profondeur (sol podzolique). Il est pauvre en éléments nutritifs et en cal- © Lionel Wibail caire, avec un pH inférieur à 5.

La physionomie et la structure biologique des pelouses évoluent selon les phases dyna- miques. Dans la phase pionnière, la végéta- tion est très ouverte et son recouvrement va- rie entre 10 et 50 %. Elle se caractérise par les petites touffes éparses de corynéphore et, lorsqu’il est présent, de laîche des sables, ac- compagnées d’une forte proportion d’espèces annuelles (thérophytes). Dans la phase opti- male, l’extension de la végétation (spermato- phytes et bryophytes) fixe le sable et favorise l’installation progressive des hémicrypto- phytes14 ou des chaméphytes15 pérennes. Dans la phase finale, la strate des bryophytes et des lichens (entre autre Cladonia div. sp.) se ferme (recouvrement de 90 à 100 %) et s’accompagne de la disparition des espèces Pelouse relictuelle (sablière de Champ’taine à Chau- annuelles. La formation s’enrichit en plantes mont-Gistoux) vivaces (l’agrostis des sables, entre autres) et le corynéphore tend à régresser. La présence des pelouses pionnières acidiphiles : Aira ca- des différents stades est nécessaire au main- ryophyllea, A. praecox, Filago minima, Jasione tien de l’ensemble du cortège floristique de montana, Ornithopus perpusillus, Rumex ace- l’habitat. La physionomie de la communauté tosella, Scleranthus annuus, S. perennis, Tees- végétale subit également de fortes fluctuations dalia nudicaulis, Trifolium arvense. saisonnières avec une floraison prévernale et vernale, généralement discrète. Les variantes stabilisées sont en outre carac- térisées par des espèces de pelouses ou de 2.2. Espèces diagnostiques prairies maigres (Agrostis capillaris, Festuca (d’après Bournérias et al. 2001 ; Lebrun et al. filiformis, pilosella, Holcus lanatus, 1949 ; Oberdorfer 1993) Luzula campestris, Thymus pulegioides) ou des espèces de landes (Calluna vulgaris, Carex pi- Les espèces caractéristiques régionales du Co- lulifera, Genista pilosa) qui annoncent l’évo- rynephorion canescentis sont Agrostis vinealis, lution ultérieure du groupement, soit vers des Carex arenaria (Hainaut) et Corynephorus pelouses acidiphiles (HIC 6230), soit vers les canescens, auxquelles se joignent des espèces landes (HIC 4030).

(14) Hémicryptophytes : plantes dont les bourgeons persistant l’hiver sont situés au niveau du sol. (15) Chaméphytes : plantes dont les tiges aériennes portent des bourgeons persistant l’hiver et qui sont situés à moins de 50 cm de hauteur. Les tiges peuvent être dressées ou plus ou moins couchées sur le sol.

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1 Canche caryophyllée (Aira caryophyllea) © Lionel Wibail 6 Jasione (Jasione montana) © Lionel Wibail 2 Canche précoce (Aira praecox) © Lionel Wibail 7 Pied-d’oiseau délicat (Ornithopus perpusillus) © Pascal Hauteclair 3 Laîche des sables (Carex arenaria) © Lionel Wibail 8 Scléranthe vivace (Scleranthus perennis) © Lionel Wibail

4 Corynéphore (Corynephorus canescens) © Lionel Wibail 9 Téesdalie (Teesdalia nudicaulis) © Lionel Wibail

5 Cotonnière naine (Filago minima) © Lionel Wibail 10 Pied-de-lièvre (Trifolium arvense) © Lionel Wibail

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Diverses espèces de bryophytes, dont Cerato- 2.5. Confusions possibles avec don purpureus, Polytrichum piliferum, P. juni- d’autres habitats perinum, Tortula ruraliformis, et de lichens, en particulier Cladonia div. sp. et Cornicu- En l’absence des espèces caractéristiques, l’ha- laria aculeata, caractérisent les faciès stabi- bitat peut être confondu avec les pelouses sur lisés de ces pelouses. L’espèce de bryophyte sables calcarifères (HIC 6120), en particulier exotique envahissante Campylopus introflexus les groupements sur sable en voie de décar- peut localement investir le groupement et y bonatation. Cependant, les espèces calcicoles former des faciès pauvres en espèces. sont toujours absentes de l’habitat 2330. Un test pH-KCl du sol permet d’éviter la confu- Localement, les graminées Vulpia myuros sion : le pH y a des valeurs de 4 - (5) alors qu’il et Vulpia bromoides peuvent dominer le ta- est situé dans la fourchette (5) - 6-7 pour les pis herbacé, signalant souvent une pertur- pelouses de l’habitat 6120. bation anthropique (anciennes sablières, lieux légèrement eutrophisés). Elles sont Par ailleurs, des pelouses acidiphiles riches en alors accompagnées d’espèces rudérales: espèces annuelles peuvent également se déve- Bromus hordeaceus, Conyza canadensis, lopper sur des substrats rocheux (schistes dé- Oenothera div. sp. lités, par exemple). Ces dernières constituent généralement un faciès atypique ou dégradé 2.3. Variabilité de l’habitat de l’habitat 6110.

Les pelouses relevant de l’habitat 2330 se Les friches post-culturales à agrostis (Agrostis rencontrent sous les deux formes, ouverte div. sp.) sur sables pauvres et acides peuvent (association à Corynephorus canescens) ou fer- également comporter certains éléments floris- mée (association à Agrostis vinealis et Festuca tiques des pelouses à corynéphore, ainsi que filiformis). La première est rare, la seconde les ornières et sables humides occupés par l’est encore plus, en raison de sa rapide évo- une végétation relevant de l’habitat 3130 trai- lution vers des pelouses relevant des nardaies té dans le chapitre relatif aux habitats aqua- (HIC 6230) ou, le plus fréquemment, vers des tiques. (voir HIC 3130 - habitats aquatiques). landes sèches (HIC 4030).

2.4. Répartition géographique

Les pelouses pionnières du Corynephorion sont très rares dans la région atlantique (Bra- bant sablo-limoneux, Campine hennuyère).

Dans la région continentale, elles ne se ren- contrent qu’en Lorraine, principalement dans le camp militaire de Lagland et, de manière beaucoup plus limitée, dans des sablières en exploitation ou récemment abandonnées.

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Carte de distribution connue de l’habitat 2330 en Wallonie © Lionel Wibail

Faciès à jasione ( Jasione montana) et laîche des sables (Carex arenaria)

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2.6. Dynamique de la végétation Si le processus d’érosion est stoppé ou ralen- ti, l’habitat évolue progressivement vers des L’habitat est constitué de communautés pion- pelouses fermées dont la composition les rap- nières et doit son existence à des perturbations proche des nardaies sèches (HIC 6230) (Sou- régulières du substrat. Dans nos régions, les gnez 1977). Elles peuvent également évoluer perturbations qui provoquent la mobilisation vers des landes sèches à callune (HIC 4030) du substrat sont essentiellement anthropiques (Heinemann 1957) (voir le diagramme évolu- et, dans une moindre mesure, liées à l’activité tif des landes sèches). Localement, leur enva- des animaux. Aussi longtemps que les pro- hissement par le genêt à balais constitue une cessus d’érosion restent actifs, la présence de phase de transition vers des forêts acidiphiles l’habitat est permanente. relevant des habitats 9110, 9120 et 9190. © Louis-Marie Delescaille

Transition entre la pelouse pionnière sur sable (à gauche) et la lande sèche (à droite)

64 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail

Dans le camp militaire de Lagland, le passage des engins assure le rajeunissement des pelouses pionnières

65 © Lionel Wibail Les parcours pastoraux 66 Les parcours pastoraux

Les landes humides (4010)

1| Définitions Syntaxonomie : 3 Ericion tetralicis Schwickerath 1933 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat 3 Nardo strictae-Juncion squarrosi (Oberdor- fer 1957) H. Passarge 1964 Les landes humides sont des végétations do- minées par des sous-arbrisseaux, principale- 2| Caractéristiques diagnostiques ment la bruyère quaternée (Erica tetralix) et la de l’habitat callune (Calluna vulgaris), qui se développent sur des sols acides et humides. Les faciès plus herbeux à nard raide (Nardus stricta) et jonc 2.1. Structure, physionomie générale, squarreux (Juncus squarrosus) sont également description générale considérés comme relevant de l’habitat. En Wallonie, on les retrouve en Ardenne, prin- Les landes humides à bruyère quaternée, sous cipalement sur les hauts plateaux, ainsi que, leur forme typique, sont des habitats constitués beaucoup plus ponctuellement, en Lorraine et d’une strate sub-continue de sous-arbrisseaux en Campine Hennuyère. éricoïdes parsemée de touffes irrégulières d’es- pèces graminoïdes vivaces. Elles se développent 1.2. Synsystématique sur des sols humides et acides (podzols sableux gleyifiés, argiles blanches, sols paratourbeux). La végétation des landes humides a été ratta- Des sphaignes (e.a. Sphagnum compactum, S. chée à l’alliance de l’Ericion tetralicis Schwic- molle, S. tenellum) peuvent former de petites kerath et à la classe des Oxycocco-Sphagnetea touffes discontinues entre les arbrisseaux. La par Lebrun et al. (1949). Cette classe regroupe physionomie de ces landes est marquée par les végétations des landes humides et des tour- les éricacées (Erica tetralix, Vaccinium uligi- bières bombées à sphaignes. nosum, Calluna vulgaris) dont la floraison se marque généralement bien, ou par le scirpe 1.3. Correspondances entre les typo- cespiteux (Trichophorum cespitosum subsp. ger- logies manicum) dont les touffes parsèment la lande. L’importance relative des espèces dépend du PAL.CLASS. (CORINE) : 31.11 - Landes hu- contexte biogéographique et des différences mides atlantiques septentrionales dans le régime hydrique et le niveau trophique. EUNIS : F4.11/P-31.11 - Landes humides at- Lorsqu’elles sont pâturées (essentiellement par lantiques septentrionales les cervidés), les landes humides présentent un WALEUNIS : F4.1 - Landes humides à para- faciès plus herbeux, de nardaie à jonc squar- tourbeuses ; E3.5 - Nardaies paratourbeuses reux. Par ailleurs, les formes dégradées ou abandonnées de l’habitat peuvent présenter un recouvrement quasiment continu de molinie.

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2.2. Espèces diagnostiques le développement des espèces de sphaignes édi- (d’après Bensettiti et al. 2002 ; Bournérias et al. 2001 ficatrices de tourbe. ; Depasse et al. 1970 ; De Sloover et al. 1980 ; Lebrun et al. 1949 ; Vanden Berghen 1951) Sur les hauts plateaux ardennais, les landes hu- mides se développent sur les argiles blanches, Les espèces caractéristiques régionales des surmontées ou non d’une couche de tourbe landes humides sont Carex binervis, Erica tetra- (jusqu’à 40 cm d’épaisseur maximum). Le lix, Gentiana pneumonanthe, Juncus squarro- pH varie de 4 à 5. Lorsque le sol minéral est sus, Molinia caerulea, Polytrichum longisetum, seulement recouvert d’une couche organique Sphagnum compactum, S. molle, S. tenellum, de faible épaisseur (lande paratourbeuse), Trichophorum cespitosum subsp. germanicum, Sphagnum compactum est souvent la seule es- Vaccinium uliginosum. pèce de sphaigne présente. Par contre, si l’en- gorgement s’accroît, une couche plus ou moins En fonction des conditions locales, elles sont épaisse de tourbe se forme en surface (lande accompagnées d’espèces de landes ou de nar- tourbeuse). Les sphaignes sont généralement daies (Calluna vulgaris, Genista anglica, Nar- plus nombreuses dans ce cas et la végétation dus stricta, Pedicularis sylvatica, Polygala serpy- peut constituer un terme de passage ou évo- llifolia, Potentilla erecta, Vaccinium myrtillus, luer vers la tourbière bombée (voir HIC 7110 V. vitis-idaea), d’espèces de tourbières et de - habitats tourbeux) lorsque les conditions to- bas-marais tourbeux (Carex div. sp., Eriopho- pographiques le permettent. rum angustifolium, Narthecium ossifragum, Sphagnum div. sp., Vaccinium oxycoccos) ou Outre ce gradient lié à l’épaisseur de la couche encore d’espèces des tourbes dénudées, comme de tourbe existe un gradient climatique, plus Drosera intermedia, D. rotundifolia, Lycopo- atlantique en Campine hennuyère et sur les diella inundata, Rhynchospora alba, R. fusca. hauts plateaux de l’Ardenne et plus continental sur les sables secondaires de Lorraine. 2.3. Variabilité de l’habitat À l’heure actuelle, les landes humides pré- Physionomiquement, les landes humides dans sentent fréquemment des faciès de dégrada- leur état optimal de développement se pré- tion, dominés par la molinie. Cette graminée sentent sous trois variantes : une variante à tend à se propager lorsque le battement de la bruyère quaternée, sur podzol sableux gleyifié, nappe phréatique est important, généralement une variante ardennaise à bruyère quaternée et à la suite de drainages anciens, et constitue des Vaccinium div. sp. sur argiles blanches ou sols peuplements souvent très pauvres en espèces. paratourbeux et une variante d’affinité plus Ces landes dégradées ont un aspect de haute continentale à callune et scirpe cespiteux. prairie vert bleu en été, jaune paille en hiver. Leur végétation est rapportée à la lande tour- Sur substrat sableux, le battement de la nappe beuse si la couche de tourbe ne dépasse pas 40 phréatique atteint ou dépasse la surface. Le sol cm d’épaisseur. Au-delà, elle est rapportée à est acide (pH en surface généralement compris la végétation des tourbières hautes dégradées entre 3,5 et 4,5), inondé au moins une partie (voir HIC 7120 - habitats tourbeux). de l’année, mais il est trop sec pour permettre

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1 Bruyère quaternée (Erica tetralix) © Lionel Wibail 2 Scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum) © Louis-Marie Delescaille 3 Jonc squarreux (Juncus squarrosus) © Annick Pironet 4 Myrtille des loups (Vaccinium uliginosum) © Annick Pironet 5 Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe) © Jean-Louis Gathoye 6 Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica) © Lionel Wibail

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Enfin, les landes humides peuvent présenter lande sèche ou humide se base sur les carac- des faciès plus herbeux (à Juncus squarrosus, téristiques pédologiques et/ou sur la présence Nardus stricta, Pedicularis sylvatica), autrefois d’espèces hygrophiles caractéristiques des largement répandus dans les parcours pasto- landes humides. raux, mais aujourd’hui très souvent réduits à de faibles superficies et liés au surpâturage ou La distinction entre les faciès à molinie qui au piétinement. peuvent indiquer des stades de dégradation de tourbières (HIC 7120), de landes humides 2.4. Répartition géographique (HIC 4010), de landes sèches (HIC 4030), ou encore de prairies humides oligotrophes (HIC 6410) se base avant tout sur un sondage pé- Les landes humides sont très rares en région dologique et une bonne connaissance de l’his- atlantique wallonne et limitées à la Campine torique de l’occupation des sols. Les espèces hennuyère sur sables du Landénien ; plusieurs compagnes permettent généralement de tran- d’entre elles sont situées dans des stations an- cher pour l’une ou l’autre hypothèse. thropiques (anciennes sablières). 2.6. Dynamique de la végétation Dans la région continentale, elles se ren- contrent principalement au sein des grands massifs tourbeux des hauts plateaux ardennais Les landes humides dérivent de déboisements (plateaux de la Croix-Scaille, de Saint-Hu- opérés au détriment de chênaies acidiphiles bert, des Tailles et des Hautes-Fagnes) et, plus sur sols pauvres et humides (HIC 9190) ou du ponctuellement, en Lorraine sur les sables du drainage des tourbières hautes. Sinémurien dans leur faciès déminéralisé dit « sables de Metzert ». Elles étaient autrefois occasionnellement étré- pées, ce qui permettait aux groupements végé- 2.5. Confusions possibles avec taux pionniers des tourbes dénudées du Rhyn- d’autres habitats chosporion de s’installer (HIC 7150), au moins temporairement.

Les landes humides à bruyère quaternée et/ou Elles peuvent évoluer vers des formations plus à scirpe cespiteux ne peuvent être confondues riches en espèces graminoïdes lorsqu’elles sont avec d’autres habitats, si ce n’est avec les tour- régulièrement pâturées (nardaies humides à bières hautes actives (HIC 7110). Dans ce cas, jonc squarreux). Le fauchage, souvent après les espèces de sphaignes édificatrices de tourbe drainage, les fait évoluer vers des prairies hu- et les phanérogames typiques des tourbières mides de fauche du Molinion (HIC 6410). sont présentes et la couche de tourbe dépasse 40 cm d’épaisseur. Lorsqu’elles sont abandonnées, elles sont fréquemment dominées par la molinie et Des faciès dominés par la callune peuvent pré- peuvent se maintenir sous cette forme de très senter une grande similitude physionomique nombreuses années. Avec le temps, des semis avec les landes sèches. La distinction entre de bouleaux et de saules peuvent se développer

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Carte de distribution connue de l’habitat 4010 en Wallonie © Annick Pironet

Lande tourbeuse (Fagne de Malchamps)

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et initier la reconstitution des chênaies-bou- des semenciers sont situés à proximité. Très laies à molinie (HIC 9190), voire des boulaies localement, le reboisement peut être le fait de tourbeuses (HIC 91D0). Des essences exo- fourrés de genévriers, correspondant au très tiques (épicéa, pin sylvestre) peuvent égale- rare habitat 5130. ment se mêler aux essences feuillues lorsque © Louis-Marie Delescaille

Lande à scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum) © Lionel Wibail

Lande dégradée à molinie (Molinia caerulea) (Stambruges)

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Diagramme évolutif de la végétation des landes humides (4010)

Substrats tourbeux décapés avec végétation du Rhynchosporion (HIC 7150)

étrépage

Landes humides (HIC 4010)

colonisation par surpâturage abandon boisement le genévrier

Nardaies humides à jonc squarreux (variante pâturée de l’HIC 4010) fauchage et fauchage et abandon drainage drainage

Prairies de fauche Landes dégradées Fourrés à genévrier du Molinion à molinie commun (HIC 6410) (HIC 4010) (HIC 5130)

boisement boisement

Faciès pionniers des chênaies-boulaies à molinie (HIC 9190) et des boulaies tourbeuses (HIC 91D0)

73 © Lionel Wibail Les parcours pastoraux 74 Les parcours pastoraux

Les landes sèches (4030)

1| Définitions

1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat 3 les landes mésotrophes, acidiclines, à Callu- na vulgaris et Antennaria dioica sur des sols Les landes sèches sont des végétations domi- argilo-caillouteux désaturés, issus de roches nées par des sous-arbrisseaux sur des sols acides siliceuses peu acides (schistes, psammites). secs à frais, issues de déboisements souvent an- ciens. En Wallonie, elles se différencient par Les landes sont actuellement regroupées dans la nature du substrat, très variable (sables po- la classe des Vaccinio myrtilli-Genistetalia pi- dzolisés, sols limono-caillouteux, argilo-cail- losae Schubert 1960 par Bardat et al. (2004), louteux…) et par l’existence d’un gradient cli- les landes submontagnardes à Calluna vulga- matique. Leur aire de répartition est très large ris et Vaccinium div. sp. et les landes subatlan- sur le territoire, mais les plus grandes surfaces tiques à Calluna vulgaris et Genista pilosa au sont situées en Ardenne et en Lorraine, au sein sein de l’alliance du Genisto pilosae-Vaccinion de camps militaires. Ailleurs, elles sont le plus uliginosi Braun-Blanquet 1926 et les landes souvent fragmentaires et se présentent majo- mésotrophes, acidiclines, à Calluna vulgaris ritairement sous forme de faciès dégradés ou et Antennaria dioica au sein de l’alliance du abandonnés, dominés par la canche flexueuse Genistion tinctorio-germanicae de Foucault (Deschampsia flexuosa), la fougère-aigle (Pteri- 1998. dium aquilinum) ou la molinie (Molinia caeru- lea), ou encore sous la forme de faciès boisés. 1.3. Correspondances entre les typo- logies 1.2. Synsystématique PAL.CLASS. (CORINE) : 31.21 - Landes En fonction des données de la littérature et des submontagnardes à Vaccinium sp. ; 31.22 - synthèses réalisées dans les régions voisines, Landes subatlantiques à Calluna vulgaris et trois types de landes sèches peuvent être dif- Genista pilosa ; 31.22B - Landes basiclines férenciés (De Sloover et al. 1975 ; Duvigneaud centre-européennes 1945 ; Heinemann 1957 ; Lebrun et al. 1949 ; EUNIS : F4.2 - Landes sèches Schumacker 1975) : WALEUNIS : F4.2 - Landes sèches ; E1.73 - 3 les landes submontagnardes à Calluna vul- Pelouses à Deschampsia flexuosa garis et Vaccinium div. sp. des hauts plateaux Syntaxonomie : de l’Ardenne, à climat frais et humide, sur 3 Calluno-Vaccinietum vitis-idaeae Büker 1942 des sols bruns acides généralement limo- 3 Calluno vulgaris-Genistetum anglicae Tüxen no-caillouteux, plus ou moins podzolisés ; 1935 3 les landes subatlantiques à Calluna vulgaris 3 Calluneto-Antennarietum (Pfalzgraf 1934) et Genista pilosa sur des sables podzolisés ; Tüxen 1937

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2 | Caractéristiques diagnostiques tile, Genista anglica, G. germanica, G. pilosa, de l’habitat Huperzia selago, Lycopodium clavatum, Poly- gala serpyllifolia, Vaccinium myrtillus, V. vi- 2.1. Structure, physionomie géné- tis-idaea. rale, description générale Elles sont accompagnées de bryophytes (Di- cranum div. sp., Polytrichum div. sp.) et de Les landes sèches ont, dans leur stade opti- lichens (Cladonia div. sp.). Dans les landes mal de développement, une végétation domi- mésotrophes, on peut également rencontrer née par des sous-arbrisseaux (callune, genêts, Genista tinctoria et Genistella sagittalis. myrtilles). Elles se rencontrent sur une grande variété de sols secs à frais, à réaction acide et Les espèces compagnes sont des espèces : pauvres en éléments nutritifs. En fonction de 3 de pelouses silicicoles pionnières, Agrostis l’intensité du pâturage, elles alternent avec des vinealis, Corynephorus canescens, Jasione plages herbeuses surpâturées (nardaies) voire, montana, Ornithopus perpusillus, Rumex sur les sables acides, avec des zones à sol dénu- acetosella ; dé où peuvent se développer des pelouses pion- 3 de pelouses maigres et de nardaies, Agrostis nières (HIC 2330). capillaris, Antennaria dioica, Arnica monta- na, Danthonia decumbens, Festuca filiformis, Leur pérennité dépend actuellement de tech- Hieracium pilosella, H. umbellatum, Luzu- niques particulières d’entretien ayant pour la campestris, L. multiflora, Nardus stricta, principal objectif d’éliminer régulièrement Meum athamanticum, Potentilla erecta ; l’épaisse couche d’humus brut qui se déve- 3 d’ourlets et de fourrés, Cytisus scoparius, loppe sous les callunes et qui limite la régéné- Frangula alnus, Hieracium div. sp., Juni- ration. perus communis, Melampyrum pratense, Orobanche rapum-genistae, Teucrium scoro- Lorsque la gestion est abandonnée, ce qui est donia. fréquent, la lande se dégrade et présente alors des faciès dominés par la canche flexueuse Dans les landes mésotrophes, on rencontre en (Deschampsia flexuosa), la fougère-aigle (Pte- outre des espèces de pelouses sèches, dans les ridium aquilinum) ou la molinie (Molinia variantes sur sols bien drainés (Brachypodium caerulea). pinnatum, Carex caryophyllea, Helianthemum nummularium, Potentilla verna, Thymus 2.2. Espèces diagnostiques pulegioides), ou des espèces de prairies oli- (d’après Bensettiti et al. 2005 ; De Sloover et al. gotrophes humides, dans les variantes sur sols 1975 ; Heinemann 1957 ; Lebrun et al. 1949 ; Schu- à régime hydrique alternatif (Carex flacca, C. macker 1975 ; Tanghe 2017, 2018) panicea, C. pulicaris, Cirsium palustre, Succisa pratensis). Les espèces caractéristiques régionales des landes sèches sont Calluna vulgaris, Carex pilulifera, Cuscuta epithymum, Deschampsia flexuosa, Diphasiastrum div. sp., Galium saxa-

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1 Bruyère commune ou callune (Calluna vulgaris) © Annick Pironet 2 Lycopode petit-cyprès (Diphasiastrum tristachyum) © Jean-Louis Gathoye 3 Gaillet du Hartz (Galium saxatile) © Lionel Wibail 4 Genêt velu (Genista pilosa) © Lionel Wibail 5 Genêt d’Angleterre (Genista anglica) © Jean-Louis Gathoye 6 Myrtille commune (Vaccinium myrtillus) © Annick Pironet 7 Lycopode sélagine (Huperzia selago) © Jean-Louis Gathoye 8 Lycopode en massue (Lycopodium clavatum) © Jean-Louis Gathoye 9 Airelle (Vaccinium vitis-idaea) © Annick Pironet

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2.3. Variabilité de l’habitat nicularia aculeata, Cladonia div. sp.) corres- pondent à des landes dégradées par la fauche, Au sein de chaque type de lande existent des l’incendie ou l’absence de régénération de la variations liées à la nature du substrat, à sa te- bruyère. Les variantes fraîches comportent des neur en eau, au microclimat local (De Sloover espèces de landes humides : Erica tetralix, Jun- et al. 1975 ; Heinemann 1957 ; Lebrun et al. cus squarrosus, Molinia caerulea, Vaccinium 1949 ; Schumacker 1975 ; Tanghe 2018). uliginosum, notamment.

Les landes développées sur substrat sableux En haute Ardenne, plusieurs variantes de comportent localement des espèces des pe- landes à Calluna vulgaris et Vaccinium vi- louses pionnières comme Agrostis vinealis, Co- tis-idaea ont été rapportées par De Sloover et rynephorus canescens, de même que des espèces al. (1975) et Schumacker (1975). Elles sont no- de nardaies ou de pelouses maigres comme tamment associées à des groupements de pier- Danthonia decumbens, Festuca filiformis, Ga- riers ou d’éboulis, avec Racomitrium lanugino- lium saxatile, Nardus stricta, Polygala serpyllifo- sum, divers Cladonia et, localement, Empetrum lia, . Vaccinium myrtillus peut être nigrum et Vaccinium myrtillus. Les variantes abondant dans les stations ombragées exposées pâturées ou piétinées comportent des espèces au nord. Des variantes riches en lichens (Cor- de nardaies ou de pelouses maigres : Arni- © Lionel Wibail

Lande sèche sur sable dans le camp militaire de Lagland

78 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail

Lande à callune, myrtille et airelle des hauts plateaux

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ca montana, Danthonia decumbens, Galium se maintiennent dans des bois clairs de recolo- saxatile, Meum athamanticum, Nardus stricta, nisation ou des plantations de pins, de même Potentilla erecta. Les variantes plus humides, que dans des stations anthropiques (anciennes assurant la transition vers les landes humides sablières, talus routiers, talus ferroviaires). du 4010, comportent notamment Carex nigra, Les surfaces occupées par les landes sèches Erica tetralix, Eriophorum angustifolium, Jun- en région continentale sont bien inférieures cus squarrosus, Trichophorum cespitosum subsp. à celles occupées autrefois, même si l’aire de germanicum. répartition est encore considérable. L’habitat est principalement développé en Ardenne et En raison de leur abandon ancien et des mo- en Lorraine, mais on le retrouve ponctuel- difications qui en ont résulté, des espèces indi- lement dans toutes les régions naturelles. La gènes (Deschampsia flexuosa, Molinia caerulea majorité des surfaces est concentrée dans les ou Pteridium aquilinum) normalement ab- camps militaires d’Elsenborn et de Lagland. sentes ou très discrètes dans les landes en bon Ailleurs, elles ont été très largement enrésinées état de conservation, se sont étendues au point aux siècles passés et ne subsistent pratiquement d’en modifier complètement la physionomie et plus que sous forme résiduelle au sein de la ma- l’intérêt biologique. trice forestière.

Les landes mésotrophes sont issues, par décal- Les landes mésotrophes sont présentes dans la cification du substrat, de pelouses calcicoles dépression de Fagne-Famenne et, localement, et elles sont en connexion avec des pelouses en Ardenne, en particulier en Ardenne orien- acidiclines de la sous-alliance du Chamaes- tale, sur schistes mésotrophes en situation ther- partio sagittalis-Agrostidenion tenuis (classe des mophile. Festuco-Brometea - HIC 6210) ou, sur les sols argileux à régime alternatif, avec les prairies 2.5. Confusions possibles avec maigres de fauche du Molinion (HIC 6410) d’autres habitats dont elles peuvent éventuellement dériver par suite de l’abandon de la fauche ou du pâtu- rage. Ces landes mésotrophes sont rapidement Les landes sèches, dans leur développement colonisées par des arbustes épineux, principa- optimal caractérisé par la présence des érica- lement le prunellier (Prunus spinosa) et l’aubé- cées, ne peuvent être confondues avec d’autres pine à un style (Crataegus monogyna). habitats. Dans les stations plus humides, elles peuvent toutefois partager des espèces en com- 2.4. Répartition géographique mun avec les landes humides (HIC 4010), et notamment les landes humides dominées par la callune. C’est alors le relevé pédologique ou Dans la région atlantique, les landes sèches la présence d’espèces hygrophiles des landes sont principalement développées sur les af- humides ou de sphaignes qui permet de distin- fleurements sableux (Brabant sablo-limoneux, guer les habitats. Des faciès herbeux peuvent Campine hennuyère) mais elles peuvent occa- éventuellement être confondus avec les nar- sionnellement se rencontrer dans l’ensemble de daies sèches (HIC 6230) ou les pelouses aci- la région, lorsque le substrat est favorable. Elles diclines des Festuco-Brometea (HIC 6210).

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Carte de distribution connue de l’habitat 4030 en Wallonie © René Dahmen © René

Lande ardennaise dans le camp militaire d’Elsenborn

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Les faciès dégradés à molinie des landes sèches peuvent présenter une physionomie similaire aux faciès dégradés des landes humides dégra- © Lionel Wibail dées (HIC 4010), des tourbières (HIC 7120) ou des prairies humides oligotrophes (HIC 6410). La distinction se base sur les espèces compagnes, un sondage pédologique et/ou une bonne connaissance de l’historique de l’occupation des sols.

2.6. Dynamique de la végétation

Les landes sèches dérivent de déboisements souvent très anciens réalisés au détriment de formations forestières sur sols acides et pauvres en éléments nutritifs. Leur pérennité dépend de techniques particulières d’entretien ayant pour principal objectif d’éliminer régulière- ment l’épaisse couche d’humus brut qui limite leur régénération.

Lorsqu’elles sont régénérées par le feu ou l’étré- page, les landes peuvent être temporairement remplacées par des formations de pelouses ou- vertes (HIC 2330). Lande atlantique sur sable subsistant en sous-bois clair

Le pâturage fait régresser les éricacées et favo- Après fertilisation, elles peuvent être transfor- rise les espèces des nardaies (HIC 6230). mées en prairies ou en pâtures plus ou moins maigres. Dans ces conditions, il est pratique- En l’absence de gestion, les landes se dégradent ment impossible de les restaurer, sauf à déca- et évoluent vers des faciès à canche cespiteuse, per la couche de sol arable et à réintroduire les fougère-aigle ou molinie. Grâce à la persis- espèces. tance de graines dans le sol, ces faciès dégradés peuvent être restaurés. Par ailleurs, des espèces ligneuses pionnières (genêt à balais, bouleaux, bourdaine, peuplier tremble, sorbier des oise- leurs) peuvent amorcer le reboisement menant aux séries des forêts acidiphiles (HIC 9110, 9120 et 9190). Très rarement, le genévrier peut y former des fourrés et constituer l’habitat 5130.

82 Les parcours pastoraux

Diagramme évolutif des pelouses silicicoles et des landes sèches (2330, 4030)

Pelouses pionnières sur Pelouses localement : sable acide pionnières du éboulis siliceux (HIC 2330) Thero-Airion (HIC 8160)

étrépage, stabilisation étrépage, stabilisation du substrat, érosion du substrat érosion fermeture du couvert

Landes sèches sur sols Landes sèches submontagnardes sableux acides ou landes mésotrophes (HIC 4030) (HIC 4030)

surpâturage abandon colonisation par le genévrier

Voir : Landes dégradées à molinie Fourrés à Nardaies (HIC 4030) genévrier sèches Pelouses à canche flexueuse commun (HIC 6230) (HIC 4030) (HIC 5130)

Ptéridaies

boisement boisement

Faciès pionniers des hêtraies et chênaies-boulaies acidiphiles (HIC 9110 et 9190)

83 © Louis-Marie Delescaille Les parcours pastoraux 84 Les parcours pastoraux

Les fourrés à genévrier commun (5130)

1| Définitions 1.3. Correspondances entre les typo- logies 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat PAL.CLASS. (CORINE) : 31.882 - Landes à En Wallonie, les fourrés à genévrier commun Juniperus communis correspondant à l’habitat 5130 se rencontrent EUNIS : F3.16 - Fourrés à Juniperus communis au sein de landes humides ou sèches (HIC WALEUNIS : F3.16a - Fourrés à Juniperus 4010 et 4030) et de pelouses calcicoles (HIC communis sur landes ; F3.16b - Fourrés à 6210). Cet habitat y occupe des surfaces très Juniperus communis sur sols calcaires faibles et sa distribution est nettement plus Syntaxonomie : restreinte que celle du genévrier lui-même, 3 Roso-Juniperetum Tüxen 1964 qui peut apparaître de manière sporadique 3 Dicrano-Juniperetum Barkmann 1968 dans une assez grande variété d’habitats, sans pour autant constituer des populations suffi- 2| Caractéristiques diagnostiques samment denses permettant de considérer que de l’habitat l’habitat est présent. 2.1. Structure, physionomie générale, 1.2. Synsystématique description générale

Les fourrés à genévrier commun sur sols secs et Le genévrier est un arbuste ou un petit arbre calcaires sont rapportés au Roso caninae-Juni- dioïque, sempervirent, de la famille des Cu- peretum Tüxen 1964 et à l’alliance du Berbe- pressaceae. Il peut se présenter comme un pe- ridion vulgaris Braun-Blanquet 1950 par Pott tit arbre dressé dépassant exceptionnellement (1995). Les fourrés sur sols siliceux acides sont 10 m de haut mais, le plus souvent, c’est un rapportés au Dicrano-Juniperetum communis arbuste ramifié dès la base, à port largement Barkmann 1968 apud Westhoff & Den Held évasé. Il est assez indifférent à la nature du sol 1969. La position de ce groupement varie selon et se retrouve associé aussi bien à des landes les auteurs. Les variantes installées sur les sables sèches ou humides qu’à des pelouses calcicoles ; acides, dans le contexte des landes sèches, de- il évite par contre les sols riches où il subit la vraient sans doute être rattachées à l’alliance concurrence des autres essences arbustives. du Sarothamnion scoparii Tüxen ex Oberdorfer 1957 (syn. : Cytision scoparii) alors que les va- Les fourrés plus ou moins denses constituent le riantes plus humides devraient sans doute être plus souvent une phase pionnière, héliophile, de rattachées à l’alliance du Salicion cinereae Th. la colonisation forestière faisant suite à l’aban- Müller et Görs 1958. don des parcours pastoraux (Ellenberg 1996 ; Ward 2007). Floristiquement, l’habitat partage un certain nombre d’espèces des habitats (semi) ouverts associés, du moins celles qui tolèrent un

85 Les parcours pastoraux © Louis-Marie Delescaille © Louis-Marie Delescaille

Cônes mâles Cônes femelles

certain ombrage. Par contre, en tant qu’élément 2.4. Répartition géographique structurant l’habitat, le genévrier induit la pré- sence d’espèces animales différentes de celles des L’aire d’indigénat du genévrier et donc l’aire po- milieux ouverts correspondants. tentielle de l’habitat couvre une grande partie de la région wallonne au sud du sillon Sambre-et- 2.2. Espèces diagnostiques Meuse, mais le développement de fourrés iden- tifiables à l’habitat 5130 est très rare et limité à La seule espèce diagnostique de ce milieu est quelques secteurs de Calestienne et d’Ardenne. Juniperus communis. Au sein des landes, il est ac- compagné d’Agrostis canina, A. capillaris, Callu- 2.5. Confusions possibles avec na vulgaris, Carex pilulifera, Deschampsia flexuo- d’autres habitats sa, Festuca filiformis, Galium saxatile, Holcus mollis, Luzula pilosa, Potentilla erecta, Pteridium L’habitat ne peut être confondu avec aucun aquilinum, Vaccinium myrtillus, V. uliginosum, autre. Même si les individus isolés sont systéma- V. vitis-idaea et d’essences pionnières des forêts tiquement renseignés lors de la cartographie des acidiphiles : Betula pendula, Cytisus scoparius, habitats, seules sont caractérisées comme habitat Sorbus aucuparia notamment. 5130 les surfaces dans lesquelles l’arbuste forme une population couvrant au moins 10 % de la Au sein des complexes de pelouses calcicoles, surface (qui est néanmoins souvent très réduite). il est accompagné par les espèces typiques des pelouses et des ourlets, notamment Brachypo- 2.6. Dynamique de la végétation dium pinnatum, Bupleurum falcatum, Fraga- ria viridis, et des essences calcicoles Les fourrés à genévrier peuvent se maintenir au pionnières : Cornus mas, C. sanguinea, Corylus sein des complexes pastoraux, pour autant que avellana, Crataegus monogyna, Prunus spino- la pression de pâturage ne soit pas trop forte, sa, Rosa div. sp., Viburnum lantana. auquel cas la régénération est insuffisante. Dans ces conditions, l’habitat évolue peu. Par 2.3. Variabilité de l’habitat contre, dans les vieux fourrés, les essences fo- restières plus compétitives finissent par s’ins- La variabilité de l’habitat est liée à celle des taller et reconstituer les habitats forestiers cor- habitats pastoraux au sein desquels il se déve- respondant aux sols en place. loppe, landes ou nardaies sur sols acides ou pe- louses calcicoles sur substrats basiques.

86 Les parcours pastoraux

Carte de distribution connue de l’habitat 5130 en Wallonie © Lionel Wibail © Lionel Wibail

Genévrière ardennaise sur lande (Cour - Stoumont) Genévrière sur pelouse calcicole (Resteigne - Tellin) © Lionel Wibail © Louis-Marie Delescaille

Genévrière sur pelouse calcicole (Furfooz - Dinant) Genévrière envahie par des pins

87 © Violaine Fichefet Les parcours pastoraux 88 Les parcours pastoraux

Les pelouses pionnières à orpins (6110 *)

1| Définitions pelouses calcicoles. La définition de l’alliance du Sedo albi-Scleranthion perennis Braun-Blan- 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat quet correspond en fait à des végétations silici- coles montagnardes absentes de Wallonie et les L’habitat 6110 correspond à des communau- auteurs modernes classent les végétations pion- tés végétales pionnières qui se développent sur nières thermophiles à orpins dans l’alliance des substrats rocheux thermophiles, généra- de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi Oberdorfer lement calcarifères. Ces communautés sont & Müller in Müller 1961, laquelle est rangée constituées d’espèces annuelles (thérophytes) dans l’ordre de l’Alysso alyssoidis-Sedetalia albi et d’espèces vivaces succulentes accompa- Moravec 1967 et la classe des Sedo albi-Scleran- gnées de bryophytes et de lichens xérophiles thetea biennis Braun-Blanquet 1955 (Bardat et ou thermophiles. Elles se rencontrent sur les al. 2004 ; Bensettiti et al. 2005 ; Duvigneaud replats des grands escarpements rocheux, en 2001 ; Julve 1993). contact avec les associations végétales des rochers calcaires (HIC 8210) ou des éboulis Quatre groupements végétaux décrits en Wal- (HIC 8160) et, secondairement, sur des subs- lonie sont rapportables à cet habitat (Lebrun et trats décapés (« pelouses écorchées ») au sein al. 1949) : des pelouses sèches (HIC 6210). Elles peuvent 3 un groupement à Sedum rupestre et S. sexan- également se développer sur des substrats gulare, groupement initial des pelouses xé- remaniés (carrières, talus routiers ou ferro- rothermiques ; viaires). 3 un groupement à Sedum album des subs- trats schisteux thermophiles ; Elles se rencontrent essentiellement dans le 3 un groupement à Sempervivum funckii bassin de la Meuse ou, dans d’autres régions, des schistes et psammites de la région à la faveur d’anciennes exploitations de maté- d’Aywaille ; riaux calcaires. 3 un groupement thermophile à Potentilla argentea et Trifolium striatum des sols super- 1.2. Synsystématique ficiels schisteux ou phylladeux, légèrement calcarifères. Ce groupement, initialement Lebrun et al. (1949) ont rangé ces végéta- repris par Lebrun et al. (1949) dans le Me- tions au sein de l’alliance du Sedo-Scleranthion sobromion a été rattaché à l’habitat 6110 et Braun-Blanquet (ordre des Brometalia erecti ne constitue peut-être qu’une variante du Braun-Blanquet) indiquant de cette façon les groupement à Sedum album. rapports floristiques et écologiques avec les

89 Les parcours pastoraux

1.3. Correspondances entre les typo- Les pelouses à orpins ont vraisemblablement logies une origine primaire sur les falaises et les cor- niches des grands escarpements rocheux mais, PAL.CLASS. (CORINE) : 34.11 - Pelouses le plus souvent, elles sont d’origine secondaire détritiques médioeuropéennes. et sont associées aux secteurs sur-pâturés (pe- EUNIS : E1.11 - Pelouses détritiques des subs- louses écorchées) des parcours pastoraux ou à trats riches en bases. l’activité des lapins. Ces formations ne couvrent WALEUNIS : E1.11 - Communautés à es- que des surfaces réduites et se développent gé- pèces annuelles et succulentes des substrats néralement en contact ou en mosaïque au sein rocheux thermophiles, +/- calcarifères. de pelouses fermées. Elles peuvent également se Syntaxonomie : Alysso alyssoidis-Sedion albi développer sur des substrats naturels remaniés Oberdorfer & Müller in Müller 1961. (anciennes carrières, talus routiers ou ferro- viaires) où elles correspondent à l’habitat d’in- 2| Caractéristiques diagnostiques térêt communautaire. Par contre, les pelouses de l’habitat qui se développent sur des substrats artificiels (ex. : anciens murs, vieilles dalles de ciment) 2.1. Structure, physionomie géné- ou sur des substrats rapportés (ex. : terrils de rale, description générale charbonnage, allées en gravier des cimetières et des terrains de sport) ne sont pas considérées Les pelouses de l’Alysso-Sedion albi se déve- comme des habitats d’intérêt communautaire, loppent dans des stations ensoleillées qui su- bien qu’elles participent à la préservation des bissent un réchauffement et un dessèchement espèces caractéristiques de l’habitat. très importants en été. Il n’y a pas de véritable sol et les plantes s’enracinent dans la fine couche 2.2. Espèces diagnostiques de matières organiques en décomposition qui (d’après Bensettiti et al. 2005 ; Bournérias et al. atteint tout au plus quelques centimètres. 2001 ; Julve 1993, 2005 ; Lebrun et al. 1949)

Il s’agit de communautés herbacées pion- Les espèces caractéristiques régionales de nières, thermophiles, dominées par des l’habitat sont Acinos arvensis, Alyssum alys- plantes annuelles (thérophytes), succulentes soides, Catapodium rigidum, Cerastium bra- ou non, et d’espèces vivaces succulentes (Se- chypetalum, C. pumilum, Lactuca perennis, dum div. sp. ; Sempervivum sp.) accompagnées Minuartia hybrida, Petrorhagia prolifera, de bryophytes et de lichens. La richesse flo- Saxifraga tridactylites, Sedum acre, S. album, ristique peut y être localement élevée avec un S. rupestre, S. sexangulare, Sempervivum pic de floraison typiquement printanier (avril- funckii var. aqualiense, Teucrium botrys, Th- mai), de nombreuses espèces pouvant dispa- laspi perfoliatum, Trifolium arvense, T. cam- raître de la végétation en été. Des variations pestre, T. dubium, T. micranthum, T. scabrum, importantes de la richesse floristique, parti- T. striatum. culièrement pour les thérophytes, peuvent s’observer d’une année à l’autre en fonction Les principales espèces compagnes sont des des conditions climatiques. espèces de pelouses pionnières ou de friches thermophiles : Arabidopsis thaliana, Arena-

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16 2

3 4 5

1 Orpin réfléchi Sedum( rupestre) et orpin blanc (Sedum album) © Lionel Wibail 2 Poivre de murailles (Sedum acre) © Violaine Fichefet 3 Joubarbe d’Aywaille (Sempervivum funkii var. aqualiense) © Jean-Louis Gathoye 4 Germandrée botryde (Teucrium botrys) © Louis-Marie Delescaille 5 Saxifrage tridactyle (Saxifraga tridactylites) © Lionel Wibail

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1 2

3

4 5

1 Calament acinos (Acinos arvensis) © Louis-Marie Delescaille 2 Catapode rigide (Catapodium rigidum) © Jean-Yves Baugnée 3 Céraste nain (Cerastium pumilum) © Louis-Marie Delescaille 4 Alsine à feuilles ténues (Minuartia hybrida) © Lionel Wibail 5 Potentille argentée (Potentilla argentea) © Louis-Marie Delescaille

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ria serpyllifolia, Cerastium arvense, C. glome- 2.3. Variabilité ratum, Dianthus armeria, Draba muralis, Echium vulgare, Erodium cicutarium, Ero- Les pelouses xérothermophiles des dalles cal- phila verna, Medicago minima, Myosotis ra- caires sont généralement bien pourvues en mosissima, M. stricta, Nardurus maritimus, espèces caractéristiques et sont fréquemment Poa bulbosa, P. compressa, Rumex acetosella, associées aux espèces vivaces des pelouses Scleranthus annuus, Sedum forsterianum, S. xériques (Allium sphaerocephalon, Dianthus rubens. carthusianorum, D. gratianopolitanus, Fes- tuca pallens, Melica ciliata, Potentilla verna, On y rencontre fréquemment des espèces vi- Teucrium chamaedrys) ou aux espèces des ro- vaces des pelouses xérophiles comme Bromus chers thermophiles (Asplenium ruta-muraria, erectus, Dianthus carthusianorum, Koeleria A. septentrionale, A. trichomanes, Ceterach of- macrantha, Festuca lemanii, F. heteropachys, ficinarum, Sisymbrium austriacumsubsp. aus- Helianthemum apenninum, H. nummula- triacum). Par contre, les communautés qui se rium, Potentilla verna, P. argentea, Thymus développent dans des stations secondaires ou pulegioides qui annoncent l’évolution possible dans les anciennes carrières sont souvent moins de ces groupements pionniers vers des grou- riches en espèces. pements de pelouses vivaces. © Lionel Wibail © Louis-Marie Delescaille

Variante sur falaise Variante sur éboulis © Lionel Wibail © Louis-Marie Delescaille

Variante sur dalle rocheuse Variante sur fond d’ancienne carrière

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Les pelouses de Fagne-Famenne, établies 2.5. Confusions possibles avec sur schistes frasniens et famenniens plus ou d’autres habitats moins riches en calcaire, comportent géné- ralement un mélange d’espèces succulentes L’habitat peut être confondu avec les pelouses (Sedum album, S. forsterianum), d’espèces calcicoles sur sables xériques (HIC 6120) annuelles acidiphiles (notamment Aira caryo- mais celles-ci sont typiquement développées phyllea, A. praecox, Filago minima, Moenchia sur des substrats sableux, filtrants et secs. Il erecta, Myosotis discolor, Teesdalia nudicaulis, peut aussi être confondu avec les formes les Trifolium striatum) et, parfois, de quelques plus ouvertes des pelouses calcicoles xéro- acidiphiles vivaces (Potentilla argentea, Ru- philes (HIC 6210) ou avec la végétation des mex acetosella, Scleranthus perennis). Elles rochers ou des éboulis thermophiles (HIC sont généralement accompagnées d’espèces 8160, 8210, 8220) au sein desquelles il se dé- vivaces des pelouses thermophiles (Dianthus veloppe souvent, en contact ou en mosaïque. carthusianorum, Festuca heteropachys, Helian- La distinction peut se faire sur l’importance themum nummularium, Potentilla verna). relative des thérophytes et des orpins, plus élevée dans les pelouses de l’Alysso-Sedion albi. Dans certaines conditions, notamment dans des stations pâturées, les espèces succulentes 2.6. Dynamique de la végétation sont rares ou absentes. Il est vraisemblable que les orpins sont éliminés par le piétinement et L’habitat présente un caractère plus ou moins que seules subsistent alors les espèces les plus permanent dans ses stations primaires. Sur résistantes ou celles qui peuvent se développer les plus hauts rochers, le développement d’ar- tôt au printemps. bustes xérophiles (aubépine à un style, cor- nouiller mâle, cotonéaster sauvage, épine-vi- Les pelouses à Sempervivum funckii se déve- nette, nerprun, prunellier, rosier pimprenelle, loppent sur des schistes et des grès micacés en viorne mantienne) peut entraîner une régres- situation très sèche. Elles sont limitées à un sion locale des espèces typiques mais consti- affleurement rocheux de la région d’Aywaille. tue rarement une menace pour l’habitat. Par contre, sur les petits escarpements rocheux, le 2.4. Répartition géographique développement d’espèces arbustives à couvert dense (buis, lierre grimpant), de même que Dans la région atlantique, les pelouses pion- le développement de peuplements forestiers nières à orpins se rencontrent dans de rares au pied des rochers, constituent une menace stations naturelles (vallée de la Honnelle) ou, pour l’habitat. Dans les pelouses d’origine le plus souvent, dans des stations secondaires secondaire, l’absence de perturbations liées (anciennes carrières de craie ou de calcaire). à l’activité des animaux entraîne une densifi- cation du tapis végétal et une évolution vers Dans la région continentale, elles se ren- les pelouses calcicoles (HIC 6210) ou, sur les contrent sur les grands affleurements rocheux schistes acidifiés, vers la lande mésotrophe du bassin de la Meuse et de ses affluents et, (HIC 4030). secondairement, dans d’anciennes carrières.

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Carte de distribution connue de l’habitat 6110 en Wallonie © Lionel Wibail © Louis-Marie Delescaille

Variante acidiphile sur schiste Densification du tapis herbacé dans un site secondaire

95 © Xavier Janssens Les parcours pastoraux 96 Les parcours pastoraux

Les pelouses pionnières des sables calcarifères (6120*)

1| Définitions arvensis, Minuartia hybrida et Petrorhagia prolifera des sables mobiles, et une variante 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat à Helichrysum arenarium des substrats fixés ; 3 un groupement à Avenula pubescens et En Wallonie, les pelouses pionnières des sables Botrychium lunaria qui succède habituelle- calcarifères ont l’aspect de pelouses végétales ment au précédent par stabilisation et évo- basses, plus ou moins ouvertes (le substrat est lution du substrat ; généralement apparent et plus ou moins mo- 3 un groupement à Agrostis capillaris et Dian- bile), constituées de petites plantes annuelles thus deltoides des sables en voie de décarbo- ou vivaces, accompagnées de bryophytes et natation pouvant évoluer, par acidification, de lichens xérophiles (dans les variantes à vers des pelouses à Agrostis vinealis et Festuca substrat stabilisé). Elles se rencontrent ex- filiformis (HIC 2330). ceptionnellement dans des stations natu- relles (sur affleurements de grès ou de sables Actuellement, la plupart des auteurs rat- calcarifères) mais, le plus fréquemment, elles tachent les pelouses pionnières des sables cal- se développent dans des stations secondaires carifères aux pelouses arénicoles de l’ordre des (talus routiers, anciennes sablières, carrières Corynephoretalia canescentis Klika 1934 - al- de grès). Il s’agit d’habitats très rares, limités liance du Sileno conicae-Cerastion semidecandri à quelques stations dans le Bassin de Mons et Korneck 1974 (Bardat et al. 2004 ; Bensettiti en Lorraine. et al. 2005; Oberdorfer 1993).

1.2. Synsystématique La position synsystématique du groupement à Helichrysum arenarium décrit en Lorraine Quatre groupements de pelouses sur sables belge reste incertaine. Duvigneaud (2001) le calcarifères ont été décrits par Lebrun et al. rattache avec doute à l’alliance du Koelerion (1949). Ils les ont rapportés à l’alliance du Koe- glaucae (Volk 1931) Klika 1934 (syn. Armerion lerion albescentis (Braun-Blanquet) Weevers et elongatae Krauch 1962), une alliance steppique à l’ordre des Brometalia : est-européenne, dont il constituerait une sta- 3 un groupement à Cerastium semidecandrum tion située en limite occidentale d’aire de dis- et Silene conica des sables peu calcaires à tribution. l’origine pouvant évoluer, par acidification du substrat, vers des pelouses ouvertes à Co- Bardat et al. (2004) placent les pelouses cal- rynephorus canescens (HIC 2330) ; careo-siliceuses des sables fixés dans la sous-al- 3 un groupement à Helichrysum arenarium liance de l’Armerienion elongatae Krauch 1962 et Petrorhagia prolifera des sables à forte ex Royer 2004 (alliance du Koelerio macran- charge calcaire, avec une variante à Acinos thae-Phleion phleoidis Korneck 1974), position

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déjà envisagée par Royer (1991). 2| Caractéristiques diagnostiques de l’habitat Suivant cette logique, le groupement à Avenula pubescens et Botrychium lunaria et le groupe- 2.1. Structure, physionomie géné- ment à Agrostis capillaris et Dianthus deltoides rale, description générale décrits par Lebrun et al. (1949) devraient être rattachés à l’alliance du Koelerio-Phleion L’habitat 6120 est naturellement présent sur phleoidis Korneck 1974 (HIC 6210). les alluvions sableuses déposées par les grands fleuves et son caractère permanent est lié au re- Bien que potentiellement rattachables aux Fes- modelage des dépôts d’alluvions lors des crues. tuco-Brometea (et donc à l’HIC 6210), nous Il est aussi présent sur les affleurements de grès considérerons que ces groupements font par- calcarifères, où sa présence est souvent liée à tie de l’habitat 6120, dans la mesure où leur des activités anthropiques. Ainsi, par le pas- conservation est étroitement liée à celle des pe- sé, chaque village de la cuesta Sinémurienne, louses pionnières dont ils dérivent. en Lorraine, avait sa propre carrière où le grès était extrait à des fins de construction. L’usage 1.3. Correspondances entre les typo- était suffisamment fréquent pour maintenir le logies milieu sableux ouvert et suffisamment espacé dans le temps pour permettre à la végétation PAL.CLASS. (CORINE) : 34.12 - Pelouses des pelouses de se maintenir. Celle-ci peut en- des sables calcaires core subsister sur des talus de route ou dans EUNIS : E1.12 - Pelouses des sables calcaires d’anciennes sablières. WALEUNIS : E1.12 - Pelouses pionnières des sables calcaires xériques Cet habitat se présente typiquement sous Syntaxonomie : forme de pelouses assez basses, avec un 3 Sileno conicae-Cerastion semidecandri recouvrement moyen de la strate herbacée Korneck 1974 composée d’hémicryptophytes et de 3 Koelerion glaucae (Volk 1931) Klika 1934 chaméphytes, très souvent accompagnéés d’un tapis bryolichénique dense (jusqu’à 90 à 100 %). Le recouvrement et la structure de la strate

© Lionel Wibail herbacée peuvent toutefois varier fortement selon les phases d’évolution avec une forte présence d’espèces à courte durée de vie dans les stades pionniers et une progression des espèces vivaces avec la stabilisation du tapis végétal. Les floraisons printanières sont souvent discrètes bien que, localement, les floraisons d’arabette des sables (Cardaminopsis arenosa) au printemps ou d’oeillet deltoïde (Dianthus deltoides) en été soient assez spectaculaires.

Pelouse sur sable calcaire dans le bassin de Mons

98 Les parcours pastoraux © Xavier Janssens © Xavier

Site de pelouse restauré dans le cadre du LIFE Herbages

2.2. Espèces diagnostiques perula cynanchica, Avenula pubescens, Carex (d’après Bensettiti et al. 2005 ; Bournérias et al. caryophyllea, Epipactis atrorubens, Euphorbia 2001 ; Julve 1993 ; Lebrun et al. 1949) cyparissias, Poa compressa, Potentilla verna, Sanguisorba minor, Thymus pulegioides. Les espèces caractéristiques régionales des pe- louses sur sables calcarifères sont Alyssum alys- L’acidification du substrat se marque par soides, Cardaminopsis arenosa subsp. borbasii, l’extension d’espèces de pelouses silicicoles, Cerastium arvense, Cerastium semidecandrum, notamment Agrostis vinealis, A. capillaris, An- Dianthus deltoides, Erigeron acer, Helichrysum thoxanthum odoratum, Botrychium lunaria, arenarium, Koeleria albescens13, K. macrantha, Corynephorus canescens, Festuca filiformis, Hie- Silene conica, S. gallica, Vicia lathyroides. racium pilosella, Luzula campestris, Potentilla argentea, Rumex acetosella. Les espèces compagnes sont des espèces de pelouses ouvertes, principalement des espèces 2.3. Variabilité de l’habitat de l’Alysso-Sedion ou des unités supérieures : Acinos arvensis, Aira caryophyllea, Cerastium pumilum, Dianthus armeria, Herniaria glabra, La variabilité de l’habitat est liée à la plus ou Petrorhagia prolifera, Teesdalia nudicaulis, Se- moins grande stabilité du substrat (depuis des dum acre, S. forsterianum, Trifolium campestre, sables qui s’éboulent, sur pentes accusées, oc- T. striatum. cupés par des pelouses riches en espèces an- nuelles, jusqu’à des substrats fixés, occupés Dans les pelouses plus ou moins stabilisées, par des pelouses stabilisées et fermées, domi- on trouve aussi des espèces des pelouses cal- nées par des espèces vivaces) et à sa plus ou cicoles, notamment Anthyllis vulneraria, As- moins forte teneur en calcaire actif.

(13) La systématique du groupe Koeleria macrantha – K. albescens est assez complexe. Les deux espèces pourraient être présentes dans ces pelouses mais il s’agirait surtout de K. macrantha (Lambinon et al. 2012).

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1 2 3

5

6 4

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1 Erigeron âcre (Erigeron acer) © Jean-Yves Baugnée 2 Œillet deltoïde (Dianthus deltoides) © Lionel Wibail 3 Céraiste des champs (Cerastium arvense) © Jean-Yves Baugnée 4 Œillet prolifère (Petrorhagia prolifera) © Louis-Marie Delescaille 5 Silène de France (Silene gallica) © Lionel Wibail 6 Alysson calicinal (Alyssum alyssoides) © Louis-Marie Delescaille 7 Immortelle des sables (Helichrysum arenarium) © Lionel Wibail 8 Herniaire glabre (Herniaria glabra) © Lionel Wibail

100 Les parcours pastoraux

Carte de distribution connue de l’habitat 6120 en Wallonie

2.4. Répartition géographique les végétations pionnières des sables plus ou moins humides relevant relevant de l’habitat Dans la région atlantique wallonne, les pe- 3130. L’habitat peut partager des espèces louses pionnières des sables calcarifères se ren- avec les pelouses ouvertes des dalles calcaires contrent dans des stations plus ou moins natu- (HIC 6110) et avec les pelouses calcicoles relles (sur substrat filtrant, calcarifère) et dans et les nardaies (HIC 6210, 6230). Dans ce des stations secondaires (talus routiers, rem- cas, la nature du substrat permet de faire la blais) du bassin de Mons. Dans la région conti- distinction. nentale, elles sont circonscrites à la Lorraine. On les y retrouve exceptionnellement dans des 2.6. Dynamique de la végétation stations naturelles mais, le plus fréquemment, elles subsistent dans des stations secondaires En contexte alluvial, ces milieux sont asso- (talus routiers, anciennes sablières). L’habitat ciés aux perturbations hydrodynamiques des est très rare dans les deux régions. grands fleuves et au remodelage des sédiments fluviaux par les crues. Dans ces conditions, 2.5. Confusions possibles avec leur présence est quasiment permanente. L’ab- d’autres habitats sence des grandes crues inondant le lit majeur entraîne la fermeture du tapis végétal et une L’habitat 6120 peut être confondu avec d’autres évolution vers des boisements alluviaux. En types de pelouses ouvertes telles les pelouses Wallonie, ces milieux sont relictuels, secon- pionnières des sables acides (HIC 2330) mais daires (parcours pastoraux, exploitations de le pH y est plus élevé que dans ces dernières: sable ou de grès) et, aujourd’hui, le plus sou- il est de 4-(5) dans les pelouses de l’habitat vent ponctuels. En l’absence de perturbation 2330, de (5)-6-7 dans les pelouses de l’habitat anthropique, l’habitat est soumis à l’embrous- 6120. Il peut également être confondu avec saillement et à la recolonisation forestière.

101 © Lionel Wibail Les parcours pastoraux 102 Les parcours pastoraux

Les pelouses calaminaires (6130)

1| Définitions une série allant de la pelouse calaminaire riche en Agrostis capillaris jusqu’à la lande 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat à Calluna vulgaris ou à son faciès dégradé à Molinia caerulea ; Les pelouses calaminaires se rencontrent sur 3 une sous-association prairiale (Violetum des sols riches en métaux lourds (zinc, cuivre, calaminariae avenetosum Lebrun 1949) plomb, cadmium), d’origine naturelle (substrats correspondant à des stations pâturées ou en place) ou artificielle (déchets d’exploitation fauchées, sur substrats plus riches en azote. ou retombées de fumées toxiques). En Wallonie, L’habitat est limité à un secteur géographique 1.3. Correspondances entre les typo- situé entre Liège et la frontière allemande. logies

1.2. Synsystématique PAL.CLASS. (CORINE) : 34.2 - Pelouses des sols métallifères planitiaires Les pelouses calaminaires ont été rattachées EUNIS : E1.B - Pelouses des sols métallifères par Lebrun et al. (1949) à l’ordre des Violetalia WALEUNIS : E1.B2 - pelouses calaminaires calaminariae Braun-Blanquet & Tüxen 1943. Syntaxonomie : Violetum calaminariae Schwic- Bien que rares, elles présentent une certaine kerath 1931. diversité et celles qui subsistent ont été décrites par quatre sous-associations très différentes 2. Caractéristiques diagnostiques physionomiquement (Lebrun et al. 1949) : de l’habitat 3 une sous-association typique, très pauvre en espèces compagnes (Violetum calaminariae 2.1. Structure, physionomie géné- typicum Schwickerath 1931), correspon- rale, description générale dant aux substrats les plus riches en métaux lourds ; Les pelouses calaminaires occupent des sols 3 une sous-association calcicole (Violetum ca- de nature variée mais caractérisés par d’im- laminariae achilletosum Schwickerath 1931) portantes teneurs en métaux lourds, surtout composée de pelouses riches en espèces, sur du zinc (jusqu’à plus de 8 g par kg de sol) sols basiques. Cette sous-association s’insère mais aussi du plomb et du cadmium. Les sols habituellement dans une série allant des pe- sont le plus souvent oligotrophes, basiques à louses calaminaires typiques aux pelouses acides (pH compris entre 5,4 et 7,5), pauvres calcicoles du Mesobromion ; en bases échangeables. 3 une sous-association à Calluna vulga- ris (Violetum calaminariae callunetosum Cet habitat peut se développer sur des subs- Schwickerath 1931) regroupant les stations trats en place (pelouses primaires, pratique- sur substrat fortement désaturé. Cette sous- ment disparues en Wallonie), sur des déchets association s’insère habituellement dans d’exploitation résultant de l’extraction ou

103 Les parcours pastoraux

du traitement des minerais (pelouses secon- subsp. vulgaris var. humilis, Thlaspi caerulescens daires), ou aux alentours des anciennes usines subsp. calaminare, Viola calaminaria. de traitement des minerais pollués par les retombées des fumées toxiques (pelouses ter- Les espèces compagnes sont des espèces de pe- tiaires) (Duvigneaud et al. 1993 ; Duvigneaud louses maigres, calcicoles ou acidiphiles qui to- & Saintenoy-Simon 1996 ; Mahy et al. 2011). lèrent une certaine teneur en éléments toxiques dans le sol et sont parfois qualifiées de pseu- Les végétations calaminaires sont constituées dométallophytes : Agrostis capillaris, Anthyllis de communautés végétales héliophiles qui, vulneraria, Calamagrostis epigejos, Campanula dans leur forme la plus typique, se présentent rotundifolia, Carex caryophyllea, Galium pumi- comme des pelouses assez ouvertes, avec une lum, Koeleria macrantha, Leontodon hispidus, proportion importante de sol nu sur lequel se Linum catharticum, , Pim- développent les taxons calaminaires (aussi ap- pinella saxifraga, Polygala vulgaris, Potentilla pelés métallophytes) Armeria maritima subsp. erecta, Rumex acetosella, Scabiosa columbaria, halleri, Minuartia verna var. hercynica, Silene Thymus pulegioides. vulgaris subsp. vulgaris var. humilis, Thlaspi caerulescens subsp. calaminare ou Viola cala- La sous-association à Calluna vulgaris com- minaria. Ils sont accompagnés de bryophytes porte en outre Luzula multiflora, Molinia et de lichens qui tolèrent une certaine teneur caerulea. La sous-association prairiale se diffé- en métaux toxiques dans le substrat (espèces rencie par la présence d’Arrhenatherum elatius, métallotolérantes ou pseudométallophytes), Cerastium fontanum subsp. vulgare, Festuca voire des espèces calaminaires strictes. La rubra subsp. commutata, Plantago lanceolata, physionomie de cet habitat est très colorée du- Ranunculus acris, Rumex acetosa. rant une grande partie de la période de végé- tation, étant donné l’étalement des floraisons. 2.3. Variabilité de l’habitat L’abondance de Festuca ovina subsp. guestfali- ca, espèce très structurante, peut conduire à La variabilité de l’habitat est en relation avec un faciès de pelouse dense. Sur certains sites, la teneur en métaux lourds dans le sol, la na- Agrostis capillaris, Arrhenatherum elatius, Cal- ture chimique du substrat et la richesse en luna vulgaris ou Molinia caerulea sont co-do- éléments nutritifs. Sur les sols les plus riches minants avec les métallophytes et confèrent un en métaux lourds se développent des pelouses aspect plus proche de la prairie ou de la lande très ouvertes, composées presque exclusive- que de la pelouse. ment de métallophytes. Lorsque la teneur en métaux lourds diminue, la végétation présente 2.2. Espèces diagnostiques un aspect de pelouse fermée sur les substrats (d’après Lambinon & Auquier 1963 ; Lebrun et al. basiques, et de lande sur les substrats acides. 1949) Les pelouses ont pu être localement fertilisées Les espèces caractéristiques régionales des et utilisées à des fins agricoles. En fonction de pelouses calaminaires sont Armeria maritima leur utilisation, elles ont acquis, en plus des subsp. halleri, Festuca ovina subsp. guestfalica, espèces tolérantes aux métaux lourds, une flore Minuartia verna var. hercynica, Silene vulgaris de pré de fauche ou de pâture.

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1 Gazon d’Olympe (Armeria maritima subsp. halleri) © Jean-Louis Gathoye 2 Alsine calaminaire (Minuartia verna var. hercynica) © Jean-Louis Gathoye 2 Violette calaminaire (Viola calaminaria) © Lionel Wibail 4 Tabouret calaminaire (Thlaspi caerulescens subsp. calaminare) © Jean-Louis Gathoye 5 Silène calaminaire (Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis) © Jean-Louis Gathoye

105 Les parcours pastoraux

Carte de distribution connue de l’habitat 6130 en Wallonie

2.4. Répartition géographique 2.6. Dynamique de la végétation

L’habitat est rare et se rencontre dans un sec- L’habitat est très stable et la dynamique de la teur limité, entre Liège et la frontière alle- végétation fort lente, aussi longtemps que les mande (Pays de Herve, terroir de la Vesdre, teneurs en métaux lourds restent élevées dans extrême nord de l’Ardenne condrusienne et les horizons superficiels du sol. En l’absence Fenêtre de Theux). Une proportion importante d’intervention, on observe une densification et des stations est reprise en réserve naturelle. une fermeture, souvent lente, du tapis végétal herbacé. Les processus dynamiques ultérieurs 2.5. Confusions possibles avec sont hypothétiques compte tenu de la toxicité d’autres habitats élevée des sols. Dans les zones les moins riches en métaux lourds, la pelouse peut évoluer Aucune confusion n’est possible en présence vers une prairie de fauche à fromental (Arrhe- des espèces caractéristiques. Les pelouses natherum elatius), avec cependant quelques re- intoxiquées par les dépôts de fumées ne pré- liques calaminaires. sentent généralement pas les espèces carac- téristiques mais seulement des espèces assez Même dans ces conditions, un étrépage su- tolérantes (pseudométallophytes) bien que cer- perficiel permet de reconstituer rapidement tains métallophytes aient été introduits dans les conditions propices au développement des certaines de ces stations. espèces caractéristiques (Hermanns & Ertz 2011).

106 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail © Pascal Hauteclair

Pelouse calaminaire de l’île aux Corsaires (Liège) Faciès à callune (Calluna vulgaris) © Lionel Wibail © Jean-Louis Gathoye © Jean-Louis

Pelouse à tabouret calaminaire Faciès à fétuque calaminaire (Thlaspis caerulescens subsp. calaminare) (Festuca ovina subsp. guestfalica)

107 © Louis-Marie Delescaille Les parcours pastoraux 108 Les parcours pastoraux

Les pelouses calcicoles (6210*)

1| Définitions Duvigneaud (1984) a proposé de rattacher les pelouses xériques des falaises calcaires à 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat Festuca pallens à l’alliance du Festucion pal- lentis Korneck 1974 (syn. Diantho gratia- En Wallonie, les pelouses calcicoles relevant nopolitani-Melicion ciliatae (Korneck 1974) de l’habitat 6210 montrent encore une grande Royer 1991) et à la classe des Festuco-Brometea variété en raison de la diversité des situations Braun-Blanquet et Tüxen ex Braun-Blanquet écologiques (nature du substrat, épaisseur du 1949. Cette option a été défendue par Royer sol, teneur en bases échangeables, teneur en (1991) et retenue notamment par Bardat et al. eau, pente, exposition, gradient biogéogra- (2004) et Bensettiti et al. (2005). Par contre, phique). Elles se retrouvent principalement sur Oberdorfer (1993) classe ces pelouses au sein les substrats calcarifères du bassin mosan, avec de l’ordre des Sedo albi-Scleranthetalia peren- également des stations très ponctuelles liées à nis Braun-Blanquet 1955, alors que Lebrun des affleurements naturels de roche calcaire et et al. (1949) les classaient dans l’alliance des à des carrières en région limoneuse. végétations rupicoles du Potentillion caulescen- tis Braun-Blanquet in Braun-Blanquet et H. Dans un souci de simplification et parce qu’il Jenny 1926 sous le nom d’association à Festuca n’est pas toujours possible de rattacher les com- pallens et Ceterach officinarum (Festuco-Asple- munautés observées sur le terrain à une asso- nietum Lebrun). ciation décrite (Butaye et al. 2005b ; Piqueray et al. 2007), notamment en raison du phéno- Les pelouses à Festuca heteropachys et Lychnis mène généralisé d’enfrichement (ourlification viscaria rattachées par Lebrun et al. (1949) au en nappe), certaines communautés relevant Xerobromion ont été rapportées à l’alliance du des unités décrites ci-dessous sont regroupées Koelerio-Phleion phleoidis Korneck 1974 par dans la typologie Waleunis. Duvigneaud & Saintenoy-Simon (1988), les- quels considèrent ce groupement comme en- 1.2. Synsystématique démique de la Heid des Gattes à Sougné-Re- mouchamps. Ils reconnaissent néanmoins En Wallonie, les pelouses calcicoles ont été l’existence de pelouses à Festuca heteropachys classiquement rapportées au Mesobromion ailleurs, dans le Condroz, en Famenne et Braun-Blanquet et Moor 1938 ou au Xerobro- même, sous une forme très appauvrie, en Ar- mion Braun-Blanquet et Moor 1938 (Lebrun denne. Les pelouses xériques à Helianthemum et al. 1949 ; Noirfalise & Dethioux 1984). nummularium subsp. obscurum et Festuca he- Plusieurs associations ont été proposées par teropachys de la vallée de l’Our ont également Lebrun et al. (1949). Elles seront détaillées par été rapportées à la même alliance par De Sloo- la suite. ver & Lebrun (1984).

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Les pelouses des sables calcarifères de Lorraine & Blankenborg (1975) de la Montagne- rapportées à l’Avenulo pubescentis-Botrychie- Saint-Pierre et rangée par les auteurs néer- tum lunariae Heinemann par Lebrun et al. landais (Decleer 2007, Stieperaere 1993, (1949) ont été provisoirement rangées dans Willems 1975, Zwaenepoel et al. 2002) la sous-alliance de l’Armerienion elongatae dans les nardaies (HIC 6230) sera provi- Krauch 1962 ex Royer 2004 (alliance du Koe- soirement intégrée dans cette sous-alliance. lerio macranthae-Phleion phleoidis Korneck Duvigneaud (2001) l’a d’ailleurs reprise 1974) mais elles ont été rattachées à l’habitat dans le Mesobromion. Les communautés 6120 (pelouses pionnières des sables calca- mésophiles acidiclines assurent le passage rifères) en raison de leurs relations dynamiques vers les pelouses silicicoles (HIC 6230) ou avec ces dernières. La rareté des relevés dispo- les landes mésotrophes (HIC 4030) ; nibles et la quasi disparition de ces pelouses ne 3 sous-alliance du Tetragonolobo mariti- permettent de toute façon pas de les caractéri- mi-Mesobromenion erecti Royer 1991 re- ser plus avant. groupant les pelouses des sols marneux. Ces pelouses correspondent à l’association Actuellement, les pelouses sèches régionales à Centaurea jacea subsp. grandiflora et Me- des substrats plus ou moins riches en bases dicago falcata de Lebrun et al. (1949). Elles peuvent être groupées selon le modèle suivant. forment la transition vers les prairies hu- mides du Molinion (HIC 6410) ; L’alliance du Mesobromion erecti (Braun-Blan- 3 sous-alliance du Teucrio montani-Mesobro- quet & Moor 1938) Oberdorfer 1957 regroupe menion erecti Royer 1991 regroupant les les pelouses mésophiles à caractère atlan- pelouses mésoxérophiles assurant la transi- tique-subatlantique. Cette alliance est subdi- tion vers les pelouses xériques de l’alliance visée en : du Xerobromion erecti. Ces pelouses ont été 3 sous-alliance du Mesobromenion erecti considérées comme une variante moins xé- Braun-Blanquet & Moor 1938 regroupant rophile du « Xerobrometum mosanum » par les communautés des sols profonds et cor- Lebrun et al. (1949). respondant à l’association type à Bromus erectus et Koeleria pyramidata de Lebrun L’alliance du Xerobromion erecti (Braun-Blan- et al. (1949). Ces communautés assurent la quet & Moor 1938) Moravec in Holub, Hei- transition vers les prés de fauche de l’Arrhe- jný, Moravec & Neuhaüsl 1967 regroupe les natherion elatioris (HIC 6510) ou vers les pelouses xériques à Helianthemum apenninum pâtures maigres du Galio veri-Trifolietum et les pelouses ourlifiées à Carex humilis et Ge- repentis ; ranium sanguineum à caractère subméditerra- 3 sous-alliance du Chamaespartio sagitta- néen. Elles correspondent au « Xerobrometum lis-Agrostidenion tenuis Vigo 1982 regrou- mosanum » sensu Lebrun et al. (1949). pant les communautés mésophiles aci- diclines. Ces communautés correspondent L’alliance du Diantho gratianopolitani-Meli- à la sous-association à Genistella sagittalis cion ciliatae (Korneck 1974) Royer 1991 re- et Genista tinctoria de Lebrun et al. (1949). groupe les pelouses xériques des grands rochers L’association à Brachypodium pinnatum et calcaires du bassin de la Meuse. Celles-ci pré- Danthonia decumbens décrite par Willems sentent un caractère médioeuropéen plus mar-

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Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora)

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qué et possèdent des affinités floristiques avec 2| Caractéristiques diagnostiques la végétation des rochers calcaires (HIC 8210) de l’habitat mais aussi avec les pelouses pionnières à orpins 2.1. Structure, physionomie géné- (HIC 6110). rale, description générale L’alliance du Koelerio macranthae-Phleion Les pelouses calcicoles se développent sur phleoidis Korneck 1974 regroupe les pelouses des substrats riches en bases mais pauvres xérophiles acidiclines. Elles possèdent des affi- en éléments nutritifs. Elles se présentent ty- nités floristiques avec la végétation des rochers piquement comme des formations dominées siliceux (HIC 8220) ou avec les pelouses pion- par des espèces graminoïdes (graminées et cy- nières acidiphiles des Sedo albi-Scleranthetea péracées) accompagnées d’hémicryptophytes biennis (HIC 6110.). et de chaméphytes en proportions variables selon les types de pelouses. Les espèces an- 1.3. Correspondances entre les typo- nuelles ou bisannuelles y sont rares. Certaines logies pelouses sont riches en espèces d’orchidées. 2.1.1. Les pelouses du Mesobromion PAL.CLASS. (CORINE) : 34.32 - Pelouses calcaires subatlantiques ; 34.33 - Pelouses Les pelouses calcicoles mésophiles relevant subatlantiques calcaires très sèches ; 34.34 - du Mesobromion colonisent des sols relative- Pelouses calcaréo-siliceuses (Koelerio-Phleion ment profonds, principalement en situation phleoidis) ; 34.35 - Pelouses à fétuque des ro- de plateau ou de faible pente. La végétation chers calcaires comporte une majorité d’hémicryptophytes EUNIS : E1.2 - Pelouses sèches vivaces, avec cependant quelques annuelles ou WALEUNIS : E1.26 - Pelouses calcaires mé- bisannuelles, généralement en faible nombre. sophiles et mésoxérophiles, E1.27 - Pelouses Le tapis végétal est en général fermé et dominé calcaires xérophiles, E1.28 - Pelouses xériques par des espèces graminoïdes : Brachypodium des rochers calcaréo-siliceux, E1.29 - Pelouses pinnatum, Bromus erectus, Carex caryophyllea, à Festuca pallens des rochers calcaires C. flacca, Festuca lemanii, Koeleria macrantha Syntaxonomie : ou K. pyramidata. Leur abondance relative 3 Mesobromion erecti (Braun-Blanquet & varie aussi bien géographiquement avec les Moor 1938) Oberdorfer 1957 conditions climatiques et édaphiques que lo- 3 Xerobromion erecti (Braun-Blanquet & calement avec la topographie et la gestion (ou Moor 1938) Moravec in Holub, Heijný, l’absence de gestion). Elles sont accompagnées Moravec & Neuhaüsl 1967 d’un cortège très riche de dicotylédones dont 3 Koelerio macranthae-Phleion phleoidis les floraisons sont échelonnées au cours de la Korneck 1974 saison. Les orchidées (Ophrys div. sp., Orchis 3 Diantho gratianopolitani-Melicion ciliatae div. sp.) y sont généralement plus diversifiées. (Korneck 1974) Royer 1991 L’abandon du pâturage provoque générale- ment l’extension du brachypode penné et d’espèces dites « de lisière » comme Astraga- lus glycyphyllos, Lathyrus sylvestris, Origanum

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Floraison printanière d’orchis pourpres (Orchis purpurea) © Jean-Louis Gathoye © Jean-Louis

Floraison estivale de gentianes d’Allemagne (Gentianella germanica)

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vulgare, Trifolium medium, Viola hirta (phé- assez rétentifs en eau (marnes calcaires, ban- nomène d’enfrichement ou d’ourlification en quettes surélevées des plaines alluviales), le nappe). Le couvert dense et l’accumulation tapis végétal présente, à côté des espèces des de litière qui se décompose lentement pro- pelouses calcicoles mésophiles, un cortège voquent une réduction de l’ensoleillement au d’espèces plus hygrophiles (Carex flacca, C. sol. En réponse à ces changements, la diversi- tomentosa, Colchicum autumnale, Dactylorhiza té spécifique est drastiquement réduite. La pe- fuchsii, Gymnadenia conopsea, G. odoratissima). louse est alors pauvre, parfois même dépour- Ces pelouses font la transition vers les prairies vue d’espèces caractéristiques. Au sein de ces humides du Molinion (HIC 6410). Elles sont pelouses, la présence de buissons annonce notamment connues de quelques stations de la l’évolution forestière. région du Viroin et des marnes de Lorraine. Elles y sont très rares et fortement menacées Les pelouses qui se développent sur des subs- par l’eutrophisation ou le boisement. trats schisteux, plus ou moins calcarifères ou sur des sols décalcifiés, comportent des espèces 2.1.2. Les pelouses du Xerobromion caractéristiques du Mesobromion en mélange avec des espèces acidiclines : Agrostis capillaris, Les pelouses thermophiles et xérophiles du Xe- Danthonia decumbens, Genista pilosa, Genis- robromion sont des pelouses ouvertes, avec une tella sagittalis, espèces que l’on retrouve égale- proportion assez élevée de substrat apparent, ment dans certaines nardaies (HIC 6230) ou qui se développent sur pente modérée à forte dans les landes mésotrophes (HIC 4030). (pente moyenne de 20 %), préférentiellement à exposition sud, sur des sols superficiels (0-10 La variante mésoxérophile se développe sur des cm, moyenne de 3 cm) à pH neutre à basique sols plus superficiels, en situation de plateau (pH moyen 6,5). ou sur pente parfois assez accusée, et le cou- vert herbacé peut être localement discontinu. Les graminées sont en général moins abon- La strate muscinale peut y être plus dévelop- dantes que dans les pelouses mésophiles, au pée que dans les autres variantes. On y trouve contraire des chaméphytes. Ces formations à la fois des espèces mésophiles et xérophiles, occupent les gradins des falaises calcaires et avec passage graduel vers les pelouses du Xe- les versants où la roche calcaire dure affleure. robromion. Les chaméphytes (Helianthemum Elles abritent une remarquable association nummularium, Hippocrepis comosa, Potentilla de plantes rares, avec une proportion élevée verna, Teucrium chamaedrys, T. montanum, d’espèces d’origine méditerranéenne ou sar- Thymus praecox) y sont souvent plus fréquents matique. En région wallonne, elles sont forte- que dans les variantes mésophiles. Les espèces ment introgressées par des espèces de lisières d’ourlets thermophiles (Bupleurum falcatum, thermophiles, notamment Anthericum liliago, Fragaria viridis, Vincetoxicum hirundinaria) et Bupleurum falcatum, Fragaria viridis, Gera- les arbustes thermophiles y sont parfois abon- nium sanguineum, Polygonatum odoratum, Se- dants, indiquant l’évolution inéluctable vers le seli libanotis. Même s’ils ne participent pas aux boisement. groupements herbacés, les arbustes Cotoneaster integerrimus et Rosa pimpinellifolia trouvent ici Dans les pelouses développées sur substrats leur habitat de prédilection.

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Ourlet xérique à géranium sanguin (Geranium sanguineum)

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Pelouse rupicole à fétuque des rochers (Festuca pallens)

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2.1.3. Les pelouses rupicoles à Festuca pallens © Lionel Wibail

Les pelouses à Festuca pallens présentent un tapis herbacé nettement discontinu et la roche affleurante peut occuper une fraction importante de la surface totale. Ces pelouses sont situées sur les corniches des grands es- carpements calcaires et sont caractérisées par les vigoureuses touffes glauques de Festuca pallens ou les touffes vertes de Sesleria caeru- lea, accompagnées d’un cortège d’espèces cal- cicoles et xérophiles. En région wallonne, ces communautés occupent des stations isolées et abritent des espèces rares ou reliques (Artemisia alba, Dianthus gratianopolitanus, Hieracium glaucinum, H. schmidtii, H. vogesiacum) qui confèrent à nombre d’entre elles des individua- lités biogéographiques et physionomiques bien distinctes. Elles se développent fréquemment en mosaïque avec les pelouses ouvertes à orpins (HIC 6110) ou avec les végétations des rochers calcaires (HIC 8210).

2.1.4. Les pelouses xériques des rochers calcaréo-siliceux

Les pelouses xériques des rochers calcaréo-si- liceux colonisent les anfractuosités et les sail- lies des grands escarpements calcaréo-siliceux. Elles se développent sur des pentes plus ou moins accusées, parfois abruptes. Le couvert Pelouse des rochers calcaréo-siliceux à Festuca hetero- pachys herbacé discontinu laisse apparaître la roche. Le pH du sol est nettement acide. Ces commu- moins des espèces rares, uniquement présentes nautés sont considérées comme des irradiations dans ces pelouses, comme Artemisia cam- occidentales, appauvries, des pelouses calca- pestris, Coincya monensis subsp. cheiranthos, réo-siliceuses thermophiles d’Europe centrale. Festuca heteropachys, Hieracium peleterianum, L’isolement des localités ainsi que les superfi- Phleum phleoides, Potentilla rupestris. cies réduites sur lesquelles ces groupements se développent expliquent leur relative pauvreté en espèces caractéristiques. Elles abritent néan-

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Orchidées des pelouses calcicoles

1 Epipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens) © Lionel Wibail 2 Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) © Lionel Wibail 3 Orchis brûlé (Orchis ustulata) © Sébastien Krickx 4 Ophrys mouche (Ophrys insectifera) © Lionel Wibail 5 Orchis homme pendu (Orchis anthropophora) © Jean-Louis Gathoye 6 Orchis militaire (Orchis militaris) © Jean-Louis Gathoye 7 Gymnadénie moucheron (Gymnadenia conopsea) © Lionel Wibail 8 Orchis singe (Orchis simia) © Jean-Louis Gathoye

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2.2. Espèces diagnostiques Platanthera bifolia, Polygala vulgaris, Stachys (d’après Maubert & Dutoit 1995 ; Noirfalise & officinalis, Spiranthes spiralis, Thymus pule- Dethioux 1984 ; Royer 1991) gioides, Trifolium ochroleucon, Viola canina.

2.2.1. Les pelouses du Mesobromion Les espèces suivantes se rencontrent préféren- tiellement dans les variantes sèches : Asperula Les espèces suivantes se rencontrent de ma- cynanchica, Eryngium campestre, Helianthe- nière préférentielle dans les pelouses régionales mum nummularium, Hippocrepis comosa, Po- du Mesobromion erecti : Ajuga genevensis, Ana- tentilla verna, Pulsatilla vulgaris, Teucrium cha- camptis pyramidalis, Anthyllis vulneraria, Bra- maedrys, T. montanum, Thymus praecox. chypodium pinnatum, Bromus erectus, Campa- nula glomerata, Carex caryophyllea, C. flacca, La variante méso-hygrophile est notamment Carlina vulgaris, Centaurea scabiosa, Cirsium différenciée par les espèces suivantes dont acaule, Festuca lemanii, Galium pumilum, certaines se retrouvent également dans les va- Gentiana cruciata, Gentianella ciliata, G. ger- riantes alcalines du Molinion (HIC 6410) : manica, Gymnadenia conopsea, Himantoglos- Blackstonia perfoliata, Carex tomentosa, Coelo- sum hircinum, Koeleria macrantha, K. pyrami- glossum viride, Colchicum autumnale, Dactylo- data, Linum catharticum, Medicago lupulina, rhiza fuchsii, Gymnadenia odoratissima, Inula Neotinea ustulata, Onobrychis viciifolia, Ononis salicina, Orchis morio, Senecio erucifolius, Ser- repens, O. spinosa, Ophrys apifera, O. fuciflora, ratula tinctoria, Silaum silaus, Succisa pratensis. O. insectifera, Orchis anthropophora, O. milita- ris, O. simia, Plantago media, Polygala comosa, 2.2.2. Les pelouses du Xerobromion Primula veris, Prunella laciniata, Salvia praten- sis, Sanguisorba minor, Scabiosa columbaria, Le cortège floristique typique des pelouses ré- Trifolium montanum. gionales du Xerobromion se compose d’Allium sphaerocephalon, Arabis hirsuta, Aster linosy- Les pelouses étant abandonnées depuis de ris, Carex humilis, Dianthus carthusianorum, nombreuses années, elles sont fréquemment Fumana procumbens, Globularia bisnagarica, colonisées par les espèces des ourlets méso- Helianthemum apenninum, Linum leonii, L. philes, normalement absentes ou très discrètes tenuifolium, Melica ciliata, Orobanche teucrii, dans les pelouses fauchées ou pâturées comme Sesleria caerulea, Stachys recta, Thlaspi monta- Agrimonia eupatoria, Astragalus glycyphyllos, num, Veronica prostrata subsp. scheereri. Clinopodium vulgare, Galium verum, Lathyrus sylvestris, Orchis purpurea, Origanum vulgare, Cet habitat comporte généralement des espèces Poa pratensis subsp. angustifolia, Solidago vir- d’ourlets thermophiles : Anthericum liliago, gaurea, Trifolium medium, Viola hirta. Bupleurum falcatum, Campanula persicifolia, Digitalis lutea, Fragaria viridis, Geranium san- Les variantes acidiclines sont notamment dif- guineum, Helleborus foetidus, Hypericum mon- férenciées par la présence d’Agrostis capillaris, tanum, Limodorum abortivum, Lithospermum Danthonia decumbens, Genista pilosa, G. tinc- officinale, Polygonatum odoratum, Seseli libano- toria, Genistella sagittalis, Gentianella cam- tis, Silene nutans, Vincetoxicum hirundinaria. pestris, Hieracium pilosella, Luzula campestris,

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8 Espèces typiques des pelouses du Mesobromion

1 Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria) © Jean-Louis Gathoye 2 Sainfoin (Onobrychis viciifolia) © Xavier Janssens 3 Centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa) © Louis-Marie Delescaille 4 Gentiane ciliée (Gentianella ciliata) © Jean-Louis Gathoye 5 Gentiane d’Allemagne (Gentiana germanica) © Jean-Louis Gathoye 6 Gentiane croisette (Gentianella cruciata) © Jean-Louis Gathoye 7 Gentiane champêtre (Gentianella campestris) © Jean-Louis Gathoye 8 Cirse acaule (Cirsium acaule) © Louis-Marie Delescaille

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Espèces préférentielles des variantes sèches du Mesobromion

1 Hélianthème jaune (Helianthemum nummularium) © Jean-Yves Baugnée 2 Fer-à-cheval (Hippocrepis comosa) © Louis-Marie Delescaille 3 Potentille printanière (Potentilla verna) © Louis-Marie Delescaille 4 Anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris) © Sébastien Krickx 5 Germandrée des montagnes (Teucrium montanum) © Louis-Marie Delescaille 6 Germandrée petit-chêne (Teucrium chamaedrys) © Louis-Marie Delescaille

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8 Espèces du Xerobromion 1 Ail à tête ronde (Allium sphaerocephalon) © Lionel Wibail 2 Phalangère à fleurs de lis (Anthericum liliago) © Jean-Louis Gathoye 3 Orobanche de la germandrée (Orobanche teucrii) © Lionel Wibail 4 Œillet des Chartreux (Dianthus carthusianorum) © Jean-Yves Baugnée 5 Géranium sanguin (Geranium sanguineum) © Jean-Louis Gathoye 6 Globulaire (Globularia bisnagarica) © Louis-Marie Delescaille 7 Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum) © Jean-Louis Gathoye 8 Laîche humble (Carex humilis) © Jean-Louis Gathoye

122 Les parcours pastoraux

9 10

11

12 13

9 Libanotis (Seseli libanotis) © Lionel Wibail 10 Epiaire dressée (Stachys recta) © Louis-Marie Delescaille 11 Tabouret des montagnes (Thlaspi montanum) © Jean-Louis Gathoye 12 Dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria) © Louis-Marie Delescaille 13 Véronique couchée (Veronica prostrata subsp. scheereri) © Louis-Marie Delescaille

123 Les parcours pastoraux

1 2

3

5

4

Espèces des pelouses rupicoles à Festuca pallens

1 Armoise blanche (Artemisia alba) © Lionel Wibail 2 Seslérie (Sesleria caerulea) © Lionel Wibail 3 Œillet de Grenoble (Dianthus gratianopolitanus) © Jean-Louis Gathoye 4 Fétuque des rochers (Festuca pallens) © Alice Dauvrin 5 Mélique ciliée (Melica ciliata) © Louis-Marie Delescaille

124 Les parcours pastoraux

1 2

3

Espèces des pelouses xériques des rochers calcaréo- siliceux

1 Armoise champêtre (Artemisia campestris) © Jean-Louis Gathoye 2 Lychnis visqueux (Lychnis viscaria) © Jean-Louis Gathoye 3 Aster linosyris (Aster linosyris) © Lionel Wibail

125 Les parcours pastoraux

Des transgressives de pelouses pionnières s’y philes sur sols profonds et bien drainés, en observent régulièrement, notamment Acinos situation de plateau, et des pelouses mésoxé- arvensis, Echium vulgare, Erophila verna, Lac- rophiles sur sols rocailleux, en situation de pla- tuca perennis, Sedum acre, S. album, S. ru- teau ou de pente. À chacune de ces variantes pestre, Verbascum lychnitis. hydriques correspondent des variantes calci- coles et des variantes acidiclines auxquelles se 2.2.3. Les pelouses rupicoles à Festuca superposent l’effet de l’enfrichement (extension pallens des espèces de lisières) et/ou de l’embroussail- lement. Les espèces suivantes font partie du cortège floristique des pelouses rupicoles des rochers La variabilité des pelouses xérophiles et des pe- calcaires : Artemisia alba, Dianthus gratianopo- louses rupicoles est liée à la nature de la roche, litanus, Festuca pallens, Hieracium glaucinum, à réaction basique ou acide, et à la pente. On H. murorum, H. schmidtii, Hieracium vogesia- peut y ajouter l’effet de l’enfrichement et/ou de cum, Melica ciliata. Elles sont généralement l’embroussaillement. accompagnées d’espèces des pelouses xériques, des pelouses à orpins ou des rochers thermo- 2.4. Répartition géographique philes (Asplenium div. sp., Biscutella laevigata, Ceterach officinarum, Draba aizoides). Les pelouses calcicoles et calcaréo-siliceuses étaient autrefois répandues dans toutes les ré- 2.2.4. Les pelouses xériques des rochers gions où un substrat plus ou moins riche en calcaréo-siliceux carbonate de calcium ou de magnésium était apparent ou proche de la surface. Dans la ré- Les pelouses calcaréo-siliceuses régionales sont gion atlantique, elles sont très rares et peuvent caractérisées par Artemisia campestris, Aster li- occuper des substrats en place (vallées de la nosyris, Campanula patula, Coincya monensis Honnelle, de l’Orneau, du Houyoux, affleu- subsp. cheiranthos, Festuca heteropachys, Hie- rements crayeux de la basse Meuse) ou, le racium peleterianum, Lychnis viscaria, Phleum plus souvent, des stations secondaires (talus phleoides, Potentilla rupestris, Silene armeria. routiers ou ferroviaires, anciennes carrières). Quelques localités isolées étaient également Elles sont accompagnées d’espèces des pelouses connues dans le Brabant sur les affleure- mésoxérophiles, d’ourlets thermophiles et de ments de grès calcaires exploités sous le nom pelouses pionnières à orpins. de « pierre de Gobertange ».

2.3. Variabilité de l’habitat Dans la région continentale, les pelouses mésophiles sont principalement concentrées La variabilité des pelouses mésophiles dépend sur les calcaires dévoniens et carbonifères de de la nature du substrat et de l’abandon plus ou Fagne-Famenne et du Condroz, en connexion moins ancien. Pour ce qui concerne la teneur avec le réseau hydrographique de la Sambre en eau du substrat, on distingue des pelouses (Eau d’Heure, Biesme) et de la Meuse (Vi- relativement hygroclines, assez fréquemment roin, Molignée, Lesse, Ourthe, Amblève), sur situées en bas de versant, des pelouses méso- les calcaires dolomitiques de la région de Phi-

126 Les parcours pastoraux

Carte de distribution connue de l’habitat 6210 en Wallonie

lippeville, sur les calcaires, les grès calcareux met de lever le doute. Dans le cas des pelouses et les marnes de Lorraine. Les pelouses xéro- pionnières à orpins, c’est le recouvrement rela- philes et les pelouses rupicoles sont très rares tif des orpins et la présence d’espèces annuelles et limitées aux grands escarpements rocheux qui peut aider à différencier les habitats. Dans du bassin de la Meuse. le cas des nardaies, c’est la présence ou le re- couvrement relatif des espèces des pelouses 2.5. Confusions possibles avec adidiclines par rapport aux espèces franche- d’autres habitats ment acidiphiles des nardaies qui peut aider à faire la distinction. Par rapport aux prairies du Les pelouses calcicoles peuvent former des Molinion, le substrat est nettement détrempé complexes ou des transitions au sein d’autres en hiver et les espèces de pelouses sont minori- habitats avec lesquels elles peuvent être confon- taires en nombre et en recouvrement. Dans le dues. Il s’agit notamment d’autres types de pe- cas des prairies de fauche, la présence d’espèce louses telles les pelouses calaminaires (HIC de sols plus riches (coefficient N d’Ellenberg 6130), les pelouses pionnières à orpins (HIC supérieur à 4) permet de trancher et la présence 6110), les pelouses pionnières des sables cal- ou l’absence d’orchidées est également un cri- caires xériques (HIC 6120) ou les nardaies tère à prendre en compte, sans pour autant être (HIC 6230). Certaines prairies humides de discriminant. fauche à Molinia caerulea (HIC 6410) et les variantes calcicoles des prés de fauche (HIC Les végétations qui recolonisent les anciennes 6510) présentent également des espèces com- carrières possèdent une flore constituée à la fois munes avec l’habitat. Dans le cas des pelouses d’espèces typiques des pelouses, notamment calaminaires, la présence de métallophytes per- des orchidées, et des espèces rudérales, témoi-

127 Les parcours pastoraux

gnant de la perturbation mécanique du subs- Le lessivage superficiel des substrats pauvres trat. La proportion et le recouvrement relatif en bases s’accompagne d’une acidification du des espèces caractéristiques sont des éléments sol permettant éventuellement l’installation de à prendre en compte pour intégrer ou non ces pelouses acidiclines et, dans les cas extrêmes, végétations dans la gamme de variation des pe- de landes mésotrophes (HIC 4030). louses calcicoles. En cas d’abandon, elles constituent des faciès 2.6. Dynamique de la végétation d’enfrichement dominés par des graminées sociales, essentiellement le brachypode penné, Les pelouses calcicoles peuvent dériver de pe- le brome dressé ou la seslérie. Le plus souvent, louses pionnières par stabilisation du substrat et elles sont progressivement colonisées par des es- fermeture du tapis végétal mais elles proviennent pèces de lisière (phénomène d’ourlification en majoritairement de déboisements opérés en vue nappe) et par des essences ligneuses pionnières de constituer des parcours pour les troupeaux. qui annoncent le boisement, différent selon la Elles se maintiennent grâce au pâturage prati- nature de la roche mère et le régime hydrique. qué de manière extensive. Sur les sols les plus En particulier, le genévrier peut constituer des profonds, l’utilisation d’amendements en faible fourrés relevant de l’habitat 5130 au sein des quantité ou le pâturage permanent peuvent les pelouses mésoxérophiles alors que la buxaie faire évoluer vers des formations prairiales. Elles (HIC 5110) peut coloniser certaines pelouses constituent alors des formes pâturées ou fau- xériques ou rupicoles. L’évolution forestière chées de prés maigres de fauche relevant, pour mène principalement vers les hêtraies calcicoles les seconds, de l’habitat 6510. (HIC 9150) ou vers les chênaies pubescentes (habitat d’intérêt patrimonial). © Jean-Louis Gathoye © Jean-Louis

Pelouse calcaire embroussaillée

128 Les parcours pastoraux

Diagramme évolutif de la végétation des pelouses sèches sur calcaire (6110, 6210)

Stade éventuel : Pelouses pionnières végétation des éboulis à orpins calcaires ensoleillés (HIC 6110) stabilisation du substrat (HIC 8160) fermeture érosion, fermeture du couvert surpâturage du couvert Lande herbacé herbacé mésotrophe (HIC 4030)

acidification du substrat Pelouses Pelouses Pelouses calcaréo-siliceuses calcaires xérophiles calcaires mésophiles (HIC 6210) et rupicoles (HIC 6210) (HIC 6210) fertilisation légère et fauche

abandon abandon abandon voir : prairies maigres de fauche (HIC 6510)

Ourlets Ourlets thermophiles thermophiles Ourlets mésophiles calcaréo-siliceux à géranium sanguin à trèfle intermédiaire (HIC 6210 p.p.) (HIC 6210) (HIC 6210)

boisement

Fourrés boisement boisement Buxaie boisement à genévrier thermophile (HIC 5110) commun (HIC 5130)

boisement

Faciès pionniers de la Faciès chênaie-charmaie pionniers de Faciès pionniers de la hêtraie calcicole famennienne la chênaie (HIC 9150) thermophile pubescente

129 © Yvan Barbier Les parcours pastoraux 130 Les parcours pastoraux

Les nardaies (6230*)

1| Définitions sur des sols moins désaturés, localisés sur des niveaux lithologiques fossilifères ou lé- 1.1. Déclinaison wallonne de l’habitat gèrement calcarifères ; 3 une nardaie montagnarde à Meum atha- Les nardaies sont des formations herbacées oc- manticum et Centaurea jacea subsp. nigra cupant des sols acides et pauvres en éléments limitée aux hauts-plateaux de l’Ardenne nutritifs, dominées par des espèces frugales, septentrionale et se développant à des alti- dont le nard (Nardus stricta). Actuellement tudes supérieures à 500 m. Sur le plateau et malgré une extension historique plus im- d’Elsenborn, secteur où l’habitat est le plus portante, elles ne sont pratiquement plus pré- largement représenté, Schumacker (1975) y sentes qu’en Ardenne. En dehors du domaine a distingué trois sous-associations physio- militaire d’Elsenborn, il s’agit d’habitats rares, nomiquement très différentes : une sous- souvent abandonnés, et occupant des surfaces association type, riche en Narcissus pseudo- réduites, au sein des landes ou dispersés au sein narcissus, une sous-association hygrocline à de la matrice agricole ou forestière (prairies Deschampsia cespitosa et Persicaria bistorta maigres, gagnages, pistes forestières). et une sous-association thermophile carac- térisée par Genistella sagittalis, Helianthe- 1.2. Synsystématique mum nummularium subsp. obscurum et Serratula tinctoria. Lebrun et al. (1949) considéraient les nardaies comme des faciès pâturés ou fauchés des landes Les nardaies des sols pauvres et acides sont (landes herbeuses). Ils ont ainsi rapporté une actuellement rattachées aux nardaies sub- et variante sur sols acides podzolisés correspon- nord-atlantiques du Galio saxatilis-Festucion dant à l’association à Calluna vulgaris et Genis- filiformis (Stieperaere 1990) de Foucault 1994 ta anglica, une variante ardennaise de la lande (Stieperaere 1993 ; de Foucault 1994). Les à Calluna vulgaris et Vaccinium vitis-idaea et nardaies acidiclines à Lathyrus linifolius ou à une variante de la lande mixte à Calluna vul- Meum athamanticum sont rattachées à l’al- garis et Danthonia decumbens sur sols limo- liance du Violion caninae Schwickerath 1944. no-sableux ou sablo-limoneux podzolisés. Pour rappel, l’association à Brachypodium pin- Dans une étude plus récente, Sougnez (1977) natum et Danthonia decumbens, rangée par a reconnu trois types de nardaies mésophiles : les auteurs néerlandais dans les nardaies, a été 3 une nardaie oligotrophe à Polygala serpylli- intégrée dans la sous-alliance acidicline du folia présente sur les sols les plus pauvres et Mesobromion (voir HIC 6210). les plus acides ; 3 une nardaie acidicline à Lathyrus linifolius

131 Les parcours pastoraux

1.3. Correspondances entre les typo- parmi lesquelles Galium saxatile et Nardus logies stricta. Dans leurs variantes acidiclines, elles sont accompagnées d’hémicryptophytes (Ar- nica montana, Centaurea jacea subsp. nigra, PAL.CLASS. (CORINE) : 35.1 - Nardaies at- Lathyrus linifolius, Hypochaeris maculata, lantiques et communautés affines Meum athamanticum) ou de plantes à bulbes EUNIS : E1.7/P-35.1135.11 - Nardaies atlan- (géophytes - ex. Narcissus pseudonarcissus) qui tiques peuvent leur donner un aspect très fleuri à WALEUNIS : E1.71 - Nardaies certaines époques de l’année. Elles sont géné- Syntaxonomie : ralement situées sur les plateaux et les pentes 3Violion caninae Schwickerath 1944 douces. Localement, on peut les retrouver 3Galio saxatilis-Festucion filiformis (Stiepe- dans les fonds de vallée, sur des banquettes raere 1990) de Foucault 1994 alluviales ressuyées en été. Les variantes ther- mophiles occupent des versants plus accusés, à 2| Caractéristiques diagnostiques exposition sud. de l’habitat Pour rappel, les nardaies humides à Juncus 2.1. Structure, physionomie générale, squarrosus sont considérées comme des faciès description générale pâturés des landes humides (HIC 4010) et sont traitées dans la fiche consacrée à cet habitat. Les nardaies résultent historiquement du pâtu- rage ou du fauchage des landes et se trouvent 2.2. Espèces diagnostiques donc souvent en mosaïque au sein de cet ha- (d’après Bensettiti et al. 2005 ; Julve 1993 ; bitat, notamment dans les endroits fréquentés Schumacker 1975 ; Sougnez 1977) par les cervidés, mais on les trouve aussi dans des complexes prairiaux où elles occupent des Les espèces caractéristiques régionales des nar- sols très pauvres qui n’ont pas été amendés. daies sont Ajuga pyramidalis, Antennaria dioica, En Wallonie, en dehors des domaines mili- Arnica montana*14, Botrychium lunaria, Carex taires et de quelques réserves naturelles situées pallescens, C. pilulifera, Centaurea jacea subsp. en Ardenne, il s’agit la plupart du temps de nigra*, Danthonia decumbens, Euphrasia ne- milieux de surface réduite ou abandonnés de morosa*, Galium saxatile, Hieracium lactucella, longue date. Dans ces conditions, leur compo- Hypericum maculatum, Hypochaeris maculata*, sition floristique est fragmentaire, les espèces Lathyrus linifolius, Luzula campestris, L. mul- typiques des landes (notamment les éricacées) tiflora subsp. congesta, Meum athamanticum*, peuvent y être abondantes et, fréquemment, Nardus stricta, Platanthera bifolia, Polygala vul- des espèces sociales (Molinia caerulea, Poa garis, P. serpyllifolia, Potentilla erecta, Pseudor- chaixii, Pteridium aquilinum) dominent le ta- chis albida*, Thesium pyrenaicum*, Viola canina. pis herbacé. Ces espèces sont éventuellement accompa- Les nardaies typiques ont l’aspect de pelouses gnées d’espèces des pelouses des sables acides assez rases, dominées par des espèces frugales (HIC 2330) : Agrostis vinealis, Aira praecox, A.

(14) Les espèces marquées d’un astérisque caractérisent les nardaies à caractère montagnard des hauts plateaux ardennais.

132 Les parcours pastoraux

caryophyllea, Corynephorus canescens, Festuca Enfin, dans les variantes moins oligotrophes, filiformis, Hieracium pilosella, Jasione monta- elles abritent des espèces de pelouses thermo- na, Ornithopus perpusillus. philes ou acidiclines : Briza media, Campa- nula rotundifolia, Carex caryophyllea, Galium La plupart du temps, les espèces de landes pumilum, Genistella sagittalis, Helianthemum comme Calluna vulgaris, Cuscuta epithymum, nummularium subsp. obscurum, Linum ca- Genista anglica, G. pilosa, Vaccinium myrtil- tharticum, Pimpinella saxifraga, Serratula lus y sont bien présentes, témoignant souvent tinctoria, Thymus pulegioides. d’une réduction de la pression de pâturage. Les faciès plus humides sont signalés par Ca- Dans les stations encore pâturées, elles sont rex demissa, C. ovalis, C. panicea, Cirsium fréquemment accompagnées d’espèces des palustre, Deschampsia cespitosa, Juncus squar- prairies maigres ou des ourlets acidiphiles : rosus, Lotus pedunculatus, Molinia caerulea, Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Pedicularis sylvatica, Persicaria bistorta, Suc- Festuca rubra subsp. commutata, Holcus lana- cisa pratensis. tus, Stachys officinalis, Veronica officinalis. © Xavier Janssens © Xavier

Floraison de la bétoine (Stachys officinalis) et du genêt ailé (Genistella sagittalis)

133 Les parcours pastoraux

1 2

3 4 5

6 7

1 Pied-de-chat (Antennaria dioica) © Jean-Louis Gathoye 2 Arnica (Arnica montana) © René Dahmen 3 Botryche lunaire (Botrychum lunaria) © Sébastien Krickx 4 Epervière petite-laitue (Hieracium lactucella) © Lionel Wibail 5 Porcelle tachée (Hypochaeris maculata) © Jean-Louis Gathoye 6 Gesse des montagnes (Lathyrus linifolius) © Lionel Wibail 7 Fenouil des Alpes (Meum athamanticum) © Lionel Wibail

134 Les parcours pastoraux

8 9

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8 Tormentille (Potentilla erecta) © Annick Pironet 9 Nard (Nardus stricta) © Lionel Wibail 10 Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia) © Jean-Louis Gathoye 11 Polygala vulgaire (Polygala vulgaris) © Lionel Wibail 12 Violette des chiens (Viola canina) © Lionel Wibail

135 Les parcours pastoraux

Carte de distribution connue de l’habitat 6230 en Wallonie

2.3. Variabilité de l’habitat 2.4. Répartition géographique

La variabilité des nardaies est principalement Dans la région atlantique wallonne, les nar- liée à la pauvreté du substrat et à un gradient daies ont pratiquement disparu, et celles qui biogéographique. On distingue des nar- ont pu se maintenir occupent des surfaces très daies oligotrophes, acidiphiles, généralement faibles. pauvres en espèces et des nardaies moins oli- gotrophes, acidiclines, plus riches en espèces. Dans la région continentale, les nardaies, Les nardaies des hauts plateaux de l’Ardenne autrefois largement répandues sur les sols possèdent en outre un contingent d’espèces à pauvres, ont subi le même sort que les landes caractère montagnard. bien qu’elles soient potentiellement présentes dans toute l’Ardenne et sur les sols désaturés du La variabilité est également liée à l’activi- Condroz, de Fagne-Famenne et de Lorraine. té des herbivores : les nardaies pâturées (ou Contrairement aux landes, elles peuvent sub- fauchées) présentent un tapis végétal dominé sister localement dans le domaine agricole, au par des graminées et des hémicrytophytes, sein de complexes de prés maigres fauchés ou tandis que celles qui sont sous-pâturées sont pâturés. Il n’en subsiste des surfaces représen- fréquemment dominées par des sous-arbris- tatives que dans le camp militaire d’Elsenborn, seaux constituant des termes de passage vers en bordure de l’aérodrome de Saint-Hubert et les landes. Enfin, l’abandon peut se marquer dans quelques réserves naturelles des hauts par l’extension d’espèces à caractère social, plateaux ardennais (Frankard 2014 ; Frankard plus marqué dans les variantes à nappe phréa- et al. 1998 ; Schumacker 1975). Des surfaces tique élevée ou à sol tassé. conséquentes de nardaies ont été restaurées par

136 Les parcours pastoraux © Lionel Wibail

Variante à gesse des montagnes (Lathyrus linifolius) © René Dahmen © René

Faciès à arnica (Arnica montana)

137 Les parcours pastoraux

l’intermédiaire de projets cofinancés par l’UE 2.6. Dynamique de la végétation (projets Interreg, LIFE ou PwDR) en Ardenne et en Lorraine, le plus souvent au départ de Le maintien des nardaies dépend du maintien plantations résineuses. d’un régime de pâturage ou de fauche sans utili- sation d’amendement. Une fertilisation, même 2.5. Confusions possibles avec légère, les fait évoluer vers des prés maigres d’autres habitats pâturés ou fauchés, ces derniers pouvant rele- ver des habitats 6510 ou 6520. En l’absence de gestion, les éricacées peuvent dominer le tapis Les nardaies peuvent éventuellement être végétal et reconstituer des landes (HIC 4010 et confondues avec des prés maigres au sein des- 4030). Des espèces sociales (canche flexueuse, quels elles peuvent se développer ou dont elles fougère-aigle, molinie) sont fréquemment pré- peuvent dériver. Les espèces différentielles des sentes et parfois dominantes dans les faciès nardaies par rapport aux formations prairiales abandonnés. La dominance du pâturin mon- sont, notamment, Arnica montana, Calluna tagnard (Poa chaixii) témoigne fréquemment vulgaris, Carex caryophyllea, C. pilulifera, Dan- d’une légère eutrophisation (Frankard et al. thonia decumbens, Festuca filiformis, Genistella 1998). La présence de buissons (genêt à balai, sagittalis, Molinia caerulea, Nardus stricta, Po- bourdaine) ou d’essences pionnières (bou- lygala serpyllifolia, Thesium pyrenaicum, Thymus leaux, peuplier tremble, sorbier des oiseleurs) pulegioides, Veronica officinalis. Toutes ces es- indique l’évolution vers le boisement, menant pèces sont normalement absentes ou quasiment aux séries forestières des hêtraies acidiphiles absentes dans les formations prairiales. (HIC 9110 et 9120) et des chênaies-boulaies à molinie (HIC 9190). La dynamique des nar- Les espèces suivantes, caractéristiques des prai- daies humides est présentée dans le fiche de ries montagnardes de fauche (HIC 5320), ne l’habitat 4010 dont elles relèvent. pénètrent pas, ou seulement de manière très sporadique, dans les nardaies : Alchemilla vulgaris, Avenula pubescens, Geranium sylva- ticum, Knautia arvensis, K. dipsacifolia, Tri- Dahmen © René setum flavescens. Leur présence peut toutefois indiquer que ces pelouses ont été autrefois irri- guées par abissage et utilisées comme prairies à foin.

Les variantes hygrophiles peuvent être confon- dues avec les nardaies paratourbeuses à Juncus squarrosus, lesquelles constituent des faciès pâ- turés des landes tourbeuses rattachées à l’ha- bitat 4010.

Mosaïque de nardaie et de lande sèche

138 Les parcours pastoraux

Diagramme évolutif des nardaies sèches (6230)

Landes sèches (HIC 4030)

extensification surpâturage du pâturage ou fauche

Nardaies sèches (HIC 6230)

abandon légère fertilisation, fauchage

voir : prairies maigres de fauche (HIC 6510 - 6520)

Landes dégradées à molinie Ptéridaies (HIC 4030)

boisement

Faciès pionniers des hêtraies et chênaies-boulaies acidiphiles (HIC 9110, 9120 et 9190)

139 1 Cahier 4. Les parcours pastoraux

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