Innovation Et Ruralité[S] Ruralité[S] Et Innovation Aménagement Du Territoire Du Aménagement
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AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAD AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE E AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAD INNOVATION ET RURALITÉ[S] en Nouvelle-Aquitaine Regards sur des territoires en action AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA JACQUES PALARD DIRECTEUR DE RECHERCHE ÉMÉRITE AU CNRS CENTRE EMILE-DURKHEIM (SCIENCES PO BORDEAUX) Ce travail d’expertise commandé par la Région Nouvelle-Aquitaine a été réalisé par Jacques PALARD, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à l’Institut d’études politiques de Bordeaux (Centre Émile-Durkheim). © Crédit photo : Région Nouvelle-Aquitaine / Thierry Laporte : Région Nouvelle-Aquitaine / © Crédit photo 3 SOMMAIRE > Carte des projets soutenus en Nouvelle-Aquitaine P.05 > Introduction générale P.06 > PROJET 1 De l’aérium à la culture maraîchère bio : la santé autrement P.16 Île d’Aix en Charente-Maritime (17) > PROJET 2 Un leadership féminin au service de l’innovation rurale et de l’alimentation bio P.24 Cercoux en Charente-Maritime (17) > PROJET 3 De Paris à Ségur-le-Château : un projet d’agroécologie et d’urbanité rurale P.32 Ségur-le-Château en Corrèze (19) > PROJET 4 Quand l’école devient buissonnière P.44 Sorges et Ligueux en Dordogne (24) > PROJET 5 Quand la fermeture d’une classe permet… l’ouverture du village à l’innovation P.50 Toulouzette dans les Landes (40) > PROJET 6 Mobilité à la demande et accessibilité du centre-bourg P.58 Pays de Belvès en Dordogne (24) > PROJET 7 Associer les habitants et « ménager » le cœur de bourg P.64 Saint-Christophe-sur-Roc dans les Deux-Sèvres (79) > PROJET 8 D’ici ou d’ailleurs ? Quand une incertitude identitaire plane sur la gouvernance P.72 Gavaudun en Lot-et-Garonne (47) > PROJET 9 Le tiers-lieu comme fruit de la résistance et de la créativité basque P.80 Barcus dans les Pyrénées-Atlantiques (64) > PROJET 10 Des chantiers d’insertion à l’entreprise d’insertion : innovation et solidarité P.88 Saint-Sauvant dans la Vienne (86) 4 Innovation et ruralité[s] en Nouvelle-Aquitaine Émergence et développement de dix projets > soutenus par le Conseil régional (2018-2019) PROJET 7 VIENNE DEUX- PROJET 10 SÈVRES PROJET 1 CREUSE CHARENTE- MARITIME HAUTE-VIENNE CHARENTE PROJET 3 PROJET 4 PROJET 2 CORRÈZE DORDOGNE PROJET 6 GIRONDE PROJET 8 LOT-ET-GARONNE LANDES PROJET 5 PYRÉNÉES-ATLANTIQUES PROJET 9 5 Introduction générale ’appel à projets lancé dans le cadre du Cluster Ruralités par la Région Nouvelle-Aquitaine marque une importante étape dans le mouvement de transformation, de développement L et de « renaissance »1 des territoires ruraux français. Il n’est sans doute pas inutile de voir dans les quelque 300 réponses que cet appel à projets a suscitées en trois ans, entre 2018 et 2020, une claire manifestation de ce mouvement, qui représente une longue trajectoire à la fois sociale, culturelle et institutionnelle. Dans un article au titre interrogatif paru il y a près de quarante ans : « Renouveau des sociétés locales : volonté ou résultat ? », le sociologue Jacques Lautman, alors animateur du vaste programme du CNRS Observation continue du changement social et culturel, relevait déjà une forte tendance à la « relocalisation » de la société française, processus dont profitait de façon significative à ses yeux le milieu rural : « S’il n’y a plus de pay- sans, les campagnes ont pourtant cessé de se dépeupler ; des citadins, de par leurs activités, ha- bitent à la campagne. Plus étonnant encore : toutes les considérations supposées rationnelles et les efforts politiques non négligeables n’ont pas réussi à faire diminuer le nombre des communes qui reste obstinément aux alentours de 36 400 »2. Il n’est pas indifférent de noter que la tendance ainsi observée est contemporaine de la politique de décentralisation initiée dès le début de son premier septennat par François Mitterrand. D’ailleurs, les lois Defferre furent-elles fondamen- talement autre chose que la prise en compte par le législateur de la volonté des nouvelles élites locales d’être mieux reconnues et plus étroitement associées à l’organisation et à l’avenir de leur territoire ? « Territoire »… : un terme qui est devenu une forme de paradigme pratique, et qui a été prononcé pas moins de 25 fois par le Premier ministre, Jean Castex, nouvellement nommé à Matignon, dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale le 15 juillet 2020. Depuis le vote de la loi du 5 juillet 1972, qui les a instituées, et leur mise en place au début de l’année 1974, les régions se sont progressivement affranchies de leur fonction première de relais des politiques de l’État central pour s’engager de façon de plus en plus manifeste dans le soutien à leurs composantes territoriales, perçues comme des partenaires de leur politique d’aménagement et de développement. Dans l’éditorial qu’il donne en avril 1978 au tout premier numéro du Journal des pays et des villes d’Aquitaine, le préfet de région Paul Masson, pourtant encore détenteur du pouvoir exécutif régional…, en appelle à l’imagination et à la concertation « pour faciliter la mise en œuvre de cette politique qui peut être l’annonce d’une pratique nou- velle de la gestion des affaires locales où la responsabilité des élus s’exercerait complètement et où l’administration s’en tiendrait à un rôle de conseil ». Il estime qu’aucune synthèse régionale n’est possible si elle n’est pas nourrie « par le bas ». 1 Voir Bernard Kayser, La renaissance rurale. Sociologie des campagnes du monde occidental, Paris, Armand Colin, 1990. 2 Jacques Lautman, « Renouveau des sociétés locales : volonté ou résultats ? », Sociologie du travail, 25e année, n° 2, 1983, p. 234. 6 Dans cette perspective, qui considère le développement local comme un enjeu central, la dé- centralisation représente une démultiplication des centres de décision, comme par un effet de capillarité. Dès lors, la Région vaut ce que valent ses composantes territoriales, et chaque com- posante ne vaut elle-même que par la qualité de l’échange et de la concertation aptes à débou- cher sur un « accord local ». Cette notion, proposée par Mairies-conseils (service de la Caisse des dépôts et consignations) à la fin des années 1990, entend traduire le partage par les acteurs d’un territoire d’une vision commune sur la nature et l’orientation de l’action collective à mettre en œuvre. Dans ce cadre, la conduite de la « politique contractuelle » par la Région Aquitaine, initiée à la fin des années 1970, a exercé un effet d’entraînement et une fonction à caractère éminemment pédagogique dans la mesure où elle a incité les partenaires d’un même territoire à négocier et à « s’accorder »3. Au cours des dernières décennies, cette vertu, qui n’a pas manqué de tirer parti du programme européen LEADER grâce aux réseaux de gouvernance formés par les Groupes d’action locale (GAL), n’a cessé de s’affirmer. Elle prend corps désormais dans l’application de la loi NOTRe du 7 août 2015 portant « nouvelle organisation territoriale de la République ». La région se voit en effet confier la rédaction du Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (SRADDT), qui a aussi explicitement pour objet le « désenclavement des territoires ruraux »4. L’exercice de cette responsabilité a inspiré au président du Conseil régional de Nou- velle-Aquitaine la création, en 2016, d’une DATAR à vocation… régionale, dans laquelle Pablo Aiquel voit « une petite Datar pour grande région »5. Par l’intermédiaire de contrats négociés de développement territorial, la Région poursuit ainsi un double objectif : soutenir et développer les atouts de tous ses territoires, mais également, par l’attribution de moyens complémentaires, exprimer la solidarité régionale au profit de ceux qui sont les moins dotés et les plus fragiles. C’est là, précisément, l’un des buts majeurs assignés à la Mission Ruralité : « En créant une Mission Ruralité, la Région accompagne les projets issus de nos territoires les plus vulnérables en y apportant des soutiens financiers mais aussi une aide à l’ingénierie, essentielle aux communes les plus petites, si souvent seules ». « Pour que chaque territoire rural puisse profiter des compétences de chacun, la Région a créé un Cluster "ruralité". Il réunit un certain nombre d’acteurs ayant un impact sur les territoires ruraux, comme La Poste, la Caisse des dépôts, l’Association des maires ruraux de France. Son objectif est de susciter une dynamique de coopération et de connexion sur et par les territoires ruraux. Il sera la banque de données de l’innovation rurale en Nouvelle-Aquitaine »6. 3 En six ans, de 1978 à 1984, 44 contrats de pays et 29 contrats de ville moyenne régionale ont été signés. 4 Aux termes de l’article 10 de la loi, « ce schéma fixe les objectifs de moyen et long termes sur le territoire de la Région en matière d’équilibre et d’éga- lité des territoires, d’implantation des différentes infrastructures d’intérêt régional, de désenclavement des territoires ruraux, d’habitat, de gestion économe de l’espace, d’intermodalité et de développement des transports, de maîtrise et de valorisation de l’énergie, de lutte contre le changement climatique, de pollution de l’air, de protection et de restauration de la biodiversité, de prévention et de gestion des déchets ». 5 Pablo Aiquel, « La Datar ressuscite en Nouvelle-Aquitaine », La Gazette des communes, n° 2 323, 27 juin 2016, p. 14 : « Alain Rousset convient que, ‘‘à l’échelle d’un territoire aussi immense que la nouvelle grande Région Aquitaine, il est impératif qu’une structure de mission ait l’ambition de réfléchir à l’avenir des territoires et se dote d’une capacité d’anticipation’’ ». 6 Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Au plus près des territoires. L’action régionale à vos côtés, janvier 2019, p.