OPÉRA THÉÂTRE

I Djamileh OPÉRA-COMIQUE EN 1 ACTE, 1872 G. Bizet Il Tabarro OPÉRA EN 1 ACTE, 1918 G. Puccini

PRÉSENTATION OPÉRA NATIONAL DE LYON OPÉRA|THÉÂTRE DE SAINT-ÉTIENNE

L'Opéra Théâtre de Saint-Étienne remercie l'ensemble de ses partenaires pour leur confiance et leur fidélité

Jean-Louis Pichon : Directeur général Éric Blanc de la Naulte : Directeur adjoint Laurent Campellone : Directeur musical Gérard Poli : Directeur technique Olivier Barbé : Directeur de la communication Serge Horwath : Conseiller artistique Dominique Rouvier : Directeur de production Autres scènes Jean-François Hubert : Responsable secteur Jeunes publics Georges Flores : Directeur de l'image Alexandre Heyraud : Directeur de production Marie-Madeleine Duport : Chargée des collectivités Cyrille Sabatier : Photographe

Opéra Théâtre de Saint-Étienne B P 237 - 4.2013 Saint-Étienne cedex 2 Location 04 77 47 83 40 / Administration 04 77 47 83 47 operatheatreOsaint-etienne.tr - www.saint-etienne.fr OPÉRAjTHÉÂTRE DE SAINT-ÉTIENNEÉTIENNE

Djamileh

Opéra comique en 1 acte Livret de d'après Namouna d' Création: le 22 mai 1872, Salle Favart, Musique de

Il Tabarro

Opéra en 1 acte Livret de Giuseppe Adami d'après La Houppelande de Didier Golde Création: le 14 décembre 1918, Metropolitan , New York Musique de Giacomo Puccini

Présentation de L'OPÉRA DE LYON

Mercredi 28 mars 2007 à 20h Vendredi 30 mars 2007 à 20h Dimanche 1er avril 2007 à 15h

Grand Théâtre Massenet Costume pour Djamileh, par Marcel Multzer. coll. ASO.

Page titre de la partition d'IL TABARRO publiée par Ricordi à Milan, coll. ASO. m « DISTRIBUTION DJAMILEH

Direction musicale Eivind GULLBERG JENSEN Mise en scène Christopher ALDEN Assistant Robert KEARLEY Décors Johan ENGELS Costumes Sue WILLMiNGTON Éclairages Adam SILVERMAN

SOLISTES

Haroun Jean-Pierre FURLAN Splendiano Laurent NAOURI Djamileh Janja VULETIC le Marchand d'esclaves Marc FOURNIER

IL TABARRO

Direction musicale Eivind GULLBERG JENSEN Mise en scène David POUNTNEY Assistant Robert KEARLEY Décors Johan ENGELS Costumes Tom PYE Éclairages Adam SILVERMAN

SOLISTES Michele Laurent NAOURI Giorgetta Hélène BERNARDY Luigi Jean-Pierre FURLAN La Frugola Ceri WILLIAMS Il Talpa Brian BANNATYNE-SCOTT llTinca Christophe MORTAGNE

Orchestre et Chœurs de L'OPÉRA DE LYON

Chefs de chant: Nathalie DANG, Mathieu PORDOY (Graham LILLY, célesta)

Production: Opera North Djamileh Argument

Acte unique

Le sultan Haroun, désabusé et convaincu de sa propre incapacité à res­ sentir l'amour, a pris l'habitude de changer chaque mois de favorite et d'étourdir ainsi ses sens dans la fièvre de l'inconnu et du provisoire. Pour­ tant, son serviteur Splendiano lui répète qu'«un rayon ou une goutte d'eau » peut suffire à révéler celle qui fléchira sa mélancolique résolu­ tion... De fait, Haroun est bel et bien tombé sous le charme de Djamileh, qui est elle aussi tendrement attirée par lui et espère lui donner son cœur.

Mais le sultan ne veut pas s'avouer cette faiblesse: il offre à Djamileh un collier en cadeau d'adieu, puis la congédie définitivement, la confiant à Splendiano - qui se réjouit du présent car il est lui-même épris de la belle esclave. Il charge également son serviteur de lui choisir une nouvelle maî­ tresse parmi toutes les danseuses présentées par le Marchand d'esclaves. Or c'est finalement Djamileh, déguisée en danseuse, qui se présente de nouveau devant le sultan.

Elle se fait quelque peu désirer et Haroun, séduit autant qu'attendri par ses dérobades et sans l'avoir encore reconnue, lui confie qu'il aimait celle qui occupait sa place il y a peu: Djamileh... Un rayon de lune éclaire alors la jeune femme et dévoile son identité; ému par ses protestations passion­ nées, Haroun se laisse fléchir et admet enfin que l'amour le possède aussi. Splendiano, dépité, voit le sultan et Djamileh partir ensemble.

Chantai Cazaux

6 Une partition raffinée et séduisante par Gérard Condé

Bizet a terminé sa trop brève carrière sur un On le devine, du moins, car la partition s'achève coup de maître - qui n'était pas son coup d'es­ sans autre forme de procès par un grand duo sai - , une partition aussi familière pour entre Djamileh et Haroun. nos oreilles qu'inattendue dans sa trajectoire artistique. Ce n'est pas, comme on l'a dit, Avec une donnée aussi dénuée de développe­ l'échec relatif de l'ouvrage qui l'a tué quelques ments et de péripéties, même pour un opéra- semaines après sa création à l'Opéra-Comique comique en un acte, Bizet n'avait d'autre en 1875. Mais, en l'auréolant d'une gloire que échappatoire que d'écrire la partition la plus rien ne laissait prévoir de son vivant, le succès raffinée et la plus séduisante. Aussi y a-t-il jeté posthume de cet opéra au parfum de scandale, autant d'idées que pour un opéra en trois actes. a eu un double effet: on a accordé à ses œuvres Délaissant les formes à reprises, la musique antérieures - à L'Artésienne et aux Pêcheurs de semble se renouveler à chaque pas, comme perles notamment - l'attention qui leur avait dans Les Maîtres chanteurs, pour suivre toutes été refusée et l'on s'est efforcé de faire entrer les nuances du poème, tous les détours des dia­ au répertoire , La Jolie Fille logues. C'est ce qui a valu à Bizet l'admiration de Perth, Djamileh. de ses confrères, Gounod, Saint-Saëns, Masse- net et, plus tard, Mahler et . La Mais l'éclat de Carmen épaissit l'ombre alen­ critique s'étonna de l'imprévu des contours mé­ tour et l'on marchande à ces ouvrages la recon­ lodiques, des modulations ambiguës et de la naissance qui leur est due. Leur tort est de ne crudité de certaines dissonances suggérant no­ pas ressembler à la cadette qui a si bien réussi... tamment la morsure de l'amour. Devant l'indif­ Ou d'exiger plus d'attention qu'on n'en accorde férence du public, l'ouvrage disparut au bout à ce que l'on considère comme des œuvres du de dix représentations. second rayon. Or Djamileh composé juste avant L'Artésienne dont on pressent déjà toute la sa­ Les caractères étant à peine dessinés, Bizet a veur, et créé à la salle Favart le 22 mai 1872, choisi de rester dans le pastel orientalisant et, trois ans avant Carmen, est une étoile authen­ sauf dans l'air de Djamileh (injustement épin- tique, mais une étoile enfermée dans sa propre glé, à l'époque, pour ses dissonances savou­ lumière. Car si Carmen, extravertie, étincelante, reuses mais cruelles) et le grand duo final, le a fait le tour du monde, Djamileh n'a jamais ton est celui de l'aimable badinage. On peut connu que des succès d'estime. penser que l'échec de la création a déterminé Bizet à changer de stratégie. Car, s'il n'a pas mis Cela tient en partie au livret, inspiré de Na- moins d'invention dans Carmen, il l'a reléguée mouna de Musset: Haroun, mélancolique sultan au second plan: c'est l'évidence qui frappe du Caire, change chaque mois de favorite, d'abord tandis que, dans Djamileh, c'est la sub­ convaincu de l'impossibilité d'aimer et d'être tilité. Djamileh est un régal de gourmet: l'esprit aimé plus longtemps. Le jour est ainsi venu de de Musset, trahi par l'insignifiance du livret de donner congé à la capiteuse Djamileh. Comme Louis Gallet, s'est réfugié dans la partition. elle plaît fort à Splendiano, factotum du sultan, Mais ce n'est pas tout car cette subtilité doit elle restera au palais, ne faisant que changer de être servie par des chanteurs de premier plan. maître. Mais la belle ne l'entend pas de cette Le rôle-titre exige une voix de mezzo-soprano oreille : elle aime ce jeune blasé qui la répudie bien timbrée dans le grave et à l'aise dans le re­ avec tant d'insouciance. Haroun ayant jeté dis­ gistre supérieur, celui d'Haroun est écrit pour traitement son dévolu sur une danseuse mas­ un ténor vaillant - voix claire, puissante, agile - quée, Djamileh prendra sa place, se fera un peu et il faut, pour Splendiano, un baryton de carac­ désirer puis, reconnue, amènera son seigneur à tère avec un bel aigu. Djamileh est donc un luxe s'avouer la nature du sentiment qu'il tente en que tous les théâtres ne peuvent (ou ne vain de se dissimuler: l'amour. Splendiano et le veulent?) pas offrir. marchand d'esclaves en seront pour leurs frais.

«M BIZET : DJAMILEH

1. Chœur et Rêverie HAROUN Bah ! Il y a un mois qu'elle est chez nous? Au lever du rideau, Haroun et Splendiano sont en SPLENDIANO scène. Splendiano accroupi devant une table basse et Depuis ce matin. écrivant. Haroun étendu et fumant. HAROUN Je l'avais oublié. C'est bien la première fois que ça m'ar- CHŒUR (chantent à bouches fermées) rive. CHŒUR SPLENDIANO Le soleil s'en va; ramène ta voile L'aimeriez-vous, par hasard? C'est la fin du jour, Et vers l'Orient, vers l'Orient la première étoile HAROUN S'allume, invitant notre âme à l'amour! Tu plaisantes ! Congédie-la puisque ce jour est venu. Après (de plus près) Le soleil va; ramène ta voile souper, je lui ferai quelques cadeaux, - tiens, justement ce C'est la fin du jour, collier que j'ai acheté ce matin -, puis, une fois seul avec Et vers l'Orient, vers l'Orient la première étoile elle, tu lui donneras la volée et iras me chercher une nou­ S'allume, invitant, invitant notre âme à l'amour ! velle esclave.

HAROUN SPLENDIANO Dans la blonde fumée Le cas est prévu. Notre marchand doit venir ce soir même. Qui monte parfumée Il a, paraît-il, des merveilles à nous présenter. Vers le soleil mourant, HAROUN Naissent de blancs atomes, Il se vante. Enfin, va pour ces merveilles. Je me fie à toi. Impalpables fantômes De mon rêve enivrant, de mon rêve enivrant! SPLENDIANO Et je vois, lumineux cortège, Bien. Ceci convenu, j'ai à vous faire une confidence. Je vois leur corps de neige HAROUN Flotter, flotter encor. Longue? Et des formes exquisites S'ébaucher indécises, SPLENDIANO S'ébaucher indécises Trois mots. Je suis amoureux ! Dans la poussière d'or! HAROUN (Il rêve. Splendiano s'est assoupi peu à peu.) Toi?

(Djamileh entre par une porte latérale traverse lente­ SPLENDIANO ment la scène et disparaît après avoir jeté un regard Moi. plein de tendresse sur Haroun qui ne la remarque pas.) HAROUN CHŒUR Il faut soigner ça, mon cher. Le soleil va; ramène ta voile SPLENDIANO C'est la fin du jour. Je sais bien le remède. Et vers l'Orient, vers l'Orient la première étoile S'allume, invitant, invitant notre âme à l'amour ! HAROUN C'est?

Dialogue SPLENDIANO Djamileh. HAROUN HAROUN Hé ! Splendiano ! Raconte-moi ton rêve, je te prie. Bah ! Tu l'aimes? SPLENDIANO SPLENDIANO Hein ! Quoi? Je dormais encore? Comme un fou. Vous m'en voulez? HAROUN HAROUN À poings fermés. Pas le moins du monde. Djamileh sera libre dans une SPLENDIANO heure. Aime-la tout à ton aise, et, parbleu ! sois heureux, C'est possible. Vous chantiez d'une façon si pénétrante je ne m'y oppose pas. qu'en vous écoutant... SPLENDIANO HAROUN Êtes-vous sérieux? Vous m avez ait tout a meure un mot On s'assoupit! Dis-moi... où est Djamileh? inquiétant.

SPLENDIANO HAROUN Là, à côté, je pense, toujours heureuse, toujours confiante Lequel ! en votre amour, ce qui est vraiment dommage. SPLENDIANO HAROUN Vous êtes étonné que le moment fût arrivé de renvoyer Pourquoi? Djamileh. Vous n'avez aucun regret?

SPLENDIANO HAROUN Parce que, si votre caprice n'a pas varié, elle a, comme on Aucun... dit, fini son temps.

8 LIVRET INTÉGRAL

2. Duo et Couplets HAROUN Est parée des plus séduisants appas !

SPLENDIANO SPLENDIANO Songez-y bien? L'inconnue, (prétentieusement) à la fleur près de naître, HAROUN, SPLENDIANO Il ne faut qu'un rayon ou qu'une goutte d'eau I L'inconnue, Au fond de votre cœur fermé comme un tombeau, Un doux germe d'amour attend aussi peut-être SPLENDIANO Les larmes d'une femme ou son regard vermeil I L'inconnue, Songez-y bien. Seigneur, songez-y bienI HAROUN, SPLENDIANO HAROUN (railleur) L'inconnue, Vieux rhéteur, laisse donc ta pluie et ton soleil ! SPLENDIANO Mon âme est un désert, et si par aventure Celle que l'on n'attend pas Une fleur s'y cachait, il faudrait, je t'assure, l'inconnue, Pour la faire sortir, brillante du néant, Plus qu'une goutte d'eau, mon cher... un Océan I HAROUN Celle que l'on n'attend pas, SPLENDIANO Haroun, Splendiano Il ne faut qu'un rayon, Seigneur I songez-y bien ! l'inconnue ! HAROUN SPLENDIANO Laisse donc ton soleil, vieux rhéteur ! Tout va bien ! SPLENDIANO HAROUN Djamileh, cependant, est belle ! Aime donc Djamileh ! HAROUN Quant à l'autre... Elle est venue Fais à ton gré, mon cher !... Ou trop tôt ou trop tard. SPLENDIANO D'ailleurs, destin promis aux fragiles amours, Mon goût n'est pas le vôtre... Elle a comme toujours L'esclave... Une rivale, hélas I HAROUN SPLENDIANO Eh ! choisis-moi celle que tu voudras. Vraiment? HAROUN (riant) Couplets Vraiment!

SPLENDIANO HAROUN Et cette rivale... c'est? Tu veux savoir si je préfère La mauresque aux yeux languissants, HAROUN Ou bien la juive au front sévère, L'inconnue! Ou la grecque, ivresse des sens? Celle que l'on n'attend pas Dans mon cœur, foyer plein de cendre, Qui vient à l'heure ignorée, Tout est glacé, je le sens bien ! Par le dieu hasard parée Mon souvenir y peut descendre Des plus séduisants appas ! Hélas ! il n'y rallume rien... SPLENDIANO Il n'y rallume rien ! hélas ! non, rien! Oui, celle qu'on n'attend pas ! Que l'esclave soit brune ou blonde, Qui vient à l'heure ignorée, Je cède au charme tour à tour, Je n'aime aucune femme au monde, aucune femme... HAROUN J'aime l'amour! j'aime l'amour... Oui, celle que l'on n'attend pas L'amour... l'amour! l'amour! l'amour! SPLENDIANO Ah ! j'aime l'amour, oui, j'aime l'amour ! Oui, celle qu'on n'attend pas SPLENDIANO (se frottant les mains) HAROUN, SPLENDIANO C'est fort bien dit ! et pour le projet qui me tente D'irrésistibles appas Votre morale est rassurante, Est parée ! Votre morale est rassurante... Et pardieu ! je ne m'en plains pas! HAROUN Djamileh ! tu m'appartiendras ! Celle que l'on n'attend pas HAROUN SPLENDIANO Dans la coupe qu'elle caresse Celle que l'on n'attend pas Ma lèvre en feu n'a qu'un trésor: HAROUN Le vin qui nous verse l'ivresse Qui vient à l'heure ignorée, Dans l'argile comme dans l'or ! Pourvu qu'il ait la même flamme, SPLENDIANO Le métal peut changer cent fois, Par le hasard est parée. Si l'amour parfume mon âme, Qu'importe la source, la source où je bois?

9 BIZET : DJAMILEH

Qu'importe?... qu'importe?... Dialogue Que l'esclave soit brune ou blonde, Je cède au charme tour à tour. HAROUN Je n'aime aucune femme au monde, aucune femme!... C'est elle ! Fais servir le souper, va ! Puis, tu sais... J'aime l'amour! j'aime l'amour! SPLENDIANO SPLENDIANO (riant) Oui, oui, (à part, en sortant) s'il l'aimait ! L'amour!

HAROUN 3. Trio et Ghazel L'amour!

SPLENDIANO HAROUN (prenant la main de Djamileh) L'inconnue ! Quelle pâleur est sur ta joue? Quelle ombre furtive a glissé HAROUN, SPLENDIANO Sur ton front si pur où se joue L'inconnue! Un rayon à peine effacé? HAROUN DJAMILEH (sombre) Celle que l'on n'attend pas J'ai fait un rêve ! Qui vient à l'heure ignorée, Par le Dieu hasard parée HAROUN Des plus séduisants appas ! Enfant! (Il l'embrasse au front.) SPLENDIANO Oui, celle qu'on n'attend pas ! DJAMILEH (montrant un visage radieux) Qui vient à l'heure ignorée, Ah tiens! tout est passé !

HAROUN HAROUN Oui, celle que l'on n'attend pas Mais encor?

SPLENDIANO DJAMILEH Oui, celle qu'on n'attend pas Je voyais au loin la mer s'étendre Et gronder, et gronder autour de moi; HAROUN, SPLENDIANO Vainement, vainement je voulais tendre D'irrésistibles appas Mes bras défaillants, mes bras vers toi. Est parée ! Sous mes mains s'ouvrait le vide HAROUN Et dans le désert des flots, Celle que l'on n'attend pas! La mer couvrait, voix perfide, Mes appels et mes sanglots ! SPLENDIANO La mer couvrait mes cris et mes sanglots ! Celle que l'on n'attend pas HAROUN HAROUN Folle! Qui vient à l'heure ignorée, DJAMILEH SPLENDIANO Haroun, tu dis vrai, peut-être j'étais folle, Par le hasard est parée. Oui, je sentais en moi, comme un pressentiment... HAROUN HAROUN (à part) Est parée des plus séduisants appas ! Cette pensée en ce moment... SPLENDIANO Peut-elle se douter? L'inconnue, DJAMILEH HAROUN, SPLENDIANO Mais un mot me console L'inconnue, Et je bénis mon tourment, Puisque le rêve qui s'envole, SPLENDIANO (avec tendresse) L'inconnue, Me rend ta voix plus douce et ton cœur plus aimant ! HAROUN, SPLENDIANO HAROUN (à part) L'inconnue, De l'amour, pauvre enfant! SPLENDIANO Celle que l'on n'attend pas, (Splendiano rentre précédant les esclaves qui portent L'inconnue, et servent le souper.) HAROUN HAROUN (à Djamileh) Celle que l'on n'attend pas, Chère, laissons-nous vivre, Le sourire fleurit sur ta lèvre, oublions HAROUN, SPLENDIANO Les rêves insensés qu'un doute pourrait suivre, Djamileh ! l'inconnue! Mets-toi là, près de moi ! soyons gais, et soupons ! (Paraît Djamileh un peu pensive.) SPLENDIANO (épanoui) Bien dit, bien dit: soupons!

DJAMILEH Ah ! L'aile d'un rêve est légère 10 LIVRET INTÉGRAL

L'aile d'un rêve est légère Une voix au murmure enchanteur ! Une image passagère DJAMILEH Rendait mon front soucieux ! Haroun, ta servante est prête Ah rendait mon front soucieux. Ton désir est ma loi ! Mais il parle et j'espère, Mais il parle et moi j'espère... SPLENDIANO (qui est allé chercher un luth sur lequel il C'est un avenir prospère prélude comiquement; à part) Que je lis dans ses yeuxI Va ! chante pour lui, ma fauvette, Il parle et moi j'espère... Bientôt tu chanteras pour moi I Oui, c'est un avenir prospère (Il donne le luth à Djamileh.) Que je lis dans ses yeuxI

HAROUN Ghazel Oui, l'avenir a son mystère; (Djamileh prélude.) Qu'il soit funeste ou prospère, Je n'en suis pas soucieux. DJAMILEH (simplement) Cette heure m'est chère; Nour-Eddin, roi de Lahore, Le vin rit dans mon verre Est fier comme un dieuI Et le plaisir et le plaisir, oui le plaisir dans tes yeux ! Il est beau comme l'aurore Il est beau. SPLENDIANO Ses yeux sont de feu ! Oh ! beauté pure en qui j'espère Quand son regard, flèche ardente, Bientôt viendra l'heure chère, Est posé sur moi, L'heure où je te dirai mes vœux I Je reste toute tremblante, toute tremblante. Que le vin coule à plein verre I Je ne sais pourquoi ! Philtre charmant qui doit faire Ah ! Nour-Eddin, Nour-Eddin est fier comme un dieu, Luire l'amour dans ses yeux, Il est beau comme l'aurore I Luire l'amour dans ses yeux I Ainsi parlait dans un rêve, Luire l'amour dans ses yeux I La naïve enfant! HAROUN (avec bonté) Ainsi parlait la naïve enfant Je veux te voir heureuse, Aveu timide qu'achève O Djamileh I et ton bonheur peut-être Un cœur triomphant I Espère encor quelque chose de moi ?... (douloureusement) la la la la la la la la la la la la. DJAMILEH (surprise) Que puis-je désirer?... Lorsque le Roi dans la foule HAROUN S'éloigne à pas lents, La liberté ! Un ruisseau de larmes coule Sous mes cils, sous mes cils tremblants I DJAMILEH (simplement) D'où vient l'émoi qui m'agite !... Pourquoi? Et d'où vient aussi Je ne demande rien, mon maître, Dès que son regard me quitte, hélasI d'où vient Je suis heureuse en ta maison, Que je pleure ainsi? Mon âme ne saurait connaître Ah I lorsqu'il s'éloigne à pas lents, De plus radieux horizon I Un ruisseau de larmes coule sous mes cils tremblantsI De cette âme un instant troublée Ainsi voulait la pauvre âme. Toute crainte s'est envolée, Trouver le secret, le secret Ta voix m'a rendu la raison, De cette invisible flamme de cette flamme Non, non, je ne demande rien, mon maître. Qui la dévorait! SPLENDIANO (avec entrain, mirant son verre) (douloureusement) la la la la la la Oh ! que la vie est bonne et me semble enviable la la la la la la. Alors qu'on est à table HAROUN (interrompant doucement Djamileh) Et que l'on voit le monde au travers de ceci I L'histoire sans doute est des plus touchantes, HAROUN J'en sais la fin... Il a raison, buvons ma belle ! (à part) Cherchons des images riantes. Puisque dans la coupe étincelle, (à Djamileh) Enfant, laissons Le vin qui charme le souci ! Dans les buissons, Enfant, laissons DJAMILEH La fleur flétrie. Aucun souci ne m'inquiète Et dépensons Et pour avoir le cœur en fête Gaiement la vie, Oui, pour avoir le cœur en fête À nous l'ivresse et les chansons! Je n'ai besoin que d'être ici I Enfant, laissons HAROUN Dans les buissons, Si ta lèvre repousse Enfant, laissons Cette blonde liqueur La fleur flétrie, Djamileh I Et dépensons Dis-moi quelque chanson, notre ivresse est plus douce Gaiement la vie, Quand la berce, À nous la folie et les chansons! 11 BIZET : DJAMILEH

DJAMILEH DJAMILEH Laissons, laissons La main qui le donne I La fleur flétrie, HAROUN (faisant un geste d'insouciance, puis prenant Et dépensons la main de Djamileh) Gaiement la vie, Enfant, tu entres dans la vie; tu es bonne et aimante; le À nous l'ivresse et la folie bonheur t'est promis sans doute, souviens-toi de moi I À nous l'ivresse et les chansons I (Djamileh le regarde toute interdite.) Laissons, laissons La fleur flétrie, SPLENDIANO Et dépensons J'entends vos amis, vous allez jouer encore ce soir?... Gaiement la vie, HAROUN À nous l'ivresse et la folie Comme toujours I il ne faut pas être inconstant. À nous l'ivresse et les chansons! (bas) C'est la fin de la comédie, tu m'as compris?... HAROUN (Splendiano fait un geste d'assentiment.) Enfant, laissons HAROUN Dans les buissons. C'est bien I Enfant, laissons (Haroun va à la rencontre de ses amis.) La fleur flétrie, Et dépensons LES AMIS D'HAROUN Gaiement la vie, Salut! salut! seigneur Haroun. À nous la folie et les chansonsI LES AMIS D'HAROUN SPLENDIANO Salut! salut! seigneur Haroun. Laissons, laissons HAROUN (leur serrant les mains) Dans les buissons Amis, amis, je vous salue, La fleur flétrie Joyeuse bienvenue Et dépensons À ceux que parmi nous la fortune conduit ! Gaiement la vie, Ah ! Nous allons jouer follement cette nuit ! À nous l'ivresse et les chansons ! AMIS D'HAROUN DJAMILEH, HAROUN, SPLENDIANO Oui, nous allons jouer follement cette nuit ! À nous les chansons ! À nous, à nous l'ivresse et les chansonsI (Djamileh, qui n'est pas voilée, s'est mise à l'écart; les amis d'Haroun l'aperçoivent et se la montrent discrè­ Dialogue tement.) AMIS D'HAROUN HAROUN Quelle est cette belle Je t'ai interrompue tout à l'heure. Tu ne m'en veux pas? Dont l'œil étincelle DJAMILEH Et qui s'offre à nous Moi, t'en vouloir, maître. Sans voiles, sans voiles jaloux? Voyez, voyez, HAROUN Quelle est cette belle Tu es charmanteI Dont l'œil étincelle! 4. Scène et Chœur AMIS D'HAROUN Quelle est cette belle Dont l'œil étincelle HAROUN Et qui s'offre à nous Ah I je t'ai ménagé une surprise. Sans voiles, sans voiles jaloux? SPLENDIANO (avec intention) AMIS D'HAROUN Une jolie surpriseI Quelle est cette belle HAROUN (prenant des mains de Splendiano un collier Dont l'œil étincelle? qu'il passe au cou de Djamileh) AMIS D'HAROUN Regarde ! Quelle est cette belle DJAMILEH Dont l'œil étincelle? Ah I le beau collier I il est digne d'une reineI AMIS D'HAROUN SPLENDIANO (à part) Ses lèvres sont closes Il fait bien les chosesI Et l'oiseau baiser, Sur ce nid de roses, HAROUN Voudrait se poser, oui voudrait se poser ! Eh I bien? Son doux front épanche DJAMILEH Sur sa main plus blanche Ce que j'aime le mieux en lui pourtant c'est... Que le lis des prés, Ses cheveux, ses cheveux ambrés; HAROUN Et sur ce nid de roses. C'est? Le baiser, le baiser, Voudrait se poser! LIVRET INTÉGRAL

AMIS D'HAROUN SPLENDIANO Ses lèvres sont closes À nous deux ! Il s'agit d'être à la fois ferme, conciliant, per­ Et l'oiseau baiser. suasif et... tendre. Sur ce nid de roses, DJAMILEH Ah I Oui, sur ce nid de roses, Eh bien ! Haroun? Sur ce doux nid de roses, L'oiseau baiser SPLENDIANO Voudrait se poser! Il est là, avec ses amis.

AMIS D'HAROUN DJAMILEH Elle est sans pareille Je n'aime pas ces hommes. Pourquoi m'expose-t-il à leurs Et nos yeux épris regards? De cette merveille, SPLENDIANO Devinent le prix! Ne nous occupons pas d'eux. J'ai à te parler... le maître... AMIS D'HAROUN DJAMILEH Elle est sans pareille Où veux-tu en venir? Et nos yeux épris De cette merveille. SPLENDIANO Devinent le prix ! Ignores-tu ses manières d'agir? Oui, l'oiseau baiser DJAMILEH AMIS D'HAROUN Il m'a dit qu'il m'aimait, m'en faut-il davantage? Sur ce nid de roses, SPLENDIANO AMIS D'HAROUN Il t'a dit... comme à d'autres. Voudrait se poser! DJAMILEH À d'autres ! (Djamileh se détourne en jetant à Haroun un regard de reproche.) SPLENDIANO Hé ! Vas-tu croire que, la première, tu as eu le privilège de HAROUN (nonchalamment) le séduire. Des caprices, mais il en a de toutes les couleurs, C'est Djamileh ! venez ! ma chère. Écoute: chaque mois, cette porte se referme sur Tandis qu'une voix austère un vieil amour qui s'en va, et s'ouvre pour un nouvel Du haut du minaret, amour qui vient; chaque mois, une esclave différente ré­ Tandis qu'une voix austère pète à Haroun les mêmes souvenirs et entend de lui les Nous invite à la prière, mêmes mensonges. Donnons au plaisir nos heures, Et chassons de nos demeures DJAMILEH L'ennui, cet hôte indiscret, oui donnons au plaisir nos heures Tais-toi. Oh ! ce n'est pas vrai. Chassons l'ennui, cet hôte indiscret ! SPLENDIANO AMIS D'HAROUN Tout est vrai et - faut-il te le rappeler? - il y a un mois que Tandis qu'une voix, une voix austère tu es ici. Nous invite à la prière, DJAMILEH Donnons au plaisir, au plaisir nos heures. Il me chasse ! Ah ! Chassons de nos demeures Chassons de nos demeures, amis, chassons SPLENDIANO L'ennui, cet hôte indiscret! Tu l'aimes donc? SPLENDIANO (à part avec une joie comique) DJAMILEH Vivat I ma victoire, ma victoire est claire ! Si je l'aime ! Tu ne peux pas savoir à quel point. Toute ma Il n'est plus besoin de taire vie est dans mon amour. Mais tu me trompes, tu me tor­ Mon amour ni mon secret! tures à plaisir. Haroun ne me chasse pas. C'est impossible. Ma victoire est claire SPLENDIANO Il n'est plus besoin de taire Il ne te chasse pas, en effet, il te met en liberté. Il y a une Ni mon amour ni mon doux secret. nuance; au fond, c'est la même chose. Prends cette bourse Je dis, je dis, va-t'en ! elle pleure en attendant que tu aies trouvé une autre consolation. Et Je dis, je t'aime et sur l'heure si tu veux bien chercher, charmante, ce ne sera pas long. Elle rit. Le tour est fait! Regarde un peu par ici seulement. (Haroun et ses amis sortent, Splendiano les suit.) DJAMILEH Oh ! Tais-toi ! Tais-toi !

Dialogue SPLENDIANO Je me tairai si tu me parles, si tu me souris ! Haroun est bien DJAMILEH loin maintenant. Et il t'a déjà oubliée, lui, je le jure. Pourquoi riait-il avec eux en me regardant? Ces paroles DJAMILEH qu'il m'a dites, elles ont retenti en moi comme un adieu. Il Oubliée, quand là tout à l'heure... oh ! je rêve me demande un souvenir. À quoi bon, puisque nous ne de­ vons jamais nous quitter?

13 mm BIZET : DJAMILEH

DJAMILEH 5. Chanson La voici. SPLENDIANO CHŒUR (dans la coulisse) Reste là, cachée. Dans un instant, le marchand d'esclaves La fortune est femme, sera à tes ordres. Je vais tout disposer selon tes désirs... es­ Pour qui la réclame père !... Elle a des rigueurs, oui des rigueurs, (Il sort.) HAROUN, CHŒUR (dans la coulisse) La fortune est femme; 6. Lamento HAROUN, CHŒUR DJAMILEH Pour qui la réclame, Sans doute l'heure est prochaine, Elle a des rigueurs: Où je mourrai de ma peine ! Puis-je être heureuse encor? HAROUN, CHŒUR Quel arrêt vais-je entendre ? Et dans ses caprices, Le ciel doit-il me prendre CHŒUR À jamais mon trésor?... mon trésor?... mon trésor? Et dans ses caprices, dans ses caprices, Hélas ! une frêle trame Peut-elle enchaîner cette âme? HAROUN, CHŒUR Illusion d'un jour! Souvent aux novices Un seul regard du maître, Garde ses faveurs; Un seul mot va peut être Mais si le jeu qui nous tente Effacer tant d'amour ! tant d'amour ! tant d'amour ! Fait trouver l'heure moins lente, Un seul mot ! un seul regard ! hélas ! HAROUN, CHŒUR Bon ou mauvais soit le destin, Dialogue CHŒUR HAROUN Bon ou mauvais soit le destin, Venez puisqu'il le veut... HAROUN, CHŒUR Amis, jouons jusqu'au matin, 6 bis. Mélodrame

CHŒUR SPLENDIANO Amis, jouons jusqu'au matin, oui, jusqu'au matin, Non ! je ne veux pas vous imposer mon goût. HAROUN, CHŒUR (appelant) Arakel ! le marchand peut entrer. jusqu'au matinI (à Haroun et à ses amis) Ne vous impatientez pas, vous retournerez tout à l'heure. Dialogue (Entrée du marchand d'esclaves et de sa suite.) SPLENDIANO SPLENDIANO Pardieu !... les belles filles ! Tu entends ? Tu as reconnu sa voix ? Trouves-tu qu'il soit bien triste ? C'est un ingrat, va ! Tandis que moi, je n'ai LE MARCHAND qu'une pensée... N'est-ce pas? oh ! le seigneur Haroun est un homme géné­ reux !... DJAMILEH Tu prétends m'aimer, Splendiano? SPLENDIANO Oui, oui ! nous savons cela... SPLENDIANO Que veux-tu faire? LE MARCHAND Voyez, Seigneur, jetez un coup d'oeil sur ces trésors. DJAMILEH Sacrifier ma liberté à Haroun. Une autre esclave doit venir HAROUN ce soir? Vantard ! allons ! je m'en vais. SPLENDIANO LE MARCHAND Oui. Quoi ! Seigneur! vous ne souffrirez pas que je vous dise...

DJAMILEH HAROUN Eh bien! Présente-moi à sa place. En me reconnaissant, Eh ! que m'importe ! arrange-toi avec Splendiano. Haroun comprendra peut-être qu'il y a au monde un bien LE MARCHAND (aux musiciens) plus précieux pour moi que ma liberté. Un seul regard ! Allez, vous autres! SPLENDIANO Une vraie perle, Seigneur, regardez ! Et si... je consens?

DJAMILEH 7. L'Aimée (Danse et Chœur) Si tu consens et... qu'il me repousse, eh bien j'aurai tout perdu à la fois; ma liberté et mon amour. Je serai ton es­ CHŒUR DES AMIS D'HAROUN clave. Froide et lente, Indolente, SPLENDIANO Et les yeux assoupis, Mon esclave!... J'accepte. Ta main.

14 LIVRET INTÉGRAL

CHŒUR DES AMIS D'HAROUN CHŒUR Elle pose Dans son rêve divin. Son pied rose Sur les fleurs du tapis. Dialogue Et comme elle. Solennelle LE MARCHAND La musique s'endort. Eh bien, Seigneur! CHŒUR HAROUN Soupir vague Je ne sais pas, Splendiano décidera. On nous a fait perdre De la vague, notre temps. Baisant le sable d'or!

CHŒUR 7 bis. Sortie d'Haroun et de ses Amis Bientôt sonne Et l'étonné Dialogue L'appel du tambourin; Bientôt chante, SPLENDIANO Frémissante, C'est parfait! Veux-tu gagner deux cents sequins? La cymbale d'airain ! LE MARCHAND CHŒUR D'ESCLAVES ET MUSICIENS Oh I Celle-ci vaut dix fois plus ! Lou ! lou ! SPLENDIANO CHŒUR En ce cas, va-t'en, va ! Tu trouveras là une femme... Obéis- La danseuse lui aveuglément. Elle te dira ce que nous attendons de toi, Paresseuse Tressaille de plaisir, LE MARCHAND C'est un rêve Que je m'en aille? Qui l'enlève SPLENDIANO Et qu'elle va saisir. Oui, mais reviens avec ta danseuse. On te l'achète. Elle danse Et s'élance (Il pousse tout le monde hors de scène.) Incessant tourbillon, Son pas trace Dans l'espace 8. Couplets Un lumineux sillon I SPLENDIANO CHŒUR Il faut pour éteindre ma fièvre Lou lou lou lou Une douce réalité, lou lou lou lou Et je veux boire à pleine lèvre lou lou lou lou Ta coupe ardente, ô volupté I lou lou lou lou lou lou lou lou Je vois ma maîtresse sourire, lou lou lou lou Timide, elle accepte mes lois. lou lou lou lou Je vois ma maîtresse sourire Lou ! lou ! Timide, elle accepte mes lois, CHŒUR Ô rêve d'amour! Ô délire ! L'amour voile, Je ne sais plus ce que je vois! Double étoile. Ô rêve d'amour ! ô délire non, non, non, non Ses regards languissants. je ne sais plus, non, non, non, non. Et l'ivresse Je ne sais plus ce que je vois. Qui la presse S'empare de nos sens I Doucement nous errons ensemble Sous les ombrages parfumés, CHŒUR Je presse sa main, elle tremble, Quand pâmée, Ses yeux languissants sont fermés; Blanche aimée, Je me vois sûr de ma conquête Elle succombe enfin À peine la défend sa voix. Délirante Je me vois sûr de ma conquête Et mourante À peine la défend sa voix. divin. Dans son rêve Rien ne m'émeut, rien ne m'arrête, CHŒUR Je ne dis plus ce que je vois! Quand pâmée, Rien ne m'émeut, rien ne m'arrête non, non, non, non. Blanche aimée, Je ne dis plus, non, non, non, non, Elle succombe enfin Je ne dis plus ce que je vois. Délirante Et mourante (Paraît Djamileh. Elle a revêtu le costume de la dan­ Dans son rêve seuse. Son visage est à demi dissimulé sous son voile. Dans son rêve divin. Paraît Haroun.)

15 BIZET: DJAMILEH

Dialogue HAROUN (avec entrain à Djamileh) Elle a peur sur ma foi. DJAMILEH Nous sommes seuls; le ciel est plein d'étoiles ! Je suis prête. C'est l'heure qui plaît à l'amour, SPLENDIANO Ne tremble plus, laisse tomber tes voiles: Tu es fort bien déguisée. Il fait nuit, pourquoi tant redou­ Le temps du bonheur hélas ! est si court ! ter cette épreuve? (à part) Comme il va rire. Mais chut! DJAMILEH (suppliant) Voilà Haroun ! Seigneur, seigneur de grâce HAROUN Laissez Donne-moi de l'or, Splendiano, j'ai perdu. Mes yeux baissés. Laissez mes yeux, SPLENDIANO De pleurs récents vous dérober la trace... Prenez, seigneur, l'esclave est là. HAROUN HAROUN Ici le plaisir, oui, le plaisir remplace la douleur. Ah! Jolie? Tes larmes ! tes larmes ! je les veux essuyer de mes lèvres ! SPLENDIANO De ces regards dont tu me sevres Sans doute. Il faut pourtant vous dire... Je veux éprouver la douceur ! Plus de larmes! allons plus de larmes ! HAROUN C'est bien, plus tard... on m'attend DJAMILEH (apercevant Djamileh) tiens, c'est la danseuse! Seigneur, seigneur ! ah ! seigneur de grâce. Épargnez ma faiblesse, pitié, seigneur! 8 bis. Mélodrame Épargnez, seigneur, ma faiblesse! Notre visage n'est charmant. Notre visage n'est charmant SPLENDIANO Qu'à l'heure où l'amour le caresse, Si vous saviez... Où l'amour le caresse HAROUN De son divin rayonnement! Vas-tu me laisser tranquille... Qu'est-ce que tu me veux HAROUN donc? (regardant Djamileh) tout à l'heure si provocante Oh viens donc, belle maîtresse! et maintenant tremblante et inquiète ! c'est singulier! Hé! Et laisse sur ton front doux et charmant, mignonne t'aurait-on dit du mal de moi ? Oui, laisse sur ton front charmant. Il veut la prendre dans ses bras, elle se dérobe et s'en­ fuit vers le fond. Éclater d'une ardente ivresse, L'ineffable rayonnement ! SPLENDIANO L'ineffable rayonnement ! Voulez-vous... il ne m'écoute pas! DJAMILEH (à part) HAROUN (la poursuivant) La frayeur me glace ! Sauvage ! comme elle s'enfuit! HAROUN (il s'arrête puis riant:) L'esclave dont tu prends ici la place, Mais c'est délicieux, cette révolte! je reste ! Avait moins de rigueur, SPLENDIANO Et je l'aimais... Un mot, je vous prie... DJAMILEH (vivement) HAROUN (vivement, donnant sa bourse à Splendiano) Seigneur, Prends cet or, va jouer à ma place, va. Si vous l'aimiez pourquoi l'avoir bannie? (à part) Ah! je crains de m'être trahie!... SPLENDIANO Mais... HAROUN Si j'ai dit que j'aimais, ma chère, entendons-nous : HAROUN (impatienté) Je n'ai pas enchaîné ma vie, Obéis donc et tais-toi. Être libre est un bien plus doux ! SPLENDIANO fa part, sortant) Lorsque ma maîtresse est partie Après tout, je suis tranquille ! je sais bien qu'il la congé­ Il ne restait rien entre nous... diera. Rien... qu'un souvenir de tendresse; Avec la dernière caresse 9. Duo Final Nos liens, oui, nos liens s'étaient brisés tous! Djamileh essuie furtivement une larme. (Haroun surpris) Elle pleure ! HAROUN (à part) (allant vers elle) Pourquoi pleurer? t'ai- je offensée? Est-ce la crainte? Est-ce un caprice? DJAMILEH (entraînée) Qui l'éloigné de moi? Ah ! vous êtes cruel ! J'en veux faire l'épreuve. (Elle s'éloigne.) DJAMILEH (à part) HAROUN Ô nuit, sois-moi propice, Mais, qu'as-tu donc? Protège mon audace! Quoi ! tu me fuis encor? (Il la suit. Un rayon de lune éclaire soudainement Djami­ leh. Frappé d'étonnement; presque parlé:) LIVRET INTÉGRAL

Ah ! Djamileh ! Au plus doux transport ! Oui, c'est elle... insensée I Ô Djamileh! L'amour me possède, Elle m'aimait! Non, mon coeur n'est pas mort!

DJAMILEH (à part douloureusement) DJAMILEH J'espère en vain... son cœur est mort ! Je triomphe, il cède, il cède À son doux transport! HAROUN (à part, avec passion) Ah ! L'amour le possède, Si l'amour était un mensonge, Son cœur n'est pas mort ! Me sentirais-je ainsi troublé ? Bonheur qui me sourit, si tu viens dans un songe, HAROUN, DJAMILEH ah ! que je meure avant qu'il se soit envolé ! Ah ! viens ! Ah ! si l'amour était un mensonge, Pour toi je veux vivre! Serais-je ainsi troublé ? Ta voix qui m'enivre (Il reste muet loin de Djamileh.) A fixé mon sort! DJAMILEH (à part) HAROUN Qu'à ma tremblante voix sa colère réponde... Ah ! viens, pour toi, pour toi je veux vivre Que m'importe aujourd'hui ?... DJAMILEH Avant d'aller dormir sous la vague profonde, Ah ! pour toi, pour toi je veux vivre Je veux me révéler à lui ! (avec intention) HAROUN, DJAMILEH Cherchant des monts à la plaine Oui, ta voix qui m'enivre a fixé mon sort ! Son coeur envolé. DJAMILEH Elle allait, contant sa peine, contant sa peine Ta voix chérie, ta voix m'enivre, Au ciel étoilé ! Je veux vivre pour t'aimer ! Et sans qu'on en sût la cause. Cette fleur d'amour HAROUN Se flétrit comme une rose comme une rose Je t'aime ! je t'aime! je t'aime ! Aux ardeurs du jour. HAROUN, DJAMILEH Ainsi mourut l'innocente Ah! viens! Dans son rêve d'or, À sa vision charmante Splendiano a paru, il fait un geste de désespoir co­ Souriant encor! mique ! Derrière lui se montrent les amis d'Haroun; à (à part) Il se tait! leur vue, Haroun ramène sur le visage de Djamileh le (allant vers lui et d'un ton suppliant) voile qu'elle avait laissé tomber sur ses épaules, puis il Maître ! grâce ! passe doucement avec elle. Ô maître ! HAROUN RIDEAU Ah ! je t'ai reconnue !... (luttant contre lui-même) Mais non !... en vain tu seras revenue... Je ne veux pas aimer ! (à part) Non ! ce mot qu'elle attend, Je ne le dirai pas !! (résolument et avec violence) Va-t'en ! DJAMILEH Ah ! (avec désespoir) Il se jouait de moi ! (d'une voix brisée) L'amour était ma vie... Ô mon maître! mon espérance ravie! Plus que la liberté c'était toi que j'aimais Plus que la liberté c'était toi que j'aimais ! Adieu pour jamais!

(Elle s'éloigne puis chancelle et tombe dans les bras d'Haroun accouru pour la recevoir.) HAROUN (hors de lui) Ah ! chère enfant, c'était une épreuve ! O Djamileh! mon âme, mon seul bien. Il ne me faut plus d'autre preuve. En comprenant ton coeur, J'ai retrouvé le mien ! Ta lèvre parfumée. Ta lèvre peut cesser de mentir. Mon doute est terrassé, mon doute est terrassé, Ô douce bien-aimée ! Revenons pour jamais aux beaux jours du passé ! Oui, c'est trop, c'est trop, je cède, je cède 17 Il Tabarro Argument

La péniche de Michele est amarrée à l'un des et demeurer seul avec Giorgetta. Les amants évo­ quais de la Seine à Paris. Tandis que des débardeurs quent leur dernière nuit d'amour mais sont inter­ s'affairent, Giorgetta repousse les témoignages rompus par Michele remontant de la cale. Luigi d'affection de son mari. Le propriétaire du bateau voudrait que son patron le descende jusqu'à Rouen descend dans la cale et sa femme donne à boire où il pense trouver du travail. Michele l'en dissuade aux travailleurs: Il Tinca (Le Goujon), Il Talpa (La et entre dans la cabine. Luigi et Giorgetta fixent un Taupe) et le jeune et beau Luigi. Quand un orgue nouveau rendez-vous nocturne sur la péniche: la de Barbarie passe sur le quai, ce dernier fait danser jeune femme lui fera signe que la voie est libre en la patronne qui s'abandonne avec langueur. Le re­ craquant une allumette. Luigi laisse éclater sa ja­ tour de Michele met fin aux amusements. Le travail lousie. reprend. Michele annonce à sa femme que les trois hommes resteront à Paris quand la péniche repren­ Michele revient sur le pont avec sur le bras sa dra sa route. Giorgetta semble contrariée de devoir houppelande. Il évoque avec nostalgie les jours laisser Luigi. Le soir tombe. Un marchand de mu­ heureux passés avec sa femme et leur enfant, mort sique ambulant passe, chantant l'histoire de Mimi, depuis. Il la supplie de l'aimer à nouveau. Giorgetta l'héroïne parisienne de La Bohème de Murger (et est inflexible. À peine est-elle entrée dans la ca­ de Puccini...). Le couple de mariniers se déchire un bine, que Michele lâche: « La garce I ». Le doute le peu plus pendant cet épisode. tourmente en effet.

La Frugola (La Furette) vient chercher son mari, Il Un couple d'amoureux passe sur le quai, un clai­ Talpa. Elle discute avec Giorgetta de sa vie quoti­ ron sonne l'extinction des feux dans le lointain. dienne, qu'elle occupe à récolter les objets devenus inutiles ou à admirer son chat Caporal. Au moment Michele tente de découvrir avec qui Giorgetta le où les hommes s'apprêtent à quitter la péniche, trompe. Lorsqu'il allume sa pipe, Luigi prend la leur travail terminé, Luigi se lance dans une tirade lueur pour le signal attendu et monte sur la pé­ sur la médiocrité de leur condition d'ouvriers. La niche. Le patron le saisit et lui fait avouer son Frugola leur confie qu'elle rêve de s'installer à la amour adultère. Il l'étrangle et cache le corps sous campagne. Giorgetta, quant à elle, se contenterait son manteau. Giorgetta sort de la cabine, un brin de mettre pied à terre et de retrouver son Belleville repentante. Elle demande à Michele de la prendre natal. Elle entonne avec Luigi, qui est issu du même dans ses bras. Celui-ci ouvre alors sa houppelande quartier, un hymne à leur faubourg commun. d'où s'échappe le cadavre de Luigi. Giorgetta pousse un cri, Michele l'empoigne et presse son vi­ Luigi prend prétexte d'une dernière chose à de­ sage contre celui de son amant mort. mander à Michele pour laisser ses collègues partir Rémy Campos

Esquisse du décor de la création, par G.B. Santoni.

Coll. ASO.

18 Il Tabarro En bref...

C'est un tableau de genre, réaliste et parisien, du bord des eaux troubles de la Seine à une époque contemporaine de l'auteur et de son public. L'ambiance créée par Puccini préfigure ici celle du ci­ nématographe, des films de Duvivier et de Marcel Carné.

Le livret que Giuseppe Adami a préparé pour Puccini s'inspire d'une pièce de EDWARD lOHNlON théâtre de Didier Gold, La Houppelande, créée avec succès au Théâtre Marigny en 1910 et que Puccini semble avoir vue à Paris à l'été ou à l'automne 1912.

Chez Puccini comme chez Gold, l'in­ Ç — TMC ORIÛMAL ITAUAN. trigue se divise en deux temps. Une im­ 1\ FRENCH OR GERMAN où dé­ lM UBRETTO WITH A mense scène d'exposition d'abord, %1'X CORRECT ENGLISH filent une foule de personnages TRANSLATION. secondaires très typés: des débardeurs, un joueur d'orgue de Barbarie, un chan­ teur des rues, un couple d'amoureux IL TABARRO «idéal» passant sur le quai, un couple plus réel (formé de La Frugola et d'il Talpa) et un alcoolique (Il Tinca). Ces re­ présentants du Paris du début du siècle gravitent autour du trio habituel: le mari (Michele), la femme (Giorgetta) et l'amant (Luigi), dont les tessitures sont sans surprise: voix de baryton-basse pour !7 CA3T «ad STREET. NEW YORK CITY le mari-assassin, soprano dramatique THE ONLY CORRECT AND AUTHORIZED EDITION XMAM HAKO vwe OXLUSrVXlY pour l'épouse, et ténor héroïque pour le jeune soupirant.

Une admirable intuition psychologique a Page titre du livret du TABARRO publié lors de d'abord incité le compositeur à réduire les effets la création au Metropolitan Opera de New les plus macabres du texte de Gold pour déplacer York en 1918. Coll. ASO. l'intérêt du spectateur sur la maturation d'un drame qui se nourrit des frustrations de ses prota­ gonistes: des personnages sculptés avec une préci­ sion calligraphique, une atmosphère noire qui pèse comme une chape sur le récit, une douleur sourde qu'aucun espoir, même velléitaire, ne vient alléger.

L'orchestre du Tabarro est pléthorique: bois par noncé pour la musique de chambre, multiplie les trois, cuivres au complet, large éventail de percus­ associations de timbres solistes. Le premier volet du sions et instruments jouant sur la scène. Ce riche Trittico regorge d'idées inédites, souvent auda­ écrin n'est toutefois pas utilisé en permanence «à cieuses, qui placent le compositeur au premier rang plein». Puccini, qui semble cultiver un goût pro- des orchestrateurs de son temps.

19 PUCCINI : IL TABARRO

ACTE UNIQUE GIORGETTA Je le vois bien : de ta pipe, La fumée blanche ne sort plus ! Un coin de la Seine, où se trouve amarrée la péniche de Michele. MICHELE (indiquant les débardeurs) Le bateau occupe presque tout le premier plan de la Ils ont terminé, là-bas? scène et est relié au quai par une passerelle. On voit la GIORGETTA Seine qui se perd dans le lointain. Au fond se déta­ Veux-tu que je descende? chent sur un merveilleux ciel rougeoyant les sil­ houettes des toits du vieux Paris, et, surtout, la masse MICHELE imposante de Notre-Dame.Toujours au fond, sur la Non. Reste. Je vais y aller moi-même. droite, se trouvent les immeubles qui bordent la Seine GIORGETTA et, au premier plan, de hauts et luxuriants platanes. Ils ont tellement travaillé !... La péniche ressemble en tous points aux embarcations Comme ils l'avaient promis, de transport qui naviguent sur la Seine. Le gouvernail La cale sera vidée, et demain trône au sommet de la cabine, toute reluisante et fraî­ On pourra charger. chement peinte, avec ses petites fenêtres vertes, sa che­ Il serait juste, maintenant, de récompenser minée et son toit plat, semblable à une terrasse, sur le­ Leur effort: avec un bon verre. quel sont posés quelques pots de géraniums. Du linge sèche étendu sur une corde. Accrochée à la cabine se MICHELE trouve la cage des canaris. C'est l'heure du coucher du Tu as raison. Tu penses à tout, coeur d'or ! soleil. Tu peux leur porter à boire. Au lever du rideau, Michele - le patron de la péniche - GIORGETTA est assis près du gouvernail, les yeux perdus dans la Ils ont presque fini: ils vont reprendre des forces. contemplation du soleil couchant. Sa pipe pend de ses lèvres, éteinte. Les débardeurs font le va-et-vient entre MICHELE la cale et le quai, transportant avec peine les sacs en Mon petit vin va étancher chantant leur chanson : Leur soif et restaurer leurs forces. Et à moi, tu n'y penses pas? Oh, hisse ! Oh ! GIORGETTA Encore un tour! À toi?... Et que veux-tu?... Si nous travaillons sans ardeur, Nous resterons amarrés, MICHELE (l'enlaçant d'un bras) Et Margot J'ai renoncé au vin. S'en ira avec d'autres. Mais, si ma pipe est éteinte, Mon ardeur ne l'est pas... Oh, hisse ! Oh ! Je veux un de tes baisers, ô mon amour!... Encore un tour ! (Il l'embrasse; elle s'esquive en détournant le visage. Ne cède pas à la fatigue, batelier, Un peu contrarié, Michele se dirige vers la cale et y Ton travail fini, tu pourras te reposer, descend.) Et Margot LUIGI (passant de la cale au bateau) Sera heureuse. On suffoque, maîtresse !

Oh, hisse ! Oh ! GIORGETTA Encore un tour! C'est ce que je pensais. La cale est vide. Mais j'ai ce qu'il vous faut. Notre longue journée est terminée, Vous allez me goûter ce vin ! (Elle se dirige vers la cabine Et Margot après avoir lancé un coup d'œil expressif à Luigi.) Te donnera son amour!... ILTINCA' (remontant de la cale) Maudits sacs!... Sur la Seine, de loin en loin, la sirène d'un remorqueur Coquine de vie !... lance son cri lugubre. On entend l'avertisseur sonore Grouille-toi, la Taupe! de quelque automobile, dans le lointain. On va manger! Giorgetta sort de la cabine sans s'apercevoir de la pré­ sence de Michele. Elle vaque à ses occupations, ra­ IL TALPA2 masse le linge mis à sécher, remonte un seau d'eau du Ne sois pas si pressé ! Cesse de me faire suer ! fleuve et arrose ses fleurs, puis nettoie la cage des ca­ Ah, ce sac vous scie le dos ! (secouant la tête et s'épon- naris. geant le front du revers de la main) Elle s'aperçoit finalement de la présence, là-bas, de Dieu, quelle chaleur!... Allez, Luigi, son homme et, se protégeant les yeux de la main tant Encore un coup! le reflet du soleil couchant sur l'eau est vif, elle l'ap­ LUIGI (indiquant Giorgetta qui apporte un cruchon de vin pelle: et des verres) GIORGETTA Le voilà, le coup!... Les gars, on va boire ! Oh, Michele?... Michele?... N'en as-tu pas assez Venez tous ici, De t'aveugler au soleil couchant? Vite! Le spectacle te paraît-il donc si beau ? (Tous accourent à l'appel, entourant Giorgetta qui dis­ tribue les verres avant de les remplir.) MICHELE Nous voilà! Prêts ! Pour sûr! Nous trouverons dans le vin m 20 L'énergie pour finir! chele, venant de la soute, réapparaît.) (Puis il boit.) IL TALPA (d'un geste rapide) GIORGETTA (en riant) Les gars, voilà le patron! Comme il parle compliqué!... Mais bien sûr: (Luigi et Giorgetta se séparent. Luigi jette quelques Du vin pour la compagnie! pièces au musicien puis se dirige en compagnie des Tiens, Talpa ! autres vers la soute, tandis que Michele s'avance vers Pour Tinca !... À vous! Prenez !... Giorgetta.) IL TALPA GIORGETTA (après avoir repris contenance et remis ses che­ Buvons lelvin à votre santé ! veux en ordre, va à la rencontre de Michele avec un natu­ Levons nos verres rel affecté) Avec entrain ! Eh bien, qu'en penses-tu? Est-ce que nous partirons Que la joie qu'il donne La semaine prochaine? Nous apporte beaucoup de bonheur ! MICHELE (d'un air distrait) (Il s'essuie la bouche du revers de la main.) Nous verrons. GIORGETTA GIORGETTA Si vous en voulez encore !... Est-ce que Talpa et Tinca resteront? IL TALPA MICHELE Ça ne se refuse jamais ! Luigi aussi restera. (Il tend à nouveau son verre.) GIORGETTA GIORGETTA (s'adressant aux autres) Hier, tu n'étais pas de cet avis. Tendez vos verres ! MICHELE LUIGI (indiquant un joueur d'orgue de Barbarie qui passe Et aujourd'hui je le suis. sur le quai) Regardez l'orgue de Barbarie ! GIORGETTA (s'approchant) Il est arrivé au bon moment. Pourquoi? IL TINCA (levant son verre) UN VENDEUR DE PETITS FORMATS3 (au loin) Je noie dans ce vin mes tristes pensées. Qui veut la dernière chansonnette?... Je bois à mon maître ! Qui la veut?... Vivat ! MICHELE (Il boit. Giorgetta recommence à servir.) Parce que je ne veux pas Merci ! Merci ! Qu'il crève de faim. Mon seul plaisir Se trouve là, au fond de ce verre ! GIORGETTA Celui-là, il se débrouille toujours. LUIGI (s'adressant au joueur) Eh là ! Maestro ! Attaque ! MICHELE (à ses amis) Je le sais: il s'arrange, c'est vrai. Et c'est pour ça Écoutez-moi cet artiste! Qu'il ne réussit jamais rien.

GIORGETTA GIORGETTA (agacée) Moi, je n'entends qu'une seule musique: Avec toi, on ne sait jamais Celle qui fait danser. Qui fait mal et qui fait bien! IL TINCA (se proposant) MICHELE (avec simplicité) Mais bien sûr! Qui travaille se maintient. Toujours à vos ordres, et prêt à lever la jambe ! (On entend de loin le hurlement d'une sirène.) GIORGETTA (en riant) GIORGETTA Soit ! Je vous prends au mot. Le soir descend déjà... Oh, quel rougeoyant coucher de soleil de septembre ! IL TINCA (extrêmement flatté) Quel frisson d'automne! Je danse avec la patronne ! Ne dirait-on pas une grosse orange, ce soleil (On rit. Mais on rit plus encore parce que Tinca ne par­ Qui meurt dans la Seine? vient pas à trouver le pas ni à s'accorder avec Gior­ (montrant du doigt par-delà le fleuve) getta.) Regarde, là-bas, la Frugola4! LUIGI LE VENDEUR (plusprès) La musique et la danse doivent aller ensemble. Qui la veut, avec paroles et musique? (s'adressant à Tinca) On dirait que tu es en train de frotter le plancher ! GIORGETTA La vois-tu? GIORGETTA Elle cherche son mari. Elle ne le quitte jamais!... Aïe ! Tu m'as écrasé le pied! MICHELE LUIGI (écartant Tinca d'un coup de coude et prenant sa C'est juste. Il boit trop! place) Va ! Laisse ! Je suis là, moi ! GIORGETTA (Puis il étreint Giorgetta entre ses bras. Elle s'aban­ Ne sais-tu pas qu'elle est jalouse? donne avec langueur. La danse continue tandis que Mi­ (Michele ne répond pas.)

21 PUCCINI : IL TABARRO

(dévisageant Michele) GIORGETTA Eh, mon homme, tu n'es pas de bonne humeur ! Oh, bonsoir, Frugola! Qu'as-tu?... Que regardes-tu?... (Michele, ayant salué la Frugola d'un geste de la main, Et pourquoi ce silence? rentre dans la cabine.) (Sur ces entrefaites, le chanteur des rues est apparu, de LA FRUGOLA l'autre côté de la Seine, suivi par un groupe de midi­ Mon homme nettes qui sortent d'une maison de couture et s'arrê­ A-t-il terminé son travail ? Ce matin, tent pour l'écouter.) Il était brisé par le mal de reins. LE VENDEUR Il faisait vraiment peine à voir. Qui la veut, la dernière chansonnette? Mais je l'ai soigné : une bonne friction Et mon rhum... c'est son dos qui l'a bu ! LES MIDINETTES (Elle rit bruyamment, puis jette son sac sur le sol et Très bien ! Oui ! oui ! fouille à l'intérieur avec ardeur, en tirant divers ob­ MICHELE jets.) T'ai-je jamais fait de scènes? Giorgetta, regarde: un peigne flambant neuf! Si tu le veux, je te le donne. GIORGETTA C'est ce que j'ai ramassé Je le sais bien: De mieux aujourd'hui. Tu ne me frappes pas ! GIORGETTA (prenant le peigne) LE VENDEUR On a raison de t'appeler Frugola : Printemps, printemps, Tu fouilles chaque recoin et ton sac est toujours plein. Ne cherche plus les deux amants Là, parmi les ombres du soir. LA FRUGOLA Il y a un peu de tout là-dedans ! MICHELE Tu le voudrais, peut-être? (montrant les objets qu'elle nomme au fur et à me­ GIORGETTA sure) Parfois, oui, je préférerais au silence Si tu savais les choses étranges Les bleus des coups! Qui sont renfermées dans ce sac!... (Michele, sans répondre, remonte le long de la pé­ Bouquets de plumes, velours et dentelles, niche.) Chiffons, petites boîtes, vieux souliers. On y trouve mêlés, curieuses reliques, LE VENDEUR Les témoignages de mille histoires d'amour. Printemps, printemps! J'accueille là, sans faire de distinction, Qui pour l'amour a vécu Les joies et tourments du riche et du pauvre ! Est mort d'amour... C'est l'histoire de Mimii... GIORGETTA Et dans ce carton? GIORGETTA (le suivant et insistant) Dis-moi au moins ce que tu as! LA FRUGOLA Là, il y a un dîner! MICHELE (et riant de la stupeur de Giorgetta, elle explique:) Rien !... Rien!... Du coeur de boeuf pour Caporal, LE VENDEUR Mon siamois Qui sait que la mort est au bout de l'attente Au pelage fauve, Compte les heures de chaque journée À l'oeil étrange, Avec les battements de son cœur. Qui ne ressemble à aucun autre ! Mais son amant n'est pas revenu. GIORGETTA (riant) Et le cœur de Mimi Ton siamois est un privilégié ! A lui aussi cessé de battre ! LA FRUGOLA GIORGETTA Il le mérite ! Si tu le voyais! Lorsque nous sommes à Paris, Je me sens heureuse. C'est le chat le plus beau et, pour moi, le plus beau MICHELE Quand mon Talpa est sorti, [des romans, c'est lui. C'est compréhensible. Le siamois me tient compagnie. Nous vivons ensemble nos amours. GIORGETTA Sans frictions ni jalousies. Pourquoi? Veux-tu connaître sa philosophie? (Le chanteur s'éloigne. Les jeunes femmes, lisant les « Ron ron » : mieux vaut être le maître paroles sur les petits formats qu'elles ont achetés, se séparent en répétant le refrain. Leurs voix se perdent Dans une vieille masure Que serviteur dans un palais. au loin. La Frugola a fait son apparition sur le quai; elle « Ron ron » : mieux vaut se nourrir franchit la passerelle et monte sur la péniche. Elle a l'al­ De deux tranches de coeur lure caractéristique d'une souillon. Elle porte sur le dos Que de laisser le sien faire naufrage dans l'amour ! un vieux sac rempli de toutes sortes de vieilleries ramas­ (Talpa paraît venant de la cale, suivi de Luigi.) sées.) IL TALPA LA FRUGOLA Tiens! Voyez un peu ma vieille !... Que racontais-tu? Bonsoir, les éternels amoureux.

22 LIVRET INTÉGRAL

LA FRUGOLA Avec un petit jardin. Je parlais avec Giorgetta du siamois. Quatre murs seulement, toute petite. Abritée sous deux sapins. MICHELE (sortant de la cabine, s'approche de Luigi) J'imagine mon vieux couché au soleil, Oh, Luigi, demain Avec à mes pieds Caporal, Nous chargeons du fer. Pour y attendre ainsi la mort, Tu viens nous donner un coup de main? Qui est le remède à tous les maux ! LUIGI GIORGETTA (vivement) Je viendrai, patron. Mon rêve est bien différent! IL TINCA (arrivant de la cale et suivi des autres débardeurs, Je suis née dans les faubourgs et il n'y a guère que l'air qui s'éloignent le long du quai après avoir salué Michele) De Paris qui m'exalte et me nourrit ! Bonne nuit, tout le monde. Oh, si Michele, un jour, abandonnait Cette triste vie de nomade ! IL TALPA On ne peut pas vivre là-dedans, coincés entre le lit Es-tu donc si pressé? Si tu avais vu ma chambre, jadis ! [et le fourneau ! LA FRUGOLA LA FRUGOLA Tu cours déjà te saouler? Où habitais-tu? Ah, si j'étais ta femme! GIORGETTA IL TINCA Tu ne le sais pas? Que feriez-vous? LUIGI (s'avançantà l'improviste) LA FRUGOLA À Belleville ! Je te battrais jusqu'à ce que tu arrêtes De passer tes nuits au bistrot. GIORGETTA N'as-tu pas honte? Luigi connaît!

IL TINCA LUIGI Non. Le vin, ça fait du bien ! Moi aussi, j'y suis né ! On y noie ses idées de révolte: GIORGETTA Car lorsque je bois, je ne pense pas, Il est comme moi, il l'a dans la peau ! Alors que si je pense, je n'ai pas envie de rire ! (Michele descend dans la cale.) LUIGI On ne peut pas s'en défaire ! LUIGI Tu as bien raison; mieux vaut ne pas penser. GIORGETTA Courber la tête et plier l'échiné. Il faut y avoir goûté ! Pour nous, la vie n'a plus guère d'intérêt, (avec un enthousiasme croissant) Et toutes les joies sont changées en peines. Belleville est notre terre et notre monde! Il faut charger les sacs sur son dos et baisser la tête jusqu'à Nous ne pouvons pas vivre sur l'eau ! Si on la relève, gare aux coups de fouet! [terre. Il nous faut fouler le trottoir!... (avec amertume) Là-bas, il y a une maison, des amis, On gagne son pain avec sa sueur, Des rencontres joyeuses, des confidences sans retenue... Et il faut voler les quelques heures d'amour... LUIGI Il faut les voler entre les affres et la peur Tout le monde se connaît! On forme tous une famille ! Qui offusquent la plus divine ivresse. Tout nous est refusé, tout nous est retiré... GIORGETTA (poursuivant) Nos journées sont assombries dès l'aube. Le matin, on part au travail. Tu as bien raison : mieux vaut ne pas penser. Le soir, on rentre ensemble... Les boutiques brillent IL TINCA De lumières et d'attraits... Suis mon exemple: bois. Il y a des voitures qui vont et viennent, GIORGETTA Les dimanches bruissant d'allégresse, Ça suffit! Les petites promenades à deux Au bois de Boulogne ! IL TINCA Et puis les bals en plein air, Je ne dis plus rien ! Et les moments d'intimité amoureuse !... À demain, les gars, et portez-vous bien ! Il est difficile d'expliquer ce qu'est (il s'éloigne et disparaît le long du quai.) Cette soif, cette étrange nostalgie... IL TALPA (s'adressant à la Frugola) LUIGI ET GIORGETTA (avec exaltation) On s'en va nous aussi ? Je suis mort de fatigue. Mais ceux qui quittent le faubourg veulent y retourner, LA FRUGOLA (avec lassitude) Et ceux qui y reviennent ne peuvent plus s'en détacher. Ah, quand donc pourrons-nous Il y a là-bas au fond Paris, qui nous crie Acheter une bicoque De mille voix son charme immortel !... Et enfin nous reposer? (Les deux amoureux demeurent un instant absorbés, la main dans la main, comme si leurs pensées et leurs GIORGETTA âmes se mêlaient. Puis, reprenant conscience du regard La campagne est ton idée fixe ! des autres sur eux, ils se séparent.) LA FRUGOLA (sur un ton de cantilène) J'ai rêvé d'une maisonnette 23 PUCCINI : IL TABARRO

LA FRUGOLA (après un bref silence) Et puis je voulais vous demander. Maintenant je te comprends: ici, la vie est différente... Si cela vous est possible, De m'emmener jusqu'à Rouen IL TALPA (qui a montré peu d'intérêt pour la tirade de Et de m'y faire débarquer... Giorgetta) Si nous allions manger? MICHELE (à Luigi) Qu'est-ce que tu en dis ? À Rouen ? Mais tu es devenu fou? Il n'y a que de la misère, là-bas: LUIGI Tu t'y trouverais pire qu'ici. Moi, je reste: j'ai à parler avec le patron. LUIGI IL TALPA Ah bon! Alors, je reste. Alors, à demain. (Michele, sans répondre, se dirige vers la cabine.) GIORGETTA GIORGETTA (à Michele) Bonne nuit, les gars ! Et maintenant, où vas-tu ? (Talpa et Frugola s'éloignent en fredonnant: «J'ai rêvé d'une maisonnette... ». Leurs voix se perdent au loin.) MICHELE Préparer les lumières. GIORGETTA (d'un ton soumis, mais avec ardeur) Ô, LuigiI Luigi ! LUIGI (Et tandis que Luigi fait mine de s'approcher, elle l'ar­ Bonne nuit, patron... rête d'un geste.) MICHELE Prends garde à toil Il peut remonter d'un instant à Bonne nuit. l'autre ! (Il pénètre dans la cabine.) Reste donc là, à distance !

LUIGI (Luigi se trouve près de la passerelle. Giorgetta le re­ Pourquoi donc augmentes-tu mon tourment? joint lestement. Le dialogue qui suit est rapide, animé, Pourquoi m'appelles-tu en vain? feutré mais plein d'intensité amoureuse.)

GIORGETTA GIORGETTA Je vibre des pieds à la tête en pensant à hier soir, Dis-moi : pourquoi lui as-tu demandé À l'ardeur de tes baisers!... De te débarquer à Rouen ?

LUIGI LUIGI Tu sais ce qu'il y avait dans ces baisers... Parce que je ne peux pas Te partager avec lui !... GIORGETTA Oui, mon amour... Mais tais-toi ! GIORGETTA Tu as raison: c'est un véritable tourment... LUIGI Pour moi aussi; moi aussi je la sens. Quelle est cette peur irraisonnée qui s'empare de toi ? Bien plus fort que toi, cette chaîne !... GIORGETTA C'est une angoisse, c'est une souffrance; S'il nous découvre, c'est la mort ! Mais lorsque tu m'enlaces, C'est la plus grande récompense ! LUIGI Je préfère mourir, plutôt que de te voir LUIGI Ainsi enchaînée! On dirait que nous volons l'un et l'autre quelque chose [à la vie ! GIORGETTA Ah, si nous étions seuls, loin d'ici!... GIORGETTA La volupté n'en est que plus intense ! LUIGI Et unis pourtoujours!... LUIGI C'est la joie dérobée GIORGETTA Entre les soupirs et les peurs... Et pour toujours amoureux !... Promets-moi de ne jamais m'abandonner!... GIORGETTA En une étreinte anxieuse... LUIGI Jamais!... LUIGI (Il va pour s'élancer vers elle.) Entre les cris étouffés... GIORGETTA (brusquement) GIORGETTA Prends garde ! Et les mots feutrés... (En effet, Michele est en train de remonter de la cale.) LUIGI MICHELE (s'adressant à Luigi) Et les baisers infinis! Comment?Tu n'es pas parti?... GIORGETTA LUIGI Les serments, les promesses... Patron, je vous ai attendu. LUIGI Parce que j'avais juste De vivre seuls, tous les deux... Quatre mots à vous dire: Tout d'abord, je voulais vous remercier GIORGETTA De m'avoir gardé... Seulement nous deux, partis au loin !...

24 LIVRET INTÉGRAL

LUIGI GIORGETTA (simplement) Rien que nous deux, loin du monde !... Luigi. (puis, sursautant, comme s'il avait entendu des pas) MICHELE C'est lui ?... Peut-être ai-je mal fait. GIORGETTA (le rassurant) Deux hommes peuvent suffire: Non... pas encore... Il n'y a pas beaucoup de travail. (avec ardeur) GIORGETTA Dis-moi que tu reviendras Tu pourrais renvoyer Tinca... Plus tard... Il boit sans cesse... LUIGI 1 MICHELE Oui... dans une heure... Il se saoule GIORGETTA Pour noyer sa douleur... Écoute: comme hier, Il a pour femme une paillasse... Je laisserai la passerelle... Il boit pour ne pas la tuer... C'est moi qui la retire... (Giorgetta ne répond pas. Mais elle paraît troublée et As-tu tes chaussures de toile ? nerveuse.) LUIGI (levant le pied) MICHELE Oui... Qu'as-tu? Tu feras le même signal? GIORGETTA GIORGETTA Tout ça, ce sont des histoires... Oui... une allumette enflammée!... Moi, ça ne m'intéresse pas... Comme elle tremblait au bout de mon bras tendu, MICHELE (s'approchant soudain d'elle avec angoisse et Cette fragile flamme ! émotion) J'avais l'impression d'allumer une étoile, Pourquoi ne m'aimes-tu plus?,.. Dis, pourquoi?... La flamme de notre amour. Une étoile éternelle!... GIORGETTA Tu te trompes... Je t'aime... Tu es bon, honnête... LUIGI (puis, pour couper) J'ai envie de ta bouche, Allons nous coucher, maintenant... Je désire tes caresses ! MICHELE (la fixant droit dans les yeux) GIORGETTA Tu ne dors pas !... Alors, toi aussi, tu le sens Ce désir fou!... GIORGETTA Tu sais pourquoi je ne dors pas... LUIGI (avec grande intensité) Et puis... là-dedans, j'étouffe... Je ne peux pas! Fou de jalousie ! Je voudrais te tenir serrée MICHELE Comme une chose à moi ! Maintenant, les nuits sont si fraîches... Je voudrais ne plus souffrir Et l'année dernière, dans cette sombre coquille, Qu'un autre te touche, Nous étions pourtant trois... il y avait le petit lit Et, pour soustraire à quiconque De notre enfant... Ton corps divin. GIORGETTA (bouleversée) Je t'en donne ma parole, je n'ai pas peur Notre enfant !... Tais-toi !... De manier le couteau Et de faire couler des gouttes de sang MICHELE (insistant, ému) Pour t'en faire un joyau ! Tu étendais la main, et tu le berçais Doucement, GIORGETTA (le chasse d'un geste brusque. Puis, restée Lentement!... seule, elle remonte lentement, se passant la main sur le Et puis tu t'endormais sur mon bras... front:) Comme il est difficile d'être heureux !... GIORGETTA (comme ci-dessus) (Maintenant, l'obscurité est complète. Michele, appor­ Je t'en supplie, Michele: ne dis rien... tant les lanternes allumées, sort de la cabine.) MICHELE (comme ci-dessus) MICHELE C'étaient des soirées comme celle-ci... Pourquoi ne vas-tu pas te coucher? Si la brise se mettait à souffler, Je vous enveloppais tous deux dans ma houppelande GIORGETTA Comme dans une caresse... Et toi? Je sens sur mes épaules MICHELE Vos chères têtes blondes... Non... Pas encore... Je sens vos bouches (Un silence. Michele a placé les lanternes sur la pé­ Près de ma bouche... niche.) J'étais si heureux!... Maintenant qu'il n'est plus là, GIORGETTA Mes cheveux gris Je pense que tu as bien fait de le garder. Me semblent une offense MICHELE À ta jeunesse ! Qui donc? 25 PUCCINI : IL TABARRO

GIORGETTA contemple fixement la Seine qui coule silencieuse­ Non... calme-toi, Michele... Je suis fatiguée... ment.) Je n'en puis plus... Viens... MICHELE MICHELE (avec aigreur) Rien !... Silence !... Mais tu ne peux pas dormir! (se glissant vers la cloison et épiant à l'intérieur) Tu sais pourtant bien que tu ne dois pas t'endormir ! Elle est là !... Elle ne s'est pas déshabillée... Elle ne dort pas... elle attend... GIORGETTA (atterrée) (avec un frisson) Pourquoi me dis-tu cela? Qui?... Qu'attend-elle?... MICHELE (essayant de comprendre, sombre, enfermé dans ses Je ne sais pas bien... doutes) Mais je sais que cela fait longtemps que tu ne dors plus I Qui donc l'a transformée? (puis, se dominant encore et cherchant à attirer Gior- Quelle est cette ombre maudite getta entre ses bras) Qui s'est insinuée entre nous?... Qui l'a prise au piège?... Reste auprès de moi !... Ne te souviens-tu pas (songeant à ses hommes:) D'autres nuits, d'autres ciels, d'autres lunes?... Talpa?... Il est trop vieux !... Tinca, peut-être? Pourquoi fermes-tu ton coeur? Non, non... celui-là ne pense pas... il boit. Mais qui alors? Souviens-toi des heures Luigi ?... Non plus... puisque ce soir, justement. Qui s'enfuyaient sur cette péniche. Il voulait me quitter... Au fil de l'eau!... Et m'a demandé De le débarquer à Rouen !... GIORGETTA Mais qui donc?... Qui donc?... Mieux vaut ne pas se souvenir... De qui peut-il s'agir?... Aujourd'hui est un jour de mélancolie... Ah... Si je pouvais pénétrer les ténèbres !... Le voir !... MICHELE Et l'étrangler ainsi, de mes propres mains ! Redeviens comme avant... Et lui crier: C'est toi !... C'est toi !... Ton visage Reviens à moi ! Livide se moquait de mes tourments ! Quand toi aussi tu m'aimais Allez!... Partage avec moi cette chaîne. Avec ardeur. Enveloppe-moi avec toi dans ta destinée. Quand tu me cherchais, Sombrons ensemble Et que tu m'embrassais, Dans le remous le plus profond!... Et que les premières lueurs de l'aube La paix se trouve dans la mort ! Se levaient sur nos deux corps enlacés (Il s'effondre épuisé. Il sort machinalement sa pipe de Dans une divine étreinte! sa poche et l'allume. À la vue de la lumière de l'allu­ Reste auprès de moi ! La nuit est belle !... mette, Luigi franchit avec prudence la passerelle et saute sur la péniche. Michele aperçoit l'ombre, sur­ GIORGETTA saute, se met aux aguets, reconnaît Luigi et se jette Que veux-tu ! On vieillit! Je ne suis plus la même ! d'un seul coup sur lui, le saisissant à la gorge.) Toi aussi, tu as changé... Tu te méfies... Mais que crois-tu? MICHELE MICHELE Je t'ai attrapé ! Je ne le sais pas moi-même ! LUIGI (se débattant) GIORGETTA (pour couper court) Bon Dieu! Je suis pris! Bonne nuit, Michele... J'ai tellement sommeil... MICHELE (d'une voix rauque et étouffée) MICHELE (dans un soupir) Ne crie pas ! Et bien, va-t'en donc... Je te rejoins... Que venais-tu chercher? GIORGETTA Tu voulais ta maîtresse ? Bonne nuit! LUIGI MICHELE (cherche à l'embrasser, mais Giorgetta se dé­ Ce n'est pas vrai ! fend ef s'éloigne. Michele, la regardant s'éloigner, mur­ MICHELE mure sombrement:) Tu mens! Garce ! Avoue ! Elle est ta maîtresse! (L'ombre de deux amoureux passe dans la rue:) LUIGI (essayant de s'emparer de son couteau) - Bouche fraîche de rose... Ah ! Nom de Dieu ! -Et baisers de rosée... MICHELE (lui saisissant le bras) - 6, lèvres parfumées... Lâche ce couteau ! - Ô, nuit embaumée... Tu ne m'échapperas pas, canaille ! - La lune éclaire le chemin... Âme de forçat!... Ver! - La lune qui nous épie... Tu voulais descendre jusqu'à Rouen, n'est-ce pas? -À demain, mon amour... C'est mort, que tu vas y aller ! Dans le fleuve ! - Demain, mon amante!... LUIGI (D'une caserne voisine résonne l'annonce de l'extinc­ À l'assassin ! À l'assassin ! tion des feux.) MICHELE (Michele a pris sa houppelande, s'en est couvert les Avoue-moi que tu l'aimes ! épaules et, appuyé au gouvernail de la péniche,

26 LIVRET INTÉGRAL

LUIGI davre de Luigi roule aux pieds de Giorgetta, qui pousse Laisse-moi ! un cri terrifiant et recule avec horreur. Mais Michele se MICHELE jette sur elle, la saisit, la traîne et la force violemment à s'approcher du visage de son amant mort.) Non I Avoue I Infâme! Infâme!... Infâme! Si tu avoues, je te laisse! Rideau LUIGI Oui... Traduction Claudio Mancini. MICHELE © L'Avant-Scène Opéra, Paris 1999. Répète ! LUIGI Oui ! Je l'aime!

MICHELE Répète !

LUIGI Notes du traducteur Je l'aime ! MICHELE (le serrant avec fureur) 1. Il Tinca: en français, «Le Goujon», nom du personnage dans La de Didier Gold. Encore ! Houppelande 2. Il Talpa: La Taupe chez Gold. LUIGI (dans un râle) 3. Les «petits formats», très populaires en France au début du Je l'aime... Ah !... (Et il reste agrippé à Michele, figé dans XXE siècle et surtout dans l'entre-deux-guerres, étaient des ré­ une contorsion de mort.) ductions pour chant et piano, ornées d'illustrations, des chan­ (De l'intérieur de la cabine, la voix de Giorgetta sonnettes à la mode, imprimées sur de simples feuilles de dimen­ appelle: «Michele ?... » Un silence. Michele entend et, sions réduites - d'où leur nom - que les chanteurs des rues sans perdre une seconde, s'assied et ramène sa houppe­ vendaient aux passants qui s'arrêtaient pour les écouter, repre­ lande autour du cadavre agrippé à lui.) nant bien souvent en chœur le refrain. (Giorgetta paraît sur le seuil, scrutant d'un regard 4. La Frugola: La Furette chez Gold. égaré.)

GIORGETTA (à mi-voix) J'ai peur, Michele... (Puis, voyant son mari assis et calme, elle ajoute, rassurée:) Non... J'ai eu peur... (Elle s'approche lentement de Michele, regardant tou­ jours avec anxiété autour d'elle.) MICHELE (extrêmement calme) J'avais bien raison: il ne fallait pas que tu dormes... GIORGETTA (avec soumission) Je suis prise du remords De t'avoir fait de la peine...

MICHELE Ce n'est rien... tes nerfs...

GIORGETTA Oui... c'est ça... tu as raison... Dis-moi que tu me pardonnes... (d'un ton insinuant) Ne veux-tu pas que je vienne plus près de toi ?

MICHELE Où ça?... Dans ma houppelande?

GIORGETTA Oui... tout près de toi... (la voix tremblante) Oui... tu me disais autrefois: « Nous portons tous « Une houppelande qui cache «Tantôt une joie, «Tantôt une douleur...»

MICHELE (avec sauvagerie) Mais parfois aussi un crime ! Viens dans ma houppelande!... Viens !... Viens!... (Il se dresse, terrible, et ouvre sa houppelande; le ca- m DJAMILEH - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Eivind GULLBERG JENSEN Festival. En 2004-2005, il reprend Tu- ductions auxquelles il participe, Jo­ Direction musicale randot au Welsh National Opera, et han Engels crée les décors de Mac­ met en scène Les Noces de Figaro à beth (mis en scène par Tim Albery), Études de violon et de théorie à Pittsburgh, Arianna in Creta (Haen- Midsummer Night's Dream (Martin Trondheim, de direction à del) au New York's Gotham Chamber Duncan), ou encore Roméo et Ju­ et Vienne. Au Festival d'Aspen, il re­ Opera. liette (John Fulljames) à l'Opéra tient l'attention de David Zinman et En 2003-2004, il met en scène The North; de Don Carlos (John Caird) au participe à des masters classes de Mother of Us Ail (Virgil Thomson) à Welsh National Opera et au Cana­ Kurt Masur. En décembre 2005, il l'Opéra de San Francisco, Le Vaisseau dian Opera Co; Khovanchtchina (Da­ remplace au pied levé Vladimir Ju- fantôme et La Walkyrie; La Vida vid Pountney) au Welsh National rowski, à la tête de l'Orchestre Natio­ breve (de Falla), Paillasse (Leonca­ Opera et à L'Étoile à l'Opéra de Zu­ nal de France dans la Sixième Sym­ vallo) et Djamileh à l'Opéra North, rich; d'Otello (John Cox) à Monte- phonie de Chostakovitch. Invité à Imeneo (Haendel) pour le Glimmer- Carlo, Parme et Los Angele; de Bea­ diriger La Chauve-Souris en 2003- glass Opera. Il a travaillé pour les trice and Benedict (Nicola Raab) au 2004 au Komische Oper de , il grandes scènes d'opéra américaines: Chicago Opera Theatre; Showboat est réinvité par Kirill Petrenko à ou­ Dallas (Les Noces de Figaro, (Janice Honeyman) au Cape Town vrir la saison 2004-2005 avec Le Bar­ Wozzeck), Houston {La Traviata, Ma­ Opera ainsi qu'à Nuremberg et Oslo; bier de Séville. dame Butterfly), Washington (Le Troilus and Cressida (Terry Hands) au En janvier 2006, il dirige l'Or­ Couronnement de Poppée, I Caputeti Clwyd Theatr. Outre les décors, Johan chestre de la Radio de Baden-Baden e i Montecchi de Bellini avec Tatiana Engels réalise également les cos­ à Fribourg (qui le réinvite en 2007 Troyanos), Chicago (Rigoletto), San tumes pour Le Villi, mis en scène par pour des concerts avec le violoncel­ Francisco (premières américaines de Karolin Gruber, et les costumes uni­ liste Truls Mork), l'Orchestre sympho- La Sonate des Spectres de Reimann, quement pour Osud (David Pount­ nique de Gôteborg et l'Orchestre de Das verratene Meer de Henze et ney) au et pour symphonique de la Radio de Franc­ première mondiale de Harvey Milk La Flûte enchantée (Helmut Lohner) fort. En décembre dernier, il est aux de Stewart Wallace), New York, Long au Volksoper de Vienne. côtés du chanteur Rolando Villazôn Beach Opera, Los Angeles... En Eu­ Parmi ses précédentes créations, il pour un concert où il dirige l'Or­ rope, il a notamment mis en scène convient notamment de citer les cos­ chestre Radio-symphonique de Stutt­ Faust à l'English National Opera et tumes pour deux des tournées de Sa­ gart à Baden-Baden. au Scottish Opera, Idomeneo au rah Brightman; les costumes pour le Réinvité par de nombreux or­ Grand Théâtre de Genève, Carmen à New Year's Day Concert de Vienne; chestres, il se produira bientôt à Bor­ Mannheim, Djamileh, Le Docteur Mi­ pour The Caucasian Chalk Circle, Sim- deaux, à Francfort avec l'Orchestre racle et (Bizet) à plicius, L'Amore dei tre Re, Die Rose national de Lyon. Il fera ses débuts l'Opéra-Comique de Paris. Parmi les von Liebesgarten à l'Opéra de avec l'Orchestre du Gewandhaus de autres opéras qu'il a mis en scène: Zurich; Anything Goes au Grange Leipzig dans un programme Grieg en Didon et Énée, Friend of the People Park Opera; The Devil's Wall de Sme- novembre 2007, et dirigera l'Or­ (David Home), Eugène Onèguine, tana à ; Turandot (décors) au chestre de Paris, l'Ensemble orches­ L'Étoile (Chabrier), Don Pasquale (Do­ Festival de Salzbourg en 2002, tous tral de Paris, l'Orchestre sympho­ nizetti), Le Viol de Lucrèce (Britten), mis en scène par David Pountney; nique de la Radio de Berlin, les Les Mamelles de Tirésias (Poulenc), Rosencrantz and Guildenstern are orchestres symphoniques de Lucerne, Ariane à Naxos (Strauss), Tania (An­ Dead (Terry Hands) au Clwyd Theatr Stavanger, Birmingham, de la BBC, thony Davis), etc. et en tournée au Royaume-Uni; Spar- de la NHK de Tokyo, l'Orchestre phil­ Ses projets: Turandot (Auckland), tacus ainsi qu'un ballet en un acte, harmonique de Montpellier, l'Or­ l'Orfeo de Monteverdi (Glimmer- du chorégraphe Renato Zanella, créé chestre national de Lille et le Mozar- glass), Le Vaisseau fantôme (Port­ sur la 5ème Symphonie de Beethoven teum de Salzbourg. land), L'île de Merlin de Gluck (Char­ pour le Ballet National de Vienne; Cet été 2007, au Festival de Baden- leston). Cinderella, du chorégraphe Heinz Baden, il dirigera une nouvelle pro­ Spoerli, au Ballet de Zurich, filmé par duction de la Tosca, mise en scène la télévision suisse; L'Elisir d'amore par Nikolaus Lehnhoff - qu'il aura mis en scène par Stephen Lawless à auparavant dirigée à Stockholm - Houston, Washington, Los Angeles, avec l'Orchestre Symphonique alle­ Madrid, Genève et Graz; Il Ritorno mand de Berlin. Johan ENGELS d'Ulisse, dirigé par John Cox et pré­ Décors senté au Glimmerglass Festival ainsi qu'à l'Opéra de New York; les pro­ Johan Engels étudie les Beaux-Arts ductions de Richard III, Hamlet et The et le design à l'Université de Pretoria Royal Hunt of the Sun, toutes jouées en Afrique du Sud, puis s'investit lar­ au Japon. Christopher ALDEN gement dans les milieux de l'opéra, Nous pouvons en outre mention­ Mise en scène de la danse et du théâtre. Il rejoint ner Electra, d'abord interprété au l'Angleterre en 1980 afin de se per­ Festival Theatre de Chichester avec Il est l'assistant de Jean-Pierre Pon- fectionner en « Theatre Design ». Zoe Wanamaker, puis au Donmar nelle pour La Bohème au Houston Les deux productions présentées à Theatre à Londres et enfin à Broad­ Grand Opera et Les Contes d'Hoff­ Saint-Étienne et Lyon font partie des way; The Cherry Orchard et The mann à l'Opéra-Comique et à Salz­ huit opéras en un acte donnés au Good Woman of Sharpeville, mis en bourg, et de Joseph Papp notam­ cours d'une saison de l'Opéra North. scène par Janet Suzman, présentés ment au New York Shakespeare Parmi les récentes et actuelles pro­ en Afrique du Sud et lors d'une tour­

28 DJAMILEH - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

née au Royaume-Uni; Das Rheingold priccio au Teatro Regio de Turin; Die Floyd, Trois Sœurs de Peter Eôtvôs; et Die Walkure (Charles Roubaud) Schweigsame Frau, Don Carlos et La des ouvrages présentés dans des ver­ joués à l'Opéra de Marseille. Johan Fanciulla del M/est pour l'Opéra de sions inédites: Salomé de Richard Engels compte également à son actif Zurich; La Clemenza di Tito pour Strauss dans la version française, Lu­ plusieurs comédies musicales dont l'Opéra de Dallas et le Royal Opera cie de Lammermoor dans la version The Boyfriend, une production de House de Londres; Porgy and Bess, française établie par le compositeur; Cameron Mackintosh, Sag mir, wo Fidelio et Nabucco sur la scène de ré­ des opéras rarement enregistrés: L'É­ die Btumen sind à Berlin avec Terry putation internationale du lac de toile de Chabrier, Dialogues des Car­ Hands. Son travail touche enfin au Constance lors du Festival de Bre- mélites de Poulenc, L'Amour des trois milieu cinématographique, avec par genz en Autriche. oranges de Prokofiev, Arlecchino, Tu- exemple Othello, de Janet Suzman, Sue Willmington apporte réguliè­ randot et Doktor Faust de Busoni; et diffusé sur Channel 4 TV. rement son concours à de nombreux des œuvres moins rares: deux ver­ opéras à travers le monde. sions de La Damnation de Faust, de Werther et des Contes d'Hoffmann. Il s'agit de disques souvent salués par des distinctions de la presse musicale et des prix nationaux et internatio­ Sue WILLMINGTON naux. Costumes Adam SILVERMAN L'Orchestre est invité régulière­ Éclairages ment en France et à l'étranger. Il s'est Sue Willmington est née à Scarbo­ produit au Festival international d'É- rough. Elle obtient avec les honneurs Adam Silverman travaille pour dimbourg 2006 dans Mazeppa de une licence en Beaux-Arts au Maid­ l'opéra, le théâtre et la danse. Il a ré­ Tchaïkovski et dans Le Vol de Lind­ stone College of Art, puis étudie le cemment collaboré à différentes pro­ bergh et Les Sept Péchés capitaux de «Theatre Design» à la Motley ductions telles que The Bull, The Flo­ Kurt Weill. Theatre Design School. werbed et Giselle pour le Fabulous L'Orchestre de l'Opéra de Lyon a Elle a récemment travaillé sur II Beast Dance Theatre; à Orfeo, One reçu la Victoire de la musique de la Prigioniero et La Vida breve à Touch of Venus et la Eight Little meilleure formation lyrique ou sym­ l'Opéra National Grec, ainsi que sur Greats season de l'Opéra North ; Je- phonique en 1999. Makropoulos Case, mis en scène par nufa et Makropoulos Case pour l'En­ Christopher Alden, à l'English Natio­ glish National Opera; The Turn of the nal Opera; sur Embers, une pièce di­ Screw au Théâtre Mariinsky de rigée par Michael Blakemore. l'Opéra du Kirov; Das Schatzgraber Sue Willmington crée des cos­ pour l'Opéra de Francfort; La Dame tumes supplémentaires pour Phan­ de pique pour le Bayerische Staatso- LES CHŒURS DE L'OPÉRA DE LYON tom the Spectacular à Las Vegas, mis per de Munich; et la première de la en scène par Harold Prince. Son tra­ pièce Five Gold Rings pour l'Almeida Les Chœurs de l'Opéra de Lyon vail intervient de plus dans Show­ Theatre. sont dirigés, depuis 1995, par Alan boat et Bohème, joués au Royal Al­ Parmi ses autres collaborations, il Woodbridge. En 2006-2007, outre La bert Hall et tous deux mis en scène convient de citer Imeneo pour le Somnambule, les Chœurs se produi­ par Francesca Zambello; La Vida Glimmerglass Opera; Siegfried à l'En­ sent dans Lohengrin (avec Lothar Koe- breve (Christopher Alden), Pagliacci, glish National Opera; La Traviata nigs), La Veuve joyeuse (avec Gerard Francesca da Rimini et Djamileh (Da­ pour le New Israeli Opera; la pre­ Korsten), Eugène Onéguine (avec Ki- vid Pountney) pour Opera North, mière de la comédie musicale Beauty rill Petrenko), The Rake's Progress tous les trois dans le cadre de la sai­ and the Beast pour la Royal Shakes­ (avec Alexander Lazarev) et Les Noces son Eight Little Greats de Leeds. peare Company et la pièce de de Figaro (avec William Christie). Parmi ses précédentes créations au théâtre A Day in the Death de Joe Les Chœurs ont participé aux nom­ théâtre, nous pouvons citer Demo­ Egg à Broadway. breux enregistrements discogra­ cracy au West End de Londres, à phiques et vidéographiques de Broadway et à la Sydney Theatre l'Opéra de Lyon, parmi lesquels: Les Company; Love in a Wood, The Du­ Contes d'Hoffmann et Doktor Faust chess of Malfi, Richard II, The White sous la direction de Kent Nagano; Devil, Merchant of Venice et Mea­ L'Élixir d'amour et Lucie de Lammer­ sure for Measure à la Royal Shakes­ L'ORCHESTRE DE L'OPÉRA DE LYON moor sous la direction d'Evelino peare Company. Pidô; Orphée aux Enfers sous la di­ Sue Willmington a également col­ L'Orchestre de l'Opéra de Lyon est rection de Marc Minkowski, etc. laboré avec de nombreuses institu­ créé en 1983. Premier directeur musi­ Les Chœurs de l'Opéra de Lyon tions dont le National Theatre, la Na­ cal de l'orchestre, John Eliot Gardiner chantent régulièrement en concert tional Portrait Gallery, le Old Vic est à sa tête de 1983 à 1989. Lui suc­ en France et à l'étranger, avec or­ Theatre, l'Almeida Theatre à Londres cèdent Kent Nagano, Louis Langrée chestre ou a cappella. et le Schauspielhaus de Zurich. et Ivân Fischer. Par le passé, elle a créé les cos­ L'Orchestre de l'Opéra a participé tumes pour des œuvres telles qu'il à plus de soixante enregistrements Trovatore pour l'Opéra Bastille; Ka- audio et vidéo avec des premières tya Kabanova pour La Fenice à Ve­ mondiales: Rodrigue et Chimène de nise; Œdipus Rex et Cleopatra pour Debussy, La Mort de Klinghoffer de le Mariinsky à Saint-Pétersbourg; Ca- John Adams, Susannah de Carlisle

29 DJAMILEH - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Jean-Pierre FURLAN Leipzig et à l'Opéra de Marseille; William Christie, René Jacobs, Marc Haroun Manrico dans la version française du Minkowski, Kent Nagano. Trouvère à l'Opéra de Montpellier. Il Laurent Naouri fait ses débuts à Jean-Pierre Furlan étudie la trom­ a chanté Don Carlos à Boston, Ma­ l'Opéra Garnier dans le rôle de Thé­ pette au Conservatoire de Toulouse dame Butterfly à Hambourg, Les sée (Hippolyte et Aricie). Il reprend et à l'École Normale de Musique de Contes d'Hoffmann au Deutsche ensuite Eugène Onéguine à l'Opéra Paris où il remporte de nombreux Oper Berlin, Hérodiade à l'Opéra de Nancy, interprète à l'Opéra Bas­ prix. Il découvre le chant en 1985 Royal de Wallonie, I Pagliacci à Saint- tille les rôles de Des Grieux dans Ma­ avec Christiane Patard et décide de Étienne, Carmen à Leipzig, Faust à non de Massenet et de Figaro dans se consacrer entièrement au métier Avignon, Le Trouvère à L'Esplanade Les Noces de Figaro et, à l'Opéra de de chanteur. Il entre en 1987 dans le de Saint-Étienne, Aida à Malmô, Les Lyon et au Grand Théâtre de Genève, Choeur de l'Armée Française et en Contes d'Hoffmann à Berlin, Liège et le rôle de Jupiter dans Orphée aux devient très vite l'un des solistes. Savonlinna, Don Carlos et Madame Enfers sous la direction de Marc Min­ Au cours de la saison 1992-1993, Butterfly à Hambourg, Le Fou au kowski. Il interprète alors pour la Jean-Pierre Furlan fait ses débuts théâtre du Châtelet ainsi que dans le première fois le rôle de Don Giovanni dans le rôle d'Hoffmann à la Salle Requiem de Dvorâk à Antibes, La à l'Opéra de Metz, rôle repris ensuite Gaveau à Paris et participe à un enre­ Damnation de Faust avec l'Orchestre à l'Opéra Royal de Wallonie, et parti­ gistrement des Contes d'Hoffmann. Philharmonique de Monte-Carlo, Le cipe à plusieurs productions à Il aborde alors plusieurs rôles im­ Chant des Chemins de Fer de Berlioz l'Opéra de Paris: L'Enfant et les Sorti­ portants de son répertoire: le Duc de avec l'Orchestre National de Lille, le lèges, Platée, Alcina et Les Indes Ga­ Mantoue (Rigoletto) à l'Opéra du rôle-titre de Faust à L'Esplanade de lantes. Rhin et à l'Opéra de Malmô, Faust Saint-Étienne, et Pinkerton (Madame Il incarne Méphisto dans La Dam­ (La Damnation de Faust) à l'Opéra Butterfly) à l'Opéra de Karlsruhe. Il nation de Faust aux Chorégies d'Avignon, Pinkerton dans Madama reprend le rôle-titre de Don Carlos, d'Orange, rôle qu'il reprend à Tou­ Butterfly à Malmô, Edgardo (Lucia di et Pinkerton à l'Opéra de Hambourg, louse et à Madrid sous la direction de Lammermoor) à l'Opéra du Rhin, le dernier rôle qu'il reprend à l'Opéra Michel Plasson. Il est ensuite invité rôle-titre de Faust à l'Opéra Royal de de Vichy. Plus récemment, il fait ses par le London Symphony Orchestra Wallonie à Liège. débuts dans le rôle de Calaf et re­ pour le rôle de Fieramosca dans Ben- Il fait ensuite ses débuts à La Fe- prend Don José à l'Opéra d'Avignon. venuto Cellini sous la direction de Sir nice de Venise dans le rôle de Pinker­ Il a fait ses débuts dans le rôle de Ca- Colin Davis. L'Opéra d'Anvers l'en­ ton, à La Scala de Milan dans le rôle- varadossi (Tosca) à L'Esplanade de gage pour les quatre rôles des Contes titre de Faust aux côtés de Samuel Saint-Étienne et a chanté le rôle d'Hoffmann. Invité par l'Orchestre Ramey, à l'Opéra de Hambourg et au d'Hoffmann à Graz, et Polyeucte à National de France, Laurent Naouri Deutsche Oper de Berlin dans Les L'Esplanade de Saint-Étienne, La interprète pour la première fois le Contes d'Hoffmann. Puis, il est invité Damnation de Faust à Tokyo sous la rôle de Golaud dans Pelléas et Méli- en Amérique du Nord: à l'Opéra de direction de Charles Dutoit, Carmen sande, sous la direction de Bernard Toronto pour Norma (Pollione), à à Savonlinna, Les Contes d'Hoffmann Haitink, aux côtés d'Anne-Sofie von l'Opéra de Philadelphie dans Les et Carmen à l'Opéra de Graz, Aida Otter. Il reprend ce rôle à l'Opéra Contes d'Hoffmann, à Boston pour (Radamès) à l'Opéra de Liège. d'Anvers. Aida et pour la version française en Parmi ses projets: Don José (Car­ Laurent Naouri a été le Comte cinq actes du Don Carlos de Verdi. men) à Graz, le rôle-titre de Don Car­ dans Les Noces de Figaro au Festival Ces dernières années, on a égale­ los à Hambourg, le rôle-titre de Faust d'Aix-en-Provence, production re­ ment pu l'applaudir dans La Bohème de Gounod à Dijon, Samson (Samson prise à Baden-Baden et à Tokyo, Eu­ de Leoncavallo (Marcello) au Festival et Dalila) à Saint-Étienne. gène Onéguine au Grand Théâtre de de Wexford, dans Roméo et Juliette Genève et Escamillo qu'il a chanté de Berlioz à La Fenice, Les Contes pour la première fois au Festival de d'Hoffmann et La Traviata à , Glyndebourne. La Damnation de Faust et Mireille à Il interprète Les Contes d'Hoff­ l'Opéra d'Avignon, Macbeth et La mann (les quatre rôles), Juliette ou la Damnation de Faust à Tours et à Laurent NAOURI Clef des Songes de Martinu, Les Bo- Saint-Étienne, Le Prophète de Meyer­ Splendiano réades de Rameau à l'Opéra de Paris beer à Stockholm et dans Norma à et Les Troyens sous la direction de l'Opéra d'Avignon. Ancien élève de l'École Centrale, John Eliot Gardiner au théâtre du En concert, Jean-Pierre Furlan se Laurent Naouri décide de se consa­ Châtelet, Benvenuto Cellini avec l'Or­ produit au Palais Omnisports de crer à l'Art Lyrique en 1986 et com­ chestre National de France sous la di­ Bercy dans le Requiem de Berlioz plète sa formation à la Guildhall rection de John Nelson, puis reprend sous la direction de Michel Plasson, School of Musica and Drama de Londres. le rôle d'Agamemnon (La Belle Hé­ avec l'Orchestre de Paris dans la Neu­ Très rapidement, il est engagé en lène) et chante Les Paladins de Ra­ vième Symphonie de Beethoven et à France ainsi qu'à l'étranger dans un meau au Théâtre du Châtelet. Lille dans le Gloria de Puccini avec répertoire allant de Monteverdi aux En 2004, il fait ses débuts dans le l'Orchestre National de Lille. compositeurs contemporains, entre rôle-titre de Falstaff à l'Opéra Natio­ Au cours de la saison 1999-2000, autres dans des rôles tels que Chris­ nal de Lyon, chante Escamillo et Go­ Jean-Pierre Furlan aborde deux rôles tophe Colomb, Guglielmo, Oné- laud à Berlin, puis le rôle de Bottom majeurs du répertoire: Don José dans guine, Tarquinus (Le Viol de Lucrèce), (A Midsummer Night's Dream) au Carmen à l'Opéra de Liège, à Avi­ Roland de Lully, Bottom (Le Songe Théâtre de La Monnaie. Plus récem­ gnon et au Festival de Carcassonne, d'une Nuit d'Été) sous la direction de ment, il chante Le Roi malgré lui (Le puis à l'Opéra du Rhin, à l'Opéra de chefs tels que Maurizio Benini, Duc de Frittelli) à l'Opéra National de

30 DJAMILEH - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Lyon, les quatre rôles des Contes elle est soliste à l'Opéra de Karlsruhe, d'Hoffmann aux Chorégies d'Orange, où on a pu l'entendre dans les rôles à l'Opéra de Lyon et au Teatro Real de Cherubino (Le Nozze di Figaro), de Madrid, Nottingham (Roberto De- d'Orlofsky (Die Fledermaus), d'Hàn- vereux) à l'Opéra de Lyon et au sel (Hânsel und Gretel), Olga (Eugène Théâtre des Champs-Élysées, Golaud Onéguine), de Niklausse (Les Contes à Glasgow, Don Giovanni (rôle-titre) d'Hoffmann), du Prince charmant à l'Opéra National du Rhin, L'Elisir (Cendrillon) et d'Idamante (tdome- d'amore à l'Opéra de Paris, Escamillo neo). Parallèlement, elle fait en à Santa Fe et à Covent Garden. 2005-2006 ses débuts au Théâtre Parmi ses projets, Golaud au Royal de La Monnaie à Bruxelles (Fjo- Théâtre des Champs-Élysées et au dor dans Boris Godunow) et au Theater an der Wien, L'Elisir d'amore Grand Théâtre de Genève (Melanto (Belcore) et Nick Shadow (The Rake's dans II ritorno d'Ulisse in patria). Progress) à l'Opéra de Paris, Fiera- En 2006-2007, elle se produit au mosca (Benvenuto Cellini) au Festival Grand Théâtre de Genève (Despina de Salzbourg, le rôle-titre de Falstaff dans Cosi fan tutte) ainsi qu'à au Festival de Santa Fe... l'Opéra Royal de Stockholm (Dora- Laurent Naouri se produit réguliè­ bella dans Cosi fan tutte). rement en récital et en concert. Il a Janja Vuletic se produit régulière­ chanté à Berlin pour L'Enfant et les ment en concert et en récital en Alle­ Sortilèges avec la Philharmonie de magne, Croatie, Italie et en Autriche. Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle, et à Boston dans L'Enfance du Christ de Berlioz (Flérode) avec le Boston Symphony Orchestra, La Reine morte de Lesur à Radio France, Le Rossignol de Stravinsky à Cleve­ land, Die Schôpfung de Flaydn au Festival de Saint-Denis.

Janja VULETIC Djamileh

Janja Vuletic est née en 1979 à Du- brovnik, en Croatie. Elle fait ses études générales au lycée de Dubrov- nik tout en suivant des cours de sol­ fège, de chant et de piano au conser­ vatoire. Très rapidement, elle remporte des concours: sur le plan régional en 1997, national en 1998, puis international en 2000 (Premier Prix du Concours International de Chant «Schneider Trnavsky» en Slo­ vaquie). À partir de 1998, elle étudie à l'Universitât fur Musik de Vienne, d'où elle sort diplômée en 2001. En 2005, elle se voit décerner six prix à la 24ème édition du Concours Interna­ tional du Belvédère à Vienne, dont le Premier Prix dans la catégorie Opé­ rette et le Second Prix dans la caté­ gorie Opéra. Au cours de la saison 2001-2002, elle est engagée à l'Opéra Studio de Zurich, où elle perfectionne les rôles de son répertoire. Outre les nom­ breux concerts auxquels elle parti­ cipe, elle a l'opportunité de faire ses débuts à l'Opéra de Zurich dans La Belle Hélène sous la direction de Ni- kolaus Harnoncourt. De 2002 à 2006, IL TABARRO - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Eivind GULLBERG JENSEN Johan ENGELS val d'Aix et tournée mondiale), le Direction musicale Décors ballet Near Life Experience pour An- gelin Preljocaj, et les costumes de Voir la biographie page 28 Voir la biographie page 28 The Magic Flute (Opera North) mis en scène par Tim Supple. À plusieurs reprises, Tom Pye a par­ ticipé à des projets télévisuels tels David POUNTNEY Tom PYE que Gloriana, mis en scène par Phyl- Mise en scène Costumes lida Lloyd et récompensé d'un Emmy Award, Twelfth Night (Channel 4) mis en scène par Tim Supple, ou en­ David Pountney fait ses études aux Tom Pye a conçu décors et cos­ core les séries Helen West (ITV), Just universités d'Oxford et de Cam­ tumes à travers le monde pour le William (BBC), The Late Michael bridge. Il acquiert une renommée in­ théâtre, l'opéra, la télévision et le ci­ Clark (BBC). Il a également apporté ternationale avec sa production de néma. Il a récemment créé les décors sa collaboration aux films suivants: A Katia Kabanova au Festival de Wex­ de Happy Days de Beckett (Royal Na­ Feast at Midnight, Christie Mal- ford en 1972. De 1975 à 1989, il est tional Theatre de Grande-Bretagne), rys'Own Double Entry et Maua, King metteur en scène résident au Scottish La Voix humaine (Opera North) et and Emperor. Opera. Il y produit un cycle Janâcek, Death in Venice (English National en collaboration avec le Welsh Natio­ Opera), tous mis en scène par Debo­ nal Opera : Jenufa, De la maison des rah Warner; Sinatra au Palladium morts, L'Affaire Makropoulos, Katia (West End de Londres). En ce qui Adam SILVERMAN Kabanova et La Petite Renarde rusée. concerne les productions de Broad­ Éclairages Metteur en scène de la première way, Fiddler on the Roof et The Glass mondiale de Toussaint de David Menagerie, mises en scène par David Voir la biographie page 29 Blake en 1977 à l'English National Leveaux, Tom Pye a dessiné à la fois Opera, il y devient metteur en scène le décor et les costumes. résident en 1980. Il y monte une Parmi les récents décors qu'a créés vingtaine d'opéras dont Rusalka (Do- Tom Pye, il convient de mentionner vràk), Osud (Janacek), The Midsum­ ceux de Cosi fan tutte (Opéra de L'ORCHESTRE DE L'OPÉRA DE LYON mer Marriage (Michael Tippett), Dok­ Lyon) mis en scène par Adrian Noble, tor Faust (Busoni), Lady Macbeth de d'Orfeo (English National Opera) mis Voir la présentation page 30 Mzensk (Chostakovitch), Hansel und en scène par Chen Shi Zheng, de Ju­ Gretel (Humperdinck), Les Aventures lius Caesar (Barbican, Paris et Ma­ de Monsieur Broucek (Janâcek) et drid), The Rape of Lucretia (au Baye­ The Fairy Queen (Purcell). rische Staatsoper de Munich), tous Il a mis en scène plus de dix pre­ deux mis en scène par Deborah War­ LES CHŒURS DE L'OPÉRA DE LYON mières mondiales dont deux de Peter ner, de Fewer Emergencies (Royal Maxwell Davies, dont il a lui-même Court) mis en scène par James McDo­ Voir la présentation page 30 écrit les livrets: The Doctor of Mydf- nald, de Measure for Measure (Na­ fai (1996) et Mr Emmet Takes a Walk tional Theatre et tournée mondiale) (2000). Il a également traduit de mis en scène par Simon Me Burney et nombreux opéras en russe, tchèque, la troupe Complicité. Tom Pye a de allemand et italien. plus conçu les costumes pour deux Laurent NAOURI Metteur en scène indépendant de­ des opéras, mis en scène par David Michele puis 1992, il travaille régulièrement à Pountney et Christopher Alden, de la Zurich, au Staatsoper de Vienne, au Eight Little Greats season à l'Opéra Voir la biographie page 30 Bayerische Staatsoper de Munich, sur North. les grandes scènes américaines, au Tom Pye a collaboré à plusieurs re­ Japon et au Royaume-Uni, notam­ prises avec Deborah Warner. Nous re­ ment avec le Scottish Opera et tiendrons ainsi The Powerbook (Na­ l'Opéra North. Il est récompensé tional Theatre, Paris et ), The Hélène BERNARDY pour son travail sur Janâcek et Mar- Diary of One Who Vanished (English Giorgetta tinu (La Passion grecque et Juliette National Opera/NT), The Turn of the ou la Clef des songes). Récemment, il Screw (Royal Opera House), Medea La soprano belge Hélène Bernardy a mis en scène Die Soldaten (Zimmer- (Dublin, West End, Broadway, Paris et a obtenu les Prix de Chant et de Mu­ mann) au Festival de la Ruhr, et L'É­ une tournée aux États-Unis), St John sique de chambre au Conservatoire toile (Chabrier) â Zurich; en fé­ Passion (English National Opera), The Royal de Liège. Elle fait ses débuts vrier 2007 : La Khovanchtchina Angel and Tower Projects, pour le­ professionnels en 1996 à l'Opéra de (Moussorgski) à Cardiff, Moïse et Aa­ quel des installations ont été mon­ Marseille, dans les rôles de Helmwige ron (Schônberg) à Munich. tées en de multiples lieux dans les (Die Walkure) et Blumenmàdchen Parmi ses projets: Playing Away de villes de New York, Londres et Perth, (Parsifal), avant d'aborder son pre­ Ben Mason au Festival de Bregenz, Jeanne d'Arc au bûcher (BBC Proms, mier grand rôle, Jaroslavna, dans Le dont il est directeur artistique depuis Albert Hall). Il a assuré la direction Prince Igor. décembre 2003. artistique de Richard II (téléfilm). En 1997, Hélène Bernardy devient Tom Pye a également à son actif membre permanent de l'Opéra de Don Giovanni de Peter Brook (Festi­ Chemnitz, où elle chante sa première

32 IL TABARRO - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

Sieglinde (Die Walkûre), sous la fliegende Hollander) et Ellen Orford (Die Tote Stadt), et la Frugola et direction d'OIeg Caetani, qui lui vau­ (Peter Grimes); elle a aussi participé à Ciesca (Il Trittico). En 2006-2007, elle dra un succès unanime auprès du pu­ la reprise de cette dernière produc­ joue les rôles d'Erda, de Schwerleite blic et de la presse. Suite à cela, elle y tion à Bilbao. Hélène Bernardy a fait (Die Walkûre), la Première Norne, campera les rôles de Donna Anna une tournée au Japon avec La Mon­ Marcellina (Les Noces de Figaro) et la (Don Giovanni), Mimi (La Bohème), naie, pour une série de concerts in­ Troisième Dame (Die Zauberflôte). Santuzza (Cavalleria rusticana), Senta cluant les Trakl Lieder de Boesmans, On a également pu l'entendre (Der fliegende Hollander) et d'Adriana Shéhérazade de Ravel, et reprenant chanter Erda à I'English National Lecouvreur. Elle y chante également le rôle de Donna Anna, toujours sous Opera. Ceri Williams est régulière­ ses premiers rôles d'opérette: Lisa la baguette de Kazushi Ono. ment invitée à l'Opéra de Leipzig, où (Land des Làchelns), Kurfùrstin (Der En 2006, elle a chanté sa première elle a interprété Anna (Les Troyens) Vogelhàndler), Rosalinde (Die Fleder- Frau (Erwartung de Schônberg) à et Annina (Der Rosenkavalier). maus) et Mariza (Grâfin Mariza), ce l'Opéra de Massy, sous la direction Yves Able, Adam Fischer, Marc Al- dernier aussi en concert à Nurem­ d'Alain Altinoglu, et fait ses premiers brecht, Peter Schneider ou encore berg. Enfin, elle est Rachel dans la récitals de Lieder (Schubert, Mahler, Paul Daniel comptent parmi les chefs première mondiale de la version ori­ Strauss, J. Marx...) notamment à Fla- d'orchestre avec lesquels elle a tra­ ginale en allemand de Der Weg der gey (Bruxelles), accompagnée par le vaillé. Elle a chanté en concert Le Verheissung (Weill), sous la direction pianiste Peter Tomek. Messie de Haendel, le Requiem de de John Mauceri, à Chemnitz, à New Pour le Festival «Juillet musical de Verdi, ainsi que la Petite messe solen­ York ainsi qu'à la Brooklyn Academy Saint-Hubert», elle a interprété des nelle de Rossini. of Music. airs de concert de Mozart, avec l'Or­ Parmi ses projets, nous pouvons ci­ Elle participe à un concert sympho­ chestre National de Belgique, sous la ter le rôle d'Anna dans Les Troyens à nique à Bremerhaven, avec au pro­ baguette d'Eivind Aadland. Elle Stuttgart. gramme: Das dunkle Reich (Pfitzner) chante ensuite sa première Elisabetta et la Messe glagolitique (Janâcek). (Don Carlo) au Festival d'Immling. Hélène Bernardy fait ses débuts Sa discographie inclut la Seconde français en 1998 au Festival d'Antibes, Symphonie de Mahler sous la direc­ sous les traits de Donna Anna; puis à tion d'OIeg Caetani. Brian BANNATYNE-SCOTT Bruxelles, Tournai et Arlon, elle est Il Talpa Miss Maurant (Street scene de Weill); enfin, c'est à Dublin, sous la direction Né et élevé à Édimbourg, Brian d'Alexander Anissimov, qu'on peut étudie le français et l'histoire médié­ l'entendre chanter Sieglinde. Jean-Pierre FURLAN vale à l'Université avant de fréquen­ En 2000, l'artiste est engagée pour Luigi ter la Guildhall School of Music à deux ans à l'Opéra de Karlsruhe, sous Londres. Après s'être vu remettre le la direction musicale de Kasushi Ono. Voir la biographie page 30 Prix Decca Kathleen Ferrier en 1981, il Elle y interprète des rôles tels qu'Aida, poursuit une carrière internationale. Eisa (Lohengrin), ainsi que Rosalinde Sa carrière de concertiste l'a em­ (Die Fledermaus), la Comtesse (Le mené à travers l'Europe et la Scandi­ Nozze di Figaro) et Sieglinde. navie, jusqu'en Amérique du Sud, Is­ Ses débuts en Belgique ont lieu en Ceri WILLIAMS raël, ou encore au Canada, aux 2001 à l'Opéra Royal de Wallonie à La Frugola Philippines et au Japon. Parmi ses Liège, où elle incarne Senta (Der flie­ concerts les plus notables, on peut ci­ gende Hollander), et sont suivis de Née au pays de Galles, la mezzo- ter la I4éme Symphonie de Chostako- reprises à l'Opéra de Karlsruhe. soprano Ceri Williams a étudié en vitch à Aldeburgh, Les Noces de Stra­ En 2002, elle reprend le rôle de tant que pianiste et répétitrice au vinsky au Royal Festival Hall avec la Sieglinde avec le National Youth Or­ Welsh College of Music and Drama et London Sinfonietta, les Gurrelieder chestra of Ireland à Birmingham et à I'English National Opera, avant de de Schônberg avec le CBSO (dirigés Limerick, et incarne Aida à l'Opéra poursuivre sa carrière comme chan­ tous les deux par Sir Simon Rattle), de Gôteborg. teuse. Les Troyens de Berlioz, A Midsummer À l'occasion de l'entrée de la Ré­ En 2002, elle devient soliste princi­ Night's Dream de Britten avec Sir Co­ publique tchèque dans l'Union Euro­ pale au National Theater de Mann­ lin Davis et le London Symphony Or­ péenne, elle a été invitée par l'Opéra heim, où elle interprète les rôles chestra, la Messe en Ut mineur de National de Prague à chanter la Neu­ d'Amneris (Aida), d'Ulrica (Un Ballo Mozart avec Mikhail Pletnev et LSO, vième Symphonie de Beethoven, in maschera), de Suzuki (Madame le Songfest de Bernstein avec le Phil- sous la direction de Zdenek Macal. Butterfly), d'Erda (Siegfried), de la harmonia Orchestra, dirigé par Leo­ En 2004-2005, elle a interprété sa Première Norne (Gôtterdàmmerung), nard Slatkin. première Marie dans Wozzeck à Tel- d'Emilia (Otello) et d'Azucena (Il Tro- Il s'est produit dans divers festivals, Aviv, sa première Tosca à Rouen et au vatore). dont les BBC Proms (The Wreckers Festival d'Immling et Senta à Rennes. C'est à Mannheim qu'elle retient d'Ethel Smythe, Boris Godounov et Pour La Monnaie, Hélène Bernardy l'attention du Deutsche Oper de Ber­ King Arthur), le Festival de Salzbourg a pris part à un concert sous la direc­ lin, où elle chante désormais comme (Acis and Galatea de Polyphemus). Il tion de Kazushi Ono dans White as soliste principale. Durant la saison collabore également avec Trevor Pin- Jasmine for soprano and orchestra 2005-2006, elle y interprète notam­ nock, Robert King, Philippe Herrewe- de Jonathan Harvey; et elle a incarné ment Ulrica pour le concert d'ouver­ ghe et Howard Arman. Emma (La Khovanchtchina), Gue- ture avec Michail Jurowski, Gene­ Depuis ses débuts à La Fenice et au nièvre (Le Roi Arthus), Senta (Der viève (Pelléas et Mélisande), Brigitta Teatro dell'Opera di Roma, il a no­ A& C- °°3

IL TABARRO - BIOGRAPHIES DES ARTISTES

tamment chanté à La Scala le Spectre Prochainement il chantera Gé­ Parisiens à Paris, Christophe Mor­ d'Hector dans Les Troyens sous la di­ ronte pour l'Opéra North, Le Nez à tagne a endossé, chaque soir pen­ rection de Sir Colin Davis; à La Mon­ Nantes et à Angers, Le Poète Orphée dant trois ans, une dizaine de rôles naie, il interprète Bartolo de Mozart, à la Royal Opera House; Crespel dans différents dans Rue de la Gaité Of­ la Mort dans Der Kaiser von Atlantis Les Contes d'Hoffmann à Lyon; le Ba­ fenbach. Il avait, en outre, la respon­ (Ullmann), Die Mutter dans Die Sie- ron Ochs dans Der Rosenkavalier à sabilité des effets spéciaux. En effet, ben Todsûnden, oqcle Sarvaor dans Bielefeld; Trulove dans The Rake's Christophe Mortagne est aussi magi­ La Vida breve. L'Opéra de Nancy l'ac­ Progress à Angers et Nantes. cien et artificier (agréé K4). cueille pour Manon Lescaut dans le Son répertoire lyrique s'étend du rôle de Géronte, et celui d'Oslo pour classique au contemporain: à l'Ate­ The Seven Deadly Sins. Brian inter­ lier du Rhin, il interprète Am Himmel prète Sylvain à l'Opéra de Lyon et à wandre Och de Stockhausen, mais l'Opéra de Montpellier dans La Calisto Christophe MORTAGNE aussi deux créations au Grand sous la direction de René Jacobs; Il Tinca Théâtre de Tours, Annapurna Araspe dans Toiomeo pour Halle; d'Adrienne Clostre dans le rôle de Snug dans A Midsummer Night's Parmi les projets de Christophe Gaston Rebuffat et Les Tentations de Dream et Vaarlam dans Boris Godou- pour la saison 2007-2008, on peut ci­ Saint-Antoine de Marian S. Kouzan nov pour l'Opéra North; Arkel dans ter: un Commissaire (Dialogues des dans le rôle de Faust. Puis, Les Mal­ Pelléas et Mélisande pour l'Opéra du Carmélites), Opéra de Marseille; heurs d'Orphée de Milhaud à l'Opéra Rhin; Swallow dans Peter Grimes et M. Triquet (Eugène Onéguine), de Nancy, l'Orfeo de Monteverdi Sarastro dans Die Zauberfiôte pour Opéra National de Lyon; Goro (But­ dans une abbaye cistercienne. l'Opéra de Nantes; Monterone dans terfly),, Opéra de Marseille; Scara- En 1998 à Bercy, Christophe Mor­ Rigoietto, Pogner dans Die Meister- mouche (), Opéra tagne a été Frick dans La Vie pari­ singer, Banquo dans Macbeth, le de Metz; Guillot (Manon de Masse- sienne, dans une mise en scène de Grand Inquisiteur dans Don Carlos et net), Opéra de Nice. Roger Louret. Il y faisait de la presti­ le Commandeur dans Don Giovanni Pendant ses dernières saisons, digitation et y dansait sur une choré­ pour I'English National Opera; Colline Christophe Mortagne fut: Spalanzani graphie de Redha. dans La Bohème, Don Fernando dans (Les Contes d'Hoffmann), Opéra Na­ La Comédie-Française lui propose Don Fidelio pour le Scottish Opera; tional de Lyon; Schmidt [Werther), un contrat de 5 ans pour trois pro­ Fafner et Hagen dans la Ring Saga de Opéra de Lille; Octogène Romboïdal ductions théâtrales avec chanteurs Jonathan Dove monté par Graham (L'Ile de Tulipatan d'Offenbach) en (Le Bourgeois Gentilhomme et Les Vick pour CBTO; Wotan dans Das tournée avec l'Opéra National de Fâcheux de Molière, Comme il vous Rheingoid/Die Walkûre et Der Wan­ Lyon; Kilian (Der Freischûtz de We­ plaira de Shakespeare), avec les­ derer dans Siegfried à Longborough. ber) et De Cossé (Les Huguenots de quelles Christophe Mortagne fera Parmi ses enregistrements : L'Inco- Meyerbeer), Opéra de Metz; Spalan­ des tournées internationales. Au ronazione di Poppea (Virgin), King zani (Les Contes d'Hoffmann) Opéra contact des plus grands comédiens, il Arthur (DG), Timon of Athens et D/o- de Marseille; 4 valets (Les Contes perfectionnera son jeu. clesian (DG), A Midsummer Night's d'Hoffmann) Opéras de Metz et de Après des études musicales com­ Dream (Philips) avec Sir Colin Davis, Rennes; Octogène Romboïdal (L'île plètes au C.N.S.M. de Paris auprès Sir John in Love (Chandos) avec Hic- de Tulipatan), reprise avec l'Opéra d'Irène Joachim, Geori Boué et Peter kox, et Le Messie (Archiv) avec Min­ National de Lyon; Figg (La Veuve Gottlieb, Christophe Mortagne est lau­ kowski. joyeuse), Opéra de Montpellier. réat de deux grands Concours Interna­ Engagements récents: Parson dans Il affectionne aussi les concerts et tionaux dans la catégorie «mélodie A Cunning Little Vixen pour les Bre- récitals de genres tout à fait diffé­ française» et reçoit les Prix Maurice genzer Festspiele; Pistola dans Fal- rents: baroque italien, mélodies an­ Ravel et Prince Pierre de Monaco. staff avec Mark Elder et l'Orchestre glaises au Festival d'Aldeburgh, hom­ Hallé; Die Sieben Todsûnden pour mage â Henri Sauguet, Festival VARA au Concertgebouw à Amster­ Schumann au Château de Brau, mu­ dam; Fafner dans The Ring en Irlande; sique sacrée... D'autre part, il est ex­ Mayor dans Jenufa pour le Neder- cellent cavalier (saut, voltige et dres­ landse Opera; Pistola dans Falstaff à sage) et escrimeur (rapière, épée), l'Opéra de Nancy et l'Opéra de Lau­ talents qu'il peut, à volonté, exercer sanne; Bartolo de Mozart à La Mon­ sur scène, tout en chantant! Pour naie, pour le Festival d'Aix et au Japon; preuve, il a campé sous chapiteau un et Géronte pour le Grand Théâtre de Aramis plus vrai que nature dans Les Genève, Priam dans Les Troyens pour Trois Mousquetaires ou le petit d'Arta- le Nederlandse Opera, Luther dans gnan de Louis Dunoyer de Segonzac Les Contes d'Hoffmann à Lausanne et Jean-Marie Lecocq, à raison de trois et à la Royal Opera House, Hobson spectacles par jour pendant cinq mois. dans Peter Grimes à La Monnaie. Jusqu'en août 2001, aux Bouffes-

Programme conçu par L'Avant-Scène Opéra en collaboration avec le Service Communication de l'Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Directeur de la publication: Michel Pazdro. 15, rue Tiquetonne 75002 Paris (01 42 33 51 51). Secrétariat de rédaction: Elisabetta Soldini. Graphisme: Ania Pazdro. Impression : Hemmerlé 75002 Paris. Dépôt légal 2e trimestre 2007.

••H34 OPÉRA|THÉÂÏRE DE SAINT-ÉTIENNE

D'EMOTIONS

L'Enfance de Mammame Jeunes publics I Du 7 > 9 mars 2007

Mers et Océans (O.S.S.E.) D'INDY, CHAUSSON, RAVEL, DEBUSSY I Pascal Rioult Dance Theatre I 15 mars 2007 Les Fourberies de Scapin Jeunes publics I Du 26 > 30 mars 2007

Djamileh - Il Tabarro BIZET - PUCCINI I 28.30 mars & 1er avril 2007

L'Enlèvement au sérail MOZART I 20.22.24 avril 2007 Ballet Biarritz Thierry Malandain C.C.N. I 27 avril 2007 C.C.N. Ballet de Lorraine I 3 mai 2007 Paroles horrifiques & dragées perlées Jeunes publics I 4 mai 2007

6ème Festival Piano Passion BEETHOVEN I Du 9 > 15 mai 2007

Carmen BIZET I 13.15.17.19 juin 2007

Le sacré et le profane (O.S.S.E.) POULENC I 21 juin 2007 04 77 47 83 40 / • ville de g • www.saint-etienne.fr te Sainrttienne