Un an En Océanie
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Sylvain Eliade Anne Ryard Et plus si affinités... Un an en Océanie — récit de voyage Écrit et publié au cours du voyage (et un peu après le retour), d'octobre 2012 à mai 2014, sur http://oz.journalintime.com/ Publié en livre en mai 2014. Copyleft : cette oeuvre est libre, vous pouvez la copier, la diffuser et la modifier selon les termes de la Licence Art Libre disponible sur le site http://www.artlibre.org De Dijon à Melbourne 3 J-30 — Partir Partir en Australie. Un an. Et plus si affinités. Ce projet, que j’ai à cœur, n’est pas neuf. Quand je suis parti deux mois en va- cances là-bas, en février et mars 2009, je suis un peu tombé amoureux. Je n’étais parti qu’après avoir subi la brusque envie de changer de vie, de voir le monde. Je n’avais quasiment jamais quitté la France, et le fait que des amies partent en Aus- tralie cette année-là m’a motivé à aller y faire un tour. Car on pouvait faire dif- ficilement plus loin pour un premier voyage en avion. Mais tout cela, je l’ai déjà raconté, en large et en travers1, donc je ne vais pas m’éterniser. L’Australie m’a conquis et depuis lors, je n’ai eu qu’une envie, c’est d’y retourner plus longtemps, pour en voir plus, en vivre plus. Trois ans et demi plus tard c’est acté : je reverrai l’Australie dans un mois. Pour un an au moins. Cette fois-ci, je ne pars plus seul, nous partons à deux. Nous al- lons y travailler, pour financer le voyage, puis y voyager, pour tout dépenser. Nous n’avons pas prévu grand-chose, hormis le billet d’avion : nous savons que nous atterrissons à Melbourne et repartons un an plus tard d’Auckland en Nouvelle-Zélande, car on s’est dit que quitte à être dans le coin autant visiter la NZ aussi. Nous avons des projets un peu vagues, et notamment pour moi de pas- ser le permis voiture sur place. Mais le voyage, c’est aussi l’imprévu et rien ne dit que tout se passera comme prévu. Le jour J — 24 heures de vol, ou presque Samedi matin, nous avons pris le train de Dijon à Paris. À la gare les « au revoir » à nos familles étaient difficiles. Nous étions très émus, et eux aussi. C’est un des rares moments dans ma vie où j’ai eu le courage de leur dire que je les aimais. Est-ce le fait de savoir que l’on part un an et qu’on ne les reverra pas pendant ce temps-là ? Ou la peur qu’il puisse leur arriver quelque chose pendant que nous sommes partis et ne pas avoir la possibilité de leur dire adieu ? Pour moi en d’autres circonstances, il aurait été difficile de leur avouer cela. Arrivés à Paris nous avons rejoint l’appartement d’Olive, qui a été suffisamment gentil pour accepter de nous héberger ce week-end avec nos gros sacs à dos. Nous 1. http://bohwaz.net/blog/australie-2009/ 4 profitons de ces deux jours pour se promener dans Paris et aller retirer des de- vises australiennes avant de partir. Ce lundi matin nous avons pris le RER pour rejoindre l’aéroport Charles De Gaulle. Je ne l’aime pas cet aéroport. Immense et étriqué en même temps, il est d’un gris et d’une tristesse déprimante. Serait-ce un dernier message que la France nous adresserait, nous disant qu’ici c’est notre dernier contact avec la gri- saille ? Je l’espère. L’attente à l’aéroport est longue. Le premier vol jusqu’à Hong-Kong est long. À la fin je suis déjà fatigué des films de l’écran de mon siège : au bout de trois ou quatre films on en a un peu marre. Je n’ai pas dormi, impossible avec le bruit as- sourdissant de l’avion, malgré les bouchons d’oreilles. À Hong-Kong l’aéroport gigantesque a raison de nos jambes : nous finissions par nous vautrer dans les fauteuils en attendant le vol suivant. Par les fenêtres nous ne voyons pas grand- chose au-delà de l’aéroport hormis l’ombre de quelques montagnes dans un épais nuage de pollution. Je ne regrette pas vraiment d’avoir négligé faire une étape de quelques jours ici pour visiter la ville. Les mégalopoles polluées ne m’attirent pas vraiment. Peut-être une autre fois. Nous reprenons un avion pour Melbourne. Le vol est interminable. Épuisant. Nous arrivons à Melbourne de nuit, épuisés, mais le voyage n’est pas terminé. Après avoir rejoint la gare routière en bordure de centre-ville par le bus-navette de l’aéroport nous devons maintenant rejoindre à pied l’auberge de jeunesse dans laquelle nous avons réservé des lits pour une semaine en dortoir. La ville est qua- siment déserte, il fait doux, mais le poids des sacs nous écrase. Heureusement il n’y a que 25 minutes de marche à faire. Je suis content de revoir des paysages familiers. C’est une impression semblable à celle de rentrer chez soi après de longues vacances. Le seul problème c’est qu’ici, ce n’est pas chez moi… Sur place à l’auberge nous payons le solde de la réservation et prenons place dans le dortoir de cette immense auberge qui s’étend sur plusieurs étages. Nous par- tons faire quelques courses pour manger avant de prendre une douche bien méri- tée. Anne se rend compte qu’elle a oublié sa serviette chez Olive à Paris. C’est le premier objet perdu dans ce voyage, mais ça aurait pu être pire, il suffit d’attendre l’année prochaine pour la récupérer… Nous nous couchons fatigués, sans avoir vu grand-chose de Melbourne pour le moment, mais ça attendra que nous soyons reposés. 5 J+7 — Première semaine Notre première semaine a été passée à chercher une solution d’hébergement ainsi qu’à démarcher les employeurs potentiels pour trouver un boulot. Nous ne vou- lions pas rester en auberge de jeunesse trop longtemps. En effet, celle-ci n’est pas très accueillante. Elle est trop grande et impersonnelle pour cela. Cette fois-ci heureusement nous n’avons pas de ronfleur dans la chambre ni de fêtard qui ren- trerait dans la chambre en criant au milieu de la nuit. C’est déjà ça. Nous scrutons donc les offres de location de chambres qui ne sont pas trop chères et qui acceptent deux personnes dans la même chambre. Nous visitons quelques chambres, mais entre celles qui ressemblent à un dépotoir, celles qui sont dans un backpacker illégal et dégueulasse, rempli de mecs drogués, ou celles qui n’ont quasiment pas de lumière naturelle, on n’est pas très emballés. Il faut dire qu’ici les loyers sont chers, donc en cherchant le moins cher on tombe sur le pire. On trouve une chambre dans une petite maison sympa et propre, mais la fenêtre donne sur un mur et c’est assez cher, surtout qu’il faut déposer une caution de plusieurs semaines de loyer. On hésite. Finalement sur la suggestion de Benjamin, un ami connu par le site Poly- amour.info, qui est en Tasmanie en ce moment, je regarde les annonces sur le groupe CouchSurfing pour Melbourne et tombe sur une annonce d’une fille qui a l’air sympa et qui cherche quelqu’un pour une chambre dans sa maison. Ce n’est pas tout près, mais ça a l’air plus sympa et moins cher, alors nous allons quand même voir. Notre premier contact avec Elisa et Josh se fait dans leur jolie maison d’une ban- lieue tranquille de Melbourne. Lui est Australien, il a grandi ici et ses parents ha- bitent dans la banlieue d’à côté. Elle est Américaine et a visité des dizaines de pays dans le monde entier. Ils se sont rencontrés en Espagne et depuis ils vivent ensemble en Australie. Ils ont acheté cette maison, attendent un enfant pour le mois de mars, et peuvent nous louer une chambre pour 220 dollars par semaine tout compris jusqu’à fin janvier, moment où Josh doit repeindre la chambre pour en faire la chambre du bébé. Cela nous convient, car on veut acheter un van et partir voyager, idéalement vers fin décembre. On s’entend bien avec eux, le cou- rant passe bien et on adore leur chienne qui est très gentille. Bref on est ravis, malgré le fait que ce soit situé à 45 minutes de train et 15 minutes de marche du centre-ville. On emménage donc directement deux jours plus tard, ce qui nous évite d’avoir à prolonger notre séjour en auberge de jeunesse. C’est parfait pour nous, on a beaucoup de chance d’être tombés sur eux. 6 J’ai déjà commencé à envoyer des candidatures pour travailler dans mon métier, développeur web, et j’ai passé deux entretiens. Au premier entretien on m’a de- mandé de rester travailler toute la journée « à l’essai », gratuitement évidem- ment, en réalisant un projet pour un de leurs clients. Pour moi c’est clairement de l’abus : j’ai accepté de faire un essai pour une heure maximum, mais pas de rester à travailler toute une journée gratuitement. Le second était plus cor- rect mais m’opposera une réponse négative, mon visa me limitant à ne travailler que six mois maximum pour le même employeur et eux désiraient quelqu’un pour douze mois minimum.