Jean-Philippe Billarant, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Mardi 24 et mercredi 25 octobre e r

Chaplin - Cinéma en concert b o t c o 5 2 i

Dans le cadre du cycle Les temps modernes d e

Du mardi 24 octobre au mardi 7 novembre 2006 r c r e m t e 4 2 i d r a M t r e c n o c n e a m é n i

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, C à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr - n i l p a h fip C Cycle Les temps modernes DU MARDI 24 OCTOBRE AU MARDI 7 NOVEMBRE

Comment oublier le désopilant portrait que brossait Chaplin de la société MERCREDI 18 OCTOBRE industrielle dans Les Temps modernes ? Le petit homme au chapeau et à la canne semble y danser au milieu des machines les plus folles, comme Spectacle jeune public la machine à nourrir le travailleur, qui s’emballe de façon irrésistible… Bâ-Ti-Boum Concert sur instrumentarium original Tournant le dos à la vogue nouvelle des talkies , Les Temps modernes et Les Lumières de la ville , ni parlants ni muets, font entendre tout aussi Conception et musique bien des voix impersonnelles et autoritaires d'hommes-machines que le charabia de Jean-Louis Mechali de la chanson de Charlot ( Les Temps modernes ) ou les borborygmes des discours Textes et mise en scène officiels ( Les Lumières de la ville ). Les deux films s’appuient aussi beaucoup de Régis Hébette sur des musiques composées par Chaplin lui-même, que Carl Davis revisite et fait revivre dans toute leur verdeur pour accompagner les gesticulations Compagnie Lutherie urbaine du vagabond aux prises avec la ville industrielle. Gaston Braka Alain Guazzelli Parmi les machines qui ont peu à peu peuplé le paysage urbain, il y a aussi Patrick Gigon des instruments de musique d'un nouveau genre, comme l’étonnant thérémin des années 1920, encore utilisé dans bien des musiques électroniques d’aujourd’hui. Le « capteur gestuel » en est en quelque sorte l’héritier : MARDI 24 OCTOBRE, 20h il traduit les mouvements du corps de l’interprète en données numériques, qui à leur tour modulent le son et l’image. Les Temps modernes Film de Charles Chaplin Dans les années 1930, John Cage invente le « piano préparé », à la sonorité Musique de Charles Chaplin radicalement altérée par des objets insérés entre les cordes, tandis que Varèse États-Unis, 1936, 89 minutes écrit pour une nouvelle flûte de platine ( Densité 21.5 ) Orchestre de la Radio flamande Autre machine musicale, la platine, utilisée par Matt Black et Jonathan More Carl Davis, direction (Coldcut). Explorateurs d’une esthétique du collage généralisé, ces deux DJs de la scène britannique produisent depuis le milieu des années 80 d’impressionnants remixes (de l’album Say Kids, What Time Is It ? en 1987 jusqu’à Sound Mirrors MERCREDI 25 OCTOBRE, 20h en 2006) qu’ils accompagnent, en concert, de projections d’images mixées. Les Lumières de la ville Les sons de la ville s’invitent dans la musique, comme chez Varèse avec Film de Charles Chaplin Ionisation (1933), qui utilise les sirènes d’alarme, instruments emblématiques Musique de Charles Chaplin et José des temps modernes également présents chez Steve Reich dans Different Trains Padilla (thème « La Violetera ») (1988). Chez Berio, c’est une cité toute bruissante des cris de ses vendeurs États-Unis, 1931, 81 minutes qu’évoque Cries of London , tandis que Streets , une création de Bruno Mantovani, dépeint la « suractivité humaine d’une ville comme New York ». Orchestre de la Radio flamande Carl Davis, direction Enfin, l’espace est au cœur de La Célébration des Invisibles de Philippe Hurel (né en 1955), à travers la trajectoire des sons, comme de Réseaux (1996-2003), du compositeur Hanspeter Kyburz, qui a recours à la théorie du chaos et à la géométrie fractale pour tramer un espace fait de motifs sans cesse variés, non sans analogie avec Pierre Boulez qui, dans Dérive 2 (1988-2002), poursuit une captivante méditation sur la cohérence.

2 SAMEDI 28 OCTOBRE, 15h DIMANCHE 29 OCTOBRE, 16h30 MARDI 7 NOVEMBRE, 20h

Forum Edgar Varèse Hanspeter Kyburz Les instruments des temps modernes Densité 21.5 , pour flûte Réseaux John Cage Bruno Mantovani 15h Conférence Sonates et Interludes , pour piano Streets (commande de l’Ensemble La nouvelle lutherie au XX e siècle préparé (extraits) intercontemporain, création) Marc Battier, musicologue Iannis Xenakis Pierre Boulez Kottos , pour violoncelle Dérive 2 16h Table ronde Steve Reich Animée par Hugues Genevois, Vermont Counterpoint , pour flûte Ensemble intercontemporain chercheur et bande Pierre Boulez, direction Avec Thierry Maniguet, Different Trains , pour quatuor conservateur au Musée de la à cordes et bande musique, Laurent Dailleau, thérémin, et Nadia Ratsimandresy, Solistes de l’Ensemble ondes Martenot intercontemporain

17h30 Concert Sensors Sonics Sights SAMEDI 4 NOVEMBRE, 20h

Cécile Babiole, capteurs, ordinateur Edgar Varèse Laurent Dailleau, thérémin, Ionisation (version pour six ordinateur percussionnistes) Atau Tanaka, biomuse, ordinateur Luciano Berio Cries of London Philippe Hurel SAMEDI 28 OCTOBRE, 20h La Célébration des Invisibles (création) Soirée Ninja Tune Percussions de Strasbourg Bonobo (live) Musicatreize Roland Hayrabédian, direction Cold Cut (live)

Zero dB

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MARDI 24 OCTOBRE - 20H Salle des concerts

Modern Times (Les Temps modernes)

Film de Charles Chaplin Musique de Charles Chaplin USA, 1936, 89 minutes

Orchestre de la Radio flamande Carl Davis, direction

Coproduction Cité de la musique, Radio flamande

Fin du spectacle vers 21h30.

5 Les Temps modernes

Production : Chaplin - United Artists Producteur : Charles Chaplin Réalisation : Charles Chaplin Scénario : Charles Chaplin Photographie : Roland Totheroh, Ira Morgan Assistants réalisateurs : Carter De Haven, Henry Bergman Direction artistique : Charles D. Hall, Russell Spencer

Distribution Charles Chaplin, un ouvrier d’usine , la gamine Henry Bergman, le patron du café Stanley J. Sanford, Big Bill et un ouvrier Chester Conklin, le mécanicien Hank Mann, un cambrioleur Louis Natheaux, un cambrioleur Stanley Blystone, le shérif Couler Allan Garcia, le directeur d ’entreprise Sam Stein, le contremaître Juana Sutton, la femme à la robe à boutons Jack Low, un ouvrier Walter James, un ouvrier Dick Alexander, un prisonnier Dr Cecil Reynolds, l’aumônier de la prison Myra McKinney, la femme de l ’aumônier Lloyd Ingraham, le directeur de la prison Heinie Conklin, un ouvrier John Rank, un prisonnier

Début du tournage : septembre 1933 Fin du tournage : 12 janvier 1936 Première : 5 février 1936, Rivoli Theater, New York Première londonienne : 11 février 1936, Tivoli Theater Longueur de bobine : 2476 mètres

6 MARDI 24 ET MERCREDI 25 OCTOBRE

C’est dans Les Temps modernes que le petit vagabond a fait sa dernière apparition à l ’écran. Ce personnage avait permis à Charles Chaplin d ’accéder à une reconnaissance internationale et il reste, aujourd ’hui encore, le personnage de fiction le plus célèbre de toute l ’histoire de l ’art. Le monde auquel le vagabond fit ses adieux était très différent de celui dans lequel il avait vu le jour, deux décennies plus tôt, avant la Première Guerre mondiale. Il partageait et symbolisait alors les difficultés des laissés pour compte dans un monde qui sortait à peine du XIX e siècle. Dans Les Temps modernes , il est confronté aux répercussions de la Grande Dépression, à l ’arrivée du chômage de masse et à l ’automatisation grandissante de l ’industrie. Chaplin était particulièrement concerné par les problèmes sociaux et économiques de son époque. En 1931 et 1932, il quitta Hollywood pour une tournée mondiale de dix-huit mois. En Europe, il fut frappé par la montée des nationalismes et par les conséquences sociales de la Grande Dépression, du chômage et de l ’automatisation. Il lut des ouvrages d ’économie et imagina une solution économique basée sur une meilleure répartition non seulement des richesses, mais aussi du travail. Comme il le déclara dans une interview en 1931 : « Le chômage est la question centrale … Les machines devraient profiter à l ’humanité ; elles ne devraient pas être la cause de son malheur en la privant de travail. »

Dans Les Temps modernes , Chaplin est parvenu à faire une comédie de ses inquiétudes et de ses observations. Le petit vagabond – présenté dans le générique comme « un ouvrier d’usine » – essaie, comme des millions d ’individus, de faire face aux problèmes des années 1930, qui ne sont pas si éloignés de ceux du XXI e siècle – pauvreté, chômage, grèves et briseurs de grèves, intolérance politique, inégalités économiques, tyrannie de la machine, drogues. La phrase solennelle sur laquelle s ’ouvre le film ( « L’histoire de l ’industrie, de l ’entreprise individuelle –l’humanité se débattant en quête de bonheur ») est suivie de la juxtaposition ironique de plans dans lesquels on voit d ’une part des troupeaux de moutons et, d ’autre part, des travailleurs sortant de l ’usine. Le personnage de Chaplin apparaît comme un ouvrier conduit à la folie par la monotonie, l ’inhumanité de son travail à la chaîne et utilisé comme cobaye pour tester une machine destinée à nourrir les ouvriers pendant qu ’ils travaillent.

Fait inhabituel : le vagabond est soutenu par une compagne dans sa lutte pour un monde meilleur. Chaplin avait rencontré l ’actrice Paulette Goddard, dont il devait partager la vie pendant plusieurs années, à son retour en Amérique après sa tournée mondiale de 1931. C’est elle qui a inspiré le personnage de la gamine – une jeune fille dont le père a été tué dans une manifestation de travailleurs et qui unit ses forces à celles de Chaplin. « Ils ne sont ni rebelles, ni victimes, écrit Chaplin, mais ils représentent deux esprits libres dans un monde d ’automates. Nous sommes comme des enfants, nous n ’avons aucun sens des responsabilités alors que le reste de l ’humanité est accablé par son devoir. Nous sommes spirituellement libres. » En un sens, il s ’agit donc de deux anarchistes.

7 Chaplin avait initialement prévu une fin plus triste que celle que nous connaissons : tandis que le vagabond se trouvait à l ’hôpital, où il se remettait d ’une dépression nerveuse, la gamine entrait dans les ordres. Ils ne devaient plus jamais se revoir. Cette fin fut tournée mais elle ne fut jamais utilisée, l ’auteur ayant finalement opté pour un finale plus gai : un carton sur lequel on peut lire « Nous nous en sortirons » apparaît à l ’écran, puis on voit le couple s ’éloigner, bras dessus, bras dessous, sur une route de campagne.

À l ’époque où sortit Les Temps modernes , les films parlants existaient déjà depuis près d’une décennie. Mais Chaplin, conscient de ce que son sens de la comédie et sa capacité à se faire comprendre dans le monde entier devaient à la pantomime, avait jusque-là résisté au dialogue. Cette fois, pourtant, il alla jusqu ’à préparer des répliques et à faire quelques essais d ’enregistrement avant de se résoudre, comme il l ’avait fait avec Les Lumières de la ville , à ne garder que la musique et les effets sonores. Les voix ne sont en fait audibles que lorsqu ’elles sont filtrées par la technologie – le directeur de l’usine s ’adressant à ses employés par le biais d ’un écran de télévision, le représentant de commerce dont la voix est diffusée par un phonographe. À un moment du film, toutefois, on entend directement la voix de Chaplin. Engagé comme serveur, le petit ouvrier doit remplacer au pied levé le ténor romantique du café dans lequel il travaille. Il écrit les paroles de la chanson sur ses manchettes, mais ces dernières s’envolent alors qu ’il exécute un mouvement trop brusque ; il est alors obligé d ’improviser un texte dans un irrésistible charabia inspiré de l ’italien. On avait déjà eu l ’occasion d’entendre la voix de Chaplin à la radio et dans au moins un documentaire, mais c ’était la première et la dernière fois que le monde entendait celle du petit vagabond.

En dehors de l ’indécision de Chaplin quant au son et à la fin du film, le tournage se déroula sans problème majeur et relativement vite – en tout cas, au regard des habitudes de travail du réalisateur. Le fait que le film soit globalement organisé en quatre actes, dont chacun représente plus ou moins l ’équivalent de l ’une de ces petites comédies que Chaplin tournait, à ses débuts, sur deux bobines, n ’y est sans doute pas étranger. Comme l ’a souligné à l’époque le critique américain Otis Ferguson, ces quatre courts métrages auraient pu s’intituler L’Atelier de montage , Le Récidiviste , Le Veilleur et Le Serveur chantant .

Comme il l ’avait déjà fait pour Les Lumières de la ville , Chaplin composa lui-même la musique du film. Il était d ’une telle exigence avec ses arrangeurs et ses chefs d ’orchestre qu ’Alfred Newman, l ’un des plus éminents musiciens d ’Hollywood, abandonna le projet en cours de route.

Le film donna en outre lieu à une surprenante accusation de plagiat. La compagnie franco-allemande Tobis affirma en effet que Chaplin avait volé certaines idées et certaines scènes à un autre film sur le monde industriel du XX e siècle : À nous la liberté , de René Clair. Cette accusation était sans fondement réel et Clair, grand admirateur de Chaplin, en fut terriblement embarrassé. Mais Tobis insista et renouvela même sa plainte après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1947, si bien que le Chaplin Studio finit par

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accepter de payer une somme modique pour mettre un terme à la polémique. Chaplin et ses avocats étaient persuadés que la réelle motivation de Tobis (compagnie majoritairement allemande) était de lui faire payer son pamphlet anti-nazi, Le Dictateur .

Heureusement pour la postérité, les avocats de Tobis ne parvinrent jamais à faire définitivement supprimer le film, comme ils l ’avaient exigé en premier lieu. Les Temps modernes reste aujourd ’hui comme l ’un des meilleurs témoignages sur la survie de l’homme dans l ’environnement social et économique du XX e siècle. À cet égard, on peut d’ailleurs considérer que le film est tout aussi adapté au XXI e siècle !

David Robinson

Synopsis

Charlot est ouvrier dans une époque tourmentée – un simple rouage dans la mécanique implacable de l ’industrie. Son travail : resserrer des boulons sur une chaîne de montage. La monotonie de cette activité le conduit à la folie. Emmené à l ’hôpital, il récupère rapidement mais se retrouve sans emploi. On lui conseille d ’éviter toute agitation. Pris dans une émeute de rue, il est confondu avec le meneur et jeté dans un car de police.

En prison, Charlot déjoue par inadvertance une tentative d ’évasion. En récompense, il se voit attribuer une cellule digne d ’une chambre d ’hôtel. Mais alors qu ’il s ’apprête à vivre une existence paisible, il est gracié. Il trouve ensuite un emploi sur un chantier de construction navale d ’où il se fait renvoyer en raison de ses erreurs. Il décide alors de faire le nécessaire pour retrouver le confort et la sécurité de la prison. Il fait la connaissance d ’une jeune fille – une gamine qui vit sur les quais. Elle est sur le point d ’être placée, avec ses sœurs orphelines, par les services sociaux, mais elle parvient à s ’enfuir. Au moment où elle va se faire arrêter pour vol de nourriture, Charlot essaie d’endosser la faute, mais sans succès. Il erre, entre dans une cafétéria, commande tout ce qu ’il voit et informe le gérant qu ’il n ’a pas d ’argent pour payer l ’addition. Sur le chemin de la prison, il retrouve la fille. Ils s ’enfuient ensemble et deviennent vite inséparables.

Charlot trouve un emploi de veilleur de nuit dans un grand magasin. Sa première nuit de travail est particulièrement agitée : des cambrioleurs s ’introduisent dans le magasin, Charlot a de nouveau affaire avec la police et il se retrouve une nouvelle fois en prison. Une fois libéré, il retrouve la jeune fille qui a trouvé un emploi de danseuse dans un cabaret. Elle obtient un emploi de serveur-chanteur pour Charlot dans le même restaurant qu ’elle : il y remporte un franc succès. Le bonheur semble alors à portée de main. Malheureusement, les services sociaux sont parvenus à retrouver la trace de la jeune fille ; ils essaient de l ’emmener pour la placer, mais Charlot s ’interpose et s ’échappe avec elle. Ensemble, ils s ’éloignent péniblement sur une route déserte, prêts à affronter l ’avenir.

9 La musique des Temps modernes

Composition : Charles Chaplin Arrangements : David Raksin et Edward Powell Direction musicale des séances d ’enregistrement originales : Alfred Newman Thèmes utilisés en plus des compositions originales :«Halleluiah, I ’m a Bum », « Prisoners ’ Song » (C. Massey), « How Dry Am I », « In the Evening by the Moonlight » (Bland), « Je Cherche après Titine » (Duncan et Daniderff)

Partition restaurée pour l ’accompagnement du film par Timothy Brock

Instrumentation : 2 flûtes (chacune double une flûte piccolo) 1 hautbois (double le cor anglais) 2 clarinettes en sib Anches I (saxophone alto, saxophone soprano, clarinette) Anches II (saxophone ténor, clarinette basse, clarinette contrebasse en sib ) 1 basson 2 cors 3 trompettes 2 trombones 3 percussions Harpe Piano (double le célesta) Quatuor vocal ad. lib. (ténor, ténor, basse, basse) Nombre de cordes idéal : 10 8 6 4 2 Nombre de cordes minimum : 6 4 4 2 1 Durée de projection : 89 minutes Vitesse de projection : 24 images par seconde La copie du film comporte une piste optique sur laquelle sont enregistrés les effets sonores et quelques fragments de dialogue.

La restauration de la partition

Les talents de Charles Chaplin semblent illimités : comment un homme qui écrivait, réalisait, produisait et jouait la comédie trouvait-il le temps ou tout simplement l ’énergie d’en faire encore plus pour améliorer ses propres films ? L ’écriture de bandes originales est un art difficile, souvent ingrat, que seuls quelques rares musiciens maîtrisaient en 1935. Et pourtant, la musique de Chaplin est tellement indissociable de ses images qu ’elle a joué un rôle fondamental dans le succès des Temps modernes . Avec cette partition, Chaplin a accompli un véritable miracle. Bien que ne sachant ni lire ni écrire la musique, Chaplin avait appris à jouer du violon, du violoncelle et du piano en autodidacte. Il avait la chance d ’avoir une excellente oreille

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et un sens inné de la construction musicale. Pour noter sa musique, il avait recours aux services d ’arrangeurs et d ’orchestrateurs qui étaient non seulement chargés de la transcrire, mais aussi de l ’orchestrer en suivant ses instructions à la lettre. Chaplin savait toujours très exactement quelles couleurs orchestrales il souhaitait obtenir et il ne se déclarait satisfait que lorsque ce qui était noté sur le papier correspondait exactement à ce qu ’il avait en tête. Bien qu ’il ait travaillé avec différents arrangeurs, on sent une sorte de ligne directrice dans ses musiques de film. Cette petite voix doit autant à son sens remarquable de la mélodie et de l ’harmonie qu ’à sa capacité à accompagner efficacement l’action. À l ’instar de son personnage le plus célèbre, ses partitions sont une synthèse parfaite de comédie, de pathétique et de savoir-faire.

La restauration et la reconstitution de la partition que Chaplin a composée pour Les Temps modernes se sont étalées de janvier 1999 à mars 2000. Il s ’agissait d ’une commande de l ’Orchestre de chambre de Los Angeles et de l ’Association Chaplin. Les documents originaux, qui sont conservés aux Archives Chaplin de Genève, se présentent sous la forme de partitions d ’orchestre manuscrites et de parties d ’orchestre notées à l’encre et au stylo. Conçu à l ’origine pour soixante musiciens, l ’ensemble du manuscrit – dont seuls les deux tiers ont été utilisés dans le film – fait près de cinquante centimètres de haut. Par souci de fidélité à la couleur originale de la musique – la couleur désignant ici l ’ensemble des combinaisons instrumentales utilisées dans la partition –, l ’orchestration n ’a pratiquement pas été réduite. Il n ’y a eu aucune substitution d ’instrument, à l ’exception de la partie de petit tuba dans la neuvième bobine. L ’ajout de voix redondantes – la troisième flûte doublant la deuxième, les cors 3 et 4 doublant les cors 1 et 2 – a seulement été motivé par des considérations pratiques. En quelques rares occasions, une substitution a également été utilisée pour masquer un changement d ’anche rendu nécessaire par la toute première exécution de l ’œuvre en continu.

Pour chaque séquence, il existe plusieurs versions des mêmes quelques minutes de musique qui ont été réorchestrées, encore et encore, jusqu ’à ce que Chaplin soit totalement satisfait. Il accordait une grande importance à la musique, aussi, il n ’était pas rare qu ’une fois la première ébauche écrite, il finisse par la rejeter dès la première écoute. En parcourant la partition, je suis souvent tombé sur des annotations du type :«Plus lumineux » ou encore « Plus de cuivres ». Toutes ces notes étaient écrites en rouge et signées « CC ». Il pouvait même arriver qu ’après avoir été acceptées, les versions définitives soient tellement modifiées au cours de l ’enregistrement qu ’au bout du compte, plus personne ne sache vraiment ce qui avait été enregistré .

Bien que disposant d ’une partition presque complète, j ’ai dû reconstituer certaines sections (ou plus exactement certaines « prises ») à partir des premières ébauches d’orchestration d ’Edward Powell et de David Raksin. Dans certains cas, j ’ai même dû me baser sur les relevés que j ’avais réalisés en écoutant les masters de l ’enregistrement de 1935 (celui-là même qui fut utilisé lors de la première sortie du film, en 1936).

11 La partition a été constamment révisée pendant les six semaines qu ’a duré son enregistrement – pendant tout ce temps, Chaplin employait un orchestre à plein temps. Toutefois, les informations les plus fiables étaient, de loin, les parties individuelles des différents instrumentistes.

Les révisions les plus importantes de la partition ont eu lieu pendant l ’enregistrement, au gré des indications que Chaplin donnait oralement au chef d ’orchestre, Alfred Newman. Dans la plupart des cas, elles ont été consignées par les musiciens sur leurs propres parties. C ’est grâce à ces notes que j ’ai pu recomposer ce qui avait réellement été joué. La partition d ’orchestre ne porte quant à elle aucune trace de ces changements de dernière minute, si bien que le seul moyen de les identifier est de se fier à l ’enregistrement et aux parties d ’orchestre. Sur certaines d ’entre elles, j ’ai même trouvé, dans la marge, des fragments de musique entièrement originaux, dictés par Chaplin et traduits en notes par Newman. Lors des précédentes restaurations, la durée et la taille de la partition n ’ont jamais été un obstacle. Même les versions destinées à être jouées en concert ont rarement dépassé les trente ou quarante minutes. Les Temps modernes , qui dure en fait près de quatre- vingt-dix minutes, m ’a occupé nuit et jour pendant quatorze mois, à raison d ’une journée de travail pour vingt secondes de musique. J ’avais environ 130 000 mesures réparties sur quatre cents pages à restaurer et je voulais, pour la première fois, aboutir à une partition complète, qui permettrait d ’accompagner l ’intégralité de ce film que j ’ai toujours beaucoup aimé .

Ce que le public a l ’habitude d ’entendre dans le merveilleux enregistrement de 1935 ne correspond en réalité qu ’au tiers de la partition. Il est en outre difficile d ’apprécier la richesse de cette dernière du point de vue de la texture et de la couleur en raison de la faiblesse des moyens techniques de l ’époque. Quoique tout à fait au niveau des critères de 1935 en matière d ’enregistrement, cette musique est en effet tellement dense et tellement prenante que l ’on ne peut que regretter de ne pas l ’avoir entendue telle que Chaplin lui-même l ’a entendue, c ’est-à-dire interprétée en direct. De nos jours, la technologie permet d ’oublier que ce que l ’on entend sur disque ou lorsque l ’on regarde un film est terriblement proche de ce que l ’on aurait entendu si l ’on avait été présent lors de l ’enregistrement. Mais avec Les Temps modernes , ce que l ’on entend n ’est jamais que la surface d ’une grande partition. Dans ce vieil enregistrement, on distingue clairement les structures mélodiques de Chaplin, on prend conscience de la méticulosité avec laquelle le soulignement de l ’action par la musique a été pensé, mais on passe à côté de la profondeur des différentes strates musicales et de la couleur des orchestrations de Powell et de Raksin. Le nombre et la diversité des instruments utilisés ont permis à Chaplin de disposer d ’une palette incroyable pour concevoir sa musique. À un endroit, par exemple, on peut entendre une combinaison extravagante de cinq clarinettes, trois enclumes de maréchal-ferrant accordées différemment et un Barbershop Quartet. À un autre, il est demandé aux trompettistes de jouer avec une ou deux sourdines de manière à modifier la sonorité

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et la texture de leur instrument. Ce procédé est tout à fait courant dans les partitions d’orchestre, mais dans Les Temps modernes , les trois parties de trompette nécessitent pas moins de neuf sourdines différentes chacune. Il ne s ’agit là que de quelques exemples illustrant l ’attention avec laquelle des musiciens talentueux ont donné corps aux idées de Chaplin.

Tout comme Les Lumières de la ville , cinq ans auparavant, Les Temps modernes est sorti en tant que film parlant, bien que seule une toute petite partie de la bande son comporte des dialogues. Exception faite de la présentation lue par le phonographe lors de la scène du représentant de commerce mécanique, elle ne comporte que dix lignes de texte sur les quatre-vingt-dix minutes que durent le film. Le reste du temps, il s ’agit uniquement de musique, comme c ’est le cas, notamment, lors de l ’interprétation de la chanson populaire « Je cherche après Titine », chantée par Chaplin en personne tandis qu ’Alfred Newman dirigeait l ’orchestre. L ’intégralité des dialogues et la plupart des effets sonores ont été retirés du film, mais « Je cherche après Titine » est, bien sûr, demeurée intacte. Je pense qu ’il ne peut qu ’être enrichissant pour des musiciens d ’orchestre d ’accompagner en direct les mouvements, les lumières et les sons des Temps modernes , un peu comme s ’ils accompagnaient un opéra, un ballet ou même un soliste. La scène où Charlot chante « Je cherche après Titine » – rappelons que c ’est avec elle que le monde a découvert la voix du vagabond gentleman – peut même être vue comme la cadence d ’un grand concerto : l ’orchestre s ’interrompt et laisse le soliste exhiber ses talents – qui, eux, ne nécessitent aucune restauration ou reconstitution !

La partition des Temps modernes est la plus dense, la plus sophistiquée et la plus novatrice de toute l ’œuvre de Chaplin. Elle regorge de complexités musicales et de formulations symphoniques audacieuses qui reflètent le contenu du film tout en symbolisant, en musique, son message. Dans la scène de l ’usine, par exemple, l ’extrême précision de certains passages exprime en notes l ’impossibilité de la tâche de l ’ouvrier. La crise sociale de la Grande Dépression est quant à elle orchestrée avec un mélange de colère et de pathos, mais Chaplin parvient également à suggérer la jeunesse de la gamine grâce à un arrangement alerte. Même les numéros de danse, dans la scène du café, sont si pleins de vie et si brillamment écrits qu ’ils ne permettent aucun doute quant à la maîtrise qu ’avait Chaplin de ses musiques. Ses portraits musicaux sont si convaincants qu ’ils rendent tout dialogue superflu.

J’exprime ma profonde reconnaissance à toutes les personnes dont les efforts ont fait de ce projet une expérience inoubliable et ô combien satisfaisante. Que soient en particulier remerciées Kate Guyonvarch et Josephine Chaplin de l ’Association Chaplin pour le soutien sans faille qu ’elles ont apporté au projet Les Temps modernes et pour m ’avoir permis d’accéder aux documents originaux. Merci également à Hanna Kennedy de l ’Orchestre de chambre de Los Angeles, sans qui ce projet n ’aurait jamais pu voir le jour.

Timothy Brock (Traduction Olivier Julien)

13 Transcription approximative des vers amphigouriques improvisés par Chaplin dans Les Temps modernes sur l ’air de « Je cherche après Titine » (Duncan et Daniderff)

Se Bella giu satore Je notre si cafore Je notre si cavore Je la tu la ti la twah

La spinash o la bouchon Cigaretto Portobello Si rakish spaghaletto Ti la tu la ti la twah

Señora pilasina Voulez-vous le taximeter ? Le zionta su la seata Tu la tu la tu la wa

Sa montia si n ’amora La sontia so gravora La zontcha con sora Je la possa ti la twah

Je notre so lamina Je notre so cosina Je le se tro savita Je la tossa vila twah

Se motra so la sonta Chi vossa l ’otra volta Li zoscha si catonta Tra la la la la la la

Le deu le ceu pawnbroka Li deu c ’est peu how mucha Li ze comtess e croota Ponka wa la ponka wa

Modern Times © Roy Export Company Establishment. Music for Modern Times, Copyright © Roy Export Company Establishment and Bourne Co. All rights reserved.

14 MERCREDI 25 OCTOBRE - 20H Salle des concerts

City Lights (Les Lumières de la ville)

Film de Charles Chaplin Musique de Charles Chaplin et José Padilla (thème « La Violetera ») USA, 1931, 81 minutes

Orchestre de la Radio flamande Carl Davis, direction

Coproduction Cité de la musique, Radio flamande

Fin du spectacle vers 21h30.

15 Les Lumières de la ville Première : 30 janvier 1931, Los Angeles Theater, Los Angeles

Synopsis

Un groupe de dignitaires municipaux assiste à l ’inauguration d ’un monument représentant « la Paix et de la Prospérité ». La bâche tombe et révèle, endormi dans les bras de la « Prospérité », un malheureux vagabond qui n ’est autre que Charlot. Après s ’être accroché le pantalon au sabre brandi par une statue allongée, il fuit la foule en colère.

Un peu plus tard, après une série de mésaventures avec la police, des vendeurs de journaux insolents et une trappe sur le trottoir, il tombe sur une jeune fleuriste aveugle. Au moment où il s ’arrête, ému par son air triste et sa beauté, une portière claque, ce qui amène la jeune fille à croire qu ’elle se trouve en présence d ’un homme riche.

Dans la soirée, Charlot empêche un millionnaire fantasque et alcoolique de se suicider. Ce dernier se comporte en ami affectueux et généreux tant qu ’il est ivre, mais il devient distant et hostile dès qu ’il est dégrisé le lendemain matin.

Ne trouvant pas la fleuriste à son coin de rue habituel, le vagabond lui rend visite dans sa mansarde. Il apprend qu ’elle est malade, mais qu ’une opération coûteuse en Suisse pourrait lui rendre la vue. Décidé à trouver de l ’argent pour l ’aider à payer son loyer, il travaille comme éboueur puis comme boxeur.

Il rencontre de nouveau le millionnaire qui lui donne l ’argent dont il a besoin pour le loyer et l ’opération. Il parvient à le remettre à la jeune fille avant d ’être accusé de vol par le millionnaire – une fois de plus dessaoulé et amnésique – puis jeté en prison.

Libéré quelques mois plus tard, il passe par hasard devant l ’élégant magasin de fleurs où la jeune fille aveugle – désormais guérie – travaille en rêvant de retrouver son bienfaiteur, qu ’elle imagine riche et beau. Amusée par le vagabond, elle prend pitié de lui et lui offre une fleur et une pièce. En les lui remettant, elle le reconnaît au toucher. Les yeux dans les yeux, ils se regardent d ’un air énigmatique.

16 MARDI 24 ET MERCREDI 25 OCTOBRE

Distribution et crédits Charles Chaplin, le vagabond Virginia Cherrill, la jeune fille aveugle Florence Lee, la grand-mère de la jeune fille aveugle Harry Myers, le millionnaire Hank Mann, un boxeur Eddie Baker, l’arbitre Allan Garcia, le maître d ’hôtel Henry Bergman, le maire, le voisin de la jeune fille aveugle Albert Austin, le balayeur et un cambrioleur Joe Van Metter, un cambrioleur Robert Parrish, Charlie Hammond, les vendeurs de journaux Tiny Ward, l’homme sur le monte-charge Mrs Hyams, la vendeuse du magasin de fleurs Harry Ayers, un policier Florence Wicks, la femme qui s ’assied sur le cigare Jean Harlow, figurante dans la scène du restaurant Mrs Pope (mère de Jean Harlow), figurante dans la scène du restaurant Tom Dempsey, un boxeur Eddie McAuliffe, le boxeur qui s ’enfuit Willie Keeler, un boxeur Victor Alexander, le boxeur K.O. Tony Stableman, le soigneur

Production : Chaplin - United Artists Production, mise en scène, scénario, montage : Charles Chaplin Directeur de la photographie : Roland Totheroh Opérateurs : Mark Marlatt, Gordon Pollock Assistants réalisateurs : Harry Crocker, Henry Bergman, Albert Austin Direction artistique : Charles D. Hall Directeur de la production : Alf Reeves

Musique composée par Charles Chaplin Arrangements : Arthur Johnston Chanson « La Violetera » de José Padilla Direction musicale : Alfred Newman

17 Partition de Chaplin restaurée en 1989 par Carl Davis pour l ’accompagnement du film.

Instrumentation 1 flûte (double la flûte piccolo) 1 hautbois (double le cor anglais) Clarinette I (double le saxophone soprano, le saxophone baryton, le saxophone alto et la clarinette basse) Clarinette II (double le saxophone soprano, le saxophone alto et la clarinette basse) Clarinette III (double le saxophone ténor) 1 basson 2 cors 3 trompettes (en sib ) 2 trombones 2-3 percussionnistes Harpe Guitare (double le banjo) Piano (double le célesta) Nombre minimum de cordes : 6 4 4 3 2 Musique composée par Charles Chaplin à l ’exception de La Violetera (José Padilla) Durée de projection : 81 minutes Vitesse de projection : 24 images par seconde La copie du film comporte une piste optique sur laquelle sont enregistrés quelques effets sonores.

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Les Lumières de la ville

Bien que Les Lumières de la ville soit le film le plus abouti de Charles Chaplin, sa réalisation correspond à la période la plus critique de la carrière du réalisateur. En mai 1928, quand Chaplin commença à travailler dessus, les premiers films parlants avaient déjà vu le jour. Cette révolution ne devait épargner personne dans le monde du cinéma, mais pour Chaplin, le problème était particulièrement délicat. Il était arrivé à Hollywood à la fin de l ’année 1913, quand l ’industrie cinématographique en était encore à ses balbutiements, et en janvier 1914, il avait créé le personnage du petit vagabond, qui était devenu mondialement connu en à peine plus d ’une année. À la fin des années 1920, on peut même considérer que Charlot était le personnage de fiction le plus célèbre et le plus apprécié au monde.

Charlot devait précisément cette reconnaissance internationale au fait qu ’il avait vu le jour à l ’ère du muet : il communiquait avec le public dans la langue universelle du mime. Le fait de le doter de la parole ne pouvait que restreindre son public. En outre, dans quelle langue devait-il parler ? Aurait-il l ’accent londonien de Chaplin, celui du Bronx ou l ’accent californien ? Chaplin réfléchit longuement au problème et finit par prendre une décision risquée : il déclara à la presse, à ses collaborateurs et au reste du monde que les films parlants n’étaient qu ’une mode appelée à durer un ou deux ans. Il est difficile de croire qu ’il le pensait vraiment, mais c ’est en tout cas l ’argument dont il se servit pour justifier le fait de réaliser un film muet – présenté dans le générique comme « Une comédie romantique en pantomime » – tout en limitant son utilisation du son à la musique et aux effets sonores.

Comme le déclara Chaplin quelques années plus tard :«Je ne souhaitais pas devenir le dernier partisan des films muets, mais il se trouve que Les Lumières de la ville était le film muet idéal. Rien n ’aurait pu me dissuader de le réaliser de cette façon. » Le vagabond, seul dans une ville hostile, rencontre une compagne de misère : la jeune fille aveugle. Il fait également la connaissance d ’un millionnaire excentrique et incroyablement chaleureux quand il est ivre, mais niant vigoureusement le connaître dès qu ’il est dessaoulé . Ému par la jeune fille aveugle, le vagabond – insensé, malicieux, opprimé, chevaleresque, ingénieux, incroyablement romantique et persévérant – se débat pour réunir l ’argent de l’opération qui lui permettra de recouvrer la vue. L ’ironie cruelle de la situation est que par la même occasion, la jeune fille se rendra compte de l ’allure miséreuse de son bienfaiteur, alors qu ’elle s ’en fait une toute autre idée.

Chaplin avait décidé de la fin poignante avant le début du tournage et même avant que l’ensemble du scénario ne soit écrit. Au sujet de cette scène, on ne peut que souscrire à l’avis du grand critique américain James Agee : « Il suffit de la voir pour sentir son cœur chavirer ; il s ’agit d ’une immense performance d ’acteur et de l ’un des plus grands moments de l ’histoire du cinéma. »

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Chaplin ne parvint pas à ce niveau de perfection – Alistair Cooke parle d ’un film qui se déroule avec l ’aisance de l ’eau coulant sur la pierre – sans difficulté. Naturellement anxieux en raison de son insistance irréfléchie à réaliser un film muet, il fut tendu tout au long du tournage. Il y eut de nombreux renvois et de nombreux remplacements ; à un moment, il alla même jusqu ’à congédier son actrice principale, Virginia Cherrill. Virginia était une jeune divorcée de vingt ans et elle appartenait à la bonne société de Chicago. Chaplin l ’avait choisie en raison de sa capacité à simuler la cécité tout en demeurant belle, mais elle ne prenait pas son travail de comédienne aussi sérieusement que Chaplin et ses collaborateurs l ’auraient souhaité. Quand Chaplin décida de la réintégrer, elle se vengea en exigeant un plus gros cachet. Les archives du studio révèlent que Chaplin travailla inlassablement, des jours et des jours, pour obtenir l ’interprétation qu ’il attendait d ’elle. Pendant de longues périodes, le studio resta également inactif, Chaplin se débattant avec l’histoire – à cette époque, il travaillait encore sans scénario, improvisant le film à mesure qu ’il avançait. Au bout du compte, le tournage des Lumières de la ville s’étala sur plus de deux ans et demi.

Quand le film finit par sortir, en janvier 1931, Chaplin était inquiet de l ’accueil qu ’il allait recevoir, imaginant qu ’il pourrait être considéré comme archaïque par un public qui avait déjà eu l ’occasion de voir des films parlants comme Le Petit César , L’Ange bleu , À l ’Ouest rien de nouveau et Sous les toits de Paris . Mais en fin de compte, son succès dépassa celui du Kid et de La Ruée vers l ’or pour en faire l ’un de ses films les plus appréciés par le public.

À Los Angeles, la première du film fut l ’un des événements les plus importants que la capitale mondiale du cinéma eût jamais accueilli. L ’élégant public fut pourtant à deux doigts de déclencher une émeute quand le directeur du tout nouveau Los Angeles Theater interrompit la séance après la troisième bobine et rétablit la lumière pour vanter les mérites de son établissement. La colère de Chaplin ne retomba qu ’après de longues minutes d ’ovation à la fin de la projection.

La première britannique eut lieu à Londres, au Dominion Theatre (Tottenham Court Road), le 27 février 1931. Malgré une pluie battante, la foule avait envahi les rues dans l ’espoir d’apercevoir Chaplin mais elle repartit frustrée : particulièrement nerveux, les organisateurs de l ’événement l ’avaient fait entrer secrètement avec son attaché de presse dans l ’après- midi. Durant la projection, Chaplin était assis entre Bernard Shaw et Lady Astor. Il était au départ un peu inquiet de la réaction du grand dramaturge, mais il fut soulagé dès qu ’il vit Shaw rire et pleurer avec le reste de la salle. Quelque temps après, un journaliste demanda à ce dernier s ’il pensait que Chaplin serait capable d ’interpréter Hamlet . Shaw répondit : « Pourquoi pas ? Bien avant que Mr Chaplin ne soit célèbre, à l ’époque où il se contentait de lancer des briques (ou d ’en recevoir), j ’étais déjà frappé par son expression tragique, obsédante. »

Carl Robinson

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Extrait d ’Histoire de ma vie

Les Lumières de la ville était achevé : il ne restait plus qu ’à enregistrer la musique. L’un des bons côtés de la sonorisation est qu ’elle permet de contrôler la musique, si bien que j ’ai choisi de me charger de cette dernière.

J’ai essayé de composer une musique élégante et romantique pour contraster avec le personnage du vagabond, car c ’est de la musique que provient l ’émotion de mes comédies. Les arrangeurs ont toujours eu du mal à comprendre cela : ils voulaient une musique drôle. Je devais donc leur expliquer que je ne voulais pas de compétition entre le film et la musique, mais plutôt un contrepoint charmant et solennel pour exprimer les sentiments sans lesquels, comme le dit Hazlitt, une œuvre d ’art est inachevée. Il arrivait parfois qu ’un musicien prenne un air important pour m ’expliquer les limites des intervalles de la gamme diatonique et de la gamme chromatique, mais je l ’interrompais immédiatement avec une remarque de profane : « Quelle que soit la mélodie, le reste n ’est là que pour la mettre en valeur. » Après m ’être chargé de la musique d ’un ou deux films, j ’ai commencé à regarder la partition du chef avec un œil plus professionnel ; en un regard, je savais si une musique était trop orchestrée ou non. Si je voyais beaucoup de notes dans les cuivres ou dans les bois, je disais : « Il y a trop de noir dans les cuivres !»ou «C’est trop chargé dans les bois !»

Il n ’y a rien de plus enthousiasmant que d ’entendre les airs que l ’on a composés interprétés pour la première fois par un orchestre de cinquante musiciens.

Charles Chaplin (1964) (Traduction Olivier Julien)

City Lights © Roy Export Company Establishment. Musique City Lights Copyright © Roy Export Company Establishment et Bourne Co. « La Violetera » © José Padilla

21 Biographies 1913. Son entrée dans le monde du avait été créée pour l ’exploitation de cinéma eut lieu le même mois, quand ses films. Le premier film qu ’il tourna Charles Chaplin il rejoignit Mack Sennett et la Keystone dans le cadre de cet accord était Charles Spencer Chaplin est né à Film Company. Son salaire s ’élevait Une vie de chien . Après la sortie de ce Londres le 16 avril 1889. Son père initialement à 150 dollars par semaine, dernier, il contribua à l ’effort de guerre était chanteur et comédien, et sa mère, mais la fulgurance de son succès incita en participant à une tournée nationale chanteuse et comédienne séduisante, d’autres producteurs à faire appel à lui. puis en réalisant The Bond , un film que était connue dans le monde de Après la fin de son contrat avec le gouvernement américain lui avait l’opérette sous le nom de Lily Harley. Sennett, en 1915, il signa avec la commandé pour la campagne Liberty Avant qu ’il n ’atteigne ses dix ans, la Essanay Company pour un salaire Loan. Il se lança ensuite dans la mort prématurée de son père et la nettement plus élevé. , production d ’un film en rapport avec la maladie de sa mère obligèrent Charles qui venait d ’arriver d ’Angleterre, guerre ; Charlot soldat , sorti en 1918, et son frère Sydney à subvenir à leurs remplaça son frère en tant que remporta un succès considérable au propres besoins. Ayant hérité du talent comédien vedette chez Keystone. box-office et ajouta énormément à la de leur parents, ils commencèrent à L’année suivante, Charles Chaplin, de popularité de Chaplin. Il fut suivi par se produire sur scène. C ’est à cette plus en plus demandé, signa un contrat Une idylle aux champs et Une journée époque que Charles fit ses débuts dans avec la société de production de plaisir , tous deux sortis en 1919. un groupe d ’enfants baptisé The Eight cinématographique Mutual pour En avril de la même année, Chaplin Lancashire Lads et commença à une série de douze comédies de s’associa avec Mary Pickford, Douglas acquérir une réputation de danseur deux bobines chacune. Ces comédies Fairbanks et D. W. Griffith pour créer de claquettes hors pair. Vers l ’âge de n’étaient autres que Charlot chef la United Artists. Dans son Histoire du quatorze ans, Chaplin eut l ’opportunité de rayon , Charlot pompier , Charlot cinéma , B. B. Hampton écrit à ce sujet : de participer à son premier véritable musicien , Charlot rentre tard (un film « La société était organisée comme spectacle en interprétant Billy le dont il était, si l ’on fait exception du un distributeur. Chaque artiste était groom aux côtés de William Gillette chauffeur de taxi apparaissant dans responsable de ses propres productions dans Sherlock Holmes . À la fin des la première scène, l ’unique interprète), et remettait le film complet à la United représentations, il décida de se lancer Charlot et le comte , Charlot usurier , Artists comme il l ’aurait fait avec dans une carrière de comédien de Charlot machiniste , Charlot patine , n’importe quelle société de production vaudeville ; celle-ci finit par le conduire Charlot policeman (salué à l ’époque dans laquelle il n ’aurait eu aucun aux États-Unis, où il se fit tout d ’abord comme son meilleur film), Charlot intéressement. Les parts de la société connaître comme acteur vedette de fait une cure , L’Émigrant et Charlot étaient réparties équitablement entre la Fred Karno Repertoire Company. s’évade . En 1917, à la fin de son contrat ses différents fondateurs. Ce mode de Son succès y fut immédiat, en particulie r avec la Mutual, Chaplin décida de fonctionnement était totalement grâce au personnage qu ’il incarnait devenir producteur indépendant novateur dans l ’industrie. Jusque-là, dans un sketch intitulé A Night in an de manière à jouir d ’une plus grande les producteurs et les distributeurs English Music Hall . À l ’automne 1912, liberté et, par la même occasion, employaient les vedettes en leur quand la troupe de Fred Karno à pouvoir faire ses films plus versant un salaire, parfois même retourna aux États-Unis pour une sereinement. Il se lança donc dans la une partie des bénéfices ; mais avec tournée de répétition, Chaplin reçut construction de ses propres studios, la United Artists, les vedettes étaient sa première proposition de film. Il finit qu ’il établit au cœur du quartier leurs propres employeurs. Elles par accepter d ’apparaître à l ’écran résidentiel d ’Hollywood, sur La Brea devaient se charger de leur propre à la fin de ses engagements dans des Avenue. Début 1918, il passa un accord financement et elles recevaient en spectacles de vaudeville, en novembre avec la First National, une société qui contrepartie les bénéfices de leur

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travail de producteur ainsi qu ’une Neuf ans plus tard, il réalisa son tout après sa présentation au Festival partie des profits générés par la dernier film pour Universal Pictures : d’Édimbourg puis à Londres, Ned société de distribution. » Avant de La Comtesse de Hong -Kong (avec Sherrin a commandé à Carl Davis la pouvoir assumer ses fonctions au sein Sophia Loren et Marlon Brando dans musique de That Was The Week That de la United Artists, Chaplin devait les rôles principaux). Artiste polyvalent, Was . Cette partition a marqué le début toutefois aller au bout de son contrat Chaplin s ’est également illustré dans d’une longue série de commandes avec la First National. Début 1921, l’écriture, la musique et le sport. Il est pour la radio et la télévision, parmi il sortit un chef-d ’œuvre en six bobines, l’auteur d ’au moins quatre livres (Mes lesquelles on peut mentionner la Le Kid , qui révéla l ’un des plus célèbres Voyages , A Comedian Sees the World , version d ’Orgueil et préjugés produite enfants acteurs de tous les temps : Histoire de ma vie et My Life in Pictures ) par la BBC et acclamée dans le monde Jackie Coogan. L ’année suivante, ainsi que de l ’intégralité de ses entier, mais aussi The Snow Goose , il produisit Charlot et le masque de fer , scénarios. Musicien accompli, bien The World At War , Hollywood , Cold dans lequel il incarnait deux qu ’autodidacte, il jouait de plusieurs War , The Far Pavilions , The Naked personnages. Souhaitant prendre un instruments avec la même habileté Civil Servant et Good Night Mr Tom . peu de recul par rapport à ses activités et la même aisance (à noter qu ’il était Ses bandes originales de film cinématographiques, il partit pour gaucher au violon et au violoncelle). comprennent en outre La Maîtresse l’Europe en septembre 1921. Il fut Il a également écrit et édité de du lieutenant français , Champions , accueilli en fanfare à Londres, Paris, nombreuses chansons (dont Sing Scandal , The Rainbow de Ken Russell, Berlin et dans d ’autres grandes a Song, With You Dear in Bombay, Le Roi David , Parfum de scandale , ainsi capitales, après quoi il rentra à There ’s Always One You Can ’t Forget, que Topsy Turvy et The Book of Eve Hollywood pour se remettre au travail Smile, Eternally et You Are My Song ) de Mike Leigh. À la demande de et entamer sa collaboration avec la ainsi que les bandes originales de ses Channel Four, Carl Davis a commencé United Artists. Dans le cadre de son propres films. Charles Chaplin est l ’un à composer une série absolument arrangement avec cette société, des très rares comédiens à avoir non unique de partitions pour des versions Chaplin tourna huit longs-métrages : seulement produit et financé tous ses restaurées de films muets en 1980. L’Opinion publique (1923), qu ’il écrivit, films (à l ’exception de La Comtesse Cette série, intitulée The Silents , produisit et réalisa mais dans lequel de Hong -Kong ), mais aussi à les avoir comprenait notamment le fameux il ne faisait qu ’une brève apparition, écrits, interprétés, mis en scène et Napoléon d’Abel Gance, ce qui a amené La Ruée vers l ’or (1925), Le Cirque même mis en musique. Il est mort le Ministre de la Culture à le faire (1928), Les Lumières de la ville (1931), en 1977, le jour de Noël, laissant Chevalier des Arts et des Lettres après Les Temps modernes (1936) , derrière lui huit enfants de son dernier la diffusion du film à Paris en 1983. Le Dictateur (1940), dans lequel il mariage avec Oona O ’Neill et deux fils Depuis 2000, une nouvelle version interprétait deux rôles et parlait à de sa brève union avec . restaurée de ce film a été projetée l’écran pour la première fois, Monsieur à deux reprises au Royal Festival Hall Verdoux (1947), dans lequel le public Carl Davis avec une partition révisée et allongée. découvrit un nouveau Chaplin, sans Né à New York, Carl Davis a acquis, Ces films classiques, qui continuent sa moustache, ses pantalons larges pendant ses premières années de d’être joués dans le monde entier, et sa canne tremblante, et Les Feux travail, une vaste culture musicale permettent régulièrement d ’entendre de la rampe (1952). En 1957 sortit dont il se nourrit encore aujourd ’hui. l’une ou l ’autre des cinquante partitions la comédie Un roi à New York , que En 1959, il s ’est associé avec un ami que Carl Davis a composées pour eux. Chaplin avait écrite et réalisée, étudiant, Stephen Vinaver, pour écrire Dernièrement, Vive le sport ! a par dans laquelle il jouait et dont il avait la revue Diversions ; elle a remporté un exemple été projeté en première avec également composé la musique. Obie (catégorie “ Off-Broadway ”) et l’Orchestre de chambre de Los Angeles

23 au Gala annuel du film muet (qui vient tout juste de sortir en DVD), Philharmonic, du Royal Liverpool présidé par Dustin Hoffman. Depuis A Christmas Carol pour le Northern Philharmonic, de l ’English Chamber 1997, l ’association de Carl Davis avec Ballet Theatre ou encore The Picture Orchestra ou du London Philharmonic. le London Philharmonic Orchestra of Dorian Gray à Sadler ’s Wells et Alice Certains de ces disques, comme The a donné lieu à d ’innombrables in Wonderland pour l ’English National World At War (dont une version plus représentations de ces grands films Ballet (qui devrait être repris en 2006). récente est également disponible en de l ’ère du muet – Ben Hur , La Chair En 1999, le Scottish Ballet lui a CD et en coffret DVD), Orgueil et et le Diable , Le Prince étudiant , commandé la musique d ’Aladdin ; préjugés , Champions ou The Silents , Les Quatre Cavaliers de l ’Apocalypse , il a également composé un ballet en sont en fait des enregistrements de ses Intolérance , La Foule , La Grande un acte pour la tournée britannique propres œuvres. L ’album de Noël qu ’il a Parade , etc. À l ’occasion d ’un festival Pride and Prejudice de Ballet Central : réalisé dernièrement avec le Hallé Chaplin, on a également pu voir First Impressions (basé sur la musique Orchestra a remporté un franc succès Charlot fait une cure et Les Lumières qu ’il a lui-même écrite pour la série et il s ’apprête à sortir un nouveau CD de la ville , Charlot s ’évade et Le Cirque , télévisée Orgueil et préjugés ). avec Sir Willard White et l ’Orchestre ainsi que L’Émigrant et Le Kid . Il travaille actuellement sur la partition de concert de la BBC. En 1992, il a reçu Les nombreux CD de Carl Davis de Cyrano de Bergerac avec le célèbre une bourse honorifique de l ’Université témoignent de son enthousiasme chorégraphe David Bintley, Directeur John Moores de Liverpool ; deux ans musical ; ils permettent en particulier artistique du Royal Ballet de plus tard, il a été fait docteur honoris d’entendre quelques-unes des Birmingham (création au printemps causa en Arts par son ancienne nombreuses partitions qu ’il a écrites 2007). Ces dernières années, Carl université new-yorkaise, Bard, et plus pour des films muets comme Davis a décidé d ’élargir ses horizons récemment, il s ’est vu décerner le titre Le Fantôme de l ’Opéra . En 1993, Carl en créant sa propre émission de radio. de docteur honoris causa en musique Davis a été nommé Directeur artistique Il a commencé par enregistrer une par l ’Université de Liverpool. En 2003, et Chef du Summer Pops Festival série s ’étalant sur treize semaines pour Carl Davis a également reçu un prix organisé chaque année par le Royal Radio 2 en 1997 ( Carl Davis Classics ), spécial de la BAFTA pour sa carrière et Liverpool Philharmonic Orchestra. mais devant le succès de cette dernière, le Prix de la Meilleure musique de film À l ’occasion du cent cinquantième la BBC lui en a commandé de nouvelles. pour Une promesse pour May au anniversaire de l ’orchestre, il a écrit En 1999, il a fait ses débuts aux BBC Festival Ale Kino (Pologne). Carl Davis avec Paul McCartney une œuvre Proms en dirigeant l ’Orchestre de vient tout juste d ’être promu au grade intitulée Paul McCartney ’s Liverpool concert de la BBC dans un concert de Commandeur de l ’Ordre de l ’Empire Oratorio , qu ’il a dirigée lors de sa de musiques de film. L’an dernier, il a britannique pour services rendus à la création à la Cathédrale anglicane de également dirigé les Proms à Hyde musique. Il vit aujourd ’hui à Londres. Liverpool en juin 1991 puis en tournée Park avec l ’Orchestre de concert de la Il a épousé l ’actrice Jean Boht, avec mondiale. De l ’avis général, les douze BBC – une expérience qu ’il renouvellera qui il a eu deux filles : Hannah et Jessie. courts métrages que Chaplin a réalisés en septembre. Depuis 1983, Carl Davis pour les studios Mutual comptent dirige chaque année un concert en Orchestre de la Radio flamande parmi ses plus grandes réussites. plein air au Château de Leeds. Cette L’Orchestre de la Radio flamande, Carl Davis a fini, il y a peu, de mettre année, il a collaboré pour la deuxième fondé en 1935 en tant qu ’ensemble de ces films en musique et ils sont fois consécutive avec le duo The Opera studio sous l ’égide de la radiotélévision désormais disponibles en DVD. Babes et l ’incontournable John Suchet publique, est aujourd ’hui un orchestre Carl Davis aime énormément composer dans le rôle du récitant. Carl Davis a symphonique moderne et flexible qui pour la danse. Dans ce domaine, on se enregistré de nombreux disques avec offre au passé une résonance souvient notamment de A Simple Man des orchestres de l ’envergure du Royal chaleureuse mais dont le regard est

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aujourd ’hui résolument tourné vers Outre sa forte présence à Bruxelles, En collaboration avec Klara, l’avenir. Avec le grand répertoire du sa ville natale, l ’Orchestre de la Radio l’Orchestre de la Radio flamande XX e siècle comme bagage permanent, flamande attache une importance enregistre actuellement une série l’Orchestre de la Radio flamande vise non négligeable à sa représentation de CD consacrée à des monographies également l ’excellence dans le domaine en Flandre. Ainsi, l ’Orchestre de de compositeurs flamands, et une de la musique contemporaine et de la la Radio flamande est-il « orchestre nouvelle collection de CD dédiée musique de film. Sous la houlette de en résidence » au Bijloke à Gand depuis à l ’important répertoire du XX e siècle Yoel Levi, premier chef d ’orchestre, la saison 2004-2005. Il propose paraît depuis la saison 2004-2005 l’Orchestre de la Radio flamande explore par ailleurs un cycle permanent de sous le label Glossa. Le premier CD le grand répertoire symphonique et concerts au 30CC à Louvain, au Centre de la collection, L’Oiseau de feu dirigé installe des collaborations durables avec culturel de Hasselt, à la Salle Reine par Yoel Levi, premier chef d ’orchestre, différents chefs d ’orchestre renommés Elisabeth à Anvers (en collaboration a reçu les éloges de la critique en vue de développer de nouveaux avec ZOO-concerten) ainsi qu ’au internationale. L ’Orchestre de la Radio concepts de concerts et d ’initier Kursaal à Ostende. Depuis 2004, flamande collabore par ailleurs avec des échanges avec d ’autres genres l’Orchestre de la Radio Flamande BMG Music Publishing à la diffusion musicaux ou d ’autres disciplines s’est également fait une place de choix mondiale de sa collection de partitions. artistiques. L ’Orchestre de la Radio au sein de l ’industrie internationale Étroitement lié au Festival de Flandre flamande a retrouvé depuis la saison du cinéma. L ’orchestre a ainsi enregistré ainsi qu ’au Festival international 2005-2006 le célèbre Studio 4 du sous la direction du compositeur du film de Flandre-Gand, l ’Orchestre paquebot Flagey – rénové – à Bruxelles. Howard Shore la bande originale de la Radio flamande bénéficie en L’orchestre y donne ses propres de « The Aviator », réalisé par Martin outre du soutien de la Communauté concerts à un rythme soutenu, Scorsese et dont la musique a flamande et de la Loterie nationale. couplés à un cycle permanent de remporté un Golden Globe en 2005. Les partenaires médias sont Klara, représentations au Palais des Beaux- En Belgique, l ’orchestre entretient De Morgen et Roularta. Arts. L ’objectif est de souligner des liens étroits avec le Festival et renforcer sa présence et son international du film de Flandre-Gand Flûtes rayonnement à Bruxelles. Par ailleurs, depuis 2000 déjà. Sa présence en Lieve Schuermans** l’Orchestre de la Radio flamande 2005 au Festival du film de Berlin fut Dirk De Caluwe* considère qu ’il est de sa mission accueillie par une standing ovation . de jeter un pont vers les autres L’Orchestre de la Radio flamande Hautbois cultures et communautés qui composent contribue ainsi à élargir son rayonnement Joris Van Den Hauwe** le tissu urbain bruxellois et d ’ainsi international par le biais de projets Alex Van Beveren* toucher un public le plus large possible. ponctuels qui jouissent d ’une belle Outre un programme éducatif largement visibilité au niveau mondial. Compte Clarinettes/Saxophones accessible et un travail de proximité tenu des liens étroits qui unissent Anne Boeykens approfondi, l ’Orchestre de la Radio l’Orchestre de la Radio flamande Hedwig Swimberghe flamande accorde une attention toute à l ’émetteur public, la quasi-totalité Katrijn Aper particulière aux jeunes en s ’impliquant des concerts de l ’orchestre sont Luc De Kelver dans des projets socioculturels, des enregistrés par la VRT tandis que Luc Bergmans productions à destination de publics- cette dernière est toujours assurée cibles spécifiques, des répétitions de la participation du VRO lors Bassons publiques et des collaborations variées des événements radiophoniques Luc Verdonck** avec d ’autres acteurs bruxellois. ou télévisuels qu ’elle organise.

25 Cors Violons II Mieke Ailliet ** Ivo Lintermans** Gery Liekens Mari Hagiwara** Francis Vanden Heede Trompettes Ion Dura Ward Hoornaert** Cristina Constantinescu Rik Ghesquière Bruno Linders Jean Pierre Soens Altos Trombones Jeroen Robbrecht** Bruno De Busschere** Sander Geerts* Tim Van Medegael* Stephan Uelpenich Barbara Peynsaert Timbales Gert Francois** Violoncelles Luc Tooten** Percussions Livin Vandewalle Frans Pelgrims* Olivier Vanderschaeghe Herman Truyens Barbara Gerarts Philip De Jager Swimberghe Bart Contrebasses Marc Saey** Harpe Jan Buysschaert** Hanna Grociak* ** Supersoliste Claviers * Soliste Catherine Mertens

Gitare/Banjo Ghislain Slingeneyer

Violon Solo Lei Wang**

Violons I Ezequiel Larrea** Rapan Daniella* Ewa Krason Stefan Claeys Andrei Dudek Benjamin Braude Veerle Houbraken

26 Et M d d A m m i L m d C Œ i P P D M A > 3 D S m d L’ C A M F D J C m m nte nt

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Cor ec rn es , , teur : Jean-Guil (du CEàlaT erminal ) au mercredi 22 mars, de9hà12 5 séances dumercredi 22 févrie novembre aumrcredi 13 décembre , Scolaires au mrdi 6févre ,de18h30 à20h30 Adultes Musiqe t cinéma > M Nattiez S Ouvrag > M de l’ex posit ion de samedi 2 8 et dimanche29 oct obre Les guitares CNCERO T PRMENAD O démonstr ations mucale s. conférencir ;podiume du Mséeavec ungitariste t un vi site de l ’e xpositi on et de la colle cti on apr ès-midi (sa uf le s 24 et 3 1 décem bre)Travel ling Gu ita rs Dans lecadre dl’expositon samedis 4novembre La vile, levoyage VISTES GUIDÉEUR ADLS PO TES > MUSÉEDLAIQ ous ATELIER DE PRATIQUE MUSICALE É us us DIT 14 h30 à 17 h30 dan s l e c adre iques ique, v la me L IO , 1 e di c : 5séances dumardi 9janvier 4 NS duX rec o 9 il : 5séances dumercredi 15 eb le 2 es run | tio p ctif, 129 pages. X

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Photo couverture © Peter Marlow / Magnum Photos | Imprimeur SIC | Imprimeur Gerfau | Licences n° 757541, 757542, 757543 D’où vient la musique qawwali ? Quelle est l’origine de la salsa ? Qu’est-ce que le kayamb ? Le Petit Atlas propose au lecteur, également musicien et voyageur, un tour du monde des musiques. Conçu comme un journal de voyage destiné à tous les « routards » de la musique, il comprend des cartes, des itinéraires, des illustrations, des portraits… La musique traditionnelle y côtoie la World Music, et des artistes dont la renommée est limitée à leur contrée d'origine se retrouvent face à d'autres dont la célébrité est comparable à celle des stars mondiales.

ISBN : 978-2-7557-0200-2 218 pages. Prix : 29,90 ¤

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