Enquête sur les pratiques éducatives des jeunes en Picardie Monographie : La Thiérache

Parmi les différents moyens mis en place pour réaliser cette étude, trois territoires ont fait l’objet d’une attention particulière, dont la Thiérache.

En complément de l’analyse cartographique régionale (caractéris- tiques sociodémographiques, socioéconomiques et photographie des dispositifs en direction des jeunes) et de l’étude par question- naire, nous avons réalisé une phase plus qualitative qui s’est tra- duite par une série d’entretiens avec des professionnels agissant sur le territoire et de jeunes. Ces investigations se sont déroulées entre mai et septembre 2011.

Rappelons que l’objet premier de ces investigations sur site con- siste à « nourrir » et enrichir l’étude régionale. Autrement dit, cette « monographie » doit être lue comme une contribution spécifique à une étude globale, même si nous mettons en lumière les singulari- tés de ce territoire dans ce document.

Julien REMY

jeudi 20 octobre 2011 p 1 sur 43

COPAS – 54 rue nationale – 59000 LILLE — SCOT ARL à capital variable – RCS Lille B 329 070 809 p 2 / 43

Sommaire de la monographie.

A - Préalables ...... 3 1. L’objet de la monographie ...... 3 2. Présentation synthétique de l’étude « jeunesse » ...... 3 2.1 Phase 1 – Produire une « vue d’ensemble » de l’offre éducative ...... 3 2.2 Phase 2 : Analyse des pratiques éducatives et culturelles des jeunes et de leurs attentes ...... 4 2.3 Phase 3 : Synthèse et préconisations ...... 4 3. Investigations réalisées pour la monographie ...... 4 3.1 Professionnels rencontrés ...... 4 3.2 Jeunes interviewés ...... 4 B - Monographie ...... 5 4. Quelques données de situation socio-démographique et socio-économiques ...... 5 4.1 Préalables méthodologiques ...... 5 4.2 Type de territoire et indicateurs de contexte ...... 5 4.3 Données socio-démographiques ...... 7 4.4 Données socio-économiques ...... 11 4.5 Données relatives à la scolarité ...... 13 5. Actions, dispositifs, opérations : l’offre en direction des jeunes ...... 16 5.1 Orientations des documents cadre et dispositifs (autour de la ville d’) ...... 16 5.2 Description de quelques actions/pratiques pertinentes ...... 22 5.3 En conclusion concernant l’offre jeunesse ...... 26 6. La perception des professionnels : principales problématiques, appréciation de l’offre et du réseau local ...... 27 7. Regard des jeunes sur leur avenir, le territoire, les actions ...... 31 7.1 Profil des jeunes interviewés : parcours, projet… ...... 31 7.2 Les obstacles et les besoins ...... 33 7.3 Les actions auxquelles ils ont participé ...... 36 7.4 Les actions : les motivations, les effets… ...... 37 8. Conclusion ...... 40 C - Annexe : la nomenclature COPAS ...... 41

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 3 / 43 A - Préalables

1. L’objet de la monographie

Rappelons ici que la monographie ne doit pas être confondue avec un travail d’audit ou d’évaluation. Il s’agit avant tout d’un exercice descriptif qui repose sur une analyse des faits (bilans chiffrés, données statistiques), sur l’appréciation des acteurs (élus, profes- sionnels, jeunes, etc.) sur des objets concrets (la situation du territoire, l’offre en direc- tion des jeunes, le niveau de coopération entre acteurs sur le terrain, les modalités de mise en œuvre des actions et les postures professionnelles, les effets des actions sur les publics, etc.).

Ces différents niveaux de description permettent in fine de dégager des caractéristiques propres à la Thiérache, de valoriser des approches, des modalités de travail singulières qui viendront enrichir une note de synthèse problématisée (mise en perspective régio- nale à partir des trois monographies, du traitement des questionnaires et du traitement cartographique)

2. Présentation synthétique de l’étude « jeunesse »

La Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) a confié au cabinet COPAS la réalisation d’une étude ayant comme objet « les pratiques éducatives des jeunes en Picardie ».

Le terme « pratiques éducatives » est à prendre dans son acceptation la plus large (« l’ensemble des actions et activités proposées aux jeunes qui participent à l’apprentissage, à l’autonomie et à l’épanouissement personnel d’un individu en dehors du temps scolaire ».)

Trois phases ont été réalisées :

2.1 Phase 1 – Produire une « vue d’ensemble » de l’offre éducative L’objectif de cette étude a d’abord consisté à proposer une « vue d’ensemble » de l’offre éducative régionale en direction des jeunes.

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Pour ce faire, deux types de travaux ont été réalisés :

√ Un recensement régional cartographié des actions et dispositifs en direction des jeunes (à partir des données statistiques existantes) √ Une étude par questionnaire permettant de disposer d’éléments plus qualitatifs sur le type d’actions mises en œuvre.

2.2 Phase 2 : Analyse des pratiques éducatives et culturelles des jeunes et de leurs attentes À l’issue de cette première phase, COPAS a engagé une série de rencontres et d’entretiens collectifs avec différents groupes de jeunes pour les interroger sur leurs pratiques, demandes, besoins, etc. afin de les analyser et de les confronter au regard de l’offre existante.

2.3 Phase 3 : Synthèse et préconisations L’ensemble des données qui ont été produites au cours de l’étude (cartographie et ana- lyse, résultats de l’étude par questionnaires, fiches monographiques) fait l’objet d’un rapport de synthèse assorti de préconisations.

3. Investigations réalisées pour la monographie

3.1 Professionnels rencontrés - M. Bizeau, coordinateur CEJ, CEL, CUCS « volet jeunesse ». - M. Lavenant, directeur de l’APTAHR - Mme Murgia, responsable du PIJ d'Hirson - Mme Saintes, directrice de la Mission Locale de la Thiérache - M. Simon, Ligue de l'enseignement, délégué culturel de l’Education Nationale - Mme Spakowski, responsable du pôle prévention au CCAS d’Hirson - Mme Vantorre, directrice de l’association Tac Tic Animation (à ) - M. Vilaire, adjoint à la jeunesse d'Hirson

3.2 Jeunes interviewés - 9 collégiens et lycéens (collège C. Savart à Saint-Michel et lycée Joliot Curie à Hirson) - 25 jeunes du collège Jules Ferry de Rosoy-sur-Serre - 15 jeunes du collège Condorcet, à - Un groupe de 3 jeunes ayant participé à des actions importantes portées par la Mission Locale de la Thiérache

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 5 / 43 B - Monographie

4. Quelques données de situation socio- démographique et socio-économiques

4.1 Préalables méthodologiques Cette partie propose quelques repères statistiques relatifs à la Thiérache, en incluant des comparaisons, d’une part, avec le département de l’ et la Région, et, d’autre part, entre les trois pôles d’emploi du territoire que sont Hirson, et Vervins (en prenant notamment appui sur les données cartographiées dans l’atlas jeunesse réali- sée au démarrage de cette étude).

Les échelles retenues pour cette monographie sont les suivantes :

- Le bassin d’emploi (ou zone d’emploi) - Les communautés de communes (au nombre de 5 sur la Thiérache) - Les communes

Aux regards des témoignages d’acteurs recueillis, nous avons en effet considéré qu’il s’agissait que la Thiérache pouvait être considérée « dans son ensemble », à la fois en raison du contraste avec le reste du département, mais aussi parce qu’il aurait été trop réducteur de ne s’intéresser qu’à Hirson, sans évoquer la situation des autres pôles d’emploi et des zones rurales (majoritaires dans ce territoire).

4.2 Type de territoire et indicateurs de contexte

♦ La Thiérache à l’aune des « territoires vécus » Au regard de la carte ZAUER1, contenue dans l’atlas réalisé dans le cadre de la 1ère phase de l’étude, l’on peut constater que la Thiérache comprend trois types de terri- toires :

1 « Le ZAUER (Zonage des Aires Urbaines et aires d’emploi de l’Espace Rural) décline le territoire en 6 catégories. Les trois premières constituent l'espace à dominante urbaine : ce sont les pôles urbains, les communes monopolari- sées et les communes multipolarisées. Les autres comprennent à la fois des petites unités urbaines et des com- munes rurales (ces trois catégories représentent l'espace à dominante rurale) » (pour plus de précisions, cf. la pré- sentation du ZAUER dans la présentation de l’atlas régional, présentation de l’outil cartographique).

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- Des pôles d’emploi (en bleu foncé sur la carte), qui comprennent non seulement les communes Hirson, Vervins et Guise, mais aussi (jouxtant Hirson) et Fontaine-lès- Vervins (à côté de Vervins). - Des communes appartenant à la couronne d’un pôle d’emploi de l’espace rural (en bleu clair) - Des communes rurales, consti- tuant la très grande majorité des communes de la Thiérache, comme on peut le voir sur la carte qui figure dans l’atlas et que nous reproduisons ici en partie (en vert)

♦ Indicateurs de contexte comparés

Thiérache Hirson Guise Vervins (zone Aisne Picardie d’emploi) REVENU PAR UNITE DE CONSOMMATION 12 216 12 704 14 203 14 403 16 007 17 353 (médiane 2008) Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 4,7% 8,3% 4,5% 5% 4,0% 3,4% 15/64 ans (2008) Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 37,4% 43,7% 29,1% 37% 31,2% 26,5% 15/24 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 19,8% 18,2% 19,6% 18,9% 17,2% 16,4% 2/5 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 48,1% 52,6% 45,7% 50,8% 50,5% 48,3% 6/14 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 15,7% 16,3% 15,2% 16,5% 16,6% 16,2% 15/17 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 14,0% 11,5% 18,0% 12,1% 13,5% 16,2% 18/24 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 0,9% 0,6% 0,5% 0,6% 0,7% 1,1% 25/29 ans (2008) POPULATION SCOLARISEE 1,5% 0,8% 1,0% 1,1% 1,5% 1,7% 30 ans et plus (2008) PART DES FAMILLES MONO- 20,7% 18,9% 18,4% 13,8% 13,2% 12,7% PARENTALES (2008) PART DES FAMILLES AVEC 4 0,0% 4,4% 2,9% 3,1% 3,0% 3,0% ENF. ET PLUS (2008) PART DE LA POPULATION 4,10% 1,80% 3,90% 3.8% 3,80% 3,9% 00/02 ANS (2008) PART DE LA POPULATION 4,10% 2,10% 4,10% 4% 4% 4,0% 03/05 ANS (2008) PART DE LA POPULATION 6,40% 4% 5,80% 6.5% 6,70% 6,6% 06/10 ANS (2008) PART DE LA POPULATION 8,40% 5% 7,80% 8.9% 9,10% 9,3% 11/17 ANS (2008) PART DE LA POPULATION 8,20% 5,40% 10,10% 7.9% 8,10% 8,9% 18/24 ANS (2008) PART DE LA POPULATION 25,90% 25,30% 25,10% 25.58% 28,80% 26,5% 00/19 ANS (2008)

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4.3 Données socio-démographiques

♦ Une forte baisse de la population en Thiérache En 1999, la population du bassin d’emploi de la Thiérache est de 61 829 habitants (contre 63 726 habitants en 19902). Sur la période 1990-1999, le Pays de Thiérache perd 1 897 habitants environ soit un recul de quasiment 3%. En 2008, le bassin d’emploi ne compte plus que 59 925 habitants.

De façon assez flagrante dans la carte suivante, on relève que la Thiérache est le terri- toire de Picardie où cette baisse de la population est la plus significative (les zones bleues sont celles où la baisse de la population a été la plus importante). Ces éléments donnent également des indications sur le manque d’attractivité du territoire.

Evolution de la population (zones d’emploi) entre 1999 et 2008

Source : INSEE

2 Cf. INSEE.

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Sur ce dernier point, il faut d’ailleurs relever que cette évolution à la baisse de la popu- lation du bassin d’emploi n’est pas due au solde naturel (celui-ci est en effet positif, et s’élève à +0,2%) mais bien à un solde « entrées / sorties » négatif qui atteint -0,5%.

♦ Une proportion de jeunes identique à la moyenne picarde… Une des particularités de la Thiérache est qu’elle compte à la fois une part importante de jeune de moins de 20 ans et une part tout aussi significative de personnes de plus de 75 ans.

Au total, en 2008, la zone d’emploi de la Thiérache compte 15 334 jeunes de moins de 20 ans. En proportion, les jeunes sont ainsi tout aussi présents en Thiérache que dans l’ensemble de la Picardie. Pour rappel, la part des jeunes sur le bassin d’emploi de la Thiérache est de 25,6% en 2008 lorsqu’elle est de 26,3% pour la Picardie, et de 24,9% pour la . Dans l’Aisne, c’est surtout à l’ouest de Saint-Quentin, et entre et Château-Thierry que l’on compte une part de jeunes supérieures à 27%.

Il n’en demeurent pas moins que certaines zones rurales de la Thiérache affichent un taux de « jeunes de moins de 20 ans » supérieur à 25%, voire 30%, comme on peut le voir sur la carte suivante. Et, parmi elles, des zones assez éloignées des pôles d’emploi du territoire, comme la partie sud-ouest de la Thiérache du Centre, ou cer- taines communes des Portes de la Thiérache.

LA THIERACHE - PART DES MOINS DE 20 ANS (2008)

CC de la Thiérache d'Aumale LE NOUVION EN T.

LA CAPELLE

HIRSON CC de la Région de Guise

GUISE CC du Pays des Trois Rivières Part de la population des moins de 20 ans: VERVINS sup à 40% CC de la Thiérache du Centre [ 35% ; 40% [ [ 30% ; 35% [ [ 25% ; 30% [ [ 20% ; 25% [ [ 0% ; 20% [ CC des Portes de la Thiérache

ROZOY SUR SERRE

Réalisation: COPAS Source: INSEE - recensement de la population 2008

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♦ … qui ne doit pas masquer une tendance au vieillissement de la population Si la population des moins de 20 ans demeure encore importante en Thiérache, celle des 18-24 ans se concentre dans les pôles d’emploi du territoire que sont Vervins, Guise et Hirson. Mais les statistiques indiquent que ces jeunes adultes tendent à quitter la Thiérache. A Hirson, par exemple, on relève une baisse de la population particuliè- rement important concernant les 18-24 ans (- 0,95%3). D’autres éléments tirés d’une analyse statistique du Pays de La Thiérache indique que les jeunes scolarisés sont très nombreux à quitter le territoire pour aller suivre leur scolarité dans le Saint-Quentinois4.

Par ailleurs, les données statistiques révèlent une très forte proportion des plus de 75 ans. Cette partie de la population a effet considérablement augmenté entre les deux pé- riodes de recensement (7,6% en 1999 et 9,7% en 2008). Ces données soulignent un net vieillissement de la population (en outre, l’indice de vieillissement, dont il est fait état dans l’étude statistique portant sur la Thiérache, et déjà citée, est de 15 points supé- rieur à celui de la Picardie).

La Thiérache se distingue donc des autres territoires de la Picardie par la forte pré- sence d’une population âgée, comme on peut le voir sur la carte suivante (échelle Pi- cardie, découpage par EPCI). On y relève en effet que seuls les différents territoires de la Picardie atlantique affichent un ratio « moins de 20 ans / plus de 60 ans » moins éle- vé que la Thiérache.

3 Cf. le document COPAS intitulé « Analyse transversale des données de l’atlas régional », avril 2011, page 10. 4 Cf. la monographie de la Thiérache, Conseil régional, mars 2006, page 50.

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Ratio entre les « moins de 20 ans » et les « plus de 60 ans » (échelle Picardie, découpage par EPCI)

Source : INSEE

è Cette forme de « décalage » démographique – une proportion moyenne de jeunes dans un territoire vieillissant – nous autorise à faire l’hypothèse d’un « fossé » entre les jeunes et les autres tranches d’âges, bien souvent mieux re- présenté dans les instances municipales qui pilotent les politiques à destination de la jeunesse. Ce « décalage » doit donc nous inviter à s’intéresser aux repré- sentations dominantes des acteurs du territoire sur la jeunesse, mais aussi à la philosophie des dispositifs qui sont mis en place.

♦ Les familles monoparentales Les données relatives à la monoparentalité en Thiérache ne font ressortir aucune dis- tinction significative avec les autres territoires. Avec un taux de 13,8% de familles mo- noparentales, la Thiérache se situe en effet très légèrement au-dessus du taux constaté dans l’Aisne (13,2%) et en Picardie (12,7%).

En dehors des pôles d’emploi qui enregistrent des taux de familles monoparentales su- périeurs à 20%, on retrouve des taux élevés à des endroits où il y a une forte proportion de jeunes de moins de 20 ans, comme à l’ouest de Vervins, ou encore à la frontière

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 11 / 43 entre le Pays des Trois Rivières et des Portes de la Thiérache, comme on peut le voir dans la carte ci-dessous.

LA THIERACHE - PART DES FAMILLES MONOPARENTALES (2008)

CC de la Thiérache d'Aumale LE NOUVION EN T.

LA CAPELLE

HIRSON CC de la Région de Guise

GUISE CC du Pays des Trois Rivières Part des familles monoparentales (2008): VERVINS sup à 25% [ 20% ; 25% [ CC de la Thiérache du Centre [ 15% ; 20% [ [ 10% ; 15% [ [ 5% ; 10% [ inf à 5% CC des Portes de la Thiérache

ROZOY SUR SERRE

Réalisation: COPAS Source: INSEE - recensement de la population 2008

4.4 Données socio-économiques

♦ Un taux de chômage important, qui affecte fortement les jeunes La Thiérache est l’un des territoires de Picardie les plus touchés par le chômage. Le taux de chômage est de 14,3% (contre 10,9% sur l’ensemble de la Picardie, et 13,3% dans l’Aisne).

Le chômage est particulièrement important chez les jeunes actifs. Comme on peut le voir dans le tableau statistique présenté au début la présente partie, la part des chô- meurs de 15-24 ans sur l’ensemble des actifs de 15 à 64 ans s’élèvent à 5%, contre 4% dans l’Aisne, et 3,4% en Picardie. Surtout, la part de chômeurs de 15-24 ans sur l’ensemble des actifs du même âge dépasse de près de 6 points celle du département, et de plus de 10 points celle de la Région (37% en Thiérache, 31,2% dans l’Aisne et 26,5% en Picardie).

Par ailleurs, si l’on réduit la focale pour s’intéresser aux pôles d’emploi du territoire, on note que :

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- Hirson présente un taux sensiblement identique à celui du bassin d’emploi, - Guise affiche un taux alarmant de 43,7% (ce qui signifie que plus d’un jeune actif sur trois est au chômage) - Vervins a un taux inférieur à la moyenne (29,1%) (sans doute, mais ce n’est qu’une hypothèse) en raison de la présence du siège de la Mission Locale de la Thiérache.

Enfin, sur l’ensemble de la Thiérarche et en considérant les zones rurales, on relève en- fin que la partie sud ouest de la Thiérache du centre – les communes de Puisieux-et- Clanlieu, le Hérie-la-Vieville, , Berlancourt, Houry, Lugny, ou encore – se distingue par la présence de plus de 50% de jeunes chômeurs sur l’ensemble des jeunes actifs. Cette proportion reste également importante autour des pôles d’emploi que sont Guise et Hirson, ou encore dans la ville de Rosoy-sur-Serre. Relevons enfin que la partie Nord de la Thiérache du Centre affiche un taux de chô- mage légèrement moins important, qui s’explique en partie par la proximité avec une ville comme Fourmies (qui n’apparaît pas sur la carte car elle est situé dans le Nord- Pas-de-Calais).

LA THIERACHE - PART DES CHÔMEURS 15-24 ANS PAR RAPPORT AUX ACTIFS 15-24 ANS (2008)

CC de la Thiérache d'Aumale LE NOUVION EN T.

LA CAPELLE

HIRSON CC de la Région de Guise

GUISE

CC du Pays des Trois Rivières Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 15/24 ans (2008) VERVINS sup à 50% [ 40% ; 50% [ CC de la Thiérache du Centre [ 30% ; 40% [ [ 20% ; 30% [ [ 10% ; 20% [ inf à 10%

CC des Portes de la Thiérache

ROZOY SUR SERRE

Réalisation: COPAS Source: INSEE - recensement de la population 2008

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♦ Les revenus et les inégalités Comme la plupart des zones rurales de Picardie, les revenus fiscaux sont moindres sur le territoire de la Thiérache. Mais la pauvreté semble davantage présente sur ce terri- toire, avec un revenu médian de 14 023 euros, tandis qu’il s’élève à 16 007 dans l’Aisne, et à 17 353 euros en Picardie (INSEE 2008). A Hirson et à Guise, le revenu médian par unité de consommation est même moindre, puisqu’il dépasse à peine 12 000 euros (alors qu’il se situe en moyenne autour de 16 000 euros dans les autres pôles d’emploi de la Région).

LA THIERACHE - REVENUS FISCAUX LOCALISES DES MENAGES PAR UNITE DE CONSOMMATION (2008)

LE NOUVION EN TH. CC de la Thiérache d'Aumale

LA CAPELLE

HIRSON

CC de la Région de Guise

GUISE CC du Pays des Trois Rivières CC de la Thiérache du Centre

VERVINS Revenus fiscaux des ménages par unité de consommation 2008:

sup à 17 500€ [ 15 000€ ; 17 500€ [ [ 12 500€ ; 15 000€ [ CC des Portes de la Thiérache inf à 12 500€ Données non disponibles ROZOY SUR SERRE

Réalisation: COPAS - Etude d'observation sur les loisirs éducatifs et les pratiques culturelles de la jeunesse en Picardie Source : Insee-DGFip, Revenus fiscaux localisés des ménages.

Le rapport inter-décile, qui est un indicateur des inégalités socio-économiques sur un territoire, est également très élevé dans quelques villes de la Thiérache, comme dans les pôles d’emploi, à Hirson, ou à Guise, où il est supérieur à 12 (16,6 à Hirson et 15,8 à Guise, selon l’INSEE).

Ces éléments indiquent donc que la Thiérache est un territoire marqué à la fois par la pauvreté, et par les inégalités de revenus, notamment dans les pôles d’emploi.

4.5 Données relatives à la scolarité La population scolarisée est concentrée sur quelques communes du territoire qui cor- respondent, bien évidemment, aux communes où se trouvent les collèges et les lycées. On y trouve les pôles d’emploi, bien sûr, mais aussi Le Nouvion, La Capelle dans la Thiérache du Centre, ou encore Saint-Michel dans le Pays des Trois Rivières et enfin

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Rosoy-sur-Serre et Montcornet dans la communauté de communes des Portes de la Thiérache.

LA THIERACHE - POPULATION SCOLARISEE (2008)

CC de la Thiérache d'Aumale LE NOUVION EN T.

LA CAPELLE

CC de la Région de Guise HIRSON

Tranches d'âge: GUISE 2-5 ans CC du Pays des Trois Rivières 6-14 ans 15-17 ans 18-24 ans VERVINS 25-29 ans 30 ans ou plus

CC de la Thiérache du Centre Effectifs (2008): 2 500 1 250 CC des Portes de la Thiérache 625

ROZOY SUR SERRE

Réalisation: COPAS Source: INSEE- Recensement de la population 2008

Par ailleurs, on relève que le taux de scolarisation (cf. le tableau ci-dessous) diminue assez nettement à partir de 18 ans, puisque seulement un jeune de 18 à 24 ans sur trois est scolarisé dans le bassin d’emploi de la Thiérache (34,2%). A titre de comparai- son, le quartier d’Amiens Elbeuf, qui a également fait l’objet d’une monographie, affiche un taux de scolarisation des 18 à 24 ans de 46%. Cependant, le taux de la Thiérache est comparable aux communes situées dans des zones d’emploi et les communes ru- rales (respectivement 34,2% et 34,3%).

30 ans ou 2-5 ans 6-14 ans 15-17 ans 18-24 ans 25-29 ans 2007 plus Pop 3 093 6 865 2 342 4 710 3 323 38 045 Pop scolarisée 2 504 6 742 2 184 1 609 73 150 81% 98,2% 93,3% 34,2% 2,2% 0,4%

Enfin, les données relatives aux niveaux de formation indiquent que 28,8% de la popu- lation de 15 ans non scolarisée est « sans diplôme ». Si on ajoute aux « sans diplôme » les personnes ayant un certificat d’études primaires ou un BEPC, on compte 53,8% de la population thiérachienne (bassin d’emploi). Sur le quartier d’Elbeuf à Amiens (quar-

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 15 / 43 tier « politique de la ville » et donc davantage concerné par des dispositifs spécifiques), ces deux taux sont respectivement de 23,6% et de 40,2%.

Ces données viennent renforcer l’idée d’une certaine inégalité entre les territoires ruraux de Picardie – la Thiérache en premier lieu – qui rencontrent des difficultés importantes (en matière de pauvreté, de chômage, d’accès à l’emploi, etc.) sans bénéficier de dispositifs spécifiques, et certains quartiers des pôles urbains de Picardie qui sont plus fréquemment la cible d’actions financées par les pouvoirs publics, dans le cadre de la politique de la ville par exemple.

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 16 / 43 5. Actions, dispositifs, opérations : l’offre en direction des jeunes

Cette partie recense d’une part quelques éléments sur les principales orientations édu- catives des dispositifs à l’œuvre à Hirson (CUCS, CISPD et PEL)5, et propose d’autre part une description d’actions mises en œuvre dans le cadre de ces mêmes dispositifs hirsonnais, mais aussi d’autres actions portées par les centres sociaux que nous avons rencontrés : Tac Tic Animation (Communauté de communes de la Thiérache du centre) et APTAHR (Communauté de communes des Trois Rivières, hors Hirson).

5.1 Orientations des documents cadre et dispositifs (autour de la ville d’Hirson)

♦ Le CISPD6 (villes de Buire, Hirson et Saint-Michel) Le CISPD est l’un des principaux dispositifs permettant de financer des actions à desti- nation de la jeunesse. Créé en 1998 (d’abord sous la forme d’un Conseil Intercommu- nal de Prévention de la Délinquance - CIPD, puis sous la forme actuelle à partir de 2002), il s’applique aux villes de Buire, d’Hirson et de Saint-Michel, toutes trois situées dans la Communauté de Communes des Trois Rivières, dans le nord est de la Thié- rache.

• Appréciations sur les documents remis

Il faut relever que les deux documents dont nous disposons – le bilan du CISPD sur l’année 2010 et le CISPD de l’année 2011 – ne comportent pas de diagnostic des situa- tions rencontrées en matière de prévention de la délinquance, ni de parties dédiées au repérage des enjeux et à la définition des orientations stratégiques à suivre. Ces deux documents comprennent en fait exclusivement des fiches présentant les actions com- prises dans le cadre du CISPD, fiches incluant une partie évaluative quant au bilan du CISPD 2010.

• La programmation proposée en 2010

Le bilan 2010 du CISPD donne des informations sur le niveau de réalisation de 35 ac- tions (dont 7 actions inscrites également au Contrat Local de Sécurité) :

5 Le temps imparti pour cette enquête ne nous a pas permis de recueillir des éléments précis sur les dispositifs qui existent à Guise et Vervins. 6 Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance.

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Axe de travail Nombre d’actions Axe 1 : Prévention des conduites à 11 actions risques et addictives Axe 2 : Aide aux victimes, médiation so- 13 actions ciale et citoyenneté Axe 3 : Sécurité routière 2 actions Axe 4 : Développement des quartiers 8 actions Axe 5 : Veille éducative 1 action Sur ces 28 actions (CISPD hors CLS), 21 ont été réalisées, 3 sont en cours, 2 ont été reportées et 2 autres suspendues.

• La programmation 2011 du CISPD : peu de changements relevés

S’agissant de la programmation 2011, on relève d’abord une baisse nombre global d’action, puisqu’on ne compte désormais plus que 26 actions. On y retrouve cependant les mêmes axes de travail que pour l’année 2010, et sensiblement les mêmes actions (seulement 5 actions nouvelles).

Axe de travail Nombre d’actions Axe 1 : Prévention des conduites à 8 actions risques et addictives Axe 2 : Aide aux victimes, médiation so- 8 actions ciale et citoyenneté Axe 3 : Sécurité routière 1 action Axe 4 : Développement des quartiers 7 actions Axe 5 : Veille éducative 2 actions

• Des actions intéressantes mais un faible nombre d’acteurs associatifs

Certaines actions présentées dans le cadre de ces deux programmations sont intéres- santes en ce qu’elles revêtent une forte dimension éducative. On pense notamment aux actions « Opération ‘pass’sport’ » et « Séjour ‘multi-activités’ », que nous décrivons plus loin dans ce même document. Sur l’année 2011, on relève les actions (nouvelles) « Rallye citoyen », visant à faire découvrir à des jeunes de SEGPA7 les institutions ou le patrimoine municipal. Ou encore l’action « Danse ton corps ! Danse ta vie ! » intéres- sante en ce qu’elle cible les adolescentes de 12 à 15 ans. Il n’en reste pas moins que – en toute logique pour ce que concerne un tel dispositif – la plupart des actions visent à agir sur la prévention, la délinquance, l’insécurité, etc. Et surtout, sur les deux années,

7 Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté.

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 18 / 43 on compte de nombreuses actions où interviennent les gendarmes de la BPDJ (Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile), tandis qu’il y a très peu d’acteurs associatifs parmi les porteurs d’action.

♦ Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale de la Ville d’Hirson • Les territoires concernés

6 zones ont été retenues au titre du CUCS d’Hirson : le quartier du Champ Roland (zone 1), le quartier de Blangy (zone 2) et le centre-ville (zone 2) sont classés en priori- té de niveau 2 ; le quartier de la gare (zone 4), le quartier de la ZAC (zone 5) et les quartiers de l’Espace Economique et Social La Bonne Source et de la Verrerie (zone 6).

• Le CUCS comme outil de « mise en cohérence »

Le CUCS est présenté comme devant favoriser « la mise en cohérence » et « une meil- leure intégration des dispositifs » (cf. page 4 du CUCS) de l’ensemble des dispositifs vi- sant le développement social ou un meilleure équilibre social entre les quartiers de la Ville d’Hirson : Contrat Educatif Local (aujourd’hui remplacé par le PEL), Contrat Petite Enfance, Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, ou encore, plus globalement, les contrats de développement signés avec la Région (Con- trat Régional d’Agglomération) et avec le Département (Contrat Départemental de Dé- veloppement Local).

Cette fonction de « coordination » se traduit pour l’essentiel en une mission attribuée au comité de pilotage, à savoir « veiller à la cohérence interne de l’ensemble du projet et à son articulation avec les autres outils de programmation et de planification du territoire. Nous n’avons pas eu d’autres documents (évaluation notamment) permettant de porter une appréciation sur cette fonction de coordination et de mise en cohérence du CUCS.

• Les orientations stratégiques du CUCS

Les théma- Les orientations prioritaires Les actions Les acteurs tiques Habitat et Améliorer l’image des quartiers, Résorption de l’habitat insalubre OPAC cadre de vie le cadre de vie des habitants et via la réalisation d’une opération favoriser la mixité sociale par an d’acquisition- réhabilitation Accès à Lutter contre l’exclusion et le Développer des ateliers Centre social et l’emploi et dév. chômage d’insertion CCAS éco. Réussite édu- Garantir l’égalité des chances, - Programme d’actions du Con- Ville et associa- cative favoriser l’intégration sociale des trat Educatif Local (CEL) tions enfants et des jeunes et soutenir la fonction parentale - Programme d’actions du Con- Ville et associa- trat Enfance Jeunesse (CEJ) tions

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- Contrat Local Centre Social et d’Accompagnement à la Scolari- d’Animation cul- té (CLAS) turelle - Dispositif « école ouverte » Collège Cobast

- Programme « Ville, vie, va- Ville et associa- cances » tions

- Création d’une cellule de veille Centre Social et éducative d’Animation cul- turelle - Développement du Point In- Centre Social et formation Jeunesse d’Animation cul- turelle - Opération Pass’sports Office municipal des Sports

- Organisation de sorties de sé- Francas jours de vacances pour les fa- milles Prévention et Garantir l’égalité d’accès aux - Création d’un atelier santé ville CCAS éducation à la soins et améliorer le niveau de - Programme de prévention des CISPD santé santé général toxicomanies Citoyenneté et Garantir l’accès au droit, soute- - Développer le Point d’Accès au ADAVM (aide prévention de nir les victimes et développer la Droit aux victimes et la délinquance justice de proximité - Animation d’un réseau de lutte médiation) contre les violences conjugales CCAS

On relève qu’hormis la thématique « Habitat et cadre de vie » et « Emploi, insertion », les actions du CUCS se distinguent assez peu de celles qui sont présentées dans le cadre du CISPD. Sur la thématique « Réussite éducative » notamment, on retrouve des actions ayant une forte dimension « Prévention », comme l’action Pass’sports, déjà fi- nancée dans le cadre du CISPD, et dont les gendarmes de la BPDJ sont les principaux intervenants ; ou encore le programme « Ville, Vie, Vacances », généralement classé dans la catégorie « Prévention de la délinquance ». Les autres actions qui figurent dans le CUCS ne sont pas, à proprement parler, des actions, mais des dispositifs que le CUCS contribuent à financer. Enfin, un autre point, déjà relevé à propos du CISPD, c’est la faible présence des acteurs associatifs parmi les porteurs d’action.

♦ Le PEL • Les grands principes

Entré en vigueur en 2006, la première finalité du PEL d’Hirson est la mise en place d’une stratégie collective autour des actions éducatives locales : il s’agit de « donner un cadre, des repères, une ligne directrice, un but, une finalité, non pas aux jeunes, mais aux intervenants » [cf. 1ère page du document]. Le PEL vient concrétiser la volonté d’une plus grande coordination entre les différentes actions éducatives portées par la ville d’Hirson, affirmée par les différents acteurs locaux de l’éducation, et a donc voca-

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 20 / 43 tion à englober, d’une certaine manière, les autres dispositifs permettant de financer des actions éducatives (CUCS, CISPD).

Cette meilleure coordination passe par la formulation d’une conception plus globale de l’éducation, intégrant non seulement l’école, qui occupe un rôle central dans le système éducatif, mais aussi les parents – première espace de socialisation – et les acteurs du temps libre. Il s’agit ensuite de travailler à la complémentarité entre ces différents ac- teurs (principe de « reconnaissance mutuelle des co-éducateurs »).

Par ailleurs, s’il est réaffirmé la préoccupation de la ville sur les questions d’incivilités et d’insécurité, on relève que la dimension éducative est davantage présente dans le PEL que dans les autres documents (CISPD et CUCS) analysés dans la présente monogra- phie.

• Les principaux objectifs du PEL

Objectifs généraux du projet éducatif lo- • Renforcer la qualité de l’accueil éducatif, cal de la ville d’Hirson • Développer l’accessibilité aux services • Renforcer l’implication des enfants et des jeunes dans la dynamique locale • Favoriser la valorisation du rôle éducatif des parents • Renforcer la mise en cohérence et la coordi- nation des actions et des dispositifs Objectifs éducatifs « Hirson « ville amie des enfants », donne toute sa dimension éducative au projet édu- catif local d’Hirson. La commune investit de- puis 11 ans dans sa jeunesse. Les actions de la commune tendent à permettre à sa jeu- nesse d’accéder à un système éducatif de qualité. Les valeurs éducatives défendues par la ville d’Hirson sont la Liberté de choix, l’Egalité de tous les enfants, la Fraternité entre tous les habitants dans et pour un système éducatif de qualité » Objectifs territoriaux et Renforcer la • Développer les actions de formation pour les stratégiques qualité de personnels permanents ou vacataires des ac- l’accueil tivités péri ou extra scolaires, éducatif • Augmenter le nombre d’animateurs et de di- recteurs pour les centres de loisirs et les structures éducatives existants sur la ville, • Développer des actions nouvelles, • Créer une charte de qualité locale pour les actions éducatives sur le modèle de la charte de qualité des centres de loisirs, • Renforcer les actions existantes. Développer • Développer le nombre de places d’accueil l’accessibilité pendant le péri scolaire et extra scolaire,

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aux services • Augmenter le nombre de places dans les ac- tions d’accompagnement à la scolarité, • Développer l’accueil des enfants de moins de deux ans, • Renforcer les actions de prévention, • Développer les actions à destination des ado- lescents, • Développer les actions d’information et d’accès à la formation. Renforcer • Développer les actions de consultations des l’implication enfants et des jeunes, de la popula- • Instaurer des pratiques d’accompagnement tion dans la dans une optique de développement associa- tif. dynamique locale Valoriser le • Développer les actions d’écoute et rôle éducatif d’accompagnement à la parentalité, des parents • Favoriser les actions à destination des fa- milles,

• Impliquer les parents dans les instances de débat et d’échange du projet éducatif local, • Développer les parents relais. Renforcer la • Création d’une coordination des dispositifs mise en co- enfance, jeunesse et famille sur Hirson, hérence et la • Création d’un comité de pilotage unique pour coordination tous les dispositifs enfance, jeunesse et édu- catif au sein du projet éducatif local, des actions et des dis- • Renforcer l’action d’évaluation et de suivi des dispositifs, positifs • Renforcer le rôle du comité de pilotage tech- nique, • Création d’un dossier unique de subvention permettant une simplification des démarches administratives pour les porteurs de projets, • Renforcement de l’action des groupes de tra- vail thématiques dans la réflexion et le débat, • Développer les actions de communication au- tour des dispositifs.

• Les instances de pilotage

Le PEL s’est doté de deux instances de pilotage : un comité de pilotage et un comité de pilotage « technique ».

Le comité de pilotage, présidé par le Maire, et constitué de représentants des élus, des représentants de l’Etat (Education nationale, DDCS…), des institutions partenaires (CAF…), de représentations des associations et des chefs de projet. Il se réunit une fois par an.

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Il a pour mission :

- de définir les orientations du projet éducatif local dont vont émaner les objectifs opérationnels des différents dispositifs - de valider les projets proposés - de valider les dispositifs inclus dans le projet éducatif local - de valider les travaux des commissions - d’informer et de communiquer auprès des partenaires et des habitants de la commune sur les travaux et les objectifs du projet - de s’assurer de la mise en œuvre du projet éducatif local - de veiller à ce que son évaluation soit conduite de façon concomitante

Le comité de pilotage « technique » se réunit deux fois par an et est animé par le coordinateur du projet éducatif local.

Ses missions sont les suivantes :

- Préparer les travaux du comité de pilotage en charge du projet éducatif local - De faire le suivi des actions enfance et jeunesse inscrites directement ou indirec- tement dans le projet éducatif local - De proposer au comité de pilotage des axes d’actions et de stratégies en pre- nant en compte les aspects d’ordre éducatif, culturel, social, de prévention, éco- nomique et de dynamique locale - De prendre en compte les travaux des groupes de travail pour permettre au co- mité de pilotage de définir les orientations du projet éducatif local - D’assurer le suivi et l’évaluation des dispositifs

Enfin, il faut noter l’existence de groupes de travail, dont il vient d’être fait allusion, dé- finis comme « le reflet des besoins et des attentes de la population dans le domaine de l’éducation ». Ils auront donc pour rôle « d’éclairer le comité de pilotage sur les besoins des enfants, des jeunes et des familles de la commune d’Hirson ».

5.2 Description de quelques actions/pratiques pertinentes Nous rendons compte ci-dessous de quelques actions « remarquables « (c'est-à-dire plutôt innovantes et/ou mises en valeur par les différents acteurs que nous avons ren- contrés sur les différents territoires de la Thiérache), sur chacun des différents axes de la nomenclature réalisée dans le cadre de notre étude (et que nous reproduisons ici en annexe)8.

8 Il ne s’agit pas donc ici de faire un recensement exhaustif de actions à dimension éducative relevées sur le territoire de la Thiérache.

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Si elles n’ont pas de valeur évaluative (ni sur l’impact, ni sur la pertinence), ces descrip- tions permettent de mettre l’accent sur la particularité des actions et l’intérêt qu’elles peuvent représenter d’un point de vue éducatif.

♦ Axe 1 : renforcer les conditions de la réussite scolaire et l’accès aux savoirs Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant à soutenir la scolarité / favoriser la réus- site scolaire et à renforcer l’accès aux savoirs :

Portée par le CISPD, la cellule de veille éducative vise à traiter l’absentéisme sco- laire. Le travail est réalisé en partenariat avec l’inspection académique et, à propos des collégiens, avec le collège de Cobast. Le comité de pilotage comprend des acteurs ins- titutionnels (la Ville d’Hirson, l’Inspection Académique, le CISPD, la BPDJ…) et des ac- teurs associatifs (les Francas). L’autre instance de pilotage de cette action est le comité « technique », qui a pour but de traiter les différentes situations de certains jeunes, après un diagnostic interpartenarial. L’originalité de cette cellule de veille est qu’elle in- tervient également auprès des élèves du primaire, autour d’actions visant à « prévenir » le décrochage scolaire.

Pour améliorer l’efficacité de cette cellule de veille, la Ville souhaite mettre en place des actions connexes, comme un « café des parents », pour aller à la rencontre des parents de l’école primaire, pour échanger avec eux sur leurs attentes vis-à-vis de l’école et dans un objectif de « rapprochement », mais selon une approche ludique (travail autour du jeu). Ce projet est en réflexion depuis quelques mois.

♦ Axe 2 : promouvoir l’épanouissement des jeunes par l’accès et la pratique d’activités culturelles, sportives, etc. Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant l’épanouissement, le bien être et l’ouverture des jeunes : activités culturelles, sportives, scientifiques et de loisirs

Les jeux interquartiers réalisés dans le cadre du CISPD vise à faire découvrir une cinquantaine de jeux traditionnels (le jeu de la grenouille, du fer à cheval, des anneaux, le billard hollandais, etc.) à des jeunes de 8 à 12 ans, inscrits dans les différents centres de loisirs de la Ville. Certains des jeux sont des jeux traditionnels picards joués pendant plusieurs décennies sur le territoire par les grands-parents des jeunes participants. Cette action permet de travailler le respect des règles, l’adresse, la concentration, etc. Elle permet également de relativiser l’importance de l’ordinateur ou de la console de jeux dans l’expérience ludique.

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♦ Axe 3 : citoyenneté, solidarité et mobilité Renvoyant aux actions et dispositifs visant à soutenir et encourager les initiatives favorisant l’autonomie et l’engagement personnel et collectif des jeunes et l’apprentissage de la vie so- ciale et de la solidarité.

Une autre action, intitulée « Opération Pass’sport », vise à inculquer à une douzaine jeunes le principe de réciprocité, en leur offrant des « mercredis découvertes, initiation aux sports ou loisirs » (accrobranches, canoë, cinéma, karting, etc.) en échange de « mercredis citoyens ». L’action est portée par l’office municipal des sports. Elle dé- marre par une réunion d’information auprès des parents (un contrat est signé entre ces derniers, les jeunes et le CISPD), puis se déroulent avec le soutien des médiateurs so- ciaux et des gendarmes de la BPDJ. Selon le coordinateur PEL et CUCS « volet jeu- nesse » de la Ville d’Hirson, cette action est née de la prise de conscience qu’une offre de loisirs totalement gratuite est contreproductive d’un point de vue éducatif. Comme il était par ailleurs exclu de demander une forte participation financière aux participants, l’idée de d’engager les jeunes à établir des activités citoyennes a émergé. L’adjoint au maire chargé de la jeunesse indique être très satisfait de cette activité, et relève, par exemple, que les jeunes sont très investis dans les activités intergénérationnelles réali- sées avec deux maisons de retraites du secteur. Au départ pas très « motivés » pour réaliser ce type d’activités citoyennes, les jeunes disent être satisfaits d’avoir ac- complis des actions « utiles », ou pour le dire dans d’autres termes, d’avoir mon- tré qu’ils étaient en capacité de contribuer à la restauration du lien social.

Le « séjour multi-activité », toujours menée dans le cadre du CISPD, cible des jeunes de moins de 17 ans ayant fait l’objet d’une médiation pour incivilités sur le quartier de Blangy. Il leur est ensuite proposé des activités sportives (VTT, tir à l’arc, courses d’orientation, etc., effectuées à la base de loisirs d’Hirson) pour les faire « sortir du quartier », en partenariat avec la base de loisirs d’Hirson. Pendant ce séjour (4 jours et 3 nuits), les gendarmes de la BPDJ accompagnent les jeunes pendant les activités. Cette proximité permet des discussions éducatives autour de la délinquance. Le séjour comprend également une soirée pendant laquelle les jeunes préparent un repas et invi- tent les parents, et aussi des élus. Cette soirée est l’occasion d’échanges conviviaux entre des personnes qui ont peu l’habitude de discuter ensemble, et peut être l’occasion d’aborder des sujets plus ou moins sensibles (les incivilités des enfants, les relations filles / garçons chez les jeunes, etc.) d’une façon informelle. C’est un des mo- ments forts de ce séjour.

Il nous paraît également intéressant de rendre compte d’une action portée par le centre social APTAHR (couvrant la Communauté de communes des 3 rivières, hors Hirson). L’action « Caravane Ados » consiste en la mise en place d’un lieu itinérant sillonnant un certain nombres de communes du territoire (Saint-Michel, , , Origny- en-Thiérache et ) mais touchant des jeunes des 23 communes adhérentes. Après avoir défini un calendrier d’intervention, la Caravane se déplace pour inviter les jeunes de 13 à 17 ans à pratiquer une activité. Elle constituent surtout un lieu

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 25 / 43 d’échange pour recenser les besoins des jeunes, et leur permettre de proposer un pro- jet, tout en leur proposant un accompagnement au « montage ». A noter également, la caravane a été aménagée et décorée (graph…) avec l’aide des jeunes. Cette action est intéressante car, d’une part, elle est une réponse à la difficulté à toucher certains com- munes rurales, et, d’autre part, elle permet de travailler avec les jeunes sur l’idée de mobilité et d’itinérance, en leur donnant la possibilité de se déplacer d’une commune à l’autre. Le centre social Tac Tic Animation met en place une action semblable sur le contenu (les « clubs jeunes »), mais différente en ce sens qu’elle se déroule lors de « permanences » dans des locaux mis à disposition par les communes. A Boué, le « club jeunes » s’est traduit par un partenariat étroit avec une association portée par des jeunes de la commune. En ce sens, cette action a donné l’occasion à des jeunes de se « responsabiliser » en s’engageant dans un certain nombre d’action, et a permis de travailler sur la citoyenneté de façon très concrète.

♦ Axe 4 : Éducation à la santé, sensibilisation et prévention Renvoyant aux actions et dispositifs visant la promotion de la santé et du bien être des jeunes, la sensibilisation à la santé et la prévention des troubles (anorexie, boulimie, toxicomanies, suicide, stress, violences sexuelles etc.)

A propos des actions du CISPD à relever sur ce thème, on relève la diversité des sup- ports utilisés. Certaines utilisent le support théâtral, comme les « interventions théâ- trales au Collège Georges Cobast » d’Hirson (thème : l’usage des produits « nocifs »), assurées par l’association « Au fil du Temps et des Saisons » (40 élèves concernés), ou encore les séances de théâtre interactif dans les établissements scolaires sur les drogues et le SIDA (type « théâtre-forum »), porté par la compagnie Nomades de Bel- leu (450 élèves des collèges Cobast, Savart et du Lycée).

D’autres s’appuient sur la pratique sportive, comme l’action appelée « Olympiades 2010 », consistant en la mise en place d’ateliers ludiques et sportifs permettant d’apprendre à « gérer ses émotions » et de « comprendre le rôle d’une drogue et ses conséquences ». La Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile de l’Aisne est maître d’œuvre de cette action qui a touché 218 élèves.

♦ Axe 5 : formation / insertion professionnelle / emploi Renvoyant aux actions et dispositifs visant la formation, l’insertion sociale et professionnelle et l’accès à l’emploi des jeunes et en particulier de ceux qui en sont le plus éloignés

Parmi les actions mises en place par la Mission Locale de Thiérache, l’action « JOB à l’horizon » avait pour objectif de favoriser l’accès à l’emploi des jeunes par la décou- verte des métiers saisonniers de la mer et de la montagne. Encadrés par des profes- sionnels de l’animation socio-éducative, deux groupes ont participé à cette action : un groupe de 15 jeunes est parti 10 jours à La fontaine Lupin à Saint-Nazaire en Charente-

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Maritime, et un groupe de 14 jeunes est parti à Aiguilles en Queyras. Visites d’entreprises, rencontres avec des professionnels, démarchages, prospections, concer- naient l’essentiel de chacun des 2 séjours, entrecoupés toutefois par des activités de détente et de découverte de la région. Cette action est intéressante car elle comporte plusieurs dimensions : l’emploi (découverte des métiers et occasion de décocher un emploi), la mobilité (séjour de 10 jours hors de la Thiérache), le social (vie de groupe, contacts humains). Durant le séjour mer et à son terme, 4 jeunes ont obtenu un job pour la période estivale ; au terme du séjour montagne, ce sont 3 jeunes qui ont décro- ché un emploi saisonnier d’été et pour l’hiver.

5.3 En conclusion concernant l’offre jeunesse Les brèves descriptions que nous venons de faire témoignent de la présence d’un cer- tain nombre d’actions relativement intéressantes d’un point de vue éducatif, et ce, sur chacun des axes de notre nomenclature (cf. annexe).

Cependant, l’analyse des dispositifs à l’œuvre sur la ville d’Hirson fait selon nous res- sortir la prédominance d’une grille de lecture « sécurité / prévention ». Ce qui est tout à fait logique concernant des dispositifs comme le CISPD, mais qui l’est sans doute un peu moins s’agissant du CUCS. Le risque est alors de voir les jeunes comme étant exclusivement les auteurs d’incivilités, de comportements à risque, etc. et de ne concevoir que des actions ayant pour but de rappeler les règles, l’autorité, les bonnes conduites, ou encore de « canaliser les énergies négatives » (pour re- prendre une expression utilisée dans la fiche décrivant une action sur les arts de rue).

Par ailleurs, l’offre semble être portée en grande partie par des acteurs municipaux. Les acteurs associatifs sont peu présents. Pourtant, le tissu associatif est présenté comme étant assez riche par les acteurs de la ville d’Hirson. Les associations sont porteuses d’un autre rapport avec la jeunesse, et, sans doute, d’une autre façon de travailler au- près de ce public. Les dispositifs auraient tout à gagner en laissant plus de place aux acteurs associatifs.

Enfin, en travaillant sur les complémentarités entre les différents intervenants éducatifs, le PEL devrait permettre l’expression d’une pluralité de regards et de points de vue sur la jeunesse, et donc un certain dépassement du regard « sécurité / prévention ». Une plus grande place devrait également être accordée aux associations, présentes dans toutes les instances de pilotage du PEL.

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 27 / 43 6. La perception des professionnels : principales problématiques, appréciation de l’offre et du réseau local

Les données statistiques, les indicateurs d’évaluation aussi sophistiqués soient-ils ne permettent généralement d’éclairer qu’une partie d’une question. L’observation et l’expérience des acteurs de terrain sont d’autres indicateurs nécessaires à la compré- hension des processus sociaux et éducatifs à l’œuvre sur un quartier. Les éléments ci- dessous reprennent synthétiquement les analyses les plus récurrentes exposées par les acteurs que nous avons rencontrés (entretiens semi-directifs).

♦ Des fortes disparités entre les différents territoires de la Thiérache • Les territoires disposant de quelques atouts

Certains acteurs rencontrés observent des situations socio-économiques différentes entre les différents pôles d’emploi que comptent la Thiérache. Certains territoires béné- ficieraient ainsi de la proximité avec des territoires plus dynamiques. C’est le cas de Guise, situé à quelques kilomètres de Saint-Quentin (30 minutes en voiture), et où les transports sont davantage orientés vers cette dernière ville (1 heure de bus). La fragilité d’une ville comme Guise, évoquée plus haut dans la partie statistique, semble être at- ténuée par la proximité avec le seul pôle urbain du Nord de l’Aisne, donnant sans doute un peu plus de perspective à la jeunesse du territoire.

Le Nord de la Thiérache du centre (Nouvion, La Capelle, etc.) semble bénéficier d’une situation socio-économiques plus favorable. Les données statistiques concordent cette fois-ci avec ce constat. On le voit assez nettement sur la carte représentant le chômage des jeunes : le taux de chômage est nettement plus bas que sur d’autres territoires. Ce serait cette fois-ci la proximité de la ville de Fourmies qui constituent, selon certains ac- teurs, un véritable pôle urbain, donc bien plus dynamique qu’Hirson ou Guise.

Enfin, sans qu’on puisse véritablement étayer ce constat, certains acteurs présentent le Pays des Trois Rivières dans son ensemble, et Hirson en particulier, comme un des ter- ritoires privilégiés des politiques publiques départementales. La carte de l’offre en ma- tière d’équipements sportifs (cf. ci-dessous), tirée d’une monographie réalisée par le Conseil Régional en 20069, donne un peu plus de crédit à ce constat.

9 Disponible sur internet à l’adresse suivante : http://www.picardie.fr/La-Thierache,378

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Niveau d’équipement sportif des communes (2006)

• Territoires rencontrant des difficultés particulières Parallèlement, certains acteurs soulignent les difficultés rencontrées sur d’autres terri- toires, souffrant d’un certain déficit en matière d’offre socio-éducative. Là encore, la carte ci-dessus montre de façon assez flagrante un manque de structures sportives dans la partie Sud de la Thiérache du Centre, et dans la communauté de communes des Portes de la Thiérache.

♦ Des difficultés de mobilité objectives, mais aussi « dans les têtes » De nombreux acteurs, dont les centres sociaux interrogés, soulignent de réelles difficul- tés en matière de mobilité. Ils le constatent notamment parce que la fréquentation est bien moindre lorsque les actions sont organisées dans les zones rurales, ce qui induit parfois un déplacement de 5 ou 10 kilomètres pour les familles.

Ces difficultés peuvent s’expliquer par trois types de facteurs : d’abord, par les faibles revenus des ménages, point déjà évoqué dans notre partie sur les données socio- économiques ; ensuite par un réseau de transport pour le moins léger, réalité connue de tous les acteurs rencontrés en Thiérache ; enfin, par des obstacles plus immatériels comme une culture de l’immobilité partagée par un bon nombre de Thiérachiens.

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La plupart des acteurs insistent en effet sur les difficultés à bouger « dans les têtes ». Ce constat concerne aussi bien les familles que les étudiants et les jeunes à la re- cherche d’un emploi. « Pourquoi on bougerait ? » répondent les jeunes lorsqu’on les in- vite à quitter le territoire pour aller suivre des études ou bien pour mettre plus de chances de leur côté dans leur recherche d’emploi.

Ce phénomène que certains désignent par le terme d’« immobilité culturelle » semble bien ancré dans les modes de vie locaux. Certains mettent en cause l’existence de plu- sieurs familles habituées depuis plusieurs génération à vivre avec les seuls minima so- ciaux, et donc à une atmosphère où l’évolution sociale n’est plus du tout envisagée comme un objectif atteignable. D’où la nécessité de proposer des actions susceptibles « d’élargir l’étendue des possibles » pour les jeunes, ou d’inviter les jeunes à « s’ouvrir » pour ne pas reproduire le « schéma-type » que les parents socialement en difficulté transmettent inconsciemment à leurs enfants. Ces observations semblent con- firmées par la satisfaction exprimée par les jeunes à propos de leurs participations à des actions d’ouverture culturelle sur lesquelles nous avons pu interroger un certain nombre de jeunes (cf. infra).

♦ Des jeunes « consommateurs » d’activité plutôt qu’acteurs de projet A Hirson, les intervenants de la ville regrettent que la jeunesse soit plutôt en position de « consommation » d’activités. Cela est notamment vrai concernant les jeunes qui ne fréquentent pas les structures, la plupart du temps en demande d’activités ponctuelles sur des périodes très courtes. Des acteurs de la ville d’Hirson prennent l’exemple d’un concours de création de robot, organisé avec des clubs robotiques, dans le cadre d’un partenariat avec le grand Nord de la Thiérache, en Belgique. L’expérience de la mise en place d’un club ouvert toute l’année en lien avec ce projet a été un échec en terme de fréquentation. Cet exemple vient accréditer l’hypothèse selon laquelle les jeunes ne se mobiliseraient que sur des actions ponctuelles.

♦ Un mal-être a la source des problèmes liés à la santé Une autre difficulté des jeunes repérée par les acteurs est une sorte de « mal-être » ambiant pouvant se traduire, pour les garçons notamment, à des conduites addictives, et pour les jeunes femmes, à des grossesses précoces.

Comme on l’a vu, une bonne partie des actions du CISPD prend pour objet les con- duites addictives et ciblent les jeunes garçons. Et la nécessité de travailler sur cet as- pect est soulignée par la plupart des acteurs que nous avons rencontrés.

Le lien entre « mal-être » et grossesses précoces semble être un peu plus difficile à établir. Les acteurs interrogés sont nombreux à insister sur le fait que ces grossesses

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 30 / 43 précoces ne sont pas seulement dues à un manque d’information sur les moyens de contraception. Ces grossesses serait a priori « désirées », et répondrait à un triple be- soin d’émancipation (du foyer familial), d’autonomie (car une femme seule avec enfant peut bénéficier des minima sociaux) et d’existence (devenir une mère ayant une place à part entière dans la société).

♦ Des représentations de jeunes comme « incivils » Au regard des témoignages recueillis, deux grilles de lecture semblent s’opposer sur le territoire (sans dialoguer l’une avec l’autre) :

- D’une part, une grille de lecture selon laquelle les jeunes sont une ressource poten- tielle pour le territoire. Dans cette perspective, les actions pertinentes à mettre en place doivent viser la citoyenneté, l’épanouissement, l’autonomie via une forte contribution aux projets et actions qui leur sont proposées, etc. Cette grille de lecture est souvent celle utilisée par les acteurs de l’éducation populaire par exemple.

- D’autre part, une grille de lecture selon laquelle la jeunesse est perçue comme source d’incivilités potentielle. Les actions envisagées visent donc plutôt « canaliser » la jeu- nesse, à la faire rentrer dans un cadre, à lui inculquer un certain nombre de valeurs, etc. A en croire les acteurs rencontrés, ce deuxième prisme se retrouve plutôt chez les élus des communes, et fait parfois obstacle à la mise en place de politique éducative.

Cette opposition n’est bien sûr pas aussi simple ni aussi « binaire » dans la réalité. Elle est néanmoins présente en filigrane dans les discours des acteurs que nous avons ren- contrés. Comme nous l’avons souligné dans le présent document, il nous semble que la première grille de lecture n’est pas suffisamment « représenté » dans les différents dis- positifs dont nous avons pu prendre connaissance.

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 31 / 43 7. Regard des jeunes sur leur avenir, le territoire, les actions

Cette partie s’appuie sur les investigations menées auprès des jeunes (questionnaire et entretien collectif) et propose une restitution thématisée des principaux points de vue et analyses portées par les jeunes. Tout comme pour les professionnels, nous avons re- tenu dans cette monographie la récurrence des propos comme critère de sélection en différenciant, d’une part, les collégiens, les lycéens et les jeunes à la recherche d’un emploi, et, d’autre part, les différents territoires dans lesquels se sont déroulés les focus group.

7.1 Profil des jeunes interviewés : parcours, projet…

♦ Le profit des interviewés dans les 4 focus group

Focus group à la 3 jeunes : 2 femmes et 1 homme Mission Locale Moyenne d’âge : 23,7 ans (antenne d’Hirson) Lieux de résidence : Hirson, et Guise

Focus group au 25 jeunes : 19 filles et 6 garçons collège de Rosoy- Moyenne d’âge : 13,4 ans sur-Serre (élèves du Lieux de résidence : , Rosoy, , , Collège Jules Ferry) (ces villes étant citées au moins 2 fois), Résigny, Ro- bigny, Ribeauville, Chéry-les-Rozoy, Mainbressy, Vincy-Reuil-et- Magny, , Sainte-Geneviève, Dagny Lambercy, Morgny-en- Thiérache. Focus group au 9 jeunes : 4 filles et 5 garçons lycée d’Hirson 5 collégiens et 4 lycéens (élèves du Collège C. Moyenne d’âge : 15 ans Savart, à Saint-Michel Lieux de résidence : Saint-Michel (5), La Capelle (2), Hirson, La et du Lycée Joliot Cu- Hayette rie, à Hirson)

Focus group au 15 jeunes : 5 filles et 10 garçons collège de Vervins Moyenne d’âge : 13,7 ans (élèves du Collège Lieux de résidence : Vervins (3), Marle (2), Dissy-le-Gros, Condorcet) , La-Vallée-au-Blé, La-Verte-Vaillée, , Marly- Gaumont, Origny-en-Thiérache, Plomion, Saint-Michel, Vigneux- Hocquet.

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♦ Les ambitions professionnelles différentes Lors de nos focus group, une des questions invitait les jeunes à répondre à la question suivantes : « comment je me vois dans quelques années, ce que je voudrais (études, travail, loisirs…) ». Les réponses apportées ont permis de donner des indications sur la façon dont les jeunes envisagent leur avenir.

Il faut d’abord relever que les lycéens ont, en comparaison avec les collégiens, une vi- sion bien plus précise de ce qu’ils souhaitent faire dans les années à venir. Ce qui semble assez logique.

Toujours à propos de leur perception de l’avenir, nous relevons également quelques dif- férences entre les différents collégiens interrogés. Les collégiens de Rosoy-sur-Serre montrent plus d’ « ambition » que les autres collégiens. Sur les 25 jeunes interrogées, ils sont une dizaine à avoir indiqué vouloir faire un métier qui nécessite plusieurs an- nées d’études après le bac (avocate, dentiste, chirurgien, kinésithérapeute, etc.).

Les collégiens de Vervins et d’Hirson semblent être plus mesurés dans les ambitions qu’ils expriment. Ainsi, sur les 33 collégiens interrogés dans ces deux villes, ils sont nombreux à vouloir s’orienter vers un métier « manuel » ou ne nécessitant de réaliser des études universitaires et/ou longues : apiculteur, pâtissier, cuisinier, plombier, coif- feuse, menuisier, etc. Sans être en mesure de tirer des conclusions définitives, il est possible de faire l’hypothèse que les jeunes collégiens de Vervins et d’Hirson, résidant à proximité d’un de ces deux pôles d’emploi, sont peut-être plus en prise avec les réali- tés du marché du travail local, et/ou découragés par les taux de chômage important que connaît la jeunesse dans ces deux pôles d’emploi.

♦ Les loisirs oubliés ? Les jeunes interrogées ayant indiqué vouloir pratiquer des loisirs ont été peu nombreux. Par exemple, sur les 43 collégiens et lycéens d’Hirson et de Vervins interrogés, seule- ment 6 ont précisé un loisir (dont 2 sans préciser de quel loisir il s’agissait…). Quant aux 25 collégiens de Rosoy-sur-Serre ayant participé à une action autour du théâtre, ils ont été nombreux à indiquer ce même loisir, ce qui est un indicateur de réussite de l’action.

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7.2 Les obstacles et les besoins

Obstacles

L’échec scolaire Principal obstacle repéré par les jeunes élèves interrogés (hors Mission locale), il est exprimé tel quel (« l’échec scolaire »), ou via d’autres formu- lations (« un faible niveau scolaire », « de ne pas y arriver », etc.). Cf. plus bas des précisions sur ce point. Le comportement, Il s’agit aussi bien d’une ambiance de classe insuffisamment studieuse à l’ambiance leurs yeux (« il y a trop de bruit dans la classe » ou encore « la présence de perturbateurs ») que de leur propre comportement (« je ne suis pas très sérieux » ou « je manque de concentration »). Cf. plus bas des préci- sions sur ce point. Une « mauvaise » santé Les élèves ont été nombreux à identifier « les problèmes de santé » comme un obstacle à la réalisation de leur projet. Le manque de travail C’est le principal obstacle identifié par les jeunes interrogés à l’antenne d’Hirson de la Mission Locale. Le manque d’argent Plusieurs élèves interrogés ont indiqué dans le questionnaire que « le manque d’argent » constituait un obstacle à la réalisation de leur projet. Ils ont pu préciser par la suite qu’il s’agissait principalement du manque de moyens financiers des « parents » pour éventuellement les soutenir dans la poursuite de leur étude. L’éloignement, la dis- Assez logiquement, l’éloignement ou le manque de transport ont été cités tance, les transports comme étant des obstacles (notamment par les jeunes suivis par la Mis- sion locale, ou encore par les lycéens souhaitant suivre des études). Mais force est de constater que les jeunes ont beaucoup moins fréquemment mis l’accent sur ce problème que les professionnels interrogés dans le cadre de cette enquête. D’une certaine manière, cela confirme que les problèmes de mobilité sont également présents « dans les têtes », comme nous le disions dans la partie précédente. Besoins

La famille, les proches De façon assez massive, les élèves (collégiens et lycéens) indiquent avoir prioritairement besoin de leurs propres parents ou de leur famille. Cf. plus bas des précisions sur ce point. Des professeurs Ce besoin, qui semble évident, est réaffirmé de façon récurrente par les élèves. Les échanges oraux qui suivent le remplissage du questionnaire ont permis d’éclaircir ce point : ils attendent des professeurs qu’ils jouent le rôle de « coach », qu’ils les « poussent » un peu davantage à faire des efforts pour réussir leur scolarité. Des diplômes Les diplômes (« bac », « entrer en fac »…) sont également repérés comme des « besoins » au yeux des jeunes interrogés, ce qui dénote d’une croyance toujours intacte à l’impact du diplôme sur l’avenir profes- sionnel. Des transports à bas Besoin notamment relevé par les jeunes de la Mission Locale. prix Des structures de forma- tion, des expériences Ces besoins de formation, d’expériences professionnelles et professionnelles d’accompagnement à la recherche d’emploi, apparaissent logement Des aides à la recherche comme des priorités pour les jeunes de la Mission Locale. d’emploi

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♦ Le principal obstacle repéré : l’échec scolaire Les réponses à la question relative aux obstacles (« quels sont les obstacles qui pour- raient m’empêcher d’arriver à ce que je voudrais ? ») permettent de révéler une crainte de l’échec scolaire. Il est à ce sujet intéressant de relever que le principal facteur de risque identifié n’est pas considéré comme étant « extérieur ». Ces derniers imputent en effet leur éventuel échec scolaire au « manque de concentration », au « manque de confiance en soi », au « manque de motivation », ou encore au « manque de sérieux », c’est-à-dire à eux-mêmes. Par exemple, toujours à propos des obstacles identifiés, un jeune répond : « mes notes au collège, car je ne suis pas très sérieux ». Un autre in- dique avoir peur de « ne pas assez travailler »… Il faut relever – même si cela n’a pas une signification statistique – que ces facteurs d’échec « intrinsèques » se sont plus fréquemment exprimés dans le groupe de Vervins (8 jeunes sur 10) que sur les autres groupes, comme si cette forme de « découragement scolaire » était plus forte à cet en- droit.

♦ La forte demande d’un soutien familial « moral » Cette crainte de « ne pas pouvoir être à la hauteur » est selon nous étroitement liée au principal besoin qui s’est exprimé dans les grilles de questionnement adressés aux élèves : celui d’un soutien des parents ou de la famille. Sur les 30 collégiens de Vervins et d’Hirson interrogés, 14 ont indiqué avoir besoin d’un parent. Cette réponse est éga- lement revenue massivement chez les élèves de Rosoy-sur-Serre (15 réponses sur 25). L’entretien collectif qui s’est déroulé à la suite a permis de montrer que c’est d’un « sou- tien moral » (et non financier) qu’ils estiment avoir besoin. A les écouter, c’est d’une forme de « coaching » qu’il s’agit : les parents doivent les protéger d’eux-mêmes, en quelque sorte. Ces constats interrogent sur la nécessité de développer des formes de soutien scolaire qui prennent en compte cette attente.

♦ Des préoccupations récurrentes en matière de santé La santé également été identifiée comme un obstacle par les jeunes, notamment au collège de Rosoy-sur-Serre. Dans ce dernier collège, ils sont effet une demi-douzaine à avoir identifier « des problèmes de santé » comme « obstacles » à ce qu’ils avaient en- vie de devenir. Et l’on ne peut s’empêcher de relever que sur les quelques métiers qu’ambitionnent de faire ces collégiens, 13 sont des métiers qui se situent dans le sec- teur du médical ou du médico-social. Si l’on croise ces constats avec l’analyse du terri- toire faite par les acteurs, l’on peut faire l’hypothèse qu’il existe une carence de struc- tures et d’actions en matière de santé, notamment sur la communauté de communes des « Portes de la Thiérache ».

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♦ Pour les jeunes adultes, le problème, c’est le manque de travail Contrairement aux collégiens, qui se perçoivent comme étant eux-mêmes les premiers « obstacles » à leur réussite scolaire et leur insertion dans la société, les lycéens et les jeunes à la recherche d’un emploi mettent l’accent sur les difficultés « externes ». Cer- tains évoquent le manque de « transports à bas prix », ce qui vient en premier lieu, c’est le déficit d’offres d’emploi sur leur territoire. Les jeunes interrogés à la mission lo- cale indiquent avoir besoin de « plus d’expériences professionnelles », ou encore de dispositifs « d’aides à la recherche d’emploi ». Sur ce dernier point, et si les jeunes in- terrogées portent globalement un regard positif sur les prestations de la Mission Locale, certains disent privilégier les sollicitations des conseillers avec lesquels ils s’entendent le mieux (en l’occurrence, ceux avec qui ils ont mené l’action…) et estiment les autres conseillers pas suffisamment attentifs à leur demande.

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7.3 Les actions auxquelles ils ont participé Les publics inter- Les actions Bref descriptif rogés Collégiens « Echange culturel Le projet vise à faire découvrir aux élèves une culture Lycéens Hirson – Kelaat non européenne via la rencontre entre jeunes hirson- M’Gouna » nais et jeunes marocains. Les élèves français ont entre 15 et 17 ans. Au lycée, le projet a été coordonné par le professeur d’éducation physique. Collégiens « Poussez les Création d’une comédie musicale autour du thème du murs ! » métissage et de la tolérance. La professeure de lettre était l’animatrice principale de ce projet (en lien avec les professeurs d’arts plastiques et de musique). Inter- vention de la compagnie théâtrale « La bigarrure » (dont le siège est à Rosoy-sur-Serre) Collégiens Activités sportives et Football, handball, piscine, etc. culturelles diverses Jeunes à la re- « Silence, on Création d’un court métrage sur l’alcoolisation chez les cherche d’un em- tourne !... » jeunes. 15 jours de sensibilisation à la culture du ciné- ploi ma et écriture du scénario, 3 jours consacrés à la pré- paration du tournage, 5 jours de tournage, 8 jours de postproduction. Diffusion (au grand public) pendant la semaine de la sécurité routière. Objectifs : Sensibiliser les jeunes sur les problèmes et dangers liés à la con- sommation excessive d’alcool. Leur permettre de s’exprimer sur le sujet. Découvrir les partenaires qui in- terviennent sur cette problématique (partenaires médi- caux, associations,…). Accéder à la culture par le biais du monde cinématographique. Rompre l’isolement en développant une activité de groupe. Avoir confiance en soi, prendre des initiatives, développer son sens des responsabilités, se mettre en situation de création, constituaient les principales cibles de cette action axée sur la thématique santé des jeunes. Sur les 12 jeunes, 6 ont une solution emploi ou formation à l’issue ou en cours d’action. « Ça roule pour moi, Action d’une durée de 5 mois, à vocation citoyenne : je roule pour eux » remise en état d’ordinateurs et de véhicules par des jeunes pour les acheminer de Thiérache au Maroc, afin de les remettre à une Fondation active dans la lutte contre l’illettrisme et l’intégration des femmes. Accom- pagnement et encadrement des 12 jeunes répartis en sous groupes : 1 groupe en charge de préparation du voyage (jeunes avec des projets professionnels dans le tourisme et la communication), 1 groupe chargés de la réparation des ordinateurs (projets professionnels maintenance informatique), et 1 troisième groupe en charge de la remise en état des véhicules projets pro- fessionnels mécanique auto, carrosserie). L’action vi- sait à faire travailler les jeunes sur les difficultés qui freinent leur l’insertion sociale telles que la mobilité, l’autonomie, l’image de soi, le savoir être, le sens des responsabilités, la prévention de sa santé. Dans les 6 mois qui ont suivi l’action plus de la moitié des jeunes était en emploi.

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7.4 Les actions : les motivations, les effets… Certaines questions de notre questionnaire portaient directement sur des actions aux- quelles les jeunes interrogées avaient participé. Nous reprenons ici les réponses récur- rentes aux questions relatives aux motivations à participer à l’action et aux effets posi- tifs relevés par les jeunes.

♦ Des motivations diverses, en rapport avec l’âge des interviewés Pour les jeunes encore scolarisés, les motivations exposées ont souvent un rapport avec le thème de la découverte. C’est l’un des mots les plus cités par les 9 jeunes ayant participé à l’échange avec le Maroc. L’un des interviewés se montre même un peu plus précis quand il répond : « Découvrir le Maroc de l’intérieur par des personnes qui y vivent ».

Concernant les jeunes pratiquant des activités sportives (comme à Vervins), ce sont l’envie de ressembler aux sportifs de haut niveau qui priment. Ainsi, certains disent avoir choisi le football pour « jouer comme Messi » ou bien au handball pour être aussi fort que Karabatic.

Enfin, concernant les jeunes interrogés à la Mission Locale, on relève que les motiva- tions sont plus ou moins en rapport avec l’emploi. Ce qui les a motivé à participer à l’action, c’est en effet « l’acquisition d’une expérience dans mon domaine », ou encore, « le travail d’équipe », et ce, quand bien même l’action n’a pas un lien direct avec l’emploi ou avec la recherche d’emploi (pour rappel, les deux actions évoquées dans le cadre de cet entretien sont « Silence ! On tourne… » et « Ça roule pour moi. Je roule pour eux »).

♦ L’acquisition de compétences en matière de « savoir-être » A la question de savoir ce que l’action leur avait apporté l’action (« ce que ça m’a ap- porté, ce qui a été positif pour moi »), le type de réponses qui apparaît le plus fré- quemment est lié à une amélioration du « savoir-être ». Nombreux sont ainsi les élèves à avoir relevé « être moins timide », particulièrement les élèves ayant participé à l’action théâtre (Rosoy-sur-Serre). On peut citer les réponses suivantes : « être devant tout le monde », ou « être devant les camarades et les parents », « aller vers les autres plus facilement », « ne plus se cacher ».

D’autres types de réponse ont également affirmé avoir plus « confiance » en eux- mêmes. Mis au regard des problèmes d’estime de soi relevés plus, ces « apports » doi- vent être considérés comme étant extrêmement positif.

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Il est enfin intéressant de relever que les jeunes ont montré qu’ils avaient conscience de l’impact que ces compétences pouvaient avoir sur leur scolarité, en permettant par exemple une participation orale plus active en classe, etc. Certains élèves interrogés ont ainsi indiqué avoir « plus de concentration » ou ont souhaité préciser qu’ils sont « moins bavards » en classe.

♦ Une autre manière de voir les choses Le thème de la « découverte » a été repris assez largement, de différentes façons, cer- tains élèves ayant cité « l’expédition, l’inconnu », ou d’autres, de façon plus explicite, « la découverte d’une autre culture », ou encore « découvrir les autres, d’une autre fa- çon de voir »… Cette découverte est bien souvent celles d’autres « univers de sens ». Les actions évaluées, notamment celles tournant autour d’échanges internationaux, ont en effet permis une certaine ouverture culturelle. Ainsi, les jeunes ont dit avoir appris : « la façon de vivre des personnes d’un autre pays ».

Une autre thème exprimé de façon massive est celui de la « nouveauté » : qu’il s’agisse de « nouvelles cultures », « nouveaux amis », « nouveaux contacts », ou encore de l’apprentissage de « nouvelles choses », les jeunes ont manifesté l’intérêt qu’ils portent à ce qu’ils ne connaissent pas. Cette apprentissage de la nouveauté s’est traduite par l’adoption de nouvelles perspectives, ou l’établissement de nouveaux modes de rela- tion, comme avec les professeurs par exemple. Ainsi, parmi les élèves de Rosoy-sur- Serre, 6 réponses mettent en évidence que la relation avec leurs professeurs a changé.

♦ De la solidarité tous azimuts D’autres effets des actions considérées sont liés à l’expérience de la solidarité. Au cours de l’action, les jeunes disent avoir pris conscience des difficultés que rencontrent les populations qu’ils ont été amenés à rencontrer, et évoquent « la pauvreté », « le be- soin des gens ». L’action leur a permis de faire preuve de solidarité vis-à-vis de cette population en difficulté, et donc de se sentir « utile », d’adopter une position de « dona- teur » vis-à-vis d’autrui.

Certains jeunes soulignent que l’action a été l’occasion pour eux de se sentir solidaire entre eux (entre élèves) et disent leur satisfaction d’avoir été « une équipe soudée » tout au long de l’action. Certains l’expriment d’ailleurs de façon assez plaisante, en sou- lignant par exemple « le soudement (sic) du groupe ». Cette solidarité interne au groupe n’était pas acquise d’emblée. Elle est arrivée progressivement, selon certains jeunes qui relèvent « l’amélioration des rapports avec certains ».

Enfin, une fois évoquée l’expérience de la solidarité, les jeunes ont dit ressentir le be- soin de « transmettre le message », à leurs parents, comme le signifie quelques jeunes

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 39 / 43 indiquant « On a donné un message aux parents », ou encore, plus globalement, à la société dans laquelle ils vivent (« Qu’il ne faut pas faire de racisme » ou encore « être devenu plus tolérant envers les autres »).

♦ La découverte de ses capacités d’agir La découverte de sa capacité à agir peut-être mise en lien avec la solidarité dont les jeunes ayant participé à une action estiment avoir fait preuve. Mais pas seulement… Plus largement, notamment s’agissant des jeunes à la recherche d’un emploi. Ces der- niers repèrent en effet avoir des compétences qui peuvent être valorisées dans le cadre d’une recherche d’emploi : « prendre des initiatives », « réaliser quelque chose avec des gens que je ne connaissais pas », ou encore « gérer une équipe et apaiser les con- flits ».

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 40 / 43 8. Conclusion

Sur un territoire vieillissant, mais avec la même proportion de jeunes que la Région, la question de la place de la jeunesse revêt des enjeux importants. D’autant que les jeunes rencontrent en Thiérache des difficultés particulières, notamment en matière de formation et d’emploi.

A Hirson, les programmations des différents dispositifs font apparaître une offre éduca- tive relativement diversifiée. On relève notamment des actions d’échanges culturels, ou autour du thème de la découverte, qui sont particulièrement importantes dans ce terri- toire quelque peu enclavé, où les jeunes n’ont pas toujours la possibilité d’être en con- tact avec d’autres univers sociaux que le leur. Ces actions permettent d’ouvrir les pers- pectives des jeunes, et de préparer leur mobilité éventuelle en les invitant à s’adapter à d’autres contextes. On compte en revanche assez peu d’actions visant à développer la citoyenneté, l’autonomie, en mettant des jeunes en situation de responsabilité, en posi- tion d’acteurs, etc. Enfin, on note qu’une majorité des actions tourne autour de la pré- vention et de la sécurité, dans le CISPD et dans le CUCS, et ce, même si la donne risque de changer avec la montée en puissance du PEL.

Ce dernier constat doit selon nous conduire à une réflexion sur les représentations de la jeunesse sur les territoire, et à la prédominance d’une grille de lecture « prévention / sécurité ». Cette dernière conduit à voir les jeunes comme un « risque », un « danger », une « menace » et à envisager des actions pour contrôler les « incivilités », et les « dé- rapages » ou les « déviances ». Surtout, elle ne permet pas de repérer les potentialités ou les capacités d’agir des jeunes. Sans remettre en compte l’intérêt de travailler sur la prévention de la délinquance (ce que la ville d’Hirson fait plutôt bien), il s’agit de déve- lopper d’autres types de « lectures » de la jeunesse, permettant de l’envisager comme une ressource pour le territoire. Le PEL de la ville d’Hirson semble être un premier pas dans cette direction.

Mais ce changement de perspectives passera sans doute également par un change- ment d’échelle, la lecture « prévention / sécurité » étant bien souvent à l’œuvre à l’échelle communale. A cet égard, on peut penser qu’une démarche PEL à une échelle intercommunale, voire à l’échelle du pays, permettrait de donner aux acteurs éducatifs de la Thiérache une perspective plus riche, intégrant les différents façons de voir la jeu- nesse.

COPAS jeudi 20 octobre 2011 Monographie de la Thieraché V2.docx p 41 / 43 C - Annexe : la nomenclature COPAS

Cette nomenclature utilisée pour les questionnaires et qui servira également au traite- ment cartographique cherche à « regrouper » les différentes entrées proposées entre autres par le ministère de la jeunesse et des solidarités actives et la nomenclature CRAJEP.

Elle est déclinée en 5 axes thématiques et 1 axe qui renvoie plutôt aux modalités de mise en œuvre des actions (coopération)

♦ Axe 1 : renforcer les conditions de la réussite scolaire et l’accès aux savoirs Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant à soutenir la scolarité / favoriser la réussite scolaire et à renforcer l’accès aux savoirs :

1. Incitation à la lecture et à l’écriture 2. Action périscolaire : accompagnement à la scolarité, aide aux devoirs, ac- compagnement éducatif, soutien scolaire 3. Actions visant la maîtrise des technologies de l’information et de la communi- cation : initiation et maîtrise progressive de l’outil informatique, 4. Stages de remise à niveau / savoirs fondamentaux 5. Remédiation scolaire 6. Lutte contre le dérochage scolaire

♦ Axe 2 : promouvoir l’épanouissement des jeunes par l’accès et la pratique d’activités culturelles, sportives, etc. Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant l’épanouissement, le bien être et l’ouverture des jeunes : activités culturelles, sportives, scientifiques et de loisirs

1. Vacances loisirs a. L’accueil de loisirs b. Les séjours de vacances 2. Pratiques artistiques amateurs et éducation artistique 3. Spectacles vivants (théâtre, danse, musique, arts plastiques, arts de la rue) 4. Les pratiques éducatives sportives 5. Pratiques des sciences et organisation d’évènements scientifiques 6. Pratiques numériques des jeunes (usages des technologies du web 2.0 – blogs et autres applications permettant de partager, échanger, discuter, etc., MAO, montage vidéo, etc.

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♦ Axe 3 : citoyenneté, solidarité et mobilité Renvoyant aux actions et dispositifs visant à soutenir et encourager les initiatives favo- risant l’autonomie et l’engagement personnel et collectif des jeunes et l’apprentissage de la vie sociale et de la solidarité.

1. Soutien aux initiatives et projets de jeunes (montage de projets, aide à la création d’associations de jeunes, junior associations, etc.) 2. Formations de délégués, d’administrateurs, de conseillers de quartier jeune 3. Espaces de dialogue et d’expression (entre jeunes, entre jeunes et adultes, intergénérationnels, etc.) 4. Conseils jeunes, commissions jeunes, soutien à l’engagement dans les ins- tances de décisions 5. Lutte contre les discriminations 6. Éducation à l’image (projections, analyse de longs métrages ou de documen- taires, analyse critique des émissions télévisuelles, pratique de la vidéo – ré- alisation, tournage, montage) 7. Environnement et développement durable 8. Chantiers de solidarité 9. Échanges européens et internationaux

♦ Axe 4 : Éducation à la santé, sensibilisation et prévention Renvoyant aux actions et dispositifs visant la promotion de la santé et du bien être des jeunes, la sensibilisation à la santé et la prévention des troubles (anorexie, boulimie, toxicomanies, suicide, stress, violences sexuelles etc.)

1. Information, sensibilisation 2. Accueil et relais santé (point écoute, ateliers, etc.) 3. Actions de prévention 4. Accompagnement médical des personnes

♦ Axe 5 : formation / insertion professionnelle / emploi Renvoyant aux actions et dispositifs visant la formation, l’insertion sociale et profes- sionnelle et l’accès à l’emploi des jeunes et en particulier de ceux qui en sont le plus éloignés

1. Formations volontaire : BAFA, BAFD 2. Formation qualifiante en animation 3. Formation de bénévoles 4. Lutte contre l’illettrisme 5. Stages de remise à niveau / savoirs fondamentaux 6. Remédiation scolaire 7. Aide à la définition de projet professionnel 8. Rencontres jeunes / professionnels 9. Parrainage / tutorat 10. Aide à la recherche de stage 11. Accompagnement à la recherche d’emploi

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♦ Axe 6 : mise en réseau et coopération entre les acteurs éducatifs Renvoyant à des actions et des pratiques encourageant le travail en commun, la re- cherche de cohérence et de continuité entre les différentes actions et la coéducation.

1. Temps d’échange et de concertation entre acteurs éducatifs et jeunes 2. Échanges de savoirs 3. Journée d’études 4. Diagnostics partagés 5. Formations action communes 6. Co élaboration de projet (réponse à des appels à projet en commun)

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