a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org INDES GALANTES

Philippe BÉZIAT Voilà bien un film qui donne envie de nantes. Il provoque une empathie qui fait France 2020 1h48 foncer à l’Opéra, même si on n’en est voler en éclat tous les stéréotypes dans Réalisé autour de la production de nullement adepte à l’origine. C’est un lesquels on aurait pu cantonner ses pro- l’opéra-ballet Les Indes Galantes, véritable vivier de pensées, un bras- tagonistes, tissant un métissage salu- musique de Jean-Philippe Rameau, sage vivifiant, un bain de jouvence qu’il livret de Louis Fuzelier, mis en scène ne faut surtout pas se refuser. Ce vi- taire, transgressif. Ainsi prend vie une par Clément Cogitore, donné à l’Opéra brant documentaire déjoue les clichés, œuvre galvanisante, profondément hu- National de Paris du 27 septembre échappe dans une envolée sublime aux maine, intensément politique au sens le au 15 octobre 2019 carcans qui plombent les cultures domi- plus noble du terme.

N°408 du 30 juin au 3 août 2021 / Entrée : 7€ / le midi : 4,50€ / Abonnement : 50€ les dix places La projection du vendredi 9 juillet à 11h sera présentée Les festivals de Cannes par Marjorie Bertin, journaliste du magazine Transfuge. et d’Avignon dialoguent le dimanche 18 juillet à 17h En 1946 naissait le Festival de Cannes, en 1947 le Festival d’Avignon ; l’un et l’autre mettaient la culture au service de la réinvention de nos sociétés. En 2021, après un an d’hiver sans spectacle et sans cinéma, les deux festivals dialogueront. Avec les cinémas Utopia et Télérama, l’hebdomadaire qui accompagne chaque semaine la vie des scènes et des salles. Le mardi 13 juillet, Isabelle Huppert effectuera depuis Cannes une Master classe intitulée De la Cour au Palais. Le dimanche 18 juillet de 17h à 18h30, à Utopia Manutention, Thierry Frémaux et Olivier Py feront avec Fabienne Pascaud un état des lieux provisoire du cinéma et du INDES GALANTES théâtre : De Cannes à Avignon. Autant prévenir : on ne se débarrasse images sans les voix, celles du dehors, Des projections de films présentés pas facilement des arias de ces Indes celles de l’intime… À la façon d’un sa- lors d’éditions antérieures du Galantes ni de leurs tambours péné- vant mélodiste, le cinéaste introduit des Festival de Cannes aux cinémas trants. En alliant chant lyrique et culture vibratos, des ruptures rythmiques, des Utopia et dans le cadre des urbaine, en unissant leurs arts, le met- syncopes, des silences… pour mieux re- Territoires cinématographiques : teur en scène Clément Cogitore, le direc- partir crescendo. Cette mise en abyme teur musical Leonardo Garcia Alarcon, la atypique finit par nous transporter ail- Kornél Mundruczó, en sélection chorégraphe Bintou Dembélé ont donné leurs. Les histoires individuelles, les de Cannes Première 2021 pour une nouvelle jeunesse au chef d’œuvre parcours émouvants, joyeux résonnent Evolution, et dont plusieurs de baroque de Jean-Philippe Rameau. et prennent de l’ampleur à l’aune de ses films ont été en compétition Mieux, ils ont constitué une véritable tri- Rameau… Leur arrivée à l’Opéra Bastille, (section Ciné Fondation et en bu soudée autour de ses différences. La par la petite porte, celle des grands ar- compétition longs métrage et prix scène de l’Opéra Bastille devient soudain tistes, sera touchante. Qu’il est impres- Un Certain regard en 2014 pour un condensé de continents, la substanti- sionnant de pénétrer dans l’antre de White God) présentera sa dernière fique moelle de notre monde. Pour res- l’élite officielle, reconnue ! Fascinante se- tituer cette longue construction méticu- ra cette rencontre improbable entre deux pièce et trois de ses films. leuse, l’harmonie qui en découle, il ne univers parallèles prédestinés à ne pas Marcello Fonte qui joue Ponce fallait pas moins de deux ans de tour- se croiser. Un choc de cultures diamétra- Pilate dans The New Gospel - Le nage, neuf mois de montage pour trier lement opposées, l’une issue de la rue, nouvel Évangile de Milo Rau que les innombrables rushs. Un travail à plu- l’autre des beaux quartiers, celle mou- nous présentons a reçu le prix sieurs mains à la hauteur de cette épo- vante de l’improvisation, celle qui ne d’interprétation masculine à pée collective qui dépoussière les cer- laisse nulle place à l’approximation. Mais velles, véritable philosophie de vie. progressivement la curiosité évince les Cannes en 2018 pour Dogman. poncifs pour laisser la place à l’humain, Mohammad Rasoulof dont nous 2017. Dans une salle de répétition im- à une véritable communion des sens et projetterons le filmLe Diable personnelle de banlieue, jeunes femmes des âmes, belle à arracher des larmes. n’existe pas a été récompensé à et hommes se jettent dans l’improvisa- De ce matériau mouvant et organique plusieurs reprises au Festival de tion, leurs corps de danseurs se donnent constitué d’êtres unis dans leurs forces la réplique. Qu’importent les origines, et leurs fragilités naîtra une symbiose, Cannes : prix Un Certain Regard en qu’importent les styles, voguing, krump, d’abord timide puis évidente, de bout en 2017 pour Un homme intègre et en break, hip hop… ils s’entremêlent, se ré- bout réjouissante. C’est un vent de fraî- 2011, prix de la mise en scène Un pondent. Progressivement on se laisse cheur, de spontanéité presque enfantine, Certain Regard pour Au revoir. bluffer puis séduire par leur énergie ni usée, ni blasée, qui s’engouffre, émer- Nous n’oublions pas que le pure, tripale, qui n’en finit pas de refaire veillée mais vigilante, dans les coulisses, le monde. Philippe Béziat attrape au vol dans les secrets dessous de la vieille ins- dernier long-métrage de Kirill les expressions, la fluidité des gestes. titution. On aimerait que ce souffle nou- Serebrennikov, Les Petrov, la grippe, Tous les coups sont permis jusqu’à in- veau perdure longtemps, ne soit pas etc, est en compétition à Cannes tégrer les astuces de cette génération qu’un pied dans une porte d’ascen- cette année pour la Palme d’or. « stories », les récits sans les images, les seur comme le dira l’un des danseurs… Avec Thierry Frémaux délégué général du Festival de Cannes, À noter que le court métrage de Clément Cogitore, Olivier Py directeur du Festival Indes galantes, sera présenté le samedi 17 juillet à 10h dans d’Avignon. Animé par Fabienne le cadre du programme Vidéo-danse et les danses urbaines. Pascaud de Télérama. Projection unique le vendredi 9 juillet à 14h, suivie d’une rencontre avec Anne-Cécile Vandalem, met- teuse en scène du spectacle Kingdom, animée par Marjorie Bertin, journaliste du magazine Transfuge. BRAGUINO Clément COGITORE France/Russie 2017 50mn VOSTF

On perçoit très vite qu’il se joue quelque chose d’essentiel dans cet époustouflant documentaire venu de nulle part : l’histoire à peine croyable d’une famille installée en complète autarcie au milieu de la Sibérie orientale, sans le moindre village à moins de 700 km. Les Braguine – une dizaine d’indi- vidus emmenés par le patriarche Sacha – vivent là-bas leur quête d’isolement absolu et de communion avec la nature. Niché au cœur de la taïga, entouré de bêtes sauvages, Sacha Braguine expose avec modestie son projet : vivre à l’écart de toute civilisation (« je peux marcher des heures là où per- sonne n’a jamais été ») et ne prendre à la nature que ce dont LES TERRITOIRES CINÉMATOGRAPHIQUES on a besoin. Tous ses enfants sont nés ici et il a tout construit de ses mains. sont organisés en collaboration avec Et puis, peu à peu, cette utopie d’un monde primitif harmo- le Festival d’Avignon du 7 au 25 juillet nieux montre ses fissures. À plusieurs reprises, les Braguine parlent d’un Autre, évoquent des menaces, puis précisent en- à Utopia-Manutention. fin le conflit qui les ronge. Après eux, se sont installés ici les Kiline, branche de la famille de la femme de Sacha. Les Kiline Les Territoires cinématographiques, lieu de deviennent objet de tous les fantasmes. On leur reproche de tuer plus d’animaux que de raison, on les accuse de velléités rencontre et de dialogue entre le spectacle vivant d’extension… Au fil des années, une immense barrière a été érigée entre le terrain des deux familles. et le cinéma, réunissent les cinémas Utopia et Le travail plastique remarquable de Clément Cogitore et la trame elliptique du film emmènent le spectateur sur le che- le Festival d’Avignon, en écho aux spectacles min de l’éden à l’obscurité, dévoilant peu à peu la tragédie de la 75e édition : films et documentaires, mais qui se cache sous le monde originel de Sacha et des siens. aussi échanges avec des réalisateurs, artistes et intellectuels.

En partenariat avec la revue Transfuge et Amnesty International France.

Pour toutes les séances en collaboration avec le Festival d’Avignon, vous pouvez acheter vos places à l’avance auprès de la billetterie du Festival (guichet, site, téléphone et appli du Festival d’Avignon) ou du cinéma Utopia-Manutention.

Jean-Christophe Ferrari, rédacteur en chef cinéma, et Marjorie Bertin, journaliste, seront présents aux cinémas Utopia et animeront les rencontres dans le Anne-Cécile Vandalem présente dans le cadre du cadre des Territoires cinématographiques. Festival d’Avignon Kingdom à 22h du 6 au 14 juillet (relâche le 11) dans la cour du lycée Saint-Joseph. Projection unique et en avant-première le lundi 12 juillet à 11h, présentée par Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer Armes et peine de mort pour Amnesty International France. LE DIABLE N’EXISTE PAS Mohammad RASOULOF Iran 2020 2h32 VOSTF avec Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar, Alireza Zareparast, Salar Khamseh… Ours d’Or Berlin 2020

Le film s’ouvre sur un homme, la quarantaine passée. On vient de déposer dans le coffre de sa voiture un mystérieux sac blanc, semblable à un cadavre. Il quitte un parking bé- tonné et froid dans de longs couloirs enrubannés, comme finalement on sortirait un mort des entrailles de la terre. Il a un visage fermé, comme ailleurs, égaré dans des pensées qui semblent lui échapper. La douleur s’étale sur cette figure, malgré les embouteillages et le bruit de Téhéran, la force de vivre de son épouse et la tendresse de sa fille.

Le Diable n’existe pas est un chef-d’œuvre d’humanité, de poésie et de cinéma. Les quatre récits qui composent le long- Projection unique le lundi 12 juillet à 14h, métrage sont intimement mêlés par la délicate question de suivie d’une rencontre avec David Dufresne la liberté de conscience et de la peine de mort en Iran. Le ci- et Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer néaste parle des femmes. Elles habitent les quatre récits avec une dignité absolue. Si elles continuent de porter la domesti- Libertés pour Amnesty International France. cité, elles permettent aux hommes qui les entourent d’expri- mer leurs trahisons intérieures et de se sauver des tourments où le régime iranien les enferme. Elles sont partout dans le UN PAYS QUI récit, fortes et fragiles, intègres et vulnérables. Elles font le ciment entre les paroles qui se délitent. Elles redonnent à la liberté le nom qu’elle mérite. L’artiste raconte, dans une douceur troublante et un désir assumé de filmer, des écrins SE TIENT SAGE de vie, la privation de liberté qui étouffe la capacité des gens à réfléchir sur leurs actes et à se révolter contre l’inhuma- David DUFRESNE France 2020 1h26 nité. Le Diable n’existe pas est une œuvre immense qui doit avec les participations croisées de journalistes, nourrir nos réflexions sur l’état du monde, le sort réservé à de chercheurs, de militants, de syndicalistes policiers… la liberté de conscience. C’est une œuvre universelle écrite et et d’Alain Damasio... filmée pour illustrer, à la surface du monde, le bien précieux que sont la vie, la liberté d’expression et de pensée, et le droit On le sait, ce n’est pas d’hier que les rapports entre le Peuple à l’intelligence. Merci à Avoir-alire français et la (nécessaire) force publique – sensément « insti- tuée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée » (nous dit la Déclaration des droits de l’Homme de 1789) – sont compliqués, voire tendus. Pour le moins. Journaliste indépendant, observateur attentif et intransigeant de la vie publique, David Dufresne s’est fait remarquer dès le début de la lutte des Gilets jaunes, en créant le projet Allô, place Beauvau ? : une tentative de répertorier le plus exhaustivement possible les violences poli- cières qui lui remontaient de toute la France. Il en a fait la matière d’un livre, mi-roman mi-enquête, Der- nière sommation, et donc de ce film documentaire saisissant.

Le dispositif du film est à la fois simple et rigoureux : sur un écran de cinéma sont projetées des images de manifestations et de leur répression par les forces de police – images brutes, face auxquelles réagissent divers intervenants. Mais au-delà de l’émotion, la force du film de Dufresne est de poser, avec l’aide d’historiens, de sociologues, de spécialistes du Droit, et de policiers les questions fondamentales de la légitimité de l’usage de la violence par les forces de l’ordre. Au-delà des Gilets jaunes, David Dufresne décrypte plus globalement un système qui fait que la violence policière s’exerce principa- lement sur les habitants des quartiers populaires. Et cite en premier lieu, les images édifiantes des lycéens de Mantes-la- Jolie, contraints de s’agenouiller tandis qu’un policier gogue- nard les filme et s’exclame : « Voilà une classe qui se tient sage ! ». C’est clair, net – et, si l’on ose dire, sans bavure. Projection unique le samedi 10 juillet à 14h, suivie d’une rencontre avec Caroline Guiela Nguyen, metteuse en scène du spectacle FRATERNITÉ, Conte fantastique, animée par Marjorie Bertin, journaliste chez Transfuge. LE SILENCE DES AUTRES (EL SILENCIO DE OTROS) Robert BAHAR et Almudena CARRACEDO Espagne 2018 1h35 VOSTF Prix du public Berlin 2018.

1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie gé- nérale qui libère les prisonniers politiques mais interdit égale- ment le jugement des crimes franquistes. Les exactions com- mises sous la dictature (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, tortures) sont alors passées sous silence. Projection unique le mercredi 14 juillet à 11h, Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols res- suivie d’une rencontre avec Caroline Guiela Nguyen, capés du franquisme saisissent la justice en Argentine pour metteuse en scène et réalisatrice, Juliette Alexandre, rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les cou- réalisatrice et Jean Ruimi, comédien. pables. Il a fallu en effet que ces citoyens espagnols aillent Les Engloutis fait partie du cycle Fraternité qui se jusqu’à Buenos Aires pour obtenir que les tribunaux mettent décline en quatre opus : Les Engloutis et FRATERNITÉ, enfin en branle une action qu’une partie de la société es- Conte fantastique, puis viendra en 2022, L’Enfance, pagnole (et beaucoup d’hommes politiques) refuse encore d’accepter, parce qu’ils ne veulent pas tourner leurs regards la nuit et le cycle se terminera en 2023/2024 par le vers le passé. quatrième opus dont le titre n’est pas encore défini. Six années durant, dans un style direct et intimiste, les ré- alisateurs suivent les victimes et survivants de la dictature espagnole au fur et à mesure qu’ils organisent la dénommée « querella argentina », c’est-à-dire le procès qui réussira à LES ENGLOUTIS Écrit et réalisé par Caroline Guiela NGUYEN faire comparaître en justice les tortionnaires du régime, et à Produit par Les Films du Worso (Sylvie Pialat faire ouvrir les fosses communes des Républicains. et Benoit Quainon) et Les Hommes Approximatifs. France 2021 30mn avec Dan Artus, Pascal Chazel, Sheila Coren Tissot, Anthony Costes, Sayyid El Alami, Galynette, Adeline Guillot, Cédric Luste, Laure Mathis, Nino, Jean Ruimi, Michel W., Léon Zongo… Depuis 2015, Caroline Guiela Nguyen intervient auprès de comédiens détenus de la maison centrale d’Arles. L’autrice et réalisatrice a imaginé pour eux un conte fantastique. Ni documentaire, ni sujet sur la prison, Les Engloutis est une puissante fiction qui nous place dans un futur proche. Alors qu’une vague a englouti la moitié de l’humanité, des lieux d’attente sont inventés afin de maintenir le lien avec les dis- parus. Au fil des ans, ceux-ci se remplissent de chagrin et d’espoir. Jusqu’au jour où les disparus reviennent… FRATERNITÉ France 2021 30mn - Produit par Les Hommes Approximatifs La projection de Les Engloutis sera suivie de la diffusion en avant- première des premiers épisodes Produit par les frères Almodóvar, Le silence des autres montre, d’une série web-documentaire avec force et retenue, le courage des victimes qui se consi- imaginée par Caroline Guiela dèrent avant tout comme des résistants. Sans tomber dans Nguyen et Juliette Alexandre. Ces une narration journalistique, il donne la parole aux survivants épisodes ont été tournés entre qui témoignent avec lucidité, l’émotion prenant souvent le janvier et juin 2021, pendant les pas sur la raison : ils persévèrent malgré les obstacles et le répétitions de la pièce FRATER- déni pour que droit et justice soient enfin rendus. NITÉ, Conte fantastique. Caroline Guiela Nguyen présente dans le cadre du Festival d’Avignon FRATERNITÉ, Conte fantastique à 15h du 6 au 14 juillet (relâche le 10) à La FabricA. LES DOMS FESTIVAL OFF 2021 ONZE SPECTACLES DU 5 AU 27 JUILLET

AUX DOMS EN SALLE AUX DOMS AU JARDIN AUX HIVERNALES 10H 17H / 20H / 22H 11H HOME LA GARDEN IDA DON’T MAGRIT COULON | THÉÂTRE PARTY CRY ME LOVE #vieillesse #tendresse #audace 3 SPECTACLES COURTS EN ALTERNANCE ! LARA BARSACQ | DANSE PERFORMANCE | THÉÂTRE | SLAM KRUMP 13H #icône #ballet #féminisme UN SILENCE ORDINAIRE SUR L’ÎLE PIOT INTI THÉÂTRE | THÉÂTRE #poignant #tabou #témoignage 12H 14H30 MOUSSE LOST IN COMPAGNIE SCRATCH | CIRQUE JONGLAGE BALLETS RUSSES #solitude #amitié #intime LARA BARSACQ | DANSE #héritage #hommage #souvenirs EN SALLE 15H30 10 € / 7 € OURAGAN LA GARDEN PARTY ILYAS METTIOUI | THÉÂTRE DANSE 7 € / 5 € #rêvescollectifs #norme #capitalisme 18H30 PARC COLLECTIF LA STATION | THÉÂTRE 04 90 14 07 99 #ovni #thriller #dramédie 21H TCHAÏKA COMPAGNIE BELOVA | IACOBELLI | ED. RESP. : ALAIN COFINO GOMEZ // LICENCES : 1-1089977 / 2-1089976 / 3-1089975 ©AURÉLIE WILLIAM LEVAUX WILLIAM LEVAUX LICENCES : 1-1089977 / 2-1089976 3-1089975 ©AURÉLIE ALAIN GOMEZ // COFINO RESP. : ED. THÉÂTRE MARIONNETTE #Tchekhov #vieillesse #poésie

TDD-OFF21-AP-UTOPIA-188x250.indd 1 07/05/2021 09:14 Séance unique le dimanche 11 juillet à 11h, suivie d’une rencontre avec Christiane Jatahy, metteuse en scène de Entre chien et loup, animée par Marjorie Bertin, journaliste du magazine Transfuge. A FALTA QUE NOS MOVE Christiane JATAHY Brésil 2008 1h35 VOSTF avec Cristina Amadeo, Daniela Fortes, Kiko Mascarenhas, Marina Vianna et Pedro Bricio

En 2005, A Falta que nos move est tout d’abord une création scénique qui est, durant trois ans, présentée dans de nom- breux festivals brésiliens et européens. Ensuite, en 2008, A Falta que nos move devient un film. Cinq acteurs, cinq amis, se réunissent la veille de Noël. Ils sont brésiliens, trentenaires, tous ont grandi sous la dicta- ture militaire, tous ont été biberonnés aux produits culturels américains. Dans le film, il y a un peu de tout ce qui a fait le succès des émissions de télé-réalité : intrigues, bagarres, romance, sexe et, ce qui amuse toujours, laver le linge sale devant les caméras. Les acteurs ont été confinés dans une belle maison surplom- Séances le mercredi 7 juillet à 14h et le jeudi 8 bant la ville de Rio de Janeiro pendant environ 12 heures. juillet à 11h. Cette dernière sera suivie d’une Pendant cette période, ils ont suivi une série de règles, rencontre avec le réalisateur Milo Rau, animée par comme être dirigé par SMS. Chacun avait un script, mais ne Marjorie Bertin, journaliste du magazine Transfuge. connaissait pas celui de ses collègues.

L’artiste, qui rêve d’un monde sans frontière, se penche sur celles qui existent entre le théâtre et le cinéma, l’acteur et le LE NOUVEL personnage et le rapport entre la scène et la salle. En effet, elle n’a de cesse de travailler sur la déconstruction, de jouer avec les codes, d’inverser les choses et de tordre les struc- tures classiques des disciplines artistiques. ÉVANGILE Cette expérience filmique à la frontière de la télé-réalité est (THE NEW GOSPEL) une œuvre majeure du cinéma brésilien contemporain. Milo RAU Allemagne, Suisse 2020 1h47 VOSTF Au sud de l’Italie, Matera a vu Jésus monté en croix plus d’une fois, Pier Paolo Pasolini et Mel Gibson y ont mis en scène son calvaire. En 2019, la ville dressée au rang de capi- tale européenne de la culture, invite le réalisateur et metteur en scène de théâtre bernois Milo Rau à y créer un spectacle.

Pour lui, c’est l’évidence. Avec un tel héritage, il tournera à Matera un film sur Jésus, avec comme point de départ la question qui consiste à se demander ce qu’il prêcherait aujourd’hui en tant que membre d’une nation opprimée du Moyen-Orient, en cette période de crise migratoire, d’exploi- tation humaine et d’esclavage moderne. Jésus est incarné par Yvan Sagnet, leader en 2011 de la pre- mière grève contre leur exploitation des ouvriers agricoles en Italie du Sud. Parallèlement, au rythme de citations bibliques, l’activiste, lui, part dans les «ghettos» de Matera et fonde avec les migrants la Révolte de la dignité. Démarre alors un mou- vement pour les droits de ces femmes et de ces hommes, un combat contre le capitalisme occidental, une lutte non « pas pour abolir, mais pour accomplir la loi ».

Bien plus qu’un énième film sur Jésus, sur la forme,Le Nou- vel Évangile brouille habilement les pistes en employant la structure narrative du documentaire tout en débordant sur la fiction. Milo Rau ajoute à cela des séquences du processus de création du film : est en action avec son équipe technique, les images du casting des figurants sont également exploi- tées. Il nous montre de quelle manière la réalité nourrit sa fic- Christiane Jatahy présente dans le cadre du Festival tion, déplaçant notre regard, nous forçant à porter attention d’Avignon Entre chien et loup à 15h du 5 au 12 juillet (re- sur ceux que l’on oublie, ceux que l’on dénigre et à la fêlure lâche le 7) à L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène. sombre qui nous abîme tous.

Projection unique le mercredi 21 juillet à 11h suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Emma Dante, metteuse en scène de Misericordia et de Pupo di Zucchero animée par Jean-Christophe Ferrari, rédacteur en chef cinéma du magazine Transfuge. LE SORELLE MACALUSO Emma DANTE Italie 2020 1h34 VOSTF avec Anita Pomario, Eleonora De Luca, Donatella Finocchiaro... Scénario Emma Dante, Giorgio Vasta

Maria, Pinuccia, Lia, Katia, Antonella : cinq sœurs, de l’aînée à la cadette. Trois époques de leur vie, l’enfance, l’âge adulte, la vieillesse. Elles vivent seules au dernier étage d’un immeuble ancien dans la périphérie de Palerme. Elles élèvent par cen- taines des pigeons voyageurs qu’elles louent pour des ma- riages ou autres cérémonies. Il y a celle qui organise tout, celle qui ne pense qu’à la danse, celle qui est amoureuse, celle qui ne pense qu’à manger, toutes se chamaillent sous le regard de la petite Antonella qui ne rêve que de grandir. Ce matin-là elles partent à la plage de Mondello et son établisse- Projection unique le mercredi 21 juillet à 14h ment balnéaire mythique, le Charleston. Et là, c’est le drame. présentée par Jean-Christophe Ferrari. De remords en reproches, toute leur vie en est marquée. Le temps qui passe, s’il noircit la façade de l’immeuble et blan- chit leurs cheveux, ne referme pas la blessure. PALERME « Mon film est divisé en trois chapitres, chacun correspon- (VIA CASTELLANA BANDIERA) dant à un âge des cinq sœurs : l’enfance, l’âge adulte, la Emma DANTE vieillesse. Les sœurs sont jouées par douze actrices, comme Italie 2014 1h42 VOSTF si, à celles qui résistent jusqu’à la vieillesse, devaient corres- avec Emma Dante, Alba Rohrwacher, pondre une discontinuité et une mutation dans le corps et le Elena Cotta, Renato Malfatti... visage. Le sorelle Macaluso est un film sur le temps. Sur la Scénario Emma Dante, Giorgio Vasta mémoire. Sur les choses qui durent. Sur les gens qui restent et Licia Eminenti. même après la mort. C’est un film sur la vieillesse comme in- croyable but ultime de la vie. » Emma Dante, Mostra de Venise Le soleil plombe Palerme, un petit sirocco insidieux agace Merci au Festival du film italien de Villerupt. les nerfs, les rues sont désertes : c’est un dimanche d’été à l’heure de la sieste. Rosa et Clara se rendent au mariage d’une amie dans une voiture sans clim, perdue dans un dé- dale de petites rues étroites… jusqu’à s’enfiler dans la via Castellana Bandiera où, la faute à pas de chance, déboule en sens inverse l’unique voiture qui roule dans Palerme ce jour- là ! La venelle est trop étroite pour que les voitures puissent se croiser, mais pas question que Rosa recule, pas question non plus que la vieille Samira, qui trimballe la famille Cala- fiore au complet, cède de son côté. Le soleil chauffe, la tem- pérature monte, tout le monde est énervé, et personne ne veut reculer. C’est absurde et fendard, mais ça n’a rien à voir avec ce qu’on imagine d’une comédie à l’italienne, c’est âpre et sec, marqué par l’idée qu’on se fait d’une culture palermitaine qui ignore les concessions, source de querelles sans fin, de haines inépuisables. Les deux nanas sont pire encore que les mecs qui autour d’elles sont les témoins de ce formidable duel silencieux. Emma Dante est ici actrice dans le rôle de Rosa, la conduc- trice obstinée, bornée et scénariste-réalisatrice qui, sur le mince prétexte d’un refus de passage, brode une fable éton- nante et prenante renvoyant à tous les conflits de la terre. Unité de lieu, unité de temps, suspense et sens de la mise en scène, Via Castellana Bandiera est d’abord une pièce de théâtre de son cru, qu’elle a joué avec sa troupe et qu’elle s’est décidée à transformer en film, dans la rue de Palerme qui lui est familière et qui porte vraiment ce nom.

Emma Dante présente dans le cadre du Festival d’Avignon Misericordia à 15h et Pupo di Zucchero à 19h du 16 au 23 juillet (relâche le 20), au gymnase du lycée Mistral. Séance unique le lundi 19 juillet à 11h suivie d’une rencontre avec le réalisateur Kornél Mundruczó, metteur en scène de Cząstki kobiety - Une femme en pièces, animée par Jean-Christophe Ferrari, rédacteur en chef cinéma du magazine Transfuge. VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Cave à vins, champagnes, spiritueux… PIECES OF A WOMAN > Vins bio, biodynamiques, natures & conventionnels > Bières, cidres, jus de fruits > Soirées dégustations > Rencontres vigneronnes > Évènements privés & pros > Cadeaux & accessoires Actualités sur la page Facebook : CaveLes3bouteilles

Les 3 bouteilles 29 boulevard Frédéric Mistral 30400 Villeneuve-lès-Avignon Tél. : 04 90 39 68 18 Mail : [email protected] Facebook : CaveLes3bouteilles Instagram : les3bouteilles Ouvert du mardi au samedi 9h30-12h30 / 15h-19h30 Kornél MUNDRUCZÓ couple en détresse morale et psycholo- États-Unis 2020 2h06 VOSTF gique, l’un se consolant dans une réalité avec Vanessa Kirby, chimérique dont il ne reste que le son, Shia LaBeouf, Ellen Burstyn l’autre puisant dans ses démons pour Scénario de Kata Wéber, tenter de retrouver un équilibre marital Kornél Mundruczó. illusoire. Le film décide à juste titre de s’orienter davantage vers le personnage PRIX D’INTERPRÉTATION POUR martyr interprété par Vanessa Kirby, vrai- VANESSA KIRBY AU FESTIVAL INTER- semblablement touchée par la grâce, et NATIONAL DE VENISE 2020. ainsi créer une dynamique relationnelle se muant peu à peu en une spirale sans C’est l’histoire d’un deuil, non seule- fond. ment celui d’un nouveau-né, subitement Son personnage de Martha Carson décédé suite à un accouchement extrê- épouse l’ambition assumée de Kornél mement difficile, mais aussi celui d’une Mundruczó de composer, à travers elle, femme, de son identité, la mort d’un un portrait tragique d’une société ma- passé désormais insondable, le deuil im- lade, rongée par les diktats de la bien- possible d’une mère. Porté par un plan- pensance notoire et l’avilissement de séquence d’une virtuosité écrasante, cet l’individu, condamné à la folie et à l’auto- événement clé de la vie de cette femme destruction. Finalement, on pourrait se semble être le catalyseur à la fois drama- laisser happer par la singularité du récit, tique et symbolique du parcours qu’elle la relation d’une femme avec un mari de- devra vivre pour atteindre la sublimation, venu violent et ordurier, la relation d’une essayer, malgré un monde qu’elle ne femme avec sa mère gangrénant chaque comprend plus et un entourage d’une ex- aspect de sa vie. Mais l’essentiel, le plus trême toxicité, de se reconstruire et réas- précieux, se trouve entre les lignes, du- sembler les fragments d’un être brisé par rant ces moments de flottements où le l’indicible, l’innommable. Kornél Mun- film, comme son personnage, sort de lui- druczó brise les normes du mélodrame même pour atteindre l’illumination. classique en vigueur, pour en extraire Le film essaiera constamment de creuser une quintessence cinématographique la psyché de ce foyer matrimonial avorté de l’ordre de l’onirique. La perte de ce avec une infinie délicatesse. L’univers nourrisson symbolise dès lors le point de que compose alors Kornél Mundruczó départ de la dislocation progressive, à la est d’une richesse rare, tant l’évocation fois de cette figure féminine, traversant de cette vie à jamais perdu dans les le film comme une silhouette vidée de méandres de la mémoire est dévasta- toute substance, mais également d’un trice. (Merci à avoir-alire)

Kornél Mundruzcó présente, dans le cadre du Festival d’Avignon, Séance unique le mardi 20 juillet à 11h présentée par Jean-Christophe Ferrari, du magazine Transfuge. LA LUNE DE JUPITER Kornél MUNDRUCZÓ Hongrie 2017 2h08 VOSTF avec Merab Ninidze, Zsombor Jéger, György Cserhalmi, Móni Balsai… Scénario de Kata Wéber.

Le film commence par une nuit sombre, dans un silence de mort, quand quelques dizaines de migrants venus de Ser- bie dans une embarcation de fortune tentent de traverser le fleuve pour rejoindre la Hongrie. Traqués par la police des frontières, ceux qui échappent à la noyade filent dans les bois. Des cris, des coups de feu : les flics, excités comme à la chasse, traquent du migrant, tirent sur les fuyards. Tous Séance unique le lundi 19 juillet à 14h présentée les coups sont permis. Aryan, c’est la victime, vient de se par Jean-Christophe Ferrari, rédacteur en chef découvrir le pouvoir étrange de léviter au-dessus des arbres, cinéma du magazine Transfuge. de planer sans souffrance, survivant malgré ses blessures. Stern est un affreux. Stern, jadis chirurgien de renom, tra- vaille autour du camp de migrants et ramasse tout le fric qu’il peut en aidant l’évasion de ceux qui peuvent le payer. WHITE GOD Ce jour-là, c’est Aryan qui l’attend dans son cabinet et quand Kornél MUNDRUCZÓ il se retourne pour l’examiner il reste sidéré par la décou- Hongrie 2014 2h VOSTF verte du don étrange de ce jeune homme qui se dit fils de avec Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, charpentier… Lili Monori, Laszlo Galffi… et 250 chiens. C’est un pamphlet social, c’est une image de la Hongrie qui n’a rien à envier à celle que nous renvoie White God. Kornél Scénario de Kata Wéber, Kornél Mundruczó Mundruczó s’interroge et nous interroge sur la possibilité et Viktória Petrányi. d’une transcendance : contre la bêtise, l’aveuglement, l’into- lérance, la cruauté, la violence… FESTIVAL DE CANNES 2014 : Reste-t-il encore une petite place pour l’espoir ? GRAND PRIX « UN CERTAIN REGARD ».

C’est une parabole, une fable, un fantastique conte… qu’on pourrait simplement se régaler à voir si ne se profilait, der- rière cette histoire d’un amour exceptionnel entre une jeune fille et son chien, une image terriblement lucide de la Hon- grie, de l’Europe, du monde tels qu’ils vont… C’est le prin- cipe même du conte de laisser entrevoir, derrière un récit qui vous happe, vous emporte, des choses que l’on a du mal à s’avouer. Sous le beau rêve magique, grouillent parfois de sombres ténèbres… Lili, treize ans, aime profondément son chien Hagen. Ce chien- là est magnifique, on en voudrait un tout pareil, tellement beau, fier, gentil, expressif, et quand Lili joue de la trompette, il semble subjugué par le lyrisme envoûtant de la mélodie, comme nous-mêmes le sommes. Elle a du talent Lili. Mais ici, comme dans tous les contes de fées, les adultes ne sont pas tous gentils avec les enfants et son père, qui a bien des problèmes et doit garder Lili avec lui quelques temps, refuse de prendre ce Hagen chez lui, d’autant plus qu’il n’est pas chien de race pure et que l’ordre a été donné au plus haut niveau de l’État de se débarrasser des bâtards… Aban- donné après avoir été autant comblé par l’amour de Lili, avoir goûté au paradis et se retrouver en enfer : Hagen, qui n’était « La planète Jupiter a plusieurs lunes, qui ont été découvertes que bienveillance vis-à-vis de l’humain, découvre durement par Galilée, et l‘une d‘elles s‘appelle Europe. Il était important que tous les hommes sont très loin d’avoir la douceur de pour moi de considérer ce film comme une histoire euro- sa jeune maîtresse et va apprendre la haine. Quand viendra péenne, ancrée dans une Europe en crise, notamment en le temps de la révolte, elle sera d’autant plus violente qu’il Hongrie. Mais en même temps, j‘avais envie de lui donner subsiste dans sa mémoire le souvenir d’un univers plus clé- des airs de science-fiction contemporaine. Nous avons creusé la ment auquel il n’a plus accès, trahi par la gent humaine, qui notion d‘étranger, en nous demandant qui est le véritable étran- l’exploite et le brutalise, alors même qu’il était prêt à croire ger. Tout est question de point de vue. Jupiter est suffisamment aveuglément en elle. Hagen va prendre naturellement la tête éloignée de nous pour qu‘on puisse se poser de nouvelles ques- de la révolte collective des chiens évadés... tions sur la foi, les miracles, et la différence. » Kornél Mundruczó

Cząstki kobiety - Une femme en pièces, à 18h du 17 au 25 juillet (relâche le 21) au gymnase du lycée Aubanel. ÎLE PIOT

Région Occitanie - Direction de la Communication et de l’Information CItoyenne - Avril 2021 FC Photo © CW-design030 de la Communication et l’Information Région Occitanie - Direction 8 25 JUILLET 2021

GROUPE NOCES | Je suis tigre LA MOB À SISYPHE | Huitième jour CIE DU CHAOS | Ikuemän LE DOUX SUPPLICE | En attendant le grand soir CIE SCRATCH | Mousse CIE NICANOR DE ELIA | Juventud LA NOUR | Mektoub CIE PUÉRIL PÉRIL | L’autre CIE HAPPÉS | L’aérien - causerie envolée AKOREACRO | Dans ton coeur CHEPTEL ALEÏKOUM | Interprète L’ÉSACTO’LIDO | La volonté du fou IETO | Pour Hêtre www.polecirqueverrerie.com

Oc-2105-DCP-OccitanieCirqueAvignon-AP Utopia 180X250.indd 1 26/05/2021 17:22:08 Projection unique le vendredi 23 juillet à 14h suivie d’une rencontre avec le réalisateur Jean-Gabriel Carasso et des membres de la troupe du Nouveau Théâtre Populaire, qui présente Le Ciel, la Nuit et la Fête. LES HÉRITIERS DE L’AVENIR Jean-Gabriel CARASSO France 2015 1h17 Avec Pauline Bolcatto, Valentin Boraud, Julien Campani, Philippe Canales, Baptiste Chabauty, Léo Cohen-Paper- man, Emilien Diard-Detœuf, Clovis Fouin, Joseph Fourez, Elsa Grzeszczak, Sophie Guibard, Lazare Herson-Macarel, Frédéric Jessua, Morgane Nairaud, Antoine Philippot, Julien Romelard, Claire Sermonne, Sacha Todorov et Lola Lucas.

Ça se passe en plein dans le Maine-et-Loire, à Fontaine-Gué- rin, un village de moins de 1000 habitants, avec bien entendu une mairie, une supérette, une église, une forêt pas loin, et au moins un jardin. Dans ce jardin, une scène et sur cette scène au mois d’août, le Festival du Nouveau Théâtre Populaire ! « Ce festival a pour objectif de proposer au public le plus large (c’est-à-dire aux tarifs les plus bas) les grands textes du répertoire dans des mises en scène reposant avant tout sur la présence des acteurs et l’amour du poème dramatique. Nous partageons en cela le projet de Jean Vilar, qui a donné son nom à notre scène. Jean Vilar au Verger @ Jean Rouver/Association Jean Vilar

« Le festival Nouveau Théâtre Populaire a vu le jour en 2009. Projection en avant-première, le vendredi 10 juillet De jeunes artistes, sortis pour la plupart des grandes écoles à 11h suivie d’une rencontre avec la réalisatrice nationales décident de construire un plateau dans le jardin Sandra Paugam et Nathalie Cabrera, directrice de d’une propriété privée, pour jouer sous les étoiles les grands l’association Jean Vilar / Maison Jean Vilar. textes du répertoire français et mondial. Comme toute en- treprise “romantique”, celle-ci est née d’un désir de liberté. Pour ce film, réservation uniquement au Liberté des acteurs, des metteurs en scène et du public. » cinéma Utopia Manutention. C’est dans cette grande et belle aventure que le réalisateur Jean-Gabriel Carasso a plongé sa caméra lors de la 6e édition d’août 2014. JEAN VILAR, Aujourd’hui l’aventure continue et la 13e édition, Édition Mo- lière, aura lieu du 14 au 23 août cette année. LA RÉVOLUTION DU THÉÂTRE POUR TOUS Réalisé par Sandra Paugam France 2021 52 mn À l’occasion du jubilé de la disparition de Jean Vilar et du centenaire de la création du TNP, le documentaire interroge le parcours et l’héritage du créateur du Festival d’Avignon. Le film évoque l’acteur, le metteur en scène, le chef de troupe qui a accompagné l’émergence d’une génération de comé- diens, de Gérard Philipe à Maria Casarès. Nourri de nombreuses archives et d’entretiens avec Olivier Py, Jean Bellorini, Eric Ruf, Robin Renucci et Emmanuelle Loyer, il retrace avant tout son engagement pour le « théâtre populaire » et montre comment il a révolutionné l’accueil du public et posé les prémices d’une politique culturelle. La troupe du Nouveau Théâtre Populaire présente dans le cadre du Festival d’Avignon, Le Ciel, la Nuit Le travail du Nouveau Théâtre Populaire et de la compagnie et la Fête, à 18h30 du 20 au 25 juillet (relâche le 22) éphémère du TNP de Villeurbanne permet aussi de mesurer dans la Cour Minérale - Avignon Université. la modernité et la persistance de la pensée de Jean Vilar. LES TERRITOIRES CINÉMATOGRAPHIQUES C’EST AUSSI POUR LES PLUS JEUNES du 7 au 25 juillet à Utopia-Manutention à 10h30. Les Territoires cinématographiques sont organisés en collaboration avec le Festival d’Avignon. Réservation possible auprès du Festival d’Avignon ou du cinéma Utopia-Manutention. Pour les groupes contacter le cinéma au 04 90 82 65 36 ou le Festival d’Avignon ([email protected]).

Séances les 7, 12, 17 et 22 juillet à 10h30 BALADES SOUS LES ÉTOILES Programme de 6 films d’animation Lettonie 2020 49mn VF

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 5 ANS.

Cinq jeunes réalisateurs et réalisatrices à l’imagination fertile pour une promenade poétique nocturne. La nuit, rien n’est tout à fait pareil…

Promenade nocturne Lizete Upîte Lettonie 2018 Une nuit, Anna et son père décident de rentrer chez eux en passant par la forêt. La jeune fille prend une torche pour s’éclairer.

Éternité Anastasia Mekhilova Russie 2018 Des abstractions nocturnes deviennent réalité et donnent naissance à un monde nouveau.

Elsa et la nuit Jöns Mellgren Suède 2019 Elsa a peur du noir et n’a jamais réussi à fermer l’œil de la nuit en 30 ans. Un matin, elle découvre sous son canapé une invitée qui n’est pas la bienvenue : la Nuit en personne.

Premier tonnerre Ekaterina Kozhushanyaya Russie 2017 Le printemps est en retard... Une bergère et son chien fidèle Séances les 8, 13, 18 et 23 juillet à 10h30. doivent affronter les anciens esprits pour continuer le cycle de la vie. Nuit chérie Lia Bertels Belgique 2019 LE VOYAGE Au pays du Yeti, un ours n’arrive pas à s’endormir. Il pense trop et broie du noir. Un singe blanc lui propose d’aller manger du miel chez sa tante pour lui changer les idées. DU PRINCE Jean-François LAGUIONIE et Xavier PICARD Moutons, loup et tasse de thé... Marion Lacourt France 2019 film d’animation France 2019 1h17 La nuit, tandis que les membres d’une famille s’adonnent à Scénario de Jean-François Laguionie et Anik Le Ray. de curieux rituels avant de s’endormir, un enfant invoque un loup au fond d’une boîte cachée sous son lit. POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 8 ANS Une fois de plus, Jean-François Laguionie – secondé ici par Xavier Picard – nous offre un film splendide, d’une beauté visuelle renversante, d’une intelligence et d’une finesse en- thousiasmantes. On ne s’étonne pas, puisque depuis 25 ans on doit à cet artiste du cinéma d’animation des réussites aussi marquantes que Le Tableau, Louise en Hiver, ou le Châ- teau des Singes… C’est l’histoire d’un vieux prince qui échoue sur un rivage qui est pour lui un nouveau continent. Blessé et perdu, il est retrouvé par le jeune Tom et recueilli par ses parents, deux chercheurs exclus de l’Académie des sciences parce qu’ils ont osé croire à l’existence d’autres peuples… Le dessin tire un trait doux et lumineux entre les manières de voir les choses de deux royaumes. L’un truffé de clins d’œil au xixe siècle, à ses expositions universelles, l’autre inspiré par la période de la Renaissance, Léonard de Vinci. Tous deux nous renvoient aux défaillances de notre propre époque et l’on peut y voir une magnifique fable écologique. et a bien l’intention de reprendre ses bonnes ha- bitudes, mais les temps changent...

Grand Loup et Petit Loup Grand Loup vit seul et bienheureux au pied de son arbre quand il voit surgir un beau matin un Petit Loup bien décidé à lui tenir compagnie...

Promenons-nous Dans les bois, cinq louveteaux jouent et taquinent Papa Loup qui se prépare à sortir pour les « croquer » !

Séances les 10, 15, 20 et 25 juillet à 10h30. L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONA Écrit et réalisé par Anca DAMIAN film d’animation Roumanie 2019 1h32 VF

POUR LES ENFANTS Séances les 11, 16 Séances les 9, 14, 19 À PARTIR DE 8 ANS et 21 juillet à 10h30. et 24 juillet à 10h30. L’épopée de la chienne Marona, qui se souvient de tous les maîtres qu’elle a JOJO RABBIT LOUPS TENDRES ET aimés tout au long de sa vie, parlera Écrit et réalisé par Taïka WAITITI tout autant à l’imaginaire des enfants USA 2019 1h48 VOSTF LOUFOQUES (pas trop petits) qu’à celui des adultes. avec Roman Griffin Davies, Thoma- Programme de six films d’animation Accompagnée par le talentueux artiste sin McKensie, Scarlett Johansson, France 2019 53mn belge Brecht Evens (créateur de la pa- Sam Rockwell... lette graphique du film, notamment), D’après le roman Le Ciel en cage, POUR LES ENFANTS la réalisatrice roumaine Anca Damian de Christine Leunens. À PARTIR DE 3 ANS signe ici une histoire très accessible mal- gré ses moments de gravité vaillamment Dire de ce film qu’il danse sur une C’est moi le plus beau affrontés (de l’acabit du mémorable Ma corde raide est sans aucun doute un Un beau matin, l’incorrigible loup se vie de Courgette). La qualité somptueuse grand euphémisme. Narrer sans recul lève de très bonne humeur. Il se fait de l’animation, vivante et vibrante, riche les aventures d’un antisémite fanatique beau, et part faire un tour pour que tout en esthétiques variées, ravit autant les à seules fins d’en rire relèverait de la le monde puisse l’admirer, et affirmer mirettes qu’elle participe à l’incarna- gageure impossible si le film en restait que c’est bien LUI le plus beau ! tion des personnages, à la profondeur là. Heureusement Taïka Waititi, s’éman- de leurs sentiments. Dans cette malle cipe très vite de son postulat de dé- Trop petit loup au trésor visuelle bluffante de poésie part, pour nous proposer une réflexion Un louveteau aussi fanfaron qu’atten- (imaginez un visage endormi sur lequel acerbe sur la manipulation, la perver- drissant décide un beau jour qu’il est défilent des rêves, par exemple), où la sité du monde des adultes, et l’impé- assez grand pour chasser tout seul. musique joue un rôle d’importance, on ratif moral de l’ouverture à l’autre. ne perd jamais de vue la tendresse, la Toute l’intelligence du parti-pris par Le Retour du grand méchant loup pudeur et l’optimisme. C’est un film Waititi tient dans le regard posé sur Le Grand Méchant Loup est de retour, salvateur, fait pour embellir l’univers ! cette histoire tragi-comique : celle d’une société viciée vue à travers les yeux d’un petit garçon de dix ans ; du coup l’apparition d’un Hitler burlesque et badin est davantage la vision fantas- matique d’un père de substitution que le reflet fidèle du dictateur.

Au fur et à mesure que les yeux de Jojo se décillent, le rôle du mentor va s’ame- nuiser, laissant la place au vrai sujet du film, donc : la manipulation. Celle, mas- sivement destructrice d’adultes lâches et corrompus capables de mentir à des gosses avant de les envoyer au casse- pipe. CHIEN POURRI, LA VIE À PARIS

Programme de 5 courts films littérature jeunesse, né en 2009 de l’ima- d’animation réalisés par Davy gination débordante de l’écrivain Colas DURAND avec la participation Gutman et devenu à partir de 2013 la ve- de PATAR et AUBIER dette à part entière de 13 romans écrits France / Belgique 2019 1h par Gutman et merveilleusement illustrés d’après les romans de Colas Gutman par Marc Boutavant. On retrouve ici l’uni- et Marc Boutavant (L’École des loisirs) vers des bouquins, le ton totalement dé- calé et potache, l’humour si particulier, le POUR LES ENFANTS tout dans l’ambiance délicieusement su- UN POUR UN À PARTIR DE 3 / 4 ANS rannée d’un Paris de carte postale, façon Un accompagnement scolaire individualisé Tarif unique : 4,50 euros accordéon, poubelles en zinc et écluses du Canal Saint-Martin. (Ecoles publiques St Roch, Scheppler, Louis Gros) Moi qui n’ai jamais été très chien dans UN POUR UN Avignon ma chienne de vie, je dois confesser Au cours de ces 5 épisodes, nous allons que la rencontre avec ce cabot-là m’a suivre les aventures de Chien Pourri, le C’est un adulte qui va presque fait changer d’avis… Parce que cabot aux longues oreilles qui s’extasie aider un enfant d’origine Chien Pourri, ce n’est pas tout à fait n’im- de tout avec un air heureux et ne se mé- étrangère (en classe porte qui et si vous ne le connaissez pas fie de personne car c’est un cœur pur et élémentaire) quelques encore, vous devriez filer fissa chez votre tendre. Avec Chaplapla, le chat de gout- heures par semaine libraire indépendant préféré pour vous of- tière philosophe et sérieux qui devien- (maîtrise de la langue frir toute la collection, remède bien plus dra son meilleur pote, ils se trouveront française, ouvertu- efficace qu’une boîte de lexomyl en ces face à un béret habité par une famille de res culturelles) en temps anxiogènes. Posologie : 1 tome puces, aideront une pauvre moule resca- liaison avec sa tous les soirs pendant 13 jours (traite- pée d’une pizza aux fruits de mers, rê- ment familial préconisé). Quoi ? Vous veront devant une carte postale d’Amé- famille et son n’êtes pas un enfant ? Vous avez plus rique ou une étoile de neige qui va fondre enseignant de 4 ans ? Et alors, où est le problème ? trop vite. Essayez et on en recause. Tout sera prétexte à émerveillements, DES ENFANTS ATTENDENT UN TUTEUR Chien Pourri, la vie à Paris est donc péripéties et profonde (mais jamais sé- 1 pour 1 Avignon MPTChampfleury l’adaptation au cinéma des aventures du rieuse) réflexion sur le sens de la vie. 2, rue Marie Madeleine- 84000 Avignon chien le plus cool et le plus attachant de la Monty Python ? Non, sacré Chien Pourri ! Tel. 04 90 82 62 07 - http://1pour1-avignon.fr LES RACINES DU MONDE Écrit et réalisé par sage de rares voitures semble nimbée chant à ses branches les khadag, ces Byambasuren DAVAA d’or. Mais pour le malheur des popu- écharpes en soie de couleur bleue qui Mongolie 2019 1h37 VOSTF lations locales, c’est sous terre que se symbolisent respect et pureté… Non, avec Bat-Ireedui Batmunkhw, trouve le métal précieux, et les compa- Amra ne sait pas encore combien la vie Enerel Tumen, Yalalt Namsrai… gnies minières internationales le savent est éphémère, et combien les anciens bien. Et si pour l’extraire, il faut déloger ont raison quand ils disent que l’or ne À VOIR EN FAMILLE, quelques poignées de Mongols, elles le se mange ni ne se boit. « Nous sommes ACCESSIBLE DÈS 9/10 ANS feront sans hésiter. tous les enfants d’une même rivière », Amra, du haut de ses 12 ans, ne s’en que devenons-nous lorsque nous assé- Cela se passe ans un pays plus beau soucie guère, c’est le combat des chons tous les cours d’eau ? qu’un rêve, celui où viennent s’abreuver grands, celui de son père Erdene que les racines du monde, des troupeaux de s’accrocher à ces terres arides, leurs On n’a guère envie de déflorer ici l’in- de yacks et une poignée d’hommes : la traditions et habitations traditionnelles, trigue, mais progressivement le récit Mongolie. Pour son quatrième film (dans si inadaptées aux standards du confort nous attache à ces personnages lumi- la lignée de L’Histoire du chameau qui moderne. Comme tant d’autre gosses neux qui deviennent un peu comme les pleure, Le Chien jaune de Mongolie et dans le monde, il rêve des super héros membres de notre propre famille. On Les Deux chevaux de Gengis Khan) la ré- côtoyés dans ses jeux vidéos, mais sur- sourira volontiers aux facéties du ma- alisatrice Byambasuren Davaa continue tout d’être sélectionné à « Mongolia’s licieux Amra et de son inconditionnel d’explorer son pays d’origine. Elle nous got talent », un télé-crochet très popu- livre un récit à la narration brillante qui laire : la gloire et la carrière faciles, à por- complice, son cousin Bataa. On frémira emporte tout sur son passage et va nous tée d’applaudissements… d’impuissance et de rage lors du conseil mener là où ne s’y attend pas. On y ren- des nomades, appâtés et pressurés par contrera beaucoup de rires, beaucoup D’aucuns, voyant sa mère Zaya courir les grandes mines industrielles qui les d’émotions mais aussi une réflexion pro- après le troupeau, la prendraient pour invitent à faire place nette. On s’agacera fonde et universelle, essentielle, fausse- une bouseuse inculte et plaindraient sa du comportement des mineurs illicites, ment naïve. C’est une œuvre avec plu- petite sœur Altaa de ne pas être mieux baptisés « ninjas » en référence aux bas- sieurs niveaux de lecture, le film idéal fagotée. D’aucuns se tromperaient… sines qu’ils transportent sur leurs dos, si pour une sortie en famille. Les adultes y Car il y a plus de finesse et de bon sens semblables aux carapaces des célèbres trouveront un efficace pamphlet de po- dans la caboche de ces deux-là que Tortues… Puis on découvrira que rien litique environnementale et leur comp- sous la calvitie d’un énarque. Et puis n’est simple non plus pour eux et qu’ils tant d’évasion. Les enfants une fable aucune fringue de marque ne rempla- sont dans le fond, eux aussi, les vic- contemporaine écologique, les invitant cera les effluves de liberté et de bon- times d’un système international amoral simultanément à respecter les traditions heur qui flottent dans l’air autour de leur et inconséquent qui s’approprie le bien et à utiliser leur libre arbitre. campement temporaire. Amra ne le sait commun, exproprie les hommes, ignore pas encore au début du récit, il a plutôt l’importance de la nature et serait bien Dans ces steppes asséchées, où la lu- honte de ces croyances ancestrales qui capable de conduire l’humanité à sa mière transcende les couleurs, même la amènent à vénérer les esprits invisibles, perte sans l’once d’un frémissement de maudite poussière que soulève le pas- à prier autour d’un arbre sacré en accro- compassion.

du commun, qui hantera longtemps nos Rapidement on s’attache à tous les per- mémoires. On le découvre comme l’a sonnages, à leurs parcours au travers de découvert le cinéaste, plein d’humour celui du principal protagoniste. Est dres- et d’auto-dérision, en train de pianoter sé le portrait mouvant, émouvant d’un constamment, sur toute surface réelle être qu’on ne se lasse pas d’observer, ou imaginaire, des airs que lui seul en- pendus à ses lèvres, à ses doigts endia- tend mais qui prendront corps pour blés, agiles, pourtant potelés par trop de nous pour peu qu’on lui prête un piano. médicaments. Ce qui parait tout d’abord une attitude On achèvera le périple frustrés, avec démentielle est le fruit d’un labeur in- l’envie d’en savoir plus, de connaître la cessant, intense, d’une passion dévas- suite de ses batailles, d’entendre en en- tatrice, d’une enfance sacrifiée pour la tier ses fulgurantes compositions. Car Artemio BENKI conquête de la renommée. Martín fut même au fond du gouffre, l’esprit de SOLOArgentine 2019 1h25 VOSTF cet enfant prodige, ce musicien virtuose, Martín jamais ne sommeille vraiment, promis à une brillante carrière arrêtée en un état qui le tire autant vers la noirceur « Passé le portail d’entrée d’El Borda, plein vol quand, se sentant perdre pied, d’un enfer intérieur que vers une forme un ficus étrangleur s’enroule autour du il demanda à ce qu’on l’interne. de rédemption lumineuse. « D’une cer- tronc d’un palmier, tel une métaphore de taine manière, la folie donne des ailes… la folie » raconte le réalisateur. « L’hôpital « Les gens normaux n’ont rien d’excep- à toi, à moi, au président de la Nation » psychiatrique du Borda est une petite tionnel » titrait en d’autres temps un tout explique le pianiste… ville en soi. Les rues y portent des noms autre film. Une phrase qui fait caisse de Ses angoisses, ses errances nous ra- mènent aux nôtres. On perçoit la cruelle de docteurs, les bâtiments ont des al- résonance aux mots tellement lucides et sensés de Martín. On se demandera dualité qui l’assaille, pris en tenaille lures de squats, il y a une église, un ter- longtemps encore où se situe la frontière entre son désir de liberté mêlé à la peur rain de foot. Je l’ai visité pour la pre- qui sépare folie et génie. Plus le film che- d’avoir à décider de sa vie. Malgré les mière fois en décembre 2014. Je me mine, plus elle devient impalpable, nous apparences, contre tout attente, les souviens du lieu, des visages que j’y ai échappe, nous perturbe tels les vibratos murs de l’hôpital sont aussi un nid pro- croisés. J’avais envie d’y revenir et cette faussement déstructurés d’un opéra- tecteur et il faudra beaucoup de cou- sensation que j’avais une histoire à ra- comique contemporain. Chaque œuvre, rage, d’amitié, d’entourage pour réussir conter là-bas. » chaque composition ne porte-t-elle pas à en sortir, à se sentir rassuré… en elle une part de danger inhérent au L’incroyable histoire, la vraie, pleine processus de création qui entraîne les Solo, tout en tendresse et pudeur, qui d’enseignements philosophiques, c’est artistes à la marge de la normalité ? Le parle d’un être qui s’élance à nouveau celle de Martín Aníbal Perino, « le Maes- film nous fait basculer dans cette huma- vers une nouvelle carrière, met un point tro » comme le surnomment les autres nité fragile qui se contorsionne, se débat d’orgue à celle d’Artemio Benki, mort pensionnaires d’El Borda… Un person- comme elle peut pour survivre, avec ses prématurément alors que nous le dé- nage haut en couleurs, au destin hors pauvres armes. couvrions à peine… « Ciao Maestro » ! 143 RUE DU DÉSERT

Écrit et réalisé par Hassen FERHANI saloon, indépendante et farouche dans Une femme libre comme l’air qui montre Algérie 2019 1h40 VOSTF un monde d’hommes. son esprit critique quand elle démasque Hassen Ferhani a découvert ce person- l’hypocrisie sexiste de pèlerins bigots, Ça pourrait être le décor d’un wes- nage extraordinaire grâce à l’écrivain ou quand elle a la dent dure sur la trop tern, ou d’un grand film d’aventure. Le Chawki Amari – auteur d’un livre intitu- grande masculinité à son goût d’une désert à perte de vue, une route inter- lé Nationale 1 – qui fut son guide. Il a motarde polonaise. minable et, au milieu de rien, à défaut décidé de se poser plusieurs semaines d’un saloon, une petite masure qui au- aux côtés de Malika dans ses 20 m2, où Au-delà du portrait formidablement atta- rait pu être dessinée par un enfant tant trônent quelques chaises en plastique, chant qu’il fait de Malika, Hassen Ferhani elle est simple, juste un cube avec une et où les clients s’arrêtent le temps de décrit bien, à travers les voyageurs de fenêtre, comme déposé là au milieu du boire un café ou d’avaler rapidement passage, à travers tout ce que laisse sable. Bien loin de Monument Valley, une omelette. Evitant les interviews trop deviner la minuscule fenêtre, ouverture nous sommes au cœur du Sahara algé- faciles, le réalisateur dévoile peu à peu sur l’immensité, toutes les probléma- rien, le long de la route nationale 1, inau- l’histoire mystérieuse de cette femme et tiques de l’Algérie contemporaine : celle gurée il y a des décennies par Houari les traits de son caractère bien trempé, à Boumédiène, cette route « de l’unité » travers les brèves conversations qu’elle du défi des migrations, de la place de la qui relie Alger à Tamanrasset près de a avec ses clients. On apprend ainsi femme, de la mondialisation qui appau- 2000 km plus loin. La petite masure est qu’elle a choisi de quitter la ville pour vrit les citoyens d’un pays au socialisme la minuscule buvette que tient Malika, 74 vivre seule dans le désert avec son chien affaibli. Comme le dit Hassen Ferhani, ans, point d’ancrage pour les routiers et et son chat, à 60 km du premier village, « 143, rue du Désert est un huis-clos ou- les chauffeurs de bus, pour les migrants et qu’elle a connu il y a quelques années vert sur l’Algérie et le monde ». Par son subsahariens qui ont choisi l’exil par la l’opprobre et la violence des hommes travail d’orfèvre d’observation, par la route terrestre, pour les rares routards et médisant sur son indépendance sus- grâce de sa mise en scène d’une acui- quelques pèlerins. Malika, avec sa force pecte. Selon Hassen Ferhani, « Malika té et d’une sensibilité rares, ce cinéaste de caractère, avec son franc parler ini- est pour les routiers comme une ba- bourré de talent parvient avec son do- mitable, pourrait évoquer le person- lise dans la mer, un repère mental, elle cumentaire à nous captiver, à nous faire nage de Joan Crawford dans Johnny apaise les solitudes […] Malika est une sourire, à nous émouvoir comme finale- Guitar de Nicholas Ray, tenancière de sainte « profane » dans son mausolée ». ment peu de fictions savent le faire. ONODAONODA

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Arthur HARARI placé sous le registre du film de guerre, est contée : figure paternelle fascinante, France / Japon 2021 2h45 VOSTF le film s’étoffe progressivement, pas- Tanaguchi leur a enseigné l’esprit de leur avec Yuya Endo, Kanji Tsuda, sant par le survival ou l’étude anthro- nouvelle mission. Si le Japon est bat- Yuya Matsuura, Shinsuke Kato… pologique, pour finalement se placer tu, ces guérilleros agiront dans l’ombre Scénario d’Arthur Harari dans la lignée des œuvres illustres sur pour freiner l’avancée de l’ennemi par et Vincent Poymiro l’homme et la nature (on pense notam- tous les moyens et se renseigner autant ment à John Boorman), avec une pas- que possible en vue d’informer straté- FESTIVAL DE CANNES 2021 sion assumée pour le cinéma japonais giquement les renforts lorsqu’ils arrive- FILM D’OUVERTURE SECTION (Kurosawa en tête). En trente ans, les ront. Pour cela, trois règles : ne jamais UN CERTAIN REGARD histoires d’Hiroo Onoda auront été mul- se rendre, ne jamais mourir et n’obéir tiples, mais toutes convergent vers le qu’à eux-mêmes. Dès lors, coupés de C’est un projet hors du commun que point de mire de son voyage intérieur : tout en pleine jungle, Onoda et ses trois cet ambitieux film japonais mené par la recherche de l’intégrité absolue, fut- partenaires entrent dans une mission qui le réalisateur français Arthur Harari, re- ce au service d’une mission complète- ne prendra fin que 30 ans plus tard. marqué pour son premier long métrage ment délirante. (déjà très maitrisé) Diamant noir. Pour Le film rend parfaitement compte de la son deuxième film, sur le papier déjà, Fin 1944, Hiroo Onoda est envoyé à manière dont la culture japonaise, son quelque chose intrigue : une dimension Lubang, une petite île au nord des sens de l’honneur et du devoir, ont pu homérique, une prise de risque délibé- Philippines. Comme attendu, le dé- rendre possible une telle aventure. Mais rée, peu courante dans le cinéma fran- barquement des Américains est écra- çais. Raconter l’incroyable histoire vraie sant et force les troupes japonaises plus encore, Arthur Harari filme le siège d’Hiroo Onoda, soldat japonais resté à s’éparpiller dans les montagnes au d’Onoda et ses camarades comme un en poste dans la jungle d’une île des cœur de l’île pour survivre. Onoda choi- parcours jonché d’épreuves (la faim, Philippines trente ans après la fin de la sit quelques hommes solides et part la solitude, l’hostilité du milieu, etc.), Seconde Guerre mondiale, refusant de établir un campement au milieu de la une véritable Odyssée qui dépasse le croire à la reddition de son pays. L’idée jungle. Rapidement, ils ne seront plus seul conditionnement culturel : la force excite immédiatement nos imaginaires que trois à l’accompagner : Kozuka, le d’une autodiscipline implacable, l’amitié remplis de récits d’aventures, notre fas- plus dévoué, Shimada, le père de fa- réelle au sein d’un groupe à la cohésion cination pour les étrangetés de l’His- mille, et Akatsu, le plus jeune. Au bout mainte fois malmenée, et, plus que tout toire, pour les expériences extrêmes où de quelques temps, Onoda leur dévoile peut-être, la capacité humaine à s’in- l’humain fait preuve de ressources ini- les véritables raisons de sa présence. venter des histoires pour se donner un maginables pour se surpasser. Refusé comme pilote parce qu’il avait but. Les brefs contacts avec les habi- Arthur Harari embrasse avidement tout le vertige, Onoda n’a pas pu effectuer tants de l’île et les tentatives de récupé- ce que ce fait réel transporte de fic- de mission-suicide contre l’ennemi. En ration organisées par le Japon n’y feront tions pour réussir un film d’une grande échange, il a intégré une unité d’élite en- rien. Arthur Harari fait le portrait saisis- richesse, fouillant les nombreuses fa- traînée pour mener la « guerre secrète ». sant d’un héros plongé dans une guerre cettes de cette histoire avec un vaste Dans un très beau chapitre, l’instruction sans combat, condamné à une grandeur appétit cinématographique. D’abord d’Onoda par le major Tanaguchi nous sans gloire.

La séance du jeudi 15 juillet à 14h15 sera suivie d'une discussion avec Charles Silvestre des Amis de l'Huma.

IL N’Y AURA PLUS DE NUIT

Éléonore WEBER lence à distance où l’on peut voir sans reusement, Nathalie Richard nous tient France 2020 1h15 être vu, toucher sans être touché, ôter la main, sans ça nous resterions sans avec la voix de Nathalie Richard des vies sans jamais risquer la sienne ». doute collés au stade de la sidération. Quand on pense que jusqu’à la fin du Ces images, pour mieux les comprendre, On savait que la photographie parta- 19e siècle, les armées européennes ha- la réalisatrice les a également soumises geait son vocabulaire avec celui de la billaient leurs soldats d’un rouge fier et à un pilote de l’armée française dont elle chasse : charger, viser, shooter, tirer. Il flamboyant ! restitue fidèlement les mots. Ainsi est n’y aura plus de nuit rend compte d’un Ces frappes donc, si élégamment nom- mis en lumière le fossé qui sépare l’œil pas supplémentaire franchi : dans nos mées « chirurgicales », souvent réali- militaire de l’œil profane. Le regard est armées occidentales contemporaines, sées dans le cadre de missions préven- une construction idéologique, culturelle, regarder c’est déjà viser. Désormais cer- tives, conduisent inéluctablement à des professionnelle et devant une même tains pilotes d’hélicoptères sont mu- erreurs et révèlent le paradoxe suivant : image, soldat et cinéaste ne voient pas nis en permanence d’une caméra, elle- plus les pilotes voient, plus ils risquent du tout la même chose ! même reliée directement à leur arme, de se tromper. À cet égard, on se sou- si bien que tout ce qu’ils regardent est vient de ces deux journalistes tués par À ces deux regards, il faut bien sûr en vu par le prisme du viseur de la caméra, erreur par l’armée américaine parce que ajouter un troisième, le nôtre, celui du confondu avec celui de l’arme, et est en- les soldats avaient confondu leur pied spectateur. Si le film témoigne de l’in- registré. Nous arrivons donc à l’équation de caméra avec un AK47 ou assimilé. satiabilité de l’œil du pilote qui semble paroxystique suivante : regarder = viser L’erreur fut sans appel. n’en voir jamais assez, le spectateur est = filmer = (potentiellement) tuer. lui aussi renvoyé à sa pulsion scopique Doté d’une puissance de zoom sans Cependant la question géopolitique est et au pouvoir de fascination qu’exercent précédent, le pilote dans les airs peut maintenue hors-champ. Ce qu’interroge ces images. Ce fantasme de tout voir, ainsi voir ce qu’il se passe sur terre à véritablement Il n’y aura plus de nuit est que rien ne nous échappe au nom de la des kilomètres de lui, jusqu’à la couleur la question du regard et du voir. Le dis- vérité, au nom de la justice ou de la sé- et la texture d’un pull over. Plus encore, positif est aussi simple qu’efficace : sur curité, est évidemment un leurre. Le plus les caméras thermiques défient tous les des images provenant uniquement d’en- important est toujours : qui regarde ? Qui obstacles, plus rien ne leur résiste, ni les registrements effectués lors de missions peut voir ? Et lorsque qu’aucun contre- branchages, ni le brouillard, pas même (glanées sur des sites grand public tel champ n’existe, on peut être à peu près la nuit. que YouTube), est apposée une voix off sûr que le danger n’est pas loin (Loi sé- sobre et distanciée qui questionne la na- curité globale ?). Nous sommes en Afghanistan, en Syrie, ture même de ces images. Si l’écueil de De la même manière que les flammes en Irak. Du ciel, l’ennemi n’est qu’une sil- la voix off est souvent de prendre trop de l’enfer brûlent sans éclairer, ces ca- houette, blanche et luminescente la nuit. de place et d’être trop directive, il n’en méras suppriment la nuit sans nous per- Ici le rapport de force est asymétrique, est rien ici. Bien au contraire et fort heu- mettre d’y voir clair. outrageusement déséquilibré. La seule chose que les pilotes craignent, c’est la bavure, l’erreur d’appréciation qui Depuis des années nous recevons les conduirait au tribunal militaire. Grégoire Amis de l'Huma pendant le Festival. Cette Chamayou l’exprime clairement dans année, année spéciale, nous avons le plai- son ouvrage Théorie du drone : « [cette sir de remettre la collaboration en route. technologie] est l’instrument d’une vio- Appel à soutien du Fenouil à Vapeur

Depuis 14 années le Fenouil à Vapeur s’agite pour faire frémir des tablées ripailleuses, du temps pour la rencontre, des croisées associatives, des soli- darités paysannes, du soutien aux associations... Depuis 14 ans la précarité des locaux est la donne. Sommé de quitter une première adresse en 2015, une situation identique se présente dans les mois qui viennent ; avec pour point de mire 3 interlocuteurs, la mairie, Citadis, et un futur acheteur du privé. À notre souhait d’un ancrage dans le quartier Carreterie, en cheville ouvrière avec la faculté, nous est opposée la seule réalité comptable. Achetez ou partez ! Bien que des efforts soient consentis pour assouplir le délai du départ, la commune affirme sa volonté de céder au privé. Aussi nous affirmons notre volonté de mixer dans ces lieux logements sociaux et/ou étudiants avec acti- vités associatives. Nous avons besoin d’aide ; signez et faites circuler notre pétition. Venez sou- tenir ou participer à l’activité de juillet, 9 mois sans ressources ont en effet grevé les caisses. Merci pour vos soutiens, déjà très nombreux, qui nous donnent courage et vitalité !! Pétition en ligne sur le site : fenouilavapeur.org Du 5 au 25 juillet, de 18h à 1h00 du matin au 145 rue carreterie apéro - concert - repas - animations de direct avec Radio Aïoli

En hommage à tous ceux qui voyagent et qui arrivent un jour à Avignon, à tous ceux que l’on appelle « mi- grants », 123 SOLEIL projettera ses films sur un mur de la Rue des Teinturiers et ce sera le 24 juillet à par- tir de 22h00. Avis aux amateurs de thrillers, de comé- dies et de documentaires, le cinéma sera dans tous ses états. informations https://www.facebook.com/ 123soleilcinemasolidaire

Depuis 2018, Rosmerta occupe le 7 rue Pasteur à Avignon. Actuellement nous accueillons des familles avec bébé et jeunes enfants et plus de 40 jeunes mineurs isolés. Nous répondons à des situations d’urgence sociale, du fait du non-respect des droits de l’Homme. Nos actions visent à mettre à l’abri des personnes en difficultés d’hébergement et à faire respecter… Rosmerta, tout le mois de juillet, ouvre ses portes les dimanches de 14h à 20h ! C’est le retour des événements dans la cour des miracles ! La petite cour de Rosmerta se met au vert, et on vous invite à venir boire un verre sous les platanes, entre deux spectacles. On installe une petite buvette sur place, et on invitera sûrement quelques amis musiciens… C’est l’occasion de nous soutenir après de longs mois sans fêtes ! BONNE MÈRE

Écrit et réalisé par Hafsia HERZI rores, prend plusieurs correspondances questions d’identité. Les merveilleuses France 2021 1h39 de bus pour rejoindre au prix d’un tra- scènes de partage entre les agents avec Halima Benhamed, Sabrina jet interminable l’aéroport de Marignane d’entretien de Marignane ne sont pas Benhamed, Jawed Hannachi Herzi, où elle fait partie de l’équipe d’entretien sans rappeler celles entre les ouvriers ou Mourad Tahar Boussata… des avions. Mais comme beaucoup de les cheminots des films de Ken Loach. femmes des quartiers populaires sou- Et puis il y a la marque de fabrique FESTIVAL DE CANNES 2021, vent issues de l’immigration, Nora vit la Hafsia Herzi : ce sens de l’humour in- SÉLECTION OFFICIELLE triple journée : une fois son travail ter- défectible qui est aussi l’arme des pe- UN CERTAIN REGARD. miné à l’aéroport, elle se rend ensuite tites gens, des sans-dents et autres ca- chez une dame âgée dont elle est l’aide tégories ignorées des dominants, et qui En 2007, une toute jeune actrice de 20 de vie et avec qui elle entretient, on le donne au récit de savoureux moments ans nous laissait pantois avec son im- devine, un rapport d’amitié qui n’a que de respiration. C’est notamment le cas pressionnante interprétation dans La faire des classes sociales et de l’iden- avec cette géniale histoire de filles qui Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche tité culturelle. Et enfin, quand elle rentre se font des pépètes en assouvissant les où elle incarnait une adolescente prête à chez elle, c’est à sa nombreuse et tu- penchants masochistes de quelques tout pour sauver la petite entreprise de multueuse famille qu’elle doit se consa- notables des quartiers Sud. Une anec- son père de cœur… Un rôle qui valait di- crer : son fils, nounours gentiment glan- dote parfaitement authentique, racon- rectement à la débutante un prix d’Inter- deur à qui elle passe tout, sa fille, jeune tée par une de ses copines à une Hafsia prétation à Venise. 12 ans et une petite mère qui combat la précarité, et son pe- adolescente et médusée. Et un joli pied trentaine de films plus tard, Hafsia Herzi tit-fils à qui manque terriblement un père de nez en passant à la supériorité de est passée une première fois de l’autre tombé en prison après un braquage qui classe patriarcale ! côté de la caméra pour Tu mérites un a mal tourné. amour, chronique à la fois tendre, lu- Pour couronner le tout, Hafsia Herzi filme cide et parfois burlesque d’un chagrin C’est une chronique familiale et inti- magnifiquement sa ville et son quartier d’amour, tournée l’espace d’un été et miste très juste, souvent extrêmement qui, bien qu’il soit devenu l’un des plus déjà sélectionnée à Cannes. touchante, qui permet à Hafsia Herzi de dangereux d’Europe, porte une beau- restituer superbement tous les aspects té brisée, poche de misère et de cou- Mais depuis bientôt 15 ans, Hafsia Herzi de la vie des gens qui ont toujours été leur, mais aussi de fierté au-dessus de mûrissait son grand projet : faire le por- ses proches : le quotidien âpre et parfois la mer, loin des secteurs branchés qui trait d’une de ces mères courage qu’elle violent dans des quartiers que la puis- font le bonheur des Parisiens en week- a croisées pendant son enfance vécue sance publique a abandonnés, la me- end. Du coup, face à tant de talent, on dans les quartiers Nord de Marseille. Un nace de la prison, qui touche et sépare ne sait pas si c’est devant ou derrière la projet qu’elle a fini, à force de ténacité bien des familles, mais aussi l’amour et caméra qu’on est le plus impatient de et de conviction, par concrétiser. La très la solidarité de ceux qui ont si peu et retrouver prochainement Hafsia Herzi. belle première séquence nous fait dé- qui transcendent – n’en déplaisent aux Peu importe, ce sera de toute façon du couvrir Nora, qui part de sa cité aux au- chroniqueurs fachos de C-News – les bonheur.

quelques gouttes d’eau au moulin de ré- dans de telles circonstances. Pas cher bellions infimes, celles des sans-grade, non plus de la communication entre ces des classes laborieuses ; les causes deux taiseux qui ne semblent avoir rien paysanne, forestière, ouvrière devenant pour s’entendre et qui portent en eux un capables de marcher main dans la main. passé plombant. Le jeune gars à la mo- Autour de Nikitas, cet homme au dos to qui se tanque là, ne cillant pas malgré DIGGER aussi busqué que son nez, la société la lumière aveuglante de la lampe torche Georgis GRIGORAKIS évolue et ses exigences se font pres- qui darde sur lui un regard accusateur, Grèce 2020 1h50 VOSTF santes… Le combat, à armes inégales, est le fils prodigue, que Nikitas n’a pas avec Vangelis Mourikis, est-il perdu d’avance ? Rien ne semble- vu grandir. Il s’appelle Jonny, prénom qui Argyris Pandazaras, Sofia Kokkali, ra pouvoir faire dévier ce personnage résonne comme le reniement de ses ra- Theo Alexander… droit dans ses bottes, aux gestes rudes, cines helléniques, le symbole de la mo- Scénario de Georgis Grigorakis de sa route, de sa détermination puis- dernité face au passé. Deux approches et Vangelis Mourikis sante. Mais tout cela, au début, on ne irréconciliables… Deux êtres anguleux le sait pas, on ne l’imagine même pas. à la recherche d’une impossible répara- « Digger » : mineur, terrassier, excava- Alors nous n’en dirons pas plus sur le tion tandis que la roue aveugle de la mo- trice, traduit mon dictionnaire anglo- contexte, vous le laissant découvrir ain- dernité tourne, broyant sur son passage français. Un titre percutant, qui sonne si que le « monstre » bien réel qui rôde ce qu’il a fallu des millénaires à bâtir… comme le premier coup de pioche d’une dans la région, comme dans les contes tombe que l’on creuse, et qui pourtant de jadis ou dans les mauvais cauche- Tourné en seulement 26 jours avec des démarre en Grèce sous le ramage sé- mars. moyens exsangues, ce premier film culaire d’une magnifique forêt. Les ri- Avec ses gestes rudes, ses airs revêches malmené par les éléments, battu par tuels sans âge du premier homme que d’ermite des bois malappris, on est loin les vents et la pluie, est pourtant d’une l’on aperçoit à l’écran l’ancrent définiti- d’imaginer la sensibilité de cet être, son beauté à couper le souffle, et il est à vement dans cette immensité intempo- humour tour à tour noir ou bienveillant. l’image de ce qui s’y trame : âpre, pro- relle. Nous appartenons à la nature et Et quand un inconnu s’approche de fond, urgent, plein de vitalité. Il appar- non l’inverse, n’en déplaise à la race in- sa cabane sommaire… c’est en poin- tient à cette humanité rude qui ne renie conséquente qui s’ankylose dans l’im- tant sur lui son fusil qu’il l’accueille, tel pas son sang, ses racines. Il prend chair médiateté du profit. Nikitas sait bien, un homme aux abois. On ne donne- grâce à l’interprétation magistrale des rait pas cher d’une relation qui débute acteurs, sans fioriture, vibrante, animale. lui, que l’humanité paiera un lourd tri- bu pour l’avoir oublié. Quand on le ren- contre, il est en train de hurler aux loups, au sens propre, au sommet d’une col- line qui surplombe une mer de nuages et de feuillages… La vision quasi-mystique de cet être solitaire, fragile mais bien campé face aux éléments, est d’emblée émouvante, intrigante. Nous voilà plon- gés dans la dualité d’un monde entre tragédie grecque contemporaine, wes- tern sans calumet de la paix, et mon- dialisation sauvage. De films en films, d’un bout à l’autre de la planète, vous l’aurez remarqué, on n’y échappe plus ! Les cinéastes de tous horizons s’en sont emparés. Chaque œuvre pousse son cri d’alarme aux puissants, apportant Compagnie Fraction MERTEUIL, VARIATION d’après QUARTETT de Heiner Müller avec David Arribe mise en scène Jean-François Matignon

“ - Je crois que je pourrais m’habituer à être une femme. - J’aimerais le pouvoir.”

au Théâtre des Carmes du 20 au 24 juillet à 19h30 (durée 55 min) Réservations : 04 90 82 20 47 ENCORE UN TOUR... Séance unique en avant-première, le 22 juillet à 14h en pré- sence de Sylvie Habault, Guy Faucon et quelques comédiens

Un film de Sylvie HABAULT assistée aventures, des récits, des mensonges… de Guy FAUCON de la Pie Rouge Mais je ne vais pas vous raconter l’his- France 2021 1h25 toire d’ailleurs c’est impossible. avec toute la troupe de la Pie Rouge, les habitants de Colognac, de Ce film réunit pêle-mêle les vieilles et Muids, la famille, la chorale de St vieux et jeunes et très jeunes comé- Germer, une écrivaine, des docteurs diennes et diens de la Pie Rouge ainsi et même une représentante du que leurs aficionados enfants de la ville ministère dont nous tairons le nom. et de la campagne, grandes gueules cas- LE CADEAU Musique de Philippe Davenet sées, asociaux patentés, non-confor- Orgue de verre de Michel Deneuve mistes rangés, délinquants en impuis- DES DIEUX sance, illuminés borgnes, fins diseurs, Au grand dam des enfants, Victor ferme compagnons d’insomnie, cracheurs de Cour Maria Casarès son manège plus tôt pour aller fêter son langues, déserteurs en tout genre. (devant le cinéma Utopia-Manutention) anniversaire, et comme tous les ans ti- Mélangés aux sculptures brutes, aux Du 11 au 16 juillet à 20h45 rer un feu d’artifice sur le petit parc d’at- paysages oubliés, vieux tableaux rêvants, tractions dont il est le patron ainsi que de surannées saynètes, cris de volailles, la petite tribu de forains faméliques qui chansons sommaires, orgue de cristal, Avec Anastasia Joux, Ilona Bachelier, l’entoure : famille, enfants, petits-enfants, piano mécanique, violon dingue, dégui- Adrien Parlant et Shams Bouteille. amis, collègues, animaux bêtes… sements foireux, bande de guignols, dî- Auteur et co-auteure : Mais cette année rien ne se passe ner de têtes, olifants de la patrie… comme d’habitude. Une mystérieuse Pour un voyage improbable - Pour en- Shams Bouteille et Anastasia Joux. jeune fille vient troubler la fête et mettre core un tour de manège - En voiture ! Conseiller artistique : en furie Jenny la compagne de Victor qui Romain Bouteille. se confine avec Jeannot son frère han- Sylvie Habault et Guy Faucon de la Pie dicapé mental dans sa roulotte pendant Rouge (jeune compagnie de 51 ans Dans un temps à la fois proche et que les autres mènent le bal. La nuit un d’âge) en parallèle à leur activité théâtrale éloigné du notre, un homme per- incendie se déclare et ruine toutes les atypique ont depuis quelques années ré- baraques foraines. Le feu endommage alisé une bonne dizaine de fictions et du dans la nature inhospitalière est aussi le caveau de famille du manoir documentaires : Le Jardin des Veuves, secouru par trois âmes charitables. proche de M’sieur le Comte ou M’sieur le La trilogie des Rachel, Une Saison pour Il se rend rapidement compte que Marquis on est pas fixé. L’usine en grève Maurice Pons, Adama Drabo, Muids la ses sauveurs sont avocat, juge, et également à proximité ne semble pas coquette, La Jeune Fille à la Pie Rouge bourreau, et qu’ils attendent l’hom- concernée. La police est sur les lieux. etc. me qu’ils doivent juger. La tragédie L’enquête commence comme elle peut. Ces films tournés avec des moyens très se mélange à la comédie dans cette De son côté Rose la fille de Victor qui a simples et souples pratiquement sans pièce originale aussi macabre que un petit chromosome en plus mène la argent, écrits au jour le jour pendant le sienne à sa manière. tournage, enchevêtrent improvisations et jouissive. séquences scénarisées, comédiens pro- C’est à partir de ce fait divers que va fessionnels et amateurs, studio et décor Faire, non pas du théâtre de rue, mais se déployer l’histoire mythique de mar- naturel, intime et spectaculaire. du théâtre dans la rue, tel est l’objec- ginaux en proie au bouleversement de Encore un Tour est du même tonneau tif que nous nous sommes fixés en leur survie et comme souvent chez nous avec la modeste ambition de faire du ci- construisant ce projet. à travers des biographies croisées, des néma autrement. (Guy Faucon) Sweet Thing

Écrit et réalisé par découvrir l’existence pas folichonne des leversante, sans doute parce que c’est Alexandre ROCKWELL deux enfants, partagés entre un père ai- au sens littéral un film de famille et de USA 2020 1h31 VOSTF Noir & Blanc mant et drôle mais alcoolique et sujet à clan. Alexandre Rockwell (que l’on avait avec Will Patton, Karyn des phases délirantes, et une mère ab- découvert au début des années 1990 Parsons, Lana Rockwell, Nico sente, qui néglige ses gosses pour le avec le très sympa In the soup, interpré- Rockwell, Jabari Watkin… bonheur d’un abruti réac. Lorsque l’état té entre autres par Steve Buscemi… et Bande son imparable avec des titres du père se dégrade et qu’il ne peut plus qu’on avait perdu de vue depuis) a en- de Van Morrison, Billie Holiday, Brian assurer, Billie et Nico sont obligés de traîné dans l’aventure son épouse Karyn Eno, Arvo Pärt, Agnes Obel… vivre avec leur mère et leur beau père Parsons dans le rôle de la mère et ses de plus en plus lourdaud, dans une villé- propres enfants Lana et Nico pour in- C’est un petit bijou de cinéma libre et giature minable de bord de mer. C’est là carner les personnages principaux. Et généreux, qui vous retourne le cœur qu’ils décident de prendre la tangente et à la production on retrouve des étu- comme une lessiveuse que vous ayez la route, en compagnie de Malik, un gar- diants de l’université dont il dirige le 12 ou 80 ans, et qui est en plus un bel çon rencontré sur la plage. département cinéma mais aussi ses hommage à l’Histoire du cinéma qu’on vieux compagnons Steve Buscemi, Sam peut apprécier sans être du tout un Sweet thing (comme le tout aussi formi- Rockwell (aucun lien de parenté pour le grand cinéphile. Un film qui irait plutôt dable Stand by me de Rob Reiner) sai- chercher dans notre mémoire cinémato- sit avec une justesse confondante ce coup) ou Jennifer Beals (oui, l’icône de graphique collective, sans même qu’on moment précieux et grave où des en- Flashdance). le réalise, toutes les images magiques fants découvrent trop tôt, ou trop seuls, qui nous ont bercés depuis toujours. le monde des adultes et en sont dura- De ce climat de complicité active est né Dès la première séquence, où l’on voit blement marqués. Pourtant Sweet Thing un film inspiré et inventif, comme en té- à travers une focale ronde et dans un est une merveille de légèreté et de ten- moignent ces quelques séquences en noir et blanc hors d’âge des petits pieds dresse, probablement parce que les couleurs franches qui viennent trancher chaussés de trop grosses baskets, on enfants, bien plus que les adultes, ont sur le noir et blanc intense qu’a choisi le est projeté dans Le Kid de Chaplin. On cette capacité de résilience et d’incor- réalisateur. Pas anodin, ce choix, Sweet fait ainsi la connaissance de Billie, une rigible optimisme qui leur fait surmonter thing en tire une patine et un charme fille de 15 ans, et de Nico, son frère de les pires épreuves. Probablement aussi tout à fait singuliers. 11 ans, qui améliorent l’ordinaire en cre- parce qu’ils sont portés par un amour On a souligné dès le générique la quali- vant des pneus pour le compte d’une inconditionnel pour celles et ceux dont té de la bande son, construite autour de casse voisine revendant aux victimes ils savent que ce sera à la vie à la mort. l’entêtant Sweet thing de Van Morrison des pneus rechapés. Peu à peu on va Sweet thing est d’une authenticité bou- qui donne son titre au film.

JE VOULAIS ME CACHER

(VOLEVO NASCONDERMI) film raconte l’incroyable destinée, indivi- pareille erreur de la nature, il parvient, du marginal et insaisissable qui a passé grâce à quelques rencontres bienveil- Giorgio DIRITTI l’essentiel de sa vie dans la misère, de lantes, à faire miraculeusement éclore Italie 2020 2h VOSTF maisons d’accueil en institutions psy- un talent inouï doublé d’une rare sensi- avec , Paolo Rossi, chiatriques, a également été de son vi- bilité. Et trouve, enfin, une façon d’être Paola Lavini, Orietta Notari… vant reconnu, aux côtés de Rousseau et au monde. Scénario de Giorgio Diritti, de Séraphine de Senlis, comme un des Fredo Valla et Tania Pedroni maîtres de la peinture naïve et un artiste Méconnaissable, Elio Germano est ab- majeur du 20e siècle… solument saisissant. Physiquement ha- FESTIVAL DE BERLIN 2020 : PRIX bité par Antonio Ligabue, on craint à D’INTERPRÉTATION MASCULINE À partir des rares éléments connus sur chaque séquence qu’il n’en fasse trop, POUR ELIO GERMANO la vie du peintre (des articles de presse, que la possession de son personnage un documentaire réalisé de son vivant, tour à tour prostré et bondissant, tourne Il faut le voir, cet Antonio, escogriffe quelques rares témoignages), Giorgio à la pitrerie. Et à chaque plan, la prouesse blême et dégingandé, mal fagoté, gri- Diritti s’efforce de cerner au plus près du comédien s’efface derrière le mys- macer, se tordre, rouler des yeux hal- le processus de création artistique brut. tère du peintre. Car l’homme vit, litté- lucinés, maugréer sous sa moustache L’enfance chaotique d’Antonio Ligabue, ralement, la nature et les animaux qu’il né en 1899, très tôt orphelin de mère, d’inintelligibles imprécations suisses-al- aime tant représenter. Gesticulant et gri- lemandes mâtinées d’italien. Il peut se abandonné par son beau-père dans une tasser peureusement dans des recoins famille d’accueil qui s’en débarrasse à maçant devant sa toile ou sa sculpture, sombres sous un sac de mauvaise toile son tour dans un institut pour enfants il ne les imite pas, mais entre en commu- de jute, puis se détendre soudainement handicapés, façonne un être brimé, in- nication avec eux. Il rugit avec le tigre, en hurlant comme un fou – un fou, une quiet, rachitique et goitreux, au dévelop- déploie ses ailes d’aigle, se cabre avec bête, un possédé… Et il faut le découvrir pement intellectuel empêché. Antonio le cheval devant l’obstacle. L’artiste est en perfectionniste maniaque, ce même est un genre de Quasimodo moderne, puissant, dérangeant dans sa folie ; le Antonio, peintre et sculpteur instinctif, que la société n’en finit pas de rejeter – jeu d’Elio Germano est suffisamment ex- modelant avec une incroyable finesse de la Suisse l’expulsant sans états d’âmes plosif et suffit à porter toute la dingue- magnifiques animaux de terre pour les en Italie dans les années 1920, berceau rie du personnage, le réalisateur a l’in- enfants de son village, ou saisissant sur familial dont il ne maîtrisera jamais tout telligence de lui offrir une mise en scène sa toile la puissance et la beauté d’un à fait la langue. Seul, jamais aimé, s’ef- d’une sobriété exemplaire, apaisante. rugissement de tigre, le mouvement forçant de masquer à ses contempo- D’une grande beauté formelle, le film est de panique des chevaux surpris par rains une difformité à laquelle tout au- une invitation à découvrir l’œuvre foi- l’orage, les lignes torturées de sa propre tour de lui le ramène, Antonio promène sonnante et unique d’Antonio Ligabue, image dans des autoportraits doulou- sur le monde un regard terrifié. En pleine le « Van Gogh suisse » exclu, rejeté et reux et inquiets. Car, mystères de l’art et montée du fascisme italien, qui refuse incompris qui a dorénavant son musée de la psyché, Antonio Ligabue, dont le bien évidemment de s’encombrer d’une en Italie. VIDÉO EN POCHE DES FILMS SUR VOTRE CLÉ USB ! 5€ PAR FILM et sans DRM ! Fichiers lisibles par VLC, mais aussi sur les box, et de nombreuses TV et boitiers multimedia. www.videoenpoche.info LES FILMS DE PIERRE CARLES EN VIDÉO EN POCHE ! On continue avec : Enfin pris ? et Fin de concession. FIN DE CONCESSION Douze ans après, Pierre Carles se demande légitimement comment les politiques ont pu lâcher la première chaîne publique de télévision à un groupe privé (Bouygues) qui ne respecta jamais son cahier des charges, et surtout comment ces mêmes politiques ont pu aveuglément renouveler la conces- sion de Bouygues sans que les principaux médias ne s’en émeuvent. Au début du film, une archive à hurler de rire où l’on voit le ENFIN PRIS ? délirant Bernard Tapie délivrer des conseils « C’est l’histoire d’un retournement, ou de avisés aux collaborateurs de Bouygues pour la manière dont quelqu’un a été retourné qu’ils paraissent convaincants devant la par le système médiatique... » Un nouveau commission d’attribution et qu’ils fassent coup de pied dans le PAF du trublion inspiré croire que la télé façon BTP représentera le Pierre Carles qui nous trousse une comédie « mieux disant culturel », avec une part non de mœurs journalistique pas piquée des négligeable attribué à la retransmission de hannetons. grands opéras ou à la diffusion d’émissions Enfin pris ? dépasse en drôlerie vacharde pédagogiques. On connait la suite… Puis tout ce qui faisait le charme de Pas vu, Carles, usant de tous les subterfuges (il pas pris, et Pierre Carles est bien l’extra- parvient, déguisé en Carlos Pedro, journa- terrestre que laissait supposer son premier liste uruguayen barbu, à piéger de nouveau film. Faut-il qu’il vienne d’une autre galaxie certains des protagonistes de 98 !), continue le bougre, pour trouver le moyen de nous son enquête. Une enquête avec ses gim- faire hurler de rire avec ses bricolages télé- micks très drôles comme l’éternelle fuite phoniques, ses séquences télé ramassées téléphonique de Jacques Chancel qui lui Dieu sait où, sa manière bien à lui, parfois dit systématiquement de rappeler quelques en se mettant lui-même en scène, de filmer jours plus tard. Et on se rend compte que l’insignifiance pour la faire éclater à l’écran l’omerta d’il y a 12 ans est toujours là, chez en feu d’artifice. les anciens comme les petits nouveaux… Il faut le voir, le micro à la main, au milieu d’une noria de journalistes excités comme des puces, débiter d’un timbre sans relief, avec son air de Pierrot un peu triste, le fil de la vie de Chevènement au point de parvenir à capter toute l’attention du personnage intrigué par un comportement aussi aty- pique. Il faut le voir saisir au vol l’incroyable opportunisme de Jack Lang, glissant d’une excellence à l’autre à la garden party du 14 juillet à l’Élysée, et les mille petites lâchetés et contradictions qui font l’ordinaire de la presse et des journalistes. Mais le Pierre Carles de 2010 exprime aussi On l’aura compris, Enfin pris ? est un film ses doutes. N’est il pas devenu lui-même follement drôle mais c’est aussi un film fol- une institution que ses adversaires res- lement grave sur la politique, l’engagement pectent ? Ne fait-il pas lui-même partie du et le triste état de notre démocratie. système ? La société du spectacle est bien Par un étrange retournement, notre ami capable de tout recycler, y compris ses plus Carles se retrouvera couché, sa caméra sur véhéments critiques. Jean-Luc Mélenchon, le nombril, dans un cabinet de psychiatre. qui n’hésite pas à traiter David Pujadas de Qu’est-ce qui fait que l’on finit par mettre salaud quand il le voit donner des leçons de les pouces, et par se laisser dériver dans le morale aux représentants des ouvriers de sens du courant, qu’est-ce qui fait que l’on Continental, suivra-t-il Pierre Carles dans sa ne peut s’y résoudre ?... téméraire croisade ? résilience de toute la famille, sa capacité à traiter avec humour les situations les plus difficiles : quand Fatima rigole de devoir remettre la burka en retraversant l’Afghanistan, quand ils se moquent du confort alors qu’ils sont obligés de MIDNIGHT TRAVELER passer la nuit dans un immeuble en Hassan FAZILI et Emelie MAHDAVIAN qui a déposé les armes pour une vie ci- Afghanistan 2020 1h27 vile pacifique, et ça ne plaît pas du tout construction en Serbie… Bien sûr il y VOSTF (en persan) du tout aux barbus qui s’empressent a des moments extrêmement durs, par avec Fatima Hussaini, Hassan Fazili, d’abord de faire assassiner le prota- exemple quand ils dorment dans la Nargis Fazili, Zahra Fazili… goniste du documentaire et ensuite de neige de la plaine hongroise, ou quand mettre à prix la tête du cinéaste et de sa des fascistes bulgares veulent attaquer « Ma famille a été chassée de sa terre famille (Fatima, son épouse également leur centre d’accueil. Mais peu après, on natale avec la violence d’une tempête cinéaste, et ses deux filles Zahra, 6 ans, voit Nargis improviser une chorégraphie qui dépouille un arbre de ses feuilles. En et Nargis, 11 ans). Les Fazili se réfugient sur une chanson de Michael Jackson tant que père, j’ai intégré une pression dans un premier temps au Tadjikistan dans sa chambre de 9 m2 du centre de permanente, celle de devoir la proté- voisin mais quand, au bout de quelques demandeurs d’asile… L’optimisme in- ger de toutes les potentielles menaces. mois, l’asile leur est refusé, ils ne voient défectible des Fazili a de quoi guérir les Mais en tant que cinéaste, ces erre- aucune autre issue que d’entreprendre plus indécrottables pessimistes ! ments et ces épreuves m’intéressent, le voyage vers l’Europe, comme des car ils font de nous les sujets du film. milliers de compatriotes l’ont fait avant C’est aussi l’extraordinaire obstination J’ai voulu en tirer un film réaliste, qui im- eux pour fuir le chaos de leur pays. À du cinéaste qui impressionne : quand plique le spectateur, dans lequel je suis ceci près que Hassan Fazili décide de il filme la beauté de la neige qui tombe tantôt père, tantôt époux, tantôt réa- filmer au jour le jour, au moyen de trois alors que sa famille est au bord de l’hy- lisateur, et parfois les trois en même téléphones portables, ce périple dont lui pothermie à la frontière serbe, ou quand temps. » Hassan Fazili et les siens ne savent évidemment pas il ne lâche pas la caméra alors que sa combien de temps il durera, pas plus cadette s’est égarée. Comme le dit en C’est un journal filmé qui mêle au récit qu’ils ne savent s’ils parviendront à leur voix off Nargis lisant un auteur contem- intime le tumulte du monde. Un journal but. porain afghan, « faire le chemin de la vie, filmé passionnant, incroyablement vi- Ce sont donc 5 800 km et trois ans à tra- c’est parfois aller aux portes de l’enfer. » vant, tour à tour drôle et bouleversant, vers toute l’Asie centrale, en passant par En tout cas quiconque aura vu ce film qui nous fait passer par toutes les émo- l’Iran et la Turquie jusqu’aux Balkans et à formidable ne pourra plus jamais pré- tions. Cinéaste reconnu dans son pays, l’Europe Centrale, qui sont relatés dans tendre ne pas comprendre les motiva- Hassan Fazili réalise en 2014, pour la té- la petite heure et demie d’un film hallu- tions et les difficultés des migrants qui lévision, Peace in Afghanistan, portrait cinant. Ce qui frappe avant tout, c’est viennent frapper à la porte de notre du commandant taliban Mullah Tur Jan l’énorme capacité de résistance et de Europe.

uni. Découvrant alors un reportage sur l’adoption où il est question d’une asso- ciation, Baby Baton – « Ce n’est pas un lieu pour que les parents trouvent un en- fant, mais un lieu où un enfant peut trou- ver ses parents » –, Satoko et Kiyokazu TRUE MOTHERS choisissent d’adopter. Écrit et réalisé par Naomi KAWASE corps, l’odeur des fleurs des cerisiers Et il y a Hikari la mère de sang. Avec Japon 2020 2h19 VOSTF ou la douceur du soleil qui réchauffe la sa vie de collégienne, avec la distance avec Hiromi Nagasaku, Arata Iura, peau. Pas de doute, on est bien chez et les incompréhensions familiales et Aju Makita, Miyoko Asada… Kawase. Là où les rayons dansent à tra- sa rencontre amoureuse avec Takumi, D’après le roman Asa ga kuru (Le vers les branches, où les personnages avec qui elle veut rester pour toujours. Matin arrive) de Mizuki Tsujimura essaient de façon récurrente d’attra- per la lumière avec leurs mains, comme Enceinte, elle est envoyée secrètement Une nouvelle fois Naomi Kawaze nous dans un jeu d’enfant émerveillé. La sym- par sa famille sur une petite île au large emmène avec une infinie délicatesse bolique de cette nature filmée, c’est ce d’Hiroshima, au foyer de Baby Baton vers ces endroits ténus, subtils, du nous, qui caractérise le monde personnel de la justement, où Mme Asumi héberge les du nous deux et de la connexion à la na- cinéaste japonaise, dans sa façon de se futures mères, pour que puissent se ren- ture. Comment parvient-elle à nous por- raconter à travers elle. contrer « des parents incapables d’avoir ter avec autant de douceur, de rythme Kawaze nous parle « des êtres qui n’ont des enfants et des parents incapables vagabond et poétique vers ces contrées pas le moyen de s’exprimer ». C’est la d’en élever. ». Dans ce foyer, c’est aussi féminines et profondes qui nous parlent nature, comme témoin et acteur atten- une façon d’être mère qui se construit, de maternité, de liens, d’exclusion, tif, mais aussi les héroïnes de True mo- c’est un parcours de femme, et un ap- d’amour, de rencontre, et du bonheur de thers, magnifiquement interprétées par prentissage de soi, où l’exclusion se vivre avec l’autre ? Hiromi Nagasaku (la mère adoptive) et transforme en accueil et chaleur. Aju Makita (la mère biologique), et leurs Ce nouveau film débute par une nais- trajectoires de vie. La ronde narrative navigue entre les sance durant laquelle les cris de bébés Il y a donc Satoko qui vit au dernier deux flashbacks et aujourd’hui : la fa- sont illustrés par des images de la mer. étage d’un immeuble moderne (trait mille vit heureuse, le petit Asato a 6 ans, On entend les nouveaux venus humains, de richesse) avec son mari, Kiyokazu. et Hikari, en errance, reprend contact mais c’est la nature qui prend le pas, et Ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Tous avec le couple qui a adopté son en- va s’immiscer dans les plans, comme un les mois, ils vont à Sapporo, engagés fant. Naomi Kawase met beaucoup de fil narratif fondamental et intrinsèque au dans un processus de Fécondation In grâce dans la rencontre entre ces deux cœur du travail de la cinéaste. True mo- Vitro. Un jour, ils décident d’arrêter là. mères, entre ces deux femmes qui in- thers est un récit urbain (fait assez rare Un jour ils décident aussi qu’ils ne vont carnent deux facettes de la maternité. chez Kawase), mais les plans d’arbres, pas divorcer, et vivre leur histoire à deux Elle signe un film pudique, proche des d’oiseaux ou de fleurs sont de presque et c’est bien comme ça. C’est que ce personnages et de leurs sentiments, et toutes les scènes. Si on ferme les yeux, couple-là est terriblement complémen- nous raconte le lien dans ce qu’il a de on sent le frôlement du vent sur nos taire, complice, attentif, et viscéralement fort, unique et salvateur.

Deux petites histoires La Terre s’efface sous nos pas et certains Un jeune mineur isolé de Rosmerta penseraient qu’il ferait meilleur vivre sur Mars fait un stage d’observation de deux semaines dans une entreprise Le Collectif Sauvons Nos Terres 84, qui regroupe 23 associations et col- vauclusienne. L’employeur, content du stagiaire, souhaite le gratifier, et donc lectifs et qui s’investissent aux quatre coins du département du Vaucluse demande un RIB. Le jeune n’ayant pas dans la défense des terres menacées d’accaparement, milite sans relâche de compte en banque, et l’employeur pour la sauvegarde des espaces agricoles et naturels. refusant le numéraire, un matin Sachez que depuis 2001, plus de 400 hectares d’espaces agricoles et natu- Rosmerta accède à la requête et donne rels sont artificialisés chaque année dans le département du Vaucluse, soit le RIB de l’association. la fameuse comparaison d’un terrain de foot par jour ! Le jour même, l’employeur tient une conférence de presse où l’on apprend La Surface Agricole Utilisée vauclusienne diminue 3 fois plus vite qu’au ni- qu’il est sur les listes municipales et veau national ! Cela pourrait inquiéter les décideurs, mais que nenni ! départementales du RN… Ce sont encore au moins 3000 hectares de terrains agricoles et naturels, Voici comment est annoncé un dont la majorité irrigués, qui seront urbanisés d’ici 2030 ! signalement au Procureur pour « travail Toutes ces décisions sont prises à contre-courant de toutes les réflexion dissimulé et marchandage de main- d’œuvre » à l’encontre de Rosmerta… actuelles et des récentes professions de foi des candidats aux élections. Cette basse manœuvre particulièrement déloyale porte sur environ 200€ qui en Les projets d’artificialisation des sols ne cessent toujours de se multi- plus n’ont pas été versés ! Relativement plier et sont analysés et remis en cause par le collectif, comme le conforte- peu face aux 6,8 millions d’euros ment de la digue de l’île de la Barthelasse, protégée Natura 2000, avec à la estimés par le Parlement européen pour clé la destruction de tout un écosystème : des centaines d’espèces mena- le « système organisé frauduleux de détournement des fonds européens » au cées, l’arrachage de milliers d’arbres, le saccage de plages alluviales… Tout profit du parti « par le biais d’emplois cela, sans respecter les objectifs de préservation des espaces agricoles fictifs d’assistants parlementaires » dont imposés par le Schéma régional d’aménagement, de développement du- profitent les antennes locales… rable et d’égalité des territoires et les instructions gouvernementales. Le Une autre histoire, plus sympathique but étant d’atteindre zéro artificialisation des terres irriguées d’ici 2030 ! Nous apprenons que le jeune Mahamet, jeune mineur isolé proche de l’équipe Les chambres d’agriculture, syndicats et autres organisations agricoles, du cinéma, est admis à Sciences Po tous unis, peuvent exercer le contre-pouvoir indispensable au renverse- Paris, sur le campus de Reims spécialité ment de la tendance. Afrique. Qui peut comprendre aujourd’hui que soient sacrifiés des pans entiers de Chassé de son village par son père, Mahamet a 15 ans quand il entreprend notre territoire aux dépens du vivant, du climat, des riverains, des paysans, seul le périple vers l’Europe. Refusé par d’une alimentation de proximité, sans que toutes les organisations agri- l’Aide Sociale à l’Enfance qui doute de sa coles ne s’y opposent ? minorité, il est pris en charge par RESF qui lui trouve une avocate, une famille Et enfin ne nous laissons pas aveugler par un développement commercial d’accueil et une école. et industriel pour seule raison qu’il serait porteur d’emplois. Mahamet doit sa réussite à son opiniâtreté dans le travail, mais son Pour cela il nous suffit de regarder le projet économique proposé par Jeff affectation dans cette prestigieuse Bezos, celui qui veut nous envoyer dans l’espace : dans le Gard, il veut école est aussi et surtout une réussite construire un immense hangar de 30 000 m² pour abriter le nouveau et collective. Celle d’individus et merveilleux Monde d’Amazon avec comme seul argument les emplois qui d’associations de la société civile qui pourrait être créés, créés ici mais surtout détruits ailleurs… ont, à la place d’institutions publiques dont c’est pourtant exactement le rôle, fait tout ce qui était en leur pouvoir Écoutons ces citoyens qui, par seul intérêt public, s’informent, passent des pour respecter à la lettre cette mention heures et des tonnes d’énergie à comprendre, à trouver des solutions in- extraite de l’article 29 de la convention telligentes et porteuses d’avenir. internationale des droits de l’enfant Ils sont eux aussi compétents mais rarement entendus, rarement reconnus signée par la France : « favoriser et leur savoir peu considéré dans les décisions. l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de Vous pouvez contacter le Collectif Sauvons Nos Terres 84, ses citoyen-e-s ses dons et de ses aptitudes mentales et ses 23 associations membres sur www.sauvonsnosterres84.com et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ». LES 2 ALFRED MÉDECIN DE NUIT RÉTROSPECTIVE LES GAZETTES Jusqu’au 3/8 Jusqu’au 13/7 ROBERTO ROSSELLINI 143 RUE DU DÉSERT LA MÈRE ALLEMAGNE EN INTRAMUROS ANNÉE ZÉRO Du 30/6 au 20/7 Du 30/6 au 19/7 Vous pouvez les retrouver Du 1/7 au 2/8 ANNETTE MIDNIGHT TRAVELER dans plus de 90 points. LA MACHINE À TUER Du 6/7 au 3/8 Du 21/7 au 3/8 • Aux Halles d’Avignon, LES MÉCHANTS Du 5/7 au 31/7 un marché couvert situé au BENEDETTA MILLA centre-ville, lieu de rencontre À partir du 9/7 À partir du 28/7 PAÏSA et de convivialité, quarante BERGMAN ISLAND MINARI Du 2/7 au 3/8 commerçants y sont à votre À partir du 14/7 Jusqu’au 3/8 LA PEUR service. De 6h à 14h, sauf le Du 30/6 au 30/7 BONNE MÈRE NOMADLAND lundi, vous pourrez faire vos À partir du 21/7 Jusqu’au 3/8 ROME VILLE OUVERTE courses et également vous Du 6/7 au 1/8 DE L’OR POUR LA NUÉE restaurer sur place. LES CHIENS L’accès au parking de 556 places Jusqu’au 6/7 STROMBOLI Du 14/7 au 27/7 Du 4/7 au 28/7 se fait par la rue Thiers et vous ONODA DIGGER vous retrouvez directement au- À partir du 21/7 VOYAGE EN ITALIE dessus du marché. À partir du 21/7 Du 3/7 au 29/7 LE PROCÈS DE Une heure de parking est offerte FÉVRIER L’HERBORISTE POUR LES ENFANTS par les commerçants des Du 30/6 au 20/7 Du 30/6 au 20/7 Halles aux clients. (MAIS PAS QUE) GAGARINE LES RACINES Jusqu’au 12/7 DU MONDE CHIEN POURRI Du 30/6 au 4/7 et du 28/7 IBRAHIM Du 30/6 au 27/7 au 3/8 Jusqu’au 20/7 LA SAVEUR DES COINGS IL N’Y AURA PLUS SÉANCES UNIQUES DE NUIT Du 7/7 au 27/7 (OU PRESQUE) Du 14/7 au 27/7 SOLO COURTS MÉTRAGES Rencontre le jeudi DU LYCÉE MISTRAL 15/7 à 14h15 Du 30/6 au 20/7 Le samedi 3/7 à 10h IN THE MOOD SOUND OF METAL FOR LOVE Jusqu’au 13/7 LA TERRE DES HOMMES À partir du 21/7 • Mais aussi à la Médiathèque SOUS LE CIEL D’ALICE Avant-première Ceccano, à l’Office de Tourisme, INDES GALANTES Du 30/6 au 27/7 le samedi 10/7 à 20h15 dans un grand nombre Jusqu’au 27/7 SWEET THING VIDÉO-DANSE, LES DANSES URBAINES de restaurants et de bars, chez JE VOULAIS À partir du 21/7 les libraires, chez le cordonnier ME CACHER Le samedi 17/7 à 10h TEDDY de la rue Paul Saïn, au Cloître Du 21/7 au 2/8 DE CANNES À AVIGNON Du 30/6 au 27/7 Le dimanche 18/7 à 17h St Louis, à la Maison Jean KUESSIPAN Vilar, jusqu’à la Souricière rue Du 7/7 au 3/8 TRUE MOTHERS UN TRIOMPHE Carreterie et même à Rosmerta À partir du 28/7 Avant-première et bien d’autres encore ! LA LOI DE TÉHÉRAN le mardi 20/7 à 20h30 À partir du 28/7 UNE HISTOIRE À SOI Du 30/6 au 13/7 puis les Un petit rappel des tarifs des MARK DIXON, vendredis vers 18h TERRITOIRES parkings de l’intramuros de 20h DÉTECTIVE Rencontre le mercredi CINÉMATOGRAPHIQUES à 1h : 2€ pour Les Halles, 3€ Jusqu’au 06/7 30/6 à 20h10 Du 7/7 au 25/7 pour Le Palais des Papes et 4€ pour l’Oratoire. L’ïle Piot et les Projection des films des élèves de l’option Italiens sont toujours gratuits ainsi que les navettes. audiovisuelle du lycée Mistral samedi 3 juillet à 10h00 Au programme Une vie de lycéenne se retrouvent en proie à 4 courts métrages malheureuse d’étranges phénomènes... Le cinéma Utopia est classé Le lycée n’est vraiment Art et Essai et est soutenu Mon rêve familier pas tendre... L’ombre par Europa Cinemas. Ils rêvent tous d’une fille qui Figé.e.s Une soirée qui vire au n’est pas tout à fait la même Après l’apocalypse, les derni- cauchemar, des disparitions ni tout à fait différente… ers survivants de l’humanité inquiétantes... 4 salles à la manutention cour Maria Casarès, 1 salle à République, 5 rue Figuière. Les portes sont fermées au début des séances et nous ne laissons pas entrer les retardataires PROGRAMME (l’heure indiquée sur le programme est celle du début du film). MANUTENTION 12H00 13H50 15H45 18H00 20H10 Avec la réalisatrice LA MÈRE LES 2 ALFRED INDES GALANTES LES 2 ALFRED UNE HISTOIRE À SOI 12H00 14H10 15H45 17H50 20H10 MER NOMADLAND IBRAHIM RACINES DU MONDE MINARI INDES GALANTES 12H00 14H00 15H45 Rossellini 17H20 19H10 21H00 30 LA NUÉE SOUS LE CIEL D’ALICE LA PEUR SOLO SOUS LE CIEL D’ALICE TEDDY 12H00 14H15 16H00 18H00 20H00 JUIN SOUND OF METAL TEDDY GAGARINE 143 RUE DU DÉSERT MÉDECIN DE NUIT 14H00 16H15 17H40 20H00 RÉPUBLIQUE PROCÈS DE L’HERBORISTE CHIEN POURRI FÉVRIER PROCÈS DE L’HERBORISTE

MANUTENTION 12H00 14H00 Bébé 15H50 17H50 19H40 21H15 143 RUE DU DÉSERT SOUS LE CIEL D’ALICE LES 2 ALFRED TEDDY IBRAHIM LA NUÉE 12H00 14H30 16H40 18H40 21H00 JEU FÉVRIER INDES GALANTES MARK DIXON MINARI LES 2 ALFRED er 12H00 14H10 15H45 17H30 19H20 Rossellini 21H00 1 MINARI MÉDECIN DE NUIT SOLO SOUS LE CIEL D’ALICE ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO TEDDY 12H00 14H00 15H40 17H40 19H45 21H40 JUIL UNE HISTOIRE À SOI IBRAHIM RACINES DU MONDE NOMADLAND GAGARINE MÉDECIN DE NUIT 13H45 15H50 17H45 20H00 RÉPUBLIQUE NOMADLAND LA MÈRE PROCÈS DE L’HERBORISTE SOUND OF METAL

MANUTENTION 12H00 13H50 15H50 17H50 19H50 21H30 SOUS LE CIEL D’ALICE GAGARINE UNE HISTOIRE À SOI LES 2 ALFRED SOLO TEDDY 12H00 14H15 16H10 18H30 20H40 VEN PROCÈS DE L’HERBORISTE MARK DIXON PROCÈS DE L’HERBORISTE INDES GALANTES FÉVRIER 12H00 14H00 15H40 Rossellini 18H00 19H45 21H40 2 LES 2 ALFRED IBRAHIM PAÏSA IBRAHIM 143 RUE DU DÉSERT MÉDECIN DE NUIT 12H00 13H50 15H45 17H30 19H15 21H20 JUIL RACINES DU MONDE LA MÈRE TEDDY SOUS LE CIEL D’ALICE NOMADLAND LA NUÉE 14H00 16H15 18H30 20H10 RÉPUBLIQUE MINARI SOUND OF METAL MÉDECIN DE NUIT MINARI

MANUTENTION 10H00 Lycée Mistral 13H45 15H45 17H40 20H00 21H45 COURTS MÉTRAGES LES 2 ALFRED SOUS LE CIEL D’ALICE MINARI SOUS LE CIEL D’ALICE TEDDY 10H45 12H00 Rossellini 14H00 16H10 17H50 19H40 21H30 SAM CHIEN POURRI VOYAGE EN ITALIE MINARI SOLO MÉDECIN DE NUIT LES 2 ALFRED GAGARINE 11H30 13H40 15H30 17H30 19H30 21H30 3 NOMADLAND TEDDY LA MÈRE LA NUÉE INDES GALANTES MARK DIXON 11H50 13H30 15H40 17H40 19H40 21H15 JUIL IBRAHIM INDES GALANTES 143 RUE DU DÉSERT UNE HISTOIRE À SOI IBRAHIM SOUND OF METAL 14H00 16H15 18H10 20H30 RÉPUBLIQUE PROCÈS DE L’HERBORISTE RACINES DU MONDE FÉVRIER PROCÈS DE L’HERBORISTE

MANUTENTION 11H30 13H40 15H30 17H30 19H15 21H10 MINARI TEDDY LES 2 ALFRED SOUS LE CIEL D’ALICE LA MÈRE LA NUÉE 11H45 13H30 15H30 17H10 19H20 21H15 DIM IBRAHIM UNE HISTOIRE À SOI IBRAHIM INDES GALANTES GAGARINE LES 2 ALFRED 11H30 13H30 15H40 17H20 19H15 21H00 4 MARK DIXON NOMADLAND MÉDECIN DE NUIT RACINES DU MONDE TEDDY MÉDECIN DE NUIT 11H00 12H15 14H20 16H45 18H45 21H00 JUIL CHIEN POURRI INDES GALANTES FÉVRIER 143 RUE DU DÉSERT SOUND OF METAL NOMADLAND 13H45 15H30 17H45 20H00 Rossellini RÉPUBLIQUE SOLO MINARI PROCÈS DE L’HERBORISTE STROMBOLI

MANUTENTION 21H00 MARK DIXON 12H10 14H30 16H30 18H30 20H30 LUN MINARI 143 RUE DU DÉSERT LES 2 ALFRED GAGARINE LES 2 ALFRED 12H00 13H50 Rossellini 15H30 17H40 19H15 21H00 5 TEDDY LA MACHINE À TUER... INDES GALANTES IBRAHIM SOLO UNE HISTOIRE À SOI 12H00 14H00 16H20 18H15 20H00 JUIL LA NUÉE SOUND OF METAL SOUS LE CIEL D’ALICE MÉDECIN DE NUIT PROCÈS DE L’HERBORISTE 16H00 18H10 20H10 RÉPUBLIQUE NOMADLAND RACINES DU MONDE FÉVRIER

MANUTENTION 12H00 14H10 15H50 17H50 (D) 20H00 NOMADLAND MÉDECIN DE NUIT LES 2 ALFRED MARK DIXON ANNETTE 12H00 14H00 16H20 18H15 20H15 MAR LES 2 ALFRED FÉVRIER 143 RUE DU DÉSERT LA MÈRE MINARI 12H00 13H40 15H40 18H00 19H40 21H30 (D) 6 IBRAHIM UNE HISTOIRE À SOI SOUND OF METAL SOLO SOUS LE CIEL D’ALICE LA NUÉE 12H00 14H00 15H50 18H00 Rossellini 20H00 21H40 JUIL GAGARINE RACINES DU MONDE NOMADLAND ROME VILLE OUVERTE IBRAHIM TEDDY 16H00 18H15 20H30 RÉPUBLIQUE MINARI PROCÈS DE L’HERBORISTE INDES GALANTES DEUX AVANT-PREMIÈRES EXCEPTIONNELLES EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS. La terre des hommes le samedi 10 juillet à 20h15 avec Naël Marandin. Un triomphe le mardi 20 juillet à 20h30 avec Emmanuel Courcol. Vous pouvez réserver vos places à la Manutention.

MANUTENTION 11H45 14H00 Territoires ciné 16H00 Rosselini 18H00 20H45 LA MÈRE LE NOUVEL ÉVANGILE ROME VILLE OUVERTE ANNETTE ANNETTE 10H30 Territoires ciné 11H40 13H40 16H15 18H10 20H00 21H50 MER BALADE SOUS LES ÉTOILES LES 2 ALFRED ANNETTE UNE HISTOIRE À SOI TEDDY GAGARINE SOUND OF METAL 11H45 13H30 15H45 17H50 19H40 21H50 7 IBRAHIM KUESSIPAN NOMADLAND SAVEUR DES COINGS KUESSIPAN INDES GALANTES 11H45 13H50 15H50 18H10 20H00 21H45 JUIL INDES GALANTES 143 RUE DU DÉSERT PROCÈS DE L’HERBORISTE SOLO SOUS LE CIEL D’ALICE MINARI 14H00 16H00 17H40 19H30 RÉPUBLIQUE RACINES DU MONDE MÉDECIN DE NUIT LES 2 ALFRED FÉVRIER

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 16H40 18H30 21H10 LE NOUVEL ÉVANGILE ANNETTE SOLO ANNETTE ANNETTE 10H30 Territoires ciné 12H10 14H00 15H45 17H45 20H00 21H40 JEU VOYAGE DU PRINCE SOUS LE CIEL D’ALICE MÉDECIN DE NUIT LES 2 ALFRED INDES GALANTES IBRAHIM TEDDY 11H30 14H15 16H40 18H50 21H10 8 ANNETTE FÉVRIER MINARI KUESSIPAN NOMADLAND 11H40 14H00 15H50 17H45 19H45 21H30 JUIL PROCÈS DE L’HERBORISTE LA MÈRE RACINES DU MONDE 143 RUE DU DÉSERT SAVEUR DES COINGS GAGARINE 14H00 Rosselini 16H20 18H40 20H30 RÉPUBLIQUE PAÏSA SOUND OF METAL SOUS LE CIEL D’ALICE PROCÈS DE L’HERBORISTE

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 Territoires ciné 16H00 18H00 20H45 INDES GALANTES BRAGUINO LES 2 ALFRED ANNETTE BENEDETTA 10H30 Territoires ciné 12H00 14H00 16H40 18H40 20H30 VEN LOUPS TENDRES... LES 2 ALFRED ANNETTE GAGARINE IBRAHIM ANNETTE 11H40 13H40 15H30 17H30 19H20 21H30 9 UNE HISTOIRE À SOI SOUS LE CIEL D’ALICE RACINES DU MONDE SOUS LE CIEL D’ALICE KUESSIPAN MÉDECIN DE NUIT 11H45 13H30 15H15 Rosselini 17H15 19H40 21H20 JUIL SOLO TEDDY STROMBOLI FÉVRIER SAVEUR DES COINGS NOMADLAND 14H00 16H15 18H10 20H30 RÉPUBLIQUE PROCÈS DE L’HERBORISTE 143 RUE DU DÉSERT SOUND OF METAL MINARI

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 Territoires ciné 16H40 18H30 20H15 Avant-première avec le réalisateur VILAR, LA RÉVOLUTION SILENCE DES AUTRES SOUS LE CIEL D’ALICE MÉDECIN DE NUIT LA TERRE DES HOMMES 10H30 Territoires ciné 12H15 14H00 16H40 19H15 21H50 SAM MARONA IBRAHIM ANNETTE BENEDETTA ANNETTE LES 2 ALFRED 11H00 13H30 15H20 17H50 20H10 22H00 10 BENEDETTA LES 2 ALFRED FÉVRIER PROCÈS DE L’HERBORISTE SOUS LE CIEL D’ALICE TEDDY 10H00 12H00 Rosselini 13H30 15H15 17H00 19H10 21H15 JUIL RACINES DU MONDE LA PEUR SAVEUR DES COINGS SOLO NOMADLAND INDES GALANTES SOUND OF METAL 13H30 15H40 18H00 20H40 RÉPUBLIQUE KUESSIPAN MINARI ANNETTE BENEDETTA

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 16H00 18H15 21H00 A FALTA QUE NOS MOVE GAGARINE INDES GALANTES ANNETTE LES 2 ALFRED 11H30 14H10 16H15 18H00 20H40 DIM ANNETTE 143 RUE DU DÉSERT IBRAHIM BENEDETTA BENEDETTA 10H30 Territoires ciné 12H30 14H40 17H00 19H20 21H10 11 JOJO RABBIT NOMADLAND KUESSIPAN PROCÈS DE L’HERBORISTE SOUS LE CIEL D’ALICE TEDDY 10H40 12H20 14H15 16H30 18H20 20H45 JUIL SOLO RACINES DU MONDE MINARI SAVEUR DES COINGS FÉVRIER MÉDECIN DE NUIT 11H20 13H20 15H50 18H30 20H45 Rosselini RÉPUBLIQUE LA MÈRE BENEDETTA ANNETTE KUESSIPAN LA MACHINE À TUER...

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 Territoires ciné 16H45 18H30 (D) 20H30 LE DIABLE N’EXISTE PAS PAYS QUI SE TIENT SAGE SAVEUR DES COINGS GAGARINE ANNETTE 10H30 Territoires ciné 11H50 13H50 16H30 19H00 20H40 LUN BALADE SOUS LES ÉTOILES SOUS LE CIEL D’ALICE BENEDETTA FÉVRIER IBRAHIM BENEDETTA 12H45 15H00 17H00 19H20 21H00 12 KUESSIPAN 143 RUE DU DÉSERT PROCÈS DE L’HERBORISTE SOLO NOMADLAND 11H45 13H40 Rosselini 15H30 17H10 19H20 21H10 JUIL TEDDY VOYAGE EN ITALIE MÉDECIN DE NUIT MINARI LA MÈRE INDES GALANTES 13H50 16H30 18H20 20H45 RÉPUBLIQUE ANNETTE LES 2 ALFRED BENEDETTA SOUND OF METAL

MANUTENTION 11H40 13H50 16H30 18H10 20H45 INDES GALANTES ANNETTE IBRAHIM BENEDETTA ANNETTE 10H30 Territoires ciné 12H10 14H45 16H40 18H30 Rosselini 20H15 MAR VOYAGE DU PRINCE BENEDETTA UNE HISTOIRE À SOI SOUS LE CIEL D’ALICE ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO BENEDETTA 11H30 14H00 15H40 17H45 (D) 19H30 21H40 13 FÉVRIER SOLO NOMADLAND MÉDECIN DE NUIT KUESSIPAN LES 2 ALFRED 11H30 13H45 15H30 17H45 19H40 21H50 JUIL MINARI SAVEUR DES COINGS KUESSIPAN LA MÈRE PROCÈS DE L’HERBORISTE TEDDY 14H00 16H15 (D) 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE PROCÈS DE L’HERBORISTE SOUND OF METAL RACINES DU MONDE 143 RUE DU DÉSERT Séances de films français avec sous-titres sourds et malentendants :Ibrahim le lundi 5/7 à 17h40, Médecin de nuit le jeudi 8/7 à 14h, Sous le ciel d’Alice le lundi 19/7 à 14h20, Indes galantes le jeudi 22/7 à 18h20 et Les 2 Alfred le jeudi 29/7 à 12h.

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 16H10 18H10 20H40 LES ENGLOUTIS BERGMAN ISLAND RACINES DU MONDE BENEDETTA BERGMAN ISLAND 10H30 Territoires ciné 11H40 14H00 15H40 18H10 20H20 MER LOUPS TENDRES... KUESSIPAN IBRAHIM PROCÈS DE L’HERBORISTE NOMADLAND ANNETTE 12H00 13H45 16H10 18H30 20H30 14 SOLO FÉVRIER MINARI OR POUR LES CHIENS INDES GALANTES 11H30 14H00 16H00 Rosselini 17H40 19H40 21H20 JUIL BENEDETTA 143 RUE DU DÉSERT ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO LES 2 ALFRED SAVEUR DES COINGS TEDDY 13H30 16H00 18H40 20H30 RÉPUBLIQUE BENEDETTA ANNETTE SOUS LE CIEL D’ALICE LA MÈRE

MANUTENTION 11H45 14H15 Rencontre 16H40 18H40 20H50 BENEDETTA IL N’Y AURA PLUS... LA MÈRE BERGMAN ISLAND BENEDETTA 10H30 Territoires ciné 12H15 14H15 16H30 18H15 20H45 JEU MARONA LES 2 ALFRED BERGMAN ISLAND SOLO FÉVRIER KUESSIPAN 12H00 14H00 Rosselini 16H00 18H30 20H45 15 RACINES DU MONDE STROMBOLI BENEDETTA MINARI SOUS LE CIEL D’ALICE 12H00 14H10 16H50 18H50 20H40 JUIL NOMADLAND ANNETTE OR POUR LES CHIENS SAVEUR DES COINGS TEDDY 13H50 16H00 17H40 20H20 RÉPUBLIQUE INDES GALANTES IBRAHIM ANNETTE PROCÈS DE L’HERBORISTE

MANUTENTION 12H00 14H15 16H45 Rosselini 18H30 21H00 BERGMAN ISLAND BENEDETTA LA MACHINE À TUER... BENEDETTA BERGMAN ISLAND 10H30 Territoires ciné 12H40 15H00 16H45 18H40 21H00 VEN JOJO RABBIT MINARI SOUS LE CIEL D’ALICE RACINES DU MONDE KUESSIPAN ANNETTE 11H00 13H45 16H10 18H00 20H00 21H30 16 ANNETTE PROCÈS DE L’HERBORISTE SAVEUR DES COINGS UNE HISTOIRE À SOI IL N’Y AURA PLUS... TEDDY 11H40 14H10 16H10 19H00 20H50 JUIL FÉVRIER OR POUR LES CHIENS ANNETTE LES 2 ALFRED 143 RUE DU DÉSERT 14H10 16H10 18H20 20H10 RÉPUBLIQUE LA MÈRE NOMADLAND SOLO BENEDETTA

MANUTENTION 10H00 Vidéo-danse 13H30 16H00 18H15 21H00 LES DANSES URBAINES FÉVRIER BERGMAN ISLAND ANNETTE BENEDETTA 10H30 Territoires ciné 12H00 13H50 16H20 18H45 20H45 SAM BALADE SOUS LES ÉTOILES TEDDY BENEDETTA KUESSIPAN SAVEUR DES COINGS ANNETTE 11H45 13H40 15H20 17H00 19H30 21H40 17 LA MÈRE SOLO IBRAHIM PROCÈS DE L’HERBORISTE KUESSIPAN OR POUR LES CHIENS 11H30 Rosselini 13H30 15H10 17H00 19H15 21H20 JUIL ROME VILLE OUVERTE IL N’Y AURA PLUS... SOUS LE CIEL D’ALICE MINARI INDES GALANTES NOMADLAND 13H45 16H20 18H15 20H45 RÉPUBLIQUE ANNETTE LES 2 ALFRED BENEDETTA BERGMAN ISLAND

MANUTENTION 11H50 14H30 17H00 Rencontre 19H00 21H10 ANNETTE BERGMAN ISLAND DE CANNES À AVIGNON BERGMAN ISLAND LES 2 ALFRED 11H00 13H30 16H10 18H40 21H10 DIM BENEDETTA ANNETTE BENEDETTA BENEDETTA SOUS LE CIEL D’ALICE 10H30 Territoires ciné 12H10 14H00 16H00 18H00 20H20 18 VOYAGE DU PRINCE IBRAHIM 143 RUE DU DÉSERT RACINES DU MONDE KUESSIPAN MINARI 12H00 14H30 16H15 18H30 20H15 JUIL PROCÈS DE L’HERBORISTE SAVEUR DES COINGS INDES GALANTES TEDDY FÉVRIER 13H45 16H00 18H00 20H40 Rosselini RÉPUBLIQUE KUESSIPAN OR POUR LES CHIENS ANNETTE VOYAGE EN ITALIE

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 Territoires ciné 16H45 19H15 21H00 PIECES OF A WOMAN WHITE GOD BENEDETTA IBRAHIM BERGMAN ISLAND 10H30 Territoires ciné 11H40 14H20 16H10 18H45 20H45 LUN LOUPS TENDRES... ANNETTE SOUS LE CIEL D’ALICE ANNETTE RACINES DU MONDE ANNETTE 11H20 13H20 15H40 17H45 19H30 21H40 19 LES 2 ALFRED KUESSIPAN NOMADLAND SAVEUR DES COINGS KUESSIPAN TEDDY 11H20 13H50 Rosselini 15H20 17H15 (D) 19H10 20H50 JUIL PROCÈS DE L’HERBORISTE LA PEUR 143 RUE DU DÉSERT LA MÈRE SOLO OR POUR LES CHIENS 13H30 15H40 17H50 20H00 RÉPUBLIQUE BERGMAN ISLAND MINARI INDES GALANTES BENEDETTA

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 16H00 18H10 20H30 Avant-première avec le réalisateur LA LUNE DE JUPITER RACINES DU MONDE BERGMAN ISLAND NOMADLAND UN TRIOMPHE 10H30 Territoires ciné 12H15 14H00 16H30 18H30 21H00 MAR MARONA SAVEUR DES COINGS BENEDETTA LES 2 ALFRED KUESSIPAN ANNETTE 11H40 13H45 16H00 (D) 18H30 21H10 20 INDES GALANTES MINARI FÉVRIER ANNETTE BENEDETTA 12H00 13H50 15H40 (D) 17H30 Rosselini 19H50 (D) 21H30 JUIL SOUS LE CIEL D’ALICE TEDDY SOLO PAÏSA IBRAHIM OR POUR LES CHIENS 13H45 16H20 (D) 18H45 (D) 20H40 RÉPUBLIQUE ANNETTE PROCÈS DE L’HERBORISTE 143 RUE DU DÉSERT BERGMAN ISLAND L’ESTATE SARÀ ITALIANO Sur cette gazette, on a le plaisir de vous proposer la rétrospective Rossellini et sur la prochaine, en août, vous aurez le plaisir de découvrir ou re-découvrir certains films de Dino Risi.

MANUTENTION 11H00 Territoires ciné 14H00 Territoires ciné 16H50 18H40 21H10 MACALUSO PALERME SOUS LE CIEL D’ALICE BENEDETTA BONNE MÈRE 10H30 Territoires ciné (D) 12H30 14H00 16H40 18H50 21H00 MER JOJO RABBIT IL N’Y AURA PLUS... ANNETTE KUESSIPAN BERGMAN ISLAND SWEET THING 11H30 13H30 16H30 18H15 20H00 21H50 21 LES 2 ALFRED ONODA SAVEUR DES COINGS MIDNIGHT TRAVELER DIGGER TEDDY 11H20 13H30 15H30 Rossellini 17H50 20H10 JUIL INDES GALANTES IN THE MOOD FOR LOVE PAÏSA JE VOULAIS ME CACHER ONODA 13H45 16H15 18H10 20H45 RÉPUBLIQUE BENEDETTA RACINES DU MONDE ANNETTE IN THE MOOD FOR LOVE

MANUTENTION 11H30 14H00 Rencontre 16H30 18H30 20H45 KUESSIPAN ENCORE UN TOUR... OR POUR LES CHIENS MINARI ANNETTE 10H30 Territoires ciné (D) 11H30 13H40 15H30 17H45 19H30 21H40 JEU BALADE SOUS LES ÉTOILES BERGMAN ISLAND SWEET THING JE VOULAIS ME CACHER SAVEUR DES COINGS BERGMAN ISLAND IN THE MOOD FOR LOVE 11H30 13H15 16H15 18H10 20H00 22H00 22 SOUS LE CIEL D’ALICE ONODA IN THE MOOD FOR LOVE MIDNIGHT TRAVELER NOMADLAND LES 2 ALFRED 11H30 14H00 Rossellini 15H40 17H40 20H45 JUIL BENEDETTA MACHINE À TUER... DIGGER ONODA KUESSIPAN 13H45 15H40 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE BONNE MÈRE ANNETTE INDES GALANTES BENEDETTA

MANUTENTION 12H00 14H00 Territoires ciné 16H30 18H30 20H40 SOUS LE CIEL D’ALICE LES HÉRITIERS DE L’AVENIR LES 2 ALFRED BERGMAN ISLAND ANNETTE 10H30 Territoires ciné (D) 12H00 14H10 16H45 18H30 20H30 VEN VOYAGE DU PRINCE NOMADLAND ANNETTE SAVEUR DES COINGS UNE HISTOIRE À SOI ONODA 11H40 13H30 16H00 17H50 19H45 21H40 23 RACINES DU MONDE BENEDETTA SWEET THING DIGGER BONNE MÈRE OR POUR LES CHIENS 11H45 14H00 16H15 Rossellini 18H10 20H10 21H50 JUIL MINARI KUESSIPAN VOYAGE EN ITALIE IN THE MOOD FOR LOVE MIDNIGHT TRAVELER TEDDY 13H00 15H10 18H10 20H40 RÉPUBLIQUE BERGMAN ISLAND ONODA BENEDETTA JE VOULAIS ME CACHER

MANUTENTION 11H30 13H30 16H10 18H20 21H00 LES 2 ALFRED ANNETTE NOMADLAND ANNETTE BERGMAN ISLAND 10H30 Territoires ciné (D) 11H40 13H45 15H40 17H50 20H20 22H00 SAM LOUPS TENDRES... INDES GALANTES BONNE MÈRE BERGMAN ISLAND BENEDETTA SWEET THING TEDDY 10H30 12H20 14H10 16H40 18H50 21H10 24 RACINES DU MONDE SAVEUR DES COINGS BENEDETTA MINARI JE VOULAIS ME CACHER IN THE MOOD FOR LOVE 10H30 12H15 Rossellini 13H50 15H45 17H15 19H00 21H00 JUIL SOUS LE CIEL D’ALICE ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO IN THE MOOD FOR LOVE IL N’Y AURA PLUS... MIDNIGHT TRAVELER DIGGER KUESSIPAN 13H15 16H15 18H10 20H10 RÉPUBLIQUE ONODA OR POUR LES CHIENS BONNE MÈRE ONODA

MANUTENTION 12H00 13H45 16H00 18H40 21H00 TEDDY NOMADLAND ANNETTE KUESSIPAN BERGMAN ISLAND 10H30 Territoires ciné (D) 12H15 14H10 16H10 18H40 20H40 DIM MARONA OR POUR LES CHIENS BONNE MÈRE BENEDETTA BONNE MÈRE ANNETTE 11H40 13H50 15H40 17H30 20H30 25 MINARI SAVEUR DES COINGS MIDNIGHT TRAVELER ONODA INDES GALANTES 11H00 14H00 16H00 18H00 20H00 Rossellini 21H30 JUIL ONODA DIGGER LES 2 ALFRED IN THE MOOD FOR LOVE LA PEUR SOUS LE CIEL D’ALICE 13H45 16H00 18H10 20H00 RÉPUBLIQUE JE VOULAIS ME CACHER BERGMAN ISLAND SWEET THING BENEDETTA

MANUTENTION 12H00 13H50 15H45 18H00 20H40 SWEET THING RACINES DU MONDE MINARI ANNETTE BENEDETTA 11H50 13H45 15H30 17H45 19H30 21H00 LUN BONNE MÈRE MIDNIGHT TRAVELER JE VOULAIS ME CACHER SAVEUR DES COINGS IL N’Y AURA PLUS... OR POUR LES CHIENS 11H30 14H30 Rossellini 16H30 18H40 20H40 26 ONODA ROME VILLE OUVERTE INDES GALANTES IN THE MOOD FOR LOVE KUESSIPAN 11H30 14H10 16H00 19H00 21H00 JUIL ANNETTE TEDDY ONODA DIGGER SOUS LE CIEL D’ALICE 14H00 16H00 18H30 20H40 RÉPUBLIQUE LES 2 ALFRED BENEDETTA BERGMAN ISLAND BONNE MÈRE

MANUTENTION 12H00 14H00 16H10 18H50 (D) 20H40 IN THE MOOD FOR LOVE BERGMAN ISLAND ANNETTE SOUS LE CIEL D’ALICE BERGMAN ISLAND 12H00 14H15 16H45 18H50 20H40 MAR JE VOULAIS ME CACHER BENEDETTA NOMADLAND SWEET THING ANNETTE 11H50 13H45 (D) 15H15 17H10 20H10 (D) 21H50 (D) 27 DIGGER IL N’Y AURA PLUS... BONNE MÈRE ONODA SAVEUR DES COINGS TEDDY 12H00 13H45 (D) 15H40 (D) 17H30 Rossellini 19H30 21H40 JUIL MIDNIGHT TRAVELER OR POUR LES CHIENS RACINES DU MONDE STROMBOLI KUESSIPAN IN THE MOOD FOR LOVE 14H00 16H10 18H00 (D) 20H10 RÉPUBLIQUE MINARI LES 2 ALFRED INDES GALANTES BENEDETTA Mais qui a volé Michel-Ange ? Nous vous avons passé pendant plusieurs semaines ce beau film d’Andreï Konchalovski et notre voisin sculpteur, n’écoutant que son sens de l’à-propos nous a prêté un buste de… Michel-Ange, tout beau, tout frais sorti du moule. Mais voilà, un larron, ou pourquoi pas une larronne, est passé par là et sans état d’âme et sans respect pour le bonhomme l’a embarqué pour le faire trôner, nous imaginons, sur les étagères de sa bibliothèque entre les œuvres de Proudhon et Machiavel. Si des fois cette personne se décidait à nous le ramener, il peut le faire en cachette ou même bien ouvertement et nous lui raconterons une histoire d’Arsène Lupin. Merci.

MANUTENTION 11H00 12H15 14H00 16H30 18H30 21H10 CHIEN POURRI MIDNIGHT TRAVELER LA LOI DE TÉHÉRAN IN THE MOOD FOR LOVE ANNETTE LA LOI DE TÉHÉRAN 11H30 13H45 16H20 18H30 21H00 MER MINARI TRUE MOTHERS BERGMAN ISLAND BENEDETTA TRUE MOTHERS 11H00 14H00 16H15 18H10 21H10 28 ONODA JE VOULAIS ME CACHER LES 2 ALFRED ONODA MILLA 11H30 13H45 16H00 Rossellini 18H00 20H00 21H50 JUIL KUESSIPAN MILLA STROMBOLI (D) DIGGER BONNE MÈRE SWEET THING

MANUTENTION 12H00 14H10 16H40 18H30 21H10 NOMADLAND LA LOI DE TÉHÉRAN MIDNIGHT TRAVELER TRUE MOTHERS BENEDETTA 11H45 14H20 16H10 18H40 21H10 JEU ANNETTE SWEET THING BENEDETTA LA LOI DE TÉHÉRAN BERGMAN ISLAND 12H00 14H00 16H00 18H40 21H00 29 IN THE MOOD FOR LOVE BONNE MÈRE ANNETTE MILLA KUESSIPAN 12H00 13H50 Rossellini 15H40 18H40 21H00 JUIL LES 2 ALFRED VOYAGE EN ITALIE ONODA JE VOULAIS ME CACHER DIGGER

MANUTENTION 11H30 13H15 15H50 18H30 21H10 MIDNIGHT TRAVELER ANNETTE LA LOI DE TÉHÉRAN ANNETTE LA LOI DE TÉHÉRAN 11H30 13H20 15H45 17H00 19H40 21H40 VEN SWEET THING BENEDETTA CHIEN POURRI TRUE MOTHERS IN THE MOOD FOR LOVE MINARI 11H30 13H30 15H40 Rossellini 17H15 19H30 21H30 30 DIGGER BERGMAN ISLAND LA PEUR (D) MILLA BONNE MÈRE BERGMAN ISLAND 11H20 14H20 16H40 19H00 (D) 21H00 JUIL ONODA KUESSIPAN JE VOULAIS ME CACHER UNE HISTOIRE À SOI ONODA

MANUTENTION 11H30 13H40 16H20 18H50 20H45 MINARI TRUE MOTHERS LA LOI DE TÉHÉRAN BONNE MÈRE TRUE MOTHERS 11H30 13H30 15H30 17H30 19H15 21H40 SAM LES 2 ALFRED IN THE MOOD FOR LOVE DIGGER SWEET THING LA LOI DE TÉHÉRAN BENEDETTA 11H45 14H00 16H15 18H45 21H00 31 JE VOULAIS ME CACHER MILLA BENEDETTA KUESSIPAN ANNETTE 11H10 12H50 Rossellini (D) 14H30 16H40 19H40 21H50 JUIL MIDNIGHT TRAVELER LA MACHINE À TUER... BERGMAN ISLAND ONODA MILLA NOMADLAND

MANUTENTION 10H45 12H00 14H00 16H30 18H20 21H00 CHIEN POURRI BONNE MÈRE LA LOI DE TÉHÉRAN SWEET THING TRUE MOTHERS BENEDETTA 11H00 13H40 16H15 18H40 21H10 DIM ANNETTE TRUE MOTHERS KUESSIPAN LA LOI DE TÉHÉRAN BERGMAN ISLAND er 11H20 13H30 15H45 18H10 20H50 1 BERGMAN ISLAND MILLA JE VOULAIS ME CACHER ANNETTE ONODA 11H30 13H30 15H30 18H40 21H00 Rossellini (D) AOÛT IN THE MOOD FOR LOVE DIGGER ONODA MILLA ROME VILLE OUVERTE

MANUTENTION 14H00 16H30 18H30 21H00 BENEDETTA BONNE MÈRE BENEDETTA LA LOI DE TÉHÉRAN 13H00 14H45 (D) 17H00 19H40 22H10 LUN SWEET THING JE VOULAIS ME CACHER ANNETTE TRUE MOTHERS IN THE MOOD FOR LOVE 13H00 15H10 17H00 19H10 21H30 2 BERGMAN ISLAND LES 2 ALFRED BERGMAN ISLAND MILLA ANNETTE 13H30 Rossellini (D) 15H10 18H10 19H50 21H45 AOÛT ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO ONODA MIDNIGHT TRAVELER DIGGER KUESSIPAN

MANUTENTION 13H30 16H00 18H40 21H10 (D) BENEDETTA TRUE MOTHERS BENEDETTA ANNETTE 13H00 15H00 (D) 17H10 19H40 (D) 21H50 (D) MAR BONNE MÈRE MINARI LA LOI DE TÉHÉRAN KUESSIPAN NOMADLAND 13H15 16H15 (D) 17H30 19H30 (D) 21H10 3 ONODA CHIEN POURRI DIGGER MIDNIGHT TRAVELER SWEET THING 13H00 (D) 14H50 17H10 19H10 Rossellini 21H30 AOÛT LES 2 ALFRED MILLA IN THE MOOD FOR LOVE PAÏSA (D) BERGMAN ISLAND MARK DIXON DÉTECTIVE

AMIS DU MONDE DIPLOMATIQUE Souveraineté du peuple, Nous sommes tous constituants ! L’équipe des correspondants du Monde Diplomatique 84 vous invite, samedi 3 juillet à 17h, à la Mairie de quartier Nord, complexe St Jean, avenue Jean Boccace à Avignon. Conférence débat avec Anne-Cécile Robert, journaliste, directrice des relations et des éditions internatio- nales au Monde diplomatique et André Bellon, président de l’associa- tion Pour une Constituante.

ASSOCIATION 100 POUR 1 Depuis 2016 l’association loge gratuitement des familles migrantes sans papiers et les accompagne dans la recherche de solutions pérennes grâce à ses adhérents qui s’engagent à verser au minimum 5 euros par pendant 2 ans. (WHERE THE SIDEWALK ENDS) à une affaire de meurtre et au cours de la Actuellement 6 familles sont accueil- lutte, accidentellement, il le tue… C’est Otto PREMINGER la bavure, avec toutes les conséquences lies et 5 restent en liste d’attente USA 1950 1h35 VOSTF Noir & Blanc qu’elle entraîne. Le détective va devoir pour l’être. La vitalité de 100 pour avec Dana Andrews, Gene Tierney, lutter pour sauver sa mise, pour sauver 1 reste intacte malgré la situation Gary Merrill, Karl Malden… sa peau. Et tous les coups seront per- difficile, et les projets et évènements Scénario de Ben Hecht d’après mis, et derrière chaque tentative qu’il fera festifs vont reprendre. Le nombre le roman de William L. Stuart pour se désengluer du présent et fuir sa d’adhérents et leur fidélité restent un culpabilité, c’est son passé, toujours plus point fort et incontournable. Resté longtemps méconnu dans la fil- insistant, qui se profilera et l’appellera… mographie du grand Otto Preminger, Plus d’infos sur le site : Mark Dixon détective est un superbe Mark Dixon détective est forcément un www.100pour1.fr film noir, une œuvre prenante, superbe- film au ras du bitume, on y respire l’air ment construite, porteuse de conflits mo- du temps, plutôt vicié, les incertitudes Vous pouvez nous joindre : raux fondamentaux, vision lucide et forte morales d’une Amérique lasse, qui ne [email protected] d’une société malade. croit plus aux héros. Autour de Dixon se Pour Avignon : 06 32 72 59 70 Le titre original, une fois de plus, est bien pressent des silhouettes grises de flics et Pour Carpentras : 06 14 52 50 20 meilleur : Where the sidewalk ends… Le de gangsters, d’hommes au visage fermé héros du film ne sait plus où finit le trot- qui pourraient être indistinctement d’un toir (la légalité, l’ordre, le bien) et où com- côté ou de l’autre de la barrière, du ca- mence la rue (la brutalité, l’absence de niveau. Mark Dixon, héros douteux, sûr scrupules, le mal). Mark Dixon est poli- de rien et surtout pas de lui-même, évo- cier. Il combat la pègre avec d’autant plus lue dans un monde dont tous les repères de hargne que son père en faisait partie, sont en train de disparaître. VOTRE il transforme un combat public en lutte Mais dans le désordre et la nuit où s’égare personnelle. Égaré, Dixon quitte le trot- son détective, Preminger lui accorde le PUBLICITÉ toir. Le policier, garant de l’ordre et de la lumineux sourire d’une femme : Gene dans la gazette stabilité, se laisse aller au désordre et à Tierney. Dans ces années-là, l’amour 06 84 60 07 55 la violence : il brutalise un suspect mêlé pouvait encore sauver le monde… [email protected] ils ne manquent pas pour autant d’hu- étouffent et conséquemment agacent mour. De prime abord, on ne donnerait leurs adolescents. Et Milla n’échappe pas cher de ce mariage de bras cassés pas non plus à l’immuable règle qui lui maladroits et pourtant… Il y a de la ten- dicte de les envoyer paître et de suivre dresse sous leurs chamailleries, du dé- ses pulsions, non mais ! La gamine à sir, toujours… Le temps qui passe, et l’apparence sage, à l’uniforme bien pro- parfois meurtrit les plus belles idylles, pret, va se laisser bousculer par le plus semble avoir flétri leurs peaux plus que improbable des êtres, son antithèse, pas leurs sentiments. Que leur couple dys- du tout le gendre idéal dont peut rêver MILLA(BABY TEETH) fonctionne, leur fille Milla (Eliza Scanlen, une famille. Un mauvais garçon aux fa- lumineuse, évidente) ne semble pas çons pas très catholiques, qui n’a peur Shannon MURPHY s’en émouvoir, bien décidée à mordre de rien, et guère le sens des responsa- Australie 2020 1h58 VOSTF dans sa vie à pleins crocs… même si bilités ou de la légalité. Moses est un té- avec Eliza Scanlen, Toby Wallace, ces derniers sont plus fragiles qu’ils ne nébreux à la gueule d’ange, un de ces Essie Davis, Ben Mendelsohn… devraient. Au fil du récit, on compren- écorchés vifs tatoués jusqu’au nombril, Scénario de Rita Kalnejais, dra l’étrange entrée en matière propo- proches de la clochardise et de la délin- d’après sa pièce de théâtre sée par les premières images : gros plan quance. Un plafond de verre sépare bel sur une dent de bébé, de celles que cer- et bien ces deux-là. Milla, qui portait encore son titre ori- tains géniteurs conservent jalousement Mais n’imaginez pas que l’histoire se- ginal de Babyteeth (dent de lait) fut un dans un petit morceau de soierie, sym- ra banale, même si elle semble débu- de nos gros coups de cœur du Festival bole de l’époque révolue où leur pro- ter comme un éternel conte de fée, la de Venise l’an dernier. C’est un premier géniture était une petite chose facile à naissance d’un amour entre la belle et film parfaitement maîtrisé, virevoltant, protéger dans le creux d’une épaule. la bête, un énième remix de Roméo et remuant dans tous les sens du terme Lointaine semblait alors l’heure impi- Juliette. Ce joli film se joue de nos re- et auquel il est difficile de rester insen- toyable qui verra l’oisillon s’éloigner présentations, s’émancipe des clichés, sible, à moins d’avoir un raisin sec à la du nid à tire-d’aile, sans pitié pour les joue au poker menteur, nous mène là où place du palpitant… C’est un hymne à tripes parentales nouées à l’idée de ne il veut. Subtil et puissant, il nous entraîne l’amour, à la vie qui court à en perdre ha- pas l’entendre rentrer un soir, redoutant dans un voyage initiatique, une leçon de leine, un voyage à bout de souffle. le pire : une biture, une fumette, un poli- savoir vivre et de courage pleine de fraî- chinelle dans le tiroir… Mais fi de toute cheur joyeuse. C’est avec regrets que « Niveau autorité parentale… on doit être sensiblerie ! l’on quittera ses protagonistes, cham- les pires ! ». Si Anna Finley (bourgeoise Le couple Finley a beau se morigéner, boulés entre rires et larmes, étonnés que sous hauts médocs) et son époux Henry avoir fait jadis les quatre cents coups, ils deux heures se soient si vite écoulées (psychiatre évanescent) sont des pa- n’échappent pas à la ridicule antienne au rythme d’une bande son tout aussi rents dépassés par les événements, ancestrale qui veut que les parents éclectique que les goûts de Milla.

LA LOI DE TÉHÉRAN Écrit et réalisé par Saeed ROUSTAEE sur les laissés-pour-compte de la so- centes et les perquisitions aux quatre Iran 2019 2h15 VOSTF ciété, explore les zones grises dans les- coins de la ville, espérant, avec la tête du avec Payman Maadi, Navid quelles se mêlent le bien (la police) et parrain de la drogue qu’il a enfin identifié Mohammadzadeh, Houmaan Kiaie, le mal (la pègre). Adoubée, excusez du (un certain Naser Khakzad), obtenir une Parinaz Izadyar… peu, par Son Altesse William Friedkin promotion. Même s’il n’est pas en odeur (on pense effectivement parfois à Police de sainteté dans la police de Téhéran, GRAND PRIX DU FESTIVAL INTER- fédérale Los Angeles ou French connec- ses résultats incitent sa hiérarchie à ne NATIONAL DU FILM POLICIER 2021 tion) c’est surtout du côté du cinéma co- pas totalement le brider dans sa traque. réen et de ses polars à la violence crue, Le film passe de la vie de commissariat Il y avait bien longtemps qu’on avait été enlevés, poussiéreux, impeccablement aux bidonvilles sordides squattés par les séché, littéralement, par une scène de rythmés et notoirement efficaces, que accros au crack, de la quête de Samad poursuite dans un film policier. Un dea- lorgne la mise en scène impression- à la fuite de Naser, des prisons surpeu- ler, surpris par l’arrivée des pandores, nante de Saeed Roustaee. plées aux scènes de tribunal… Au gré file dans un dédale de ruelles comme des histoires entremêlées, osant des s’il avait le diable à ses trousses. Il zig- On nous explique qu’en Iran, qu’on se ruptures de rythme et d’étonnantes bi- zague entre les maisons, longe les murs, fasse alpaguer en possession de dix furcations de scénario, le réalisateur al- passe d’un ilot d’habitations à une zone grammes ou de dix kilos de stupéfiants, terne un thriller plein de vivacité et de de travaux, tente au passage, un flic c’est tout comme : peine capitale pour suspense avec une chronique sociale toujours sur ses talons, de se débarras- tout le monde. Et que de ce fait, quitte dont les digressions, découpées comme ser de sa cargaison en la jetant sur un à jouer leur vie, les narcotrafiquants ne au scalpel dans le gras d’une socié- toit-terrasse, passe des grilles et trouve font pas dans la demi-mesure, ce qui en- té iranienne rarement montrée sous ce refuge dans l’excavation d’un chan- traine, à rebours des effets escomptés jour, la révèlent gangrenée par les trafics tier. Échappant ainsi in-extremis à un par l’État, une explosion de la consom- et la corruption. inspecteur à bout de souffle, les pou- mation : le titre international du film, Just mons en feu, qui se retrouve Gros-Jean 6,5, fait référence au chiffre estimé de Au passage, La Loi de Téhéran décrit comme devant. Samad, le flic, repart six millions cinq cent mille consomma- un système judiciaire débordé, inca- sans sa proie mais a au passage récu- teurs au pays des Mollahs (sur 83 mil- pable d’endiguer le fléau de la drogue, péré, comme preuve accablante, le sa- lions d’habitants) – principalement issus et qui utilise sans états d’âme la peine chet de drogue abandonné. Cette ou- des couches les plus défavorisées. De de mort comme un régulateur de la dé- verture, sèche, nerveuse, haletante, leur côté, sous-payés, sous-équipés, les linquance. Thriller, polar, drame docu- filmée en un plan-séquence magistral, fonctionnaires de police passent autant menté, avec La Loi de Téhéran, Saaed donne le ton : La Loi de Téhéran sera ré- de temps à se tirer dans les pattes qu’à Roustaee – dont ce n’est que le second solument un film noir, dans la meilleure exécuter leur mission. long métrage, chapeau ! – tient sans fai- tradition du genre. Celui qui, sur fond blir son public en haleine, navigue avec d’enquête policière, ausculte les dys- Flic aux méthodes parfois expéditives brio entre les genres pour délivrer in fine fonctionnements du monde, se penche mais efficaces, Samad multiplie les des- un film noir d’une remarquable acuité. La Mère

Mikio NARUSE ligne quoi que ce soit. L’art de Naruse traits de l’homme d’Hiroshima mon Japon 1952 1h37 VOSTF Noir & Blanc est celui de la suggestion, de la retenue amour (Eiji Okada), ce sont Antonioni et avec Kinuyo Tanaka, Kiyoko Kagawa, et de l’ellipse pleine de pudeur : on ne la Nouvelle Vague qui clignotent sous Masao Michima, Chieko Nakakita… filme pas la mort d’un personnage, ni les nos yeux. Scénario de Yoko Mizuki larmes de Kinuyo Tanaka (la mère) qui se cache pour pleurer – toujours en plan Mais au fait, qui est-elle, cette mère du Comment donc un cinéaste comme large. C’est une question d’éthique : la titre ? On quitte le film sans la connaître Mikio Naruse a-t-il pu échapper si long- caméra s’interdit le gros plan tradition- vraiment, tant elle se dévoue corps et temps à une reconnaissance unanime nel du mélodrame classique, elle se mé- âme au bonheur et aux besoins des et indiscutable au sein de la cinéphilie fie du sentimentalisme à peu de frais… siens. Loin de la mater dolorosa, Naruse mondiale ? Comment son nom a-t-il pu Dans La Mère, c’est de l’accumulation et son actrice cultivent l’effacement, le manquer aux côtés de ceux des trois progressive de mille détails anodins ou retrait sobre et discret. C’est qu’ils sa- grands Japonais que la critique fran- secondaires que naît l’émotion. Une vaient dès le tournage que le film tout çaise, plus qu’aucune autre peut-être, boîte offerte en guise d’adieu. Un bol entier se chargerait de dresser le por- a eu tôt fait d’identifier et de célébrer : de haricots qui fait soudain remonter trait de cette femme, par une succes- on parle ici d’Akira Kurosawa, de Kenji les souvenirs du père disparu. Un des- sion de touches infimes et délicates. Mizoguchi et de Yasujiro Ozu ?… sin d’enfant dégrafé du mur… Contre La mère, c’est le vent qui souffle sur le les usages et quasiment contre le scé- linge tendu entre les maisons de bois ; Naruse fut le poète du Japon des petites nario qui multiplie les coups de théâtre, c’est cette goutte de teinture oubliée sur échoppes et des chemins de terre, de ce Naruse désamorce l’idée même du cli- la joue de sa fille, la splendeur ances- monde englouti par la défaite de 1945, max. En cela, son cinéma nous paraît trale d’un costume de mariage. Naruse l’après-guerre et l’occupation améri- aujourd’hui rejoindre celui d’une cer- n’oppose pas, comme on pourrait le caine. De la guerre, il est beaucoup ques- taine modernité, et pas forcément celle croire, le temps passé à un présent qui tion dans La Mère : elle est là, tapie dans à laquelle nombre de contemporains serait forcément triste et gris. La jeu- l’ombre, au coin de chaque plan. Elle ont rattaché La Mère à sa sortie euro- nesse est belle comme le jour et elle habite les corps meurtris et fatigués des péenne, à savoir le néoréalisme italien. rayonne de cette culture européenne personnages – le père (Masao Mishima), Quand le mot « Fin » apparaît au milieu et de ces noms à consonances étran- à bout de force ; l’oncle (Daisuke Kato), du film, sans prévenir, avant que l’on ré- gères qui amusent le réalisateur. Mais le qui fut prisonnier des Soviétiques… Elle alise que les personnages sont au ciné- passé s’en va et il faut aussi retenir ses revient comme un ressac dans les dis- ma ; ou quand on reconnaît, derrière le chants, trouver l’harmonie entre le kimo- cussions, au détour d’une phrase, d’un costume impeccable du jeune premier no et le parc d’attractions. Faire briller mot ou d’un soupir, sans pour autant qui s’attire les faveurs de la fille (Kyoko ce qui reste, comme un phare dans la que la mise en scène n’insiste ni ne sou- Kagawa, absolument magistrale), les nuit. (A. Piletitch, Revus et Corrigés) IN THE MOOD FOR LOVE Écrit et réalisé par WONG KAR-WAI mood for love tant ce film est un objet franchir le pas, dans ce désir absolu ja- Hong Kong 2000 1h38 VOSTF sensitif, une œuvre tout en mouvement, mais fané car jamais assouvi, dans l’ir- avec Maggie Cheung Man-yuk, en odeurs, en parfums, en frôlements… répressible soif d’idéal. In the mood for Tony Leung Chiu-wai, Rebecca Pan, C’est sans doute pour cela qu’il dépasse love est un film sur la complexe, la dou- Lai Chen, Siu Ping-iam… de loin le cliché esthétique du très soi- loureuse, la splendide naissance du lien gné, du très beau : la photo est au ser- amoureux. FESTIVAL DE CANNES 2000 : vice de l’histoire, elle n’est jamais figée Racontons simplement comment tout PRIX D’INTERPRÉTATION MASCU- car elle vibre avec les personnages, elle commence… LINE, PRIX DE LA COMMISSION n’est jamais gratuite car chaque détail, SUPÉRIEURE TECHNIQUE chaque objet, chaque rayon de lumière Chow Mo-wan (Tony Leung) et Su Li- trouve sa place, son sens dans le récit. zhen (Maggie Cheung) emménagent le Depuis sa programmation en l’an 2000, Alors, la distance un peu froide qui ha- même jour, dans le même immeuble. In the mood for love a laissé dans notre bite souvent les œuvres d’une telle vir- Leurs conjoints respectifs sont absents, mémoire cinéphile une marque pré- tuosité est abolie, on entre dans l’in- de plus en plus souvent, souvent en cieuse, comme l’empreinte d’une émo- trigue comme on tombe amoureux, les même temps… Le soir, ils se retrouvent tion unique, la trace secrète de quelque sens en émoi, le cœur vibrant et l’esprit tous les deux seuls, ils se croisent dis- chose qui nous habite en dépit du temps qui voudrait tout retenir, de l’accessoire à crètement dans les couloirs exigus, se qui passe, avec discrétion, grâce et sen- l’essentiel, afin d’inscrire profondément frôlent dans les ruelles de la ville… Puis sualité. Ce sera une scène, une image, l’instant présent dans la mémoire… ils commencent à se voir, à partager leur un air de valse ou des volutes de fumée, abandon, leurs doutes, leur silence pour un motif sur une robe, la lumière bleu- L’histoire est universelle, pourtant elle finalement réaliser que leurs époux res- tée d’un néon… Car chaque plan offre est tout entière imprégnée d’une ville et pectifs ont une liaison. le détail qui déclenche la magie, chaque d’une époque, le Hong Kong des années Le choc va les envahir d’une même scène contient à elle seule tout ce qui 1960… Tout est ici discrétion, conven- émotion, le désarroi va les rapprocher et fait l’essence du film : le désir. tions morales, soumission aux normes. ensemble, blessés, entre trouble et pu- Les mots sonneront forcément un peu Et le trouble prend sa source justement deur, ils vont tenter de comprendre… faux, un peu figés, un peu convenus dans la force de la retenue, dans cette Alors la naissance de l’amour va venir pour vous décrire ici ce qu’est In the attirance obsédante qui jamais n’osera les troubler.

DANS LE CADRE Théâtre du Chien Qui Fume DU FESTIVAL D’AVIGNON Scène d’Avignon - Compagnie Gérard Vantaggioli DU 7 AU 30 JUILLET PROGRAMMATION PARFUM DE FEMME Théâtre DU CHIEN QUI FUME Neuf ans auparavant le Capitaine Fausto a perdu l’usage de ses yeux Relâches les lundis 12,19, 26 en manipulant une grenade lors de 10H30 DOM JUAN la guerre. Irascible et flamboyant, Le Grenier de Babouchka Fausto devine dorénavant la présence des femmes à la fragrance de leur 12H30 parfum. Il recrute Ciccio, jeune soldat GUY CARLIER - TS3 aux ordres, qui doit l’accompagner 14H20 de Turin à Naples rejoindre son ami L’UN DE NOUS DEUX Atelier Théâtre Actuel Vincenzo pour un mystérieux rendez- vous. Il y retrouvera notamment Sara, 16H30 toujours très éprise de lui. Le voyage PARFUM DE FEMME confronte la naïveté du jeune premier Cie Gérard Vantaggioli au violent cynisme de l’aveugle 19H00 vieillissant. MARC JOLIVET - Happy show 21H00 Créée en 2020 à Avignon. J’AI BIEN FAIT DE REVENIR ! Et les étoiles Théâtre J’AI BIEN FAIT DE REVENIR ! LE PETIT CHIEN Dans son bureau, face à la mer, Relâches les mardis 13, 20, 27 un auteur reçoit trois visites : sa 10H30 comédienne fétiche, sa fille et un étrange touriste. L’auteur et le touriste SOIE - Cie Il va sans dire semblent se connaître. Mais pourquoi 12H45 l’auteur est-il si distant ? que mijotent, DE ROCS ET D’ÉCUME chacune de leur côté, sa fille et la Théâtre Clin d’Oeil comédienne ? Et surtout, qui est ce 14H45 touriste ? Quand nous apprenons COLÈRES - Acte 2 son identité, une autre partie se 16H45 joue : mensonges contre mensonges, COMMENT J’AI DRESSÉ UN l’auteur et le touriste vont s’affronter ESCARGOT SUR TES SEINS et ce jusqu’à la vérité. Et pendant Cie Serge Barbuscia ce temps-là, l’auteur, manipulateur à Atelier Florentin souhait, écrit la pièce qui est en train 18H50 de se jouer. Avertissement : «J’ai bien CRÉPUSCULE ROUGE fait de revenir !» n’est absolument pas Onesime 2000 la suite de la pièce «J’ai bien fait de venir...». 20H30 SOIS UN HOMME MON FILS Créée en 2020 à Avignon. Théâtre Toursky BILLETTERIE : 04 84 51 07 48 en ligne – www.chienquifume.com THEATRE DU CHIEN QUI FUME – SCÈNE D’AVIGNON - 75, Rue des Teinturiers – 84 000 Avignon DE L’OR POUR LES CHIENS

Anna CAZENAVE CAMBET histoire et qu’ils se reverront. Forcément. une mère démissionnaire et presque in- France 2020 1h39 Armée de rien, sinon d’un petit sac à dos différente (excellente Julie Depardieu) et avec Tallulah Cassavetti, Ana Neborac, et d’une jupe trop courte, elle va donc un beau-père aux regards et attitudes Corentin Fila, Romain Guillermic, entreprendre le voyage vers la capitale déplacés. Carole Franck, Julie Depardieu… pour retrouver Jean. Qui bien sûr va lui La dernière partie, parfaitement inat- Scénario d’Anna Cazenave Cambet faire comprendre – plutôt gentiment – tendue, qui voit Esther retrouver ses et Marie-Stéphane Imbert qu’elle s’est trompée sur ses intentions, marques auprès de religieuses coupées qu’il a passé de bons moments avec elle du monde – bien qu’en plein cœur de de La première scène assez torride, si- mais qu’il a déjà une copine et que leur Paris ! – est réellement réussie, car dé- tuée sur une plage du Sud-Ouest, nous relation n’était pas faite pour durer au- nuée de tout angélisme benêt comme montre la jeune Esther faire l’amour delà des vacances. Le ciel tombe sur la de toute tentation caricaturale. La jeune de tout son corps et de toute son âme tête d’Esther, qui va aller de désillusion femme trouve simplement dans ce cou- avec un garçon qu’on devine plus vieux en désillusion, jusqu’à atterrir de ma- vent le temps nécessaire, loin des sol- qu’elle. On pourrait en déduire hâtive- nière improbable dans un couvent niché licitations et des embrouilles, pour se ment qu’Esther, du haut de ses 17 ans, au cœur du quartier Port Royal. confronter à d’autres réalités, notam- est déjà parfaitement libérée et sûre ment grâce à une religieuse qui, contrai- d’elle-même mais, comme l’explique Construit en trois parties distinctes (l’été rement aux clichés, n’est pas non plus in- avec une grande lucidité la réalisatrice, des premiers amours et des illusions, sensible aux désirs de la vie temporelle. elle fait partie de cette génération qui, bi- les douches froides de l’automne pari- beronnée à internet et aux clichés por- sien et la quasi-miraculeuse renaissance C’est donc un drôle de film, tout à fait nographiques, croit tout savoir de la aux côtés des moniales), De l’or pour les original, qui passe de l’atmosphère so- sexualité sans rien savoir de l’amour. chiens prend le contre-pied des souvent laire des plages aquitaines à la rigueur Quand elle rencontre Jean, ce beau gar- pénibles films plus ou moins roman- de l’espace monacal, filmées avec çon effectivement plus âgé et plus ex- tiques et gnangnan sur l’éveil des ado- un égal bonheur par Anna Cazenave périmenté, elle recense soigneusement lescents à la sexualité et aux relations Cambet, sur les pas d’un personnage dans son journal les pratiques sexuelles amoureuses, et dresse le portrait com- aussi attachant qu’imprévisible, remar- auxquelles il l’initie et en déduit que, au- plexe et singulier d’une jeune fille qui quablement interprété par la débutante cun doute, c’est le grand amour. Si bien n’a rien perdu de sa pureté et de sa naï- et soufflante Tallulah Cassavetti, tout en que quand l’été se termine, et que son veté malgré sa précocité sexuelle. Une contrastes et nuances, capable d’incar- « amoureux » repart à Paris en lui lais- jeune fille dont on comprend, au fil de ner avec la même justesse l’abandon sant bon gré mal gré son 06, elle se per- quelques scènes bien troussées, qu’elle sensuel et la complexité des boulever- suade que c’est le début d’une grande ne peut pas compter sur sa famille, entre sements intérieurs.

Les Hauts plateaux, situé dans le bâtiment de La Manutention, VIDÉO-DANSE ET LES DANSES URBAINES étaient, depuis des années, le Séance unique le samedi 17 juillet à 10h territoire du Collectif Inouï. Il a La séance sera suivie d’une discussion avec les initiateurs du projet. décidé d’arrêter ses activités et le lieu devient l’Atelier et est Les danses urbaines, comme leur nom l’indique, sont nées dans les rues occupé par Naïf Production. des grandes villes, au sein des quartiers populaires. La vidéo-danse constitue une extension naturelle du rapport avec l’environnement in-situ que la danse hip Naïf Production, présente- hop et d’autres danses urbaines ont entretenu dès leurs débuts dans la seconde ra donc pendant le Festival, moitié du xxe siècle. Cette sélection de vidéo-danses permet de voir les liens et en collaboration avec Les intimes que ces formes de danse entretiennent avec la ville et l’architecture, le tout Hivernales, deux spectacles. mis en valeur par la caméra, qui transporte le spectateur au sein de ces espaces. Dans certains films, la vidéo permet à la danse urbaine de sortir de son milieu LA CHAIR A SES RAISONS d’origine afin de dialoguer avec d’autres environnements, naturels ou virtuels. La diversité de styles (breaking, surf & turf, stomp, percussions corporelles…) Chorégraphie et interprétation Mathieu DESSEIGNE-RAVEL côtoie différentes approches de l’image et du montage. Création 2018 Proposé par la Briqueterie-CDCN du Val de Marne, en collaboration avec le Festival du 10 au 20 juillet (relâche le 15) à 11h International de Vidéo Danse de Bourgogne et les Hivernales-CDCN d’Avignon. 40 mn (+ 1mn bord de plateau) Solo pour bout de bidoche sensible, La chair a ses raisons a mis dans la car- casse tous les mots de l’histoire. Sous la peau, les récits, tendus de leurs dé- sirs nerveux, se heurtent et coagulent. De la chair, glaise primaire, émergeront toutes les histoires à venir. De la viande humaine sur l’étal du plateau, comme planche à disséquer les contes en de- venir. Notre début est une page noire et sur ce support rien ne s’inscrit jamais de manière définitive. Dans ce clair-obs- cur d’aube, ou de crépuscule, de genèse ajournée, on va jouer au théâtre : l’en- droit d’où l’on regarde. Ou bien encore : le lieu où l’expérience vécue transcende son anecdote pour nous parler de nous. Ou peut-être aussi : l’espace où il est admis que les choses ne sont jamais Durée : 53 minutes Black Train is Coming États-Unis 3mn seulement ce qu’elles sont… Réalisation John T. Williams Plus d’infos sur naif-production.fr Write my story Royaume-Uni 3mn Chorégraphie ENinja et Joyntz Réalisation et chorégraphie Jemma Mae Broomhead Apache Crew Russie 10mn NULLE PART Réalisation et chorégraphie Anatolii EST UN ENDROIT Les Indes galantes France 6mn Sachivko et Compagnie Apache Crew Réalisation Clément Cogitore Conférence dansée Chorégraphie Bintou Dembele, Grichka Ease on Down Royaume-Uni 3mn et Brahim Rachiki Conception et interprétation NACH Réalisation Cristobal Catalan du 11 au 13 juillet à 16h60 Chorégraphie Omari Carter Vanishing Points Canada 6mn Réalisation Marites Carino À travers le prisme du krump, danse ap- Chorégraphie Compagnie Tentacle Tribe I see you Ukraine 2mn parue à Los Angeles dans les années Réalisation et chorégraphie Irina Bashuk 2000, Nach nous fait le récit de la ma- Color of Reality États-Unis 6mn Réalisation Alexa Mead, Bettonhimel Allemagne 3mn nière dont son corps traverse sensa- Jon Boogz et Lil Buck Réalisation et chorégra- tion, explorations, défis et imaginaire. Chorégraphie Jon Boogz et Lil Buck phie Lukas Steltner Comment les voyages la fascinent et comment ils la façonnent. Comment Specto France 3mn In vitro Brésil / Suède 8mn Réalisation et chorégraphie Quentin Réalisation et chorégraphie les rencontres qui s’y produisent avec Pellier et Jason Diasonama Kaxtere Medina d’autres corps et d’autres pratiques (le Flamenco, le Butô …) la forgent et bâ- À noter également sur ce programme. Indes galantes de Philippe Béziat, film au- tissent son identité artistique. Plus d’in- tour de l’opéra-ballet mis en scène par Clément Cogitore à l’Opéra National de Paris. fos sur www.facebook.com/nach

LES 2 ALFRED

Bruno PODALYDÈS qui enchaîne stoïquement les rendez- l’existence de ses bambins. Le hasard France 2020 1h32 vous démoralisants, à la banque pour met sur sa route Arcimboldo – un ange- avec Denis Podalydès, Sandrine tenter en vain d’émouvoir un conseiller gardien espiègle et serviable qui use à Kiberlain, Bruno Podalydès, Yann lunaire, à Pôle Emploi pour se mettre en merveille des paradoxes de l’ubérisa- Frisch, Luana Bajrami, Leslie Menu… quête d’un boulot. N’importe lequel au tion de la société, ses applis, ses bi- Scénario de Bruno Podalydès avec la demeurant, il n’est pas regardant, juste douilles et ses failles, et qui va faire of- collaboration de Denis Podalydès. un boulot rémunéré qui lui permettra de fice de guide de haute montagne dans redorer son blason aux yeux d’Albane. les méandres de la vie connectée… Chômeur quinquagénaire, interdit ban- Son premier entretien d’embauche dans caire, père isolé de deux charmants une start-up « innovante » (innovante Comme toujours chez Bruno Podalydès, bambins, Alexandre est un cumulard des dans quoi ? Dans l’art de mener une ré- la comédie douce-amère et un brin nos- temps modernes. Pas précisément de la union de travail autour d’une table de talgique est relevée d’une pointe de sa- race des winners, mais il est fermement ping-pong ?) donne une idée de l’am- tire acérée du monde moderne. À l’ins- décidé à se sortir d’affaire. C’est que pleur du gouffre qui sépare Alexandre tar de la novlangue glacée de la start-up l’enjeu est de taille. À la suite d’un mal- du monde merveilleux de l’entreprise que chacun emploie sans vraiment la heureux coup de canif dans son contrat 3.0. Contre toute attente, le papa-poule comprendre, la technologie connectée de mariage, Alexandre s’est vu imposer old-school et déphasé est illico embau- y a des allures vaguement inquiétantes par Albane, sa femme, un ultimatum très ché par « The box », la boîte friendly en mais la poésie ne tarde jamais à affleu- simple : soit il fait la preuve, le temps total open-space où, comme le précise d’une séparation temporaire, qu’il peut Aymeric, le gérant cool, on « dispatche rer derrière l’incongru et le ridicule des gagner sa vie, gérer ses enfants et te- en conf’call des opés mesurables par situations. Les écrans, omniprésents, nir son ménage, soit ladite séparation simple reacting process ». Embauché isolent plus qu’ils ne les rapprochent des devient ferme et définitive. Non négo- sur un mot, une intuition, parce qu’il a individus totalement dépassés par l’ac- ciable. Sitôt dit, la belle a bouclé son indiqué vouloir faire un « reset » sur sa cumulation de montres connectées, voi- bagage, boutonné sa vareuse galonnée vie professionnelle. Précisément, ce se- tures autonomes, galets-enregistreurs et coiffé sa casquette d’officier, et s’en ra ça, son job : le reacting process. Ce et autres bidules vocaux qui ont réponse est allée tête droite, en mission dans les qui complique singulièrement la situa- à tout. L’autonomie qu’acquièrent insen- grands fonds marins aux commandes tion, c’est que son petit tyranneau de siblement les objets, l’inertie têtue qu’ils d’un sous-marin nucléaire. Eh oui ! patron-copain a été ferme, très ferme : opposent à leurs utilisateurs donnent à Voilà donc notre Alexandre bien obligé à « The box », on est résolument « no la fable son rythme décalé et poétique. de sortir ses deux pieds de l’unique sa- child » – ou on s’en va. Pour conserver le Dans cet univers mécanique instable, bot dans lequel il les maintenait confor- boulot, notre aventurier des temps ultra- Sandrine Kiberlain est irrésistible en tablement confinés. Alexandre qui jongle modernes va donc devoir déployer des wonder woman au bord de l’explosion, avec les réveils, les petits déjeuners, les trésors d’inventivité pour mener à bien, tandis que les deux frères Podalydès se horaires d’école et de crèche – sans ou- sous la houlette de Séverine (sa N+1 à la délectent visiblement de jouer (au sens blier, bon sang ! les deux Alfred (deux réputation de killeuse), une mission dont propre) ensemble, l’un son avatar de singes en peluche, un seul doudou, in- il n’a pas compris la moitié du quart du M. Hulot égaré au xxie siècle, l’autre de dispensable au petit dernier). Alexandre début de la signification, tout en cachant ses talents de magicien de kermesse. ROBERTO ROSSELLINI EN 7 FILMS

Roberto Rossellini a profondément révolutionné le cinéma en plaçant, celle du jeune Edmund, qui aide sa famille dans la misère en rendant toutes sortes de au cœur de la mise en scène néoréaliste, une idée de l’homme, et en services à tout un tas de gens, est la pire. faisant reposer son style sur une éthique : « Je me suis donné deux ob- Au service des autres, il devient le relais jectifs. D’abord, la position morale : regarder sans mystifier, essayer de la haine qui a survécu et d’un désespoir inhumain. de faire un portrait de nous, aussi honnêtement que possible… L’autre Au plus près de la réalité, Rossellini éclaire objectif était de briser les structures industrielles de ces années, d’être aussi l’âme d’une époque, et prend toute capable de conquérir la liberté d’expérimenter sans conditions. la mesure de sa noirceur à travers l’his- toire de cet inoubliable enfant de 12 ans. Une fois ces deux objectifs atteints, vous vous apercevez que le pro- (F. Strauss, Télérama) blème du style est déjà automatiquement résolu. Quand vous renoncez à faire semblant, à manipuler, vous avez déjà une image, un langage, STROMBOLI un style. Le langage, le style du néoréalisme sont là : c’est le résultat (Stromboli terra di dio) d’une position morale, d’un regard critique porté sur l’évident. » Italie 1950 1h43 VOSTF Noir & Blanc avec Ingrid Bergman, Mario Vitale, Renzo Cesana, Mario Sponzo… ROME VILLE ALLEMAGNE Scénario de RR et Sergio Amidei OUVERTE ANNÉE ZÉRO et Gian Paolo Callegari (Roma citta aperta) (Germania anno zero) Assignée dans un camp de réfugiés, Karin, Italie 1945 1h43 VOSTF Noir & Blanc Italie 1947 1h18 VOSTF une jeune Lituanienne, ne peut quit- avec Marcello Pagliero, , (en allemand) Noir & Blanc ter l’Italie de l’après-guerre. Pour sortir Anna Magnani, Maria Michi… avec Edmund Meschke, Ingetraud Hinze, du camp, elle accepte d’épouser Antonio, Scénario de RR, Sergio Amidei, Alberto Franz Krüger, Ernst Pittschau… un jeune pêcheur de l’île volcanique de Consiglio et Federico Fellini Scénario de RR, Carlo Lizzani Stromboli. Mais la vie sur l’île devient ra- et Max Colpet pidement un enfer pour elle, entre la bar- Rome, hiver 1944. Un ingénieur commu- rière de la langue et la violence de son ma- niste, Giorgio Manfredi, tente d’échapper Tourné pendant l’été 1947 au milieu des ri. Elle décide de fuir… aux Allemands qui occupent la ville. Il se ruines où résonnait encore l’horreur de « Ce qui saute aux yeux, en revoyant ce réfugie chez un ami dont la fiancée, Pina, le l’Histoire, Allemagne année zéro est le film film, c’est la passion d’un cinéaste pour met en contact avec le curé de la paroisse d’un monde qui repart de rien, cerné par le une actrice. Rarement on aura été aus- Don Pietro. Mais la maîtresse de Manfredi sentiment du néant. Dans une société la- si loin dans le filmage de ce contrat de va tous les dénoncer aux Allemands… minée où personne n’a de place enviable, travail et d’amour qui lie deux êtres de Le premier chef-d’œuvre du néoréalisme italien, d’une force et d’une authenticité intactes. PAÏSA Italie 1946 2h06 VOSTF Noir & blanc avec Carmelo Sazio, Benjamin Emmanuel, Harold Wagner, Giulietta Masina… Scénario de RR, Federico Fellini, Sergio Amidei… et 6 autres noms crédités ! Païsa fixe six moments de la libération du sol italien pendant la campagne 1943-1944 et campe, en six courtes nouvelles filmées, le climat héroïque ou pitoyable dans le- quel elle s’accomplit. « On trouve à l’intérieur de chaque épi- sode un ou plusieurs points de vue très particuliers sur la guerre, mais aussi une vision universelle sur chaque situation décrite. C’est le vrai film de guerre : celui qui s’attache plus aux conséquences hu- maines d’un conflit qu’aux enjeux politi- co-militaires… » (V. Ostria, Les Cahiers du cinéma) PAÏSA ROBERTO ROSSELLINI EN 7 FILMS

se montre sarcastique ; avec lui, elle est critique. C’est l’illustration faussement simple d’un couple las dont le mariage se désagrège, transformée par Roberto Rossellini en une histoire passionnée, mê- lant cruauté et cynisme. Un film phare, préfigurant Antonioni et la Nouvelle Vague. Refus du sentimenta- lisme, détachement souverain, l’émotion est souterraine. Ingrid Bergman et George Sanders sont magnifiques, mais se font presque voler la vedette par l’Italie, son âme et ses mystères. LA PEUR (Angst) Co-réalisateur : Herman MILLAKOWSKY Allemagne 1954 1h15 VOSTF Noir & Blanc avec Ingrid Bergman, Mathias Wieman,

ROME VILLE OUVERTE Renate Mannhardt, Klaus Kinski… Scénario de RR, Sergio Amidei et Franz von Treuberg, d’après une part et d’autre de la caméra. » (C. Tesson, nouvelle de Stefan Zweig Les Cahiers du cinéma) VOYAGE Inspiré de Stefan Zweig, c’est le der- EN ITALIE nier volet (méconnu) des quatre films du LA MACHINE (Viaggio in Italia) couple Roberto Rossellini-Ingrid Bergman. Italie 1954 1h37 VOSTF Noir & Blanc Le propos provoque le malaise : un ma- À TUER LES avec Ingrid Bergman, George Sanders, ri, directeur d’un laboratoire pharma- Maria Mauban, Leslie Daniels… ceutique, harcèle son épouse, qui a un MÉCHANTS Scénario de RR, Vitaliano Brancati amant, pour lui faire avouer sa « faute ». (La Macchina ammazzacattivi) et Antonio Pietrangeli La peur, ici, c’est donc celle vécue in vivo Italie 1952 1h20 VOSTF Noir & Blanc par Irène, torturée par la culpabilité. Du avec Gennaro Pisano, Giovanni Amato, Un couple d’Anglais part au Sud de l’Ita- Rossellini à l’état pur : il filme les rapports Clara Bindi, Marilyn Buferd… lie afin d’y vendre une propriété récem- de force entre les êtres, comme des ondes Scénario de RR, Eduardo de Filippo, ment héritée. Leur relation, empreinte de douloureuses ou bienfaitrices. Rarement Bergman a été aussi fragile et désempa- Sergio Amidei, Franco Brusati distance, empire au contact de Naples, rée. (F. Strauss, Télérama) et Liana Ferri de ses habitants et fantômes. Avec elle, il Celestino, modeste photographe à Amalfi, reçoit la visite d’un mystérieux vieil homme (une apparition, Saint-André dont on cé- lèbre la fête dans le village ?) qui le dote d’un pouvoir surnaturel : il lui suffira de prendre une photo de tous ceux et toutes celles qu’il considère comme méchants, nuisibles, détestables pour les faire dispa- raître… Une aubaine, se dit Celestino. Mais il va vite se rendre compte que séparer le bon grain de l’ivraie est une responsabilité bien lourde à porter. Surtout lorsque c’est une question de vie ou de mort… Une bizarrerie dans la filmographie de Rossellini, un conte burlesque et mora- liste très inspiré de la commedia dell’arte, dont il entama le tournage en 1948, juste après Allemagne année zéro et qu’il laissa un peu en plan. Le film fut achevé, en sui- vant ses instructions, par ses assistants. VOYAGE EN ITALIE Une rareté savoureuse ! FESTIVAL LE TOTEM 2021 MAISON DU THÉÂTRE POUR ENFANTS DU VENDREDI 9 AU MARDI 27 JUILLET | AVIGNON sauf les dimanches 11, 18 et 25 juillet

THÉÂTRE VISUEL DÈS 18 MOIS | 35 MN THÉÂTRE, MARIONNETTE ET OBJET DÈS 7 ANS | 55 MN 9H35 CLICK ! 15H05 SUR LE FIL _SKAPPA _ _ ! & ASSOCIÉS (13) C_IE _ LA ROBE À L’ENVERS (83) MARIONNETTE, THÉÂTRE, DANSE ET MUSIQUE THÉÂTRE DÈS 6 ANS | 25 MN DÈS 2 ANS | 30 MN H 9H45 DADAAA DUO 15 20 CHARLIE ET LES NOUVEAUX BALLETS LE DJINGPOUITE DU NORD-PAS DE CALAIS (59) DE MARTIN BELLEMARE _ _ _ _CIE _ LA _ PETITE FABRIQUE (33) SPECTACLE GESTUEL ET VISUEL DÈS 2 ANS | 25 MN 10H THÉÂTRE DÈS 8 ANS | 1 H DANS LES JUPES 16H20 RAVIE DE MA MÈRE DE SANDRINE ROCHE - CIE LA PALOMA (13) _TOUTITO _ _ TEATRO (50) _ _ _ DANSE ET JAZZ DÈS 3 ANS | 35 MN THÉÂTRE, MUSIQUE, ARTS PLASTIQUES 10H20 DÈS 4 ANS | 45 MN LUMIÈRE ! SO JAZZ H CARRÉ BLANC CIE - MICHÈLE DHALLU (32) 16 30 ÊTRE FANTASTIQUE _ _ _ DE SANDRA DENIS ET DARIO MORETTI IE THÉÂTRE DÈS 7 ANS | 50 MN C SÉMAPHORE (67) ET 10H30 DÉRACINÉ(E)S _TEATRO _ _ ALL’IMPROVVISO (italie) DE PHILIPPE GAUTHIER _CIE _ EN _ AVANT MARCHE (23) PARCOURS SONORE INTERACTIF DÈS 1 AN | 30 MN 10H15 >12H15 & 14H > 17H30 THÉÂTRE D’OBJETS DÈS 6 ANS | 45 MN H L’OUÏE Y ES-TU ? 10 40 LA PRINCESSE COLLECTIF DU GRAIN À MOUDRE (76) QUI N’AIMAIT PAS… _ _ _ _BARBAQUE _ _ COMPAGNIE (59) THÉÂTRE IMMERSIF ET SONORE DÈS 6 ANS | 40 MN 11H30 À L’ENVERS, À L’ENDROIT > JUSQU’AU 24/07 _CIE _ LA _ BOCCA DELLA LUNA (suisse) MARIONNETTE, THÉÂTRE, DANSE ET MUSIQUE DÈS 2 ANS | 30 MN 11H40 DADAAA DUO LES NOUVEAUX BALLETS _DU _ NORD-PAS_ DE CALAIS (59) THÉÂTRE DÈS 5 ANS | 45 MN 14H10 BILLY LA NUIT D’AURÉLIE NAMUR _CIE _ LES _ NUITS CLAIRES (34) SPECTACLE MUSICAL DÈS 4 ANS | 35 MN 14H20 DES YEUX POUR TE REGARDER _MÉLI _ _ MÉLODIE (34)

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Pub-utopia-255X120mm-1.indd 1 03/06/2021 18:53 peu) et de chuchotements (beaucoup), déploie ses ramifications dans les ma- gnifiques décors apaisés du bord de mer, débarrassés de l’austérité bergma- nienne – on y retrouve plutôt la luminosi- té dans laquelle se déployait l’insolence frondeuse de Sourires d’une nuit d’été. BERGMAN ISLAND Amy et l’insaisissable Joseph, ses hé- Écrit et réalisé par Mia HANSEN-LØVE gentiment mais fermement, à sa place France / Suède 2021 1h52 de fantôme : extrêmement présent, ob- ros, qui se sont aimés trop jeunes, qui VOSTF (en anglais) jet de (presque) toutes les conversa- essaient maladroitement de se retrou- avec Tim Roth, Mia Wasikowska, tions, il ne vient à aucun moment s’im- ver, trop tard, au mariage d’une amie Vicky Krieps, Anders Danielsen Lie, miscer dans un récit qui n’est ni le sien, commune, arpentent les mêmes plages, Joel Spira, Wouter Hendrickx… ni celui de ses films. Le récit est celui les mêmes routes campagnardes, ha- de Chris. bitent les mêmes maisons qu’elle et FESTIVAL DE CANNES 2021 : Tony. Bloquée au moment de conclure SÉLECTION OFFICIELLE, Chris et Tony sont à la ville femme et l’histoire des amants qui menacent de EN COMPÉTITION mari, parents d’une petite fille – et à la se perdre avant de s’être retrouvés, scène, à l’écran plutôt, un couple de ci- Chris laisse vagabonder son inspiration, « Tu es consciente qu’on va dormir dans néastes chevronnés (lui plus qu’elle), comptant sur le vénérable fantôme, les le lit de Scènes de la vie conjugale, le ayant chacun à son actif une œuvre qui lieux, les objets, pour l’amener vers la film qui a fait divorcer des millions de lui permet d’être reconnu et estimé. Et, résolution. Passé, présent, réalité, rêve, gens ? » par exemple, de prétendre ensemble à fiction : tout en douceur, les deux récits une résidence d’artistes sur l’île de Fårö, – celui que Chris écrit pour Amy, et ce- Mia Hansen-Løve ne manque pas d’air. dans la maison d’Ingmar Bergman him- lui que Mia Hansen-Løve invente pour On se frotte les yeux : Bergman island, self, pour y peaufiner chacun le scéna- Chris – s’entrecroisent, se fondent par- vous voulez dire comme « Ingmar » rio de son prochain film. Pendant ces fois, avec aisance et simplicité. Bergman ? LE Bergman ? Le cinéaste quelques jours un peu hors du temps, démiurge, la figure cinéphilique la plus tandis que Tony écrit son script avec une Mais il ne s’agit pas pour autant de nous sacralisée, la référence la plus écra- efficacité déconcertante, enchaîne les perdre, nous spectateurs. Ils se nour- sante au monde, vraiment ? À vrai dire, mondanités et les passages obligés (les rissent l’un l’autre pour livrer, avec une on s’inquiétait presque. On avait tort. projections-débats, l’inénarrable « sa- grande délicatesse, en des scènes de la Et pas qu’un peu : le film est une vraie fari Bergman » en car autour de l’île…), vie conjugale délivrées de toute cruauté, réussite. Chris, le stylo levé, se laisse gagner par quelques vérités sensibles sur les aléas Si elle est assez gonflée pour convo- la douce langueur de la fin d’été. Pour du couple. On est gagné par la pudeur quer Bergman comme une bonne fée elle, le fantôme d’Ingmar se fait ac- et la beauté du film, séduit par la grâce un peu incongrue sur le berceau de son cueillant. Fårö se défait de son imagi- de Vicky Krieps et de Mia Wasikowska, film, si elle a l’impertinence de venir naire âpre, battu par les vents. L’histoire respectivement double et triple de Mia planter sa caméra sur l’île de Fårö – l’île d’amour tardif et impossible qu’elle es- Hansen-Løve, et c’est finalement avec de Bergman donc –, Mia Hansen-Løve saie d’écrire et que nous voyons s’incar- regret qu’on s’éloigne des rivages de a surtout l’intelligence de le cantonner, ner à l’écran, faite elle aussi de cris (un l’île prétendument austère de Fårö. NOMADLAND

Écrit, monté et réalisé par Chloé ZHAO agricoles, des restos routiers aux cam- USA 2020 1h48 VOSTF pings en hibernation. Les boulots sont avec Frances McDormand, David autant d’étapes qui rythment inlassable- Strathairn… et dans leurs propres rôles : ment son périple sans fin. Même si, né- Linda May, Charlene Swankie, Bob cessité née des aléas de la vie ou désir Wells, Peter Spears… de ne pas s’enfermer dans une routine, D’après le livre Nomadland : surviving la trajectoire connaît parfois d’infimes va- America in the twenty-first century riations, ou peut momentanément bifur- de Jessica Bruder (J’ai lu) quer, selon les perspectives que peuvent ouvrir de nouvelles rencontres. Depuis la mort de son mari, laissé sur le Car Fern n’est pas seule à s’être sen- carreau par la fermeture de « son » usine, tie poussée à tailler la route. C’est toute Fern (Frances McDormand) a tout perdu une population de voyageurs qui s’en- et ne parvient pas à se satisfaire de l’ave- trecroise de loin en loin sur les parkings, nir qui lui est promis. Ni de la retraite misé- toute une communauté d’autant plus in- rable qui lui permettrait de survivre en vé- saisissable qu’elle est composée d’indi- gétant lamentablement, ni du nécessaire vidus solitaires, mis en retrait ou plutôt déménagement, là ou ailleurs, ni de rien. dans les marges de la société – et qui L’essentiel de ce qu’il lui reste – quelques goûtent avec parcimonie les relations assiettes, des draps, la parka de son ma- humaines. Mais une communauté tout ri – tient tout entier dans le van qu’elle a de même, dont les membres se recon- aménagé, baptisé « Vanguard », et au vo- naissent, se respectent – s’entraident au lant duquel elle sillonne les routes : son besoin. moyen de transport et son unique loge- ment, pourvu qu’elle trouve un emplace- Mi-road movie solitaire, mi-chronique ment libre et pas trop cher où le garer. documentaire politique, le film sobre, On ne saura pas vraiment s’il s’agit d’un épuré de Chloé Zhao déploie des tré- choix mûrement réfléchi ou si c’est un sors de sensibilité et de pudeur pour ra- dernier recours qui s’est peu à peu im- conter sans une once de misérabilisme posé à elle. Mais le fait est que Fern est ces déclassés, ces laissés-pour-compte devenue un oiseau migrateur. Au gré des du rêve américain. D’authentiques no- saisons et des emplois précaires qui en mades, Linda, Bob, Charlene, Peter, découlent, elle traverse le pays au vo- s’offrent à la caméra avec une émou- lant de Vanguard. Manutention, gardien- vante sincérité et donnent la réplique nage, service, nettoyage : elle est mul- (peu de répliques au demeurant) à une ti-tâches et passe indifféremment des Frances McDormand hiératique et bou- entrepôts d’Amazon aux exploitations leversante. pondeuses élevées en batterie), on broie L’arrivée de leur grand-mère coréenne les petits mâles – c’est à se demander (excellentissime Yuh-Jung Youn), venue quel est le sort le plus enviable. Ah ! Les à la rescousse pour s’occuper d’eux, va secrets de la grande distribution ! Force créer comme un choc des cultures. En est de reconnaître que la perspective tous cas elle ne va pas arranger les af- de s’adonner au sexage de poussins faires de notre petit David, qui va devoir chaque jour que Dieu fait ressemble partager sa chambre avec elle et qui ne plus à une condamnation à perpétuité se privera pas de faire remarquer qu’elle MINARILee Isaac CHUNG qu’à l’accomplissement du « Rêve amé- « pue » la Corée, ronfle, porte des cale- USA 2020 1h55 VOSTF ricain ». Ce n’est guère une vie dont on çons de mec, ne sait pas faire les gâ- (Coréen et Anglais) peut être fier devant sa progéniture et, teaux, jure comme un charretier… Bref, avec Steven Yeun, Ye-Ri Han, Alan S. malgré des heures de dur labeur, elle ne Soonja est tout sauf une gentille mamie Kim, Yuh-Jung Youn… sort personne de la précarité. à la Walt Disney ! De là à dire qu’il la dé- teste, il n’y a qu’un pas… Précisons-le tout de go : Minari de Lee Alors un beau jour, Jacob, le père de David, prend le taureau par les cornes et Pourtant Soonja, avec ses drôles de Isaac Chung est un film absolument décide d’entraîner tout son monde dans façons, s’avèrera porteuse d’émanci- américain, quand bien même sa langue un nouveau projet. Son idée : devenir pation, de dissidence. C’est une femme majoritaire est le coréen. Preuve sup- paysan ! Les voilà propriétaires d’une prête à tout entendre, qui dit sans hé- plémentaire de l’incroyable melting-pot terre réputée improductive. Les enfants siter ce qu’elle pense et qui se moque états-uniens. Le récit, semi-autobiogra- se tiennent prudemment cois tandis bien du regard des autres. Elle est sans phique, est délicieusement construit au- que la mère, Monica, affiche son scep- filtre, atypique autant que malicieuse… tour du double du réalisateur à l’âge de ticisme, d’autant plus qu’elle ne digère et c’est comme si elle apportait dans 7 ans… David est un gamin facétieux, pas qu’ils soient logés dans un mobil- sa besace un morceau de Corée… Elle dont le regard espiègle observe goulû- home… Tout cela est tellement loin de aura tôt fait de trouver le bon coin pour ment et tâche de décrypter le monde la réussite escomptée, de ses ambitions semer des graines de « minari », ces des adultes, qui bien sûr se résume pour sa famille. Les voilà dans un trou herbes typiques de la cuisine tradition- essentiellement à celui de ses parents. paumé où le voisin le plus proche s’avè- nelle, à la saveur soutenue, au feuillage rera être un vieux timbré loufoque prêt à de dentelle délicate… Tout comme l’est L’action se déroule en Arkansas, où la évangéliser la Terre entière et à porter sa ce joli film à la beauté discrète, qui nous petite famille sud-coréenne déboule sur croix pour sauver le monde du péché. immerge dans l’intimité de cette atta- un coup de tête du paternel, bien décidé Un personnage haut en couleurs, qu’on chante maisonnée. Rien n’est appuyé, à tenter sa chance après avoir échoué croirait tout droit sorti d’un film des Mon- tout reste digne, jusqu’à la façon d’évo- à se faire une bonne vie en Californie. ty Python ou d’Alejandro Jodorowsky ! quer le petit racisme ordinaire, sans en À l’arrivée dans leur nouvelle région, Progressivement le couple semble au faire un drame. Et tout comme le minari les parents reprennent le travail qu’ils bord de l’implosion. Les enfants, eux, qui parvient à pousser en terre si peu avaient sur la côte ouest et qui consiste sont déjà sans le savoir bien plus amé- hospitalière, peut-être la petite famille à trier les poussins à la chaîne : on garde ricains que leurs parents qui cherchent finira-t-elle par réussir son enracinement les femelles (qui feront de bonnes poules encore désespérément à « s’intégrer »… après son déracinement…

La séance du mercredi 30 juin à 20h10 sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Amandine Gay. Vente des places à partir du jeudi 24 juin.

ont entrepris. Nous cheminons dès lors avec les protagonistes qui se racontent avec leur propre voix et au travers de leurs archives personnelles, de manière chronologique, depuis leur plus petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Ils nous donnent à entendre les paroles qui ont été tues, ils abordent le non-dit fami- lial, ils reviennent sur les questions lan- cinantes qui sont restées en suspens pendant toute leur enfance et leur ado- lescence et qui trouvent un début de ré- ponse bien plus tard, dans un dialogue d’adulte à adulte. À partir de ces histoires très intimes, Amandine Gay nous amène vers des questions plus politiques : le manque d’accompagnement qui suit l’adoption (que ce soit pour les enfants ou pour les parents), la manque de transparence de l’administration, la difficulté de l’accès aux documents… De manière plus uni- verselle encore, le film interroge et ouvre notre regard autour de ce qui fait famille. « On parle encore de l’adoption sous l’enjeu moral et humaniste. Il faut poli- tiser les dimensions de l’adoption qui posent encore problème aujourd’hui. Par exemple, l’enjeu de la migration for- cée pour les enfants adoptés à l’inter- national. Le déplacement des enfants a été naturalisé, présenté comme une évidence alors que ça ne va pas de soi. UNE HISTOIRE À SOI L’adoption transnationale révèle un dif- Écrit et réalisé par Amandine GAY té des origines, le racisme… et évidem- férentiel de pouvoir, l’agentivité est du France 2021 1h40 ment la construction de sa propre his- coté des adoptants, on ne demande pas toire. son avis ou son consentement à l’en- Devant nous défilent des images d’en- Et pour en reprendre le contrôle, pour fant, il y a asymétrie dans la prise de dé- fants, les photos, les vidéos familiales comprendre et savoir, pour enfin arri- cision, on déracine les enfants. Grandir ont, pour certaines, la teinte pop et aci- ver à avoir quelques éléments qui pour- noir en Haïti c’est appartenir à la norme, dulée si particulière des années 1980. raient aider à reconstituer le puzzle de grandir noir en France, c’est devenir une Ce sont cinq histoires d’enfants qui ar- leurs origines, tous entreprennent de minorité, faire l’expérience du racisme, rivent à nous, mais c’est d’une seule faire le récit de leur parcours avec les de différentes discriminations à l’emploi, voix qu’adultes, ils guident le récit, celui bribes laissées ça et là mais grâce aus- pour trouver un logement, dans les rela- de leur parcours d’enfants adoptés. si au véritable travail de détectives qu’ils tions privées… » (Amandine Gay) Ils s’appellent Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. Ils ont entre 25 et 52 ans, sont originaires du Brésil, du Sri Lanka, du Rwanda, de Corée du Sud ou d’Australie.

Ces enfants, séparés dès l’enfance de leurs familles et pays d’origine, ont été adoptés et ont grandi dans des familles françaises. Leurs récits de vie et leurs images d’archives nous entraînent dans une histoire intime et politique de l’adop- tion internationale. Souvent le sujet de l’adoption s’est centré sur le parcours des parents adoptants, des profession- nels de l’adoption, des agences, des instances publiques, rarement sur les familles de naissance et les enfants. Ici ce sont leurs histoires, leur histoire par- ticulière qu’ils nous relatent. Les témoi- gnages se recoupent et offrent un por- trait nuancé et sensible. Bien sûr il y a les souvenirs de la joie de l’enfance, la force des liens intimes avec la famille adoptive mais bientôt ils posent un regard adulte sur leur vécu : le déracinement, l’opaci- DEUX RENCONTRES, EN AVANT-PREMIÈRE, EN PRÉSENCE LES RÉALISATEURS

Mardi 20 juillet à 20h30, la projection sera suivie d’une rencontre avec Emmanuel Courcol réalisateur, et Irène Muscari, coordinatrice culturelle du service pénitentiaire d’insertion et de probation 77. Vente des places à partir du jeudi 8 juillet.

UN TRIOMPHE

Emmanuel COURCOL Le voici qui découvre alors l’univers car- tion, tout cela en maintenant le moral et France 2020 1h46 céral, avec ses badges, ses portes blin- la motivation de la troupe, qui connaît avec Kad Merad, David Ayala, Lamine dées, ses longs couloirs grillagés, ses des hauts et des bas… Les obstacles Cissokho, Sofian Khammes, Pierre codes et ses détenus qui ont plus envie sont nombreux mais Étienne ne lâche Lottin, Marina Hands… de se marrer que de devoir apprendre rien. Il le fait pour ses « élèves », aux- Scénario d’Emmanuel Courcol, par cœur Le Lièvre et la tortue. Car pour quels il s’attache, auxquels il sent qu’il Thierry de Carbonnières, Jean-Louis Jordan, Patrick, Alex, bientôt rejoints peut vraiment apporter quelque chose. Benoît et Khaled Amara, inspiré par Moussa, Kamel et Boiko, ces cours Il le fait aussi pour lui, parce que c’est d’une histoire vraie de théâtre sont l’occasion de voir autre l’occasion de renouer avec les planches, chose que les murs de leur cellule, de et de prendre une sorte de revanche. Étienne endosse sa vieille parka et faire passer le temps, de s’évader. Par le passé, il a dû emmerder pas mal s’embarque dans de longs trajets en Étienne décide alors d’abandonner de gens de la profession, qui le trou- train, en bus, en métro, parfois pour les fables de la Fontaine et propose à vaient sans doute testard et mégalo, se rendre à des castings, mais le plus sa petite bande de viser plus haut : ce mais cette fois c’est bien grâce à sa pu- souvent pour aller donner des cours de ne sera rien de moins que de s’atta- gnacité et à son sale caractère qu’il peut « team-building » ; pour celles et ceux quer à En attendant Godot de Samuel réussir dans son entreprise passable- qui ne parleraient pas le langage de la Beckett, pièce cultissime mais certes ment casse-gueule, il faut bien le dire… start-up nation chère à notre président : pas commode qu’il a lui-même jouée de cohésion d’équipe. Et c’est bien cela avec Stéphane vingt ans auparavant. La force et le charme d’Un triomphe ré- dont il va s’agir dans ce film : d’équipe, Le combat est lancé et il est de taille, sident dans le mariage heureux de la de bande, de collectif, de troupe. Mais car Étienne n’a pas l’intention de s’ar- chronique sociale et de la comédie. Un pas n’importe quelle troupe. Car Étienne rêter au travail d’expression théâtrale triomphe émeut autant qu’il fait rire. Et (Kad Merad, impeccable) est comédien. entre les murs de la prison, il veut que on est d’autant plus emballé quand on Et quand son ami Stéphane, directeur ses taulards joue la pièce de Beckett apprend que le scénario est inspiré de d’une grande salle subventionnée en pour de vrai, sur une vraie scène, devant l’expérience bien réelle menée dans les banlieue, avec lequel il a longtemps tra- un vrai public. Il faut des autorisations, années 80 par le metteur en scène sué- vaillé, lui demande de le remplacer pour convaincre Stéphane de leur prêter son dois Jan Jönson : savoir qu’une histoire animer un atelier théâtre en prison, il ac- théâtre, puis s’assurer l’approbation ac- aussi réjouissante ne relève pas de la cepte aussitôt. tive de la directrice du centre de déten- seule fiction, ça fait chaud au cœur ! DEUX RENCONTRES, EN AVANT-PREMIÈRE, EN PRÉSENCE LES RÉALISATEURS LA TERRE DES HOMMES

Samedi 10 juillet à 20h15, la projection sera suivie d’une rencontre avec Naël Marandin. Vente des places à partir du jeudi 1er juillet.

Naël MARANDIN paient les traites en retard et progressi- cats, de la SAFER (Société d’Aménage- France 2020 1h39 vement leur modeste exploitation agri- ment Foncier et d’Établissement Rural), avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, cole, comme tant d’autres, s’enlise dans dont elle dépend, s’avèreront être des Jalil Lespert, … la misère et le dégoût d’un redressement hommes jaloux de leurs prérogatives, Scénario de Naël Marandin, Marion judiciaire improductif. suppôts du modèle intensif qui les en- Doussot et Marion Desseigne-Ravel Mais Clémence refuse de baisser les richit… Clémence va se retrouver aux bras. En protégeant le terroir, en misant prises avec un maelstrom d’enjeux de On croit à fond au bouche-à-oreille pour sur les niches délaissées par la grande pouvoir, d’influences, tandis que monte porter très haut ce film emballant, forte- distribution, elle ne doute pas de pou- en elle un malaise indicible. Mais, en- ment ancré dans le monde agricole mais voir redresser la situation avec son com- vers et contre tout, elle essaiera de faire en dépassant largement le cadre : il est pagnon. Et si Bernard, victime des pré- bonne figure face à la violence crois- à lui tout seul un véritable condensé de jugés de sa génération, n’y croit guère, sante de ces échanges en milieu taiseux. société, intense, captivant, une œuvre on lit dans son regard revêche, mê- politique au sens noble et donc humain lé à l’inquiétude paternelle, une forme Le jeune Naël Marandin (qui impres- du terme. de reconnaissance, d’admiration. Sa sionne par sa maîtrise alors qu’il n’en fille est de sa trempe, droite dans ses est qu’à son second film, après le très La foire aux bovins bat son plein, les bottes, tenace… Il soutiendra le jeune attachant La Marcheuse en 2015) a su voix s’élèvent fortes, masculines… Au couple plein d’espoir et d’ambitions. milieu de cette assemblée, Clémence Tout semble leur sourire, même Sylvain, fédérer autour de son projet une équipe (extraordinaire Diane Rouxel qui sera de l’un des exploitants agricoles les plus in- formidable qui donne de la charpente à presque tous les plans et dont on per- fluents du coin : « Des jeunes avec de un scénario tendu sur une corde d’équi- cevra les plus subtiles vibrations) dé- l’ambition et des idées, c’est exacte- libriste. Les prises de vues (signées Noé pare un peu. Trop jeune, trop jolie, trop ment ce dont notre région a besoin » dé- Bach) sublimes servent humblement le menue, trop femme… Les enchères clare-t-il à Clémence qui se sent pous- propos, la direction d’acteurs est impec- montent, pas assez, tandis qu’elle se tait ser des ailes d’espoir, prête à faire tout cable et le quatuor principal incarne de mais que son regard en dit long. La dé- ce qu’il faudra, à passer par les fourches façon si intense les personnages qu’on ception est grande pour Bernard, le père caudines de la paperasse administra- ne peut plus se détacher d’eux, trou- (Olivier Gourmet parfait : c’est un pléo- tive, à être la meilleure des élèves, pour blés par leurs ambivalences, leurs com- nasme !) de la jeune paysanne : le prix ti- conserver ferme et dignité familiales… plexités. Et c’est sans doute cela la plus ré de la vente n’est pas à la hauteur d’un C’est compter sans la domination gé- belle réussite du film, ce qui le rend pas- labeur sans relâche. Ne subsiste que nérationnelle et masculine insidieuse sionnant : sa capacité à éviter tout ma- la fierté d’accomplir un travail d’excel- qui trône dans toutes les commissions nichéisme, tout cliché, à nous faire res- lence. Mais ni la fierté, ni l’excellence ne agricoles. Les représentants des syndi- sentir la vérité d’autrui. SOUND OF METAL

LA NUÉE Just PHILIPPOT France 2020 1h41 avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne, Raphaël Romand… Scénario de Jérôme Genevray et Fanck Victor Veuve courage qui élève seule ses deux enfants, Virginie a abandonné l’élevage de biquettes qu’elle avait monté avec son compagnon pour Darius MARDER ping-car au gré des dates de concerts se reconvertir… dans la sauterelle ! USA 2019 2h02 VOSTF du groupe qu’ils forment à eux deux. Une Un élevage d’avenir, en particulier si avec Riz Ahmed, Olivia Cooke, Paul musique brute et sauvage, du métal éner- elle peut le pratiquer un peu intensi- Raci, Lauren Ridloff, Mathieu Amalric… gique, comme une urgence, comme une vement, pour produire une farine ani- Scénario d’Abraham et Darius Marder déclaration de vie, incandescente et ab- male très protéinée dont raffolent les solue. Lou chante et Ruben est à la bat- volailles. C’est une expérience de cinéma qui cap- terie, il donne la pulsion, le rythme car- tive et surprend, une plongée singulière diaque de leur duo fusionnel. Ça tape, ça Virginie se dépense sans compter… dans un univers que peu d’entre nous vibre, ça fait du bruit, beaucoup, beau- mais elle produit peu, trop peu pour connaissent, un monde où les sons, les coup trop… Un soir, Ruben perd le fil du satisfaire ses clients et commencer à bruits, la musicalité d’une note ou d’une son de l’instrument, puis celui des mots, éponger ses dettes… Isolée, moquée parole disparaissent peu à peu pour lais- puis celui de la ville. Brutalement, le ou snobée par les agriculteurs du ser place au silence… Il y a donc dans monde s’éloigne de lui, il se distend, il se coin, elle est à deux doigts du burn ce film un peu plus de sous-titres que déforme, il se brouille pour laisser place out… Un jour de désespoir, elle dé- d’habitude : volonté du réalisateur de au vide : celui du silence, immense, ef- vaste avec rage sa serre, tombe éva- sensibiliser le public bien entendant à frayant. Ruben est devenu sourd. nouie… et se réveille recouverte de l’expérience des spectateurs malenten- sauterelles qui se repaissent du sang dants qui ont absolument besoin de ces Convaincu que sa sensibilité acoustique de la blessure qu’elle s’est faite au sous-titres complémentaires pour accé- va revenir et que ce grand vide n’est bras. Le lendemain la ponte est ex- der à tout ce qui constitue l’ambiance so- que passager, il accepte, à contre-cœur ceptionnelle. Virginie a trouvé la so- nore du film. Le travail sur le son réalisé certes, de rejoindre seul un centre d’ac- lution à ses problèmes. Très vite, dans Sound of metal est d’ailleurs remar- cueil pour celles et ceux qui, comme lui, l’exploitation grossit, les serres de quable et accompagne d’une manière n’entendent plus. Il va ici apprendre à sauterelles s’ajoutent aux serres de très intelligente la construction drama- vivre avec cette nouvelle dimension que sauterelles, la production de farine tique du film : sans jamais passer devant personne ne nommera jamais « han- explose. Mais il faut fournir aux bes- le jeu des comédiens, l’univers sonore dicap » car faisant partie intégrante de tioles le sang dont elles ont besoin… est un élément narratif qui enrichit l’his- l’identité de chacun. Plein de rage, de co- Une fable fantastique qui est aussi toire d’une texture particulière, lui don- lère et de tensions liées aussi à son his- une peinture attentive des affres du nant une formidable résonance. toire douloureuse, Ruben va apprivoi- monde paysan et une forte parabole ser le silence, découvrir le langage des du cauchemar destructeur de l’agri- Ruben et Lou. Lou et Ruben. signes et affronter ses peurs. Et s’il n’en- culture productiviste qui, en contrai- Saltimbanques des temps modernes, ils tend plus le bruit des baguettes sur la gnant la nature, détruit aussi les hu- ont choisit la route comme mode de vie, caisse claire, il perçoit plus que jamais les mains. sillonnant le pays à bord de leur cam- battements de son propre cœur. cette année et est promise à un avenir nés et ont vécu leur enfance. Tout sonne loin d’ici. Teddy sait que ce ne sont pas juste dans leur portrait d’un monde relé- ses rêves immatures de pavillon perdu gué, dont les plus fortunés par le des- dans les montagnes qui vont la retenir. tin (ou leurs parents) rêvent de s’extraire, Alors il se prépare à ce dernier été qui et où les plus modestes dépérissent et arrive, encaisse sans mot dire les humi- s’étiolent. Justes aussi la colère, la frus- liations, qu’elles viennent des copains tration, la honte sociale qu’éprouve TEDDY de classe de Rebecca ou des adultes Écrit et réalisé par Ludovic Teddy face à ceux qui lui renvoient son et Zoran BOUKHERMA qui cornaquent sa vie… jusqu’à cette image de « cassos ». Limpide enfin la France 2020 1h28 nuit de pleine lune où il est attaqué par métaphore que les réalisateurs filent au avec Anthony Bajon, Noémie Lvovsky, un loup. Et Teddy, d’ours en peluche, gré des mutations physiques et psy- Christine Gauthier, Ludovic Torrent… va se métamorphoser et commencer à chiques de Teddy, qui passe graduelle- rendre les coups. ment de proie à prédateur, de victime à bourreau. Teddy, c’est qui ? D’abord c’est une dé- Teddy, c’est le second film des frères gaine, un peu nonchalante, un peu go- Boukherma, découverts en 2017 avec Teddy, enfin, c’est un personnage cam- guenarde, du genre à ricaner pendant la le fantasque Willy 1er, dont on retrouve Marseillaise un 14 juillet ; ensuite c’est pé avec un naturel surnaturel par l’in- ici leur goût pour les marginaux, les lais- croyable Anthony Bajon, (révélé dans La une bouille, presque ronde, encore juvé- sés-pour-compte et l’empathie qu’ils nile, cheveux ras, regard en biais caché portent à leurs personnages, mais Prière), épaulé par une galerie d’acteurs, derrière des culs de bouteilles modèle cette-fois ci, en plus de l’humour dont pro comme l’hilarante Noémie Lvovsky Sécurité Sociale 1974, un sourire nar- ils faisaient déjà preuve pour désamor- en cougar généreuse, ou amateurs quois aux lèvres. Une silhouette à peine cer les aspects les plus dramatiques comme l’émouvant Ludovic Torrent sortie de l’adolescence, pas tout à fait de leurs historiettes, les voilà qui s’es- dans le rôle de Pépin. Tour à tour drame dégrossie, et qui n’a pas encore trouvé saient au film de genre, et pas des plus social, portrait d’une jeunesse perdue et le chemin de l’âge adulte. faciles à réussir : le fantastique. Un peu film de monstre à l’ancienne, Teddy est comme si les frères Dardenne avaient si- le nouveau jalon posé par cette nouvelle Teddy, pourtant, n’est plus un enfant. gné pour un remake du Loup-garou de génération de cinéastes réconciliant À 19 ans, l’école n’est déjà plus qu’un Londres de John Landis. Et bien pour- films d’auteurs et films de genre, qui ré- lointain souvenir. Il travaille dans l’institut tant, miracle, la sauce prend ! D’abord vère Truffaut et Varda tout en jouant à de massage de ce village des Pyrénées parce que les Boukherma ont eu l’intel- GTA. Ça nous promet de beaux films à autour duquel les moutons paissent et ligence de se démarquer de leurs mo- venir, le prochain des frères Boukherma les loups rôdent, et veille au bien-être de dèles hollywoodiens pour ancrer leur est déjà en route : il s’appelle L’Année du ce qui lui reste de famille, en particulier film dans un monde qu’ils connaissent requin, et s’annonce comme une sorte son oncle Pépin, l’idiot du village. Tout le par cœur et savent décrire dans ses de remake des Dents de la mer dans le contraire de sa petite amie Rebecca, is- moindres nuances : les communautés bassin d’Arcachon. De quoi hurler (de sue d’une famille aisée, qui passe le bac rurales du Lot-et-Garonne, où ils sont joie) à la lune, non ? utopia.qxp_Mise en page 1 10/06/2021 10:51 Page 1

« ...Le spectacle touche au but parce qu’il raconte sans filtre, la précarité culpabilisée, l’impossible rencontre, l’urgence de la jeunesse : "...je veux qu’on me donne mon avenir, j’y ai droit...", mais aussi l’espoir encore vivace, la complicité rieuse et la conscience que tout se résoudra par le collectif. » « ...Du théâtre vivant, debout, vrai et terriblement emballant grâce à ses interprètes puissants... » F. Bonnieux La Provence

Cie Mises en Scène L’ENTREPÔT

7 > 30 JUIL 17H20 AVIGNON ( relâches les lundis)

Mise en scène Michèle Addala | Auteurs en résidence Jean Cagnard et Claire Lestien | Fragments de textes de Alain Ubaldi (Manifeste Ligne 14), André Benedetto (Urgent crier), Henri Michaux (Contre), Italo Calvino (Les Villes invisibles), René Pons, Marion Aubert, Joël Pommerat | Création musicale et sonore Léa Lachat | Scénographie-création lumière Erick Priano | Images Océane Roche | Avec Ana Abril, Marion Bajot, Pascal Billon, Mardjane Chemirani, Léa Lachat, Cheikh Sall Un grand merci à tous ceux qui ont apporté à cette aventure leur « épaisseur d’histoires vivantes et vibrantes ».

www.misesenscene.com [email protected] 04 90 86 30 37 Théâtre de l’Entrepôt / Cie Mises en Scène - 1ter Bd champfleury Avignon N°51 (programme du OFF)

Tarif plein 15 € / abonné.e.s OFF 10 € / enfants ( > 18 ans ) 5 € AV I G N O N Ville d’exception Licences : 1-R-2020-004272 | 2-R-2020-004176 | 3-R-2020-004273 | anniedemongeot.com | © Christian Milord FÉVRIER

Écrit et réalisé par Kamen KALEV où l’herbe est encore un peu verte, L’attention portée à la lumière témoigne Bulgarie 2020 2h05 VOSTF et chaque midi ils cassent la croûte, néanmoins de la richesse de la vie inté- avec Lachezar Dimitrov, sous le même arbre. Le soir, ils redes- rieure de Petar : dans ses variations au Kolyo Dobrev, Ivan Nalbantov… cendent les brebis à la ferme et mangent fil de la journée, des jours ou des sai- la soupe, avant d’aller se coucher pour sons, dans ce rayon de soleil qui perce Février est l’un de ces films anti-specta- recommencer le lendemain, invariable- le bosquet ou qui brûle les épaules nues, culaires qui brillent d’une poésie ténue ment. Les après-midi sont longues pour comme dans la brume qui le diffuse bru- mais vivace. De ces films dont la sim- un petit garçon de 8 ans. Mais là où le yamment. plicité de la structure et de la dramatur- grand-père profite du temps de pâture Il y aura pourtant l’expérience d’un ail- gie parviennent au miracle (tant convoi- pour faire la sieste, Petar, lui, part explo- leurs, avec la proposition d’une autre té) : attraper d’un homme un peu de son rer les sous-bois à la rencontre de son vie, mais celle-ci n’aura pour effet que rapport au monde, et donc approcher imaginaire, et jouer avec ses peurs d’en- de renforcer l’évidence de sa vie pay- de l’insaisissable condition humaine. fant. sanne : Petar ne cherche ni la conquête Le film dresse le portrait d’une vie hu- ni la jouissance, être lui suffit. maine à trois âges de son existence. Comme le présage la présence de ce Trois périodes distinctes qui chapitrent grand-père peu loquace, c’est une Sacré pari de la part de Kamen Kalev le film et au cours desquelles le temps vie simple qui attend Petar, une exis- que de nous inviter à suivre un person- se charge d’une durée propre, celle de tence humble rythmée par l’ordinaire la vie calme et ordinaire de Petar, de sa d’une vie paysanne, solitaire et silen- nage qui vieillit mais ne bouge pas ! Mais présence au monde. cieuse. À l’image de ses personnages, si la dramaturgie est délibérément épu- le film est taciturne mais riche. Cette vie rée, chaque plan trouve sa propre durée, On ne s’attardera que sur la première est rude, mais pas inhospitalière ; mo- sa propre force et vibre d’une lumière partie, le temps de l’enfance, qui donne deste, mais pas austère. Ici monotonie particulière. Le film a été tourné en su- le ton et le rythme. Nous sommes dans ne rime pas avec ennui, les temps va- per 8, et c’est une lumière éminemment la campagne bulgare inondée par une cants ne demandent à être emplis d’au- terrestre qui a impressionné la pellicule, douce lumière d’été. Petar la traverse de cun événement. Au contraire c’est dans à l’image des acteurs qui sont des gens long en large, cette campagne, et ces la répétition des paysages, du travail, et du pays (et non professionnels, sauf paysages, il les connaît déjà par cœur, à du contact quotidien des brebis ou des pour l’un d’entre eux). toutes les heures, sous toutes leurs va- goélands que vient se loger précisément Février est donc un film rare dont l’inten- riations de lumière et pour cause : il est la singularité d’un rapport au monde sité n’est pas forcément palpable tout berger, il vit avec son grand-père un peu dans lequel ne semble se formuler au- de suite. Sa force s’éprouve surtout à bourru aux côtés duquel il apprend à cune attente. Et c’est cette humilité là l’issue de la projection et gare à vous si s’occuper du troupeau, comme on le fait qui fait le cœur du film : « il est absurde elle vous attrape. De mon côté elle n’a dans sa famille depuis des générations. de prétendre que l’homme soit fait pour toujours pas fini de se déployer, je n’ou- Chaque jour ils partent en garde, là autre chose que pour vivre. ». blierai jamais cet homme. GAGARINEGAGARINE

Fanny LIATARD et Jérémy TROUILH cessibles étoiles. Peut-être est-ce de là plus d’un demi-siècle ? On a envie de se France 2020 1h32 qu’il tient sa merveilleuse capacité à rê- piquer au jeu, de croire qu’une fois de avec Alséni Bathily, Lyna Khoudri, ver plus grand que lui-même, bien au- plus David et sa fronde triompheront de Jamil McCraven, Finnegan Oldfield… dessus de sa condition. Car objective- Goliath et du temps assassin. Scénario de Fanny Liatard, Jérémy ment, s’il est un avenir bouché, c’est Si la plupart des adultes regardent ses Trouilh et Benjamin Charbit bien celui de cette jeunesse de banlieue efforts désespérés de façon désabu- pour laquelle la notion de « plein em- sée, Houssam le meilleur ami de Youri Si le soleil avait rendez-vous avec la ploi » n’est plus qu’un pauvre mirage mi- et Diana, une jolie gitane, vont le suivre lune, ce serait dans les yeux de Youri, té. L’ascenseur social s’est déglingué en dans son entreprise. Les voilà prêts à au cœur de la monumentale barre d’im- même temps que ceux des habitats de- troquer leur farniente contre tournevis, meuble qui constitue son seul uni- venus vétustes, la fermeture des usines. pinceaux, matériaux pour retaper tout ce vers : l’emblématique cité Gagarine, Pourtant, quand il est question qu’on qui pourra l’être et bluffer les enquêteurs née en 1963, à l’âge d’or de la ceinture détruise ces presque ghettos couleur venus faire un rapport destructeur scel- rouge, quand le communisme aspirait à rouille, sans avenir, la rébellion gronde. lant le sort du quartier… Toujours est-il construire un monde solidaire meilleur. Notre adolescent à gueule d’ange, bâti que l’on s’attache aux personnages et à Tout alors y était flambant neuf, offrait comme un spationaute, se sent soudain leur sort. Nous voilà prêts à partir en or- des commodités inégalées dans les mé- investi d’une impérieuse mission, celle bite dans le sillage de Youri, en oubliant moires populaires. Pensez-donc : l’eau du dernier espoir : sauver ces barres tout principe de réalité. Les prises de courante, l’électricité, le confort mo- menacées par les bailleurs sociaux, la vue somptueuses y contribuent large- derne ! L’ascenseur social promettait de politique de la ville. Vaste programme ment. Elles accompagnent langoureuse- fonctionner à plein, à l’instar de celui de dont on ne donnerait pas cher si l’on ment le fol espoir et les premiers émois chaque immeuble. Le premier homme à ne découvrait pas rapidement la pu- amoureux de notre jeune héros, son re- avoir volé dans l’espace, le fameux Youri gnacité de notre héros. Contre toute at- fus absolu de se résigner. C’est d’une Gagarine, en véritable star, venait inau- tente, Youri va même entraîner quelques fraîcheur vivifiante, d’une folle poésie qui gurer en grande pompe les bâtiments braves âmes dans son sillage et démon- invente son propre langage et va nous baptisés de son nom. trer sa capacité à inventer une forme de faire planer loin au-dessus des vicissi- résistance non violente, diablement gé- tudes de la vie. Mais notre action se déroule en 2019 et néreuse, incroyablement astucieuse. S’il de cette gloire passée, il ne reste que le suffisait après tout d’un bon ravalement Un premier film formidable réalisé à patronyme du fameux cosmonaute so- de façade à Gagarine pour revaloriser quatre mains, porté par de jeunes ac- viétique dont Youri a hérité un prénom ses beaux restes, cette chaleur humaine teurs puissants, plein de grâce, de vie et qui le prédestine à poursuivre d’inac- qui l’habite, ce lien social tissé depuis de douceur qui interdisent tout miséra- bilisme. S’y mêlent quelques souvenirs nostalgiques égrenés sur un ton doux et joyeux, des envolées romantiques por- tées par les notes subtiles et évanes- centes du thérémine, étrange instrument électronique inventé en Russie. LA SAVEUR DES COINGS

Écrit et réalisé par Kristina GROZEVA douceurs sucrées et alcools forts – et dans un monde superficiel de petits et et Petar VALCHANOV poursuite improbable en charrettes ! gros mensonges autant personnels que Bulgarie 2019 1h27 VOSTF professionnels qui l’entraînent dans des avec Ivan Barnev, Ivan Saniv, Hristofor Cette folie quasi-surréaliste rappelle situations inextricables. Et il va lui falloir Nedkov, Margita Goshevan… avec bonheur un certain cinéma de l’Est, comprendre les priorités de l’existence. les films tchèques des années 60 ou le La Saveur des coings s’avère ainsi une On n’a pas oublié l’excellent Toni merveilleux film yougoslave Qui chante belle fable morale autant que politique. Erdmann (2016), de Maren Ade, por- là-bas ?, tout récemment programmé Tout comme dans Glory, leur film pré- trait d’une cadre supérieure allemande chez nous. On aurait donc tort de ne voir cédent sorti en 2016, portrait d’un can- exilée pour le business à Bucarest, qui dans La Saveur des coings qu’une fol- tonnier trop honnête pour une société voyait sa vie tourneboulée par l’irruption dinguerie balkanique dans la lignée des qui ne l’était plus, les deux réalisateurs de son père fantasque et baba cool, tout derniers Kusturica – qui, on peut bien le observent, avec une tendresse mê- l’opposé de sa fille brillante et efficace. dire, a un peu trop tiré sur les ficelles du lée parfois d’acidité, la société bulgare La Saveur des coings pourrait être son folklore agité du bocal. Car au-delà des partagée entre nostalgie d’une ère com- pendant balkanique, tout aussi original situations absurdes, Kristina Grozeva et muniste prétendument bénie et protec- et attachant. Quand Vassili, artiste sep- Petar Valchanov nous offrent le magni- trice, émergence de formes de mysti- tuagénaire réfugié dans un village loin fique portrait d’un amour père-fils dis- cismes souvent pathétiques dans un de tout, a la douleur de perdre brutale- tendu et contrarié, qui se reconstruit pays où la religion n’a jamais cessé ment sa chère épouse Ivanka, il ne voit peu à peu, chacun, lentement mais sû- d’être omniprésente, et méfiance struc- pas forcément d’un bon œil l’arrivée du rement, faisant un bout du chemin vers turelle envers le système politique et son fils prodigue, publicitaire à Sofia. Les re- l’autre. administration, que ce soit de la santé trouvailles sont donc compliquées, et ou de la police, les pandores bulgares ça ne s’arrange pas quand, à la grande Le père a vécu les dernières années étant particulièrement gratinés. Dans stupéfaction de son fils, Vassili se per- dans la nostalgie illusoire d’un monde une mise en scène habile qui sait capter suade d’avoir reçu un message télépho- perdu (il fut apparemment une sorte de aussi bien les moments intimes que les nique post mortem de sa femme… Tout peintre officiel du régime communiste et scènes de groupe parfois trépidantes, est en place pour que la situation vire à sa femme était une actrice connue de Kristina Grozeva et Petar Valchanov dé- la chronique burlesque, entre bouffées séries télévisées à la gloire du patrio- montrent, s’il en était besoin, que les délirantes du père, préparation obses- tisme combattant (dont le veuf regarde grands films sociaux se nourrissent des sionnelle de gelée de coings – fruit natio- en boucle les épisodes). Et il doit sou- bouleversements de l’âme humaine et nal bulgare, avec lequel on confectionne dain faire face aux réalités. Le fils, lui, vit des histoires familiales.

LE PROCÈS DE L’HERBORISTE (CHARLATAN) Hiératique, insaisissable, Jan Mikolášek l’entoure – si ce n’est aux maux de ses traverse la première moitié du xxe contemporains qu’il peut seul soulager. Agnieszka HOLLAND siècle et l’histoire de la toute jeune Dit-il. L’humanité lui vient de son as- Pologne / République Tchèque Tchécoslovaquie. C’est les yeux rivés sur sistant, František. Énigmatique, d’une 2021 1h58 VOSTF les échantillons d’urines, dont la seule absolue fidélité, il est aussi l’amour de Avec Ivan Trojan, Josef Trojan, observation lui permet de diagnostiquer sa vie, dans lequel, enfin, le charlatan, Juraj Loj, Jaroslava Pokorná... les maux de la cohorte grandissante de l’herboriste, parvient à s’oublier. Il est sa patients, qu’il « soigne », aide, avec ses rédemption, sans aucun doute, et d’une D’une part, et ce n’est certes pas le mélanges de plantes et les infusions certaine façon l’artisan de sa chute. Professeur Raoult qui nous contredi- qu’il prescrit. Jeune garçon, il a instinc- ra, du Père Antoine à Raspoutine, de tivement sauvé, avec un cataplasme im- Nostradamus à Jésus, il n’y a jamais probable d’herbes, la jambe de sa sœur Malgré tout, violent, manipulateur, bi- très loin des nues au pilori, ni du mes- qu’on allait amputer. Plus tard, avec ab- got jusqu’au dolorisme (il a les genoux sie au charlatan. Question de point de négation, convaincu d’avoir hérité d’un en sang à force de pénitence au pied vue. D’autre part, un bienfaiteur, un indi- don, il a appris auprès d’une guéris- de la croix), d’un narcissisme déme- vidu qui est capable d’utiliser ses dons seuse les rudiments de l’herboristerie, la suré, Agnieszka Holland brosse le por- au profit de l’humanité toute entière, lecture des flacons d’urines troublés, di- trait d’un homme torturé, rongé par des sans distinction de peau, de sexe, de versement teintés ou maculés de dépots désirs, des passions inavouables qui rang social ou de morale, tout généreux par diverses affections… et son talent butent contre sa foi mégalomane – foi re- et sincère qu’il soit, n’est pas néces- s’est affirmé. Après l’anéantissement de ligieuse, mais surtout, avant tout, foi en sairement quelqu’un de sympathique, la République tchèque, sous l’occupa- lui-même. Dans un film d’une construc- ni de foncièrement bon, ni de recom- tion allemande, il perfectionne sa tech- tion sèche, rigoureuse, tout en lumières mandable. Enfin, la question du catalo- nique. Et inlassablement, toujours in- grisées, en lignes claires et acérées qui gage entre messie et charlatan est évi- saisissable, soigne indifféremment les dessinent un carcan mental à l’équerre, demment à géographie variable. Selon dignitaires nazis et les résistants. à mi-chemin entre le kaléidoscope et la l’époque, selon que vous êtes puissant toile d’araignée, elle raconte la mons- ou misérable, ce n’est évidemment pas Sa renommée grandit, des files de pa- trueuse humanité de l’individu qui se la même chanson. Selon l’autorité que tients toujours plus longues se pressent croit devenu un dieu confronté à la vio- ses protections politiques confèrent devant son cabinet – qui est devenu une à un individu, ou la direction dans la- propriété luxueuse. Aux nazis, défaits, lence rageuse du système politique qui quelle souffle le vent de l’Histoire ; se- ont succédé les dignitaires commu- va, puisque procès il doit y avoir (c’est lon que ses mœurs troublent ou non ses nistes. Mais la médecine non-conven- dans le titre), s’ingénier à le broyer. contemporains… étonnante personna- tionnelle prodiguée par cet homme Quelques mois à peine après L’ombre lité, stupéfiant personnage, que l’her- incernable se marie mal avec le maté- de Staline, Agnieszka Holland signe un boriste Jan Mikolášek, qu’éclaire sans rialisme absolu érigé en système po- film fort et intimiste, qui est à nouveau le parvenir à totalement le cerner (sans litique. Lui semble traverser l’époque portrait d’un homme, à l’héroïsme cette même y prétendre d’ailleurs) le film de sans la voir, muré en lui-même, inac- fois moins manifeste, en lutte contre un Agnieszka Holland. cessible aux tourments du monde qui système oppressif. MÉDECIN DE NUIT

Elie WAJEMAN du paraître et du clinquant qui l’amène à France 2020 1h22 jouer à des jeux dangereux. Pour payer avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, ses traites, il s’est enferré dans un trafic Pio Marmaï, Sarah Le Picard… de médicaments dans lequel il a mouillé Scénario d’Elie Wajeman notre médecin, devenu ainsi trafiquant à et Agnès Feuvre l’insu de son plein gré. Mais cette nuit- là, tout va trop loin, le destin s’emballe, C’est un film noir comme la plus sombre menaçant de faire basculer la situation des nuits, tout en tension, en colère ren- jusqu’à un point de non-retour. Et comme trée, sous-tendu par une forme de pam- si la vie n’était pas assez compliquée en phlet politique, de constat social cinglant ce moment décisif, voilà que les affaires qui ne manque pas d’apporter un réa- de cœur et de famille se compliquent… lisme tour à tour glaçant et bouleversant Paradoxalement, dans tout ce marasme, à cette fiction. les tournées nocturnes de Mickaël, dans Mickaël (Vincent Macaigne au sommet cette part du monde interlope des ar- de son art, nerveux, capable d’une sè- rondissements du Nord-Est parisien, cheresse épurée que ses précédents semblent de véritables bouffées d’air rôles ne lui offraient guère) exerce son frais et de rude humanité, durant les- métier de médecin de nuit comme un sa- quelles il noie sa propre difficulté de vivre cerdoce. Par pure compassion envers dans celle des autres. ses semblables, par vocation, il n’hésite pas à flirter avec la légalité. Après tout… Dans le fond, outre cette brillante palan- laisser des toxicos seuls, sans échappa- quée d’acteurs, peut-être le personnage toire, n’est-ce pas les laisser dériver vers principal est-il ce monde de la nuit, celui une mort certaine ou vers toujours plus des laissés-pour-compte, de la vieillesse, de violence à la recherche désespérée des vulnérables qui appellent à l’aide d’une dose, puis d’une autre encore ? parfois au prétexte d’un rien, surtout pour Alors Mickaël n’a pas trop d’états d’âme ne plus se sentir seuls l’espace d’un ins- à délivrer du Subutex à ceux et celles tant, le temps d’une visite, d’une oreille qui le lui réclament, à s’arranger avec les qui écoute, d’un geste, d’une parole qui règles. les reliera à nouveau aux vivants… Tout cet arrière-plan passionnant donne Dans la vie de Mickaël, il y a aussi son à Médecin de nuit l’ampleur d’un film de cher cousin Dimitri, belle gueule, atten- genre anthropologique, un véritable ba- drissant (forcément, c’est Pio Marmaï) au- romètre de nos sociétés malades de soli- tant qu’agaçant, aveuglé par son amour tude et d’isolement. Seize, dix-sept ans au compteur, Ibra- a un peu de casse à rembourser pour him est un grand échalas taiseux, qui éviter la plainte. Alors Ahmed signe d’un promène au lycée technique sa dégaine trait, en même temps que le chèque d’ado, tee-shirt délavé siglé « I love NY », qui absout son fils, l’anéantissement chapka fourrée vissée sur le crâne. Sans d’années d’efforts. Honteux et confus, faire d’étincelles, sans problème majeur même si un peu tard (comme le corbeau IBRAHIM non plus. Il traîne parfois avec Achille, de la fable), l’ado va tenter, maladroite- Samir GUESMI l’ami nettement moins assidu en cours, ment, mais avec ténacité, et par tous les France 2019 1h19 avec qui, sans faire dans la grande moyens mis à sa disposition – donc pas avec Abdel Bendaher, Samir Guesmi, délinquance, il partage les gains de seulement les plus légaux – de réparer Rabah Naït Oufella, Luàna Bajrami, menus larcins, petites embrouilles, qui sa faute, mais surtout de reconquérir le Philippe Rebbot… ne semblent pas porter à conséquence. cœur de son père. Accompagné tantôt Scénario de Samir Guesmi Surtout, ce qui lui plaît vraiment, à Ibra- par Achille, moins inconséquent qu’il ne et Camille Lugan him, c’est le foot. Il a même des facilités, semblait, tantôt par une certaine Loui- Musique originale de qui ne demandent qu’à éclore – il se ver- sa… Raphaël Eligoulachvili rait bien un destin de superstar du ballon rond. Côté famille, Ibrahim vit seul avec Rien de démonstratif dans ce récit Festival du Film Francophone son père Ahmed, écailler devant une d’apprentissage ou de réapprentis- belle brasserie parisienne. Pas causant d’Angoulême : Meilleur film, sage d’amour filial, rien d’appuyé. Au non plus, Ahmed : il exprime peu ses contraire, Samir Guesmi use d’une den- Meilleur réalisateur, Meilleur sentiments. Pourtant, on sent bien que scénario, Meilleure musique ce gosse, c’est toute sa vie – une vie que rée rarissime dans le cinéma contempo- par bribes on devine difficile, cabossée, rain : la retenue, le non-dit, l’économie Il y a dans Ibrahim tout ce qu’on aime mais dont il espère encore tirer de belles de moyens. Que de l’essentiel. Pas une au cinéma. De l’intelligence, de la mo- choses. Il y a son fils, bien sûr. Et puis, phrase de dialogue qui soit là pour sur- destie, une grande finesse d’écriture et secrètement, le rêve, accessible, d’une ligner ce qu’on a déjà compris depuis de mise en scène, beaucoup de géné- promotion sociale : passer de l’éven- longtemps. Samir Guesmi fait simple- rosité et de bienveillance pour mettre taire d’écailler au service en salle dans ment confiance à l’intelligence du spec- en lumière des personnages invisibles, la brasserie. La place lui est promise, tateur – et, parole ! Pas besoin de sortir généralement cantonnés aux arrière- à condition que lui, le pauvre, l’édenté, de Sciences Po pour saisir, par quelques plans du cinéma français. On connaît se fasse arranger le clavier, poser une détails, un regard en coin, un cendrier bien sûr Samir Guesmi comédien, qu’on prothèse dentaire qui le rende présen- qui déborde, le temps qui passe et les a aimé dans les films de Solveig Anspa- table à la clientèle. Et on devine qu’il a sentiments partagés des personnages. ch, Arnaud Desplechin, Valérie Donzelli, fallu en ouvrir, des huîtres, pour écono- Ibrahim, magnifiquement interprété par Bruno Podalydès, Noémie Lvovsky… miser euro après euro le petit pactole Abdel Bendaher dont ce sont les pre- S’il se nourrit de ce cinéma libre et éter- qui doit lui ouvrir les portes de la salle : miers pas devant une caméra, tout en nellement juvénile, Ibrahim, tout en déli- c’est imminent, l’empreinte est prise, la sensibilité retenue, est le magnifique catesse et en subtilité, témoigne égale- prothèse fabriquée. Sauf qu’Ibrahim, ce portrait d’un gamin qui éclôt dans la gri- ment de la personnalité forte de Samir couillon de fils, se fait pincer lors d’une saille parisienne – et en définitive un film Guesmi réalisateur. tentative de vol avec Achille. Et qu’il y lumineux comme une promesse. SOUS LE CIEL D'ALICE

Chloé MAZLO en corollaire une gabegie dont l’acmé fut C’est formidablement réussi ! Et même Liban / France 2020 1h30 l’explosion du port de Beyrouth, due à quand le film revient aux prise de vues avec Alba Rohrwacher, Wajdi une succession d’invraisemblables né- bien réelles, elle choisit une pellicule à Mouawad, Isabelle Zighondi, Mariah gligences, conséquence de la corrup- gros grains qui donne aux images un cô- Tannoury, Jade Breidi... Scénario de tion généralisée. Une histoire libanaise té délicieusement suranné. Chloé Mazlo et Yacine Badday. dit que Dieu aurait créé le paradis au Pour incarner Alice, la réalisatrice a Liban avant de réaliser qu’il préférait le choisi la diaphane Alba Rohrwacher, « Nous sommes comme les noix, nous récupérer pour l’au-delà… actrice italienne désormais unanime- devons être brisés pour être décou- ment reconnue, elle-même d’origine al- verts. » Khalil Gibran Chloé Mazlo n’a pas 40 ans. Elle n’a lemande, qui s’est sentie en phase avec « Ça fait un peu mal de rêver toujours. donc pas connu ce monde béni d’avant cette Suissesse tombée en amour pour Ça rend fou, mais ce qu’il y a de plus mais a construit tout son imaginaire le Liban. Pour le rôle de Joseph, elle a douloureux dans le rêve, c’est qu’il à partir des récits de ses parents et convaincu le grand dramaturge Wajdi n’existe pas. » Wajdi Mouawad grands-parents. Elle s’est donc inspirée Mouawad d’accepter de faire l’acteur. Il de sa propre histoire familiale, et spécia- est parfait lui aussi. C’est un merveilleux rêve éveillé auquel lement celle de sa grand-mère, pour ra- nous convie la réalisatrice Chloé Mazlo conter le destin d’Alice, jeune Suissesse Et quand la guerre arrive, brisant peu pour un premier film d’une merveilleuse qui fuit le carcan familial et la claustro- à peu le bonheur et l’équilibre familial, délicatesse poétique. Le rêve d’un para- phobie des montagnes pour chercher Chloé Mazlo ne se départit pas de son dis perdu qui n’existe que dans le sou- l’aventure au soleil du Liban, pays exu- style anti-naturaliste pour en traduire venir de celles et ceux qui l’ont connu bérant dans les années 1960. Elle y l’absurdité baroque en même temps que et qui disparaîtront bientôt. Il faut dire trouve rapidement l’amour avec Joseph, la violence terrible : il faut voir ces mili- que les aïeux de Chloé Mazlo viennent un astrophysicien un peu lunaire qui ciens d’opérette qu’on croirait sortis d’un d’un pays qui fut symbole d’harmo- rêve d’envoyer le premier libanais dans tableau grotesque ! Mais aussi ridicules nie sur terre et qui a synthétisé tous les l’espace – un rêve spatial bien réel qui soient-ils, ils vont peu à peu détruire le contrastes et toutes les contradictions : a d’ailleurs inspiré à Joana Hadjithomas Liban, affectant avant tout, comme l’ex- le Liban fut, dans l’entre-deux-guerres, et Khalil Joreigne leur documentaire plique bien Wajdi Mouawad dans un un protectorat français que toutes celles Lebanese Rocket Society. Chloé Mazlo, entretien, ceux qui ne voulaient en rien et tous ceux qui l’ont connu rattachaient plasticienne par ailleurs, recrée ce Liban participer à cette guerre et cherchaient à une idée du bonheur parfait, et cela fantasmé des années 1960 non pas simplement, courageusement, jusqu’à perdura après l’indépendance, jusqu’au avec les moyens d’une reconstitution leurs dernières forces, à préserver la vie milieu des années 1970. Mais depuis un classique, mais avec des artifices infini- qu’ils avaient construite. Pour qu’au fi- demi siècle, le pays est tombé du cô- ment poétiques que n’aurait pas reniés nal, malheureusement, dramatique- té du pire : des guerres civiles succes- Méliès : panneaux peints pour décrire ment, leur pays ne soit plus qu’un « Pays sives terribles et fratricides – incompré- la truculence des rues de la capitale le- rêvé » pour reprendre le titre d’un très hensibles aux yeux de beaucoup – qui vantine, séquences d’animation pour beau documentaire de Jihane Chouaib ont endeuillé la plupart des familles, et évoquer la Suisse qu’Alice a quittée… dans lequel intervenait Wajdi Mouawad. ANNETTELeos CARAX médiatiques : Henry est un comédien de getting home ? dans Holy motors. Nous France / USA 2020 2h19 VOSTF stand-up à l’humour féroce, Ann est une lui avons tout envoyé, il a adoré et a vou- avec Marion Cotillard, Adam Driver, cantatrice de renommée internationale. lu en faire un film. » explique le chan- Simon Helberg, Rebecca Dyson Smith, La naissance de leur premier enfant, teur des Sparks, Russell Mael. « Ça a Nathalie Jackson Mendoza, Rila tout naturellement prénommée Annette, été tourné en Europe et fini l’année der- Fukushima… une fillette mystérieuse au destin excep- nière [donc en 2019] et c’était incroyable Scénario de Ron et Russell Mael, tionnel, va bouleverser leur vie. d’entendre Adam Driver donner sa voix alias Sparks. Musique de Sparks, « Nous avons écrit cette histoire et toutes à ce personnage que j’ai interprété du- paroles des chansons de Sparks les chansons et nous avons pensé que rant huit années sur les enregistrements. et Leos Carax ce serait le prochain album de Sparks. Il a une voix superbe et a amené tout ça Puis nous avons rencontré Leos Carax, à un autre niveau. C’est un film très spé- SÉLECTION OFFICIELLE, qui a utilisé notre chanson How are you cial. ». EN COMPÉTITION, FESTIVAL DE CANNES 2021 FILM D’OUVERTURE

Comme le dit avec juste ce qu’il faut de lyrisme Thierry Frémaux, délégué géné- ral du Festival de Cannes, « le cinéma de Carax relève de ces gestes puissants et de ces alchimies mystérieuses qui font le secret de la modernité et de l’éternité du cinéma. » C’est vous dire si, neuf ans après le stu- péfiant Holly motors, nous attendons avec excitation le nouveau film de Leos Carax qui fera l’ouverture du Festival 2021 et qu’on découvrira en salles au même moment. Pour son sixième long-métrage, le pre- mier tourné en anglais, le cinéaste fran- çais s’est inspiré d’un scénario écrit par Ron et Russel Mael, fondateurs du groupe Sparks, qui ont bien enten- du composé la bande son originale. Annette est donc un vrai film musical, un opéra rock comme on disait naguère, qui met en scène Adam Driver et Marion Cotillard en couple épanoui et glamour, sans cesse sous le feu des projecteurs LES DOMS FESTIVAL OFF 2021 APPEL À KUESSIPAN PARTICIPATION ! ATELIERS DES SPECTATEUR·RICE·S 4 jours de workshop autour de l’expérience de spectateur·rice animés par l’artiste Lorette Moreau. De quoi sont faites les expériences artistiques ? Comment certaines parviennent-elles à laisser une trace ? Les goûts et les couleurs : et si on en discutait ? DU 12 AU 15 JUILLET AU THÉÂTRE DES DOMS GRATUIT SUR INSCRIPTION [email protected] 04 90 14 07 99

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qui ne sont pas semblables à leurs voi- études de littérature à Québec. À cela sins blancs québécois. Dans ce contexte s’ajoute sa rencontre avec Francis, un rude, la communauté innue se serre les jeune étudiant blanc, qu’elle fréquente coudes, régie par des règles, une culture malgré la défiance d’une partie de la et des modes de vie propres – et une soif communauté, dont Shaniss… de liberté que chacun partage mais qui est diversement vécue. La force de Kuessipan tient à son in- croyable authenticité et à la justesse de Kuessipan donc, « à toi », sonne comme ses acteurs, tous issus de la communau- la promesse d’une amitié éternelle, le té innue, notamment Sharon Fontaine- serment que se font Mikuan et Shaniss, Ishpatao et Yamie Grégoire qui incarnent deux petites filles inséparables qui gran- Mikuan et Shaniss. Le film n’est pas seu- dissent dans la réserve de Uashat. On lement une superbe observation impres- les découvre dans une séquence in- sionniste des paradoxes des Innus, avec croyablement poétique de pêche de nuit ses moments savoureux, aussi éton- – des lueurs trouent l’obscurité, guident nants que touchants, mais aussi le récit les deux fillettes qui ramassent en riant passionnant d’une amitié tourmentée par des poissons que la vague amène sur le les divergences de choix de vie à l’âge rivage. La partie de pêche se poursuit sur adulte. Ce récit est adapté du roman qua- la plage, au sec, où les familles rassem- si autobiographique de Naomi Fontaine blées chantent aux étoiles leur bonheur – le personnage de Mikuan est son alter d’être ensemble. Mikuan, élevée dans ego –, qui a permis à moult Québécois une famille soudée et aimante, fron- de découvrir les réalités des Innus : leur deuse, pleine d’empathie, veut croire aux pauvreté, les problèmes sociaux qui les serments d’enfants mais aussi, en gran- minent, l’angoisse de perdre leur culture dissant, à la possibilité de réaliser ses ancestrale, le racisme latent de certains rêves, dont celui de découvrir le vaste Blancs, l’incompréhension mutuelle de monde – à commencer par la petite ville deux communautés qui se côtoient si québécoise voisine, distante d’une poi- peu et se méfient tellement… Le film gnée de kilomètres, autant dire un autre de Myriam Verreault est cependant, et continent… Shaniss, moins chanceuse, avant tout, porteur d’un très beau mes- dont la vie semble tracée dès la nais- sage d’espoir. D’abord sur la capaci- sance, de centres sociaux en familles té des individus et des communautés à d’accueil, ado devenant mère avant dépasser la méfiance et l’ignorance pour d’être vraiment femme, coincée entre les se rencontrer, se raconter. Surtout, elle langes de son nourrisson et son cheum nous dit que, quelles que soient les dif- petit délinquant. ficultés, quelles que soient les épreuves, il est nécessaire de croire aux serments Elles restent les meilleures amies du d’enfants. Tout le récit du film n’est monde, mais leurs chemins, doucement, autre que la longue lettre adressée, par divergent. Mikuan fréquente un club de Mikuan, l’envolée, à Shaniss, qui est res- poésie et envisage de partir faire ses tée. Kuessipan, « à toi ». BENEDETTA Paul VERHOEVEN Benedetta Carlini entre au couvent en donc aussi répondre du crime d’homo- France 2020 2h11 1599, à l’âge de neuf ans. Plus tard elle sexualité féminine, vice inexploré, « pé- avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, bénéficie de visions, de célestes fa- ché muet ». Daphne Patakia, Lambert Wilson, veurs, et elle lutte contre les agressions Olivier Rabourdin, Hervé Pierre, et les leurres du démon. Elle tâche d’as- Benedetta clame que c’est le Christ ou Clotilde Courau, Louise Chevillotte… seoir, sur ces grâces hors ligne, une re- l’Ange qui prêche par sa voix en transe, Scénario de Paul Verhoeven et nommée et un pouvoir local. Ces visées et que l’Ange bénit ses étreintes avec David Birke, d’après le livre de Judith embarrassent la hiérarchie. Elle sera sœur Bartolomea. Entre ambition sin- C. Brown, Sœur Benedetta, entre convaincue d’imposture. Au surplus, cère de sainteté et fougue charnelle sainte et lesbienne (Gallimard) les enquêteurs ecclésiastiques décou- d’un amour angélique, la personnalité vriront qu’elle a filé une liaison amou- incendiaire de Benedetta va mettre le FESTIVAL DE CANNES 2021 : reuse avec une autre nonne. Elle devra feu au couvent… SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION

C’est l’un des films qu’on attendait avec le plus d’impatience pour le Festival de Cannes… 2020 ! Une année bizarre est passée par là, mais l’excitation est plus que jamais présente et on brûle de voir enfin le nouveau film de Paul Verhoeven après le très réussi Elle (2016), avec Isabelle Huppert. Et Virginie Efira, dé- jà ! Il ne fait pas de doute que son envie d’offrir un premier rôle à la comédienne est une des raisons qui ont poussé Verhoeven à entreprendre cette adap- tation d’un livre de l’historienne Judith C. Brown consacré au destin hors du commun de Benedetta Carlini. Sans ou- blier l’attirance de l’iconoclaste cinéaste néerlandais pour tout ce qui touche au sacré : « Sainte Vierge (c’était le titre ini- tial de Benedetta) », disait-il au démar- rage du projet, « devra être un film pro- fondément habité par le sentiment du sacré. Je m’intéresse au sacré depuis mon plus jeune âge, et plus particulière- ment en peinture et en musique. » a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org KUESSIPAN

Myriam VERREAULT Kuessipan veut dire « à toi », en langue du Québec. Plus précisément la réserve Québec 2019 1h57 VOSTF innue. On ne va pas faire semblant de de Uashat, à quelques kilomètres de avec Sharon Fontaine-Ishpatao, Yamie l’avoir toujours su avant de voir le film : Sept-Îles, le long de l’immense baie du Grégoire, Étienne Galloy, Cédrcik les Innus font partie des peuples pre- Saint-Laurent. Quand on parle de « ré- Amboise, Caroline Vachon… miers, des autochtones amérindiens, serve », c’est juste un îlot de maisons Scénario de Myriam Verreault et que la colonisation européenne puis le à peu près identiques – qui ressemble Naomi Fontaine, d’après son roman découpage territorial ont peu à peu sé- à bien des quartiers pauvres du conti- (Ed. Mémoire d’encrier) dentarisés dans des réserves, au nord nent américain –, où sont relégués ceux

N°408 du 30 juin au 3 août 2021 / Entrée : 7€ / le midi : 4,50€ / Abonnement : 50€ les dix places