RESPONSE RAPID MECHANISM RRM - Evaluation multisectorielle rapide des besoins Zone évaluée : Kendié Commune : Kendié Cercle : Région : Période d’évaluation : Du 13 au 15 septembre 2019

Cartographie de la zone

Contacts : Hugues FURUGUTA, Spécialiste Urgence, NRC [email protected] Prince KADILUAMAKO LUMUENO, Program Manager RRM , NRC [email protected] Mahamane Koba Diop, Coordinateur RRM Mopti/Ségou, NRC [email protected]

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 3 OBJECTIFS ET METHODOLOGIE D’EVALUATION ...... 3 CONTEXTE GENERAL ...... 4 Situation sécuritaire ...... 4 Brève historique de la crise...... 4 MOUVEMENTS DE POPULATION ...... 4 ANALYSE DES BESOINS ...... 5 EAU, HYGIENE ET ASSAINISSEMENT ...... 5 NFI / ABRIS ...... 6 SECURITE ALIMENTAIRE ...... 8 SANTE...... 11 EDUCATION...... 11 PROTECTION ...... 12 COMMUNICATION / TRANSPORT ...... 12

Rapport d’évaluation multisectorielle Rapide Bandiagara Kendié_ RRM NRC, du 13 au 15 septembre 2019. Page 2 / 12

INTRODUCTION La commune de Kendié est un ancien arrondissement érigé en commune rurale par la loi N°96-059/AN-RM du 04 novembre 1996 portant création des communes rurales et urbaines en république du Mali. Cette commune compte 35 villages avec Kendié comme chef-lieu, et se trouve dans le cercle de Bandiagara, région de Mopti. Situé à 41 km de la ville de Bandiagara (chef-lieu du cercle du même nom), la commune de Kendié est en proie aux attaques d’hommes armés suite au conflit inter communautaire opposant deux groupes ethniques à savoir les Dogons et les Peulhs dans la région de Mopti (centre du Mali), principalement dans le cercle de Bandiagara depuis 2018. En effet, suite aux attaques, assassinats, incendies des villages dans la commune de Kendié et les cercles voisins notamment Koro, et , le village de Kendié accueille depuis 2018 des personnes déplacées internes (DPI) souvent laissées à leur triste sort. Ainsi à la date du 09 septembre 2019, le deuxième adjoint au Maire de la commune de Kendié et le chef du service local du développement social et l’économie solidaire de Bandiagara (SLDSES) ont remonté une alerte faisant état de l’arrivée de 162 nouveaux des ménages PDI dans le village de Kendié. Ces PDI, vivants dans des familles d’accueil, sont originaires des communes de Diamnaty, Kendié, Borko et Sangha dans le cercle de Bandiagara et de la commune de Douentza, cercle de Douentza. Après triangulation avec les partenaires notamment CRS, point focal de la veille dans le cercle de Bandiagara, les autorités locales, administratives, les représentants des PDI, cette information a été confirmée. Pour donner suite à cette alerte, le RRM NRC avec l’accompagnement du SLDSES, a réalisé une évaluation multisectorielle rapides (EMR) des besoins des ménages PDI du 13 au 15 septembre 2019 à Kendié.

OBJECTIFS ET METHODOLOGIE D’EVALUATION Cette mission avait pour objectif de :  Analyser les risques de protection liés à une intervention humanitaire et l’accessibilité des populations affectées par la crise ;  Evaluer les besoins multisectoriels des populations déplacées,  Identifier et cibler les populations déplacées ;

Les méthodes et approches suivantes ont été utilisées pour la collecte des données :  Entretien avec les autorités et leaders locaux de la zone évaluée ;  Organisation d’une réunion communautaire pour informer l’ensemble des communautés l’objectif de la mission et le mandat RRM ;  Focus group pour analyser le contexte humanitaire, de protection et sécuritaire ;  Ciblage porte à porte des ménages ;  Enquête ménages auprès des déplacés pour déterminer la vulnérabilité sectorielle des ménages.  Visite des infrastructures comme les écoles, les points d’eau, le marché, le centre de santé communautaire ;  Enquêtes marché auprès des commerçants pour collecter les prix des denrées alimentaires ;  Restitution des résultats de l’évaluation à la communauté.

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CONTEXTE GENERAL Situation sécuritaire La région de Mopti communément appelé le centre du Mali, est devenue depuis 2018 le centre des hostilités caractérisées par les attaques d’hommes en arme non identifiés, les attaques aux IED et surtout et principalement par le conflit inter communautaire avec son corolaire d’assassinats ciblés, d’attaques de populations civiles, de destruction/incendies de villages, vol de bétail et du matériel. En effet, à ce jour le cercle de Bandiagara demeure l’un des plus touchés. Cette situation d’insécurité a provoqué un déplacement massif de population civile dans le cercle avec une sécurité encore volatile. Pour se faire, compte tenu de l’absence de l’Etat, les populations ont créé des milices d’autodéfense pour assurer leur propre sécurité. Ces groupes armés, en plus de la prolifération des armes légères et à petit calibre, ont contribué à la détérioration de la situation sécuritaire et de la cohésion sociale et de l’accès aux services sociaux de base. Le cas le plus récent des incidents remonte au 06 septembre 2019, date à laquelle deux véhicules de transport ont été attaqués sur l’axe Bandiagara-Bankass par des individus armés non identifiés. Le bilan donné par les autorités fait état de 6 morts, et les deux véhicules brulés. Ainsi, dans le but de stabiliser la situation et trouver une issue favorable au conflit inter communautaire, le Premier Ministre de l’Etat Malien a organisé des missions dans le cercle favorisant un processus de dialogue inclusif afin de trouver une solution à la crise. En effet, malgré ces efforts, le conflit intercommunautaire s’est intensifié singulièrement dans le cercle de Bandiagara courant le mois d’août 2019 en plus des manifestations du conseil local de la jeunesse du cercle à travers des marches pacifiques courant le mois même d’août, hostile aux forces régulières et au forces étrangères présentes au Mali tout en soutenant la présence des milices.

A ce jour le village de Kendé est contrôlé par les chasseurs Donso avec deux check points dont l’un sur la route Bandiagara-Kendié et l’autre à l’entrée du village de Kendié. Les militaires, souvent attaqués, font des patrouilles mais n’arrivent pas à aller au bout de ce phénomène d’insécurité qui s’accroit de plus en plus dans la zone et ravive le conflit inter communautaire.

Brève historique de la crise La commune de Kendié, comme plusieurs autres communes du cercle de Bandiagara, a commencé à accueillir des PDI depuis le début de l’année 2019 dont une première vague a été évaluée par le partenaire CRS en mai 2019. A l’issue de cette évaluation multisectorielle rapide, 68 PDI ont été identifiés et avaient reçu une assistance en kit NFI, vivres et en kit de dignité de la part de NRC sous financement de SIDA. Le 1er septembre 2019, les villages de Tangrou et Amba tous situés dans la commune de Kendié, ont reçu la visite d’hommes armés non identifiés qui, après attaque, ont demandé aux habitants de ces localités de déguerpir de leurs villages sous peine d’être tués. Suite à ces menace et attaques, les populations de ces deux localités, se sont déplacés vers le village de Kendié, chef-lieu de la commune. Le 02 septembre 2019, le village de Mélo Tintan, commune de Borko a été attaquée à son tour par des bandits armés. Le bilan ne fait pas de victime humaine mais du bétail emporté soit 30 têtes de moutons, et 5 têtes de bœufs. Cette série d’attaques et de menaces a suscité un déplacement massif des populations des villages touchés et ceux des environnants vers Kendié où elles se sentent plus en sécurité.

MOUVEMENTS DE POPULATION Pour ce qui concerne l’évaluation multisectorielle couplée au ciblage faisant l’objet de ce présent rapport, il a été identifié 160 nouveaux ménages déplacés soit 491 individus avec un nombre important de femmes et de filles. Ces 491 individus d’ethnie Dogon sont venus des communes de Diamnaty (Dé), Piniari Bana (Piron) de Kendié (Tengrou et Amba), de Borko (Melo et Tintan), Sangha (Ibe et Irely) dans le cercle de Bandiagara, de la commune de Douentza (Tin et Gnimima) dans le cercle de Douentza où ils ont fui l’insécurité.

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Tableau 1 : Désagrégation des personnes affectée Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre ménages personnes femmes hommes femme entre hommes entre filles entre garçons filles entre 0 garçons ciblés déplacées de 50 ans de 50 ans 18 et 49 ans 18 et 49 ans 5 et 17 ans entre 5 et et 5 ans entre 0 et et + et + 17 ans 5 ans 160 491 36 40 102 71 102 70 37 33

Tableau 2 : Récapitulatif du nombre de ménages déplacés et ciblés :

Population estimée m Population actuelle estimée = ménage ; p = m = ménages ; p = personnes personne Localité admin. Villages /Site Total P Total P Population Déplacés Personnes déplacées 2017 2018 actuelle m nouveaux m Kendié 555 610 725 160 491

Commentaires : les informations contenues dans le tableau 2 ont été collectées auprès des autorités villageoises et administrative. Les chiffres évoqués dans ce tableau sont estimatifs suivant la connaissance de la zone par les autorités. Pour ce qui concerne les PDI présentées dans le tableau 1, ces chiffres sont issus du ciblage porte à porte réalisé par l’équipe d’évaluation avec l’accompagnement des autorités locales, villageoises, du SLDSES de Bandiagara. ANALYSE DES BESOINS Dans ce chapitre, il sera question de présenter les résultats de l’évaluation en termes de besoins et défis par secteur : Eau, hygiène et assainissement (Wash), NFI et abri, Sécurité alimentaire, Santé, Education et Protection. Des recommandations sont aussi formulées sur les actions à prendre en faveur des populations vulnérables.

EAU, HYGIENE ET ASSAINISSEMENT

ACCES A L’EAU L’accès à l’eau ne pose pas de problème pour l’ensemble des ménages enquêtés et cela est confirmé par les différents focus group. Le site d’accueil dispose de cinq points d’eau dont trois puits non protégés, un forage et une adduction d’eau. Le souci demeure les récipients pour le transport et la conservation de l’eau. Il ressort de l’observation de l’équipe d’évaluation que l’eau est transportée dans des seaux sans fermetures pour la majorité des ménages. Et pendant la conservation, elle est exposée à toutes les éventuelles contaminations. Ainsi, les enquêtes ménages montrent que sur l’échantillon représentatif de 64 ménages enquêtés, 64% des ménages s’approvisionnent en eau dans des puits non protégés, 31% au forage, seulement 5% consomment l’eau du robinet avec une moyenne de 7 litres par personne par jour. Cette eau venant des sources est consommée sans traitement. Cette pratique serait à la base des maladies hydriques dont la diarrhée constatée chez les enfants de moins de cinq ans.

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Figure 1, 2 et 3 : les différents sources d’approvisionnement en eau pour les PDI à Kendié Hygiène et Assainissement : Concernant l’assainissement, le site d’accueil (Kendié) des PDI dispose des latrines dans les familles d’accueil utilisés aussi par les PDI mais dans un état de dégradation avancée et exposent les ménages à des risques de maladies liées à l’hygiène. Des latrines publiques existent dans le village et au niveau de l’école, mais malgré ce besoin accru en latrine, les populations ne souhaitent pas l’implantation des latrines d’urgence pour des raisons culturelles. L’eau stagne au niveau des points d’eau et les flaques serviront inévitablement de nid aux moustiques, cela expose les ménages au paludisme. Les ménages manquent du savon pour le lavage des mains et affirment ne pas avoir les moyens financiers pour s’en procurer au marché. En effet, il se dégage clairement que les ménages n’ont aucune connaissance des moment clés de lavage de mains. A l’issue des résultats des enquêtes sur les 64 ménages enquêtes,100% ne se lavent pas les mains avec du savon ou de la cendre.

Figure 4 : Une latrine dans une famille d’accueil des PDI à Kendié

Recommandations :  Organiser des séances de sensibilisation sur les bonnes pratiques d’hygiène et le traitement de l’eau en faveur de tous les ménages déplacés et familles d’accueil ;  Distribuer des savons pour le lavage des mains en faveur de tous les ménages déplacés et familles d’accueil ;  Réhabiliter les latrines au niveau du site d’accueil.

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ARTICLES MENAGERS ESSENTIELS (AME/NFI) ET ABRIS

NFI : Les ménages déplacés sont arrivés dépourvus de tous les biens de ménage compte-tenu de la précipitation et de la nature du déplacement inopiné. Ceci fait qu‘ils ne disposent pas des articles ménagers essentiels. Les articles utilisés actuellement par les PDI sont ceux leur empruntés par les familles d’accueil dont la majorité sont en état de dégradation progressive du fait de la double utilisation.

STANDARD NFI des ménage 120% 100%

100%

80%

60%

40% 0% 20%

0% ménages qui atteignent le standard ménages qui n'atteignent pas le standard

A l’image des graphiques ci-dessus, il est se montre clairement une vulnérabilité accrue en articles ménagers essentiels en rapport avec le standard minimum NFI (13). En effet, les ménages sont largement en dessous du seuil standard avec seulement 2/13 et de surcroit avec aucun ménage ne possède des articles ménages essentiels à la hauteur des standards minimum. Pour ce qui concerne la possession par article, les enquêtes montrent une faible disponibilité dans tous les articles loin de couvrir les besoins des ménages.

Abris : Concernant les abris, il ressort des focus group que certains ménages vivent dans des familles d’accueil et d’autres dans des maisons fournies gratuitement par des bonnes volontés et les autorités. Cela est confirmé par

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les résultats de enquêtes ménages. En effet, 69% des PDI sont dans des familles d’accueil contre 31% dans des maisons fournies gratuitement. En référence aux constats de l’équipe d’évaluation, il est observé une promiscuité avec un manque d’intimité pour les PDI et les familles d’accueil. Les toits des maisons en paille sont en état de dégradation progressive avec les pluies qui s’abattent sur la zone. D’où 23% des maisons visitées sont endommagées mais réparables.

Recommandations :  Distribuer les kits NFI à l’ensemble des ménages PDI ;  Distribuer des bâches à l’ensemble des PDI afin de renforcer les toits de leur maisons ;  Solliciter le cluster Abri/NFI pour une réponse adéquate en termes d’abri.

SECURITE ALIMENTAIRE

L’accès à une alimentation saine et en quantité suffisante demeure l’équation à résoudre pour les ménages déplacés. En effet, ils partagent la même nourriture que les familles d’accueil. Cela constitue une charge énorme

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pour celles-ci déjà en difficulté sur le plan alimentaire à cause d’une part de l’insécurité à travers l’assassinat sur les axes, les braquages, enlèvements, les vols de bétails, limitant les mouvements des personnes et de leurs biens mais aussi de l’exercice de leurs activités génératrices de revenu (agriculture, élevage et petit commerce). Outre les difficultés d’accéder aux marchés, il faut noter que ces ménages sont tous des agriculteurs qui n’ont pas pu cultiver cette année à cause de l’insécurité malgré la bonne pluviométrie. L’arrivée des ménages déplacés vient accentuer une situation d’insécurité alimentaire pour ces populations qui persistait déjà et affecte principalement les femmes et les enfants de moins de cinq ans vulnérables à la malnutrition. Néanmoins, la solidarité communautaire renforce les liens et favorise le vivre ensemble entre communauté hôte et PDI dans le village de Kendié.

Du fait de la faible disponibilité des ressources, les produits alimentaires consommés par les ménages reste limité. Il est constaté une faible diversification, donc un déséquilibre dans la consommation des aliments. Ainsi, les aliments les plus consommés sont les céréales notamment les riz et le mil à faible pondération accompagné d’une faible quantité de viande et œufs.

A ce jour, l’ensemble des ménages enquêtés en plus des familles d’accueil ne dispose pas de stock alimentaire. Il est à noter que les PDI vivent tous avec un score de consommation alimentaire pauvre (SCA). Le score moyen de consommation alimentaire est de 16, ce qui montre une forte vulnérabilité en sécurité alimentaire.

A l’issue de cette évaluation, il ressort une vulnérabilité très élevée en sécurité alimentaire avec 100% des ménages qui ont un score alimentaire pauvre. Cette vulnérabilité se traduit clairement par le graphique suivant. La valeur moyenne du SCA demeure faible, soit 16 largement en dessous du seuil acceptable qui est de 28.

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Ce seuil de vulnérabilité observé plus haut, l’insuffisance des ressources de nourriture, le faible accès aux marchés avec le manque de ressource de revenu, les PDI étaient dans l’obligation d’adopter des stratégies néfastes pour la survie. Ainsi, 61% des PDI comptent sur l’aide d’un parent/ami, 21% ont réduit la consommation des adultes en faveur des enfants,10% ont empruntent de la nourriture, 7% ont réduit le nombre de repas à consommer par jour, 6% achètent des aliments moins préférés ou moins chers, et 5% ont limité la proportion à manger à chaque repas.

Focus sur le marché : Le village de Kendié dispose d’une foire hebdomadaire qui a lieu tous les mercredis. Les ménages PDI ont accès à cette foire. Certaines denrées alimentaires sont disponibles sur le marché comme le mil, le riz, l’huile, le sucre, le sel et le lait.

Tableau 3 : Les prix moyens des denrées sur le marché de Kendié :

Produits ou denrées Prix en FCFA Riz en kg 375 Mil 185 Sucre (kg) 400 Huile(litre) 800 Lait en poudre(paquet) 1250 Sel (kg) 150 Savon( petit morceau) 125

Le prix d’achat des petits ruminants varie entre 20 000 à 50 000 francs CFA, celui des bœufs varie entre 100 000 à 150 000 FCFA sur le marché de Kendié. . Selon les communautés interrogées, le marché est bien approvisionné à partir du marché de Bandiagara. On y trouve toutes les denrées de premières nécessité. Cependant malgré la fonctionnalité du marché, l’accès est limité pour les PDI suite à la limitation de ressources financières.

Recommandations :  Distribuer une ration complète d’un mois pour les ménages déplacés ;  Solliciter les acteurs nutrition pour un dépistage sanctionné par une prise des éventuels cas et ceux existants en intrants ;  Référer l’ensemble des ménages PDI au PAM pour la prise en charge des autres cycles d’assistance alimentaire.

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SANTE

La commune de Kendié dispose d’un centre de santé communautaire (CSCOM) fonctionnel. Les déplacés ont accès aux services de santé moyennant le paiement des médicaments et des consultations. Le CSCOM dispose huit agents dont un médecin directeur technique, un infirmier, deux aides soignant, deux Matrones, un gérant de la pharmacie et un gardien. A l’intérieur du centre se trouve une salle de consultation, une salle de repos pour les patients en phase d’observation, une salle de soins, une salle d’accouchement, une pharmacie, et un hangar pour les activités de dépistage de la malnutrition, deux bloc de trois latrines, un incinérateur pour évacuer les déchets. Selon les agents de santé, le Cscom a enregistré actuellement 83 cas de malnutrition sévère et 112 cas de malnutrition aiguë modéré. Les pathologies dominantes à Kendié sont : le paludisme, la diarrhée, la malnutrition, et les infections respiratoires aiguë (IRA). Il faut noter que le Cscom a l’appui de l’UNICEF et le PAM pour la prise en charge de la malnutrition à travers leur partenaire de mise en œuvre l’ONG YA-G-TU.

Figure 6 : Le Cscom de Kendié Recommandation :

 Dépêcher des équipes pour un dépistage des cas de malnutrition ;  Rendre gratuit la prise en charge sanitaire des ménages déplacés vue leur vulnérabilité ;  Prendre en charge les ménages déplacés dans la campagne antipaludéenne de cette année en moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée et en pulvérisation intra domiciliaire des sites d’accueil.

EDUCATION

Le village de Kendié dispose d’une école fondamentale classique et d’une école coranique formelle (medersa) qui sont toutes fonctionnelles. L’école fondamentale est composée d’un premier cycle et d’un second cycle. Au niveau du premier cycle, on a 6 salles de classes, 2 blocs de 3 latrines, une direction, 4 enseignants avec un effectif de 436 élèves. Le second cycle est de 3 de classes, une direction, un bloc de 3 latrines, 5 enseignants, un directeur, et un effectif de 178 élevés dont 100 filles et 78 garçons. La plupart des enfants des ménages PDI sont déscolarisés depuis leur localité de provenance due à la non fonctionnalité des écoles pour cause d’insécurité. Il n’y a aucun espace Ami des enfants à Kendié. Les enfants sont abandonnés à leur triste sort. A l’issu de cette évaluation les ménages ont évoqué des raisons pour lesquelles leurs enfants ne fréquentent pas l’école, ainsi 84% ont évoqué le risque des représailles/menaces alors que 28% affirment d’être exposés au risque d’abus sexuel, 27% pensent être exposés au risque d’enlèvement/recrutement forcé par les groupes armés, 22%

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ont répondu « ne sait pas » contre 20% qui affirment d’être exposés au risque d’extorsion des biens, et enfin 11% n’ont pas voulu se prononcer.

Recommandation :  Plaider auprès du Cluster Education pour la mise en place d’un centre d’apprentissage scolaire à Kendié pour les enfants scolarisés et déscolarisés des ménages PDI ;  Plaider auprès du Cluster Education pour mise en place d’un espace Amis des enfants.

PROTECTION

La situation en protection est relativement calme mais la psychose généralisée est constatée au sein des personnes déplacées qui craignent des représailles des groupes armés. Les déplacés et la population d’accueil vivent en parfaite harmonie. Cependant, la panique s’installe avec les patrouilles de forces Maliennes dans le cercle de Bandiagara car des rumeurs d’attaques des positions des chasseurs Dogon sont véhiculées. Cette information limite le mouvement des PDI mais aussi de la communauté hôte sur les axes, dans les champs et mêmes aux marchés proches de la zone. Selon certaines personnes interrogées, pour éviter d’agression de nature corporelle et sexuelle, les habitants rentrent dans les maisons pendant 19 heures. En fin, plusieurs enfants et mêmes des adultes au sein des PDI ne disposent pas d’une documentation civile.

Recommandation :  Renforcer les capacités des autorités en termes de protection des PDI et sur les différents instruments nationaux et internationaux régissant ces aspects par le Cluster protection ;  Sensibiliser les populations sur la cohésion sociale par le Cluster protection ;

Communication / transport

Le village de Kendié est accessible à tout moment pour les véhicules 4X4 ainsi que les camions à l’instar de la période hivernale où certaines voies d’accès sont inondées. Il y’a les réseaux de tous les opérateurs de téléphonie mobile notamment Orange et Malitel. Les responsables des déplacés ont des numéros à travers qui on peut suivre l’évolution de la situation. Mais avant tout mouvement une mise à jour sécuritaire doit être faite pour bien cerner le contexte.

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