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Carl Philipp Emanuel Bach (1714 - 1788) Testament et promesses Aline Zylberajch Clavier - Fantasie mit Begleitung einer Violine Wq.80, H.536 (1787) 12'47 12 Variationen auf die "Folies d'Espagne" Wq.118/9, H 263 (1778) 8'33 Fantaisie pour clavier en do mineur Wq.63/6, H.75 (1753) 5'29 Sonate pour violon et clavier en do mineur Wq.78, H.514 (1763) - Allegro moderato 7'41 - Adagio ma non troppo 5'49 - Allegro 5'20 Sonate pour clavier en la majeur Wq.55/4, H.186 (1765-1779) - Allegro assai 5'23 - Poco adagio 4'35 - Allegro 5'26 Arioso per il Cembale e violono Wq.79, H.535 (1781) 9'39 Alice Piérot Aline Zylberajch : piano tangentiel / Tangentenflügel William Jurgenson (1993) d'après Späth und Schmahl, Regensburg, ca. 1770 conservé au Landesmuseum – Württemberg (Stuttgart) Alice Piérot : violon Jeremy Chaud d’après le violon "Lord Wilton" de Giuseppe Antonio Guarneri, 1742 1 Le piano à tangentes ou Tangentenflügel l’ensemble. Le son direct du bois sur les cordes imite, selon les contemporains, le son du clavecin. Le registre de harpe, très fréquent dans tous les claviers allemands de la fin du Franz Jakob Späth (1714-1786) est le plus connu des membres d’une famille XVIIIe siècle, fait descendre une bande épaisse de soie ou de laine sur les cordes réputée de facteurs d’orgues installée dans le Sud de l’Allemagne dès le XVIIe avant qu’elles ne soient frappées, et, sous l’effet combiné de la levée des siècle. Il aurait, selon Gerber, construit son premier piano à tangentes en 1751 et étouffoirs, l’effet musical produit est celui d’une harpe, pizzicato , mais prolongé son gendre, Christoph Friedrich Schmahl (1739-1814), en produisait encore en par une harmonique d’un autre monde. Le modérateur vient intercaler entre les 1802. Il est remarquable qu’un nombre particulièrement élevé de ces pianos ait cordes et les tangentes de fines couches de flanelle ou de cuir qui rendent le son survécu jusqu’à nous, bien plus nombreux par exemple que les pianoforte, fort produit plus doux, plus rond et plus suave. Le registre una corda décale ressemblants à première vue à ceux de Johann Andreas Stein ou d’Anton l’ensemble de la mécanique, si bien que les tangentes ne viennent frapper que la Walter. corde la plus à droite de chaque note. C'est la mécanique de ces Tangentenflügel qui fait toute leur spécificité : les Le mécanisme grâce auquel seuls les étouffoirs de la partie supérieure du clavier tangentes (des petites languettes de bois dont l’extrémité, sans aucun habillage, sont soulevés permet de laisser scintiller le son des aigus, tout en conservant est simplement arrondie) sont propulsées en l’air verticalement, sans système clarté et précision au phrasé de la main gauche, ce qui n'est pas le moindre des d’échappement, pour venir frapper la corde en produisant un son clair et charmes de ces instruments. D'autre part, la genouillère permet de soulever limpide. l’ensemble des étouffoirs. On sait grâce à divers documents de la seconde moitié du XVIIIe siècle que, contrairement à aujourd’hui, on renonçait à l’utilisation Dans l'édition du 10 septembre 1765 du quotidien Leipziger Zeitung , on peut lire : des étouffoirs pour certains passages, quelquefois même pour des mouvements "Les clavecins pantaleon du célèbre artiste et maître facteur d'orgues Franz Jacob entiers. Späth de Regensburg ont été portés à un tel point de perfection que non seulement le son produit est d'une justesse et d'une régularité sans faille mais Dans la seconde partie de son Versuch , intitulée "De la libre improvisation", C. encore peuvent-ils être joués avec toute la délicatesse et la subtilité que l'on P. E. Bach écrit : "Le registre qui soulève les étouffoirs dans un fortepiano a un obtient d'un clavicorde, et l'on peut atteindre une tendresse inégalée dans le jeu des plus agréables effets, et si l’on sait l’utiliser avec la circonspection qui de n'importe quel passage. En outre, ce sont des instruments très robustes et qui s’impose, il convient merveilleusement à l’improvisation." Selon un texte de n'exigent guère pour les maintenir en bon état". 1791, le jeu avec étouffoirs levés confère à ces pianos une puissance et une majesté comparables à celles d'un orgue! Dans d'autres écrits, il est qualifié de Ces claviers singuliers étaient les fruits d’une recherche de combinaisons de sons céleste… produits et modulés par un système de registres variés afin d’obtenir un impact sur la dynamique ou le timbre du piano. Il s’agissait d’offrir à la disposition de l’interprète tout un catalogue de variantes de jeu ( Veränderungen ). Les possibilités sont mathématiques : avec 3 registres différents, on pouvait disposer de 8 Sources : variantes et avec 4, de 16 variantes. Späth mentionne en 1770 un instrument "The Importance of the Tangentenflügel to the Development of the German Piano " / William doté d'une cinquantaine de variantes. Jurgenson (Instruments à claviers, expressivité et flexibilité sonore - Actes des Rencontres Internationales Harmoniques, Lausanne, 2002) L’instrument utilisé pour cet enregistrement est l’oeuvre de William Jurgenson "Franz Jakob Späth and the Tangentenflügel : an eighteenth-century tradition " / Michael Latcham (1993), copie d’un original de 1770 conservé au Landesmuseum du Würtemberg, à - in The Galpin society journal. 57, 01/01/2004 Stuttgart. Son clavier a une étendue de 5 octaves. Il possède 4 registres manuels : harpe ( Harfenzug ), modérateur, una corda , un dispositif pour soulever seulement les étouffoirs des aiguës, ainsi qu'une genouillère forte pour faire résonner 2 Testament et promesses les mots d'essayistes contemporains [2]. Elle fut tout d'abord composée pour le clavier seul. Le titre de l’oeuvre, " C. P. E. Bachs Empfindungen " (les sentiments de C.P.E. Bach), les indications d’interprétation, " Sehr traurig und ganz langsam " (très Poursuis ton chemin, imitateur, triste et lent) le grand pathos de cette pièce, une dizaine de changements de Car tu devras rougir si tu t’arrêtes. tempi, une succession de sentiments tantôt intenses et agités, tantôt calmes et Carl Philipp Emanuel Bach, le profond harmoniste, introspectifs, ou encore la citation du lied Andenken an den Tod (souvenir de la Unissait la nouveauté à la beauté, mort), tout lui donne une dimension autobiographique. Dans la version avec Était grand violon, publiée peu après, un allegro, dans un joyeux la majeur, vient apaiser les Dans la musique avec paroles, passions exprimées tout au long de la fantaisie. À l’exception de cet ajout, Bach Plus grand encore n’a presque pas remanié la partition originale : le violon semble émerger Dans l’audacieuse musique sans paroles, naturellement du clavier, venant souligner ici un élément mélodique, là un Surclassa l’inventeur du piano, enchaînement harmonique expressif, doublant parfois, accompagnant souvent. Car il porta l’art de l’interprétation, Par son enseignement et sa pratique, Comme dans l’Arioso con variazioni Wq 79, l’écriture instrumentale de cette Jusqu’à la perfection. fantaisie relève d’une esthétique instrumentale nouvelle. Il ne s’agit plus de Né en 1714, mort en 1788 [1] mettre en valeur un brillant violon soliste, ni même de le faire dialoguer à égalité, en trio, avec les deux mains du clavier. Dans ces deux œuvres, le clavier domine l’espace sonore, le violon s’entremêle, ponctue et souligne. A l'opposé du drame Telle est l’épitaphe que le poète Gottlieb Klopstock (1724-1803) rédige pour de la fantaisie, l'Arioso présente un thème serein, suivi de cinq variations, qui Carl Philipp Emanuel Bach. Que le poète emblématique du "style sensible" en chacune explorent d'autres possibilités de contrastes dans le rythme, les terre germanique rende cet hommage au compositeur rappelle l’importance des dynamiques et l'harmonie. On a choisi ici d'en varier les reprises. amitiés littéraires de Bach dans l’évolution de sa musique, au point que c’est désormais un terme emprunté à l’histoire littéraire que l’on utilise pour la Les deux œuvres sont composées à Hambourg. Depuis 1768, Bach dirige la décrire: l’Empfindsamkeit . Cette esthétique qui exalte les sentiments, dans laquelle musique des cinq principales églises de la ville. Il compose abondamment, des la musique excite et calme les passions, trouve une forme d’aboutissement dans œuvres de grande envergure – six Symphonies pour orchestre à cordes et le genre de la fantaisie, dont C.-P.-E. Bach est dans les années 1770 l’un des plus continuo (1773), quatre Symphonies à douze voix obligées (1780) et, pour le grands improvisateurs. clavier, son instrument de prédilection, six recueils de Sonates, "libres fantaisies et rondos pour les connaisseurs et les amateurs" (1779-1787). Cette collection Celle en ut mineur Wq 63/6 est la première publiée par Bach, dix-huitième pièce est l’entreprise éditoriale la plus importante du compositeur, portée par une des Probestücke insérés en 1753 dans le tome I de son Versuch über die wahre Art large souscription européenne, alors que se développe une das Clavier zu spielen , œuvre essentielle sur la musique pour clavier au XVIIIe "Carlophilipemanuelbachomania" (selon les mots d’un écrivain anglais du siècle. En quelques pages se succèdent, à la manière d’un récitatif orchestral, des temps, Thomas Twining). sections de tempo et de caractères contrastés. Cette dramaturgie suggéra d’ailleurs au poète danois Gerstenberg l’idée d’y superposer en 1787 deux textes Conçues à la même époque, les douze Variationen auf die Folies d'Espagne (1778), particulièrement théâtraux, composés dans le style d’un récitatif : l'un adapte en proposent à partir de ce célèbre thème du XVIe siècle, une succession sans allemand le célèbre monologue d’Hamlet et l'autre met en scène la mort de précédent de contrastes d'intensité, de traits virtuoses et d'affects variés.