Clic Musique ! ClicMag n° 84 Votre disquaire classique, jazz, world Juillet/Août 2020 ClicMag

YO-YO MA Le tour du monde en 36 concerts

© Marco© Steven Borggreve Devine

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com ! Sélection Supraphon

Twelfth night recital, Prague 1987 J.S. Bach : Les Concertos Brande- J.A. Benda : Sonates, sonatines et Pavel Sporcl & his Gipsy Way Concertos de Brahms, Schumann, A. Dvorák : Cypress; Evening Songs; Ivan Moravec, bourgeois mélodies Ensemble : Gipsy Fire Bloch, Prokofiev, Martinu, Ibert, Gypsy Songs G. Leonhardt; E. Melkus; N. Harnoncourt; I. Bilej Broukova; E. Keglerova; H. Pavel Šporcl, violon; Ensemble Gipsy Way Lalo... Pavol Breslik, ténor; Robert Pechanec, Wiener Konzerthaus; J. Mertin Zemanova; H. Flekova; M. Stryncl André Navarra; Suk; Ancerl; Silvestri piano SU4190 - 2 CD Supraphon SU4213 - 2 CD Supraphon SU4184 - 1 CD Supraphon SU4180 - 1 CD Supraphon SU4229 - 5 CD Supraphon SU4215 - 1 CD Supraphon

A. Dvorák : Quatuor pour piano n° A. Dvorák : Intégrale des duos A. Dvorák : Quatuors pour piano Gried, Ravel, Prokofiev : Concertos L. Janácek : Messe glagolitique; L. Janácek : Suites orchestrales 2, op. 87 / J. Suk : Quatuor pour Moraves n° 1 et 2 pour piano L'Évangile éternel Orchestre Symphonique de la radio de piano, op. 1 Simona Saturová; Markéta Cukrová; Petr Dvorák Piano Quartet Ivan Moravec, piano; Czech Philharmonic; Chœur Philhamonique de Prague; OS de Prague; Tomáš Netopil Quatuor Suk Nekoranec; Vojtech Spurny Karel Ancerl la radio de Prague; Tomas Netopil SU4227 - 1 CD Supraphon SU4238 - 1 CD Supraphon SU4257 - 1 CD Supraphon SU4245 - 1 CD Supraphon SU4150 - 1 CD Supraphon SU4194 - 1 CD Supraphon

Frantisek Jiranek : Concertos pour V. Kalabis : Sonates pour violon- B. Martinu : Trio pour piano n° 1-3; B. Martinu : , opéra en un B. Martinu : Bouquet of Flowers / J. B. Martinu : L'Épopée de Gilga- basson, hautbois, violon, viole celle, clarinette, violon et piano Bergerettes, H 275 acte; Double concerto Novák : Philharmonic Dances mesh, oratorio d'amour Jamnik; Paulova; Fiser; Kahanek Trio Smetana Šaturová, soprano; Nagy, baryton; OS de la radio de Prague; Tomas Netopil Crowe; Staples; Welton; Martinik; Callow; Collegium Marianum; Jana Semeradova Anderzhanov, basse; Tomáš Netopil Czech Philharmonic; Manfred Honeck SU4208 - 1 CD Supraphon SU4210 - 1 CD Supraphon SU4197 - 1 CD Supraphon SU4205 - 1 CD Supraphon SU4220 - 1 CD Supraphon SU4225 - 1 CD Supraphon

B. Martinu : What Men Live By, B. Martinu : Madrigaux Musique à Prague au 18e siècle : T. Nikolayeva : Les enregistrements Ravel, Debussy, Sluka : Antonio Pedrotti à Prague. Oeuvres opéra en 1 acte, H 336; Symphonie Martinu Voices; Lukas Vasilek Mélodies de Tomasek, Kozeluch… à Prague, Les Maîtres russes Impressions, œuvres pour harpe et de Respighi, Rave, de Falla, n° 1, H 289 Martina Jankova, soprano; Barbara Maria Tatiana Nikolayeva, piano; Czech Philhar- hautbois Brahms, Moussorgski… OP Tchèque; Jirí Belohlávek, direction Willi, piano-forte monic; Konstantin Ivanov Katerina Englichova; Vilém Veverka Orchestre Philharmonique Tchèque SU4233 - 1 CD Supraphon SU4237 - 1 CD Supraphon SU4231 - 1 CD Supraphon SU4216 - 2 CD Supraphon SU4212 - 1 CD Supraphon SU4199 - 3 CD Supraphon

F. X. Richter : Requiem F.X. Richter : La deposizione dalla J.P. Rampal à Prague : Les enre- F.X. Richter : Te Deum 1781 B.Smetana : Quatuor à cordes n° 1-2 Jirí Belohlávek Recollection. Lenka Cafourková Duricová; Mar- croce di Gesu Cristo gistrements Supraphon. Oeuvres de Czech Ensemble Baroque Orchestra & Quatuor Pavel Haas Œuvres de Smetana, Dvorak, Suk, keta Cukrova; Czech Ensemble Baroque Czech Ensemble Baroque; Roman Valek Feld, Prokofiev, Benda, Richter… Choir; Roman Valek, direction Fibich, Janacek, Martinu, Ravel, Orchestra; Roman Válek Martin Turnovsky; Vaclav Neumann Bartok, Schoenberg, Mahler SU4177 - 1 CD Supraphon SU4204 - 2 CD Supraphon SU4217 - 2 CD Supraphon SU4240 - 1 CD Supraphon SU4172 - 1 CD Supraphon SU4250 - 8 CD Supraphon

Serguei Ivanovitch Taneiev : Quin- J.V. Tomasek : Sonates pour piano- K. Weill : Wanted, Mélodies Arrangements de pièces de Bach, Jan Zach : Requiem solemne; J. Dismas Zelenka : Sonates en trio, tette pour piano, op. 30; Quintette à forte, op. 13, 14 et 26 Dagmar Peckova, mezzo-soprano; Quatuor Boulanger, Brahms, Hubay, Sara- Vêpres de la Vierge; Magnificat ZWV 181 cordes, op. 14 et op. 16 Petra Matejova, piano-forte et Orchestre Epoque; Jan Kucera, direction sate, Khachaturin, Monti… Musica Florea; Collegium Floreum; Ensemble Berlin Prag Jiri Barta; Jitka Hosprova; Quatuor Martinu Pavel Sporcl, violon; Romano Stilo Marek Stryncl SU4176 - 2 CD Supraphon SU4223 - 1 CD Supraphon SU4226 - 1 CD Supraphon SU3951 - 1 CD Supraphon SU4209 - 1 CD Supraphon SU4239 - 2 CD Supraphon

2  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com En couverture / Musique contemporaine

CM754408 • 2 DVD C Major pouvait l’être, mais approchait de ses CM754504 • 1 BLU-RAY C Major secrets. En 2018, il entreprit une tour- eune homme Yo-Yo Ma n’envisageait née autour du globe, de quoi donner Jqu’un seul devenir : pouvoir jouer les trente-six fois les Suites. A Athènes, Six Suites de Bach sans démériter face dans l’acoustique parfaite de l’Hérode aux disques de Casals. Mais la beauté Atticus qui love son petit amphithéâtre naturelle de sa sonorité si équilibrée, si sous l’Acropole (et où j’ai vu quelques soyeuse, que son professeur Eugen Is- étés l’Opéra de Munich y faire des Pierluigi Billione (1960-) tomin admirait au point de la lui envier, Ariadne auf Naxos inoubliées), dans la y fit obstacle : l’archet de Casals râpait FACE nuit de mer d’Athènes, il dit ses Suites la corde, dans le creusement du son Anna Clare Hauf, voix; PHACE [Sylvie Lacroix, comme fondu dans son violoncelle résidait le secret amer, le sombre mys- flûte; Walter Seebacher, clarinette; Michael tère dont s’échappaient les méditations et c’est d’une beauté à pleurer, voyez Krenn, saxophone; Yaron Deutsch, guitare Johann Sebastian Bach (1685-1750) électrique; Mathilde Hoursiangou, piano; et les danses. Yo-Yo Ma s’y mesura seulement. Le second DVD contient un Berndt Thurner, percussion; Ivana Pristasova, Les Suites pour violoncelle deux fois au disque, trouvant sa propre entretien au sujet des Suites assez éclai- alto; Barbara Riccabona, violoncelle; Alexandra Yo-Yo Ma, violoncelle voix, qui n’était pas celle de Casals, ne rant. (Jean-Charles Hoffelé) Dienz, contrebasse; Alex Lipowski, ad hoc player]; Leonhard Garms, direction 0015040KAI • 1 CD Kairos actuelles, thèse et antithèse épuisées cette sensation que plus notre point de un son banal est plongé dans un nouvel (l’esthétique du malaise, contestataire, vue est élevé, plus l’horizon est vaste. environnement et revêt à notre écoute, nregistré à la Philharmonie Luxem- deconstructionniste à l’extrême, deve- Les tensions aériennes de A Highwire maintenant augmentée, d’autres qua- Ebourg – le pays est petit, mais son nue elle-même autoritaire et l’esthé- Act, écrit à New York, doit beaucoup à lités, une nouvelle signification. Les infrastructure superbe – par l’ensemble tique de la banalité, née en réaction à Philippe Petit, funambule français qui, significations, toujours, ou encore les autrichien Phace dirigé par Leonhard la précédente, à l’expression triviale et entre autres, traversa l’espace entre les émotions suscitées par les "icones Garms, Face, en dix mouvements, pro- naïve, inféodée au grand public) : l’es- défuntes tours du World Trade Center. sonores", ces éléments codifiés utilisés pose des mots dans un langage inventé thétique de la catharsis, qui cherche à C’est à un trajet dans le funiculaire de depuis des siècles dans la musique, par Pierluigi Billone pour émuler une valoriser - libération et de purification Fløibanen (Bergen, Norvège) que Fenn c’est ce à quoi le compositeur s’attaque voix (Anna Clare Hauf) de tragédie - les apports des deux précédentes doit son inspiration pour Through a avec Iconosonics : il les déconstruit grecque ancienne – à laquelle il adjoint, en "conciliant recherche intellectuelle, Glass Darkly : le train qui quitte la sta- avant de les réassembler autrement, de-ci de-là, celles, issues d’enregis- critique et complexité d'une part avec tion, le bout du tunnel et l’éclat sonore différenciant ainsi les connexions ou trements originaux, de Lachenmann, compréhensibilité et utilisabilité d'autre dans l’air pur de la montagne silen- associations engendrées. Une œuvre Scelsi, Nono, Stockhausen ou John part". De même, il prône un mi-che- cieuse. Enfin, le hautbois de A Reaction originale. (Bernard Vincken) Cage, fossiles de pionniers légendaires min entre les deux méta-techniques in Force s’enracine, lui, dans la réso- de la musique contemporaine, muses (atonalité pour l’esthétique du malaise nance des vastes territoires australiens autant qu’enseignants. Ces mots et les et tonalité traditionnelle pour l’esthé- et du chant de son carillonneur huppé notes qui les entourent sont pour le tique de la banalité) : la pan-modalité, en particulier. (Bernard Vincken) compositeur un moyen d’ouvrir l’Anti- où les modes préservent la hiérarchie quité à nos oreilles ; ces mots qui ont interne, sans se comporter pour autant voyagé pendant des années perdent comme des échelles tonales. Bruni leur sens et redeviennent sons : car essaye ainsi de créer des attractions Billone laisse à la tradition l’éloquence tonales et des hiérarchies au sein d’un émotive de la voix, ou son traitement mode, y compris non traditionnel, no- instrumental, pour en promouvoir le tamment au long des sept Metatropès Ko Matsushita (1962-) son même, la vibration du corps – bien pour harpe, à l’inspiration bucolique. Ubi caritas; O salutaris hostia; Tenebrae loin de l’expression musicale d’un texte. (Bernard Vincken) Dans cette conception, le mot n’est pas factae sunt; Salva me; De profundis premier, mais dernier. Parmi l’ensemble clamavi; Usquequo Domine; Domine, (1966-) fac me servum pacis tuae / M. Reger : 3 de chambre Phace, prêtez attention aux Clemens Gadenstätter Œuvres pour chœur, op. 6 / G. Mahler/C. Sementical Investigations I; Sementical percussionnistes. Et à la guitare élec- Gottwald : Im Abendrot, Adagietto extrait Investigations II; Sad Songs; Figure-Icono- trique de Yaron Deutsch, un habitué du de la Symphonie n° 5 compositeur italien. (Bernard Vincken) sonics I; Bodies-Iconosonics II; Picutres of an exhibition-Iconosonics Ivette Kiefer, piano; KammerChor Saarbrücken; Georg Grün, direction Ernst Kovacic, violon; Krassimir Sterev, accordéon; Yaron Deutsch, guitare électrique; Klangforum CAR83505 • 1 CD Carus Wien; Etienne Siebens, direction; Ensemble n ne s’attend pas à écouter des Modern; Sian Edwards, direction; L'Instant Donné; motets composés par un composi- Ensemble Nikel O Nirmali Fenn (1979-) teur catholique japonais. C’est pourtant 0015006KAI • 3 CD Kairos à une telle expérience que nous convie The Clash of Icicles Against the Stars, pour flûte, accordéon, sheng; A Highwire Act, artant de l’idée que l’écoute est non le KammerChor Saarbrücken dirigé par pour violon, violoncelle et piano; Scratches Pseulement un fait biologique et phy- Georg Grün. Ko Matsuhita, qui est né en of the Wind, pour flûte alto seul; Through siologique, mais aussi un apprentissage 1962, s’inscrit, avec un conservatisme a Glass Darkly, pour clarinette, trompette qui guide et oriente (et donc restreint) revendiqué, dans la grande tradition de (1975-) Edoardo Bruni et accordéon; The Ground of Being, pour notre perception du monde, Clemens la musique chorale sacrée. Il use des Trio Ricorsivo, pour clarinette, violoncelle flûte et flûte alto; A Reaction in Force, pour Gadenstätter exhorte son public à repé- dissonances et des effets dramatiques hautbois seul et piano; Metatropès, pour harpe rer ses propres limites perceptives, les avec subtilité et privilégie les climats Honk Kong New Music Ensemble Lorenzo Guzzoni, clarinette; Giuseppe Barutti, questionner et les dépasser - nourris- graves : évocation de la mort du Christ violoncelle; Volha Karmyzava, piano; Francesca 0015055KAI • 1 CD Kairos sant de ce fait l’incessant aller-retour ou du désastre nucléaire de Fukushima, Tirale, harpe ustralienne née au Sri Lanka en entre individu et société, entre expé- oraisons de profundis en quête de paix TC970202 • 1 CD Tactus A1979 et basée (actuellement) à Sin- rience et contexte. Il écrit Semantical ou de consolation. En complément de n sent encore les réminiscences de gapour, Nirmali Fenn présente, pour Investigations avec à l’esprit ces innom- programme, le KammerChor Saarbrüc- Ola période romantique du composi- son premier enregistrement chez Kai- brables sons qui emplissent notre quo- ken interprète d’abord le très bel opus teur dans ce Trio Ricorsivo en quatre ros, six pièces, solo, duos et trios d’une tidien mais que nous n’écoutons pas de 6 de Max Reger, qui comporte une par- mouvements qui occupe la première musique largement influencée par les façon active : il les classe, investigue tie pour piano et qui évoque, en trois moitié du disque, même si Edoardo conditions sonores de son environne- leur spectre sonore, les sort de leur temps, le réconfort (Trost) et l’apaise- Bruni a, depuis ses élans de jeunesse, ment. Composé au 27ème étage d’un contexte et les recatégorise (en signaux ment nocturne (Zur Nacht, Abendlied). maturé vers une écriture plus person- building de Hong Kong, The Clash of d’alarme, jingles…) avant de les doter Vient, pour finir, une transcription pour nelle. Au travers de son projet Ars Modi, Icicles Against the Stars, induit, par de nouveaux contextes, en fonction de chœur réalisée par Clytus Gottwald il propose un concept qui veut synthé- ses lignes musicales épurées qui filent leurs caractéristiques intrinsèques. Ain- de l’Adagietto de la 5e symphonie de tiser les deux esthétiques majeures tout droit jusqu’à finalement se courber, si souhaite-t-il élargir notre perception : Mahler avec, pour texte, le poème Im

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Abendrot d’Eichendorff : moment sus- Stuttgart; Helmuth Rilling, direction l’on sait. Les trois "vrais" concertos sont pendu, émouvant et convaincant (c’est Sélection ClicMag ! HC18054 • 2 CD Hänssler Classic des merveilles de style, et un peu intem- bien un chant, se dit-on, que mur- eune-fille, Isabelle Faust n’avait déjà porels aussi pour l’orchestre classique murent les cordes de Mahler) qui clôt pas froid aux yeux : que veut-elle de Rilling quoi qu’on en dise. Faust veut une belle heure de musique chorale. J enregistrer ? Bach. Cela tombe bien, enregistrer tout le reste, Rilling pris (Emmanuel Lacoue-Labarthe) Hänssler a l’homme de la situation : dans un souci d’exhaustivité accepte. Le Helmut Rilling enregistre tout Bach, deuxième CD s’ouvre sur la fanfare de Cantates, oratorios, Messes, Pas- cette Sinfonia d’une cantate perdue ; cet sions, elle sera sa violoniste. Ou plutôt orchestre, ces trompettes, on croirait la l’inverse : il sera son chef. Car dès le bande à Paillard ! Faust enflamme ses Concerto en la c’est elle qui donne le traits vivaldiens, c’est la fête. Le grand Johann Sebastian Bach (1685-1750) tempo, si vif que Rilling doit la suivre, Concerto en ré mineur, déduit de celui un peu contraint, mais enfin cela fuse. de clavier vous a une de ces gueules ! Concertos pour violon, BWV 1041-43, et le vivaldien Concerto en ré donc ! BWV 1052R, 1064R; Sinfonia, BWV 1045; Et dans l’Andante vraiment pris Andante Concerto pour 3 violons en sol mineur, et qu’il n’aurait pas pris Andante sans Avec Chritoph Poppen et Muriel Can- BWV 1056R elle, comme elle chante et dit ! Une toreggi le Concerto en sol tourne aux Olga Neuwirth (1968-) Isabelle Faust, violon; Christoph Poppen, violon; artiste était née au disque ce jour là, qui feux d’artifice. Réédition pertinente ! …Miramondo multiplo…, pour trompette Muriel Cantoreggi, violon; Bach-Collegium depuis a tenu toutes les promesses que (Jean-Charles Hoffelé) et orchestre; Remnants of Songs … An Amphigory, pour alto et orchestre; Masaot/ Clocks without Hands tel qu’il apparaît dès le premier mouve- Tanja Ariane Baumgartner, mezzo-soprano; Thors- Berlin comme à Dresde pour Hakan Hardenberger, trompette; Antoine Tamestit, ment de Remnants Of Songs … An Am- ten Johanns, clarinette; Quatuor Minguet APâques les trompettes par 3 et les alto; Gustav Mahler Jugenorchester; Ingo Metz- phigory - titre témoin de son admiration WER7383 • 1 CD Wergo timbales sont de sortie, escortées de macher, direction; Wiener Philharmoniker; Daniel pour Edward Lear, poète nonsense an- flûtes, hautbois, bassons ou cors par harding, direction; ORF Radio-Symphonieorchester ssocié au courant allemand de la Wien; Susanna Mälkki, direction glais, maître de cette subtile combinai- "nouvelle simplicité", le post-mo- 2 : les "jauchzt", "Frohlocket" ou "freuet" A initiaux exultent donc comme il sied. 0015010KAI • 1 CD Kairos son entre légèreté ambivalente et grand derne Manfred Trojahn se distingue de sérieux. Enfin, pour Masaot / Clocks l’avant-garde des années 1960-1970 : il Contemporains, Agricola (élève avéré i l’on se souvient qu’Olga Neuwirth With Hands, la compositrice s’inspire manifeste peu de goût pour l’atonalité de Bach, qu’on connaît pour ses écrits a abordé la musique par l’étude, S de l’arrière-plan multiethnique de son et ne craint ni les harmonies tradition- sur le maître) et Homilius lorgnent cha- dès l’âge de sept ans, de la trompette grand-père (qu’elle n’a pas connu) pour nelles ni l’héritage romantique des sym- cun à sa manière vers le classicisme - Miles Davis était son modèle -, on explorer la localisation, l’identité, la no- phonies du XIX e siècle - en témoigne qui vient, et se rejoignent sur certains comprend sans peine son envie d’écrire tion - quelque peu nébuleuse - de patrie. sa courte et malicieuse Bagatelle, Sche- choix musicaux : ainsi la quasi-ber- pour l’instrument qui a marqué sa voca- (Bernard Vincken) rzo Frammento (Hommage à L.v.B.). Il ceuse "Du schützet ihn" du quatuor de tion - même si les conséquences sur sa assume sa subjectivité, en opposition à "der Gottmensch jauchzt" répond-elle mâchoire d’un accident de voiture ont l’objectivisme exacerbé en vogue après au poignant "Betrübter Fall" du trio des détruit son rêve de jeunesse de devenir John Cage, particulièrement dans ce trois Marie de "Frohlocket und preiset... trompettiste de jazz. Dédié à l’innovant Quatuor à Cordes n° 2, composé durant ". Mais au jeu des surprises et de la mise et virtuose suédois Hakan Hardenber- en valeur des mots, c’est Homilius qui sa résidence d’un an à Villa Massimo de ger, …Miramondo Multiplo… ("voir le l’emporte comme souvent : ses trios Rome en 1979-1980 et qui, à l’image monde de différentes perspectives"), féminins avant tout puis son ange basse des moments difficiles qu’il vit alors déroule en cinq mouvements - et autant qu’on peut imaginer barbu, secouent la (il ne s’y sent pas à sa place, est en d’arias (airs) - la conception que se fait relative routine due aux circonstances manque de Paris, refuse toutefois de la compositrice de l’instrument, "exten- liturgiques. Côté interprétation, on se gâcher une telle opportunité), alterne les sion de la respiration humaine". Dans le régale. L’approche générale de Willens (1949-) phases d’émotion intense, les moments monde de Neuwirth, il y a cette obses- Manfred Trojahn est conforme à ses habitudes de vivaci- calmes, profonds et les élancements ly- sion du son, ce travail sur "les particules Quatuor à cordes n° 2 avec mezzo-soprano té et de clarté, et le quatuor féminin qu’il riques. Méticuleusement peaufiné avec les plus minuscules et les plus subtiles", et clarinette a réuni est harmonieux et frémissant à le Quatuor Minguet, la mezzosoprano souhait, plus d’une fois très émouvant. Tanja Ariane Baumgartner et le - Poplutz est égal à lui-même, timbre tiste Thorsten Johanns, Trojahn, plus et de neuf pour cordes." Immodeste ? comme diction. La basse très classique coutumier des symphonies (5) ou des Sélection ClicMag ! Venant de celui qui a composé "Thre- et le chœur un peu compact m’ont opéras (6), livre avec cette commande nody For The Victims Of Hiroshima" - à peine moins enthousiasmé, mais de Radio France créée à Paris en 1980, ce gémissement sonique et atonal aux l’ensemble donne un très beau disque une œuvre personnelle, intime - qui se dévastés de la bombe atomique, dis- qui s’écoute sans une minute d’ennui. conclut, avec Abgesang, par un réca- sonance issue de la plus haute note de (Olivier Eterradossi) chaque instrument (24 violons, 10 al- pitulatif empruntant aux mouvements tos, 10 violoncelles et 8 contrebasses), précédents. (Bernard Vincken) chacun supplicié par son instrumentiste -, on souscrit avec mansuétude. C’est en s’inspirant de l’atmosphère de son manoir de Lustawice que Penderecki Krzysztof Penderecki (1933-) écrit, pour le corniste Rodovan Vlat- Concerto pour cor "Winterreise"; Adagio kovic, le Concerto Pour Cor - dont le pour cordes; Concerto pour violon n° 1; Threnody for the Victims of Hiroshima sous-titre Winterreise est sans lien avec Barnabas Kelemen, violon; Radovan Vlatkovic, le cycle homonyme de Schubert, point cor; London Philharmonic Orchestra; Michal culminant du romantisme allemand Johann Sebastian Bach (1685-1750) Dworzynski, direction; Krzysztof Penderecki, -, utilisant comme rarement les notes Six sonates pour violon et clavecin, BWV direction Johann Friedrich Agricola (1720-1774) basses et sombres de l’instrument. Le 104-1019; Chorals "Schübler", pour orgue, LPO0116 • 1 CD LPO "Concerto n° 1 pour violon" succède à Cantate pour la fête de Pâques "Der BWV 645-650; Partita pour violon seul, n 2000, Krzysztof Penderecki décla- l’enchanteur autant que lancinant Ada- Gottmensch jauchzt"; Poème musical "Die BWV 1006; Prélude et Fugue pour orgue, gio Pour Cordes : d’un lyrisme féroce, Auferstehung des Erlösers" / G.A. Homi- BWV 543 Erait : "nous avons poussé la musique lius : Oratorio de Pâques "Frohlocket und si loin, dans les années 60, que, même aux changements d’humeur d’une vio- Henryk Szeryng, violon; Helmuth Walcha, clavecin, preiset den göttlichen Held", HoWV I.11 orgue en ce qui me concerne, j’ai fermé la lence virtuose, aux crises extrêmes ré- Hannah Morrison, soprano; Rahel Maas, soprano; WS121380 • 2 CD Urania porte derrière moi, parce qu’il n’y avait, solues dans le silence. En un disque et Bethany Seymour, soprano; Elisabeth Popien, alto; d’aucune façon, moyen de faire plus que quatre pièces, le London Philharmonic Georg Poplutz, ténor; André Morsch, baryton; i notice, ni métadonnées d’enre- ce que j’avais fait. […] personne n’a fait Orchestra balaie près de cinquante ans Kölner Akademie; Michael Alexander Willens, Ngistrement : l’éditeur réservait-il de la musique plus progressive. Per- la vie d’un compositeur hors du com- direction ce double CD à quelques "happy few" sonne n’a écrit quelque chose de frais mun. (Bernard Vincken) CPO555332 • 1 CD CPO érudits ou nostalgiques ? Pourtant

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attention, les jeunes : interprètes et fugue, qui devint alors le testament, le ce choix d’édition prend tout son sens, enregistrements historiques ! Szeryng couronnement et la signature de toute Sélection ClicMag ! c’est principalement du fait de l’excel- était considéré par les mélomanes des l’Oeuvre du Cantor : elle a pour base les lence de l’interprétation comme de la années 1960 à 1980 comme un des 4 notes qui composent le nom de B/A/ prise de son. Rien de racoleur dans le "aristocrates" du violon avec Oïstrakh C/H : si bémol, la, do, si bécarre. CD 2, jeu des musiciens, soliste(s) comme et Milstein. Quant à Walcha, musicien elle est reprise avec les "achèvements" orchestre (de chambre !), mais beau- aveugle qui apprenait ses partitions en que lui ont prodigués 3 compositeurs coup de retenue, de noblesse, une Braille et jouait tout de mémoire, il fût du XXe et du XXIe siècle. Et complétée approche très soignée de ces deux à cette époque un leader de l’interpré- par deux pièces de Schumann et de œuvres emblématiques, en cette année tation "informée" sur des orgues histo- Schwarz-Schilling conçues à partir de du 250e anniversaire, qui en font des riques. Bien sûr, on ne joue plus Bach ces mêmes 4 notes. Le tout est interpré- partitions complémentaires pour appro- ainsi... Mais leurs sonates BWV 1014 té par un ensemble à cordes — ce qui (1770-1827) cher le génie de Beethoven. Le trio en à 1019 figurent probablement parmi se conçoit : Bach ne spécifie pas d’ins- Ludwig van Beethoven mi bémol est une œuvre de jeunesse les 10 meilleurs disques du violoniste trument particulier pour cette œuvre Trio à cordes n° 1; Concerto pour violon où le compositeur affinait son écriture dont on a dit qu’elle était spéculative, (l’andante un poco de BWV 1015, l’ada- Daniel Gaede, violon; Trio 3 Gaede; Polish pour la musique de chambre, en atten- non faite pour être jouée. Et quoiqu'il en gio ma non tanto de BWV 1016 sont Chamber Philharmonic Orchestra; Wojciech Rajski, dant d’explorer avec le bonheur que l’on soit, la pratique de la transcription est direction pour moi inoubliables). Quant aux cho- sait le quatuor à cordes ou le trio avec courante au XVIIIe. L’ordre d'exposition rals "Schübler" (1947, orgue Stellwagen TACET246S • 1 SACD Tacet piano. Loin d’être une œuvre mineure, de l’église Sankt Jacobi à Lübeck), ils des différents "contrapunti" n'est pas ette parution insiste sur le caractère cet opus a été popularisé, entre autres démontrent dans une exceptionnelle celui de la première édition imprimée, d’innovation technique puisque l’op. par le trio Perlman-Zuckerman-Harrell à prise de son "mono" à quel point Wal- mais c’est chose commune, car quel est C 61 est ici proposé en SACD (également qui le trio Gaede n’a rien à concéder. Le cha (dans des tempi certes bien lents) au juste le "plan" de l'œuvre ? Cepen- en CD). Mais cette particularité, heureu- concerto en ré est transcendant, lumi- utilisait les registres à la manière d’un dant, la suppression des 4 canons est sement, ne fait pas tout, les mélomanes neux et trouve ici, par son équilibre feu- peintre... ce que confirme en stéréo le injustifiable, alors que complétude et ne se réduisant pas à la dimension de tré, une nouvelle version de référence. prélude et fugue BWV 543, à l’orgue finitude sont par ailleurs un moteur du simples audiophiles. Au contraire, si (Alain Monnier) Schnitger de la St Laurenskerk d’Al- projet. Quelle unité (suspecte) cherche- maar. Extraite d’un concert pragois, t-on donc ? Quel est le nom de cette lo- la partita finale me renvoie au théâtre gique de la reconstruction ? Jeu impré- ensemble de chambre baptisé KlangKol- municipal de Grenoble ou encore "ado" gné d’une solennité, d’un sérieux, d’une lektiv et réunis autour de Norbert Täubl, j’ai entendu "Monsieur l’Ambassadeur" lenteur, qui engendrent la monotonie. la jouer : arborant entre les pièces son C'est abstrait, sans poésie. Et pour- clarinettiste des Wiener Philharmoniker. insupportable air dédaigneux, il se quoi vouloir compléter l’inachevé ? Et C’est avec cet orchestre qu’il grave métamorphosait et mystifiait l’auditoire plus particulièrement l’Art de la Fugue, quelques-unes des principales œuvres quand, au contraire l’énigmatique, le dès que son archet touchait les cordes. du tournant entre classicisme et roman- Immanquable, malgré hélas quelques labyrinthique, l’insoluble semblent au défauts de montage. (Olivier Eterra- coeur de ce qui agite là, plus qu’ail- tisme. Après un premier CD consacré à dossi) leurs encore, la musique de Bach ? Schubert, c’est tout naturellement vers Ludwig van Beethoven (1770-1827) (Bertrand Abraham) Beethoven qu’il se tourne aujourd’hui. Polonaise en do majeur, op. 89; Allegretto Certes l’orchestre est encore vert et en do mineur, WoO 53; 2 Petites pièces parfois peu homogène notamment dans pour clavier, WoO 54; Rondo en do majeur, WoO 48; Bagatelle en do mineur, WoO 52; le finale de l’"Héroïque", mais le format Prélude en fa majeur, WoO 55; Sonate en réduit, la transparence du son de ce fa majeur, WoO 47 n° 2; 7 Ländlerische Zänze en ré majeur, WoO 11; Klaviers- "live" ainsi que la vivacité des tempos tück für Piringer en si mineur, WoO 61; si éloignée de la lenteur des Bruckner Klavierstück en si bémol majeur, WoO 60; du même chef font de cette approche 6 Ecossaises en mi bémol majeur, WoO 83; MEnuet en mi bémol majeur, WoO 82; Johann Sebastian Bach (1685-1750) que complète l’ouverture d’Egmont Sonatine en fa majeur, Kinsky/Halm Anh. (1770-1827) 5 n° 2; 6 Variations en fa majeur, op. 34; L'Art de la Fugue, BWV 1080 [version pour Ludwig van Beethoven une vision rafraichissante et sédui- Valse en mi bémol majeur, WoO 84; Anh. : ensemble de chambre] Symphonie n° 3; Ouverture Egmont sante, proche sans doute de ce que les Andante en do majeur; Klavierstück en sol Klangkollektiv Wien; Rémy Ballot, direction Salzburg Chamber Soloists; Christoph Schlüren, premiers auditeurs de l’Héroïque ont mineur, WoO 61a direction GRAM99210 • 1 CD Gramola entendu dans les salons viennois. Sans Matthias Kirschnereit, piano GRAM98009 • 2 CD Gramola arallèlement à l’enregistrement inté- prétendre bouleverser la discographie 0301409BC • 1 CD Berlin Classics D 1 : l’Art de la Fugue est enregis- gral des symphonies de Bruckner à P pléthorique de ces chefs d’œuvre, ce n pourrait penser qu’il s’agit, là, tré dans sa forme originale avec sa Saint Florian amené à faire date, Rémy C de Beethoven avant Beethoven. fugue finale inachevée. À en croire C.P.E. Ballot a réuni des musiciens des prin- disque sympathique mérite un coup O En vérité ces raretés – presque toutes Bach, son père mourut en écrivant cette cipaux orchestres viennois au sein d’un d’oreille. (Richard Wander) – s’échelonnent entre 1783 et 1825. Plus de quatre décennies de pièces de violoncelle; B. Erz, violon; K. Haltenwanger, piano] Boulanger six Chants écossais et huit genre, de la polonaise à la bagatelle en Sélection ClicMag ! AVI8553377 • 1 CD AVI Music Chants irlandais alternant mélancolie et passant par les Ecossaises – les plus saillies. Qui connait l’étreignante mise charmantes -, les ländler, une valse… ne part toujours méconnue du génie en musique du "Sunset" de Walter Scott Matthias Kirschnereit possède suffi- de Beethoven ce sera exprimée U dont Beethoven a transcrit avec art la samment d’humour et un toucher d’une par le Lied : "An die ferne Geliebte" est mélancolie subtile ? Il le chante avec belle variété de couleurs pour alterner quasi un journal intime, "Adélaïde" une dans la voix une émotion contenue qui les émotions. Il ne s’agit pourtant pas déclaration, "In questa tomba oscura" fait mouche. Mais il sait aussi mettre de pièces faciles et encore moins d’une un chef-d’œuvre. Andrè Schuen sait une pointe d’ironie à son "Come fill, fill, valeur inférieure. Beethoven expéri- bien tout cela qui assemble ici ces trois my good fellow" qu’il fait danser pour- mente sans cesse les formules parfois pages maitresses, chantées avec ce tant, emporté par les appuis savoureux complexes dans des miniatures et par- recueillement entre douleur et espoir, du trio. Ce sera dans les chants irlandais fois même des esquisses qui paraissent Ludwig van Beethoven (1770-1827) élan et résignation, surtout avec la voix que son art s’exhaussera dans l’humour bien étranges par leurs modulations du bon Dieu ! Quel admirable baryton 25 mélodies écossaises, op. 108 n° 2, 3, comme dans la tristesse. "The Soldier’s comme ce morceau WoO60. Dix-sept 5, 13, 16, 20; Mélodies irlandaises n° 4, au timbre profond, aux mots légers qui Dream", "The deserter" sont chantés "à partitions ornent ainsi le panthéon du 5, 7, 9, 10, 15, 21; Adelaide, op. 46; An chante tout cela avec des tendresses et nu", avec un art de suggérer saisissant. compositeur des 32 Sonates et des die ferne Gellebte, op. 98; In questa tomba une ivresse qu’"An die ferne Geliebte" Quel beau baryton, quel immense chan- Variations Diabelli, avec leurs traits oscura, WoO 133 n’avait pas connue au moins depuis teur, pourtant encore à l’orée de son art. fulgurants comme la Bagatelle WoO52 Andrè Schuen, baryton; Trio Boulanger [I. Kindt, Fritz Wunderlich. Il ajoute avec le Trio (Jean-Charles Hoffelé) d’une violence percussive qui pourrait

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qui put le faire renouer avec son destin. thoven que les mêmes engrangèrent 1825. L'énorme succès de cette pre- Sélection ClicMag ! Herbert Blomstedt s’était confortable- patiemment entre 1975 et 1980 : je mière représentation aboutit à l'auto- ment installé dans une activité hanséa- m’en faisais rapporter les microsillons risation pour le collège de représenter tique, Oslo, Stockholm, Copenhague, Eterna au compte-goutte par des amis l'opéra chaque dimanche de la même quelques concerts à Hambourg suffi- qui allaient donner quelques concerts année. Bellini devait réaliser en 1828 saient à son bonheur, mais les autorités à Leipzig ou à Berlin. Le temps du CD pour le Teatro del Fondo de Naples une de Dresde avaient noté son tropisme venu, La VEB licencia cette intégrale version réduite à deux actes, avec de pour le grand répertoire germanique, pure et fascinante à force de cette nombreux changements de tonalités Brahms, Beethoven, Bruckner surtout. sombre lumière qui n’appartient qu’aux et les dialogues de la première version Chef et orchestre s’essayèrent et se Dresdois, à des labels économiques transformés en récitatifs, qui ne fut fina- plurent. Ils resteront liés dix ans, de fa- qui en abimèrent les reliefs de granit, lement jamais représentée. Le manus- crit original, très endommagé, conservé (1770-1827) buleuses version des 4e et 7e Sympho- jusqu’à ce que Berlin Classics la réé- Ludwig van Beethoven nies de Bruckner, captées pour Denon, dite une première fois. Mais le son des au Musée Bellini de Catane, a dû être Intégrale des symphonies sacrant ces noces que d’aucuns auront microsillons Eterna n’y était pas encore. patiemment reconstitué et retranscrit Staatskapelle Dresden; Herbert Blomstedt, crues improbables. En 1977, Herbert 2020 année Beethoven, et année mau- par endroits pour pouvoir permettre direction Blomstedt enregistra à l’occasion de dite, mais dans cette débâcle virale, la présente réalisation. Il inclut une 0301524BC • 4 CD Berlin Classics l’année Beethoven, la version originale Berlin Classics, revenant aux bandes introduction instrumentale (considérée comme inauthentique) qui n'a pas été a chance d’Hebert Blomstedt ? de Fidelio, Leonore, Emi s’assurant originales, aura sauvé cette intégrale utilisée ici. L'enregistrement débute S’être vu proposé en 1975 la direc- sous licence la publication du coffret à parfaite, classique et aventureuse à la L donc par un trio vocal suivi d'un chœur. tion musicale de la Staatskapelle de l’ouest. Stupeur, la critique ne tarit pas fois, qui fait tout entendre du génie de Les dialogues parlés, parfois longs, ga- Dresde, l’orchestre de Richard Strauss, déloges, les ventes suivirent. Il y avait l’orchestre beethovénien, l’éditant dans gneraient à être interprétés en récitatifs de Fritz Busch, de Karl Böhm. Il fallait donc à Dresde un chef quasi inconnu, un coffret artiste aux belles photogra- comme dans la deuxième version. Cette un certain cran pour accepter en cette de plus non allemand, capable d’un tel phies, à la documentation précieuse. œuvre de jeunesse, servie ici par de période de guerre encore très froide prodige ? Pourtant cet "A l’est, enfin du Commencez par l’Eroïca. Et puis aussi belles voix, un orchestre efficace et un un poste en RDA. Depuis le départ de nouveau" n’aura pas suffi à EMI pour comparez le cycle de Dresde avec celui chef précis, révèle, à côté de l'influence Martin Turnovsky, resté à peine une distribuer de l’autre coté du rideau de de Leipzig (Accentus) : Blomstedt à son évidente de Rossini, Mercadante, Mayr, saison, l’orchestre se cherchait un chef fer l’intégrale des Symphonies de Bee- propre miroir. (Jean-Charles Hoffelé) le génie mélodique si particulier, dans les airs languides notamment, du jeune faire songer à Scarlatti. D’autres pièces superbement dosés par l’accompa- a tradition voulait en ce début du compositeur, qui reprendra textuelle- rappellent quelques sonates ou bien gnement de l’Orchestre de l’Académie LXIXème siècle au Collège Saint ment la romance de Nelly "Dopo l'oscu- le Clavier bien tempéré de Bach, voir de Vienne qui applique le phrasé sans Sébastien (en fait un conservatoire) ro nembo" dans le "Quante volte" de Ju- de courtes inspirations à l’instar de la vibrato et révèle les timbres caracté- de Naples que les élèves les plus méri- liette dans les Montaigus et les Capulets. Pièce pour Piringer WoO61. Beethoven ristiques d’instruments "anciens". Le tants se voient autorisés à composer (Jean-Michel Babin-Goasdoué) "recycle" divers matériaux, thèmes et soliste est d’autant mieux soutenu que et faire représenter dans le théâtre de transcriptions comme ces Ländler qui la dynamique des claviers est restreinte. l'établissement un opéra, à l'époque proviennent de danses pour deux vio- Gottlieb Wallisch et le musicologue du du Carnaval. Ainsi distingué par Nicola lons et basse. Matthias Kirschnereit les livret décrivent les divers instruments Zingarelli, compositeur directeur de interprète avec autant de finesse que de l’époque à la disposition de Beetho- l'établissement, le jeune Bellini écrivit de souplesse. La prise de son charnue ven. Ces commentaires instructifs (en sa toute première œuvre lyrique, Adel- capte ces atmosphères composites anglais et allemand, hélas) évoquent son et Salvini, opéra en trois actes sur restituées sur un Steinway de concert. l’approche du clavier. Ils justifient une un livret de Tottola, tiré d'un obscur (Jean Dandrésy) conception plutôt chambriste et la roman (Epreuves du Sentiment, 1772). préservation de la clarté et de la défini- Les 8 rôles solistes furent tenus par (1834-1906) tion, qu’il s’agisse des échanges entre des artistes exclusivement masculins, René de Boisdeffre le soliste et les pupitres des bois, par tous, élèves de Crescentini, lors de Sonate pour clarinette et piano, op. 12; exemple, ou bien des cadences. On la création, entre les 10 et 15 Février Prière pour violoncelle et piano, op. 26 n° apprécie le caractère fruité des pupitres des vents, la finesse parfois incisive est substitué un extrait d’un poème des cordes captées dans la profon- Sélection ClicMag ! de Schiller cher à Beethoven qui l’uti- deur des pupitres. Parmi les versions lisera pour le final d’une certaine sym- "historiquement informées", celle-ci se phonie chorale. L’Athena qu’incarne révèle d’une saveur particulière. Notons Ludwig van Beethoven (1770-1827) la jeune actrice Sidonie von Krosigk que le charmant Rondo en si bémol donne le ton, à l’unisson de la ferveur Les six concertos pour piano; Rondo en si majeur servit, à l’origine, en tant que qui dynamise toute l’interprétation. bémol majeur, WoO 6 finale du Concerto pour piano n° 2. Même les tempi rapides, habituelle- Gottlieb Wallisch, piano-forte (Piano-forte historiques, Conrad Graf, 1918-1832 et Franz (Jean Dandrésy) ment privilégiés par Marcus Bosch, Bayer, 1825); Orchester Wiener Akademie; Martin au prix parfois de l’écrasement des Haselböck, direction nuances, ou le caractère dépouillé de CPO555329 • 3 CD CPO la sonorité de son actuelle formation, Ludwig van Beethoven (1770-1827) e "sixième" concerto pour piano n’est se révèlent en l’occurrence un atout en Die Ruinen von Athen, op. 113; Meeress- pas l’ajout de la transcription de celui faveur de l’authenticité de ce Festspiel. L tille und glückliche Fahrt, pour chœur De quoi convaincre, au passage, que pour violon, mais il s’agit de l’inclusion mixte à 4 voix et orchestre symphonhique, du rare Rondo WoO6. Pour autant – et op. 112; Opferlied, pour soprano, chœur et telle marche turque, rondement menée, le bonus est de taille – le producteur orchestre, op. 121b n’était peut-être que l’arbre cachant permet d’entendre en vidéo et sur le Valda Wilson, soprano; Simon Bailey, basse; la forêt. Par la qualité qu’y apportent Web, le concert public du Concerto Sidonie von Krosigk, récitant; Tschechischer encore les interprètes, les deux autres pour violon dans sa version pour piano, Vincenzo Bellini (1801-1835) Philharmonischer Chor Brünn; Cappella Aquileia; opus sonnent plus comme de profi- Marcus Bosch, direction tables jalons que comme d’accessoires couplé avec les Variations op. 12 de Adelson e Salvini, opéra CPO777634 • 1 CD CPO compléments puisque c’est tout le Czerny. Les versions sur instruments Donato di Gioia (Adelson); Christian Collia anciens sont aujourd’hui assez nom- (Salvini); Luigi Pisapia (Bonifacio); Annapaola uvre de circonstance, voire – à Romantisme qui prend sa source ici. breuses. Pour sa part, Gottlieb Wallisch Pinna (Nelly); Eleonora Filipponi (Madama Rivers); Œdouble titre - de propagande, dans Des points de repère indispensables a choisi deux Hammerflügel de Conrad Mariangela Marini (Fanny); Shangron Jiang le contexte du "choc des civilisations" tel non seulement dans la production bee- Graf – l’un de 1818 et l’autre de 1824 (Struley); Antonino Mistretta (Geronio); Orchestra qu’envisagé au 19ème siècle, l’op. 113 thovénienne mais dans l’histoire de la ainsi qu’un Franz Bayer, également Accademica del Conservatorio Santa Cecilia Roma; est opportunément actualisé dans une musique. Comme toujours, prise de son de Vienne, daté de 1825. Trois instru- Maurizio Ciampi, direction perspective humaniste et universaliste et exhaustivité du livret incomparables. ments dont les couleurs et timbres sont LDV14053 • 2 CD Urania puisque à la fin du texte de Kotzebue (Alain Monnier)

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2; Trois Pièces pour clarinette et piano, op. emporte d’un geste la 8e Symphonie est bien en peine de retrouver le style le répertoire postromantique, Bruckner, 20; Berceuse pour violoncelle et piano, op. dans les harmonies autrement sombres du futur symphoniste. L’intérêt de ce mais aussi Wagner et Strauss. Les 34; Trois Pièces pour clarinette et piano, d’un splendide Orchestre Royal du nouveau CD réside dans son exhausti- deux œuvres sont vécues comme de op. 40; Suite Orientale pour violoncelle et Danemark qui reflète ses teintes de vité, puisqu’il inclut même des pièces véritables épopées, totalement décon- piano, op. 42 crépuscule dans le vaste amphithéâtre à quatre mains et treize morceaux nectées de leur dimension spirituelle, Andrzej Wojciechowski, clarinette; Anna Sawicka, violoncelle; Anna Mikolon, piano de l’Opéra de Copenhague. Une sym- jusque-là inédits au disque. Défendu notamment pour ce qui concerne la phonie de la nuit, où rien ne pèse, cette avec conviction par l’excellente Ana- Septième Symphonie. Le matériau est à AP0464 • 1 CD Acte Préalable battue verticale s’élevant sans cesse et Marija Markovina bien connue par son l’état brut et le pathos réduit à sa plus e n'est qu’à une santé fragile que envolant jusqu’à l’Adagio qui déploie intégrale des œuvres pour piano de CPE simple expression. Les rythmes sont CRené Mouton de Boisdeffre ( !) doit son immense Nachtmusik sans trainer, Bach, cet ensemble est à recomman- tranchés à la serpe et les tensions cu- d'avoir échappé à la tradition militaire fluide, magique, et sombre mon Dieu ! der en priorité à ceux qui, connaissant mulées donnent une impression de ré- de sa famille, après son père colonel et Le final rayonne, course sans abîme déjà parfaitement l’œuvre symphonique serve de puissance stupéfiante. Le style ses grands-pères généraux, et de s'être lancé par la timbale, pas une once de et sacré de Bruckner désirent explorer de Mravinski est inimitable : il laisse la tourné vers la musique. Né à Vesoul en pathos, pas d’effet, mais un chant infini les marges de la création d’un maître mélodie se développer sans contrainte 1838, le jeune homme, initié à la mu- et preste qui achève de me convaincre décidément à part dans le XIXe siècle. par ses solistes puis reprend subite- sique par sa mère excellente pianiste et de ce retour à Bruckner. Puisse Hartmut (Richard Wander) ment le contrôle avec la plus grande chanteuse, se rend à Paris en 1843 et, Haenchen et les Danois poursuivre pour autorité. La conception de Mravinski en contact avec Lalo, Saint-Saëns, Mas- les micros de Geniun ce que j’espère est celle d’un tragédien. Une fantastique senet, étudie avec Charles Wagner et être une intégrale des neuf symphonies. expérience de direction d’orchestre. Auguste Barbereau. Il étudie passionné- (Jean-Charles Hoffelé) (Jean Dandrésy) ment les œuvres de Gounod, mais aussi Beethoven, Bach, Mendelssohn, et se met à composer de la musique sacrée (Messe de Notre-Dame de Sion, O Salu- taris, Ave Maria) mais aussi vocale et instrumentale. La musique de chambre, avec plus de 60 pièces, constitue la (1824-1896) majorité de son œuvre. Plutôt traditio- Anton Bruckner naliste, de Boisdeffre est avant tout un Symphonies n° 7 et 8 mélodiste. C'est ce que démontrent Leningrad Philharmonic Orchestra; Evgenij Mravinsky, direction tous les morceaux enregistrés ici, au (1824-1896) Anton Bruckner (1900-1990) caractère très vocal, à l'exception de WS121378 • 2 CD Urania Aaron Copland Kitzler-Studienbuch; Lancier-Quadrille en la sonate pour clarinette et piano, plus ce jour – et sous réserve de la "Appalachian Spring", suite pour 13 do majeur, WAB 120; 3 Pièces pour piano ambitieuse. Originellement écrite pour instruments; "Quiet City", suite pour cor à 4 mains, WAB 124; Quadrille pour piano À découverte de nouvelles archives – anglais, trompette et orchestre; Concerto le violon et dédiée à Delphin Alard à 4 mains, WAB 121; Pièce pour piano Evgeny Mravinski n’a laissé au disque pour clarinette et orchestre à cordes (célèbre violoniste, auteur de duos pour en mi bamol majeur, WAB 119; "Stille que trois symphonies de Bruckner : 7e, violons très virtuoses), elle est publiée Betrachtung an einem Herbstabend", WAB 8e et 9e. Une seule fois les deux pre- Sebastian Manz, clarinette; Wolfgang Bauer, trompette; Céline Moinet, cor anglais; Württem- également dans une version pour clari- 123; "Steiermärker", WAB 122; Fantaisie, mières (25 février 1967 pour la 7e et 30 nette, qui a été reconstituée pour cet en- WAB 119; "Erinnerung", WAB 117 bergisches Kammerorchester Heilbronn; Case juin 1959 pour la 8e) qui nous occupent. Scaglione, direction registrement, l'édition d'origine s'étant Ana-Marija Markovina, piano; Rudolf Meister, L’œuvre de Bruckner lui était pourtant 0301411BC • 1 CD Berlin Classics perdue. Boisdeffre sera coutumier du piano familière en concert. Le label Urania fait de proposer plusieurs instrumen- HC17054 • 1 CD Hänssler Classic Records a remastérisé les bandes des ’œuvre de Copland est autant impré- tations pour ses œuvres, mettant en ymphoniste considérable, organiste deux symphonies bien connues pour Lgnée de l’histoire américaine et de vedette notamment l'alto, peu utilisé à Simprovisateur de génie d’après les avoir été plusieurs fois rééditées. La ses mythes que de ses musiques folk- cette époque. Cette musique lumineuse témoignages qui nous sont parvenus, sonorité est plus claire, incisive, les loriques et du jazz. Les compositions de et limpide a gardé tout son charme Bruckner était aussi un excellent pia- dynamiques mieux contrôlées. On reste ce programme en sont un bel exemple. mélodieux dans la belle interpréta- niste, qui donna surtout au début de sa d’abord frappé par les couleurs du Phil- La suite "Appalachian Spring" (1944), tion proposée ici par des interprètes carrière des cours de piano pour sub- harmonique de Leningrad : des timbres ici dans sa version originale pour polonais très impliqués. (Jean-Michel sister. Mais comme compositeur, il ne uniques dans les cuivres, l’impact aussi treize instruments, nous entraîne sur la Babin-Goasdoué) laisse que des piécettes pour le clavier, des cordes, la profondeur du son. Il y piste des pionniers au sein des grands valses, marches, danses, études, feuil- a parfois quelques “incidents” pour ce espaces américains alternant évoca- lets d’album souvent très brefs (plu- qui concerne la justesse ou l’intonation tions pastorales radieuses, rythmes sieurs ne font même pas une minute), (bois, cors), mais le résultat est saisis- de danses folkloriques et citation d’un dans lesquels l’oreille la plus exercée sant d’expressivité. Mravinski appréciait hymne de la congrégation des Shakers.

il serait injuste de passer sous silence façon spectaculaire. En restituant un In- Sélection ClicMag ! le centenaire du décès de Max Bruch, termezzo supprimé après les premières romantique indéfectiblement attaché exécutions en 1868 comme deuxième au langage de sa jeunesse (il était né mouvement, il donne à l’œuvre entière seulement cinq ans après Brahms, mais Anton Bruckner (1824-1896) un autre équilibre proche de la Rhénane mourut vingt-trois ans plus tard, alors de Schumann et une inventivité qui fait Symphonie n° 8 en do mineur que le langage musical avait connu une défaut à la version plus classique en The Royal Danish Orchestra; Hartmut Haenchen, véritable révolution pendant ces vingt- direction quatre mouvements qu’on connaissait trois années). CPO a déjà enregistré de jusque-là. Si la troisième, certes pleine GEN18622 • 1 CD Genuin nombreux inédits du compositeur et de vie manque toujours un peu de es relectures drastiques des opéras nous propose aujourd’hui une vraie réé- cette originalité, la découverte de cette de Wagner et des symphonies de valuation de ses trois symphonies. On S (1838-1920) première restaurée n’en est pas moins Mahler, ces dernières trop sous esti- Max Bruch croyait depuis les intégrales de Masur majeure. En complément plusieurs pré- mées, devaient logiquement conduire Symphonies n° 1 à 3, op. 28, 36, 51; et Conlon que la cause était entendue : Hartmut Haenchen à revenir à l’univers Extraits de l'opéra "Hermione", op. 40 [Pré- l’orageuse et puissante deuxième avec ludes et extraits orchestraux rappellent Bruckner : un début d’intégrale avec lude; Marche funèbre; Entracte]; Ouverture sa structure en trois mouvements et le goût de Bruch pour les grandes le Netherlands Philharmonic entrepris de l'opéra "Lorelei", op. 16; Prélude de son finale hymnique dominait les deux fresques vocales, opéras comme "Her- l'oratorio "Odysseus", op. 41 dans les années 90 aura tourné court, autres. Et voici que Trevino à la tête de mione" et "Loreley" (dont une intégrale Bamberger Symphoniker; Robert Trevino, direction mais ses lectures cursives des 3e, 7e l’orchestre de Bamberg, une phalange marquante a été gravée récemment par et 9e Symphonies captées en concert CPO555252 • 2 CD CPO particulièrement adaptée au romantisme Stephan Blunier pour le même éditeur) dans l’acoustique profonde du Concer- e deux cent cinquantième anniver- allemand qui descend de Mendelssohn ou oratorios comme "Odysseus". Un tgebouw auront alerté les Brucknériens Lsaire de la naissance de Beethoven et Schumann par sa chaude couleur album à marquer d’une pierre blanche. fervents. Cette fois Hartmut Haenchen fait un peu le vide autour de lui. Pourtant harmonique réévalue la première de (Richard Wander)

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C’est une douce lumière nocturne que enfin l'éternité le change", car même est choisi en fonction de la structure diffuse ensuite "Quiet City" (1940). Sur Sélection ClicMag ! pour ce contemporain du Grand Siècle, dramatique et de l'accroissement de le velouté âpre des cordes perce la le mot "éternité" est un peu pompeux. la tension", le ton intime et familier de clarté de la trompette, personnage prin- Le révéler plutôt comme on révèle la confidence est présent jusque dans cipal auquel répond le cor anglais dans une photographie, avec la fraîcheur et les vivacités et les éclats, les replis et une atmosphère teintée de mystère. Si la surprise qui saisit quand on la fait les moires d'un pianisme supérieure- ces œuvres témoignent d’une certaine naître, ou comme le miroir illustrant la ment "dialogique" (comme aurait dit force émotionnelle, c’est dans le lyrisme notice du CD reflète la paume et la face Bakhtine) : sobre, voire dépouillé et superbement mélancolique du premier interne des doigts du pianiste, tandis pourtant toujours plein, sous lequel mouvement du concerto pour clarinette que son corps semble juste s'esquisser, se décèle secrètement, exquisément, (1947-49) qu’elle s’exprime pleinement. s'excuser et presque s'absenter. Cette et comme en filigrane la mémoire du La clarinette y déploie un charme divin image nette et évanescente, brillante et clavecin et du luth (quelle poésie dans posé sur un tapis de cordes auquel Louis Couperin (1626-1661) pourtant emprunte d'une subtile matité s'ajoute le timbre féerique de la harpe. est la métaphore même de la révélation l'expression sublimée puis sublime de Danses du Manuscrit Bauyn la mélancolie dans la passacaille en sol Une cadence brillante du soliste prépare Pavel Kolesnikov, piano sonore qui nous est ici offerte. "L'équi- au contraste d'un deuxième mouve- libre délicat entre ce qui vient du passé mineur !). Moires… mémoire. Ombres CDA68224 • 1 CD Hyperion ment percutant, aux accents urbains, et ce qui vient du présent me semble portées, lumière tendre ou plus vive, se modernes et jazzy. Bénéficiant d’une évéler Louis Couperin, compositeur tout à fait essentiel dans la pratique mu- doublent ou se dédoublent, s'étoffent interprétation dynamique, avec des Rde la 2e génération de la dynastie, sicale. Voilà sans doute pourquoi j'en réciproquement. Cet enregistrement solistes réjouissants et une prise de oncle de François "le Grand", et dont suis arrivé à enregistrer Louis Couperin récompensé - et déjà salué précédem- son valorisante, cet album nous fait l'œuvre a été peu enregistrée. Le révé- sur un Yamaha" déclarait l'interprète en ment dans ce magazine est une réussite apprécier l’univers expressif et imagé ler non tout à fait "tel qu'en lui-même 2018. Dans ces danses dont "l'ordre absolue. (Bertrand Abraham) de Copland. (Laurent Mineau) 1630) né à Bologne fit toute sa carrière présence d'instruments dans les pas- passant par les plus représentatives : Le dans cette même ville, d'abord en tant sages solistes (Une basse continue), un Packington's Pound, Sir Fulke Greville's que membre du Concerto Palatino où style Concertato (Seconde collection) et Pavan, Sir Walter Raleigh's Gaillard, et il remplaça son père puis de la presti- polychoral (Coro Battente), le dialogue les variations sur Greensleeves. Elles gieuse Accademia dei filomusi fondée à double chœur qui évoquent l'Italie du montrent une variété de structure et par Adriano Banchieri et à laquelle Nord et Venise en particulier. Il existe d'ambiances qui traduisent une fraî- appartiendra Monteverdi. Entre temps il donc une évolution de l'écriture et des cheur d'écriture libre et sans apprêts. publie trois livres de madrigaux (1583- techniques du compositeur bolonais qui De l'homophonie des gaillardes des 1586) puis de la musique sacrée dont rendent l'écoute de cette somme plus Jig's et des toys sémillants et rustiques trois collections de Messes (1595- intéressante que prévue. De plus, on aux développement polyphoniques des Camillo Cortellini (1561-1630) 1627). C'est ce corpus jusque-là inédit a affaire à des ensembles captés dans Pavanes, plus introspectives, le style de Intégrale des messes au disque qui a été confié à une dizaine leur jus, héritier d'une longue tradition Cutting se révèle assez singulier pour Choeur polyphonique Histonium «B. Lupacchino d’ensemble vocaux (pas moins !) basés de chant choral. La prise de son assez avoir suscité l'intérêt de l'interprète, dal Vasto»; Ensemble vocal Super Partes ; Choeur à Rome et à Bologne que le label Tac- lointaine donne une impression d'in situ offrant des idiomes distincts de ceux de chambre de Bologne; Choeur de chambre tus publie aujourd'hui. Si les madri- captivante, mêlant l'architecture des de ses contemporains Holborne en Eclectica; Choeur de Rome; Vocalia Consort; églises à celle de la musique. Une belle Studium Canticum; Choeur Euridice; Cappella gaux de Cortellini renvoient plutôt à la premier lieu. Domenico Cerasini les res- musicale della Basilica di S. Petronio; Ensemble Prima pratica qu'à la secunda codifiée découverte. (Jérôme Angouillant) pecte à la lettre et s'emploie à restituer «Color Temporis»; Choeur polyphonique de S. par Monteverdi, ses Messes baignent ces partitions avec esprit et doigté. Un Antonio Abate encore dans une polyphonie héritée de disque utile. (Jérôme Angouillant) TC560380 • 3 CD Tactus Palestrina (Première collection) à base ils d'un musicien renommé, le com- d'imitations accompagnée à l'orgue Fpositeur Camillo Cortellini (1561- sauf que chez Cortellini on remarque la

manence entre le classicisme formel et Sélection ClicMag ! un élan postromantique qui est porté par une prise de son charnue. Mar- tin Roscoe avait déjà gravé pour ASV, Francis Cutting (1583-1603) la Suite dans le Style ancien dont on Sir Walter Raleigh's Galliard; The Squir- peut s'étonner de l’incursion "baroqui- rel's Toy-Cutting's Comfort; Mrs. Anne Anton Eberl (1765-1807) sante" pour piano seul dans un monde Markham's Pavan; Galliard; Quadro Pavan; Intégrale des sonates pour piano chambriste post-brahmsien. Il faut My Lord Willoughby's Welcome Home; Luca Quintavalle, piano-forte (piano-forte P. imaginer l'expressivité de la musique Galliard; Pavana Bray; Galliard; Almain; McNulty, 2009, d'après Walter & Sohn, 1805) baroque telle qu'elle s'imaginait au Pavan Sans Per; Galliard; Greensleeves; BRIL95929 • 2 CD Brilliant Classics début du siècle : l'adaptation roman- Galliard; Jig-Toy; Walsingham; Galliard; tique et virtuose à la fois des principes Sir Fulke Greville's Pavan; Galliard; n énième surgeon repêché de la Almain; Galliard; Packington's Pound Ernö von Dohnányi (1877-1960) de successions de danses. Mendels- profuse tradition viennoise baroc- Domenico Cerasani, luth U Six études de concert, op. 28; Suite dans sohn, Schumann et Brahms résonnent co-classico-préromantique, tendance BRIL96099 • 1 CD Brilliant Classics un style ancien; Six pièces, op. 41; PAssa- dans ces pages. Les Six Pièces datées autour de Stamitz de l'école de Mann- caille, op. 6; Rondo alla Zingarese de 1945 tentent d’oublier l’évolution ien qu'il fût, d'après les documents heim (brillante, expressive, surcontras- Martin Roscoe, piano dramatique de l’Histoire et des esthé- Bde l'époque, un luthiste amateur tée dans les nuances, sentimentalement CDA68054 • 1 CD Hyperion tiques. Rêveuses, bucoliques, humo- et un compositeur marginal Francis déboutonnée), tel claviériste fonction- ristiques, elles sont écrites avec une Cutting (1550-1596) reste cependant naire le bâclerait volontiers en préposé our son quatrième volume de l’inté- indicible nostalgie que Martin Roscoe une figure majeure de la période Eli- de la poste reconverti aux travaux d'ai- Pgrale de l’œuvre du musicien hon- traduit avec beaucoup d’élégance. Les zabethaine. Auteur d'une cinquantaine guilles : ça vous tricote et ça vous expé- grois (après les deux concertos pour deux partitions qui complètent ce récital de pièces pour luth dont plusieurs die. Mais là, on aurait tort ainsi d'enfi- piano), Martin Roscoe réunit trois enchantent. Prouesse du contrepoint, figurent dans le fameux "A new book of ler l'Eberl, dont l'intérêt nous éberlue grands cycles. La virtuosité et la clarté la Passacaille pourrait se transposer tabliture" de l'imprimeur William Barley autant que la conviction du présent du jeu délié du pianiste mettent en au grand orgue alors que le Rondo alla (1596) qui comprenaient notamment pianofortiste (son instrument n'étant valeur les Six Etudes de concert dont Zingarese est tout simplement l’arran- les œuvres de Dowland et d'Holborne, pourtant pas de première beauté). A il s’éloigne avec justesse de la pure gement du finale du Quatuor pour piano Cutting méritait largement une mono- l'époque, notre Anton Franz Josef fut dimension pédagogique. De fait, cer- n° 1 de Brahms. Une belle intégrale graphie. Le programme du luthiste agrégé à la sainte trinité Haydn-Mozart- taines tirent leur influence de Brahms qui complète les témoignages que le italien Domenico Cerasani donne ici Beethoven, jusqu'à dérober à ce der- et d’autres, comme la Troisième, d’un compositeur grava entre 1929 et 1956. un aperçu des pièces du compositeur nier la faveur du public, tandis qu'une Rachmaninov. L’écriture oscille en per- (Jean Dandrésy) (pavanes, gaillardes, variations...etc) en interaction avec le second est avérée

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(annotations professorales de Mozart d’une époque qui taxait d’obsolètes est atténuée par une dimension “salon- uniment extraverties de Clémenti qui sur des manuscrits d'Eberl, dont cer- les modèles structurels jusqu’alors narde” et le souci de rester à la portée trouvèrent au XXe siècle un interprète taines œuvres furent faussement attri- en vogue, entrent en conflit avec son des amateurs de bon niveau. Les Valses aussi éclairé que Vladimir Horowitz, buées en retour à son maître). Le sang attrait pour la tonalité : la plupart des sont d’une veine plus viennoise ou, plus si ses Concertos furent jugés à l’aune empoisonné (septicémie), peut-être au pièces écrites dans la première moitié exactement, dans le style Biedermeier. non pas de ceux de Mozart dont ils se regret lucide que le susdit trio de tête des années 1960 restent ainsi inache- De ce récital, qui réunit pas moins de rapprochent par un faisceau d’affini- de la gloire ne fût avec lui plausiblement vées, irrésolues. Le Tombeau de Ravel quatre-vingt-une partitions, on retien- tés électives, mais de ceux autrement quarteron, il mourut dès 42 ans, ce qui est un hommage au maître français, dra, notamment, quelques valses novateurs de Beethoven, le reste de laisse imaginer ce qu'il aurait pu semer dont il avait visité la demeure, et ses comme celles de l’opus 83, Allotria op. son œuvre tomba dans l’oubli dès le d'encore plus original aux quatre vents trios, expressifs en même temps que 33 et Thème et Variations op. 13. Elles lendemain de sa mort. Quel choc de du nouveau tourment romantique. "Bien structurés montrent sa maîtrise de sont jouées avec beaucoup de saveur et redécouvrir dans le fort coffret de 20 qu'il ne fût pas grand, il était bien bâti", l’équilibre émotion/raison. Les œuvres de délicatesse par les deux pianistes. A disques qu’assemble Brilliant ce grand le croqua physiquement une gazette. chorales témoignent des qualités de noter que sept des treize opus interpré- œuvre couvrant tous les genres, de On serait tenté d'en dire autant de sa poète d’Escher, qui était aussi critique tés sont enregistrés en première mon- la musique de chambre à la musique musique, au risque d'en mésestimer et peintre. (Bernard Vincken) diale. (Jean Dandrésy) sacré d’église ou d’oratorio (l’écoute de quelque hauteur d'inspiration : plus "Le Passage de la mer rouge" réserve affirmative qu'éberlificotée, emportée, des surprises), et jusqu’à l’opéra où assénée, presque violente, d'un drama- Hummel savait briller sans vulga- tisme abrupt et empesé, pas vraiment le rité, comme l’illustre sa "Mathilde von tempérament à boire du raplapla. C'est Guise", le plus célèbre de ses vingt- du brutal, dira le tonton flingueur mélo- deux ouvrages lyriques ( !) plein d’airs mane. Ce charmant compositeur ayant châtiés et d’ensembles inventifs, aux eu réputation de ne voir chez quiconque orchestrations surprenantes qui ne sont que son vrai fond de bonté, ce rentre- pas sans évoquer celles de Mayr. Didier dedans esthétique n'est pas sans sur- Talpin en dirige une version lyrique à prendre. Mais après tout, le vent se lève Heinrich Herzogenberg (1843-1900) Johann Nepomuk Hummel (1778-1837) souhait et parfaitement distribuée. La de tant d'orages désirés, il faut tenter Intégrale de l'œuvre pour piano à 4 mains Intégrale des sonates pour piano et autres musique d’église est somptueuse, et d'aimer Eberl ! Surtout la sonate op. et pour 2 œuvres pour piano; Concertos pour piano, à l’instar de celle de Mozart, souvent 39, prophétiquement cyclique (écho du Duo Nadàn [Nadia and Angela Tirino] pour violon, pour basson, pour trompette, touchante, les partitions de chambre deuxième mouvement dans le finale). pour mandoline...; Musique de chambre; montrent l’invention poétique qui ne le BRIL95647 • 2 CD Brilliant Classics (Gilles-Daniel Percet) Messes; Oratorio; Mathilde, opéra quittait jamais, les Concertos qui fuient ’œuvre romantique d’Herzogenberg – Costantino Mastroprimiano, piano; Alessandro le style galant pour trouver l’émotion, Commellato, piano…; Solamente Naturali; Didier Lopéras, musique de chambre, pièces et les œuvres de clavier évidemment Talpain, direction… pour orchestre ou bien pour piano – restent au cœur de cette langue qui BRIL95792 • 20 CD Brilliant Classics puise dans l’écriture germanique de préfère aux formules d’école l’audace son temps, de Schubert à Brahms en amin, Mozart l’admit parmi ses et l’invention. Impossible de détailler passant par Schumann. Herzogenberg Gélèves, le logea chez lui. Admirait- les mérites des artisans qui ressus- fut un proche de Brahms qu’il vénérait. il le génie mélodique qui paraissait dés citent ici un compositeur majeur de son L’intégrale proposée par le duo com- que le jeune Hummel improvisait sur le temps ; l’injustice réparée fait émerger posé de Nadia et Angela Tirino permet pianoforte ? Ce sera ce satané piano- Hummel pour ce qu’il fut, un artiste d’entendre des œuvres datées de 1860 à forte qui fera sa gloire trompeuse : un inspiré qui aura conduit la musique ger- Rudolf Escher (1912-1980) 1897. Les superbes instruments Fazioli virtuose avant d’être un compositeur, manique vers les ténébreux horizons du captés dans l’acoustique chaleureuse un adolescent parcourant l’Europe en Concerto pour orchestre à cordes; Musique romantisme, avec élégance et ardeur. de l’auditorium de la firme à Sacile donnant des concerts brillants, rencon- pour l'Esprit en Deuil; Le Tombeau de (Jean-Charles Hoffelé) soulignent la finesse du cantabile de Ravel; Trio à cordes; Trio pour clarinette, trant Haydn, travaillant avec Clémenti alto et piano; Songs of Love and Eternity; ce pages que l’on croit transcrites de à Londres. Mais enfin, Hummel fut un Poems, first and second series; Le vrai mélodies ou de chœurs (là encore, un compositeur considérable, effectuant visage de la paix par Picasso et Eluard; lien direct et puissant avec les lieder de comme ses collègues tchèques Dus- Ciel, ari et vents; 3 Poèmes de W.H. Auden Brahms). Valses, Ländler, chant popu- sek, Benda, Vorisek, la délicate transi- Jacques Zoon, flûte; Herman de Boer, clarinette; laires lithuaniens Dainu Balsai, Allotria tion entre classicisme et romantisme. Bart Schneemann, hautbois; Ronald Hoogeveen, (bagatelles), colorent ce récital bâti, Il mit au point un style narratif qui lui violon; Zoltan Benyacs, alto; Dmitri Ferschtamn, pour l’essentiel, à partir de variations. fut propre et éclate dans ses splendides violoncelle; Glen Wilson, clavecin; Frank van Seul le premier cycle op. 13, Thème et Sonates de clavier que Beethoven louait de Laar, piano; Netherlands Chamber Choir; Ed Spanjaard, direction; Concertgebouw Orchestra; Variations est destiné aux deux pianos. avec raison et dont les grands canta- Ricardo Chailly, direction Les danses, précisément, sont d’inspi- biles anticipent sur celles de Weber. Si David Monrad Johansen (1888-1974) BRIL95967 • 3 CD Brilliant Classics ration d’Europe centrale. Toutefois, leur les Sonates connurent une postérité re- origine slave ou balte (Dainu Balsai) lative, mais bien moins que celles plus Concerto pour piano en mi bémol majeur, a musique de Rudolf Escher (1912- L1980) se positionne, dans la lignée de Ravel et Debussy, comme essentiel- Solistenensemble Ex Tempore [ blache; Franz Venise, peut-être par l’intermédiaire lement tonale. En mai 1940, Rotterdam, Sélection ClicMag ! Vitzthum; Daniel Schreiber; Dominik Wörner]; de Schelle, maître de Graupner et lui- où vit alors Escher, est copieusement Barockorchester Mannheimer Hofkapelle; Florian même disciple de Schütz. La seconde Heyerick, direction bombardée : la plupart de ses partitions partie du cd ne viendra pas contredire CPO555348 • 1 CD CPO disparaissent sous les décombres. Dès ce côté suave, à connotation piétiste, l’année suivante l’homme travaille à eaucoup a déjà été dit quant à présentant des chorals extraits d’autres Musique Pour L’Esprit En Deuil (1941- Bces cantates de la Passion et leur cantates, même si l’on peut imaginer 1943), dont l’humeur pesante, terrible- opportune publication par CPO. On a que cela nous prive d’autres belles arias. ment maussade, résonne des échos de pu à juste titre souligner leur qualité Par l’inventivité même du compositeur, la guerre, ses exactions, ses morts et d’écriture et d’exécution, et, moyennant brodant sur des mélodies connues, la ses deuils. Concerto Pour Orchestre A quelques réserves, un réel sens des palette raffinée de couleurs instrumen- Cordes (1947-1948), écrit au sortir du nuances dans l’un et l’autre contextes. (1767-1836) conflit, contraste par son alternance de Christoph Graupner Cette quatrième livraison propose une tales, l’expressivité des chœurs ou de moments exaltés et sereins - John Cage Cantates de la Pssion, vol. 4. Cantate "Das œuvre mettant en scène Jésus devant solistes comme Viola Blache ou Franz admirait le Concerto, à la stupéfaction Leiden Jesu vor dem Geist und weltli- ses juges, composée pour le 4ème Vitzhum, toute cette cohérence souligne d’Escher, qui détruisit la partition en chen Gericht"; Cantate "Die Gewaltigen dimanche de l’Avent (Freudensonntag) l’urgence d’une redécouverte qui s’im- raten nach ihrem Mutwillen"; Cantates 1960 (une copie sur microfilm a sur- 1741. Le caractère austère en est effi- pose. La qualité de l’enregistrement et "Betrachtungen über die Hauptumstände du livret (allemand-anglais) se révèle à vécu). Ses expérimentations (électro- des Grossen Versöhnungsleiden unseres cacement adouci par l’exquise délica- nique et sérialisme), à la fin des années Erlösers", GWV 1132/41; 13 cantates, tesse de magnifiques arias qui ne sont la hauteur de l’enjeu et vient couronner 1950, des préceptes avant-gardistes extraits des Cantates de la Passion pas sans rappeler Haendel ou évoquer l’ensemble. (Alain Monnier)

www.clicmusique.com  ClicMag juillet/août 2020  9 Alphabétique op. 29; Pan, op. 22; Épigrammes sur des Ivo Kahanek, piano Emma Parmigiani; Walter Pezzali; Luca Reverberi; motifs norvégiens, op. 31; Variations SU4259 • 2 CD Supraphon Enrica Savigni; Alberta Stefani; Erik Storari; Marco symphoniques et fugue, op. 23 Toscani; Davide Tortorelli; Giovanni Veneri; Andrea e piano tchèque après Janácek Zanichelli; Ensemble da Camera e Orchestra del Oliver Triendl, piano; Kristiansand Symphony risquait d’être une gageure, peu Conservatorio "Arrigo Boito" di Parma Orchestra; Eivind Aadland, direction L l’osèrent, sinon Bohuslav Martinu pour TC901390 • 2 CD Tactus CPO555246 • 1 CD CPO qui cet instrument était vital jusqu’au u sein de ce XXe siècle, qui vit la sein de l’orchestre, et comme Janácek a vie musicale norvégienne des an- musique évoluer des derniers feux il y cultiva un univers poétique intime A nées trente peinait à départager les du romantisme jusqu’aux expérimen- L mâtiné de thèmes et de rythmes popu- deux héros de sa modernité, Ketil Sae- (1903-1964) tations les plus avant-gardistes, Franco Bozidar Kunc laires. Viktor Kalabis prit le contrepied, verud et David Monrad Johansen. Au Margola (1908-1992) choisit la voie B. Kunc : Quatuor à cordes en fa majeur, inscrivant ses trois Sonates dans le premier la nostalgie incurable et poé- d’un modernisme modéré. Son style, op. 14 / F. Lhotka : Elégie et Scherzo pour grand concert européen d’après guerre, fait de clarté lumineuse dans l’expres- tique qui en faisait l’héritier naturel de quatuor à cordes / J. S. Slavenski : Quatuor du moins les deux premières où passent à cordes n° 4 sion, de solidité dans les structures Grieg, au second les audaces relatives les ombres d’Hindemith et de Bartók. Sebastian String Quartet formelles et de souci d’aller à l’essentiel d’un composteur qui avait fait son miel Ivo Kahanek qui avait déjà mis son pia- dans le discours, laisse souvent paraître des vies musicales parisiennes et berli- CPO555297 • 1 CD CPO nisme anguleux à quelques sonates de une forme d’optimisme et d’énergie très l semble assez logique que la musique chambre du même compositeur, affute noises et qui professait une admiration éloignés des tourments dans lesquels la de compositeurs originaires de Slo- son clavier, les joue sec, âpre, droit sans faille pour Stravinski. La Seconde I modernité s’est parfois un peu complue. vénie, de Serbie et de Croatie, toutes quitte à tendre vers un certain classi- Guerre Mondiale allait les départager, le Comme le montre le mouvement lent de trois Enclavées entre l’Autriche, l’Ita- cisme qui les dépouille de leur urgence premier choisissant le camp des Résis- son Concerto pour piano op. 30 (dont la lie et la Hongrie, porte les stigmates dramatique. Mais lorsque les pages les tants, le second adhérent au Parti Nazi. 1ère mondiale fut jouée en 1944 par son d'un Beethoven, d'un Bartok, voire un plus lyriques paraissent, ce clavier clair ami Arturo Benedetti Michelangeli), ses La libération venue l’œuvre de Saeverud Boccherini ; cela serait cependant bien soigne les atmosphères : écoutez seule- affinités se situent manifestement du fut encensée, alors que David Monrad raccourci de la réduire à cette analyse. ment le Prélude de la Troisième Sonate côté de Ravel et de Bach. Mais Margola Johansen était condamné à quelques Et pour cause, les œuvres pour quatuor écrit trente quatre ans après la Deu- n’a pas craint pour autant d’envelopper années de travaux forcés. L’anthologie à cordes de Bozidar Kunc, Fran Lhotka xième. Le second disque regroupe les cette sensibilité néoclassique dans un orchestrale que réunit Edvind Aadland et Josip Stolcer Slavenski rassemblées pièces brèves, Polkas stylisées, études langage moderne allant parfois jusqu’à masquées sous le titre d’Accents, dresse le portrait du compositeur du- ici ne manquent pas de caractère ni de une franche atonalité. L’anthologie Enigmes claires, le chef d’œuvre étant rant l’occupation et après la libération. singularité, au contraire même. C’est proposée ici comporte des pièces très la suite de 1975, Entrata, Aria e Toccata, Le sombre Pan de 1939 serait-il un aussi un disque qui permettra de redé- diverses toutes enregistrées pour la qui nous rappelle que Victor Kalabis fut hommage à Sibelius ? Monrad Johan- montrer l’infinie inventivité que porte et 1ère fois – mélodies pour voix, musique portera toujours la formule du quatuor à la ville l’époux de Zuzana Ruzickova, sen y raffine un orchestre évocateur de chambre dans plusieurs configura- légendaire claveciniste qui dévoua son à cordes, véritable énergie renouve- tions très différentes, concertos variés pénétré d’un certain impressionnisme existence à l’œuvre de Johan Sebastian lable du répertoire. Enfin, il va sans dire (pour piano, clavecin, basson, trom- debussyste comme le furent Les Océa- Bach dont elle grava tout l’œuvre de cla- que le travail réalisé ici par le quatuor pette et cordes) – et nous permet de nides. Les Epigrammes sur des motifs vecin. (Jean-Charles Hoffelé) Sebastian ouvre un immense champ découvrir avec plaisir une voix originale. norvégiens sont autant de délicates des possibles qui pourrait germer de (Emmanuel Lacoue-Labarthe) vêtures de thèmes populaires, avec un ces œuvres si peu jouées, aux horizons violoneux qui y contrechante, l’heu- d’interprétation prometteurs, tellement reuse modestie du propos étonne, à les ressources utilisées font appel à une cent lieux des tentations modernistes large palette technique. Mais les modes qui pimentent l’œuvre majeure de l’al- et la pression des ventes, c’est une autre histoire. (Jérôme Leclair) bum, le Concerto pour piano de 1955 avec son orchestre bruitiste, ses har- monies pimentées, Olivier Triendl l’enle- vant avec virtuosité. Quel contraste avec Franco Margola (1908-1992) les œuvres de la décennie précédente, Musique de chambre; Concertos (1874-1934) qui s’entend encore dans les Variations Henri Marteau Ivano Ascari; Michele Ballarini; Carlo Quatuor à cordes n° 1, op. 5; Quintette symphoniques que le compositeur Baroni; Giulio Alessandro Bocchi; Francesco pour clarinette, op. 13 n° 1 révisa en 1959 et encore en 1964, en Buccarella; Roberto Cappello; Raffaele Cortesi; Jean-Michel Charlier, clarinette; Quatuor Isasi éclairant les arcanes regeriennes. Et Enrico Contini; Massimo Ferraguti; Franco Fusi; maintenant, si Eivind Aadland et ses Carlotta Gambarelli; Laura Ghisotti; Massimo CPO555129 • 1 CD CPO Guitetti -Eiko Koizumi; Evelina Le Rose; Anna (1923-2006) écidément, en choisissant d’explo- Kristiniens se lançaient dans une inté- Viktor Kalabis Mancini; Pierpaolo Maurizzi; Luigi Mazza; Gabriele grale Saeverud ? (Jean-Charles Hoffelé) L'Œuvre pour piano Mendolicchio; Giordano Olivieri; Fabrizio Oriani; Drer la production de Henri Marteau, violoniste et compositeur français né à Reims mais qui fit l’essentiel de sa car- nie déguisée. Geneviève Laurenceau, cipe cyclique de Franck pour écrire une rière en Suisse puis en Allemagne où il Sélection ClicMag ! Maximilian Hornung et Oliver Triendl vaste fresque narrative. Ces deux opus devint l’ami et l’interprète de prédilec- l’ont bien compris, qui le jouent avec veulent d’abord un pianiste de première tion de Max Reger, CPO a eu une fois une puissance toute orchestrale, et de plus la main heureuse. Ce deuxième force : c’est lui qui règle le discours et lui donnent un élan, pour la tempête volume d’oeuvres pour ou avec quatuor du premier mouvement où les danses crée le paysage. Oliver Triendl est exem- à cordes associe le premier quatuor de populaires du finale, que l’œuvre atten- plaire, virtuose consommé et cham- 1900 dans lequel s’affirme le style de dait. Ainsi transporté, il devient le chef briste qui doit faire tenir un orchestre l’auteur, plus marqué par les derniers d’œuvre parmi les trios romantiques de dans son clavier. Mais pour la Sonate, quatuors de Beethoven que par ses propres contemporains comme Reger l’école française, à égalité avec celui de impossible de ne pas saluer l’ardeur Guillaume Lekeu, antérieur de quinze à la complexité harmonique plus affir- ans. Fauré, puis Ravel ouvriront ensuite qu’y met Geneviève Laurenceau, archet mée. On salue la prestation du quatuor Albéric Magnard (1865-1914) de nouveaux horizons. Le couplage torrentiel, touche d’une justesse impec- Isasi dans cette page très exigeante et cable, elle en signe simplement la ver- Trio pour violon, violoncelle et piano, op. avec la tout aussi vaste Sonate pour jusque là inédite au disque mais dont 18; Sonate pour violon et piano, op. 13 violon et piano écrite en 1901 pour sion de référence et je lui abandonne les la construction très subtile requiert une Ysaye dont elle est le portrait musical concentration poussée des interprètes Geneviève Laurenceau, violon; Maximilian lectures pionnières de Gérard Poulet, de – les traits rapsodique qui ouvrent le comme des auditeurs. Le couplage pro- Hornung, violoncelle; Oliver Triendl, piano Robert Zimanski et de Régis Pasquier, premier mouvement, c’est la fougue du pose la partition la plus connue (tout CPO777765 • 1 CD CPO virtuose belge incarnée ! – est logique. affaire de timbre, affaire surtout de fer- est relatif) de Marteau, son quintette e vaste Trio qu’Alberich Magnard Et là encore, l’imagination de Magnard veur. Et quel cantabile dans le second avec clarinette écrit pour le célèbre Lacheva en 1905 est une sympho- parait sans borne, abandonnant le prin- mouvement ! (Jean-Charles Hoffelé) Richard Mühlfeld, le clarinettiste qui

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CPO555296 • 1 CD CPO envoutant de poésie, comme l’Elégie l’origine pour saxophone mais trans- Sélection ClicMag ! ilan Mihajlovic aura remis au-de- pour cordes aux glissandos et aux por- crit par l’interprète de ce disque, parent Mvant de la scène la musique sa- tamentos venus d’un autre temps, alors du compositeur, pour violoncelle et le vante serbe, la sauvant du conformisme que les Bagatelles abondent en cita- concerto pour piano, deux pages de la folklorisant qui l’avait étouffée durant tions bartokiennes savamment voilées. fin des années trente dont la concision l’ère de Tito. Son gout pour l’orchestre à Le disque se referme sur les mystères (le concerto pour piano dure 9 minutes) cordes, pour les formations réduites où envoutant du Memento où Mihajlovic montre combien Van Der Pals s’était vient chanter un instrument soliste, le explorent dans la magie des timbres éloigné du post-romantisme généreux ton volontiers mystérieux de ses œuvres d’un grand orchestre utilisés en touches de ses débuts pour une forme de néo- où s’évoquent tour à tour Bartók, Baird, chambristes un monde de songes classicisme teinté d’un peu de roman- Panufnik – une certaine filiation avec la sonores envoutant. C’est le sommet tisme. Enfin, une suite d’orchestre tirée nouvelle musique polonaise des années de Mönch Wanderer, une vaste com- Milan Mihajlovic (1945-) du disque qu’il nomme avec raison. cinquante/soixante s’affirme dans son position scénique dont le texte est du Lectures parfaites, millimétrées, trans- "Bageteles" pour violon, cordes et clavecin; écriture nette jusque dans l’étrange - les compositeur et qui l’occupa une dizaine "Melancholy" pour hautbois, cordes et parentes, d’un orchestre somnambule discrètes évocations filigranées à un d’années de 1921 à 1931 montre que piano; "Fa-mi(ly)", pour cordes et piano; mené avec lyrisme par Howard Griffiths folklore imaginaire, le rendent immé- Van Der Pals avait aussi des ambitions Elégie pour cordes; "Memento", pour qui nous doit une suite : Silenzio, Sha- orchestre diatement reconnaissable. Merveille, créatrices quasiment scriabiniennes dows of Dreams and the Sea, les Méta- Yoriko Ikeya, clavecin; Jan Mracek, violon; Mélancolie pour hautbois, cordes et dans ses opéras et partitions scéniques. morphoses symphoniques, le Concerto Juliana Koch, hautbois; Robert Starke, piano; Bran- piano – l’omniprésence du piano dans Grâce à des interprètes peu connus denburgisches Staatsorchester Frankfurt; Howard l’ensemble instrumental est comme pour piano attendent leurs premières au mais très investis dans leur mission, ce Griffiths, direction un hommage constant à Martinu –, disque. (Jean-Charles Hoffelé) nouveau jalon dans la redécouverte de ce personnage singulier suscite notre inspira à Brahms ses propres œuvres, ou quatuor) pour reprendre à sa ma- si à leur manière une suite de vignettes intérêt et nous laisse espérer que CPO les deux sonates, le trio et surtout le nière quelques fugues du Cantor tirés que Simon Callaghan joue avec plus de gravera ensuite les autres symphonies quintette avec clarinette opus 115. Si du Clavier bien tempéré et de l'Art de poésie que de brio. À la fin de l’album du compositeur dont l’ambitieuse deu- Mühlfeld mourut juste avant la création la fugue ainsi qu'une fugue de Wilhelm parait un cahier merveilleux, comme xième souvent présentée comme son de l’œuvre de Marteau en 1908, celle- Friedemann, autre grand contrapun- hors du temps, d’une délicatesse infinie chef d’œuvre. (Richard Wander) ci n’en demeure pas moins un jalon tiste. Mozart introduit chaque fugue par que le pianiste pare de teintes choi- important entre l’opus 115 de Brahms des préludes de son invention (notés sies, caresse d’un toucher adamantin. et l’opus 146 de Reger, d’une dizaine Adagio et Largo) quant aux fugues Ce Liebesleben est évidemment aussi d’années postérieure. Mais Marteau elles sont simplement transcrites pour schumanien, mais plus subtilement dé- trace son propre sillon, crée un rap- les cordes. Le trio Mosca / De Rosa / taché de son modèle, le piano y chante port très original entre l’instrument à Scandelli propose donc une lecture de comme une cantatrice ce que Nicodé vent et le quatuor et se démarque avec ces partitions en trio. Choix légitime qui indique comme des "Poësieen" et là le beaucoup d’originalité de Brahms tan- nous fait distinguer chaque voix avec toucher subtil de Simon Callaghan fait dis que Reger se situera, certes avec une précision calligraphique et le rôle de mouche, rendant justice à ce talent dis- génie, dans la descendance de son chaque instrument dans la progression cret. (Jean-Charles Hoffelé) grand aîné. Le clarinettiste belge Jean- polyphonique. On regrettera parfois un Sergei Rachmaninov (1873-1943) Michel Charlier rend tout son lyrisme à jeu en accordéon, une instabilité dyna- Fantaisie-tableaux pour 2 pianos; Suite n° cette page d’une puissante originalité. mique qui nuit à la fluidité du contre- 2 pour 2 pianos, op. 17; Six Morceaux pour Superbe disque à découvrir pour réha- point (La fugue du premier numéro piano à 4 mains, op. 11 biliter la musique d’un musicien rejeté semble se dégonfler au bout d'une ving- Charles Owen, piano; Katya Apekisheva, piano pendant la première guerre mondiale taine de mesures) et quelques afféteries AVIE2381 • 1 CD AVIE Records par les deux camps, coupable d’avoir du violon. L'ensemble s'écoute cepen- été un français vivant à Berlin (il avait dant avec plaisir et relève d'un niveau la n premier disque Stravinsky ("Pe- succédé à Joachim comme professeur discographie de ces œuvres peu jouées. Utrouchka", "Le Sacre") chez Quartz, au conservatoire) et considéré de ce (Jérôme Angouillant) dont je ne sais rien, a enthousiasmé fait comme un traître de chaque côté du (1884-1966) la presse britannique, et pour ma part Rhin… (Richard Wander) Leopold van der Pals tous les disques de Charles Owen au- Pièce concertante pour violon et orchestre, ront retenu en bien mon attention, son op. 10; Concertino pour violoncelle et album Poulenc (les plus belles "Soirées orchestre, op. 108; Concerto pour piano & orchestre, op. 100; Sphären-Musik zu dem de Nazelle") et ses "Barcarolles" de Fauré dramatischen Gedicht Mönch Wanderer, en premiers. L’accord poétique qui le op. 84 réuni avec Katya Apekisheva parait dès Gordan Trajkovic, violon; Otbias van der Pals, vio- la "Barcarolle" des magiques "Fantaisies- loncelle; Marianna Shirinyan, piano; Helsingborg tableaux", tiendrais-je ici une nouvelle Symphony Orchestra; Fredrik Burstedt, direction version majeure de ce cycle ? Lorsque Jean Louis Nicodé (1853-1919) CPO555316 • 1 CD CPO les Rossignols de "La Nuit", "l’Amour" 6 Fantaisies, op. 6 "Andenken an Robert euxième volume de la série que résonnent, j’en suis certain. Et pourtant (1756-1791) W. Amadeus Mozart Schumann"; Variations et Fugue sur un DCPO consacre à Leopold van der les Suites de Rachmaninov, si courues Adagios et fugues n° 1, 2, 3, 4 et 6; Largo thème original, op. 18; 10 Poésies, op. 22 Pals, musicien né à Saint Pétersbourg au disque, auront suscité depuis les et fugue n° 5 "Ein Liebesleben" d’une famille d’origine hollandaise. Petit albums princeps de Vronsky-Babin et Liana Mosca, violon; Gianni de Rosa, alto; Simon Callaghan, piano fils du directeur du conservatoire, Leo- du génial duo d’occasion mariant Gri- Marcello Scandelli, violoncelle CDA68269 • 1 CD Hyperion pold baigna dans la musique dès son gori Ginzburg et Alexander Goldenwei- STR37044 • 1 CD Stradivarius n ne sait plus rien de Jean Louis enfance et fréquenta les compositeurs ser quantité d’enregistrements magni- n retraçant toute l'historique et la ONicodé, patronyme à consonance russes connus de son époque. Sur la fiques. Owen et Apekisheva ajoutent Edécouverte des partitions de ces française d’un compositeur absolument recommandation de Rachmaninov il leurs interprétations fluides, cherchant Préludes et Fugues K404 de ( ?) Mozart allemand, sinon qu’il dérangea plus alla ensuite en 1907 étudier à Berlin la nuance piano, se défiant de toute (via Wilhelm Rust, Nepomuk David, qu’il n’arrangea l’Allegro de concert de avec Glière. C’est de cette époque que brutalité – ce qui fait la Deuxième Suite Alfred Einstein, et Adolf Hoffman) il en Chopin. Ses œuvres pianistiques valent date le morceau de concert pour violon plus lyrique qu’à l’habitude –, chantant ressort in fine une attribution incertaine. mieux que cette tambouille, même si le et orchestre qui ouvre le CD, une belle dans la profondeur des claviers. A ce jeu Cela dit, Mozart était sensible au contre- premier opus de cet album, les "Anden- page dans le style de son maître orches- si mesuré, si pensé, l’opus 11 déroule point de l’œuvre de Bach. Il maîtrisait ken an Robert Schumann", sacralise un trée avec maestria, créée en 1911 et ses morceaux de fantaisie comme au- cette technique parfaitement et n'hési- modèle. Les harmonies de Nicodé sont dont la forme rhapsodique explique le tant de précipités poétiques, musiques tait pas à s'en servir dans ses œuvres souvent émouvantes, il est plus à l’aise choix du titre plutôt que celui de concer- d’un autre temps que je savoure sans vocales et instrumentales. Il choisit ici dans le bref que dans la grande forme et to. D’une tout autre esthétique relèvent pouvoir m’en déprendre. Puisse ce duo néanmoins un effectif réduit (duo, trio d’ailleurs les Variations op. 18 sont aus- le concertino pour violoncelle, écrit à persévérer. (Jean-Charles Hoffelé)

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fois. Fritz Wullmer avait pourtant crée le la manière que Richard Strauss mit à Sélection ClicMag ! 5 novembre 1895 la fantaisie hilarante sa Burlesque. Baroque aussi le "Praelu- du bavarois,mais Emil Nikolaus von dium und Fugue", mais on croirait que Reznicek ne résista pas à la tentation. Busoni y a glissé sa plume faustienne. Pour fêter le XXe Siècle l’enfant terrible Là encore, quel art de l’orchestre. Le de Vienne brossa les aventures de Till disque se referme sur une merveille, dans un poème symphonique tout aussi un "Nachtstück" où le violon nacré de étourdissant qui n’aura pas mérité de Sophie Jaffé, l’héroïne du Concerto, re- demeurer si longtemps dans l’ombre vient chanter dans un paysage de pure Sergei Rachmaninov (1873-1943) de son ainé de cinq ans. L’excellent magie : des cors, une harpe, les cordes, Concerto pour piano n° 1; Préludes pour Markus Bosch vous le fait virevolter, et ce violon qui chante comme la scène piano, op. 23 n° 1, 2, 5, 12; Rhapsodie sur comme d’ailleurs tout le reste de ce pro- finale d’un opéra de Strauss, de Korn- (1860-1945) un thème de Paganini Emil Nikolaus Reznicek gramme d’œuvres courtes qui constitue gold ? Plutôt Capriccio. Mais même si Anna Fedorova, piano; Sinofonieorchester St. Ouverture Idyllique "Goldpirol"; Wie Till le 9e volume de l’édition courageuse et Reznicek est conscient des maitres qu’il Gallen; Modestas Pitrenas, direction eulenspiegel lebte; Pièce de concert pour nécessaire que consacre CPO à cette vénère, sa création, sa créature, n’est CCS42620 • 1 CD Channel Classics violon et orchestre; Prélude et fugue; figure majeure de la Vienne post-ro- qu’à lui. Quel compositeur !, qui enfin Nachstück pour violon, cors, harpe et mantique. Au centre une merveille, un rejoint le concert de Vienne, celui de Rachma" n’a plus aujourd’hui à se jus- orchestre à cordes tifier d’avoir souhaité s’inscrire dans Concerto pour violon plein d’humour, Mahler, de Strauss, de Berg, de Weigel, " Sophie Jaffé, violon; Orchestre Symphonique de la tout enrubanné de baroqueries, une de Wellesz, de Schmidt, où il retrouve la tradition romantique de la virtuosité, radio de Berlin; Marcus Bosch, direction œuvre pour sourire, irrésistible pastiche enfin sa place. CPO annonce un pro- de l’harmonie et de la forme. La puis- CPO777983 • 1 CD CPO sance que dégage sa musique est restée qui accompagnerait à la perfection un chain volume, rien moins que son opéra intacte et s’affirme comme de plus en Till eulenspiegel", poème sympho- film de Lubitsch. Quelle imagination de 1929, "Benzin". Je vais guetter ça ! plus intemporelle. Le chef Pitranas et "nique de Richard Strauss ? Pas cette débordante, qui n’est pas sans rappeler (Jean-Charles Hoffelé) la pianiste Anna Fedorova, portés par une prise de son chirurgicale, délivrent à l’extrême limite de l’écriture vien- CPO n’avait pas entrepris l’exhumation de toutes les tentations modernistes. une interprétation pleine d'autorité et noise romantique. La partition apparaît sonore de son catalogue, celui-ci serait Tout gamin qu’il fut il ne put échapper de précision du premier concerto et comme une sorte de nuit étoilée, dans toujours lettre morte. Mais la perfec- à l’agitation artistique qui irriguait la de la rhapsodie sur un thème de Paga- le scintillement délicat des timbres tion de l’écriture, l’invention poétique, capitale viennoise, quelque chose de nini. Cette avalanche de virtuosité, qui qui ont fusionné. Le Sextuor à cordes l’omniprésence d’une certaine distan- ne supporte pas la moindre inertie, est d’une ampleur plus symphonique. ciation ironique, et puis à compter du cette tension créatrice subsiste dans ni la moindre seconde d'inattention, Terminée en 1910, la partition joue de dytique du 5e Quatuor cette angoisse le grand Quinette pour piano et cordes tant les lignes mélodiques virevoltent contrastes extrêmes notamment dans qui déclenche des lacis aux harmonies qu’il acheva en 1918. L’emprise de dans un dialogue acéré et très soutenu les dynamiques. Les timbres, parfois, troubles où semble se mirer Janacek la guerre y est omniprésente, tout le peut même friser avec un hermétisme font songer à la Nuit Transfigurée de sans que jamais pourtant les écueils, les démonstratif. C’est de cet écueil que premier mouvement se déploie sur un Schoenberg, voir au Bruckner des vertiges du langage beethovénien soient rythme de valse ralentie, voluptueux l’explosivité, la limpidité de l’articulation scherzos de symphonies dans le vivace oubliées, témoignent de l’essence et la luminosité du jeu d’Anna Fedorova et mortifère, immense palette de gris lorsque Reger emploie des éléments même d’un art parfait dans son inalté- nous préserve. (Jérôme Leclair) rythmiques issus de ländler. Le plus rable singularité. Six opus majeurs ré- colorés avec ça et là quelques touches beau mouvement reste indubitablement vélés par des instrumentistes inspirés, d’or, un Whistler en musique. Le thème le largo con gran espressivo, véritable la Grand Livre du Quatuor s’augmente. et variations qui forme le larghetto est poème symphonique au caractère (Jean-Charles Hoffelé) prodigieux d’invention, souvent en déjà expressionniste. Un beau disque. sourdine, alors que dans le final, une (Jean Dandrésy) danse populaire descendue des Tatras donne soudain une teinte moderniste qui achève de rendre cette partition fascinante. Le piano n’y est jamais em- ployé à des fins virtuoses, il apporte une (1873-1916) Max Reger dimension poétique supplémentaire, ce Quintette pour clarinette en la majeur, que Jonathan Plowright a bien com- op. 146; Sextuor à cordes en fa majeur, op. 118 pris, jouant de tous les timbres de ses Ludomir Rózycki (1884-1953) Thorsten Johanns, clarinette; Roland Glassl, alto; registres, se mirant dans les sombres Quintette pour piano, op. 35 / I. Friedman : Wen-Sinn Yang, violoncelle; Quatuor Diogenes (1860-1945) couleurs du Quatuor Szymanowski. Si Emil Nikolaus Reznicek Quintette pour piano en do mineur CPO555340 • 1 CD CPO Ignaz Friedman ne fraya jamais avec Quatuors à cordes n° 1, 3, 4, 5 et 6 Jonathan Plowright, piano; Quatuor Szymanowski isciple spirituel de Brahms, Reger a les musiciens qui formèrent le groupe Quatuor Minguet CDA68124 • 1 CD Hyperion Dcomposé une musique de chambre "Jeune Pologne" alors même que son CPO555002 • 2 CD CPO gnaz Friedman, poussé vers la carrière qui oscille entre l’impressionnisme et Quintette aurait suffit à lui assurer un les recherches harmoniques, aux fron- oilà, il faudra ajouter à l’histoire du de pianiste par son père, lequel espé- I place d’honneur, Ludomir Rozycki l’ini- tières de l’atonalité. L’univers complexe Quatuor viennois cinq nouveaux rait qu’il aurait eu vie plus sereine, plus V tia en compagnie de Szeluto, Fitelberg du musicien utilise tous les matériaux opus laissés de coté par une certaine heureuse que la sienne, se rêva compo- à sa disposition et les genres musicaux lecture historicisante qui n’aura voulu siteur, mais secrètement. Une kyrielle et Szymanowski. En 1913 il osait écrire les plus divers de la fin du 19e siècle, considérer personne dans ce pré carré d’œuvres pour son instrument où se un Quinette pour piano et cordes après à l’exception toutefois de l’opéra. Son entre Brahms et Schoenberg. Mais, mêlent partitions originales et trans- le chef d’œuvre que Juliusz Zarebski immense catalogue référencé sous impertinemment iconoclaste comme il criptions pleines d’esprit (parfois mar- avait achevé quelques mois avant sa le fut toujours, Nikolaus von Reznicek qué au sceau du génie comme sa ver- 150 opus (dont certains renferment mort en 1885. D’ailleurs il se délivre plusieurs partitions), réserve une part dans ses vingt ans des années 1880 file sion pianistique du Tempo di Minuetto de cet embarrassant modèle en coulant importante à la musique de chambre. une gifle à Beethoven dès son Premier de la 2e Symphonie de Gustav Mahler) A l’évidence, on songe en écoutant le Quatuor, alternant furiosos drastiques masquent quatre œuvres de musique son œuvre dans une veine plutôt fran- Quintette pour clarinette, à celui de qui singent le Quartetto Serioso et pure de chambre de première force : trois çaise. La partition est belle, impeccable- Brahms. Achevée en 1916, l’œuvre charme fripon, tout cela dans le même quatuors à cordes, et ce Quintette énig- ment réalisée, mais reste loin derrière assez bien présente au disque appa- tempo, sinon ce ne serait pas drôle. Je matique, fascinant, où passe l’ombre de les pouvoirs évocateur du Quintette de son professeur de composition à Berlin, raît d’une grande finesse d’écriture, me suis toujours demandé comment un Friedman, malgré tout les soins que lui voire d’un certain pointillisme à l’instar talent aussi éclatant que celui de Rezni- Ferruccio Busoni. Polonais absolument, prodiguent Plowright et ses amis. Et du mouvement vivace. La clarinette cek aura pu demeurer si méconnu, au et juif tout autant, alors enfant prodige de Thorsten Johanns se fond dans le point que seul le strepitoso de l’Ouver- dans une Cracovie sous gouvernance maintenant, que les Szymanowski nous quatuor et l’ensemble baigne dans une ture de Donna Diana en fut longtemps autrichienne, Friedman étudia dés 1904 enregistrent les trois Quatuors d’Ignaz douce lumière. Nous sommes alors au disque le seul écho. D’ailleurs si avec Leschetizky à Vienne, centre alors Friedman ! (Jean-Charles Hoffelé)

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de deux d'entre eux sur ce disque. musical de son temps, noircissant à On comprend cependant aisément la foison du papier à musique, construi- plainte de ce malheureux héros tel- sant trois vastes cycles - Concertos lement dès les premières mesures la pour violon (18), Symphonies (10), tâche semble à la hauteur de sa réputa- Quatuors (34) – sans renoncer au lieder tion : rapidité, lyrisme, exploitation sans ou à l’opéra ! Son Faust créé à Prague compromis des aigus de l’instrument… Porté par un orchestre bien homogène, en 1815 fit sensation, ouvrant la voie et des cordes qui déplairont à ceux qui à onze autres ouvrages lyriques. Les Clara Schumann (1819-1896) les aiment bien lissées, c’est aussi la Symphonies montrent son art à son Jan P. Sweelinck (1562-1621) plus divers, qui marie l’invention mélo- Concerto pour piano, op. 7 / F. Hiller : musique d'un compositeur intéressant Intégrale de la musique pour orgue et Pièce de concert, op. 113 / H. Herz : Rondo et qui compta en son temps. Contrebas- dique de Weber avec la conscience d’un clavecin de concert, op. 27 / F. Kalkbrenner : Le siste virtuose et compositeur (voilà qui temps musical long hérité de Schubert. Daniele Boccaccio, orgue, clavecin Rêve, op. 113 n’est en somme pas commun), il semble Musique pure souvent, mais aussi Sue-Ellen Paulsen, violoncelle; Tasmanian Sym- que sa virtuosité ait fasciné Vienne en BRIL95643 • 6 CD Brilliant Classics comme le voulait l’usage du temps, par- phony Orchestra; Howard Shelley, piano, direction son temps, de plus contemporain d’un our enregistrer l’intégrale pour cla- fois descriptive telle la 9e qui fait défiler CDA68240 • 1 CD Hyperion Mozart et d’un Beethoven, excusez du vier du grand compositeur néerlan- les saisons, ou philosophique comme P e 78e volume de la collection "The peu. Il composa aussi presque une cin- dais Sweelinck (1562-1621), le choix la 7e Symphonie qui cherche l’essence LRomantic Piano Concerto" propose quantaine de symphonie, dont la tren- des instruments est primordial, aussi trois partitions rares aux côtés du tième fait partie du programme proposé divine dans les nuées mais aussi sur la bien sur le plan de l’historicité que sur Concerto pour piano de Clara Schu- ici. Une vraie saveur de salon Viennois, terre. Si l’on accepte d’abandonner tout celui de la variété sonore : en l’occur- mann. Ce concerto dont la composition dans un temps qui faisait de la musique ce que l’on sait de l’évolution de la sym- rence, il s’agit de trois orgues histo- débuta alors que la jeune Clara Wieck purement instrumentale une grande phonie à l’ère romantique, le cycle de riques allemands, respectivement de reine. (Jérôme Leclair) était âgée de 14 ans est d’une fraîcheur Spohr est en soi une merveille par son 1550, 1612 et 1678, bien restaurés et, d’écriture magnifique et d’une grande esthétique hors du temps historique, ce qui ne gâte rien, très bien enregis- virtuosité qui se révèle dans le finale. mais qui y participe au premier chef par trés, ainsi qu’un clavecin copié d’après Passionné par les répertoires rares, sa syntaxe, son vocabulaire. On n’est un original de1679. L’interprète, quant Howard Shelley dirige avec une extrême parfois pas si loin des audaces mala- à lui, est des plus estimables (ancien clarté. La finesse de son toucher illu- élève d’H. Vogel, Radulescu et G. Mur- mine l’œuvre dans son époque, celle du droites de Schumann (sans les mala- ray). Tout cela est donc une garantie premier Chopin des années 1830. Le ca- dresses) et toujours dans un rapport ractère chambriste est magnifiquement assez fascinant avec Weber qui restera de qualité. Par ailleurs, les intégrales restitué dans le mouvement lent. Le dia- son grand modèle. Patiemment enre- Sweelinck se font des plus rares, sur logue avec le violoncelle solo (Sue-Ellen gistrées de 2006 à 2012, l’intégrale em- le marché. On aurait pu craindre une Paulsen) mérite tous les éloges. Proche Louis Spohr (1784-1859) menée avec art par Howard Griffiths est certaine lassitude à l’écoute de plus de 6 heures et demie de musique. Mais il de tous les grands compositeurs de son Symphonies n° 1-10 un document aussi inspiré qu’utile, qui temps, Ferdinand Hiller écrit un Kon- n’en n’est rien : l’ensemble fourmille de Orchestre Philharmonique de la radio de Hanovre; illustre le cœur battant du romantisme zertstück d’un seul tenant, joué allegro bonnes surprises, au niveau des regis- Howard Griffiths, direction allemand comme l’entendait le public et energico e con fuoco. A la multiplication trations (beaux pleins-jeux, délicieux CPO555105 • 5 SACD CPO non comme le pensait les compositeurs des idées musicales au piano répond jeux de détail) et de la "déclamation", pohr est un mollusque, mais un démiurgiques qui allaient en incarner la une solide orchestration. Après avoir jamais métronomique, et l’intérêt est noble mollusque" raillait Schumann, gravé les huit concertos pour piano de S finalité. Il faut une connaissance très fine sans cesse renouvelé. Un seul petit portrait du compositeur autant que Herz, Shelley et sa formation nous pro- des styles alors en vogue pour rendre regret personnel : l’interprète nous dit de sa musique. Un autre jugement ? posent le Rondo de concert. La richesse justice à ces musiques subtiles dont le qu’il n’a pas enregistré le fameux Ballo des ornements fait songer aux mouve- Beethoven trouvait l’harmonie de ses discours peut paraître fuyant, mais qui del Granduca, suite au doute de cer- ments lents des concertos de Chopin. symphonies trop encombrée de chro- dans leur lyrisme entêtant distillent bien tains musicologues quant à son attri- La vélocité prend bientôt le dessus, matismes. Injustices ! Si Spohr resta des beautés que l’Orchestre de la NDR bution incontestable : dommage ! Mais rythmée par des danses imaginaires. jusqu'en ses ultimes opus un classique expose sans rien alourdir, conscient Le Rêve de Kalkbrenner date de 1833. vivifié par le premier romantisme, celui ne boudons pas notre plaisir : le reste Cette pièce concertante de dix minutes de Weber, il n’en demeure pas moins de dévoiler ici un trésor oublié. est déjà suffisamment remarquable. regorge de trouvailles. La virtuosité la un des acteurs essentiels du renouveau (Jean-Charles Hoffelé) (Jean-Paul Lécot) plus débridée de Shelley est enserrée dans une écriture symphonique. C’est, essayèrent de varier la forme malgré le tard avec une partition tout aussi éton- avec le Concerto de Clara Schumann, Sélection ClicMag ! moule, finalement Chausson et Dukas nante. La Symphonie en la mineur réa- la partition la plus intéressante de cet prirent deux directions opposées, le lise la quadrature du cercle : cette fois album. (Jean Dandrésy) premier faisant entrer l’orchestre de la forme est parfaite et n’empêche par Debussy dans le creuset de Franck, une haute inspiration mélodique, un or- le second se réclamant de Beetho- chestre subtilement coloré, qui tout au ven. Saint-Saëns ne se posa jamais long de l’œuvre font tendre l’oreille. Le la question Franck. Versé comme il Prestissimo final, avec son giocoso irré- l’était dans l’héritage symphonique des sistible, se souvient de celui de la Qua- romantiques allemands, son inspiration trième Symphonie de Beethoven et s’en ne connaissait pas les limites hexago- démarque par un rythme de tarentelle nales. Parmi ses essais de jeunesse, (1835-1921) baigné d’un soleil capricieux. Entre les Camille Saint-Saëns "Urbs Roma" est l’œuvre d’un Saint- deux œuvres, "Urbs Roma" si sombre, la Symphonies n° 2 et "Urbs Roma"; Danse Saëns de 21 ans, envoyée au jury de (1750-1812) 2e Symphonie si lumineuse, Thierry Fi- Johann Mathias Sperger macabre, op. 40 l’Académie Sainte Cécile de Bordeaux scher intercale la "Danse macabre", his- Concertos pour contrebasse n° 2 et 15; Madeline Adkins, violon; Utah Symphony; Thierry anonymement : partition stupéfiante, Sinfonia en sol majeur n° 30 Fischer, direction d’une grandeur implacable, d’une mai- toire de rappeler à quel degré de liberté, Roman Patkolo, contrebasse; Kurpfälzisches CDA68212 • 1 CD Hyperion trise orchestrale sidérante, dont le ton à quel orchestre virtuose capable de tout Kammerorchester Mannheim; Johannes Schlaefli, a Symphonie en France après César tragique s’épanche au long de la vaste décrire, était parvenu Saint-Saëns dans direction LFranck fut le lieu de tous les conflits marche funèbre de l’Adagio, et qui n’au- les années 1870 : le violon impeccable CPO555101 • 1 CD CPO et celui d’une interrogation majeure : rait pour modèle que l’Eroïca de Beetho- de Madeline Adkins conduit ce bal de 'en déplaise au héros de la contre- comment survivre à ce model radical ? ven et pour sœur de sang la torrentielle spectre avec une élégance folle, se gar- Nbasse de Patrick Süskind, il semble Bizet et Gounod regardaient absolument Symphonie d’Edouard Lalo, deux réfé- dant des effets auxquels Thierry Fischer que les concertos pour contrebasse ailleurs, se souvenant de Mendelssohn rences que Thierry Fischer exalte par sa préfère un ternaire de pur ballet, et c’est de Johann Matthias Sperger soient et même de Mozart, Berlioz créait sa direction éloquente. Saint-Saëns clôt sa merveille de l’entendre si classique. jouables, la preuve par l’interprétation propre révolution, D’Indy, Magnard séquence symphonique trois ans plus (Jean-Charles Hoffelé)

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zertmeisterin Alfa Bakieva ont large- Sélection ClicMag ! ment démontré antérieurement). Mais pas pour autant formé de débutants : à bien y regarder, on reconnaîtra des piliers des orchestres d’O. Dantone, A. Marcon ou A. Curtis… entre autres ! Leur programme est réjouissant : quelques symphonies des fils de Bach entre "Empfindsamkeit" et "Sturm un Giovanni Battista Viotti (1755-1824) The Fitzwilliam Virginal Book, Drang", dans ce style si particulier mê- Quatuors pour flûte, op. 22 vol. 7 lant brusques embardées, changements d’affects inattendus et fins suspendues. Quatuor Viotti [Stefano Parrino, flûte; Francesco G. Farnaby : Alman; Grounde; Bony Les Fils Bach Parrino, violon; Luca Ranieri, alto; Maria Cecilia sweet Robin; A Gigge; Fantasia; Prélude; L’ensemble a choisi une géométrie J.C. Bach : Sinfonia en sol mineur, pour 2 Berioli, violoncelle] Fantaisie; The flatt Pavan; Fantaisie; The d’époque (recommandée par Quantz) : L. Zouches Maske; Fantaisie; Tower Hill; hautbois, 2 cors, cordes et basse continue, un seul alto pour 6 violons, et des haut- BRIL95645 • 1 CD Brilliant Classics Fantaisie "Ay me; Daphne; Fantaisie; op. 6 n° 6 / J.C.F. Bach : Sinfonia en ré boïstes jouant également les flûtes : mineur, pour cordes et basse continue, i Viotti fut reconnu en Europe comme Rosseters Galliard; Walter Erle's Paven; c’est un régal dans la symphonie Fk 64 WFV I : 3 / W.F. Bach : Sinfonia en ré un violoniste virtuose et un initiateur Spagnioletta; Up tails all; Put up thy de Wilhelm Friedemann, faux "concerto S Dagger; Why aske you; Nobodyes Gigge; majeur, pour 2 hautbois, 2 cors, basson, de la technique moderne de cet instru- Hanskin; Fayne would I wedd; Galiarda; cordes et basse continue, Fk 64 / C.P.E. per molti stromenti" et vraie ouverture ment, il ne rechercha pas particulière- Miserere a3; Miserere a4; Callino Castu- Bach : Sinfonia en mi mineur, pour cordes (de cantate) à l’origine, qui illumine le ment la gloire. Il fréquenta certes la rame; The Earl of Oxford's Marche; Pavane et basse continue, Wq 177; Sinfonia en fa disque. Le reste est plus traditionnel majeur, pour 2 hautbois, 2 cors, cordes et cour de Louis XVI, se lia au futur Louis "Bray"; Gaillarde; Fortune; Alman; Alman; et un peu uniforme du fait de l’unité basse continue, Wq 181 XVIII, avec qui il entreprit de créer des Gaillarde; Monsieur's Alman; Monsieur's stylistique, même si Johann Christian Alman Variatio; Alman; A GIgg; Pavane; Ut; Controcorrente Orchestra établissements d'opéra, mais quitta la se distingue par sa manière d’opposer Wolsey's Wilde; Prélude; Alman; Corranto; PAS1074 • 1 CD Passacaille deux blocs (aigus contre graves) et Carl France à cause de la Révolution, pour Pescodd Time; The Ghost; O Mistris myune; Philipp Emmanuel par ses composi- mener en Angleterre une carrière assez Sir John Gray's Galliard; Gipseis Round; oir naître un nouvel ensemble est toujours un évènement : voici tions moins orthodoxes. Un très beau éclectique d'imprésario, d'organisateur Malt's come down; Corranto Lady Riche; V Heaven and Earth; Prélude; A Toye; Why Controcorrente, orchestre classique sur disque qui signe l’arrivée d’un ensemble de concerts de ses œuvres, et même de aske you; Allmanda; Prélude; Corranto instruments anciens ou copies, jouant audiblement heureux d’éprouver sa négociant en vins. Il partagea ensuite sa Pieter-Jan Belder, clavecin sans chef et revendiquant autogestion, liberté, un peu échevelé pour l’instant, vie entre Paris et Londres. À sa mort, il BRIL95648 • 3 CD Brilliant Classics liberté et responsabilité individuelle (ce mais dont il faudra suivre l’évolution. était oublié. Ses concertos pour violon que certains membres comme la Kon- (Olivier Eterradossi) — le 22e remporta un succès consi- e Fitzwilliam Virginal Book est le plus important recueil de musique pour le dérable, et est toujours interprété — L virginal ou le clavecin en Angleterre, de Mauro Righini, violon II, alto; Matteo Cicchitti, intéressèrent Beethoven puis Brahms. un musicien complet, néerlandais, élève l’époque élisabéthaine (fin du XVI° s., de Bob van Asperen. A l’écoute du pré- violone, direction] Les quatuors de ce CD sont les seules début du XVII° s.), qu’on a appelé "l’âge sent enregistrement, on est frappé par pièces qu'il consacra à la flûte. Encore BRIL96127 • 2 CD Brilliant Classics d’or" du clavier. Il comporte 297 pièces sa liberté expressive, toujours de bon musante et intéressante, la notice que le violon pouvait remplacer l'ins- de compositeurs pour la plupart anglais, aloi et sa fine réalisation des ornements. explique que vers 1780 "Divertimen- trument à vent —auquel les tonalités ou plus rarement italiens ou néerlandais, (Jean-Paul Lécot) A et même l'écriture, ne semblent d'ail- 44 restant anonymes, le tout consti- to" était une appellation fourre-tout pour leurs pas toujours si spécifiquement tuant un recueil riche d’invention et de la musique "pas trop élaborée" destinée adaptées. On notera le contraste entre contrastes. Pieter-Jan Belder a choisi de à meubler le silence des palais (une les premiers mouvements développés, regrouper dans le présent volume des sorte de musique d’ascenseur, donc ?) variés, et non dépourvus d'inventivité œuvres de Farnaby (père et fils), Byrd et ou à permettre à des instrumentistes mélodique et les deux autres — enchaî- quelques anonymes. Farnaby se carac- bourgeois de socialiser… L’op. 1 de nés dans le 3e quatuor — beaucoup térise souvent par des pièces courtes Carl Ditters pas encore "von Dittersdorf" plus brefs : le second n'est dans deux et dansantes, dont certaines destinées (le copiste de la partition le désigne à accompagner des maskes théâtraux. des œuvres qu'une simple transition comme "Ditters Tedesco", l’Allemand) Byrd, lui, est un compositeur raffiné, vers le troisième qui est une danse. est tout à fait conforme à cette définition auteur de Variations très imaginatives Des pages faciles, divertissantes, d'un Divertimenti pour cordes et parfois d’œuvres évoquant la liturgie espiègle. La naïveté et les maladresses charme un peu convenu. Cette musique (Miserere…) et qui pourraient se jouer K. Ditters von Dittersdorf : Six Trios à de composition font même douter plus cordes pour 2 violons et violone / J.K. de chambre d'un classicisme sans au- à l’orgue. Dans le CD 3, on entend un d’une fois de la justesse de ce qu’on Vanhal : Divertimento en sol majeur pour dace et aux parfums de pastorale pour entend. Mais voici le second disque : les instrument rare : le muselaar, sorte violon, alto et violone / J.M. Haydn : salon dans le dernier quatuor, se laisse d’épinette au son rond et doux se rap- Divertimento en do majeur pour violon, œuvres de Vanhal (si je ne m’abuse son écouter et est, ma foi, fort bien interpré- prochant de celui du luth, reposant de la alto et violone Divertimento en Sol n’a été retrouvé que tée. (Bertrand Abraham) rutilance des clavecins. L’interprète est Musica Elegentia [Gian Andrea Guerra, violon I; vers 1980) et surtout Michael Haydn sont d’une autre trempe et le second quarante ans tout juste, retrouvant ses citations de la Badinerie de Bach et violon y est remplacé par un alto : là Sélection ClicMag ! Agoût à la vie après des passes ter- de la Ronde des esprits bienheureux de où ceux de Dittersdorf évoquaient des ribles, Mieczyslaw Weinberg (Wajn- l’Orfeo de Gluck, ne vous quitte plus duos accompagnés, on a maintenant berg) écrivit à la suggestion de Rudolf une fois que vous l’avez entendue. Il la sensation auditive de "vrais" trios. Barshaï pour Alexander Korneiev un me semble qu’Antonina Styczen va plus Mais là encore, l’impression est sou- concerto mutin, enjoué, dont j’ado- loin dans cette œuvre de quasi magie vent dérangeante. Parce que je ne peux rais – j’adore toujours- l’enregistre- noire que ne le faisait Kathryn Chris- imaginer que de tels interprètes aient ment qu’en ont laissé les créateurs. tians dans le seul autre enregistrement soudain des soucis d’intonation, je ne Mais l’allégresse un peu plus légère, le que j’en connaisse. En postlude du trouve qu’une seule explication : nous tempo un peu plus enlevé, la petite note disque, une merveille, le Trio pour flûte, sommes tellement habitués à recher- d’humour dans le giocoso et l’ombre à alto et harpe que Weinberg écrivit en cher à la basse les fondements de l’har- peine portée dans le Largo par Antonina 1979, reprenant les trois instruments (1919-1996) monie qu’on est déstabilisé par le son Mieczyslaw Weinberg Styczen et la preste baguette de Woj- choisis par Debussy pour sa Sonate, incroyable, parfois proche d’un bruit, Concertos pour flûte et orchestre n° 1 et 2; ciech Rajski quelle merveille ! Le disque voyage au pays des ombres, musique 12 miniatures pour flûte et orchestre; Trio enferme tout ce que Weinberg aura quasi spectrale qui n’évoque Claude de la double basse de viole jouée par pour flûte, alto et harpe composé pour la flûte, des délicieuses de France qu’en ses ultimes mesures, Matteo Cicchitti. A entendre donc pour Antonina Styczen, flûte; Orchestre Philharmonique Miniatures qui font les ingénues, au centre de gravité sombre d’un album assouvir sa curiosité et pour tester son de chambre de Sopot; Wojciech Rajski, direction deuxième Concerto, ballade lyrique essentiel à tout amoureux de Weinberg. oreille, mais attention : redoutable exer- TACET232 • 1 CD Tacet dont la poésie entre chien et loup, avec (Jean-Charles Hoffelé) cice d’écoute ! (Olivier Eterradossi)

14  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com Récitals

Enrico Onofri, violon; Ensemble Imaginarium un CD couronné par un Diapason d’Or, Sélection ClicMag ! [Simone Vallerotonda, archiluth, théorbe; qui, outre les 4 Saisons de Vivaldi, Alesandro Palmeri, violoncelle; Federica Bianchi, présentait des pièces de compositeurs clavecin, orgue] représentatifs de ce style, E. Onofri et PAS1070 • 1 CD Passacaille son ensemble nous offrent ici un pano- ans le sillage de l’innovation ma- rama embrassant une grande partie du Djeure introduite dans la musique siècle. Cette interprétation, admirable et vocale par Monteverdi sous le nom de passionnante, révèle par sa richesse de "seconda practica", un "stilo moderno" couleurs, sa mise en perspective, toutes Sonatas Editions se développa au XVIIe siècle dans le les facettes du kaléidoscope musical Sonates pour violoncelle choisies de Alkan, domaine instrumental, et surtout dans qu’est chacune de ces pièces — ainsi Beethoven, Boccherini, Brahms, Britten, l’écriture pour le violon, lequel connais- la seule œuvre pour solo (de Virgiliano) Casella, Castelnuovo-Tedesco, Caporale, Seicento ! sait un prodigieux essor : il s’agissait de ce CD parvient à donner à l’auditeur Chopin, Cilea, Debussy, Fauré, Franck, G.G. Kapsberger : Sinfonia Decimaterza d’exploiter toutes les possibilités de l’impression d’un dialogue permanent Grieg, Handel, Hummel, D. Gabrielli, à un canto / B. Marini : Sonata terza per il l’instrument qui, "dans un si petit corps et de reprises en échos entre plusieurs Jacchini, Kaoustin, Kodály, Lanzetti, violino solo Variata; Sonata quarta per il et avec si peu de cordes contient une instruments, du fait de la capacité Martucci, Mendelssohn, Moeran, Pericoli, Violino Per sonar con due corde / A. Vir- [si] grande diversité de sons, d’har- incroyable de l’interprète à donner à Pilati, Pizzetti, Platti, Poulenc, Prokofiev, giliano : Ricercata per flauto et ogni altro Saint-Saëns, Scarlatti, Schnittke, Schu- monies et d’ornements mélodiques et son violon une diversité de voix et de / B. de Selma y Salaverde : Canzon Terza bert, Shostakovich, Strauss, Rachmani- exprime à merveille la voix humaine non timbres. Il excelle à rendre le caractère nov, Ries, Rubbra, Tchaikovsky, Thuille, Soprano, solo / G.B. Fontana : Sonata 6. à seulement dans le chant, mais dans la hérissé, sombre, voire inquiétant par Vivaldi, Zuccari... Violino Solo / M. Uccellini : Sonata Quarta prononciation même". Outre l’imitation leurs audaces chromatiques, des pages a violino solo detta la Hortensia virtuosa; Stefano Veggetti, violoncelle; Francesco Galli- de la voix humaine, ce style moderne qui relèvent déjà du "style fantastique" Sonata Terza a violino solo / F.R. Taeggio : gioni, violoncelle; Renato Criscuolo, violoncelle; mettait en valeur l’improvisation, l’orne- cher à Kircher. Un art de l’ornemen- Adriano Maria Fazio, violoncelle; Jaap ter Linden, Io son ferito hai lasso del Palestrina / G.A. Pandolfi Mealli : Sonata Prima La mentation, et l’expression d’une riche tation étonnamment inventif et varié, violoncelle; Federico Bracalente, violoncelle; gamme d’affects, mettant à profit tout sans esbroufe aucune. C’est d’un bout à Luigi Puceddu, violoncelle; Timora Rosler, Bernabea Mealli / B. Montalbano : Sinfonia violoncelle; Marco Testori, violoncelle; Geatano Quarta Geloso a Violino solo / A. Stradella : l’ambitus de l’instrument. Poursuivant l’autre exaltant et prodigieux. Indispen- Nasillo, violoncelle; Luca Fiorentini, violoncelle; Sonata a violino solo, violone e basso une exploration déjà entreprise dans sable. (Bertrand Abraham) Maria Kliegel, violoncelle; Herre-Jan Stegenga, violoncelle; Roberto Trainini, violoncelle; Luca Magariello, violoncelle; István Várdai, violoncelle; Forqueray, puis les Italiens prirent le loncelle, lui-même nourrissant toute près deux CD consacrés à la mu- Amedeo Cicchese, violoncelle; Alexander Russa- pas avec ce diable de violon, Jean-Ma- une famille plus ou moins piccolo. Asique des XXe et XXIe siècles, (il kovsky, violoncelle rie Leclair y convertissant même le Ver- Vivaldi, et après lui les vénitiens et les est dédicataire de plusieurs œuvres BRIL96012 • 33 CD Brilliant Classics sailles de Louis XV. Les dés en étaient- bolognais, savaient que ce grand violon contemporaines), le nouveau génie de de gambe n’était pas de la famille du u destin des instruments ! Long- ils si bien jetés pour le destin des la trompette, 25 ans, qui a déjà de très grandes caisses aux timbres humains ? diable que Tartini triturait, cousin très Dtemps la viole de gambe, cette autre nombreux concerts avec les orchestres voix humaine, régna sur l’univers des Non. Le violon si fécond enfanta une éloigné, la viole de gambe était dans les les plus prestigieux à son actif, "revient", cordes, atteignant son paroxysme au famille, déclinant de sa chanterelle un mémoires, voir sous les doigts, dans la Grand Siècle français avec Marais et demi frère, l’alto, et un cousin, le vio- Venise du XVIIIe Siècle et c’est Vivaldi avec son enthousiasme spontané, aux lui-même qui écrira pour ce sombre "fondamentaux" de la littérature pour violone parmi ses plus beaux (et plus trompette qu’il n’avait pas encore enre- geois virevoltant furent alors sans secrets) concertos, mais aussi un re- gistrés : les concertos de Haydn et de Sélection ClicMag ! équivalent (et malgré les impertinences cueil de Sonates, l’opus 14, qui forme Hummel, composés après l’invention de leurs élans, savaient qu’avant eux, le quasi incipit de la passionnante tonne Karl Richter avait existé), leurs Ouver- – 33 disques- que Brilliant consacre à de l’instrument à clefs par Weidinger. tures déliées, solaires, se rapprochaient la partie chambriste du répertoire de Plus le concerto d’A. Arutjunjan et la plus de celles de Gardiner que de cet instrument que le romantisme aura pièce "Quiet City" d’A. Copland. "Je vou- celles de leurs confrères germaniques. porté au pinacle. Impossible de détailler, lais que ce soit simple car je me soucie mais on va de Venise à Moscou, tous Année après année, l’ensemble aborda autant de ces œuvres que de tout le jusqu’au Classicisme, avec un tropisme les recueils célèbres y sont (et parfois reste" […] "[Elles] sont tout simple- pour le rare, une dilection particulière dans des interprétations à la fois peu ment brillantes par leur simplicité" "Ce pour les œuvres qui méritaient d’être courues et splendides, écoutez les Bee- révélées : les si singulières Symphonies thoven de Thomas Rössler et de Klara qui se passe en moi en les enregis- Concerto Köln Edition d’Henri Joseph Riegel en sont l’exemple Wurtz, les Brahms de Stengenga et trant, c’est l’amour pur et simple de la d’Entremont, les Saint-Saëns de Kliegel Œuvres choisies de Vivaldi, Galuppi, le plus éloquent dans la période Berlin musique" déclare-t-il. Tout est super- Albinoni, Avison, Scarlatti, Bach, Haydn, et Thiollier, les Kodaly de Vardai, et une Classics. Mais leur Vivaldi relu drasti- lativement prodigieux ici : une aisance Salomon, Charpentier, Stamitz, Haendel, flopée de raretés. Allez, une seule pour quement, joué dans de vastes vêtures Corelli… l’exemple, la Sonate de Cilea. Ensemble de jeu époustouflante, une légèreté de couleurs, aux harmonies alla Gior- Concerto Köln; Midori Seiler, violon, direction; formidable, qui règle la question. et une brillance incroyable, et surtout Markus Hoffmann, direction; Anton Steck, direction gione sont fabuleux – en particulier le (Jean-Charles Hoffelé) une palette de sonorités d’une beauté 0301408BC • 12 CD Berlin Classics double album de La Venezia di Anna Maria où s’invite le violon de Midori et d’une variété à couper le souffle : le n 1985 la fine fleur des instrumen- Seiler – la subtilité de touche, la fan- lyrisme du 2e mouvement de Hummel, tistes historiquement informés de E taisie de traits des Sonates Scarlatti l’entrain du joyeux archiconnu dernier Cologne y faisait bégayer l’histoire : colorées en Concerti Grossi par Avison, l’aventure du Musica Antiqua Köln de mouvement de Haydn et de l’allegro Reinhardt Goebel ne serait plus le seul le faste solaire, les éclatants panaches final de Hummel sont une vraie fête. d’une des plus poétiques Wasser Musik héros du Bach des Ouvertures ou des Höfele donne au Quiet City de Copland de Haendel, sont tout aussi saisissants. Concertos Brandebourgeois, la relève une rare densité d'émotion concentrée, était assurée. Toute cette jeunesse Pourtant, commencez par le Premier servie notamment par la beauté des ardente proposa au disque, à compter Brandebourgeois, où tout rayonne dans un mouvement irrépressible. Berlin timbres sombres qu’il tire du grave de des années quatre vingt-dix, quantité Concertos pour trompette d’albums qui firent mouche, attendant Classics a bien eu raison d’assem- l’instrument. Dans Arutjunjan l’aspect J.N. Hummel : Concerto pour trompette en le nouveau siècle pour graver son Bach bler les disques que l’Ensemble aura jazzy et le côté "filmique" sont traduits gravé pour eux, vous chercherez les mi bémol majeur, S 49 / J. Haydn : Concer- plein, ample, à grand orchestre, somp- to pour trompette en mi bémol majeur, avec une justesse qui ne verse jamais autres chez Cappricio, et il ajoute en tueux, chamarré, dansant, gorgé de Hob VIIe : 1 / A. Copland : Quiet City / A. dans l’abandon facile, et le lyrisme avec timbres, et à cent lieux des expériences DVD un concert Vivaldi magique dont Arutiunian : Concerto pour trompette une nostalgie dosée, et pourtant d’un radicales que les ensembles italiens le bis, aveux imparable, fait retour Simon Höfele, trompette; BBC Scottish Symphony y avaient mis. Entre temps ils avaient chez Bach, pour un magique Largo Orchestra; BBC National Orchestra of Wales; naturel déconcertant. L’osmose avec changé d’éditeur, passant de Capriccio du Concerto pour violon BWV 1056R. Duncan Ward, direction l’orchestre dirigé par D. Ward est par- à Berlin Classics. Leurs Brandebour- (Jean-Charles Hoffelé) 0301314BC • 1 CD Berlin Classics faite. Superbe. (Bertrand Abraham)

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avait gravé des Schumann magnifiques pianistes lettrés, voir même composi- Sélection ClicMag ! pour un label qui disparu aussitôt. Orfeo teur : Aribert Reinmann l’inspire pour avait déjà des chefs, Sawallisch, Kube- les dix-neuf Lieder de Zelter, mais ce lik, et sortait à foison des concerts his- sera la harpe de Maria Graf qui sertira toriques où tout un Gotha fleurissait à ses déclamations pour de merveilleux nouveau. DFD aura quelques occasions, Reichardt, perles comme venues d’une un concert Brahms avec Konstantin Lif- époque absolument perdue. Quel art schitz notamment, mais il fut aussi re- pour deviner tout cela ! Les Spohr sont pris par le démon du Lied, sachant qu’il Raretés pour flûte et violoncelle n’avait pas tout dit malgré les antholo- magiques, avec Varady ou sans elle, poèmes où s’invitent clarinette et violon H. Villa-Lobos : Bachianas Brasileiras n° 6, gies infinies dispersées entre Deutsche W 392 / E. Bozza : Contrastes I; Image pour Grammophon et EMI (et même CBS, alors que le Lied ouvrait sur des pay- flûte seul, op. 38 / S. Karg-Elert : Chaconne Dietrich Fischer-Dieskau Lied Schoeck et Barber avec les Juilliard, sages sonores qu’il abandonnera hélas. pour flûte seul d'après l'op. 107 / G.P. Edition, vol. 1 Mahler avec Bernstein au piano). Donc, Pourtant, les sillons les plus émouvants Telemann : Sonate canonique en ré majeur, Lieder choisis de K.F. Zelter, J.F. Rei- il ouvrit à nouveau son grand livre du sont ceux de l’album Pfitzner, qu’il her- TWV 40 : 119 / M. Tokuyama : La Vie du chardt, L. Spohr et H. Wolf Lied jamais achevé, objet de ce premier borise en dehors des Eichendorff, cher- Papillon, pour flûte seul; Atsumori, pour flûte seul; Nocturne, pour flûte seul / L. van Dietrich Fischer-Dieskau, baryton; Irmgard volume où Orfeo assemble quelques al- chant comme toujours alors le moins Beethoven : Allegro, extrait de "Eyeglass Seefried, soprano; Julia Varady, soprano; Dmitry bums des raretés qu’il allait débusquer couru : écoutez An der Mond, Ah ! Sitkovetsky, violon; Hans Schöneberger, clarinette; Duet", WoO 32 avec les gourmandises d’un diseur ; la l’entendre savourer son Goethe ! A peu Aribert Reimann, piano-forte; Maria Graf, harpe; Atsuko Koga, flûte; Georgiy Lomakov, violoncelle voix n’était plus dans sa plénitude, mais, Harmut Höll, piano; Erik Werba, piano près à la même époque, et sous la ba- GEN20700 • 1 CD Genuin bonheur !, du moins à mes oreilles, elle guette de Sawallisch, il gravait tout un C992205 • 5 CD Orfeo ne donnait plus de ces éclats, de ces LP de Lieder avec orchestre de Pfitzner orsque Dietrich Fischer-Dieskau duretés, qui pouvaient la rendre, dans que Warner a oublié dans ses archives, Lsigna un contrat avec une nouvelle son zénith, pour tout dire assommante firme de disque qui entendait faire et un rien doctorale. Comme les chefs vergogna ! Orfeo ne manque pas d’à rayonner la vie musicale munichoise, d’œuvre ne réclamaient plus son magis- propos, qui glisse au milieu de tout cela le bien nommé Orfeo, il passait déjà ter, DFD retrouva alors la veine poétique le fameux Italienisches Liederbuch de le plus clair de sa carrière de musi- que jadis Gerald Moore avait su si bien Salzbourg 1958 avec Seefried et Werba, cien à la baguette : il s’était voulu chef lui suggérer pour ses débuts au disque. histoire de créer une perspective. Vite, d’orchestre depuis longtemps déjà, D’ailleurs il y fut aidé ici encore par des le volume II ! (Jean-Charles Hoffelé)

Fading de vibrations, tant le son de l'ensemble l’exemple de sa musique pour guitare T. Tallis : Te lucis ante terminum I / C. s'étend verticalement comme une onde et chœur, associée ici à deux composi- Gesualdo : Illumina faciem tuam / J. sublime, nous installant dans un état de teurs contemporains qui ont écrit pour Seers : Look down, O Lord / O. Park : Phos lévitation extatique et de relaxation qui hilaron / J. Marsh : Extraits de "Arabesque" illustre l'esprit mystique des œuvres cette formation plutôt inédite car si la [n° 3, Fading; n° 4, Seeds in flight] / W. sans en faire extruder le sens et l'ex- guitare est naturellement un instrument Byrd : Berceuse "My sweet little baby" / pressivité (Marenzio et Gesualdo). Le d’accompagnement, c'est généralement V. Tormis : Extraits de "Quatre berceuses estoniennes" [Laulan lapsele; Marjal aega langoureux et sublime Média Vita de pour une ou deux voix (Giuliani, Sor et magada; Lase kiik käia !; Äiutus] / N. Nicolas Gombert y échappe par magie. Berlioz). Ici, les trois œuvres de ce pro- (1770-1827) Gombert : Media vita / C. Tye : Ad te clama- Owain signe lui-même un Phos Hila- Ludwig van Beethoven gramme conçu par le guitariste Nicola mus "Salve regina" / A. Lobo : Versa est in rion d'une hypnotique fadeur. Quelques Beethoven's Ninth, Symphony for the luctum / L. Marenzio : Potro viver io più se pièces contemporaines heureusement Spera parviennent à créer un dialogue World : Un film documentaire de Christian senza luce / H. von Bingen : O Ecclesia / S. réclament davantage de dynamiques et équilibré entre l'opulence du chœur et Berger sur la plus célèbre symphonie Rimkus : My heart is like a singing bird / G. de contrastes et nous font redescendre et l'une des œuvres musicales les plus Blok-Wilson : O little rose, O dark rose les dix cordes de son instrument. "Nulla sur le plancher des vaches. S'opposent populaires jamais composée. Il part à la The Gesualdo Six; Owain Park, direction Sors Longa Est" de Nicola Jappelli (né rencontre de musiciens amateurs ou de ainsi la fluide homophonie des mélo- CDA68285 • 1 CD Hyperion en 1975) est une méditation sur des personnalités musicales d'envergure et dies ludiques de Tormis (Four Esto- les suit dans leur approche de la célèbre e "Fading" indiqué sur la sobre nian lullabies) et des songs de Gerda textes de Sénèque en forme d'élégie. oeuvre de Beethoven Lpochette de ce disque du Gesualdo Blok Wilson et de Sarah Rimkus ; et la Récitatifs de guitare et chœur en tutti Teodor Currentzis; Tan Dun; Gabriel Prokofiev; Six signifie un évanouissement, une polyphonie déstructurée des pièces de introduisent un sentiment d'intimité et Yutaka Sado; Armand Diangienda; Paul Whittaker; diminution progressive du son ou de Isaac Karabtchevsky Joanna Marsh et de Jonathan Seers. de réflexion assez prégnant. "Materna la lumière. Owain Park, directeur de Une réalisation passionnante qui com- CM756408 • 1 DVD C Major cet ensemble fondé en 2014, toujours plète un parcours sans faute (Les deux de Nivola Campogrande" est un hymne soucieux de relier ses programmes à albums précédents d'Owain Park que à la maternité. S'inspirant de la pein- des thématiques précises, a basé ce nous avons salué dans ces colonnes). ture (Nativités de Piero della Francesca, nouvel album sur ce passage douce- (Jérôme Angouillant) Caravaggio, Bernardo Luini et Andréa reux du couchant du soleil à la clarté lunaire où la nuit se dévoile. L'office Solari) et de la beauté des paysages des Complies du soir, dernière prière de Lombardie, région natale du com- de la journée, qui depuis le quatorzième positeur, ce dernier établit un vrai dia- siècle a inspiré bien des compositeurs. logue entre voix et chœur, qui faute de Le choix des œuvres est ici intelligem- contrastes et pâtissant d'une écriture ment diversifié, allant de la Renaissance (1963-) Européenne (Byrd, Talllis, Tye, Maren- assez pauvre, s'abîme dans une cer- Thomas Larcher zio, Gesualdo, Lobo) à un répertoire taine monotonie. De plus, on entend un Dac Jagdegewehr, opéra en 3 actes contemporain plutôt Anglo-saxon (à chœur pris continuellement en défaut (d'après le roman de Yasushi Inoue) Sarah Aristidou (Shako); Giulia Peri (Midori); part l'estonien Veljo Tormis, bien repré- de justesse. Bien plus de coloris et senté). Gesualdo Six peut compter sur Musique pour guitare et chœur Olivia Vermeulen (Saiko); Robin Tristschler (The d'invention dans la "Romance Gitane" un équilibre rigoureux des voix, deux N. Jappelli : Nulla Sors Longa Est / N. Poet); Andrè Schuen (Josuke Misugi); Schola Heidelberg; Walter Nussbaum, direction; Ensemble contre-ténors, deux basses, un baryton, Campogrande : Materna / M. Castelnuovo- (op.152) de Castelnuovo-Tedesco, la Tedesco : Romancero Gitano, op. 152 Modern; Michael Boder, direction; Karl Markovics, un ténor. Les pièces, plain chant et poly- guitare enfin s'égaye et les voix so- mise en scène phonie, de Tallis, de Byrd, de Lobo sont Nicolo Spera, guitare; St. Martin's Chamber Choir; Timothy J. Krueger, direction listes jouissent d'une liberté d'expres- CM754208 • 1 DVD C Major ainsi restituées avec une délectable sen- sion retrouvée. On regrette l'absence sualité (Ah ces phrasés languides !) que BRIL96085 • 1 CD Brilliant Classics CM754304 • 1 BLU-RAY C Major des textes (Sénèque, Federico Garcia rehausse encore une prise de son au n découvre sur ce disque un aspect rois voix féminines - sa femme Mi- cordeau. On regretterait presque l'ab- Omoins connu de l’œuvre de Mario Lorca, Marco Vachetti) dans la notice. Tdori, son amante Saiko et Shoko, la sence de son vibré, de tremblements, Castelnuovo-Tedesco (1895-1968), à (Jérôme Angouillant) fille de celle-ci - s’adressent à Misugi,

16  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com DVD et Blu-ray un chasseur : au long de chacune de CM802608 • 2 DVD C Major lumière un orchestre qu’il emporte leurs lettres, l’amour tu et défendu CM802704 • 1 BLU-RAY C Major Sélection ClicMag ! dans des tempêtes prodigieuses, et (ainsi que ses conséquences psycholo- des chœurs de marin qu’il mène au assons sur les gros sabots dont giques) révèle une de ses facettes, la vie bord du précipice. Quelle direction Krigenburg embarrasse la scène de l’homme (ses détours et circonvolu- P âpre, fulgurante, qui suffirait à imposer du Festpielhaus, tweets en chaines, tions) se dévoile. La nouvelle du Japo- cette version, mais ce n’est pas tout, tout le monde en costumes de bureau, nais Yasushi Inoue, Le Fusil de Chasse à l’exception d’un Pilote en vibrato, le action aujourd’hui – et même dans un (1949), qui l’a fait connaître en dehors plateau excelle : Hollandais maudit au aujourd’hui Orwellien, qui veut sou- de son pays, inspire à l’Autrichien timbre amer d’un incroyable Thomas ligner jusqu’à crever les yeux que Thomas Larcher (1963-) son premier Gazheli, et quel acteur ! Daland moins oui, le sujet de Simon Boccanegra est opéra, une histoire d’amour et d’adul- basse, plus jeune et aussi plus âpre politique et qu’il s’adresse à nous plus tère, de mensonges au long cours, de au gain selon Mikhail Petrenko (qui tromperie et de déloyauté, une histoire encore qu’à ceux d’hier, ce que Verdi, Richard Wagner (1813-1883) pourrai être lui aussi un Hollandais, le qui pointe la solitude de la condition reprenant l’ouvrage au soir de sa vie, Le Vaisseau fantôme, opéra en 3 actes jeu de miroir est assez fascinant), Erik humaine. C’est le poète qui raconte, lui savait déjà mieux que Krigenburg en Thomas Gazheli (The Dutchman); Marjorie Owens vaillant (Bernhard Bertchtold, à suivre), qui a reçu de Misugi ces trois lettres le montrant universel et intemporel (Senta); Mikhail Petrenko (Daland); Bernhard Mary formidable de présence et surtout de femmes. Avare en grands effets et et pour cela ancré dans le temps et le Berchtold (Erik); Annette Jahns (Mary); Timothy une Senta miraculeuse, et inconnue de gestes théâtraux, Karl Markovics, acteur lieu historique de l’action de la pièce de Oliver (Daland's Steerman); Coro Ars Lyrica; Marco Bargagna, direction; Orchestra e Coro moi, à l’aigu dardé, aux phrasés amples, et réalisateur au cinéma, signe, pour Guttiérrez. Mais Verdi savait aussi qu’à del Maggio Musicale Fiorentino; Fabio Luisi, Marjorie Owens, retenez bien ce nom, cette première expérience à l’opéra, une l’égal de Rigoletto, il écrivait d’abord ici direction; Paul Curran, mise en scène sa Ballade est un modèle. Comme la mise en scène caractérisée par de fré- l’opéra d’un père et de sa fille. Malgré CM753808 • 2 DVD C Major mise en scène subtile dePaul Curran ne quents sauts dans le temps : sans excès cette lessiveuse moderne de pacotille, CM753904 • 1 BLU-RAY C Major batifole pas à coté de l’action comme dramatiques, même si "cela bouillonne chaque chanteur s’empare de son per- des personnages – sa translation au sous la surface calme et froide comme sonnage et une fois passé les préven- ussitôt nommé à la direction du début du XXe Siècle (les fileuses sont un volcan sous l’océan Arctique". tions le spectacle se regarde, le sex- AMaggio Musicale Fiorentino, Fabio sur machines Singer) est indolore - (Bernard Vincken) appeal du Gabriele Adorno de Charles Luisi décida d’inscrire pour l’ouverture on se laisse emporter dans cette bal- Castronuovo n’y est pas pour peu. Sans de sa saison inaugurale ce Vaisseau lade, océan immense que les vidéos avoir l’autorité d’un Gobbi ou l’humanité fantôme. Dès l’ouverture filante, vive, cousent mal à la scène mais qui a coup de Cappucilli, Luca Salsi a du moins la tonnante à la façon de Weber, je sais qu’il a quelque chose à y dire, remet- sur, aidé par un orchestre formidable, voix idéale pour Boccanegra, et jusqu’à tant le théâtre du jeune Wagner dans engloutissent les corps et les âmes. l’allégement lorsqu’il évoque à l’agonie le premier romantisme, sculptant en (Jean-Charles Hoffelé) la mer ou le venin lorsqu’il condamne Paolo (un stupéfiant André Heyboer) à la scène du Conseil. René Pape savoure pherd); Gianfranco Montresor (A Steersman); sa vengeance mortifère, Fiesco stylé au Rainer Trost (A voice of a young sailor); Orchestra possible, Marina Rebeka à l’exact format Giuseppe Verdi (1813-1901) and Choir of Teatro of Rome; Daniel Gatti, vocal d’Amelia et y met un feu certain. direction; Pierre Audi, mise en scène Simon Boccanegra, opéra en 1 prologue Sur toute cette distribution assez exem- et 3 actes plaire, Valery Gergiev, que je n’attendais CM752208 • 3 DVD C Major Luca Salsi (Simon Boccanegra); Marina Rebeka pas ici, sculpte et caresse l’un des plus (Amelia Grimaldi); René Pape (Jacopo Fiesco); CM752304 • 1 BLU-RAY C Major beaux orchestre que Verdi ait écrit, les Charles Castronovo (Gabriele Adorno); André aris avait vu ce spectacle encombré Heyboer (Paolo Albiani); Antonio Di Matteo Wiener Philharmoniker s’enivrant avec (1813-1883) par le noir et blanc cruel des décors (Pietro); Long Long (Captain); Marianne Sattmann une pointe de narcissisme sous une di- Richard Wagner P (Amelia's Maid); Konzertvereinigung Wiener rection si consciente de l’importance de Tristan et Isolde, opéra en 3 actes de Christof Hetzer, qui aura dispensé Staasopernchor; Enrnst Raffelsberger, direction; l’ouvrage, rappelant qu’Abbado l’avait Pierre Audi d’un vrai geste de drama- Wiener Philharmoniker; Valery Gergiev, direction; Andreas Schager (Tristan); Rachel Nicholls Andreas Kriegenburg, mise en scène; Harald B. ressuscité dans des termes pas si éloi- (Isolde); Michelle Breedt (Brangäne); Brett turge. La production, reprise au Teatro gnés que cela. Je ne m’en plaindrais pas. Thor, scénographie; Tanja Hofmann, costumes; Polegato (Kurwenal); John Relyea (King Marke); Costantino de Rome, filmée platement Tiziano Mancini, réalisation (Jean-Charles Hoffelé) Andrew Rees (Melot); Gregory Bonfatti (Ashe- par Annalisa Butto expose la froideur de l’ensemble, Audi gardant les amants née, car il avait renoncé d’emblée et présent sur les scènes : à Salzbourg, de se toucher, paradoxe assez intenable Sélection ClicMag ! avec un certain bon sens à toute idée Boccanegra lui allait mieux de voix et de mise en scène qui ne soit pas autre de caractère, et même si Zajick chante tout au long de l’acte II. On regarde chose qu’une mise en espace, ce que probablement sa dernière Azucena, éli- et on s’ennuie, mais alors autant seu- les vastitudes des Arènes de Vérone mée de voix, mais quel personnage ! lement entendre, non l’orchestre de commandent. A chacun de dessiner Restent les amoureux. Yusiif Eyvazov Daniele Gatti, aminci, asséché par son personnage, bon sens là encore, ne manque ni de souffle ni de métal, l’acoustique et un rien oublié par la et chacun s’y emploie. Pour le reste, même s’il ne chante pas son Di quella les caméras de Tiziano Mancini suivent Pira dans la tonalité originale (mais qui prise de son, non l’Isolde dépassée de l’action et l’émotion des personnages, le fit vraiment depuis Lauri-Volpi et Ber- Rachel Nicholls, mais du moins son montrant de près ce que le spectacle gonzi ?). Mais il y a un miracle qui rend de Zefirelli voulait montrer même de Tristan, Andreas Schager, même et peut à lui seul la soirée essentielle : Netrebko, Giuseppe Verdi (1813-1901) loin : les costumes outrageusement être parce que de voix déjà consumé, qui flirte avec le spinto verdien depuis somptueux que Raimonda Gaetani aura Le Trouvère, opéra en 4 actes et 1 ballet sa légendaire Traviata de Salzbourg, et usé, mais humain et artiste à vous revisités pour cette reprise et les décors Luca Salsi (Count di Luna); Anna Netrebko l’atteint ici dans une plénitude sciante. faire pleurer et transformant au III ses (Leonora); Yusif Eyvazov (Manrico); Dolora Zajick spectaculaires, hérités de la production Pour elle, pour son Tacae la notte pla- (Azucena); Riccardo Fassi (Ferrando); Elisabetta originale, que Zefirelli dessina avec un manquements en qualité. Le reste du Zizzo (Ines); Carlo Bosi (Ruiz); Dario Giorgelè soin tout particulier et qui n’ont rien cida venu d’un autre monde, pour son plateau ne démérite pas, la Brangaêne D’amor sull’ali rose où quelque chose (An old gypsy); Antonello Ceron (A messenger); perdu de leur puissance de suggestion. immense de Michelle Breedt (qui pour- Orchestra, Chrous, Ballet & Technicians of the Direction efficace, sans plus, de Pier de Ponselle parait, pour l’élan héroïque rait être une Isolde, qu’attend-t-elle ?), Arena Di Verona; Pier Giorgio Morandi, direction; Giorgio Morandi, mais experte pour de Tu vedrai che amore in terra, il faut Franco Zeffirelli, mise en scène; Raimonda Gaetani, l’entendre, et la voir, et comparer ce le Kurwenal ému et émouvant de B rett costumes; Lucia Real, chorégraphie; Michele soutenir, et accompagner les chanteurs qu’en scène elle délivre avec les extraits Olcese, réalisation qui face aux exploits vocaux que Verdi Polegato, modèle de style, le Roi Marke leur demande dans son plus indistri- qu’elle grava jadis pour Deutsche Gram- CM754608 • 2 DVD C Major dangereux, amer, sombre comme les buable opéra, s’honorent ici, même mophon, et prendre conscience du che- enfers de John Reylee. Alors oui, la CM754704 • 1 BLU-RAY C Major si le Conte de Luna demande plus de min parcouru. Maintenant, qu’elle ose e spectacle d’abord. La production noirceur que ne peut lui en donner Luca l’Elena des Vespri Siciliani, elle le peut. soirée s’écoute, se savoure même. Lde Zefirelli n’a pas été abandon- Salsi, nouveau baryton Verdi omni- (Jean-Charles Hoffelé) (Jean-Charles Hoffelé)

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Adolphe Adam : Giselle, ballet J.S. Bach : concertos pour violon J.S. Bach : Cantates choisies Beethoven : Sonates piano n° 8, 14, L. van Beethoven : Intégrale des A. Borodine : Symphonies n° 1-3; (extraits) BWV 1041-42, 1052 et 1056 Holland Boys Choir; Netherlands Bach 15, 17, 21, 23, 26 et 29 sonates pour violon Dans les steppes Academy of St Martin in the Fields; Sir T. Zehetmair, violon; Amsterdam Bach Collegium; Pieter Jan Leusnik, direction Alfred Brendel, piano Klára Würtz, piano; Kristóf Baráti, violon OS du Bolshoi; Mark Ermler Neville Marriner, direction Soloists BRIL94354 - 1 CD Brilliant BRIL94666 - 1 CD Brilliant BRIL94947 - 5 CD Brilliant BRIL94272 - 3 CD Brilliant BRIL94310 - 4 CD Brilliant BRIL94453 - 2 CD Brilliant

J. Brahms : Trios pour piano n° 1-3 J. Brahms : Sérénades, Ouvertures, Cristian Carrara : Magnificat; F. Chopin : Intégrale des études F. Chopin : Les Valses. Deljavan. Duparc : Lamento, intégrale des Trio Gutman Variations Haydn Ondanomala; Suite pour piano Alessandro Deljavan, piano mélodies R. Frühbeck de Burgos; G. Herbig; H. Orchestre Symphonique et Lyrique de Alessandro Deljavan, piano Andrea Mastroni, basse; Mattia Ometto, Bongartz Nancy; Flavio Emilio Scogna, direction piano BRIL94474 - 1 CD Brilliant BRIL95073 - 2 CD Brilliant BRIL95213 - 1 CD Brilliant BRIL95207 - 1 CD Brilliant BRIL95208 - 1 CD Brilliant BRIL95299 - 1 CD Brilliant

António Fragoso : Intégrale de la G. Frescobaldi : Il Secondo Libro Frescobaldi, Gesualdo, Solbiati : Hummel, Dussek, Onslow : Quin- Nicola Jappelli : Musique pour Andreas Lidl : Divertissements pour musique de chambre pour violon di Toccate (Frescobaldi Edition; Transcriptions pour accordéon tettes pour piano guitare trio avec baryton à cordes n° 1-6 C. Damas, violon; J. Hong, violoncelle; J. volume 5) Francesco Gesualdi, accordéon Nepomuk Fortepiano Quintet Andrea Dieci, guitare Trio Esterházy Lawson, piano Roberto Loreggian BRIL94158 - 1 CD Brilliant BRIL93794 - 2 CD Brilliant BRIL94972 - 1 CD Brilliant BRIL93203 - 1 CD Brilliant BRIL9435 - 1 CD Brilliant BRIL94162 - 1 CD Brilliant

F. Liszt : Concertos pour piano n° F. Liszt : Chefs-d'œuvres tardifs Erik Lotichius : Symfonietta; Mozart : Cosi fan tutte, opéra en Mozart : Musique de chambre pour Max Reger : Fantaisie et fugue sur 1 et 2 Michele Campanella, piano Concerto pour piano n° 2; Mélodies 2 actes cordes B-A-C-H, op. 46; Sonate n° 1-2 Nelson Freire, piano; Dresdner PO; Michel Eliane Rodrigues; Michelle Mallinger; Isokoski; Groop; Argenta; Schäffer; La Quatuors Sonare, Sharon, Schubert, Adriano Falcioni, orgue Plasson Prima La Musica; Dirk Vermeulen Petite Bande; Sigiswald Kuijken Chilingirian, Orlando… BRIL93846 - 1 CD Brilliant BRIL94148 - 1 CD Brilliant BRIL9158 - 1 CD Brilliant BRIL93925 - 3 CD Brilliant BRIL94370 - 12 CD Brilliant BRIL95075 - 1 CD Brilliant

O. Respighi : Antiche danze; Rossi- Filippo Ruge : Concertos, Sinfonias, E. Satie : Intégrale de l'œuvre pour F. Schubert : Intégrale des mélodies R. Schumann : Quatuor à cordes n° K. Szymanowski, C. Debussy : niana; Concerto in modo misolidio; Arias et musique de chambre piano à 4 mains R. Holl; E. van Lier; N. Grubert; D. Lutz; 3; Quintette pour piano Quatuors à cordes Metamorphosen modi XII Cecchi Fedi; Vaccari; Ciociola; Enrico Sandra et Jeroen van Veen piano K. Richter Klara Würtz, piano; Quatuor Daniel Quatuor Prometeo OS de Rome; Francesco La Vecchia Casularo, direction, flûte Ensemble, piano à 4 mains BRIL94395 - 2 CD Brilliant BRIL95495 - 1 CD Brilliant BRIL9129 - 1 CD Brilliant BRIL95111 - 6 CD Brilliant BRIL95014 - 1 CD Brilliant BRIL94744 - 1 CD Brilliant

P.I. Tchaikovski : Variations Rococo; Telemann : 12 fantaisies pour A. Vivaldi : Les Quatre saisons A. Vivaldi : Gloria; Magnificat Ave Verum : Célèbres chœurs sacrés Vea yo los ojos bellos : Musique au Œuvres pour violoncelle et orch. violon seul Enrico Casazza, violon; La Magnifica Ihle; Wilke; Markert; Ludwig Güttler, de Haydn, Fauré, Wesley, Brahms, temps de Cervantes I. Vardai, violoncelle; Pannon Philharmo- Federico Guglielmo, violon Comunità direction Mozart, Boyle, Elgar, Bruckner… Victor Sordo Vicente, ténor; Luz y Norte nic; T. Boganyi Choir of St John’s College; C. Robinson BRIL94876 - 1 CD Brilliant BRIL94616 - 1 CD Brilliant BRIL93314 - 1 CD Brilliant BRIL95022 - 1 CD Brilliant BRIL9148 - 1 CD Brilliant BRIL95457 - 1 CD Brilliant

18  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com Clic Musique ! Bon de commande Votre disquaire classique, jazz, world Juillet/Août 2020

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Kovacic, Sterev, D... 0015006KAI 24,00 € p. 3 r Les Fils Bach : Sinfonias de chambre. Controcorrente ... PAS1074 15,36 € p. 14 r Ko Matsushita : Consolatio, œuvres vocales. Kiefer, G... CAR83505 15,36 € p. 3 r Dittersdorf, Vanhal, Haydn : Divertimenti pour cordes... BRIL96127 8,16 € p. 14 r Olga Neuwirth : Miramondo multiplo. Hardenberger, Tam... 0015010KAI 16,08 € p. 4 r Cello Sonatas Edition BRIL96012 60,96 € p. 15 r Penderecki : Concertos pour cor et pour violon. Vlatk... LPO0116 10,32 € p. 4 r Seicento! Musique baroque italienne virtuose pour vio... PAS1070 15,36 € p. 15 r Manfred Trojahn : Quatuor à cordes n° 2. Baumgartner,... WER7383 15,36 € p. 4 r Concerto Köln Edition. 0301408BC 50,16 € p. 15 r Alphabétique Haydn, Hummel, Copland, Aroutiounian : Concertos pour... 0301314BC 15,36 € p. 15 r Agricola, Homilius : Cantates de Pâques. Morrison, Ma... CPO555332 15,36 € p. 4 r Raretés pour flûte et violoncelle. Koga, Lomakov. GEN20700 13,92 € p. 16 r Bach : Concertos pour violon. 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Tritschler, S... CM754304 29,28 € p. 16 r Beethoven : Intégrale des symphonies. Blomstedt. 0301524BC 23,28 € p. 6 r Verdi : Le Trouvère. Netrebko, Eyvazov, Salsi, Zajick... CM754608 25,44 € p. 17 r Beethoven : Musique de scène, vol. 1. Wilson, Bailey,... CPO777634 15,36 € p. 6 r Verdi : Le Trouvère. Netrebko, Eyvazov, Salsi, Zajick... CM754704 29,28 € p. 17 r Beethoven : Les six concertos pour piano. Wallisch, H... CPO555329 28,32 € p. 6 r Verdi : Simon Boccanegra. Salsi, Rebeka, Pape, Castro... CM802608 21,84 € p. 17 r Bellini : Adelson e Salvini, opéra. Di Gioia, Collia,... LDV14053 16,08 € p. 6 r Verdi : Simon Boccanegra. Salsi, Rebeka, Pape, Castro... CM802704 29,28 € p. 17 r René de Boisdeffre : Musique de chambre pour clarinet... AP0464 12,48 € p. 6 r Wagner : Le Vaisseau fantôme. Gazheli, Owens, Petrenk... CM753808 21,84 € p. 17 r Bruch : Symphonies n° 1 à 3 - Ouvertures. Trevino. CPO555252 26,88 € p. 7 r Wagner : Le Vaisseau fantôme. Gazheli, Owens, Petrenk... 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CPO555340 10,32 € p. 12 r Ravel, Debussy, Sluka : Impressions, œuvres pour harp... SU4212 13,92 € p. 2 r Emil Nikolaus von Reznicek : Œuvres symphoniques. Jaf... CPO777983 15,36 € p. 12 r Antonio Pedrotti à Prague. SU4199 19,68 € p. 2 r Emil Nikolaus von Reznicek : Quatuors à cordes. Quatu... CPO555002 21,12 € p. 12 r Richter : Requiem. Válek. SU4177 13,92 € p. 2 r Friedman, Rozycki : Quintettes pour piano. Plowright,... CDA68124 15,36 € p. 12 r Franz Xaver Richter : La deposizione dalla croce di G... SU4204 17,52 € p. 2 r Saint-Saëns : Symphonies n° 2 et Urbs Roma - Danse ma... CDA68212 15,36 € p. 13 r Jean-Pierre Rampal à Prague : Les enregistrements Sup... SU4217 14,64 € p. 2 r Clara Schumann : Concerto pour piano. Shelley. CDA68240 15,36 € p. 13 r Franz Xaver Richter : Te Deum 1781. Haugk, Valek. SU4240 13,92 € p. 2 r

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Smetana : Quatuors à cordes n° 1 et 2. Quatuor Pavel ... SU4172 13,92 € p. 2 r Hummel, Dussek, Onslow : Quintettes pour piano. Nepom... BRIL93203 6,72 € p. 18 r Jirí Belohlávek Recollection. SU4250 39,36 € p. 2 r Nicola Jappelli : Musique pour guitare. Dieci. BRIL9435 6,72 € p. 18 r Taneiev : Intégrale des quintettes. Vinokur, Hosprova... SU4176 19,68 € p. 2 r Andreas Lidl : Divertissements pour trio avec baryton... BRIL94162 6,72 € p. 18 r Jan Vaclav Tomasek : Sonates pour piano-forte. Matejo... SU4223 13,92 € p. 2 r Liszt : Concertos pour piano n° 1 et 2 - Totentanz. F... BRIL93846 6,72 € p. 18 r Kurt Weill : Wanted, Mélodies. Peckova, Hajek, Kucera. SU4226 13,92 € p. 2 r Liszt : Chefs-d'œuvres tardifs. Campanella. BRIL94148 6,72 € p. 18 r Pavel Sporcl & Romano Stilo : Gipsy way. SU3951 13,92 € p. 2 r Erik Lotichius : Symfonietta - Concerto pour piano n°... BRIL9158 6,72 € p. 18 r Jan Zach : Œuvres vocales sacrées. Srumova, Cmugrova,... SU4209 13,92 € p. 2 r Mozart : Cosi fan Tutte, opéra. Isokoski, Groop, Arge... BRIL93925 9,60 € p. 18 r Zelenka : Sonates en trio, ZWV 181. Ensemble Berlin P... SU4239 18,24 € p. 2 r Mozart : Intégrale de la musique de chambre pour cord... BRIL94370 36,48 € p. 18 r Sélection Brilliant Classics Max Reger : Sonates pour orgue. Falcioni. BRIL95075 6,72 € p. 18 r Adolphe Adam : Giselle (Meilleurs moments). Marriner. BRIL94354 6,72 € p. 18 r Ottorino Respighi : Intégrale de l'œuvre orchestrale,... BRIL94395 8,16 € p. 18 r Bach : Concertos pour violon. Zehetmair. BRIL94666 6,72 € p. 18 r Filippo Ruge : Concertos, Sinfonias, Arias et musique... BRIL95495 6,72 € p. 18 r Bach : Cantates choisies. Leusink. BRIL94947 16,08 € p. 18 r Satie : Intégrale de l'œuvre pour piano à 4 mains. Sa... BRIL9129 6,72 € p. 18 r Beethoven : Sonates favorites pour piano. Brendel. BRIL94272 9,60 € p. 18 r Schubert : Intégrale des mélodies. Holl, Van Lier, Gr... BRIL95111 19,68 € p. 18 r Beethoven : Intégrale des sonates pour violon. Barati... BRIL94310 13,20 € p. 18 r Schumann : Musique de chambre. Würtz, Quatuor Daniel. BRIL95014 6,72 € p. 18 r Alexandre Borodin : Symhonies n° 1-3 - Dans les stepp... BRIL94453 8,16 € p. 18 r Szymanowski, Debussy : Quatuors à cordes. Quatuor Pro... BRIL94744 6,72 € p. 18 r Brahms : Trios pour piano n° 1 et 3. Trio Gutman. BRIL94474 6,72 € p. 18 r Tchaikovski : Variations Rococo - Œuvres pour violonc... BRIL94876 6,72 € p. 18 r Brahms : Sérénades, Ouvertures, Variations Haydn. Frü... BRIL95073 8,16 € p. 18 r Telemann : Douze fantaisies pour violon seul. Gugliel... BRIL94616 6,72 € p. 18 r Cristian Carrara : Magnificat - Ondanomala - Suite. G... BRIL95213 6,72 € p. 18 r Vivaldi : Les Quatre Saisons et autres œuvres concert... BRIL93314 6,72 € p. 18 r Chopin : Intégrale des études pour piano. Deljavan. BRIL95207 6,72 € p. 18 r Vivaldi : Œuvres sacrées. Ihle, Wilke, Markert, Güttl... BRIL95022 6,72 € p. 18 r Chopin : Les Valses. Deljavan. BRIL95208 6,72 € p. 18 r Ave Verum : Célèbres Chœurs Sacrés. Choir of St John'... BRIL9148 6,72 € p. 18 r Duparc : Lamento, intégrale des mélodies. Mastroni, O... BRIL95299 6,72 € p. 18 r Vea yo los ojos bellos : Musique au temps de Cervante... BRIL95457 6,72 € p. 18 r António Fragoso : Intégrale de la musique de chambre ... BRIL94158 6,72 € p. 18 r Girolamo Frescobaldi : Il Secondo Libro di Toccate (F... BRIL93794 8,16 € p. 18 r Frescobaldi, Gesualdo, Solbiati : Transcriptions pour... BRIL94972 6,72 € p. 18 r TOTAL A €

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