Les Afi,Ia Du Maroc
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PREMIERE PARTIE LESAFI,IA DU MAROC CHAPITRE I INTRODUCTION Les Aelia sont souventgroupées dans les pays de languefrançaise avec les Eurygaster,<< Sunpest > d:s Anglais, sous un même vocable: les <. punaisesdes blés >. Bien que les premièressoient des pentato- midae et les secondsdes scutelleridae, leur mode de vie est très com- parable et leurs dégâtss:mblables. Il y a lieu, avant d'aborderl'étude proprement dite des Aelia nuislble,s à la céréaliculture marocaine, punaisesqui font l'objet de ce mémoire,de soulignerla grande impor- tance économiquedes dommagescausés par ces insecteset de résumer ce que l'on sait d'eux, aussi bien pour les Eurygaster que pour les Aelia. A. lmportance du problème des punaises des blés 1. Surfacesinfestées Les pullulations des <<punaises des blés > revêtent, à l,égal des acridiens migrateurs, le caractère d'une véritable calamité, car les surfacesemblavées infestées sont souvent très étendues.Lors des gran- des invasions,plus de 3 millions d'ha sont touchésen Turquie F.À.O., 1956), 1 million d'ha en Iran (Rnuar;olÈnE,1966), 250000 ha en Irak (F.4.O., 1959), 140000 ha en Syrie (F.A.O., 1961), 100000 ha envi_ Al Awamia, 30, pp. 1 à 136, janvier 1969. * Thèse présentée à la faculté des sciences d'orsay pour l'obtention du grade de docteur ès sciences (1"' partie; pour la 2' partie voir Al Awamia,- 3t). l. voncnrÉ, ron au Maroc (1955),5 000 ha en Grèce (Prnnerrs, 1966) et 5.000 ha au Liban (DoNsronn, 1966). Les chiftres cités par JounnAN, (1933) de 50 000 æuts d'Aelia au m2 au Maloc, et, par CncnepErttNlKovA, (1949), de plus de 8 tonnes et demi d'Eurygaster integricepsramassés en 1.940dans la seule région du DoNrrsr (Russie), donnent une idée du niveau des populations au cours des pullulations. 2. Espècesles plus nuisiblesà l'Agriculture Toutes l:s espècesne sont pas également nuisibles. Au Moyen Orient et dans la plus grande partie de la Russie méridionale la plus nocive est sans contesteE. integriceps Put., alors qu'en Espagne (Arneno, 1955), Grèce (PpnRAKrs,1966) et Turquie centrale (F.A.O. 1956) c; senit A. rostrata Bos. Au Maroc, sur les quatre espèces d'Aelia connues; A. cognataFtEs, A. germari KuEsr, A. acuminata L. et A. notata L. (t), seules les deux premières sont dangereuses. Leurs dégâts au Maroc, sont nettement supérieurs à ceux déterminés par les Eurygaster et c'est I'une des raisons qui nous a incité à leur accorder un intérêt particulier. 3. Nature des dégâts On se reportera aux travaux de Mlr,nNorrt, (1931), V^e,YsslÈnE, (1936), BnowN, (1958), et Yur<snr, (1963) pour la descriptiongéné- rale de ces dégâts, à ceux de FlncxrNcnn, (1936) pour leur aspect histologique,à ceux de MIÈcr, (1934), NuREr, (1936), Knerovlcg a al., (1943) et Dunors & Ytt-rozrc, (1952) pour les caractèresphy- siques et chimiques des blés punaisés. Selon ces auteurs, la nature des dégâts est variable suivant i'emplacementde la piqûre : au niveau de la première feuille centrale, elie provoque une nécrose qui empêche le développementde la tige ; au niveau du dernier næud, lors de l'épiaison, elle conduit à I'avortement de tous les épillets ; l'épi se dessècheet prend une coloration blanchâtre; sur les grains verts, elle amène leur flétrissement; sur les grains mûrs, la faculté germinative disparaît, le poids spécifiquediminue considérablement,le gluten s'altère et I'on constate une dégradationde l'amidon. La valeur boulangère de la farine obtenue à partir de ces grains s'abaissefortement. D'après LoEB, (1936), 1,5 à 2/o de grainspunaisés dans un lot de blé sain suffisent à le rendre inutilisable pour la boulangerieet la consommation G\ A. notata, trouvée récemment dans le Haut Atlas à Anergui (VoaoeÉ, 1968 a) eemb'e une espècerelique et ne sera pas traitée dans le cadre de ce travail. LÊ,S AELIA DU MAROC humaine. Bien que la régénérationdes farines punaiséesjusqu'à 10 /o soit actuellement possible Lorsrr L, (1960 et 1961), Lorsrl & Leuoer, (1960), les dégâtsrestent très importants.Devant la gra- vité de ces derniers, de nombreuses recherches ont été entreprises en vue de combattre les punaisesdes blés. Dans la seule Russie, en moins de trente ans, plus de cinquante chercheursse sont penchés sur ce problème.La F.A.O. a dû créer un centre particulier de docu- mentation et de coordination. Cet organisme provoque des réunions internationales,le plus souvent annuelles, où les résultats des travaux faits par les chercheurs spécialiséssont confrontés. Au Maroc, c'est à la suite de la pré-enceen 1955 de 400000 quintaux d; blé punaisé, qu'i! a été décidé de créer un laboratoire en vue d,étudier la biologie des punaisesdes blés et les moyens de les combattre. ce laboratoire n'a commencéses activités qu'en 1958. Les résultatsacquis depuis cette date sont groupés dans le présent travail. B. Morphologie et biologie des différentes punaises des blés Il existe pour Eurygaster integricepJ une somme considérablede travaux, surtout d'origine russe, traitant de la morphologie, de I'ana- tomie, de l'éthologie,de la physiologieet de l'écologiede ces insectes. Les principaux sont c3ux d'ArnxANonov, (1947-1945), d'ARNoLDr, (1942-1956),de TerlleKowA, (1947-1955),d'OucuerrNsKArA, (1951- 1957)de PBnnosrsrr,(1947-1960), de SHuuAKov,et al., (1954-195g), de Srnocrntl, (1950-.1960),de SazoNove,(1958-1960), de VrNocna- oove, (1959-1963), auxquels viennent s'ajouter ceux du britannique BnowN, (1950-1965) et du français RnuauorÈnr, (1959-1966;rrr. Le cycle biologique généralementadmis est le suivant: les punaises, en provenance de iieux d'hivernation situés en altitude entre g00 et 2 000 m, envahissentaux premiersbeaux jours les champsde céréales dans les plaines. Les pontes, les accouplementset Ies dégâts se pour- suivent jusqu'en mai. Le développement larvaire est rapide et se termine avec la maturité des blés. A ce moment, les adultes de la nouvelle gén&ation abandonnent les plaines et rejoignent en vol les lieux d'altitude supérieureà 2 000 m. Une deuxième migration de plus faible amplitude les conduit en automne sur les vrais lieux d'hivernation situés entre 900 et 2 000 m. Le déterminismede la diapause de ces insectesn'a pas été étudié mais sa manifestationmorphofonctionnelle (1) on retrouvera dans Ber-eclowsrv, (1956) une_analyse en français des princi- paux travaux russes publiés avant 1956 et dans BALAcuowsKy, (1962) une liste de 257 références des travaux publiés sur les punaises dei èéréaies de 1957 à 1962. r. voBcBr.É a été dêcrite dans tous ses clétails.L'analyse de l'évolution des réserves adipeuses, du tube digestif et des ovaires, au cours de plusieurs générations consécutives,â Pu montrer que la nocivité, le pouvoir reproducteur et la longévité, étaient avant tout sous la dépendance des réservesemmagasinées avant le vol de migtation de retout, Eury- gaster austr,'zcaScnn. suit, au Maroc, un cycle tout à fait analogue. Les informations sur les Aelia sont beaucoup plus sommaires. Elles ont trait essentiellementà l'étude taxonomique du genre: VTDAL, (1949), SucuEL, (1955-1962), CuINe. & LoDos, (1959), WecNEn, (1960), Voecnr.É, (1960-1968), BRowN, (1962c). Quelques données biologiquestrès intéressantessont signaléespar ALnAno, (1955) et BnowN, (1965) sur .,4. rostrata BoH. ArreRo montre que cette espèce n'a en Espagne qu'une seule génération annuelle. Les stades préima- ginaux, qu'il a tous décrits, se développentdans les blés. Les adultes émigfent ensuite et été dans des lieux d'estivation et d'hivernation pour revenir au printemps s'accoupler et pondre dans les emblavures. BRowN, en Turquie, signale comment A. rostrata se laisse entraîner par les vents dominants pour migrer des lieux d'hivernation vers les lieux de reproduction.Bunov, (1962) et TrlltBxnmv, (1962) ont observé en Russia le développement larvaite de A. sibirica RrUr. Bunov souligne le caractèretout à fait particulier de cette espècedont la première génération se déroulerait dans les graminées spontanées et la deuxième, partielle ou complète, suivant les années, dans les champs de blé. Il précise pour la première fois le rôle joué par la photopériode dans la diapause des Aelia. TIscnlen, (1937-1939) en Allernagne, BulrueNN & FABER, (1958) en Autriche, Mu'ENottt, (1931) en ltalie, Bunov en Russie et VorcerÉ, (1961) au Maroc apportent quelquesdonnées sur le développ,ementpréimaginal et l'éco- tôgie Ae À. acuminqta L. dont le nombre de générations annuelles varierait selon les auteurs de l. à 4. Enfin, Jounolrl, (1933-1957), pour le Maroc, souligne le caractère cyclique des invasions de ,,4. germari. Il décrit le développementde 2 génétationsannuell€s de cette espèce. Ve,vsslÈne, (1936) ne fait que reprendre les données de Marerqorrr et de JounPlN. L'étude des Aelia dans le cadre marocain était donc devenue indispensable.Nos recherches concernent plusieurs domaines : tout d'abôrd la détermination rigoureuse des espèces à tous les stades et, pour chaque espècenuisible, l'étude du cycle et de la_ fécondité, le déterminismede la diapauseet la dynamique des populations. Cette première contribution doit être considéréecomme une étude préalable, support de recherchessur le parasitisme embryonnaite des Aelia. LES AELIA DU MAROC C. [e milieu Le Maroc occupe une surface de 450 000 km2 et est encadré à l'Ouest par l'Atlantique, au Nord par la Méditerranée,à I'Est par les plateaux orientaux et au Sud par le Sahara. 1. Le rehef et I'hydrographie a. Les montagnes et plateaux Ce pays est dominé par l'importance de son relief formé de quatre chaînes très élevéeset d'un ensemblede plateaux, à savoir: 1. Le Rif d'orientationW.E., qui isole la côte méditerranéennedu Maroc. Il culmine à fW au Lexchad (2156 m) et vers le centre au Tidighuin (2 450 m). 2. Le Moyen Atlas dont les chaînesplissées méridionales et surtout orientales(3 190 m) surplombentune successionde plateaux étagésentre 1 000 et 2 000 m.