LELE PAYSPAYSe D’AUGED’AUGE Juillet-Août 2017 - 67 année - n°4 NUMÉRONUMÉRO SPÉCIALSPÉCIAL

CHÂTEAUX, MANOIRS ET BELLES DEMEURES 10 € DU PAYS D’AUGE

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AEB C D

L’abbaye de Grestain 1 Honfleur

Trouville

Tout-la-Ville

2 Cabourg Le Vieux Launay Le Home-Varaville Beuzeval Les Fontaines Pont-l’Évêque Bois Hibou Saint-Julien Merville Cormeilles Le Monastère Blangy Dozulé

Le Château du Pin Becquemont 3 Cambremer Troarn L’Hôtel du Haut-Doyen Saint-Christophe Le Val Richer Le Palais Épiscopal La Bucaille

Le Presbytère de Cirfontaine Fribois Les Roches Gouvix

Mézidon-Canon Le Manoir du Val La Ferme de la Motte Ecajeul 4 La Valaiserie Plainville Querville Bienfaite Ouville-la-Bien-Tournée Les Lords Le Lieu Rocher Lortier L’Engagiste Saint-Pierre- sur-Dives Le Château de Grisy

Le Presbytère de Grisy Le Robillard Le Coudray 5 Courcy Louvagny

Barou-en-Auge Vimoutiers Norrey-en-Auge

Cauvigny

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Gacé

Le Manoir de la Croix Exmes Commune du circuit de la pierre au pan de bois 7 Monument avec une notice

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LE PAYS D’AUGE 67e année - Numéro 4 - juillet-août 2017 Châteaux, Manoirs et belles demeures 2 Introduction 36 Lisieux - L’Hôtel du Haut-Doyen Livarot-Pays d’Auge (Auquainville) - Lortier 6 Circuit, de la pierre au pan de bois 36 37 Livarot-Pays d’Auge (Le Mesnil-Durand) - 9 Mézidon-Vallée d’Auge (Ecajeul) - Plainville Manoir des Lords (Le Pontaléry) 12 Vendeuvre (Grisy) - Le château 38 Livarot-Pays d’Auge (Tortisambert) - 15 Vendeuvre (Grisy) - Le presbytère Le Coudray 18 L’Oudon - Le Robillard 39 Orbec - L’Engagiste 20 Décors caractéristiques de châteaux 40 Marolles - Le Presbytère de Cirfontaine et manoirs 40 Marolles - La Bucaille 42 Prêtreville - Querville 21 Au fil des lieux et des communes... 44 Putot-en-Auge - Bauquemare 22 Belle-Vie-en-Auge (Biéville-Quetiéville) Les Roches 44 Résenlieu - Manoir de la Croix 23 Belle-Vie-en-Auge (Saint-Loup-de-Fribois) 45 Saint-Julien-sur-Calonne - Le Vieux Launay Fribois 46 Saint-Julien-sur-Calonne - Saint-Julien 24 Blangy-le-Château - Manoir et Gendarmerie 47 Saint-Julien-sur-Calonne - Les Fontaines 25 Courtonne-les-deux-Eglises - 48 Saint-Martin-de-Mailloc - Manoir du Val La Ferme de la Motte 48 Saint-Martin-de-Bienfaite – Bienfaite 25 Castillon-en-Auge - La Roquette 50 Saint-Martin-aux-Chartrains - Tout-la-Ville 26 Courtonne-la-Meurdrac - Gouvix 50 Saint-Ouen-le-Pin - Le Val Richer 27 Brucourt - le Monastère 52 Saint-Germain-La-Campagne - La Valaiserie 28 Dives-sur-Mer - Bois Hibou 52 Saint-Jouin - Becquemont 28 Fatouville-Grestain - L’abbaye de Grestain 53 Saint-Pierre-en-Auge (Vieux-Pont) - 29 Le Pin - Le château Le Lieu Rocher 30 Firfol - Saint-Christophe 54 Pour aller plus loin 32 Houlgate - Beuzeval 34 Le Renouard - Cauvigny 55 Le Pays d’Auge à pied... 35 Lisieux - Le Palais épiscopal 56 Bloc-notes

Textes et notices : Jean Bergeret, Françoise Dutour et Dominique Guérin avec le précieux concours des propriétaires. Sauf Château de Grisy (Nicolas de Lardemelle), Abbaye de Grestain (Nicolas Wapler) En couverture : Manoir de la Roquette. Les photos sont de l’Association sauf Christian Bosshard (p. 2, 3, 5, 42, 51, 55), Michel Dehaye (p. 4, 8), Nicolas de Lardemelle (p. 12, 13), Philippe Dorléans (p. 18, 19), Damien Letorey (p. 24), Dominique Duperray (p. 24), Alice Lengelé (p. 27), Nicolas Wapler (p. 28), Alain Furet (p. 37), Mireille Lauzanne (p. 38), Marie-Pierre Vial (p. 40), Laurent Ruel (p. 44). En supplément à ce numéro : un bulletin d’abonnement à la revue Le Pays d’Auge et d’adhésion à l’Association, le programme de la XXIIIe éditon des Promenades musicales du Pays d’Auge et un bulletin de souscription pour Eglises du Pays d’Auge - Trésors et curiosités.

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Châteaux, manoirs et belles demeures L’association Le Pays d’Auge a pour mission de mettre en valeur le patrimoine sous tous ses aspects.

es six numéros annuels de la revue proposent Le numéro met en valeur un espace particulier : Laux lecteurs des sujets variés autour du Pays l’ouest augeron, celui qui borde la plaine de Falai- d’Auge. Depuis 2009, le numéro d’été (juillet- se. Pays de la pierre, des fermes à cour fermée, ce août) est tout entier consacré à un thème. Le pre- Pays d’Auge est plus secret, moins connu mais mier a été Le Pays d’Auge vu du ciel, puis ont suivi recèle une grande richesse dans son patrimoine Le pays d’Auge au temps des impressionnistes bâti. C’est donc une découverte que nous vous (2010), Dans les pas des Normands 911-2011 proposons sur ce thème. Mais pierre et pan de (2011), Les parcs, jardins et espaces naturels (2012), bois se succèdent en douceur, l’une faisant place à La Libération (mai-juin 2014), Les images littorales l’autre et parfois se mêlant. Entre les vallées de la du Pays d’Auge (2015), Les bourgs et villages du Dives, de la , de l’Orbiquet se déploie Pays d’Auge (2016). l’étonnante variété des constructions augeronnes. En 2013, nous avions consacré un numéro aux A ce circuit, viennent s’ajouter des manoirs que Châteaux et manoirs du Pays d’Auge. Le numéro est nous vous invitons à découvrir au fil de l’ordre épuisé. Il est disponible en version numérique sur le alphabétique des communes (nouveau nom suivi site de l’association. Mais le patrimoine de « cette du nom ancien) dans lesquelles ils ont été érigés, petite région normande » est si riche qu’il nous est agrandis et ont vécu leur belle histoire depuis cinq apparu que nous pouvions proposer à nos lecteurs ou six siècles. un autre numéro sur ce même thème. Souvent dis- Nous avons été aidés pour la réalisation de ce simulés en fond de « rade » ou derrière des bos- numéro par tous les propriétaires qui ont bien voulu quets, manoirs et châteaux ne sont pas toujours nous laisser rentrer, nous autoriser à publier une (1) Si vous souhaitez avoir faciles à découvrir. Nous avons donc pris la route et façade de leur maison et à nous raconter l’histoire plus de renseignements sur cette organisation une carte et nous sommes partis à la découverte de passionnelle qu’ils vivent avec elle (des travaux de territoriale normande, cf. ce patrimoine bâti si caractéristique. Les pages qui restauration qui s’étalent sur plusieurs dizaines Yves Lescroart, « Le manoir, suivent sont donc le résultat de « folles » virées d’années, des souvenirs de famille, etc.). N’oublions héritage seigneurial » dans dans le Pays d’Auge où nous avons découvert - c’est pas toutefois que ces maisons, ces manoirs, recou- Le Pays d’Auge, n°4, juillet- août 2013, article d’où sont bien le mot - de nouvelles demeures, en pan de bois vraient une « réalité politique, fondée sur le droit tirées les quelques lignes ou non, visibles de la route ou non. Très souvent, il féodal, que le manoir est l’expression d’un mode précédentes. Et encore plus apparaît qu’elles sont entourées d’un parc ou d’un d’aménagement du territoire et d’un type de de renseignements dans jardin, qui sont autant d’indices sur les goûts des société qui a eu cours pendant une bonne partie de Régis Faucon et Yves Lescroart, Manoirs du Pays propriétaires : rhododendrons, tilleuls, catalpas, notre deuxième millénaire, avec une période d’Auge, Ed. Mengès 1995 cèdres, sapins, genko biloba, etc. d’apogée aux XVe et XVIe siècles » (1).

Exemple de demeure fortifiée médiévale proche de l’église avec logis, chapelle et bâtiments d’exploitation agricole (La Houblonnière).

Page ci-contre : L’image du Pays d’Auge par excellence : le manoir faisant face à un verger de pommiers en fleurs... Classique, ce manoir est la quintessence des constructions en pan de bois du XVIIIe siècle : rythme des ouvertures, symétrie, bâtiments d’exploitation rejetés sur les côtés de la cour.

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Ce projet n’aurait pu aboutir ou de manière agriculture de labours. De vastes finages (pièces de imparfaite, si nous n’avions pas reçu l’abondante terre) de champs ouverts portent blé, orge, betterave iconographie des centaines de photos aériennes sucrière, lin et fourrage. Les fermes s’organisent selon prises par Christian Bosshard, président du Photo- un modèle qui correspond aux besoins de Club de Cambremer dans l’avion conduit par Clau- l’exploitation. Une cour close de murs dans lesquels de Fournis. Tous deux ont survolé le Pays d’Auge viennent s’insérer les différents bâtiments pour votre satisfaction et la leur aussi je suppose, d’exploitation caractérisés par des pignons très hauts car, sur quelques mois, ils auront pu voir le Pays et sans ouverture côté mur extérieur. Ils sont reliés par d’Auge en fleurs en mai, en couleurs en juin, les un muret continu qui interdit toute végétation afin de champs étant recouverts de colza jaune, de lin bleu ne pas fragiliser les soubassements. On trouve les et bien sûr de prairies vertes, sur lesquelles étables, les écuries, les remises, une laiterie, un pres- s’ébrouent des chevaux et de moins en moins de soir et une cave, si un verger existe sur une parcel- vaches. Mais cela est une autre histoire. le. Parfois une forge est présente quand Grâce à tous, ce numéro est un livre d’images, qui l’exploitation élevait des chevaux pour l’armée (XIXe vous invite à vagabonder sur les routes souvent siècle). Il faut y ajouter le poulailler, le puits et le étroites et secrètes avec la promesse de belles colombier, souvent situé en-dehors de la cour et découvertes. une mare. L’accès, depuis la rue, se fait parfois, dans les domaines les plus importants, par une Typologie double porte cochère et piétonne. Le cadre végétal Depuis les plaines de Caen et de Falaise jusqu’aux est restreint, le minéral domine. Cette organisation vallées du cœur du Pays d’Auge deux organisations limite les déplacements entre les différents bâti- de l’espace se succèdent. A l’ouest, la plaine, qui vient ments et n’empiète pas sur les terres arables voi- buter sur la cuesta du Pays d’Auge, correspond à une sines immédiates de l’exploitation. Enfin, les hauts

Exemple de cour close de murs dans lesquels viennent s’insérer les différents bâtiments d’exploitation (Mézidon-Vallée d’Auge, Mézidon-Canon, La ferme du Haut-Bois).

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murs et l’entrée unique minimisent les risques de et de sa famille, cœur de l’exploitation agricole qu’il Exemple de cour ouverte vols ou de déprédations. La maison du maître est gère directement ; il est aussi le signe tangible de avec le manoir au fond de la cour, les bâtiments située le plus souvent au milieu d’un des côtés. Elle son rang social et de ses prérogatives : il y reçoit agricoles sont implantés comporte au moins deux niveaux et un grenier. Le l’hommage de ses vassaux, des tenanciers des terres de part et d’autre de la jardin se situe à l’arrière. qui leur sont confiées, mais y accueille également cour centrale Progressivement, vers l’est, c’est la transformation son suzerain, auquel il doit également fidélité par la (Valorbiquet, la Chapelle-Yvon, Le du cadre végétal qui signale la transformation de cérémonie de l’hommage. Il y bénéficie de droits Besneray). l’organisation spatiale. A la rigueur des labours particuliers comme le droit de colombier, dispose succèdent l’élevage en plein champ et la production parfois de sa chapelle privée, et peut, dans une laitière. Prés, prairies, vergers accompagnent modeste mesure, fortifier son manoir. l’éclatement de l’organisation spatiale. Les besoins Le manoir doit donc refléter ces différents aspects sont différents et le pan de bois permet, dans sa et être à à la mesure de son importance politique et relative facilité de mise en œuvre, d’édifier des bâti- économique. Sur le plan architectural, il comprend ments de taille très variée : pressoirs et cave, char- donc à la fois le logis seigneurial, les bâtiments reterie, étables, et écurie de grande dimension. Ces d’exploitation et a parfois conservé le signe le plus éléments sont le plus souvent en longueur et de marquant de son état : le colombier. faible élévation, à deux niveaux : un rez-de- Le manoir est généralement un ensemble ordon- chaussée et un grenier. Le poulailler, le four à pain nancé, disposé en cour fermée, mais voit plus fré- sont plus modestes. A la dissémination des bâti- quemment ses différents bâtiments isolés ordonnés ments s’associe d’une façon plus générale la dissé- à l’intérieur de l’enclos manorial - parfois encore mination de l’habitat, le village n’étant signalé que entouré d’eau - et dominés par un colombier à la par un clocher ou une mairie. Les différents bâti- mesure du domaine. Ordonnance assez libre à ments sont disposés dans les pièces de terres l’époque médiévale, le manoir adopte progressive- proches de la maison d’habitation mais ils peuvent ment les compositions de l’époque classique, avec aussi être isolés en fonction de la configuration du les communs souvent alignés sur deux axes symé- terrain. triques de part et d’autre de celui du logis, relé- Le terme « manoir » ne s’applique pas aux guant souvent le colombier dans l’un des angles. Le simples fermes, mais distingue les domaines sei- jardin s’étend volontiers à l’arrière du logis, tandis gneuriaux, sièges des anciens fiefs de la société féo- que l’on s’efforce de magnifier l’accès au manoir dale. Il est à la fois demeure ordinaire du seigneur par une belle avenue.

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Circuit, de la pierre au pan de bois La vallée de la Dives est capricieuse : née dans l’Orne, elle quitte rapidement le Pays d’Auge à Saint-Lambert-sur-Dives pour le retrouver à Saint-Pierre-sur-Dives, alors que son principal affluent, la Vie, coule entièrement au cœur du Pays d’Auge. Les vagabondages de La Dives, ses hésitations entre plaine de Caen et collines se traduisent sur le plan de l’habitat. Oscillant entre des pays de grands horizons et les moutonnements boisés et argileux de l’est, la frontière entre les constructions en pierre et celles en pan de bois est aussi hésitante que le cours de la rivière, associant parfois dans un même lieu les deux techniques.

La pierre en Pays d’Auge Parfois, contrastant avec la pierre, un élément en Le Pays d’Auge de pierre surprend par ses habita- colombage vient rompre l’unité : c’est une charre- Mézidon-Vallée d’Auge tions qui se déploient généralement en longues terie ou bien une grange, à moins qu’une partie de (Ecajeul). Bâtiment de type manorial. enfilées perpendiculaires à la route. la demeure ne soit complétée par une partie en L’organisation de ce bâti- Les villages semblent n’offrir que des pignons et bois. Une sorte d’hésitation, à moins que la proxi- ment, aujourd’hui inhabité, de longs murs, interrompus par des portes cochère mité de l’argile et des forêts n’ait facilité cette asso- n’a pas subi de modification et piétonne. Elles sont souvent monumentales et ciation. sauf un agrandissement en parpaings sur la façade arriè- donnent accès à de vastes cours de ferme, cein- re. Corps de logis en colom- turées par les bâtiments d’exploitation. Au centre, De la qualité de la pierre dépend sa mise en bage (fin XVIe siècle) pour l’habitation du maître en pierre, sur au moins deux œuvre. Les calcaires tendres donnent des blocs l’habitation. La partie en pier- niveaux, tranche avec les logements des ouvriers peu épais, les « platins ». Ils sont ébauchés seule- re est utilisée à des fins agri- coles : écurie, grenier et agricoles situés au rez-de-chaussée des bâtiments ment sur le côté extérieur pour le parement, puis colombier. (Visible) annexes. disposés en lits horizontaux sans mortier. La maçonnerie est ensuite noyée dans un hourdis de sable et de chaux. Entre le mur extérieur et le mur intérieur (avec un parement externe lui aussi), on dispose un remplissage de tout venant ce qui donne une épaisseur de mur de 45 cm à plus de 60 cm quand le bâtiment est sur plusieurs niveaux. Les granges, souvent très hautes, nécessitent des contreforts.

La pierre, plus dure, produit des éléments plus importants, soigneusement taillés, parfois moulurés ou sculptés. Ils servent pour les chaînages, les enca- drements de portes et de fenêtres. Ils sont alors dis- posés en harpe pour les angles des bâtiments ou les pignons. Ils entrent ainsi dans la décoration des façades et des ouvertures. Les décors sont absents des bâtiments agricoles et se concentrent sur l’habitation principale ou la porte d’entrée.

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Merville. Château. (XVIIe siècle). Fenêtre à meneaux et lucarne en pierre surmontée d’un fronton, jambages en volute. Murs en platins calcaires. (Visible).

Mézidon-Vallée d’Auge (Mézidon). Porte de la grange aux dîmes. Encadrement taillé dans des blocs de pierre plus dure disposés en une harpe inégale. (Visible)

Le Home-Varaville. Porte d’entrée de la ferme du Home. Datée 1778. Mise en oeuvre de moellons taillés formant des arrondis au-dessus des deux portes (cochère et piétonne) avec un claveau central en saillie dans un arc en anse de panier. Les blocs de pierre, de part et d’autre de l’entrée principale, protègent l’entrée des roues des charrettes. (Visible)

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Les calcaires durs sont aussi employés pour les cheminées, les escaliers et les bandeaux entre les étages qui peuvent être apparents et donner un rythme à l’édifice.

De Mézidon à L’Oudon Mézidon-Vallée d’Auge La route, du nord au sud, suit la courbe de la (Mézidon-Canon). Dives se glissant entre les collines à l’est et la plaine La ferme du Haut-Bois. Transformée en relais de à l’ouest. poste par Jean-Baptiste Elie de Beaumont, la cour Le bourg de Mézidon ne conserve que quelques comprend les logements pour colombages dans le vieux bourg à l’entrée de la les voyageurs, les écuries pour chevaux et les remises route venant de Crèvecœur. Le bâti est voué à la pour voitures. pierre. Elle est omniprésente dans les maisons de Le logis du Haut-Bois est en maîtres, ouvrières ou celles construites par la popu- pierre sur deux niveaux avec lation cheminote, ce qui confère une certaine unité un grenier à lucarnes. Les bâtiments agricoles sont dans à l’architecture de la ville. Les grandes fermes sont l’alignement (voir vue toujours actives, elles ont conservé leur disposition aérienne page 4). autour d’une cour et leurs bâtiments en pierre : (Visible) ferme de La Londe, ferme du Haut-Bois (ancien Mézidon-Vallée d’Auge relais de poste), ferme du Bois-Canon, ferme du (Mézidon-Canon). Breuil. La ferme du Haut-Bois comme celle de la Le colombier de la ferme Londe ont gardé un colombier. de La Londe. La ferme Dans un registre bien différent, le château de dépendait de l’abbaye de Sainte-Barbe. Elle est vendue Canon et ses dépendances, oeuvre de Jean-Baptis- à la Révolution et continue te Elie de Beaumont, est l’archétype des maisons d’être une exploitation de plaisance à la campagne qui sont un idéal du agricole. XVIIIe siècle. Là encore la pierre est présente. Il en (Visible) Photos M. Dehayes. est de même au château du Breuil, au milieu de son parc. Mézidon-Vallée d’Auge Nous suivons une route qui longe la plaine, dévoi- (Mézidon-Canon). Détail lant un horizon vaste qui contraste avec celui des d’une lucarne, XVIIe siècle. Ferme du château du Breuil. collines que l’on devine et que l’on empruntera (Visible) pour le retour.

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MÉZIDON-VALLÉE D’AUGE (Ecajeul) Manoir de Plainville

Le manoir et la chapelle depuis l’entrée. Sa tour massive rappelle la présence d’une place forte. La chapelle est située en bordure des douves. La villa a remplacé l’ancien manoir.

Vers 1910. Le manoir et la chapelle avant sa destruction par les bombardements. Carte postale. Coll. Serge Piquot.

Le manoir de Plainville a été un fief important appartenant à la famille Rosey-Plainville. A la Révolution, Joseph Louis Vers 1910. L’intérieur de la Rosey-Plainville devient responsable de la Garde nationale de Mézidon et participe activement à la vie municipale. Il se chapelle. Carte postale porte acquéreur de mobilier provenant de l’abbaye de Sainte-Barbe pour la chapelle de son château. Coll. Serge Piquot.

A l’origine, il devait y avoir une place forte avec des douves - encore visibles -, franchies par un pont. Au XVIIIee siècle, une construction nouvelle est édifiée, sûrement sur des ruines. C’est un logis d’un seul niveau avec grenier à lucarnes. Il est précédé d’une chapelle avec un clocher massif qui existe toujours. Des ossements ont été retrouvés dans la nef lors de travaux.

A la suite des bombardements de 1944, le manoir est détruit. La nouvelle construction (vers 1955) emprunte au style classique par les frontons triangulaires des trois fenêtres centrales ; des loggias, qui peuvent rappeler les galeries des manoirs, ferment les angles du premier étage. La pierre utilisée s’harmonise avec les bâtiments agricoles très importants, situés à droite en contre-bas. Un haras est aujourd’hui installé sur l’exploitation de Plainville. visible

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1 - Mézidon-Vallée d’Auge (Ecajeul). La mairie et le manoir. La mairie, située à droite dans un petit bâtiment en pierre, est comprise dans un ensemble en pan de bois. Le colombage est essentiellement composé de bois verticaux sauf écharpes de raidissement. C’est une construction à longs poteaux pour la partie centrale. Sur la gauche, des agrandissements successifs sont de moindre hauteur mais gardent la même mise en oeuvre du pan de bois.

2, 3 - Saint-Pierre-en-Auge (Ouville-la Bien-Tournée). Lieu de La Croix. Porte piétonne de ferme, en pierre taillée et décor en relief. Le logis, d’une facture soignée, est en pierre avec encadrement de pierre taillée autour des ouvertures. Le colombier est dans le grenier. 2 3

Les bâtiments qui abritent la mairie d’Ecajeul pré- labours. Ainsi à Ouville-La-Bien-Tournée au lieu La sentent cette double appartenance aux deux archi- Croix, l’entrée de la cour garde une porte piétonne tectures augeronnes. L’ensemble comprend un aux allures d’entrée de château fort. Le logis se pré- bâtiment principal, un manoir en pan de bois, lequel sente sur deux niveaux avec des combles dont les est flanqué d’un bâtiment en pierre plus tardif. Dans ouvertures sont en façade. Une disposition peu fré- le bourg, des maisons de maîtres en pierre se dissi- quente dans ce type de bâtiment. L’appareillage mulent derrière des frondaisons de tilleuls. associe les pierres taillées et les platins. Le long de Les fermes témoignent, dans leur organisation, de notre itinéraire, ces types de fermes sont nom- l’importance d’une activité agricole tournée vers les breuses avec des variantes.

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Au centre du bourg de Courcy, on découvre les ruines d’un puissant château fort dont il reste une partie des tours et des fortifications. Demeures soi- gnées et maisons de journaliers alternent dans le bourg.

Le château de Louvagny n’est que difficilement visible. Par contre, l’architecture rurale est ici très remarquable : longs murs et hautes granges soute- nues par de solides contreforts forment le principal du bâti. Une longue grange est une illustration des constructions rurales : un appareillage en petites plaquettes, quelques ouvertures entourées par des pierres taillées. Les toits sont en tuiles. 1

La survie de ces bâtiments est un problème : ils ne sont plus adaptés aux techniques agricoles contem- poraines et leur toiture est une charge. On peut constater que, dans certains ensembles, les bâti- ments ont perdu leur toiture et leur charpente ne laissant que des murs.

Le village de Grisy est un témoignage d’une orga- nisation ancienne : deux châteaux, Grisy et Carel, sont situés dans un ensemble d’habitations et de bâtiments agricoles de pierre très blonde, un contexte architectural très peu modifié. 2

1 - Courcy. Porte d’entrée d’une des enceintes de l’ancien château-fort.

2 - Louvagny. Grange proche de l’église. Elle est comprise dans un long mur qui inclut d’autres bâtiments. Les granges très hautes servaient à conserver les foins dans les greniers.

3 - Barou-en-Auge. L’ancien château fort a été remplacé au XIXe siècle par un édifice classique. Il reste les douves 3 et un bâtiment ancien.

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Visite libre des extérieurs Vendeuvre - Le château de Grisy sente des lucarnes caractéristiques, portant armoi- tous les jours du 1er juillet Il comprend : le château lui-même ou logis, cou- ries des familles et les symboles d’Henri II. La faça- au 15 août, et le week- end des Journées du vert de tuiles et d’ardoises, les deux communs, de arrière comporte une tour d’escalier hors œuvre patrimoine, de 13h30 à imposants par leur taille et leur hauteur en particu- en pierre dont le dernier niveau est en pan de bois 19h30. Entrée gratuite. lier, la pièce d’eau et le pré-verger qui la prolonge. et torchis. Cette tour, très élégante et typiquement Cet ensemble, au milieu des herbages, se trouve normande, a été restaurée en 2016. Le commun à 50 mètres de la Dives naturelle. ouest date également du XVIe siècle. Il forme un tout harmonieux, protégé par les monuments historiques en raison de son caractère En 1670, Noël Le Jeune, écuyer, fait édifier une particulier, tant sur le plan architectural que pour grande extension, complétée par des écuries aux son agencement à vocation pastorale. arcades surbaissées. On trouve la trace des premiers seigneurs de Grisy De 1702 à 1723, son fils, Nicolas Le Jeune, opère à partir du XIIe siècle ; il est vraisemblable qu’ils une vaste campagne de restructuration, transforme logeaient en ce lieu. l’intérieur du château en créant un escalier en pierre Le château actuel témoigne de cinq périodes de à rampe en fer forgé et cage majestueuse. Il conver- construction. Le premier logis, construit vers 1400 tit les écuries en pièces de réception. A l’est, un par les seigneurs de Grisy, n’est plus visible aujour- nouveau bâtiment est édifié, comprenant loge- d’hui, mais une cuisine ancienne en témoigne. ment, écuries et un imposant pressoir à cidre. Ce pressoir, manœuvré par un cheval, se distingue par La construction, de style Renaissance XVIe siècle, sa taille et par le fait qu’il est absolument complet est l’œuvre de Jean de la Flèche, seigneur de Grisy et en état de marche avec la pile et la presse, ce qui vers 1520-1530. La façade, de style Henri II, pré- devient rare.

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Une dernière campagne de construction a lieu en Le Jeune, le relève, l’agrandit, puis l’embellit. Mais 1738 et prolonge le bâtiment d’une nouvelle le calme est de courte durée car la Révolution travée. française en chasse les occupants et les symboles Le château appartient successivement à plusieurs religieux, tout en préservant heureusement le reste. familles, puis, à partir de 1910, aux arrières-grands Les conflits titanesques de la Deuxième guerre mon- parents des propriétaires actuels. diale le blessent lors de l’occupation allemande puis de la bataille de Normandie. Le château a vécu au rythme de l’histoire de Fran- ce, avec ses périodes paisibles, de développement, Cet ensemble harmonieux, qui inspire le calme et d’épanouissement, mais aussi de guerres, dévasta- le repos au bord de la Dives, fait l’objet de chantiers tions et autres vicissitudes. Une longue maturation de restauration depuis les années 1980 grâce à au Moyen-Âge conduit au « premier logis », et il a l’aide du Ministère de la culture au titre du patri- fallu la volonté et la puissance de la famille de Jean moine, du département du , et des asso- de La Flèche pour l’amener à l’épanouissement de ciations Vieilles Maisons Françaises et French la période Renaissance. Mais les guerres de religion Heritage Society. Les jardins extérieurs, ouverts au sont dévastatrices et le château menace déjà public les après-midi durant l’été, permettent de ruines… Une autre grande famille, celle de Nicolas découvrir cet ensemble.

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Grisy - Le presbytère Demeure classique, actuellement en mains privées et en mauvais état, ce presbytère est intéressant par le décor de sa travée centrale. Au rez-de-chaussée, une porte d’entrée surmontée d’un arc de décharge dont le claveau central est orné d’un décor floral. Le tympan correspond à un cadran solaire portant l’inscription sui- vante : Fbace par Mess. Champs l’an 1772. Inscription et chiffres en caractères romains étant incisés dans la pierre. Sous le rebord de la fenêtre centrale du premier étage, on déchiffre un texte en latin : Ultima latet (ta dernière heure est cachée). L’ensemble est surmonté d’un arc en accolade, du plus bel effet décoratif. L’église, voisine, comporte des pavages en Pré d’Auge et des bancs du XVIIIe siècle, date correspondant à celle du presbytère. Ce qui indique une décision de renouvellement à cette époque dans le village de Grisy.

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Toujours vers le sud, Barou-en-Auge aligne ses pignons de pierre de chaque côté de la route. La ferme, dite de la Taverne, située à Barou en direction de Morteaux-Coulibeuf, constitue un très bel exemple du mélange de la pierre et du pan de bois (fig. 1). Au centre, un logis en colombage datant du milieu du XVIe siècle est flanqué par de vastes étables ou communs en moellons. Le sou- bassement est en pierre, mais à droite le sol arrive à hauteur de la fenêtre. Le logis est encadré par deux forts poteaux en pierre taillée sur lesquels viennent reposer les éléments horizontaux du pan de bois (sablières). Les sablières hautes et basses sont moulurées. L’élévation est faite sur le principe des travées avec un étage carré. L’escalier est inté- rieur. Les ouvertures ont gardé leur disposition d’origine soulignées par de forts poteaux verticaux 2 dont la partie haute est en saillie. L’autre façade est essentiellement en moellons. Cet ensemble fait face de l’autre côté de la cour à d’autres bâtiments en pierre. A proximité, un petit château est posé, tel un jouet au milieu d’une vaste pelouse. Il offre trois ouvertures à chaque niveau (fig. 2). Un léger avant corps est surmonté d’un fronton triangulaire très simple. Les angles du bâtiment sont faits de pierres taillées disposées en harpes régulières. Les che- minées sont reportées sur les pignons.

Situé près de l’église de Ammeville (commune de l’Oudon), le manoir de Beaulieu (fig. 3) présente une façade en pierre avec une avancée à chaque extrémité. Norrey-en-Auge recèle de belles propriétés en pierre et des fermes dont l’entrée est souvent 3 monumentale, un mur enserrant l’ensemble des bâtiments (fig. 4). Parfois cependant apparaît « un soupçon de colombage » qui annonce l’évolution dans les matériaux employés. La route vers le nord en direction de Mézidon nous plonge dans l’environnement plus tradition- nel de l’Auge : une route entre vallons et vallées, et puis le colombage devient plus présent même si la pierre ne disparaît pas. Le mélange est subtil avec de grandes propriétés en pierre et des dépen- dances en colombage. Le pan de bois réapparaît dans des logis. Ici la cour de ferme n’est plus fermée mais elle dispose de bâtiments plus ou moins éparpillés. Certains sont isolés comme les bouilleries, rendues dange- reuses par le feu qui était nécessaire à la distillation. Les maisons de maître restent encore en pierre ins- pirées du classicisme du XVIIIe siècle. 4

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L’Oudon (Lieury) - Château du Robillard Le château du Robillard est un ancien château fort, situé sur la Gronde. Sur son emplacement est édifié, au XVIIe siècle, un nouvel ensemble par la famille Lher- mite. En 1700, Catherine L’Hermitte épouse le maré- chal de Montesquiou, comte d’Artagnan (cousin du héros de Dumas). En 1770, le domaine devient la pro- priété de la famille d’Infreville et ce jusqu’en 1905. En 1912, le richissime américain Franck-Jay Gould le rachète et entreprend de grands travaux dont la construction d’un pavillon à l’entrée et surtout 1 - La façade depuis le l’installation d’un haras. pont sur les douves. 2 - Les douves Le plan se développe en un logis principal flanqué 3 - La cour avec la galerie de deux avancées terminées par des toits à quatre et le pavillon d’entrée. 4 - Détail du décor des pentes sur comble à la Mansart. Un avant-corps cen- 4 tral est en pierre taillée, surmonté d’un fronton, et pilastres de la façade encadré de pilastres. L’entrée principale et une fenêtre ger), 40 génisses et 55 vaches laitières (quota de 300 constituent les ouvertures. Le bâtiment principal est 000 litres) normandes nourries uniquement à l'herbe, prolongé sur sa droite par une aile en retour qui ferme selon le cahier des charges des fromages AOP, livarot une cour sur deux côtés. Une partie repose sur une et pont-l’évêque. Confié aux bons soins du Conseil galerie à l’italienne. Le décor alterne des lucarnes en Régional de Normandie, il offre un ensemble harmo- pierre ouvragées et des fenêtres surmontées d’un nieux qui continue à évoluer et à répondre à ses nom- fronton et dont le claveau central est orné d’un motif. breuses missions. Depuis 1962, le premier lycée agricole français y est installé. Aujourd'hui, le Robillard, c'est 155 ha de sur- C’est donc par cet ensemble remarquable que se face agricole utile (55 ha de cultures de vente, 8 ha de termine la promenade sur les marges ouest du Pays vergers AOC Pays d'Auge, 92 ha en système fourra- d’Auge.

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Décors caractéristiques de châteaux et manoirs Au cours de la réalisation de ce numéro, nous avons pu découvrir toute la variété des décors ornant ces monuments. En voici un bref aperçu.

1. Manoir de Bauquemare (Putot-en-Auge). Rageur sculpté appartenant à une série de 6 sablières au décor sculpté et datées du XVIe siècle. On admirera la perfection des dents et la méchanceté du regard.

2. Le Lieu Rocher (Vieux-Pont- en-Auge). Entre des poteaux, l’hourdis est rempli de tuileaux et l’artisan s’est amusé à y insérer une forme inhabituelle, un cœur. 1 5

3. Manoir du Vieux Launay (Saint-Julien-sur-Calonne). Blason sculpté sur le mur méridional.

4 Manoir de Querville (Prêtreville). Poteau décoré d’une « tête de feuilles », fin XVe siècle. 6 5. Lisieux, Hôtel du Haut- Doyenné. Décor sculpté de la fenêtre du premier étage de l’avant-corps à sujet agreste, dans le goût rousseauiste de l’époque (XVIIIe siècle) : râteau et pelle enrubannés, corbeille de fleurs.

6. Fief du Gal (Saint-Germain- la-Campagne). Exemple d’essentage en bois de châtaigniers dont les écailles forment des triangles.

Manoir de Cauvigny (Le Renouard) 7. Détail d’un papier peint 2 (Directoire) découvert lors des travaux de restauration intérieure. 8. Décor peint de poutres du 1er étage (XVIIe siècle).

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Au fil des lieux et des communes...

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Ne se visite pas BELLE-VIE-EN-AUGE (Biéville-Quétiéville) Les Roches ncien manoir de la famille de Querville Acomme le montrent les armoiries de Jacques de La Lande, seigneur de Querville sur le manteau de la cheminée ancienne encore en place au rez-de-chaussée (deux écus « d’argent au sautoir de gueules »). Avant sa restauration récente par les actuels propriétaires, l'ensemble du domaine (gran- ge, pressoir, box et le bâtiment du logis) était utilisé comme exploitation agricole. Le site est bordé par un réseau de fossés alimenté par un bief de la rivière La Vie qui traverse le domai- ne. Ce petit aspect défensif est soutenu par une tour d’escalier en pierre, disposée sur la façade arrière. En pierre également, l’important massif de cheminées, regroupant les quatre conduits de che- minée des pièces des deux niveaux. Un cadran solai- re porte l’inscription « 1700 », date de sa mise en place deux siècles après la création du manoir : structure à longs poteaux sur deux niveaux, sablière coupée pour laisser monter d’une traite les longs poteaux. C’est une construction sans doute de la fin du XVIe siècle ayant conservé une cheminée, au rez- de-chaussée, plus ancienne. La tour d’escalier semble aussi être de la fin du XVIe siècle ou du Ce manoir appartient à cette série dans laquelle début du XVIIe siècle, comme le suggérent les bos- « le logis, symboliquement fortifié et dominé par sages d’une porte, actuellement à l’intérieur, du rez- une tour, occupe l’étroite plate-forme de la de-chaussée. motte », ici fort ténue.

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BELLE-VIE-EN-AUGE (Saint-Loup-de-Fribois) Plus exceptionnel est l’escalier extérieur, et son Fribois palier haut abrité sous un véritable pignon, cou- e regard est immanquablement attiré par ce ronné par une imposante ferme débordante, ornée Llong bâtiment au rez-de-chaussée de pierre, d’un trilobe épointé. surmonté d’un étage de bois, remarquable par Cet escalier donnait accès aux parties habitables l’alignement des fenêtres qui se développent, avec du logis édifié vers 1470-1480, daté par dendro- leurs allèges en croix de Saint-André, sur toute la chronologie, aménagé au-dessus d’un cellier. longueur de la façade. Cette disposition permettait Ce bâtiment d’habitation est venu compléter le un abondant éclairement lorsque les volets de bois logis originel édifié quelques décennies plus tôt et coulissaient dans les rainures ménagées entre les qui subsiste au centre de la cour, construit selon la poteaux et s’abaissaient derrière l’allège ; on retrou- technique des « longs poteaux », ménageant La façade, est, ici ve cette pratique dans de nombreuses maisons cependant un faux encorbellement mouluré entre présentée, est visible de urbaines de la fin du XVe siècle. les deux niveaux. la rue.

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BLANGY-LE-CHÂTEAU Manoir et Gendarmerie ès le XIe siècle, Blangy est une importante Dbaronnie. Celle-ci passe dans des familles successives jusqu’à la Révolution : maison des Crespin, puis famille de Tancarville et enfin, en 1646, c’est la famille Le Viconte qui tient Blangy dans ses biens jusqu’à la Révolution. Bien sûr, le château de Blangy, c’est la motte castrale de 5 m. de hauteur avec, en son sommet, un imposant pan de mur. Mais il existe aussi un second site avec plu- sieurs logis successifs. La présence, dans le premier logis, de traces d’ouvertures dans le pignon sud permet d’en faire remonter la construction à la fin du XIIe ou au début 4 du XIIIe siècle. Il a beaucoup été remanié et, au XVIIe 1 - Vestige d’ouverture siècle, par souci de symétrie, il a été allongé de médiévale sur le mur sud 5,80 m. pour être aligné sur un nouveau logis édi- du premier logis. fié parallèlement. Ce dernier bâtiment met en 2 - Extension XVIIe siècle du premier logis. œuvre la brique et la pierre. Les hautes fenêtres à 3 - L’alignement des deux meneaux et les toitures pentues confèrent élégance logis : au premier plan le à l’ensemble. Ces aménagements ont probable- plus ancien, très remanié ment été réalisés par Robert du Breuil entre 1620 et avec son extension (à gauche). A l’arrière, le 1650. logis du XVIIe siècle. En 1857, devant la vétusté de la Gendarmerie, un 4 - Vue aérienne du bourg nouveau bâtiment est construit : corps central en de Blangy avec, de gauche avancée, calepinage de briques rouges remar- à droite, la gendarmerie, le premier et le second logis quable, fenêtres arrondies au premier niveau. La parrallèles. gendarmerie déménage en 1985 et elle devient une 5 - La gendarmerie. propriété privée. 5

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COURTONNE-LES-DEUX-EGLISES CASTILLON-EN-AUGE La Ferme de la Motte (fig. 1 et 2) La Roquette (fig. 3 et couverture) rois bâtiments forment l’ensemble de cette ur les hauteurs boisées de Castillon-en-Auge, dominant la vallée de la Tferme et chacun d’entre eux raconte SViette d’où l’on aperçoit les tours de l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-Dives l’évolution de la société augeronne au cours et même, par temps clair, la Suisse Normande, fut construit ce manoir où des siècles. la symétrie est très présente sans être pesante. De l’époque médiévale, on retiendra les fonda- Un escalier et une galerie ont été construits aux deux extrémités, sur les tions qui se situent sous le bâtiment en pan de bois. murs pignons. La façade repose sur un soubassement de pierre, dans lequel On y trouve des caves et des celliers. Les murs des fragments de météorites, tombés non loin, ont été insérés. La structure de médiévaux sont nettement visibles sur la route qui bois repose sur des longs-poteaux répartis sur neuf travées, aucune oblique ne conduit de Courtonne-les-deux-églises à Courton- vient raidir l’ensemble. Des sablières sont coupées en fonction de la largeur ne-la-Meurdrac. des travées. Sous les fenêtres du premier étage, le remplissage entre les pans Le bâtiment en pan de bois, plus tardif, s’adapte de bois est assuré par des carreaux de couleur avec des décors géométriques au site : la sablière du rez-de-chaussée qui court (1). Dans la toiture, les cheminées sont rejetées aux extrémités de la structu- tout le long de la façade déborde pour devenir une re. Des lucarnes sont disposées symétriquement à partir de la grande lucarne, sablière d’étage sur le mur pignon, dont une élément central et dominant et lui-même dominé par un épi de faîtage. Les fenêtre a conservé un volet extérieur. fenêtres centrales, des deux niveaux supérieurs, sont les seules à être Un colombier, sur plan carré, en pans de bois (longs groupées par deux, de part et d’autre d’un poteau de travée. poteaux, profil épaissi de certaines colombes de La porte du rez-de-chaussée qui n’est pas dans l’axe de la grande lucarne l’étage) domine la ferme, il est daté du XVIe siècle. est la seule altération dans cette belle façade symétrique dont la construction e e Enfin, un hâloir, création du XIXe siècle, raconte s’échelonne du XV au XVIII siècle. l’évolution économique et agricole du Pays d’Auge. Ne se visite pas La forme des ouvertures permet de savoir qu’il s’agit d’un hâloir à camemberts. Ils disposent de (1) A l’imitation du décor visible au manoir des Evêques à Canapville (cf. R. Faucon et Y. Lescroart, p. 192) baies oblongues permettant, en fermant tout ou partie des volets, d’assurer une température et une hygrométrie suffisantes pour l’affinage. Le manoir dépendait, à l’époque médiévale, du seigneur de Saint-Paul-de-Courtonne et était forti- fié.

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COURTONNE-LA-MEURDRAC française à plusieurs étages est en accord avec la Gouvix façade XVIIIe siècle du château. Le rythme de la n venant de Lisieux vers Courtonne-la-Meur- façade est donné par les fenêtres du premier étage Edrac, un château occupe une situation excep- 1-2-1-2-1, chaque travée étant mise en valeur par tionnelle. C’est celui de Gouvix, du nom d’un des piedroits en briques. Un balcon reposant sur fief (terre et seigneurie de Gouvix) qui avait jadis une petite corniche protège, par les circonvolutions une très grande importance. Au XVIe siècle, la terre de sa grille, la fenêtre du premier étage, étage de Gouvix fut vendue à la famille Le Vallois et passa noble par excellence dont la distribution intérieure ensuite dans les mains des familles du Houlley (XVIIe confirme la datation du XVIIIe siècle : galerie desser- siècle au XIXe siècle), de Neuville (qui, par ailleurs, vant les chambres donnant sur l’avant et sur embellit l’église de Courtonne-la-Meurdrac en la l’arrière du bâtiment. La lucarne centrale, avec son parant de vitraux). Au début du XXe siècle, le châ- fronton triangulaire et ses amortissements latéraux, teau fut vendu à Mme Seyrig, puis, en 1973, à la confirme l’axe du château. En 1722, ce château famille d’Hautefeuille, avant d’être racheté, en existait déjà, selon le curé de Courtonne qui tra- 2006, par les propriétaires actuels. vailla, comme ses autres confrères, pour la réalisa- Ouverture lors de Le château est entouré d’un parc d’arbres « aux tion de la carte de l’évêché de Lisieux sous les ordres certaines manifestations fleurs odoriférantes », dans lequel se trouvent sept (Journées du Patrimoine, du géographe Danville. Le château fut restauré en Pierre en lumière...) pour grottes calcaires, qui donnèrent le nom de Gouvix 1770 selon une date lue sur un conduit de che- des visites et des concerts (boves ou goves). Sur le coteau, un jardin à la minée.

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BRUCOURT Monastère de Brucourt ur la colline Saint-Laurent à Brucourt, dominant Sla vallée de la Dives, l’ancien monastère de l’Annonciade est un site superbe. Il se situe au milieu d’un domaine de plus de 15 ha de prairies et de bois traversés par des biches, cerfs, chevreuils, san- gliers et lapins. Le bâtiment fut construit il y a une centaine d’années par un couple de collectionneurs, héritiers d’une famille industrielle du Nord, Louis Serbat (1875- 1953) et sa femme, née Madeleine de Vaufreland. Ils firent appel à Gabriel Pasquier, architecte parisien en 1912. La construction est achevée en 1925. En 1951, le couple lègue le manoir aux Bénédictins pour qu’ils puissent y assurer une présence et un accueil aposto- lique. Ceux-ci n’étant présents que pendant les mois d’été, le manoir est proposé à l’ordre de la Vierge- haité s’installer dans un nouveau monastère à Caen- Marie en 1975. Après 40 années passées à Brucourt, Grentheville. Le monastère a été entièrement rénové les héritières des « chères filles » de Sainte Jeanne de au cours des dernières années et accueille dans des , fille de Louis XI, qui fonda l’ordre de la Vierge chambres d’hôtes qui ont conservé chaque fois un Marie ou ordre de l’Annonciade en 1500, ont sou- détail de l’histoire des lieux.

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DIVES-SUR-MER Bois Hibou ur la place du marché s’élève la halle, objet Sdes attentions des amoureux du patrimoine et lieu incontournable particulièrement le same- di. Mais moins regardé, et donc moins commenté, le manoir de Bois Hibou, nommé aussi la lieutenan- ce, est une des curiosités de cette place. Ce manoir en pierre contraste avec les poutres centenaires du marché. Il a été la demeure de la famille Le Duc de la Falaise. Le manoir se présente comme un ensemble complexe dont la partie centrale est sur cinq niveaux flanquée, à droite, de deux autres élé- ments de moindre hauteur. La date de 1695 est gravée sur la porte d’entrée. L’escalier saillant repose sur une trompe située au niveau du premier étage. Jusqu’en 1920, ce manoir a été dissimulé par des boutiques. Son dégagement le met aujourd’hui en valeur et lui redonne son importance et son interêt architectural.

FATOUVILLE-GRESTAIN L’abbaye de Grestain ichée dans un havre de verdure, cachée par Ndes arbres centenaires, l’abbaye de Grestain a été fondée en 1050 par Herluin de Conte- ville, l’époux d’Arlette, veuve du duc Robert le Magnifique et mère de Guillaume le Conquérant. Son histoire est prestigieuse. Elle a joué son rôle civilisateur pendant toute la période anglo-normande s’occupant des pauvres, des malades et diffusant la culture. Elle est le lieu de sépulture d’Arlette et de nombreux autres membres de la famille ducale. Si, à l’aube de la Guerre de Cent Ans, elle était enco- re prospère, (Charles VII y résida pendant le siège de Honfleur) c’est une lente décadence qui lui succède. Faute d’entretien, en ruine, elle fut, à l’exception d’une magnifique salle voûtée, démolie en 1757 sur ordre de l’Agent Général du Clergé qui gérait l’ensemble des biens de l’Eglise du Royaume de France. Lieu « magique », ce qu’il en reste vaut vraiment d’être visité, d’autant plus qu’elle est un lieu vivant.

Elle est ouverte au public toute l’année, de 10h à 18h. Les visiteurs y sont tous accueillis individuellement et gratuitement, comme des amis. En basse saison, il est prudent de prévenir la veille l'office de tourisme de Beuzeville (02 32 57 72 10). Tous les jeudis de la belle saison, des professeurs et des chercheurs y donnent des conférences ; littérature, histoire, arts. On y fait du théâtre de mai à septembre. Du très beau théâtre ; grands textes classiques ou pièces modernes : Claudel, Sophocle, Péguy… avec des metteurs en scène professionnels de talent et des acteurs professionnels magnifiques. www.abbaye-de-grestain.fr

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LE PIN Le château u milieu d’un domaine où se côtoient parc et Aprairies, où s’ébrouent des chevaux, le château du Pin présente, sur un plan rectangulaire, quatre façades identiques deux à deux. La façade avant (photo) est identique à celle de l’arrière, comme les façades des murs pignons (au sud et au nord) le sont entre elles. A l’origine, le corps central et les deux pavillons latéraux possédaient chacun des toitures indépendantes, aujourd’hui réunies.

La façade avant (à l’ouest) est assez étonnante. De part et d’autre d’un corps de logis, deux pavillons for- ment avant-corps en légère saillie. L’ensemble est construit en briques et chaînages de pierre en bos- sages. Des briques vernissées en noir-aubergine for- ment des figures géométriques (losanges, etc..), selon deux cheminées s’offrent à notre regard de manière un motif récurrent en Pays d’Auge sur ce type de frontale, au lieu d’être vues latéralement, et elles se construction, datable du XVIIe siècle (début sans poursuivent, vers le sol, par de grands murs de doute). Des cartouches en pierre blanche enserrent briques, cachant les conduits. Ce parti pris a obligé trois figures en briques noires ou en pierre blanche, l’architecte à réduire la largeur des fenêtres des deux que l’on peut prendre pour des maillets (photo dans la pavillons, et d’autant plus réduites que la surface en marge). Si l’on considère que ce sont des motifs héral- briques est importante. diques, on peut les rapprocher de la famille des Des documents d’archives nous permettent de Mailloc, dont une femme, Magdeleine de Mailloc savoir qu’en 1767 un colombier est construit, qu’en (décédée en 1667) épousa, en 1617, François Achard, 1772 un pavillon est commencé (sans doute est-ce le propriétaire du lieu. celui situé au nord, en raison de la qualité des mou- Une autre particularité se dégage de cette façade. lures), qu’en 1790, Ferron de la Feronnaye, évêque de Le corps de logis n’est pas symétrique. Une harpe sup- Lisieux et réfractaire, vint s’y réfugier avant de partir plémentaire vers le sud déséquilibre légèrement en exil en Angleterre. Des inventaires après décès per- l’ensemble, obligeant l’architecte à rajouter au nord mettent de connaître l’étendue du domaine entre une fenêtre et à créer des cartouches héraldiques 1701 et 1785 et la liste des bâtiments qui le compo- différents. De plus, chose étonnante et inhabituelle, saient : écurie, chapelle, granges diverses, etc. 2017 - N°4 / LE PAYS D’AUGE 29

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FIRFOL Manoir Saint-Christophe e manoir de Saint-Christophe constitue un Lexemple rare dans le Pays d’Auge : les com- muns sont dans le prolongement du logis for- mant ensemble un L. Le colombier octogonal, composé d’un premier niveau en pierre surmonté de pan de bois, a probablement été installé dans une tour marquant l’angle sud-est de l’enclos manorial. L’aspect défensif du manoir devait égale- ment être renforcé par la présence de fossés dont la mare, au pied du colombier, pourrait être l’ultime trace. Un relevé, publié par Arcisse de Caumont dans sa Statistique Monumentale, indique un élé- ment de liaison (mur, palissade ?) entre l’extrémité sud du logis et le colombier. Lors d’étés secs, la trace de cet élément est visible au sol. L’ensemble de la construction est loin d’être homogène et plusieurs phases de construction peu- vent être déterminées. La partie la plus ancienne, antérieure au XVe siècle, est probablement la partie centrale qui doit des statuettes de sainte Barbe, saint Pierre et de Ne se visite pas constituer le logis primitif. saint Jean... Celle de saint Christophe était située, Dans la seconde moitié du XVe siècle, un nouveau selon Arcisse de Caumont, sur le poteau central logis est élevé au sud, dans le prolongement. Il supportant la galerie et a, comme beaucoup - Fenêtre de la façade ouest avec rageur et comprend deux pièces superposées et une impo- d’autres, aujourd’hui disparu... statue de saint Pierre sante tour d’escalier carrée. La dernière phase de construction concerne la - Colombier et logis Dans la première moitié du XVIe siècle, le logis est partie nord et le retour avec les bâtiments à usage de nouveau agrandi vers le sud, avec l’adjonction agricole (pressoir, grange...) - Page ci-contre, de gauche à droite (du sud au nord) : de trois travées dans l’alignement de la façade de la Plusieurs familles se sont succédé à la tête de ce - l’adjonction de la 1ere moitié tour. La dernière, construite en avant-solier avec fief en tant que seigneurs d’Hermival et de Firfol : la du XVIe siècle ; galerie, a aujourd’hui disparu. Cette phase est famille Le Prévost puis, au début du XVIe siècle, une - le logis de la seconde moitié accompagnée d’un somptueux décor associant le famille d’origine flamande les Bosch (ou du Bosq). du XVe siècle avec sa tour d’escalier à la grande lucarne ; gothique et les apports de la Renaissance sur les Christophe du Bosch, écuyer d’écurie de Charles VIII - le logis primitif ; façades sud et ouest. On trouve des rageurs, des est probablement le constructeur du manoir. A par- - les dépendances agricoles. arabesques de vases à godrons et de feuillages et tir de 1660, le fief passe dans la famille du Houlley.

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HOULGATE sont aussi hors du commun. Alexandre Lecesne, le Manoir de Beuzeval père, a été régent de la Banque de France de Caen, ’architecture balnéaire a emprunté au style leur mère est originaire de la Manche et les grands- Lnormand mais, parfois, elle s’est inspirée de parents paternels de Saint-Pierre-sur-Dives et de modèles plus exotiques. Le manoir, construit à Lisieux. En 1833, Jules suit des études à Ascott, puis la demande de Victor Lecesne, a été dessiné par il embarque pour New-York, s’installe en Alabama l’architecte Michel Pelfresne. Mais la famille Lecesne pour fonder sa première maison de commerce pour avait fréquenté les Etats-Unis ce qui peut avoir l’exportation du coton. La saga des frères Lecesne influencé le style de cette demeure où renaissance, prend naissance. En effet, Victor et Charles gothique anglo-normand et néo-gothique se s’installent au Havre où, très vite, ils arment 40% mélangent d’une façon assez éblouissante. Nous des navires qui font le négoce du coton. Leur riches- sommes en 1863, « c’est évidemment le style se est telle que l’on disait : les trois frères sont trois Napoléon III, sire ! » pour reprendre le mot de fois millionnaires. Jules devient député républicain l’architecte Garnier à l’Empereur pour l’opéra de du Havre en 1869. Il est marié à Pauline Thierry, ori- Paris. La construction ne manque pas d’éblouir par ginaire de Repentigny, qui garde dans le cimetière son luxe et ses dimensions, on parle de demeure un carré pour les sépultures familiales. princière. L’architecte a multiplié les rappels, tou- relles en poivrière ou terminées par des « chemins Ils choisissent des résidences secondaires en Nor- de ronde », frontons percés de fenêtres et décor de mandie. Jules acquiert le manoir de Fumichon (il est brique et pierre. L’entrée monumentale rappelle maire de la commune en 1869) où il développe des vaguement une architecture religieuse par sa gran- techniques agricoles pour cultiver le colza. Il fait diloquence. Quant aux souches de cheminées, elles construire, à Hérouville-Saint-Clair, le château de rivalisent de technicité et d’originalité. Le rez-de- Beauregard. Charles préfère un chalet en bord de chaussée comprend les pièces de réception. Au pre- mer et Victor fait construire le manoir de Beuzeval. mier étage sept chambres et quatre au deuxième. A son décès prématuré, Jules reprend Beuzeval. Puis La domesticité est logée tout en haut au troisième la propriété est vendue, elle est un temps entre les étage. Nous savons que le mobilier s’inspirait du mains du propriétaire du Bazar de l’Hôtel de Ville. style Louis XIII. Bref, un manoir hors du commun. La Plus tard, ce sont les Allemands qui y prennent leurs propriété s’étend sur 100 ha dont un parc de 45 ha quartiers laissant la propriété en très triste état. aménagé par l’un des paysagistes du Bois de Bou- logne (Barillet-Deschamps ou Alphand ?). Elle est aujourd‘hui un domaine privé sur lequel C’est que les trois frères Lecesne, Jules (1818- un golf a été installé et le manoir vendu en appar- 1878), Charles (1824-1889), Victor (1825-1868) tements.

Le Manoir de Beuzeval : 1 - Grande entrée sur la façade nord avec la porte monumentale dans le goût gothique anglo-normand. 2 - Façade sud. 3 - Pignon ouest.

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LE RENOUARD dernière grande transformation dans l’amé- Cauvigny nagement intérieur et extérieur est due au grand- élèbre à cause de ses propriétaires des XVIIe et père de Charlotte Corday, Jacques Adrien de CXVIIIe siècles, la famille de Charlotte Corday, le Corday de Chauvigny (1703-1795). Les ouvertures manoir de Cauvigny se cache néanmoins à la des fenêtres furent agrandies, un large couloir au vue de tous grâce à un long chemin qui conduit de premier étage permit de desservir les chambres, la route aux bâtiments qui forment l’ensemble du disposition remplaçant, sans doute, le système de domaine : le logis, et perpendiculaires à lui, le pres- pièces se commandant les unes les autres, système soir, la laiterie, le logement des journaliers d’une abandonné depuis longtemps. part et les étables et écuries, les granges et le four La restauration de ce bâtiment, conduite depuis à pain d’autre part. plus d’une vingtaine d’années, a permis de mettre Le manoir est donc au fond de cette cour large- en valeur, à l’étage, des cartouches peints sur des ment ouverte vers la campagne et lui-même domi- poutres - XVIIe siècle - et des papiers peints recou- ne un vallon. La façade sur cette cour est dominée vrant des tissus - fin XVIIIe siècle, début XIXe siècle - par trois lucarnes (fig. 1), celle du centre participant (voir p. 20). à l’effet de symétrie générale de la façade, définie aussi par des fenêtres alternativement larges et étroites, par des poteaux obliques (au rez-de- chaussée) et des croisillons (au premier étage). Ces Hameau du Mesnil- fantaisies géométriques ne sauraient cacher l’effet Imbert de verticalité générale des poteaux, qui vont de la Visite libre des extérieurs. sole jusqu’à la sablière haute, même s’ils sont inter- Visite guidée possible sur rendez-vous. rompus par la sablière intermédiaire. Entre les Ouvert du jeudi au poteaux, un hourdis de briques et de tuileaux dimanche du 15 juin au donne une note colorée. 10 septembre de 10 h. à Une pierre, dans la partie gauche de la façade sur 12 h. et de 14 h. à 17 h. Tel. 02 33 35 06 91 la cour, porte l’inscription « 1562 » et permettrait 06 85 07 31 31 de dater les premières constructions de ce manoir [email protected] à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. La 1

1 - Façade sur cour, les croisillons se retrouvent aussi dans la façade du presbytère de Saint-Michel- de-Livet. 2 - Façade sur la vallée, le pan de bois n’est fait que 2 de poteaux verticaux.

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LISIEUX Le palais épiscopal a façade méridionale (fig. 1) sur la place Mit- Lterrand a subi de nombreuses transformations dues aux différentes administrations qui ont occupé ou occupent encore l’ancien palais épisco- pal, la dernière en date étant le tribunal. D’origine médiévale, le palais évolua et la façade sur la place Mitterrand est due, à l’origine, à un 2 évêque du XVIIe siècle, Cospéan. Son architecture de brique et de pierre correspond à l’époque de brique. La pierre blanche des lucarnes, alternative- Louis XIII et « fait l’ornement de la plus belle de nos ment ouvertes et aveugles, ovales et triangulaires, places publiques », selon Arcisse de Caumont. s’oppose au gris-bleu des ardoises de la toiture. En 2001, un incendie ravage cette aile du palais, Cette façade, magnifiée par l’alternance de la charpente disparaît mais le feu épargne le pre- lucarnes ovoïdes et de frontons clavés, est un bel mier étage et lors des premiers sondages destinés à exemple d’architecture du XVIIe siècle, et témoigne la restauration, des peintures sont découvertes dans de la grandeur d’une ville épiscopale dont les le plafond de l’étage (fig. 2). évêques eurent une vision pour leur ville et voulu- Restaurée, cette aile s’épanouit sur trois niveaux. rent lui donner tous les signes extérieurs de leur L’axe de symétrie est donné par le pavillon central pouvoir par l’architecture. orné de chapiteaux doriques (rez-de-chaussée) et ioniques (premier étage). On sent, dans cet ouvra- Après le départ du tribunal, le bâtiment n’a pas ge, la mise en pratique des principes d’architecture d’affectation connue. On attend donc des déci- publiés à cette époque. Le pavillon est en pierres deurs qu’ils aient une vision au moins comparable à blanches et contraste avec les ailes où apparaît la celle des évêques pour l’avenir de la ville de Lisieux.

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LISIEUX Il s’agit d’un hôtel entre cour et jardin, l’ensemble Hôtel du Haut-Doyen étant suffisamment développé pour correspondre ’est dans l’ancien hôtel du plus haut dignitai- aux besoins de faste du haut-doyen qui le fait Cre ecclésiastique de Lisieux après l’évêque- construire en 1769 : Jean-Baptiste-René Le Bas de comte, que se déploient les locaux du Fresne. Sa famille était connue dans la région et y conservatoire à rayonnement départemental de possédait des terres et des charges. Musique, de Danse et de Théâtre. La façade sur jardin (photo) est animée par un avant-corps à trois pans couronné d’un fronton en chapeau de gendarme. Cet avant-corps est en pier- re comme les angles, le chambranle des baies et les bandeaux moulurés qui séparent les niveaux. La brique assure le remplissage. A ce rouge et à ce blanc, vient s’ajouter le gris-bleu des ardoises de la toiture. C’est sur les clefs et les frontons des baies que s’organise un décor sculpté sur cette façade sur jar- din, l’autre, sur cour, étant plus austère. On y voit râteau, corbeilles de fleurs et cornes d’abondance qui épousent la forme arrondie du fronton en cha- peau de gendarme (voir p. 20). La restauration du bâtiment date de 1985. Elle a permis de mettre en valeur l’un des plus beaux vestiges du XVIIIe siècle de Lisieux dont le décor extérieur naturaliste et plein de fraîcheur en souligne le charme et la qualité.

Façade nord, la vue de face qui mettrait en valeur cet hôtel joliment classique est rendue difficile par la présence juste devant d’un décor (évoquant la musique !) digne d’un rond-point. Photoshop a également permis d’enlever une poubelle qui trainait...

LIVAROT-PAYS D’AUGE (Auquainville) Lortier u bout d’une allée de tilleuls, le manoir, tel Aqu’il a été reconstruit au début du règne de Louis XIII par son propriétaire d’alors, Pierre Le Bas, sieur du Coudray, apparaît. Parallèle à la vallée de la Touques, qu’il domine, le manoir présente une apparente régularité dans sa façade. Trois lucarnes sont intégrées dans la toiture à pans coupés en même temps que le massif de la cheminée centrale. Le premier étage est séparé du rez-de-chaussée par une sablière qui court tout le long des façades du bâtiment sur plan rectangulaire. Des poteaux à grosse section rythment la façade, dont l’ossature n’est faite que de poteaux verticaux. L’apparente unité des fenêtres est illusoire. Certaines d’entre elles sont doubles, d’autres sont simples et, par leur assemblage par deux, donnent l’impression d’une fenêtre à deux vantaux. Subtile recherche. Le classi- cisme architectural à la française est là. L’ensemble repose sur un soubassement en briques et pierres.

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LIVAROT-PAYS D’AUGE (Le Mesnil-Durand) pavillon de gauche, soulignent l’appartenance au Actuellement, la maison Manoir des Lords (Le Pontaléry) milieu local, le Pays d’Auge. est devenue une maison d’hôtes, Le manoir des ar un décret de l’année 1826, la commune du e L’un des propriétaires du XIX siècle, Charles Lords, en souvenir sans PMesnil-Durand annexe celle du Pontaléry. Hamon-Descours, fit construire en 1865 une petite aucun doute des anciens Sous l’Ancien Régime, cette paroisse apparte- tour en briques à l’arrière de la demeure, dont les propriétaires, la famille nait au diocèse de Lisieux, le seigneur du lieu nom- différents niveaux servaient aux sanitaires. Il vendit, en Rowcliffe. [email protected] mait à la cure et l’église était dédiée à saint Vigor. 1881, sa demeure à Cécile Elisa Koechlin (1836- Elle appartenait à la généralité d’Alençon. Arcisse 1926), veuve, depuis 1865, de John Alfred Rowcliffe de Caumont souligne qu’une cloche et deux (1830-1865) qu’elle avait épousé en 1856. L’acte de tableaux, en provenance de l’église détruite de Pon- vente précisait que la propriété se composait d’une taléry, appartiennent à l’église du Mesnil-Durand. ferme avec de nombreux bâtiments, d’herbages, Dans cette dernière se trouve une statue de saint d’une maison de maître (celle de la photo) ainsi que Vigor en provenance aussi de Pontaléry. d’une maison de jardinier et d’autres bâtiments La demeure domine le versant en bas duquel comme des écuries. Les Rowcliffe étaient des indus- coule la Vie où se dressait l’église de Pontaléry. C’est triels (fonderies de fer), tandis que Cécile Koechlin une demeure en pan de bois du XVIIIe siècle, réha- appartenait à une lignée de commerçants alsaciens. bilitée au XIXe siècle. La façade arrière a conservé Cécile Rowcliffe fit construire une grande maison en son pan de bois, qui a été caché sur la façade anté- pan de bois sur soubassement en pierre et brique rieure, lors des travaux d’embellissement au XIXe (démolie en 1969 par ses héritiers) et, sans aucun siècle, travaux qui ont eu pour résultat la dissymé- doute, fut à l’origine de la nouvelle façade antérieure. trie de cette façade (photo). Elle est due à un A sa mort en 1926, sa propriété passe à son fils René, pavillon à gauche, un porche de bois non axial et né en 1862. Son épouse vivait sur un grand pied. Elle des ouvertures dont la largeur n’est jamais la même. fit annoncer, dans la rubrique Déplacements et villé- Sous les fenêtres du premier étage, des losanges giatures des abonnés du Figaro le 15 octobre 1918 recouverts de petits carreaux de faïence rappellent qu’elle villégiaturait au Pontaléry. René Rowcliffe étant les croix de Saint-André que l’on observe habituel- sans enfants, ce sont ses petits-neveux issus de sa lement dans les manoirs ou maisons à pans de bois. sœur Suzanne, née en 1857 et devenue Mme Des épis de faîtage en terre cuite, placés sur le Charles Widmer qui en héritent.

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LIVAROT-PAYS D’AUGE (Tortisambert) Le Coudray eux corps de bâtiment parallèles sont Dvisibles de la route, vestiges d’un ensemble comprenant en 1833 : un colombier, une ancienne prison, une bouillerie, un ancien pressoir, une grange et une maison. Ce sont cette grange et cette maison que nous voyons sur les photos. Ces deux bâtiments faisaient partie d’une cour carrée entourée de fossés remplis d’eau. La grange (fig. 2) est un bâtiment dont la qualité de mise en œuvre du bois est exceptionnel- le : grands poteaux de bois, sablière d’un seul tenant, remplissage en tuileaux. Les armes des Lyée 2 de Belleau, sculptées en bas-relief, comme les sta- tues représentant sainte Barbe et un évêque, per- chée) en pierre de roussier. A côté, une fenêtre à mettent de dater ce bâtiment car ils en devinrent meneaux en pierre blanche est récente. (1) Yves Lescroart donne la propriétaires, par mariage, à partir du XVe siècle (1). Il est possible que cette partie soit un reste de date de fin XVe siècle, tandis que Christophe La maison (fig. 1) a subi de nombreuses trans- forteresse médiévale (une meurtrière est encore Maneuvrier préfère les formations. La façade sud (visible sur la photo) visible sous la fenêtre bouchée), transformée en dernières années du XVIe comprend un mur avec alternance de pierres et de maison d’habitation après un incendie au XVIIe siècle ou début XVIIe siècle. rognons de silex, surmonté d’un colombage en siècle. Les pans de bois visibles sur son mur pignon (1663 est l’année de décès de Madeleine de Lyée poteaux verticaux. se développent alors sur la façade nord, sur cour, dernier membre de cette Des restaurations récentes ont permis de mettre de ce manoir, siège, sous l’Ancien Régime, d’un famille connue au Coudray) en valeur, à l’est, une fenêtre à meneaux (bou- plein fief de haubert.

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ORBEC L’Engagiste e manoir est inséré dans le tissu urbain orbecquois, Cdont on sait qu’il a très fortement évolué au cours des siècles et cette demeure en est un très bon exemple. Il porte le nom d’une fonction, celui de l’engagiste, chargé à Orbec de l’entretien des halles, du château et de la prison. La ville d’Orbec déploie un catalogue des plus complets des pans de bois urbains. Nous en avons la preuve avec le bâtiment à droite de la photo 2. Il appartient à cette série du XVe siècle aux forts encorbellements. La rencontre entre les poteaux et la sablière est marquée par des écus peints (récemment par le pro- priétaire). A gauche de la photo et perpendiculairement au logis du XVe siècle, un agrandissement a été réalisé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le pan de bois est à poteaux et obliques, dont la mise en œuvre 1 - Ancienne tour d’escalier en pierre. est plus légère que pour le logis ancien. Entre les deux bâti- L’escalier en bois a été ments, on distingue une excroissance, qui permettait de passer ajouté dans les années du bâtiment XVe siècle aux bâtiments plus récents. 1990. e C’est à partir du XVIe siècle que la pierre a commencé à être 2 - Logis XV à droite, logis XVIIe/XVIIIe à utilisée à Orbec pour les bâtiments civils. L’apogée en est aux gauche. XVIIe et XVIIIe siècles, date de la construction de ce corps de bâti- ment, à usage d’escalier autrefois et qui appartient à une autre demeure, en pierre, accolée au logis du XVIIe /XVIIIe siècle (fig. 1). Ouvert au public, lors d’expositions se Ce manoir est une belle preuve du dynamisme urbanistique tenant dans les caves 1 d’Orbec jusqu’à la Révolution. du manoir.

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MAROLLES dernier était vraisemblablement le neveu du curé de Le Presbytère de Cirfontaine Villerville, Thomas-Jean Monsaint, assassiné lors des ’une forme tout à fait classique où domine la massacres de septembre 1792. symétrie, le presbytère de Cirfontaine semble D e dater de l’époque classique (fin XVI siècle MAROLLES début XVIIe siècle). Le soubassement de moellons La Bucaille comporte des ouvertures, dont les piedroits sont l existe plusieurs manières d’animer une façade. uniquement en briques pour les fenêtres et alter- ICelle choisie ici consiste à jouer avec des surfaces nent briques et assises de pierre pour la porte cen- qui sont soient en pleine lumière soit dans trale. L’étage est en pans de bois avec poteaux, l’ombre. Dans l’ombre ce sera la galerie et le rez-de- sablières avec allège à croisillons sous les fenêtres. A chaussée sous la galerie avec ses sablières sculptées ce type appartient le manoir de la Croix à Résenlieu. en petit relief. En pleine lumière, ce sera la balus- On sait que le presbytère fut vendu le 6 floréal de trade de la galerie et la façade en pans de bois, avec l’an 5 de la République au « citoyen Michel Jacques des poteaux qui font toute la hauteur et des Monsaint ». Il consistait en maisons, jardins et 2 petites sablières coupées confirmant la largeur des travées. cours. Non loin était l’église dont il reste la trace d’une Des obliques au rez-de-chaussée et à l’étage com- petite partie des fondations à côté du presbytère. Au plètent la disposition architecturale. Toutefois moment de la Révolution, le curé était Guillaume Joa- l’absence de symétrie et de rigueur dans chim Monsaint. Les autorités de l’époque le décrivent l’ordonnancement général laisse supposer qu’il y a ainsi : né à Gonneville-sur-Honfleur, âgé de 42 ans, eu de nombreux remaniements. taille de 5 pieds 2 pouces, cheveux et sourcils bruns, Des cheminées monumentales et accolées à yeux roux, nez moyen, bouche petite, menton rond, l’intérieur sont datées du XVe siècle tandis que la front large et visage vermeil. On ne sait si l’acheteur du partie avec le balcon-galerie semble être du XVIe presbytère était un membre de la famille du curé. Ce siècle.

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La Bucaille : - Façade avec la galerie. - Vue arrière avec des pavillons ajoutés aux deux extrémités.

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PRETREVILLE Manoir de Querville es liens entre le manoir de Querville et Ll’Association Le Pays d’Auge sont étroits. En effet, la poterne a orné la couverture de la revue pendant toute l’année 1959. Mais surtout, c’est suite à un article d’Henri Pellerin en 1958 appelant à sauver ce manoir, que la famille des actuels propriétaires l’a acquis. Henri Pellerin, avec lyrisme, dans cet article intitulé Un beau manoir à vendre, le décrit comme étant « une demeure aristocratique, un logis de gens de qualité, sans boursoufflure et vaine ostenta- tion ». Cette impression est encore vraie aujour- d’hui lorsque l’on franchit la poterne et que l’on pénètre dans la cour quasi close.

La poterne, en damier irrégulier de briques et pierres calcaires, construite au XVIe siècle, est le témoignage, avec l’ensemble des bâtiments agricoles fermant la cour, de l’aspect défensif de cet ensemble. Le logis semble avoir, à première vue, une très grande unité. Cette unité est renforcée par le rythme des lucarnes, l’unité du premier niveau de maçonnerie et par la présence, au centre de la façade, d’une porte à fronton et double cor- niche, mais cette unité n’est que de façade... Les trois travées côté est (à droite sur la vue aérienne) constituent le logis primitif : la mise en œuvre du pan de bois est différente, l’allège disparaît dans la partie droite ; les ouvertures du premier niveau ne sont pas symétriques, la porte à droite est l’entrée du logis primitif ; la cheminée marque également la rupture entre ces deux construc- tions. Sur la façade nord, ces deux campagnes de construction sont très visibles, le pan de bois médiéval est resté en l’état, juste percé par une - Ci-dessus, la poterne fenêtre Renaissance. Les éléments de décors sont - Ci-contre, la façade nord. nombreux : rageurs, « tête de feuilles »... Page ci-contre Vue aérienne de l’ensemble On trouve quelques traces de la famille de du manoir Querville : un Hector, qui fut lieutenant du gou- verneur de Lisieux dans la seconde moitié du XVIe siècle, à qui l’on doit sans doute le logis pri- mitif, et un Jehan qui, au début du XVIe siècle, étendit probablement le logis vers l’ouest. La famille de Querville a eu la propriété de ce manoir jusqu’en 1683 puis ce fut Messire Louis de Fautereau, puis, en 1779, le manoir appar- tient à Jean-Baptiste Davy de Boislaurent.

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PUTOT-EN-AUGE Manoir de Bauquemare e manoir de Bauquemare recèle une orne- Lmentation remarquable. Son histoire, donc sa construction, remonte à la pre- mière moitié du XVIe siècle. Nicolas II de Valois, seigneur de Putot, fait édifier un logis de plan rectangulaire couvert par un toit à quatre pans. Les Valois, originaires de Lisieux, donnent à leur demeure de campagne le raffinement des décors des demeures lexoviennes : rageurs, poutres sculptées aux multiples décors. En 1582, le manoir appartient à la famille Vipart de Silly. Elle l’agrandit dans le goût du château de Cricqueville : deux tours d’angles sont ajoutées, coiffées d’une haute toiture dont la partie inférieure s’aligne avec celle du manoir initial. En 1671, une troisième tour est construite. Désormais, Bauquemare a son allu- re actuelle, faite d’équilibre, d’élégance et sur- tout d’un décor somptueux (voir p. 20).

RÉSENLIEU Le manoir de la Croix eux parties distinctes : le sou- Dbassement en pierre de rous- sier pour le rez-de-chaussée et le pan de bois à petits poteaux pour le premier étage. Une sablière court tout le long de la façade occidentale. Caractéristique du pan de bois du Sud Pays d’Auge, le contreventement de la structure est assuré, vers le sud- ouest, par un lien oblique disposé en partie haute. Par contre, toutes les autres obliques sont conformes aux usages du Pays d’Auge plus septen- trional : oblique en partie basse entre sablière et poteau.

La partie la plus ancienne correspond à ces obliques entre sablière et poteau et datée du XVIe siècle. La partie avec l’oblique en hauteur est plus tardive, du XVIIe siècle. Des documents d’archives conservées aux un four à pain et à trois feux, un puits conforme à la tra- archives départementales de l’Orne et aux archives commu- dition augeronne : petit édicule isolé en pan de bois avec nales de Résenlieu attestent qu’il y a bien eu un agrandisse- torchis avec une couverture en tuiles. ment après 1637, date à laquelle le manoir passe entre les L’intérieur conserve quelques particularités : un potager mains de la famille de Nollent, originaire de Saint-André et des armoires XVIIIe siècle « enclavées dans la muraille » d’Hébertot, famille dont les armes primitives apparaissent comme le confirme un inventaire après le décès de Isaac sur le linteau de la porte de la façade est, sous un arc en de Nollent, écuyer, seigneur de Résenlieu le 28 janvier accolade médiéval. Dans l’enclos du manoir, un pressoir, 1732 (archives départementales de l’Orne).

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SAINT-JULIEN-SUR-CALONNE Manoir du Vieux Launay es fossés indiquent que cette demeure était un Dpoint de défense fortifié, construite non loin de l’église de Launay, « bâtie elle-même sur une motte considérable et fort élevée, position d’autant plus importante qu’elle domine l’emplacement de l’ancien château féodal ». Elevé sur ces douves, le manoir a un plan en L et l’on peut lire distinctement l’un des murs pignons. Sur trois niveaux, cette façade (photo ci-dessus) est exubérante par rapport à celle que l’on devine par derrière, plus austère avec ses poteaux, même sous les fenêtres. Cette partie est datée du début du XVIIe siècle, tandis que la façade du mur pignon semble avoir été trans- formée à une date ultérieure (XIXe siècle ?) : foisonne- ment des croix de Saint-André et croisillons pour les allèges, ressaut avec des longs poteaux qui vont jus- qu’à l’étage des combles traités largement. Cette faça- de confirme que l’architecture à pan de bois adopte sans problème des agrandissements construits dans des esprits différents. La photo ci-contre montre l’arrière du bâtiment XIXe siècle. avec une tour d’escalier en surplomb au-dessus des douves. À l’origine, il semble que ce bâtiment ait été un manoir presbytéral.

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SAINT-JULIEN-SUR-CALONNE Manoir de Saint-Julien a galerie d’étage, en surplomb complet, portée Lpar des équerres et des aisseliers aux bois courbes (à droite de la photo), est un motif sou- vent développé dans les logis de la fin du XVe siècle au milieu du XVIe siècle en Pays d’Auge. La cage d’escalier correspond à l’excroissance à gauche sous les deux lucarnes et permet de desservir la galerie qui garde ainsi sa fonction d’organe de distribution. Galerie fermée ou galerie ouverte, rares sont les manoirs à en avoir conservé des exemples. Aussi le manoir de Saint-Julien est-il exceptionnel, d’autant plus que l’autre façade n’est pas moins intéressante : encorbellement très fort entre le rez-de-chaussée et le premier étage, façade tout à fait caractéristique des manoirs du XVIe siècle. Un bâtiment de briques, construit au XIXe siècle, remplace une chapelle. Un clocheton le signale dans fenêtre sur une allège avec une croix de Saint-André. la photo ci-dessus ainsi que les briques dans la photo Ces lucarnes assurent la verticalité du manoir dont la de gauche. façade est marquée horizontalement par un auvent continu fort présent. Une cheminée indique une dis- SAINT-JULIEN-SUR-CALONNE position ancienne à l’intérieur, disposition confirmée Manoir des Fontaines par la porte légèrement déportée vers la gauche, a vue présentée page 21 fait penser à la mai- créant ainsi une grande pièce à droite et une autre son de bois du conte des trois petits cochons. plus petite à gauche. Cette maison est datable du L e Toiture à pans coupés avec des lucarnes à une XVII siècle.

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SAINT-MARTIN-DE-MAILLOC XIXe siècle (la famille de Noinville) ont construit un Manoir du Val pavillon avec tourelle d’angle dans un style néo- ien planté dans une cour, le manoir du Val renaissance assez puissant pour ne pas se fondre Bsurprend. On distingue deux parties bien artistiquement avec le reste de la façade. différentes, que l’on retrouve sur les deux Une tour médiévale, proche de la route, laisse façades. A gauche, un premier logis que les souches penser que, derrière tout ce vaste bâtiment, il y a de cheminée délimitent toujours. Il devait y avoir là une origine plus ancienne. La façade sur la vallée, à un petit manoir assez classique sur deux niveaux l’ouest, permet de comprendre que ce château, en comportant six travées. Colombes verticales et raison de la déclivité du terrain, comprend quatre longs poteaux forment l’ossature. Le bâtiment ini- niveaux. Le sous-sol est d’origine médiévale. Des tial est ensuite prolongé à droite par une partie dont eaux souterraines se jettent dans la Cressonnière, le le soubassement en pierre occupe tout le premier cours d’eau inférieur. Au sud, une tour, cachée de la niveau, pas d’ouverture, une entrée seulement en route, est datée du XVe siècle. pignon. Le colombage se dresse en cinq travées Ancien château lié aux seigneurs d’Orbec, le châ- avec cinq écharpes de raidissement. Peut-on avan- teau de Bienfaite est un parfait exemple de ces cer que le premier niveau pouvait être utilisé à des demeures qui évoluent au fil des siècles, tant archi- fins agricoles : laiterie par exemple, d’où les murs tecturalement que dans leur statut. Ici, on passe de épais préservant une température constante ? La celui de fief d’une famille à celui d’une demeure de sablière haute supporte un pan de bois continu de plaisance, avec, au cours des siècles, des destruc- faible hauteur, consécutif peut-être à une suréléva- tions liées aux guerres de religion et des reconstruc- tion de la toiture. tions, signes de vitalité des propriétaires.

SAINT-MARTIN-DE-BIENFAITE– LA CRESSONNIÈRE Château de Bienfaite uelle erreur de croire que si l’on a regardé la Q façade orientale de cette vaste demeure, on a tout vu. Mais on n’a vu qu’un corps de bâti- ment central développant, sur une grande lon- - Façade est. gueur, ses murs de briques avec des chaînages de Page ci-contre : pierre. Un pavillon, à gauche, est lui aussi avec un - Façade ouest. toit brisé à la mansart. A droite, les propriétaires du

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Façade ouest SAINT-MARTIN-AUX-CHARTRAINS SAINT-OUEN-LE-PIN Château de Tout-la-Ville Le Val Richer itué sur la route qui mène de Pont-l’Evêque à ette vue de la façade orientale de l’abbaye cis- SDeauville, le château de Tout-la-Ville surplom- Ctercienne du Val Richer (fig. 1) était impossible à be un coteau qui descend doucement vers la avoir jusqu’à la Révolution. En effet, elle était Touques. Les différentes toitures, qui sont l’un des cachée par la masse, que l’on suppose imposante, de ornements de Tout-la-Ville, indiquent une histoire l’église, dont la démolition au cours de la Révolution mouvementée. et sans doute un peu après, permit de dégager la On sait que, de 1868 à 1873, le château ou manoir façade du logis abbatial. Logis et église entouraient le ancien a été englobé dans le château actuel, dont les cloître, disparu lui aussi. façades est et ouest ont été modifiées en 1906. Cette abbaye, qu’elle soit en fonction ou rendue au L’unité générale est donnée par l’utilisation, sur siècle, fut, par moments, un lieu d’intense activité presque toutes les façades, d’une alternance d’assises intellectuelle. L’abbé le plus emblématique fut, de de petites pierres taillées blanches et de silex noirs. La 1652 à 1693, Dominique Georges (fig. 2). Aupara- façade ouest du château du XIXe siècle comporte un vant, ce dernier avait été curé du Pré d’Auge, petite portique dont la partie supérieure, en bois, a été commune proche du Val Richer et cette expérience lui ajoutée en 1906. Cette structure rappelle celle que avait fait comprendre qu’il fallait éduquer, intellec- l’on peut observer au château de Pontaléry (Le Mes- tuellement, le peuple et le clergé. Les moines du Val nil-Durand). Toutes les deux permettent de regarder le Richer furent donc appelés à se ranger derrière l’aura paysage ondulant des vallées. de leur abbé, souhaitant ressusciter l’esprit de saint Le château de Tout-la-Ville est aussi célèbre par le Bernard. La bibliothèque est enrichie. Dominique monde artistique qui l’a fréquenté. Il a appartenu en Georges mort, les habitudes reprennent vite, la poli- 1868 à Adolphe Goupil, marchand d’art renommé tique des abbés commandataires appauvrit l’abbaye et éditeur. Sa fille, Marie, se marie la même année au matériellement. Les moines sont dispersés à la Révo- peintre Jean-Léon Gérôme. Le domaine reste dans la lution. famille Goupil jusqu’en 1920. Entre temps, Jacques- Il faut attendre 1836 et l’achat par François Guizot, Emile Blanche l’a loué en 1896, 1897 et 1898, puis (1787-1874), député de Lisieux et futur premier de nouveau en 1900 et 1901. Gide et sa femme ministre de Louis-Philippe, pour que l’abbaye, deve- viennent les voir. Ce sont des locations saisonnières nue demeure privée, soit au centre d’œuvres de et la vie intellectuelle, artistique et mondaine de l’esprit. Guizot y écrit beaucoup, des lettres évidem- Paris se retrouve dans le Pays d’Auge, via les ment, mais aussi des ouvrages historiques qui furent Blanche, les Gide et bien sûr les Goupil. des best-sellers de la fin du XIXe siècle : L’Histoire de

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France racontée à mes petits-enfants. Sa fille, Hen- riette, l’accompagne dans ses recherches et ses publi- cations. La bibliothèque de Guizot remplace celle des moines et elle est, en partie, dispersée lors de deux ventes, dont l’une après son décès. Sous Guizot, le Val Richer est anglophile. Guizot est anglophile car il veut une monarchie constitutionnelle à l’anglaise. Il veut un parc à l’anglaise. De nombreux arbres témoignent encore de cette anglophilie. De 2 multiples femmes de lettres anglaises y vinrent, for- mant ainsi intellectuellement les filles de Guizot, Hen- riette, surtout, et Pauline, aux problèmes éducatifs de l’enfance et plus particulièrement celle des filles. Henriette (1829-1908) publia de nombreux 1 ouvrages, écrits au Val Richer sans aucun doute. Plus 3 de cent nouvelles et textes éducatifs et moralisateurs te, en les suggérant, les journées de sa famille au Val forment l’essentiel de son œuvre, dans laquelle on Richer. Son amitié avec André Gide, qui vint au Val peut citer Légendes et récits pour la jeunesse (1876), Richer en voisin, au temps de leur jeunesse, lui permit Scènes historiques (1875–1885), Les chroniques de de participer à la grande aventure de la N.R.F. l’histoire de France jusqu’au XIVe siècle (1882-1885). Enfin, la création du Prix Guizot-Calvados en 1993 Après la mort de Henriette, le Val Richer passe à sa à l’initiative d’Anne d’Ornano, présidente du Conseil fille Marguerite devenue Schlumberger par son maria- général du Calvados, de François Furet de l’Académie ge avec Paul, héritier d’une fortune alsacienne. Ils font française et de l’Association François-Guizot-Val des travaux au Val Richer, dont la mise en place d’une Richer qui regroupe des descendants de Guizot, véranda dont on voit, au centre de la façade, la partie commémore l’homme d’Etat en l’attribuant tous les supérieure (fig. 1). deux ans à un ouvrage historique. C’est ainsi qu’entre D’autres œuvres de l’esprit sont créées ici, celles de 1994 et 2012, les salons et la bibliothèque ont enten- 4 ses arrière-petits-enfants, Conrad et Marcel Schlum- du les discours des heureux récipiendaires. Parmi berger dont la première idée déterminante fut de ceux-ci, on notera Mona Ozouf, Simon Leys, Alain 1 - façade orientale. mesurer la résistivité des sols pour en déduire la natu- Finkielkraut, Arlette Jouanna, Edouard Balladur et 2 - Portrait de Dominique re. Les premières expériences ont lieu, selon toute Pierre Manent. Les discours des récipiendaires, dont la Georges (gravure coll part.) vraisemblance, au Val Richer. Ils se spécialisent ulté- teneur est sans aucun doute à la hauteur de la pensée 3 - Obsèques de F Guizot rieurement dans l’industrie pétrolière et interviennent de F. Guizot, dont les dons oratoires et la verve dans la bibliothèque du partout dans le monde où se trouvent des champs enchantèrent ses amis politiques, un peu moins ses Val Richer (1874). 4 - Portrait de Mona pétrolifères. Leur frère aîné, Jean Schlumberger adversaires, ne sont pas l’un des moindres intérêts de Ozouf. (1877-1968), écrivain, dans son ouvrage Eveils racon- cette cérémonie. 5 - Vue aérienne.

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SAINT-GERMAIN-LA-CAMPAGNE La Valaiserie ur la pente d’un vallon qui descend vers la SCourtonne, on peut découvrir une petite chose délicieuse, le manoir de la Valaiserie, assis sur l’ancien fief du Gal. Les proportions de ce logis de bois, la chaude cou- leur de son hourdis de brique, la belle modénature de l’encorbellement, l’élégance de sa toiture de tuile à quatre pans en font un édifice d’une grande élégan- ce, rehaussée par le dauphin sculpté sur l’un des poteaux de la façade, aux côtés des armoiries bûchées. La recherche de symétrie, accentuée par les deux hauts massifs de cheminées en pignon, a longtemps accrédité l’hypothèse d’une construction de l’époque classique, renforcée par la date de 1636 qui figure sur l’une des petites consoles discrète- ment sculptées soutenant le coyau de la toiture. Henri Pellerin en avait tiré la conclusion que cette construction au caractère encore médiéval, avec ses fenêtres à meneau et son encorbellement, illustrait le fameux « retard provincial ». Il n’en est rien : un examen attentif démontre que la date de 1636 a été soigneusement apposée sur l’une de ces petites consoles tardivement clouées sur la sablière haute, qui ont permis la modification de la toiture – initialement à deux versants et deux pignons droits - avec la création des pans coupés et des coyaux. Elle signe la très habile mise au goût du jour d’une ancienne demeure du début du XVIe siècle dont l’essentiel de la structure a été respecté.

SAINT-JOUIN Becquemont n ne peut passer devant sans remarquer cet Oensemble : un logis au centre d’une cour lar- gement ouverte et bordée de chaque côté par de longs bâtiments : pressoir, caves, remises, granges. Tout semble être resté dans son état d’origine. Le logis ne laisse apparaître son pan de bois qu’au rez-de-chaussée, l’essentage de l’étage le dissimule. Quatre grandes fenêtres alignées sur deux niveaux et deux plus étroites à l’extrémité gauche consti- tuent les ouvertures. Deux lucarnes et une souche de cheminée en pierre et briques émergent du toit. Les écharpes et les croix de saint-André nous donn- raient une indication de sa date : XVIIIe siècle ? La disposition des lucarnes peut laisser supposer que le bâtiment a été agrandi à gauche, ce que la présence d’une porte à droite pourrait confirmer. Mais quelle que soit l’histoire de ce bâtiment, il reste un très agréable témoin d’une construction soignée dont la vocation paysanne est restée. Simple, fleuri, habité, Becquemont c’est un peu de romantisme dans le pan de bois.

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SAINT-PIERRE-EN-AUGE (Vieux-Pont) Le Lieu Rocher ans un site admirable dominant la vallée de Dl’Oudon, le manoir du Lieu-Rocher comprend un logis central à pan de bois à six travées sur deux niveaux. Les travées sont délimitées par des longs poteaux, raidis par des écharpes obliques, assemblées par trois ou quatre selon les niveaux. Entre les bois, un jeu remarquable de tuileaux confère à la façade de ce logis un complément de couleurs en harmonie avec celle des pans de bois. Ce corps central a sans doute été édifié au milieu du XVIIe siècle. Deux forts pavillons l’encadrent. Plus hauts, plus ambitieux que la demeure du XVIIe siècle, ils corres- pondent à une esthétique du XVIIIe siècle, avec ses immenses baies groupées par trois et munies d’impostes en plein cintre, élément remarquable et souvent utilisé depuis la Régence en Normandie. Des bâtiments annexes encadrent la cour rectan- gulaire dont le petit côté est occupé par le logis.

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Pour aller plus loin

Ouvrages généraux Le Mesnil-Durand - Manoir des Lords Putot-en-Auge - Bauquemare - Arcisse de Caumont, Statistique monumentale - C. Hippeau, Dictionnaire topographique de la - Henri Pellerin, « Bauquemare », revue Le Pays du Calvados, arrondissement de Lisieux, 1867, France, Paris, 1883. d’Auge, n°11, novembre 1973 et n°12 (rééd. 1967). - Arcisse de Caumont, p. 693. septembre 1973 - Philippe Déterville, Grands et petits manoirs - http://www.stroux.org/patriz_f/stKo_f/Ko55_f.pdf Résenlieu - Le manoir de la Croix du Pays d’Auge, Ed. Corlet, 1982 (généalogie Cécile Koechlin). - Manoir de la Croix, Historique et restauration, - Régis Faucon, Yves Lescroart, Manoirs du Pays Le Pin - Le château Commune de Résenlieu, 61230, 1995 d’Auge, Ed. Mengès, 1995 - Documents d’archives communiqués par John - Yves Lescroart, « Exmes, architecture civile, - Paul et Marie-France Barabé, Les colombiers Whitehead maisons de bois et demeures de pierre », Revue du Pays d’Auge, Edition de la Gendrerie, 2011. - Arcisse de Caumont, p. 60-63. Le Pays d’Auge, Septembre-Octobre 2014 Le Renouard - Cauvigny Saint-Germain-La-Campagne - Belle-Vie-en-Auge (Biéville-Quetiéville) - - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 356-358. Le fief du Gal Les Roches - Philippe Déterville, De la Normandie à Paris, - Henri Pellerin, « La Valaiserie », revue Le Pays - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 388-389. Charlotte Corday, itinéraire d’une courte vie, Ed. d’Auge, n°10, octobre 1953, p. 1-3. OREP, 2006. Belle-Vie-en-Auge (Saint-Loup-de-Fribois) - Saint-Julien-sur-Calonne - Le Vieux Launay Fribois Lisieux - Hôtel du Haut-Doyen - André Carles, « Promenades et Excursions : - Arcisse de Caumont, p. 420-422 - J. Bergeret, G. Duval, D.J. Fraquet, Y. Launay - Le Breuil - Reux », revue Le Pays - Philippe Déterville, 194-195 Lescroart, L. Muckensturm, Lisieux, Hôtel du d’Auge, n°11, novembre1961, p.2. - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 197-202 Haut-Doyenné, Ecole nationale de Musique et - André Carles, « Excursion du 2 octobre: Blangy-le-Château - de Danse, Ed. Ville de Lisieux, 1985. Manoirs et sites de la Basse-Vallée de la Calonne », revue Le Pays d’Auge, n°11, Manoir et Gendarmerie Livarot-Pays d’Auge (Tortisambert) - novembre1983, p.24-25. - Revue Le Pays d’Auge, n°3, mai-juin 2012 Le Coudray - ean Bureau, « L'église Notre-Dame de Launay - Christophe Maneuvrier, « Le manoir de Courtonne-la-Meurdrac - Gouvix et le souvenir de Jacqueline de Brucourt », Coudray », revue Le Pays d’Auge, août 1988. - Elisabeth, « Histoire de la commune de revue Le Pays d’Auge, n°11, novembre1983, p. - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 363-364 Courtonne-la-Meurdrac », revue Le Pays 27-29. d’Auge, n°3, mars 1954. Mézidon-Vallée d’Auge (Ecajeul) - Saint-Julien-sur-Calonne - Saint-Julien Texte complémentaire par le propriétaire actuel. Plainville - André Carles, « Excursion du 2 octobre: - 1035-2016. Mézidon et Canon une histoire, Courtonne-les-deux-Eglises - Manoirs et sites de la Basse-Vallée de la Edition Ville de Mézidon-Canon, 2016. La Ferme de la Motte Calonne », revue Le Pays d’Auge, n°11, - Philippe Déterville, De la Normandie à Paris, Marolles - Le Presbytère de Cirfontaine novembre1983, p.25-26. Charlotte Corday, itinéraire d’une courte vie. - Archives départementales du Calvados, dossier Saint-Martin-aux-Chartrains - Ed. OREP, 2006 Cirfontaine - Paul et Marie-France Barabé, p. 148 Tout-la-Ville - Yannick Lecherbonnier, « Architectures Marolles - La Bucaille - Benoît Noël et Michèle Clément, « Jean-Léon fromagères en pays d’Auge », In Situ [En ligne], - Philippe Déterville, p. 128-129. Gérôme, Jacques-Emile Blanche et André Gide au château de Tout-la-Ville de Saint-Martin-aux- 5 | 2004. http://insitu.revues.org/2463 ; DOI : Orbec - L’Engagiste Chartrains », revue Le Pays d’Auge, septembre- 10.4000/insitu.2463 - Elizabeth Lescroart, « Orbec », Art de Basse- octobre 2015. Firfol - Saint-Christophe Normandie, n°101. Saint-Martin-de-Bienfaite - - Arcisse de Caumont, p. 97-105 Prêrtreville - Querville Château de Bienfaite - Armand Gohier, « L’excursion d’automne - - Arcisse de Caumont, p. 345-346 Elizabeth Lescroart-Cazenave, « Orbec, ville Dimanche 10 octobre », revue Le Pays d’Auge, - Henri Pellerin, « Le Manoir de Querville », d’art et d’histoire et ses alentours », Art de n°12, décembre 1993, p. 30. revue Le Pays d’Auge, n°7, juillet 1955, p. 8-11. Basse-Normandie, n° 101. - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 306-311. - Henri Pellerin, « Un beau manoir à vendre », - Paul et Marie-France Barabé, p. 158-159. revue Le Pays d’Auge, n°11, novembre 1958, Saint-Pierre-en-Auge (Vieux-Pont) - - Dossier documentaire établi par Yves Nédelec p. 3-5. Le Lieu Rocher donné aux propriétaires - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 289-295 - Régis Faucon, Yves Lescroart, p. 371-371

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Le Pays d’Auge... à pied

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5 Extraits SCAN 25 ® - © IGN - 2017 - Autorisation n°43-17022 - Reproduction interdite. Extraits SCAN 25 ® - © IGN 2017 Autorisation n°43-17022 Reproduction

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La façade Ouest du château de Bienfaite 2 Avec un sens de lecture inversé (de droite à gauche), cette façade est un vrai cours d’histoire de l’architecture (voir p. 48) Itinéraire Vallée de l’Orbiquet, 2h de marche. (1) Parking de l’église de Saint-Martin-de-Bienfaite, à l’entrée du château, descendez et longez l’école à droite, la petite route suit la rive gauche de l’Orbiquet vers Orbec. (2) Un km plus loin, un chemin, passant entre la ferme de Launay et le château, descend à gauche vers la rivière. On aperçoit le château de Launay 100 m plus loin derrière l’arche d’un pont de la SNCF, dernier vestige de la ligne Lisieux-Orbec. Par ce chemin, vous traversez l’Orbiquet par un gué remarquable puis la D 519 (Lisieux-Orbec) et remontez en face jusqu’à croiser sur la crête le GR 26 (3). Suivez le sur votre gauche, il longe 1 km plus loin l’élevage de la Rabotière, un haras de trotteurs. A la fin du haras (4), juste avant un pigeonnier en pan de bois réaménagé en moulin à vent, prenez à gauche puis à droite et descendez le chemin qui vous conduira au café de la Chapelle-Yvon. Mi-parcours pause ! Prendre la petite route à droite de l'entrée du château puis après le lavoir, descendre à gauche vers le moulin sur l’Orbiquet et suivre le chemin qui longe l’arrière du château et remonte dans la forêt après la traversée de la petite route. Le chemin monte 200 m dans la forêt. Ne pas manquer de prendre le premier chemin sur la gauche (5) pour rejoindre le charmant village de Tordouet. A gauche de la mairie, longez le manoir et montez dans la forêt où un chemin rectiligne malheureusement très caillouteux vous ramènera, une fois la route traversée (6) au château de Saint-Martin-de- Bienfaite (1). Promenade proposée par François Chauliac

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Jusqu’au dimanche 16 juillet Pays d’art et d’histoire Exposition : ART EN CHAPELLE, Catherine Severac Revue publiée par Gacé - Chapelle Sainte-Marie Un programme riche de découvertes et de visites l’Association Le Pays d’Auge b artenchapellegace.blogspot.fr Renseignements et réservations : Faire connaître, apprécier, promouvoir 02 31 62 07 70 et défendre le patrimoine spirituel, l Jusqu’au dimanche 30 juillet artistique et matériel du Pays d’Auge. Exposition :CHRISTOPHE RONEL ET SOPHIE FAVRE Reconnue d’utilité publique Honfleur - Galerie Bourdette-Gorzkowski Décret du 28 novembre 1958 o 02 31 89 19 13 - 06 11 54 54 79 Jusqu’au lundi 25 septembre Siège social, bureau : Exposition :BOTANIQUE ET JARDINS ; PEINTURES DES Jusqu’au dimanche 3 septembre 14, rue de Verdun, 14100 Lisieux JARDINS DE CLAUDE MONET À GIVERNY DE MICHEL c Exposition : LA PLAGE ÇA VOUS DIT ? Panneaux Tél : 02 31 62 01 13 CRIBELIER ; LE CABINET DU BOTANISTE ROGER BRUN retraçant l’histoire balnéaire de Bénerville E-mail : [email protected] - Association pour la préservation du patrimoine de Pont-l’Evêque - Espace culturel Site Internet : lepaysdauge.org Les Dominicaines Bénerville-sur-Mer Président Fondateur : Henri PELLERIN Bénerville- Promenade Yves Saint-Laurent 02 31 64 89 33 n Président d’Honneur : Gérard PRUVOST Jusqu’au dimanche 17 septembre Jusqu’au lundi 30 septembre Conseil d’Administration : o Exposition : ATTRACTION(S), Art Contemporain et Exposition :LES LIVRES ANIMÉS Président : Jean BERGERET Arts et traditions populaires Orbec - Musée du Vieux-Manoir Vice-Présidents : Michel BAGNOULS t Lisieux - Musée d’Art et d’Histoire 02 31 32 58 89 Françoise DUTOUR 02 31 62 07 70 Secrétaire Générale : Françoise DENIS Jusqu’au mardi 16 octobre Trésorier : Armand GOHIER e Jusqu’au dimanche 17 septembre Exposition :HENRI ET RENÉ DE SAINT-DÉLIS Membres : Bénédicte BOISSONNAS, Exposition : ANDRÉ HAMBOURG, OMBRE ET LUMIÈRE Honfleur - Musée Eugène Boudin Christian BOUILLIE, François CHAULIAC, s Deauville - le Point de Vue 02 31 89 54 00 Christiane DORLÉANS, Jean GRODY, deauville.fr Yves LESCROART, Benoît NOËL, Jusqu’au dimanche 5 novembre Eliane PELLERIN, Bertrand de RUSSÉ, Jusqu’au dimanche 24 septembre Exposition : DINOSAURES CARNIVORES Isabelle ROJKOFF, Robert SANZEY, (les Vendredis, samedis et dimanches) Villers-sur-Mer - Le Paléospace Bruno de SIVRY, Christine VAN DAELE Exposition :IL ÉTAIT UNE FOIS LE BLÉ 02 31 81 77 60 L’Oudon - Foyer rural Le Billot Chargé de missions : Dominique GUÉRIN 02 31 20 62 72 Jusqu’au dimanche 12 novembre Revue Exposition : MAMAN, LES P’TIT BATEAUX... À TROUVILLE Prix : 10 euros - Abonnement (1 an- Le Pays d’Auge Trouville - Musée Villa Montebello 6 numéros) : 42 euros ; étudiant : 30 euros 02 31 88 16 26 Directeur gérant de la publication : Terre de festivals Jean BERGERET Rédacteur en chef : Jean BERGERET Promenades Musicales du Pays d’Auge Samedi 15 juillet 20h 23e édition. 19 juillet - 9 août Randonnéee : UNE NUIT SOUS LES ARBRES Comité de rédaction : Le Conseil Association Montviette-Nature www.pays-auge-culture.org d’Administration et 22e académie internationale & festival Montviette - Mairie Aurélie BOUCHINET-DESFRIÈCHES, de musique ancienne de lisieux 02 31 20 64 19 Gérard BRIAVOINE, Daniel DESHAYES, 6 - 14 juillet / www.armaen.fr/ Jeudi 20 juillet 17h Dominique FOUSSARD, Maud GUICHARD, Karl LAURENT, Elizabeth LESCROART, Rencontres d’été. Théâtre et lecture en Concert : CONTE EN MUSIQUE PIERRE ET LE LOUP DE Jean MOISY, Serge RICHER, Normandie. Libertés PROKOFIEV par l’Orchestre Régional de Normandie Véronique ROBERT 15 juillet - 20 août / www.rencontredete.fr Dozulé - Salle des fêtes Publicité : Esther FLON Août musical de Deauville 02 31 86 12 79 Port : 06 72 80 45 77 16e édition. 29 juillet - 12 août Samedi 22 juillet Dépôt légal à parution www.musiqueadeauville.com Conférence:CLAUDE MONET ET GUSTAVE CAILLEBOTTE, ISSN 1149-3305 Les musicales de Cormeilles en Pays PEINTRES, HORTICULTEURS ET PAYSAGISTES PAR BENOÏT NOËL CPPAP N°0522 G 89057 d’Auge. 9e édition. « sopranissimo ! » Pont-l’Evêque - Espace culturel Impression : Société Nouvelle France Ouest 29 juillet - 14 août Les Dominicaines Imprim - Zone industrielle - 14140 Livarot www.musicalesdecormeilles.com 02 31 64 89 33 Festival des Nouveaux talents. Villers- Du mercredi 16 au jeudi 31 août sur-Mer. 27e édition. 16 - 22 août Exposition :IMPRESSIONS. Photographies de www.villers-sur-mer.fr Philippe Dorléans Les Jazzitudes. Festival de jazz et Livarot - Village Fromager La publication de cette revue est possible grâce de musique actuelle de Lisieux pdorleans.fr au soutien apporté à l’Association Le Pays 25 au 31 août / www.jazzitudes.com d’Auge par les communes de Pont-l’Évêque, Dimanche 20 août 17h30h Festival du cinéma américain Trouville, Deauville, Cabourg, Honfleur, er Concert : ACCORDÉON CLASSIQUE ET VIOLONCELLE par Villerville, Mézidon-Canon, Orbec, Villers-sur- 1 septembre - 10 septembre / Mer, Cormeilles, Dives-sur-Mer, Cambremer, www.festival-deauville.com l’Ensemble Improvisation. Organisé par l’Association pour la Sauvegarde de l’Orgue de Manneville-la-Pipard, Saint-Germain-la- Campagne, Saint-André-d’Hébertot, par la Septembre Musical de l'Orne Notre-Dame de Vimoutiers er er communauté d’agglomération Lisieux-Norman- 1 septembre - 1 octobre / Vimoutiers - Église Notre-Dame die et par la communauté de Communes du www.septembre-musical.com [email protected] Canton de Cormeilles.

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Calendrier 2017 DES ACTIVITÉS DE L’ASSOCIATION LE PAYS D’AUGE Mairies du Pays d’Auge Promenade d’automne Exposition de photographies de Philippe Dorléans Dimanche 1er octobre Du jeudi 14 au lundi 18 septembre 2017 - Hall de la Gare de Lisieux Découverte d’Exmes et de sa région

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