Bouffons Des Temps Modernes: Figures De Morosophes Dans Les Oeuvres
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THÈSE Pour obtenir le diplôme de doctorat Spécialité LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES Préparée au sein de l'Université de Caen Normandie Βοuffοns des temps mοdernes : figures de mοrοsοphes dans les οeuvres théâtrales d'Αlfred Jarry, Μichel de Ghelderοde, Samuel Βeckett, Rοland Dubillard & Αlain Βadiοu. Présentée et soutenue par Benjamin DANG Thèse soutenue publiquement le 16/10/2020 devant le jury composé de Professeur émérite, Sorbonne M. JEANYVES GUERIN Rapporteur du jury Université Professeur des universités, Mme NATHALIE MACE-BARBIER Université Avignon Pays du Rapporteur du jury Vaucluse Professeur des universités, Mme FLORENCE FIX Membre du jury Université Rouen Normandie Professeur des universités, Mme MARIE HELENE BOBLET Directeur de thèse Université Caen Normandie Thèse dirigée par MARIE HELENE BOBLET, Lettres, arts du spectacle, langues romanes (Caen) Bouffons des temps modernes : figures de morosophes dans les œuvres théâtrales d’Alfred Jarry, Michel de Ghelderode, Samuel Beckett, Roland Dubillard & Alain Badiou par Benjamin Dang 4242 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ À Laure V., qui me poussa un jour dans la littérature avec fureur et jubilation... 5 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ 6 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ “Pas de théâtre sans bouffon” proverbe courant dans l’Opéra chinois 7 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ 8 REMERCIEMENTS Mes remerciements vont d’abord à ma directrice de recherches, Madame le profes- seur Marie-Hélène Boblet, qui m’a accordé sa confiance et m’a encouragé à me lancer dans ce travail de longue haleine après m’avoir dirigé en Master. Sa bienveillance, sa disponibilité et ses conseils ne m’ont jamais fait défaut. Mon amie Mathilde occupe une place toute particulière. Ses relectures tatillonnes et ses critiques pointues m’ont permis de bénéficié d’une grande rigueur scientifique. C’est avec patience que Mathilde s’est plongée dans les méandres de ma pensée pour m’offrir ses précieux conseils méthodologiques. Elle n’a pas hésité à mettre le doigt sur les problèmes, ce qui fait d’elle une amie inestimable. D’autres ont été assez fous pour me proposer des relectures. Merci à Gaël, à Laure et à mon père d’avoir accepté cette corvée avec une gentillesse inouïe. Il faut beaucoup de patience pour corriger toutes ces coquilles. Gilles, et encore plus Laurent, ont ma reconnaissance éternelle pour m’avoir accompagné dans cette folle aventure d’une rédaction de thèse sous le logiciel libre de droits LATEX. Jamais je n’aurais pu venir à bout de ces milliers de lignes de codes sans leur inestimable serviabilité. Les bénévoles qui continuent de faire de LATEX un outil de pointe pour l’édition et la recherche sont des gens fabuleux. Je remercie Agnès et Naomi de m’avoir assisté dans mes traductions. Agnès m’a apporté ses lumières en grec ancien. Sans son aide, nul doute que je me serais perdu dans le Bailly. Naomi m’a permis de comprendre plus finement l’anglais et de le traduire plus fidèlement. Je lui dois une fière chandelle pour la version anglaise de mon résumé. J’ai bien sûr une pensée particulièrement pour ces lieux cosy qui m’ont servi de cadre de travail. Les heures merveilleuses à mon bureau de la rue Rollin, la résidence 9 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ Remerciements familiale où j’ai pu écrire en étant choyé, mais aussi ce coin de paradis que Ghislaine et Denis m’ont toujours aménagé à l’Île de Ré, ou encore le bout de canapé près du poêle à Allevard, sans oublier la grande salle du Bois-Geloup, près du feu que Lucette et Quentin prenaient soin d’allumer pour moi. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour mon ami David qui, il y a des années, m’a intéressé au sujet de la folie, sans savoir les horribles conséquences que cela aurait sur ma vie sociale future. Je ne saurais oublier de remercier mes supérieures hiérarchiques au collège qui ont toujours fait en sorte de me simplifier le travail et de me dégager du temps pour me consacrer à la recherche, pour participer à des colloques, pour m’aider à créer l’équilibre sans lequel ce genre d’entreprise n’aboutit pas. Travailler à temps plein en parallèle de la recherche fut moins éprouvant grâce à elles. Et je remercie l’Académie de Créteil de m’avoir octroyé un congé de formation. Ce temps ô combien précieux a permis d’accomplir la dernière ligne droite dans les meilleures conditions. Enfin, je réserve mes derniers remerciements aux trois personnes les plus impor- tantes. Elles m’ont apporté leur soutien quotidien et indéfectible, leur amour et leur prévenance, leurs encouragements et leurs remontrances salvatrices, leur humour et leur folie, en un mot, l’essentiel : mes parents et Albin. : ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ Remerciements Il est nécessaire de temps en temps de nous délasser de nous- mêmes à la faveur de l’art qui nous permet de nous considérer à distance et, de haut, de rire de nous-mêmes ou de pleurer sur nous : de déceler le héros et non moins le bouffon qui se cachent dans notre passion de connaître, de jouir de temps en temps de notre folie pour continuer à jouir de notre sagesse ! – Et parce que dans le fond nous sommes préci- sément des esprits graves, ayant plutôt la gravité du poids que celle des hommes, rien ne saurait nous faire autant de bien que le bonnet de fou : nous en avons be- soin comme d’un remède contre nous-mêmes, – nous avons be- soin de tout art pétulant, flot- tant, dansant, moqueur, puéril et serein, pour ne rien perdre de cette liberté par-delà les choses qui attend de nous-même notre idéal. Le Gai savoir, Friedrich Nietzsche ; ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ Remerciements 32 Notice Les pièces du corpus citées uniquement par leur titre dans la thèse renvoient aux éditions suivantes : alfred jarry – Les références renvoient aux trois volumes des Œuvres com- plètes d’Alfred Jarry dans la collection « Bibliothèque de la Pléiade » des éditions Gallimard (3;94-3;::). michel de ghelderode – Les références renvoient à la série de six volumes des œuvres théâtrales publiées par Gallimard dans la collection « nrf » (3;72-3;:4), ainsi qu’au volume du Théâtre oublié publié par Honoré Champion (4226) pour les pièces suivantes : Transfiguration dans un cirque et La Couronne de fer-blanc. samuel beckett – Les références renvoient toutes aux Éditions de Minuit. roland dubillard – Les références renvoient aux deux volumes publiés par Gallimard dans la collection « folio » : Les Diablogues et autres inventions à deux voix (3;;:) et Les Nouveaux Diablogues (3;;:). alain badiou – Les références renvoient au volume de la Tétralogie d’Ahmed publiée aux éditions Actes Sud dans la collection « Babel » (4237), à l’exception d’Ahmed revient publié chez Actes Sud dans la collection « Papiers » (423:). 33 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ Remerciements 34 INTRODUCTION ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ – Introduction générale – Le théâtre est plein de mystères que les théoriciens les plus subtils ne démêleront jamais. Et quand on se place en face de ces pro- blèmes, on est saisi d’une grande humilité et l’on se rend compte à l’usage qu’on a plus de chance de les pénétrer avec le cœur qu’avec l’esprit critique. Charles Dullin Le bouffon est de ces figures qui, dès qu’on les évoque, surgissent dans notre ima- gination, lumineuses et bariolées, nous offrant un sentiment rassurant de familiarité ; mais il suffit d’en parler plus longuement pour voir poindre rapidement la contra- diction et le malentendu. Ce hiatus entre la monstration et la démonstration est le moteur du présent travail. Il s’agit de proposer un éclairage sur cette méconnaissance théorique pour proposer une modélisation. D’abord, nous ferons un point sur le concept de bouffon ainsi que sur le mot, en général et plus particulièrement au théâtre. Cela nous amènera à voir que le bouffon ne peut être pensé qu’en fonction d’un contexte. Subséquemment, nous préciserons le contexte dans une triple approche : théâtrale, esthétique et historique. Ce cadre général permettra de montrer de quelles préoccupations le bouffon se fait le reflet et le porte-parole. On verra alors que le xxe siècle est marqué par un principe de crise et notamment d’une crise du sens. Celui-ci agit comme un moteur dans la littérature dramatique. Alors seulement il sera possible de formuler le questionne- ment qui dirigera l’ensemble de cette étude. Il restera enfin à présenter les auteurs de notre corpus et l’organisation générale des réponses aux questions que nous nous apprêtons à poser. Pour la plupart des gens, l’idée du “bouffon” est liée principalement à un office de cour, à une fonction d’amuseur royal datée du Moyen Âge. On se le représente avec son bonnet à grelots, sa marotte et sa tenue bigarrée, d’une laideur repoussante à peine contrebalancée par un esprit vif et joueur. De fait, c’est bien cette image qui est le point de départ de tous les avatars qui existent aujourd’hui. On le retrouve partout dans notre quotidien : il est une pièce sur l’échiquier, une carte à jouer, une insulte 37 ❇♦✉❢❢♦♥ ❞❡ ❡♠♣ ♠♦❞❡♥❡ – Introduction générale – courante, un thème littéraire et artistique quasi panthéonesque. Le personnage est donc encore bien présent dans le paysage. Cependant, le concept de bouffon résiste à l’élucidation scientifique. L’une des raisons principales de cette complication vient de ce qu’il est enchevêtré avec celui de la folie. Cette étroite relation est parfois éclairante, parfois embarrassante. Le bouffon est celui qui imite, qui joue la folie non seulement pour s’en moquer, mais encore pour l’utiliser, la retourner, et la pointer vers l’homme, telle une arme ou un redoutable miroir. Le fou pathologique est un cas de psychiatrie. Il n’a pas choisi son destin. Certains de ces fous “naturels” ont servi dans des cours princières. Mais c’est la représentation des fous maîtres de leur folie, des fous “artificiels”, qui est le sujet du présent travail.