Dominique NYBELEN

L'AGGLOMÉRATION CREILLOISE AUTREFOIS

L'AGGLOMÉRATION CREILLOISE AUTREFOIS

ANGICOURT MONCHY-SAINT-ELOI NOGENT-SUR- RIEUX VERNEUIL-EN-HALATTE VILLERS-SAINT-PAUL

AVANT-PROPOS

Cette évocation de la vie dans l'agglomération creilloise n'est pas une œuvre d'historien, encore moins d'écrivain. Sa modeste ambition est de décrire, par le biais des cartes postales, un ensemble de communes à une période surnommée, à tort ou à raison, la "Belle Epoque". La "Belle Epoque", c'était hier et pourtant... Qu'il semble loin ce passé que l'on ne peut plus évoquer sans imaginer aussitôt une foule d'images fascinantes, sans faire naître dans les cœurs la nostalgie d'un "bon vieux temps" à jamais disparu. Mais cette période fut-elle vraiment belle ? De toute évidence oui, pour l'indus- trie qui connaissait une pleine prospérité. Assurément moins, pour les ouvriers au travail : travail pénible, à cause du bruit et de la poussière, travail dangereux aussi, à cause des machines encore rudimentaires. Quant aux enfants, leur sort n'était guère enviable. Bien sûr, depuis 1882, ils ne pouvaient plus être embauchés en dessous de treize ans, mais la loi était souvent tournée. Et quand bien même ! Le gamin employé légalement se voyait imposer des journées de dix heures pour un salaire bien souvent inférieur à celui de ses aînés. En fait, la "Belle Epoque" avait à la fois un visage de charme et de progrès, mais aussi sa misère et son cynisme. Ce passé, vieux de plus de trois-quarts de siècle, faisons-le revivre. Les pre- mières pages de cet ouvrage sont consacrées au cadre de l'agglomération, dont le patrimoine architectural abondant et varié reflète un riche passé. Après avoir mon- tré l'évolution du monde agricole en un siècle, nous rappellerons la vocation industrielle de la région, due à la proximité de l'Oise et à l'implantation des che- mins de fer. Quelques cartes postales, avec leurs personnages posant devant le photographe, nous permettront ensuite de retrouver l'atmosphère des nombreux commerces, déjà si vivants au début du siècle. Le chapitre suivant nous invitera à une promenade dans les différentes écoles, grandes bâtisses et groupes scolaires des villes, mairies-écoles ou simples maisons d'école des villages. Enfin, les der- nières pages seront réservées aux loisirs de l'époque et nous pourrons alors assister à ces événements importants qu'étaient les fêtes et suivre les grandes processions inchangées depuis le Moyen-Age. (source : ANGICOURTliste nominative de 1911)

- Population agglomérée : 25 maisons - 20 ménages - 61 habitants. - Population éparse : 57 maisons - 70 ménages - 197 habitants.

Le Sanatorium (1 maison) ; Tourteaucourt (13) ; La Presle (17) ; Le FresijS (7) ; Le Pont (8) ; Cavancourt (5) ; Cafosse (4) ; L'Ordibé (2). ■ - Population totale : "r 82 maisons - 90 ménages - 258 habitants dont 10 étrangers (3,9 %).' "

Dominé par de petites hauteurs boisées, le village d' est agréablement situé dans le vallon du Rhôny. Ses maisons, couvertes de tuiles rouges et ombragées par de nombreuses planta- tions, se dispersent dans la verdure.

(1) Ontion. entend par écarts les hameaux ou annexes diverses situés sur le territoire de la commune, mais en dehors de l'aggloméra- L'église est placée sous l'invoca- tion de Saint Vaast, évêque d'Arras et précepteur de Clovis, qui reçut à la fin du Vème siècle le village d'Angicourt et ses dépendances d'alors. Ces biens furent ensuite donnés à l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras qui posséda longtemps la prévôté d'Angicourt.

La construction de l'église a été réalisée avec les pierres de taille de la colline toute proche. Bien que classé Monument Historique depuis 1862, l'édifice se trouve dans un état de délabrement qui peine l'âme du visiteur : l'herbe pousse dans les fissures des murailles, les voûtes s'effondrent et couvrent le sol de leurs débris. Une des nombreuses maisons isolées de la commune. Angicourt est le seul village de l'agglomération dont la population éparse représente plus de la moitié des habitants.

L'Assistance de Publique de Paris achète en 1893 à un terrain afin d'y construire le premier ouvert le 26 Franceoctobre °®C'enllement 1900. réservé aux tuberculeux. L'établissement, dit "L'Evénement", est Le Sanatorium comporte trois étages, dont deux seulement occupés par les malades : le troisième, mansardé, ne peut leur donner l'aération et la lumière suffisantes. Dirigé en 1901 par M. COQ et d'une capacité de 164 lits, il est alors réservé aux tuberculeux du sexe masculin, susceptibles d'une totale guérison.

La construction de l'ensemble devait durer sept ans. Pendant les travaux, des ouvriers de MM. TUMERELLE et WILLIAME, entrepreneurs de Creil, mirent à découvert un trésor de monnaies romaines dans deux vases, grands bronzes des empereurs des trois premiers siècles. Le Sanatorium, desservi par les gares de Rieux-Angicourt et de , rend les plus grands ser- vices à la population parisienne.

heuresLes cures et demieconsistent par jour.en des repos absolus : les malades restent étendus sur une chaise longue, cinq La propriété, d'une superficie de 38 hectares, est plantée de 2500 sapins et d'un millier d autres arbres.

Des jeux de toutes sortes sont installés dans les jardins pour les pensionnaires valides. BRENOUILLE (source : liste nominative de 1911)

- Population agglomérée : 56 maisons - 57 ménages - 183 habitants. - Population éparse : 4 maisons - 5 ménages - 13 habitants. - Ecarts : La Hecquem (3 maisons) ; Le Champ Hua (1). - Population totale : 60 maisons - 62 ménages - 196 habitants dont 5 étrangers (2,6 %).

Dominée au nord par la montagne de Roc, la commune de Brenouille est bordée au sud par l'Oise, que le ru de Popincourt vient rejoindre dans le village. Ce ruisselet, qui prend sa source dans la plaine de la commune voisine des Ageux, se jette dans la rivière après un parcours d'environ cinq kilomètres. L'église, élevée sur la pente du Mont de Roc, est principalement dédiée à Saint Rieul mais aussi à Saint Georges, dont la fête est celle du pays. Commencée au XIIeme siècle, elle est composée d'élé- ments appartenant à diverses époques : la nef et le clocher ont été reconstruits entre 1780 et 1789. Complètement isolée, elle est entourée seulement par le cimetière dont les portes et les murs datent du XVIIème siècle.

L'église est particulièrement riche en pierres tumulaires se rapportant pour la plupart à la famille d'un ancien seigneur de Brenouille, Louis LE BEL. Certaines de ces pierres tombales et la cloche, fondue en 1777, ont été classées le 5 novembre 1912. nte menhir comme on l'a si prétendu, mais une par la main de l'homme. |

La mairie-école, sans doute depuis 1880. Auparavant, cette dernière était installée à l'angle Nord-Bi du cimetière. La route, le rail et l'eau, trois moyens de transport ici curieusement rapprochés.

Premières apparitions de la "petite reine" promise à un bel avenir : on n'en compte pourtant encore qu'une dizaine par village car son prix équivaut à trois mois du salaire d'un ouvrier agricole. Les facilités de transport, puis l'implantation des briqueteries industrielles ont permis à la brique de supplanter progressivement la pierre de taille, plus belle mais plus sensible à l'humidité.

Après avoir fait bouillir et lavé la lessive dans leur cuisine, les lavandières de Brenouille s'installent au bord de l 'Oise afin d'y éclaircir et essorer le linge. L'entrée de Brenouille... ou plutôt la sortie du village, puisque la vue est prise en direction de Rieux.

A la limite des villages de Brenouille et Rieux. Cette route côtoyant la rivière n'est en fait qu'un ancien chemin de halage, du temps où les péniches étaient encore tirées par des chevaux. CREIL (source : liste nominative de 1911)

- Population agglomérée : 1505 maisons - 3237 ménages - 10030 habitants. - Population éparse : 35 maisons - 50 ménages - 184 habitants. - Ecarts : Rue du Plessis-Pommeraye (4 maisons) ; hameau du Plessis-Pommeraye (6) ; hameau du Tremblay (3) ; hameau de Vaux (1) ; route de Chantilly (1) ; Le Maroc (10) -3 quai d'Amont, rues de l'Abattoir et Somasco (4) ; quartier des Marais (6). - Population totale : 1540 maisons - 3287 ménages - 10214 habitants dont 377 étrangers (3,7 %).

Formée de maisons spacieuses et de commerces florissants, pourvue de quais accessibles aux bateaux et d'une gare importante, véritable nœud ferroviaire de toutes les lignes du Nord, Creil offre l'aspect d'une ville laborieuse. L'église Saint-Médard, dont la nef est du XIIIéme, a fait l'objet durant les XIVeme et XVeme siècles d'adjonctions qui ne purent être exécutées qu'en tenant compte du tracé de l'ancienne muraille d'enceinte de la ville. Le visiteur ne s'étonnera donc pas qu'à l'exté- rieur comme à l'intérieur ce monument présente un aspect des plus irréguliers.

. Dans sa séance du 23 juin 1899, la majorité du Conseil, avec la voix prépondérante du maire M. VARÉ, décidait la démolition des restes du vieux château et de la très ancienne collégiale Saint- Evremond, afin d'y construire un nouvel Hôtel de Ville. Sa construction devait durer deux ans. Elevée au voisinage de l'enceinte du château, l'église collégiale Saint-Evremond était le principal édi- fice religieux de Creil au Moyen-Age. Ce chapitre devait son origine à la translation du corps de Saint Evremond, enlevé en 944 du diocèse de Bayeux, afin de le préserver de la fureur des Danois. Les restes de la collégiale, longtemps utilisés comme magasins par la faïencerie, sont acquis en 1893 par la municipalité et serviront de réserve à la ville jusqu'à leur destruction.

Après l'édification de la nouvelle mairie, il ne subsiste du château construit en 1375 par Charles V qu une tour faisant face au bras de l'Oise, ce premier bâtiment (sauf la tour de 1871) et le rez-de- chaussée voûté de la maison appartenant à la famille GALLÉ. Cette demeure, datant de 1786, sera offerte à la commune en 1929 et deviendra un musée municipal de souvenirs de famille, sous le nom de "Maison Gallé-Juillet". Le 15 novembre 1893, le conseil municipal vote la création d'un commissariat de police. Depuis vingt ans, le service était assuré par un brigadier assisté d'un agent et du commissaire spécial de la | gare. En 1912, l'effectif sera composé d'un commissaire, d'un sous-brigadier, de six agents et d'un garde-champêtre.

Depuis l'implantation du chemin de fer, le petit marais s'est couvert de maisons et d'usines. La rue de Montataire, entièrement inhabitée jusqu'en 1830, deviendra rue Jean Jaurès en 1915. L'AGGLOMÉRATION CREILLOISE AUTREFOIS

Une description de onze communes à la "Belle Epoque" : patrimoine architectural, agricul- ture, chemins de fer, industries, commerces, écoles, jeux et fêtes populaires... Une évocation vivante, agrémentée de 328 illustrations, de l'évolution de Creil et de ses environs immédiats... Un travail de recherche personnel de plusieurs années, aboutissant à des résultats pour la plupart inédits à ce jour... Un livre au texte clair et aux légendes concises qui s'adresse à tous.

LE CONSEIL RÉGIONAL CONSEIL GENERAL DE L JOISE DE PICARDIE

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