La Fabuleuse Aventure Du S45. Ou 40 Ans D'histoire De Cars Renault
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Déjà parus dans la collection EDmONS CH. MASSIN 16-18, rue de l'Amiral Mouchez 75014 PARIS Nicolas Tellier LA ^*** W''!* ^ *"' ^ flS.iL - >.:J-J_a OU 40 ans d'histoire de cars Renault Du même auteur La Grande Aventure des Cars Chausson, Edijac 1988, 304 pages (épuisé) Conception graphique Patrick Legrand - Jean Lochu MAS SIN E. DIT E U R PREFACE L'année 1993 sera marquée par un événement qui ne saurait passer inaperçu de ceux qui s'intéressent de près ou de loin au transport de personnes: L'autocar Renault S45 ou S53 ou S105 ne sera plus fabriqué. Il aura tellement fait partie du paysage de nos campagnes et de nos villes que l'on s'étonne presque qu'il ne figure pas au livre des records, que ce soit en terme de longévité, de nombre d'autocars produits, de créneaux d'utilisation. Créé par les bureaux d'Etudes de la "Régie", l'autocar S45 était assemblé sur le site d'Annonay, contribuant fortement au développement de l'industrie locale dont il est devenu le principal fleuron. Outil de travail indispensable pour nos transporteurs professionnels, chacun d'eux en a la reconnaissance qu'il mérite et Renault VI. s'est appuyé sur cette préoccupation essentielle pour construire avec succès le Tracer qui le remplace, sans faire oublier son aîné. L'auteur du livre retrace la vie et l'œuvre de notre autocar; il l'a fait au terme de recherches longues et précises qui ont conduit au présent ouvrage auquel nous associons l'authenticité et la reconnaissance du constructeur. Il convient à ce sujet de rappeler aujourd'hui que des milliers de collaborateurs de Renault, de la Saviem et de Renault VI. ont travaillé au fil des temps à faire l'histoire de cet autocar; grâce à ce document d'une grande qualité, ils retrouveront une partie exaltante de leur vie. Michel Champomier Directeur de l'Unité de Fabrication Cars & Bus Renault VI. Annonay (Ardèche) INTRODUCTION Le car Renault S45 a battu de trois années le record de la 2CV Citroën: il a été fabriqué pendant quarante quatre ans. L'histoire de cet autocar a officiellement débuté en septembre 1949 sous l'appellation R4190. Au fur et à mesure des améliorations techniques et esthétiques qui lui ont été apportées, il s'est dénommé R4191 en août 1950, R4192 en avril 1952, ZR20 en août 1958, SCI en mai 1960, enfin S45 depuis octobre 1964. Certes, ses versions urbaines ont porté des appellations différentes (R4210 et R4211, R4230 et R4231, SC2, S105) de même que ses dérivés raccourcis (R 4200 et R4201) ou rallongés (S53). Mais dans tous les cas on parle de la famille S45 pour désigner communément cette série de véhicules qui a véritablement défié le temps. Fabriquée à 38 000 exemplaires, la famille S45 représente indéniablement le plus grand succès de l'industrie française de l'autocar et de l'autobus. Le précédent record, si l'on peut s'exprimer ainsi, était détenu par le modèle AP de Chausson dont la production avait atteint 16 000 unités en vingt ans (fin 1944 à début 1965). A titre de comparaison avec des productions étrangères occidentales, mentionnons que Mercedes-Benz, un des leaders mondiaux en la matière, a fabriqué entre 1965 et 1975 32 281 véhicules de la série 0 302 , puis 37 735 autocars 0 303 de 1974 à 1992 (véhicules complets et soubassements), et que General Motors a produit, de 1959 à 1986, environ 44 000 modèles New-Look Transit & Suburban dans ses usines américaines et canadiennes. On le voit, le S45 ne détient pas seulement un record de production, mais également celui de la longévité! Et avec une aisance qui, jusqu'en fin de carrière, surprendra: les résultats de l'année 1991 montrent en effet que la gamme S45, en dépit de son âge respectable, se situait encore en tête des productions cars et bus de Renault Véhicules Industriels avec 530 unités, devant l'autobus R312 (523 véhicules), la gamme des autocars FR1 (456), celle des autobus PR100-2/PR180-2 (282)... et les premiers exemplaires de son successeur, le Tracer (111 unités). Le résultat est que les véhicules de la gamme S45 équipent aujourd'hui plus de 90% des transporteurs français et règnent en maître absolu sur les routes nationales et départementales pour les services scolaires, le transport des personnels d'usines et les liaisons interurbaines régulières. La version SI05, quant à elle, est devenue l'autobus de référence des grands réseaux de transports publics africains. Dans le passé, l'abondance des versions qui a caractérisé la famille S45 lui a également permis de répondre aux besoins du tourisme, que ce soit sous la forme de véhicules complets d'usine (Billancourt puis Annonay) ou bénéficiant d'une carrosserie réalisée par des spécialistes tels que Amiot, Belle-Clot, Currus, Faurax et Chaussende, Gangloff, Heuliez, Irizar, Jonckheere, Orlandi, Stoeltn et Vetter. Alors, qui n'a jamais voyagé dans un modèle de la famille S45? Qui ne s'est rendu à l'école, à l'usine, au bureau, en ville, à la caserne, en vacances ou en excursion dans l'un de ces véhicules qui a représenté dans l'hexagone le véritable symbole du transport routier de voyageurs pour plusieurs générations de transporteurs, de chauffeurs et de passagers ? Le S45, plus qu'une histoire, c'est une véritable saga qui méritait bien que quelques pages lui soient consacrées au moment où le dernier-né de Renault V 1, le Tracer, relève le défi: assurer la relève de son illustre aîné... Décembre 1992 Première Partie BREF HISTORIQUE DES CARS RENAULT JUSQU'EN 1949 Chapitre 1. 1898, les origines de la Société Renault. L'histoire de cette société destinée à boîte de vitesses à trois rapports plus émerger de la bonne centaine de une marche arrière, avec la troisième constructeurs français du début du en prise directe et un arbre de trans- siècle pour devenir la première entre- mission rigide aux roues arrière entraî- prise automobile nationale, rappelle à né par cardans. Silencieux, léger, effica- bien des égards celle d'autres firmes ce et peu encombrant, ce mécanisme du même secteur comme Ford aux qu'il fait breveter l'année suivante Etats-Unis, Fiat en Italie ou Benz en résoud d'un seul coup les sérieux Allemagne pour n'en citer que quelque- inconvénients de la transmission par unes, toutes liées à l'initiative et au chaîne et les oscillations du pont arriè- génie d'un homme. Dans le cas du re. La revue Le Sport Universel Illustré constructeur français, ce capitaine relate l'événement en écrivant "la prise d'industrie s'appelle Louis Renault. directe est cette transmission inventée Né le 12 février 1877, il est le dernier par Monsieur Louis Renault, d'une sim- des cinq enfants de Louise-Berthe et plicité merveilleuse, souple, sans cour- Alfred Renault qui sont commerçants roie, sans chaîne, par deux engrenages en draperies et boutons à Paris. Sa pas- évitant toute perte de force". sion pour la mécanique en général et Devant le succès remporté par sa voi- pour les moteurs en particulier ne turette, Louis Renault décide de deve- l'incite guère à persévérer dans les nir constructeur. Avec ses frères aînés études scolaires, mais plutôt à passer Fernand et Marcel, il réunit les capitaux une grande partie de son temps à "bri- nécessaires à la création de la Société coler" dans son premier atelier qui Renault Frères, qui s'installe à n'est autre que le petit abri de jardin de Billancourt le 25 février 1899. la résidence secondaire familiale de Billancourt, une banlieue de l'ouest 1. Le 11 juin 1906 sont mis en service les premiers parisien dont la renommée n'allait pas omnibus automobiles parisiens, des Brillié- tarder à s'étendre au monde entier. Schneider. En 1909 apparaît le premier Renault En 1898, à sa sortie du service mili- dans les rues de la capitale, 21 places, 4 cylindres taire, Louis Renault construit sa pre- 16 HP, pneumatiques jumelés à l'avant et triplés à l'arrière comme le montre cette photo, vitesse mière voiturette : quatre roues de bicy- 13 km/hl Ce véhicule répondait au programme de clette, deux places, un châssis léger à recherche qu'avait lancé la Compagnie Générale éléments tubulaires dont l'avant sup- des Omnibus pour ses futurs autobus sans impé- porte un moteur de Dion monocylindre riale. Il ne sera livré qu'à deux exemplaires, la de 273 cm3 qui développe 1,75 ch et pro- C. G. O. lui préférant les Schneider. Il faudra pulse l'engin à 32 km à l'heure. Il y ajou- attendre 1924 pour voir la première série d'auto- te deux innovations personnelles: une bus Renault circuler dans Paris. L'apparition de nouveaux modèles, les Constatant que le camion avait fait la perfectionnements techniques conti- preuve de sa rentabilité face au perche- nus qui y sont apportés ainsi que la ron, Renault décide dès 1906 d'ajouter à publicité acquise grâce aux nom- sa production de voitures celle de breuses victoires dans les compétitions poids lourds, d'autocars et d'autobus, sportives de l'époque (Paris-Ostende et prend rapidement une place prépon- en 1899, Paris-Toulouse en 1900, Paris- dérante dans ce domaine. Il crée les Bordeaux et Paris-Berlin en 1901, Paris- premières voitures de livraison pour les Vienne en 1902 etc...) contribuent à magasins de la Belle Jardinière, vite imi- l'expansion spectaculaire de l'entre- tés par le Louvre et le Bon Marché. prise: à la fin de 1900, les ateliers Paris verra ensuite les premières arro- emploient 110 personnes et fabriquent seuses-balayeuses municipales.