Chapitre 6 Identification Des Vulnérabilités Urbaines
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Egis Eau / IAU-IDF / BRGM Identification des vulnérabilités urbaines Chapitre 6 Identification des vulnérabilités urbaines 6.1 Introduction La métropole d’Alger regroupe plus de 5,3 millions d’habitants (2008) dont près des deux tiers habitent dans la wilaya d’Alger. Elle représente le premier pôle d’activité économique hors hydrocarbure du pays et concentre les fonctions de commandement (gouvernement, siège sociaux des grandes entreprises). Son importance stratégique justifie un niveau d’équipement supérieur aux autres territoires du pays, mais rend d’autant plus important la nécessité d’une prévention efficace pour faire face aux risques naturels. La wilaya d’Alger est soumise à une série d’aléas naturels qui récemment ont été la cause de grandes catastrophes (Bab el Oued 2001, Boumerdès 2003) avec des pertes de vie humaines très importantes. Face à ces risques, les autorités algériennes ont renforcé leurs capacités de prévention et de réaction. Cela s’est traduit par des normes mieux adaptées à l’échelle des risques et, plus récemment, par la préparation de documents de planification urbaine : le Schéma directeur d’aménagement de l’aire métropolitaine d’Alger (SDAAM) qui porte sur 4 wilayas (Alger, Tipaza, Blida et Boumerdes) et le Plan directeur d’aménagement et d’urbanisme de la wilaya d’Alger (PDAU). Ces documents sont destinés à mieux gérer le territoire dans ses dimensions sociales, économiques et environnementales. Ils se projettent à un horizon 2030. La politique nationale d’aménagement du territoire exprimée à travers le Schéma national d’Aménagement du territoire 2030 (SNAT) se place sur le long terme afin de rééquilibrer les dynamiques spatiales en faveur des hauts plateaux et limiter ainsi l’impact de l’urbanisation sur le littoral. La réalisation des grandes infrastructures (autoroutes, chemin de fer…), le renforcement des villes secondaires de l’intérieur et la création de villes nouvelles sur les Hauts plateaux avec des déplacements prévus d’administrations et d’entreprises publiques devrait en effet permettre à long terme de reporter une partie de la dynamique de croissance vers l’intérieur. Le littoral algérien fait l’objet d’une politique d’aménagement en cours de réalisation. Des nombreuses études ont été conduites, notamment le Plan d’Aménagement côtier de la métropole d’Alger (PACMA), qui ont permis de déterminer les enjeux, de mettre en place des indicateurs, de définir la politique de protection et de mise en valeur de cet espace particulièrement sensible. Par exemple, la délimitation en cours par bornage des bandes littorales fixe sur le terrain le cadre de protection et de mise en valeur du littoral. Les documents de planification métropolitaine et urbaine en préparation sur Alger s’inscrivent pleinement dans cette volonté de rééquilibrage dont les effets pourront se faire sentir à long terme. Ils intègrent aussi les protections et recommandations pour l’aménagement de l’espace littoral afin de réduire l’exposition aux risques naturels et orienter l’urbanisation sur les sites les moins dommageables pour l’environnement. Ils traduisent, au niveau métropolitain et de l’agglomération d’Alger, le cadre national fixé dans les documents d’échelle supérieure. La production récente de diagnostics, de d’analyses prospectives et de stratégies d’aménagement à l’échelle métropolitaine et d’agglomération rend possible l’utilisation de ces Etude sur la vulnérabilité et l’adaptation de la Wilaya d’Alger au changement climatique Page 299 et aux risques naturels Egis Eau / IAU-IDF / BRGM Identification des vulnérabilités urbaines documents pour le présent document de diagnostic sur la wilaya d’Alger. Ces documents comportent des analyses sur les aspects démographiques, économiques et environnementaux. Ils sont compatibles entre eux et reprennent les mêmes zones à urbaniser. Ils fournissent des analyses de la vulnérabilité urbaine qui sont reprises dans le présent rapport. Toutefois, ils ne prennent pas suffisamment en compte l’augmentation du risque lié au changement climatique faute d’analyses spécifiques réalisées au préalable, ce qui nous amènera dans la phase ultérieure de l’étude à proposer des recommandations pour une meilleure prise en compte de ces risques. Le présent rapport est organisé en deux parties distinctes. La première expose la situation actuelle sur les aspects urbains (démographie, occupation des sols) et met en évidence les tendances du développement urbain. Il identifie la sensibilité des établissements humains et évalue la vulnérabilité des espaces. Cette partie s’appuie principalement sur les analyses fournies dans les études du PDAU et du SDAAM d’Alger et sur la documentation mise à disposition par les différentes administrations publiques dans le cadre du présent projet. Nous avons estimé que les analyses produites dans ces deux études étaient suffisamment solides et récentes pour fonder les principaux éléments de diagnostic de la situation présente. La deuxième partie expose la situation future à l’horizon 2030. Là aussi nous nous sommes fondés sur les études du PDAU et du SDAAM, seuls documents de planification spatiale suffisamment récents portant sur l’ensemble de la wilaya d’Alger et au-delà, et qui se projettent à l’horizon 2030. Ils prennent en compte les projets urbains en cours et annoncés et fixent les éléments de prospective économique, sociale et spatiale. Ils ont produit des analyses sur les risques naturels et technologiques. La présentation des résultats de ces deux études servira de base pour l’évaluation et les recommandations dans la phase ultérieure de l’étude. Enfin des éléments sur les aspects institutionnels de la planification urbaine sont fournis dans une troisième partie. Le présent rapport expose donc les principaux éléments sur lesquels fonder les analyses de la vulnérabilité urbaines actuelle et future. Un addendum sera fourni ultérieurement avec une cartographie croisée de la carte d’occupation des sols et des aléas appliqué sur 2012 et sur 2030. Ce croisement avec les nouvelles analyses sur les aléas, notamment celles qui prennent en compte l’augmentation des aléas liée au changement climatique, amènera à réévaluer les vulnérabilités urbaines à l’horizon 2030 qui n’avaient pas été analysées en tant que telles dans le PDAU d’Alger, bien que les contraintes liées aux servitudes existantes aient été prises en compte. Etude sur la vulnérabilité et l’adaptation de la Wilaya d’Alger au changement climatique Page 300 et aux risques naturels Egis Eau / IAU-IDF / BRGM Identification des vulnérabilités urbaines 6.2 Etat actuel L’objectif de ce chapitre est de caractériser les vulnérabilités urbaines en croisant les aléas avec la sensibilité des espaces urbanisés existants. L’évolution du développement urbain, l’évolution démographique et l’organisation de l’espace expliquent en partie l’occupation des sols et les caractéristiques des tissus urbains fondées sur la typologie du bâti, les densités et les formes urbaines. Les espaces urbains sensibles sont ceux considérés comme les plus vulnérables aux aléas. Ils sont identifiés à partir de l’analyse de l’occupation des sols et des formes urbaines. 6.2.1 Historique du développement urbain Le site d’Alger est l’objet d’une occupation humaine ancienne (comptoir phénicien à l’époque antique). Bien que l’on retrouve des restes de l’occupation romaine (Icosium) et que la ville fut refondée au 10ème siècle après J-C par les Bani-Mezghana, la ville est restée de faible importance pendant longtemps. Son activité commerciale était liée au port, point d’aboutissement de routes qui irriguaient un réseau de petites villes de l’intérieur. Contrôlée pendant une période par les Espagnols, la ville se développera principalement ensuite à partir de l’époque de domination ottomane, comme d’autres villes de la côte maghrébine (Oran, Tunis, Tripoli…). La médina prendra alors de l’importance, la ville sortira de ses remparts. Alger développera une activité maritime pour exporter les produits issus de l’intérieur. Figure 163 : Site naturel d’Alger (source PDAU Alger) Après la prise d’Alger en 1830 par les Français, les riches demeures aux environs d’Alger serviront de noyaux aux premiers faubourgs. La construction du chemin de fer favorisera l’expansion de l’urbanisation. La colonisation de peuplement s’appuiera sur de nouveaux villages destinés à organiser l’exploitation agricoles d’abord au Nord, puis au Sud et enfin à l’Est. Etude sur la vulnérabilité et l’adaptation de la Wilaya d’Alger au changement climatique Page 301 et aux risques naturels Egis Eau / IAU-IDF / BRGM Identification des vulnérabilités urbaines Le nouveau département d’Alger créé en 1959 comprenait deux sous-préfectures, Blida et Maison-Blanche. Il regroupait 67 communes et s’étendait sur 3.393 km², contre 809 km2 aujourd’hui. Le développement des bidonvilles avait conduit les autorités coloniales à tenter de limiter l’exode rural en développant des centres secondaires à l’intérieur. Alger devenue la capitale de l’Algérie indépendante en 1962 sera le centre principal décisionnel du pays et recevra une importante population rurale qui viendra compenser le départ des colons. Mais l’ampleur de l’exode rural rendra rapidement insuffisantes les capacités des infrastructures et des équipements existants. Les extensions urbaines conquerront peu à peu l’ensemble des communes de la wilaya d’Alger et s’étendront désormais au-delà. Pour mieux gérer la dynamique de croissance urbaine, une série de modification sera entreprise : en 1974, les wilayas de Blida, Tizi Ouzou et Bouira seront créées par restructuration du territoire de la wilaya d’Alger. En 1983, la création des wilayas de Boumerdès et de Tipaza recomposeront le territoire existant. En 1997, la création du Gouvernorat du Grand Alger regroupera 57 communes, au lieu de 33 auparavant. En 2000, le Gouvernorat du Grand Alger sera dissout et Alger retrouvera son statut de wilaya tout en gardant son territoire de 57 communes. 6.2.1.1 Evolution démographique La population algéroise a connu un rythme de croissance très rapide dans la période récente.