Superordre : Superheroptera

Par Bruno Didier Comics : quand les Super-Héros

En haut à gauche, The Wasp et, ci- s’inspirent des insectes dessus, The Yellow-Jacket (© )

’est vers le milieu des années avant qu’on ne parle de bioniqueue – feuilleton radiophonique avant 1930 qu’apparaissent les pre- ils puisent souvent leur inspirationtion d’êtred’être aadaptéedaptée eenn cocomicsmics pupuisis eenn Cmiers héros et super-héros dans la nature ordinaire et chez les fi lm à partir de 1940. Au milieu des comics américains. , insectes en particulier. En effet, à des années 1960, Bruce Lee a tenu en bon premier, rafl e tous les pou- leur échelle, ces animaux ne sont- le rôle principal d’un feuilleton té- voirs, suivi d’une pléiade d’hommes ils pas dotés de superpouvoirs ? Ils lévisé éponyme devenu célèbre. et de femmes en costume moulant font des bonds prodigieux, volent, aux couleurs criardes : des mu- possèdent une armure naturelle, En 1939, le Scarabée bleu est sans tants, des héros dotés de pouvoirs, des dards, des épines, des crochets, doute le vrai premier superhéros des dieux, des extraterrestres, ou des venins paralysants ou mortels, du genre. Il tire ses superpouvoirs, de simples humains équipés d’ac- ils se dissimulent avec facilité, etc. selon les versions, de l’absorption cessoires épatants. Si l’imagination De quoi rêver ! C’est ainsi que sont d’un cocktail de « vitamine 2X » des scénaristes et des dessinateurs nés des générations d’hommes et ou bien d’un mystérieux scarabée semble sans limites – et cela bien de femmes insectes, empruntant égyptien. Cette identité a été endos- leur apparence, leurs « pouvoirs » sée par plusieurs personnages suc- ou simplement leur origine à l’en- cessifs. Après ce dont tomologie. Mouche, guêpe, four- les aventures continuent de nos mi, papillon, abeille, frelon, etc. jours, peu de Coléoptères seront et quelques emprunts – mais de représentés : on trouve néanmoins taille – à l’arachnofaune : un petit un autre scarabée (The Beetle) et un bestiaire de base, identifi able, mais Black Beetle qui sont tous deux des qui a donné des générations de bons supers-vilains secondaires. et de méchants héros. La Reine des insectes (Insect Queen) a connu une triple carrière. ■ Historiquement, le premier hé- D’abord, en héroïne positive inves- ros (sans superpouvoirs) faisant tie de superpouvoirs par un extra- référence à un insecte semble être terrestre insectoïde, qu’elle sauve le Frelon vert (Green hornet). de la mort. Le second personnage Dans ce cas, seul le nom et l’em- est au contraire une super-vilaine blème du personnage sont d’inspi- dont on notera qu’elle possède le ration entomologique. La série est pouvoir de commander aux in- Couverture d’une des premières parutions de The Blue Beetle chez l’éditeur DC Comics née en 1936 sous la forme d’un sectes, caractéristique récurrente

I NSECTES 33 n°175 - 2014 (4) tudetude d’abeilles géantes super-vilain (mais il y a aussi un venuesvenu de Mars. Il y a héro homonyme, un ancien casca- eueu aaussiu 3 Frelons (The deur) qui, on s’en doutait, s’entend HoHornetrnet) mais la Guêpe mal avec Spiderman. Il peut voler, (Wasp) eest bien plus cé- marcher sur les murs, vomir de llèbre.èbre. CeCettet jeune femme l’acide et possède des yeux com- persuade le Docteur Pym, qui posés. Un Mosquito-Man fait une n’est autre que Ant-Man (l’Hom- brève apparition dans les aventures mme-fourmie-fourmi),), de lui administrer le de l’Homme-araignée dont il sou- traitementtraitement qui mmodifi e son ADN haite prendre la place. Finalement, et lui ppermetermet de réduire sa taille à . volonté. Elle en tire également le On s’étonne de « trouver du Lé- pouvoir de parlerparler avec les insectes, pido » sur ces terres obscures, et

Insect Queen de développer desde ailes et de lancer pourtant. Gypsy Moth (Phalène en © 1938-2014 DC Comics, Inc. des rafales d’énergied’éne bioélectrique français et Sybil Dvorak pour l’état connuesconnues sous lele nnom de « dards de civil) est une super-vilaine , mutante chezchez uunn cecertainrtain nnom-om- guêpeguêpe »… Il y a 3 hommes-four- d’origine roumaine élevée par des bre de ces personnages. mismis mais l’initil’initiala Docteur Henry gitans. Elle est capable de déplacer LLa ReineR i ddes AbAbeilles ill (QueenQB Bee),) PymPtli est le principal. Son histoire des objets à distance (télékinésie) quant à elle, n’a qu’une obsession, sera prochainement portée à l’écran à condition qu’ils soient mous, en investir la Terre depuis sa planète par Marvel et devrait sortir en août particulier les fi bres et tissus ce qui d’origine, Korll, pour y installer 2015. Ant-Woman, alias Cassandra lui permet de voler en agissant sur une nouvelle ruche et accessoire- Lang, n’est autre que la fi lle de Scott son propre costume. Killer Moth ment asservir les humains. C’est Lang, le second Ant-man. Elle peut (la Mite tueuse) est un ennemi précisément parmi les Hyménop- (mal) contrôler sa taille qui varie, tères qu’on recrute le plus de supe- selon ses émotions, de celle d’une rhéros et de super-vilains. The Bee fourmi à une hauteur de 12 m. Pas ou Bee-Man est un de ces méchants facile pour s’habiller. Le nom de qui a acquis sa force et ses pouvoirs Yellowjacket, qui désigne une guê- après avoir été piqué par une multi- pe ou un frelon jaune et noir, a été porté par au moins 3 personnages dont Ant-Man lui-même – rien n’est simple dans cet univers. Explorons les autres groupes. Les Diptères sont représentés par Hu- man-Fly, l’Homme-mouche, un

Version française de Human Fly, version Couvertures de Ant-Man - © Marvel Comics héro - © Sagédition 1978. Dessins Bill Elias Killer Moth © 1938-2014 DC Comics, Inc.

I NSECTES 34 n°175 - 2014 (4) À gauche, The Locust contrôle une armée de criquets géants (© Marvel Comics). À droite, Mantis Man en pince pour Dragonfl y (© AC Comics) juré de (les chauves-souris extraterrestre insectoïde, très fort et mangent les papillons de nuit ?). très méchant, dont le seul désir est À l’origine dépourvu de pouvoirs de conquérir la Terre. Signalons autres que ceux que lui confèrent enfi n une touche française dans cet quelques armes et accessoires (no- univers très anglo-saxon, avec la tamment un pistolet projetant des série Mikros, réalisée par Jean-Yves Spiderman, le plus célèbre des super-héros fi ls gluants pour immobiliser ses Mitton et parue entre 1980 et 1986 « arthropodisés » © Marvel Comics victimes) il est changé en mons- dans la revue Mustang. Elle met en trueux papillon de nuit du nom de scène trois entomologistes (amé- On ne pourrait conclure cet inven- Charaxes (genre de Lép. Nympha- ricains…) dotés de superpouvoirs taire – loin d’être exhaustif – sans lidé, pour l’entomologiste). par des extraterrestres insectoïdes, mentionner l’énorme contribution Dragonfl y (la Libellule) est le seul les Svizz. Or ceux-ci n’ont qu’une apportée par les arachnides, Spi- Odonate repéré. Partiellement trans- ambition (on devine déjà laquelle). derman en tête. C’est d’ailleurs formée en insecte, elle possède des Les nouveaux-nommés Mikros, sans doute le seul superhéros po- ailes diaphanes et des lunettes noi- Saltarella et Crabb parviendront à sitif (avec son homologue féminin, res, pour cacher ses yeux composés. déjouer l’invasion en éliminant le Spider-Woman) dans un monde August Hopper (Locust ou la Sau- chef Svizz, Super-Termitor ! entièrement dominé par des super- terelle, l’Orthoptère de service) est vilains aux noms évocateurs : Ara- l’exemple du savant fou ; préci- chnophilia, Arachnid, Homo Ara- sons : de l’entomologiste fou. Gé- chnis, Arachne, Arachnus, Queen nial mais incompris, il met au point Arachna, Arachnakid, Black Spi- un costume de type exosquelette et der, Black Widow, Tarantula… ■ une machine pour faire grandir les insectes avec lesquels il souhaite conquérir le monde, puis passer pour un sauveur en les détruisant. Confronté aux X-men, il échoue mais continue de sévir de temps à autres dans l’univers des superhé- ros. Un autre entomologiste génia- lement fou est à l’origine de Praying Mantis Man (l’Homme Mante re- ligieuse, maintenant Dictyoptère). Exposé à de dangereux dérivés chlorophylliens, il devient vert, ga- gne des ailes, un exosquelette qui le rend invulnérable et un pouvoir De gauche à droite : Crabb, Mikros et Salta- Couverture de The Spider-Woman rella, personnages créé par Jean-Yves Mit- paralysant. Mantis quant à lui est un © Marvel Comics ton - DR

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