La guerre de 1914 fut terrible pour .

Le 10 août 1914, jour de la saint Laurent. les troupes allemandes incendièrent l’église paroissiale et 48 maisons sur 280, sous prétexte que la population avait tiré sur les soldats. Le village fut bombardé à bout portant par l’artillerie allemande. Le curé et de nombreux habitants furent arrêtés et maltraités, deux hommes furent passés par les armes. Au péril de leur vie, quelques habitants, dont Joseph Stephan le sacristain et le futur curé Thiébaut Eguemann sauvèrent des flammes l’ostensoir et les précieuses reliques de saint Romain. 30 ans plus tard, le curé Charles Kretz fera de même.

Quelques citoyens, le maire Joseph Sirlin, le directeur d’école Jules Moritz, le curé Victor Spindler et le séminariste Joseph Muller, futur curé d’, furent condamnés à mort par les autorités allemandes. Ils furent finalement sauvés grâce à l’intervention énergique de Dom Pierre Wacker, abbé d’Qelenberg.

Les Allemands ont occupé le village jusqu’à l’armistice de 1918. Déjà en 1917 ils avaient obligé toute la population à partir, Au retour les habitants de Reiningue ne retrouveront que ruines et désolation, Pendant leur douloureux exode, les villageois avaient trouvé refuge dans différentes communes du Haut-Rhin et du Bas-Rhin,

Le 10 août 1919, la population fêtait sa libération et brûlait solennellement sur la place publique l’effigie du «général Deimling», le bourreau du village martyr. Pour son héroïque attitude, Reiningue reçut la Croix de guerre avec palmes le 5 mai 1923, C’est également à partir de cette année que l’église fut entièrement reconstruite,

Voici la citation du 30 janvier 1923 attribuée à la commune: «Située au cours de la guerre dans la zone de bataille, a été en grande partie détruite, Par ses deuils et par la belle attitude qu’elle a montrée dans les plus cruelles épreuves, a bien mérité du pays». L’officier allemand, qui sous les ordres du général vom Deimling s’était particulièrement manifesté par sa cruauté et ses exactions, fut abattu par ses propres hommes dans la «Hohlegasse» en chevauchant vers (village voisin de Reiningue). Pour le comble des méfaits, tous les habitants de Reiningue furent contraints d’assister à son enterrement, sa tombe fut même encadrée par les morceaux de gouttières de l’église calcinée. Un témoignage sur les années de guerre KarI Buchner, sous officier dans une compagnie de pionniers bavarois, a participé en 1917 à la construction d’abris en béton et de casemates pour l’artillerie dans la forêt de Reiningue. La cave du couvent d’Oelenberg fut transformée en abri sanitaire. Reiningue fut défendu par des champs de mines d’une étendue de plusieurs kilomètres, Il s’agissait d’obus enterrés placés en quinconce. Le travail ne pouvait être effectué que de nuit, dans le silence le plus complet et était très dangereux, Plusieurs centaines de fantassins étaient à la disposition du génie pour le partage de ces mines,

A la suite du bombardement de Reiningue, la compagnie prit provisoirement ses quartiers à Heimsbrunn, Après l’armistice, les mines de Reiningue furent désamorcées; il s’agissait de dévisser les fusées montées sur les obus, un travail extrêmement dangereux qui coûta la vie à un jeune soldat. La compagnie de KarI Buchner (promu officier en juillet 1918) fut la dernière à quitter et à traverser le Rhin pour Mulheim.