Le Grand-Mons Point De Depart D'une Grande Agglomeration?
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0 LE GRAND-MONS POINT DE DEPART D'UNE GRANDE AGGLOMERATION? par Robert ANDRE, * s Bruxellensis ILO Professeur extraordinaire à l'Université Libre de Bruxelles, Directeur du Centre d'Economie régionale de l'Institut de Sociologie. 1^ 081 n25/2 L'objet de cet article est de tenter une analyse du projet ministériel qui a abouti i'35 à la naissance du Grand-Mons, d'aborder à travers cette critique le problème de la réorganisation de l'espace régional polarisé et d'examiner le tout dans le cadre législatif nouveau créant les grandes agglomérations, et lesHdéiations de communes. La proposition ministérielle Le projet baptisé « GrandMons » présenté par le montoise qui s'étoffe et qui s'étire le long de la route Ministre de l'Intérieur délimitait une agglomération de Tournai, une zone vide dans la plaine et un nou montoise groupant plus de 80.000 habitants sur une veau parc industriel au pied du versant, le long du superficie de l'ordre de 9.000 hectares, ce qui se tra nouveau canal. duisait par une densité de 900 habitants au km" (1). Au sudouest, la proposition ministérielle intéres Ce nouvel ensemble était formé par la fusion de neuf sait trois communes qui appartiennent au Borinage c'jmmunes et par l'appoint d'une partie de territoire traditionnel : deux, Flénu et Jemappes à l'agglomé de cinq autres (carte n° 1). ration boraine au sens le plus strict, la troisième, ^Les communes reprises en totalité dans ce projet Cuesmes, à la même agglomération dans son sens dessinaient un croissant géographique enserrant large (2). Mons par l'ouest. Au nord, on y trouvait Nimy et Ce secteur est le plus peuplé puisque les trois com Maisières, deux communes autrefois unies administra munes réunies groupaient 30.372 habitants au 31 dé tivement, qui se situent dans la plaine de la Haine cembre 1969 plus que la commune de Mons qui en au nord de la voie ferrée MonsCharleroi et de part comptait 27.704 à la même date, Cuesmes et Jemappes et d'autre du double axe du Canal du Centre et de touchent à Mons et une partie de leur territoire con l'autoroute de Wallonie. Cette concentration humaine, stitue indiscutablement un faubourg de Mons ; à Je excroissance montoise dont l'épine dorsale est la route mappes, il s agissait du Quartier du PontCanal situé de Bruxelles forme à Nimy un faubourg de Mons et sur la route de Valenciennes à sa sortie de Mons et à Maisières une banlieue résidentielle proche de la à Cuesmes du Quartier de l'Arsenal qui s'est constitué ville. en fonction des deux axes routiers MonsFrameries Au nordouest, le projet englobait la commune de Ghlin, unité complexe qui s'étend sur la plaine de la Haine et sur son versant septentrional boisé. On y (2) De nomb:eux auteurs ont analysé les limites du Bobinage. distingue un noyau central très peuplé, une banlieue Le Borinage le plus strict défini par J. JACQUEMYNS (a) comporte les neuf communes suivantes : Flénu, Fameries, Hornu, Jemappes, La Bouveiie, Pâturages, Quaregnon, Wasmes et Wasmuël. (1) Au moment de la présentation du projet, les dernières don M. L. LHOTE (b) définit un Borinage plus large composé nées démographiques connues, celles arrêtées au 31121969, de quatorze communes ; il reprend les neuf communes ci ées accordaient au GrandMons 82.146 hab tants pour une su et ajou'e Boussu, Cuesmes, Dour, Sa ntGhis'ain et War perficie de 9.056 hectares donc une densité de 907 habitants quign'es. au km. Ce te valeur est assez faible pour une entité urbaine Nous avons donné dans un travail antérieur (e) une critique même dans le cadre de la région industrielle wallonne. En de ces diverses conceptions. effet, la c'ensité communale la plus forte, les 1.869 habitants (a) JACQUEMYNS, J., La vie sociale dans le Borinage au km^ de Jemappes, n'atteignent pas 2.000 ha^ifants au houitler, Bruxelles, Librairie Fa'k et Fils, 1939, 490 p. km''^, niveau dépassé par toutes les communes nm trophes à Charle oi, ville ayant de plus une densité supérieure à (6) LHOTË, L., La démographie du Borinage, Le Hainaut 6.000 habitan's au km. Economique, 1950, n° 3, pp. 239 à 270. Voir ANDRE R., La démographie du Hainaut, tome 1, (c) ANDRE, R., Flénu, Analyse démographique d'une com « Charleroi et son agglomération •, Editions de l'Insiitut de mune boraine, Mons, Sorié'é des Sciences, des Arts et Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles, 1970, 250 p. des Lettres du Hainaut, 1961196,2, 176 p. 41 Athis A Flénu Fl Maisières Ma Saint-Symphorien St S Baudour Ba Frameries Fr Masnuy-Saint-Jean M St J Spiennes S Boussu Bo Genly Ge Mesvin Me Teitre T Boussoit B Ghlin , Gh Mons Mo Villerot V Casleau Ca Harmignies ' Har Nimy Ni Villers-Saint-Ghislain V St G Ciply Ci Havré Hv Noirchain N Ville-sur-Haine V s H Cuesmes C Hornu Ho Nouvelles No Warquignies W Elouges El Hyon Hy Obourg O Wasmes We Erbaut Et Jemappes Je Pâturages P Wasmuël Wu Erbisœul El Jurbise Ju Quaregnon Qa Eugies Eu La Bouverie LE Saint-Ghislain St Gh et Mons-Maubeuge. Les deux noyaux de Cuesmes et deux ensembles géographiques intéressant au total de Jemappes sont nettement séparés de Mons par des cinq communes. Au nord-ouest, le territoire repris terres sans habitat en partie encore sous exploitation appartenait à la commune de Baudour et incluait dans rurale. Les installations du chemin de fer ont été le projet la partie occidentale de la zone industrielle l'obstacle principal au développement résidentiel mon- nouvelle de Ghlin-Baudour, cette annexion était donc tois dans ces secteurs, l'autoroute avec l'amorce d'une sans effet démographique au contraire de celle réalisée route annexe rapide va à Jemappes doubler cet obstacle. au nord. Celle-ci réunissait des morceaux détachés des Enfin, Flénu n'est pas limitrophe à Mons, la localité communes de Casteau, de Masnuy-Saint-Jean, de Jur- se situe à l'écart de la plaine de la Haine, sur le bise et d'Erbisœul attribuant ainsi au Grand-Mons revers du plateau houiller des Produits. toutes les installations du S.H.A.P.E. y compris des logements situés hors du site ainsi que la zone résiden• Au sud, trois communes, Ciply, Hyon et Mesvin tielle développée dans la zone boisée ou à proximité. étaient reprises dans le concept ministériel ; seule Hyon borde le territoire de Mons, mais les deux autres L'objectif fondamental de ce projet était de donner sont proches. Cet ensemble communal était le secteur à la région un centre urbain à même de devenir le le mois peuplé puisque les trois réunissaient seulement pôle catalyseur et créateur d'un renouveau économi• 5.413 habitants au 31 décembre 1969, c'est-à-dire que (3). Le découpage proposé visait à doter la ville moins de 7 % de la population des onze communes. de Mons d'un certain nombre de moyens, lui permet• Hyon forme un faubourg montois intégré à la ville tant de jouer avec efficacité son rô'e de capitale régio• alors que les deux autres localités sont restées plus nale. Pour atteindre ce but, le projet accordait à la rurales tout en appartenant à la banlieue résidentielle nouvelle entité des possibilités de recettes grâce à montoise. Les communes de Ciply et de Mesvin étaient l'absorption de la totalité de la zone industrielle de les deux seules parmi les seize concernées par le projet Ghlin-Baudour, par l'apport des industries métallur• à compter moins de 1.000 habitants. giques de Jemappes et de Cuesmes, et des cimenteries d'Obourg. En outre, la proposition ministérielle es• Au nord-est, le projet absorbait Obourg, commune sayait de donner à Mons un prestige international en formée par la fusion récente d'Obourg et de Saint- lui permettant d'être le siège du S.H.A.P.E. Enfin, Denis. La partie habitée se situe au nord du canal du le projet tentait de dessiner une ville au territoire Centre et du chemin de fer de Mons à Charleroi et administratif plus conforme à la réalité urbaine englo• comporte le noyau très peuplé de l'ancienne commune bant la cité et ses faubourgs. L'ensemble urbain ainsi d'Obourg qui s'effiloche au nord en direction du petit réalisé pourrait permettre un aménagement plus effi• noyau rural de l'ancienne commune de Saint-Denis. cient de la région. Cette zone résidentielle est très nettement séparée de Mons par le double obstacle du canal et de la voie ferrée ; lieu où s'est implanté le complexe des cimen• teries. (3) Dans sa dépêche du 7 avril 1970, M. Harmegnies, ministre de l'Intérieur s'en expliquait clairement, il soulignait que 9 Les parties de communes annexées se trouvent • Mons a un rôle prédominant à jouei dans la reconversion toutes au nord et au nord-ouest de Mons et constituent actuellement en cours de la région ». Le concept de la région Cette vue prospective, objectif fondamental de cette du passé et du présent est l'analyse démographique (5). entreprise de fusion peut servir de point de départ à Cet instrument de recherche est très souvent négligé quelques réflexions dégageant le rôle des analyses et les enquêtes préparatoires se bornent à un chapitre géographique et démographique dans l'aménagement sur la population souvent sommaire et plus descriptif du territoire. La géographie décrit et explique ; la géo• qu'explicatif. graphie appliquée (4) ajoute une recherche prévision• En effet, on croit en général à la primauté de l'éco• nelle et tente de concevoir la transformation d'un nomique sur le démographique, faisant de l'évolution ensemble spatial sous l'effet des modifications d'un démographique une variable dépendante des fluctua• ou de plusieurs de ses éléments, se permettant ainsi d'établir à la fois le diagnostic et le remède.