Commune de Sorèze Généralités communales

Fig. 1. Le territoire de Sorèze depuis la plaine.

La géographie du territoire

Située aux confins du département du , la commune de Sorèze s’étend sur une superficie de 4164 hectares entre la plaine dite du Sor et la Montagne Noire, dont elle constitue l’une des toutes dernières communes de l’extrémité occidentale. Elle est voisine de Revel, en Haute-Garonne.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 1 L’altitude varie entre 220 m et 750 m environ, déterminant ainsi une zone de plaine et une zone de montagne entre lesquels les collines du piémont conservent un paysage transitoire doux, semi-bocagé, encore marqué par l’activité agro-pastorale. Au nord, la plaine du Sor est constituée d’un bassin sédimentaire alluvionnaire. Les terres fertiles ont surtout permis de développer la culture du blé et l’élevage bovin. Autour des hameaux et des fermes subsistent encore quelques haies bocagères qui ont échappé à la culture intensive récente des céréales, ainsi que quelques bois, très localisés, aux abords des demeures des domaines agricoles.

Fig. 2. Carte de la commune de Sorèze où sont situés les principaux éléments patrimoniaux.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 2 Vieux massif hercynien, la Montagne Noire présente un substrat de schiste et de micaschiste traversé par une large bande de gneiss. Les collines sont pénétrées par des bancs de calcaire qui ont engendré quelques micro-paysages de causse, en particulier à l’ouest de la commune, entre Pont- Crouzet et le bassin de Saint-Ferréol, et à l’est, sur le plateau du Causse, où se développe un réseau karstique et hydrologique souterrain important. Ce dernier abrite la grotte-mine du Calel 1, où l’exploitation du minerai de fer est attestée aux XI e et XII e siècles.

Fig. 3. À l’ouest du territoire communal, des bancs de calcaire affleurant ont permis d’alimenter des fours à chaux.

Aujourd’hui, la montagne est en grande partie boisée. De vieilles forêts de hêtres et de chênes subsistent, aux côtés de résineux plantés depuis une cinquantaine d’années. Les prairies constituent des percées plus ou moins vastes, encore nettement perceptibles autour des anciennes fermes, localisées essentiellement sur le haut plateau, à 700 m d’altitude.

Fig. 4. Vue de la montagne depuis la plaine.

1. La grotte est classée Monument historique depuis 1977.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 3 La commune est traversée par la vallée de l’Orival, aux pentes abruptes, à l’entrée de laquelle est installé le village. Le Sor alimentait un chapelet de moulins établis de longue date, en aval des moulins à battre le cuivre (martinets) de Durfort, commune limitrophe. Le Sor marque aussi la limite des communes de Sorèze et des Cammazes, au sud-ouest. Plusieurs autres affluents du Sor et de l’Orival traversent la plaine et la montagne, selon un axe sud-nord. Le Laudot traverse le territoire communal sur quelques centaines de mètres seulement. Il fait office de limite communale à l’ouest.

Fig. 5. Repérage des moulins de Sorèze sur la carte de Cassini, seconde moitié XVIII e siècle.

Deux lacs de barrage se trouvent en partie sur la commune. Le plus ancien est le bassin de Saint-Ferréol construit dans la seconde moitié du XVII e siècle par Pierre-Paul Riquet pour alimenter le canal du Midi. Le second, celui des Cammazes, date de 1957 ; il a été construit pour régulariser le cours du Sor.

La Rigole de la plaine qui démarre au lieu-dit Pont-Crouzet et qui constitue une dérivation du Sor, est, elle aussi, un aménagement de P.-P. Riquet pour subvenir à l’approvisionnement en eau du grand canal.

Le Sor serait à l’origine du nom du village : Sorèze, en serait un diminutif en –icinu, signifiant donc « petit Sor »2.

2LE POTTIER, 1990, p. 490.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 4 Historique

Le site de Berniquaut À 1 km au sud du village se trouve la montagne de Berniquaut, éperon calcaire, cerné au nord-est par la vallée de l’Orival, et sud-ouest par celle du Sor. Le site s’élève au point le plus haut à 568 m. Naturellement défendu, le site aurait été occupé depuis l’époque Néolithique 3. Un oppidum s’y est développé à l’époque protohistorique, vers le VII e siècle av. J.-C. Ce premier village, constitué de cabanes, vivait à l’écart des voies de communication. C’est aux II e et III e siècles av. J.-C. qu’est construit un premier rempart. Sous l’Empire s’ouvre une période de paix, la Pax Romana, le site de hauteur est abandonné au profit de la plaine. « Le défrichement et la mise en culture de la plaine de Revel sont entrepris, attirant les populations locales. Plusieurs stations gallo-romaines ont été découvertes autour de Revel, unies par des voies dont le tracé a été partiellement reconnu 4 ».

Fig. 6. La colline de Berniquaut.

À la fin du III e siècle et au IV e siècle, le retour de l’insécurité liée aux invasions voit le site de hauteur à nouveau réoccupé. Il le sera de manière continue jusqu’au Moyen Âge.

Au Haut Moyen Âge, une forteresse publique carolingienne, succède à l’oppidum. Au Moyen Âge, un village fortifié existe sur la pointe de l’éperon. Il constitue une co-seigneurie

3 L’évolution du site de Berniquaut retracée ici est empruntée à S. Campech, 1988. 4 POUSTHOMIS-DALLE, 1982, p. 12.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 5 possédée en 1141 par le vicomte de Trencavel et l’abbé de Sorèze 5 qui le donnent en fief aux seigneurs locaux de Roquefort. À cette date, le texte confirme la double appellation du lieu, l’ancien nom Virdiminus, « Verdun », et le nouveau, Brunichellis, « Berniquaut ». À cette occasion, il est fait mention d’un castellum. Les textes et l’archéologie concordent pour dire que le castellum se présentait comme « un habitat aggloméré et fortifié d’une centaine de bâtiments auxquels s’ajoutait un faubourg hors-les-murs. Lui était lié en 1141 des droits sur les fours ainsi que des droits ecclésiastiques mais sans aucune mention d’église »6. En 1152, les seigneurs de Berniquaut rendent hommage au vicomte Raymond de Trencavel et à son fils Roger. Ils sont alors trois co-seigneurs à prêter hommage : Isarn-Jourdain, Jourdain et Hugues, fils d’Hugues de Saïssac, membres de la famille de Roquefort. Après la seconde moitié du XII e siècle, Berniquaut n’est plus cité dans les textes. Les investigations archéologiques confirment que le site est abandonné définitivement à partir du XIII e siècle. Il est probablement définitivement abandonné au profit du village de Sorèze.

Fig. 7. Extrait de la carte de Cassini.

5 CAMPECH, 1988, p. 131, d’après Histoire générale de Languedoc, t. V, coll. 1046. 6 POUSTHOMIS-DALLE, 2000, p. 51.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 6 La grotte-mine du Calel La grotte-mine du Calel située sur le plateau du Causse au sud-ouest du village a servi de mine d’argile au Moyen Age 7. L’argile très fine qu’elle fournissait pouvait être directement utilisée pour alimenter les ateliers de potiers. Elle constitue aussi « un exemple d’exploitation de minerai de fer en milieu karstique 8 ». L’exploitation est attestée aux XI e et XI e siècles. Des traces de travaux miniers subsistent à ciel ouvert sur l’ensemble des calcaires du plateau du causse. Les ateliers de réduction directe du minerai contemporains ont été retrouvés à proximité. La grotte-mine renferme un dessin anthropomorphe d’un mineur brandissant un pic avec sa hotte sur le dos, tracé au trait noir sur les parois de la grotte.

La chapelle Saint-Jammes À près de 700 m d’altitude, sur une petite éminence à proximité de la route d’, se trouvent aujourd’hui les ruines de l’église Saint-Jacques de Besaucelle, (appelée Saint-James en occitan). Le plan encore perceptible –un bâtiment rectangulaire à chevet plat– pourrait témoigner d’une construction pré-romane. L’histoire de l’église est très mal connue ; sa mention la plus ancienne remonte à 1130 9. Elle a été longtemps utilisée par les habitants de la montagne. Dans la seconde moitié du XVIII e siècle, il semble qu’elle était encore en élévation et entourée d’un cimetière. Mais en 1833, le cadastre ne la mentionne plus que comme ruine.

Fig. 8 et 9. Les vestiges de la chapelle Saint-Jacques en 2005.

7 BLAQUIÈRE, 1974, p. 103-142. 8 Dossier Monument Historique. 9 MASSIP, 1996, p. 57.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 7

Fig. 10. L’église Saint-Jammes ou Saint-Jacques de Bezaucelle. (A. C. Sorèze, 2 N 2, XVIII e siècle)

La Fendeille Sur le Causse, sur le versant oriental de la vallée de l’Orival, aurait été trouvée « une sorte de four barré de scories, enterré à 4 m sous terre et qui est apparu comme une fonderie de fer très rudimentaire. Plus largement, des scories de fer, et autres résidus de combustion ont été retrouvés sur l’ensemble du Causse »10 . La date de ces activités n’a pas pu être précisée. Elle peut cependant être datée globalement de la période médiévale.

Au Moyen Âge, la naissance du village de Sorèze 11

L’histoire du village de Sorèze est liée à celle de l’importante abbaye bénédictine. Il est communément admis que l’abbaye est fondée au IX e siècle. La charte de fondation datée de 816 aurait été signée par le roi Pépin le Bref 12 . Sa naissance, l’une des rares fondations royales carolingienne, s’inscrit dans un vaste mouvement de réforme monastique confié à Benoît d’Aniane. L’abbaye se serait implantée au pied du site de Berniquaut, sous la protection du château. Le site retenu est aussi caractérisé par la présence du ruisseau l’Orival, préalable indispensable à l’implantation d’une abbaye. Elle porte le vocable de Sainte-Marie de la Sagne, toponyme marquant un site originel de marécages.

Après une période difficile, l’abbaye de Sorèze reconstitue ses domaines et étend progressivement ses possessions. La plupart se situent dans un périmètre de 30 km. Une première agglomération se développe au pied de l’abbaye, au milieu du XI e siècle. En 1120, l’église paroissiale Saint-Martin de Sorèze est citée pour la première fois 13 . À la même époque, est

10 BLAQUIÈRE, 1974. 11 Voir le dossier portant sur le village à partir de la notice IA811011714. 12 Histoire générale de Languedoc, t. II, coll. 111, d’après S. CAMPECH, p. 118. 13 POUSTHOMIS-DALLE, 1982, p. 45.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 8 mentionnée une autre église, Saint-Michel. Il s’agirait d’une chapelle secondaire, située à la sortie ouest du bourg, là où subsistent aujourd’hui les bâtiments d’une ancienne métairie. Le XII e siècle constitue une période de développement tant pour l’abbaye que pour la ville de Sorèze qui semble croître alors que l’oppidum de Berniquault est abandonné 14 . Cependant, « son rayonnement spirituel économique et artistique reste malgré tout assez restreint 15 ». L’abbaye médiévale serait donc à l’origine du défrichement et de la mise en valeur des terres de la plaine 16 .

L’administration consulaire est citée pour la première fois au XIV e siècle. Un texte de 1330 mentionne pour la première fois les consuls de Sorèze 17 . Au milieu du XIV e siècle s’ouvre une période difficile pour tout le Languedoc. Avec la guerre de Cent ans s’amorce le déclin de l’abbaye. Guerre, peste et famine entraînent la désolation.

Le dernier quart du XV e siècle et le début du XVI e siècle constituent une brève période de retour au calme et à la prospérité. C’est l’époque de la construction du clocher de l’église paroissiale Saint-Martin et c’est aussi le moment, entre 1514 et 1520, où l’abbatiale est l’objet « d’importants des travaux d’embellissement et d’agrandissement » réalisés par la communauté religieuse qui connaît un bref redressement spirituel et matériel 18 . Le village est encore aujourd’hui profondément marqué par cette époque qui voit la construction de nombreuses maisons en pan-de- bois.

Les Guerres de religion La seconde moitié du XVI e siècle constitue une période sombre de l’histoire de Sorèze. Alors que tout l’ouest du Languedoc est resté catholique, la région proche de , devient protestante. Autour de Sorèze, les premiers rassemblements huguenots apparaissent en 1560 et 1561. En 1564, l’évêque de Sorèze, Odet de Coligny, cardinal de Chastillon est converti au protestantisme 19 . En 1571, lors d’une première attaque, le monastère et l’église abbatiale sont détruits. Les moines doivent alors célébrer leur office dans l’église paroissiale Saint-Martin 20 . Mais le 5 juin

14 POUSTHOUMIS-DALLE, 1985, p. 438. 15 Ibidem , p. 438. 16 POUSTHOUMIS-DALLE, CAUCANAS, 1987, p. 517. 17 CAMPECH, 1988, p. 121. 18 POUSTHOUMIS-DALLE, 1985, p. 438. 19 POUSTHOUMIS-DALLE, 1985, p. 99. 20 CLOS, 1844, p. 308.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 9 1573, la ville tombe aux mains des troupes protestantes menées par Thomas de Durfort, seigneur de Deyme et le capitaine Sabault 21 . « Le monastère est détruit de fond en comble, la communauté est dispersée 22 ». L’église paroissiale Saint-Martin est détruite en grande partie, seuls le chevet et le clocher qui le surmonte sont épargnés. Les protestants s’installent alors pour quelques temps à Sorèze. Avec les matériaux de démolition du monastère, ils reconstruisent l’enceinte de la ville.

En 1580, le pays connaît la famine et les épidémies. Les catholiques emmenés par le capitaine Saint-Paulet, s’emparent à leur tour de Sorèze, massacrant une soixantaine de personnes. Le vicomte de Turenne, lieutenant général du roi de Navarre dans le Haut-Languedoc, qui tenait ses quartiers à Revel, est chargé de reprendre Sorèze ce qu’il ne parvient pas à faire et décide d’abandonner la place, celle-ci n’étant pas jugée stratégique. Les catholiques détruisent les forts établis aux alentours et rasent les fortifications de la ville afin d’éviter le retour des protestants. Les catholiques quittent la ville, ne laissant qu’une garnison de quelques hommes. En septembre 1580, Thomas de Durfort et le capitaine Sabaut reprennent Sorèze. 80 personnes sont tuées et Sabaut est nommé gouverneur de la ville. (Thomas de Durfort est à ).

Sorèze connaît alors une période plus calme. En 1601, les commissaires du roi viennent faire rétablir le culte catholique et tentent de rendre aux moines leurs propriétés. À cette époque, il semble que seuls quelques moines célébraient le culte « dans une salle voûtée 23 ». Jusqu’en 1620-1621, Sorèze est toujours disputée entre les catholiques et les protestants. Comme d’autres villes des environs, la ville, guidée par le duc de Rohan, se révolte. En 1625 après avoir repris la place, il fait relever les fortifications 24 . En 1627, la ville fait allégeance au roi.

La ville sort appauvrie et dépeuplée par les conflits et les pillages successifs. Les familles catholiques les plus riches ont quitté la ville. Le commerce et l’artisanat périclitent. Le marché hebdomadaire est définitivement perdu au profit de Revel. L’abbaye est entièrement ruinée et l’église paroissiale est dans le même état. Seul le clocher est préservé.

21 POUSTOMIS-DALLE, 1985, p. 99, d’après Mémoires de Jacques de Gaches sur les guerres de Religion à Castres et dans le Languedoc (1555-1610) , publiées par Ch. Pradel, Paris, 1879. 22 Ibidem , d’après ADT, 2J1, Sinopsis, fol. 39 23 POUSTHOMIS-DALLE, 1985, p. 104. 24 CLOS, 1844, p. 123-124.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 10 Aux XVII e et XVIII e siècles

Alors que l’abbaye est en ruines, l’année 1637 voit l’arrivée des mauristes qui entreprennent dès l’année suivante la reconstruction de l’église abbatiale et des bâtiments monastiques sous l’abbatiat de Dom Barthélémy Robin 25 . À la fin du XVII e siècle, l’abbaye s’agrandit au sud d’un bâtiment scolaire, un premier séminaire élevé en 1682, qui est prolongé dans le deuxième quart du XVIII e siècle de nouveaux bâtiments pour le collège. L’abbaye connaît un développement sans précédent dans la deuxième moitié du XVIII e siècle grâce au succès de son collège. Elle devient en 1776 un des douze écoles royales militaires du royaume. De nouveaux travaux d’agrandissements, avec l’édification de nouveaux bâtiments, et d’embellissements, sont menés jusqu’en 1780 afin de répondre à l’accroissement du nombre des élèves. L’abbaye et le collège se sont étendus au détriment du bourg, en empiétant sur ce dernier, au sud, à l’ouest et au nord-ouest. Il est aussi possible de reconnaître dans le bourg une grande période de reconstruction et d’aménagements dans l’architecture civile, ceci étant sans aucun doute lié au succès de l’école. Si un habitat marginal a pu s’établir extra muros à la fin du Moyen Âge ou encore au XVII e siècle, l’essentiel du bâti semble se former dans la deuxième moitié du XVIII e siècle, dans un premier temps, face à la porte de Castres et ponctuellement face à celles d’En Galauby, à l’ouest, et de Revel, au sud-ouest. À la fin du XVIII e siècle, parallèlement à l’établissement du tracé de la nouvelle route de Revel-Castres, l’habitat s’élève progressivement sur ses bordures pour atteindre en 1833 un front bâti presque continu sur les boulevards, alors que le démantèlement progressif de l’enceinte est amorcé. Le dernier quart du XIX e siècle se traduit par la poursuite de l’urbanisation sur les pourtours, mouvement accompagné par la construction de la nouvelle église paroissiale sur les promenades à partir de 1859. La première moitié du XX e siècle achève le processus d’urbanisation qui gagne progressivement les marges de l’agglomération.

Avant la Révolution, Sorèze était la première ville du district de Lavaur avec 3044 habitants sur l’ensemble de son territoire. Entre 1791 et 1806, on compte 290 maisons au chef lieu soit 1828 habitants parmi lesquels 16 bourgeois, 26 marchands et 49 propriétaires vivant de leurs revenus 26 .

Entre 1790 et l’an X, Sorèze est chef-lieu de canton. C’est ensuite qui récupère ce statut, malgré des tentatives répétées de Sorèze pour reprendre le titre 27 .

25 Cf. POUSTHOMIS-DALLE, 1985, p. 439-442. 26 A. C. Sorèze, Série F. 27 LE POTTIER, 1990 p. 490.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 11 Au XIX e siècle

Dans la seconde moitié du siècle, on cultive principalement du maïs, du blé et du seigle. Les prairies naturelles très fertiles sont propices à l’élevage des bovins. De nombreuses fermes reconstruites dans la seconde moitié du XIX e siècle témoignent d’une phase d’expansion importante. Trois domaines agricoles de la plaine, Beaufort, la Terrasse et Vigouroux, illustrent cette phase d’enrichissement. Ils comptent chacun une belle demeure, qui prend des airs de petit château, dont dépendaient quelques fermes qui mettaient les terres en valeur.

En 1862, on compte 563 maisons sur la commune, soit 2522 habitants 28 .

La prospérité des moulins sur le Sor, le Laudot et l’Orival

Le Sor, après avoir alimenté les moulins d’Arfons et de Durfort, rejoint la plaine de Sorèze où il retrouve un cours plus paisible. Durant cette traversée, une prise d’eau située à Durfort fournit, grâce à un long canal d’amenée, l’énergie hydraulique à une série de sept moulins. Les deux derniers, ceux du Pont-Crouzet et de Lauzy, bénéficient d’une prise d’eau commune supplémentaire située quelques mètres en aval du moulin de l’Abbé. Les eaux étaient ensuite restituées dans la rigole de la Plaine.

Les petits ruisseaux des vallées encaissées de l’Orival et du Laudot alimentaient quelques moulins ; seul subsiste celui de Padiès sur le Laudot.

L’appellation de certains moulins, le Chapitre, l’Abbé et le Purgatoire, témoigne de leur appartenance à l’abbaye, sans qu’il soit possible de déterminer leur date de construction. « Messieurs les Religieux » détenaient ceux de l’Abbé et du Chapitre dans le compoix de 1747 29 . Ce document mentionne par ailleurs la plupart des moulins de la vallée du Sor. Lors de l’enquête préfectorale de 1803, certains propriétaires font référence, pour justifier des titres de propriété de leurs moulins, au premier compoix de 1595 30 mais tous ne s’y réfèrent pas, ce qui n’exclut pas qu’ils aient pu exister à la fin du XVI e siècle. En revanche, le moulin de Padiès, sur le Laudot en amont du lac de Saint-Ferréol, était autorisé trente ans auparavant par « les propriétaires du

28 TRANIER, 1862. 29 A.C.Sorèze, Compoix de 1747. 30 A.C.Sorèze, registre des délibérations du Conseil municipal (1792-1877).

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 12 canal »31 . Une autre source de la même année nous donne une image relativement précise de l’état des moulins et du nombre de paires de meules. Le Sor concentre à lui seul huit moulins, un dans une gorge au-dessus du gouffre de Malamort, le moulin de Madame aujourd’hui en ruine, et les sept autres dans la plaine. La petite vallée encaissée de l’Orival qui alimente en eau Sorèze en possède deux, celle du Laudot un 32 . Au cours du XIX e siècle, nombre de ces moulins ont augmenté leur capacité de production par simple ajout d’une paire de meules, parfois en doublant leur nombre. La date de 1851 portée sur la clé de la voûte d’admission d’eau aux rouets du moulin de Larroque témoigne vraisemblablement de cet agrandissement. Après la Première Guerre mondiale, certains moulins complètent leurs équipements et se transforment en minoteries : le moulin de Lauzy 33 vers 1920, en 1934 celui de l’Abbé, et celui du Purgatoire, semble t-il en 1936. Seul le moulin de L’Arsou a changé complètement de destination un peu avant 1920 ; Auguste Estabiale le modernise et l’agrandit pour installer une filature de laine 34 .

Les vestiges d’une activité disparue : les glacières de Sorèze

On repère encore aujourd’hui deux glacières situées dans la montagne, sur la route d’Arfons, à deux kilomètres environ du bourg.

La première est située au lieu dit « Travers de Malcoustat » sur la parcelle A 710 du cadastre de 1999. L’endroit est situé en montant, à droite de la route d’Arfons, juste en face de la carrière de la Fendeille. La glacière est construite sur une petite éminence rocheuse. De forme circulaire, elle est aujourd’hui en ruine. Elle présente un diamètre de 6 m environ et les murs d’une épaisseur d’1 m sont construits en moellon brut de calcaire. La salle qui abritait la glace est aujourd’hui comblée. Une maison située en contrebas de la glacière lui est associée. Elle est aussi construite directement sur la roche et les niveaux supérieurs ont été reconstruits dans la seconde moitié du XX e siècle. À proximité, on devine encore que la pente de la colline a été aménagée en petites terrasses parfois confortées par des murs de pierre sèche.

31 A.C.Sorèze, registre des délibérations du Conseil municipal (1792-1877). 32 A. D.Tarn, 7 S 1251. 33 FRÈDE, 2002, p. 1. 34 Elle est transformée en retorderie en 1960 et fermée en 1982.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 13 La glacière de Malcoustat a probablement été construite en 1849. En effet, à cette date, la commune de Sorèze vend un terrain situé au travers de Malcoustat à un limonadier de Sorèze, Guillaume Franc, qui souhaite y établir une glacière 35 .

Fig. 11. Localisation des deux glacières sur le cadastre de 1999.

35 A. D. Tarn, 2 O288/3.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 14 Fig. 12. La glacière de Malcoustat est construite sur une pente.

Fig. 13. Le plan circulaire de la construction se retrouve sur la ruine.

L’autre glacière est située quelques centaines de mètres plus hauts, directement le long de la route d’Arfons, juste après un pont et le chemin d’accès à la ferme de Pistre 36 . La glacière, tout comme la maison qui lui était associée, est en ruine. Cependant, on devine encore la salle basse de la glacière qui présentait un plan rectangulaire. Elle s’élevait sur un seul niveau de faible hauteur et était couverte par un toit à un pan, comme en témoigne une carte postale ancienne.

Fig. 14. La glacière de la Fendeille est à gauche de l’image, couverte par un toit à un pan (collection Mairie de Sorèze).

Selon un témoignage, il aurait existé une troisième glacière à Sorèze, à proximité du bourg, sur la parcelle 64 de la section E du cadastre de 1999.

36 Sur le cadastre de 1999, feuille F, parcelle 724.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 15 Sonia Servant, Adeline Béa chargées d’inventaire du patrimoine, CAUE du Tarn Jérôme Bonhôte, chercheur patrimoine industriel, Région Midi-Pyrénées

Crédits photographiques : © CAUE du Tarn, © Région Midi-Pyrénées-Inventaire Général, ADAGP : - Fig. 4, Photos de Philippe Poitou, photographe du Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées. - Fig. 1, 8, 9, 12, 13. Photos de Sonia Servant. - Fig. 2. Réalisation de la cartographie Patrick Roques, Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées. -Fig. 3. Photo de Jérôme Bonhôte, chercheur, patrimoine industriel, Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées. -Fig. 5 et 7. Numérisation Archives départementales du Tarn. - Fig. 6, Photographie aérienne de Claude Carrière, Société de Recherches Spéléologiques et Archéologiques du Sorézois et Revèlois.

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