Cantate Deo a Voce Sola, in Dialogo
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Cantate Deo A voce sola, in dialogo Les chants de la terre Alpha 535 Cantate Deo 1. Ave maris stella 6’33 da: Vespro dell’Assunzione, Roma, post 1650 Bonifacio Graziani (1604-1664) 2. O beate Hieronime 3’45 da: Mottetti a 1, 2 e 4 vv. con sinfonie, libro II, Venezia, 1637 Alessandro Grandi (1586-1630) 3. Cantate Deo 2’21 da: Concerti Ecclesiastici a 2, 3, 4, 5 vv. op. IV, Venezia, 1618 Ignazio Donati (1570-1638) 4. Sonata a 3, sopra « Fuggi dolente core » 2’43 da: Sonate da Chiesa... Libro terzo, Venezia, 1655 Biagio Marini (1587 - 1663) 5. Jubilet tota civitas 4’12 da: Selva morale e spirituale, Venezia, 1640 Claudio Monteverdi (1567-1643) 6. Virgo prudentissima 3’09 da: Vespro dell’Assunzione, Roma, post 1650 Giuseppe Giamberti (1600-1662) 7. Cantabo Domino 3’23 Marco Beasley da: Mottetti, libro II, Venezia, 1625 Alessandro Grandi 3 8. Sonata a tre 2’59 da: Concerti ecclesiastici... Milano, 1610 Giov. Paolo Cima (1570 - ?) MARCO BEASLEY ténor 9. Stabat Mater dolorosa 10’45 GUIDO MORINI orgue, clavecin & direction da: Mottetti a voce sola, Venezia, 1638 Giovanni Felice Sances (1600-1679) 10. In te, Domine, speravi 3’29 ROSSELLA CROCE violon da: Concerti Ecclesiastici a 2, 3, 4, 5 vv. op. IV, Venezia, 1618 ELISA CITTERIO violon Ignazio Donati (1570-1638) FRANCO PAVAN théorbe FRANCESCO GALLIGIONI violoncelle 11. Salve Regina 3’56 da: Armoniae Cantiones, op. III, Milano, 1635 Giovanni Paolo Caprioli Enregistré du 25 février au 1er mars 2013 12. Sonata VII 4’55 à l’Eglise Santa Maria Incoronata (Martinengo, Italie). da: Sonate a 1, 2 ,3..., Venezia, 1641 Giovanni Battista Fontana (1571-1630) Direction artistique, prise de son, montage & mastering : Hugues Deschaux Conseils artistiques : Fabio Accurso 13. Surrexit pastor bonus 4’22 da: Compago ecclesiastico, 1640 Direction de production & photos du livret : Julien Dubois Cherubino Busatti ( ? - 1644) Photographie de couverture : Julien Dubois Editions : Pauline Pujol 14. Salve regina 5’16 Graphisme : Gaëlle Löchner da: Selva morale e spirituale, Venezia, 1640 Claudio Monteverdi 4 5 Nous remercions tous les musiciens qui nous ont accompagnés dans cette nouvelle aventure discographique: amis de longue date, nous aidant à maintenir notre passion éveillée par la force de la leur. Nous remercions Hugues Deschaux, toujours à la recherche des techniques les plus adaptées pour répondre à nos idées et les mettre en oeuvre. Nous remercions aussi tout particulièrement la communauté de la Sainte Famille de Martinengo pour son acceuil et la mise à disposition de ce lieu empli de spiritualité. Cantate Deo est dédié à chacun d’eux, mais aussi à vous qui l’écoutez. Marco Beasley Guido Morini Guido Morini 6 Le Miroir Implacable, il me renvoie mon image. Tu ne peux pas tromper le miroir, tu ne peux pas prendre les devants sur lui... Déjà, il semble me dire : tu n’es plus un garçon, et pourtant l’esquisse de sourire qu’il me renvoie, j’arrive toujours à la reconnaître, les rides sur le visage sont les rivières du temps. Ce sourire me dit qu’on ne revient pas en arrière et que ce qui a été me donne la certitude de ce qui est aujourd’hui. Et la voix ? Et le chant ? Et le cœur ? Cet homme que je vois dans le miroir, comment va-t-il aujourd’hui ? Arrive-t-il encore à s’émouvoir pour une parole, un geste sonore, un regard ? Un regard... Je parle en silence avec l’image dans le miroir, et mes lèvres goûtent des paroles muettes : je souhaite alors un geste d’amitié pour cette image qui m’accompagne, fidèle depuis toute une vie, et qui s’arrêtera lorsque la Nature le dira. Un chant intense mais léger et spontané ; un chant laïque vers une spiritualité intérieure, une conversation « à une seule voix, en dialogue ». © 2013 - MARCO BEASLEY Traduction de Maria-Laura Bardinet Broso 9 PARVENU À VENISE EN 1608, le voyageur anglais Thomas Coryat ne s’attendait certes pas à vivre une expérience musicale totalement inattendue. Le 16 août, jour qui suit la fête de l’Assomption, il se rendit en effet à la Scuola Grande de Saint Roch où, emporté comme Saint Paul au troisième ciel, il fut entouré d’une musique « super-excellent », chantée par seize ou vingt voix, avec seize instruments concertants, dix trombones, quatre cornets, deux violes de gambe et sept orgues. La description que Coryat donne de cette expérience est confirmée par les mandats de paiement qui témoignent de la présence, entre autres, de Giovanni Gabrieli, Giovanni Bassano, Bartolomeo Barbarino, Vido Rovetta, Giovanni Battista Grillo. Mais, dans les trois heures de musique offertes par la Scuola Grande, Coryat fut également impressionné par d’autres exécutions qu’il a soigneusement pris soin de noter. Les musiciens qui jouaient les treble-viols chantaient aussi, imités en cela par deux joueurs de théorbe, dont un était presque certainement Barbarino. Ces derniers se sont exprimés par une « admirable sweet musiche », si douce qu’elle ne pouvait être entendue que par ceux qui approchaient les musiciens. Plus étonnant encore pour nous qui sommes accoutumés à l’augmentation forcée et artificielle des volumes sonores, la clôture de cette extraordinaire soirée musicale était confiée aux deux chanteurs joueurs de théorbe. Elisa Citterio & Rossella Croce 11 Que chantaient-ils ? Aujourd’hui nous ne pouvons pas le savoir, mais très probablement des le bon équilibre dans l’écriture du motet à une et à deux voix : Alessandro Grandi. motets à voix seule et à deux voix, dans un dialogue vocal marqué par l’accompagnement Il reçut son éducation musicale à Ferrara à partir de 1597 ; ville où il a probablement qu’ils réalisaient eux-mêmes à la basse continue. rencontré Luzzasco Luzzaschi. Il renonça à une carrière de musicien de cour en raison de la disparition de celle-ci l’année suivante. Il se tourna alors vers les institutions On peut attribuer deux origines principales à la naissance du genre du motet à voix seule et ecclésiastiques. Tout d’abord maître de chapelle de l’Accademia della Morte, il est devenu à deux voix, la première étant liée à des raisons pratiques. Toutes les paroisses et les églises à partir de 1610 responsable des exécutions musicales de l’Accademia dello Spirito Santo, italiennes ne possédaient pas les mêmes moyens que les chapelles des grandes églises ou après avoir appartenu à la chapelle de Saint Marc à Venise en tant que giovane di coro. Maître des cathédrales comme Saint Marc ou Saint Pierre. Elles n’avaient donc pas la possibilité de de chapelle à la Cathédrale de Ferrara de 1615 à 1617, il s’installe à Venise où il devient réaliser des polyphonies à quatre parties, en raison du manque de chanteurs. La deuxième chanteur à Saint Marc sous la direction de Monteverdi. Dix ans après, il s’installe à Sainte origine est liée à la révolution musicale qui a caractérisé la composition au tournant du XVIe Marie Majeure à Bergame, où enfin, ayant à sa disposition un groupe vocal et instrumental siècle et qui a conduit notamment à la monodie accompagnée. La possibilité de pouvoir de grandes dimensions, il se consacre à des travaux plus importants, avant de mourir exprimer la force du chant dans l’unità s’est révélée aussi comme un facteur théologique tragiquement dans la grande épidémie de peste de 1630. important, amplifié par l’utilisation du duo pour voix égales. Comme nous pouvons le remarquer, les qualités musicales de Grandi ont été étroitement Si nous parcourons les recueils consacrés aux motets à une ou deux voix et si nous influencées par ses conditions de travail. Il est probable que les nombreux motets nous attardons sur les carrières des compositeurs, nous pouvons nous rendre à une et à plusieurs voix publiés par le musicien au cours de la deuxième décennie du compte que cette révolution, petite mais décisive, est venue justement de ces églises XVIIe siècle n’existeraient pas s’il avait intégré plus tôt une chapelle musicale de grandes mineures et de leurs maîtres de chapelle. Le chemin a été ouvert par des musiciens dimensions. Le seul en mesure de rivaliser avec Grandi dans l’art de la composition qui ont joué un rôle en dehors de ces centres importants, comme Ludovico Viadana du motet pour un ou deux voix fut probablement Ignazio Donati, qui lui a succédé qui, passé de Fano à Portogruaro, a publié à Mantoue en 1602 ses Cento Concerti à l’Accademia dello Spirito Santo à Ferrara en 1615. Tout au long de ces années les deux Ecclesiastici, ouvrage précurseur pour le motet à une et à deux voix. D’autres compositeurs se sont rencontrés et influencés mutuellement. Comme le prouve le superbe compositeurs l’imiteront, surtout dans les chapelles musicales de la région du bas Pô. motet In te Domine speravi, Donati a été très habile dans le développement de mélodies Peu de temps après, un jeune compositeur de très haut niveau rejoint le groupe, trouvant simples mais efficaces et nobles, souvent traitées en canon d’une grande maîtrise. 12 13 Le même langage a été traité par Monteverdi alors qu’il vivait et travaillait à Mantoue. Le Salve Regina, publié pour la première fois en 1618, est un brillant exemple du style basé Les pièces de ce type insérées dans le Vespro della Beata Vergine de 1610, très connues, en sur le contrepoint imitatif et a probablement été source d’inspiration des compositions sont un exemple. En publiant la monumentale Selva Morale et Spirituale en 1640, le maître de Monteverdi. Caprioli a participé, avec deux motets à voix seule, à la publication du de Crémone fait preuve de son génie.