RESPONSE RAPID MECHANISM RRM - Evaluation multisectorielle rapide Zone évaluée : Commune : Haribomo (Tinadiarof ; Orfane ; Tehalamte ; Assahasse et Tibakatene) Cercle : Gourma-Rharous Région : Tombouctou Période d’évaluation : du 29 janvier au 04 février 2019

Cartographie de la zone

Contacts : Prince KADILUAMAKO LUMUENO, Program Manager RRM [email protected] ou Badou HANDANE, Coordinateur régional RRM : Tombouctou-Taoudéni [email protected]

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 3 Objectifs et méthodologie d’évaluation ...... 3 CONTEXTE GENERAL ...... 4 Situation sécuritaire ...... 4 Brève historique de la crise ...... 4 Mouvements de population ...... Erreur ! Signet non défini. ANALYSE DES BESOINS ...... 6 EAU, HYGIENE ET ASSAINISSEMENT ...... 6 NFI / ABRIS ...... 7 SECURITE ALIMENTAIRE ...... 8 AUTRES SECTEURS ...... 12 SANTE…...... Erreur ! Signet non défini. EDUCATION ...... 12 PROTECTION ...... 12 COMMUNICATION / TRANSPORT ...... 12

Rapport d’évaluation multisectorielle Rapide NRC -RRM à Haribomo, Gourma-Rharous, Janvier 2019

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INTRODUCTION La commune de Haribomo est l’une des neuf communes du cercle de Gourma-Rharous, Région de Tombouctou. Elle est située au sud-ouest du chef-lieu de cercle. Elle est limitée à l’Est par la commune de , à l’Ouest par celle de Bambara-Maoudé, au Sud par la commune d’ et au Nord par le cercle de Tombouctou. A titre illustratif, les neuf communes qui composent le cercle de Gourma-Rharous sont : Rharous, , Gossi, Haribomo, Inadiatafane, Hamzakoma, Séréré, Banikane et, Bamabara-Maoudé. Cette commune a fortement enregistré l’arrivée massive des populations déplacées et retournées à cause de sa situation géographique. La majorité des déplacés accueillis dans cette localité seraient venus de la région de Mopti, cercles de Bankass, Douentza (Boni) et de la zone frontalière Mali -Burkina(Boulkessi). En effet, ces localités sont devenues des véritables nids d’insécurité avec ces lots d’affrontements intercommunautaires, des conflits armés et des opérations militaires le long de la frontière par des forces internationales du G5 sahel d’une part et des Barkhane (forces françaises) d’autre part. Cette multiplication des incidents a d’énormes répercussions sur les zones restaient longtemps stables dans la région de Tombouctou et plus précisément la commune de Haribomo.

Par conséquent, depuis l’exacerbation des conflits intercommunautaires dans le centre et les opérations de ratissage des groupes radicaux, ces zones ont accueilli plusieurs ménages déplacés dont la dernière vague en date du 10 au 16 janvier 2019 et répartie sur 5 sites potentiellement sécurisés. C’est dans ce contexte que NRC à travers son programme mécanisme de réponse rapide « RRM » a conduit une mission conjointe d’évaluation multisectorielle rapide avec le service de développement social de Gourma Rharous et Islamic relief du 29 janvier au 04 février 2019 dans la commune de Haribomo. La mission s’est focalisée sur les sites/villages touchés essentiellement par le mouvement des populations dû aux différents incidents cités plus haut. Il s’agit des sites de : Tinadiarof ; Orfane ; Tehalamte ; Assahasse et Tibakatene situés dans la commune de Haribomo.

Objectifs et méthodologie d’évaluation La mission avait pour but principal de s’enquérir de la situation humanitaire des déplacés affectés par le mouvement de population en récoltant les indicateurs clés pouvant justifier une intervention d’urgence dans la zone en leur faveur.

Pour ce faire, l’équipe a analysé la situation sécuritaire, les risques de protection et l’accessibilité des populations affectées par la crise., L’équipe a ensuite évalué les besoins humanitaires prioritaires des populations déplacées et famille d’accueil et enfin, identifier et cibler les populations affectées par la crise.

Les méthodes et technique suivantes ont été utilisées pour la collecte des données : - Entretien avec les autorités et leaders locaux des zones à évaluer : - Cartographie de la zone et identification des sites des déplacés ; - Focus groupe pour l’analyse du contexte ;

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- Enquête ménages sur base d’un échantillon minimum de 35 ménages auprès des déplacés pour évaluer leur vulnérabilité et les scores de sévérité. - Identification et enregistrement des ménages déplacés (potentiels bénéficiaires).

Cette évaluation rapide était basée sur une approche qualitative combinant une analyse des informations recueillies sur terrain en communauté (focus groupe) et celles collectées individuellement au niveau des ménages sur base d’un échantillon minimum de 35 ménages. Des rencontres ont eu lieu avec les chefs de villages/sites de l’ensemble de localités et les informateurs clés de chacune d’elles. L’équipe d’évaluation a visité les centres de santé et les infrastructures scolaires existantes. La collecte des données était opérée à l’aide de l’outil ODK (Kobo) via des tablettes. Egalement, il a été procédé à l’administration de la checklist analyse des risques de protection liés à l’assistance humanitaire et les fiches de mise en place d’un comité de plainte et de crise ont été administrées afin de faciliter la remontée des plaintes.

CONTEXTE GENERAL Situation sécuritaire Pour le moment, la situation sécuritaire est relativement calme dans la commune de Haribomo. La zone est sous contrôle des groupes d’autodéfense. Néanmoins, il s’y organise fréquemment des patrouilles des forces armées maliennes (FAMAS) et celles de la MINUSMA. Cependant, les communes environnantes continuent d’enregistrer des affrontements intercommunautaires dans la Région Mopti, cercle de Bankass, Douentza et les opérations militaires se poursuivent particulièrement dans la commune de Gossi et la zone frontalière entre le Mali et le Burkina qui risqueraient de déstabiliser cette commune et de créer de nombreux déplacés qui vont se réfugier dans la commune de Haribomo.

Il faut surtout noter que cette zone connaît également des braquages et des vols des biens matériels et des enlèvements de véhicule des transports dont ceux utilisés par les ONG internationales et des services techniques de l’Etat. Ses différents incidents sont constatés fréquemment les jours de foire notamment le vendredi, jour de la foire hebdomadaire de la commune et dimanche jour de la foire de la commune voisine de Bambara-Maoudé. La situation sécuritaire de la zone va de la stabilité des communes voisines et localités frontalières.

Bref historique de la crise La situation sécuritaire dans le centre du pays en proie aux conflits intercommunautaires (Peulh et Donzo) les plus meurtriers de l’histoire du Mali a conséquemment impacté les communes frontalières de la région de Mopti et dans une moindre mesure la région de Tombouctou. Cette région longtemps épargnée par la crise, est devenue maintenant un espace de retranchement et d’accueil des communautés affectées par les opérations militaires de la zone frontalière et des conflits intercommunautaires de Mopti.

Parmi tant d’incidents sécuritaires que connaît cette partie du centre, on note celui à l’origine du mouvement des populations du 1er janvier 2019 à Koulongho Peulh, localité située à 30 km du chef-lieu de cercle de Bankass et les opérations militaires (frappes aériennes) entreprises par les forces françaises de Barkhane dans la forêt de Serma cercle de Bankass. Ces incidents constituent des véritables tragédies qui ont poussé un nombre important des ménages à se déplacer vers la commune de Haribomo. Ces incidents ont provoqué un climat délétère qui a obligé plusieurs familles à quitter carrément la région de Mopti. Ce conflit, qui oppose depuis deux ans les deux communautés (Peulh et chasseur Donzo) éleveurs et agriculteurs, qui jadis vivaient en parfaite harmonie dans les cercles de Koro et Bankass, est monté d’un cran et continue de fragiliser considérablement le tissu social de ces peuples dont les conséquences sont inestimables

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pour ces communautés : des personnes assassinées et des villages, greniers et enclos entiers incendiés de part et d’autre. Ces incidents ont affecté plus les ménages de la communauté peuhls et Tamasheq installés depuis longtemps dans les zones de départ pendant des décennies pour des raisons de famine et de pâturage car les zones ont connu une période de sècheresse. En principe, ces ménages sont revenus pour la plupart dans leurs anciens terroirs. Ces déplacements ont eu des retombées négatives sur les aspects socio-économiques et humanitaires dans la commune de Haribomo. A cet effet, les évaluations multisectorielles réalisées y relèvent des vulnérabilités multiples caractérisées par l’absence d’articles ménagers essentiels (AME), l’insuffisance de l’eau potable, la consommation alimentaire pauvre, manque d’accès aux soins de santé pour les déplacés et la difficulté d’accès des enfants à l’école à cause de l’absence des personnels enseignants.

Mouvements de population La commune de Haribomo est une zone mixte car elle accueille des déplacés tout comme des retournés. Les ménages déplacés qui font l’objet de cette évaluation sont arrivés en deux vagues en mi-janvier en provenance des différents cercles de la région de Mopti entre autres Bankass, Koro, Douentza. Ils y ont fui l’instabilité de la zone suite à la présence et l’activisme permanent des groupes radicaux d’une part et aux opérations de traques menées par les forces internationales et qui s’affrontent fréquemment dans différents villages voisins d’autre part, mais aussi des conflits intercommunautaires qui opposent les communautés d’éleveurs Peulhs et chasseurs Donzo dans les localités de Bankass et Koro. Actuellement, on trouve 576 ménages déplacés soient 4274 personnes dans l’ensemble de la commune d’Haribomo qui sont repartis comme suit :

 15 janvier 2019 : 335 ménages venus des localités de Baye, Minta et Koulongho dans le cercle de Bankass et installés à Tinadiarof et Orfane (Haribomo).  16 janvier : 241 ménages déplacés accueillis respectivement à Tibakatene, Assahasse, Tehalamte. Ces déplacés sont venus des localités de Dourgouma, cercle de Douentza et Serma cercle de Koro. Remarquons que le mouvement des populations s’est déjà stabilisé dans l’ensemble des sites visités. Cependant, les ménages ne comptent pas retourner sur les sites de départ par crainte des représailles et les actes de violence des hommes armés.

Figure 1 : Enquête ménage sur le site de Assahasse

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Démographie de la zone Tableau 1 - Désagrégation des personnes affectées

Nbre des Nbre des Nbre des Nbre des Nbre des Nbre des filles Nbre des filles Nbre des Nombre total des femmes de 50 à hommes de 50 à hommes entre femmes entre 18 garçons de 5 à de 5 à 17 de 5 garçons de 6 personnes plus plus 18 à 49 à 50 18

277 276 894 730 702 653 381 361 4274

Tableau 2- Liste des villages et population estimative

Population Population Actuelle estimée

avant crise m=ménage ; p=personne Population Localité Total m Déplacés Personnes Villages/Sites Total P 2017 actuelle p nouveaux déplacées admin. 2017 2018 Tinadiarof 1542 257 2990 184 1448 Orfane 1398 233 2583 156 1185 Tibakatene 1158 193 2128 109 970 Haribomo Assahasse 663 110 905 46 242 Tehalamte 822 137 1251 81 429 Sous Total 5583 930 9857 576 4274

TOTAUX 5583 930 9857 576 4274

Commentaires : Ce tableau a été rendu possible grâce aux concours des autorités administratives locales et villageoises. Pour raison de cohérence, le calcul sur le nombre de personnes résidantes a été fait sur base d’une taille moyenne de 6 et pour les déplacés ces sont les données recueillies lors du ciblage qui sont prises en compte. Précisons ici que seul le nombre des ménages des déplacés est déterminé car il est issu de l’identification porte à porte des ménages alors que tout le reste est à titre estimatif donné par les chefs des différents sites d’accueil.

ANALYSE DES BESOINS EAU, HYGIENE ET ASSAINISSEMENT

La situation hydrique et environnementale est très inquiétante pour ces déplacés qui seraient arrivés dans ces sites dépourvus de tous leurs biens. L’accès à l’eau demeure une problématique liée à la qualité et à la consommation. Ces déplacés installés tout au long de la rizière du fleuve Niger n’ont accès qu’à la seule source d’eau : le fleuve, qui est utilisée pour la consommation humaine et animale sans un traitement particulier. Les conditions financières des déplacés et encore moins des communautés ne leur permettent pas de mettre en place un système d’adduction d’eau potable pour la consommation. Les habitants se contentent des systèmes locaux de traitement de l’eau, qui ne sont pas du tout efficaces et qui engendrent des risques des maladies hydriques. Il s’agit de la filtration avec des tissus, la décantation etc. Il faut noter que 100% des ménages déplacés utilisent comme principale source d’eau : la rivière/fleuve / marigot pour la consommation. Ce facteur s’explique par le fait qu’ils n’ont pas accès à d’autres sources compte tenu de la situation géographique de leurs sites d’accueil qui sont situés tous au bord du fleuve du Niger.

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Concernant l’hygiène et l’assainissement, il est à noter que dans les villages aucun ménage n’utilise ou n’a accès à une latrine. La défécation se fait à l’air libre. Ceci représente alors un facteur de risque additionnel aux maladies hydriques. En plus, par observation sur les localités visitées, l’on constate que le lavage de mains se fait juste avec de l’eau simple mais pas avec du savon ni la cendre. Le manque des ressources financières nécessaires pour se procurer du produit et la méconnaissance de bonne pratique d’hygiène sont les véritables causes de cette situation.

Recommandations :  Distribuer des PUR pour le traitement de l’eau à domicile en faveur des ménages déplacés ;  Organiser des séances de sensibilisation des groupes (groupe des femmes, des enfants et d’hommes) sur les bonnes pratiques d’hygiène et le traitement de l’eau à domicile avec les intrants ;  Mettre en place des latrines d’urgence au niveau des localités évaluées en faveur des ménages déplacés. NFI / ABRIS

La situation humanitaire en matière d’accès et possession des articles ménagers essentiels (AME/NFI) est très alarmante pour les ménages déplacés. En effet, ces ménages sont arrivés dans la zone d’accueil dépourvu de tout, car ils ont fui brusquement sans pouvoir emporter quoi que ce soit. Leurs maisons, greniers et enclos ont été incendiées et du coup, ils ont tout perdu (rapportent lors des focus groupe). Cette situation peut justifier la dépendance que les déplacés ont vis-à-vis des familles hôtes dans les sites d’accueil et des stratégies développées pour subvenir aux besoins de leurs ménages. Les résultats des enquêtes ménages réalisées ci- après illustrent le niveau de vulnérabilité alarmant des déplacés. Tous les scores des articles sont au-dessus de la cote d’alerte 3.5 avec des niveaux critiques atteints pour les moustiquaires et les casseroles et marmites qui atteignent ou dépassent ainsi la moyenne de 4,6 (voir graphique ci-après).

SCORE CARD NFI

Couvertures 4,2

Supports de couchage 4,4

Casseroles et marmites 5,0

Moustiquaires 5,0

Seau 5,0

Bidon 4,5

1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0

Le score card NFI moyen est de 4,7 sur une échelle de vulnérabilité maximum de 5. Cela se justifierait du fait que ces personnes n’ont pas eu le temps de prendre avec eux l’ensemble de leurs biens et que la distance parcourue avant d’arriver dans la zone était très longue à environ 200 à 300 km avec des déplacements dans la nuit par peur d’être repérés par des hommes armés selon les focus groupe. Prises d’assaut par les assaillants, ces Rapport d’évaluation multisectorielle Rapide NRC -RRM à Haribomo, Gourma-Rharous, Janvier 2019

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personnes ont pris le peu qu’elles pouvaient pour quitter leurs villages et campement afin de rejoindre d’autres sites d’accueil. Ils se sont déplacés de site en site avant de regagner ces sites qu’ils trouvent plus sécurisés.

TYPE D'ABRIS

CABANE OU HUTTE DANS UN SITE 0% CABANE OU HUTTE HORS SITE 0% PAS D'ABRIS 69% MAISON PRIVÉE FOURNIE GRATUITEMENT 0% EN FAMILLE D’ACCUEIL (HÉBERGÉ) 31% MAISON PRIVÉE LOUÉE 0% SITE COLLECTIF (ÉCOLE, ÉGLISE…) 0% MAISON PROPRE 0%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

La plupart des ménages déplacés vivent sous des abris de fortune couverts des tissus usés et ou des nattes en paille en état de délabrement. Cette situation de vulnérabilité expose les ménages aux maladies d’infection respiratoire en cette période de fraicheur pourvu que les enfants et les femmes constituent la majorité des personnes déplacées et sont également les personnes les plus vulnérables et sensibles aux conditions de vie extrêmes. Certains ménages déplacés sont hébergés dans les familles d’accueil dont les abris sont pour la plupart en mauvais état et en petite dimension. Rares sont les cabanes couvertes de paille, la plupart sont en tissu. A la lumière de cela ,100% de ménages sont sous des abris endommagés voire suivis des dégâts lourds mais réparables.

Recommandations :  Distribuer des kits NFI et abris d’urgence en faveur des ménages déplacés.

SECURITE ALIMENTAIRE

Après analyse des données, nous pouvons noter que les 576 ménages soient 4274 personnes constatées sur les lieux vivent dans des conditions de vie précaires. La situation d’insécurité alimentaire qui se lit sur le visage de ces personnes déplacées résulte de l’abandon brusque des biens alimentaires, les pillages et enlèvements de moyens de subsistance, l’inaccessibilité aux champs et aux pâturages dans leurs zones de provenance et le faible revenu des ménages dans les familles d’accueil. Ces faits dont sont victimes les ménages déplacés ont fortement ébranlé leurs conditions de vie socio-économique. L’ensemble des familles déplacées vivent de la solidarité des familles hôtes qui leur viennent en aide en apportant quelques plats de repas (presque insignifiant en matière de couverture alimentaire). Le cycle alimentaire de tous les ménages déplacés reste monotone pourvu qu’elle est à composer essentiellement des aliments à faible pondération (Riz et Mil) sans accompagnement. Une foire hebdomadaire est organisée chaque jeudi à Toya, commune d’, cercle de Tombouctou, un village proche des sites d’accueil soit 25 à 30 km dans laquelle tous les produits des premières nécessités (vivres et AME) sont disponibles.

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A préciser que la seule foire hebdomadaire dans cette commune se tient au chef-lieu de commune à Fifo, chaque vendredi. Elle est distante de 70 km aux sites d’accueil, ce qui caractérise leur concentration sur la foire de Toya. L’ensemble des ménages vivent sans réserve alimentaire. Il a été constaté que 77 % de ménages enquêtés vivent avec un SCA pauvre contre 23% qui embrassent un SCA limité. Cette lecture du graphique s’explique par l’absence d’un régime alimentaire diversifié et le recours à certaines stratégies néfastes de survie. A l’issue de cette enquête, le score de consommation alimentaire moyen est de 21.

Répartition par seuil de SCA 90% 77% 80% 70% 60% 50% 40% 23% 30% 20% 10% 0% 0% Limite Pauvre Acceptable

Comme évoqué ci-haut, on peut observer actuellement une carence alimentaire au sein de tous les ménages de la zone. L’abandon dans la précipitation des biens alimentaires, et la perte des moyens de subsistance couplée aux faible disponibilités des ressources adéquates des familles hôtes à couvrir normalement les besoins vitaux de ces ménages sont entre autres les raisons fondamentales qui ont plongé ces ménages dans une forte vulnérabilité alimentaire. Tous les ménages à SCA limites et pauvre recourent aux différentes stratégies possibles.

Proportion catégories d'aliment (SCA) 55% 60% 50% 40% 30% 7% 15% 13% 5% 4% 20% 0% 0% 10% 0%

Une faible production des produits d’élevages, la perte du bétail et l’insécurité sont tant des contraintes qui ont une grande influence sur la fréquence de la consommation de certains aliments. Ces derniers sont difficilement diversifiés dans nombreux ménages. Le régime alimentaire est presque monotone juste les céréales (Mil). Les légumineuses et protéines animales sont prises rarement et cela par une minorité des ménages. Presque la

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majorité des ménages déplacés enquêtés ont été retrouvés sans stock des vivres. Il en est de même pour les autochtones qui n’ont pas assez des ressources nécessaires pour se procurer des aliments diversifiés à travers les foires hebdomadaires. Le régime alimentaire est composé de 67% des céréales contre 10% pour les viandes et œufs. Le lait est consommé à 9% tandis que le sucre et l’huile/Beurre et la graisse à 3%. Une situation alimentaire déséquilibrée frappe les ménages vulnérables avec des enfants qui tombent dans les situations de malnutrition aigüe, modérée de fois sévère. Proportion de réponse dans le CSI 80% 70% 70% 60% 50% 40% 30%

20% 1% 3% 1% 2% 10% 0% Acheter les aliments les Emprunter de la nourriture Limiter la portion à manger Réduire la consommation Réduire le nombre de repas moins préférés et/ou les ou compter sur l'aide d'un à chaque repas (réduire les des adultes au profit des à consommer par jour moins chers parent/ amis quantités) enfants

Les déplacés pour avoir perdu leurs moyens de subsistance connaissent de sérieux problèmes pour satisfaire leurs besoins alimentaires et pour s’adapter aux conditions de privations. Ceux-ci sont contraints à appliquer un degré plus élevé des stratégies de survie. Les ménages de la zone semblent passer actuellement à un mode de vie inhabituelle à cause de la perte de leurs biens sociaux et à l’inexistence des moyens de subsistance adéquats dans les zones d’accueil et faible revenu des ménages hôtes à couvrir l’ensemble des besoins essentiels. La majorité de l’échantillon avoue qu’il a des problèmes pour satisfaire ses besoins alimentaires et sociaux. C’est pourquoi, ils font recours à ces stratégies telles que l’emprunt de la nourriture et l’aide des parents pour survivre. Concernant l’indice de stratégie de survie (CSI), la situation est préoccupante avec un CSI moyen de 18.4. Le graphique ci-haut illustre la situation de CSI chez les déplacés dans la commune de Haribomo.

Recommandations :  Distribuer des vivres en faveur des 576 ménages déplacés pour une ration complète de trois mois ;  Plaider auprès du Cluster Sécurité alimentaire pour intégrer ces ménages dans le programme de distribution saisonnière du PAM.

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PRIORITÉS SECTORIELLES

Santé / Nutrition 0,0% Réconciliation/ Médiation 0% Protection 0% Nourriture 30% Education 0% Articles Ménagers Essentiels (NFI) 31% Aliment bétail 2,9% Accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement 2% Abris 33%

Pour les besoins immédiats, ces ménages pensent par secteur dont 30% des ménages priorisent la nourriture, contre 31 % qui réclament les articles ménages essentiels (NFI), alors que 33% souhaitent les abris, 2% opte pour l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement et seulement 3% expriment les besoins en aliment bétail.

SANTE ET NUTRITION

Dans l’ensemble des sites évalués, il n’existe aucune infrastructure sanitaire. Le centre de santé le plus proche et fonctionnel est celui de Toya dans la commune d’Alafia situé à 30 km de Tinadiarof, Orfane et Tehalamte, 20 km de Tibakatene et 45 km d’Assahasse. Ce centre est rattaché au district sanitaire de Tombouctou, situé à 35 km et couvre une population totale de plus 23 700 personnes. Le service sanitaire est assuré par 6 personnels dont : 1 infirmière (directeur technique du centre), une matrone ,1 gérant, 1 Chargé nutrition,1 gardien et 1 stagiaire. On note l’existence d’une ASACO (Association de santé communautaire) qui s’occupe de la gestion administrative et constitue l’organe fiduciaire du centre. Il existe un point d’eau en état de délabrement.

Cette structure de santé est actuellement appuyée par international Médical Corps (IMC) à travers son projet financé par la DG-ECHO, qui offre un accès gratuit aux soins de santé primaires et secondaire avec la gratuité des soins et les évacuations d’urgence. Selon les personnes enquêtées, les maladies les plus fréquentes au sein de leur communauté sont la diarrhée, les infections respiratoires aigües, le paludisme, l’hypertension artérielle et les maladies gastriques. Les enfants de moins de 5 ans constituent la tranche la plus affectée par les maladies de la diarrhée. Selon les échanges avec les membres de l’ASACO, les difficultés majeures à ce jour pour le centre restent la rupture des produits et la quantité insuffisante offerte par le partenaire IMC et qui ne répond pas à la demande du CSCom. Avec l’arrivée des nouveaux PDI la demande est très forte et les capacités de réponses du CSCom sont très limitées.

Recommandations :  Mettre en place une clinique mobile pour offrir des consultations curatives gratuites aux déplacés de même qu’une prise en charge nutritionnelle des enfants,  Organiser des dépistages de la malnutrition chez tous les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes et faciliter le référencement des cas compliqués,

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 Appuyer le CSCom pour la disponibilité suffisante des intrants de traitement de la malnutrition aigüe modérée MAM ;  Identifier toutes les femmes enceintes et leur offrir des CPN ;  Organiser des campagnes de rattrapage vaccinales chez les enfants non vaccinés ;  Doter le CSCom d’un point d’eau fonctionnel (Forage). ;

AUTRES SECTEURS

EDUCATION

Il n’existe qu’une seule école publique dans les villages évalués. Cette école a connu des véritables moments d’arrêts de cours jusqu’au passage de cette mission d’évaluation. Considérant cette difficulté, tous les enfants de ces ménages déplacés n’ont pas pu intégrer l’école. Seuls quelques enfants d’un site des sites d’accueil abritant une école ont eu droit à quelques jours des cours avant le déclenchement de la grève des enseignants.

Avec les entretiens et échanges tenus avec les déplacés, ils révèlent que certains enfants fréquentaient les cours et avouent leurs préoccupations par rapport au manque des possibilités pour leurs enfants d’accéder à l’école aujourd’hui. Ils ont cependant, émis le vœu d’inscrire leurs enfants à l’école dès que les cours reprennent.

Pour la gestion de l’école, un comité de gestion scolaire est déjà mis en place composé de sept (14) membres chacun dont des femmes. Ce comité n’a reçu aucune formation précisément sur leurs rôles et responsabilités pour la gestion de l’école et se réunit chaque trimestre et en session extraordinaire pour des cas d’urgence. Alors les véritables raisons de la déscolarisation sont notamment l’inexistence des infrastructures scolaires sur les sites, l’arrêt des cours dû à la grève des enseignants, le manque des moyens matériels et financiers pour envoyer les enfants étudier dans les villages ou sites de proximité.

Les principales causes de la déscolarisation des enfants dans la zone sont : l’absence d’infrastructures scolaires sur les sites évalués, le faible revenu des ménages dû à l’inaccessibilité aux pâturages, la perte des têtes de bétail dans la zone de départ et l’interruption des cours suite aux différentes grèves des enseignants.

Recommandations :  Construire des infrastructures scolaires durables ou temporaires,  Restaurer la cantine scolaire en vue de maintenir les enfants à l’école ;

PROTECTION :

Une stabilité sécuritaire est observée dans la zone d’une manière générale. Aucune présence des hommes armés n’est signalée à l’intérieur des villages visités. Seuls les déplacés sont sur les sites et vivent en parfaite cohabitation avec les populations locales. Depuis le déclenchement de la crise, aucune présence des autorités régionales ou de cercle n’est constatée excepter les autorités communales et locales (Maire, Chef de fractions et certaines personnes ressources des deux communautés). Selon le focus groupe réalisé avec les déplacés, en dehors de certains cas de braquages et des vols des biens matériels sur les axes les jours de foires hebdomadaires, aucun problème de protection n’a été relevé. Néanmoins, l’inexistence des infrastructures

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sanitaires et l’éloignement des habitations par rapport aux points d’eau exposent les filles et les femmes aux risques de tout genre. Il est également remarqué plusieurs enfants sans documentation civile.

COMMUNICATION / TRANSPORT

Tous les sites d’accueil visités sont accessibles physiquement par deux voies : fluviale et terrestre pendant une bonne période mais actuellement, ils ne sont accessibles que par la voie fluviale. Ils sont également tous sous couverture de réseau GSM. Une communication permanente avec les chefs de sites à visiter est recommandée.

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