Synthèse

Inventaire du patrimoine

GENAC

COMMUNAUTE DE COMMUNES DU ROUILLACAIS – JUIN 2019

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Notice communale

La commune de Genac a fusionné le 1er janvier 2016 avec Bignac, formant ainsi la commune nouvelle de Genac-Bignac1.

Genac fait partie du canton de Rouillac et de la Communauté de Communes du Rouillacais. Le bourg est à 7 km à l’est du chef-lieu et à 20 km au nord-ouest d’Angoulême.

Démographie2

1793 : 1538 1861 : 1577 1906 : 971 1968 : 685 1800 : 1704 1866 : 1511 1911 : 922 1975 : 686 1806 : 1291 1872 : 1523 1921 : 823 1982 : 678 1821 : 1432 1876 : 1508 1926 : 805 1990 : 761 1831 : 1503 1881 : 1281 1931 : 767 1999 : 686 1841 : 1564 1886 : 1208 1936 : 765 2006 : 672 1846 : 1612 1891 : 1091 1946 : 774 2011 : 748 1851 : 1623 1896 : 1056 1954 : 765 2013 : 751 1856 : 1568 1901 : 1037 1962 : 708

Genac a connu son maximum de population en 1800. La courbe présente, aussitôt après, un pic de mortalité (1806) qu’il est périlleux de commenter sans plus d’informations. Il peut s’agir aussi bien d’un biais statistique (redécoupage administratif), qu’un effet des guerres de la Révolution, ou bien encore une des nombreuses épidémies qui ont frappé Genac au cours de son histoire.

La population recommence à croître ensuite pendant le reste du XIXe siècle avant de rencontrer un marqueur bien reconnaissable dans le Rouillacais : La crise du Phylloxéra qui atteint la région à partir de 1872. La population ne cesse de décroître ensuite (exode rural, « saignée » de la Première Guerre Mondiale…) pour atteindre un fond au début des années 2000. Une modeste croissance s’observe dans les années 2010 (efforts de lotissements et phénomène de rurbanisation…).

1 Un rapport de synthèse a été consacré à l’ancienne commune de Bignac. Le présent rapport sera donc consacré uniquement à l’ancienne commune de Genac. 2 Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999 puis Insee à partir de 2006.

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Structure communale

Le territoire communal a une superficie de 2584 hectares. Sa forme est vaguement celle d’un losange qui mesure 7 km sur les axes nord-sud et est-ouest. Au nord-est, la commune est bordée par la .

Le bourg, formé du village de Genac proprement dit réuni au hameau de la Pouade, occupe une position centrale.

Le point culminant est à 157 m d’altitude, au sud de Genac. Le point le plus bas est à 54 m (sur la Charente, en aval du Pontour).

Environnement

Le sol de la commune est dans sa plus grande partie formé d’un plateau calcaire datant du Jurassique supérieur (Kimméridgien3). Ce plateau est coupé en deux par une vallée le traversant dans le sens ouest-est et où coule le petit ruisseau des Nodes. Ce ruisseau rassemble des eaux de ruissellement venues des hauteurs, entre autres de l’exutoire de la Font-Pèlerine sur la commune voisine de Saint-Cybardeaux. Après avoir traversé le bourg de Genac, le ruisseau des Nodes prend le nom de Mosnac et va se jeter dans la Charente dont il est un affluent de rive droite.

Sous l’Ancien Régime, le Mosnac, aussi modeste soit-il, marque la limite entre les provinces d’Angoumois et de Poitou.

Dans la vallée de la Charente, les terrains calcaires cèdent place aux alluvions quaternaires. La zone, en partie Le ruisseau des Nodes dans le bourg inondable, est aujourd’hui caractérisée par des champs de maïs, des peupleraies et des prairies humides. Les collines sont quant à elles surtout occupées par des cultures céréalières, de la vigne (relevant du cru des fins-bois) et quelques taillis résiduels.

Cette disposition créait deux types de paysages bien distincts, les terres basses, très arrosées, et le plateau, passablement sec et où les implantations humaines doivent compter sur les nombreux puits et citernes. Quelques fontaines en pied de coteau viennent compléter les ressources en eau :

 La fontaine de la Gordeliere, à l’est du bourg sur la route de Bignac  La Font Saint-Genis, à l’est d’Ecquechave  La fontaine d’Egrelette  La fontaine des Palins, sous Laubertière  La fontaine de la Pouade  La fontaine de Cerceville

3 Aux alentours de -150 millions d’années avant le présent.

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Quelques hauteurs au sud appartiennent à la zone Natura 2000 dite des « Coteaux calcaires entre les Bouchauds et Marsac ».

Voies de communication

Par le passé, Genac s’est trouvé assez à l’écart des grandes voies de passage. Le seul grand axe antique d’importance du secteur étant la voie romaine dite « via Agrippa » reliant Lyon à Saintes. Cette belle ligne droite marque encore le paysage local et forme aujourd’hui la limite sud de la commune4.

Genac est traversé par deux routes départementales d’importance modérée. La D19 suit un axe nord- sud, descendant d’ et rejoignant la route Angoulême-La Rochelle à Saint-Genis d’. La D118 relie Rouillac à Genac puis traverse la Charente au pont de la Touche.

La Charente elle-même n’est pas considérée comme navigable en amont de Montignac. Elle a pu néanmoins porter des bacs et des plates pour les dessertes locales (comme l’exploitation des prairies humides de sa vallée). Le fleuve a aussi, par le passé, été employé pour le flottage du bois venu de la forêt de Ruffec. Il a enfin alimenté moulins et turbines jusque dans la première moitié du XXe siècle. Son empreinte économique est donc non négligeable.

Villages et hameaux

Outre le bourg de Genac, la commune comporte une douzaine de hameaux et lieux-dits habités. Certains sont coupés par les limites communales (comme le village des Bouchauds dont une seule maison relève de Genac, le reste étant sur la commune limitrophe de Saint-Cybardeaux).

 Puybossard (partagé avec l’ancienne commune de Gourville)  Les Cailletières  Cerceville  La Cotonière  Le Pontour  La Touche  Moulins  L’Oumade  Ecquechave  Boisdimier  (parfois appelé « Petit Courbillac » pour éviter toute confusion avec la commune de l’ouest rouillacais)  Laubertière  Les Bouchauds (pour sa plus grande partie sur la commune de Saint-Cybardeaux)  La Pouade (mitoyen de Genac et donc souvent confondu avec le bourg)

4 Pour plus d’informations à propos de la via Agrippa, le lecteur peut se reporter au rapport de synthèse consacré à la commune de Saint-Cybardeaux.

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Tous ces toponymes apparaissent déjà sur la carte de Cassini à la fin du XVIIIe siècle, à quelques variantes orthographiques près.

La carte de Cassini

La carte de Cassini ou « carte de l’Académie » a été dressée par les topographes de la famille Cassini (César-François puis son fils Jean-Dominique) durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cet ensemble de 180 feuilles constituait la première carte de référence réalisée au moyen d’une triangulation géodésique systématique des points de repères (clochers, tours…). Sa précision était donc sans égale au moins pour la situation des agglomérations (la géographie physique, reliefs, cours d’eau… apparaissant sous un jour un peu plus « artistique »). La carte de Cassini peut se définir comme l’ancêtre de notre carte IGN. Elle reste un précieux outil de référence pour l’histoire du paysage, l’archéologie de l’époque moderne, la géographie historique et l’écologie.

Le second grand effort de cartographie nationale sera la création de la carte dite « d’état-major » dans le courant du XIXe siècle, puis viendra la carte IGN après la seconde guerre mondiale.5

Genac et alentours sur la carte de Cassini. Exemplaire dit « de la Reine Marie-Antoinette », rehaussé à l’aquarelle.

5 Outre les publications papier de l’IGN, ces ressources cartographiques sont disponibles en ligne sur www.geoportail.gouv.fr.

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L’intervalle entre la carte de Cassini et celle de l’état-major montre un déboisement massif des hauteurs de l’ouest et du sud de la commune, sans doute pour laisser place aux vignobles sur les coteaux calcaires.

Carte dite de « l’état-major », dressée entre 1827 et 1875

Les hameaux perdus

Sous le nom de « Sale » ou « Les Salles », ce lieu-dit habité apparaît sur la carte de Cassini mais pas sur la carte de l’état-major. Le micro-toponyme « Fond des Salles » existe encore sur la carte IGN mais il n’y reste aucune trace d’habitation, seulement un vallon pittoresque et désert… Un espace plat et remblayé dans le haut du vallon, où se remarquent de nombreuses plantes anthropogènes6, pourrait être l’ancien site

6 Plantes appréciant les ruines et dont la présence peut trahir les anciennes occupations humaines (sureaux, bardanes…)

7 habité où toute construction a disparu sous la pioche des récupérateurs de matériaux.

Alternativement, une place plus strictement conforme à la représentation de la carte de Cassini situerait Les Salles dans le bas du vallon, près de la fontaine des Palins… Il est à noter que la tradition locale situe des souterrains à Cerceville, Laubertière, et, surtout, aux abords de la fontaine des Palins, « anciens refuges dans les temps de guerre » dit Alcide Gauguié7 : des « salles »…

Un bâtiment rectangulaire isolé, noté « Les Salles », apparaît sur le cadastre napoléonien de 1832, à mi-chemin de La fontaine des Palins, perdue dans la végétation, au sud de ces deux emplacements et à l’ouest du Laubertière fond du vallon. Est-ce le logis des Salles ? Celui-là est évoqué par Bruno Sepulchre dans la notice qu’il a consacré à Genac :

« Le 24 juillet 1656, Pierre de Marcossaine, écuyer, est qualifié de sieur des Salles. En 1687, Jean de Pocquaire, sieur des Salles, et Marie de Marcossaine, son épouse, demeure au lieu des Salles. En 1715, Marie Marguerite et Pierre de Pocquaire, enfants de Jean de Pocquaire et de Marie de Marcossaine, décédés, résident au logis noble des Salles... »8

A la limite de la commune de Bignac et au sud de Genac, le hameau des Oullieres apparaît encore sur la carte de l’état-major mais, là aussi, ne subsiste aujourd’hui que le micro-toponyme inhabité du « bois des Houillers ». Les Houlliers figuraient déjà sur la carte de Cassini. Le hameau existait donc probablement avant 1800, pourtant en 1866, Alcide Gauguié le qualifie de « village de formation toute nouvelle »9. Cette contradiction apparente peut cacher une histoire complexe, avec abandons et repeuplements successifs, mais dont le détail, hélas, nous échappe.

Ces deux hameaux ont disparu par effet probable de dépopulation rurale.

7 Alcide Gauguié, La Charente Communale Illustrée, Angoulême 1866. 8 Bruno Sépulchre, Château, logis et demeures anciennes de la Charente, Librairie Bruno Sépulchre 2005. 9 Alcide Gauguié, La Charente Communale Illustrée, Angoulême 1866.

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Carte de Cassini : Détail

Toponymie

L’étude de l’origine des noms montre vite ses limites et, si elle peut être riche d’enseignements, elle a été aussi fertile en fausses pistes et hypothèses invérifiables. C’est particulièrement vrai pour le cas de Genac.

Seule la terminaison en –ac fait consensus. Très fréquente dans le sud-ouest de la France10 et en Bretagne, on en retrouve de nombreux exemples en Charente (Rouillac, Plaizac, Montignac, Bassac…).

10 Sauf en Gascogne et Pays Basque dont le particularisme linguistique était déjà connu de Jules César.

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Les toponymes en –ac en . ©Wikimedia

Ce –ac (ou –acus, -acu en gallo-roman) se comprend généralement comme adjectif localisant : « chez » ou « à », le « lieu de » ou encore « le domaine de untel ». Sur cette base, Albert Dauzat11 a proposé comme origine possible Gennacum, le « domaine de Gennos », patronyme à consonance gauloise…

Le souci de cette explication est, outre l’hypothétique « Gennos », qu’elle méconnaît les formes médiévales attestées.

Ainsi le cartulaire de l’église d’Angoulême12, dans une entrée datée de juillet 911, évoque une propriété « in villa Gimniaco », que l’on peut traduire par « domaine de Gimniacum, Genac ». Vient ensuite la mention de « aecclesia de Agenaco », l’église de Genac, citée dans le même recueil de chartes à la date de 1110. Cet « Agenacum » a retenu l’attention des linguistes : Le nom Agenac serait un état ancien de l’actuel nom de Genac, par l’effet de ce qu’on nomme une aphérèse, une simplification d’usage de la langue. « Je vais à Genac » coule mieux en français que « Je vais à Agenac » !

11 Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris 1989. 12 Jean Nanglard, Cartulaire de l'église d'Angoulême, t. IX, Bulletins et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, Angoulême 1899.

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La piste abandonnée des Agésinates

Rebondissant sur la forme « Agenacum » et une mention du naturaliste latin Pline l’ancien, Louis Desbrandes (1742 – 1817), ancien maire d’Angoulême, se lance dans une théorie hardie qui fait de Genac une véritable capitale, l’oppidum du peuple des Agesinates13. Ce peuple gaulois, par ailleurs totalement ignoré des autres sources anciennes, apparait sous la forme « Cambolectri Agesinates » dans un passage de Pline qui, selon la lecture de Louis Desbrandes et des érudits locaux qui l’ont suivi, en fait les voisins des Pictons (Poitou). La théorie est pratique car elle comble un trou dans la carte de la Gaule : Le nom du peuple occupant l’Angoumois ancien. Cette théorie a donc connue un grand succès local et on la retrouve encore ici ou là. Elle est cependant considérée comme obsolète par les spécialistes contemporains de la Gaule ancienne car l’interprétation du texte plinien sur laquelle elle repose serait erronée.

Une simple coupure de phrase suffit à dissocier les Agésinates des Pictons (selon l’emplacement où l’on choisit de restituer la ponctuation du texte de Pline).

On situe ces Agésinates désormais plutôt sur les bords de la Garonne14. Sur les rives de la Charente, le vide de la carte subsiste. Pour le remplir a été proposé le nom d’Ecolismiens pour désigner le peuple gaulois occupant l’Angoumois, nom de commodité et de pure reconstitution fondée sur la racine de Iculisma/Ecolisma, forme ancienne du nom d’Angoulême. La « civitas Ecolismensium » (Angoumois) n’apparaît qu’au IVe siècle en tant qu’entité administrative autonome de l’Empire Romain d’Occident. La région était auparavant sous la dépendance d’un peuple voisin, probablement les Santons (Saintonge) ou les Petrocores (Périgord). Quant à Genac, il n’y a plus de raison d’en faire une capitale antique…

Autres toponymes

Le nom du hameau de Laubertière pourrait faire référence au loup, lupus en latin, suivi du suffixe – aria, « lieu ouvert ». Ce serait donc la « clairière aux loups ». Le conditionnel est de mise puisqu’on le trouve parfois écrit sous la forme L’Aubertière qui met à mal cette hypothèse et invoquerait plutôt la propriété d’un dénommé Aubert. Toutefois les collines calcicoles (et anciennement boisées) des alentours renferment beaucoup de micro-toponymes qui rappellent clairement le grand prédateur : « Gratte-Loup », « Pisse-Loup », « Montleu »…

Un échange épistolaire daté de 1990 entre Jacques Baudet, Président de la Société Archéologique et Historique de la Charente et Gérard Delisle, alors maire de Genac, met en lumière le sens du toponyme « Les Cailletières »15.

« Le lieu-dit « Les Cailletières » viendrait de caillou, signifiant lieu empierré […] Un diminutif de caillou avec une idée de contenu ce qui vérifierait bien l’appellation de champs de pierres ou de « chails » en Charente. Mais « chail » comme « cailletières » ont la même origine : Le radical pré-indo-européen « kal » qui a donné Chalais, Calais, Chaillou,etc. […] Cette appellation « Les Cailletières » est relativement récente et ne date que de la fin du XVe siècle-début du XVIe siècle.

13 Manuscrits de Louis Desbrandes, archives municipales d’Angoulême. 14 Paul-Marie Duval, Les peuples de l’Aquitaine d’après la liste de Pline, École française de Rome, 1989. 15 Archives municipales de Genac.

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Seuls les bourgs ont conservés leurs appellations anciennes souvent gallo- romaines… »

Les Cailletières

Le hameau de Cerceville vient contredire la dernière assertion de Jacques Baudet puisque son nom suit la forme –ville qui remonte à l’antiquité ou au haut-moyen-âge. Ces noms en –ville, omniprésents dans la région, renvoient aux exploitations agricoles et résidentielles, les villae. Le Cartulaire d’Angoulême mentionne en l’an 852 une propriété à « Sertorovilla ». Ce « domaine de Sertorus » est possiblement Cerceville… Une autre piste est contenue dans le Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, qui renferme plusieurs actes faisant référence à un « château d’Escorcheville » ou « Eycorchavillha » qui pourrait être notre Cerceville. Mais un acte daté de 1314 situe cette place sur la paroisse de Bignac. Le « Château d’Escorcheville » reste un mystère local.

Cerceville, vue d’ensemble

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Le toponyme « La Touche » est très présent à travers toute la France. Il désigne originellement un petit bois, un boqueteau épargné par les défrichements du Moyen Âge16.

La Touche, Pont de la Fagnouse

Le hameau d’Ecquechave porte un nom à la consonance atypique. Alcide Gauguié signale que le nom s’écrivait jadis « Aigue-Chave ». En latin médiéval la forme « Aquavaca » apparaît au XIIe siècle, ce qui peut se traduire par « l’eau libre ». Mais la forme non-attestée « Aquacava » pourrait se lire comme « l’eau profonde », ce qui convient bien à ce village perché au-dessus de la vallée du Mosnac et qui doit aller chercher son eau au moyen de puits profonds.

16 Stéphane Gendron, Les noms des lieux en France : essai de toponymie, Errance, 2003.

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Chronologie

Préhistoire

Traces néolithiques

Les premières traces identifiables de vie humaine sur le territoire de Genac remontent à l’âge du Bronze. L’archéologue et prospecteur aérien Jacques Dassié a signalé un « fossé circulaire protohistorique » au nord-est du hameau de Cerceville17.

De telles enclos sont souvent associés à la culture Chasséenne (environ -4000 à -3000 avant l’ère Commune) qui est représentée dans le nord-charente et peut descendre jusque sur le Rouillacais. Faute de fouille de terrain il est difficile d’identifier la nature de ce fossé circulaire qui peut délimiter une aire funéraire ou bien une exploitation agricole. Vincent Ard, archéologue spécialiste de la période, a mené ces dernières années plusieurs campagnes de fouilles sur la région à propos de ces enclos (, Marcillac, Bonneville…)18.

Gaule protohistorique

Au cours du premier millénaire avec l’Ere Commune, les migrations des peuples celtes venus d’Europe Centrale remodèlent progressivement la géographie politique et culturelle de notre pays. Il est difficile de deviner comment s’appelaient Genac et ses habitants avant l’Histoire écrite, d’autant que seule la conquête romaine imposera un cadre figé pour longtemps. Toutefois ce qui deviendra la commune de Genac, au terroir fertile et proche de la Charente, et à l’ombre de la colline cultuelle des Bouchauds, devait déjà être peuplé avant l’arrivée de César en Gaule…

Gaule romaine

A l’ombre des Bouchauds

Avec la conquête romaine du premier siècle avant Jésus-Christ, la Gaule devient « Préfecture des Trois- Gaule » (Lyonnaise, Aquitaine et Belgique), administrée depuis Lyon. Notre région appartient à la Gaule Aquitaine, dont la capitale est Saintes (puis Bordeaux à partir du 3e siècle). Le pouvoir romain reconnaît une soixantaine de peuples gaulois qui conservent une autonomie variable et représente l’échelon administratif local. On ignore de quel peuple relevait la région d’Angoulême. Le nom du petit peuple des écolismiens n’apparait qu’au IVe siècle.

Sous le règne d’Auguste (-27 à 14), Lyon et Saintes sont reliés par un grand axe d’état : La via Agrippa.

Cette « via Agrippa », encore aisément lisible dans le paysage, forme aujourd’hui la limite sud de la commune de Genac, avant de passer au pied de la colline des Bouchauds (commune de Saint-

17 Christian Vernou (dir.), Carte archéologique de la Gaule, La Charente, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 1993. 18 Programme de recherche « Monumentalismes et territoires au Néolithique entre Loire et Charente. Formes et environnements des mégalithes et des enceintes » 2016-2018.

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Cybardeaux) où se trouvaient un ensemble cultuel et probablement un vicus (agglomération secondaire).

Quelques vestiges modestes laissent deviner la présence d’un mode de vie gallo-romain sur le territoire de Genac. Ce sont les aménagements et dispositifs d’adduction d’eau de la fontaine de la Gordelière ou encore différentes trouvailles ponctuelles de tegulae (tuiles romaines plates et à rebords, caractéristiques de la période)19.

Moyen-âge

Féodalité

1110

Première mention du nom d’Agenacum dans le Cartulaire de l’église d’Angoulême.20

Au moyen-âge plusieurs fiefs aux limites et à l’étendue incertaine se partagent le territoire de la Châtellenie de Genac.

Le fief d’Aiguechave (Ecquechave), appartient en 1215 à Hugues d’Aiguechave qui prête serment d’hommage aux seigneurs de Gourville.

On note aussi l’existence d’autres entités mal connues comme les fiefs de la Ruade (une erreur de copiste pour La Pouade ?), les Guillauds (relevant d'abord de la seigneurie de Laumont à Bignac avant de relever de ), Laubertière, le Chêne, et un autre fief non nommé appartenant en 1473 à Jean de Rouffignac, seigneur de Gourville21.

Ce morcellement politique se perpétuera jusqu’au XVIIIe siècle, où la paroisse de Genac se trouve partagée entre Poitou et Angoumois (le ruisseau des Nodes, passant au cœur du bourg, étant la limite).

Fin XIIe – Début XIIIe siècle

Construction (ou remaniement) de l’église Saint-Pierre-des-Martyrs, sous la dépendance du Chapitre Cathédrale d’Angoulême.

Guerre de Cent-ans

L’église de Genac est endommagée durant le conflit. Restaurée par les habitants, elle se voit doté d’un refuge fortifié dans les combles de l’édifice. Epoque Moderne

19 A Favraud. Rapport de la Commission des fouilles du Bois des Bouchauds, in Bulletin de la SAHC, 1900. 20 Jean Nanglard, Cartulaire de l'église d'Angoulême, t. IX, Bulletins et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, Angoulême 1899. 21 Jules Martin-Buchey, Géographie historique et communale de la Charente, édité par l'auteur, Châteauneuf 1914-1917.

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Guerres de religion

1568

Genac est dévasté par les troupes protestantes. A nouveau endommagée, l’église est restaurée 15 ans plus tard.

XVIIe siècle

1641

Bénédiction de la cloche « Catherine »

Bien des années plus tard, en 1896, dans le registre de paroisse le curé Perrier reviendra sur ces baptêmes de cloches, nous apprenant que :

« La première cloche, Marie Henriette Noémie Marcelle, sonne le sol. »

« La seconde, Catherine, sonne le do. »

« La troisième, Albertine Marie Alice » sonne le ré. »

« Ce qui fait » conclut-il, « un très joli accord. »

Mais la fête sera de courte durée, car bientôt la paroisse de Genac est touchée par la Fronde. De 1648 à 1643, ce conflit oppose le pouvoir royal aux Parlements puis à l’aristocratie (Fronde dite « Parlementaire » puis « Fronde des Princes ».

En 1651, alors que le Roi et la Régente Anne d’Autriche ont dû fuir Paris. La Cour s’est établie à Poitiers. Le principal meneur des Frondeurs, le Prince de Condé mène la lutte depuis Bordeaux. Et où va donc passer la ligne de front, entre Bordeaux et Poitiers ? Par Genac !

La paroisse est dévastée. Ce n’est pas tant d’ailleurs l’effet des combats que la simple obligation d’héberger les soldats des deux camps. Ceux-ci vivent sur le pays. Ce qu’ils ne consomment pas, ils le détruisent (pour en priver l’adversaire). Dans les campagnes, la misère suit de près la guerre…

En 1657, alors que le pouvoir royal est victorieux, les habitants de Genac envoient une supplique pour obtenir des exemptions d’impôts. L’administration fiscale y répond par une « chevauchée », c’est-à- dire une enquête de terrain venue constater l’étendue des dégâts.

« …Suplient humblemant les pauvres manans et habitans de la parroisse de Genac dizant que, c’il y a une pauvre parroisse dans vostre eslection, c’est la leur, n’y ayant ne foire, ne marché, ny aulcun traffict. Outre la surcharge des tailles qu’ilz ont heu, ilz ont heu vingt logemant de gens de guerre ou plus, qu’ils leur ont faict un très grand dezorde et dégast… »

« ilz ont ruyné tout à faict les supplians, soit tant pour leur avoir mangé et disipé leurs biens meubles qu’ilz avoyent ; ne ce contantant pas de sela, auroyent en beaucoup d’endroict ronpu et faict brûler leurs meubles, ce qu’ils ne pouvoist emporter, bastant et maltraictant les suplians. Voyant cela, auroyent estés

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contraints de quitter et abandonner leurs maisons ; et après, iceux gens de guerre montoyent sur icelles maisons et gestoyent la charpante et tuille à terre. »

Suit une longue énumération de dommages et exactions commises par ces « gens de guerre » dont on ne sait s’ils relevaient de l’armée Royale ou des troupes levées par la noblesse rebelle22. Maisons dévastées, réserves pillées ou détruites, familles ruinées, enfants jetés pour mendier sur les routes… Le document en ajoute peut-être un peu dans le pathétique pour obtenir gain de cause mais les enquêteurs royaux ne pourront qu’en constater la véracité sur le fond23…

XVIIIe siècle

Le « Grand Hiver de 1709 » marque les esprits. C’est l’année où le « vin gelait dans les barriques » et où les arbres se fendaient net en faisant « entendre comme le bruit d’un coup de mousquet »24.

1721

Genac est frappé par une grave épidémie de mortalité infantile.

Cette épidémie (d’une maladie non-identifiée dans le registre paroissial), n’est probablement pas la première et ne sera pas la dernière. Jusqu’aux travaux d’assainissements de l’époque contemporaine, le terroir de Genac n’apparaît en effet guère sain et est fréquemment touché.

Révolution Française

Comme toutes les autres paroisses du royaume, Genac a rédigé ses cahiers de doléances en 1789.

On trouve, dans les années qui suivent, quelques mentions de ventes de biens nationaux (biens saisis des « ci-devant aristocrates » et de l’église), mais Genac reste à l’écart des pires excès et des querelles exacerbées par la situation.

Toutefois, un siècle plus tard, faisant une comparaison discutable entre sa situation au moment de la loi de séparation de 1903 et l’époque révolutionnaire, le curé Perrier rapportera un souvenir oral de ces événements : Le sauvetage d’une des cloches de l’église qui « n’échappa au pillage que par le courage […] d’un vaillant citoyen qui la cacha chez lui dans une cuve remplie de balles d’avoine. »

XIXe siècle

Jusqu’en 1872 (début de la crise du Phylloxera), Genac se bâtit une modeste prospérité autour de la viticulture et des eaux-de-vie. Le patrimoine local est largement renouvelé à cette époque : Maisons de maître, maisons charentaises, fermes à cours fermées. Seuls quelques longères et deux logis permettent de se faire très partiellement une idée du paysage villageois d’ancien régime25.

Entre 1843 et 1864

22 Le silence du document sur ce point tend plutôt à désigner les vainqueurs, les soldats du Roi. Mais les pratiques et méthodes étaient les mêmes dans tous les camps… 23 Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis. 24 « Relation de Léonard Blanchier, maître chirurgien à Bouex », in Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente, 1892 25 Un constat que l’on peut étendre à toutes les communes du Rouillacais. C’est au XIXe siècle que nos villages ont pris l’apparence qu’on leur connaît, pour l’essentiel.

17

Installation du cimetière sur son site actuel, au nord du bourg. Jusqu’alors le cimetière était au cœur du bourg, dispersé sur quatre parcelles jouxtant les habitations (avec les conséquences sanitaires que l’on imagine).

1864

Alcide Gauguié, écrivain voyageur, s’aventure sur les chemins de Charente en vue de publier son travail monumental, La Charente Communale illustrée26.

La première impression sur Genac est désastreuse. D’autant que l’écrivain arrive de Bignac qui lui a fortement déplu ! Et puis, à sa décharge, Alcide voyage en hiver et les conditions sont déplorables :

« Il faut être abandonné du ciel pour aller de Bignac à Genac, en hiver, par le chemin qui longe les prairies de la Charente. Ce n'est plus un chemin, c'est une rivière où, de tous les coteaux environnants, des sources innombrables viennent déverser leurs eaux. »

Mais Alcide Gauguié se voit consolé de ses peines et ses inconforts :

« Il est bien mieux bâti que Bignac; on y voit même quelques habitations assez élégantes et vastes, et sur l'emplacement de l'ancien cimetière, trois places plantées d'arbres qui donnent au bourg un cachet que n'ont pas ses voisins. »

1872

Un foyer de phylloxera est décelé près de Cognac. Le parasite se répand rapidement, dévastant le vignoble. La « Crise du Phylloxera » marque durement la région.

Le vignoble sera progressivement reconstitué à l’aide de porte-greffes américains mais en attendant des fortunes liées au cognac se défont et les bras requis pour la viticulture vont devoir chercher du travail ailleurs…

1876

Construction de la mairie-école.

1890

Construction du pont de la Touche.

1893

26

18

Arrivé à Genac d’un nouveau curé, Hermin Perrier. Dans le registre paroissial, il va tenir le récit de la lutte qui va s’ouvrir entre cléricaux et anti-cléricaux.

1903

Loi de séparations des églises et de l’état.

1906

Epidémie de suette miliaire. La maladie fait 10 victimes. Ce sera la dernière manifestation en France de cette maladie considérée aujourd’hui comme disparue.

1914-1918

Première guerre mondiale

1921

Elévation du monument aux morts de la guerre.

19

Patrimoine religieux

Eglise Saint-Pierre-des-Martyrs

Jean George, dans les années 1930 alors Président de la Société Archéologique et Historique de la Charente et référence en architecture ecclésiale ancienne, lui a consacré une notice dans sa somme d’inventaire27. Classée monument historique en 1980 et restaurée dans les années qui suivirent, l’église paroissiale de Genac a bénéficié d’une étude architecturale assez complète28.

Cette église est donc relativement bien connue et décrite. En outre, les travaux réalisés dans les années 80 et 90 ont permis de la mettre joliment en valeur.

Le cartulaire de l’église d’Angoulême signale son existence en 1110 et la place sous la dépendance du chapitre cathédrale29. Toutefois, par son style et ses caractéristiques, l’édifice actuel correspondrait plutôt à une reconstruction faite à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe, au moins pour sa partie ouest (entrée et clocher).

27 Jean George, Les églises de France, Paris 1933. 28 Philippe Oudin, Architecte en chef des Monuments Historiques, Comptes rendus et rapports de présentation des travaux. Archives municipales de Genac. 29 Abbé Jean Nanglard, Cartulaire de l'église d'Angoulême, in Mémoires de la SAHC, Angoulême 1899.

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Endommagée durant la guerre de Cent-ans, l’église a été remaniée durant cette période. C’est sans aucun doute la dangerosité de l’époque qui a encouragé le rehaussement des murs gouttereaux pour aménager un réduit fortifié dans les combes de la nef.

En 1568, pendant les guerres de religion, Genac est à nouveau dévasté, cette fois par les troupes protestantes. Sans que le détail ne nous soit parvenu, on sait que l’église fut restaurée 15 ans plus tard.

Elle subit de nouveaux dommages durant la Révolution.

Une particularité de cette église romane (avec fortes influences gothiques) est la présence du clocher au-dessus de la porte, ce qui lui donne une allure impressionnante de sphinx couché. La première travée porte donc le clocher. Elle forme la façade occidentale, sobre, percée d’un portail en arc légèrement brisé surmonté d’une baie. Le portail est à trois voussures supportées par des colonnettes à chapiteaux et décor de feuillages. Cette travée, comme celles de la nef, est soutenue par de puissants contreforts terminés en glacis et avec cordon et larmier.

Le clocher surmontant cette façade est de plan rectangulaire et coiffé par une toiture à quatre pans. L’étage des cloches à proprement parler s’élève au-dessus d’un cordon. Il est percé de baies romanes à colonnettes, trois à l’est et à l’ouest et deux au nord et au sud.

A l’intérieur, cette travée portant le clocher possède une coupole ovale sur pendentifs. Autrefois en partie masquée par une tribune, cette coupole Détail de l'étage des cloches a été dégagée et nettoyée, ce qui a révélé un ciel peint d’étoiles.

21

La nef unique, de trois travées inégales, est couverte d’une voute de pierre en berceau légèrement brisé, s’appuyant sur les murs latéraux par l’intermédiaire d’une moulure. Cette moulure prolonge les tailloirs de chapiteaux à feuillages en crochets qui reposent eux-mêmes sur des colonnes adossées. Cette disposition originale est plutôt rare en Charente.

La voûte est ponctuée de doubleaux retombant sur ces colonnes qui, dans la deuxième et troisième travée, ont été sciés et reposent maintenant sur des consoles sculptées de têtes ou bustes et même de personnages en pied (sud-est).

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Chaque travée est éclairée (sauf au sud-ouest) par une baie dont l’extérieur est en plein cintre tandis que l’ébrasement intérieur est en arc brisé. Dans la troisième travée, deux niches flamboyantes à gâbles aigus sont dessinées côte-à-côte. L’une a été percée d’une porte moderne. Jean George fait l’hypothèse qu’il s’agit d’anciennes tombes. Dans ce cas, le nom consacré pour ce type de niche funéraire est enfeu.

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La communication entre nef et chœur se fait par un arc épais à facettes retombant sur un pilier polygonal de part et d’autre. L’unique travée du chœur, de plan carré, est voûtée de huit nervures qui se prolongent dans des colonnettes d’angles triplées et à chapiteaux symboliques. La reconstruction de ce chœur, daté du XVe siècle, correspondrait à la restauration de l’église qui suivit la guerre de cents-ans.

Le chœur est aujourd’hui éclairé par une grande baie flamboyante. Longtemps en partie muré ce fenestrage a été restitué, restauré et doté de vitraux contemporains lors des travaux de restauration des années 1990-2000.

La baie murée du chœur avant restauration

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La baie restituée

Ces travaux de restauration à l’intérieur de l’édifice ont permis de retrouver quelques vestiges de peintures murales (XVe siècle ?), cachés sous le badigeon, qui ont été protégés. Le nettoyage des murs de la nef a aussi permis de retrouver une litre funéraire de la famille La Rochefoucauld.

Une litre funéraire ou « ceinture de deuil » est un bandeau ornemental peint ou de tissu noir, qui était posé, à l’occasion des funérailles d’un grand seigneur lié à l’endroit, sur les murs d’une église. Les armoiries du défunt figurent sur le bandeau. Le « droit de litre » faisait partie des privilèges supprimés lors de la Révolution.

Les armoiries de cette litre ont été conservées et restaurées. La litre commémore les funérailles du duc François VI de la Rochefoucauld30 et de son épouse Andrée de Vivonne en 1680.

30 Dont on se souvient généralement comme « l’auteur des Maximes ».

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Armes des La Rochefoucauld et Vivonne.

Au-dessus de la couronne ducale apparaît la fée Mélusine dans son bain, référence aux origines légendaires des maisons de La Rochefoucauld et Lusignan. La présence de cette litre s’explique par les droits de Seigneur Haut-justiciers que les ducs de La Rochefoucauld exerçaient à Genac en tant que Barons de Montignac.

Le cimetière

Selon Charles Mallat31, sous l’Ancien Régime, Genac n’a pas un mais quatre petits cimetières répartis dans le bourg. Cette communauté des vivants et des morts n’était pas, on le sait, sans inconvénient, particulièrement dans les terrains frais et humides de Genac. Au XVIIIe siècle on commence, en France, à s’en préoccuper et à envisager la translation des cimetières hors des agglomérations. Un décret royal du 20 mars 1776 l’ordonne mais cette mesure de salubrité ne connaîtra une application systématique qu’au siècle suivant. C’est en 1843 qu’une nouvelle ordonnance royale (du roi Louis-Philippe) réitère l’interdiction d’inhumer dans les anciens cimetières et l’obligation pour les communes de se doter d’un terrain éloigné des habitations.

31 Membre de la Société Archéologique et Historique de la Charente. Article non sourcé conservé dans les archives municipales de Genac.

26

A ce moment le cimetière utilisé par les habitants de Genac est celui situé sur le cadastre de 1832, à l’ouest de l’église, actuelle place du 19 mars 1962. Ce cimetière possédait une extension à quelques pas au nord-ouest actuelle route du chêne (à côté du logis du bourg, qui, du coup, se trouvait encadré par les morts à l’ouest et au sud !).

Détail du centre bourg (Section G feuille 3). On aperçoit le plan caractéristique de l’église en bas à droite et la forme triangulaire de l’actuelle place du 19 mars : En 1832, le cimetière…

Lorsqu’Alcide Gauguié visite Genac en 1864, la translation du cimetière est effectuée. L’écrivain voyageur s’en félicite pour la mise en valeur du centre-bourg :

« …sur l'emplacement de l'ancien cimetière, trois places plantées d'arbres qui donnent au bourg un cachet que n'ont pas ses voisins. »

Le nouveau cimetière est situé à six cents mètres environ du bourg, « dans un terrain pierreux peu propre aux sépultures. Le maire veut un nouveau transfert ; sujet de contestations entre lui et son conseil, qui n'aura de solution que par un arrêté du préfet. »

Le sol pierreux n’est pas le seul grief contre ce nouveau cimetière. On lui reproche encore de surplomber le bourg, « tel que les miasmes (…) pourraient s’en exhaler, surtout après les grandes pluies… »32. Etait-ce mieux auparavant, lorsque les tombes étaient au milieu du bourg…

Décrit de façon reconnaissable dans une correspondance préfectorale de 1870 (au nord du bourg, sur la route d’Aigre et de forme triangulaire…), il reste pourtant le cimetière définitif de la commune. Ce

32 Préfecture de la Charente, Extrait des délibérations du conseil d’hygiène publique et de salubrité de l’arrondissement d’Angoulême.

27 sera après toutefois construction d’un mur de clôture l’isolant mieux de l’agglomération. Genac devra aussi tenir compte de la recommandation préfectorale de « creuser davantage les fosses » !

Épidémies : Quand frappe la mort

Installé sur un terroir frais et relativement humide, et aussi exposé aux épizooties par la pratique d’un élevage extensif sur les prairies des bords de Charente, Genac a été frappé à plusieurs reprises par la maladie. La présence des cimetières au cœur du bourg jusqu’au milieu du XIXe siècle n’ont probablement pas aidé ! Deux épisodes de « mortalité » ont laissé des traces dans la chronique locale.

La mortalité infantile de 172133 La première épidémie frappe en 1721. En France ce sont les années de la Régence, qui suivent la fin difficile du règne de Louis XIV. Quelques désastres mémorables ont marqué l’époque comme une sécheresse en 1705 et surtout le terrible hiver de 1709 qui fit périr presque tous les noyers. En 1720, une invasion de papillons ravage les blés et provoque une disette. Mais à Genac la vie suit un cours presque normal. A la fin de l’été, la liste des inhumations, dans le registre paroissial, semble s’emballer :

« 1er septembre, enterré un enfant de quelques jours de Vacher, de la Pouade. Le même jour enterré un aultre enfant de Jean Thyron et de sa femme Marthe Parizot, aagé de quelques mois. »

« 2 septembre. Enterré un enfant de Meunier du Pontour nommé Denis.

33 Charles Mallat, Epidémie infantile à Genac en 1721, article non référencé citant le registre paroissial de l’année.

28

Le lendemain deux enfants de Pierre Mallat d’Aiquechave, la première, petite fille de 6 à 7 ans (Louise), l’autre de quelques mois (Michel).

La maladie n’est pas précisée (et probablement inconnue faute d’un médecin à Genac à cette époque) mais les enfants de l’ensemble de la paroisse vont payer un lourd tribut.

Il y a quelques exceptions où le mal semble frapper aussi des adultes en pleine force, jeunes :

« 1er octobre. J’ay enterré un jeune homme d’environ 20 ans, fils [des époux] Barré et Hubert. Après avoir reçu l’extrême onction a rendu l’âme. Enterré dans l’églize en tirant du côté de la grande porte. »

Alors que s’avance l’automne l’épidémie s’emballe. Début octobre, c’est par trois que le curé enterre les enfants, jour après jour ! En novembre la mortalité ne faiblit pas. Une note de marge nous apprend que le curé, surmené, a commis des omissions dans la tenue du registre !

L’épidémie ne connaît un répit qu’à l’arrivée des froids en décembre.

La suette miliaire de 190634 La suette miliaire (ou suette picarde) est une maladie infectieuse épidémique qui comporte fièvre et éruptions cutanées (de petits bubons en forme de grain de mil, d’où le nom de « miliaire »). Elle est aujourd’hui considérée comme disparue, l’épidémie de 1906 à Genac étant la dernière recensée en France.

L’épidémie sévit du 12 avril à début juillet. Elle a va faire 10 morts pour environ 160 malades « dont quelques-uns ont été fort gravement atteint ».

« Le dévouement des médecins de la contrée et de M. G. Latreille, interne de l’hôpital Saint-André de Bordeaux envoyé par la Préfecture, a été admirable. »

La maladie épargne Bignac mais frappe d’autres villages des environs.

Le presbytère

Avant la Révolution un presbytère existait déjà non loin de l’église (sans qu’on puisse identifier le lieu exact). En 1828, un devis descriptif en donne une description : « …en mauvais état, les appartements du rez-de-chaussée sont en contrebas du jardin, ils sont humides et malsains, la distribution est défectueuse (...) Les menuiseries sont également hors d’usage et devraient être remplacées (...) Il serait dans l’intérêt de la commune d’abandonner le presbytère actuel pour en reconstruire un autre dans le même emplacement, c’est-à-dire dans la même enceinte (...) L’emplacement du presbytère actuel serait converti après démolition, en basse-cour. »35

En 1830, la commune envisage donc l’acquisition d’une maison pour y installer la cure, (actuelle impasse Baidet). Mais les choses restent en attente et faute de mentions de paiement dans les archives municipales, il y a lieu de penser que le curé continue d’occuper l’ancien bâtiment. Par contre, en 1852, on retrouve une lettre du maire adressée au préfet lui faisant savoir que des travaux seraient

34 Registre paroissial. Archive communiquée par Monsieur Chauveau. 35 Archives municipales

29 nécessaires dans le presbytère36. En 1876, la municipalité vote la construction d’un nouveau logement. L’architecte départemental Préponnier réalise le plan de ce bâtiment fort simple.

Après avoir hébergé le bureau de poste quelques temps, la construction est aujourd’hui un logement privé.

36 Archives départementales de la Charente, Série O - 786

30

Conflits religieux à Genac au tournant du XXe siècle

Rue principale en 1903

En septembre 1893 arrive à Genac un nouveau curé desservant. Il s’appelle Hermin Marcel Perrier et est natif de Mainfonds. Il est jeune (25 ans) et plein de bonne volonté. Sa foi est chevillée au corps et sa nomination à cette cure démarre sous de bons auspices, la paroisse de Genac comptant nombre de bons catholiques. Comme beaucoup de communes de Charente viticole, Genac a en effet reçu un apport de cultivateurs vendéens, venus relancer la polyculture locale après le désastre du phylloxéra. Mais ils ne sont pas seuls et la commune compte aussi quelques esprits forts « libres penseurs ». La confrontation va faire des étincelles. Il faut rappeler que ces années-là, la lutte est féroce en France entre cléricaux et anticléricaux, entre « Calotins » et « Bouffeurs de curé » !

Le curé Perrier s’intègre pourtant vite à Genac. Il reprend en main le Conseil de Fabrique37. En 1896, il bénie les deux nouvelles cloches du clocher. La même année, il a obtenu que soit reblanchi l’intérieur de l’église et, en 1897, a même la satisfaction de faire communier un protestant converti (Lodois Verdon, de Moulidars, se converti pour épouser une catholique de Bignac).

37 Sous l’Ancien Régime puis sous le régime du concordat de 1801, le conseil de fabrique gère les affaires financières et mobilières d’une paroisse. Ses membres (généralement des notables donateurs) sont les fabriciens ou marguilliers. Après la loi sur les associations de 1901 et la loi de séparation de 1905, les fabriques sont dissoutes pour se reformer comme associations cultuelles.

31

Le jour où la procession a fait tourner le lait

« Le Diable était mécontent de nos succès. Il fallait s’y attendre. Il n’y a pas de roses sans épines. »

Abbé Perrier

L’église en 1906. Le personnage en soutane est probablement l’abbé Perrier. Fond Jean George, © Société Archéologique et Historique de la Charente.

L’orage éclate le 2 juin 1902, lorsqu’un arrêté municipal interdit toute procession religieuse sur le territoire de la commune. François Panissaud, maire de 1902 à 1903, vient d’ouvrir la boîte de Pandore. Le motif est l’étrange incident du laitier de L’Oumade :

« Considérant que lors d’une procession religieuse assez récente un courtier en lait, marchandise sujette à se vite détériorer en temps de chaleur, fut obligé de s’arrêter sur la route devant une procession religieuse en plein mois de juin38… »

« Considérant que l’an passé à cette époque une altercation fâcheuse se produisit à la porte de l’église, à la suite d’une agression intempestive de quelques fidèles, qu’une certaine effervescence en résultat et que d’aucuns préméditaient comme conséquence de troubler la suivante procession religieuse… »

« Considérant qu’à chaque religion le temple qui lui est réservé doit suffire39… »

« Toute procession religieuse est désormais interdite sur le territoire de la commune, de quelque nature qu’elle soit, le cas d’obsèques excepté. »

38 L’année 1902 est globalement très fraîche mais le sud-ouest connaît un printemps très orageux. 39 Cette mention, et la réponse de l’abbé Perrier, semble impliquer les protestants, assez minoritaires, mais néanmoins présents à cette époque sur le Rouillacais. La conversion de Lodois Verdon a pu alimenter les tensions.

32

Obstruction du droit de circuler et troubles à l’ordre public ; la messe est dite si l’on peut dire !

Une pétition, signée par 49 personnes, circule parallèlement à cette décision municipale. Ses termes sont moins édulcorés :

« Quoi de plus indigne que de voir des personnes pompeusement parées, prenant part à des promenades carnavalesques et qui, rangées sur 2 ou 4 rangs, envahissent nos rues au point d’interdire le passage aux piétons et aux voitures ? »

« Nous ne sommes plus sous le régime de la liberté si dorénavant nous entendons sous nos fenêtres les accents provocateurs d’une catégorie d’individus paraissant nous imposer leurs doctrines, ce qui trouble et irrite nos consciences… »

Ambiance…

Le curé Perrier voit rouge, on s’en doute, et passe immédiatement à la contre-offensive. Il se rend à Angoulême pour remettre une lettre au Préfet où il expose sa propre vision de l’affaire.

« Il est inexacte qu’il y ait deux cultes distincts à Genac, car il n’y a pas de ministre protestant y résident reconnu et payé par l’état français40. »

« Il est inexacte que le lait de la laiterie de L’Oumade ait jamais subi d’altération à la suite d’arrêt du courtier41… »

Le curé admet toutefois les troubles de l’année précédente devant l’église. Mais son récit de l’affaire est passablement différent :

« Cette altercation eut lieu le 5 juin 1901, jour du Vendredi Saint, à 8 h du soir. A la suite de chansons ignobles42 qui avaient été chantées le jeudi saint au soir sur la rue non loin de la porte de l’église et à la suite de sifflets qui eurent lieu à la même heure le vendredi saint pendant le chemin de croix… »

Voilà qui a dû beaucoup rassurer le Préfet quant à l’ordre public à Genac !

Pour relativiser les choses, toute cette affaire n’est pas spécifique à la commune. Pendant toute cette période charnière entre deux siècles, de nombreux arrêtés municipaux similaires sont promulgués contre l’aspect le plus voyant du catholicisme, les processions sur la voie publique43. Par ailleurs les élections législatives de mai 1902 voient la victoire du « Bloc des Gauches » qui conduit Emile Combes à la Présidence du Conseil. Ce dernier est lui-même fortement anticlérical. Ceci éclaire la réaction du préfet qui, après avoir temporisé, refuse de casser l’arrêté municipal de Genac.

Dans le registre paroissial, l’abbé Perrier contient sa rage :

40 Selon le régime concordataire en vigueur depuis 1801, les desservants religieux sont assimilés à des fonctionnaires. Cet état subsiste aujourd’hui en Alsace et Moselle. 41 Le pauvre courtier se trouve pris en sandwich entre la mairie et son directeur de laiterie qui soutient les cléricaux ! 42 Comme peut-être La Marseillaise anticléricale de Léo Taxil, composée en 1881. 43 Jacqueline Lalouette. Dimensions anticléricales de la culture républicaine (1870-1914). In: Histoire, économie et société, 1991, 10ᵉ année, n°1. Le concept de révolution, sous la direction de François Crouzet. pp. 127-142

33

« Donc au nom de la liberté inscrite sur les monuments publics nous sommes obligés de rester dans nos églises et le Bon Dieu n’en franchira pas le seuil. Au nom de l’égalité les catholiques seront opprimés et les saltimbanques et autres gens de cette espèce pourront faire toute espèce d’exhibitions plus ou moins malsaines. Au nom de la fraternité on traite les chrétiens en parias. »

Puis vient le coup de pied de l’âne :

« Et quand on pense de ce pauvre vieux maire est âgé de 72 ans et plein d’infirmités qui lui mettent les deux pieds dans la tombe ! Oh mon Dieu pardonnez lui et à ceux qui l’ont conseillé ! »

Le drame est qu’effectivement François Panissaud va décéder l’année suivante (1903), ce qui fournira à son adversaire la petite vengeance de lui porter l’extrême-onction ainsi que de lui inspirer un nouveau paragraphe féroce dans le registre paroissial :

« Ainsi celui qui ne voulait pas de processions religieuses a dû, juste six mois après son arrêté sur les processions, être l’objet d’une procession puisqu’il a été conduit à sa dernière demeure avec tous les honneurs qu’accorde en pareille circonstance notre Sainte Mère l’Eglise ! »

34

L’affaire de l’expulsion des religieuses

L’expulsion des congrégations (1903) On entend par congrégations non seulement les établissements religieux réguliers (abbayes…) mais aussi les établissements d’enseignement privé se réclamant d’une affiliation religieuse ou tenus par du personnel ecclésiastique ou même laïque (vœux solennels ou vœux simples). Leur fermeture est une conséquence de la loi du 1er juillet 1901 relative aux associations. Ce qui est aujourd’hui le cadre anodin d’innombrables associations culturelles ou sportives imposait aussi de tels statuts associatifs aux ordres. La loi spécifie que l’existence de ces congrégations doit être soumise à une demande d'autorisation. Le Vatican condamne la loi, mais laisse aux congrégations la liberté de demander leur autorisation, ce que font la plupart d'entre elles. Mais la victoire du Cartel des Gauches aux élections législatives de mai 1902 conduit Émile Combes à la Présidence du Conseil. Et Emile Combes est farouchement anticlérical… En conséquence, hors quelques ordres contemplatifs qui sont tolérés, la plupart des congrégations se voient refusé leur autorisation. Elles vont devoir être dissoutes d’office et parfois par l’emploi de la force armée44 !

Les sœurs de Saint-Charles, dont la maison-mère est à Angers, sont présentes à Genac depuis 1860. Elles ont d’abord assuré l’école de la commune.

« C’est dans ce but qu’elles avaient été appelées par Mr. L’abbé Ferraud, curé de Genac et par Mr. Briand45, docteur en médecine, maire de Genac et aussi par Madame Thomas, riche propriétaire demeurant à la Pouade. »

Mais en 1882, lorsque sont votées les lois de Jules Ferry instituant l’école gratuite, obligatoire et laïque, la municipalité de Genac reprend en main l’école locale qui devient « la communale ».

« On pria donc les sœurs de quitter le local affecté pour cela par la municipalité et de laisser l’enseignement communal. »46

Mais les notables qui les soutenaient décidèrent alors de créer une école privée de filles confiée à ces sœurs.

Cependant arrive 1901 et la loi Waldeck-Rousseau sur les associations… Se fondant sur un arrêté de 1817 qui autorisait l’existence de leur maison-mère les sœurs négligent alors de déposer leur demande d’autorisation. Et, immanquablement, dès 1902 et alors que le gouvernement Combes suit une interprétation dure de la loi, elles se voient ordonner la dissolution de leur école et imposer leur retour à la maison-mère d’Angers « sous huit jours ». La déposition d’une demande d’autorisation arrive trop tard et l’école est fermée.

La demande d’autorisation ayant été faite, le conseil municipal est appelé à donner son avis. Il votera non par 6 voix contre 4 (et 2 bulletins blancs), et ceux malgré une pétition en faveur des religieuses qui recueille plus de 150 signatures.

44 Par exemple, les moines de la Grande Chartreuse, qui se voient reprocher d’être une congrégation à but commercial (vente de liqueur), sont expulsés manu militari. 45 Pierre Briand, maire de 1837 à 1870. 46 Registre paroissial. Notes de l’abbé Perrier.

35

Pourtant, dès le mois de septembre, les deux sœurs sont de retour. Hébergées chez une paroissienne, elles sont censées attendre l’arrivée d’une autorisation d’état. Elles donnent pourtant la classe à quelques petites filles « dont les parents se refusent obstinément à envoyer leurs enfants à l’école communale ». Une disposition semi-clandestine qui a peut-être eu une résonance historique dans certains foyers d’origine vendéenne…

L’école libre rouvrira officiellement l’année suivante. Entre temps le maire François Panissaud est mort et son successeur est un membre du conseil de fabrique bien plus en odeur de sainteté auprès du curé Perrier (Martial Mestairie, 1903-1913) !

L’inventaire des églises de France

« Je vous déclare que moi-même je ne reconnais pas cette loi »

Abbé Hermin Perrier

Genac n’en a pas terminé avec les querelles sur fond de religion ! Fin 1905 éclate ce qu’on appellera la querelle des inventaires. Le trouble est consécutif à la loi dite de « séparation des Églises et de L’État », adoptée le 9 décembre 1905. Jusqu’alors les biens immobiliers de l’Église étaient gérés par des établissements publics de culte, Conseils de Fabrique ou Menses Épiscopales, sous le régime du Concordat de 1801. La dissolution de ces organisations (qui devront se recréer en Associations Paroissiales) impose un inventaire détaillé. Ces opérations de « comptage de chandeliers »47 comme les appellera quelques mois plus tard ironiquement Georges Clémenceau, vont mettre le feu aux campagnes !

L’inventaire réveille en effet de vieilles craintes issues de l’époque révolutionnaire, celle de la vente des « Biens Nationaux ». D’autant qu’après les troubles de la Révolution, une bonne part du patrimoine des églises a été reconstituée à l’aide de la générosité privée. L’inventaire est donc perçu par les notables catholiques comme une immixtion intolérable de l’État dans une affaire privée, une atteinte à la propriété !

Dans le registre paroissial, le curé Perrier ne cache pas tout le mal qu’il en pense. Pour lui, c’est la faute aux Francs-maçons :

« Les loges sont satisfaites ! Le gros morceau de leur triste et funeste programme vient d’être avalé par les vendus du Parlement. »

« On aurait pu penser que les vieux caïmans du Sénat, qui par leur âge auraient dû avoir une fougue anti-religieuse un peu moins échauffée, auraient refusé de voter cette loi. Rien n’y a fait. »

« ...le vieux Loubet contresigna le 11 cette loi qui sera à jamais sa honte ! »

De son point de vue, l’enjeu est la lutte contre la sécularisation de la société.

47« Nous trouvons que la question de savoir si l'on comptera ou ne comptera pas des chandeliers dans une église ne vaut pas une vie humaine ». Déclaration à la Chambre du 20 mars 1906.

36

Pour Genac, l’inventaire général de l’église est fixé pour le 10 mars 1906.

« Monsieur Gontier, percepteur de Marcillac, en résidence à Rouillac, vient faire l’inventaire de l’église. »

L’ambiance est lourde, même périlleuse. Car le brave homme a entendu dire…

« ...qu’il se pourrait faire que quelques coups de fusil pourraient partir tout seuls à l’occasion... »

« Monsieur le curé le rassure et lui dit qu’il pourra venir quand il voudra, que personne ne lui fera de mal. »

Le jour dit le percepteur et son commis se présentent devant l’église de Genac où le curé les accueille froidement. Les portes sont barricadées et les paroissiens priés de rester chez eux. L’abbé Perrier prononce une longue harangue de protestation :

« ...je proteste de toute l’énergie de mon âme de prêtre contre l’injustice et l’illégalité de votre inventaire qui n’est que le prélude de la très prochaine spoliation des biens de notre église ! »

Finalement le fonctionnaire pourra accéder à l’édifice et procéder à l’inventaire dans le calme. Genac échappera à la violence qui a éclaté dans d’autres paroisses de France et où les coups de fusil ne resteront pas que des menaces...

37

L’héritage seigneurial : Logis et maisons nobles

Le Rouillacais n’est pas une terre féodale au sens romanesque du mot : châteaux-forts et seigneurs guerroyants. Si châteaux il y eut, la plupart furent détruits au fil des conflits, notamment durant la guerre de Cent Ans. Le Livre des Fiefs de l’Évêque Guillaume de Blaye mentionne bien un « château d’Escorcheville », mais sa localisation est problématique : Cerceville ou peut-être le promontoire de l’Haumont sur la commune de Bignac. Il a disparu sans laisser de traces. Il n’est pas certain d’ailleurs qu’il faille prendre au premier degré l’appellation de « château » dans un tel document. Quant aux ruines de la colline des Bouchauds, sur la commune mitoyenne de Saint-Cybardeaux, Jean Gontier a démontré qu’il ne s’agissait pas d’une forteresse, comme y croyait encore Alcide Gauguié en 1865, mais des vestiges d’un théâtre antique !

Vue depuis la route du Chêne. En arrière-plan, la colline des Bouchauds.

On trouve aussi mention de fiefs à La Pouade et à Ecquechave ; mais quant à savoir si ces petits fiefs ont entraîné la construction d’un bâti de type seigneurial...

C’est après cette très destructrice guerre de Cent Ans que l’on voit apparaître dans notre région un nouveau type de maison : Le logis charentais. Le renouvellement des familles, décimées par la guerre mais aussi par la Grande Peste de 1347-1353, permet l’émergence d’une nouvelle élite locale qui va s’employer à construire des propriétés plus confortables et pratiques. En outre la prospérité liée à la viticulture a engendré un très fort renouvellement du bâti à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine. Le résultat est là : La physionomie de nos villages, et Genac n’y échappe pas, est bien plus marquée par le XVIIIe et surtout le XIXe siècle que par les époques antérieures.

Sur la commune de Genac, deux propriétés subsistantes peuvent recevoir la qualification de logis noble. Il s’agit du logis du Bourg et de celui de Moulins.

38

Logis du Bourg

L’histoire du logis se perd dans les brumes. Plusieurs fiefs sont connus sur la paroisse de Genac. Celui du bourg (dont relève le logis) appartient à la famille Mallat au moins depuis le XVIIe siècle. Un acte notarié de 1750 évoque Jean Mallat « écuyer, capitaine de cavalerie, conseiller du roi, lieutenant de la sénéchaussée d’Angoulême », qui épouse Jeanne Nadault. Un de leur fils, Philippe Léon Mallat « garde du roi, capitaine de cavalerie, chevalier de St Louis, lieutenant de la maréchaussée de Limousin ». La famille est présente à Genac jusqu’à la révolution française (et même au-delà par branches collatérales). Par la suite les éléments se font minces.

En 1905, le conseil municipal désigne la cour du logis (appartenant alors à Léopold Bouyer) pour y installer la distillation publique (le bouilleur de cru itinérant). On voit aussi sur des cartes postales anciennes que la partie ouest des bâtiments (côté rue du Chêne) était une quincaillerie.

A partir de 1951, les bâtiments accueillent l’école privée de Sainte Thérèse. Le père René Violleau, vendéen, s’installe à Bassac pour y faire revivre une petite école libre mais l’espace y est limité donc il transfère rapidement son établissement à Genac. Il est aidé par les sœurs oblates de Sainte Thérèse de Lisieux, présentes à Bassac et qui le suivent. Le logis est en très mauvais état à leur arrivée. Ils réaménagent tout. Il y avait une école de filles au départ et l’école des garçons (Saint Joseph) avait été installée dans une maison bourgeoise, non terminée, en très mauvais état et ayant servi un temps de presbytère : L’actuelle résidence de l’Olivier.

Le logis connaît divers aménagements à finalité scolaire, tels que le percement de grandes baies de type « salle de classe » dans son aile ouest. L’école privée ferme en 2014. Le logis, racheté depuis par une personne privée, est aujourd’hui vigoureusement restauré.

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Le cadastre napoléonien de 1832 montre la disposition en « L » que conserve le logis. On remarque cependant la présence de deux tours rondes aux angles du bâtiment en retour. Une seule est encore visible actuellement. La partie vide, jardin actuellement, est non bâtie en 1832. Un cimetière occupe l’actuelle place du 19 mars 1962, ainsi que son annexe à l’ouest, rue du Chêne.

Le corps de logis principal s’ouvre sur une cour. Il possède une belle porte en plein cintre, entourée de pilastre supportant un entablement orné de pinacles se terminant par des boulets et surmonté au centre d’un oculus terminé par une sorte de fléau. Le premier étage comprend de larges fenêtres du XVIIIe siècle. Elles ont été réduites mais ont conservé leur appui saillant et mouluré. On remarque un appui décoré, au-dessus de la porte, avec une tête (plutôt revêche) au centre et entouré d’un décor plus visible et un accessoire évoquant une bourse.

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Une cheminée porte une date « 18 ?9 ». Le second bâtiment en retour a été fortement transformé dans les années 60. On y accède par un escalier. Plus à droite, on observe encore des éléments d’ouvertures plus anciennes : Une porte en plein cintre, avec clef saillante de style XVIIe ou XVIIIe siècle et une fenêtre. Un entresol (autrefois réfectoire). On a retrouvé la trace d’un ancien puits dans la construction. Il a peut-être été oublié pour une source plus moderne et plus saine48. Côté rue, on devine les vestiges d’une tour ronde d’angle arasée. Une deuxième a été arasée. Dans la cour, on remarque deux petites fenêtres : une avec un linteau à accolade (XVe ou XVIe siècle) et une autre au- dessus avec encadrement chanfreiné. Il semble qu’il ait eu un bâtiment devant pendant très longtemps.

Le portail d’entrée est dans le style du XIXe siècle, avec une porte cochère en anse de panier et une porte piétonne à angles droits. La construction est en pierre de taille décorée de pilastres nus et reliés par une sorte de corniche moulurée. Au centre, une agrafe décorée d’enroulements et feuillages avec motifs de chevrons. Les sommiers sont saillants. Le tout est surmonté d’un toit en tuiles.

La façade arrière, imposante et très longue, s’ouvre sur un parc s’étendant jusqu’au ruisseau des Nodes. On remarque des reprises de maçonnerie et de nombreuses transformations des ouvertures (fenêtres bouchées, transformées en portes...).

48 Ce puits était situé à deux pas de deux cimetières !

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On remarque des appuis de fenêtres saillants et moulurés, avec des traces de trous de chaque côté qui peuvent témoigner d’anciennes ferronneries défensives. De larges fenêtres dans le style du XVIIIe siècle. A droite, on a quelques vestiges plus anciens et en lien avec l’ancienne tour ronde installée à l’angle du bâtiment. On remarque, à l’extérieur, une baie fortement remaniée mais ayant conservée son appui mouluré de style XVIIe siècle. A l’intérieur, la base d’une baie avec encadrement chanfreiné, pouvant dater du XVe au XVIIe siècle et un départ d’ogive.

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Le logis de Moulins

Le nom du hameau, proche de la Charente, s’explique facilement par les nombreux moulins qui s’y trouvaient.

Le fief de Moulins appartenant en 1632 à René Prévost, écuyer. Il reste dans la famille jusqu’au 18e siècle. Au début du XVIIIe siècle, la propriété passe aux de la Porte aux Loups. Jacques de la Porte, écuyer et sieur de se marie avec Madeleine Prévost héritière du fief de Moulins. En 1770, François de la Porte aux Loups y demeure et est capitaine au régiment de Rouergue. Puis cette terre fut la possession de Pierre Thomas des Moulins à date non précisé. Quelques années avant la Révolution française, Jean Valleteau de Chabreffy, receveur des tailles en élection d’Angoulême, Maire d’Angoulême en 1790 et Président du Conseil général de la Charente la même année. Il est aussi le propriétaire du château de Gourville. Il meurt en 1798. De nos jours, le logis est divisé en deux propriétés (et plus pour les dépendances) entre les familles Estève et Clément.

On ne recense pas moins de trois portails sur cette propriété :

Pour le premier ce sont les traces d’une ancienne entrée à piliers qui nous suggèrent son existence. Le second se situe sur le côté de la façade principale. C’est un portail à piliers avec une porte cochère et une porte piétonne toutes deux à angles droits. Le troisème est lui aussi un portail à piliers avec une porte cochère et une grille en ferronnerie.

Cette propriété d’importance était probablement entourée de murs que l’on peut encore voir à certains endroits. Il lui est associé un ensemble de bâtiments agricoles qui sont peu visibles hormis une immense grange-étable. La façade principale est une façade d’apparat. Le toit terrasse n’en est pas un et masque à l’arrière un bâtiment plus bas et bien plus simple. Cette façade est richement sculptée : un entablement avec mutules, une frise moulurée, des pilastres, des triglyphes et de nombreux motifs d’ornementation en forme de moulure creuse. La porte est décorée d’une corniche, d’un entablement, de pilastres couverts de chapiteaux dont le tailloir est orné de demi-sphères. Les ouvertures sont de larges fenêtres dont l’allège est ornée de pointes de diamant.

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L’habitation est séparée par un muret indiquant deux propriétés mitoyennes. Sur la droite se trouve une autre construction : le toit à longs pans et à croupe plus demi-croupe aux angles est couvert de tuiles plates. La façade est en moellons avec des encadrements en pierre de taille. A l’arrière à l’angle des murs de la propriété se trouve une fuie ou volière circulaire incrusté de trous de boulins. Le mur est en moellon. Elle a encore sa randière, c’est à dire un bandeau de pierre qui ceinture l’édifice pour en interdire l’escalade par les nuisibles. Elle a perdu son toit conique. Cette fuie, auparavant rattachée à la propriété, daterait du 17e siècle ou 18e siècle. Il est signalé sur le cadastre napoléonien de 1832. La construction de ce bâtiment est un privilège de la seigneurie avant la Révolution française. La fiente produite par les pigeons était aussi une source de revenus.

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Sur la propriété il y a une maison dont la construction est postérieure à 1832. Il reste des vestiges attestant la présence d’un portail et d’une porte piétonne. Elle s’élève sur deux niveaux et se divise en trois travées plus une petite extension plus basse et est couverte d’un toit à longs pans doté de trois cheminées.

La façade est décorée d’une corniche. A gauche s’élève une grange plus ancienne et aux dimensions impressionnantes.

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Habitats et patrimoine économique

La foire mensuelle de Genac vers 1910-1920. Comme beaucoup d’autres, elle s’est éteinte dans les années d’après-guerre.

La commune de Genac possède une vocation très agricole. Si on y vit, par le passé, quelques traces d’une activité économique autre, et si le bourg conserve encore quelques commerces, les activités économiques y sont longtemps restées presque exclusivement tournées vers le travail de la terre. On pourrait cependant évoquer pour mémoire la reconversion étrange de l’aile ouest du logis du bourg en quincaillerie au tournant du XXe siècle. Mais pour l’essentiel le bâti patrimonial est marqué par l’agriculture et par les revenues qu’elle engendre.

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L’épicerie Bonnemain, route d’Aigre, en 1916

Maisons de maître

Au XIXe siècle, l’émergence de familles à la prospérité solide a permis la construction de maisons de maître au décor soigné et aux mensurations imposantes.

Bénéficiant d’un traitement architectural complexe et généralement de qualité, ces maisons de notable peuvent être isolées ou bien intégrées dans un ensemble comportant porche, bâtiments communs et agricoles ou autres, souvent plus anciens que la maison elle-même d’ailleurs. Dans ce dernier cas, on devine que la maison est venue remplacer un immeuble qui ne correspondait plus au « standing » du moment. La construction de telles bâtisses s’échelonne tout au long de la première moitié du XIXe siècle ; un phénomène qui coïncide avec l’âge d’or du commerce des eaux-de-vie. Le Phylloxera en 1872, ainsi que la crise financière qui suit la défaite de 1870, marquent un point d’arrêt à ce phénomène des « Maisons de maître ».

A Genac, la propriété qui se situe dans le haut du village, à la fourche entre route d’Aigre et route de Coulonges constitue une belle illustration des maisons de maître.

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Le cadastre napoléonien de 1832 mentionne un ensemble de bâtiments à cet emplacement. Il est reste quelques murs mais pour l’essentiel ils ont été détruits pour laisser place à la propriété actuelle, probablement bâtie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Un bâtiment mentionné pourrait correspondre à la grange actuelle, en mauvais état.

La maison a une symétrie axiale classique. Elle est bien décorée par des éléments architecturaux sculptés qui en font son originalité. Au 1er niveau, les ouvertures sont décorées d’un linteau plate- bande tandis qu’au second niveau l’encadrement se fait plus simple et en pierre de taille. On compte deux portes : une d’entrée installée au centre et une autre à gauche couverte aujourd’hui d’une petite véranda. On remarque le bandeau large, mouluré et débordant servant d’appui et de niveau, la corniche à modillons, les chaînes d’angle en relief, le solin en pierre de taille (le reste en enduit). Le toit accueille aussi une décoration fournie : crêtes et épis de faîtage, pointes sur les tuiles des arêtiers. La maison est couverte en tuiles mécaniques, un type de toiture qui se diffuse à la fin du XIXe siècle. Il n’est pas impossible qu’originellement elle ait été couverte en ardoise. On remarque les 3 lucarnes à fronton : au centre, un fronton triangulaire et ouvertures en plein cintre et de chaque côté des lucarnes avec un linteau cintré, et plus petites. Celle du centre domine.

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Dans la cour s’élève un appentis avec une cheminée, peut-être un four ou d’une ancienne buanderie ? On remarque aussi une grange (avec un espace pour le chai) dont le toit est en partie effondré. On y pratiquait l’élevage, la culture et la vigne. Un mur de clôture entoure cette cour avec un portail à piliers au centre. La grille en ferronnerie est intéressante avec sa décoration de fleurs et pilastre. L’arrière de la maison s’ouvre directement et sans clôture sur les champs.

Fermes à cour fermée

Souvent présentée comme caractéristique du bâti régional, la ferme charentaise à cour fermée se retrouve surtout en tant qu’écart, hors du bourg et des hameaux. La grande époque de la construction de tels ensembles est le XIXe siècle d’avant la crise du phylloxera (1800-1872).

Elles constituent des îlots quasiment clos, ouverts sur l’espace public seulement par des porches ou portails. Autour d’une grande cour sont disposées les dépendances agricoles : granges, écuries, chais… Au fond vient généralement la maison d’habitation proprement dite. Selon l’importance de l’exploitation, la maison peut prendre l’apparence d’une maison de maître ou d’une maison charentaise plus modeste.

La ferme à cour fermée est un type architectural assez évolutif. Des bâtiments agricoles viennent s’agréger au noyau initial ou sont démolis. Dans ce dernier cas, la cour peut finalement s’ouvrir un peu vers l’extérieur.

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DES ORIGINES ANTIQUES ?

La ferme charentaise à cour fermée reprend presque trait pour trait le schéma général de la villa gallo-romaine. L’archéologue y reconnaît immédiatement la pars urbana (résidence) et la pars rustica (servitudes agricoles et logement du personnel…); de même que l’organisation en rectangle enserrant une cour. L’une et l’autre sont bâties au milieu d’un vaste terroir agricole et doivent se ménager une grande autonomie (agriculture vivrière, ressources en eau, logements, hangar et ateliers de réparation…etc.) L’une et l’autre reposent aussi sur une société agraire traditionnelle où le père de famille règne en maître absolu et où l’héritage doit être soigneusement organisé pour éviter la dispersion du patrimoine.

Trop de temps sépare les deux modèles pour que la filiation directe existe. Mais les points communs fonctionnels ont abouti à la même évolution…

« VIVA AGRICO LA ANNO »

A la jonction du bourg de Genac et de la Pouade s’élève une propriété de ce type, particulièrement intéressante. Elle est signalée par le cartouche visible au-dessus du porche d’entrée qui porte la devise « VIVA AGRICO LA ANNO 1820 ». La présence de cette énigmatique devise « latino-espagnole » sera expliquée plus loin…

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Cette ferme à cour fermée a été construite pour la viticulture comme l‘annonce clairement et fièrement le choix de décoration du porche. Ce porche d’entrée d’ailleurs très imposant, avec une porte cochère entourée de deux portes piétonnes dont une aveugle. Sa décoration est aussi très soignée et ostentatoire. On retrouve du bossage autour de la porte cochère, des pilastres cannelés, de très beaux chapiteaux composites (mélangeant les ordres corinthiens et ioniques), une très belle agrafe à la clef (décorée de guirlandes et volute de feuillages), bandeau, décoration d’oves, frise antique avec des spirales de chaque côté (de feuilles et cœur de pin), surmontée d’une corniche à denticules et dominée par un fronton circulaire, avec un tympan décoré de moulures et denticules. Au centre se trouve le cartouche décorée de feuilles de vigne, de grappes et accueillant l’inscription citée et la date "1820". Celui-ci est surmonté d’un pot à feu drapé.

L’habitation se trouve sur le côté gauche. Elle comporte une longue façade avec 12 fenêtres et 4 petites ouvertures carrées au niveau du surcroît. On compte deux portes: la première est celle de l’entrée décorée de pilastres, chapiteaux doriques saillants, au-dessus des triglyphes et une corniche. On remarque un œil de bœuf, installé à côté de la porte de droite permettant un éclairage direct sur l’évier. Le bec, en saillie, de la pierre d’évier a été enlevé. Au centre de la cour s’élève un très beau puits couvert en tuiles plates, d’un type qui se remarque, rarement, en d’autres lieux du rouillacais49) avec une pompe et un abreuvoir. Les bâtiments agricoles entourent la cour : il y aurait eu des étables, une grange et une distillerie.

L’exploitation agricole s’est arrêtée dans les années 70.

49 Logis de Logerie, commune de Bonneville.

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Selon la mémoire locale, la famille qui a construit cette propriété serait d’origine espagnole, venue en France lorsque les armées napoléoniennes se retirèrent de la Péninsule Ibérique en 1814. Ces « Josephins », comme on surnomme cette première vague de réfugiés espagnols, fondèrent une maison de commerce des eaux de vie qui connut une période de grande prospérité avant la crise du Phylloxéra.

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Laubertière

D’apparence plus modeste et moins prestigieuse, la ferme de Laubertière, rue des loups, n’en est pas moins représentative du type.

Le cadastre napoléonien de 1832 mentionne un ensemble de bâtiments répartis en deux blocs massés distincts. Il semble que ces bâtiments aient été détruits pour en construire des nouveaux, sauf peut-être le bâtiment (maison) se trouvant à l’entrée de la propriété côté rue des Loups. La maison actuelle a pu être construire dans un second temps.

Il s’agit d’une ferme organisée autour d’une cour fermée sur deux côtés seulement. La propriété possède deux entrées aussi : un porche sur la rue des Loups et une allée venant de la rue du Pas d’Asnière, dotée d’un portail à piliers.

Le porche de la rue des loups date de 1835 selon l’inscription du fronton.

Il se compose d’une porte cochère en anse de panier, avec sommiers saillants et clef plate et une porte piétonne à angles droits. Franchissant ce porche on arrive dans la cour, avec des bâtiments sur 3 côtés : les restes d’une première habitation (présente certainement avant 1832) et l’habitation actuelle construite probablement en 1835. L’ensemble bâti n’a rien d’uniforme et a probablement évolué selon les besoins de la ferme.

La première maison est d’organisation très simple mais s’ouvre néanmoins par une large porte avec imposte à laquelle on accède par une volée de marches.

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Une cave se trouve en dessous et on note aussi la présence d’un timbre équipé d’une belle pompe en fonte.

De nombreuses reprises de maçonnerie témoignent de l’histoire complexe de la propriété.

Le bâtiment suivant, habitation actuelle, a l’organisation typique des maisons charentaises : Une façade symétrique enduite simple mais soignée, une porte d’entrée avec entablement, lucarnes en chiens assis éclairants le surcroit, toit à longs pans dont la ligne faîtière est décorée de pointes…

L’autre issue de la cour conduit rue du Pas d’Asnière par un portail à pilier et grille de ferronnerie où l’on lit encore le nom de l’artisan : Beges fils à Rouillac.

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Cette belle propriété typique mériterait une petite réhabilitation.

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Maisons charentaises

La maison dite « charentaise », de bourg ou associée à une ferme à cour fermée, est probablement la construction emblématique du Rouillacais et Genac en conserve un grand nombre d’exemples. Comme sa grande sœur plus ostentatoire la maison de maître, la maison charentaise représente aussi très bien la rapide ascension économique que connaît la région au XIXe siècle, particulièrement sous le Second Empire et avant la crise du phylloxera (1872). Pour les familles rurales bien loties, la maison charentaise a représenté une alternative « goût du jour » et confortable aux métairies et longères d’Ancien Régime.

Elle est implantée le plus souvent face au sud et perpendiculairement à la rue. Elle ouvre sur une cour fonctionnelle offrant un accès pratique aux dépendances agricoles. La maison proprement dite est de volume simple, avec au moins deux niveaux d’élévation et un surcroît. La façade, généralement symétrique, est scrupuleusement ordonnancée et comporte au moins trois travées. Les propriétés les plus aisées peuvent se voir doter d’un décor soigné : corniches, pilastres ou bandeaux, créant ainsi une limite parfois floue avec les maisons de maître.

Route de Rouillac, cette ancienne ferme aujourd’hui restaurée, est accolée à des constructions comportant des éléments plus anciens comme une fenêtre à linteau en accolade et une porte à plein cintre. Le porche d’entrée, monumentale, porte l’inscription « ANNO 1835 ».

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Cette maison, route de Bignac, aurait été donnée aux sœurs de Sainte-Thérèse pour accueillir leur école de filles (voir le chapitre patrimoine religieux sur les circonstances de ce don au début du XXe siècle). La maison fut ensuite Transformée en pensionnat puis, aujourd’hui, en maison de retraite pour prêtre.

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Sur la grand-rue du bourg, cette maison charentaise présente des détails architecturaux qui témoignent de son histoire. Elle est en effet accolée à des éléments plus anciens tout en ne respectant pas la symétrie traditionnelle. On en peut déduire que le projet ne fut jamais terminer (les constructions plus anciennes auraient dues être remplacées) et la maison charentaise est demeurée avec une travée manquante.

Ce type de maison non finie est parfois qualifié de « maison-phylloxéra ». Le terme est peu engageant mais décrit nombre de projets de construction brutalement interrompus par la crise viticole !

Longères

La longère est un type de construction plus rare dans le Rouillacais mais néanmoins représenté sur la commune de Genac.

Il s’agit d’une ferme familiale disposée selon un plan linéaire. Habitation et locaux d’exploitation sont contigües et placés dans le prolongement d’une seule façade. Propriété relativement modeste, la longère a souvent été remplacée au fil du temps par une maison de type charentaise. Propriété des petits agriculteurs, elle ne présente généralement pas d’élément décoratif ostentatoire mais peut cependant se révéler ancienne. Pour dire les choses de manière crue, moins de richesse signifie moins de transformations au fil des modes qui passent, et donc un bâti qui conserve des caractéristiques anciennes plus longtemps. Souvent ignorées ces propriétés sont dignes d’intérêt pour leur côté « conservatoire » d’un paysage largement remodelé et disparu au tournant des XIXe et XXe siècles.

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Longère à Ecquechave, rue des Bellardries.

Gueule de pompe à eau d’Ecquechave

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Autres habitats modestes

Au hameau de Moulins, chemin des Pradelles, subsiste une maison aujourd’hui inhabitée mais déjà présente sur le cadastre napoléonien de 1832. Disparaissant sous la végétation et le lierre, Cette propriété à un seul niveau, apparentée à une longère sans en suivre la définition exacte, de taille modeste comporte cependant pas moins de quatre travées. Les détails architecturaux encore visibles témoignent d’un soin particulier. D’autres bâtiments, probablement à vocation agricole, lui étaient associés et sont aujourd’hui détruits ou en ruine. Moulins

En partie bordée par la Charente et traversée par le modeste Mosnac, Genac se devait de posséder quelques moulins d’intérêt. La commune s’offre même le luxe de montrer un hameau appelé « Moulins » (au pluriel). On devine l’origine du nom !

L’énergie hydraulique fut pendant des siècles l’une des rares facilement accessibles (avec bien entendu l’énergie animale et l’éolienne). Au temps de l’Ancien Régime, les moulins, si indispensables qu’ils soient, ne sont pas toujours bien traités car longtemps considérés comme de simples servitudes « de rente ». Leur architecture était donc loin d’être soignée, ce qui amène Michelle Aillot à parler de simples « maisons-machines »50. Posséder un moulin, que l’on soit seigneur laïc, religieux, ou simple bourgeois, est alors considéré comme un placement. Les paysans sont tenus par la coutume féodale d’utiliser, pour la mouture, ces moulins seigneuriaux. La clientèle étant captive, le rendement est assuré. Une situation qui n’encourage guère l’investissement. Les actes notariaux et inventaires de biens en témoignent, les moulins sont souvent dans un état désastreux, usés, littéralement, jusqu’à la

50 Michelle Aillot, La Nouère, ses moulins et ses meuniers, 2009

60 corde, et les travaux ne sont effectués que lorsque le capital est en péril ! A cette situation, comparable autant sur les bords de la Nouère que du Mosnac et de la Charente, s’ajoute le fait que ladite Charente n’est pas toujours un fleuve sage et tranquille ! Crues annuelles et dégâts provoqués par le bois flotté viennent s’ajouter à la facture et aux soucis du meunier. Quant aux tensions qui s’accumulent entre exploitants et « clients captifs », elles dégénèrent parfois jusqu’à la violence ! Les tensions concernent aussi les rapports entre meuniers eux-mêmes, qui doivent partager le cours d’eau comme une ressource commune. Tel peut se voir accuser de détourner toute l’eau à son profit et le cours de la rivière voit son usage sévèrement réglementé.

La situation du meunier s’améliore cependant considérablement au XIXe siècle. Devenu propriétaire de son moulin, il peut alors lui témoigner un soin plus constant et désintéressé. La « maison-machine » devient non seulement un outil de travail mais aussi une résidence.

Moulin de Moulins

Ayant conservé une bonne part de sa machinerie et de ses aménagements d’origine, ce moulin présente un intérêt considérable.

Sont encore visibles le bief et son déversoir ainsi que le canal de navigation. La façade arrière du bâtiment est constituée d’une reprise de maçonnerie et d’une fenêtre bouchée. A droite se trouve des pierres d’attentes qui, en plus des traces d’ouvertures non achevées, étayent la théorie d’une volonté d’agrandir à une époque non précisée. A l’intérieur se trouve le bief ou bisse, terme qui désigne un canal de dérivation ou un canal conduisant l’eau sur ou sous la roue à aubes d’un moulin ou dans une turbine d’un moulin. Ici c’est une roue hydraulique à aube. Son usage est approprié à la Charente, rivière à pente faible mais à fort débit d’eau.

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La meule à blé se trouve au rez-de-chaussée. Elle est en mauvais état mais elle est encore en place. La roue à aubes du moulin est une roue avec engrenages. Sur celle-ci est fixée une roue "couronne". Avec ses dents de bois, elle est dans le même axe vertical.

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Au premier étage l’ensemble du mécanisme a été démonté. Il reposait sur un coffre de meules (meule tournante et meule dormante). On y trouve aussi une trémie, sorte d’entonnoir positionné au-dessus des meules. La trémie reçoit le grain à moudre, avec une contenance atteignant 50 kilos. On remarque aussi un système de moufles pour lever les sacs de blés. La roue d’angle entraîne le pignon conique en fonte lié à l’axe verticale, aussi en fonte, qui transmet le mouvement à la meule tournant par l’intermédiaire d’une roue dentée.

La façade côté rivière a conservé ses ouvertures d’origines : une fenêtre avec arc en plein cintre et une autre plus moderne à angles droits.

Le moulin de Moulins est un bel exemple de patrimoine préindustriel à préserver.

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Route de la Touche

Toujours à Moulins se trouve ce moulin ! Il avait pour particularité d’exploiter non pas la force motrice de la Charente, mais celle, nettement plus modeste, du Mosnac. Le cadastre napoléonien le signale clairement comme moulin en 1832. Sur ce plan, la propriété forme un U dont subsistent les deux ailes aujourd’hui.

Ecquechave

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L’ancien moulin de Soulé (ou Soulet, les deux écritures se rencontrent), sur le lieu-dit de la Grande Ouche. Au XVIIIe siècle, la carte de Cassini ne le montre pas mais situe un moulin proche à L’Oumade, le moulin des Briands (aujourd’hui disparu).

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Ce moulin, très modeste, tirait lui aussi sa force motrice du Mosnac, via un bief encore visible. Il possède encore sa grand-roue, en état de fonctionnement.

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Patrimoine public et vernaculaire

Mairie-école

La construction de la mairie-école de Genac doit être replacée au sein de l’évolution législative en France au XIXe siècle. Sous l’Ancien Régime puis au début du XIXe siècle, les écoles qu’on qualifiera plus tard de « communales » sont essentiellement des initiatives privées. Modestes, elles offrent aux élèves des campagnes un enseignement de base (lecture, écriture et calcul) souvent dans des conditions plutôt spartiates. On peut se reporter à l’histoire de Pierre Hortolan, instituteur des années révolutionnaires, à Saint-Cybardeaux (puis au hameau des Bouchauds) dans le rapport de synthèse consacré à cette commune. La situation n’était probablement pas différente à Genac où l’on trouve mention de plusieurs « écoles » (souvent une maison particulière, plutôt modeste car le métier ne paie guère, voire une simple grange) sur la paroisse. Une école est évoquée par les archives au hameau de Cerceville. Son instituteur, Jean Basset, est maire de Genac en 1849.

La loi Guizot de 1833 oblige les communes de plus de 500 habitants à se doter d’une école de garçons. De fait, le bourg de Genac en possède une au moins en 1853, quand l’instituteur Marquais écrit à la municipalité pour signaler que le bâtiment est en piteux état et que la classe est de tout façon bien trop petite pour accueillir 50 garçons.

Rien ne fut fait, car en 1860, Monsieur Marquais envoie une nouvelle missive afin de signaler que les choses n’ont pas changées et qu’il va construire lui-même une nouvelle école !

En 1867, la loi Duruy rend obligatoire la création d’une école de filles dans les communes de plus de 500 habitants. De ce côté, Genac accueillant les Sœurs de Sainte-Thérèse, il est probable que la municipalité d’alors s’en soit tenue quitte ! Du moins, en attendant les querelles religieuses des années 1900 (voir chapitre « Patrimoine Religieux » supra.).

Pourtant dès 1854, le conseil municipal a le projet d’acheter un terrain situé à La Pouade et d’y construire une maison d’école. Un devis est effectué et en 1867, on vote l’achat. Le devis est réévalué plusieurs fois (58 967 francs). Le coût est certainement trop important car le projet n’aboutira jamais.

Aussi, le conseil municipal décide en 1876 d’acheter un immeuble, toujours à la Pouade, qui va se trouver ainsi fermement rattaché à Genac, pour y installer la maison d’école. Cette fois le projet va aboutir. Les bâtiments préexistants étaient des constructions agricoles (chais et granges à toit à long- pans) figurant déjà sur le cadastre napoléonien de 1832. Comme beaucoup de communes du Rouillacais, Genac entend faire « coup-double » en associant la nouvelle mairie à l’école. Les plans et études sont confiés à l’architecte départemental Préponnier que l’on retrouve sur nombre de projets du Rouillacais et d’ailleurs à cette époque.

L’école peut accueillir 118 garçons et 121 filles. On compte 4 classes. Elle est composée d’une architecture très classique : un pavillon central entouré de salles de classe. Le pavillon central était prévu pour la mairie (au 1er étage) et au rez-de-chaussée les logements des instituteurs. L’entrée se faisait du côté du champ de foire. Ce pavillon semble déjà présent en 1832 mais sa façade est refaite et il est rehaussé de l’étage portant un fronton triangulaire au centre (« République française » et « Mairie »).

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Avec ces travaux, la place du Champ de foire a pris le visage qu’elle conserve aujourd’hui. On y installa une bascule en 1896 ainsi que, en 1921, le monument aux 25 morts de la Grande Guerre.

Le projet de 1876, aquarelle conservée dans les archives communales.

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Fontaines

La commune de Genac compte une demi-douzaine de fontaines publiques. Sur un territoire contrasté qui comporte tant des terres hautes, calcaires et sèches que des zones humides inondables proches de la Charente, elles contribuent à redistribuer la ressource en haut, généralement au pied des coteaux et au bénéfice des secteurs habités intermédiaires. Jusqu’au milieu du XXe siècle, ces fontaines remplissaient des fonctions hygiéniques nécessaires (lavage du linge) mais aussi sociales, comme le rappelle d’un ton caustique Alcide Gauguié :

« C'est là que les ménagères d'alentour viennent, en caquetant, laver les hardes de la famille »51

On est généralement en peine pour dater ces constructions très simples : Généralement un lavoir à ciel ouvert et guère plus ; parfois une pompe en fonte et un timbre plus moderne. Et parfois moins…

Aujourd’hui certaines de ces fontaines tendent à disparaître complètement dans la végétation.

Fontaine Saint Genis, près d'Ecquechave

51 Alcide Gauguié, La Charente Communale Illustrée, Angoulême 1866.

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Fontaine de Cerceville

Fontaine de la Pouade

La Gordelière

A la sortie du bourg, sur la route de Bignac, la fontaine de la Gordelière fait exception dans le sens qu’il a été établi qu’elle était déjà utilisée à l’époque gallo-romaine. Au début du XXe siècle, des travaux de restauration furent en effet l’occasion de mettre à jour l’ancien bassin, en béton52 et se superposant pratiquement avec le lavoir moderne. De ce bassin partaient des canalisations cimentées se dirigeant vers l’ouest et alimentant probablement une villa ou propriété des environs…

52 Technologie romaine qu’il fallut des siècles pour réapprendre à maîtriser !

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Transport à l’ancienne : L’omnibus

En 1889 est inaugurée la ligne ferroviaire à voie métrique dite « du Petit-Rouillac », reliant Angoulême à Rouillac (prolongée jusqu’à Matha quelques années plus tard)53. Viendra rapidement s’y adjoindre une autre ligne régionale emblématique, celle du « Petit Mairat », reliant Segonzac à et passant elle aussi par Rouillac. C’est une nouvelle ère qui débute pour le Rouillacais ainsi « relié au monde », le temps de la vitesse… Mais las pour Genac ! la commune est évitée par les deux lignes !

Dès 1900, le conseil municipal s’en inquiète et demande à ce que les études d’établissement du tracé du Petit Mairat envisagent une station sur la commune. Sans doute inspiré par un séjour à Angoulême l’auteur du compte-rendu qualifie d’ailleurs cette ligne de « tramway » ! Mais Genac n’aura pas son « tramway ». De Rouillac la ligne file sur Gourville puis Aigre par Marcillac…

En guise de lot de consolation, Genac obtient en 1910 l’établissement d’une ligne publique hippomobile « Genac – – Montignac – Vars » qui se voit confiée à l’entreprise G.Reix de Vars.

53 Yvette Renaud, Au temps de la vapeur, le Petit Rouillac, Société d’Ethnologie et de Folklore du Centre-Ouest, 2013.

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Déjà largement suranné en 1900, ce moyen de transport devra attendre l’après Grande Guerre pour être remplacé par un autobus.

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Conclusion

On devine, en parcourant les collines et les terres basses de la commune, que Genac a eu une histoire tumultueuse.

Entre les partages de la nature (un pied dans les collines du cognaçais, un autre dans les prairies du val de Charente), ceux des hommes (le bourg lui-même, sous l’Ancien Régime, était coupé par une frontière administrative), un peu à l’ombre de communes plus prospères et chanceuses, occasionnellement frappé par la guerre (la Fronde au XVIIe siècle) ou les simples conflits entre courants de pensée (querelles autour de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat dans les années 1900). Genac ne s’en est pas moins forgé une personnalité bien propre.

Bien qu’un peu cachée dans les cours fermées des demeures charentaises, cette personnalité se révèle à l’œil exercé à travers un patrimoine digne d’intérêt. Ce patrimoine peut avoir atteint une certaine monumentalité, comme bien entendu l’église, mais se faire aussi plus modeste, comme telle ou telle longère de hameau, ou tel vieux mur portant encore un linteau en accolade. Il est enfin lié à cette vie parfois agitée d’un bourg complexe qu’on aurait tort de croire assoupi et oublié.

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Table des matières Notice communale ...... 3 Démographie ...... 3 Structure communale ...... 4 Environnement ...... 4 Voies de communication ...... 5 Villages et hameaux ...... 5 La carte de Cassini ...... 6 Les hameaux perdus...... 7 Toponymie ...... 9 La piste abandonnée des Agésinates ...... 11 Autres toponymes ...... 11 Chronologie ...... 14 Préhistoire ...... 14 Gaule protohistorique ...... 14 Gaule romaine ...... 14 Moyen-âge ...... 15 Epoque Moderne ...... 15 Patrimoine religieux ...... 20 Eglise Saint-Pierre-des-Martyrs ...... 20 Le cimetière ...... 26 Épidémies : Quand frappe la mort ...... 28 Le presbytère ...... 29 Conflits religieux à Genac au tournant du XXe siècle...... 31 Le jour où la procession a fait tourner le lait ...... 32 L’affaire de l’expulsion des religieuses ...... 35 L’inventaire des églises de France ...... 36 L’héritage seigneurial : Logis et maisons nobles ...... 38 Logis du Bourg ...... 39 Le logis de Moulins...... 43 Habitats et patrimoine économique ...... 46 Maisons de maître ...... 47 Fermes à cour fermée ...... 49 « VIVA AGRICO LA ANNO » ...... 50 Laubertière ...... 53 Maisons charentaises ...... 56

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Longères ...... 58 Autres habitats modestes ...... 60 Moulins ...... 60 Moulin de Moulins ...... 61 Route de la Touche ...... 64 Ecquechave ...... 64 Patrimoine public et vernaculaire ...... 67 Mairie-école...... 67 Fontaines ...... 69 Transport à l’ancienne : L’omnibus ...... 71 Conclusion ...... 73

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