Concert D'ouverture
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Mikko Franck ©Radio France/Abramowitz Concert d'ouverture Concert d'ouverture VENDREDI 20 SEPT. VENDREDI 20SEPT. 2019 20h IGOR STRAVINSKY Quatre chants paysans russes pour chœur de femmes et quatre cors : les Soucoupes* 1. Près de l’église de Chigisakh - 2. Ovsen - 3. Le brochet - 4. Monsieur Ventru (5 minutes environ) SERGE PROKOFIEV Concerto pour piano et orchestre no 2 en sol mineur opus 16 1. Andantino – Allegro - 2. Scherzo (Vivace) - 3. Intermezzo (Allegro moderato) - 4. Allegro tempestoso (30 minutes environ) - Entracte - CLAUDE DEBUSSY La Damoiselle élue, poème lyrique d’après Dante-Gabriel Rossetti, pour soprano, contralto, chœur de femmes et orchestre* (20 minutes environ) MAURICE RAVEL Boléro (15 minutes environ) MELODY LOULEDJIAN soprano EMANUELA PASCU mezzo-soprano NIKOLAI LUGANSKY piano MAÎTRISE DE RADIO FRANCE* SOFI JEANNIN chef de chœur ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE HÉLÈNE COLLERETTE violon solo MIKKO FRANCK direction Ce concert est diffusé en direct sur France Musique et disponible 30 jours à l'écoute sur francemusique.fr Ce concert est présenté par Benjamin François de France Musique. IGOR STRAVINSKY 1882-1971 Quatre Chants paysans russes 1. Près de l’église de Chigisakh Quatre chants paysans russes : les Soucoupes Près de l’église de Chigisakh, Composés de 1914 à 1917, modifiés en 1954. Créés le 11 octobre 1954 à Los Angeles, lors des Monday À Chigisakh sur Yaouzoi, Evening Concerts, par Robert Craft. Nomenclature : chœur, 4 cors. Hourrah ! Hourrah! Les paysans joyeux roulent sur l’or, Hourrah ! Hourrah ! À la pelle ils vont ramasser l’or, Igor Stravinsky n’a cessé de se retourner sur le passé pour aller de l’avant : Hourrah ! Hourrah ! citations des musiciens d’autrefois, révisions de ses propres ballets, emprunts Le bel argent dans de grandes écuelles, au « folklore », réécriture d’œuvres antérieures… De proportions modestes, Hourrah ! Hourrah ! les Quatre chants paysans russes attestent cette pratique si particulière. À 2. Ovsen l’origine, il s’agit de chants pour chœur féminin a cappella composés entre Je chassai la faisane 1914 et 1917. Quarante ans plus tard, Stravinsky reprend ces chœurs et leur Ovsen ! ajoute un accompagnement de quatre cors. Par les bois, par les plaines, Ovsen ! Alors que le musicien est contraint par la guerre de demeurer en Suisse, où Sous un buisson elle est partie, il séjournait durant l’été 1914, son intérêt pour le « folklore » russe demeure Ovsen ! vif et s’accroît même avec l’éloignement et l’exil. Les années 1914-1917 sont Je l’attrapai, ainsi marquées par l’éclosion d’une série de pièces inspirées par les traditions Ovsen ! Mais c’est de l’argent que je veux, populaires de sa patrie : Noces, Berceuses du chat, Priaboutki, Renard. Les Ovsen ! Quatre chants paysans russes, qui s’inscrivent dans cette série, ont été com- posés à partir de textes tirés d’un recueil d’Afanasiev. Stravinsky leur a donné 3. Le Brochet le titre de « Soucoupes ». Dans son Autobiographie, il évoquait en effet des Un jour un brochet de Novgorod, Vivat ! rites magiques : des chœurs chantés par les paysans lors de rites de divination Partit, traînant sa queue, de Biéloosero, accomplis par des diseuses de bonne aventure, qui lisaient les lignes de la Vivat ! main au-dessus de soucoupes noircies à la fumée. S’agit-il d’un rituel authen- On vit ses écailles briller comme l’argent, tique ? La question reste ouverte. Mais on retrouve surtout ici cet imaginaire Vivat ! Briller comme de l’or, briller comme de l’argent « primitif » qui est au fondement du style stravinskien : la prosodie est soumise Vivat ! au rythme musical, les répétitions mélodiques et rythmiques ainsi que les éclats Son dos était couvert, tout couvert de joyaux, de voix créent un climat archaïsant, et les cors, ajoutés en 1954, forment un Viva ! contrepoint altérant la simplicité un peu rustique de la version initiale. Sa tête était ornée d’un riche diadème, Vivat ! Ses yeux, ah ! Christophe Corbier C’était deux gros diamants. Viva ! 4. Monsieur Ventru Monsieur Ventru s’en va vers le champ de navets, Hourrah! Vois ! Il va portant un plein boisseau de puces, Hourrah! Un plein de puces, et un plein de poux. Hourrah ! 4 5 SERGE PROKOFIEV 1891-1953 une grande virtuosité de l’interprète, dont le jeu doit être précis et puissant. Cette mécanique implacable laisse place à un thème populaire, dans la plus o Concerto pour piano et orchestre n 2 pure tradition de Rimski-Korsakov. Combinant ces deux éléments, Prokofiev Composé en 1912-1913 (1e version) et 1923 (2e version). Créé le 5 septembre 1913 à Pavlovsk (Russie) par accroît la tension jusqu’à la conclusion, dont l’énergie et la puissance préfi- le compositeur. Nomenclature : piano solo ; 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons ; 4 cors, 2 trompettes, gurent la Suite scythe (1916). 3 trombones ; 1 tuba ; timbales, percussions ; les cordes. Christophe Corbier L’année 1913 est marquée par deux scandales provoqués par des compo- siteurs russes : à Paris, Le Sacre du printemps de Stravinsky, événement fon- dateur de l’avant-garde musicale ; à Pavlovsk, le Deuxième Concerto pour piano de Prokofiev, tout jeune pianiste et compositeur prodige, sorti avec les honneurs du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Musique « futuriste », proclament certains auditeurs après la création de l’œuvre, en référence au futurisme italien qui subvertissait alors, avec Luigi Russolo (auteur du manifeste L’Art des bruits publié en mars 1913), les frontières traditionnelles entre musique et bruit. Mais les huées, même si elles ont plu à Prokofiev, peu mécontent du tapage suscité par le concerto, ne doivent pas occulter son ancrage dans les traditions académiques. Les fulgurances harmoniques et les éruptions orchestrales qui le parcourent de bout en bout ont finalement peu en commun avec la révolution du Sacre, et Prokofiev, lauréat du Prix Ru- binstein en 1914, est encore attaché bien souvent à la langue de ses aînés. Le premier mouvement est imprégné d’un esprit romantique qui n’est pas sans rappeler Rachmaninov. Après quelques pizzicati énonçant un premier motif important, le piano introduit, sur un tapis de cordes et dans un rythme ondoyant, un thème lyrique aux harmonies complexes qui contraste avec le second thème, aux contours plus acérés et d’une rigueur quasi-mécanique. L’ensemble est coulé dans le moule classique de la forme sonate (exposi- tion-développement-réexposition). L’immense cadence est le point culminant du mouvement : cette cadence, dans laquelle Prokofiev exige de l’interprète une extrême virtuosité, est peut-être le moment « futuriste » de l’œuvre par ses dissonances et par son écriture pianistique ; c’est du moins ce passage d’un romantisme exacerbé qui a le plus déconcerté les auditeurs en 1913. La cadence se termine par l’entrée massive de l’orchestre, qui s’efface pour laisser résonner une dernière fois le premier thème. Les deux mouvements suivants, Scherzo et Intermezzo, sont placés en regard et se substituent au mouvement lent des concertos traditionnels. Le Scherzo est une toccata véloce, brève, emportée, tandis que l’Intermezzo revêt la forme d’une marche ironique et « primitive », telle que les affectionne Proko- fiev. Enfin, le finale, par la vivacité de son premier thème, requiert là encore 6 7 Dans le feuillage secret duquel on sent parfois Claude Debussy CLAUDE DEBUSSY 1862-1938 La présence de la colombe, La Damoiselle élue Pendant que chaque feuille, touchée par ses plumes, Dit son nom distinctement. La Damoiselle élue Chœur La damoiselle élue s’appuyait Composé en 1887-1888. Créé le 8 avril 1893 à Paris, à la Société nationale de musique par Julia et Thérèse Tous deux nous chercherons les bosquets Sur la barrière d’or du Ciel, Robert, sous la direction de Gabriel Marie. Nomenclature : soprano solo, contralto solo, chœur de femmes ; Où trône Dame Marie Ses yeux étaient plus profonds que l’abîme Avec ses cinq servantes, dont les noms 3 flûtes, 3 hautbois dont 1 cor anglais, 3 clarinettes dont 1 clarinette basse, 3 bassons ; 4 cors, 3 trompettes, Des eaux calmes au soir. Sont cinq douces symphonies : 3 trombones ; 2 harpes ; les cordes. Elle avait trois lys à la main Cécile, Blanchelys, Madeleine, Et sept étoiles dans les cheveux. Marguerite et Roselys. Une récitante Il craindra peut-être, et restera muet, The Blessed Damozel est l’un des plus célèbres poèmes de Dante-Gabriel Sa robe flottante Alors, je poserai ma joue N’était point ornée de fleurs brodées, Rossetti, chef de file du mouvement préraphaélite en Angleterre dans la se- Contre la sienne ; et lui parlerai de notre amour, Mais d’une rose blanche, présent de Marie, Sans confusion ni faiblesse, conde moitié du dix-neuvième siècle. Publié en 1850, il avait aussi inspiré à Pour le divin service justement portée ; Et la chère Mère approuvera Ses cheveux qui tombaient le long de ses épaules Mon orgueil, et me laissera parler. Rossetti un tableau que Debussy admirait. Lys blancs, vierges désincarnées, Étaient jaunes comme le blé mûr. amour mystique, jeune fille langoureusement chaste, l’atmosphère de cette Elle-même nous amènera la main dans la main « Damoiselle élue » est caractéristique de l’esthétisme de Rossetti et de ses Chœur À Celui autour duquel toutes les âmes Autour d’elle des amants S’agenouillent, les innombrables têtes claires rangées amis préraphaélites, dont les œuvres entraient en résonance avec le courant Nouvellement réunis, Inclinées, avec leurs auréoles. symboliste en France. Répétaient pour toujours, entre eux, Et les anges venus à notre rencontre chanteront, leurs nouveaux noms d’extase ; S’accompagnant de leurs guitares et de leurs citoles. Et les âmes, qui montaient à Dieu, Debussy, qui s’inspirait alors de Verlaine et de Baudelaire, a découvert le Passaient près d’elle comme de fines flammes.