Migrations Et Environnement En Tunisie : Relations Complexes Et Défis Pour Le Développement
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Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement Abdelala BOUNOUH et Sonia GSIR Décembre 2017 Au service des peuples et des nations Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement Abdelala BOUNOUH et Sonia GSIR Décembre 2017 Etude menée dans le cadre du projet conjoint OIM / PNUD Intégrer la migration dans les stratégies nationales de développement financé par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC) et mis en œuvre par l’OIM Tunis, en partenariat avec le ministère des affaires sociales. Au service des peuples et des nations Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les dénominations utilisées et la présenta- tionde la matière contenue dans ce rapport ne doivent pasêtre interprétées comme l’expression de quelque opinion que ce soit de la part de l’OIM s’agissant du statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région, ni de leurs autorités, pas plus que de leurs frontières. L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitentà la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en vue de résoudreles problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique etsocial grâce à la migration et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants. Ce rapport n’a pas été revu par le service d’édition de l’OIM. Publication réalisée grâce au soutien financier de : Editeur: Organisation internationale pour les migrations 6, Rue du Lac le Bourget Les Berges du Lac 1053 Tunis Tunisie Tél. : (+216) 71 860 312 / 960 313 / 861 097 Fax : (+216) 71 962 385 E-mail : [email protected] Site web : www.tunisia.iom.int/ Photographie de couverture : © Catastrophe, Jean Jacques MBIYA, 2017 (dimension 90x100) « Cette peinture traite la problématique des activités dévastatrices et lance une nouvelle réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter des effets désastreux. C’est aussi une façon de montrer au monde com- ment la nature nous parle et que nous lui devons la vie, parce que la nôtre dépend d'elle ». © 2018 Organisation internationale pour les migrations (OIM) Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle de la présentepublication est interdite sans autorisation écrite préalable de l’éditeur. Elle ne peut être, ni enregistrée dans un système d’archives, ni transmise par voie électronique ou mécanique, par xérogra- phie, par bande magnétique ou autre. PREFACE La migration est une thématique multidimensionnelle et transversale. Si de tout temps l’environnement a été un des nombreux facteurs qui a influencé la migration, la migration impacte également l’environnement. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) s’efforce de contribuer à une bonne gestion globale des migrations en prenant notamment en compte les liens entre migration, environnement et changement clima- tique. L’OIM soutient ainsi depuis une vingtaine d’années des programmes, des recherches et des politiques qui analysent ces thématiques enchevêtrées, contribuent à réduire la vulnérabilité des personnes exposées aux risques environnementaux et s’efforcent de renforcer les capacités des acteurs pour qu’ils puissent se saisir eux- mêmes de ces défis. Cette stratégie fait directement écho au Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui encourage la mise en place de mesures d’adaptation au changement climatique et de réduction des risques. Pionnière sur ces questions, l’OIM s’est dotée en 2015 d’une division « migration, environnement et change- ment climatique ». Par ailleurs, l’OIM a mis sur pied une Plateforme d’information sur lamobilité humaine face au changement climatique et élaboré un Atlas sur la migration environnementale dans le cadre d’un parte- nariat avec les Presses de Sciences Po. Pour toutes ces raisons, l’OIM Tunisie est très fière d’avoir soutenu la première étude de ce genre en Tunisie explorant les relations entre migration et environnement et leurs impacts sur le développement. Entreprise dans le cadre du projet « intégration de la migration dans les stratégies nationales de développe- ment » mis en œuvre par l’OIM Tunisie depuis 2014, ce travail est le fruit d’une collaboration multisectorielle particulièrement réussie entre divers ministères, le secteur académique, la société civile et des agences des Nations Unies. Cette étude a su mettre en évidence que la migration n’est pas une simple conséquence du changement cli- matique, mais peut, comme l’histoire l’a toujours montré, constituer un exemple d’adaptation et de résilience des populations aux changements environnementaux. Elle invite à ne pas isoler un déterminant spécifique de la migration – comme l’environnement – mais plutôt à comprendre comment interagissent et se renforcent les facteurs économiques, sociaux et environnementaux. Par ailleurs, ce document fournit des données nouvelles et des informations utiles sur lesquelles la Tuni- sie pourra s’appuyer dans le cadre de la mise en œuvre d’un certain nombre de processus internationaux, comme l’application de l’Accord de Paris sur le climat, l’élaboration du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et la mise en œuvre des objectifs de Développement Durable (ODD). Alors que les dégradations de l’environnement et les conséquences liées au changement climatique se font sentir chaque jour un peu plus dans chaque coin du monde, et auront probablement encore davantage de conséquences sur la mobilité des personnes dans un futur proche, l’OIM espère que cette première étude de la sorte en Tunisie encouragera les pouvoirs publics, la société civile et les représentants du monde aca- démique à explorer encore davantage ces thématiques et à intégrer ces questions dans la planification du développement national, régional et local. Lorena Lando Chef de mission de l’OIM Tunisie Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement 3 PREFACE La Tunisie est un pays qui a connu des changements politiques radicaux au cours des dernières années, et qui continue à connaître des bouleversements économiques importants, souvent gé- nérés par une inflation galopante. C’est aussi un pays dont les circulations migratoires sont im- portantes, tant à l’intérieur des gouvernorats qu’au-delà des frontières de ceux-ci, y compris les frontières internationales. Dans ce contexte de surdétermination des facteurs économiques et politiques, il pourrait pa- raître incongru de s’attacher au rôle des dégradations environnementales comme déterminant migratoire. La Tunisie reste pourtant un pays un peu oublié dans le champ des études sur les migrations environnementales. Quoique ce champ se soit considérablement développé au cours des dernières années, y compris en Afrique du Nord, les recherches menées en Tunisie y restent bien plus rares que celles menées dans les pays voisins. Les dégradations de l’environnement en Tunisie sont pourtant particulièrement marquées, et le seront davantage encore sous l’effet du changement climatique, alors que – comme le souligne justement ce rapport – plusieurs secteurs de l’économie tunisienne dépendent directement des conditions environnementales. Le grand mérite de ce rapport, c’est donc d’abord de mettre en lumière les enjeux politiques, économiques et sociaux soulevés par les dégradations de l’environnement et les impacts du changement climatique en Tunisie. Il est illusoire, en Tunisie comme ailleurs, de prétendre isoler les déterminants environnementaux des migrations : au contraire, il est essentiel de situer ces déterminants dans leur contexte économique et social, et de comprendre comment les facteurs environnementaux interagissent avec d’autres facteurs dans la génération des flux migratoires. Ce rapport permet de se rendre compte de l’importance de ces influences mutuelles, soulignant par-là l’impossibilité de séparer imperméablement les motifs de migrations les uns des autres. A l’heure où les politiques migratoires, en Europe et ailleurs, semblent se fonder sans cesse da- vantage sur l’établissement de catégories migratoires délimitées par le motif de la migration, ce rapport interroge naturellement sur la possibilité de l’établissement de telles catégories. Au-delà, il ouvre aussi des perspectives nouvelles de recherches pour l’étude des migrations en Tunisie. De plus en plus, le pays fait l’expérience d’une immigration en provenance d’Afrique sub- saharienne, et devient un pays de transit vers l’Europe. Cette migration d’Afrique subsaharienne est aussi liée aux effets du changement climatique sur le continent, et s’opère par étapes, selon des itinéraires de plus en plus fragmentés. En Afrique, où l’agriculture de subsistance constitue la principale source de revenus d’un ménage sur deux, les crises environnementales sont aussi des crises économiques, et les migrations environnementales sont donc aussi des migrations économiques. De même, il faudra s’interroger sur le poids des facteurs environnementaux dans les flux migratoires de la Tunisie vers l’Europe, ou vers les pays voisins. Dans un pays où de nom- breux secteurs-clefs de l’économie dépendent directement des conditions environnementales, comment le changement climatique affectera-t-il les conditions d’existence de nombreuses po- pulations ? Poser la question, c’est y répondre. François Gemenne Directeur de l’Observatoire Hugo 4 Migrations et environnement en Tunisie : Relations complexes et défis pour le développement REMERCIEMENTS Ce rapport a été élaboré par les consultants Sonia Gsir, Docteure en Sciences politiques et sociales de l’Université de Liège (consultante internationale) et Abdelala Bounouh, Doc- teur en Géographie Aménagement option urbanisme (consultant national) qui ont aussi dirigé une équipe trois enquêteurs et tois cartographes. Tout d’abord, les consultants re- mercient la cheffe de mission de l’OIM-Tunisie, Mme Lorena Lando pour sa confiance.