LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

RENCONTRE JEUNESSE ECOLOGIE A l’occasion du festival page VI La lutte contre les OGM Etonnants Voyageurs, qui se témoigne-t-elle de l'antiscience ? rend à Sarajevo, dialogue Le changement climatique entre Cees Nooteboom est-il imaginaire ? et Philippe Sollers sur Trois brûlots attaquent ERIC FAYE RICHARD MILLET HISTOIRE la culture européenne page II la vulgate écologiste page VII page III page IV Rois et favoris page VIII a Juifs cachés du Nouveau Monde Juifs cachés mencé dans les années 1590, suivie Vincente, le savetier vagabond, qui A la fin du XV e siècle, fin, les espions, les pressions sur endogames, un fonds variable de d’une autre dans les années connut de longues années de pri- l’entourage, l’organisation systéma- croyances et de coutumes et cette 1630-1640. Au Brésil, la chasse aux son, fut deux fois « réconcilié », tique de la délation, les « inspec- « valorisation du secret » uniformé- marranes a démarré plus tard, à affublé du san benito (la tunique nombre de juifs tions » des docteurs cherchant sur ment partagée. S’y ajoutent de l’extrême fin du XVIIe siècle pour d’infamie) et finalement condam- le sexe des hommes la petite coupu- nombreuses hybridations entre se poursuivre dans la première moi- né au bûcher en 1626 ; à l’érudit espagnols et portugais, re attestant une circoncision sym- éducation chrétienne et héritage tié du XVIIIe. Francisco Maldonna de Silva, bolique et, enfin, le terrible cérémo- juif, mais aussi, dans la tension artir, alors, n’était pas Des milliers de procès ont été impressionnant de détermination, convertis de force, nial du châtiment, lors des grands entre les deux, des formes de relati- une mince aventure. Ils ont tra- consignés dans les archives inquisi- qui défiait ses juges, citait Aristote trouvèrent refuge au autodafés publics où les irréducti- visme religieux et des tendances Pversé l’océan pour fuir l’Inquisition toriales. C’est là, dans ces liasses et multipliait les arguments théolo- bles étaient brûlés vivants et les sceptiques annonçant la moder- et miser sur l’avenir dans cette jaunies, que l’anthropologue giques dans une extraordinaire repentants tués avant d’être livrés nité. Amérique de tous les possibles, au Nathan Wachtel a retrouvé leurs combinaison de foi intense et de Brésil, au Mexique ou aux flammes. Face à une telle mena- Répression, synchrétisme, éro- Brésil, au Mexique, au Pérou et traces. A partir de ces sources à la passion pour la raison, avant d’être ce, l’obstination secrète des marra- sion des croyances, trois ou quatre dans les pays alentour. La plupart fois fragmentaires et détaillées brûlé vif en 1639 ; ou encore au au Pérou. Pour un temps nes paraît d’autant plus émouvan- siècles plus tard, il ne devrait rien venaient du Portugal où, en 1497, – comptes rendus d’interrogatoi- riche marchand d’esclaves Manuel te. Ils avouaient, se repentaient en rester. Or voici qu’aujourd’hui, tous les juifs avaient été convertis Bautista Perez, sur- seulement, puisque pour la plupart, tant la pression dans le nord-est du Brésil, dans des de force en nouveaux chrétiens. nommé « le Grand était forte, mais ils persistaient, familles chrétiennes, des prohibi- Leur fortune était inégale : il y Nicole Lapierre Capitaine », considéré l’Inquisition les rattrapa. inventaient d’innombrables ruses, tions alimentaires ou des habitu- avait parmi eux des hommes d’af- comme le guide spiri- des codes, des signaux, des simula- des inexpliquées, comme cette bou- faires puissants dont les activités res, observations des gardiens de tuel des judaïsants de Lima, en Dans un livre d’histoire tions, et puis, d’une arrestation à gie allumée pour « les anges » le s’étendaient sur plusieurs conti- prison, rêves plus ou moins prémo- dépit d’une dévotion chrétienne l’autre, sur dénonciation le plus sou- vendredi, suscitent curiosité et nents, des chanceux enrichis dans nitoires d’un prisonnier notés par certaine et d’un attachement à la et de mémoire, vent, ils finissaient par être condam- mouvement de retour vers la foi de les fameuses mines d’argent du un mouchard, et jusqu’aux gémis- loi de Moïse plus mémoriel que reli- nés à périr comme « relaps ». possibles ancêtres juifs. Anthropo- Potosi péruvien, des commerçants sements du malheureux ligoté sur gieux ; un homme très connu vers Nathan Wachtel arrache A travers cette saisissante et logue autant qu’historien, familier jouissant d’une relative aisance, de un chevalet et soumis à la ques- qui tous les regards convergeaient savante recherche au long cours, des voyages entre présent et passé, modestes artisans et des colpor- tion –, il recompose une série de lors de ce même autodafé de 1639. ces marranes à l’oubli Nathan Wachtel a atteint son Nathan Wachtel a rencontré quel- teurs misérables. Riches ou pau- portraits d’une remarquable vivaci- La pratique clandestine du judaïs- objectif : construire à la fois une ques-uns de ces marranes contem- vres, ils ont été rattrapés par le té. La restitution de ces figures mar- me se cachant dans l’espace domes- sainte, disait-on, qui avait le don de mémoire vivante et une histoire porains, tel Odmar Pinheiro Braga, du Nouveau Monde bras long de l’Inquisition venue tra- ranes doit tout à l’art méticuleux et tique, les femmes y prenaient une prophétie et qui permettait à ses intelligible. Ces figures marranes homme de mélanges assurément, quer outre-Atlantique ceux qui à la science profane de l’historien, grande part. D’où la persécution de filles d’avoir des relations sexuelles arrachées à l’oubli ou, pour certai- guide religieux, policier et poète. étaient soupçonnés de judaïser en mais elle n’est pas sans évoquer la ces «matrones»qualifiées de «dog- à condition que celles-ci soient nes, au glacis de la légende, acquiè- Mais ce n’est là qu’un début d’en- secret. Dans les possessions espa- tradition juive consistant à rappe- matistes » et de « rabbines » par les accompagnées de jeûnes. Pour rent une singulière densité. Les sta- quête, le sujet d’un livre à venir, gnoles où trois tribunaux du Saint- ler le souvenir de ceux qui sont inquisiteurs. Leonor Nunez, par Nathan Wachtel, cette surprenante tuts, les itinéraires, les caractères que l’on attend déjà. Office furent installés à Lima, à morts pour « la sanctification du exemple, une fervente à laquelle les association entre rapports charnels de ces personnages diffèrent, cha- Mexico, puis à Carthagène, une pre- nom » (tués en tant que juifs). Un judaïsants de Mexico s’adressaient et observances rituelles s’inspirait que parcours est unique et, en LA FOI DU SOUVENIR mière vague de répression a com- destin commun à l’humble Juan pour la toilette des morts, une peut-être de courants illuministes même temps, de portrait en por- Labyrinthes marranes chrétiens, mais elle se rapprochait trait, se dégagent des manières de Nathan Wachtel. également des rites de certains d’agir et de penser communes : Seuil, « Librairie du XXIe siècle », groupes juifs hérétiques cherchant une préférence pour les alliances 528 p., 24,39 ¤ (160 F). à hâter l’avènement de la Rédemp- tion par des pratiques orgiastiques. Il n’est pas toujours aisé, en effet, de faire la part des influences dans le synchrétisme marrane qui pre- nait parfois la forme de surpre- nants « bricolages » théologiques. Ainsi, au Brésil, la maladroite et naïve Theresa Paes de Jesus avoua pour sa défense une sorte de «mar- a ranisme à l’envers » : elle n’avait judaïsé qu’en apparence, pour com- plaire à ses proches, tout en conser- vant en son for intérieur la foi chré- tienne, mais une foi sacrilège qui scandalisa le tribunal et lui valut Trois brûlots d’être condamnée au bûcher, car elle avait crû que « Moïse et Jésus étaient la même personne, fils de la reine Esther elle-même assimilée à la Vierge Marie ». Soupçon et répres- sion frappaient aussi les « vieilles chrétiennes » ayant épousé un judaïsant, telle Maria de Zarate, emprisonnée, interrogée, examinée par des médecins cherchant sur son épaule la cicatrice révélatrice d’une bizarre « circoncision » et qui assista au supplice de son époux, l’inflexible Francisco Botello, brûlé vif sur la Plaza Mayor de Mexico en 1659. L’acharnement des juges était d’autant plus implacable qu’il était enté sur une absolue certitude de défendrelebienetlevrai.Fortsde cette terrible conviction, tout leur était bon pour démasquer les judaï- sants, obtenir aveux, dénonciations et actes de contrition : la torture comme les débats cléricaux sans

Détail de la fresque murale sur l’écologisme de Diego Rivera représentant l’histoire du Mexique de la conquête e

PALACIO NATIONAL MEXICO/BRIDGEMAN ARTespagnole LIBRARY jusqu’au XX siècle

www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17627 – 7,90 F - 1,20 EURO MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Le mystère de Toulouse b L’enquête n’a toujours pas établi les raisons de l’explosion qui a fait 29 morts le 21 septembre b Les experts interrogés par « Le Monde » affirment que les hypothèses officiellement avancées ne sont pas crédibles b Un acte de malveillance ne peut pas être totalement écarté

PLUSIEURS ZONES d’ombre détonateur. Cette lacune permet demeurent sur les causes de la difficilement de privilégier la thèse catastrophe de Toulouse, qui a pro- de l’accident «à99%», ainsi que voqué la mort de vingt-neuf person- l’avait fait le procureur. L’hypothè- nes, vendredi 21 septembre. Telle se d’un acte de malveillance ne sem-

LAURA RAUCH/AP qu’elle est formulée par le procu- ble donc pas pouvoir être écartée. reur de la République et par le Dans l’attente de la venue de Lio- directeur de la société Grande- nel Jospin, vendredi 28 septembre, Paroisse, qui exploitait l’usine d’en- au cours de laquelle le premier La crainte d’autres attentats grais où le drame s’est produit, l’hy- ministre devait rencontrer les élus pothèse accidentelle ne résiste pas toulousains et régionaux, de nom- Que faire contre des armes bactériologiques ou chimiques ? à l’analyse des chimistes et des spé- breux maires ont interpellé le gou- cialistes du nitrate d’ammonium – vernement sur le devenir des sites GEORGE W. BUSH devait pré- conduire des camions transportant le produit à l’origine de l’explosion. industriels présentant des risques senter, jeudi 27 septembre à Chica- des matières dangereuses. Aux Celle-ci n’a pu avoir lieu sans l’ap- pour les populations dans les zones go, une série de mesures destinées abords de Manhattan, les camions port d’une très importante quanti- urbaines. La décision d’ordonner le à restaurer la confiance de ses sont systématiquement fouillés. té d’énergie. déménagement de ces sites ne relè- concitoyens. Car les Américains L’Organisation mondiale de la san- La thèse de la décomposition len- ve en effet que de l’Etat. A Toulou- redoutent de nouvelles attaques té a mis en garde contre l’utilisa- te du nitrate d’ammonium – qui est se, en outre, les deux usines voisi- terroristes. Le FBI est persuadé tion d’armes bactériologiques - un produit stable – dans son han- nes de celle d’AZF, où s’est produi- que d’autres formes d’attentats variole, anthrax, etc. – ou chimi- gar de stockage, suivie d’un auto- te l’explosion, appartiennent à avaient été préparées, au moyen ques, et l’un de ses responsables allumage, est catégoriquement reje- l’Etat et relèvent du ministère de la de petits avions utilisés en agricul- explique au Monde que l’OMS dis- tée par les chercheurs. En outre, défense. M. Jospin devait annoncer ture pour épandre des pesticides, pose d’un système mondial de sur- tous les accidents recensés par le des mesures d’urgence, notam- et de camions bourrés de produits veillance. A , cette question passé ont impliqué un « détona- ment pour le relogement et la chimiques ou d’explosifs. Une ving- « hautement sensible » est classée teur » : soit un incendie prolongé, reconstruction des établissements taine de personnes arrêtées par le « confidentiel défense ». soit une violente explosion primai- scolaires. FBI possédaient, ou cherchaient à re. Pour l’heure, l’enquête n’a pas acquérir, des permis permettant de Lire pages 4 et 5 identifié ce qui aurait pu servir de Lire pages 14 et 27 SOMMAIRE Les écologistes américains au pas cadencé derrière la bannière étoilée b L’impact sur l’économie : Le FMI annonce 2,6 % de croissance LA CAMPAGNE des Etats-Unis contre le propos de sa position sur le taux d’arsenic de membres de Greenpeace USA était passé mondiale en 2001 au lieu des terrorisme a déjà provoqué un dégât collaté- dans l’eau potable a été annulée. « On verra de 1 800 000 avant la guerre du Golfe à 3,2 % prévus auparavant. Il émet ral : le renvoi aux oubliettes des préoccupa- plus tard si on la diffuse, dit le porte-parole du 1 200 000 en 1992. Il est depuis descendu aux l’hypothèse d’un léger rebond de tions et de la contestation écologique. Dans la NRDC, Alan Metrick. La nation est aujourd’hui enfers, avant de connaître une timide remon- l’économie américaine en 2002 et foulée des attentats du 11 septembre, les prin- unie : nous ne voulons pas apparaître en désac- tée : 260 000 membres aujourd’hui. Les autres affiche une relative inquiétude cipales organisations environnementales amé- cord avec le gouvernement. On va chercher les ONG ont retenu la leçon : en temps de guerre, pour la France. L’OPEP cherche à ricaines ont, avec une belle unanimité, retiré moyens de l’attaquer sur les questions d’environ- tout le monde derrière le drapeau. LAURENT REBOURS/AP stabiliser les cours du pétrole à un ou amendé leurs campagnes. Le Sierra Club, nement sans impliquer le président. » Sur le plan politique aussi, les préoccupa- PROCHE-ORIENT niveau supportable. p. 2 et 3 organisation californienne de défense de la Greenpeace a, pour sa part, annulé les célé- tions environnementales sont renvoyées à des nature, a donné le ton en proclamant que «le brations de son trentième anniversaire, qui jours meilleurs. La première des réunions qui b Consultations diplomatiques : temps présent doit être au chagrin, à la devaient avoir lieu le 15 septembre. Et sa cam- devaient se tenir à la Maison Blanche dans la A Gaza, Les Etats-Unis ne font pas appel à réflexion et aux solutions pour la crise immédia- pagne contre le bouclier antimissile, qui était semaine du 11 septembre pour arrêter la posi- l’Alliance atlantique pour ripos- te. La nation est confrontée à d’autres problè- devenue un de ses axes stratégiques, est tion de l’administration sur le climat a été Pérès-Arafat ter. Ils soumettent à l’ONU un pro- mes à plus long terme, mais l’heure n’est pas à entrée dans la catégorie des espèces en dan- reportée sine die. De même, le projet de loi sur L’entrevue entre Shimon Pérès et Yasser jet de résolution contre le terroris- en débattre. » Le Sierra Club a envoyé une ger. Greenpeace USA est de surcroît confron- les émissions de polluants, qui promettait une me. La troïka européenne en Iran. note à tous ses membres les invitant à ne plus tée à un problème délicat : quinze de ses mem- belle bataille au Congrès, attendra sans doute Arafat a eu lieu, mercredi 26 septem- La Chine s’inquiète d’une poussée critiquer en public le président Bush, dont la bres doivent passer en procès le 20 novembre la fin de la campagne « Liberté immuable ». bre, dans un climat tendu, à l’aéroport américaine en Asie centrale. En politique environnementale était, depuis son pour avoir pénétré dans une base militaire en Evidemment, l’esprit du public est ailleurs. Est- international de Gaza. Les projets envi- France, Lionel Jospin a annoncé arrivée à la Maison Blanche, particulièrement juillet afin de protester contre le bouclier. ce qu’il sera plus facile pour l’administration sagés lors de cette rencontre sont très un débat au Parlement mercredi brutale. Dans le contexte actuel, ils risquent la prison de faire passer ses vues sur l’environnement ? modestes et peu novateurs. Il s’agit 3 octobre. p. 6 et 7 Au NRDC (Natural Resources Defense ferme. Mais une campagne de soutien active « Oui », répond sans hésiter Alan Metrick, de Council, 530 000 membres), le site Web a été ne sera sans doute pas populaire. L’organisa- NRDC. « Maintenant, il sera plus dur de faire d’appliquer les plans sécuritaire et politi- b La situation critique des réfu- nettoyé de toute critique à l’encontre du prési- tion se souvient douloureusement de ce que avancer nos idées. » que établis au printemps. p. 9 giés : Le Pakistan maintient sa fron- dent Bush, tandis que la diffusion d’une publi- lui avait coûté, en 1991, sa position hostile à tière fermée aux Afghans. Reporta- cité télévisée stigmatisant l’administration à l’intervention américaine en Irak : le nombre Hervé Kempf f www.lemonde.fr/israel-palestiniens ges. Les Afghans pris au piège dans leur pays, déplore le HCR. p. 8 POINT DE VUE b Horizons-Enquête : Etre Arabe à New York, où même les mieux intégrés s’angoissent. Le reporta- ge de Dominique Le Guilledoux. Sortir du flou p. 10 b Horizons-Débats et Analyses : par Robert Malley Deux points de vue, par Juliette Minces, Dominique Eddé et Daniè- I le propre d’un bon nent une large coalition (compre- le Sallenave. Deux analyses : discours est de beau- nant les alliés traditionnels « Aux Etats-Unis, le retour de coup dire sans trop révé- comme les moins attrayants : l’Etat dans l’économie », par Chris- Sler et de plaire sans trop Iran, Syrie) visant un objectif tophe Jakubyszyn et Laurent Mau- s’engager, alors celui de Geor- ciblé (Ben Laden et ses réseaux duit ; « Les ambiguïtés de l’allian- ge W. Bush, le 20 septembre, fut directs) ; de l’autre, les tenants CONSOMMATION ce américano-pakistanaise », par presque un sans-faute. Sur la d’une coalition beaucoup plus Patrice de Beer. Notre éditorial : forme, d’abord : destiné à étroite et visant un objectif plus « Le Parlement oublié ». p. 12 et 13 rassurer le peuple américain à vaste (incluant Bagdad, Téhéran – L’euro double titre – sur la capacité de la je m’en tiens à une liste courte). b Culture : Les rappeurs musul- nation à surmonter la crise autant Le président Bush, semble-t-il, a sans peine mans rejettent la radicalisation de que sur la sienne propre à la maî- tranché… mais dans tous les sens. A moins de cent jours du passage à l’islam. Disiz La Peste, Kery James, triser –, le propos du président George W. Bush n’a mentionné Wallen condamnent les extrémis- aura largement atteint son but. qu’une poignée de cibles – le régi- l’euro, la majorité des Français conti- tes responsables des attentats Passé les dérapages verbaux des me afghan des talibans, Oussama nuent de vouloir ignorer la nouvelle du 11 septembre et disent com- jours qui ont immédiatement Ben Laden, al-Qaida, le Djihad monnaie. Où se procurer des convertis- bien ils sont attachés aux valeurs suivi l’attaque, le chef de l’Etat islamique égyptien ainsi qu’une seurs ? Existe-t-il des moyens de calcul morales de l’islam, cette religion s’est montré à l’aise, jouissant du organisation ouzbèke –, tout en mental pour faciliter la conversion ? qui imprègne leurs textes. p. 31 plein contrôle de ses gestes évoquant tout groupe terroriste à Quels sont les nouveaux « euro-mots » comme de son verbe. Un prési- portée globale. f www.lemonde.fr/11septembre2001 dent qui se cherche depuis main- L’administration américaine qui vont entrer dans notre vocabulai- tenant huit mois a su trouver tend les bras implicitement à la re ? Un petit guide pratique. p. 28 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- enfin l’accent juste, le timbre de Syrie et à l’Iran, tout en menaçant re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; voix qu’il fallait et le difficile les nations qui apporteraient aide f www.lemonde.fr/euro Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, équilibre entre colère, émotion et ou abri au terrorisme. 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal détermination. International...... 2 Aujourd’hui ...... 27 CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; Sur le fond, la question centrale Lire la suite page 13 Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA Horizons ...... 10 Abonnements ...... 30 (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. à laquelle George W. Bush se France-Société...... 14 Jeux ...... 30 devait de répondre était : quelle Régions ...... 18 Culture ...... 31 E coalition pour quel objectif ? La est ancien M 0147 - 928 - 7,90 F - 1,20 Robert Malley Entreprises...... 20 Guide culturel ...... 33 nature de l’objectif façonnant, conseiller spécial du président Bill Communication...... 22 Kiosque ...... 34 bien entendu, les contours de la Clinton pour les questions israélo- Tableau de bord ...... 23 Radio ...... 35 coalition et vice versa. Il faut dis- arabes et chercheur au Council on 3:HJKLOH=UU\^U\:?a@j@m@i@k; Carnet...... 26 Télévision ...... 35 tinguer, d’une part, ceux qui prô- Foreign Relations. 2 L’IMPACT SUR L’ÉCONOMIE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

CONJONCTURE Le Fonds moné- 2,6 % en 2001 et de 3,5 % en 2002. pour en évaluer les conséquences. La France, pour sa part, devrait con- compagnies aériennes continuent à taire international (FMI) a revu, mer- b LES EXPERTS DU FMI soulignent b POUR LA ZONE EURO, la croissance naître une progression du produit réduire massivement leurs effectifs. credi 26 septembre, à la baisse ses que ces chiffres ont été établis sans devrait tomber à 1,8 % cette année intérieur brut (PIB) de 2 % et de Mercredi, Delta Airlines et Air Canada prévisions pour l’économie mondiale. tenir compte des incertitudes liées au au lieu des 2,4 % prévus au prin- 2,1 % sur les deux années considé- ont annoncé la suppression, respecti- La croissance ne devrait être que de attentats, faute du temps nécessaire temps, et remonter à 2,2 % en 2002. rées. b EN AMÉRIQUE DU NORD, les vement, de 13 000 et 9 000 emplois. La croissance mondiale menacée par les conséquences des attentats Le Fonds monétaire international mise, dans son rapport présenté mercredi 26 septembre à Washington, sur une croissance de 2,6 % en 2001 et de 3,5 % en 2002. Mais il admet que ces chiffres ne tiennent pas compte de la crise engendrée par l’attaque terroriste commise aux Etats-Unis

LA RÉCESSION américaine ? les attentats avaient été pris en M. Rogoff a enfoncé le clou, du Fonds monétaire international. mes de l’économie japonaise et une au plus vite dans leur secteur finan- « c’est une affaire entendue » compte, mais nous avons décidé de jugeant « prématuré de quantifier « Les derniers indicateurs prouvent volonté des autorités d’y répondre ». cier. Pour l’Amérique latine, le (« done deal ») a lâché, mercredi ne pas présenter une conclusion ce qui va arriver, notamment aux que l’activité et la confiance conti- Le Fonds trouve également des bilan est très mitigé avec, d’une 26 septembre, le tout nouvel éco- hâtive ». Etats-Unis, compte tenu des incerti- nuent de s’affaiblir dans les grands raisons de se réjouir de la résistan- part, les conséquences du ralentis- nomiste du Fonds monétaire inter- Le très court délai entre les atta- tudes économiques et non économi- pays de la zone. Or, à l’inverse des ce des marchés financiers. La réac- sement des exportations vers les national, avant de faire amende ques terroristes à New York et ques. Ce qui est clair est que l’écono- Etats-Unis, il y a relativement peu tion des responsables politiques et Etats-Unis, notamment pour le honorable, dire qu’il « n’aurait pas Washington et la publication du mie américaine ne relèvera pas la de mesures d’assouplissement pour économiques, avec des baisses con- Mexique, et, d’autre part, les con- dû employer » ce mot et promis rapport a placé le FMI face à un tête aussi vite que nous l’avions espé- compenser » cette faiblesse, criti- certées des taux monétaires aux séquences de la crise financière en « de ne plus le prononcer à l’ave- dilemme. Soit revoir les chiffres ré ». En un mot, l’économie mon- que le FMI. Etats-Unis et en Europe et un Argentine et des pénuries d’éner- nir ». Le lapsus de Kenneth sans vraiment connaître l’ampleur diale remonte moins vite que pré- Pour le Japon, le bilan du FMI paquet de mesures de stimulation gie au Brésil. Rogoff, qui avait la tâche délicate exacte des conséquences, soit les vu, elle part de plus bas, et person- Le ralentissement économique de présenter à Washington les pré- maintenir au risque de les voir très ne ne sait combien de temps dure- mondial, en freinant la demande visions économiques mondiales de vite dépassés. Tout en faisant le ra ce ralentissement. La peur d’un retour du protectionnisme de matières premières, va se réper- l’institution pour 2001 et 2002, en Malgré ces incertitudes, le FMI cuter sur l’Afrique, continent qui dit long sur la fragilité de l’environ- trouve des raisons de conserver L’économie mondiale profiterait d’un nouveau cycle de négocia- reste frappé par la pauvreté et les nement économique actuel et les Selon le rapport « un optimisme prudent ». Dans le tions au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), estime ravages du sida. « Avec des exporta- précautions qu’il convient de pren- cas des Etats-Unis, il estime que le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport annuel. tions comptant pour plus d’un tiers dre pour ne pas affoler le consom- du FMI, les mesures prises avant et depuis « Les gains potentiels résultant d’une disparition des barrières sur les de la croissance en Afrique », le mateur sur lequel repose en gran- les attentats vont encourager la échanges de marchandises sont considérables, de l’ordre de 250 à 680 mil- ralentissement mondial va affai- de partie le sort de l’économie « le Japon devrait reprise rapide de la croissance. Les liards de dollars par an », affirme le FMI, en ajoutant que ceux pour blir les échanges commerciaux mondiale. Pour avoir tenu des pro- baisses des taux, les réductions les services seraient « encore plus importants ». Environ un tiers de « particulièrement ceux avec l’Euro- pos jugés trop pessimistes, connaître d’impôts et le paquet de soutien à ces gains profiteraient aux pays en voie de développement. pe, qui absorbe environ 40 % des Michael Mussa, prédécesseur de l’économie devraient permettre à Le Fonds craint l’échec de la prochaine réunion de l’OMC début exportations de la région », pour- Ken Rogoff et grand prêtre écono- sa quatrième l’activité de repartir rapidement, novembre. Cela « réduirait la confiance (…) dans les engagements à suit le rapport du FMI. mique du FMI, a été remercié au avec un cycle économique « en garantir une plus grande libéralisation des échanges ». Les pressions C’est paradoxalement grâce aux printemps. récession sur les dix forme de V », selon Kenneth protectionnistes seront beaucoup plus difficiles à contenir « si l’écono- bonnes performances de la Russie Présenter des prévisions établies Rogoff. En Europe, il juge l’arme mie mondiale ralentit et il y a peu de perspectives de progrès sur le front (4 % cette année et l’année prochai- avant les attentats du 11 septem- dernières années » de la relance budgétaire, prônée multilatéral », conclut le FMI. – (AFP.) ne), de la Chine (7,5 % en 2001, bre et dans une ignorance totale par certains pays membres de 7,1 % en 2002) et de l’Inde (4,5 % de ce qui arrivera demain sur le l’Union européenne, « brutale » et cette année puis 5,7 % en 2002) plan économique et militaire, rele- second choix, le Fonds a pris des que la Banque centrale européen- reste sombre, avec une contrac- de l’économie américaine, est éga- que les prévisions pour l’économie vait pourtant du tour de force. En précautions dans la rédaction du ne a encore des marges de tion de l’économie de 0,5 % en lement positive, souligne le rap- mondiale restent relativement sou- annonçant une croissance mondia- rapport. « Clairement, les récents manœuvre pour baisser ses taux. 2001 et une timide reprise (+ 0,2 %) port. Mais il réitère ses appels à tenues. Or, ce sont tous trois des le de 2,6 % en 2001 et de 3,5 % en événements vont avoir un impact La zone euro devrait connaître en 2002. « Le Japon devrait connaî- des réformes structurelles en Euro- pays qui ne répondent pas totale- 2002, l’économiste a admis que sur l’activité à court terme et vont une croissance de 1,8 % en 2001, tre sa quatrième récession sur les dix pe pour relancer la croissance, met ment aux principes de l’économie l’année prochaine, elle serait ajouter aux risques déjà significatifs mais « si la reprise mondiale est dernières années », constate le rap- en garde contre les conséquences de marché prônés par le FMI. « sans doute inférieure » aux 3,5 % de baisse de l’activité aux Etats-Unis plus lente que prévu et si la confian- port. Mais M. Rogoff a reconnu, d’une plus grande détérioration de et que les chiffres de la croissance et ailleurs », sans toutefois donner ce des consommateurs continue de lors de la conférence de presse, la confiance des consommateurs Babette Stern en 2001 aux Etats-Unis (+ 1,3 %) d’indications chiffrées. Lors de la s’affaiblir », elle ne pourra pas qu’il y avait maintenant « une aux Etats-Unis et exhorte les auto- « auraient été sans doute plus bas si conférence de presse qui a suivi, s’en tirer à si bon compte aux yeux meilleure compréhension des problè- rités japonaises à faire le ménage f www.lemonde.fr/ecomonde En Argentine, la récession ne cesse de s’aggraver sur fond de pauvreté accrue BUENOS AIRES truction est tombée de 11,2 % en nale est officiellement de 16,4 %. (centre-est), a décidé, mardi 25 sep- bons monétaires comme l’a déjà quée depuis dix ans, ne fait qu’ag- de notre correspondante août 2000 en comparaison du Régulièrement, des manifestations tembre, de paralyser pendant fait une douzaine des vingt-quatre graver la perte de compétitivité de En dépit des prêts accordés ces même mois de l’an dernier. Selon et des marches de milliers de pau- soixante-douze heures tout le sec- provinces argentines dont celle de l’Argentine face aux pays qui déva- derniers mois par les organismes l’Institut national des statistiques vres et d’exclus, venus de l’inté- teur public par manque d’argent. Buenos Aires, qui regroupe le tiers luent leur monnaie. Les avis diver- internationaux pour sauver l’éco- (Indec), la consommation intérieu- rieur du pays, affluent vers la capi- Les écoles, les bureaux des fonc- de la population. Dans la capitale gent quant aux remèdes à appli- nomie argentine, la récession ne re est en chute libre avec, en août, tale pour dénoncer durement la tionnaires et les entreprises publi- même, les responsables des hôpi- quer. Certains prêchent une déva- cesse de s’approfondir alors que la des baisses de plus de 5 % dans les politique du ministre de l’écono- ques ont été fermés par décret taux publics dénoncent l’état luation du peso, d’autres évoquent pauvreté s’étend de façon vertigi- ventes des supermarchés et dépas- mie, Domingo Cavallo. Le mouve- alors que, dans les hôpitaux, seuls d’abandon des installations sanitai- une dollarisation de l’économie neuse. Depuis la fin de l’année der- sant les 16 % dans les grands cen- ment des piqueteros continue de des services d’urgence ont été res et le manque de médicaments. alors que M. Cavallo s’accroche nière, l’Argentine a obtenu l’octroi tres commerciaux. couper régulièrement les routes maintenus. Cette mesure désespé- désespérément à la loi de converti- de 40 milliards de dollars (44,4 mil- dans la province de Buenos Aires. rée vise à atteindre d’ici la fin de DÉVALUATION OU DOLLARISATION bilité qu’il a lui-même imposée en liards d’euros) de crédits et conver- SOUS-ALIMENTATION La grande majorité des provinces l’année le « déficit zéro » recherché Au niveau régional, la chute con- 1991. Dans son rapport annuel, le ti une partie de sa lourde dette à Les nouveaux impôts et les réa- sont en banqueroute. Dans un ges- par le gouvernement fédéral et exi- tinue de la monnaie brésilienne avi- FMI, recommande à nouveau aux hauteur de 30 milliards de dollars. justements successifs imposés aux te inédit et insolite, le gouverne- gé par le FMI. Le gouvernement de ve les tensions entre le Brésil et autorités argentines de « se concen- Début septembre, le Fonds moné- Argentins ont débouché sur une ment de la province de Entre-Rios Entre-Rios envisage d’émettre des l’Argentine, les deux principaux trer sur une application rapide et taire international (FMI) a versé à nouvelle réalité sociale. On ne partenaires du Mercosur, le mar- complète des mesures annoncées ». Buenos Aires une rallonge de 8 mil- parle plus seulement de l’appau- ché commun sud-américain qui Ces mesures draconiennes de réa- liards de dollars sans pour autant vrissement d’une classe moyenne, Le Brésil s’enfonce dans la crise regroupe également l’Uruguay et justement en vigueur depuis le déboucher sur une relance. A par le passé florissante, mais le Paraguay et auquel sont asso- mois de juillet sont très impopulai- moins de trois semaines d’élec- d’analphabétisme et de sous-ali- La situation financière brésilienne est de plus en plus inquiétante : ciés le Chili et la Bolivie. Sous l’im- res. La collecte fiscale est un échec. tions législatives et sénatoriales, le mentation, deux fléaux jusqu’alors le real a perdu 30 % de sa valeur depuis le début de l’année, et l’écono- pulsion des Etats-Unis, l’Argentine Le scénario pourrait devenir enco- 14 octobre, l’incertitude politique ignorés. 14 % de la population sont mie a vivement ralenti du fait de la crise d’approvisionnement éner- et le Brésil ont accepté une rencon- re plus dramatique dans les pro- et les profondes divisions qui affai- quotidiennement en butte aux pro- gétique qui perdure depuis le printemps et des difficultés de l’Argenti- tre au sommet, fixée au 8 octobre, chains mois. Le FMI mentionne les blissent la coalition de centre-gau- blèmes de la faim. Selon une récen- ne voisine. La monnaie brésilienne subit une nouvelle pression afin de négocier des mesures com- conséquences des attentats du che au gouvernement ne font que te étude de l’agence de consultants depuis les attentats du 11 septembre. Et la Bourse de Sao Paulo a pensatoires et une coordination 11 septembre aux Etats-Unis, qui renforcer le scénario de crise. Equis, l’indigence a augmenté de atteint mardi 25 septembre son point le plus bas depuis deux ans. Les macroéconomique visant à com- pourraient aggraver la crise avec Les indicateurs de la récession, plus de 4 % entre octobre 2000 et boursiers estiment que la situation va continuer à se détériorer, et il bler le déficit créé par la dévalua- un mouvement de repli des inves- profondément ancrée depuis qua- mai 2001. 5 260 000 Argentins est possible que Standard & Poor dégrade son évaluation du Brésil. tion de plus de 30 % du real brési- tisseurs vers des placements sûrs, rante mois, ne cessent de se creu- vivent en dessous du seuil de pau- Dans ce contexte, les annonces successives de réduction de la pro- lien au cours de l’année. Les expor- limitant les investissements dans ser. Le secteur de la construction vreté contre 3 780 000 huit mois duction automobile brésilienne par General Motors, Ford, Volkswa- tations argentines, dont 30 % sont les pays émergents comme l’Argen- automobile s’est écroulé (chute de auparavant. Ces populations sont gen et Fiat ont accentué le pessimiste des analystes. En août, les ven- destinées au Brésil, sont durement tine. 37,5 %) tout comme celui de la touchées à près de 45 % par le chô- tes d’automobiles et de camions avaient chuté de 7,4 % par rapport touchées. La parité entre la mon- métallurgie. L’industrie de la cons- mage alors que la moyenne natio- au mois d’août 2000. – (AP.) naie argentine et le dollar, appli- Christine Legrand Inquiétude relative pour la France LE FMI affiche une relative thèse d’un léger rebond de l’activi- estime le FMI. La France tourne inquiétude pour la France. Et qui té américaine en 2002, après le fort aujourd’hui au ralenti. Que ce soit ne date pas des attentats de New ralentissement de 2001, qui per- le commerce extérieur ou les inves- York et de Washington. Avant mettrait à la zone euro, et notam- tissements des entreprises, ils sont même que ceux-ci ne surviennent, ment à la France, dont le produit au point mort. Seule la consomma- il a en effet révisé à la baisse ses intérieur brut a progressé en ryth- tion des ménages résiste. L’aug- prévisions, ramenant de 2,6 % à me annuel à environ 1,5 % au pre- mentation du chômage depuis mai 2 % la croissance française pour mier semestre, de reprendre un et les incertitudes induites par les 2001 et de 2,6 % à 2,1 % celle peu de vitalité. attentats terroristes lui donneront- annoncée pour 2002. elles un coup fatal ? « L’économie française a semblé, LE PARI DE BERCY Le gouvernement fait le pari que dans un premier temps, résister rela- Le « repli des prix pétroliers » et non. Les baisses d’impôts, au pre- tivement bien au ralentissement éco- « un taux de change de l’euro tou- mier rang desquels l’allégement de nomique mondial à la faveur des jours favorable » permettraient éga- l’impôt sur le revenu ou encore la baisses d’impôts et de la croissance lement de renforcer la demande. montée en puissance de la prime de l’emploi », constate le FMI. Dans ce contexte incertain, le FMI pour l’emploi, et la relative désin- « Néanmoins, avec la nette baisse approuve les politiques de baisses flation la soutiendraient et permet- de la confiance des consommateurs d’impôts qui « contribuent à soute- traient à la France d’afficher une et des entreprises et la récente nir la consommation », mais regret- croissance de 2,5 % en 2002, esti- remontée du chômage, le rythme de te la frilosité de la Banque centrale me Bercy. l’activité s’est affaibli et devrait être européenne (BCE). Certes, elle a Encore faut-il, pour cela, que les similaire à ceux de l’Allemagne et abaissé « d’un point depuis le mois entreprises ne décident pas, au vu de l’Italie au second semestre de de mai » son principal taux d’inté- du contexte actuel, de geler leurs 2001 et en 2002 », ajoute le Fonds, rêt. Mais il existe « une marge de investissements en attendant d’y qui souligne par ailleurs les risques baisse supplémentaire des taux d’in- voir plus clair. Ce qui serait égale- qui pèsent sur ce scénario depuis térêt si la demande devait encore ment fatal à l’activité. les événements du 11 septembre. s’affaiblir et si les perspectives d’in- Pour l’heure, le FMI fait l’hypo- flation demeuraient favorables », Virginie Malingre L’IMPACT SUR L’ÉCONOMIE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 3

Effritement généralisé ÉVOLUTION DU PIB en pourcentage 2000 2001* 2002* 4,7 Les attentats coûteront 13 milliards 4,1 3,5 3,5 3,4 3,4

3,1 de francs au Lloyd’s de Londres 3,0 2,9 2,6 2,4

2,2 Le marché britannique de l’assurance va connaître des faillites 2,2 2,1 2,0 2,0 2,0 1,8 1,8 1,8 1,8 LE MARCHÉ britannique de l’as- du Lloyd’s. Les hausses de tarifs la mise en place d’une structure, 1,5

1,3 surance, le Lloyd’s, survivra-t-il aux d’assurance dans tous les domai- appelée Equitas, destinée à indem-

1,1 attentats du 11 septembre ? Plus de nes seront substantielles. niser tous les risques constatés 0,8

0,2 deux semaines après la catastrophe Les agences de notation sur- avant 1993, notamment ceux liés à américaine, le marché londonien a veillent avec attention l’ensemble l’amiante aux Etats-Unis. Le gou- chiffré, mercredi 26 septembre, le des assureurs et le Lloyd’s en parti- vernement était alors venu à sa res-

ZONE – 0,5 coût qu’il devra supporter à 1,3 mil- culier. Standard & Poor’s a abaissé cousse pour éviter la faillite. MONDE G7 EURO FRANCE ROY.-UNI ITALIE ÉTATS-UNIS ALLEMAGNE JAPON liard de livres, soit un peu plus de et mis sous surveillance sa note de L’estimation du marché londo- *PRÉVISIONS Source : FMI 2 milliards d’euros (13 milliards de solidité financière. Même chose nien de l’assurance se fonde sur les francs). pour Fitch qui motive sa décision résultats de cent syndicats, déte- Après une chute généralisée de l'activité en 2001, le FMI mise sur un net rebond en 2002, malgré de nombreuses Ce chiffre est un peu supérieur incertitudes économiques et nonéconomiques. aux estimations des experts (Le Monde du 20 septembre). C’est la L’Etat fédéral américain vient en aide aux assureurs catastrophe la plus lourde de son histoire de plus de trois cents ans. Après avoir versé 18 milliards de dollars (19,8 milliards d’euros) au L’OPEP sollicite une coopération accrue des pays Ce montant est supérieur au précé- secteur aérien, l’administration américaine envisage un soutien finan- dent record de 929 millions de cier aux assureurs. La forme que prendrait cette aide sectorielle est livres déboursés pour couvrir les débattue actuellement au Congrès, dans le cadre d’auditions des prin- producteurs de pétrole extérieurs au cartel dommages liés à l’ouragan Hugo en cipales compagnies d’assurances par des sénateurs et des avocats. Plu- 1989, et même au cyclone Andrew, tôt qu’une aide directe, dont les assureurs disent ne pas vouloir, l’ad- VIENNE « cible » de 25 dollars le baril, peut tains ont par le passé manifesté de 705 millions de livres en 1992. La ministration fédérale privilégie une réforme de l’assurance du risque de notre correspondante s’avérer encore plus vital dans ponctuellement leur bonne volon- facture totale des attentats aux terroriste et du risque de guerre. Il s’agirait de faire assurer ces ris- Eviter toute manœuvre brusque, l’épreuve actuelle. Les ministres té, notamment fin 1998, quand les Etats-Unis pour l’industrie de l’assu- ques par un pool d’assureurs et de réassureurs, jusqu’à un montant mais envoyer au marché un signal ont pourtant renvoyé à jeudi après- cours étaient tombés à 10 dollars. rance et de la réassurance, encore plafond, fixé de manière contractuelle et au-delà duquel l’Etat pren- suffisamment fort : tel est le dilem- midi l’annonce d’un accord, au ris- Les consultations avec les capitales provisoire, atteint de 27,5 milliards drait le relais. Ces discussions s’inspirent des solutions retenues en me que l’Organisation des pays que d’alimenter des rumeurs de dis- respectives de ces alliés potentiels à 33 milliards d’euros, voire plus. Grande-Bretagne et en Israël, mais aussi aux Etats-Unis pendant la exportateurs de pétrole (OPEP) sensions. Peut-être ont-ils senti se poursuivaient jeudi matin, tan- Pourtant, le Lloyd’s se veut rassu- seconde guerre mondiale. Déjà, l’Etat a annoncé qu’il prendrait à sa doit résoudre au plus vite si elle que la simple réaffirmation de leur dis que le secrétaire général du car- rant. Concédant qu’un montant de charge les indemnisations dépassant le plafond fixé par les assureurs veut stabiliser les cours à un niveau cohésion, assortie de quelques tel, le Vénézuélien Ali Rodriguez, cette ampleur « aura un impact pour les dommages au sol causés par des catastrophes aériennes. supportable – aussi bien pour ses phrases convenues sur la nécessité devait recevoir les envoyés des significatif », son président Saxon membres que pour une économie de renforcer la discipline (selon les trois principaux exportateurs non Riley affirme que sa solidité finan- mondiale au bord de la récession. experts, le cartel dépasse actuelle- OPEP : la Russie, le Mexique et la cière « lui permettra d’absorber les par le fait que ces pertes énormes nus par des particuliers, appelés Mercredi 26 septembre, lors de ment de 800 000 à 1,5 million de Norvège. pertes ». Pour justifier sa confiance, s’ajoutent « à celles, importantes, les « Names », des personnes for- leur première réunion à Vienne barils/jour son quota quotidien de Si l’OPEP obtient le ralliement de il cite « la taille des actifs » (30 mil- résultant des sinistres passés tunées qui s’engagent sur leurs depuis les attentats terroristes sur 23,2 millions de barils) ne suffirait ces acteurs de poids, sanctionné liards d’euros), « la répartition des [notamment l’attaque des Tigres biens propres, et des personnes le sol américain, les onze ministres pas à rassurer vraiment les mar- par un communiqué commun, elle pertes et la capacité de résistance tamouls sur Sri Lankan Airlines en morales. Le Lloyd’s a un fonction- représentant les pays du cartel chés : « Il y a accord au sein de sera en meilleure position pour des programmes de réassurance ». juillet)] ». De même, Moody’s exa- nement unique. Les syndicats paraissaient s’accorder bon gré mal l’OPEP, mais nous avons besoin d’un imposer sa discipline aux marchés Si « l’impact global à long terme mine avec soin la solvabilité de apportent une certaine richesse, et gré sur la nécessité politique de lais- délai supplémentaire pour arriver à et résister aux attaques spéculati- des attaques aux Etats-Unis reste à l’institution. donnent mandat à des souscrip- ser inchangés leurs quotas de pro- une forme de coopération satisfai- ves qui, cumulées à une perspective définir, il y aura certainement une teurs pour qu’ils encaissent des pri- duction et de conjurer toute tenta- sante avec les pays producteurs non de récession mondiale, ont entraî- contraction de la capacité globale NOUVEAU PLAN DE SAUVETAGE ? mes en fonction de ces investisse- tion de céder à la panique, alors membres », expliquait mercredi né un effondrement des prix. dans l’assurance, ce qui devrait La question est de savoir si le ments. Certains d’entre eux ne que les prix du pétrole brut chu- soir au Monde un haut responsable Ce serait aussi une manière élé- accroître les augmentations de pri- Lloyd’s pourra faire l’économie pourront pas échapper à la faillite. taient pour la troisième journée de la délégation iranienne. gante de répondre à la fois aux exi- mes amorcées au dernier trimestre d’un nouveau plan de sauvetage, consécutive : à Londres, le baril de gences politiques des Américains – 2000 », souligne un communiqué après celui de 1995, qui consistait à Pascale Santi Brent est descendu à 20,70 dollars « PARTAGER LES RESPONSABILITÉS » qui sollicitent dans leur « guerre (nettement au-dessous du plan- « Sont-ils prêts à s’engager à rédui- contre le terrorisme » leurs alliés tra- cher de 22 dollars fixé par le cartel). re leur production si nécessaire ? Le ditionnels des monarchies du Gol- « L’OPEP ne doit pas prendre de moment est venu de partager les res- fe, mais aussi de façon plus indirec- Plus de 100 000 suppressions d’emplois dans l’aviation américaine décision précipitée, a déclaré le ponsabilités, car c’est dans leur pro- te le régime de Téhéran – et aux ministre saoudien Ali Al-Naimi. Il pre intérêt d’aider à stabiliser le mar- besoins incompressibles de mem- LA PURGE n’est pas terminée chez les salariés du approuvé l’octroi d’une aide financière globale à l’indus- faut rester fermes et observer ce qui ché. » Quelques heures plus tôt, bres fortement peuplés ou endet- transport aérien. Pour la seule journée de mercredi trie, l’apport de liquidités a été calculé selon le manque à va se passer. Nous n’allons pas réa- M. Zanganeh reprochait publique- tés – tels l’Iran, l’Algérie et le Nige- 26 septembre, l’américain Delta Airlines a annoncé gagner engendré uniquement par les seuls événements du gir chaque fois que les prix font du ment aux producteurs extérieurs à ria –, dont la marge de manœuvre 13 000 suppressions d’emplois, Air Canada en a confir- 11 septembre (…) Or, la demande chute tandis que les Yo-Yo. » Une sagesse prônée aussi l’OPEP d’« augmenter leurs exporta- financière est limitée. « Pour les mé 9 000, et le constructeur aéronautique canadien coûts d’exploitation augmentent. Delta enregistre donc par son homologue iranien, Bijan tions sans égard pour la situation Saoudiens, il est moins dangereux de Bombardier a décidé, « par prudence », de supprimer un flux de trésorerie négatif ». Sur les suppressions d’em- Zanganeh : « Ce que nous voyons actuelle »etde« récolter les bénéfi- consentir quelques sacrifices sur les 3 800 postes au Canada, aux Etats-Unis et en Grande- plois, Leo Mullin a précisé qu’elles se feraient d’abord actuellement n’est pas dû aux don- ces » des mesures prises par le car- prix que de laisser les Américains uti- Bretagne dès cette année, se réservant la possibilité sur la base du volontariat, ensuite seulement seront nées fondamentales du marché. Il tel, qui a diminué à trois reprises liser leur base militaire Prince Sultan d’en supprimer 2 700 autres au début de 2002 si le appliqués les licenciements qui seront accompagnés de n’y a pas de raison de paniquer. » cette année sa propre production pour une opération punitive, affirme marché ne se redressait pas. Si l’on étend cette som- compensations « qui compteront parmi les plus généreu- Le rapprochement opéré depuis afin de soutenir les prix. Roger Diwan, analyste du bureau bre énumération à l’Europe, le scandinave SAS a con- ses de l’industrie du transport aérien ». Les 13 000 sup- trois ans entre l’Iran et l’Arabie Les ministres de l’OPEP ont ren- d'études Petroleum Finance, basé firmé le même jour son intention de supprimer de 800 pressions de postes chez Delta portent à 116 000 le saoudite – jadis ennemis —, qui contré à huis clos mercredi les à Washington. Quant aux Iraniens, à 1 100 emplois pour « pouvoir améliorer sa rentabilité nombre d’emplois supprimés en quinze jours dans le avait si bien réussi à l’OPEP durant représentants de plusieurs pays ils ont tout intérêt à conserver leur face à la baisse généralisée du trafic aérien ». Jeudi secteur aérien aux Etats-Unis. Pour montrer aux sala- la période faste de l’économie mon- producteurs – entre autres le Mexi- axe avec Riyad. » 27 septembre, LSG Sky Chef, filiale de restauration de riés qu’« il compatit à leur épreuve », Leo Mullin a diale, en lui permettant de mainte- que, la Russie, l’Angola, Oman, le Lufthansa, a annoncé qu’elle allait mettre jusqu’à annoncé qu’avec les autres dirigeants de la compagnie nir les cours autour du prix Kazakhstan et l’Egypte – dont cer- Joëlle Stolz 30 % de son personnel américain, soit 4 800 person- il ne percevrait aucun salaire ni d’autres rétributions nes, en congé forcé non rémunéré pour faire face aux pour le restant de l’année. Une initiative identique conséquences des attentats. avait été prise chez Continental. En Europe, en ce qui concerne les aides aux compa- Mobilisation économique mondiale SUR LA BASE DU VOLONTARIAT gnies, Bruxelles pourrait approuver des propositions Delta Airlines était la seule grande compagnie nord- le 10 octobre, pour qu’elles soient transmises ensuite TOO big to fail, trop importante plan les théories libérales du libre lars a été débloqué pour les américaine à n’avoir pas encore annoncé de réduction au Conseil des ministres des transports le 16 octobre. pour faire faillite… L’expression uti- jeu de la concurrence et de la secours et l’armée. Des accommo- d’effectifs et de capacités. C’est désormais chose faite. Dans l’intervalle, « il va de soi que nous aurons les plus lisée au début des années 1990 rigueur budgétaire. Dans un pre- dements fiscaux supplémentaires En revanche, si ses deux grandes consœurs American grandes difficultés à accepter des décisions qui auraient pour les banques menacées de met- mier temps, les pays du G7 ont en faveur de la défense, de la cons- Airlines et United Airlines ont opté pour des réductions été prises de manière unilatérale, et qui de surcroît crée- tre la clef sous la porte à la suite de paré au plus pressé : maintenir le truction et du secteur aérien, du importantes – 20 % des effectifs et 20 % des capaci- raient des distorsions de concurrence », a déclaré Gilles bon fonctionnement des marchés tourisme pourraient être prochai- tés –, Delta a choisi une fourchette légèrement plus bas- Gantelet, le porte-parole de la commissaire aux trans- ANALYSE financiers. Les unes après les nement annoncés. L’administra- se : 15 % des capacités à partir du 1er novembre. Mercre- ports Loyola de Palacio. autres, les banques centrales des tion réfléchit à des aides pour le di, lors d’une conférence téléphonique, Leo Mullin, Les attentats ont fait principaux pays du monde ont secteur du tourisme, la location de PDG de Delta, a précisé que, « même si le Congrès a François Bostnavaron voler en éclats les injecté plusieurs centaines de mil- voitures, les agences de voyages. sacro-saints principes liards de dollars dans le système. La Grande-Bretagne devrait de l’orthodoxie libérale Dans la foulée, la Réserve fédérale assouplir les règles financières qui américaine a baissé ses taux d’inté- lient les compagnies d’assurances rêt de 50 points de base, suivie de pour éviter qu’elles ne vendent en la crise immobilière et qui justifia près par la Banque centrale euro- masse des actions, les assureurs l’intervention massive des pou- péenne qui, abandonnant un ins- détenant environ 20 % des actions voirs publics pourrait s’appliquer tant des yeux la ligne de flottaison britanniques. En France, l’Etat aujourd’hui à l’économie mondiale de l’inflation, prit part au mouve- prendra également le relais pour en général et à l’Amérique en parti- ment. La coordination a parfaite- pallier l’augmentation des primes. culier. L’urgence était à l’époque ment fonctionné. Il en sera ainsi le La semaine dernière à Liège, les de prévenir une ruée vers les gui- temps qu’il faudra pour gagner le ministres des finances ont pris chets d’une clientèle en proie à la bras de fer avec les marchés. soin, dans leur communiqué final, panique et une crise généralisée du de ne pas faire figurer le mot « pac- système bancaire. Aux Etats-Unis MANNE PUBLIQUE te de stabilité » qui prévoit l’équili- comme en Europe, l’Etat n’a pas Cette coalition quasi spontanée bre budgétaire des pays de la zone lésiné sur les moyens, fermant au des banques centrales ne marque en 2004 et personne n’ira regarder besoin les yeux sur les causes exac- pas de véritable rupture avec leur de trop près si les déficits publics tes de la détérioration financière comportement passé. En revan- se creusent plus que les canons de certains établissements. che, l’impact des attentats sur une européens ne l’exigent. Le même souci de maintenir coû- situation économique mondiale Le gardien de l’orthodoxie finan- te que coûte la confiance chez les déjà fortement dégradée a fait cière mondiale, le Fonds monétai- consommateurs comme chez les voler en éclats les sacro-saints prin- re international, se tient lui-même entreprises après les attentats du cipes de l’orthodoxie financière prêt à intervenir si la situation tour- 11 septembre, au moment où l’éco- libérale et replacé l’Etat et les insti- ne mal et cache à peine qu’il lui fau- nomie américaine était déjà en for- tutions internationales au cœur du dra faire les fins de mois de cer- te perte de vitesse, et d’empêcher dispositif d’urgence. Les secteurs tains pays, et à jouer à plein son l’économie mondiale de basculer d’activité les plus durement tou- rôle de tontine mondiale. dans la récession a provoqué le chés – compagnies aériennes et Nul ne peut dire si les plans de même réflexe de survie. Un sursaut assureurs – profitent à plein de cet- relance et l’intervention massive international compte tenu de l’in- te manne publique. Le Congrès de l’Etat seront suffisants pour ras- terdépendance des économies américain a accordé une aide de surer les consommateurs et soute- nationales et des risques de conta- 15 milliards de dollars aux compa- nir la demande. La période d’incer- gion qui en découlent par le biais gnies aériennes dont certaines, titudes qui s’est ouverte le 11 sep- du commerce ou celui des marchés. déjà au bord de la faillite en début tembre préfigure en tout cas un Dès le lendemain des attentats et d’année, bénéficient ainsi d’un rééquilibrage entre les sphères poli- les jours suivants, c’est une mobili- effet d’aubaine inespéré au risque tique, économique et financière. sation puissance 7 qui s’est mise en de fausser la concurrence. Un cré- place, faisant passer au second dit d’urgence de 40 milliards de dol- Babette Stern 4 LA SÉCURITÉ ET L’ENQUÊTE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Les Etats-Unis continuent de vivre dans la crainte de nouveaux attentats Alors que l’administration américaine étudie des mesures pour renforcer la sécurité dans les avions et s’inquiète de la menace « bioterroriste », l’enquête sur les attentats du 11 septembre révèle que des suspects arrêtés étaient en possession de permis de conduire des camions de matières dangereuses

WASHINGTON bre d’Américains prennent leurs vé sur l’armement des pilotes, mais les électronucléaires qui fonc- Maison Blanche. M. Ridge, républi- le Congrès diverses mesures de ren- de notre correspondant propres précautions. « ouvert à toute suggestion ». La tionnent dans le pays. Toutefois, cain proche du président, dont il forcement des pouvoirs de la poli- Comment les Américains peu- La prudence conduit aussi, dans question est surtout de savoir si la l’Institut de contrôle nucléaire, avait failli être le colistier, va devoir ce, notamment vis-à-vis des étran- vent-ils évaluer la menace terro- un pays où près de deux millions sécurité aérienne, qui relève actuel- chargé de la sécurité de ces usines, faire travailler ensemble des servi- gers. M. Bush, qui s’est rendu au riste à laquelle ils sont exposés ? de personnes en moyenne se dépla- lement des compagnies, va devenir estime qu’elles ne sont pas assez ces concurrents, qui resteront sous quartier général du FBI, le Bureau Les attaques du 11 septembre çaient chaque jour en avion, à une une responsabilité fédérale, exer- protégées, notamment contre une l’autorité de M. Ashcroft ou du fédéral d’enquêtes, mardi, afin de n’ont pas seulement tué plus de six baisse de fréquentation spectacu- cée par des agents fédéraux. attaque aérienne, et réclame l’affec- secrétaire à la défense, Donald rendre hommage à ses agents, en a mille personnes. Elles ont rendu laire, qui pourrait atteindre 60 %, tation à cette tâche de gardes natio- Rumsfeld. L’ancien sénateur démo- profité pour prêter main-forte à vraisemblables des hypothèses qui selon l’Association du transport CRÉDITS D’URGENCE naux. Le ministère de la défense a crate Gary Hart, qui avait dirigé M. Ashcroft, en déclarant que ses n’étaient prises au sérieux, jusque- aérien. M. Bush devait annoncer L’administration républicaine fait savoir, mercredi, que près de une commission chargée d’étudier propositions sont « mesurées, rai- là, que par un petit nombre de spé- enfin, jeudi, à Chicago, les mesures répugne à s’engager dans cette 16 000 réservistes et gardes natio- les lacunes de la sécurité du terri- sonnables et constitutionnelles ».Le cialistes. Elles ont révélé que les qu’il entend faire appliquer afin de voie, mais le président serait finale- naux ont été affectés, à ce jour, sur toire aux Etats-Unis, s’est pronon- président s’est attardé sur les princi- organisations dont la responsa- convaincre le public, a-t-il dit, ment acquis à l’idée de la présence, les 35 000 rappelés prévus dans cé pour la création d’une véritable pales mesures en discussion, bilité est d’évaluer de tels dangers « qu’on peut prendre l’avion en sécu- dans chaque avion, d’un agent une première étape ; la plupart agence, regroupant plusieurs servi- notamment celle qui vise à permet- et de les prévenir ont été défaillan- rité ». fédéral armé. De même, les règles d’entre eux sont employés à la sur- ces existants et dotée de moyens tre la détention illimitée de sus- tes. La « communauté du rensei- Les associations de pilotes récla- de contrôle des bagages seraient veillance des ports et des aéro- financiers et humains supplémen- pects étrangers. « Dès lors qu’il gnement » au sens large, les agen- ment le droit, pour eux, d’être de niveau fédéral. Les crédits pour ports. taires. Il n’est pas impossible que le s’agit de personnes que l’on envisage ces civiles et militaires tournées armés et formés à se défendre face mettre en œuvre ces mesures Thomas Ridge, qui quitte ses Congrès finisse par imposer cette d’assigner à résidence ou d’expulser vers l’extérieur, les policiers tra- à une tentative de détournement ; seraient prélevés sur les 40 mil- fonctions de gouverneur de Penn- solution, contre la répugnance de du territoire, il faut bien pouvoir les vaillant sur le territoire national, elles demandent aussi la mise en liards de dollars votés en urgence sylvanie, ne prendra que début M. Bush et de son équipe à toute placer en détention ! », a-t-il lancé. les techniciens, les analystes politi- place de portes blindées pour par le Congrès après le 11 septem- octobre celles que M. Bush lui a extension du gouvernement et du Il a précisé que cette détention ques, les sociologues, les diploma- protéger les cabines de pilotage. bre. confiées à la tête du nouvel Office budget fédéraux. serait « supervisée par un juge de tes, etc. ont été pris au dépourvu. M. Bush est prêt à satisfaire cette Des mesures de surveillance sont de défense du territoire. Cet office Le gouvernement est beaucoup l’immigration ». Cet échec nourrit une suspicion dernière revendication, plus réser- en place près des cent trois centra- consiste en fait en un bureau à la plus impatient de faire adopter par En fait, un tel juge n’aurait pas vis-à-vis des responsables de ces connaissance des charges retenues services et des politiques qui dépen- contre la personne détenue, laquel- dent d’eux pour leur information. le n’aurait pas la possibilité de faire Mercredi 26 septembre, George Après les avions agricoles, les camions de produits chimiques… appel. Cette disposition est criti- Bush s’est rendu au quartier géné- quée tant par le président de la ral de l’Agence centrale de NEW YORK responsable du FBI. Le ministère des trans- Nabil al-Marabh, 34 ans, ancien chauffeur de commission judiciaire du Sénat, le renseignement, la CIA, à Langley, de notre correspondant ports a averti, mercredi, les entreprises d’une taxi de Boston, soupçonné d’avoir des liens démocrate Patrick Leahy, que par près de Washington, pour assurer Une vingtaine de personnes arrêtées par le menace d’attentat impliquant des camions avec Oussama Ben Laden. Nabil al-Marabh a son homologue de la Chambre, le de sa confiance ses agents et son FBI depuis les attaques du 11 septembre se chargés de produits chimiques, biologiques ou obtenu récemment un permis pour conduire républicain James Sensenbrenner. directeur, George Tenet, dont trouvaient en possession ou cherchaient à obte- radioactifs. A New York, des barrages ont été des camions transportant des matières dange- Les autres mesures envisagées certains parlementaires deman- nir des permis spéciaux permettant de condui- dressés à l’entrée des ponts et des tunnels qui reuses. M. Al-Marabh était proche d’un autre consistent à faciliter les écoutes dent le remplacement. re des camions transportant des matières dan- mènent à Manhattan et les camions de toutes chauffeur de taxi de Boston, aujourd’hui en téléphoniques et la surveillance Le climat qui s’est installé n’est gereuses. Un certain nombre de ces suspects tailles sont systématiquement fouillés. « Nous prison en Jordanie pour avoir tenté d’organi- des communications par Internet. pas celui de la panique ni de la « auraient eu des relations avec les auteurs présu- arrêtons des voitures au hasard et vérifions la plu- ser des attentats contre les lieux saints chré- M. Ashcroft demande aussi que « psychose ». Les médias sont par- més des détournements d’avions », a expliqué part des camions », explique Sheri Tabachnik, tiens au moment des célébrations du passage les agences de renseignement puis- tagés : d’aucuns font grand cas des John Ashcroft, le ministre américain de la jus- une porte-parole de la Port Authority de New à l’an 2000. Pour les autorités jordaniennes, sent avoir connaissance des élé- révélations de l’enquête sur le fait tice à la Commission judiciaire du Sénat. «Le York et du New Jersey. les attaques avaient été ordonnées par Oussa- ments recueillis par les services de que certains des terroristes ayant terrorisme est toujours une menace tangible et ma Ben Laden. police judiciaire. Les parlemen- détourné quatre avions de ligne, le immédiate pour les Américains », a-t-il ajouté. EMBOUTEILLAGES INDESCRIPTIBLES Selon des sources proches du FBI, Moha- taires veulent prendre le temps 11 septembre, s’étaient intéressés Les enquêteurs semblent de plus en plus per- Les embouteillages autour de l’île sont deve- med Atta, l’un des pirates de l’air suspecté d’examiner tranquillement ces pro- aux avions d’épandage utilisés suadés que les terroristes impliqués dans les nus indescriptibles et il fallait, mercredi, plus d’être à bord du premier avion à s’écraser, le positions, critiquées par les organi- pour l’agriculture ; d’autres affir- attentats du 11 septembre avaient préparé de trois heures d’attente pour franchir les pos- 11 septembre, contre une des tours du World sations de défense des droits civils. ment que la possibilité pour de tels d’autres formes d’attaques par le moyen de tes de contrôle. Afin d’améliorer les conditions Trade Center, aurait été formellement recon- Ils sont d’autant moins enclins à se groupes de maîtriser la fabrication, petits avions utilisés dans l’agriculture pour de circulation, le maire de New York, Rudolph nu par trois agents du ministère de l’agricultu- précipiter que la police n’a encore le transport et la dissémination épandre les pesticides et de camions bourrés Giuliani, a décidé d’interdire l’accès à une re d’Homestead, en Floride. Mohammed Atta établi aucun lien entre les d’agents chimiques ou biologiques de produits chimiques ou d’explosifs. Les atten- grande partie de Manhattan, à partir de jeudi les aurait sollicités, il y a environ un an, pour 352 étrangers qu’elle a mis en reste mince. tats de 1993 contre le World Trade Center et de et de 6 heures à midi, aux voitures n’ayant obtenir un prêt afin d’acheter un petit avion détention, en qualité de « témoins Quoi qu’il en soit, le gouverne- 1998 contre des ambassades des Etats-Unis en qu’un seul occupant à bord. spécialisé dans la pulvérisation de pesticides matériels », et les auteurs des atta- ment étant dans l’incapacité de se Afrique ont été à chaque fois perpétrés avec Les enquêteurs ont commencé à s’inquiéter sur les cultures et créer une société. ques du 11 septembre. faire une opinion solide à ce sujet des camions piégés. « Le danger ne vient pas de possibles attentats impliquant des camions et de donner des directives, nom- que du ciel mais aussi des rues », a résumé un après l’arrestation, la semaine dernière, de Eric Leser Patrick Jarreau Les autorités françaises entretiennent le mystère autour des stocks de vaccins antivarioliques LES ETATS-UNIS ont officielle- dans la fabrication d’un vaccin con- décider de mettre en place une Washington, lundi 24 septembre, Lionel Jospin a, mardi 25 septem- premier ministre, sans plus de pré- ment mis en garde, mercredi tre cette maladie bactérienne, la équipe médicale spécialisée prête par Gro Harlem Bruntland, direc- bre, réuni à Matignon les ministres cision. Les ministres français con- 26 septembre, contre l’utilisation société américaine Bioport a, le à intervenir en cas d’attaque utili- trice générale de l’Organisation de la défense, de l’intérieur, de la cernés ont décidé « de ne pas com- qui pourrait être faite d’armes de 25 septembre, fait savoir que son sant des armes chimiques ou biolo- mondiale de la santé (OMS), justice, des transports et de la san- muniquer plus sur ce sujet ». Aucu- destruction massive d’origine bac- stock de vaccins disponibles était giques. « Ce groupe devra élaborer demandant à tous les Etats mem- té. « L’objet de cette réunion était, ne information n’est donc disponi- tériologique ou chimique. A la propriété du département de la des procédures de secours rapide en bres de son organisation de se pré- au-delà du plan “Vigipirate renfor- ble sur les actions que le gouverne- New York, les pharmaciens d’offi- défense, et que ce vaccin - en atten- cas d’attaque par des groupes terro- parer à d’éventuelles actions terro- cé”, d’examiner les mesures préven- ment programme vis-à-vis de la cine enregistrent des achats inhabi- te d’agrément de la Food and ristes, a déclaré Giuseppe Ippolito, ristes de type chimique ou biologi- tives contre le terrorisme et d’arrêter menace bioterroriste. Interrogés tuels de médicaments antibioti- Drugs Administration - était réser- directeur de l’Institut national ita- que (Le Monde du 26 septembre). des dispositions pour protéger les élé- par Le Monde sur le volume et le ques connus pour être efficaces vé aux membres des forces armées lien des maladies infectieuses. Mais alors que le gouvernement et ments essentiels à la vie de notre caractère opérationnel ou non des contre la maladie du charbon, une américaines. Notre travail sera d’étudier les situa- les autorités sanitaires américai- pays », a fait valoir l’Hôtel Mati- stocks français de vaccins antiva- affection dont le germe (Bacillus En Grande-Bretagne, on obser- tions d’alerte, de faire un diagnostic nes ne font aucun mystère des gnon. rioliques, les différents ministères anthracis) est, selon les services ve depuis quelques jours une accé- rapide et de nous assurer que les actions préventives développées Les nouvelles dispositions gou- concernés se refusaient, ces der- secrets occidentaux, l’un de ceux lération spectaculaire des achats hôpitaux sont correctement équi- dans ce domaine, Paris estime que vernementales comprennent « des niers jours, à donner le moindre qui pourraient être le plus aisé- de masques à gaz et de matériels pés. » cette question « hautement sensi- mesures d’effet immédiat » et élément de réponse. ment utilisés à des fins bioterroris- de protection. Pour sa part, le Toutes ces initiatives coïncident ble » demeure dans le champ du d’autres à court et moyen terme, tes. Depuis longtemps impliquée ministre italien de la santé vient de avec l’appel solennel lancé, depuis « Confidentiel défense ». a-t-on indiqué dans l’entourage du J.-Y. N David Heymann, directeur de la division des maladies infectieuses à l’OMS « Nous disposons d’un système mondial de surveillance qui peut détecter les conséquences des actes de bioterrorisme » « Les attentats terroristes per- d’un système mondial de surveillan- – Au vu des éléments dont vous engagements internationaux – Alors que cette question hau- pétrés à New York et à Washing- ce et de détection des maladies disposez, êtes-vous néanmoins pris depuis l’éradication de cette tement sensible est, en France, ton imposent-ils, selon vous, d’in- infectieuses qui est quotidienne- inquiets de la situation actuelle ? maladie et l’arrêt de la vaccina- classée « confidentiel défense », tensifier la lutte internationale ment utilisé, et qui, en pratique, – Il n’y a pas à proprement parler tion dans le monde entier depuis les autorités américaines ont, contre le bioterrorisme ? peut détecter les conséquences de d’augmentation de l’inquiétude, le début des années 1980 ? depuis peu, ouvertement dévelop- – En réalité, il faut bien compren- possibles actes de bioterrorisme. étant entendu que nous sommes – Nullement. Les responsables pé une action diagnostique et pré- dre que l’essentiel, dans ce domai- Bien évidemment, chaque pays inquiets en permanence. Pour l’es- américains développent actuelle- ventive ciblée, de manière spécifi- ne, est de ne pas faire de différence doit, parallèlement, être préparé à sentiel, nous postulons que le bio- ment une procédure de fabrication que, vers le bioterrorisme, à entre ce qui peut être la conséquen- toutes les catastrophes et nous terrorisme se manifesterait de la qui doit encore être agréée par la laquelle les professionnels de la ce d’actions terroristes délibérées publierons prochainement la secon- même manière que les phénomè- Food and Drug Administration. santé sont associés. Quelle est, et ce qui est le résultat de phénomè- de édition, mise à jour, d’un guide nes épidémiques qui apparaissent Nous conservons pour notre part à selon vous, la meilleure réponse ? nes naturels. En matière de lutte destiné à tous les Etats membres de de manière naturelle. Et si nous DAVID HEYMANN l’OMS quelques stocks de vaccins – – On peut penser que les investis- contre les épidémies ou contre les l’Organisation mondiale de la santé nous focalisions sur le bioterroris- environ cinq cent mille doses – sements faits dans ce type d’infras- maladies infectieuses et transmissi- établissant les bases de la riposte, me, notre système perdrait en fait l’environnement. Nous interro- mais nous n’avons pas les moyens tructures sont directement bénéfi- bles en général, le système de détec- en termes de santé publique, aux de sa puissance. geons à échéance régulière tous les financiers pour nous engager ques pour la santé publique. Les tion et la riposte sont les mêmes. actions de guerre biologique ou de – La menace d’une réémergen- pays pour savoir de quels stocks auprès des firmes productrices de Etats-Unis ont parfaitement bien Nous disposons, pour notre part, guerre chimique. ce de la variole du fait d’une vaccinaux antivarioliques ils dispo- vaccins afin de lancer une telle pro- compris qu’en mobilisant des res- action terroriste est toutefois, sent et quelle est leur position duction. sources contre le bioterrorisme, ils aujourd’hui, publiquement évo- quant à la destruction des souches – Nourrissez-vous une inquiétu- vont pouvoir renforcer les capaci- quée avec la décision américaine du virus. Je dis tout cela sans naïve- de particulière pour les autres tés de leur système de santé publi- de produire au plus vite quarante té aucune. Nous avons bien évidem- agents tenus, par les experts de que. Dans ce contexte, le centre et millions de doses de vaccin anti- ment connaissance des rumeurs ou la lutte contre le bioterrorisme, le laboratoire de type P4 d’étude variolique. Quelle analyse faites- des informations qui circulent dans pour être potentiellement à très des germes hautement pathogè- vous de cette situation nouvelle ? les milieux des services secrets haut risque, parmi lesquels les nes, qui viennent d’être créés à – Notre souci principal tient au selon lesquelles il existerait des sou- germes responsables du char- Lyon et auxquels collabore l’OMS, fait qu’existent, en Russie et aux ches de virus de la variole en bon, du botulisme ou des fièvres sont des initiatives françaises de Etats-Unis, deux sites où l’on dehors des deux sites officiels. Mais hémorragiques ? très grande importance. Organiser conserve des souches de virus de la le seul fait que ces sites existent – Là encore, toutes ces patholo- au mieux la surveillance et la lutte variole. Le dernier cas connu de nous impose de ne pas relâcher la gies sont sous surveillance et les contre les maladies infectieuses est variole humaine a d’ailleurs été dû surveillance. trois foyers de la maladie du char- toujours directement bénéfique à un accident de laboratoire. Le pro- – La décision américaine de bon observés ces dernières années pour la collectivité humaine. » blème potentiel demeure celui relancer une fabrication massive dans le monde – au Moyen-Orient, d’une épidémie qui serait la consé- de vaccin antivariolique n’est en Asie et en Afrique – n’étaient Propos recueillis par quence d’une fuite de ce virus dans donc pas incompatible avec les pas le fait d’actions terroristes. Jean-Yves Nau LA SÉCURITÉ ET L’ENQUÊTE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 5 Une cellule terroriste islamiste liée à Ben Laden a été démantelée en Espagne Selon la police, les six Algériens arrêtés projetaient des attentats en Europe

MADRID Ben Laden « lui apportait un sup- qui a entraîné l’interpellation de même jour aux Pays-Bas. Tous de notre correspondante port financier, facilitait l’entraîne- dix autres personnes dans l’entou- deux, le Tunisien et le Français, Il a fallu, pour y arriver, deux ans ment militaire de ses membres dans rage des six Algériens, la police a s’étaient rendus en Espagne dans d’une minutieuse et difficile enquê- des camps en Afghanistan et lui indi- saisi – dans plusieurs garages où les mois précédents. Des attentats te, qui, ces derniers jours, après les quait éventuellement des objectifs », semble-t-il le groupe se réunissait – contre des intérêts américains en attentats commis aux Etats-Unis, a-t-il déclaré. L’opération a été qua- des faux papiers, du matériel pour Europe étaient en préparation, s’est accélérée avec la participation lifiée de « particulièrement impor- falsifier des cartes de crédit et des mais aucun, croit savoir la police des polices de plusieurs pays euro- tante dans la lutte contre la trame substances chimiques entrant dans espagnole, ne visait l’Espagne. péens, dont la France, l’Italie, la Bel- internationale du terrorisme », une la composition d’engins explosifs. Madrid s’intéresse à présent à la gique, l’Allemagne et les Pays-Bas. des priorités du gouvernement de Spécialisés, semble-t-il, dans la piste laissée par l’un des kamikazes La collaboration a porté ses fruits. José Maria Aznar qui entend bien fabrication de faux papiers desti- de New York, Mohammed Atta, Dans la nuit du mardi 25 au mercre- approfondir le thème lorsque l’Es- nés à d’autres membres des cellu- qui s’est rendu à plusieurs reprises di 26 septembre, les forces de sécu- pagne assumera la présidence de les liées à Oussama Ben Laden, les dans la péninsule en juillet. Ce der- rité espagnoles ont réussi à déman- l’Union européenne, en jan- six Algériens auraient fait parvenir nier a séjourné dans deux hôtels dif- teler une cellule terroriste islami- vier 2002. du matériel électronique en Algérie férents de Salou, près de Tarrago- que appartenant au Groupe salafis- et du matériel de campagne à cer- ne, les 16 et 17 juillet, s’enregis- te pour la prédication et le combat FAUX PAPIERS tains groupes tchétchènes. En trant au moins une fois sous son (GSPC). Né en 1998 d’une scission Ce coup de filet s’est soldé par outre, ils ont été en contact avec nom véritable avant de quitter l’Es- du GIA algérien, le GSPC figure sur l’arrestation de six personnes, tou- d’autres cellules terroristes à pagne pour Miami le 19 juillet. la liste noire des organisations ter- tes algériennes, dans plusieurs pro- l’étranger, notamment avec celle Auparavant, Mohammed Atta, roristes établie par les Etats-Unis. vinces dont celle de Valence, Alme- du Tunisien Essid Samir ben Khe- accompagné d’une autre personne, J. C. CARDENAS/AFP Le chef du GSPC, Hassan Hatab, a ría, Huelva, Murcie et Pampelune mais, dit « Saber », responsable du dont l’identité n’a pas été révélée, a ARRESTATIONS EN ESPAGNE. Six Algériens – cinq hom- en effet récemment déclaré que, si (Navarre). Le responsable de la cel- commando démantelé à Milan en s’était rendu à la prison de Tarrago- mes, parmi lesquels le suspect ci-dessus, et une femme – soupçonnés les Américains s’en prenaient aux lule a été identifié comme étant avril. « Saber » aurait effectué ne, insistant pour rendre visite à un d’appartenir à une cellule du Groupe salafiste pour la prédication et le musulmans, il faudrait s’attendre à Mohammed Boualem Khouni, dit auparavant plusieurs voyages en détenu algérien. L’autorisation lui combat (GSPC), un groupe terroriste islamiste, ont été arrêtés dans la des « représailles bien pires que les « Abdallah ». Les autres membres Espagne. en avait été refusée, car il ne l’avait nuit du 25 au 26 septembre en Espagne. La police a saisi des faux récents attentats ». du groupe seraient Mohammed pas demandée suffisamment à papiers, du matériel pour falsifier des cartes de crédit et des substances Cette cellule espagnole du GSPC Belaziz, Hakim Zerzour, Majid LA PISTE DE MOHAMMED ATTA l’avance. En revanche, son compa- chimiques entrant dans la composition d’engins explosifs. était soutenue par le milliardaire Sahouane dit « Abderamane », La cellule terroriste du GSPC gnon a obtenu un entretien de quel- d’origine saoudienne Oussama Ben Hocine Khouni et Yassine Seddiki. implantée en Espagne aurait été en ques minutes. Depuis, le détenu en Laden, commanditaire présumé Tous semblaient parfaitement inté- relation suivie avec un autre activis- question a été transféré dans un des attentats de New York et de grés dans la vie espagnole. L’un te tunisien, Nisar Trabelsi, arrêté le autre établissement pénitentiaire Le rôle des sept hommes Washington, selon les explications d’eux était même employé de net- 13 septembre en Belgique, ainsi par mesure de sécurité. fournies par le ministre de l’inté- toyage de la mairie. qu’avec un Français, Jérôme Cour- mis en examen en France se précise rieur, Mariano Rajoy. Le groupe de A l’occasion de ce coup de filet telier, dit « Salman », arrêté le Marie-Claude Decamps ENTENDUS par les juges d’ins- caractéristique commune d’avoir truction antiterroristes Jean-Louis effectué des séjours en Afghanis- Bruguière et Jean-François Ricard, tan, dans les camps d’entraîne- mardi 25 septembre, des suspects ment financés par le millionnaire appartenant au groupe de sept per- d’origine saoudienne Oussama sonnes mises en examen et Ben Laden. écrouées pour « association de mal- Selon les policiers, les autres faiteurs en relation avec une entre- membres du réseau, qui n’ont pas prise terroriste » se sont expliqués fait de « stage » en Afghanistan, sur les liens que leur prêtent les auraient tenu un rôle moins impor- enquêteurs avec Djamel Beghal, tant, dont il reste à préciser les con- présenté comme le chef d’un tours. L’un d’entre eux suscite réseau proche d’Oussama Ben cependant un intérêt particulier : Laden – désigné comme l’inspira- Abdelkrim Lefkir, 33 ans, – interpel- teur des attentats du 11 septembre lé à son domicile de Vigneux-sur- aux Etats-Unis –, et d’éventuels pro- Seine —, qui dispose de la double jets terroristes sur le territoire fran- nationalité franco-algérienne, est çais. Selon des sources proches de originaire de Bourdj-Bou-Arredj, l’enquête, plusieurs des personnes comme Djamel Beghal, soupçonné interrogées ont indiqué être « con- d’être le chef du réseau. tre la violence ». Pour les enquêteurs, il s’agissait AGENTS DE LIAISON de corroborer les éléments Selon nos informations, Abdelk- recueillis lors des surveillances et rim Lefkir aurait déclaré avoir fait des écoutes téléphoniques mises la connaissance de Djamel Beghal en place depuis plusieurs semai- sur un marché de la région parisien- nes, ainsi que lors des perquisitions ne où ce dernier vendait des vête- conduites, vendredi, à la suite des ments. Cette rencontre daterait de interpellations des sept suspects en cinq ou six ans, soit au moment de région parisienne, à Corbeil, l’arrivée en France d’Abdelkrim Lef- Vigneux-sur-Seine, Chilly-Mazarin kir. Ce dernier, marié, et père de (Essonne) et Bezons (Val-d’Oise). famille, exerçant la profession de Selon le schéma établi par les cariste – conducteur d’engins de policiers, le réseau implanté dans manutention – aurait indiqué aux plusieurs pays européens, dont la enquêteurs ne plus avoir eu de con- Belgique, les Pays-Bas et la France, tacts avec Djamel Beghal depuis était parfaitement structuré : les environ un an. Il aurait également membres du groupe installés à déclaré qu’au cours de ses multi- Bruxelles – où des substances ples rencontres avec son ami, celui- explosives, 100 kg de soufre et ci ne lui avait jamais parlé de politi- 50 kg d’acétone, ont été découver- que. Djamel Beghal aurait simple- tes dans un bar – et à Rotterdam, ment évoqué son désir de quitter la devaient être les exécutants d’opé- France pour un pays où il pourrait rations préparées par les « Fran- pratiquer plus pleinement le culte çais ». Ainsi Nizar Trabelsi, un musulman. ancien footballeur professionnel Tahar Reteri, un Algérien de ayant joué en Allemagne, aurait eu 28 ans, interpellé dans l’apparte- pour mission d’exécuter une mis- ment où ont été détruites des dis- sion-suicide contre l’ambassade quettes informatiques – sous le des Etats-Unis à Paris (Le Monde coup de la panique, selon l’un des du 27 septembre). Howard Leach, suspects – avant les interpellations, l’ambassadeur américain, a cepen- aurait, quant à lui, indiqué être arri- dant déclaré, mercredi 26 septem- vé d’Angleterre début septembre. Il bre, qu’il n’y avait « pas de preuve était hébergé à Chilly-Mazarin, que l’ambassade ou tout autre inté- chez Rachid Benmessahel, 32 ans. rêt américain en France était parti- Cet agent de maintenance était, culièrement visé ». selon la DST, en lien direct avec Dja- D’après des sources policières mel Beghal, qui l’aurait chargé de françaises, cette déclaration sem- fabriquer et d’entreposer des explo- ble en contradiction avec l’avertis- sifs. Rachid Benmessahel a contes- sement donné début septembre – té ces accusations. Tahar Reteri a avant les attentats de New York pour sa part affirmé bénéficier d’un et de Washington – par les servi- statut de réfugié en Grande-Breta- ces secrets américains qui redou- gne où il aurait fui en 1998, à la sui- taient une campagne d’attentats te de persécutions du GIA algérien, imminente contre leurs intérêts rival du Groupe salafiste pour la en France. prédication et le combat (GSPC), Selon des sources proches de soupçonné d’être en relation étroi- l’enquête, outre Djamel Beghal, te avec Oussama Ben Laden et son désigné comme le chef, les deux organisation Al-Qaida (la Base). personnages principaux du groupe Selon des sources proches de l’en- installé en France étaient Kamel quête, ces personnes, ainsi que les Daoudi, un informaticien qui avait deux Français de Corbeil convertis réussi à échapper au coup de filet à l’islam, Yohann Bonté, le beau-frè- policier du 21 septembre avant re de Djamel Beghal, et Jean-Marc d’être interpellé quatre jours plus Grandvisir, auraient tenu le rôle tard dans le centre de l’Angleterre d’agents de liaison, chargés de l’or- – et non à Londres, comme nous ganisation pratique des futures opé- l’avions indiqué par erreur dans rations : fourniture du matériel nos éditions du 27 septembre – et (véhicules, garage) et maintenance. Nabil Bounour, qui assurait, avec Kamel Daoudi, la logistique du Pascal Ceaux réseau. Tous les trois ont pour et Fabrice Lhomme 6 LES CONSULTATIONS DIPLOMATIQUES LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Les Américains ne font pas appel à l’Alliance atlantique pour riposter Washington n’envisage pas d’action collective des alliés pour le moment et veut garder « une certaine autonomie et une certaine souplesse ». La possibilité d’une action avec le Royaume-Uni semble être privilégiée

BRUXELLES effort soutenu », selon M. Wol- Dans ces conditions, les Améri- tant » que l’article 5 soit « invoqué canaux militaires et on ne va pas en préparé ». A l’agence britannique de notre bureau européen fowitz, pour combattre le terrroris- cains n’ont pas demandé formelle- pour la première fois dans l’histoi- discuter en public », a-t-il dit. Il en a Reuters, M. Flahaut a déclaré se Les Américains ne vont pas, du me. Cette lutte aura « des facettes ment à l’OTAN d’activer l’article 5 re ». Ce qui a formalisé la solidarité profité pour obtenir l’autorisation réjouir de ce que « de façon très cou- moins dans l’immédiat, faire appel multiples » et n’appelle pas unique- de la charte de l’Alliance, qui stipu- des Européens. « Nous remercions d’utiliser des bases en Hongrie et rageuse, les Etats-Unis dépassent le sta- à l’Alliance atlantique en tant que ment une réponse militaire. Il fau- le qu’en cas d’attaque d’un mem- profondément les membres de en Turquie et de survoler l’espace de de l’émotion et ont une approche telle pour riposter aux attentats ter- dra s’appuyer sur « différentes coali- bre, les autres pays proposent leur l’OTAN », a-t-il dit. Mais pratique- aérien turc. méthodique globale ». C’est-à-dire, roristes du 11 septembre. « Nous tions, avec des objectifs différents, assistance. Au lendemain des atten- ment, Washington semble pour Les alliés ont été satisfaits de voir voir au-delà du terrorisme. n’anticipons pas d’action collective dans différents endroits du monde ». tats, l’OTAN avait indiqué que l’arti- D’autres inquiétudes survien- pour l’instant », a déclaré, mercredi Pour M. Wolfowitz, des pays seront cle s’appliquerait « s’il était établi nent. « C’est une coïncidence alar- 26 septembre, le secrétaire adjoint particulièrement actifs sur des que cette attaque était dirigée depuis Joschka Fischer et les droits de l’homme mante de constater que les Etats qui américain à la défense, Paul Wol- l’étranger ». abritent les terroristes sont aussi des fowitz, lors de la réunion informelle Techniquement, il n’y a plus de Le ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, a mis Etats qui ont des programmes d’ar- des ministres de la défense de « Il ne s’agit pas d’une débat sur le sujet. « Cela vient de en garde, mercredi 26 septembre, les pays tentés d’écraser leur opposi- mement de destruction massive »,a l’OTAN, qui devait initialement l’étranger, a tranché M. Flahaut. On tion sous couvert de lutte contre le terrorisme. Les circonstances «ne noté un haut responsable améri- avoir lieu à Naples. guerre du type de n’a plus mis ça en cause. » Les Amé- doivent pas nous faire oublier les droits de l’homme », a-t-il déclaré cain, sans que le nom de l’Irak soit « Je crois qu’on ne doit pas s’atten- ricains considèrent qu’ils ont assez devant les députés. Au lendemain du discours de Vladimir Poutine au prononcé. dre à une demande globale à la guerre du Golfe » de preuves pour accuser Ben Bundestag, le chef de la diplomatie allemande, qui appartient au parti Enfin, M. Wolfowitz a tenu à pré- l’OTAN, mais que les Américains Laden : « L’essence de ces organisa- des Verts, a souligné que la Russie avait « non seulement le droit, mais ciser que « ce n’est pas et cela ne s’adresseront à certains pays, a souli- Un haut responsable tions est de se cacher. Nous devons aussi le devoir de se défendre face à la terreur », mais il a ajouté : « On est doit pas être perçu comme une cam- gné André Flahaut, ministre belge trouver des informations, non pas en droit de se demander si cela justifie des atteintes aux droits de l’homme pagne contre l’Islam ». Il a rappelé de la défense. Les Etats-Unis ont américain pour établir l’accusation, car l’accu- de l’ampleur dénoncée par les organisations humanitaires indépendan- l’existence d’une communauté insisté sur une certaine autonomie et sation est claire, mais pour les attra- tes » en Tchétchénie. musulmane aux Etats-Unis et sur- une certaine souplesse. » per », a expliqué M. Wolfowitz. Selon lui, une « nouvelle ère de l’engagement doit s’ouvrir », où l’Europe tout en Europe et évoqué le cas de La lutte contre le terrorisme ne domaines qui les concernent. « Cer- Mettre en œuvre l’article 5, comme devrait prendre toute sa place : « Il est important que nous, Européens, la Turquie, membre de l’OTAN et à sera pas, selon M. Wolfowitz, tains voudront nous aider secrète- l’avaient visiblement anticipé les devenions beaucoup plus rapidement adultes », a-t-il dit. – (AFP.) population majoritairement musul- « basée sur une action spectaculai- ment », d’autres au grand jour. Espagnols et les Allemands, c’est un mane. Il a insisté sur le fait qu’au re ». « Ce n’est pas une guerre faite « Pour être efficaces, nous devons pas que les Américains n’ont pas cours de la dernière décennie, les d’une seule bataille », avait précisé, être flexibles », a-t-il dit. « Il faut que voulu franchir. Le faire dès mainte- l’heure privilégier une action avec que les Etats-Unis préparent visible- Américains étaient intervenus dans dans la matinée, un haut responsa- chacun soit à sa meilleure utilité », a nant les forcerait à s’encombrer des ses plus proches alliés comme le ment une riposte réfléchie. Selon le monde à cinq reprises pour défen- ble américain, précisant qu’«ilne analysé le ministre français de la lourdes procédures de consulta- Royaume-Uni. M. Richard, il y a eu un « accord pro- dre des populations musulmanes : s’agit pas d’une guerre du type de la défense, Alain Richard, expliquant tions peu compatibles avec la flexi- M. Wolfowitz n’a pas exclu que fond avec la démarche globale et de au Koweït, en Somalie, au nord de guerre du Golfe ». L’enjeu n’est pas qu’on ne pouvait pas demander la bilité aujourd’hui souhaitée. Cer- des demandes « ciblées » aient lieu. long terme » pour combattre le terro- l’Irak, en Bosnie et au Kosovo. seulement de mobiliser une immen- même chose à l’Allemagne, au tes, politiquement, M. Wolfowitz a Celles-ci exigent de « passer par des risme plutôt que d’avoir un « engage- se armada, mais d’avoir une «un Japon ou à l’Egypte. rappelé qu’il avait été « très impor- canaux de renseignements, des ment spectaculaire et insuffisamment Arnaud Leparmentier Un projet de résolution sur la lutte contre le terrorisme a été soumis à l’ONU par les Etats-Unis NEW YORK (Nations unies) rait être adopté avant la fin du Conseil à prendre des mesures améliorer les échanges d’informa- ment d’adopter une série de mesu- sphère très positive, et il est évident de notre correspondante mois. Washington préfère, dit-on, coercitives contre les Etats qui tions policières et la coopération res très concrètes mais qu’il entend que, quinze jours après les attentats, Les Américains ont soumis, mer- que la résolution soit adoptée à refuseraient de coopérer. Elles judiciaire entre Etats ainsi que le vérifier leur mise en œuvre ». Les tout le monde est prêt à aller en credi 26 septembre, aux autres l’unanimité et avant le débat sur imposeraient l’obligation de coo- renforcement des contrôles trans- Etats devraient informer ce avant. » Des diplomates améri- membres permanents du Conseil le terrorisme au sein de l’assem- pérer en particulier sur l’aspect frontaliers. « comité » des mesures prises, à cains se disent « particulièrement de sécurité un projet de résolu- blée générale, prévue pour lundi financier de la lutte antiterroriste. La France propose que soit créé titre national, pour appliquer la satisfaits » de l’enthousiasme de la tion global et « ambitieux » pour 1er octobre. Le président américain avait pour un organe subsidiaire du Conseil résolution. Paris souhaite en outre Russie : « Je ne croyais pas être lancer la « campagne » de la com- Le projet de résolution, rédigé sa part annoncé, lundi, le gel des de sécurité chargé de suivre la la création d’une cellule d’experts témoin un jour de ce genre de coopé- munauté internationale contre le par les Américains, comprend aus- avoirs, aux Etats-Unis, de vingt- « mise en œuvre concrète de la réso- dans le domaine, notamment, du ration de la part des Russes. Il aura terrorisme. si des idées françaises et britanni- sept entités soupçonnées d’être lution ». Proposition qui, si elle est blanchiment d’argent. fallu une catastrophe de cette natu- « Il ne s’agit en aucun cas d’obte- ques. Il exhorte la communauté associées avec Oussama Ben acceptée, explique l’ambassadeur re pour que cela arrive. » nir l’autorisation du Conseil de sécu- internationale à prendre une série Laden, et l’interdiction de toute français Jean-David Levitte, qui « ATMOSPHÈRE TRÈS POSITIVE » La mise en œuvre de la résolu- rité, explique un diplomate améri- de mesures concrètes contre le ter- transaction financière avec elles. préside pour le mois de septembre Interrogé sur la réaction des tion américaine nécessite, souli- cain, nous avons déjà le feu vert de rorisme. Ces dispositions sont pla- D’une trentaine de pages, le pro- le Conseil de sécurité, « signale à grandes puissances au texte améri- gnent les diplomates, la ratifica- la communauté internationale pour cées sous le chapitre VII de la char- jet de texte du Conseil de sécurité tous les pays du monde que le cain, M. Levitte répond : « Nous tion de la convention contre le toute action militaire appropriée te des Nations unies autorisant le prévoit aussi des mesures visant à Conseil de sécurité décide non seule- avons travaillé dans une atmo- financement du terrorisme. Pré- contre les responsables des attentats sentée en 1999 par la France, cette du 11 septembre, un feu vert que convention, signée par quarante d’ailleurs nous n’avions pas deman- pays, n’a été ratifiée que par qua- dé car c’est le droit de toute nation Les sanctions contre le Soudan pourraient être levées tre. Il existe à l’ONU douze conven- à la légitime défense. » « L’objectif tions sur la lutte antiterroriste. de cette résolution, poursuit-il, est à NEW YORK (Nations unies) « La décision de lever ces sanctions n’a pas été man, à savoir : la “guerre” que nous lançons est L’assemblée générale de l’ONU la fois de tout faire pour éviter de notre correspondante prise à la légère, explique une source américai- bien contre le terrorisme et non pas contre l’is- devrait entamer, lundi 1er octobre, d’autres attentats et de lancer la Les Etats-Unis pourraient demander « avant ne au fait du dossier ; il aura fallu plusieurs mois lam et des pays musulmans ». un débat général sur le terrorisme. campagne contre le terrorisme inter- la fin de la semaine » au Conseil de sécurité de de négociations pour que nous arrivions à obte- Cependant, à en croire d’autres sources pro- Lors de cette session, l’Inde relan- national. » Le mot « campagne » a l’ONU la levée des sanctions économiques con- nir des résultats concrets, c’est-à-dire pour que ches du dossier, la levée des sanctions contre le cera son projet de convention remplacé le mot « guerre ». tre le Soudan. Ces sanctions avaient été impo- Khartoum accepte de prendre une série d’enga- Soudan « sitôt après les attentats » ferait encore « globale ». sées après l’attentat perpétré en Ethiopie, en gements dans la lutte contre le terrorisme. Il l’objet d’un débat « vigoureux » au sein de l’ad- Par ailleurs le Conseil de sécuri- MESURES CONCRÈTES 1998, contre le président égyptien Hosni Mou- serait bien que maintenant les autorités souda- ministration américaine : « Certains à Washing- té devait se réunir, jeudi 27 septem- Le texte, qui a été « très positive- barak. Le Conseil de sécurité avait alors accusé naises remplissent, sans plus tarder, leurs promes- ton notent que le Soudan a figuré pendant très bre, pour entendre un rapport du ment » accueilli par la Russie, la Khartoum d’avoir hébergé les terroristes. ses, en échange de quoi le Conseil de sécurité longtemps sur la liste des pays “terroristes” du secrétariat de l’ONU sur la situa- Chine, la France et la Grande-Bre- Fruit de plusieurs mois de négociations entre s’engage, lui aussi, à lever les sanctions. » Selon département d’Etat », tandis que d’autres respon- tion politique et humanitaire en tagne, devait être présenté, jeudi, les gouvernements américain et soudanais, la cette source, « étant donné les circonstances sables américains souhaitent que les sanctions Afghanistan. Les pays donateurs aux dix autres pays membres du décision de lever ces sanctions était prévue actuelles, et le fait que le Soudan est un pays soient levées « avant le débat au sein de l’Assem- d’aide à l’Afghanistan devaient Conseil de sécurité. On ne prévoit pour le 12 septembre au Conseil de sécurité ; musulman, la levée de ces sanctions est devenue blée générale » prévu pour le lundi 1er octobre. aussi se réunir, jeudi, à Berlin, afin pas d’« objections fondamenta- elle a été reportée en raison des attentats du aussi un impératif politique, un geste qui enver- d’organiser la collecte des fonds les » de leur côté et le texte pour- 11 septembre aux Etats-Unis. rait un message très important au monde musul- A. B.-P. pour l’action humanitaire en direc- tion des réfugiés afghans. Un haut responsable de l’ONU affirme que « certains des talibans qui empê- La Chine s’inquiète d’une poussée américaine en Asie centrale chent la population de quitter le pays ont, en anticipation des frap- PÉKIN d’une alliance antiterroriste. L’émer- me les droits de l’homme ou la lut- en crédit depuis la « crise des missi- rassemblement d’Etats fragilisés pes américaines, envoyé leur propre de notre correspondant gence brutale d’un nouvel « enne- te contre les « séparatismes » au les » du printemps 1996. Il faut pro- sous les auspices chinois. Selon famille au Pakistan ». La Chine scrute la nuée d’orages mi » dans la conscience collective Tibet, à Taïwan et, bien sûr, au Xin- bablement trouver là l’explication Bodansky, l’intérêt pour Pékin de plombant l’Afghanistan, avec américaine devrait, pense-t-on à jiang – la province musulmane de du rôle activiste joué par la Chine se constituer cette arrière-cour à Afsané Bassir Pour laquelle elle partage une frontière Pékin, reléguer à un second plan, l’extrême-ouest de l’empire très dans la formation, la même année, vocation anti-américaine, et peut- voire durablement occulter, les directement concernée par les du « groupe de Shanghaï » avec la être à terme anti-russe, l’emporte ANALYSE théories en vogue dans certains cer- convulsions d’Asie centrale. Russie, le Kazakhstan, le Kirghizs- sur le risque d’une contagion Pékin craint que cles du Congrès ou du Pentagone tan et le Tadjikistan. ouïgoure au Xinjiang. Il est vrai que sur la « menace chinoise ». RÉSERVES D’HYDROCARBURES Un sixième pays, l’Ouzbékistan, les Chinois tendent à voir la main Washington contrecarre Aussi est-il dans l’intérêt du pays Dans cette nouvelle donne, l’in- vient de rejoindre cet été ce forum des Américains derrière ce mouve- son rêve de faire de la d’offrir une assistance (plutôt passi- quiétude sourd néanmoins. Les Chi- rebaptisé Organisation de coopéra- ment islamiste depuis que des com- région sa chasse gardée ve) aux Etats-Unis dans le but de se nois veulent bien se prêter à une tion de Shanghaï (OCS). Officielle- battants ouïgours capturés par les réhabiliter auprès d’eux après une opération ponctuelle contre le terro- ment, sa mission est de lutter con- Russes en Tchétchénie au prin- entrée en contact calamiteuse avec risme mais ils redoutent que cette tre « le terrorisme, le séparatisme et temps 2000 se sont révélé avoir été de 70 kilomètres au cœur des hauts- l’équipe Bush. En échange, la Chi- équipée serve de prétexte à une per- l’extrémisme ». En réalité, la Chine formés en Turquie, pays membre plateaux du Pamir, animée de senti- ne escompte de l’Amérique davan- cée stratégique des Etats-Unis en veut surtout en faire un outil au ser- de l’OTAN. ments fort partagés. D’un côté, la tage de considération pour le rang Asie centrale. D’où leur insistance à vice de son dessein stratégique en A croire certains analystes chi- satisfaction est évidente. La Chine de puissance qu’elle revendique : exiger que l’intervention en Afgha- Asie centrale. Sa diplomatie dans la nois, la stratégie américaine vise- peut tirer parti du nouveau paysage Washington devra se montrer plus nistan soit validée par les Nations région est subordonnée à l’ouvertu- rait à démembrer la Chine sur ses international en gestation autour compréhensif sur des dossiers com- unies, manière pour eux d’y intro- re de cet axe transcontinental eura- marches occidentales – Tibet et duire le maximum de garde-fous. sien. Aussi redoute-t-elle qu’une agi- Xinjiang – dans le but d’ériger une Car la Chine s’inquiète pour l’avenir tation islamiste alimente le sépara- barrière de « mini-Etats » la cou- de son grand dessein en Asie centra- tisme des Ouïgours musulmans du pant des réserves d’hydrocarbures le. La région recèle d’importantes Xinjiang – jadis Turkestan oriental. d’Asie centrale. Paranoïa ? Cette réserves d’hydrocarbures, dont l’in- théorie du complot influence en térêt est d’autant plus stratégique MARCHES OCCIDENTALES tout cas la pensée stratégique des que la Chine est importatrice net de Mais, simultanément, c’est maîtres de Pékin. On comprend pétrole depuis 1993 (elle importe l’émergence même de ce péril com- leur inquiétude devant le scénario aujourd’hui le tiers du pétrole mun qui précipite la cristallisation d’une poussée américaine en qu’elle consomme). d’organisations de type OCS. Yos- Afghanistan et en Asie centrale, Au-delà de la question énergéti- sef Bodansky, spécialiste controver- une région dont Pékin rêve de faire que, Pékin voit surtout dans cette sé du terrorisme international, sa chasse gardée en vendant son région une profondeur stratégique n’hésite pas à soupçonner Pékin de projet aux capitales concernées de la plus haute utilité dès lors que laisser les services secrets du Pakis- sous les couleurs mythologiques le scénario d’un affrontement avec tan – son proche allié – attiser les d’une Route de la soie revisitée. les Etats-Unis sur sa façade Pacifi- braises de l’islamisme dans la que – autour de Taïwan – a gagné région dans le but d’accélérer un Frédéric Bobin LES CONSULTATIONS DIPLOMATIQUES LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 7 Lionel Jospin : « Aucun désordre mondial ne peut justifier la barbarie de tels actes » Le premier ministre confirme la tenue d’un débat à l’Assemblée le 3 octobre

DANS un long entretien accordé, Evoquant les risques terroristes par la baisse d’impôt et la prime pour jeudi 27 septembre, au quotidien en France, M. Jospin indique qu’il l’emploi – sont bien adaptés à la régional Ouest-France, le premier ne dispose pas « d’informations période », souligne-t-il. ministre, Lionel Jospin, s’exprime nous laissant penser que la France Dans un registre qui lui est peu sur la situation internationale après serait visée, même si l’on sait que des commun, le premier ministre en les attentats aux Etats-Unis. Interro- objectifs américains pouvaient être appelle aux acteurs économiques et gé sur ce qui a pu apparaître com- concernés dans notre pays. Mais il à leur « responsabilité civique » : me une « réticence » de sa part à nous faut être vigilants ». Il confir- « Lutter contre le terrorisme ce n’est s’engager pleinement derrière les me qu’il a proposé aux présidents pas seulement l’affaire des juges, des Américains dans leur riposte militai- des deux Assemblées l’organisa- policiers, des services secrets, des re au terrorisme, il réfute ce terme. tion d’un débat sur la situation Etats, observe-t-il. Il y a aussi une « Ne parlons pas de réticence, mais internationale qui pourrait avoir réponse que peuvent donner les chefs d’attente. Nous avons dit à nos amis lieu dès le lendemain de la rentrée d’entreprise, les investisseurs et les américains ce qui nous paraît souhai- parlementaire, le 3 octobre, à l’As- consommateurs. Face au terrorisme table ou, au contraire, risqué. Nous semblée nationale. et aux désorganisations qu’il cherche VIRGINIA MAYO/AP avons déclaré notre disponibilité. Il à provoquer, il y a une responsabilité a BRUXELLES. Le secrétaire adjoint à la défense Paul Wolfowitz range ses lunettes à l’issue restera à décider souverainement du « RESPONSABILITÉ CIVIQUE » presque civique des chefs d’entrepri- de la rencontre informelle des ministres de la défense de l’OTAN, qui s’est tenue mercredi au quartier général principe et des formes éventuelles M. Jospin se veut rassurant sur se : ils doivent eux aussi résister à l’in- de l’Alliance atlantique. Le diplomate américain n’a pas exclu que des demandes « ciblées ». d’un engagement, si celui-ci nous est les craintes de récession mondiale timidation et soutenir l’activité écono- demandé. » et ses répercussions sur la France. mique. Faisons preuve, tous ensem- M. Jospin insiste toutefois sur la « Ni aux Etats-unis ni en Europe et ble, de patriotisme économique », nécessité, pour les grandes puissan- encore moins en France, nous ne som- déclare M. Jospin. Les émissaires de l’UE face aux ambiguïtés du régime iranien ces, de réfléchir au-delà d’une répon- mes en récession : il n’y a pas de chu- A propos de la situation au Proche- se armée à une « organisation plus te de la production. Nous sommes Orient notamment, le premier minis- TÉHÉRAN Après avoir dénoncé l’« arrogan- sur la question des droits de l’hom- solidaire du monde ». « Aucun désor- dans une phase de ralentissement tre lance une mise en garde : « Il faut de notre envoyé spécial ce » du président américain, dans me en Iran, les positions restent dre du monde ne peut justifier la bar- économique, liée à des données veiller, par nos réactions, nos analyses, Les représentants de l’Union un discours prononcé à l’universi- très éloignées. Ils acceptent cepen- barie de tels actes. Les racines du ter- préexistantes aux événements de sep- les mots que nous employons, la natu- européenne ont rencontré les diri- té de Téhéran peu de temps avant dant qu’un groupe de travail bilaté- rorisme plongent dans le fanatisme, la tembre : fin d’un long cycle aux Etats- re de la réplique qui sera apportée aux geants iraniens mercredi 26 sep- de recevoir ses hôtes européens, le ral se crée sur ces questions, ce qui haine des autres, une vision mortifère Unis, crise structurelle au Japon. attentats, à ne pas contribuer à ce tembre à Téhéran, dans le cadre président Khatami s’est efforcé de n’est pas un mince résultat. Au du monde et non dans les déséquili- Mais les fondamentaux économiques qu’une partie des peuples de cette de leur visite à diverses capitales mettre en avant les bonnes disposi- total, une attitude ouverte, un bres des relations internationales. de l’Europe restent favorables. Chez région en vienne à admettre la folie du monde musulman. tions de l’Iran. Il a éludé les ques- esprit de coopération et… beau- Mais il y a, c’est vrai, chez trop de peu- nous, il y a des ressorts internes pour meurtrière de groupes très minoritai- Le secrétaire d’Etat américain, tions trop précises de ses interlocu- coup d’arrière-pensées. ples, des tensions, des frustrations, maintenir la croissance, et nos choix res. Il faut isoler le terrorisme. » Colin Powell, avait accueilli avec teurs qui cherchaient à lui faire une radicalité qui sont liées à l’inégali- de politique économique – notam- satisfaction le témoignage de soli- admettre qu’il n’y a pas de « bon et Laurent Zecchini té des conditions », souligne-t-il. ment le soutien du pouvoir d’achat Pascale Robert-Diard darité de Téhéran après les atten- de mauvais terrorisme », une tats, tout en soulignant que, vu le manière d’obtenir que Téhéran caractère toujours très sensible de prenne ses distances avec des mou- la question iranienne aux Etats- vements tels le Hezbollah, le Dji- Unis, il était irréaliste de penser had islamique ou Hamas. Peine que l’Iran puisse rejoindre la perdue : les responsables iraniens « coalition » internationale contre s’en sont tenus à une claire distinc- le terrorisme. De toute façon, telle tion entre des actes terroristes n’est manifestement pas la volonté comme ceux perpétrés contre les des autorités iraniennes, qui ont Etats-Unis (qu’ils condamnent) et soufflé le chaud et le froid au cours l’action de « mouvements de résis- de la visite des quatre membres de tance à une occupation étrangère » la « troïka européenne » (le Belge (celle présumée d’Israël), comme Louis Michel, président en exercice le Hezbollah. du conseil des ministres des affai- res étrangères, Javier Solana, haut « ÉLÉMENTS DE PREUVES » représentant de l’Union pour la L’Iran en reste à une position de politique extérieure et de sécurité, principe qui exclut tout prolonge- Chris Patten, commissaire euro- ment pratique : pour combattre le péen chargé des relations extérieu- terrorisme, il faut utiliser « le maxi- res, et Josep Piqué, ministre espa- mum de moyens légaux » ; tous les gnol des affaires étrangères, dont pays doivent participer à cette le pays exercera la présidence de action, laquelle doit être placée l’Union après la Belgique). sous les auspices des Nations unies ; enfin, une riposte américai- VIOLENTE DIATRIBE ne ne saurait être justifiée tant que Des tonalités disparates ont les Américains n’auront pas appor- émaillé les propos du Guide suprê- té des « éléments de preuves » de la me de la révolution islamique, culpabilité de Oussama Ben l’ayatollah Ali Khameini, du prési- Laden. dent Mohammad Khatami, et du Hostile au régime taliban, l’Iran ministre iranien des affaires étran- imagine une solution politique à gères, Kamal Kharazzi. Le premier Kaboul autour de l’Alliance du a choisi le jour de la visite de la troï- Nord, dont le commandant Mas- ka pour lancer une violente diatri- soud était la figure emblématique. be contre Washington, soulignant Téhéran estime que, dans ce cas, le que son pays ne fournira « aucune président déchu Burhanuddin Rab- aide aux Etats-Unis et à leurs bani doit jouer un rôle significatif. alliés » en cas d’attaque contre Comme les Quinze, les diri- l’Afghanistan. « Pendant vingt- geants iraniens insistent pour que cinq ans, a-t-il ajouté, vous [les la crise actuelle ne prenne pas la Américains] avez constamment forme d’une opposition entre les attaqué les intérêts iraniens. Com- mondes musulman et occidental. ment osez-vous demander notre Comme eux, ils sont désireux de aide pour attaquer un pays musul- renforcer la coopération entre man et opprimer l’Afghanistan qui l’Union et leur pays. Mais comme est notre voisin ? » eux encore, ils reconnaissent que Pour Silvio Berlusconi, la civilisation occidentale est « supérieure » à l’islam « NOUS devrions être conscients G 8 à Gênes au mois de juillet, en y de la supériorité de notre civilisation voyant « une coïncidence singu- (…), un système de valeurs qui a lière » entre les protestataires anti- apporté à tous les pays qui l’ont adop- mondialistes et les terroristes à l’ori- té une large prospérité et qui garantit gine des attentats contre New York le respect des droits de l’homme et et Washington. « Les terroristes ont des libertés religieuses », a déclaré essayé de stopper les influences cor- Silvio Berlusconi, mercredi 26 sep- ruptives de la civilisation occidentale tembre, lors d’une conférence de sur le monde islamique, alors que le presse à Berlin, avant d’ajouter que mouvement antimondialiste critique « ce respect n’existe certainement de l’intérieur la manière de vivre occi- pas dans les pays islamiques ». dentale, essayant par là même de la Le président du conseil italien a rendre coupable. » estimé qu’en raison de la « supériori- Ses propos ont immédiatement té des valeurs occidentales » celles-ci suscité de vives critiques de l’opposi- allaient « conquérir de nouveaux tion en Italie. « Silvio Berlusconi est peuples », précisant que « cela allé à l’étranger et a lancé des appels s’était déjà produit avec le monde excentriques et dangereux à un conflit communiste et une partie du monde de civilisations (…), utilisant des ter- islamique, mais que, malheureuse- mes qu’aucun homme d’Etat digne de ment, une partie de ce dernier est res- ce nom n’a utilisés au cours de ces der- tée mille quatre cents ans en arrière. nières semaines », a déclaré Giovanni En conséquence, a-t-il souligné, Berlinguer, frère d’Enrico, ancien nous devons être conscients de la secrétaire du Parti communiste. De puissance et de la force de notre son côté, Alfio Nicotra, porte-parole civilisation ». du Parti communiste, fait remarquer Silvio Berlusconi a également que Berlusconi et Ben Laden « repré- évoqué dans cet entretien avec des sentent tous deux le fondamen- journalistes italiens les violences talisme : l’un des marchés, l’autre de qui se sont produites au sommet du la religion ». – (Reuters.) 8 LA SITUATION CRITIQUE DES RÉFUGIÉS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Le Pakistan maintient ses frontières fermées aux réfugiés afghans Hébergeant déjà environ deux millions d’exilés ayant quitté leur pays par vagues successives depuis 1979, Islamabad refuse d’accueillir les habitants qui ont commencé à fuir la guerre annoncée avec les Etats-Unis. A l’intérieur de l’Afghanistan, la situation humanitaire est des plus critiques

CHAMAN L'exode de la population afghane ramenés à la frontière et rendus aux des gardes frontaliers, de la police de notre envoyée spéciale talibans ». Seuls, au cas par cas, les tribale, de la police fédérale sur- Du sommet du col de Khojak, à NOMBRE malades peuvent rentrer briève- veillent le trafic, vérifient les DE RÉFUGIÉS près de 3 000 mètres d’altitude, la TURKMÉNISTAN OUZBÉKISTAN TADJIKISTAN ment au Pakistan afin de recevoir papiers d’identité, fouillent les voi- vue s’étend à l’infini sur une plaine AYANT des soins. Alors qu’elles avaient tures ou les bus. 50 000 Douchanbé 50 000 DÉJÀ FUI ocre, piquetée des minarets des CHINE accouché en plein air, deux fem- Le Pakistan, qui abrite déjà plus mosquées et des madrasa (école ATTENDUS mes ont ainsi pu aller à l’hôpital de de deux millions de réfugiés 500 000 coranique) qui ont poussé ici, du Chaman, mais elles ont ensuite été afghans, n’entend pas se faire for- côté pakistanais de la frontière, au 10 000 renvoyées en Afghanistan. cer la main trop vite. « La situation 200 000 1000 rythme des milliers de réfugiés Mazar e-Charif MOUVEMENTS Avant même le message du chef est totalement différente de celle des afghans venus s’installer depuis suprême des talibans, le mollah années 1980, quand les premiers IRAN ATTENDUS l’invasion soviétique de 1979. Près Hérat Mohammad Omar, demandant à réfugiés, fuyant l’invasion soviétique, Bamiyan Bagram d’une centaine de madrasa enca- ses concitoyens de rester chez eux, sont arrivés ici », affirme Saquib drent les 150 kilomètres de route 1 500 000 MOUVEMENTS les talibans, selon plusieurs témoi- Aziz. « Aujourd’hui, les gens n’en entre Quetta, la capitale du Balout- DEPUIS LE 11 SEPT. gnages, décourageaient la popula- peuvent plus des réfugiés », ajoute AFGHANISTAFGHANISTANAN Jalalabad chistan, et Chaman, toute proche tion de prendre la route du Pakis- le responsable local, en assurant 400 000 KABOUL 350 000 de l’Afghanistan. La plupart arbo- 100 000 tan. « A Kandahar, ils interdisent rent le drapeau rayé bleu et blanc Khyber Pass DÉPLACÉS de partir avec toute la famille. A la À L'INTÉRIEUR du Jamiat Ulema-e-Islami du frontière, ils empêchent les gens de 5 000 Peshawar DE L'AFGHANISTAN Les autorités maulana Faiz-ul-Rahman. Kandahar INDE AVANT LE 11 SEPT. traverser avec leurs bagages », affir- Khost Ardent défenseur des talibans, 200 000 me Abdul Khaleq, un élu de l’as- PAKISTAN du Baloutchistan sont le maulana ne cache pas son oppo- 500 15 semblée locale qui, comme beau- 000 sition à toutes éventuelles facilités PRINCIPALE ZONE coup de résidents locaux, a de la CONTRÔLÉE sans illusions quant offertes par le Pakistan aux Etats- 10 000 Chaman 2 000 000 PAR L'ALLIANCE famille des deux côtés de la frontiè- Unis. Il devait s’entretenir jeudi DU NORD re. à la possibilité de 27 septembre avec le président Per- Quetta Une chose est sûre : le nombre 1 000 000 160 km vez Moucharraf. de réfugiés qui attendraient à Cha- contrôler leur frontière Les slogans hâtivement peints Source : HCR/Le Monde man n’a pas véritablement grossi en noir sur les murs de ses madras- depuis les premiers appels du HCR sa sont sans ambiguïtés : « Longue de l’ONU, on ne les aperçoit pas, revient d’un court séjour à Kanda- Saquib Aziz, le responsable admi- à l’ouverture des frontières. Ce qui que les deux tiers des habitants de vie à Oussama ; longue vie aux tali- tant les gardes-frontières pakista- har (à trois heures de route), affir- nistratif local, mercredi. « Et même semblerait indiquer soit que la Chaman seraient des réfugiés. bans », proclame l’un d’entre eux. nais laissent les étrangers à distan- me toutefois : « Il y a des milliers si l’ONU pressurise le Pakistan, les population est informée de l’im- Pour l’instant, alors que le HCR « Si les Américains tuent Oussama, ce, par crainte d’incidents. « Les de gens qui attendent de l’autre gens ne nous permettront pas d’utili- possibilité de rentrer au Pakistan, se prépare au pire et a lancé un ils vont créer des centaines d’Oussa- talibans peuvent tirer de là où ils côté [de la frontière]. Ils n’ont rien, ser leur champ pour installer des soit qu’elle est empêchée de s’ap- appel pour 252 millions de dollars ma ; nous combattrons l’Amérique sont. Comme nous, ils ont des pas d’eau potable, pas de nourritu- nouveaux camps de réfugiés », ajou- procher des frontières. d’aide, la situation semble beau- jusqu’à sa destruction », peut-on armes », affirme le capitaine en re. La plupart sont des femmes et te-t-il. Les autorités du Baloutchistan coup plus préoccupante pour les lire sur un autre. Ces sentiments si charge de la sécurité. Visiblement, des enfants », ajoute cet homme, Dans la première semaine ayant sont toutefois sans illusions quant Afghans demeurés à l’intérieur de ouvertement exprimés expliquent les forces pakistanaises ne veulent qui avoue avoir payé suivi les attentats de New York et à la possibilité de contrôler totale- leur pays. Un million d’entre eux, sans doute l’extrême nervosité des pas prendre de risque avec leurs 130 000 afghanis (2 ¤) pour le tra- de Washington, près de 400 per- ment leur frontière avec l’Afgha- dont beaucoup s’entassent dans autorités au poste frontière de « frères » afghans, alors que la jet en taxi, une somme non négli- sonnes avaient réussi à passer nistan. « Nous essayons d’établir de des camps, notamment à Hérat, Chaman. situation est très tendue. geable compte tenu de la pauvreté mais, indique Mohammad Saquib nouveaux points de contrôle, mais ont déjà été déplacés de leur lieu Ici, 600 mètres séparent le dra- Khair Mohammad, un réfugié qui règne en Afghanistan. «La Aziz, « après les avoir rassemblés nous ne pouvons pas tout sur- de résidence habituel en raison de peau vert et blanc frappé du crois- afghan de longue date avec une frontière est totalement fermée aux dans une école pour deux nuits, on veiller », avoue Saquib Aziz. Entre la sécheresse ou des combats. La sant et de l’étoile, c’est-à-dire carte d’identité pakistanaise, qui réfugiés », confirme Mohammad les a mis dans des bus et on les a Chaman et Quetta, dix barrages nouvelle vague de population qui pakistanais, du drapeau blanc des évacue les villes en direction des talibans, qui marque l’entrée en campagnes semble s’installer chez territoire afghan. Postés sur un des parents. mirador, les gardes-frontières « Ils sont pris au piège dans leur pays », déplore le HCR Mais, très vite, le problème de la pakistanais surveillent le va-et- nourriture risque de se poser : la vient incessant de camions, de QUETTA pays ». Le HCR continue toutefois, avec chacun en eau, si sa quantité peut être rapidement accrue, distribution dans les campagnes motocyclistes, de charrettes tirées de notre envoyée spéciale des pays concernés – Pakistan, Iran, Tadjikistan, s’il est possible d’en apporter, etc. Nous nous rensei- est plus aléatoire et, dans certai- par des ânes chétifs, de piétons qui Vingt-deux ans de guerre et trois années de Ouzbékistan, Turkménistan –, des négociations gnons aussi sur les sentiments de la population loca- nes régions, il est difficile de savoir passent dans les deux sens. sécheresse ont déjà contraint à l’exil 3,7 mil- à tous les niveaux, pour tenter de les faire flé- le. Si elle est trop hostile, ce sera invivable pour les qui va distribuer les stocks de Fermée pour les réfugiés, la fron- lions d’Afghans, dont plus de 2 millions vivent chir. Sans succès, tant il est vrai qu’il n’y a pas de réfugiés », ajoute M. Colville. vivres. Pour l’heure, le programme tière est ouverte pour tous les au Pakistan et 1,5 million environ en Iran. Le grandes foules agglutinées aux frontières. La Le HCR affirme en cas de besoin pouvoir alimentaire mondial (PAM) a bénéficiaires de documents de Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de situation pourrait changer si des actions militai- déployer 700 personnes, expatriées ou d’origi- repris ses livraisons de nourriture, voyage en règle, pour les camions l’ONU se prépare à un éventuel nouvel afflux res se produisaient en Afghanistan et que des ne locale, qui s’ajouteront à ses 500 employés via le Turkménistan, pour 300 000 transportant des sacs de blé ou de de 1 million de réfugiés au Pakistan, 400 000 en milliers de gens affolés tentaient de fuir. qui travaillent déjà au Pakistan et en Iran princi- personnes déplacées dans les pro- farine, et pour les nombreux Pakis- Iran, 50 000 au Tadjikistan et 50 000 au Turkmé- C’est aussi dans cette éventualité que des équi- palement. Le plan prévoit la construction de vinces afghanes de Fariab et Balkh tanais qui possèdent des commer- nistan. Le plan d’urgence prévoit aussi que pes mixtes – mêlant HCR, organisations non gou- dizaines de camps de réfugiés, la livraison de (près du Turkménistan et de ces dans le bazar établi du côté 500 000 personnes devraient être aidées à l’inté- vernementales et gouvernementales et autorités plus de 80 000 tentes, des centaines de milliers l’Ouzbékistan). Ici, les stocks afghan de la frontière. rieur de l’Afghanistan. locales – visitent des sites pour établir des camps de kits de santé et d’hygiène, des milliers de seront épuisés à la fin de la semai- Les réfugiés potentiels, qui Cependant, toutes les frontières des pays joux- le long des frontières. 75 sites ont été identifiés couvertures, etc. Tout devra être transporté au ne prochaine, selon Khaled Man- seraient entre 10 000 et 20 000 à la tant l’Afghanistan sont fermées aux réfugiés et, dans la province de la frontière du Nord-Ouest, Pakistan et en Iran par avion. sour, le porte-parole du PAM. frontière de Chaman selon le Haut- selon le porte-parole du HCR à Quetta, Rupert au Pakistan, et deux ou trois au Baloutchistan. Commissariat aux réfugiés (HCR) Colville, « les Afghans sont pris au piège dans leur « Nous examinons particulièrement la disponibilité F. C. Françoise Chipaux Les entrepreneurs pakistanais refusent une nouvelle vague d’immigrants PESHAWAR avaient même été reconduits à la sonne. C’est Jalalabad qui appelle. ducteurs pakistanais. Comme de notre envoyé spécial frontière. Et puis voilà que ça recom- Le réseau téléphonique entre les aucune taxe, aucun impôt, aucun « Qu’ils s’en aillent ! Nous n’en mence. S’ils restent encore long- deux pays, remis en état par le droit de douane n’est levé sur le pouvons plus de tous ces Afghans qui temps, je vous le garantis, il y aura Pakistan il y a quelques années, commerce des Afghans – « c’est nous ruinent ! » Derrière l’épaisse de sérieux problèmes. » Sale temps fonctionne encore. Mal. Le jeune vrai, nous ne payons rien au Pakis- pour le consensus de façade affi- haji est obligé de hurler : « Allo… tan mais au moins 20 % de la valeur REPORTAGE ché par le Pakistan à l’opinion Combien tu dis ? Tu es sûr que tu ne de nos marchandises sont prélevés internationale sur l’air de la « fra- peux pas avoir plus ? Bon, alors par les talibans », affirme le haji –, La contrebande, ternité humaine et musulmane ». vas-y, vends tout le stock… Non, le manque à gagner pour le Trésor massive, représenterait Syed Khyzar Hayat dit tout haut ce non, n’attends pas que ça remonte. pakistanais est énorme : autour de la moitié du produit que pensent tout bas, selon beau- Allez, bye… » trois cents milliards de roupies par intérieur brut national coup, « 90 % des Pakistanais : y en Les affaires continuent. La an, c’est-à-dire plus que l’ensem- a marre ! ». Le crime, la drogue, Super Jahan achète et vend de ble des impôts effectivement col- les mafias, le trafic d’armes, l’effon- tout. Du ghee – le beurre végétal lectés par l’Etat… moustache chaplinesque du colo- drement de l’économie locale : acheté à Singapour et en Malaisie Encore faut-il y ajouter le com- nel en retraite Syed Khyzar Hayat, « Depuis plus de vingt ans, nous –, des chaînes hi-fi et des télévi- merce de l’opium, transformé en président de la chambre de com- avons tout supporté. Il n’y a pas dix seurs – alors que les talibans inter- héroïne dans des laboratoires clan- merce et d’industrie de Peshawar, ans, il y avait deux mille industriels disent musique, cinéma et télévi- destins pakistanais avant de gagner les lèvres minces tremblent de colè- dans la province. Il en reste à peine sion –, toutes sortes d’électroni- les marchés occidentaux et dont re. Ce 24 septembre, après moult trois cents. La violence et la contre- que grand public – « Nous sommes l’Afghanistan est devenu, sous les et discrètes pressions internationa- bande de masse organisées par les l’agent officiel de Mitsubishi en talibans, l’un des premiers produc- les, le gouvernement militaire du Afghans les a suffoqués. » Afghanistan », précise le haji –, du teurs au monde. Interprétation Pakistan a fini par accepter bois d’Afghanistan, de la nourritu- locale des enseignements du Pro- d’ouvrir ses frontières aux dizaines « PAS BON POUR LE BUSINESS » re, etc. Au terme de l’Afghan Tran- phète par un régime qui s’en récla- de milliers de réfugiés qui frappent Changement de décor. Au bazar sit Trade, accord signé avec le me : « Nous interdisons la culture du à la porte du « pays des purs ». afghan d’Hayatabad, plus connu Pakistan en 1950, tout ce qui est haschisch car ce sont les musulmans Une nouvelle vague s’annonce et sous le vocable de bara karhanou importé à destination de l’Afgha- qui le consomment », expliquait un nul n’en connaît l’ampleur. En prin- (marché de la contrebande), dans nistan et transite par le Pakistan jour un dirigeant enturbanné. cipe, celle-ci n’ira pas rejoindre les la banlieue est de Peshawar, haji n’est soumis à aucune taxe. Le pro- « L’opium, lui, est consommé par les précédentes, les deux millions – Noor Ahmed Khan Alam est blème, qui ne date pas d’hier – «la kafirs (les infidèles), il faut bien que « au minimum ! » – de réfugiés et inquiet. « Tout cela n’est vraiment frontière est une passoire depuis tou- nos paysans vivent… » d’immigrants clandestins qui peu- pas bon pour le business. L’Iran a jours », se félicite notre interlocu- Le docteur Sher Zahman Taizi, plent déjà la quatrième province fermé sa frontière et celle du Pakis- teur –, c’est qu’une énorme partie vieil intellectuel pakistanais, qui a du Pakistan et, au-delà, certaines tan est de plus en plus difficile à pas- de ces importations aboutit en travaillé vingt-quatre ans à la sec- grandes villes du pays comme Kara- ser pour nos camions. » Le haji – fait, après un petit tour rapide en tion analyses des services secrets chi. Comme au Baloutchistan et, titre honorifique attribué à tout Afghanistan, sur les « baras » du de son pays avant de publier des plus au sud, en Iran, les nouveaux musulman qui a fait le pèlerinage Pakistan. études pointues sur la société pach- arrivants dans la North West Fron- à La Mecque – est un bon gros Selon une étude officielle de toune, nous l’avait dit : « En Afgha- tier Province seront consignés géant afghan, qui parle haut et 1996, la contrebande est massive. nistan, la recette du pouvoir a tou- dans des camps spéciaux, gérés et clair. Sa très colorée carte de visite Favorisée par la mainmise presque jours tenu en “3 M” : Malik, Mollah, financés par les Nations unies. précise qu’il est le managing direc- totale des Afghans sur le secteur Money. L’ordre a été un peu inversé. « Quel malheur, se lamente tor de la société d’import-export des transports routiers pakistanais Le mollah a maintenant la primauté notre martial interlocuteur. Nous Super Jahan Trading and C˚. Quar- et par la corruption de nombreux sur le malik (chef tribal tradition- avions presque réussi à en faire ren- tier général : Jalalabad, à 120 kilo- douaniers du cru, elle représente- nel), mais au fond, vous voyez, rien voyer un grand nombre chez eux. Le mètres de Peshawar, de l’autre rait quelque chose comme la moi- n’a changé… » processus de tri, dans les camps, côté de la légendaire Khyber Pass. tié du produit intérieur brut natio- avait commencé. Quelques milliers Justement, voici le téléphone qui nal ! C’est elle qui détruit les pro- Patrice Claude INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 9 L’OTAN reçoit une nouvelle L’entrevue entre Shimon Pérès et Yasser Arafat mission en Macédoine BRUXELLES. L’OTAN s’est mise d’accord, mercredi 26 septembre, sur s’est déroulée dans un climat tendu à Gaza l’opération « Renard roux », destinée à protéger des observateurs civils internationaux en Macédoine. L’opération « Moisson essentiel- le » de collecte d’armes de la guérilla albanaise, qui a restitué quelque Le programme minimal envisagé est très modeste et peu novateur 3 875 armes individuelles et collectives, s’est achevée mercredi 26 sep- tembre, comme prévu. Elle mobilisait 4 500 hommes, sous commande- GAZA montré l’ampleur du travail qui res- exigent ainsi une levée immédiate tir des zones d’habitation et une lut- ment du Royaume-Uni. Le compromis, intervenu en dernière minute, de notre envoyé spécial te à accomplir. Première du genre et complète du bouclage et un te effective contre les actions terro- entre des émissaires de l’Alliance atlantique et le gouvernement macé- Elle ne fut ni particulièrement depuis de longs mois, cette rencon- retrait sans conditions des forces ristes. La commission, présidée par donien a abouti à l’envoi d’une force, entre 700 et 1 000 hommes, longue, ni spécialement chaleu- tre doit permettre, officiellement, israéliennes sur les positions occu- l’ancien sénateur américain, souli- vouée à sécuriser une mission civile d’observation, de 200 spécialistes reuse, mais elle fut, et devant leurs de ranimer un processus en état de pées avant le début de l’Intifada, gnait que l’arrêt des violences et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), écrans de télévision les responsa- mort clinique. Les perspectives alors que les Israéliens subordon- l’adoption de mesures de confian- chargés de veiller à la mise en œuvre du plan de paix en Macédoine. Le bles américains ont dû pousser un dressées mercredi sont pourtant nent une levée progressive de leur ce « ne dureront pas en l’absence mandat de cette force de l’OTAN est d’une durée de trois mois, renou- soupir de soulagement. Soucieux, très modestes et peu novatrices blocus au calme constaté dans telle d’un retour à des négociations cons- velable. – (AFP, Reuters.) après les attentats du 11 septem- puisqu’elles consistent en l’applica- ou telle zone. Les Palestiniens s’op- tructives ». On en est encore bien bre, de gagner à leur cause les régi- tion de plans sécuritaire et politi- posent également à la création loin, car au-delà des divergences mes arabes modérés, les Etats- que établis au printemps 2001 par d’une « zone tampon » au nord- exprimées à propos des premières La gauche polonaise remporte Unis, critiqués sévèrement par ces la commission internationale prési- ouest de la Cisjordanie, près des vil- mesures souhaitées, une double mêmes régimes pour leur inaction dée par l’ancien sénateur améri- les palestiniennes de Jénine et de contrainte pèse sur les deux prota- devant le casse-tête israélo-palesti- gonistes de la rencontre de mercre- 216 sièges sur 460 à la Diète nien, avaient besoin d’une image di. Dans quelle mesure M. Arafat symbolique, porteuse d’espoirs : ce Une rencontre unanimement saluée peut-il reprendre une coopération VARSOVIE. La coalition de gauche SLD-UP a obtenu 41,04 % des voix fut la poignée de main qui a mar- abandonnée depuis le début de l’In- aux élections législatives à la Diète (Chambre basse), dimanche 23 sep- qué la rencontre entre le chef de La rencontre entre le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, et le tifada sans se mettre à dos une par- tembre en Pologne, et remporté 216 sièges sur les 460 en jeu, selon les l’Autorité palestinienne, Yasser Ara- ministre des affaires étrangères israélien, Shimon Pérès, a été unanime- tie de sa population ? Interrogés résultats officiels annoncés, mercredi soir, par la Commission nationale fat, et le ministre israélien des affai- ment saluée dans le monde. Le président américain, George W. Bush, s’est mercredi à Gaza, des responsables électorale. La Plate-forme civique libérale sera, après la coalition de gau- res étrangères, Shimon Pérès, mer- déclaré, mercredi, « optimiste ». « Qu’il y ait des discussions en cours qui du Mouvement de la résistance isla- che, le parti le plus représenté à la Diète avec 65 sièges pour 12,68 % des credi 26 septembre, à l’aéroport pourraient conduire à l’application du [plan] Mitchell est encourageant »,a mique (Hamas) et du Djihad islami- voix. Le parti radical paysan Samoobrona est arrivé en troisième posi- international de Gaza. déclaré M. Bush, qui a jugé, en outre, qu’un arrêt des violences serait « bon que se sont déclarés certains que le tion et comptera 53 sièges (10,20 %). Le parti Droit et Justice en obtient Sans cesse repoussé par le pre- pour les Etats-Unis, bon pour le Proche-Orient et le monde ». L’Union euro- chef de l’Autorité ne sacrifiera 44 (9,50 %), le Parti paysan traditionnel (PSL) 42 (8,98 %) et la Ligue des mier ministre israélien, Ariel Sha- péenne s’est également félicitée de la rencontre de mercredi, qui constitue jamais l’unité palestinienne au pro- Familles polonaises, catholique ultra-nationaliste, 38 (7,87 %). La mino- ron (Le Monde du 25 septembre), « un pas important, nécessaire au rétablissement d’un climat de confiance » fit de meilleures relations avec les rité allemande disposera enfin de deux députés dans la nouvelle Diète. ce projet s’est avéré difficile à met- entre les parties. Sur le terrain, des chars israéliens sont entrés en zone Israéliens. « Yasser Arafat se mettra Le taux de participation au scrutin s’est élevé à 46,29 %. tre en œuvre. M. Sharon a résisté autonome palestinienne à Rafah, au sud de la bande de Gaza, dans la nuit en danger s’il veut nous arrêter »,a La coalition SLD-UP a obtenu, par ailleurs, 75 sièges sur 100 au Sénat jusqu’au bout aux pressions améri- de mercredi à jeudi, et ont détruit huit maisons. De sources palestiniennes, estimé, au nom du Djihad, Khaled (Chambre haute) contre 15 à la droite réunie au sein du bloc électoral caines et aux invitations européen- cette incursion a fait trois morts côté palestinien. Ces décès portent à 825 le El Batch. « S’il met en prison le « Senat 2001 », 4 au parti paysan PSL, 2 au parti radical Samoobrona et nes, réclamant inlassablement un nombre de tués depuis le début de l’Intifada, dont 633 Palestiniens et Hamas, il doit aussi mettre en prison à la Ligue des familles polonaises. Les deux derniers sièges de sénateur retour au calme complet, difficile à 169 Israéliens, selon le décompte de l’Agence France-Presse. – (Corresp.) le Fatah, son propre parti, et alors sont revenus à un indépendant et à un candidat soutenu par le parti obtenir dans des territoires palesti- que dira-t-il aux Palestiniens ? », conservateur PIS. – (AFP.) niens surchauffés par un an d’Intifa- s’est interrogé Ismaël Abou Cha- da. Le premier ministre israélien cain George Mitchell et par le direc- Tulkarem, d’où sont venus de nom- nab, pour le Hamas. DÉPÊCHES s’est exécuté non sans subir un teur de la CIA, George Tenet. breux kamikazes palestiniens au Des interrogations similaires a MALAWI : les présidents de la République démocratique du Con- camouflet. Le matin même de la Selon le communiqué du négocia- cours des derniers mois. De leur pèsent sur M. Pérès qui a déjà mis go (RDC) et du Rwanda, Joseph Kabila et Paul Kagamé, « se sont mis rencontre, l’armée israélienne a été teur palestinien Saëb Erekat, « les côté, les Israéliens auraient soumis en jeu sa démission pour pouvoir d’accord sur certaines mesures » en vue de mettre fin au conflit des en effet victime d’une attaque à deux parties reprendront une entiè- à l’Autorité palestinienne une liste rencontrer le chef de l’Autorité Grands Lacs, après cinq heures de discussions, a annoncé, mercredi l’explosif, des miliciens palesti- re coopération dans le domaine de précise de suspects à placer au plus palestinienne. De quel mandat 26 septembre, le président malawite Bakili Muluzi. Les deux hommes niens ayant miné un tunnel creusé la sécurité et déploieront le maxi- vite sous les verrous. politique dispose le ministre des étaient arrivés séparément le matin même à Blantyre pour deux jours à proximité d’une position israélien- mum d’efforts pour maintenir le ces- affaires étrangères alors que son d’entretiens sous les auspices du président Muluzi, président en exerci- ne, alors que les affrontements quo- sez-le-feu proclamé. Conformément DOUBLE CONTRAINTE supérieur hiérarchique reste intrai- ce de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), tidiens de Rafah, au sud de Gaza à leurs engagements, les deux par- Selon les termes du rapport Mit- table et qu’il continue, de surcroît, qui compte 14 Etats. M. Muluzi n’a pas indiqué la nature des « mesu- (lire ci-contre), ont apporté leur lot ties assumeront les obligations en chell, il faudrait qu’une période d’employer son fils Omri pour fai- res » sur lesquelles les deux présidents se sont entendus. – (AFP.) de blessés et de morts palestiniens. matière de sécurité découlant des d’accalmie « significative » puisse re passer les messages aux Palesti- a GUINÉE : l’opposant Alpha Condé a retrouvé son siège de dépu- Si les difficultés éprouvées pour accords antérieurs et le gouverne- être constatée avant d’envisager niens, en dépit des critiques ? La té à l’Assemblée nationale après plus de quatre années d’absence. Le la mettre au point ont pu masquer, ment commencera à lever le boucla- des mesures permettant de rétablir rencontre de mercredi devrait être leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, opposition radi- un temps, sa véritable portée politi- ge et à replier ses forces ». la confiance telles que le gel de la suivie par une deuxième réunion la cale), candidat à l’élection présidentielle de 1998, avait été arrêté en que, le communiqué rendu public Les différends ne manquent pas colonisation, le transfert des som- semaine prochaine. décembre de la même année et condamné, en septembre 2000, à cinq à l’issue de la rencontre et les visa- entre les deux camps sur ce pro- mes dues à l’Autorité palestinien- ans de réclusion pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Il avait bénéficié ges crispés des participants ont gramme minimal. Les Palestiniens ne, l’arrêt des tirs palestiniens à par- Gilles Paris d’une grâce présidentielle après trente mois de prison. – (AFP.) 10 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS ENQUÊTE

Vendredi 21 septembre, près de la mosquée de Brooklyn. Après la prière, de nombreux fidèles musulmans ont participé à une manifestation dénonçant le terrorisme.

jamais demandé pourquoi il com- battait, peut-être tout simplement contre les valeurs occidentales qu’in- carnaient à ce moment-là les Russes athées et anti-islamistes. Aujour- d’hui, des commandos ont frappé le cœur de notre énergie. »

A suite ? Hassan redoute les réseaux dormants. « Désor- Lmais, ce que nous craignons est au-delà de ce que nous pouvons imaginer. » Il n’est pas mécontent qu’une mobilisation internationa- le lutte contre les intégristes : il les exècre. Mais « les sages à Washing- ton doivent se poser la question des causes : pourquoi on nous déteste autant ? Sans doute à cause de notre arrogance, de notre maladres- se. En Irak, cinq mille bébés meu- rent chaque année depuis dix ans à cause de l’embargo. Tout le monde s’en fout ! Dans le monde arabe, les Etats-Unis soutiennent des régimes tyranniques et corrompus. Les peu- ples n’ont aucun espoir d’accéder à la démocratie et au développe- ment. Au bout du compte, ils se disent : on ne nous aime pas. Bush veut dépenser 60 milliards de dol- lars pour son bouclier antimissile, ça représente combien de budgets de pays africains ? Le citoyen de l’Amérique profonde vit dans l’igno- rance totale. Le genre de type qui dit : moi, moi, moi. Ma maison, ma série télévisée “Jerry Springer”, le talk-show, Miss America, le super- SHANNON STAPLETON/REUTERS marché. Il a vu les attaques à la télé. Il ne comprend pas. Il veut une revanche, mais, quand il verra la limite de la revanche, il fera une dépression nerveuse. Peut-être que l’Amérique tout entière fera une dépression nerveuse. Elle devrait mieux entendre ce que le reste du Etre arabe à New York monde attend d’elle. Si on vit dans un monde global, il faut écouter les autres, les petits, ceux qui sont diffé- ARDI 11 sais que je venais de parler en ara- ges, incendies criminels contre des demandent au téléphone: « Qu’est- rents, ceux qui souffrent .» septembre, Depuis be. C’était… ». Moukhtar ne peut maisons ou des magasins. Une ce qu’on peut faire? » Il répond : Hassan entend les discours xéno- Moukhtar en dire plus. mosquée a été défoncée par une « Le double effort de rester unis et phobes de certains hommes politi- Kocache, l’attaque du Quelques heures plus tard, au voiture bélier. « Toutes les heures, de se poser des questions, compren- ques. Les médias ressassent en per- trente et carrefour de la 11e Rue et de la tous les jours, des Américains sont dre l’autre, écouter. » manence qu’il ne faut pas repro- un ans, 11 septembre, 6e Avenue, il croise un couple de arrêtés parce qu’ils ont une “gueule Hassan, Américain d’origine duire l’erreur de 1942, quand Roo- s’apprête à jeunes New-Yorkais, « le genre d’Arabe”. » Sur une piste d’aéro- égyptienne de cinquante-trois ans, sevelt avait déporté les citoyens rejoindre trois branché, qui sirotaient un cappuc- port, des passagers d’un avion de membre d’une équipe dirigeante américains d’origine japonaise son bureau cino ». L’un d’eux, selon Moukh- ligne intérieure ont exigé que d’une multinationale, est beau- dans des camps après l’attaque de au World Trade Center. New Yor- Américains tar, s’exclame : « On devrait foutre soient débarqués trois Américains coup plus pessimiste. Il a été frap- Pearl Harbour. Bush a tenté de ras- Mkais d’origine libanaise, il travaille une bombe sur tous les Arabes, ne d’origine iranienne. La compagnie pé par l’histoire d’un passager ara- surer la communauté arabe améri- au Lower Manhattan Cultural musulmans serait-ce que parce qu’ils ont déglin- aérienne a cédé. be américain tué dans l’un des avi- caine dans son dernier discours et Council, organisme qui accueille gué notre réseau de téléphones por- Le lendemain de l’attaque, les ons détournés et du frère de celui- a visité une mosquée à Washing- des artistes aux 91e et 92e étages de ont été tables. » Moukhtar réagit : « Vous chasseurs F16 volent à basse altitu- ci, propriétaire d’un supermarché, ton. « C’est bidon, réagit Hassan. Je la tour numéro un. Certains tra- devriez avoir honte ! » Le couple de au-dessus de New York. Instincti- attaqué le même jour par d’autres suis prêt à parier que des centaines vaillent sur la courbure terrestre assassinés répond par des insultes. « Pour- vement, Moukhtar se recroqueville Américains en colère. « L’enfant a de milliers d’Arabes-Américains qu’ils croient déceler au loin, à l’ho- quoi ne retournes-tu pas dans ton et se couche par terre. Il a quitté assisté aux funérailles de son père sont sur écoute et surveillés. AOL a rizon, d’autres sur la sensation de aux Etats-Unis pays ? On va vous bombarder, ban- Beyrouth à l’âge de douze ans pen- sous escorte policière, sous les insul- déjà livré à la police un certain nom- vertige et ces fenêtres dont on a de de merdeux. » Les passants s’at- dant les bombardements israéliens. tes. Quelle vision aura-t-il de bre de mails. Les autres immigrés se volontairement réduit la largeur et une troupent. Moukhtar espère que Moukthar réfléchit. Il se sent arabe. l’Amérique? » La cousine de Has- disent : cette fois, ce sont les Arabes, pour rendre la vue et la vie plus l’un d’eux apaisera le couple. Anglais par sa mère, il a vécu quel- san est une femme d’affaires à Bos- à quand notre tour ? Il y a tellement supportables. D’autres s’imprè- cinquantaine « Très vite, j’ai compris que person- ques années en France. Il est allé fai- ton. Elle brasse des milliards de de clandestins qui bossent comme gnent et s’interrogent sur cette ne n’interviendrait. A un policier qui re le pèlerinage à La Mecque, «un dollars, habite dans un quartier des chiens et qui n’ont aucun espoir. humanité qui travaille dans « les d’agressions se trouvait là, je demande : Vous peu par curiosité sociologique ». chic. Elle est morte de trouille. Quand tu parles avec eux, tu sens bureaux du monde », consomme allez rester comme ça à ne rien Pour Hassan, l’Amérique a long- une haine qui sort. Ils aimeraient au sous-sol dans le plus vaste cen- recensées : faire ? Il n’a rien répondu. Il m’a seu- ÈS qu’il a touché le sol de temps incarné une forme de bonté respirer. On leur dit : non, les illé- tre commercial de la Côte est et lement regardé très calmement. » New York, il a compris que et d’innocence. « Si tu es un type gaux sont des salopards. » voyage, un niveau plus bas, dans tabassages, De retour chez lui, Moukhtar Dtoutes « ces identités hybri- bien, tu peux venir en Amérique. A Brooklyn, dans le quartier l’une des principales gares ferro- réalise qu’il a perdu une dizaine des pouvaient exister, s’épanouir ». New York, c’est encore mieux. Tu as populaire d’Atlantic City, les immi- viaires de la ville. incendies d’amis et que, sur les vingt-cinq Il sent qu’il faut à un moment se une liberté extraordinaire de mani- grés yéménites, marocains, algé- Moukhtar est sur le point de par- artistes en résidence, deux se trou- dégager de ses racines, il se contre- fester tes talents. Je suis moi-même, riens affirment : « A New York, ça tir de chez lui. Le téléphone sonne. criminels. vaient à l’intérieur de la tour au fout des « backgrounds » ethni- sans à avoir à justifier mes racines. ne craint rien et puis nous sommes Un ami lui annonce la nouvelle. Il moment de l’attaque. La première, ques quand il écoute quelqu’un Mon ex-épouse était juive, ce n’était devenus américains. » Une fillette allume la télé, voit, s’affole, se met Une mosquée Vanessa Lawrence, a eu le temps a vu son voile arraché à la sortie à crier, se sent écrasé dans son fau- de descendre jusqu’au rez-de- de l’école. Des mères ont remplacé teuil. Il pense à ses amis plasti- a été chaussée. Le deuxième, Michael « Toutes les heures, tous les jours, le foulard de leurs filles par des ciens. Il appelle, le téléphone ne Richards, d’origine jamaïcaine, est perruques qui leur cachent les che- marche plus. Sur l’écran, le feu, les défoncée par mort. En 1999, il avait coulé dans des Américains sont arrêtés veux. Personne ne veut en parler. colonnes de fumée. Il pense à la le bronze un aviateur dont le corps Mouktari, restaurateur yéménite, dizaine de personnes qu’il connais- une voiture était transpercé de petits avions. parce qu’ils ont une “gueule d’Arabe” » n’aime pas les Noirs, ni les Hispani- sait à la société qui gère les tours, Dans son studio, au 92e étage de la ques : « Ils sont drogués, ils boivent des gens « beaux » avec qui il tra- bélier. tour, il travaillait ces derniers jours Moukhtar, trente et un ans de l’alcool. » vaillait parfois jour et nuit pour sur des sculptures de pilotes che- Son neveu, garçon d’ascenseur organiser des festivals, des exposi- A New York, vauchant des météores qui tom- dans un bâtiment de Wall Street, tions. Il pense au gardien qu’il baient du ciel et s’écrasaient sur parler. Il a cru au processus de pas un problème, elle est internatio- est en chômage technique. Pour aimait bien, aux femmes de ména- même des débris. paix au Proche-Orient, à l’ex- nale, sophistiquée, j’ai été accepté lui, cela ne fait aucun doute, « c’est ge, à l’employé du snack qui lui Durant trois jours, Moukhtar istence d’un Etat palestinien aux par sa famille. Le jour de l’attaque, le Mossad qui a fait le coup. Il réchauffait sa pizza à midi, aux per- les mieux regarde la télévision. Puis il arrête, côtés d’Israël. Il parle souvent à elle m’a appelé pour me demander paraît que les juifs ne sont pas allés sonnes qui s’occupaient des plan- effaré. « Les médias étaient enra- ses amis new-yorkais de l’Alexan- comment j’allais. Ici, si tu travailles à leur travail le jour de l’attaque. » tes. Avec eux, il parlait de la intégrés gés, moi aussi j’étais enragé. » drie de la fin du XIXe siècle. « Les bien, si tu crois aux meilleures Hussein, chauffeur de taxi pakista- météo, racontait des blagues. Sur L’Amérique en guerre, la « nouvel- musulmans, les chrétiens, les juifs, valeurs de l’Amérique c’est-à-dire à nais, colporte la même rumeur : l’écran de télévision, il voit les s’angoissent le croisade », cette vision de les Italiens, les Grecs, les Turcs, se la méritocratie, tu vas réussir. On ne « C’est vrai puisque je l’ai lu dans tours s’effondrer. l’Orient qui ne serait qu’un vaste retrouvaient dans un lieu fertile. cherche pas à savoir qui tu es, mais un journal de mon pays. » Il pense Moukhtar sort, marche dans les désert peuplé de chameaux et de C’est de là qu’est né l’être moderne en quoi tu contribues au système. Si que les Américains vont tuer des rues, court d’hôpital en hôpital, fanatiques, les digressions des arabe. » Il se souvient que le quar- tu comprends vite, tu peux faire un innocents. « Je vais me sentir mal. entre dans un centre d’informa- commentateurs sportifs qui, pen- tier de Wall Street et du World Tra- saut géant en une année. Ailleurs, il De toute façon, partout, et depuis tion ouvert aux familles et aux dant un match de base-ball, ex- de Center s’appelait au début du te faudrait dix ans. » Hassan se longtemps, ils tuent des innocents. » amis des disparus. Des hommes, pliquent que « la violence fait XXe siècle Little Damas, car il abri- demande si l’Amérique qu’il aime Il apprend chaque jour que des des femmes, des pères, des mères, partie de la culture des Arabes ». tait les premiers immigrants n’est pas en train de s’éloigner. musulmans sont agressés aux des frères attendent depuis des « D’autres journalistes affirmaient syriens. Il le répète : depuis l’atta- Le pays était basé sur l’optimis- Etats-Unis. Lui, il est décidé : «Si heures, complètement perdus. La que certaines communautés d’Ara- que, il se sent sûrement arabe. Il me, la confiance totale en soi, la on m’attaque, j’attaque. » Il a quel- sonnerie du téléphone portable de bes-Américains avaient fait la fête aime cette culture, il a envie de sécurité qui permettait toutes les ques voisins, quelques amis, mais Moukhtar retentit. Sa sœur l’appel- le soir de l’attaque. Les maires des « la célébrer, de la faire partager ». libertés. Il contemple le massacre : à part les membres de sa commu- le du Liban. Il la rassure, essaye de villes concernés démentaient, mais La synagogue du quartier l’a invité « Ben Laden a été formé par la CIA. nauté, Hussein ne connaît aucun lui raconter. Il en est incapable, il ça ne faisait rien. » Trois Améri- à parler de l’islam. Il va expliquer Il a appris les techniques financières New-Yorkais. « Je discute avec les pleure. Il lui parle en arabe et sou- cains musulmans ont été assassi- qu’il n’y a pas d’homogénéité les plus complexes pour transférer clients quand ils veulent bien me dain, il sent tous les visages anéan- nés depuis l’attaque du 11 septem- musulmane, préciser que des actes 1 milliard de dollars des Etats-Unis parler. » tis sursauter et se tourner vers lui. bre. Une cinquantaine d’agres- barbares ne reflètent pas une civili- à la résistance afghane pendant la « Ils me regardaient et moi je réali- sions ont été recensées : tabassa- sation, une religion. Ses amis lui guerre contre l’URSS. On ne s’est Dominique Le Guilledoux 12 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Aux Etats-Unis, le retour de l’Etat dans l’économie 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F « REPENSER L’ÉCONOMIE »… utilité et qu’il fallait laisser jouer tembre, que s’est-il passé ? A situa- au secteur aérien sont venus mor- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Le magazine Business Week n’est librement les marchés sans se met- tion exceptionnelle, mesures excep- dre dans les excédents budgétaires, Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr certes pas le plus libéral de la tre en tête d’organiser une coopéra- tionnelles : George W. Bush a déci- déjà rognés par l’essoufflement de galaxie de la presse anglo-saxonne. tion financière internationale. dé de débloquer 40 milliards de dol- la croissance. La dynamique enclen- ÉDITORIAL Mais qu’il fasse de cette formule Une simple gaffe ? C’est ce que, lars sous forme d’aides à la ville de chée participe désormais d’une logi- son titre principal (« Rethinking the poliment, les autres grands argen- New York et de financements sup- que non dite, mais clairement iden- economy »), voilà qui en dit très tiers des pays industrialisés ont, à plémentaires pour le FBI, les agen- tifiable, celle du keynésianisme. long sur ce qui se passe aux Etats- l’époque, fait mine de croire. Mais ces de renseignement et l’armée, et Conséquence immédiate, le Le Parlement oublié Unis, aux lendemains des attentats. dans les semaines suivantes les faits 15 autres milliards pour venir en débat budgétaire a soudain changé Dans un pays où le marché règne leur ont apporté une cascade inter- aide aux compagnies aériennes, de nature outre-Atlantique : il ne N Grande-Bretagne, dès convictions. La Constitution pré- en maître et où l’intervention de la minable de démentis. Il y a d’abord asphyxiées par la paralysie du trafic s’agit plus de discuter du montant le 14 septembre, la cise que « le Parlement est réuni puissance publique n’a pas bonne eu la mise en cause par Washington et la chute de la demande. des excédents budgétaires à préser- Chambre des commu- en session extraordinaire à la presse, ce sont de bien vieilles con- des engagements pris à Kyoto pour ver mais de déterminer s’il faut Enes était convoquée demande du premier ministre ou victions qui ont été ébranlées. lutter contre les émissions à effet UN NOUVEAU « NEW DEAL » ? aider les entreprises ou les parti- pour entendre Tony Blair et de la majorité des membres compo- La nouvelle administration améri- de serre ; puis il y a eu la remise en Le pli semble être pris. Le secré- culiers. Dans ce nouveau cadre de débattre de la situation interna- sant l'Assemblée nationale » et caine et le président George cause des projets de l’OCDE, pour- taire d’Etat au Trésor, Paul O’Neill, réflexion, la discussion partisane a tionale. En Israël, le 16 septem- que ces sessions « sont ouvertes W. Bush lui-même se gardent, cer- tant plutôt timorés, visant à lutter a expliqué qu’il étudiait en matière repris ses droits ; aux démocrates bre, la Knesset consacrait une et closes par décret du président de tes, de présenter les choses de la sor- contre les paradis fiscaux et le blan- budgétaire et fiscal « tous les instru- de plaider pour la relance du pou- session extraordinaire à la tragé- la République ». Il faut donc te. Mais on ne peut qu’être frappé chiment de l’argent sale. ments qui ont été utilisés par le passé voir d’achat des ménages ; aux die américaine. En Allemagne, le l'accord du premier ministre et par la brutale volte-face qu’a con- Bref, d’un dossier à l’autre, l’ad- et d’autres qui n’ont jamais été explo- républicains de demander l’allége- 19 septembre, le Bundestag était du président de la République nue la politique économique améri- ministration républicaine s’est tout rés ». Après avoir remboursé aux ment des charges des entreprises réuni pour écouter le chancelier pour qu'une telle convocation caine depuis les attentats du 11 sep- d’abord montrée sous un jour ultra- ménages 38 milliards de dollars pour augmenter la profitabilité des Gerhard Schröder et voter une ait lieu. tembre. Qu’on se souvienne des pre- libéral, au sens où on l’entend en d’impôts depuis l’été, dans le cadre investissements et relancer l’offre. motion de soutien aux Etats- Depuis le 11 septembre, ni l'un miers pas de la nouvelle équipe Europe. Laisser jouer en totale liber- de son programme pluriannuel de Les différents groupes de pression Unis. Aux Etats-Unis même, le ni l'autre ne l'ont estimée néces- républicaine. Ancien patron du té la « main invisible du marché », baisses d’impôts, il étudie mainte- industriels ne s’y sont pas trompés : 20 septembre, le président Bush saire. Il en était allé autrement à géant de l’aluminium Alcoa, le ne pas accepter la moindre tentati- nant un plan de relance compor- ils font désormais le siège du Con- exposait devant les deux Cham- l'époque de la guerre du Golfe : secrétaire au Trésor, Paul O’Neill, a ve de régulation, tourner le dos à la tant de nouvelles baisses d’impôts grès pour y promouvoir d’autres bres réunies en Congrès son le Parlement avait été convoqué d’abord surpris en suggérant, en coopération internationale, refuser pour stimuler la consommation. « paquets » de soutien sectoriel. plan d'action contre le terroris- en session extraordinaire en tout début d’année, dans une for- la moindre intervention publique L’administration américaine Le retour du gouvernement fédé- me. En Espagne, les Cortes août 1990 pour débattre de la mule à l’emporte-pièce, que les dans la marche de l’économie. serait-elle en train de préparer un ral – et notamment son interven- étaient invitées, le 26 septembre, situation, puis en janvier 1991 sommets du G7 n’avaient aucune Or, depuis les attentats du 11 sep- nouveau « New Deal », de réserver tionnisme sur la scène économique à donner leur avis. Au Japon, le pour voter sur l'engagement de une nouvelle place à l’Etat dans – se joue aussi sur la scène mondia- même jour, la Diète était saisie la France. l’économie, sur le modèle de celui le. Les Etats-Unis ont ainsi annoncé du projet de loi autorisant la par- Avant d'annoncer, dans son du démocrate F. D. Roosevelt pour la création d’une cellule interminis- ticipation du pays à certaines entretien à Ouest-France, jeudi sortir de la crise des années 1930 ? térielle spécialisée pour préparer opérations. Dans toutes ces 27 septembre, qu'un débat On en est encore loin. Certes, le pro- une réforme prochaine de leur légis- démocraties, le pouvoir a jugé aurait lieu le 3 octobre, Lionel gramme du candidat George lation anti-blanchiment. Lundi nécessaire d'associer rapide- Jospin s'était contenté de faire W. Bush prévoyait un plan de réduc- 24 septembre, M. O’Neill redécou- ment la représentation nationa- savoir, le 18 septembre, qu'en tion d’impôts de 1 600 milliards de vrait soudainement des vertus au le au débat suscité par les actes cas d'engagement des forces dollars d’ici à 2011, ramené à G7, avec lequel il souhaite être «de terroristes du 11 septembre françaises le Parlement serait 1 350 milliards lors des débats parle- nouveau en contact pour coordon- En France, en revanche, le Par- consulté. Auparavant, le 14 sep- mentaires. Mais il s’agit de rendre ner davantage nos efforts conjoints lement n'a pas été appelé, dans tembre, les commissions des aux contribuables les excédents pour assécher les sources de finance- les jours qui ont suivi les atten- affaires étrangères et de la fédéraux (5 600 milliards de dollars ment du terrorisme ». tats, à discuter de la crise. Cer- défense des deux Assemblées attendus sur dix ans) et d’aller donc Il ne faut toutefois pas caricatu- tes, la session ordinaire avaient auditionné trois de ses dans le sens d’un recul de l’Etat et rer le changement de cap améri- s'ouvrant la semaine prochaine, ministres. Mais le chef du gou- du « big government », contre cain. Le revirement budgétaire est l'exécutif savait qu'il aurait à vernement n'avait pas cru lequel de nombreux citoyens améri- encore modeste. Et les membres du s'expliquer, le moment venu, devoir solenniser l'événement cains ont développé une phobie. Congrès ont contraint l’exécutif à face aux députés et aux séna- en demandant, avant leur ren- Mais depuis quelques semaines réclamer des options d’achat d’ac- teurs. Mais symboliquement il trée statutaire, la réunion de on entend une musique différente. tions aux compagnies aériennes eût été préférable, dans une cir- l'ensemble des parlementaires. Avant les attentats, l’administra- pour récupérer une partie de l’ar- constance aussi grave, de s'adres- Il est vrai qu'il n'est pas dans tion avait déjà obtenu une augmen- gent du contribuable lorsque les ser sans attendre aux élus du les habitudes en France, lorsque tation des crédits militaires de transporteurs auront surmonté le peuple. Tous ceux qui réclament survient un événement impor- 18 milliards de dollars, pour soute- trou d’air. Mais contrairement à la réhabilitation du Parlement tant, de se tourner spontané- nir notamment son programme de l’Europe, tétanisée par le respect ont perdu une bonne occasion ment vers le Parlement. C'est boucliers antimissiles. Le lance- intemporel des ratios du « pacte de de manifester la solidité de leurs cela qu'il faudrait changer. ment de ce programme militaire stabilité », les Etats-Unis n’excluent massif – dont la pertinence stratégi- pas d’utiliser l’arme budgétaire. que a été quelque peu remise en L’Etat modeste des premières 0123 est édité par la SA LE MONDE cause par les attentats terroristes – semaines de l’administration Bush Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; constituait déjà un soutien public n’aura peut-être été qu’une paren- Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel massif, mais non revendiqué com- thèse. La puissance américaine, qui Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain me tel, à l’une des principales indus- se nourrit du libéralisme et du libre-

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel tries américaines. Il suffisait d’écou- échange, ne peut pas laisser la Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau ter les industriels européens de l’ar- machine se dérégler. Pour imposer Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin mement pour mesurer à quel point les règles du jeu au reste du monde, Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer ce programme fédéral était suscep- elle a besoin de s’en affranchir. Rédaction en chef centrale : tible de fausser les règles du jeu Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre concurrentiel. Depuis les attentats, Christophe Jakubyszyn Rédaction en chef : les 15 milliards de dollars accordés et Laurent Mauduit Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie)

Médiateur : Robert Solé

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet Les ambiguïtés de l’alliance américano-pakistanaise Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), COMMENT les Etats-Unis ont-ils efforts pour se doter de la bombe avaient résisté aux pressions d’Is- Trade Center de 1993, confirmèrent André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) été conduits à soutenir un Etat pro- atomique – « Nous sommes prêts à raël, inquiet des risques de proliféra- les liens entre la nébuleuse terroris- Le Monde est édité par la SA LE MONDE islamiste, compromis avec des mou- manger de l’herbe s’il le faut », décla- tion de ce que Bhutto avait qualifié te islamiste, l’Afghanistan et le Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. vements fondamentalistes, qui plus rait-il alors – conduisirent la Maison de « bombe islamique ». Entre- Pakistan. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, est doté de l’arme nucléaire ? Com- Blanche à faire pression sur Islama- temps, Reagan avait été remplacé A Washington, on se désintéres- Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. ment, tout en ayant été les protec- bad – par l’intermédiaire de la Fran- par George Bush, le père du prési- sait à nouveau de cette région où teurs du Pakistan sur le plan diplo- ce au début – puis à imposer des dent actuel, les Russes avaient quit- New Delhi avait remplacé Islama- matique, financier et militaire, se sanctions. té l’Afghanistan et la région avait bad comme principal partenaire. Pri- ILYA50 ANS, DANS 0123 sont-ils montrés aussi peu capables Qualifiée de « cadeau de Noël de perdu beaucoup de son intérêt. vés d’aide en représailles contre leur de prévoir, et d’empêcher, une telle Brejnev à Zia » – le nouveau dicta- politique nucléaire et travaillés au radicalisation ? Et comment se fait- teur militaire en place –, l’invasion PACTOLE D’HYDROCARBURES corps par un islamisme minoritaire Le premier Salon de la télévision il que leur influence y soit aujour- soviétique remit l’alliance avec le Comme l’explique George Per- mais très actif, les Pakistanais d’hui si faible et qu’ils soient aussi Pakistan au goût du jour. Ou plutôt, kovich, auteur de India’s Nuclear étaient devenus de plus en plus anti- LE MUSÉE des travaux publics, Et la couleur ? Des manifesta- unanimement détestés dans un comme préfère le dire Paula New- Bomb, les Américains se sont trou- américains. Ancien chroniqueur au place d’Iéna, va rajeunir de quel- tions récentes au Théâtre des pays qui fut si longtemps un maillon- berg, ancienne conseillère spéciale vés coincés, obligés de décréter des Los Angeles Times, James Mann esti- ques années en s’ouvrant demain Ambassadeurs, à l’hôpital Bouci- clé de leur dispositif antisoviétique de l’ONU en Afghanistan, s’est-il sanctions tout en sachant que le me que les Etats-Unis ont été dupés 28 septembre à une industrie caut, ont attiré l’attention du public pendant la guerre froide ? agi, comme aujourd’hui, d’un « par- Pakistan n’en tiendrait aucun comp- et manipulés par le Pakistan – qui française en plein âge de croissan- sur cette nouvelle conquête de la L’histoire des relations américano- tenariat pour convenance mutuelle ». te, et dans l’incapacité d’empêcher prétendait par exemple ne pas avoir ce : la télévision. Ce Salon de la télévision. Il ne s’agit pas de balbu- pakistanaises depuis la création du Les Américains se sont lancés à Pékin de soutenir ses programmes de prise sur les talibans – en même télévision, premier du nom, présen- tiements, les spectateurs ont pu « pays des Purs » en 1947 a été mar- corps perdu dans la guerre, avec le nucléaire et balistique. En outre, ils temps qu’ils fermaient les yeux sur tera comme il se doit une galerie juger sur pièces les résultats. Ils quée par l’utilisation d’un allié loin- soutien financier de l’Arabie saoudi- entretenaient l’espoir de voir ce qui s’y passait, ajoute Jean-Luc complète de tous les récepteurs sont excellents. L’Amérique n’a pas tain mais qui pouvait se révéler stra- te, l’appui logistique de la Chine et l’Afghanistan, enfin en paix, traver- Racine dans Le Pakistan (Fayard). que l’amateur peut aujourd’hui hésité à lancer le 25 juin des émis- tégique en période de crise avec le grand arrière pakistanais, qui non sé par un oléoduc amenant vers la Au début, les excès des islamistes trouver sur le marché. sions régulières en couleur en adop- Moscou, tandis que celui-ci s’effor- seulement fournissait son territoire mer le pactole d’hydrocarbures étaient vus à Washington comme Vingt-cinq constructeurs ont tant ce système CBS récemment çait de dépasser un rôle subalterne comme base d’entraînement aux venant d’une Asie centrale ex-sovié- de simples « dommages collaté- planté leur stand dans les deux vas- présenté à Paris. Les téléspecta- pour manipuler Washington à son moudjahidins, mais s’activait vive- tique enclavée. raux » (Paula Newberg). Dupés tes salles d’exposition du rez-de- teurs américains qui veulent « sui- profit. Critiques des tares du régime, ment sur le terrain par le biais de ses Durant les années 1990, les cligno- hier, et sans doute aussi dupés chaussée et du premier étage qui vre le mouvement » doivent aujour- souvent militaire et rarement démo- services spéciaux, l’ISI. tants étaient tous passés au rouge. aujourd’hui, ajoute James Mann, bourdonneront d’images pendant d’hui acheter un autre poste. Grâce cratique, les Etats-Unis n’ont pour- L’aide passait par leur intermédiai- Croulant sous le poids de son bud- alors qu’ils ont une fois de plus deux semaines. M. Bourgeois, prési- à ses normes, la France ne s’expo- tant jamais hésité à regarder ailleurs re, Washington se préoccupant uni- get militaire, le Pakistan voyait son besoin d’Islamabad dans leur croisa- dent de la section « télévision » du sera pas à une telle « révolution ». quand leurs intérêts l’exigeaient. quement d’armer des maquisards économie s’effondrer. La tension de anti-Ben Laden. Syndicat des constructeurs d’appa- Demain les téléspectateurs français L’exemple le plus flagrant a été la antisoviétiques – y compris de missi- avec l’Inde s’exacerbait au Cachemi- reils radiorécepteurs et téléviseurs, seront les seuls au monde à pou- myopie délibérée de Ronald Rea- les antiaériens Stinger – sans vouloir re, où les islamistes utilisaient la for- Patrice de Beer n’a pas manqué de comparer avec voir accueillir sur leur ancien poste gan, obnubilé par l’entrée de l’Ar- voir qui il armait et quelles pour- mation et les armes acquises en quelque nostalgie la production les images en couleur. mée rouge en Afghanistan alors que raient en être les conséquences. Les Afghanistan avec l’encouragement anglaise (1 700 000 appareils en le programme nucléaire pakistanais militaires pakistanais y trouvaient le des militaires d’Islamabad. Elle cul- RECTIFICATIF 1950) et notre chiffre de postes Pierre Drouin atteignait le seuil critique. Le prix à moyen de continuer leur « grand mina en 1998, avec les premiers installés (quelque 30 000). (28 septembre 1951.) payer en est particulièrement lourd. jeu » afin de briser ce qu’ils voyaient essais nucléaires de part et d’autre, BAHREIN INTERNATIONAL C’est Henry Kissinger qui, en comme un encerclement entre l’In- qui prirent derechef la CIA de court. BANK 1971, accorda plus d’importance de pro-soviétique et un Afghanistan Le fondamentalisme musulman, Dans l’article intitulé « la guerre 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS aux relations avec un Pakistan qui devenu satellite du Kremlin. relancé par Zia, et toléré, voire sou- financière contre le terrorisme et les s’était rapproché de la Chine. Ce qui Oubliant les anciens contentieux sur tenu, par une classe politique qu’il a circuits bancaire d’Oussama Ben Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr lui permit de jouer les bons offices le nucléaire et les droits de l’hom- infiltrée, tout comme l’armée, était Laden a commencé » (Le Monde du entre Nixon et Mao Zedong dans la me, les Etats-Unis pensaient exclusi- devenu le terreau d’un nouveau ter- 21 septembre), nous avons écrit par Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) « diplomatie du ping-pong ».Ilen vement guerre froide. rorisme : c’est dans les écoles cora- erreur que la Bahrein International ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) fut remercié par un soutien symboli- Au point qu’il fallut attendre 1990 niques du Pakistan qu’ont été for- Bank figurait sur la liste des institu- que, mais inefficace, lors de sa pour qu’ils se réveillent et imposent més les talibans avant d’être pous- tions financières mises sous sur- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 guerre avec l’Inde en 1971 : l’envoi de nouvelles sanctions au Pakistan sés vers le pouvoir par l’ISI avec la veillance par l’Office of Foreign Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 d’un porte-avions US dans l’océan alors qu’ils étaient au courant connivence aveugle de Washing- Assets Control qui dépend du Trésor Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Indien. Mais, très vite, l’autoritaris- depuis 1996 des avancées de son ton. Et les premiers attentats antia- américain. Il s’agissait en fait de la me du président Bhutto et ses programme nucléaire et qu’ils méricains, comme celui du World Bahrein Islamic Bank. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 13

Comment déraciner l’islamisme par Juliette Minces

ES terribles événements que était à prévoir. Cela fait des années tre elles se battent contre cet inaccep- énormes masses d’argent dont ils dis- nom d’une religiosité pure et dure. La Bamyan n’appartiennent pas à la civi- viennent de connaître les que des groupes, notamment de fem- table. posent n’ont servi à rien d’autre qu’à foi, en vérité, n’a pas grande impor- lisation occidentale). Ce n’est donc Etats-Unis posent un certain mes, tiraient le signal d’alarme sur l’in- Deuxièmement, que consta- faire un peu l’aumône (une obliga- tance. Ce qui importe, c’est que l’en- pas à coups de bombardements que Lnombre de problèmes. tégrisme islamiste radical. Pour ces te-t-on ? Voici des groupes politiques tion coranique) et à ouvrir des camps semble de la population se conforme l’on trouvera une solution à une telle D’abord évidemment sur la politique groupes, il y avait des signes qui ne qui prétendent se battre contre le d’entraînement et à dispenser des au dogme et à la pratique, quitte à l’y aberration idéologique mais par de étrangère des Etats-Unis. Sur ce qui a trompaient pas sur la nuisance de cet- monde occidental pour les méfaits cours pour les islamistes radicaux du obliger à coups de fouet. longues et importantes actions politi- pu provoquer une haine telle chez les te idéologie. En premier lieu, le sort qu’il a provoqués dans les pays pau- monde entier. Et à organiser des Un homme comme Ben Laden, ques. Bombarder les camps d’entraî- populations du tiers monde, principa- fait aux femmes. Inutile de revenir vres. Soit. Mais ces groupes arrivés attentats. Cela n’a guère aidé la popu- qu’il soit ou pas à l’origine des atten- nement des islamistes en Afghanis- lement musulmanes, que, malgré ce là-dessus, si ce n’est pour dire que la au pouvoir n’ont pas été plus capa- lation afghane, par exemple, à vivre tats aux Etats-Unis, est issu de la tan, qui sont certainement vidés que les gouvernements de ces majorité d’entre elles, même les tradi- bles que ceux qu’ils avaient renversés enfin un peu mieux après une vingtai- société saoudienne et c’est cette doc- aujourd’hui, ne ferait qu’accentuer la régions ont pu dire et faire (condo- tionalistes, n’ont pas apprécié – c’est de créer une dynamique susceptible ne d’années de guerre. trine (dont il estime que l’Arabie saou- misère et le malheur des populations léances, apitoiements) les popula- un euphémisme – qe les régimes ins- de développer enfin ces pays, ni de En troisième lieu, il me semble que dite est en train de dévier) qu’il afghanes qui n’ont pas demandé aux tions elles, se sont réjouies. taurés par cet islamisme radical, déci- résoudre les problèmes de misère et se joue là une terrible lutte pour le répand dans le monde à travers les talibans de venir. Tout en condamnant cette horri- dent à leur place ou à la place de leur d’humiliation. pouvoir à l’échelle de la planète. L’is- écoles coraniques, les prêches, les cas- Il faut y aider l’Alliance du Nord ble violence, elles estiment, en effet, famille – ce qui était jusqu’ici la règle settes, etc. En diffusant cette idéolo- qui a certainement en outre une fou- qu’enfin les pays riches et en premier sauf dans les pays du Golfe et en Ara- gie à l’ensemble du monde musul- le d’informations à donner et pour- lieu les Etats-Unis commenceront bie Saoudite – comment elles devai- Ce n’est pas à coups de bombardements man, c’est le contrôle sur l’ensemble chasser les intégristes politiques par- peut-être à comprendre que l’organi- ent se vêtir et se comporter en socié- du monde musulman qu’il recher- tout où ils ses trouvent, notamment sation actuelle de la planète a accen- té, voire dans leur maisons. que l’on trouvera une solution à l’aberration che. à travers les banques. Les agences tué la dureté de la vie des peuples du Si, de ce point de vue, le régime des Le danger d’une telle idéologie est anti-terroristes sont certainement Sud et leur misère. milices de talibans est encore pire idéologique mais par de longues encore plus grand pour les pays mieux placées pour le faire que les Bien sûr, dans ces régions, les gou- que ce que l’on peut connaître musulmans que pour les sociétés bombardiers. vernements en place n’expliqueront ailleurs, en ce sens qu’il interdit étu- et importantes actions politiques occidentales. Compte tenu de la natu- Il faut aussi – politique de longue pas à leurs peuples qu’ils sont eux aus- des, soins et travail aux femmes et re des gouvernements des pays haleine – couper l’herbe sous les si largement responsables de cette aux fillettes, tous les autres régimes musulmans, même supposés modé- pieds de ces islamistes radicaux en misère, par leur incurie, leur corrup- islamistes, même s’ils font preuve de Aujourd’hui, il semble que ces lam, d’une façon générale, est prosé- rés, le terreau est tout à fait favorable étant plus fermes avec les pays musul- tion et leur mépris pour ceux qui n’ap- plus d’intelligence et de souplesse populations ont vu dans les attentats lyte. S’agissant des fondamentalistes, à l’adhésion des membres les plus mans afin que leurs dirigeants ces- partiennent pas au sérail. Il est telle- (Iran) ont le même objectif : contrô- contre les Etats-Unis une certaine ce prosélytisme est encore accentué. désespérés (ce qui ne veut pas dire les sent de détourner à leur profit les ment plus facile de trouver des res- ler la population toute entière dans revanche contre cette humiliation. Partout dans le monde sunnite, le dis- plus pauvres et les moins instruits) de richesses de leurs pays, soit pour se ponsables à l’extérieur. Et rien qu’à les moindres détails et pour ce faire, C’est un sentiment qu’il faut retour- cours sur l’islam tenu est le même : le leurs populations. Ces membres, on faire construire des palais ou des vil- l’extérieur. d’abord contrôler les femmes. ner. En mettant en évidence, en parti- retour à la pratique qui avait, selon les trouve chez nous aussi et l’on sait las, soit les placer à l’étranger sans L’arrogance des pays riches et leur On sait depuis longtemps déja que culier auprès des peuples concernés, eux, cours au temps de Mahomet et pourquoi. Nos banlieues dites diffici- rien investir dans leurs propres pays autosatisfaction (« nous sommes la le statut des femmes est un excellent que ce n’est pas en détruisant les sym- des premiers califes, sans tenir comp- les sont elles aussi des bases pour cet au bénéfice de leurs populations. Ce civilisation », « nous nous battons con- indicateur de la nature d’un régime. boles de la puissance américaine et te ni des exègèses, ni des travaux des islamisme radical, en l’absence d’une n’est qu’ainsi que le terreau de l’inté- tre le mal » etc.) les a rendus incapa- Mais trop souvent, lorsqu’il s’agit des en assassinant des foules que leur savants de l’islam, et encore moins véritable politisation de nos jeunes. Il grisme islamique radical deviendra bles de comprendre que leur systè- femmes, on préfère se cacher derriè- sort s’en trouvera amélioré. Que ces de l’évolution de ces sociétés et de ne s’agit pas de la lutte d’une religion stérile. me, qu’ils veulent mondialiser, n’est re le respect de la « culture d’origi- gens qui veulent imposer à leur tour leurs particularismes. contre une autre. Ce n’est qu’un pré- peut-être pas toujours adapté et ne » ou de l’« identité » pour accep- leur loi ne sont guère enclins à recher- Cette doctrine est celle qui est née texte. Ce n’est pas non plus le com- juste. Il n’empêche. Ce carnage est ter ce qui est inacceptable, sans tenir cher les moyens de sortir du sous- au XIIIe siècle et qui a justifié jusqu’à bat de la civilisation occidentale con- Juliette Minces est sociologue odieux et ne peut se justifier. Mais il compte du fait que la majorité d’en- développement. Ils l’ont prouvé. Les aujourd’hui le pouvoir du chef au tre la barbarie. (Les bouddhas de et écrivain.

Questionnaire par Dominique Eddé et Danièle Sallenave OURQUOI la télévision Pourquoi la pureté ethnique est- gisme est-il plus combattu que sont-ils plus à la mode que les cri- me sans faire la guerre aux bons a-t-elle attendu que la ter- elle inacceptable à Belgrade et l’obésité ? mes du présent ? sentiments ? reur frappe à Manhattan tolérable à Islamabad, Zagreb et Pourquoi Dieu est-il sur les Pourquoi un pays qui s’octroie le Peut-on faire la guerre au terro- Ppour montrer la tête Tel-Aviv ? billets de banque américains ? droit d’en renvoyer un autre à l’âge risme sans faire la paix avec le d’une femme afghane roulant dans Dans quel état est le drapeau Pourquoi dit-on d’un citoyen de pierre se prend-il pour l’empire monde islamique ? un stade de football à Kaboul ? américain qui flotte sur la lune ? argentin qu’il est argentin et d’un du Bien ? Pourquoi les Arabes sont-ils fasci- Pourquoi l’Afrique ne reçoit-elle Pourquoi, sur 22 millions de citoyen des Etats-Unis qu’il est Où en sont les travaux de l’oléo- nés par l’Amérique ? que 1 % des investissements morts du sida dans le monde, américain ? duc en Afghanistan ? Pourquoi oublient-ils d’y mondiaux ? 17 millions sont-ils africains ? Pourquoi les Américains n’ont- Pourquoi n’a-t-on traduit en ara- penser ? A-t-on allumé une seule bougie Pourquoi la différence d’espéran- ils pas parachuté de vivres en be que des ouvrages révisionnistes Pourquoi le pays de la liberté pour le demi-million d’enfants ce de vie entre l’Afrique et l’Europe Afghanistan ? sur l’Holocauste ? a-t-il tourné le dos à tous les morts en Irak ? est-elle de vingt-cinq ans ? Sait-on que les attentats antiamé- démocrates arabes ? Pourquoi ignore-t-on que l’isla- Pourquoi les Américains sont-ils ricains ont commencé au lende- Pourquoi tant d’Américains miste Omar Abdel Rahman, instiga- si peu inquiets de produire un tiers Pourquoi la vie main de la guerre israélo-arabe de croient-ils que Djakarta est un pays teur présumé de l’assassinat de de la pollution mondiale ? 1967 ? du Golfe ? Sadate, fut embauché par la CIA Sait-on que la Chine, l’Arabie d’un Palestinien Pourquoi le démantèlement des Pourquoi sont-ce les journalistes contre les Soviétiques en Afghanis- saoudite, les Etats-Unis et l’Iran colonies israéliennes n’a-t-il pas qui posent les questions ? tan et que, doté en 1991 d’une « car- concentrent à eux seuls 88 % des ou d’un Pakistanais été un préalable aux accords Pourquoi faut-il toujours répon- te verte » (permis de travail pour exécutions capitales dans le d’Oslo ? dre « pour » ou « contre » et jamais étrangers), il organisa deux ans monde ? vaut-elle moins Pourquoi le nombre des colonies « contre » et « contre » ? plus tard le premier attentat contre Pourquoi est-il devenu impossi- a-t-il doublé sous les gouverne- Pourquoi n’y a-t-il jamais le World Trade Center ? ble de comprendre l’Algérie ? cher que la vie ments travaillistes ? d’esclandre à la télévision ? Pourquoi le président des Etats- Pourquoi ne retient-on jamais le Pourquoi les Israéliens ren- Pourquoi est-il impensable de Unis prie-t-il en direct ? nom des capitales des pays d’un Israélien, draient-ils les territoires aux Palesti- dire « je ne sais pas » ? Que comptent faire les musul- d’Afrique ? niens s’ils ne reconnaissent pas les Pourquoi les journalistes s’excu- mans pour ne pas livrer l’islam aux Pourquoi fait-on silence sur les d’un Américain leur avoir pris ? sent-ils quand ils hésitent ? islamistes ? termes de la prière juive : «Jete Pourquoi Ariel Sharon est-il en Pourquoi ceux d’entre eux qui Pourquoi le gouvernement égyp- remercie, mon Dieu, de ne pas ou d’un Français ? liberté ? disent ce qu’on ne veut pas savoir tien met-il les homosexuels en m’avoir fait femme » ? Qui a tué Salvador Allende le n’ont-ils pas le prix Nobel ? prison ? Pourquoi fait-on silence sur la 11 septembre 1973 ? A-t-on le droit de jeter une bom- Pourquoi Abû Nuwâs et Les Mille sourate du Coran qui dit : « Les Pourquoi les Occidentaux ne Pourquoi Mgr Lustiger a-t-il dit en be sur l’Afghanistan avant d’avoir et Une Nuits sont-ils interdits au hommes ont autorité sur les femmes voyaient-ils rien à redire quand 1989 que l’Europe est chrétienne ? répondu à ces questions ? Caire ? en vertu de la préférence que Dieu Saddam Hussein massacrait les Pourquoi le Conseil de sécurité Pourquoi les talibans ont-ils Pourquoi la vie d’un Palestinien leur a accordée sur elles » ? communistes et les Kurdes en est-il devenu l’ombre des Etats- interdit les cerfs-volants ? ou d’un Pakistanais vaut-elle Pourquoi certains, en France, Irak ? Unis ? moins cher que la vie d’un Israé- veulent-ils revoir les lois laïques de Pourquoi les rapports d’Amnesty Pourquoi la liberté de parole lien, d’un Américain ou d’un 1904 ? International sur la torture et les dans le monde arabe est-elle le Dominique Eddé et Français ? Pourquoi voit-on si peu la Chine prisons ne font-ils pas la une des plus court chemin pour aller en Que feront les sionistes du sionis- à la télévision ? journaux ? prison ? Danièle Sallenave sont écri- me quand il y aura la paix ? Pourquoi, aux Etats-Unis, le taba- Pourquoi les crimes du passé Peut-on faire la guerre au racis- vains.

pe et des pays arabes, ravis de cette caine des champs rarement égalés : accrue dans le processus de paix, AU COURRIER DU « MONDE » Sortir définition mesurée des objectifs – la possibilité de tourner le dos à soutien international à une écono- immédiats ; les soi-disant faucons une politique unilatéraliste qui a eu mie exsangue et arrêt de l’assistan- JOURNÉES DU PATRIMOINE du Pentagone, tout heureux de ce le don de nous aliéner tout le mon- ce syrienne aux groupes anti-israé- ET ATTENTATS du flou flou qui leur permet de rêver aux de ou presque ; liens seront les élément des Les 15 et 16 septembre derniers, objectifs du lendemain. – celle de plonger à bras-le-corps marchandages ; les associations devaient être double- Suite de la première page Et chacun d’y trouver raison d’es- dans le conflit israélo-palestinien – une révision mutuelle des rela- ment à la fête. D’une part, toute cet- pérer : les premiers, qu’une fois les (ou, pourquoi pas, israélo-arabe) et tions avec le Pakistan, le Soudan, et te année, elles célèbrent le centenai- On décrit des terroristes prenant buts initiaux atteints on ne voudra de chercher à y imposer une solu- peut-être d’autres. re de leur « loi de 1901 » – loi de pour cible démocratie, pluralisme, ni ne pourra remobiliser la commu- tion protégeant les intérêts vitaux Mais, pour ce faire, Washington libre réunion et de libre association, liberté de parole et de religion… nauté internationale pour une des deux parties ; devra tenir compte de l’avis de ses loi de liberté… D’autre part, la fête tout en s’attachant les services de alliés et résister au désir puissant du patrimoine avait choisi cette nations qui en font autant. Le prési- de laisser ses mots (la « guerre année de les mettre en avant. dent reconnaît le rôle primordial de On décrit des terroristes prenant pour cible contre le terrorisme ») guider ses Prétextant les événements aux la diplomatie sans pour autant évo- actions. Etats-unis, l’Etat annule les « Jour- quer, ne serait-ce qu’une fois, les démocratie, pluralisme, liberté Pour le moment, le recours obli- nées du patrimoine » sur tout le ter- questions de politique étrangère et gé au vocabulaire de guerre – y ritoire français. Vilain coup de patte le bourbier géopolitique (au de parole et de religion… compris pour expliquer que ce au secteur associatif(…). Qui croira Moyen-Orient comme dans le con- n’en est pas vraiment une – en dit que vingt ou trente personnes visi- tinent sud-asiatique) dans lequel, tout en s’attachant les services de nations bien plus long sur le sentiment qui tant ensemble un château ou une quels que soient les arbitrages prédomine au niveau populaire et église mettaient leur vie en danger ? finaux, l’Amérique indubitable- qui en font autant médiatique que sur la politique Certes, on peut admettre l’annula- ment se plongera. qui en découlera. L’issue de cette tion de certaines initiatives concer- Eloquent quant au nécessaire (la stratégie annoncée par le prési- nant des édifices publics et suscepti- sympathie pour les victimes ; la nouvelle bataille d’envergure plus – celle de faire de même au dent avec panache mais dans le bles – à Paris notamment – d’ac- distinction entre terrorisme et large encore ; les seconds, qu’une Cachemire ; flou, enjeu du bras de fer entre cueillir la foule. Mais aurait-on islam ; l’avertissement contre les fois la machine en marche rien ne – la possibilité d’un rapproche- Pentagone, département d’Etat, oublié la décentralisation et cette pratiques discriminatoires envers justifiera de l’arrêter tant que sub- ment avec l’Iran, troquant la colla- alliés internationaux et groupes possibilité d’adapter des mesures en les Américains d’origine arabe), le sisteront le Hezbollah, le Hamas, le boration de Téhéran dans la lutte d’influence américains, se déter- fonction des territoires ? (…) discours fut moins disert sur l’essen- Djihad islamique et tout ceux qui anti - Ben Laden et anti-talibans minera dans les interstices de ces L’affaire devient ubuesque quand tiel (où précisément se dirige- les soutiendront. contre une plus grande mansué- ambiguïtés. on sait que le championnat de Fran- t-on ?). De l’avis général, on L’autorité morale et politique tude américaine envers son pro- Le 11 septembre marquera très ce de football, par exemple, s’est dis- commencera par l’Afghanistan, dont jouissent les Etats-Unis (pour gramme nucléaire, assortie de certainement un tournant. Il ne res- puté normalement. Est-il si peu dan- Ben Laden et ses alliés. Au-delà, on combien de temps encore ?) ainsi garanties iraniennes quant à son te plus qu’à savoir dans quel sens. gereux de réunir 10 000 personnes verra bien. Chacun y aura trouvé que la mobilisation internationale usage ; dans un stade. (…) son compte : les soi-disant colom- sans précédent à laquelle ils se consa- – celle d’un rapprochement avec Robert Malley Claude Guioullier, bes du département d’Etat, d’Euro- crent ouvrent à la diplomatie améri- la Syrie, où implication américaine © Robert Malley Laval (Mayenne) 14 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

SÉCURITÉ Au lendemain de l’ex- mer au gouvernement des mesures se, des mesures d’urgence pour le emplois. Le patronat demande un La Mède, à Châteauneuf-les-Marti- plosion de l’usine AZF, plusieurs mai- de protection des zones habitées, voi- logement et les établissement d’ensei- débat national. b LA JUSTICE se mon- gues (six morts), des agents de l’Etat res de grandes villes abritant des re le transfert ou la fermeture de ces gnement. b LES SYNDICATS sont par- tre très lente dans l’instruction des et des responsables de Total vont sites industriels dangereux sont inter- usines b LIONEL JOSPIN devait annon- tagés entre les impératifs de la sécuri- dossiers d’accident industriels. Neuf être renvoyés devant le tribunal cor- venus en ordre dispersé pour récla- cer, vendredi 28 septembre à Toulou- té et le souci de maintenir les ans après l’accident de la raffinerie de rectionnel. Après Toulouse, le risque industriel entre dans le débat politique Le premier ministre devait annoncer, vendredi 28 septembre, dans la capitale de Midi-Pyrénées, des mesures d’urgence, notamment en faveur du relogement et de la reconstruction d’établissements d’enseignement. Il est aussi attendu sur le maintien des usines à risque dans les grandes agglomérations

LES ÉCHOS de la déflagration prévue, vendredi, à Nantes, où se métropoles régionales ont exprimé na (350 salariés et 300 emplois de toulousaine ne sont pas prêts de tiennent les journées parlementai- depuis la catastrophe toulousaine. sous-traitance) « n’a plus sa place » s’éteindre, comme ne vont pas s’af- res du PS, en présence de nom- Car bien des villes comptent sur leur dans le quartier de Saint-Menet. facer les images du cratère de l’usi- breux membres du gouvernement. territoire des établissements consi- Mardi, face aux réactions assez ne AZF, les regards des blessés, les Dans l’après-midi, M. Jospin, dérés dangereux. On en recense vives des syndicats, il réduit ses pré- écoles soufflées. Vendredi 21 sep- accompagné de trois ou quatre 1 250 , dont un tiers « posent un pro- tentions et annonce une rencontre tembre, à 10 heures 15, le risque ministres, doit revenir à Toulouse blème de proximité avec des habita- avec les directeurs des deux sites industriel, si souvent dénoncé, mais pour présider à la préfecture une tions », selon Philippe Vesseron, Seveso « pour étudier à plus long ter- le plus souvent en vain, par des asso- réunion de travail avec les élus de directeur de la prévention des pollu- me la possibilité de délocaliser ces éta- ciations de riverains, est devenu la ville, du département et de la tions et des risques au ministère de blissements, afin de dissiper définitive- une terrible réalité : 29 morts, 2 500 région. Puis il visitera des sites, l’environnement. ment tout sentiment d’insécurité de la blessés, dont 34 encore dans un état notamment universitaires, et Les maires le savent, depuis long- part de la population marseillaise ». critique. Le gouvernement a mis en annoncera des mesures. temps, mais Toulouse les a ramenés place un dispositif proche de celui aux inquiétudes de leurs popula- « TOTALEMENT UTOPIQUE » adopté après les tempêtes de ACTIVITÉS GELÉES tions et ils ont été quelques-uns a fai- Mardi encore, le maire de Lyon, décembre 1999. Il s’agit d’abord de répondre à l’ur- re savoir leurs désirs de voir certains Gérard Collomb (PS), annonce Lundi 24 septembre, Lionel Jos- gence du relogement, de la recons- établissements dangereux s’installer qu’une étude va être menée pour pin a réuni autour de lui plusieurs truction des écoles, aux traumatis- hors de leur ville. Lundi 24 septem- déterminer les sites du couloir de la ministres et secrétaires d’Etat, mes de la population. Mais il faudra bre, Alain Juppé (RPR) a fait voter chimie susceptibles d’être dépla- notamment ceux de l’ intérieur, de aussi que le premier ministre pren- par son conseil municipal un voeu cés : « On ne peut pas tout enlever, ce l’économie, de l’industrie, de l’édu- ne position sur le maintien ou non pour transférer l’usine d’engrais serait totalement utopique », préci- cation nationale, de l’environne- sur le site des deux établisements Soferti, installée sur la rive droite de se-t-il. Ce couloir rassemble une ment, de la défense, du logement voisins de l’usine AZF : la Société la Garonne, au cœur de l’aggloméra- vingtaine d’établissements sensi- et de la santé. Les directeurs de nationale des poudres et des explo- tion. Ce dossier remonte bien avant bles, dont treize sont classés Seveso cabinet concernées se sont retrou- sifs, spécialisée dans la chimie fine, la catastrophe de Toulouse : M. Jup- « risques hauts » (Le Monde du vés pour une deuxième séance de notamment le phosgène, un pro- pé avait déjà saisi le préfet de la 26 septembre). Mais M. Collomb travail, jeudi, à Matignon, autour duit très toxique, et Tolochimie, qui se (Le Monde du 27 septembre). Or Par sa décision, le gouvernement Gironde à plusieurs reprises. admet l’existence d’un « vrai problè- du directeur adjoint du cabinet de produit le carburant d’Ariane. Phi- ces deux usines, dont les activités va, en quelque sorte, montrer Lundi encore, dans un entretien à me » : si les usines sont déplacées, il M. Jospin en charge des questions lippe Douste-Blazy, le maire (UDF) sont actuellement gelées par un l’exemple sur le sort des sites dange- La Provence, le maire de Marseille, faudra gérer les camions transpor- économiques, Dominique Marcel. de Toulouse a souhaité que « tout le arrêté du préfet, dépendent du reux en zone urbaine, et répondre Jean-Claude Gaudin (Démocratie tant les matières dangereuses. Lui Une autre réunion de travail est pôle chimique » de la ville disparais- ministère de la défense. aux attentes que d’autres maires de libérale) déclare que l’usine d’Atofi- aussi en appelle à l’Etat. Car si les maires sont en première ligne face à leur population, ils ne TROIS QUESTIONS À… dépit de la loi, des pressions subsis- disposent d’aucun pouvoir pour tent pour construire dans les péri- Jacques Chirac et Lionel Jospin font deuil commun à Toulouse imposer le déménagement d’un éta- GÉRARD SINAGRA mètres de sécurité. Quand les gens blissement classé à risque. Depuis vivent depuis quarante ans près TOULOUSE ses dégâts », il voit « l’amour brisé » et lance une les directives européennes dites Après l’explosion de Toulouse, d’un site où il ne s’est jamais rien de notre correspondant régional adresse directe aux autorités : « Faites tout pour Seveso (1982 et 1996), toutes les 1l’enquête conclut à 99 % à un passé, ils finissent par oublier La cérémonie œcuménique en mémoire des victi- qu’une telle chose ne puisse plus se reproduire. » La fou- constructions sont gelées dans des accident. En tant que président de qu’un danger existe. Certains mes de la tragédie toulousaine commence avec des le massée autour de la cathédrale suit la cérémonie périmètres de sécurité qui entou- l’Union des industries chimiques jugent inutiles les précautions, et enfants en aube blanche. Les petits chanteurs à la par haut-parleurs. Debout, figée. Certains se tien- rent les usines. Ces secteurs sont pour Rhône-Alpes, qu’en pensez- continuent de construire. Exacte- Croix potencée viennent déposer dans le chœur nent par la main. D’autres nouent leur bras autour sous la responsabilité des préfets. vous ? ment comme dans les cas de catas- 29 bougies. Aux pieds des familles des 29 victimes qui du compagnon ou de la compagne. La cérémonie Mais tout l’urbanisme des années Pour l’instant, aucune enquête trophes naturelles. Un vrai débat sont là, le visage meurtri, la peau souvent tailladée. achevée et les officiels partis à la préfecture voisine, antérieures – des pavillons ouvriers n’a réellement expliqué les causes doit avoir lieu au niveau national, Derrière, des secouristes, des pompiers, du person- la foule reflue, toujours aussi silencieuse. Ce silence des années 1930 jusqu’aux HLM, de ce drame, et rien ne met actuel- avec les directions régionales, les nel médical. Derrière encore, dans l’immense nef de est aussi une menace. Demain pourrait venir le hôpitaux ou universités des années lement en cause l’industrie chimi- riverains, les mairies… Les profes- la cathédrale Saint-Etienne, des Toulousains par cen- temps de la colère, tant la population est traumati- 1970 – n’est pas remis en cause. Et que. Cependant, nous sommes une sionnels de l’industrie chimique ne taines. Dehors, sur la place, dans les rues adjacentes, sée. Dans la rue, les accusations fusent contre TotalFi- reste exposé au danger. industrie à risques, et des acci- sont pas en mesure de décider des Toulousains par milliers. Le silence est lourd. Les naElf, propriétaire de l’usine qui a explosé. Des dizai- Difficile dans cet environnement dents peuvent se produire. Mais seuls. larmes coulent. Les mâchoires se crispent. nes de plaintes sont déjà déposées. L’hebdomadaire d’appliquer le principe de précau- nous sommes également le secteur Le président de la République, accompagné de son Tout Toulouse évoque un « crime » en couverture. La tion, qui rentre à peine dans l’esprit où le taux d’accidents est le plus Le risque de délocalisation de épouse, arrive. Il remonte la grande nef en compa- Dépêche du Midi crie sa colère. Radios et télévisions des décideurs. Il faut donc, une nou- faible, même en comparaison avec 3cette industrie est-il réel ? gnie du premier ministre. Jacques Chirac et Lionel débordent de témoignages de détresse. velle fois, agir sous la contrainte des la banque et le commerce, selon Aujourd’hui, aucune de nos Jospin – qui n’avaient pas trouvé bon de se rencon- événements. Déménager les usi- les chiffres de la CNAM. Si l’enquê- exploitations n’est hors la loi. Si un trer sur le terrain du drame, vendredi 21 septembre – CHÔMAGE TECHNIQUE MASSIF nes ? Quelle communes rurale sont te prouve qu’il s’est agi d’un acci- jour la loi était amenée à interdire font cette fois deuil commun. Ils présentent le même Avant que Lionel Jospin ne revienne, vendredi, prêtes à les recevoir ? Renforcer la dent, il faudra alors faire une ana- l’installation de nos exploitations visage fermé, saluent ensemble de la tête les secouris- pour annoncer des mesures d’urgence, Jean-Claude réglementation et le contrôle des lyse complète pour améliorer en France, nous nous y conforme- tes et les pompiers puis s’installent au premier rang. Gayssot se sera rendu compte de l’ampleur de la établissements à risques, comme l’a l’état des sites. rions, et serions obligés de nous Quelques instants auparavant, les ministres sont arri- catastrophe, jeudi. 5 000 personnes n’ont plus de demandé le bureau national du PS, installer à l’étranger. Mais il s’agi- vés groupés : Daniel Vaillant, Yves Cochet, Jean Glava- logement, 10 000 à 20 000 habitations sont endom- qui préconise, pour les sites trop La région Rhône-Alpes est rait d’une décision très grave, ny, accompagnés de Martin Malvy et de Pierre Izard, magées. La moitié de la population scolaire n’a pas proches des zones urbaines, « une 2aujourd’hui en première ligne. devant faire l’objet d’un débat présidents du conseil régional et du conseil général. pu reprendre les cours, Toulouse a perdu une univer- concertation locale avec tous les Que préconisez-vous ? public. Il s’agit de savoir de quelles Le maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, a pei- sité, celle du Mirail, son institut polytechnique, la plu- acteurs concernés » ? Cela suffi- A l’origine, nos unités chimiques industries on a réellement besoin ne à retenir ses larmes. Quatre rangs derrière lui, l’an- part de ses cités universitaires et le quart de ses auto- ra-t-il à apaiser les riverains ? C’est ont été construites loin des agglo- sur le territoire français. Mais, cien maire de la ville, Dominique Baudis, est blanc bus. La ville n’a plus d’hôpital psychiatrique, entre dans ce contexte que se situe aussi mérations. Mais les constructions encore une fois, ce n’est pas à nous comme un linge. Un peu plus loin, les dirigeants de 7 000 et 8 000 personnes sont au chômage technique, le déplacement du premier minis- nous ont rattrapés. On a même vu de le décider. l’opposition, Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Debré, on distribue des vivres dans la rue et les centres de tre, vendredi, à Toulouse. une autoroute construite près François Bayrou et Alain Madelin, font bloc. soutien psychologique ne désemplissent pas. d’un site ! La législation a évolué, Propos recueillis par L’archevêque de Toulouse, Mgr Emile Marcus, a Bruno Caussé mais elle n’est pas rétroactive. En Elsa Conesa choisi de faire dans la sobriété. « Au-delà des immen- Jean-Paul Besset avec nos correspondants Les syndicats partagés entre emploi et sécurité Le long parcours judiciaire des victimes de La Mède SUR LA CORDE RAIDE. L’après- chimie, certains de ses membres partie détruite par l’explosion, et de NEUF ANS de procédure. L’ins- après l’explosion de Toulouse, le vence, qui a rejeté en 2000 une der- Toulouse se révèle très délicat à appuient le collectif « plus jamais l’hôpital psychiatrique Marchant. truction ouverte après l’accident 21 septembre, dans une autre filiale nière action en nullité d’actes de pro- gérer pour les patrons des fédéra- cela », qui a manifesté mardi en cen- Avant de réunir en assemblée géné- survenu le 9 novembre 1992 dans la du groupe, Grande Paroisse AZF. cédure engagés par la défense. tions syndicales de la chimie. A la tre-ville. Les équipes syndicales se rale l’ensemble des militants de raffinerie Total de La Mède, à Châ- Dans un rapport rendu en Les responsables parisiens mis en CGT comme à la CFDT, la position divisent entre ceux qui mettent en Toulouse. Dès mardi, le numéro un teauneuf-les-Martigues (Bouches- juin 1997, les experts énoncent les cause se voient reprocher, dans l’or- est la même . Il est « inenvisageable avant le souci de protection de l’en- de la CGT qualifiait d’« hypocrite » du-Rhône), aura paru interminable manquements. « La politique d’ins- donnance de renvoi, « une politique de faire payer les salariés de la chimie, vironnement et de leurs familles et la polémique qui s’intensifie sur le aux familles des six employés décé- pection des installations et des équipe- délibérée de réduction des effectifs et qui sont les premières victimes en cas ceux qui défendent le maintien d’un déménagement des industries dites dés. Multiples demandes d’annula- ments qui a pour objectif de garantir de rentabilité accrue au détriment de d’accident, en mettant en danger leur pôle chimie. « C’est compliqué à à risque. « Ce débat tronqué a tion, pourvoi devant la chambre la sécurité et la fiabilité ne semble la sécurité ». Les deux fonctionnai- emploi », plaident les deux fédéra- gérer. Il faut dire que les salariés sont d’abord pour conséquence d’éluder d’accusation de la Cour de cassa- pas avoir été une préoccupation nota- res de la Drire devront, eux, se justi- tions, au risque d’apparaître déca- parfois pris à partie par la popula- complètement la responsabilité des tion : la défense aura multiplié les ble de la société Total », écrivent-ils. fier sur « les carences graves dans la lées face à l’émotion et à l’inquiétude tion », explique M. Khéliff. Pour entreprises, qui, par leur choix de ges- tentatives juridiques pour enrayer Des fonctions liées à la sécurité surveillance et le contrôle permanent suscitées par le drame de Toulouse. Jean-Michel Petit, le patron de la tion, dérogent trop souvent aux prin- le travail de la juge en charge du auraient été fondues dans un seul et continu de la sécurité à la raffinerie « Dire qu’on délocalise, ce n’est fédération CGT des industries chimi- cipes de précaution », écrivait-il dossier, Stelina Boresi. Mais la poste par souci d’économie. La de Provence ». Ils n’auraient pas agi, pas une façon de régler le problè- ques, « le syndicat CGT à AZF a du dans un communiqué, estimant magistrate a finalement notifié aux durée de vie de pièces sensibles lors de leurs inspections, pour faire me », soutient Jacques Kheliff, mal à avoir une analyse politique de que « le transfert du risque ne parties, en janvier, l’ordonnance de aurait été prolongée anormale- cesser les multiples défaillances rele- numéro un de la fédération chimie la situation. Ils sont sous le choc émo- résoud rien ». Mercredi, la fédéra- renvoi devant le tribunal correction- ment, notamment celle du craqueur vées par les experts. énergie de la CFDT. « Cela veut dire tionnel et subissent la pression de la tion CFDT de la chimie dénonçait nel d’Aix-en-Provence. à l’origine de l’accident. La bagarre juridique va se pour- qu’on accepte le fait que seuls les sala- population, des médias. Ils s’interro- « l’instrumentalisation de la catasto- Onze personnes seront donc pro- suivre dans le prétoire. Elle s’annon- riés des usines concernées soient expo- gent sur la nécessité de maintenir phe de Toulouse » et s’indignait des chainement jugées : des responsa- SÉCURITÉ OBSOLÈTE ce longue, avant même que les sés au risque. Or pour moi, la sécurité l’usine . Or, pour nous, je le répète, il « déclarations alarmistes et démago- bles de la sécurité du site, l’ancien L’élément qui a déclenché les familles des victimes puissent envi- des salariés, c’est aussi la sécurité des est hors de question de délocaliser ». giques » des responsables politi- directeur de la raffinerie, mais égale- explosions en chaîne n’aurait pas sager une procédure devant les juri- populations », indique-t-il. Par ques, « qui paraissent ainsi chercher ment des dirigeants du siège pari- été inspecté depuis douze ans. La sal- dictions civiles pour obtenir une ailleurs, ajoute-t-il, les usines plan- POLÉMIQUE « HYPOCRITE » à se dédouaner de leurs décisions en sien et deux fonctionnaires de la le de commande où ont péri plu- indemnisation. A Toulouse, seize tées au milieu de nulle part n’exis- Dès lors, la visite de Bernard Thi- matière d’urbanisation ». direction régionale de l’industrie, de sieurs salariés était mal protégée. plaintes de victimes ont été dépo- tent pas. « Vous croyez que les sala- bault, jeudi 27 septembre à Toulou- Dans l’entourage de Bernard Thi- la recherche et de l’environnement Des systèmes de sécurité s’avéraient sées, mercredi 26 septembre, pour riés comme vous et moi veulent habi- se, dont l’objectif premier est de bault, on se refuse toutefois à parler (Drire) de Provence-Alpes-Côte obsolètes ou inadaptés. « coups et blessures volontaires et ter à deux heures de leur lieu de tra- réconforter les troupes, vise aussi à d’une « reconstruction de l’usine d’Azur. Serge Tchuruk, alors patron Les experts ont constaté une mise en danger de la vie d’autrui » vail ? Ce n’est pas possible. » remettre un peu d’ordre. Le secré- AZF ». Cette ligne de prudence est de Total, avait été mis en examen dégradation des installations : contre TotalFinaElf, son PDG, Mais, dans plusieurs grandes vil- taire général de la CGT, à qui le également celle de la fédération de pour « négligence » avant de bénéfi- « L’unité [qui a explosé NDLR] se Thierry Desmarest, et le directeur les de France, les élus désignent les directeur du site AZF a demandé la chimie CFDT, tandis que la CGT cier d’un non-lieu. Mais ce sont les rapprochait de plus en plus de son de l’usine. Neuf ans après les par- usines à danger potentiel situées un entretien, va prendre la tempéra- chimie, elle, est plus catégorique. méthodes de gestion d’un établisse- architecture d’origine (1953). » « Les ties civiles de la raffinerie de Proven- dans leur agglomération. Et à Tou- ture auprès du personnel de cette « On plaide pour la reconstruction », ment sensible par la compagnie et la objectifs de production de la raffine- ce, les plaignants toulousains s’en- louse, les équipes syndicales s’inter- usine, mais aussi de celui de la socié- déclare M . Petit. surveillance de cette activité par les rie, fixés par le siège, avaient pris le gagent dans une longue traversée. rogent. La CGT locale hésite. Au té nationale des poudres et explo- pouvoirs publics qui seront exami- pas sur toute autre considération », grand dam de la Fédération de la sifs, de l’entreprise textile Boyer, en Caroline Monnot nées, dans un climat particulier résume la cour d’appel d’Aix-en-Pro- Benoît Hopquin FRANCE-SOCIÉTÉ b LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 15

Les élus nationalistes corses « suspendent » M. Sapin annonce une hausse leur soutien au processus de Matignon salariale « de l’ordre de 1 % » Après les récentes opérations de police, ils accusent « Paris » d’avoir rompu la trève pour les fonctionnaires en mars La coalition électorale Corsica Nazione, réunie dant son soutien aux accords de Matignon. Neuf sinat de Jean-Michel Rossi, avant d’être relâchés mercredi 26 septembre à Corte (Haute-Corse) a militants nationalistes avaient été interpellés, sans poursuites. Jean-Marc Ayrault assure que voté à la quasi-unanimité une motion suspen- les 22 et 23 septembre, dans l’enquête sur l’assas- « la discussion avec les élus va continuer ». Le gouvernement compense ainsi la dérive des prix

LA VOIX de Jean-Guy Talamoni ge médiatique » fait autour de son pour remettre le processus sur les Ouest-France. Matignon et la place LES FONCTIONNAIRES bénéfi- le gouvernement, en l’absence d’ac- est très calme. Comme d’habitude. audition comme témoin par le rails, sur les bases d’un comporte- Beauvau, qui n’ont jamais fait mys- cieront bien d’un coup de pouce cord, a toujours assuré qu’il garanti- « Puisqu’il n’y a plus de processus juge Thiel, le 13 septembre, dans ment loyal. Matignon a en effet tère de leur agacement face aux ini- salarial à la veille des élections. Dès rait le pouvoir d’achat des agents. de paix, dit-il, eh bien, nous suspen- le même dossier. « A travers cette répondu de manière déloyale. La jus- tiatives des juges antiterroristes, sa sortie du conseil des ministres, « Il ne s’agit pas de soigner les fonc- dons notre soutien au processus de publicité, c’est manifestement un tice antiterroriste a été créee pour gardent le silence. Jeudi matin, sur mercredi 26 septembre, Michel tionnaires à la veille des élections, Matignon ». Mercredi 26 septem- des acteurs du processus de Mati- recevoir des ordres ». RTL, le président du groupe socia- Sapin, ministre de la fonction publi- mais de tenir un engagement », s’est bre, peu avant minuit, près de gnon qui est visé », expliquait-t-il Jean-Guy Talamoni aimerait liste à l’Assemblée nationale, Jean- que a annoncé que, le 1er mars 2002, défendu le ministre. Cette annonce deux cents responsables et mili- alors. Cette fois, l’actualité judiciai- bien, aussi, ne pas se retrouver Marc Ayrault, évoquait seulement la hausse de la valeur du point d’in- ne devrait pas pour autant résou- tants de Corsica nazione réunis re lui est servie sur un plateau. Ce trop seul. Mercredi soir, à Corte, il « une suspension de la part d’une dice ne sera pas de 0,5 % seulement dre le contentieux salarial qui per- dans un amphithéâtre de l’universi- a donc été décidé de « soumettre » formation politique », ajoutant mais « de l’ordre de 1 % ». dure avec les syndicats depuis la fin té de Corte (Haute-Corse), en pré- cette décision aux « quarante- néanmoins que « la discussion Cette annonce n’en est pas vrai- janvier 2001, date de l’échec des sence de nombreux militants du Corsica Nazione, qautre » élus de l’Assemblée terri- avec les élus [allait] continuer ». ment une. En effet, le 1er septembre, dernières négociations. Pour nouveau parti Indipendenza, ont toriale qui, le 20 juillet 2000, L’ancien ministre de l’Intérieur, il avait laissé entrevoir la possibilité Michel Périer, de la CFDT, cette voté à une très large majorité – soumis à la pression avaient voté ensemble un texte ser- Jean-Pierre Chevènement, en d’un tel ajustement, « le moment « non annonce » témoigne « une moins huit abstentions – la motion vant de base du projet de loi. Mer- revanche, a jugé jeudi matin, sur venu, compte tenu de l’évolution des nouvelle fois que le gouvernement rédigée par la coalition électorale. de sa base militante, credi, le président (PRG) du con- France-Info, que le gouvernement prix ». Une provision a même été repousse toujours à plus tard les ques- Corsica Nazione s’y prononce seil général de Haute-Corse, Paul serait « bien avisé » de « mettre inscrite au budget 2002 à cette fin. tions salariales qui se posent dans la « pour la suspension de tout soutien a décidé Giacobbi, a fait voter par son fin » à un processus de Matignon En effet, un décret pris en avril der- fonction publique ». « La bonne solu- au processus actuellement dévoyé », assemblée départementale une qui « finit par devenir ridicule »,et nier de façon unilatérale, faute tion aurait consisté à prendre en et avertit que « le dialogue ne pour- de prendre la main motion s’indignant de « la manière de retirer le projet de loi de l’ordre d’un accord avec les syndicats, compte, dès le mois de novembre, ra être restauré qu’avec un interlo- dont sont menées certaines opéra- du jour du Sénat. Après sa premiè- avait fixé la hausse de la valeur du l’évolution des prix, en relevant de cuteur crédible, constant, cohérent tions de police dans le but avoué, y re lecture par l’Assemblée nationa- point à 1,2 % pour l’année 2001 façon significative le salaires des et respectueux de la Corse et de son ne sont pas les nationalistes qui compris dans la presse, de susciter le au printemps, le texte doit être (0,5 % au 1er mai et 0,7 % au agents », abonde Hervé Baro, de peuple ». rompent la « paix » figurant parmi des mouvements d’opinion ». examiné à l’automne par les séna- 1er novembre) et autant pour l’an- l’UNSA-fonctionnaires. Le Second groupe de l’Assemblée les clauses des accords de Mati- « Face à une question très diffici- teurs. « Le gouvernement a une née 2002 (dont 0,5 % au 1er mars et 1er novembre, les fonctionnaires ver- de Corse (8 élus sur 41), Corsica gnon, mais « Paris », ont expliqué le, j’ai fait mon devoir de responsa- occasion de sortir de la seringue ! », 0,7 % au 1er décembre). Or les prévi- ront, comme prévu, le point rééva- nazione, soumis à la pression per- les responsables nationalistes, assi- ble d’Etat dans le respect de la loi a estimé M. Chevènement. sions d’inflation sur lesquelles sont lué de 0,7 %. Pour Hervé Baro, por- pétuelle de sa base militante, a milant le gouvernement et la poli- républicaine et je ne le regrette fondées ces augmentations sont ter à 1 % cette hausse aurait été décidé de prendre la main. Et de ce. M. Talamoni estime que les pas », a seulement indiqué Lionel Ariane Chemin d’ores et déjà dépassées. L’augmen- « un geste symbolique ». retourner à son avantage l’interpel- neuf nationalistes interpellés ont Jospin, jeudi 27 septembre, dans tation annuelle des prix est aujour- lation de neuf personnes, durant été « traînés dans la boue » sur la un entretien accordé la veille à f www.lemonde.fr/corse d’hui évaluée pour 2001 à 1,6 %. Et Laetitia Van Eeckhout le week-end des 22 et 23 septem- seule foi des affirmations de Fran- bre, par les policiers de la Direc- çois Santoni – assassiné à son tour tion anti-terroriste (DNAT) dans le 17 août 200. « Les comporte- le cadre de l’enquête sur l’assassi- ments de la justice antiterroriste nat de Jean-Michel Rossi et de son sont inacceptables, a-t-il déclaré. garde du corps, en août 2000. On me présente comme le comman- L’opération a provoqué une vive ditaire d’un meutre et Jacques Mos- émotion chez les nationalistes. coni comme l’exécutant, avant de D’autant que les interpellés, dont constater que les dossiers sont vides. Jacques Mosconi, l’un des mem- Ce n’est pas sérieux ». bres de l’exécutif du parti Indipen- Il s’agit de la plus forte somma- denza, proche de Jean-Guy Tala- tion depuis que, le 13 décembre moni, ont tous été finalement relâ- 1999, Jean-Guy Talamoni et Paul chés : six, d’abord (Le Monde du Quastana ont accepté l’invitation 27 septembre), puis les trois der- de Lionel Jospin à Matignon. «Ce niers, mercredi, à Bastia, sans n’est pas provisoire, c’est définitif », qu’aucun élément n’ait été retenu insiste François Sargentini, le lea- contre eux. der d’Indipendenza. « Nous restons Convoquée le soir même, la disponibles pour un dialogue qui ne « consulta » de Corsica Nazione a soit pas un dialogue de sourd », marqué le coup. Les militants d’In- nuance le chef de file de Corsica dipendenza, qui doivent se réunir Nazione à l’Assemblée de Corse. samedi à Bonifacio, avaient laissé « Corsica nazione renouvelle son comprendre qu’ils allaient «sus- engagement au service d’une solu- pendre » leur soutien aux accords. tion négociée. Nous ne voulons pas M. Talamoni a pris les devants. Il casser la baraque. Ce n’est pas une avait déjà été très agacé du « batta- crise pour une crise, mais une crise Noël Mamère ne souhaite plus être le candidat des Verts à la présidentielle OUI, NON, peut-être. Chez les L’entourage de l’ancienne ministre Verts, l’information varie au grè des de l’environnement juge ces décla- courants. Mais, cette fois, Noël rations « bien imprudentes ». «Il Mamère assure que sa décision est faut garder ses nerfs, le sort du candi- « irrévocable ». Mercredi 26 septem- dat est entre les mains du candi- bre sur France-Inter, le député de dat », précise Jacques Archimbaud, Gironde a déclaré qu’il « ne serait conseiller politique de Mme Voynet. pas candidat, quelles que soient les « Ce sont les militants qui doivent se circonstances » pour remplacer prononcer », ajoute-t-il, alors que Alain Lipietz, le candidat des Verts Jean-Luc Bennahmias, ancien à la présidentielle, aujourd’hui très secrétaire national, exhorte M. fortement contesté. Lipietz à « jeter l’éponge, sans atten- La veille, le maire de Bègles n’at- dre ». Alors que Mme Voynet avait tendait qu’une chose : que la secré- expliqué longuement dans L’Ex- taire nationale des Verts, Domini- press et dans Le Nouvel Observa- que Voynet, lui demande de repré- teur, en février, toutes les bonnes senter les Verts dans la compétition raisons qu’elle avait de ne pas se de 2002. Après la démission, lundi, présenter, elle se trouve aujour- de Jean-François Collin, directeur d’hui embarrassée d’apparaître de campagne de M. Lipietz, la ques- comme la seule candidate possible. tion de la relève du candidat était plus que jamais posée. Noël Mamè- LE PS SOULAGÉ re ou Dominique Voynet ? Depuis Au PS, le soulagement apparaît Bruxelles, Daniel Cohn-Bendit mili- en filigrane, après l’inquiétude qui tait en faveur du premier (Le Monde prédominait de voir la campagne du 27 septembre). A Saumur, aux de M. Lipietz aussi mal partie. journées parlementaires des Verts, « Qu’un partenaire se mette en les amis de M. Mamère le pous- situation de gagner et cela fait saient à s’engager. La nouvelle séna- gagner tout le monde », estime un trice verte, Marie-Christine Blandin, hiérarque socialiste. François Hol- opposée, au départ, à la candidature lande, qui veut « respecter les choix du député de Gironde, a tenté elle des Verts », comme il l’a déclaré aussi de le persuader d’« y aller ». sur Europe 1, jeudi matin, a aussi L’intéressé a, exceptionnelle- observé qu’avant la désignation ment, « mal dormi ». Mais, mercre- d’Alain Lipietz, « il avait imaginé » di matin, sa décision était prise. que Dominique Voynet, secrétaire « La situation est pourrie à un tel nationale du parti, serait la candi- point dans le parti que je ne peux date des Verts en 2002. A bon pas prendre le relais. J’entends dire entendeur… Jean-Marc Ayrault, que ma candidature rouvrirait des ravi de sa visite aux journées parle- plaies. On est toujours dans une logi- taires du PCF à Bobigny, estimait que d’appareil, Dominique est trop au contraire que les problèmes des prisonnière de son courant », a-t-il Verts « le concernaient et le conster- déclaré au Monde. Dans ces condi- naient ». « C’est indispensable tions, il estime qu’il ne parviendra qu’ils y arrivent, il n’y a pas d’autre pas à faire campagne, ni à « réali- choix», a déclaré au Monde le prési- ser la synthèse des Verts », expli- dent du groupe PS à l’Assemblée. que-t-il. Plus prosaïquement, il pen- se aussi que Mme Voynet ne lui Clarisse Fabre demandera pas de se présenter. et Béatrice Gurrey 16 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 FRANCE-SOCIÉTÉ

Le gouvernement présente un plan pour relancer La nouvelle loi la lutte contre la consommation d’alcool sur l’avortement De nouvelles actions doivent permettre de mieux repérer l’usage nocif, distinct de la dépendance tarde à être appliquée Bernard Kouchner devait présenter, jeudi 27 sep- de boissons alcoolisées. Tirant un bilan en demi- l’accent sur le repérage de l’usage nocif, distinct tembre, les grandes orientations du Plan alcool teinte des actions menées jusqu’à présent, le de la dépendance alcoolique. Un abaissement du visant à relancer la lutte contre la consommation nouveau dispositif veut notamment mettre taux légal d’alcoolémie est envisagé. Le Planning familial dénonce des dysfonctionnements

CHANGER le regard sur l’alco- Les enjeux sont multiples, selon plus de deux à trois verres d’alcool du patient. Cette identification LA NOUVELLE loi sur l’avorte- nes d’attente ! » Certaines villes, ol, en réduire globalement la le ministre délégué à la santé : il (verres de 10 cl de vin par exem- peut être effectuée aux moyens de ment sera-t-elle vraiment appli- certaines régions même, sont res- consommation, revenir à l’esprit s’agit, entre autres, de « transfor- ple) en moyenne par jour pour les brefs questionnaires ou sur des quée ? Publiée le 7 juillet au Jour- tées totalement rétives à l’appli- de la loi Evin de 1991 et mobiliser mer les représentations sociales de femmes et pas plus de trois à qua- marqueurs biologiques (dosage nal officiel, la réforme de la loi Veil, cation de la loi, à en croire le les professionnels de santé, à l’alcool qui stigmatisent l’alcoolisme tre pour les hommes. des gamma GT et de la transférine qui prévoit notamment l’allonge- Planning et l’Ancic : la région Cen- commencer par les médecins géné- et l’alcoolique et minimisent les Autre constat négatif, celui des désyalée CDT). ment du délai légal d’IVG de dix à tre, la région Rhône-Alpes (à l’ex- ralistes : le Plan alcool de Bernard conséquences de la consommation carences du dispositif de soins, douze semaines de grossesse, sem- ception de Grenoble), la Vendée, Kouchner ne manque pas d’ambi- habituelle ». Il faut également déjà soulignées en 1998 par le rap- AVERTISSEMENTS SANITAIRES ble connaître des débuts plutôt les villes de Poitiers, Rouen, Caen, tion. Tirant la leçon des insuffisan- « réduire l’influence de l’industrie port des professeurs Parquet et Les personnes ayant des problè- chaotiques. « Les femmes françai- Strasbourg, Avignon… « A l’hôpital ces actuelles, le ministre délégué à de l’alcool sur d’autres secteurs éco- Reynaud. Sont pointées en particu- mes d’alcool récent et n’ayant pas ses continuent de partir aux Pays- de Beauvais, on a même endormi la santé devait présenter ses orien- nomiques ou de loisirs », mais aus- lier les insuffisances du dispositif d’autre maladies peuvent bénéfi- Bas », déplorent d’une même voix une femme avant de lui signifier tations stratégiques dans ce domai- si « faire prendre conscience du spécialisé, mais aussi « l’impossibili- cier d’« interventions brèves », com- l’Association nationale des centres que, finalement, l’opération n’aurait ne, jeudi 27 septembre, en compa- poids de l’alcool dans la mortalité té de repérer et donc de traiter les me le programme « Boire moins, d’IVG et de contraception (Ancic) pas lieu ! », raconte Paul Cesbron, gnie de Nicole Maestracci, prési- prématurée, dans les inégalités de consommations nocives ». Cela se c’est mieux » développé par l’Asso- et le Mouvement français pour le gynécologue-obstétricien à l’hôpi- dente de la Mission interministé- santé, dans les accidents, dans les traduit en médecine générale par ciation nationale de prévention de planning familial, qui s’apprêtent à tal de Creil (Oise), président de rielle de lutte contre la drogue et conflits et les violences sociales, un « dispositif totalement insuffi- l’alcoolisme. Il s’agit d’associer sim- diffuser un communiqué dénon- l’Ancic. la toxicomanie (Mildt). notamment familiales » et, enfin, sant, tout en assimilant les problè- ple conseil, négociation d’un objec- çant ces dysfonctionnements et L’expertise collective réalisée « accroître l’intérêt des profession- mes de l’alcool à l’alcoolo-dépen- tif avec le patient et recettes pour demandent à être reçus par Elisa- « LES IVG SONT MARGINALISÉES » par l’Institut national de la santé et nels de santé ». dance », ce qui a conduit à un réduire la consommation d’alcool. beth Guigou, la ministre de l’em- Les autres dispositions de la loi de la recherche médicale (Inserm), désintérêt de « ceux qui soignent Contrairement à la situation parti- ploi et de la solidarité. – fin de l’entretien préalable obliga- rendue publique le 20 septembre LA MODÉRATION, NOTION AMBIGUË 95 % des personnes en difficulté culière de la femme enceinte, il ne A la tête de la délégation aux toire pour les femmes majeures, (Le Monde du 21 septembre), souli- La tâche est d’autant plus impor- avec l’alcool ». Le plan comporte s’agit pas là de viser à l’abstinence. droits des femmes de l’Assemblée dispense d’autorisation parentale gnait l’ampleur des problèmes de tante que le bilan de la politique des actions incombant au seul Le ministre délégué à la santé nationale, Martine Lignière-Cas- dans certains cas pour les mi- santé liés à la consommation d’al- de santé publique en la matière est ministère de la santé et des disposi- émet enfin le vœu d’une réflexion sou, député (PS) des Pyrénées- neures – ne semblent pas davan- cool. L’alcool est en effet responsa- en demi-teinte. « Très touffue »et tions relevant du niveau interminis- sur un abaissement éventuel du Atlantiques, chargée du suivi de tage appliquées. Certains médecins ble de 45 000 décès par an, dont « pour partie obsolète », la régle- tériel, sur lesquelles les décisions taux légal d’alcoolémie, l’interdic- l’application de la loi, constate, elle ne cachent pas leur opposition au 16 000 sont dus à des cancers. Un mentation « est affaiblie par la mul- restent à prendre. Parmi les premiè- tion totale de la vente d’alcool aussi, les « difficultés d’applica- texte. D’autres évoquent un man- accident mortel de la circulation tiplication des exceptions et des régi- res, une forte insistance est mise dans les stations-service, celle du tion » de la nouvelle loi. « Mais que d’information, l’attente des sur trois met en cause l’absorption mes particuliers et peu efficace en sur le repérage de l’usage nocif, mécénat dans les manifestations nous savions qu’il faudrait être vigi- décrets d’application, le manque d’alcool et le taux de mortalité pré- terme de santé publique ». notion à la fois distincte de l’usage sportives, culturelles ou scientifi- lants… » Une loi pourtant censée de moyens, de formation techni- maturée attribuable à l’alcool (en Le ministère de la santé veut sans problème et de la dépendance, ques par les entreprises du secteur être mise en œuvre dès sa parution que, d’information… « Fausses excu- dehors des accidents et des trauma- substituer la notion de consomma- comme sur l’identification des diffi- des boissons alcooliques, ou enco- au Journal officiel pour tous les arti- ses ! Beaucoup de médecins n’ont tismes) atteint 12 % à 18 % des tion faible à celle de consomma- cultés avec l’alcool (concept englo- re l’inscription d’avertissements cles non soumis à décrets d’applica- simplement pas envie d’appliquer hommes entre 35 et 64 ans. Malgré tion modérée, jugée ambiguë car bant aussi bien l’usage nocif que la sanitaires sur les conditionne- tion. Ce qui est le cas de l’ensemble cette loi », s’insurge Maïté Albagly, une tendance à la baisse sur le long « les gros buveurs situent la modéra- dépendance). ments des boissons alcooliques, des articles relatifs à l’IVG – à l’ex- secrétaire générale du Mouvement terme de la consommation d’alco- tion à des niveaux élevés ». Pour L’alcool est en effet souvent comme c’est le cas pour les ception de ceux concernant les français pour le planning familial. ol, de fortes différences existent cela, il souhaite se référer aux oublié lors de l’interrogatoire par paquets de cigarettes. IVG médicamenteuses réalisées « Tout cela ne nous surprend pas, entre les générations, les âges, les recommandations de l’Organisa- le médecin et l’usage nocif ne fait par les médecins de ville et la prise Les deux tiers des praticiens hospi- contextes et les milieux sociaux. tion mondiale de la santé : pas pas l’objet de demande de la part Paul Benkimoun en charge par la Sécurité sociale taliers et des centres d’orthogénie des avortements de mineures. avaient fait part de réserves concer- « A Paris, avorter entre dix et nant la loi, poursuit le docteur Ces- douze semaines demeure très diffi- bron, qui reconnaît par ailleurs que L’accord sur les 35 heures dans les hôpitaux n’obtient qu’une adhésion minoritaire cile, témoigne Viviane Devitry, « les services de gynécologie-obstétri- conseillère au Planning familial que sont débordés, donc les IVG mar- LA MOITIÉ signe, l’autre pas. Les huit syndi- rejet du texte. La non-signature se traduisant carrières. La ministre de l’emploi et de la solida- parisien. Les rares établissements ginalisées ». Au ministère de la soli- cats des personnels hospitaliers, appelés, jeudi par l’exclusion, de fait, du comité de suivi, la rité devait également revenir sur l’enveloppe qui appliquent la loi, comme Saint- darité, on assure qu’une circulaire 27 septembre, à approuver le projet d’accord peur d’être « marginalisé » en a fait hésiter plus financière destinée à accompagner la mise en Antoine, Saint-Vincent-de-Paul ou d’information sera diffusée avant national sur les 35 heures, sont divisés : la CGT, d’un. « Mais sur le terrain, le mécontentement est place des 35 heures. En 2002, la dotation hospi- Broussais, n’ont plus de place. » Les la fin du mois, bientôt accompa- FO, Sud-CRC et la CFTC ont choisi de rejeter le trop fort », assure son responsable Bernard talière prévoit le financement d’une première femmes sont alors orientées vers gnée d’un dossier-guide destiné document ; la CFDT, la CGC, l’Unsa et le SNCH Sagez. tranche de 12 000 créations d’emplois, soit quelques cliniques et hôpitaux de aux professionnels. (cadres hospitaliers) de le parapher. En l’absen- Ces hésitations n’ont pas eu cours chez Sud- 27,5 % du total promis sur trois ans. Enfin, banlieue, eux aussi surchargés, où ce des deux premiers, l’accord sur les 35 heures CRC comme à la CGT où le vote « contre » l’a Mme Guigou s’est engagée à publier rapidement il « faut compter deux à trois semai- Pascale Krémer dans les hôpitaux est minoritaire. A eux seuls, emporté « à l’unanimité ». « L’enveloppe emploi les décrets concernant l’organisation du temps la CGT et FO pèsent en effet beaucoup : ils sont n’est pas à la hauteur de l’ambition qu’il faudrait, de travail, des congés ou des astreintes à l’issue respectivement le premier et le troisième syndi- on s’en rendra vite compte », souligne Nadine d’une réunion du conseil supérieur de la fonc- cat du secteur. Jeudi, de nouvelles manifesta- Prigent (CGT). « L’ensemble de nos départe- tion publique hospitalière prévue fin octobre. Les cotes de confiance de M. Chirac tions étaient prévues à Paris et en province à ments, à l’exception de l’un d’entre eux qui recon- Il reste que la mobilisation grandit dans les l’appel des « contre » et de plusieurs syndicats naissait quelques avancées, a rejeté l’accord. Ce hôpitaux, soutenue notamment par les syndi- de médecins hospitaliers. qui est proposé est vécu comme un recul, une cats de médecins, dont les négociations, sépa- et de M. Jospin en forte hausse Pour chacune des organisations concernées, déréglementation », souligne de son côté Didier rées, sur les 35 heures, devraient reprendre le qui ont toutes réuni leurs conseils fédéraux mer- Bernus, chez FO. A l’opposé, le SNCH n’a pas 5 octobre. Rachel Bocher, présidente de l’Inter- LES COTES DE CONFIANCE du président de la République et du pre- credi, la décision a parfois été difficile à pren- tergiversé longtemps pour voter « pour ». «Le syndicat national des praticiens hospitaliers mier ministre enregistrent une hausse spectaculaire, selon le dernier dre. « Nous signons parce que le texte comporte comité de suivi garantit des ajustements possi- (INPH), envisage ainsi l’organisation d’un sondage réalisé par CSA, les 20 et 21 septembre auprès de 1 003 per- des avancées mais avec une réserve sur l’em- bles », affirme son délégué national, Emmanuel « mouvement unitaire de grande ampleur sous sonnes pour La Vie et France Info. Après les attentats de New York et ploi », déclare François Chérèque, secrétaire Goddat. peu, avec grève illimitée ». « Les négociations de Washington, Jacques Chirac progresse de 17 points, à 74 % d’opinions général de la fédération CFDT. Le candidat à la marchands de tapis sur les 35 heures annulent favorables, et Lionel Jospin de 14 points, à 63 % de jugements positifs. succession de Nicole Notat reconnaît en effet la PREMIÈRE TRANCHE DE 12 000 CRÉATIONS D’EMPLOIS tous les efforts qui ont été faits depuis deux ans. Cette enquête confirme et amplifie celle de l’Ifop, réalisée du 13 au persistance d’un « doute » sur le niveau de créa- Pour le gouvernement, un accord, même C’est la cerise qui fait s’effondrer le gâteau », dit- 21 septembre auprès de 1 830 personnes pour Le Journal du diman- tions d’emplois. « Personne ne sait aujourd’hui minoritaire, vaut mieux qu’une décision unilaté- elle. En signe de « semonce », les médecins anes- che : 62 % des sondés se disaient satisfaits du chef de l’Etat (+ 2 points) si les 45 000 postes supplémentaires annoncés par rale. Elisabeth Guigou devait placer ce texte thésistes-réanimateurs hospitaliers devraient et 53 % du chef du gouvernement (+ 5 points). le gouvernement seront suffisants », dit-il. A la dans la lignée de ceux signés depuis le 14 mars faire grève vendredi 28 septembre. CFTC, où il a fallu plusieurs heures de débats 2000, qu’il s’agisse des moyens supplémentaires pour trancher, un vote « très serré » a abouti au donnés à l’hôpital ou de la revalorisation des Isabelle Mandraud Pédophilie : l’Etat reconnaît Menace de grève dans les cliniques privées, qui se disent « à l’agonie » ses « erreurs » dans l’affaire de Ruffec LES REPRÉSENTANTS de l’éducation nationale, de la justice et de la « LE SECTEUR hospitalier privé ce », résume-t-il. La mise en place parties en cours d’année pour aller le privé et assurer l’égalité de traite- gendarmerie ont tour à tour reconnu leurs erreurs, mardi 25 septem- est à l’agonie. » Les porte-parole des 35 heures à l’hôpital public travailler à l’hôpital. « C’est une fui- ment entre les deux secteurs. bre, au cours d’une réunion avec les parents d’élèves de l’école mater- de la Coordination nationale des (lire ci-dessus) et la création de te permanente, tout se fait sans bruit « C’est notre seule revendication, nelle de Ruffec (Charente), dont l’institutrice, Monique Menue, a été médecins exerçant en clinique pri- 45 000 emplois sur trois ans dans alors que la situation est catastrophi- car c’est la seule qui sauvera le pri- arrêtée et mise en examen, le 20 septembre, avec son compagnon Ray- vée (CNMC) ne lésinent pas sur les ce secteur, « sans concession pour que », insiste le docteur Cuq. Pour vé », précise M. Cuq. mond Mauser, pour viols et agressions sexuelles sur des élèves âgés de mots pour justifier le lancement le privé, signent la disparition de la CNMC, les cliniques privées ne La menace d’une « grève géné- trois et quatre ans (Le Monde du 24 septembre). Le couple avait déjà d’une « grève générale des cliniques nombreuses cliniques convention- sont pas en mesure d’augmenter rale » des cliniques à partir du fait l’objet d’une enquête pour des faits similaires, en 1995, après les à partir du 5 novembre ». Créée en nées », alerte la CNMC qui n’hésite les salaires des personnels soi- 5 novembre fait penser à la « grève plaintes de plusieurs parents, mais le dossier avait été classé sans suite. juillet, la CNMC – qui a reçu le sou- pas à parler d’« une remise en cau- gnants sans une aide de l’Etat. des accouchements » qui avait été tien de la Fédération de l’hospitali- se du système de santé à la françai- envisagée en juillet par le Syndicat DÉPÊCHES sation privée (FHP) et des Confé- se ». « UNE POLITIQUE SUICIDAIRE » national des gynécologues et obs- a CONJONCTURE : l’enquête dans l’industrie pour septembre, rences médicales d’établissement Déjà confrontée à une pénurie « La situation financière de l’hos- tétriciens de France (Syngof) et publiée par l’Insee jeudi 27 septembre, révèle une poursuite de la (CME) – est « l’expression de la d’infirmières, l’hospitalisation pri- pitalisation privée est catastrophi- finalement annulé après plusieurs dégradation du climat des affaires. Les perspectives générales de pro- majorité des médecins », assure Phi- vée « ne peut plus rivaliser avec les que. En 2001, 60 % des établisse- rencontres avec le ministre de la duction des chefs d’entreprise continuent de s’effondrer, ce qui ne lippe Cuq, chirurgien vasculaire à avantages du public où les salaires ments sont déficitaires, contre 21 % santé. « La menace du risque sani- « peut être imputé que très partiellement aux événements du 11 septem- Toulouse et membre du bureau de sont supérieurs de 20 % à 30 % », en 1996 », soulignent les médecins taire est une décision grave, mais bre », l’essentiel des réponses ayant été envoyées avant cette date. la coordination. « Nous sommes explique Raoul-Jacques Bensaude, de la Coordination. « Cela n’est pas c’est la seule solution pour se faire Leurs perspectives personnelles de production se dégradent aussi des gens de terrain qui estimons gastro-entérologue. La CNMC cite dû à une mauvaise gestion mais à entendre de Bernard Kouchner », pour devenir à leur tour négatives. Les carnets de commandes ne ces- qu’aujourd’hui la situation est intolé- plusieurs exemples de cliniques, à une politique suicidaire des pou- estime la CNMC. La Coordination sent de se réduire. rable et qui ont choisi d’organiser Tours, Montauban ou Toulouse, voirs publics », considère le doc- lancera une ultime « sommation » a BUDGET : le président délégué de l’UDF, Hervé de Charette, a un large mouvement de résistan- où des dizaines d’infirmières sont teur Jérôme Marty, membre du au gouvernement les 24 et 25 octo- estimé, mercredi 26 septembre, qu’il faudra que « la France demande bureau de la Coordination. « Nous bre, deux jours durant lesquels «il à Bruxelles de nous exonérer pendant un ou deux ans de l’application des sommes encadrés par l’Etat qui fixe n’y aura pas d’entrée de patients ». critères de Maastricht ». Evoquant un projet de budget établi « sur des les prix de journée et le nombre de Les responsables de la Coordina- bases fantasmagoriques », il a affirmé que le gouvernement, issu des lits et nous sommes soumis aux tion devaient rencontrer les asso- prochaines élections législatives, devra affronter « une crise budgétai- mêmes obligations que l’hôpital ciations de consommateurs et de re en 2002 ». « Je ne soutiendrai aucun gouvernement qui proposerait à public en termes de qualité et de malades pour leur expliquer « les nouveau, comme en 1993 et 1995, d’augmenter les impôts » pour résor- sécurité (lutte contre les infections raisons d’un tel mouvement » qui, ber les déficits, a-t-il prévenu. nosocomiales, soins palliatifs, lutte s’il se produit, risque de paralyser a NOMINATION : Bernard Legras, procureur général près la cour contre la douleur, etc.), mais nous le système de soins. L’hospitalisa- d’appel de Bastia (Haute-Corse), a été nommé, mercredi 26 septem- avons dû les réaliser sans enveloppe tion privée – 1 300 établissements, bre, en conseil des ministres, procureur général à Colmar (Haut- financière supplémentaire », expli- 6 millions de patients, 120 000 sala- Rhin). Lionel Jospin « a salué l’action du procureur général, soulignant que-t-il. riés, 43 000 médecins – réalise plus qu’il avait travaillé avec force, rectitude et courage dans ses fonctions à C’est pourquoi la Coordination de 50 % des interventions chirurgi- Bastia », a indiqué Jean-Jack Queyranne, porte-parole du gouverne- tout comme la FHP réclament cales, 50 % des traitements du can- ment. M. Legras est remplacé par Patrick Lalande, 55 ans, avocat géné- « une enveloppe pérenne de 6 mil- cer et 40 % des accouchements. ral à Paris, qui a dirigé la 14e section antiterroriste du parquet de Paris liards de francs » pour combler les jusqu’en 1991. écarts de salaires entre le public et Sandrine Blanchard FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 17 Un policier jugé pour avoir tué un jeune lors des émeutes de 1991 à Mantes-la-Jolie Pascal Hiblot avait d’abord bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction La cour d’assises des Yvelines examine, depuis mercredi paraît pour avoir tiré un coup de feu mortel sur un jeune 26 septembre, le dernier volet des événements qui secouè- homme à l’issue d’une soirée commencée par un rodéo rent Mantes-la-Jolie en 1991 : Pascal Hiblot, policier, com- automobile qui avait coûté la vie à une de ses collègues.

LA JUSTICE s’accommode rare- tué une femme gardien de la paix, appel de la décision. Et, le 22 mars ment des atermoiements. Aussi, Lhadj Saidi, conducteur de la 2000, la chambre d’accusation de la dans le prétoire des assises des Yve- Renault 9 alors âgé de dix-huit ans, cour d’appel de Versailles ordon- lines, à Versailles, le temps, les s’était présenté au commissariat. nait le renvoi aux assises pour années constituent-ils probable- Jugé en juillet 1997 au terme d’une « coups mortels » du policier Hiblot, ment les pre- instruction traînante, il fut condam- aujourd’hui âgé de quarante-deux miers fer- né pour « coups mortels » à dix ans ans. Au centre de la différence d’ap- ments du de réclusion criminelle. préciation : la volonté, notamment, malaise. Mer- En ce qui concerne la responsabi- de « lire » les deux phases de la soi- credi 26 sep- lité du policier, les choses furent rée tragique comme deux événe- tembre, dix tout autres. Le procureur de la ments distincts. Selon les magis- ans après les République de Versailles, Yves Col- trats d’appel, « l’état de nécessité » faits, la jus- leu, avait, au lendemain du drame, ne pouvait être reconnu au policier PROCÈS tice examine refusé d’engager des poursuites alors que la deuxième vague de voi- enfin au grand jour le troisième et contre Pascal Hiblot. Il avait donc tures volées avait évité « le contact dernier volet judiciaire des événe- fallu que la famille de la victime por- direct » avec le barrage. ments qui secouèrent Mantes-la- te plainte avec constitution de par- Aux jurés cependant, qui devront Jolie au printemps 1991. tie civile pour obtenir l’ouverture vraisemblablement digérer ultérieu- Deux semaines après qu’un jeune d’une information judiciaire. rement l’argumentation technique – Français de dix-huit ans, Aïssa Pour justifier l’absence de pour- même vulgarisée —, un expert psy- Ihich, soupçonné d’avoir lancé des suites diligentées par son parquet, chiatre est venu apporter, au terme pierres sur des policiers dans le le procureur estimait que « l’état de de la première journée du procès, quartier du Val-Fourré, fut décédé nécessité », à défaut de la « légitime une lecture plus directe. Peut-être d’une crise d’asthme survenue en défense » inapplicable en l’état des les deux événements sont-ils juridi- garde à vue – un médecin, deux poli- ciers ont été condamnés pour cette affaire en février —, deux drames, Pascal Hiblot comparaît en tant qu’accusé libre intimement liés, allaient survenir dans la sous-préfecture des Yveli- A son procès, le policier Pascal Hiblot comparaît libre et, en tant nes dans la nuit du 8 au 9 juin 1991. qu’accusé libre, bénéficie des nouvelles dispositions inscrites dans la Mobilisés pour mettre fin à un loi du 15 juin 2000 relative au renforcement de la présomption d’inno- « rodéo » automobile auquel se cence. Ainsi, contrairement à la procédure antérieure, un accusé libre livraient les jeunes du quartier à est désormais dispensé de se constituer prisonnier à la veille de son bord de voitures volées, les poli- procès. De même, il ne reste plus détenu durant la durée de son pro- ciers du commissariat de Mantes cès et ne comparaît donc plus dans le box des accusés. établissait un barrage dans le centre- A Versailles, Pascal Hiblot se tient aux côtés de son conseil, sur le ville ancien, non loin du Val-Fourré. traditionnel banc des avocats. Lorsqu’il est invité à s’exprimer, il Soudain, prise en chasse, une vient à la barre, comme c’est le cas pour les prévenus libres renvoyés Renault 9 forçait le dispositif et ten- devant le tribunal correctionnel. Enfin, à l’issue des débats, la loi pré- tait de passer par un étroit passage, voit désormais que, « si l’accusé est libre , [le président] lui enjoint de sur le trottoir. Las. Ouvrant sa por- ne pas quitter le palais de justice pendant la durée du délibéré, en indi- tière à l’arrière du véhicule de poli- quant, le cas échéant, le ou les locaux dans lesquels il doit demeurer, et ce, Marie-Christine Baillet, gardien invite le chef du service d’ordre à veiller au respect de cette injonction. » de la paix de trente-deux ans, était fauchée et projetée à plusieurs mètres du point d’impact, sous les données balistiques, pouvait expli- quement distincts, a expliqué le doc- yeux de ses collègues, dont Pascal quer le geste du policier. Selon le teur Gérard Dubray. Mais l’état Hiblot, chef de bord. La jeune fem- code pénal, en effet, « n’est pas émotionnel du policier au moment me devait décéder rapidement de pénalement responsable la personne de ses tirs est, selon lui, « indissocia- ses blessures. qui, face à un danger actuel ou immi- ble du premier événement ». Quinze à vingt minutes plus tard, nent qui menace elle-même, autrui Choqué par la vision du corps alors que des renforts de police neu- ou un bien, accomplit un acte néces- ensanglanté de sa collègue qu’il con- tralisaient les lieux et que les saire à la sauvegarde de la personne naissait depuis l’école de police, Pas- secours arrivaient, trois autres voitu- ou du bien, sauf s’il y a disproportion cal Hiblot, que les témoignages s’ac- res volées se dirigeaient à leur tour entre les moyens employés et la gravi- cordent à décrire comme un hom- à vive allure vers les policiers tou- té de la menace ». me d’un naturel calme et réservé, a jours en place. Pascal Hiblot sortait Or c’est bien sur cette notion juri- tiré dans un moment de « réaction son arme, visait, tirait à trois repri- dique qu’allait se jouer l’avenir du aiguë à un facteur de stress dans un ses, une fois les véhicules passés. dossier. Le 28 juillet 1998, Pascal état émotionnel de bouleversement L’une des voitures, une Volkswagen Hiblot, qui ne fut ni incarcéré, ni total », « par peur, rage et déses- Jetta, s’écrasait sur un mur, vitre suspendu, mais affecté à des tâches poir ». « Si le danger objectif décrois- arrière brisée par les tirs. Son con- administratives, bénéficia d’un non- sait alors que les voitures s’éloi- ducteur, Youssef Khaif, un Algérien lieu du juge d’instruction Jean- gnaient, a dit l’expert, l’état émotion- de vingt-trois ans, figure du Val- Marie Charpier : l’arrestation de pré- nel demeurait. » L’expertise a con- Fourré apparemment partagé entre sumés « malfaiteurs dangereux », clu à une « altération, au moment révolte politique et délinquance, selon le juge, « paraissait bien avoir des faits, du discernement » du poli- était retrouvé mort, une balle dans le caractère d’une “nécessité réelle et cier, qui a écouté sans mot dire la la nuque. urgente” justifiant des mesures excep- famille Khaif exprimer son souhait Des deux drames, la justice fut tionnelles d’intervention ». « qu’il y ait une justice ». plus prompte et encline à juger le D’un avis contraire, le parquet premier. En apprenant qu’il avait général et la famille Khaif firent Jean-Michel Dumay L’ancien bâtonnier du barreau de Paris Bernard Vatier accusé de « prise illégale d’intérêts » par un syndicat d’avocats LA RIPOSTE, cinglante, s’est vou- seil de l’ordre, ces honoraires payés sionnels inscrits au barreau de Paris, lue à la mesure de l’affront subi. sans facture préalable devaient per- de verser une cotisation contri- Devant le président du tribunal de mettre aux bâtonniers, comme l’a buant à hauteur de 46 % au budget grande instance de Paris, l’avocat expliqué Me Lemaire devant le tribu- de 200 millions de francs de l’or- Philippe Lemaire n’a ainsi pas trou- nal, de compenser la perte de leur dre... vé de mots assez durs, mercredi clientèle durant les deux années de Rémunérations illégales ? Délibé- 26 septembre, pour qualifier la pro- leurs nouvelles fonctions exercées à rations opaques ? « On cherche à cédure judiciaire d’« outrageante et temps plein. Pourquoi, dès lors, le vous tromper ! », a lancé Me Lemaire totalement injustifiée », ponctuée SAJ n’a-t-il pas poursuivi tous les aux juges. Les honoraires versés en « d’approximations fantaisistes » et représentants de la fonction depuis 1984 à Me Danet, premier bâtonnier de « contre-vérités inacceptables », 1984 ? « C’était un luxe que notre rémunéré de la sorte, n’ont-ils pas engagée par ses jeunes collègues du petit syndicat ne pouvait pas se été mentionnés dans le bulletin de Syndicat des avocats pour la justice payer », a expliqué Me Marie-Claire l’ordre, envoyé à tous les avocats et (SAJ). Quelques mois à peine après Alexis, l’avocate du SAJ. Parmi les aux 577 députés ? Le SAJ, qui milite la création du SAJ, en novem- huit bâtonniers qui se sont succédé pour « la suppression des ordres très bre 1998, ceux-ci n’ont en effet pas à Paris en seize ans, Me Vatier avait coûteux qui ne servent à rien », n’est hésité à s’attaquer au puissant le coupable privilège, aux yeux du mû que par la « volonté de nuire », ordre des avocats au barreau de SAJ, d’avoir touché les sommes les s’insurge l’avocat. Contestant tour à Paris et à l’un de ses anciens bâton- plus importantes, dont le syndicat a tour l’existence d’un délit, la receva- niers, Bernard Vatier, poursuivi réclamé le remboursement intégral, bilité de la procédure ou le sérieux pour « prise illégale d’intérêts ». pour l’exemple. de l’enquête, Me Lemaire a réclamé Ce dernier est accusé par l’organi- que le SAJ soit débouté de son assi- sation syndicale d’avoir illégalement HONORAIRES « ARBITRAIRES » gnation « consternante » et condam- perçu près de 1,2 million de francs Sans assise légale autre qu’une né à 50 000 francs de dommages et d’honoraires en 1996, ainsi que « délibération restée secrète », ces intérêts pour préjudice moral. Le 954 000 francs l’année suivante, ver- honoraires « fixés de manière totale- syndicat, de son côté, qui veut obte- sés par l’ordre au titre d’un mandat ment arbitraire et sans contrôle » ne nir, avec le remboursement des longtemps exercé de manière béné- contribuent pas seulement à « por- honoraires versés à Me Vatier, sa vole. A la suite d’une première assi- ter atteinte à l’image de la profession condamnation à 200 000 francs de gnation en référé, en 1999, le prési- tout entière », a dénoncé Me Alexis. dommages et intérêts, entend dent du SAJ, Bruno Toussaint, avait En enfreignant la loi, le bâtonnier dénoncer les faits au procureur de découvert que tous les bâtonniers s’est également mis dans l’incapaci- la République et à la Cour des comp- de Paris bénéficiaient depuis 1984 té de pouvoir accomplir sa mission tes, dans le prolongement de la pro- de rémunérations considérables, qui de défense des libertés publiques, cédure civile déjà engagée, dont le ne s’élevaient cependant à l’époque tout en portant atteinte aux intérêts jugement sera rendu le 7 novembre. qu’à 340 000 francs par an. Votés en des avocats les plus impécunieux, 1982 lors d’une délibération du Con- obligés, comme les 15 000 profes- Alexandre Garcia 18 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Paris propose son projet urbain aux communes de la banlieue Un programme d’aménagement englobant la proche couronne élaboré par la nouvelle municipalité parisienne sera présenté au comité interministériel des villes, lundi 1er octobre. Une démarche regardée d’un œil critique par le président du conseil régional, Jean-Paul Huchon

PARIS REGARDE au-delà du blant socialistes, Verts et commu- du nouvel exécutif municipal : le couloirs de bus, annonce, sans périphérique. La démarche est iné- nistes, change évidemment la don- repositionnement annoncé de 22 communes sur la petite couronne doute, d’autres difficultés. dite et le changement de posture ne. A fortiori dans la mesure où l’OPAC de Paris, qui possède plus M. Huchon avait, en effet, dénon- radical. Six mois après l’élection les grands projets structurants de de 10 000 logements en banlieue Porte de Clignancourt cé une opération « précipitée », Porte de La Villette de Bertrand Delanoë à la mairie la mandature – développement et qui propose de servir d’opéra- lancée, selon lui, « sans concerta- Porte Pouchet SAINT-OUEN de Paris, la gauche plurielle s’effor- du logement social, création du teur immobilier à Saint-Denis, à AUBERVILLIERS tion », ce qui lui a valu une expli- ce de mettre en musique l’un de tramway sur le boulevard des Aubervilliers ou à Montreuil (Sei- COURBEVOIE SAINT-DENIS cation sévère avec le maire de ses engagements de campagne : Maréchaux et, surtout, projet de ne-Saint-Denis). Un échange de CLICHY Paris. « Nous ne sommes pas là LEVALLOIS- PANTIN « Aménager la couronne de Paris renouvellement urbain sur les bons procédés : ces communes PERRET seulement pour régler les factu- LE PRÉ-ST-GERVAIS entre le périphérique et les boule- quartiers situés à la périphérie de disposent de terrains mais elles NEUILLY- Cité Michelet res », a, en substance, expliqué SUR-SEINE vards des Maréchaux. » Paris est Paris – imposent de créer une n’ont pas les moyens financiers Rue De Cambrai Porte des Lilas M. Huchon aux nouveaux élus resté longtemps enfermé dans ses vraie coopération avec les com- de construire ; la capitale man- LES LILAS parisiens. « Les Verts parisiens veu- limites administratives, ignorant munes riveraines. que, pour sa part, cruellement de BAGNOLET lent passer en force sur le dossier les 29 communes de la proche cou- Sitôt élu, M. Delanoë en a don- foncier disponible. Saint-Blaise Porte de Montreuil des transports, et Bertrand Delanoë ronne, ses voisines, tandis que ces né les premiers signes en choisis- Trois cents maires et conseillers MONTREUIL fait des coups pour asseoir sa crédi- dernières se constituaient politi- sant deux élus communistes, Pier- généraux d’Ile-de-France sont con- Porte de Vincennes bilité, analyse un élu du conseil quement contre la ville-capitale. re Mansat et Martine Durlach, viés, le 5 décembre, par le maire ST-MANDÉ VINCENNES régional. Jean-Paul Huchon, qui ne BOULOGNE- Les Le rejet, sur la périphérie, des acti- de Paris pour rencontrer les élus BILLANC. Olympiades dispose que d’une majorité relative vités parisiennes les moins valori- parisiens. Cette « première » est au conseil régional, doit, pour sa santes – « les usines et les cimetiè- saluée comme une « excellente ini- Cité CHARENTON part, composer en permanence Sur un coût global ISSY-LES- VANVES Joseph-Bédier res », résume un élu communiste titative » par le groupe communis- MOULINEAUX GENTILLY IVRY-SUR-SEINE avec la droite. » MALAKOFF – et la construction, à partir des te du conseil de Paris. Elle marque- LE KREMLIN- Si les élans intercommunaux de d’environ 3 milliards Porte de Vanves MONTROUGE années 1960, de cités HLM sur les ra le lancement, en grande pom- BICÊTRE Porte de Charenton son collègue parisien n’enthousias- emprises foncières parisiennes de francs, la région pe, du grand projet de « renouvel- Porte d'Orléans ment guère M. Huchon, c’est aussi situées extra muros ont, au fil des lement urbain de la couronne de parce qu’en 2004 le nouveau décennies, accumulé un lourd pas- pourrait être Paris » que l’équipe du maire de Boulevard périphérique Boulevards des Maréchaux mode de scrutin aux élections sif entre la capitale et sa banlieue. Paris vient tout juste de boucler. Territoires gouvernés par le grand projet Sites prêts pour une première régionales donnera un poids parti- Ni la première élection d’un mai- sollicitée à hauteur Lundi 1er octobre, le comité de renouvellement urbain (GPRU) phase de travaux culier aux électeurs de banlieue, re, à Paris, en 1977 – Jacques Chi- interministériel des villes (CIV), Dispositif de la politique de la ville Sites prioritaires mis à l'étude plus nombreux que les Parisiens. rac, réélu en 1986 – ni les lois de de 600 à 700 millions présidé par Lionel Jospin, sera sai- M. Delanoë, de son côté, n’a sans décentralisation créant la région si du projet, conçu, avec le con- doute pas oublié que, comme la n’ont fondamentalement boule- cours de l’Agence parisienne d’ur- der par ses principaux financeurs, 700 millions de francs dans le plupart des élus (PS) au conseil versé les choses. Sans pouvoir pour occuper les postes d’adjoint banisme (APUR), par les direc- l’Etat, la ville et la région. cadre du contrat particulier, com- régional, – à commencer par ses réglementaire ni autorité sur son chargé des relations avec les col- tions de la ville et l’exécutif muni- Son coût global devrait avoisi- plémentaire du contrat de plan, adjoints à la mairie de Paris, territoire, et riche de sa seule puis- lectivités territoriales d’Ile-de- cipal. Sont concernés six sites ner les 3 milliards de francs. La vil- signé entre la région et chaque Roger Madec, Marie-Pierre de La sance financière, la région est res- France et d’adjointe à la politique « prioritaires », tous situés à la le en prendrait la moitié à sa char- département. Gontrie et Lyne Cohen-Solal –, tée dans un rapport de forte de la 2Ville. C’est aussi un élu com- jonction de Paris et de la banlieue ge ; l’Etat, avec lequel aucune Cette partie ne sera pas la plus M. Huchon avait soutenu la candi- dépendance par rapport à Paris. muniste, Maurice Ouzoulias, vice- pour lesquels sont proposées négociation n’est encore engagée, facile à jouer pour M. Delanoë. dature de Dominique Strauss- Une situation dont elle s’accom- président du conseil général du diverses actions de « réparation » apporterait des crédits du ministè- Car le président (PS) du conseil Kahn puis celle de Jack Lang à la modait, à l’époque de Jacques Chi- Val-de-Marne, qui préside, désor- urbaine, avec, comme ligne de for- re de la ville. Au cabinet de Claude régional d’Ile-de-France, Jean- mairie de Paris. Ces vieilles ten- rac puis de Jean Tiberi, ces der- mais, le puissant Syndicat interdé- ce, le développement de liaisons Bartolone, on reste toutefois pru- Paul Huchon, regarde d’un œil sions et les positions divergentes niers s’interdisant, en contrepar- partemental pour l’assainisse- nouvelles Paris-banlieue et la dent sur les engagements pari- plutôt critique le volontarisme de des deux « patrons » socialistes tie, de mettre le nez dans ses pro- ment de l’agglomération parisien- requalification des espaces déshé- siens et on souligne qu’aucune son collègue socialiste en matière risquent de peser lourd sur le pro- pres affaires… ne (Siaap), l’un des plus gros don- rités des portes de Paris (lire ci-des- négociation n’est encore enta- de coopération intercommunale. jet parisien. L’élection d’un maire PS à neurs d’ordres de la région. sous). Après l’affichage politique mée. Reste la région. Elle pourrait Le « coup de gueule » qu’il a pous- Paris, doté d’un exécutif rassem- Autre gage de bonne volonté du projet, il restera à le faire vali- être sollicitée à hauteur de 600 à sé, début septembre, à propos des Christine Garin Six projets pour les portes de la capitale Barres d’immeubles, embouteillages et trafics en tout genre à la porte des Lilas b Porte d’Ivry Saint-Ouen. Les projets (13e arrondissement). de requalification des boulevards LE NORD-EST de la capitale 300 mètres de cette porte virtuel- tourne le nord de la place, avant deux tiers du programme, explique Réhabilitation de la cité HLM des Maréchaux permettrait devrait également faire l’objet le. Pour les atteindre, il faut fran- de s’interrompre à une dernière le représentant du groupe Geor- Joseph-Bédier et reconversion de prolonger cet axe dans Paris. d’une action de la Ville de Paris et chir plusieurs obstacles. Le pre- intersection. ge V-Meunier. Les habitants des en hôtel d’une tour à l’aplomb du b Porte de Clignancourt (18e). de ses partenaires. Cette indispen- mier est celui d’un gigantesque Deux immenses barres de loge- Lilas veulent rester dans une ville à périphérique, dans un quartier au Réaménagement de l’espace sable rénovation urbaine permet- échangeur routier. Pas moins de ments, d’une quinzaine d’étages dimension humaine. Et les Parisiens parc de logement exclusivement public, dans le quartier du marché dix rues débouchent sur ce rond- chacune, marquent brutalement le trouvent ici moins cher que de social et au commerce aux Puces. Création d’un REPORTAGE point, percé en son centre par la début de la banlieue, comme si la l’autre côté du périphérique, avec de proximité faible. La couverture cheminement piéton entre tranchée du boulevard périphéri- capitale avait déversé là son trop- un centre vivant, moins d’insécurité partielle du périphérique pourrait le métro et les marchés, Entre périphérique que. En contrebas de la place, les plein d’habitants. Derrière, l’im- et de bonnes écoles. » être envisagée, pour créer un lien restructuration de la dalle et logements subsiste voitures font du sur-place sur huit meuble d’un ancien grand hôtel Plus loin, la station de métro avec les communes voisines. du parking, démolition un no man’s land files. Le bruit de la circulation est abrite un centre d’hébergement de Mairie-des-Lilas met 20 000 habi- b e Porte de Vanves (14 ). Le de 84 logements à l’aplomb aux activités troubles assourdissant. l’Armée du salut. C’est par cette tants à quelques minutes du cen- contrat de plan 2000-2006 prévoit du périphérique, aménagements Au-delà du « périph », le territoi- porte peu reluisante que s’ouvre la tre de Paris. L’urbanisme bien la couverture du périphérique de voirie. Le projet (290 millions re parisien se poursuit encore sur rue de Paris, principale artère des ordonné de la capitale est pour- de la porte Brançion à la porte de francs) ne figure pas au contrat trait ainsi de créer un lien entre quelques dizaines de mètres, mais Lilas. Dans ce boyau encombré, les tant bien loin. A côté des résiden- de Vanves, un quartier handicapé de plan Etat-région 2000-2006. deux secteurs de la porte des Lilas c’est un véritable no man’s land bus croisent difficilement d’énor- ces de standing, des façades dégra- par la coupure boulevards des b Porte d’Aubervilliers (19e). qui s’ignorent et que tout oppose. entre ville et banlieue. Les services mes camions. Au pied de petits dées bordent des ruelles humides. Maréchaux-périphérique, où se Restructuration de la cité Michelet Entre les 19e et 20e arrondisse- techniques de la capitale y entrepo- immeubles souvent délabrés, les Les porches ouvrent sur des ate- développe la délinquance des entre la porte de la Chapelle et la ments, la ville semble s’achever à sent leurs stocks de sel pour l’hi- commerces alimentaires floris- liers de mécanique. Des petites usi- jeunes. L’opération pourrait être porte de La Villette. Dans mi-hauteur de l’avenue éponyme. ver. Une immense station-service sants succèdent à des boutiques nes sont plantées au milieu de ter- accompagnée d’un développement un secteur enclavé entre Au pied des grands ensembles s’étale au bord de la chaussée. Le démodées. Beaucoup de rez-de- rains vagues. Un panneau délavé des équipements sociaux, sportifs périphérique, boulevards d’habitation soigneusement entre- soir, la prostitution investit les trot- chaussée sont murés. annonce depuis plusieurs années et de loisirs, et d’aménagements des Maréchaux, zones d’entrepôts tenus, la station de métro Porte- toirs. Des voitures d’origine indé- l’ouverture d’un espace vert. Dans d’espaces verts, en concertation et voies ferrées, il s’agit de des-Lilas affiche aussi ce nom d’oc- terminée sont proposées aux ache- 20 000 FRANCS LE MÈTRE CARRÉ des impasses paisibles, des avec la commune de Malakoff. rétablir une continuité urbaine troi, comme une illusion de fin de teurs de passage. Parfois, un rodéo Un promoteur immobilier a pavillons sont soigneusement b Porte Pouchet (17e). Démolition jusqu’au périphérique et vers ligne. La ville garde ici tous ses automobile participe de cette agi- cependant installé son bureau de rénovés. Les bourgeois-bohèmes, et reconstruction de la cité la Plaine-Saint-Denis. repères urbains : un square, le tation interlope. De l’autre côté de vente au premier carrefour. L’opé- ceux qu’on appelle aujourd’hui les Bois-le-Prêtre, à la limite de Clichy b Porte de Montreuil (20e). monumental regard de pierre d’un la place, le cirque du Grand-Céles- ration « Mail des Lilas » propose « bobos », y installent leur atelier (Hauts-de-Seine). Cette cité de Requalification de plusieurs réservoir souterrain. te présente son spectacle « poéti- des appartements à près de et leur famille. Pour eux, la rénova- 326 logements pourrait s’inscrire cités d’habitat social porte Mais les limites administratives que et décalé » depuis plusieurs 20 000 francs le mètre carré dans tion urbaine de la première cou- dans un projet de création de Vincennes et réaménagement de la capitale ne s’arrêtent pas là. mois. Plus loin, des palissades la ZAC du centre-ville qui doit fai- ronne n’est plus un simple projet. d’une liaison douce d’environ du marché aux Puces, en liaison Les panneaux qui marquent la fin métalliques dissimulent un mysté- re disparaître les bâtiments insalu- 1,5 kilomètre entre la cité nouvelle avec les communes de Montreuil du territoire parisien et l’entrée rieux terrain vague. Une piste bres. « Nous avons déjà vendu les Christophe de Chenay

et la Seine, sur la commune de et de Bagnolet. dans la commune des Lilas sont à cyclable, éternellement vide, con- e numéro d’octobre

Torture et mémoire française 2,74 / F 18 ● Après des années de silence sur les exactions de l’armée en Algérie, les Français revisitent enfin cette partie dramatique de leur histoire.

Notre héritage antique ● Référence pour les uns, objet de manipulation pour les autres, le monde antique nous offre un intérêt qui ne s’est jamais démenti. L’Amérique attaquée + les Clés de l’info : CHEZ 2VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

COMMERCE La grande distribu- tallé sur la rentabilité des activités Galeries Lafayette). b LE MARCHÉ ventes alimentaires en Ile-de-France. de livraison des produits. b AU tion règne désormais en maître sur Internet, Carrefour, Auchan, Casino reste confidentiel, même s’il est pro- b LA RENTABILITÉ des supermarchés JAPON, les géants de la distribution, le marché de l’épicerie en ligne, au et même Leclerc commencent à croi- metteur : en 2001, il devrait repré- en ligne est encore loin d’être acqui- confrontés à leurs propres problè- détriment des anciennes start-up. re au cybermarché, concept initié senter 1,3 milliard de francs de chif- se. D’où la phase actuelle d’industria- mes financiers, s’initient lentement b AU MOMENT où le doute s’est ins- par le leader Telemarket (groupe fre d’affaires, soit à peine 1 % des lisation des méthodes de collecte et au e-commerce. La grande distribution commence à croire à l’avenir du cybermarché L’ère des start-up est révolue. Les géants Carrefour, Auchan, Casino et même Leclerc investissent massivement le commerce alimentaire en ligne. Le marché est en forte croissance, mais la rentabilité n’est pas encore acquise

LA CAUSE est entendue : le com- Un marché mature à l'horizon 2010 allons, c’est pour faire du “mass mar- mier euro de bénéfice. La plupart merce alimentaire sur Internet ne ket”. Notre objectif n’est pas de réali- affirment qu’ils atteindront l’équili- sera pas une affaire de start-up. L'ACTIVITÉ DE LA LIVRAISON À DOMICILE À PARIS ET DANS LES COMMUNES LIMITROPHES ser 1 milliard de francs de chiffre bre fin 2002 ou en 2003. Une cour- Les dernières illusions sont tom- • Amélioration notable des en pourcentage du chiffre d'affaires d’affaires, mais des milliards », pro- se à la rentabilité qui se jouera en bées cet été avec la retentissante 15 performances des sites alimentaire total met Vincent Cornet, directeur coulisse, loin de l’écran d’ordina- faillite du cybermarché américain des cybermarchés général d’Ooshop. Dans cette opti- teur du client, c’est-à-dire au webvan. Mais c’est paradoxale- • La substitution entre la livraison à partir que, Carrefour a d’ailleurs décidé niveau de la préparation et de la ment au moment où le doute s’est des magasins et les cybermarchés s'accroît de se concentrer sur l’alimentaire livraison de la commande. Problè- installé sur la rentabilité des activi- 10 en fermant ses sites spécialisés me : la concurrence est telle qu’auj- tés Internet que la grande distribu- • Développement des cybermarchés (beauté, jardin et vin) lancés un an ourd’hui personne ne peut faire tion commence à croire au con- • Un effet d'offre qui favorise le recrutement plus tôt. payer au client le prix réel du servi- cept du supermarché en ligne. de nouveaux clients • Saturation du potentiel ce qu’il lui offre. La livraison est fac- de croissance. « Depuis cet été, on assiste incontes- • Généralisation du service ENTREPÔT AUTOMATISÉ turée en moyenne 10 euros, alors 5 • Diminution sensible des gains de tablement à un raffermissement de dans les grandes et productivité sur la partie livraison Telemarket veut également pas- que le coût réel est estimé à près la confiance du secteur dans cette moyennes surfaces du service et augmentation du coût ser la vitesse supérieure, mais c’est, du double. « On mange notre mar- activité, mais les règles du jeu ont relatif de la livraison lui, pour mieux pouvoir se vendre ge en logistique », reconnaît Pierre complètement changé. La course au (lire ci-dessous). Leader français, Bourriez, président de Houra. 0 volume est terminée, les acteurs se avec 40 % de part de marché en D’où une recherche frénétique concentrent désormais sur la réduc- 1990 2000 2005 2010 région parisienne, le site a vu ses de productivité. Depuis les débuts, tion des pertes », observe Philippe Source : Crédoc ventes progresser de 66 % au pre- la plupart des enseignes ont divisé Lemoine, co-PDG des Galeries mier semestre. Pour soutenir cette par deux le temps de préparation Lafayette, le principal actionnaire ment un média capable d’offrir une couverture nationale. « Le marché en 2000, devrait atteindre les croissance, 7,6 millions d’euros ont des commandes. Grâce à l’automa- du leader français du marché, Tele- complémentarité à une offre com- grand public n’est pas encore matu- 500 millions cette année. En situa- été investis dans un entrepôt auto- tisation de son entrepôt, Telemar- market. merciale existante », souligne re, pour le moment, il est dévoreur tion de saturation sur la région matisé à Pantin (Seine-Saint- ket affirme avoir réduit de 20 % ses Signe que le concept a mûri, tous Michel-Edouard Leclerc. d’investissements et n’est pas amor- parisienne, le site de Carrefour a Denis). Après une période de roda- coûts. Mais, tôt ou tard, le client les grands acteurs de la distribu- Pour le moment, la cible de clien- tissable au regard de la demande », inauguré début septembre un ge chaotique, le site est passé de devra payer le service dont il béné- tion investissent le créneau. Tele- tèle est réduite. En 2001, le com- explique, dubitatif, M. Leclerc. entrepôt de 10 000 m2 à Marly-la- 400 commandes quotidiennes à ficie. « La grande erreur c’est de fai- market est parti le premier, rejoint merce alimentaire sur Internet en Aussi, les grandes enseignes, Ville (Val-d’Oise). Cet investisse- 1 200 aujourd’hui. re croire qu’on peut faire du sur- depuis par Cora (Houra), Carre- France devrait représenter 1,3 mil- échaudées par les excès des premiè- ment de 15 millions d’euros « On sait désormais que le mar- mesure au prix du prêt-à-porter, de four (Ooshop), Casino (c-mescour- liard de francs de chiffre d’affaires, res heures de l’Internet, investis- devrait permettre de multiplier ses ché existe, résume Vincent Cornet. la livraison à domicile avec des tarifs ses), et plus récemment Auchan soit à peine 1 % du commerce ali- sent aujourd’hui de façon chirurgi- capacités par 2,5. L’automatisation On doit passer maintenant d’un sta- d’hypermarché », affirme Gérard (Auchandirect). Même Leclerc, au mentaire francilien. La région pari- cale, au rythme de la croissance de des installations permettra ensuite de artisanal à un stade industriel qui Gallo, directeur général de Tele- départ le plus réticent, va se jeter à sienne est la principale zone d’im- la demande qui, elle, est bien réel- de doubler encore les capacités. permettra de parvenir à la rentabili- market. l’eau. Le groupement doit lancer plantation des cybermarchés. Seul le. Ooshop, qui a réalisé 200 mil- « Le commerce alimentaire sur Inter- té. » Aucun des acteurs du marché Malgré ses défauts de jeunesse, en 2002 une série de supermarchés Houra a pris le risque d’avoir une lions de francs de chiffre d’affaires net n’est pas une niche, si nous y n’a encore réussi à dégager le pre- le concept du cybermarché semble virtuels régionaux en s’appuyant donc avoir gagné ses lettres de sur une logistique locale. noblesse. « C’est un nouveau Désormais, la grande distribu- TROIS QUESTIONS À… 2000. En France, la croissance du cher à être généraliste. Pour la offres de distribution ? métier, mais qui aujourd’hui a trou- tion règne en maître sur le marché taux d’équipement en informa- grande distribution, le cybermar- Le commerce spécialisé de cen- vé ses paramètres de productivité et de l’épicerie en ligne. Sa puissance LAURENT POUQUET tique commence à ralentir. Le ché n’est qu’un complément de tre-ville pourrait être le grand de rentabilité. Reste maintenant à d’achat et sa force de frappe logisti- cybermarché a commencé à cou- son offre actuelle, il aura du mal à gagnant de l’essor des cybermar- faire en sorte que ça fonctionne tous que constituent une condition sine Vous êtes directeur de vrir une cible constituée de cadres, dépasser 10 % du chiffre d’affaires chés. Les consommateurs ont ten- les jours et à grande échelle, affirme qua non à la rentabilité du modèle. 1recherche au Centre de re- urbains et jeunes. Maintenant, il du commerce alimentaire total. dance à « segmenter » de plus en Claude Palmieri, directeur général Même la start-up Peapod, qui avait cherche pour l’étude et l’ob- sera plus difficile de conquérir de L’épicerie en ligne peut permet- plus leurs achats. Les gens pour- d’Auchan Interactif. Le format du réussi à percer sur le marché améri- servation des conditions de vie nouveaux clients. Il y a des généra- tre de capter une nouvelle clientè- ront très bien utiliser le commerce “hard discount” a mis dix ans à s’im- cain, a été obligée de se brader au (Credoc) et auteur d’une étude tions entières qui ne sont pas équi- le qui n’achète pas en hypermar- électronique pour se décharger de poser et les hypermarchés n’ont eu distributeur néerlandais Ahold. Et sur la livraison à domicile. Quel pées ; il faudra quinze ans, peut- ché. Une fois les habitudes de con- la corvée que représente l’appro- une couverture nationale qu’au le leader mondial incontesté n’est est le potentiel de dévelop- être vingt, avant que toute une sommation bien ancrées et la clien- visionnement courant, et revenir bout de vingt ans. » Des projets en autre que la chaîne de supermar- pement des supermarchés en frange de la population fasse une tèle bien ciblée, il sera plus facile ainsi plus fortement sur le com- province et à l’étranger sont dans chés britanniques, Tesco, qui pour- ligne ? partie de ses courses sur Internet. d’intégrer progressivement les sur- merce de proximité pour les les cartons. Présent à Lyon, Carre- rait dépasser cette année les L’épicerie en ligne répond bien coûts de ce mode de distribution achats « plaisir » et les moments four teste un site à Lomme, près de 500 millions d’euros de chiffre d’af- à la demande du moment, qui con- Dans ces conditions, com- par rapport au libre-service, soit « festifs ». Je suis persuadé, par Lille, après avoir arrêté une expé- faires avec un portefeuille de plus siste à se ménager plus de temps 2ment les cybermarchés feront- dans le prix de la livraison, soit exemple, que les marchés forains rience similaire à Orléans. Ooshop de 600 000 clients. « L’erreur des libre et donc à consacrer moins de ils pour être rentables ? dans les prix de vente des pro- profiteront de l’expansion de l’e- ouvrira également à la fin de start-up a été de croire que le temps temps à ses courses. Mais on n’assis- La viabilité de l’épicerie en ligne duits. commerce. l’automne à Madrid, quelques des courses en hypermarché était tera pas à une croissance exponen- viendra de sa capacité à cibler cer- semaines après Auchan. fini, Internet n’est pas un nouveau tielle des achats sur Internet, taines catégories de ménages, de Comment va se répartir la Propos recueillis par concept de distribution, c’est simple- comme certains le prévoyait en produits et à ne surtout pas cher- 3clientèle entre ces différentes Stéphane Lauer S. L. Telemarket cherche toujours un repreneur Les enseignes japonaises se mettent lentement au Net LE LEADER français du marché de l’épicerie en série de dysfonctionnements du service de prépa- TOKYO moyenne pour plus de 60 euros par ture entre la chaîne de supermar- ligne a du mal à trouver preneur. Six mois après avoir ration des commandes. Mais le principal obstacle à la correspondance achat. Le site dispose également chés Uny et les magasins de proxi- annoncé l’ouverture du capital de Telemarket, le signature d’un accord reste la valorisation de Tele- Cinquième chaîne de supermar- d’une version « i-mode », permet- mité Sunkus : la société a été rattra- groupe Galeries Lafayette, actionnaire à 75 % via sa market. Au plus fort de la bulle Internet, le site était chés japonaise, Seiyu est numéro tant de faire ses courses depuis son pée par des coûts incontrôlables et filiale e-Laser, n’a toujours pas bouclé le dossier. valorisé à 800 millions de francs. Un prix jugé dis- un sur le terrain des ventes en ligne téléphone portable, en payant à la a dû complètement revoir sa politi- « Nous espérons trouver un accord avant la fin de suasif par Casino. Du coup, les Galeries Lafayette ont au Japon, avec Seiyu Net Super. livraison. La filiale, créée pour que de livraison, au grand dam des l’année », a néanmoins annoncé, mardi 25 septembre, pris contact avec plusieurs distributeurs européens. Lancé en mai 2000, ce service est gérer le site et le personnel chargé clients. Aujourd’hui, la start-up a Philippe Lemoine, coprésident des Galeries Lafayette. Selon nos informations, le britannique Tesco, l’un des accessible à 2 millions de foyers de la collecte des produits comman- quasiment suspendu son activité Cette décision de retrait s’inscrit dans la logique de distributeurs les plus avancés en Europe pour le dans la région de Tokyo. Il affiche dés (dans les rayons des magasins en ligne. Coopland Tokyo, coopéra- désengagement du commerce alimentaire amorcée en commerce en ligne, aurait regardé le dossier. Mais il 19 000 membres (l’inscription est Seiyu), perd encore de l’argent. tive Internet lancée en 2000, a aussi 2000 par le groupe. Les Galeries ont conclu une allian- semble inévitable que le vendeur revoie à la baisse ses gratuite), a réalisé un chiffre d’affai- Mais elle sera bénéficiaire pour l’an- dû fermer : « Le stockage a fini par ce stratégique avec Casino, désormais coactionnaire ambitions. D’autant que le temps presse : en res de près de 30 millions de yens née fiscale en cours, promet Shini- coûter beaucoup trop cher et ils de Monoprix. De ce fait, le groupe de Jean-Charles quinze ans d’existence, Telemarket n’a jamais gagné (environ 300 000 euros) en août, chi Watanabe, chargé du marke- n’ont jamais pu dépasser les Naouri s’était vu proposer une période de négo- d’argent et perd actuellement 2,5 millions de francs avec 3 000 produits disponibles, ting en ligne chez Seiyu. « Ce n’est 1 000 clients, car ils n’avaient pas de ciations exclusives avec e-Laser pour racheter (381 000 euros) par mois. Même si ses dirigeants pro- alimentaires ou de première néces- pas une priorité de la direction mais, clientèle de base », estime Kazuya Telemarket. Cette période s’est achevée en avril sans mettent de diviser par deux ce chiffre sur le second sité. Seiyu Net Super propose à ses comme les ventes sont en forte aug- Fujiwara, de l’Union des coopérati- que les partenaires réussissent à s’entendre. semestre, Philippe Lemoine a rappelé que « la priorité clients d’être livrés le jour même de mentation, on nous soutient, et nous ves nippones. La fin des négociations est tombée au plus mauvais consiste à effacer le poids des charges d’exploitation de la commande, et offre la livraison nous étendons petit à petit à d’autres Quant aux chaînes de « conve- moment. Telemarket était en pleine période de Telemarket des comptes des Galeries Lafayette ». au-dessus de 5 000 yens (50 euros) territoires », dit-il. nience store », les magasins de rodage de l’automatisation de son entrepôt, situé à d’achats. Les utilisateurs sont à proximité ouverts 24 heures sur 24, Pantin (Seine-Saint-Denis), ce qui avait entraîné une S. L. 77 % des femmes et dépensent en MARGES DE MANŒUVRE ÉTROITES elles ont concentré leur efforts sur La crise de la distribution au des produits non alimentaires Japon n’incite pas les grandes surfa- – CD, livres, billets de concert – ces à investir dans le Net. Les lea- avec des résultats inférieurs aux pré- ders du secteur ont d’autres chats à visions : 7dream.com, la structure fouetter. Mycal, quatrième chaîne Internet du géant Seven Eleven, n’a de supermarchés nippone, a dépo- pu générer que 40 % des revenus sé son bilan la semaine dernière. escomptés en 2000. Seule la chaîne Le numéro un, Daiei, en difficultés Am/pm propose, depuis la semaine financières, essaie tant bien que dernière, des produits frais, notam- mal de rassurer ses investisseurs : il ment des plats à emporter, avec a présenté, mardi 25 septembre, un une originalité, la livraison dans nouveau plan de relance. Le numé- l’heure (de 10 heures à 23 heures). ro deux, Ito Yokado, vient tout Autre créneau pour les ventes en juste de lancer un service de ventes ligne, les produits alimentaires de en ligne, mais il se cantonne pour luxe : chez Rakuten Ichiba, premiè- le moment à quelques arrondisse- re galerie en ligne nippone qui ments de Tokyo. Dans un pays où héberge 5 000 sites et revendique les gens font leurs courses au coup 230 millions de pages vues par par coup et en petite quantité, où mois, les viandes, crabes et autres les commerces restent non seule- sushis génèrent 20 % des ventes. ment ouverts très tard le soir, mais Coté au Jasdaq, le Nasdaq japo- aussi tout le week-end, la concur- nais, Rakutan Ichiba affiche des rence est rude et les marges de profits et multiplie les acquisi- manœuvre étroites pour les cyber- tions : il a ainsi pris le contrôle en marchés. 2000 du portail Infoseek Japan. Plusieurs tentatives ont fait long feu. Ainsi Okaimono-net, joint-ven- Brice Pedroletti ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 21 EDF autorisé à prendre le contrôle L’ancien président de la Société marseillaise de l’espagnol Hidrocantabrico de crédit jugé pour abus de biens sociaux En échange, Paris accepte de développer le réseau électrique transpyrénéen Pierre Habib-Deloncle, ancien dirigeant de l’association RPR Banque, Madrid s’opposait à ce que EnBW, un groupe énergéti- co. Un compromis a été trouvé avec la Commission de aurait, selon l’accusation, mis l’entreprise en danger que allemand dont EDF détient 34,5 % du capital, pren- Bruxelles : la France s’engage à développer le réseau ne le contrôle de l’électricien espagnol Hidrocantabri- entre les deux pays, comme le souhaitait l’Espagne. en prêtant de l’argent à des amis politiques non solvables

UN MOIS après avoir obtenu le péen. Endesa a pris cette année une di, de triompher. « Hidrocantabri- MARSEILLE diction bancaire. M. Habib-Delon- Alain Lemerle, cité comme feu vert de la Commission européen- participation de 30 % dans la SNET, co est une opération de EnBW. Nous de notre correspondant cle reconnaît avoir adressé « une let- témoin, se mord aussi les doigts. ne pour la prise de contrôle du grou- qui est avec Suez-CNR l’un des prenons acte de la décision de Pierre Habib-Deloncle, prési- tre de sympathie » à M. Berquez Directeur parisien de la SMC, il pe italien Montedison, EDF a reçu, deux grands producteurs français Bruxelles, qui va dans le bon sens », dent de la Société marseillaise de alors que celui-ci se trouvait incar- avait donné un avis favorable à la mercredi 26 septembre, l’autorisa- indépendants d’EDF (qui en contrô- commentait sobrement un porte- crédit (SMC) de novembre 1995 à céré, mais affirme : « Je ne savais signature d’une caution fiscale de tion de mener à bien l’OPA lancée le tout de même 18,7 %). Mais l’ex- parole du groupe français, tout en novembre 1997, comparaît depuis pas qu’il était interdit bancaire.» 5 millions de francs au bénéfice de conjointement par sa filiale alleman- monopole public français, soutenu rappelant que « RTE est une entité lundi 24 septembre devant le tribu- Pierre Aïm. Ce responsable des de EnBW (dont EDF détient 34,5 % par les gouvernements successifs, autonome ». Mais personne n’est nal correctionnel de Marseille (Bou- COMPTE À AVIGNON sociétés SAGA et SPAD devait faire du capital) et le groupe espagnol traîne des pieds pour ouvrir son dupe. François Roussely, le prési- ches-du-Rhône). Il est jugé pour Sa position est la même lorsqu’il face en quelques jours à un redres- Ferroatlantico sur l’électricien espa- marché et se contente d’appliquer dent d’EDF, peut se féliciter abus de biens sociaux, en l’occur- doit s’expliquer sur les concours sement fiscal de 15 millions de gnol Hidroelectrica del Cantabrico la directive européenne a minima. d’avoir pacifié deux de ses grands rence l’octroi à des amis ou à des accordés à Guy Kornfeld, un rési- francs. La promesse d’une hypothè- (Hidrocantabrico). Une opération chantiers à l’international. Cet été, relations politiques de concours dent monégasque à la tête de la que de second rang de son apparte- qui leur permettra de détenir ensem- CAPACITÉ QUADRUPLÉE il a réussi une sortie par le haut bancaires d’un montant total de société Edimo. Client de la Banque ment parisien avait suffi à l’octroi ble 59,5 % du capital. Bruxelles a De son côté, le gouvernement dans le dossier italien de Montedi- 69 millions de francs. « On vous française d’Orient à Monaco où, de cette caution que le Trésor a jugé que cette opération ne serait Aznar est hanté par le spectre de la son, en associant Fiat à la prise de reproche d’avoir pris des risques durant l’année 1997, il avait tiré appelée depuis. « L’aura du prési- pas préjudiciable à la concurrence Californie et de ses grandes pan- contrôle du groupe industriel inconsidérés, en étant conscient de des chèques sans provision, M. Kor- dent était suffisante », dit M. Lemer- sur le marché espagnol de l’électrici- nes électriques. La consommation transalpin. Une opération autori- mettre à mal la trésorerie de la ban- nfeld, un ami politique du père de le, et d’ajouter, amer, « je n’avais té, mais a assorti son autorisation en électricité des Espagnols est en sée par Bruxelles le 28 août. Le que, dans le but de satisfaire des rela- M. Habib-Deloncle, avait obtenu pas encore découvert l’autre face de de conditions imposées à EDF. forte augmentation. Cet été, elle a groupe automobile est officielle- tions personnelles », répète la prési- du président de la SMC l’ouverture Janus Habib-Deloncle ». Pour l’an- Cette décision ouvre la voie à un augmenté de près de 10 % du fait ment en première ligne dans la ges- dente du tribunal, Monique Sakri. d’un compte à Avignon et quatre cien président de la banque publi- règlement complet – lors du pro- de l’installation d’un nombre crois- tion de la nouvelle entité Italener- Le premier dossier examiné par chèques à son profit d’un montant que, cela n’a été qu’« une mauvaise chain sommet franco-espagnol, le sant de climatiseurs dans les habi- gia (dont il détient 38 % du capital le tribunal concerne un prêt de total de plus de 3 millions de pioche. De bonne foi, j’ai voulu appor- 11 octobre à Perpignan – du litige tations. D’où l’idée de M. Aznar de contre 18 % pour EDF), créée pour 600 000 francs alloué en 1996 à francs. Sa seule garantie était la ter un client important à la SMC ». soulevé par le premier ministre faire d’une pierre deux coups, en prendre le contrôle de Montedi- Claudette Berquez, une infirmière vague promesse d’une commission Le tribunal doit examiner d’autres espagnol, José-Maria Aznar, après réclamant, comme condition à la son. Mais c’est bien EDF qui sera au salaire mensuel de 13 000 francs. de 4,5 millions de francs sur une prêts, notamment celui accordé à l’entrée d’EDF dans EnBW, déjà levée de son veto sur les droits de de fait l’opérateur industriel. Et En fait, personne n’ignorait que ce vente de médicaments génériques Gilbert Jouve, un entrepreneur engagé dans son OPA sur Hidro- vote dans Hidrocantabrico, un nul ne doute qu’Hidrocantabrico, compte – il affichera vingt mois à l’Algérie. Robert Icard, responsa- varois que M. Habib-Deloncle avait cantabrico. En mai, le gouverne- accroissement substantiel des via EnBW, sera sous la coupe du plus tard un solde débiteur de ble de la SMC à Avignon, confesse connu au sein de l’association RPR ment espagnol a décidé la suspen- capacités de transport d’électricité groupe de François Roussely. 4,5 millions de francs – était celui avoir « été léger », mais, « s’il ne Banque qu’il a présidée. sion provisoire des droits de vote entre la France et l’Espagne. de Claude Berquez, un apporteur s’était pas agi d’un ami du prési- de l’allemand EnBW et du groupe Durant l’été, discrètement, RTE, Pascal Galinier d’affaires sous le coup d’une inter- dent, j’aurais été plus vigilant ». Luc Leroux semi-public portugais EDP, égale- l’entité autonome chargée en Fran- ment actionnaire, dans Hidrocan- ce de gérer le réseau de transport tabrico. Madrid mettait en avant électrique (les lignes haute ten- des dispositions gouvernementa- sion), a signé avec son homologue les limitant l’entrée de capitaux espagnole REE un accord pour la publics étrangers dans des sec- construction d’une nouvelle con- teurs libéralisés comme l’énergie. nexion, qui suivra la future ligne En réalité, c’est l’intrusion de du TGV, entre Perpignan et Barce- « l’ogre » EDF dans le jeu, après sa lone. A l’horizon 2005, la capacité prise d’une minorité de blocage va ainsi quasiment être quadru- dans EnBW, qui a fait peur. Les élec- plée, passant de 1 100 mégawatts triciens espagnols réclament depuis à 4 000 mégawatts. Un investisse- longtemps un accroissement des ment d’environ 1 milliard de capacités de transport transpyré- francs, partagé pour moitié entre néen. Moins pour pouvoir approvi- RTE et le réseau espagnol. sionner l’Espagne que pour se pré- A EDF, où l’on se sait peu en parer à sortir des frontières en vue odeur de sainteté tant à Bruxelles de l’ouverture du marché euro- qu’à Madrid, on se gardait, mercre- Les conditions d’attribution des licences UMTS vont être revues L’AUTORITÉ de régulation des télécommunications (ART) a réaffir- mé, mercredi 26 septembre, qu’elle était favorable à un réexamen des conditions d’attribution des licences de téléphonie mobile UMTS (de troisième génération). Une prise de position qui a suivi les déclara- tions de Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, faites la veille à l’occasion de la présentation des résultats semestriels de son grou- pe : « A l’initiative du ministère des finances, nous avons entamé avec l’autre opérateur Orange un dialogue sur l’adaptation des modalités à la réalité des marchés et au principe de l’équité. » Les discussions vont donc bon train alors que se profile la première échéance de paiement pour les deux opérateurs qui ont décroché une licence UMTS en Fran- ce, Orange (France Télécom) et SFR (Vivendi Universal). Tous deux doivent en effet adresser à Bercy, avant le 30 septembre, un chèque de 4 milliards de francs : des recettes dont l’affectation est inscrite dans la loi de finances 2001. Alors que Bercy tente de maintenir ses exi- gences sur le prix de la licence fixé à 32,5 milliards de francs, les discus- sions portent sur un nouveau calendrier de paiement, sur l’allonge- ment de la durée des licences, voire le partage des réseaux. Nouveau délai pour Moulinex Brandt UN NOUVEAU DÉLAI devrait être accordé dans le dépôt des offres de reprise de Moulinex Brandt. La date limite fixée au 21 septembre, puis reportée au 25, pourrait à nouveau être décalée. Tout est fait pour laisser au groupe français SEB, fabricant de petit électroména- ger, le temps de s’engager dans une offre de reprise partielle, comme il en a manifesté l’intérêt. En attendant, le président du tribunal s’est refusé à donner les noms des candidats qui ont déposé leurs offres mardi. Moulinex Brandt, qui voit s’éloigner le spectre du dépôt de bilan, bénéficie du soutien renouvelé de l’Etat. Le premier ministre, Lionel Jospin, a assuré dans un entretien publié par le quotidien Ouest- France, que le gouvernement s’intéressera « au sort de chacun ».Ila précisé que « dès que le tribunal de commerce aura choisi un plan de reprise, nous nous attèlerons, avec les collectivités locales concernées, à un plan de reconversion des sites, des bassins, en veillant d’abord à la situation des salariés ». Le portail Internet Lycos Europe perd 1 milliard d’euros LE PORTAIL Internet Lycos Europe, présent dans quatorze pays, a enregistré une perte nette de 1 milliard d’euros au cours de son exerci- ce 2000-2001 clos en juin, a annoncé ce groupe mercredi 26 septem- bre. Cette perte s’était élevée à 100 millions d’euros au cours du précédent exercice. Détenue à 18 % par le géant allemand de la com- munication Bertelsmann, la société a été la victime de l’éclatement de la bulle Internet et de la crise du marché publicitaire. Revendiquant la quatrième place mondiale et la première en Europe, elle a généré un chiffre d’affaires de 139 millions d’euros au cours de l’exercice 2000-2001, soit une hausse de 246 %. Lycos Europe, qui a acquis le site communautaire français Multimania et le suédois Spray, assure qu’il entend passer dans le vert d’ici à décembre 2002, grâce au plan de res- tructuration qu’il a mis en place début septembre. Ce plan prévoit notamment la suppression de 300 emplois, soit 10 % des effectifs. 22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Le groupe Amaury et le syndicat du Livre tentent de sortir de l’impasse L’éditeur du « Parisien » a saisi le préfet de la Seine-Saint-Denis pour protéger les personnels et le site de l’imprimerie de Saint-Ouen, après son occupation par plus d’une centaine de manifestants dans la nuit de mardi à mercredi

LES FORCES de l’ordre étaient Saint-Ouen, empêchant par là naient pas aux NMPP, s’étaient dis- entrave évidente à la liberté du tra- ne, une amende de 1 000 francs rédactions « ne sont pas en grève ». prévenues et devaient intervenir, même la production des journaux ». persés vers 5 h 30. Certains exem- vail mais menacent également la pour toute infraction constatée. Un communiqué du Comité inter- dans la nuit de mercredi 26 septem- L’éditeur précise que « certains plaires du Parisien avaient ensuite sécurité des personnes ». La Fédération nationale de la syndical du Livre Parisien a appelé bre à jeudi 27 septembre, si des manifestants, dans un état d’ébriété pu être imprimés et livrés aux mar- presse française (FNPF) a pour sa le même jour « au respect des débordements étaient signalés évident, se sont livrés à des violences chands de journaux de la capitale, 1 000 FRANCS D’AMENDE part qualifié, mercredi, les événe- accords signés ». Le syndicat devant l’imprimerie du groupe verbales et physiques sur des mem- par les camions de la Société de Le groupe Amaury a porté plain- ments de « graves ». « Ils privent le demande concrètement que le Amaury à Saint-Ouen (Seine-Saint- bres de l’encadrement de l’imprime- distribution et de ventes du Pari- te et saisi le préfet de Seine-Saint- public de l’information diverse et groupe Amaury envisage «un Denis). Les quotidiens du groupe, rie. Un commissaire de police, appe- sien (SDVP), la structure mise en Denis pour demander, comme le pluraliste dont il a besoin pour com- délai supplémentaire de mise en Le Parisien, Aujourd’hui en France lé sur les lieux, avait été molesté. Ces place par le groupe Amaury pour jugement rendu le 24 septembre prendre l’actualité » et remettent route de la SDVP » si cela est néces- et L’Equipe, ont été tirés et distri- voies de fait ont fait l’objet d’un distribuer lui-même le quotidien par le tribunal de grande instance « en cause la liberté de la presse », saire. Elle pose comme postulat bués normalement, avec toutefois constat d’huissier ». et donc sortir du cadre tradition- de Bobigny lui en donne le droit, c’est-à-dire « la liberté d’éditer et « la constitution d’un capital » un certain retard. Jeudi après-midi, nel des NMPP. Ce sont précisé- que les pouvoirs publics prennent de diffuser librement mais aussi la pour cette structure de distribu- les représentants du groupe Amau- « UNE ENTRAVE INSUPPORTABLE » ment les modalités du départ du « au plus vite des mesures pour liberté du lecteur de lire le journal tion du Parisien – ce qui ne semble ry et ceux du syndicat du Livre La société de production Capa, groupe Le Parisien des NMPP qui garantir la sécurité des personnes et de son choix ». pas acquis – et n’exclut pas d’enga- devaient à nouveau se rencontrer qui préparait un reportage dans le ont déclenché ce conflit en juin (Le la liberté du travail ». Le tribunal Au sein des rédactions du Pari- ger des négociations sur le plan de pour tenter de parapher un accord cadre de l’émission de Paul Amar, Monde du 25 septembre). de grande instance de Bobigny sien et d’Aujourd’hui, de nom- modernisation de PDP avant la de sortie au conflit qui les oppose diffusée le samedi sur la Cinquiè- Mercredi, le groupe Amaury avait le même jour ordonné, pour breux journalistes et le personnel date butoir de présentation du pro- depuis le mois de juin et implique me, était sur les lieux, à Saint- avait condamné « avec la plus gran- faire cesser le trouble à l’ordre administratif ont publié, mercredi, jet au comité d’entreprise de PDP, aussi directement les Nouvelles Ouen à ce moment-là. La produc- de fermeté ces exactions, qui après public que constituaient les un communiqué jugeant cette le 8 octobre. messageries de la presse parisien- trice de « On aura tout lu », Karen une semaine de blocages illégaux, actions de blocage du site de Saint- « entrave totalement insupporta- ne (NMPP). Chacune des parties Saranga confirme ces actes de constituent non seulement une Ouen, répétées depuis une semai- ble », en rappelant que les deux N. V. semblait prête à négocier «surla violence. base des accords déjà signés ». Les manifestants, essentielle- L’apaisement était sensible ment des ouvriers de Paris Diffu- Jacques Guérin, directeur général de la société éditrice du « Parisien » et d’« Aujourd’hui » après une escalade d’une rare vio- sion Presse (PDP) – la division des lence dans la nuit de mardi à mer- NMPP chargée de distribuer la credi. Selon la direction du Pari- presse sur Paris et sa proche ban- « Nous avons perdu 10 millions de francs en raison des non-parutions » sien, « cent cinquante manifestants lieue –, tous membres du comité avaient par la force envahi à 0 h 30 intersyndical du Livre parisien- « Comment expliquez-vous NMPP le 13 septembre. Nous – A combien s’élève le manque sager de confier des opérations l’imprimerie du groupe Amaury à CGT, et des salariés qui n’apparte- que ce conflit s’envenime à ce avons fixé le montant de l’indemni- à gagner pour Le Parisien depuis d’approvisionnement à certains point ? té accordée aux NMPP. Nous le début du conflit, en juin ? dépôts de PDP sur Paris, comme – Ce n’est pas un conflit social avons confirmé qu’aucun emploi – Quand nous ne sommes pas nous le faisons déjà, avec sept dépo- Les deux contentieux précédents classique, ni dans la forme ni dans ne serait supprimé aux NMPP. Le distribués sur Paris, nous perdons sitaires sur quarante et un dans cer- son objet. Une marche a été fran- Parisien reprend 23 personnes des chaque jour 200 000 francs, uni- tains départements de banlieue. b Le 23 février 1999, le tribunal pour des dégradations matérielles chie avec l’envahissement de l’im- NMPP au sein de la SDVP, tout en quement pour Le Parisien. Depuis – Ce conflit remet-il en ques- correctionnel de Meaux et des vols commis dans les primerie, mercredi. C’est une entra- maintenant leurs statuts et leurs le début de l’année, les non-paru- tion votre volonté de distribuer (Seine-et-Marne) a condamné locaux de la société Beugniet, ve à la liberté du travail, une contrats de travail. Enfin, l’accord tions dues au conflit pèsent à hau- Le Parisien par votre propre struc- cinq ouvriers des NMPP à des prestataire de transport des action de blocage illégale et une confirme que, au 15 septembre, Le teur de 10 millions de francs dans ture, la SDVP ? amendes et des peines de prison NMPP, à Chelles le 7 juillet 1997. entrave à la liberté de la presse. Parisien doit être distribué par la les comptes du groupe, sur un chif- – Non, en aucun cas. avec sursis allant de un à trois Selon la direction des NMPP, un C’est également une entrave à l’ap- SDVP. Le contentieux est totale- – Le Livre conteste le fait que mois. Il intervenait dans le cadre gendarme avait également été plication des accords signés avec ment réglé, sans impact social, ni le capital de la SDVP n’est pas des suites judiciaires données aux agressé au couteau. le Syndicat du livre. économique pour les NMPP. « Il faut envisager conforme aux accords prévus… « opérations commandos » qui b Fin juillet 2001, la direction des » Depuis juin, le problème de la Depuis une semaine, quelques sala- – Il était prévu que Coopé-Presse ont eu lieu pendant les NMPP a porté plainte distribution est réglé entre le Syndi- riés de PDP s’opposent à un accord une sortie du conflit [une coopérative de presse à laquel- mouvements de l’été 1997, nominativement contre des cat du livre CGT et Le Parisien. Il signé par la direction de leur entre- le adhèrent notamment Le Figaro lorsque, dans les centres de ouvriers syndiqués au Livre-CGT était convenu que la SDVP distri- prise et bafouent l’accord qu’ils ont qui permette et le Journal du dimanche] prenne traitement des magazines de pour des exactions commises dans bue Le Parisien à partir du 15 sep- eux-mêmes signé en juin. 51 % de la SDVP, pour rester dans Rungis et Saint-Denis, le travail un dépôt et dans l’annexe régionale tembre. Les volets techniques, – Comptez-vous déposer de à chacun un système coopératif. L’assem- avait été organisé en équipe des messageries d’Aix-en-Provence financiers et sociaux de cet accord nouvelles plaintes ? blée générale de Coopé-Presse en a unique. Les ouvriers ont comparu (destruction de papier). ont également été réglés avec les – Après ces voies de fait, nous de sauver la face » acquis le principe lors de son assem- avons déposé une nouvelle plainte blée générale du 13 septembre. Il auprès du tribunal de grande ins- existe un problème technique, con- tance de Bobigny. Nous fondant fre d’affaires total de 1 milliard de cernant la valorisation de Coopé- sur le jugement du 24 septembre francs. C’est trop. Presse, estimée à 150 millions de du même tribunal, nous avons – Sur quoi bloquent les négo- francs. Coopé-Presse n’ayant pas demandé au préfet de prendre des ciations ? de fonds propres, nos avocats ont dispositions pour préserver la sécu- – Il est difficile d’entrer en con- préconisé de séparer les actifs de la rité des personnes et protéger les tact avec nos interlocuteurs. On ne SDVP de leur fonction. Ce n’est pas biens et le site. Des forces de l’or- peut pas revenir sur les accords une acrobatie juridique, mais la seu- dre doivent désormais empêcher signés. Toutefois, il faut envisager le solution technique pour contour- toute intrusion dans l’imprimerie une sortie du conflit qui permette à ner ce problème. » et éviter que se reproduisent les chacun de sauver la face. Appli- débordements physiques et ver- quons les accords, mais préparons Propos recueillis par baux auxquels nous avons assisté. l’avenir. Nous serions prêts à envi- Nicole Vulser CanalWeb dépose son bilan « C’EST une page qui se tourne « Les financiers sont tétanisés », grammes, « elle ne rapportait pas dans l’histoire de la télévision sur constate M. Rosselin. un sou », reconnaît M. Rosselin. Le Internet. » S’il affirme qu’une relan- Il y a un an, le PDG de l’opéra- lancement, en juin, d’une chaîne ce de CanalWeb est encore possi- teur de télévision sur Internet pour adultes n’avait pas permis de ble, Jacques Rosselin a du mal à avait dû réviser à la baisse son pro- renverser la tendance. dissimuler son pessimisme, après jet de départ, pour cause de décon- Le PDG, ancien fondateur de le dépôt de bilan de sa société, mer- venue publicitaire et de trop lente l’hebdomadaire Courrier internatio- credi 26 septembre. Son « bébé », percée du haut débit, l’Internet nal, cherche désormais à éviter la qu’il a créé en juillet 1998, ne sera rapide permettant une diffusion fermeture de CanalWeb. Il a prépa- pas devenu ce qu’il rêvait d’en fai- de programmes dignes de ce nom. ré un « plan de continuation »,pré- re : « Une sorte de TPS ou de Canal- Pionnière dans son domaine en voyant le maintien de 35 à 40 sala- Satellite du Web, un bouquet de pro- Europe, CanalWeb, qui rêvait de riés (contre 95 actuellement et grammes thématiques sur PC. » s’imposer en Grande-Bretagne, en 130 en décembre 2000). Ce plan, Ce projet, M. Rosselin avait des Espagne et en Allemagne, s’était précise-t-il, nécessite un nouvel difficultés à le mener à bien depuis alors intéressée davantage au sec- investissement de 2 à 2,5 millions octobre 2000, à cause du scepticis- teur, plus lucratif, des entreprises. d’euros. Soit un dixième de la som- me manifesté par certains de ses me totale déjà dépensée dans investisseurs, Paribas Affaires « PLAN DE CONTINUATION » l’aventure. Malgré les précédents industrielles et Galileo. Fin juillet, Elle commercialisait aussi son échecs de télévision sur Internet – ils ont fait défection, refusant de savoir-faire et sa technologie, entre autres, Nouvo.com en Fran- souscrire à l’augmentation de capi- auprès notamment de journaux ce en avril et Pseudo.com aux tal de 4 millions d’euros nécessaire régionaux souhaitant créer leur Etats-Unis en septembre 2000 –, à la survie de CanalWeb. Les atten- propre chaîne en ligne, dont Sud- M. Rosselin continue à croire en ce tats du 11 septembre aux Etats- Ouest, l’un des actionnaires de la secteur : « Internet est propice à la Unis ont achevé de décourager société. Quant à sa principale acti- télévision de demain, qui évoluera tout nouveau partenaire éventuel : vité initiale, le bouquet de pro- vers une diversification thématique et une consommation plus indivi- duelle, à la demande. » La rédaction de « France Soir » Antoine Jacob refuse de collaborer au Cahier Paris f www.lemonde.fr/nouvelle-eco LES JOURNALISTES de France Soir s’opposent au cahier de seize pages consacrées à Paris, censé être publié à partir du 15 octobre. La rédaction s’alarme « du projet de la direction de prélever quinze rédac- teurs pour la confection d’un Cahier Paris » et rappelle que la rédaction du journal national est « exsangue ». Selon la rédaction, cette décision pourrait mettre en péril l’avenir du quotidien. Elle déclare « qu’elle ne participera en aucun cas à la réalisation de ce cahier tant que ne sont pas mis en place les moyens humains et financiers nécessaires ». Giovan- ni Serafini, directeur éditorial et directeur de la publication, réaffirme que ce projet est « là pour renforcer le quotidien ». L’intersyndicale demande à être reçue par Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. France Soir ne compte plus qu’une quarantaine de journalistes. Le groupe italien Poligrafici Editoriale, qui a repris le titre en décembre 2000, a réduit de moitié les effectifs de la rédaction. FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 23

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

4119,36 4672,80 3990,47 le donne représentée par les atten- du travail pour éviter des 6068 5648 5225 Le FMI revoit à la tats américains, le gouvernement AFFAIRES licenciements, à la différence de 5604 5405 4910 tablait sur une croissance de 2,3 % ce qui est annoncé chez Boeing. 5140 5162 4596 baisse ses prévisions en 2001 et de 2,5 % en 2002. a INDUSTRIES 4676 4919 4281 Le secrétaire d’Etat aux petites b GULF AIR : la compagnie et moyennes entreprises, Fran- 4212 4676 3967 de croissance à travers b TEXTRON : le conglomérat appartenant à quatre pays du çois Patriat, a promis, mercredi, 3748 4433 3652 américain (hélicoptères Bell, Golfe (Bahreïn, Qatar, Oman et [[[ [[[ [[[le monde qu’il présenterait bientôt «un avions Cessna, automobile, au gouvernement d’Abou Dhabi), 27 J. 13 A. 27 S. 27 J. 13 A. 27 S. 27 J. 13 A. 27 S. décret afin d’alléger les formalités industrie et finance) a annoncé, a annoncé mercredi avoir décidé LE FONDS monétaire international comptables des petites entreprises en Indices cours Var. % Var. % mercredi 26 septembre, de réduire de 15 % ses activités Europe 9h57 f se´lection 27/09 26/09 31/12 (FMI) a présenté, mercredi 26 sep- autorisant la tenue d’une comptabili- er la suppression de 2 500 emplois à partir du 1 octobre. EUROPE EURO STOXX 50 3133,57 – 0,70 – 34,34 tembre, son dernier rapport semes- té de caisse ». supplémentaires, après les EUROPE STOXX 50 3139,49 – 0,82 – 31,11 triel sur les perspectives économi- b a attentats du 11 septembre. HACHETTE FILIPACCHI EUROPE EURO STOXX 324 260,14 – 0,64 – 33,60 ques de la planète. Alors que les OMC : le premier ministre néer- Au total, Textron aura supprimé MÉDIAS : le groupe de médias EUROPE STOXX 653 252,58 – 0,65 – 29,80 chiffres avancés ne tiennent pas landais, Wim Kok, a estimé, mer- 7 300 emplois, soit 12 % de (deux cent dix magazines dans PARIS CAC 40 3990,47 0,38 – 32,67 compte des attentats du 11 septem- credi à Bruxelles, qu’après les ses effectifs depuis l’annonce trente-quatre pays) a achevé de PARIS MIDCAC ...... bre aux Etats-Unis, tous les indica- attentats aux Etats-Unis, le lance- en octobre 2000 de son premier se désengager des activités PARIS SBF 120 2717,95 0,24 – 32,43 teurs y sont déjà à la baisse (lire ment d’un nouveau cycle de négo- plan de restructuration. d’imprimerie, a-t-il annoncé jeudi. PARIS SBF 250 ...... page 2). ciations à l’Organisation mondiale Il a cédé ses unités Hélio et PARIS SECOND MARCHE´ ...... Selon le FMI, la croissance de l’éco- du commerce (OMC) « devient enco- b LVMH : Antonio Belloni a été Brochage à l’entreprise Québecor AMSTERDAM AEX 433,79 – 0,17 – 31,97 nomie mondiale ne sera que de re plus important que par le passé ». nommé directeur général du World qui restera un partenaire BRUXELLES BEL 20 2516,47 0,91 .... 2,6 % en 2001 et de 3,5 % en 2002, Romano Prodi, président de la Com- groupe de luxe, où il succède à « de long terme » sur l’impression. FRANCFORT DAX 30 4119,36 0,59 .... en net recul par rapport aux 4,7 % mission européenne, a également Myron Ullmann, qui devient chief LONDRES FTSE 100 4672,80 – 0,50 – 24,90 enregistrés en 2000. Les Etats-Unis écarté l’idée de « restreindre ou executive officer (directeur général) b PUBLICITÉ : General Motors MADRID STOCK EXCHANGE 7006,60 – 0,63 – 23,09 devraient connaître une croissance reporter » la réunion ministérielle de LVMH Inc., la structure de est le plus important annonceur MILAN MIBTEL 30 27804 1,42 – 36,40 de 1,3 % en 2001 et de 2,2 % en de l’OMC prévue en novembre à coordination américaine du au monde pour la deuxième ZURICH SPI 5692,50 – 0,57 .... 2002, la zone euro de 1,8 % en 2001 Doha (Qatar). « Depuis le 11 septem- groupe. Agé de quarante-sept ans, année consécutive avec et de 2,2 % en 2002, tandis que le bre, il faut encore insister davantage. M. Belloni a rejoint LVMH en juin 3,93 milliards de dollars ´ Japon devrait connaître une con- A nous d’émettre un signal montrant après avoir passé vingt-deux ans (4,37 milliards d’euros) consacrés AMERIQUES traction de 0,5 % cette année et que nous sommes tous unis », a décla- chez Procter & Gamble. à la publicité en 2000 (en baisse retrouver une croissance de 0,2 % ré M. Prodi. de 4,5 % par rapport à 1999). NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR l’an prochain. b AVENTIS CROPSCIENCE : la Philip Morris a, lui, consacré 8567,39 1464,04 0,920 « Il est clair que les récents événe- a OPEP : les ministres de l’Organi- division agrochimique du 2,6 milliards de dollars cette 10610 2160 0,931 ments [les attentats aux Etats-Unis] sation des pays exportateurs de groupe franco-allemand Aventis même année à sa promotion (un 10135 2013 0,912 auront un impact sur l’activité à pétrole devaient officiellement a fusionné ses activités au Japon budget en hausse de 3 %). Procter court terme et accentuent les risques annoncer, jeudi, leur décision de 9660 1865 0,893 avec celles du laboratoire & Gamble a dépensé 2,3 milliards baissiers déjà importants observés ne pas modifier leurs quotas pharmaceutique nippon Shionogi. de dollars pour la publicité de ses 9185 1718 0,874 aux Etats-Unis et ailleurs », indique actuels de production. Une déci- b CHRISTIAN DIOR : le groupe produits d’entretien et d’hygiène. 8710 1570 0,855 le rapport. Mais grâce aux mesures sion attendue par les observateurs Arnault a annoncé mardi 8235 1423 0,837 de politique monétaire prises par en dépit de l’effondrement des prix [[[ [[[ [[[ 25 septembre avoir franchi en FINANCE 27 J. 9 A. 26 S. 27 J. 10 A. 26 S. 27 J. 13 A. 27 S. de nombreuses banques centrales du baril de brut (qui ont évolué hausse les seuils des deux tiers du depuis le 11 septembre, leur effet entre 20 dollars et 23 dollars mercre- capital et des droits de vote de b LLOYD’S : la banque Indices cours Var. % Var. % sur la croissance devrait être di) : en cas de baisse de sa produc- Ame´rique 9h57 f se´lection 26/09 25/09 31/12 Christian Dior SA, a indiqué le britannique a annoncé jeudi « modéré », selon l’économiste du tion, le cartel risquerait de se mettre E´TATS-UNIS DOW JONES 8567,39 – 1,07 .... Conseil des marchés financiers. qu’elle serait introduite àla FMI, Kenneth Rogoff, qui estime à dos les Etats-Unis et leurs alliés, E´TATS-UNIS S&P 500 1007,04 – 0,59 – 23,73 Il détient désormais 67,15 % du Bourse de New York le que la projection de la croissance en pleine préparation de la riposte E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1464,04 – 2,50 – 40,74 capital de Dior et 66,69 % du 27 novembre, la Bourse mondiale ne devrait être que légère- après les attentats à New York et TORONTO TSE INDEX 6654,83 – 0,70 – 25,51 capital de la marque de luxe. américaine ayant donné son SAO PAULO BOVESPA 10005,87 .... – 34,43 ment inférieure aux 2,6 % annoncés Washington le 11 septembre (lire accord. Lloyd’s TSB ne prévoit pas MEXICO BOLSA 297,72 0,57 – 5,78 par le rapport pour 2001, et « proba- page 3). b OGM : en réponse au rapport d’émission de nouvelles actions à BUENOS AIRES MERVAL 244,65 0,29 – 41,30 blement assez inférieure » à l’estima- a du Commissariat général du cette occasion. SANTIAGO IPSA GENERAL 100,75 – 0,98 4,95 tion de 3,5% avancée dans le docu- ÉTATS-UNIS : plus de Plan sur les organismes CARACAS CAPITAL GENERAL 6973,36 – 1,80 2,17 ment pour 2002. 100 000 personnes travaillant à génétiquement modifiés (OGM), RÉSULTATS New York avant les attentats ris- rendu public mercredi, a FRANCE : Henri Emmanuelli, quent de perdre leur emploi, tout les entreprises de semences a LAGARDÈRE : le conglomérat ASIE - PACIFIQUE président de la commission des au moins provisoirement, écrit le et de protection des plantes (médias, hautes technologies, finances de l’Assemblée, a plaidé, New York Times dans son édition de appellent à ce que « les pouvoirs automobile) a enregistré un béné- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN mercedi, pour un plan de relance, mercedi. Le quotidien précise qu’en publics se prononcent clairement fice net part du groupe de 9696,53 9593,81 109,30 au niveau européen, « des grands raison des répercussions des événe- sur l’avenir des OGM et les 404,1 millions d’euros au pre- investissements structurants »,à ments du 11 septembre sur l’écono- 12969 13201 110,3 modalités de sortie du moratoire ». mier semestre, en baisse de 45 % l’image du plan annoncé par le pré- mie locale, quelque 10 800 person- Le rapport « ne met pas sur la même période de 2000, a 12276 12350 109,3 sident américain George Bush. S’ex- nes se sont déjà inscrites au chôma- suffisamment en relief les enjeux annoncé le groupe jeudi. Son chif- 11583 11498 108,2 primant sur les conséquences des ge. des OGM pour le développement de fre d’affaires a progressé de 10890 10646 107,2 attentats du 11 septembre sur la l’ensemble de la filière agricole 11,6 %, à 6,277 milliards d’euros. 10197 9794 106,2 conjoncture économique, M. a JAPON : le premier ministre française », s’inquiètent-ils. 9504 8942 105,1 Emmanuelli a déclaré : « Je ne pense Junichiro Koizumi a affirmé a CAMIF : la Coopérative de ven- [[[ [[[ [[[pas que ce soit de notre intérêt de res- devant le Parlement, jeudi, sa 27 J. 13 A. 27 S. 27 J. 14 A. 27 S. 27 J. 13 A. 27 S. SERVICES te par correspondance a enregis- ter passif par rapport à ça et a fortiori détermination à poursuivre ses tré une perte de 19,82 millions Indices cours Var. % Var. % pessimiste. » réformes économiques, affirmant b AIRBUS : le consortium d’euros à fin juillet, en améliora- Zone Asie 9h57 f se´lection 27/09 26/09 31/12 a Les économistes des instituts que le Japon avait le devoir, européen réunit pour la tion de 25 % par rapport à 2000. En TOKYO NIKKEI 225 9696,53 0,57 – 29,66 de conjoncture et des banques, vis-à-vis du reste du monde, de première fois jeudi à Toulouse revanche, les ventes ont reculé de HONGKONG HANG SENG 9593,81 2,37 – 36,45 réunis mercredi au ministère de relancer son économie, surtout le comité de groupe européen, 12,5 % à 240 millions d’euros, une SINGAPOUR STRAITS TIMES 1307,83 2,36 – 32,13 l’économie pour exposer leurs prévi- après les attentats aux Etats-Unis. équivalent d’un comité central chute que la Camif explique par sa SE´OUL COMPOSITE INDEX 58,03 – 0,27 – 8,40 sions macro-économiques pour M.Koizumi a toutefois précisé qu’il d’entreprise à l’échelon européen. volonté de « casser la spirale infer- SYDNEY ALL ORDINARIES 2941,60 0,32 – 6,76 2001 et 2002, misent souvent sur ferait preuve de souplesse dans la Le président Noël Forgeard nale des promotions dans laquelle BANGKOK SET 18,06 – 0,44 – 3,06 une croissance inférieure ou égale à mise en œuvre de ces réformes et pourrait y préciser les mesures s’installe une partie de la profes- BOMBAY SENSITIVE INDEX 2701,32 1,27 – 31,99 2 % en 2001. Dans son projet de qu’il tiendrait compte de la situa- prises en termes d’organisation sion ». WELLINGTON NZSE-40 1848,77 0,26 – 2,78 budget, qui n’intègre pas la nouvel- tion de l’économie.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 26/09 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4362 Action CGIP PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 8,0510 La CGIP dans LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,9200 en euros à Paris LE CAC 40, reculait de 0,44 %, LES MARCHÉS AMÉRICAINS PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,0050 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,8575 l’impasse 55 jeudi 27 septembre en début de sont repartis à la baisse, mercredi SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4475 28,17 séance, s’établissant à 26 septembre, après deux séances PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 7,1904 EN DÉPIT de toutes les mesures le 26 sept. 3 958 points. L’indice de référence de reprise. L’indice Dow Jones, FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,2540 50 FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....258,2800 annoncées pour reprendre en de la Bourse de Paris avait progres- principal indicateur de Wall Street, MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 27995 main la situation, Ernest-Antoine sé de 1,86 %, mercredi, terminant a perdu 1,07 %, à 8 567,39 points. DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,8853 45 Seillière, PDG de la CGIP, a la plus la journée à 3 975,53 points. L’indice élargi Standard & Poor’s grande difficulté à redonner des 500, qui sert de référence à de nom- 40 Coursdechangecroise´s couleurs à sa société. Mercredi FRANCFORT breux gérants de portefeuille amé- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 26 septembre, la holding a publié ricains, a cédé 0,52 %, à 27/09 9h57 f 35 DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. un résultat semestriel de 30 mil- COMPOSÉ des trente premières 1 007,04 points. Riche en valeurs DOLLAR ...... 0,84285 0,92095 0,14035 1,47435 0,62216 lions d’euros (197 millions de capitalisations boursières cotées à technologiques, l’indice du marché YEN ...... 118,64500 ..... 109,30500 16,65500 174,95000 73,83500 francs). La holding ne dégage un 30 Francfort, l’indice DAX cédait électronique Nasdaq s’est replié de EURO...... 1,08584 0,91487 ..... 0,15245 1,60120 0,67565 bénéfice que grâce à ses participa- 0,31 %, jeudi, dans les premières 2,50 %, à 1 464,04 points. Le géant FRANC...... 7,12495 6,00120 6,55957 ..... 10,50450 4,43290 25 LIVRE ...... 0,67826 0,57150 0,62455 0,09525 ..... 0,42190 tions dans des sociétés non cotées transactions, à 4 082,48 points. de l’édition Primedia, le fournis- FRANC SUISSE ...... 1,60730 1,35425 1,48035 0,22560 2,37020 ..... – Bureau Veritas, Wheelabrator L’indice DAX avait gagné 2,15 %, seur d’équipements haut débit Red- Allevard, Bio Mérieux, Orange 20 mercredi, pour finir à back Networks et le producteur Taux d’inte´reˆt(%) Matif Nassau. En revanche, la contribu- A M J J A S 4 095,32 points. d’électricité AES ont émis des aver- tion de ses trois participations 2001 tissements sur leurs résultats. Les Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 26/09 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 27/09 prix prix cotées – Cap Gemini, Valeo et Tra- Source : Bloomberg analystes de Merrill Lynch ont aus- LONDRES FRANCE ...... 3,79 3,50 4,92 5,65 Notionnel 5,5 der.com – se traduit par un déficit si révisé à la baisse leurs prévisions ALLEMAGNE .. 3,77 3,66 4,81 5,56 DE´CEMBRE 2001 1575 89,16 89,11 de 35 millions d’euros pour le impatients est mis à mal. Pour sup- RÉFÉRENCE de la place britanni- de résultats pour IBM, le numéro GDE-BRETAG. 4,75 4,40 4,88 4,78 Euribor 3 mois groupe. primer la décote de holding, la que, l’indice Footsie des cent pre- un mondial de l’informatique. ITALIE...... 3,77 3,63 5,17 5,91 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,03 0,01 1,42 2,40 Paradoxe pour cette holding cen- direction proposait de rapprocher mières valeurs se dépréciait de E´TATS-UNIS... 3,16 2,38 4,70 .... sée offrir un portefeuille et une la CGIP et sa maison mère, Marine 0,40 %, jeudi peu après l’ouverture, TAUX SUISSE ...... 1,95 2,16 3,22 3,89 Pe´trole gestion diversifiée à ses actionnai- Wendel. Afin de conserver le à 4 677,10 points. L’indice Footsie PAYS-BAS...... 3,72 3,63 4,96 5,61 Cours Var. % res : son sort paraît de plus en plus pouvoir à la famille Wendel dans s’était apprécié de 0,70 %, mercre- LE RENDEMENT des emprunts En dollars f 26/09 25/09 lié à l’évolution de ses deux gran- cette opération, le groupe avait di, s’établissant à 4 696,10 points. d’Etat se détendait sur les marchés Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 22,87 – 0,57 des participations, Cap Gemini et imaginé de se servir de sa partici- obligataires européens, jeudi WTI (NEW YORK) ...... 23,15 + 1,85 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 22,40 + 3,56 Valeo. A elles seules, ces deux pation dans Cap Gemini comme TOKYO 27 septembre dans les premiers En dollars f 26/09 25/09 lignes représentent plus de 70 % monnaie d’échange. Il proposait échanges. Le taux de l’Obligation ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE de l’actif net de la société. Et tou- de prendre des options d’achat sur LES VALEURS JAPONAISES ont assimilable du Trésor (OAT) fran- CUIVRE 3 MOIS...... 1447 .... Or tes les deux traversent une mauvai- l’action de la société de services connu une séance indécise, jeudi çais à dix ans s’établissait à 4,90 %. ALUMINIUM 3 MOIS...... 1347 .... PLOMB 3 MOIS ...... 466 – 0,21 se passe. Bousculé par le retourne- informatiques au prix de 27 septembre, au terme de laquel- Celui du Bund, son homologue alle- Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 3658 – 0,33 En euros f 26/09 25/09 ment de la conjoncture automo- 143 euros : le titre n’en vaut plus le le principal indice de la Bourse mand, s’inscrivait à 4,79 %. ZINC 3 MOIS...... 801 .... NICKEL 3 MOIS...... 4955 – 0,30 OR FIN KILO BARRE ...... 10050 .... bile, l’équipementier Valeo est en que 60. Ces incertitudes pèsent sur de Tokyo, le Nikkei, a finalement OR FIN LINGOT...... 10160 .... ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE pleine redéfinition de sa stratégie. l’action CGIP, qui a perdu 40 % de progressé de 0,57 %, s’établissant ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... MONNAIES ARGENT A TERME ...... 4,59 + 0,66 ` Cap Gemini, qui doit mener à bien sa valeur depuis le début de l’an- à 9 696,53 points à la clôture. Le PIECE FRANCE 20 F ...... 59,40 – 0,67 PLATINE A TERME ...... 111004,50 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 60 + 2,21 sa fusion avec le cabinet d’audit née, pour tomber à 28,17 euros. Nikkei est repassé dans le vert L’EURO se repliait face au billet GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 59,50 + 1,71 Ernst & Young, subit en même Personne ne voit de rebond du dans les dernières minutes de la vert, jeudi 27 septembre dans les BLE´ (CHICAGO)...... 275,50 .... PIE`CE 10 DOLLARS US ... 182,50 – 0,27 MAIS (CHICAGO) ...... 212,50 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 365,50 – 0,14 temps de plein fouet la crise des titre ni de nouveau scénario de sor- séance. L’indice élargi Topix, qui premières transactions, à SOJA TOURTEAU (CHG.) 163 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 381,25 + 2,21 nouvelles technologies. tie. La CGIP semble être dans une recense toutes les actions du pre- 0,9182 dollar. Le yen perdait égale- SOFTS $/TONNE Du coup, le beau scénario propo- impasse. mier marché, a également fini en ment du terrain face à la devise CACAO (NEW YORK) ...... 1018 + 2,52 Cotations, graphiques et indices en temps sé au printemps pour répondre à hausse de 0,55%, à américaine, cotant 118,68 yens CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». des actionnaires de plus en plus Martine Orange 1 003,78 points. pour 1 dollar, jeudi matin. www.lemonde.fr/bourse 24 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 252,58 3133,57 388 5106 357 4659

VALEURS EUROPÉENNES 253,90 3150,11 252,58 b 3133,57 Lufthansa, dont le titre a clôtu- d’exploitation de 550 millions 327 251,57 4213 3109,22 ré en hausse de 1,36 %, à 9,68 euros d’euros dans le cadre d’un plan de 296 3766 248,07 à Francfort mercredi, cherche à restructuration, qui pourrait cor- 3066,99

266 235,91 3319 remplacer ses Airbus A300-600, et respondre à la suppression de 2873,21 mène des discussions préliminaires 4 000 emplois sur 2001-2002. 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ avec Boeing et Airbus. L’action Agfa a gagné 2,5 % mer- 27 SEPT. 28 MARS 27 SEPT. VLMMJ 27 SEPT. 28 MARS 27 SEPT. VLMMJ b L’action Credit Suisse Group a credi, à 12,30 euros, contre un plus bondi de 3,59 %, à 51,9 francs suis- bas de l’année à 11 euros le 21 sep- RYANAIR HLDGS IR e 8,20 – 0,36 SHANKS GROUP GB 2,43 .... BUHRMANN NV NL e 6,45 .... ses à la clôture mercredi, malgré tembre. SAIRGROUP N CH 31,53 – 4,80 ALIMENTATION ET BOISSON SIDEL FR e 50 .... CARREFOUR FR e 51,50 – 0,10 l’annonce que ses résultats au troi- b La filiale Internet Terra Lycos SAS DANMARK A/S DK 9,82 .... ALLIED DOMECQ GB 5,72 + 1,13 SINGULUS TECHNO DE e 17,80 – 3,26 CASTO.DUBOIS FR e 49,37 + 1,38 SEB FR e 44 – 3,30 ASSOCIAT BRIT F GB 7,15 .... SMITHS GROUP GB 9,77 – 0,65 CC CARREFOUR ES e 13,03 + 0,08 sième trimestre 2001 seraient du groupe espagnol de télécommu- SIX CONTINENTS GB 9,62 – 1,95 BBAG OE BRAU-BE AT e 41,99 – 0,02 SOPHUS BEREND - DK 21,72 .... CHARLES VOEGELE CH 46,60 + 2,91 « substantiellement » inférieurs à nications Telefonica, a enregistré SODEXHO ALLIANC FR e 42,65 + 0,59 BRAU-UNION AT e 40,50 – 0,49 SPIRENT GB 1,52 – 3,06 D’IETEREN SA BE e 121,40 + 2,02 ceux du deuxième trimestre en rai- une forte baisse mercredi, aban- THE SWATCH GRP CH 74,35 .... CADBURY SCHWEPP GB 6,71 – 2,33 STOLT NIELSEN LU e 100 .... DEBENHAMS GB 5,66 – 0,28 THE SWATCH GRP CH 15,82 + 0,43 CARLSBERG -B- DK 45,45 – 0,59 TELE2 -B- SE 25,35 .... DIXONS GROUP GB 2,72 – 1,16 son de l’impact des attentats aux donnant 3,68 %, à 5,50 euros, au TELE PIZZA ES e 1,26 – 1,56 CARLSBERG AS -A DK 42,36 + 1,29 THALES FR e 39,67 – 0,08 GAL LAFAYETTE FR e 127,30 – 2,15 Etats-Unis. lendemain d’un communiqué de THOMSON MULTIME PA 21,73 – 1,94 COCA COLA HBC GR 13,40 .... TOMRA SYSTEMS NO 11,30 .... GEHE AG DE e 42,50 .... b Le groupe belge Agfa Gevaert ce portail annonçant qu’il continue- WILSON BOWDEN GB 11,94 .... DANISCO DK 38,19 .... TPI ES e 3,29 – 0,90 GUCCI GROUP NL e 88 – 0,23 WM-DATA -B- SE 1,89 .... DANONE FR e 140,80 – 0,21 TRAFFICMASTER GB 0,69 + 2,38 GUS GB 7,55 – 5,22 de produits photographiques a ra à perdre de l’argent et n’aura WOLFORD AG AT e 14 .... DELTA HOLDINGS GR 6,18 .... UNAXIS HLDG N CH 84,83 – 3,46 HENNES & MAURIT SE 17,44 .... annoncé jeudi chercher à réduire pas d’excédent brut d’exploitation WW/WW UK UNITS IR e 0,63 .... DIAGEO GB 10,94 – 0,87 VA TECHNOLOGIE AT e 22,85 + 0,84 KARSTADT QUELLE DE e 31,50 – 0,16 f – e – de façon permanente ses coûts pendant au moins un an. DJ E STOXX CYC GO P 87,95 1,19 ELAIS OLEAGINOU GR 19,46 .... VEDIOR NV NL 10,95 7,20 KINGFISHER GB 5,87 .... ERID.BEGH.SAY FR e 97 .... VESTAS WIND SYS DK 32,14 .... MARKS & SPENCER GB 3,80 – 1,24 HEINEKEN HOLDIN NL e 29,40 – 0,68 VINCI FR e 62,10 – 0,80 MATALAN GB 7,77 – 0,82 HELLENIC SUGAR GR 5,74 .... VIVENDI ENVIRON FR e 41,54 – 0,14 METRO DE e 33,70 – 0,88 NORSK HYDRO NO 40,43 .... KAMPS DE e 5,65 + 4,63 VOLVO -A- SE 12,60 .... MFI FURNITURE G GB 1,66 + 0,97 Code Cours % Var. FR e 7,99 + 1,78 PHARMACIE KERRY GRP-A- GB 21,31 + 1,76 VOLVO -B- SE 13,10 .... NEXT PLC GB 13,96 – 1,36 27/09 10 h 02 f RHODIA pays en euros 26/09 SOLVAY BE e 55,50 – 0,72 KONINKLIJKE NUM NL e 32,55 – 0,52 WARTSILA CORP A FI e 18,65 – 0,27 PINAULT PRINT. FR e 122,50 + 6,52 e XANSA GB 3,47 – 0,91 SIGNET GROUP GB 0,93 .... SYNGENTA N CH 50,86 – 1,51 ACTELION N CH 27,71 – 3,30 MONTEDISON IT 2,47 – 0,80 e ZARDOYA OTIS ES e 9,18 – 0,43 VALORA HLDG N CH 175,74 + 0,39 AUTOMOBILE TESSENDERLO CHE BE 23 + 0,04 ALTANA AG DE e 52,30 + 1,55 NORTHERN FOODS GB 2,32 + 1,40 e f DJ E STOXX IND GO P 294,62 – 1,15 VENDEX KBB NV NL e 7,20 + 0,70 AUTOLIV SDR SE 16,23 .... f DJ E STOXX CHEM P 285,05 – 0,82 AMERSHAM GB 9,03 + 2,73 PARMALAT IT 2,80 – 3,11 e W.H SMITH GB 6,89 .... BASF AG BE e 36,20 – 0,82 ASTRAZENECA GB 46,83 – 0,88 PERNOD RICARD FR 78,60 – 0,57 e WOLSELEY PLC GB 6,35 .... BMW DE e 26,60 + 1,14 AVENTIS FR e 77,75 + 0,65 RAISIO GRP -V- FI 0,98 – 1,01 ´ ASSURANCES WOOLWORTHS GROU GB 0,48 .... CONTINENTAL AG DE e 10,50 .... CONGLOMERATS BB BIOTECH CH 58,47 – 0,46 SCOTT & NEWCAST GB 7,99 .... SOUTH AFRICAN B GB 6,63 .... f DJ E STOXX RETL P 259,86 + 0,60 DAIMLERCHRYSLER DE e 31,70 + 0,63 D’IETEREN SA BE e 121,40 + 2,02 CELLTECH GROUP GB 10,76 – 2,89 AEGIS GROUP GB 1,23 – 3,75 TATE & LYLE GB 3,82 – 0,42 e FIAT IT e 17,89 + 1,65 AZEO FR e 71,95 .... ELAN CORP IR e 52,75 + 3,63 AEGON NV NL 27,20 – 0,40 TOMKINS GB 2,38 .... e FIAT PRIV. IT e 12,20 – 1,29 GBL BE e 300,10 .... ESSILOR INTL FR e 30,48 .... AGF FR 49,10 – 1,80 UNILEVER GB 7,85 – 0,61 e MICHELIN FR e 27,82 + 0,36 GEVAERT BE e 25,05 + 0,20 FRESENIUS MED C DE e 82,50 + 1,85 ALLEANZA ASS IT 10,16 + 0,40 HAUTE TECHNOLOGIE e WHITBREAD PLC GB 7,35 – 1,08 DE e 229 + PEUGEOT FR 39,60 – 1 INCHCAPE GB 7,32 .... H. LUNDBECK DK 22,73 – 3,98 ALLIANZ N 0,88 AIXTRON DE e 18,40 + 1,32 e f DJ E STOXX F & BV P 218,19 – 0,09 NL e 81,10 PIRELLI SPA IT 1,49 .... KVAERNER -A- NO 0,89 .... GALEN HOLDINGS GB 8,79 .... ASR VERZEKERING .... ALCATEL-A- FR e 12,83 – 0,54 e + FR e 20,30 + DR ING PORSCHE DE 262 3,97 MYTILINEOS GR 4 .... GAMBRO -A- SE 6,05 .... AXA 1,75 ALTEC SA REG. GR 2,15 .... e + + – RENAULT FR 31,51 0,54 UNAXIS HLDG N CH 84,83 – 3,46 GLAXOSMITHKLINE GB 29,18 0,61 BALOISE HLDG N CH 79,59 0,63 ARM HOLDINGS GB 3,90 – 4,69 e – GB 11,43 – 0,14 VALEO FR 32,95 – 0,15 ORKLA NO 16,89 .... H. LUNDBECK DK 22,73 3,98 ´ BRITANNIC ARC INTERNATION GB 0,50 – 3,13 e e BIENS D’EQUIPEMENT IT e 22,65 – VOLKSWAGEN DE 36,70 – 0,81 SONAE SGPS PT 0,56 .... NOVARTIS N CH 40,79 – 0,25 CATTOLICA ASS 0,66 ASML HOLDING NL e 11,87 – 6,09 + GB 12,42 – f DJ E STOXX AUTO P 152,27 0,70 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... NOVO-NORDISK -B DK 43,03 – 0,62 ABB N CH 7,57 .... CGNU 0,51 BAAN COMPANY NL e 2,32 + 0,87 e – NOVOZYMES -B- DK 24,47 – 1,09 ADECCO N CH 39,13 – 2,69 CNP ASSURANCES FR 33,50 1,44 BALTIMORE TECH GB 0,27 + 6,25 e DK 16,81 ORION B FI 18,30 .... AGGREKO GB 6,30 – 1,50 CODAN .... BAE SYSTEMS GB 5,23 – 0,61 ´ ´ e ES e 18,50 BANQUES TELECOMMUNICATIONS OXFORD GLYCOSCI GB 8,82 – 7,23 ALSTOM FR 23,40 – 8,06 CORP MAPFRE R .... BROKAT TECHNOLO DE e 0,81 – 2,41 PHONAK HLDG N CH 2276,44 .... ALTRAN TECHNO FR e 45,86 – 3,45 ERGO VERSICHERU DE e 142 .... BANK OF IRELAND GB 13,19 .... ATLANTIC TELECO GB 0,08 .... BULL FR e 0,79 + 3,95 QIAGEN NV NL e 13,75 – 0,29 ALUSUISSE GRP N CH 851,64 .... ETHNIKI GEN INS GR 7,46 .... ABBEY NATIONAL GB 14,87 – 0,53 BRITISH TELECOM GB 5,69 – 2,73 BUSINESS OBJECT FR e 21,25 – 2,92 ROCHE HLDG G CH 73 – 0,92 ARRIVA GB 5,04 .... EULER FR e 39 + 0,52 ALL & LEICS GB 11,06 + 0,14 CABLE & WIRELES GB 4,38 .... CAP GEMINI FR e 59,35 – 2,06 SANOFI SYNTHELA FR e 69,80 – 0,43 ASSA ABLOY-B- SE 11,79 .... FONDIARIA ASS IT e 4,16 – 0,95 ALLIED IRISH BA GB 15,11 + 0,53 COLT TELECOM NE GB 1,39 – 10,31 COMPTEL FI e 3,05 + 0,99 SCHERING AG DE e 51,65 + 1,67 ASSOC BR PORTS GB 6,25 .... FORTIS (B) BE e 25,13 + 3,03 ALMANIJ BE e 35,75 + 0,85 DEUTSCHE TELEKO DE e 17 + 0,53 DASSAULT SYST. FR e 34,56 + 1,41 SERONO -B- CH 800,95 – 1,41 ATLAS COPCO -A- SE 18,50 .... FRIENDS PROVIDE GB 2,97 – 0,53 ALPHA BANK GR 18,80 .... E.BISCOM IT e 31,40 – 1,10 ERICSSON -B- SE 3,76 – 2,36 SHIRE PHARMA GR GB 14,15 – 0,78 ATLAS COPCO -B- SE 17,29 .... GENERALI ASS IT e 27,93 – 0,32 B.P.EMILIA ROMA IT e 29,20 .... EIRCOM IR e 1,34 + 0,75 F-SECURE FI e 0,68 + 1,49 SMITH & NEPHEW GB 5,48 .... ATTICA ENTR SA GR 3,82 .... GENERALI HLD VI AT e 154 – 1,28 B.P.LODI IT e 8,15 + 2 ELISA COMMUNICA FI e 10,05 – 4,29 FILTRONIC GB 2,88 + 1,69 SSL INTL GB 7,72 – 1,43 BAA GB 8,09 – 1,17 INDEPENDENT INS GB 0,10 .... B.P.NOVARA IT e 5,40 + 2,86 ENERGIS GB 0,64 + 2,56 FINMATICA IT e 8,92 – 2,09 SULZER AG 100N CH 158,16 – 0,43 BBA GROUP PLC GB 3,12 – 3,94 INTERAM HELLEN GR 8,40 .... B.P.SONDRIO IT e 9,40 .... EUROPOLITAN HLD SE 5,54 .... GETRONICS NL e 2,52 – 1,56 SYNTHES-STRATEC CH 663,06 – 0,81 BODYCOTE INTL GB 2,78 .... IRISH LIFE & PE GB 10,87 + 0,29 B.P.VERONA E S. IT e 9,50 – 0,21 FRANCE TELECOM FR e 33,30 + 0,45 GN GREAT NORDIC DK 5,06 – 1,05 UCB BE e 42,01 + 0,02 BRAMBLES INDUST GB 4,78 .... LEGAL & GENERAL GB 2,21 .... BANCA ROMA IT e 2,13 + 1,43 HELLENIC TELE ( GR 17,72 .... INFINEON TECHNO DE e 11,82 – 4,68 WILLIAM DEMANT DK 25,15 – 1,58 BUDERUS AG DE e 24,90 .... MEDIOLANUM IT e 6,53 + 0,31 BANK OF PIRAEUS GR 7,52 .... KINGSTON COM GB 1,15 + 4,35 INFOGRAMES ENTE FR e 6,55 – 1,95 WS ATKINS GB 10,95 .... CAPITA GRP GB 6 – 0,79 MUENCH RUECKVER DE e 269 + 1,89 BANKINTER R ES e 30 – 0,17 KONINKLIJKE KPN NL e 2,97 – 0,67 INTRACOM R GR 10,94 .... ZELTIA ES e 7,53 – 2,21 CDB WEB TECH IN IT e 2,30 – 4,96 POHJOLA GRP.B FI e 18,20 .... BARCLAYS PLC GB 28,52 – 1,87 KPNQWEST NV -C- NL e 4,60 – 0,43 KEWILL SYSTEMS GB 0,48 .... f DJ E STOXX HEAL 505,02 + 0,76 CGIP FR e 27,45 – 2,56 PRUDENTIAL GB 9,94 + 1,14 BAYR.HYPO-U.VER DE e 28,90 – 1,37 LIBERTEL NV NL e 7,75 – 3,13 LEICA GEOSYSTEM CH 185,87 .... RAS IT e 12,38 – 0,80 BBVA R ES e 10,85 – 0,91 MANNESMANN N DE e 204,70 .... (Publicite´) LOGICA GB 11,27 – 2,35 ROYAL SUN ALLIA GB 5,42 – 0,88 BCA AG.MANTOVAN IT e 8 – 1,84 MOBILCOM DE e 16,25 – 0,31 LOGITECH INTL N CH 24,74 – 3,30 SAI IT e 11,35 – 2,16 BCA FIDEURAM IT e 6,22 – 0,96 PANAFON HELLENI GR 4,32 .... MARCONI GB 0,34 – 16 SAMPO-LEONIA -A FI e 8,20 – 0,49 BCA LOMBARDA IT e 9,05 + 1,57 PT TELECOM SGPS PT e 8,04 .... NOKIA FI e 17,30 – 5,21 SCHW NATL VERS CH 581,28 – 1,71 BCA P.BERG.-C.V IT e 17,44 + 1,34 SONERA FI e 2,89 – 2,69 OCE NL e 7,65 – 2,55 SCOR FR e 32,90 – 0,75 BCA P.MILANO IT e 3,93 – 0,76 SONG NETWORKS SE 0,42 .... OLIVETTI IT e 0,95 .... Chaque lundi avec SKANDIA INSURAN SE 5,75 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 7,68 + 0,66 SWISSCOM N CH 315,31 – 1,27 PSION GB 0,61 + 2,70 ST JAMES’S PLAC GB 4,08 .... BCO POPULAR ESP ES e 36,08 + 0,22 T.I.M. IT e 5,04 .... SAGE GRP GB 2,72 – 2,30 STOREBRAND NO 6,58 .... BCP R PT e 4,04 .... TDC DK 38,06 – 0,70 SAGEM FR e 38,50 + 2,18 SWISS LIFE REG CH 448,12 – 4,47 BIPOP CARIRE IT e 2,34 + 2,18 TELE2 -B- SE 25,35 .... SAP AG DE e 110 + 0,64 SWISS RE N CH 97,84 + 1,05 BK OF SCOTLAND GB 13,22 .... TELECEL PT e 6,76 .... SAP VZ DE e 153,99 .... TOPDANMARK DK 26,90 .... BNL IT e 2,26 + 0,89 TELECOM ITALIA IT e 7,60 .... SEZ HLDG N CH 32,44 – 4,57 ZURICH FINL SVC CH 220,01 – 1,06 BNP PARIBAS FR e 86,25 – 0,86 TELECOM ITALIA IT e 4,27 .... LA ROCHETTE DE e ...... f DJ E STOXX INSU P 293,04 + 0,60 BSCH R ES e 7,97 + 0,13 TELEFONICA ES e 11,62 – 1,36 0123 MB SOFTWARE DE e 0,26 + 18,18 COMM.BANK OF GR GR 26,94 .... TELENOR NO 4,02 .... SPIRENT GB 1,52 – 3,06 COMMERZBANK DE e 17,10 – 1,72 TELIA SE 4,53 .... MEDIAS THINK TOOLS CH 15,48 + 0,22 CREDIT LYONNAIS FR e 35,77 + 0,76 TISCALI IT e 4,94 – 1,40 DATÉ MARDI THUS GB 0,40 – 7,41 CS GROUP N CH 34,81 – 0,77 VERSATEL TELECO NL e 0,62 + 1,64 BSKYBGROUP GB 9,83 .... TIETOENATOR FI e 20,30 – 2,17 DANSKE BANK DK 15,87 + 1,72 VODAFONE GROUP GB 2,32 – 1,36 CANAL PLUS FR e 3,50 – 1,13 f DJ E STOXX TECH P 312,08 – 2,97 DEUTSCHE BANK N DE e 55,55 .... f DJ E STOXX TCOM P 377,02 – 0,61 CAPITAL RADIO GB 8,79 + 8,91 DEXIA BE e 15,29 – 0,71 retrouvez CARLTON COMMUNI GB 2,40 – 2,60 DNB HOLDING NO 4,16 .... DLY MAIL & GEN GB 9,02 .... SERVICES COLLECTIFS DRESDNER BANK N DE e 37,20 – 0,53 CONSTRUCTION ELSEVIER NL e 11,98 – 0,08 e EFG EUROBK ERGA GR 11,60 .... EMAP PLC GB 8,35 – 1,51 ACEA IT 6,77 – 2,45 ACCIONA ES e 36,52 – 1,03 e ERSTE BANK AT e 53,80 – 0,37 FOX KIDS EUROPE NL e 12,90 .... AEM IT 1,84 – 1,08 ACS ES e 24,19 – 3,24 ESPIRITO SANTO PT e 12,62 .... FUTURE NETWORK GB 0,45 .... BRITISH ENERGY GB 4,40 .... AGGREGATE IND GB 1,39 .... + FOERENINGSSB A SE 10,53 .... GRANADA GB 1,55 – 3 CENTRICA GB 3,25 0,50 AKTOR SA GR 6,28 .... LE MONDE ECONOMIE e EDISON IT e 9,70 – 1,02 HALIFAX GROUP GB 13,30 .... GRUPPO L’ESPRES IT 2,21 – 1,34 AMEY GB 4,81 – 2,27 e + IKB DE e 12,30 + 0,41 GWR GROUP GB 2,45 – 7,27 ELECTRABEL BE 222 0,68 UPONOR -A- FI e 15,70 – 0,32 e INTESABCI IT e 2,46 – 0,81 HAVAS ADVERTISI FR e 7,48 – 0,93 ELECTRIC PORTUG PT 2,68 .... AUREA R ES e 20,05 – 2,67 e JULIUS BAER HLD CH 298,07 + 1,38 INDP NEWS AND M IR e 1,61 – 5,29 ENDESA ES 16,62 – 0,36 ACESA R ES e 9,31 – 0,96 e KBC BANCASSURAN BE e 34,02 + 0,65 INFORMA GROUP GB 2,62 – 2,38 ENEL IT 6 – 0,66 BOUYGUES FR e 28,47 – 1,04 e + LLOYDS TSB GB 9,96 – 1,74 ´ CHUBB GB 2,22 – 2,80 LAGARDERE SCA N FR e 31,56 – 7,99 EVN AT 41,50 0,10 BPB GB 3,60 .... ENERGIE e + MONTE PASCHI SI IT e 2,72 – 1,09 CIR IT e 0,76 .... LAMBRAKIS PRESS GR 3,74 .... FORTUM FI 4,99 0,81 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,33 .... e NAT BANK GR 23 .... COBHAM GB 15,03 – 0,84 M6 METROPOLE TV FR e 18,38 – 3,77 GAS NATURAL SDG ES 18,61 – 1,01 BUZZI UNICEM IT e 6,80 – 0,44 GB 3,98 – e NATEXIS BQ POP. FR e 90,50 – 1,09 BG GROUP 0,40 COOKSON GROUP P GB 0,83 .... MEDIASET IT e 6,20 – 1,12 HIDRO CANTABRIC ES 26 .... NOVAR GB 2,03 – 0,78 ES e 10,25 e NORDEA SE 5,09 .... CEPSA .... COPENHAGEN AIRP DK 56,48 + 1,45 MODERN TIMES GR SE 18,15 .... IBERDROLA ES 13,79 – 0,14 CRH PLC GB 25,88 .... FR e 165,40 ROLO BANCA 1473 IT e 14,10 – 0,42 COFLEXIP .... DAMPSKIBS -A- DK 5917 .... MONDADORI IT e 5,59 + 0,72 INNOGY HOLDINGS GB 3,13 – 2,49 CIMPOR R PT e 18,10 .... e – e ROYAL BK SCOTL GB 23,18 – 2,09 DORDTSCHE PETRO NL 2,20 0,90 DAMPSKIBS -B- DK 6428,01 – 0,21 NRJ GROUP FR e 12,65 – 1,94 ITALGAS IT 9,70 – 0,51 COLAS FR e 61 .... BE e 51,50 S-E-BANKEN -A- SE 7,01 .... GBL .... DAMSKIBS SVEND DK 8606,55 .... PEARSON GB 11,51 – 0,83 KELDA GB 5,56 – 0,57 GRUPO DRAGADOS ES e 13,19 – 2,15 IT e 12,44 + + SAN PAOLO IMI IT e 10,55 – 1,40 ENI 0,57 DE LA RUE GB 6,99 – 0,46 PRISA ES e 7,38 – 1,20 NATIONAL GRID G GB 7,05 0,23 FCC ES e 21,39 – 0,79 GB 7,74 + + STANDARD CHARTE GB 10,36 + 0,62 ENTERPRISE OIL 0,62 E.ON AG DE e 55,10 + 0,92 PROSIEBEN SAT.1 DE e 6,20 + 1,64 INTERNATIONAL P GB 3,26 0,49 GRUPO FERROVIAL ES e 19,54 – 1,81 GR 5,82 e + STE GENERAL-A- FR e 54 .... HELLENIC PETROL .... ELECTROCOMPONEN GB 6,73 .... PT MULTIMEDIA R PT e 5,99 .... OESTERR ELEKTR AT 93,45 1,69 HANSON PLC GB 7,27 + 0,66 LATTICE GROUP GB 2,35 .... SVENSKA HANDELS SE 13,66 .... ENIRO SE 7,01 .... PUBLICIS GROUPE FR e 19,30 – 0,26 PENNON GROUP GB 9,86 .... HEIDELBERGER ZE DE e 40,75 .... OMV AG AT e 89 + 1,14 SWEDISH MATCH SE 5,39 .... EPCOS DE e 35,50 – 1,39 PUBLIGROUPE N CH 155,46 – 0,43 POWERGEN GB 11,59 .... HELL.TECHNODO.R GR 5,60 .... PETROLEUM GEO-S NO 6,58 .... – UBS N CH 47,52 – 1,47 EUR AERO DEFENC FR e 11,76 + 0,68 REED INTERNATIO GB 8,44 – 0,19 SCOTTISH POWER GB 6,30 1,01 HERACLES GENL R GR 10,98 .... REPSOL YPF ES e 15,14 + 1,20 UNICREDITO ITAL IT e 3,83 – 1,29 EUROTUNNEL FR e 0,77 + 2,67 REUTERS GROUP GB 9,14 – 1,04 SEVERN TRENT GB 11,54 .... HOCHTIEF ESSEN DE e 11,64 + 3,01 ROYAL DUTCH CO NL e 50,88 + 0,28 FR e 35,90 + BANCO SABADELL ES e 15,06 – 0,07 EXEL GB 8,27 .... RTL GROUP LU e 29,75 .... SUEZ 0,11 HOLCIM CH 202,77 – 2,28 SAIPEM IT e 4,60 .... f DJ E STOXX BANK P 230,10 – 0,33 e SMG GB 1,57 .... SYDKRAFT -A- SE 23,49 .... IMERYS FR e 97 – 0,82 FINMECCANICA IT 0,67 .... SHELL TRANSP GB 7,42 .... e e SYDKRAFT -C- SE 19,46 .... e FINNLINES FI 19 .... SOGECABLE R ES 21,60 – 2,92 ITALCEMENTI IT 7,42 – 0,67 STATOIL NO 7,08 .... FENOSA ES e 15,76 – 1,25 FKI GB 2,19 .... TAYLOR NELSON S GB 2,73 .... LAFARGE FR e 84,65 – 0,29 TOTAL FINA ELF FR e 139,80 + 0,29 GB 9,50 – PRODUITS DE BASE DK 10,22 + TELEWEST COMM. GB 0,46 .... UNITED UTILITIE 1,16 MICHANIKI REG. GR 1,59 .... e FLS IND.B 1,33 IHC CALAND NL 44 – 0,68 e VIRIDIAN GROUP GB 9,40 – 1,34 e FLUGHAFEN WIEN AT e 29 + 1,40 TF1 FR 22,30 – 3,71 ACERALIA ES 9,67 – 0,82 PILKINGTON PLC GB 1,66 .... f 291,25 + 0,52 – DJ E STOXX ENGY P e TRINITY MIRROR GB 5,52 .... f DJ E STOXX PO SUP P 288,47 0,04 ACERINOX R ES e 26,10 – 1,51 RMC GROUP PLC GB 9,03 .... GAMESA ES 15,03 – 2,40 UNITED PAN-EURO NL e 0,30 + 3,45 ALUMINIUM GREEC GR 28,02 .... SAINT GOBAIN FR e 151,20 – 0,59 GKN GB 3,98 .... UTD BUSINESS ME GB 11,40 .... ANGLO AMERICAN GB 12,47 + 0,13 SKANSKA -B- SE 6,96 .... GROUP 4 FALCK DK 116,32 – 0,57 VIVENDI UNIVERS FR e 49,80 – 0,40 ASSIDOMAEN AB SE 21,77 .... TAYLOR WOODROW GB 2,56 .... GROUP 4 FALCK DK 116,32 – 0,57 VNU NL e 30,77 – 1,44 BEKAERT BE e 35 + 2,04 TECHNIP FR e 127,20 – 1,78 SERVICES FINANCIERS GUARDIAN IT GB 4,80 + 0,33 e WOLTERS KLUWER NL e 23,65 + 0,94 BHP BILLITON GB 4,30 – 1,10 TITAN CEMENT RE GR 31,88 .... HAGEMEYER NV NL 13,58 – 0,88 WPP GROUP GB 7,99 – 1,77 EURO BOEHLER-UDDEHOL AT e 45,75 .... VINCI FR e 62,10 – 0,80 HALKOR GR 3,70 .... ______3I GROUP GB 10,82 – 0,88 f DJ E STOXX MEDIA P 258,83 – 0,91 GB 6,78 e + HAYS GB 2,21 + 1,47 BUNZL PLC .... WIENERBERGER AG AT 16 1,65 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... GB 0,72 – f – HEIDELBERGER DR DE e 44,25 + 0,57 CORUS GROUP 2,17 DJ E STOXX CNST P 197,79 0,54 AMVESCAP GB 10,86 – 0,44 NOUVEAU GR 2,97 HUHTAMAKI OYJ FI e 33 – 1,49 ELVAL .... BHW HOLDING AG DE e 31,10 – 0,32 SE 19,15 .... IFIL IT e 5,09 – 0,20 BIENS DE CONSOMMATION ´ HOLMEN -B- BPI R PT e 2,09 .... MARCHE NL e 1,60 IMI PLC GB 3,49 .... AHOLD NL e 30,07 – 1,57 ISPAT INTERNATI .... CONSOMMATION CYCLIQUE BRITISH LAND CO GB 6,63 – 2,35 GB 14,10 IND.VAERDEN -A- SE 12,70 .... ALTADIS ES e 17,20 – 0,35 JOHNSON MATTHEY .... ACCOR FR e 29,80 – 1,16 CALEDONIA INV.S GB 10,66 – 1,48 Cours % Var. AT e 54,02 – INDRA SISTEMAS ES e 7,82 – 2,13 ATHENS MEDICAL GR 3,04 .... 27/09 10 h 02 f MAYR-MELNHOF KA 0,15 ADIDAS-SALOMON DE e 53 .... CANARY WHARF GR GB 7,42 + 0,87 en euros 26/09 FI e 5,15 INVENSYS GB 0,54 .... AUSTRIA TABAK A AT e 84,50 – 0,12 M-REAL -B- .... AGFA-GEVAERT BE e 12,67 + 3,01 CATTLES ORD. GB 3,66 + 0,88 FI e 8,30 INVESTOR -A- SE 9,78 .... AVIS EUROPE GB 1,92 .... OUTOKUMPU .... AIR FRANCE FR e 12,61 + 0,80 CLOSE BROS GRP GB 9,27 + 1,75 FR e 40,52 – INVESTOR -B- SE 9,73 .... BEIERSDORF AG DE e 120,50 + 0,67 AMSTERDAM PECHINEY-A- 3,78 AIRTOURS PLC GB 2,48 – 1,90 COBEPA BE e 62,50 .... FI e 3,90 ISS DK 51,64 .... BIC FR e 35,20 + 0,60 AIRSPRAY NV 14,65 .... RAUTARUUKKI K .... ALITALIA IT e 0,98 + 6,52 CONSORS DISC-BR DE e 8,13 – 4,13 GR 3,48 JOT AUTOMATION FI e 0,41 – 2,38 BRIT AMER TOBAC GB 9,50 – 0,67 ANTONOV 0,23 + 9,52 SIDENOR .... AUSTRIAN AIRLIN AT e 8,40 .... CORIO NV NL e 22,80 – 0,87 GR 5,04 KINNEVIK -B- SE 12,90 .... CASINO GP FR e 83,50 + 0,30 C/TAC 1,50 + 7,14 SILVER & BARYTE .... AUTOGRILL IT e 7,25 – 1,89 CORP FIN ALBA ES e 19,60 – 2,97 GB 1,89 FI e 74 + CLARINS FR e 69 + 0,73 CARDIO CONTROL 2,15 – 2,27 SMURFIT JEFFERS .... BANG & OLUFSEN DK 17,21 + 2,40 DAB BANK AG DE e 7,15 – 3,38 KONE B 2,78 FI e 11,80 + e + COLRUYT BE e 44,90 + 0,11 CSS 23,90 .... STORA ENSO -A- 2,61 BENETTON IT e 10,36 – 0,38 DEPFA-BANK DE e 68 .... LEGRAND FR 155 2,24 FI e 11,50 – e + DELHAIZE BE e 59,30 .... HITT NV 5 .... STORA ENSO -R- 1,20 BERKELEY GROUP GB 9,32 + 2,28 DROTT -B- SE 9,02 .... LINDE AG DE 40,50 0,25 SE 22,43 e – FIRSTGROUP GB 5,05 .... INNOCONCEPTS NV 18,20 .... SVENSKA CELLULO .... BRITISH AIRWAYS GB 2,57 – 3,01 EURAZEO FR e 50,05 – 0,20 MAN AG DE 18,10 1,63 DE e 10,45 – GALLAHER GRP GB 7,03 .... NEDGRAPHICS HOLD 4 .... THYSSENKRUPP 2,34 BULGARI IT e 8,05 – 0,37 FINAXA FR e 63,50 – 9,29 MEGGITT GB 2,53 – 1,25 BE e 39,70 – e GIB BE e 50,20 + 0,60 SOPHEON 0,48 .... UMICORE 0,48 CHRISTIAN DIOR FR e 25,50 – 1,54 FORTIS (B) BE e 25,13 + 3,03 METSO FI 8,80 – 0,56 FI e 29,30 – e + GIVAUDAN N CH 321,39 – 0,73 PROLION HOLDING 94 .... UPM-KYMMENE COR 1,35 CLUB MED. FR e 35,75 – 2,40 FORTIS (NL) NL e 25,20 + 3,28 MG TECHNOLOGIES DE 5,90 10,07 FR e 9,05 – HENKEL KGAA VZ DE e 62,50 + 0,32 RING ROSA 0,03 .... USINOR 0,66 COMPASS GROUP GB 6,71 + 0,96 GECINA FR e 87 – 1,02 MORGAN CRUCIBLE GB 2,97 + 1,64 GR 7,82 ICELAND GROUP GB 2,41 – 0,66 UCC GROEP NV 7 .... VIOHALCO .... DT.LUFTHANSA N DE e 10,55 + 0,48 GIMV BE e 29 + 2,47 EXEL GB 8,27 .... AT e 29,20 + IMPERIAL TOBACC GB 12,84 + 0,50 VOEST-ALPINE AG 1,18 ELECTROLUX -B- SE 10,84 .... GREAT PORTLAND GB 4,11 .... PACE MICRO TECH GB 3,73 .... FR e 17 e JERONIMO MARTIN PT e 6,03 .... WORMS N .... EM.TV & MERCHAN DE e 1,64 + 0,61 HAMMERSON GB 6,87 – 0,46 PARTEK FI 8,70 .... f 144,67 – 1,44 KESKO -B- FI e 9,04 + 1,01 DJ E STOXX BASI P EMI GROUP GB 3,87 – 3,20 ING GROEP NL e 27,95 – 0,36 PENINS.ORIENT.S GB 2,91 + 2,25 BRUXELLES e L’OREAL FR e 75,35 – 0,79 EURO DISNEY FR e 0,80 + 8,11 LAND SECURITIES GB 13,13 .... PERLOS FI 8,11 – 2,29 e ARTHUR 3 .... e PREMIER FARNELL GB 2,73 .... LAURUS NV NL 4,54 – 1,30 HDP IT 3,96 – 2,94 LIBERTY INTL GB 7,67 .... ENVIPCO HLD CT 0,29 .... CHIMIE e RAILTRACK GB 4,27 – 1,84 MORRISON SUPERM GB 3,15 + 2,60 HERMES INTL FR 131 – 1,43 MAN GROUP GB 13,61 – 2,74 FARDIS B 14 .... e + e RANDSTAD HOLDIN NL e 11,15 + 2,29 RECKITT BENCKIS GB 15,67 – 0,10 AIR LIQUIDE FR 147,50 – 1,07 HILTON GROUP GB 2,96 2,78 MARSCHOLLEK LAU DE 58,60 .... INTERNOC HLD 0,07 .... e + e + e RENTOKIL INITIA GB 3,87 .... SAFEWAY GB 5,12 – 2,14 AKZO NOBEL NV NL 41,68 0,10 HUGO BOSS AG VZ DE 20,70 3,50 MEDIOBANCA IT 9,78 – 1,81 INTL BRACHYTHER B 7,94 .... e e e REXAM GB 5,36 .... SAINSBURY J. PL GB 5,72 .... BASF AG DE 36,20 – 0,82 HUNTER DOUGLAS NL 23,80 – 1,24 METROVACESA ES 13,94 – 0,21 LINK SOFTWARE B 2,49 .... e STAGECOACH GROU GB 1,12 .... BAYER AG DE e 28,95 – 0,52 INDITEX R ES e 18,18 – 3,35 MONTEDISON IT e 2,47 – 0,80 REXEL FR 52,50 – 4,55 TERRA NETWORKS ES e 5,45 – 0,91 PAYTON PLANAR 0,45 .... BOC GROUP PLC GB 13,78 – 3,15 J D WETHERSPOON GB 5,50 – 0,29 PROVIDENT FIN GB 9,64 .... RHI AG AT e 14,49 .... TESCO PLC GB 3,92 .... CELANESE N DE e 16,90 .... KLM NL e 9 + 0,56 RODAMCO EUROPE NL e 39,30 – 0,76 RIETER HLDG N CH 241,97 .... TPG NL e 20,42 – 1,16 CIBA SPEC CHIMI CH 60,12 – 2,25 LVMH FR e 34,77 – 1,36 RODAMCO NORTH A NL e 41,70 – 0,36 ROLLS ROYCE GB 2,09 – 1,50 e WANADOO FR e 3,97 – 0,75 CODES PAYS ZONE EURO CLARIANT N CH 15,44 – 2,77 MEDION DE e 33 + 1,54 ROLINCO NV NL e 22 – 0,68 SANDVIK SE 19,46 .... WELLA AG VZ DE e 49 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne COLOPLAST -B- DK 68,31 .... MOULINEX FR e 1,10 + 10 SCHRODERS GB 10,23 + 0,79 SAURER N CH 23,66 + 1,45 f 355,34 – 0,59 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande DE e 23,60 – 3,67 ES e 8,58 – 0,23 FR e 71,20 + 0,42 SCHNEIDER ELECT FR e 50 .... DJ E STOXX N CY G P DEGUSSA (NEU) NH HOTELES SIMCO N LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche DSM NL e 31,48 – 0,66 NXT GB 1,34 + 12 SLOUGH ESTATES GB 5,04 – 0,32 SEAT PAGINE GIA IT e 0,69 .... FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. EMS-CHEM HOLD A CH 4288,61 + 0,08 P & O PRINCESS GB 3,55 .... TECAN GRP N CH 63,57 + 0,05 SEAT PAGINE GIA IT e 0,69 .... COMMERCE DISTRIBUTION ICI GB 4,94 + 1,31 PERSIMMON PLC GB 4,89 – 0,33 UNIBAIL FR e 52 – 1,33 SECURICOR GB 1,82 – 2,56 CODES PAYS HORS ZONE EURO KEMIRA FI e 8,22 + 0,12 PREUSSAG AG DE e 24,20 + 0,88 VALLEHERMOSO ES e 6,64 + 0,61 SECURITAS -B- SE 16,89 .... ALLIANCE UNICHE GB 8,20 – 0,77 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e e KON. VOPAK NV NL 17,70 – 3,80 RANK GROUP GB 3,15 + 1,03 WCM BETEILIGUNG DE 11,10 + 0,91 SERCO GROUP GB 4,33 .... AVA ALLG HAND.G DE 35 .... GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. LONZA GRP N CH 632,65 – 1,37 RICHEMONT UNITS CH 2071,65 – 0,29 f DJ E STOXX FINS P 219,89 + 0,45 SGL CARBON DE e 17,70 – 0,56 BOOTS CO PLC GB 9,42 .... FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 25

AIR LIQUIDE...... w 149,70 981,97 +0,40 149,10 EULER...... w 38,50 252,54 – 0,77 38,80 PERNOD-RICAR .... w 78,40 514,27 – 0,82 79,05 w w w Compen- ALCATEL...... 12,95 84,95 +0,39 12,90 EURAZEO...... 50,15 328,96 ... 50,15 PEUGEOT...... 39,69 260,35 – 0,78 40,00 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 5,87 38,50 +1,21 ... EURO DISNEY ...... w 0,80 5,25 +8,11 0,74 PINAULT-PRIN ...... w 120,80 792,40 +5,04 115,00 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 23,85 156,45 – 6,29 25,45 EUROTUNNEL ...... w 0,78 5,12 +4 0,75 PLASTIC OMN...... w 67 439,49 ... 67,00 ALTRAN TECHN .... w 46,20 303,05 – 2,74 47,50 FAURECIA...... w 49,50 324,70 – 1,39 50,20 PROVIMI ...... w 12,35 81,01 – 6,79 13,25 ADECCO ...... 39,03 256,02 – 2,43 ... ARBEL...... 4,95 32,47 +1,02 ... FIMALAC...... w 37,60 246,64 – 1,29 38,09 PSB INDUSTRI...... 76,90 504,43 ...... AMERICAN EXP...... 29,65 194,49 +1,19 ... VALEURS FRANCE CEA INDUSTRI...... 128 839,62 +0,79 ... FINAXA ...... 63,50 416,53 – 9,29 ... PUBLICIS GR...... w 19,20 125,94 – 0,78 19,35 AMVESCAP EXP...... b La Société du Louvre (Groupe du ATOS ORIGIN...... w 80,45 527,72 – 0,68 81,00 F.F.P. (NY)...... 89,50 587,08 ...... REMY COINTRE..... w 21,55 141,36 – 0,87 21,74 ANGLOGOLD LT .... 36,01 236,21 +2,83 ... Louvre) perdait 6,31 %, à 52 euros, lors AVENTIS ...... w 78,15 512,63 +1,17 77,25 FONC.LYON.#...... 26 170,55 +0,39 ... RENAULT ...... w 31,60 207,28 +0,83 31,34 A.T.T. #...... 19,26 126,34 – 1,43 ... AXA ...... w 20,60 135,13 +3,26 19,95 FRANCE TELEC ..... w 33,88 222,24 +2,20 33,15 REXEL...... w 53,05 347,99 – 3,55 55,00 BARRICK GOLD...... 18,65 122,34 +4,19 ... des premiers échanges jeudi 27 septem- BACOU DALLOZ .... 88,30 579,21 – 0,34 ... FROMAGERIES...... 97 636,28 ...... RHODIA ...... w 7,96 52,21 +1,40 7,85 COLGATE PAL...... bre, après avoir annoncé la veille un résul- BAIL INVESTI...... w 125,30 821,91 – 0,40 125,80 GALERIES LAF ...... w 128 839,62 – 1,61 130,10 ROCHETTE (LA ...... 7 45,92 +1,45 ... CROWN CORK O.... 2,49 16,33 – 8,46 ... tat net consolidé de 23,1 millions d’euros BAZAR HOT. V...... GAUMONT # ...... 29,80 195,48 +6,81 ... ROYAL CANIN...... w 134,10 879,64 +0,07 134,00 DIAGO PLC...... 10,81 70,91 – 1,28 ... BEGHIN SAY ...... w 34,88 228,80 – 0,34 35,00 GECINA...... w 86,75 569,04 – 1,31 87,90 ROUGIER #...... 53 347,66 ...... DOW CHEMICAL...... au premier semestre, en recul de 8,8 % par BIC...... w 35,25 231,22 +0,74 34,99 GENERALE DE...... 18 118,07 – 2,70 ... RUE IMPERIAL...... DU PONT NEMO ... 39,20 257,14 +0,51 ... rapport au premier semestre 2000. Son BNPPARIBAS...... w 86,90 570,03 – 0,11 87,00 GEOPHYSIQUE...... w 36,89 241,98 – 1,36 37,40 SADE (NY) ...... ECHO BAY MIN ...... 0,76 4,99 ...... chiffre d’affaires est en retrait de 0,9 %, à BOLLORE...... w 239,40 1570,36 – 0,17 239,80 GFI INFORMAT ..... w 10 65,60 – 1,96 10,20 SAGEM S.A...... w 38,50 252,54 +2,18 37,68 ELECTROLUX ...... BOLLORE INV...... 48,60 318,80 – 0,41 ... GRANDVISION...... w 14,89 97,67 +1,57 14,66 SAGEM ADP...... 27,80 182,36 ...... ELF GABON...... 151 990,50 – 0,66 ... 342,5 millions d’euros. Elle table désor- BONGRAIN ...... GROUPE ANDRE...... SAINT-GOBAIN...... w 153,60 1007,55 +0,99 152,10 ERICSSON #...... w 3,80 24,93 – 4,04 3,96 mais sur un résultat consolidé en 2001 en BOUYGUES ...... w 28,65 187,93 – 0,42 28,77 GROUPE GASCO ... 71,90 471,63 +0,42 ... SALVEPAR (NY ...... 50,05 328,31 +0,10 ... FORD MOTOR #..... 17,80 116,76 +0,91 ... BOUYGUES OFF..... w 35,65 233,85 +0,42 35,50 GR.ZANNIER ( ...... 64,40 422,44 – 0,16 ... SANOFI SYNTH...... w 70,55 462,78 +0,64 70,10 GENERAL ELEC ...... 38,60 253,20 +0,05 ... baisse de 20 % du fait des conséquences BULL# ...... w 0,80 5,25 +5,26 0,76 GROUPE PARTO.... 58 380,46 +1,75 ... SCHNEIDER EL...... w 50,15 328,96 +0,30 50,00 GENERAL MOTO.... 43,90 287,97 – 0,52 ... des attentats du 11 septembre sur son BUSINESS OBJ ...... w 21,31 139,78 – 2,65 21,89 GUYENNE GASC ... w 79,80 523,45 – 0,13 79,90 SCOR ...... w 33 216,47 – 0,45 33,15 GOLD FIELDS...... 4,59 30,11 ...... pôle de luxe. B T P (LA CI...... HAVAS ADVERT ..... w 7,40 48,54 – 1,99 7,55 S.E.B...... w 44 288,62 – 3,30 45,50 HARMONY GOLD .. 5,58 36,60 +0,72 ... b BURELLE (LY) ...... 54,95 360,45 – 0,09 ... IMERYS ...... w 97,50 639,56 – 0,31 97,80 SEITA...... 45,06 295,57 +0,33 ... HITACHI # ...... 7,20 47,23 – 1,37 ... Lagardère, qui ouvrait en baisse de CANAL + ...... w 3,53 23,16 – 0,28 3,54 IMMEUBLES DE ...... SELECTIBAIL(...... 14,74 96,69 ...... HSBC HOLDING .... w 10,52 69,01 – 3,22 10,87 4,26 %, à 32,84 euros, jeudi, a annoncé un CAP GEMINI...... w 58,95 386,69 – 2,72 60,60 IMMOBANQUE ..... 113,40 743,86 +3,56 ... SIDEL...... 50 327,98 ...... I.B.M...... w 99,05 649,73 – 0,85 99,90 résultat d’exploitation en forte baisse de CARBONE-LORR.... w 29,90 196,13 +1,32 29,51 IM.MARSEILLA ...... SILIC...... 155 1016,73 +0,58 ... I.C.I...... CARREFOUR ...... w 51,60 338,47 +0,10 51,55 INFOGRAMES E .... w 6,54 42,90 – 2,10 6,68 SIMCO...... w 71,40 468,35 +0,71 70,90 ITO YOKADO # ...... 44,06 289,01 – 3,38 ... 45 %, à 404,1 millions d’euros, au premier CASINO GUICH...... w 84,40 553,63 +1,38 83,25 INGENICO ...... w 22,40 146,93 ... 22,40 SKIS ROSSIGN ...... 13 85,27 ...... I.T.T. INDUS ...... semestre. Pour Lagardère Media, le groupe CASINO GUICH...... 57,50 377,18 – 1,37 ... ISIS OPE ...... 143,70 942,61 +5,90 ... SOCIETE GENE ...... w 54,50 357,50 +0,93 54,00 MATSUSHITA...... 12,54 82,26 – 3,46 ... w w w a abaissé ses prévisions de résultats d’ex- CASTORAMA DU ... 49,01 321,48 +0,64 48,70 JC DECAUX ...... 8,53 55,95 – 3,07 8,80 SODEXHO ALLI ...... 43,10 282,72 +1,65 42,40 MC DONALD’S...... 28,45 186,62 – 1,69 ... CEGID (LY) ...... 77,90 510,99 – 0,19 ... KAUFMAN ET B..... w 15,30 100,36 – 1,86 15,59 SOGEPARC (FI ...... MERK AND CO...... ploitation et prévoit une hausse de 5 % à CEREOL ...... w 22,04 144,57 +5,45 20,90 KLEPIERRE ...... w 96,10 630,37 – 0,93 97,00 SOMMER-ALLIB ...... MITSUBISHI C...... 7,30 47,88 +1,39 ... 12 % en 2001 (contre 12 % auparavant), du CERESTAR...... w 27,42 179,86 +5,46 26,00 LAFARGE ...... w 85,20 558,88 +0,35 84,90 SOPHIA ...... w 29,65 194,49 ... 29,65 NESTLE SA #...... w 217,30 1425,39 – 0,82 219,10 CFF.RECYCLIN ...... 38,50 252,54 – 1,28 ... LAGARDERE ...... w 32 209,91 – 6,71 34,30 SOPRA GROUP ...... w 34 223,03 +3,50 32,85 NORSK HYDRO...... 40,20 263,69 – 2,33 ... fait du ralentissement économique et des CGIP ...... w 27 177,11 – 4,15 28,17 LAPEYRE ...... w 42,19 276,75 +0,45 42,00 SPIR COMMUNI .... w 59,90 392,92 +2,83 58,25 PFIZER INC...... 41,81 274,26 +3,21 ... attentats. CHARGEURS...... 67,50 442,77 – 3,50 ... LEBON (CIE) ...... SR TELEPERFO ...... w 16,60 108,89 – 5,14 17,50 PHILIP MORRI ...... 50,85 333,55 – 0,59 ... b Le leader mondial des cartes à puces, CHRISTIAN DI...... w 25,42 166,74 – 1,85 25,90 LEGRAND ORD. .... 155 1016,73 +2,24 ... STUDIOCANAL ...... 14,50 95,11 ...... PROCTER GAMB .... 77,35 507,38 +0,06 ... CIC -ACTIONS ...... 120 787,15 +0,08 ... LEGRAND ADP...... 127,20 834,38 +5,12 ... SUCR.PITHIVI ...... 380 2492,64 – 1,55 ... RIO TINTO PL...... Gemplus International, qui perdait CIMENTS FRAN ..... w 41,49 272,16 +1,82 40,75 LEGRIS INDUS ...... w 18,50 121,35 +2,21 18,10 SUEZ...... w 36,15 237,13 +0,81 35,86 SCHLUMBERGER... 45,70 299,77 +0,75 ... 9,29 %, à 2,54 euros jeudi, table sur une bais- CLARINS...... w 69,20 453,92 +1,02 68,50 LIBERTY SURF...... 2 13,12 +0,50 ... TAITTINGER ...... 671 4401,47 – 3,17 ... SEGA ENTERPR...... 13,90 91,18 +6,11 ... se de son chiffre d’affaires au troisième tri- CLUB MEDITER ..... w 35,90 235,49 – 1,99 36,63 LOCINDUS...... 118,90 779,93 – 0,08 ... THALES ...... w 39,89 261,66 +0,48 39,70 SHELL TRANSP ...... CNP ASSURANC .... w 33,50 219,75 – 1,44 33,99 L’OREAL...... w 75,95 498,20 ... 75,95 TF1...... w 22,45 147,26 – 3,07 23,16 SONY CORP. # ...... w 40 262,38 +1,19 39,53 mestre et à une perte d’exploitation en rai- COFACE...... w 51,40 337,16 +0,78 51,00 LOUVRE #...... 52,25 342,74 – 5,86 ... TECHNIP...... w 128,80 844,87 – 0,54 129,50 T.D.K. # ...... 46,35 304,04 – 1,17 ... son notamment du recul de la demande COFLEXIP OPE ...... 163,50 1072,49 ...... LVMH MOET HE.... w 35,25 231,22 ... 35,25 THOMSON MULT . w 22,34 146,54 +0,81 22,16 TOSHIBA #...... 4,30 28,21 – 3,37 ... COLAS...... w ...... 61,00 MARINE WENDE... w 45,10 295,84 – 1,64 45,85 TOTAL FINA E ...... w 141 924,90 +1,15 139,40 UNITED TECHO..... 48,90 320,76 – 0,20 ... pour les cartes à puces pour téléphones CONTIN.ENTRE..... 40,44 265,27 – 0,02 ... MATUSSIERE F...... 6,55 42,97 +0,15 ... TRANSICIEL # ...... w 27,40 179,73 – 0,76 27,61 ZAMBIA COPPE...... 0,29 1,90 ...... mobiles et de la baisse du dollar. CPR...... 58 380,46 ...... MAUREL ET PR...... 14,30 93,80 ...... UBI SOFT ENT ...... w 25,64 168,19 – 0,81 25,85 ...... CRED.FON.FRA...... 13,15 86,26 +1,70 ... METALEUROP ...... 3,10 20,33 +1,31 ... UNIBAIL ...... w 52 341,10 – 1,33 52,70 ...... CREDIT LYONN ..... w 35,80 234,83 +0,85 35,50 MICHELIN ...... w 27,73 181,90 +0,04 27,72 UNILOG ...... w 53 347,66 – 2,57 54,40 CS COM.ET SY...... 7,25 47,56 – 4,35 ... MARIONNAUD P .. 38,49 252,48 +0,50 ... USINOR...... w 9,04 59,30 – 0,77 9,11 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 78,90 517,55 ...... MONTUPET SA...... 10 65,60 – 1,48 ... VALEO ...... w 32,87 215,61 – 0,39 33,00 ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 141,10 925,56 ... 141,10 MOULINEX ...... 1,10 7,22 +10 ... VALLOUREC ...... w 48 314,86 +0,04 47,98 ______– w – DASSAULT-AVI...... 261 1712,05 0,23 ... NATEXIS BQ P ...... 91 596,92 0,55 91,50 VICAT...... SYMBOLES DASSAULT SYS...... w 34,60 226,96 +1,53 34,08 NEOPOST ...... w 27,25 178,75 – 0,62 27,42 VINCI...... w 62,45 409,65 – 0,24 62,60 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 27 SEPTEMBRE Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 56 367,34 ...... NEXANS...... w 18,35 120,37 – 3,12 18,94 VIVENDI ENVI...... w 41,68 273,40 +0,19 41,60 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DEV.R.N-P.CA...... 14,65 96,10 – 2,98 ... NORBERT DENT ... 17,80 116,76 +4,03 ... VIVENDI UNIV ...... 50,30 329,95 +0,60 50,00 o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 octobre w DMC (DOLLFUS..... 8,52 55,89 ...... NORD-EST...... WANADOO...... 3,96 25,98 – 1 4,00 d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service + w DYNACTION ...... 20,97 137,55 4,80 ... NRJ GROUP...... 12,65 82,98 – 1,94 12,90 WORMS (EX.SO...... 17 111,51 ...... ` ´ ´ Compen- w w w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 66,30 434,90 +0,15 66,20 OBERTHUR CAR.... 5,11 33,52 – 8,75 5,60 ZODIAC...... 169 1108,57 +0,24 168,60 sation France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 6,35 41,65 +2,42 6,20 OLIPAR...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELECT.MADAGA .... 21,45 140,70 +0,23 ... ORANGE ...... w 7,67 50,31 +0,26 7,65 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 30,01 196,85 – 0,46 30,15 ENTENIAL(EX...... 27,45 180,06 – 1,96 ... OXYG.EXT-ORI...... 325 2131,86 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AGF ...... w 49,48 324,57 – 1,04 50,00 ERAMET ...... w 27,90 183,01 +1,45 27,50 PECHINEY ACT...... w 41 268,94 – 2,64 42,11 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AFFINE...... 36,79 241,33 – 0,03 ... ESSILOR INTL ...... w 30,15 197,77 – 1,08 30,48 PECHINEY B P ...... 39 255,82 – 2,38 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 12,64 82,91 +1,04 12,51 ESSO ...... 77,60 509,02 +4,51 ... PENAUILLE PO...... w 30,50 200,07 +2,69 29,70 ......

CMT MEDICAL ..... 12,30 80,68 +1,65 HF COMPANY ...... 45 295,18 ... NICOX #...... 43,20 283,37 +3,50 GFI INDUSTRI...... 16,80 110,20 +4,35 COALA # ...... 10,60 69,53 +1,92 HIGH CO.#...... 90 590,36 +8,83 OLITEC...... 12,50 81,99 ... GRAND MARNIE .. d 7500 49196,78 ... NOUVEAU COHERIS ATIX...... 8,80 57,72 – 0,45 HIGH BON DE ...... 2,70 17,71 +1,89 OPTIMS # ...... 1,70 11,15 – 3,95 SECOND GROUPE BOURB... d 44,50 291,90 ... COIL...... 16 104,95 +0,63 HIGHWAVE OPT ... w 3,62 23,75 +19,47 ORCHESTRA KA.... 0,86 5,64 – 9,47 ______GROUPE CRIT ...... 12,99 85,21 – 0,08 ´ CION ET SYS...... 1,35 8,86 – 0,74 HIMALAYA ...... 0,99 6,49 – 19,51 OXIS INTL RG ...... d 0,20 1,31 ... GROUPE FOCAL.... 49,50 324,70 – 1 MARCHE CONSODATA ...... 4,55 29,85 +1,11 HI MEDIA ...... 0,53 3,48 +1,92 PERFECT TECH .... 3,19 20,93 – 3,33 ´ GROUPE J.C.D...... 142 931,46 – 4,31 CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HOLOGRAM IND.. 5,70 37,39 +3,64 PERF.TECHNO...... d 0,19 1,25 ... MARCHE HERMES INTL...... w 132,40 868,49 – 0,38 MERCREDI 26 SEPTEMBRE CONSORS FRAN .. 1,24 8,13 +3,33 HUBWOO.COM ..... 2 13,12 +19,76 PHARMAGEST I.... 13,20 86,59 – 2,22 HYPARLO #(LY ...... 28,99 190,16 – 0,03 CROSS SYSTEM.... 0,98 6,43 – 2 IB GROUP.COM .... 1,50 9,84 – 11,76 PHONE SYS.NE..... 1,05 6,89 +75 JEUDI 27 SEPTEMBRE IMS(INT.META ...... 6,20 40,67 ... Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CRYO # ...... 2,30 15,09 – 9,80 IDP ...... 0,80 5,25 +2,56 PICOGIGA...... 3,90 25,58 +22,64 INTER PARFUM .... 51,15 335,52 +0,69 CRYONETWORKS. 0,96 6,30 – 8,57 IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PROSODIE #...... 28,20 184,98 – 1,02 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 JET MULTIMED .... 13,94 91,44 – 0,21 CYBERDECK # ...... 0,49 3,21 – 2 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... LAURENT-PERR .... 21,69 142,28 +1,83 Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 12 78,71 – 4 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROLOGUE SOF ... 3,50 22,96 +9,38 Cours Cours % Var. LDC ...... 116,40 763,53 +3,01 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 1,90 12,46 +2,70 IGE +XAO ...... 7 45,92 ... QUALIFLOW ...... 2,46 16,14 – 1,20 LECTRA (B) #...... 3,20 20,99 ... ABEL GUILLEM..... 7,80 51,16 +0,65 CYRANO #...... 0,30 1,97 +11,11 ILOG #...... 6,39 41,92 +1,59 QUANTEL ...... 4,05 26,57 ... AB GROUPE ...... 19,90 130,54 – 0,50 LOUIS DREYFU ..... d 14 91,83 ... AB SOFT ...... 4,31 28,27 +8,02 DIREKT ANLAG .... 7,40 48,54 ... IMECOM GROUP.. 1,11 7,28 +0,91 R2I SANTE...... 5,35 35,09 +9,63 ACTIELEC TEC ...... 5,30 34,77 – 3,28 LVL MEDICAL...... 11,68 76,62 +1,92 ACCESS COMME .. 2,76 18,10 +2,60 DIREKT ANLAG .... 6,05 39,69 +0,83 INFOSOURCES...... 0,53 3,48 +1,92 R2I SANTE BO ...... d 0,02 0,13 ... ALGECO #...... 80 524,77 +1,39 M6-METR.TV A...... w 18,41 120,76 – 3,61 ADL PARTNER ...... 8,33 54,64 – 11,38 DALET # ...... 1,80 11,81 – 9,09 INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... RECIF # ...... 13 85,27 +5,69 ALTEDIA...... 26 170,55 ... MANITOU #...... 41,70 273,53 +0,97 ALGORIEL #...... 2,55 16,73 +0,79 DATASQUARE #.... d 0,41 2,69 ... INFOTEL # ...... 19 124,63 +8,57 REPONSE # ...... 10,40 68,22 +4 ALTEN (SVN) ...... w 13,55 88,88 – 5,77 MANUTAN INTE... 30,72 201,51 +4,14 ALPHAMEDIA ...... d 0,52 3,41 ... DATATRONIC ...... 3,01 19,74 +0,33 INFO VISTA ...... 2,52 16,53 +5 REGINA RUBEN ... 0,56 3,67 +9,80 APRIL S.A.#( ...... 15 98,39 ... PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHA MOS #...... 2,60 17,05 +18,18 DESK #...... d 0,89 5,84 ... INTEGRA ACT...... RIBER #...... 3 19,68 ... ARKOPHARMA # .. 43,90 287,97 +2,33 PCAS #...... 18,50 121,35 ... ALPHA MOS BO.... 0,19 1,25 – 5 DEVOTEAM #...... w 15,35 100,69 +7,72 INTERCALL #...... 1,04 6,82 +15,56 RIGIFLEX INT...... 16,98 111,38 +0,47 ASSYSTEM # ...... 32,69 214,43 – 0,03 PETIT FOREST...... 39,10 256,48 +0,26 ALTAMIR & CI ...... 99,10 650,05 +0,61 DMS #...... 10,75 70,52 +4,37 IPSOS # ...... w 53,85 353,23 +5,59 RISC TECHNOL .... 5,33 34,96 +1,52 AUBAY ...... 4,30 28,21 +6,17 PIERRE VACAN...... 49,90 327,32 – 2,16 ALDETA ...... 3,74 24,53 +10 D INTERACTIV ..... 1,25 8,20 ... IPSOS BS00...... d 1,39 9,12 ... SAVEURS DE F...... 8,20 53,79 – 1,20 BENETEAU #...... 58,95 386,69 +1,81 PINGUELY HAU .... w 11,48 75,30 +0,88 ALTI #...... 6,90 45,26 +7,98 DURAND ALLIZ.... 0,48 3,15 +20 ITESOFT...... 1,72 11,28 ... GUILLEMOT BS .... d 3 19,68 ... BOIRON (LY)#...... 69,80 457,86 – 0,29 POCHET...... d 100 655,96 ... A NOVO # ...... w 13,80 90,52 – 1,50 DURAN DUBOI .... 10,05 65,92 – 3,83 IT LINK...... 2,28 14,96 +4,59 SELF TRADE...... 1,35 8,86 – 3,57 BONDUELLE...... 43,30 284,03 – 0,46 RADIALL # ...... 47 308,30 ... ARTPRICE COM.... 2,80 18,37 +4,09 DURAN BS 00 ...... d 0,15 0,98 ... IXO...... 0,51 3,35 – 3,77 SILICOMP #...... 17,50 114,79 +8,02 BQUE TARNEAU... d 67,10 440,15 ... RALLYE (LY)...... w 48,05 315,19 – 0,52 ASTRA ...... 0,52 3,41 +15,56 EFFIK # ...... 12,68 83,18 +5,67 JEAN CLAUDE ...... 0,71 4,66 – 5,33 SITICOM GROU.... 3,50 22,96 +0,29 BRICORAMA # ...... 47,90 314,20 ... RODRIGUEZ GR ... w 41,20 270,25 – 0,24 AUFEMININ.CO.... 0,59 3,87 +1,72 EGIDE #...... 58,90 386,36 +5,18 JOLIEZ REGOL...... d 0,85 5,58 ... SODITECH ING .... 4,70 30,83 +4,44 BRIOCHE PASQ .... 76 498,53 – 5 SABATE-DIOSO ..... 12,60 82,65 +0,40 AUTOMA TECH .... 3,04 19,94 – 6,46 EMME NV ...... 12,74 83,57 +11,75 KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ... SOFT COMPUTI.... 3,23 21,19 +0,94 BUFFALO GRIL..... d 9 59,04 ... SECHE ENVIRO ..... 70,80 464,42 – 0,28 AVENIR TELEC...... w 1,04 6,82 +2,97 ESI GROUP ...... 9,88 64,81 +9,78 KEYRUS PROGI ..... 0,90 5,90 – 10,89 SOI TEC SILI...... w 8,28 54,31 +8,24 C.A. OISE CC ...... d 87 570,68 ... SINOP.ASSET...... d 18,80 123,32 ... AVENIR TELEC...... d 0,11 0,72 ... ESKER...... 3,96 25,98 +19,28 LA COMPAGNIE.... 4,30 28,21 +2,38 SOI TEC BS 0...... 2,30 15,09 ... C.A. PARIS I...... 64,20 421,12 +0,08 SIPAREX CROI ...... 27,75 182,03 – 2,63 BAC MAJESTIC...... 1,75 11,48 – 3,31 EUROFINS SCI...... 11,80 77,40 +4,61 LEXIBOOK # S...... 16,90 110,86 +0,60 SOLUCOM ...... 24,70 162,02 +0,82 C.A.PAS CAL...... 145 951,14 – 0,68 SOLERI ...... d 205 1344,71 ... BARBARA BUI ...... 11,90 78,06 – 0,83 EURO.CARGO S.... 10,50 68,88 ... LINEDATA SER...... 15,66 102,72 +4,40 SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ... CDA-CIE DES...... d 44,50 291,90 ... SOLVING #...... 43,80 287,31 – 0,23 BCI NAVIGATI...... 4,35 28,53 ... FIMATEX # ...... w 2,17 14,23 +1,88 LYCOS EUROPE..... 0,85 5,58 – 7,61 SQLI ...... 1,14 7,48 +3,64 CEGEDIM #...... 45 295,18 +7,14 STEF-TFE # ...... 52 341,10 +1,76 BELVEDERE...... 19 124,63 +2,70 FI SYSTEM # ...... w 1,27 8,33 +2,42 LYCOS FRANCE..... 1,93 12,66 +20,63 STACI # ...... 1,98 12,99 – 3,41 CIE FIN.ST-H ...... d 117 767,47 ... STERIA GROUP ..... 24,48 160,58 – 1,29 BOURSE DIREC .... 1,98 12,99 +3,66 FI SYSTEM BS...... d 0,03 0,20 ... MEDCOST #...... 1 6,56 – 4,76 STELAX...... 0,25 1,64 ... CNIM #...... b 45 295,18 +7,14 SYLEA ...... d 43 282,06 ... BRIME TECHNO... 26,75 175,47 – 0,19 FLOREANE MED .. 6,97 45,72 +5,29 MEDIDEP #...... 17,10 112,17 +0,59 SYNELEC # ...... 9,01 59,10 +0,11 COFITEM-COFI..... d 54 354,22 ... SYLIS # ...... 17,64 115,71 – 2 BRIME TECHN...... d 0,20 1,31 ... GAMELOFT COM . 0,89 5,84 +30,88 MEMSCAP ...... 1,18 7,74 +1,72 SYSTAR # ...... 4,20 27,55 +2,44 DANE-ELEC ME.... 1,15 7,54 ... SYNERGIE (EX ...... d 21 137,75 ... BUSINESS ET ...... 7 45,92 ... GAUDRIOT #...... 35 229,58 +6,06 METROLOGIC G ... 40 262,38 +3,90 SYSTRAN ...... 1,45 9,51 – 2,68 ETAM DEVELOP ... 8,85 58,05 – 0,56 TEAM PARTNER ... 4,85 31,81 – 1,02 BUSINESS INT ...... 1,30 8,53 ... GENERIX # ...... 14,20 93,15 ... MICROPOLE ...... 3,09 20,27 – 1,90 TEL.RES.SERV...... 1,24 8,13 +11,71 EUROPEENNE C... 38 249,26 – 3,87 TRIGANO...... w 19,26 126,34 – 1,78 BVRP ACT.DIV...... w 5,08 33,32 +23,90 GENESYS #...... 15 98,39 – 4,46 MILLIMAGES...... 6,30 41,33 – 9,35 TELECOM CITY..... 2,33 15,28 – 0,85 EXPAND S.A...... 55,60 364,71 +0,18 UNION FIN.FR...... 30,45 199,74 +0,16 CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ... GENESYS BS00 ..... 1,05 6,89 +3,96 MONDIAL PECH ... 4,27 28,01 ... TETE DS LES ...... 1,40 9,18 ... FINATIS(EX.L ...... d 110 721,55 ... VILMOR.CLAUS ..... 66 432,93 +3,13 CALL CENTER...... 7 45,92 +1,45 GENSET...... w 2,91 19,09 +5,05 NATUREX...... 13,35 87,57 +11,25 THERMATECH I.... 9,75 63,96 +2,63 FININFO...... 30 196,79 ... VIRBAC...... 86,35 566,42 +2,55 CARRERE GROU... 15,50 101,67 +0,32 GENUITY A-RE ..... 1,40 9,18 – 2,78 NET2S # ...... 4,18 27,42 ... TITUS INTERA ...... 2,12 13,91 +10,99 FLEURY MICHO ... 22,09 144,90 ...... CAST ...... 2,71 17,78 – 3,21 GL TRADE #...... 34,90 228,93 +2,02 NETGEM...... w 1,27 8,33 +4,10 TITUS INTER...... 0,42 2,76 +20 GECI INTL...... 10,50 68,88 – 4,55 ...... CEREP...... 11 72,16 ... GUILLEMOT # ...... 10,75 70,52 +1,90 NETVALUE #...... 0,91 5,97 – 5,21 TRACING SERV..... 18 118,07 +9,09 GENERALE LOC.... 11,06 72,55 ...... CHEMUNEX ...... 0,22 1,44 +10 GUYANOR ACTI ... 0,20 1,31 +5,26 NEURONES # ...... 3,33 21,84 +13,27 TRANSGENE # ...... 6,41 42,05 +5,08 GEODIS ...... 32 209,91 +7,74 ......

E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 177,45 1164 26/09 CIC E´PARGNE DYNAM. C..... 2051,96 13459,98 26/09 CM MID. ACT. FRANCE ...... 26,38 173,04 26/09 OBLITYS D...... 111,31 730,15 26/09 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 32,31 211,94 26/09 CIC E´PARGNE DYNAM. D .... 1618,48 10616,53 26/09 CM MONDE ACTIONS...... 275,06 1804,28 26/09 PLE´NITUDE D PEA ...... 38,51 252,61 26/09 SICAV et FCP E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 276,52 1813,85 26/09 CIC EUROLEADERS ...... 322,34 2114,41 26/09 CM OBLIG. LONG TERME .... 107,56 705,55 26/09 POSTE GESTION C...... 2607,24 17102,37 26/09 E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,39 186,23 26/09 CIC FRANCE C ...... 30,16 197,84 26/09 CM OPTION DYNAM...... 27,48 180,26 26/09 POSTE GESTION D ...... 2311,28 15161 26/09 GE´OPTIM C ...... 2329,87 15282,95 26/09 CIC FRANCE D...... 30,16 197,84 26/09 CM OPTION E´QUIL...... 50,85 333,55 26/09 POSTE PREMIE`RE...... 7083,18 46462,62 26/09 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 26 septembre Fonds communs de placements CIC HORIZON C...... 66,44 435,82 26/09 CM OBLIG. COURT TERME .. 164,47 1078,85 26/09 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42308,33 277524,45 26/09 ` E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 35,86 235,23 26/09 CIC HORIZON D ...... 64,08 420,34 26/09 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 340,85 2235,83 26/09 POSTE PREMIERE 2-3 ...... 9178,70 60208,33 26/09 E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,18 224,21 26/09 CIC MENSUEL...... 1436,83 9424,99 26/09 CM OBLIG. QUATRE...... 165,42 1085,08 26/09 PRIMIEL EUROPE C ...... 43,27 283,83 25/09 e ´ Valeurs unitaires Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 36,68 240,61 26/09 CIC MONDE PEA...... 23,24 152,44 26/09 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... 790,67 5186,46 26/09 Emetteurs f ee 363,48 Euros francs cours CIC OBLI COURT TERME C .. 24,56 161,10 26/09 CM OPTION MODE´RATION . 18,97 124,44 26/09 SOLSTICE D...... 2384,27 26/09 19,50 THE´SORA C ...... 188,11 1233,92 26/09 08 36 68 56 55 CIC OBLI COURT TEME D.... 127,91 26/09 AGIPI (2,21 F/mn) CIC OBLI LONG TERME C .... 15,31 100,43 26/09 ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 157,04 1030,11 26/09 CIC OBLI LONG TERME D.... 15,12 99,18 26/09 TRE´SORYS C...... 47252,39 309955,36 26/09 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 23,27 152,64 26/09 ATOUT CROISSANCE D...... 292,79 1920,58 26/09 CIC OBLI MONDE ...... 394,88 2590,24 21/09 AME´RIQUE 2000 ...... 110,63 725,69 26/09 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 22,29 146,21 26/09 ATOUT EUROPE C ...... 451,11 2959,09 26/09 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE C...... 169,84 1114,08 26/09 CIC ORIENT ...... 120,78 792,26 26/09 ASIE 2000...... 57,27 375,67 26/09 DE´DIALYS FINANCE ...... 70,51 462,52 26/09 3615 BNP ATOUT FRANCE D ...... 153,91 1009,58 26/09 CIC PIERRE ...... 31,34 205,58 26/09 NOUVELLE EUROPE ...... 186,02 1220,21 26/09 DE´DIALYS MULTI-SECTEURS 56,74 372,19 26/09 MONEYCIC DOLLAR ...... 1416,70 .... 26/09 ´ 3607,89 23666,21 26/09 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE ASIE D ...... 67,63 443,62 26/09 SAINT-HONORE CAPITAL C . DE´DIALYS SANTE´ ...... 90,04 590,62 26/09 ATOUTFRANCEEUROPED.. 153,47 1006,70 26/09 Fonds communs de placements SAINT-HONORE´ CAPITAL D . 3308,22 21700,50 26/09 DE´DIALYS TECHNOLOGIES .. 26,67 174,94 26/09 ´ BNP MONE´ COURT TERME.. 2486,55 16310,70 25/09 ATOUT FRANCE MONDE D .. 38,69 253,79 26/09 CIAL PEA SE´RE´NITE´ ...... 844,12 5537,06 21/09 ST-HONORE CONVERTIBLES 323,60 2122,68 26/09 DE´DIALYS TELECOM ...... 39,54 259,37 26/09 ´ BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13639,64 89470,17 25/09 ATOUT MONDE C...... 46,13 302,59 26/09 CIC EUROPEA C ...... 9,08 59,56 26/09 ST-HONORE FRANCE...... 49,42 324,17 26/09 POSTE EUROPE C ...... 92,02 603,61 26/09 ´ BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11908,71 78116,02 25/09 ATOUT SE´LECTION D ...... 90,55 593,97 26/09 CIC EUROPEA D...... 8,85 58,05 26/09 ST-HONORE PACIFIQUE...... 81,58 535,13 26/09 POSTE EUROPE D...... 87,76 575,67 26/09 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 77688,06 509600,27 25/09 CAPITOP EUROBLIG C...... 100,78 661,07 26/09 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 339,94 2229,86 24/09 ST-HONORE TECH. MEDIA .. 86,47 567,21 26/09 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 198,11 1299,52 26/09 ´ ´ BNP OBLI. CT...... 165,75 1087,25 25/09 CAPITOP EUROBLIG D...... 83,15 545,43 26/09 CIC GLOBAL C...... 214,68 1408,21 26/09 ST-HONORE VIE SANTE ...... 342,66 2247,70 26/09 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 181,87 1192,99 26/09 ´ BNP OBLI. LT ...... 34,14 223,94 25/09 CAPITOP MONDOBLIG C...... 44,66 292,95 26/09 CIC GLOBAL D ...... 214,68 1408,21 26/09 ST-HONORE WORLD LEAD. . 80,07 525,22 26/09 REMUNYS PLUS ...... 102,70 673,67 26/09 BNP OBLI. MT C...... 153,70 1008,21 25/09 CAPITOP REVENUS D ...... 174,53 1144,84 26/09 CIC JAPON ...... 7,89 51,76 26/09 WEB INTERNATIONAL ...... 21,68 142,21 26/09 BNP OBLI. MT D ...... 141,07 925,36 25/09 DIE`ZE C...... 414,77 2720,71 26/09 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 933,59 6123,95 21/09 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. SPREADS...... 185,66 1217,85 25/09 INDICIA EUROLAND D ...... 92,90 609,38 25/09 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 3,79 24,86 24/09 LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1963,42 12879,19 25/09 INDICIA FRANCE D ...... 315,93 2072,36 25/09 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... 20,51 134,54 25/09 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ´ Fonds communs de placements INDOCAM AMERIQUE C...... 34,56 226,70 26/09 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 16,96 111,25 25/09 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 167,31 1097,48 25/09 CADENCE 1 D...... 157,52 1033,26 26/09 INDOCAM ASIE C ...... 15,79 103,58 26/09 ´ ´ BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1822,57 11955,28 26/09 CIC PROFIL TEMPERE...... 130,88 858,52 25/09 Fonds communs de placements CADENCE 2 D...... 155,37 1019,16 26/09 INDOCAM FRANCE C ...... 290,40 1904,90 26/09 CIC TAUX VARIABLES...... 196,15 1286,66 21/09 CADENCE 3 D...... 153,74 1008,47 26/09 STRATE´GIE CAC ...... 5043,27 33081,68 25/09 INDOCAM FRANCE D...... 238,70 1565,77 26/09 CIC TECHNO. COM...... 59,21 388,39 24/09 CONVERTIS C ...... 215,70 1414,90 26/09 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT STRATE´GIE INDICE USA...... 8041,80 52750,75 25/09 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 181,55 1190,89 26/09 15,88 104,17 26/09 INTEROBLIG C ...... 58,84 385,97 26/09 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 CIC USA ...... Fonds communs de placements CIC VAL. NOUVELLES...... 252,90 1658,92 26/09 www.lapostefinance.fr INTERSE´LECTION FR. D...... 64,95 426,04 26/09 BP OBLI HAUT REND...... 103,70 680,23 25/09 ATOUT VALEUR D...... 67,61 443,49 25/09 GTI PUNCH ...... 102,76 674,06 10/07 Sicav Info Poste : SE´LECT DE´FENSIF C...... 187,83 1232,08 26/09 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 53,66 351,99 25/09 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 191,51 1256,22 28/09 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SE´LECT DYNAMIQUE C ...... 212,30 1392,60 26/09 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 69,10 453,27 25/09 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 188,72 1237,92 28/09 www.clamdirect.com SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 155,51 1020,08 26/09 BP OBLIG. EUROPE ...... 51,65 338,80 26/09 ADDILYS C ...... 106,67 699,71 26/09 INDOCAM FONCIER...... 85,41 560,25 26/09 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 123,01 806,89 26/09 BP SE´CURITE´...... 102693,63 673626,05 26/09 ADDILYS D...... 105,83 694,20 26/09 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 232,07 1522,28 25/09 EURCO SOLIDARITE´...... 228,33 1497,75 26/09 SE´LECT PEA 1 ...... 182,39 1196,40 26/09 EUROACTION MIDCAP...... 103,77 680,69 26/09 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 22,21 145,69 26/09 MASTER ACTIONS C...... 35,45 232,54 24/09 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 489,23 3209,14 26/09 SG FRANCE OPPORT. C...... 358,23 2349,83 26/09 FRUCTI EURO 50 ...... 83,63 548,58 26/09 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 21,51 141,10 26/09 MASTER DUO C...... 13,02 85,41 24/09 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 427,10 2801,59 26/09 SG FRANCE OPPORT. D...... 335,42 2200,21 26/09 FRUCTIFRANCE C ...... 68,10 446,71 26/09 AMPLITUDE EUROPE C...... 28,41 186,36 26/09 MASTER OBLIGATIONS C ..... 29,86 195,87 24/09 SICAV 5000 ...... 135,45 888,49 26/09 SOGENFRANCE C ...... 391,58 2568,60 26/09 FRUCTIFONDS FRANCE NM 120,68 791,61 25/09 AMPLITUDE EUROPE D...... 27,21 178,49 26/09 SLIVAFRANCE ...... 232,99 1528,31 26/09 SOGENFRANCE D...... 352,88 2314,74 26/09 MASTER PEA D...... 10,49 68,81 24/09 AMPLITUDE FRANCE ...... 72,47 475,37 26/09 SLIVARENTE...... 39,02 255,95 26/09 SOGEOBLIG C...... 112,80 739,92 26/09 www.cdcixis-am.fr OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 16,48 108,10 25/09 AMPLITUDE MONDE C ...... 197,62 1296,30 26/09 15,45 SLIVINTER ...... 133,49 875,64 26/09 SOGE´PARGNE D...... 46,33 303,90 26/09 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 101,35 25/09 AMPLITUDE MONDE D...... 177,26 1162,75 26/09 ´ 17,41 TRILION...... 736,41 4830,53 26/09 SOGEPEA EUROPE...... 185,38 1216,01 26/09 OPTALIS EQUILIB. C ...... 114,20 25/09 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 14,19 93,08 26/09 ´ 15,84 103,90 SOGINTER C...... 44,30 290,59 26/09 OPTALIS EQUILIB. D...... 25/09 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 13,55 88,88 26/09 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION C ...... 12,58 82,52 25/09 ACTILION DYNAMIQUE C.... 159,22 1044,41 26/09 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 82,70 542,48 26/09 Fonds communs de placements LIVRET BOURSE INVEST...... 155,05 1017,06 25/09 OPTALIS EXPANSION D...... 12,28 80,55 25/09 ´ ACTILION DYNAMIQUE D.... 149,98 983,80 26/09 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 34,58 226,83 26/09 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 12,80 83,96 25/09 NORD SUD DEVELOP. C...... 517,14 3392,22 25/09 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,41 114,20 25/09 ´ ACTILION PEA DYNAMIQUE 57,21 375,27 26/09 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 26,30 172,52 26/09 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 42,72 280,22 25/09 NORD SUD DEVELOP. D ...... 399,10 2617,92 25/09 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,29 100,30 25/09 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 163,48 1072,36 26/09 GE´OBILYS C ...... 121,15 794,69 26/09 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 27,72 181,83 26/09 PACTE SOL. LOGEM...... 79,09 518,80 25/09 Sicav en ligne : ACTILION E´QUILIBRE D...... 152,85 1002,63 26/09 GE´OBILYS D...... 110,46 724,57 26/09 DE´CLIC BOURSE PEA...... 45,12 295,97 25/09 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 84,11 551,73 25/09 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 151,45 993,45 26/09 INTENSYS C ...... 20,65 135,46 26/09 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 15,14 99,31 25/09 E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 43,77 287,11 26/09 ACTILION PRUDENCE C ...... 170,22 1116,57 26/09 INTENSYS D...... 17,55 115,12 26/09 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,24 113,09 25/09 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 15,28 100,23 26/09 www.cic-am.com ACTILION PRUDENCE D...... 158,62 1040,48 26/09 KALEIS DYNAMISME C...... 198,61 1302,80 26/09 DE´CLIC PEA EUROPE...... 19,31 126,67 25/09 E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 54,96 360,51 26/09 INTERLION ...... 230,45 1511,65 25/09 KALEIS DYNAMISME D ...... 193,16 1267,05 26/09 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 49,26 323,12 25/09 E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,32 290,72 26/09 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,73 234,37 26/09 LION ACTION EURO ...... 76,35 500,82 26/09 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 72,17 473,40 26/09 FAVOR ...... 261,80 1717,30 26/09 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 36,86 241,79 26/09 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,83 175,99 26/09 LION PEA EURO...... 77,38 507,58 26/09 KALEIS E´QUILIBRE C...... 192,26 1261,14 26/09 SOGESTION C...... 43,65 286,33 25/09 E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 38,79 254,45 26/09 CIC AME´RIQUE LATINE ...... 81,76 536,31 26/09 KALEIS E´QUILIBRE D...... 186,25 1221,72 26/09 SOGINDEX FRANCE C ...... 430,71 2825,27 25/09 E´CUR. EXPANSION C...... 14697,56 96409,67 26/09 CIC CONVERTIBLES...... 5,34 35,03 26/09 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 186,09 1220,67 26/09 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,05 275,83 26/09 CIC COURT TERME C ...... 34,06 223,42 26/09 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 179,88 1179,94 26/09 ...... E´CUR. INVESTISSEMENTS D 44,93 294,72 26/09 CIC COURT TERME D...... 26,95 176,78 26/09 CM EURO PEA...... 18,47 121,16 26/09 KALEIS TONUS C PEA...... 61 400,13 26/09 ...... E´CUR. MONE´TAIRE C...... 223 1462,78 26/09 CIC ECOCIC ...... 330,06 2165,05 26/09 CM EUROPE TECHNOL...... 3,59 23,55 26/09 LIBERTE´ ET SOLIDARITE´ ...... 101,79 667,70 26/09 LE...... ´GENDE : e Hors frais. ee....A titre indicatif...... E´CUR. MONE´TAIRE D...... 192,31 1261,47 26/09 CIC ELITE EUROPE ...... 112,26 736,38 26/09 CM FRANCE ACTIONS ...... 29,60 194,16 26/09 OBLITYS C...... 113,08 741,76 26/09 ...... 26 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » Mariages –Mme Marc Merlo, Souvenir son épouse, Naissances Ses enfants, – Dimanche 7 octobre 2001, la messe Stéphanie AUBERT Et ses petits-enfants, paroissiale de 10 h 30, à Sainte- me Mireille et Raphaël HADAS-LEBEL, et M. et M Jacques Merlo d'Ancy, Geneviève des Grandes-Carrières, son frère et sa belle-sœur, e Inabeth et William MILLER, Bruno SMADJA 174, rue Championnet, Paris-18 , sera et leurs enfants, célébrée à l'intention et en souvenir de Le général André Biard Anne, Scott et Clara MILLER, Et toute la famille, ont la joie d'annoncer la venue au monde ont le plaisir d'annoncer leur mariage, ont la tristesse de faire part du décès du Mme Simone RICAU, de qui sera célébré, le 29 septembre 2001, Ancien grand chancelier de la Légion d’honneur au Pays basque. vice-amiral d'escadre décédée en Gascogne, le 30 août 2001. Nathan, Marc MERLO (c.r.), LE GÉNÉRAL ANDRÉ BIARD, d’état-major de l’armée de terre, 9, place du Grand-Carrefour, officier de la Légion d'honneur, La famille saluera ses amis à l'issue de commandeur de l'ordre national ancien grand chancelier de la puis, élevé au rang et à l’appella- le 8 août 2001. 27000 Evreux. la cérémonie, et souhaite que tous ceux du Mérite, Légion d’honneur, est mort lundi tion de général de corps d’armée, qui l'ont connue soient présents ou aient 24 septembre, à Menton (Alpes- il est major général de l’armée de 15, rue Las Cases, une pensée pour elle. 75007 Paris. Décès le 25 septembre 2001, à l'âge de Maritimes). terre (le numéro 2 de la haute hié- soixante-six ans. – Paul-Emile Autié, Né le 23 juillet 1918 à Falaise (Cal- rarchie de cette armée). En 1975, Avis de messe vados), ancien saint-cyrien, André il prend le commandement de la Dominique Autié et Sylvie Astorg, La cérémonie religieuse sera célébrée Biard est blessé et fait prisonnier région militaire de Metz avant Nathan ont la tristesse de faire part du décès de le vendredi 28 septembre, à 11 heures, en la chapelle du Val-de-Grâce, 1, place Louis CHEVALIER en mai 1940 alors qu’il sert dans un d’être élevé au rang et à l’appella- Alphonse-Laveran, Paris-5e. a vu le jour le 31 août 2001, pour Jacqueline AUTIÉ, régiment de tirailleurs algériens. tion de général d’armée en 1976 et nous a quittés. re l'immense bonheur de ses parents, Rapatrié sanitaire en 1941, il est de commander la 1 armée, dont le survenu le 22 septembre 2001, dans sa « Au soir de votre vie, Judith SIMONY affecté dans un corps civil en PC est à Strasbourg et qui réunit soixante-seizième année. vous serez jugés sur l'Amour. » En sa mémoire, une messe sera Algérie, mais il reprend du service l’ensemble des divisions de l’armée et célébrée le 4 octobre 2001, à 18 h 30, en en 1942 dans un régiment de de terre. En 1979, le général Biard Frédéric MUNIER, La cérémonie religieuse a eu lieu le – Christiane Bayet, l'église Saint-Etienne-du-Mont, à Paris, tirailleurs algériens, puis dans un atteint la limite d’âge de son rang et de leurs familles. 26 septembre, en l'église de Châtillon, et sa mère, près du Panthéon. régiment de tirailleurs marocains, et il quitte l’armée d’active. l'inhumation à Bourg-la-Reine, où elle John Mickus, son mari, De la part de avec lesquels il aura fait, en En juin 1981, le général Biard Tous, nous lui souhaitons la plus repose auprès de heureuse des vies. Catherine, Francis et Elizabeth, Emilio Luque. gagnant ses galons de capitaine, remplace comme grand chancelier ses enfants, toute la seconde guerre mondiale de la Légion d’honneur le général Olivier. Leurs conjoints, jusqu’en 1945. En 1952, le comman- Alain de Boissieu, gendre du géné- Anniversaires de naissance Ses petits-enfants, Débats dant Biard entre à l’état-major des ral de Gaulle, qui a donné sa démis- 28, rue des Pierrelais, Sa famille, L'art numérique face à la critique, forces françaises au Nord-Vietnam sion pour n’avoir pas à remettre le 92320 Châtillon. Ses amis, débat animé par Eléonore, ont la douleur d'annoncer le décès de puis, après plusieurs postes en éco- collier de grand-maître de l’ordre à 4, place Jeanne-d'Arc, Edmond Couchot, 31000 Toulouse. professeur à l'université Paris-VIII. les et en état-major à Paris, il sert François Mitterrand, élu à l’Elysée. vingt ans aujourd'hui ! Monique MICKUS, en Algérie, dans la région de Mosta- Le général Biard restera en fonc- fondatrice du Lycée international me Le samedi 29 septembre 2001, ganem, comme colonel au sein de tion jusqu’en juin 1992. Bonne chance, et garde toujours ton –M Bertrand Bodet, de Los Angeles, à 15 heures, à l'auditorium de la la 41e brigade, après les accords Titulaire de la croix de guerre beau regard curieux sur le monde. née Iñes Bakic, le 25 septembre 2001, à Los Angeles. Maison européenne de la photo, d’Evian. 1939-1945 et des TOE (théâtres son épouse, Emmanuelle et Lorraine, 5, rue de Fourcy, Paris-4e. En 1967, André Biard, promu d’opérations extérieurs) et de la Nous t'aimons. ses filles, Famille Bayet - Mickus, général de brigade, sert à l’état- croix de la Valeur militaire, le géné- Mme Jacques Bodet, 8946 Noble Av., Papa, Maman et Bérénice. North Hills CA 91343 USA. Cours major de l’armée de terre et, deux ral André Biard était grand-croix née Christiane Lefrançois, ans plus tard, il commande l’école de la Légion d’honneur et grand- sa mère, COURS D'ARABE – Joyeux anniversaire, d’application de l’infanterie. A par- croix de l’ordre national du Mérite. M. et Mme Christian Bodet – Pierre Salles, tous niveaux, jour, soir, samedi. tir de 1973, avec le grade de général et leurs enfants, son époux, Insc. AFAC : 01-42-72-20-88 de division, il devient sous-chef Jacques Isnard Mireille ! Mme Catherine Deege-Bodet Tristan et Valérie Salles, son fils et sa belle-fille, et ses enfants, Jean-Baptiste et Grégoire, Séminaires Raphaël, Anne, Jean, Hélène, M. et Mme Maxime Bodet Emmanuelle, Laure, ses petits-enfants, Hourik C. Zakarian, NOMINATIONS cement de René Forceville, par et leurs enfants, ont la tristesse de faire part du décès de Scott, Clara et Nathan. M. et Mme Fabio Lucchini-Gilera psychanalyste, formateur, décret publié au Journal officiel du directrice de L.A.C. international, ASSEMBLÉE NATIONALE 26 septembre. et leurs fils, Marie Françoise SALLES, ses frères, sœur, beau-frère et belles- ancien conservateur des bibliothèques et Yves Leclercq, Jean-Pierre Pujol, maire (PS) de [Né le 24 août 1942 à Nîmes (Gard), Henri – Bon anniversaire, psychiatre, psychanalyste, sœurs, de la Ville de Paris, Nogaro (Gers), est devenu député font savoir que la saison 2001-2002 de Vignal est licencié en droit et a été inspecteur docteur Eve ROSNER, Les familles Bodet, Bakic, Lefrançois, de la 1re circonscription du Gers des impôts avant d’être élève à l’ENA (1970- survenu le 20 septembre 2001. leur groupe mensuel de supervision de Pénau, Eliopoulos, Laffin, psychothérapeutes débutera à Paris le après le décès de Claude Desbons 1972). Il a été notamment en poste à Londres mère épatante de Manon et Nina. ont la profonde douleur de faire part du (Le Monde du 27 septembre), dont il (1975-1978), à Tunis (1984-1989), à Rio de La cérémonie a eu lieu le lundi 22 octobre 2001, à 21 heures. décès subit de 24 septembre, dans l'intimité. était le suppléant depuis juin 1997. Janeiro (1989-1991) et à l’administration cen- Irremplaçable remplaçante en Renseignements et inscriptions médecine et simplement géniale. [Né le 30 juin 1941 à Condom (Gers), di- trale du Quai d’Orsay. Il a été aussi conseiller Bertrand BODET, La Gestière, au : 01-44-07-48-48. recteur d’école retraité, Jean-Pierre Pujol technique (1978-1981) au cabinet de Pierre Ber- 50370 Brecey. est maire de Nogaro depuis mars 1989 et nard-Reymond, secrétaire d’Etat aux affaires Tu m'as pris dans tes yeux et j'y ai vu survenu le 30 août 2001, à l'âge de un Mensch. Communications diverses conseiller général du Gers, élu du canton de étrangères, et ambassadeur au Venezuela cinquante et un ans, en l'île de Hvar – Jean-Pierre, Elisabeth, Dominique (Croatie). Nogaro, depuis mars 1994.] (1993-1996). De janvier 1997 à juin 1998, Henri Je veux te dire ma bien-aimée, en ce et Laurence, M. Jean Paul Samnick, Vignal a été détaché en qualité de délégué géné- jour jaune anis, toute ma tendresse et tout ses enfants, président de l'association La cérémonie religieuse et DIPLOMATIE ral aux relations internationales au cabinet de mon amour. Manuelle, Antoine, Frédérique, Participation à l'intégration sociale et au l'inhumation ont eu lieu à Jelsa, Hvar. Mathieu, Mathilde, Cécile, Jérôme, Henri Vignal a été nommé am- Jean Tiberi, maire de Paris, et, depuis juin 1998, développement économique, vous prie Alexandre et Luc, de bien vouloir assister au débat bassadeur à l’île Maurice, en rempla- il était inspecteur des affaires étrangères.] Philippe. Une messe en sa mémoire sera ses petits-enfants, Notre contrat pour l'alternance, par célébrée le samedi 6 octobre, à Paris-2e, ont la douleur de faire part du décès de Jacques Barrot, ancien ministre, député de la Haute-Loire, président du en la basilique Notre-Dame-des- me Victoires, place des Petits-Pères, à M Jeanne VIDAL, conseil général de la Haute-Loire, 9 heures du matin. Jean-Pierre Raffarin, ancien ministre, survenu le 26 septembre 2001, à Paris, à sénateur de la Vienne, président de la quelques jours de ses quatre-vingt-huit région Poitou-Charentes, Mme Bertrand Bodet, ans. 74, rue du Faubourg-Saint-Antoine, Dominique Perben, ancien ministre, 75012 Paris. Elle fut notamment bibliothécaire, député et maire de Chalon-sur-Saône, BALLADE AU FIL fondateur de Dialogue Initiative, qui Mme Jacques Bodet, conseillère technique de l'UNAF, aura lieu le mercredi 17 octobre 2001, de Hotélia, membre du comité des programmes de 8 h 30 à 10 heures, DU FLEUVE NIGER 1, rue du Diapason, l'ORTF et présidente du Parti démocratique des femmes. au Fouquet's, salon Nimier, 69003 Lyon. 99, avenue des Champs-Elysées, E 2,74 18 FF / e 2001 Paris-8 . ctobre La crémation aura lieu le samedi au 3 o du 27 N° 569 –Mme Geneviève Fontaine, 29 septembre, à 9 h 15, au Père- Renseignements : son épouse, Lachaise. Tél. : 01-48-08-12-88, Mme Thérèse Passouant, Fax : 01-48-08-25-75. www.courrierinternational.com sa sœur, Ils rappellent le souvenir de François et Clotilde Fontaine, Soutenances de thèse Jean-Marc Fontaine et Marie Pierre VIDAL, Langlois, – Le vendredi 5 octobre 2001, à son mari. Lise et Alain Jacob, 14 heures, à l'université Jean-Moulin - Anne Beaucaire, Lyon-III, salle Caillemer, Françoise ses enfants, Anniversaires de décès Denoyelle soutiendra une habilitation à Antoine et Edith, Jules (†), Auguste, diriger des recherches : «La Gabrielle, Zoé, Marie, Adrien, Lola, – Nous rappelons à votre souvenir photographie sous le régime de Vichy. Basile, Anne, Valentine, Félix, Production, diffusion des Rabah BELAMRI, photographies et organisation de la ses petits-enfants, poète et romancier, Jeanne et Roland, profession. Aryanisation des entreprises parisiennes de ses arrière-petits-enfants, qui nous quittait le 28 septembre 1995. Ses neveux, ses nièces, ses alliés, photographie », sous la direction de M. Jean-Pierre Esquenazi. Et Marie-Laure Lecourtès, au seuil de chaque lettre Le jury sera composé de MM. les ont la tristesse de faire part du décès de j'entends professeurs Pierre Sorlin, professeur la cloche des perdus émérite, Paris-III ; Jean-Pierre Bertin- quel appel Michel FONTAINE, Maghit, Bordeaux-III ; Jean-Pierre ministre plénipotentiaire, pour donner à la mort une oasis de lumière Esquenazi, Lyon-III ; Roger Odin, Paris- officier de la Légion d'honneur, III ; Jean-François Tétu, Lyon-III. commandeur de l'ordre national R. B. du Mérite, médaille de la Résistance, – Il y a dix ans, CARNET DU MONDE TARIFS année 2001 - TARIF à la ligne survenu à son domicile, le Philippe COULAUD DÉCÈS, REMERCIEMENTS, 24 septembre 2001, dans sa quatre-vingt- AVIS DE MESSE, huitième année. nous quittait. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 141 F TTC - 21,50 E Les obsèques se dérouleront dans Il avait trente-trois ans. TARIF ABONNÉS 119 F TTC - 18,14 E l'intimité familiale. NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, Il aimait la vie. MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS 83, avenue Denfert-Rochereau, 600 F TTC - 91,47 E FORFAIT 10 LIGNES Ta famille et tes amis te gardent dans E 75014 Paris. TARIF ABONNÉS 491 F TTC - 74,85 leur cœur. FORFAIT 10 LIGNES La ligne suppl. : 60 F TTC - 9,15 E – Paul et France de Kervasdoué « Il n'est nulle douleur THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 E que le temps n'apaise. » COLLOQUES - CONFÉRENCES : et leurs enfants, Nous consulter Jean et Anne de Kervasdoué, m01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 18 F ■ leurs enfants et petits-enfants, Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] Maryvonne et Christian Guignot En kiosque et leurs enfants, Chaque lundi avec Michel de Kervasdoué et ses enfants, ont la douleur de faire part de la mort de Trois scénarios de guerre ■ la 0123 SPÉCIAL TERRORISME vicomtesse DATÉ MARDI ■ Juliette de KERGUIZIAU Ces Afghans qui sont prêts à mourir Texans et de KERVASDOUÉ, retrouvez pacifistes, tous patriotes ■ Vers une récession survenue le mardi 25 septembre 2001, à l'âge de quatre-vingt-six ans. LE MONDE La cérémonie religieuse aura lieu le Et chaque jour : www.courrierinternational.com vendredi 28 septembre, à 9 heures, en l'église Notre-Dame d'Auteuil, 4, rue ECONOMIE Corot, Paris-16e. 27 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

TECHNOLOGIE L’enquête sur personnes et blessé des centaines des engrais (43 millions de tonnes en contact avec une très forte source b UNE « RECETTE » que les artificiers l’explosion, qui a entraîné la destruc- d’autres, s’annonce difficile. b NOM- d’ammonitrates sont produits chaque de chaleur. b CE PHÉNOMÈNE est ont reprise pour fabriquer des explo- tion, à Toulouse, d’une partie impor- BRE DE POINTS restent obscurs. La année dans le monde) est, de l’avis favorisé si la matière est confinée et si sifs (nitrate-fuel) destinés à l’exploita- tante de l’usine chimique de Grande matière première incriminée, le nitra- des chimistes, un composé plutôt elle est polluée par des impuretés. En tion des mines et carrières. Environ Paroisse, causé la mort de vingt-neuf te d’ammonium utilisé pour fabriquer stable. b IL N’EXPLOSE que s’il est mis particulier par des hydrocarbures. 4 MT sont produites chaque année. Les chimistes ne s’expliquent pas les causes de la catastrophe de Toulouse La thèse de l’accident, telle qu’elle est formulée par le procureur de la République, ne résiste pas à l’analyse des spécialistes. L’explosion du nitrate d’ammonium requiert un important apport d’énergie que l’enquête n’a pas encore identifié

LES PREMIERS éléments de nitrate d’ammonium, les granulés d’une charge de dynamite pour l’enquête sur l’explosion, vendredi d’engrais étaient enrobés de cire. partir. « On a utilisé des millions de 21 septembre, de l’usine Grande Troisième et dernier exemple tonnes d’ANFO depuis les Paroisse (groupe TotalFinaElf) de livré par Christian Michot, lors années 50, rappelle Christian Toulouse posent plus de questions d’un incendie il y a quelques Michot, il n’y a jamais eu d’explo- qu’ils n’apportent de réponses. Les années dans une usine américai- sion spontanée. De plus, il est impos- explications apportées par le pro- ne : « Un stock de nitrate d’ammo- sible qu’il y ait eu autoéchauffement cureur de la République, Michel nium a commencé à fondre, ce qui du tas de nitrate d’ammonium. Une Bréard, et le PDG de la société, arrive au-delà d’une certaine tempé- confusion existe peut-être avec les Michel Perratzi, se révèlent non rature. Une flaque de nitrate d’am- fermentations dans les silos de grain seulement contradictoires mais monium liquide – qui est plus sensi- ou avec les engrais complexes qui, également peu cohérentes avec les ble que le produit solide – s’est en plus d’un composé azoté, contien- commentaires des spécialistes de donc formée au pied du tas. Est sur- nent aussi du phosphore et du potas- la fabrication du nitrate d’ammo- venu un choc mécanique important, sium et peuvent donner lieu à des nium, l’engrais chimique stocké peut-être la chute d’une poutrelle. combustions spontanées lentes, com- dans l’entrepôt dont l’explosion La flaque a explosé mais l’énergie me cela a été le cas à Nantes en est à l’origine du drame. libérée n’a pas été suffisante pour 1987, mais pas à des explosions. » Ainsi, pour le procureur, «ilya faire exploser le tas d’engrais. » Certains produits abaissent la 99 % de chances pour que ce soit L’image de la petite étincelle température à partir de laquelle un accident », dû au fait que le mettant le feu aux poudres ne l’explosion se déclenche, mais ce stock de nitrate d’ammonium peut s’appliquer ici. Pour déclen- seuil ne descend jamais en des- incriminé aurait été le siège « d’un cher l’explosion d’un stock de sous de 150 ˚C. D’autres provo- processus physico-chimique engagé 300 tonnes de nitrate d’ammo- quent, voire accélèrent la depuis quatre-vingts ans, un proces- nium, une simple flamme ou un décomposition chimique du sus long, complexe, qui a dû s’accé- court-circuit ne suffisent pas. La nitrate d’ammonium mais, dans lérer dans les jours qui ont précédé thèse d’une projection et d’un tous les cas, il faut une source l’explosion ». choc mécanique ne tient pas non importante d’énergie pour lancer De son côté, le PDG de Grande plus. Des expériences ont été le processus explosif. Paroisse a évoqué les hypothèses menées impliquant le choc par un Les débuts d’explication livrés de « la présence d’un corps étran- mouton d’acier ou la traversée par par les enquêteurs ne résistent ger dans le nitrate » ou d’«une PASCAL PAVANI/AFP une balle, sans que cela ait le moin- donc guère à l’analyse, puisqu’ils transformation chimique dans le Ce qu’il reste de l’usine pétrochimique AZF à Toulouse après l’explosion du 21 septembre. dre effet. n’évoquent jamais le « détona- bâtiment », se rapprochant ainsi teur ». Le degré de confinement de la thèse du procureur. b Comment le nitrate d’am- de chimiste, c’est un produit norma- te et de nitrate d’ammonium qui b Du nitrate d’ammonium reste à préciser et le mélange avec Michel Perratzi a également monium devient-il un produit lement stable. Cet oxydant très fort s’était formé sous une croûte, les pollué par des impuretés ou un polluant organique paraît peu avancé la possibilité « d’un déclen- explosif ? est cependant classé comme très ingénieurs ont utilisé de la dyna- d’autres produits est-il capable probable pour un produit défini chement dû à une explosion provo- Le postulat de départ – que l’en- réactif et peut exploser sous certai- mite. L’énergie ainsi – imprudem- de s’auto-enflammer ? comme un « en-cours » de pro- quée par une projection venant des quête en cours a tendance à pas- nes conditions. » ment – fournie a provoqué une Avancées par les enquêteurs et duction. bâtiments de fabrication » tout en ser sous silence – est sans appel, La condition sine qua non est la explosion considérable qui a tué le PDG de Grande Paroisse, les Le procureur de la République a assurant : « Nous ne croyons pas sans ambiguïté : « Le nitrate d’am- présence d’une grosse source plusieurs centaines de personnes. hypothèses de « la présence d’un cité des témoignages écartant la qu’il y ait eu une défaillance des monium ne peut pas exploser sans d’énergie. Dans la littérature scien- Autre drame parlant, la destruc- corps étranger dans le nitrate » ou thèse d’un incendie. Si l’on privilé- installations de fabrication, l’origi- l’apport d’une quantité d’énergie tifique, les températures nécessai- tion, en avril et en juillet 1947, à de la pollution du hangar – ou du gie celle de l’accident, une des seu- ne n’est pas une première explo- importante, martèle Christian res à une explosion sont supérieu- Texas City (600 morts), et à Brest sous-sol – par des matières organi- les possibilités restantes consiste à sion. » On voit cependant mal com- Michot, directeur de la certifica- res à 200 ºC, voire 250 ˚C. Sous (une vingtaine de victimes), de ques, conduisant à « une transfor- penser qu’une première explosion ment une « projection » issue des tion à l’Institut national de l’envi- l’effet de la chaleur, le nitrate deux navires en feu transportant mation chimique dans le bâti- sur une chaîne de production voisi- bâtiments de fabrication pourrait ronnement industriel et des ris- d’ammonium se décompose très du nitrate d’ammonium dans ment », sont loin d’être suffisantes ne aurait pu provoquer une très se produire sans défaillances des ques (Ineris). Par ailleurs, il faut rapidement, libérant des gaz qui leurs cales. Toutes les conditions pour expliquer la catastrophe. forte élévation de température installations… préciser qu’existent plusieurs pro- génèrent l’onde de choc. Deux nécessaires à une explosion Le mélange de nitrate d’ammo- dans le hangar de stockage. Globalement, ces premières duits avec des qualités différentes. conditions favorisent l’explosion : étaient réunies : une forte cha- nium avec une proportion de fioul Mais, en tout état de cause, il hypothèses de l’enquête se révè- L’engrais est le moins sensible des le mélange avec des produits dits leur, un confinement excep- bien précise donne bien l’explosif semble difficile d’écarter «à lent peu convaincantes de l’avis de produits constitués de nitrate d’am- incompatibles comme des hydro- tionnel et la présence d’autres industriel (ANFO, selon l’acrony- 99 % » la possibilité d’un acte de ceux qui fabriquent et qui utilisent monium. » Brigitte Diers, directri- carbures, des matières organi- composés. me anglais ammonium nitrate-fuel malveillance. le nitrate d’ammonium. Elles ce de l’unité de prévention du ris- ques, des acides et des réducteurs, A l’époque, en effet, pour lutter oil) le plus utilisé dans le monde. conduisent à se poser les ques- que chimique au CNRS, va dans le et le confinement, qui empêche contre la grande hygroscopicité Mais l’ANFO lui-même est un com- Michel Alberganti tions suivantes : même sens : « D’un point de vue l’échappement des gaz de décom- (capacité à absorber de l’eau) du posé stable, qui nécessite l’ajout et Pierre Barthélémy position. Dans le cas de Toulouse, le degré de confinement reste à Fuite d’ammoniac en mars 1998 définir précisément. Une modifica- TROIS QUESTIONS À… pour éviter les mélanges avec des duit à 170 ˚C ou 180 ˚C. C’est ce qui tion du hangar de stockage, qui polluants lors des opérations de s’est produit à Terra, aux Etats- Accusés de « négligences » dans le maintien de la sécurité de leur mesurait 2 400 m2, aurait divisé YVES CASENOVE nettoyage, par exemple. Par Unis (Iowa), en 1994. usine, les dirigeants et les salariés d’AZF Toulouse ont vivement reje- cette surface par deux et créé des rapport à l’activité de fabrication té ces critiques. Michel Perratzi, le président de Grande Paroisse, filia- zones d’entreposage séparées par Vous êtes le directeur de d’engrais que nous avons prati- Quelles conditions doivent être le du groupe TotalFinaElf dont dépendent les installations toulousai- des parois en béton. 1l’usine Hydro Chemicals France, quée jusqu’en 1992, nous sommes 3réunies pour transformer le nes, a déclaré : « Notre usine de Toulouse était, me semble-t-il, convena- filiale du groupe norvégien Norsk plus sévères. Ainsi, nous ne sous- nitrate d’ammonium en explosif ? blement entretenue, nous avions toutes les certifications. » b Quels peuvent être les déto- Hydro, de Pardies (Pyrénées-Atlan- traitons pas l’emballage de notre En phase solide, il faut intro- Lors d’un séminaire tenu à Lyon en avril 1999, le Réseau de l’Union nateurs ? tiques), qui produit 100 000 ton- production afin que cette opéra- duire une proportion stœchiomé- européenne pour le respect des droits à l’environnement (Impel), Les accidents du passé donnent nes par an de nitrate d’ammonium tion soit effectuée par des gens de trique d’un produit organique tel s’est interrogé sur les origines d’ une importante fuite d’ammoniac une bonne idée de l’ampleur de destinées à la fabrication d’explo- métier. Le plus important, c’est de que le fuel dans le nitrate d’ammo- – environ 10 tonnes – survenue en mars 1998 dans une unité de l’apport énergétique nécessaire sifs. Quelles sont les mesures de garder le nitrate d’ammonium nium. Ensuite, il faut disposer d’un production d’urée de l’usine chimique de Grande Paroisse de Toulou- pour déclencher un processus sécurité essentielles dans une pur, car dans cet état les risques espace confiné. Enfin, une amorce se. Dans son constat, l’Impel évoquait des défauts d’organisation et explosif. usine qui traite ce produit ? d’accident sont pratiquement doit créer la détonation. Le nitrate d’exploitation (prises de décision sans analyses, ni vérifications, man- La première catastrophe impli- Nous veillons particulièrement nuls. d’ammonium se décompose alors que d’information en salle de contrôle, aucune procédure d’alerte quant le nitrate d’ammonium a eu au suivi du nitrate d’ammonium en azote, gaz carbonique et eau. entre l’industriel et le réseau local de mesure de la qualité de l’air) et lieu en 1921 à l’usine BASF d’Op- pour prévenir sa contamination Le nitrate d’ammonium stocké La libération de ces gaz fait aug- des défauts de conception et de fiabilité des matériels (aucune détec- pau, en Allemagne. Voulant désa- par d’autres produits. Nous utili- 2à l’état solide peut-il exploser ? menter la pression à l’intérieur de tion de fuite d’ammoniac à la cheminée, manque de détecteurs de gréger un imposant bloc de plu- sons des silos à air conditionné et Sur la centaine d’usines qui fabri- l’enceinte jusqu’à l’explosion, qui dysfonctionnement...). sieurs milliers de tonnes de sulfa- nous prenons des précautions quent ce produit dans le monde, produit une onde de choc pouvant aucune n’a, à ma connaissance, atteindre une vitesse de 1 000 à subi d’explosion de produit sec. 5 000 m/s. Pourtant, j’ai visité une unité en Le produit étant insensible à 28 juillet 1947 : « Le sol sembla se dérober sous nos pieds » Roumanie dans laquelle le mot l’autoallumage, il faut, de toute sécurité ne semblait pas exister. façon, qu’une amorce soit créée « UN JOUR que Fanchon était menton. Un long éclat de vitrine les établissements de pétrole Jupi- du Monde, que, connaissant le dan- Pendant la dernière guerre mon- par quelque chose qui fermente à plus fatiguée que d’habitude et s’était fiché dans le dos d’une ado- ter, dont les réservoirs contenaient ger [l’explosion, huit semaines diale, un tas de nitrate d’ammo- l’intérieur du tas, comme un qu’on l’avait accueillie au magasin lescente qui réclamait ses parents. une quantité importante d’essence, plus tôt, du cargo Grandcamp à nium a été bombardé par les Alle- animal en décomposition déga- par ces mots : “Alors c’est pour bien- Sur le trottoir, un chien hurlait ; ont été la proie des flammes ; les Texas City, où « il plut de l’acier » mands à Rouen. Il n’a pas explosé. geant du méthane qui, lui, pour- tôt ?”, se produisit une explosion on entendait au loin la sirène des dépôts de pétrole du Vieux Saint- et où plusieurs centaines de per- Les seuls accidents connus rait s’autoallumer. Dans tous les telle que je crus sur le coup la Terre pompiers. » Marc, les bâtiments des entreprises sonnes trouvèrent la mort], on concernent le produit à l’état cas de figure, l’explosion de nitra- pulvérisée », raconte Anne-Marie industrielles, situées au Gave ou à n’ait pas suffisamment averti la liquide dans la chaîne de fabrica- te d’ammonium stocké à l’état soli- Kervern Queffeleant dans le « UNE VIOLENCE INOUÏE » proximité, ont également subi de population et les ouvriers du port tion. Là, le contrôle de l’acidité de me paraît très difficilement roman Les Faubourgs et la Rade. A ce témoignage repris par le grands dégâts. Il en est de même de de la nécessité qu’il y avait de (pH) et de la contamination (chlo- explicable. C’était le 28 juillet 1947, à 17 h 30. quotidien breton Le Télégramme la cité commerciale, où un grand s’éloigner le plus rapidement pos- rure, cuivre…) est important. Une L’Ocean-Liberty, un liberty-ship dans un supplément consacré aux nombre de magasins et de bara- sible du bassin où se trouvait le décomposition peut se produire Propos recueillis par norvégien en provenance de Bal- 100 Jours du siècle en Bretagne, ques appartenant aux commer- navire incendié. » car le processus fait monter le pro- Michel Alberganti timore transportant de l’acier, fait écho celui de l’envoyé spécial çants sinistrés de l’ancien centre de des produits manufacturés et du Monde à Brest. « L’explosion Brest [déjà ravagé par la guerre] 3 000 tonnes de nitrate d’ammo- qui volatilisa la majeure partie de ont été gravement endommagés nium destinées à la fabrication l’Ocean-Liberty fut d’une violence par le souffle et le feu. » d’engrais, explose dans le port de inouïe ; elle s’accompagna d’un tel Brest après qu’un incendie s’est déplacement d’air que plusieurs COULER LE NAVIRE déclaré dans l’une des cales. immeubles furent soufflés en un ins- Le bilan est lourd. Vingt-deux « La vitrine vola en éclats, les bou- tant, et les vitres totalement émiet- morts, deux disparus et des teilles tombèrent des étagères, le sol tées non seulement à Brest et dans dizaines de blessés. En particulier STEINER, A FLEUR D’ALCANTARA sembla se dérober sous nos pieds. ses faubourgs, mais également à parmi les curieux venus en masse venez découvrir la collection des (…) Ma mère, qui m’avait instincti- des lieues à la ronde. (...) Consécuti- sur les remparts de la ville pour CANAPÉS STEINER du 20/09 vement protégée de son corps, se vement à l’explosion, des incendies assister aux tentatives désespé- au 7/10 à des prix exceptionnels. redressa, la jupe détrempée par le s’allumèrent un peu partout dans rées de remorquer et de couler le OUVERTURE EXCEPTIONNELLE DIMANCHE 30 /09 vin et la bière des bouteilles cas- la ville », bombardée par une navire en feu, qui, par malchance, sées. Devant moi une femme était pluie d’acier et dévastée par le s’échouera sur un banc de sable. Topper Espace Steiner e évanouie dans les tessons de verre ; souffle de l’explosion. « On s’étonnera, commente au len- 63,rue de la Convention - Paris 15 Tél.:01 45 77 80 40 - M° Boucicault - Parking gratuit un filet lui coulait du nez vers le « Les hangars de la jetée de l’Est, demain du drame l’envoyé spécial 28 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 AUJOURD’HUI-CONSOMMATION

Petit vocabulaire L’euro presque sans peine b Arrondis : règle utilisée lors de la conversion francs-euros. Les montants doivent être A J-95 du passage à la nouvelle monnaie arrondis avec seulement deux chiffres après la virgule. quelques conseils pour en connaître le minimum Si la troisième décimale est supérieure ou égale à 5, « QUELLE DIFFÉRENCE y a-t-il guichetiers, soucieuse qu’ils puis- on arrondit au cent supérieur ; entre un franc et un euro ? La même sent se prémunir contre les faux si elle est inférieure à 5, qu’entre une côte de bœuf aux billets, celles des commerçants qui on arrondit au cent inférieur. morilles et un hamburger ! » Cette seront brusquement confrontées à b Cent : un centime d’euro. blague médiocre reflète bien l’état la nouvelle devise le 1er janvier, cel- La plus petite des pièces d’euro d’esprit de la population française, les apportées aux entreprises par vaut 1 cent soit 0,07 franc. Utilisé qui globalement accepte l’idée leurs comptables, aux enfants par dans tous les pays de la zone d’une nouvelle monnaie, puisqu’il leur maîtresse d’école. Il existe euro, le nom doit être évité en faut bien y passer, mais préfère net- même divers produits dérivés de France, en raison de sa similitude tement les petits plats anciens. l’euro, œuvres de peintres vendues avec le mot cent (hundred en Selon un sondage Ipsos publié lors de séances d’information, mon- anglais), qui désigne par exemple dans Le Journal du dimanche du tres convertisseurs, sans même évo- un billet de 100 F. Il convient 23 septembre, si huit Français sur quer les divers stylos ou tee-shirts. de nommer le cent dix s’estiment bien informés du « centime d’euro ». prochain passage, seuls 9 % d’entre MAUVAISE VOLONTÉ b Fiduciaire : désigne la monnaie eux ont déjà réalisé un paiement Depuis la mi-septembre, la Ban- physique (le mot vient de fiducia, par carte bancaire en euros, qui ne que centrale européenne (BCE), qui signifie confiance en latin), nécessite pourtant aucune manœu- qui dirige l’opération depuis c’est-à-dire les billets et les pièces. vre particulière. C’est dire leur peu Francfort, intervient directement à La monnaie européenne se d’enthousiasme, moins d’une cen- la télévision. La petite Lise, l’enfant composera de 7 billets (5, 10, 20, taine de jours avant l’entrée en cir- médiateur de l’euro, s’est emparée 50, 100, 200 et 500 euros) et de culation de l’euro. des ondes radiophoniques, pour 8 pièces (1, 2, 5, 10, 20 et 50 cents, Au moins, les Français démon- compléter la campagne « euros ainsi que 1 et 2 euros). trent qu’ils ne sont pas imperméa- bienvenus ». Les commerçants qui b Scriptural : l’adjectif désigne bles aux efforts de communication ont accepté de participer à cette la monnaie dite d’écriture : faits par de multiples relais qui leur campagne orchestrée par le minis- les chèques, mandats, factures, ont fourni des millions de prospec- tère des finances, s’engagent à salaires, cartes de paiement, tus, notices explicatives et organisé accepter les paiements en euros, et et autres moyens de paiement un peu partout des séances de for- à fournir aux clients toute une modernes. L’introduction de mation. Qu’il s’agisse de celles don- série d’informations pratiques. la monnaie scripturale en euros nées par la Banque de France à ses Il est donc de plus en plus diffici- CHRISTOPHE BRUNCK/AGNÈS s’est produite au 1er janvier 1999. le d’ignorer le passage à la nouvelle euros). La monnaie française sera son numéro de septembre, la pro- « 16 pages pour s’en sortir » titrait b Zone euro : également appelée monnaie, mais tant que les pièces pourtant, à cette date, interdite de gression inattendue de nombreux en septembre l’hebdomadaire desti- ¤uroland, l’appellation désigne Quelques prix et billets ne seront pas versés dans circulation. Mais les situations dans prix dans les grandes surfaces, né aux seniors, Notre temps. « Aler- l’espace géographique des 12 pays les portefeuilles et que l’euro fidu- lesquelles le consommateur voudra depuis l’eau minérale jusqu’aux te ! les profiteurs de l’euro arri- dans lesquels l’euro circulera L’établissement de nouveaux ciaire (pièces et billets) n’aura pas connaître les prix en francs, s’il n’a shampoings. vent » annonçait pour sa part au 1er janvier 2002 : Allemagne, prix en euros suscite de vives de cours légal, les particuliers conti- ni convertisseur ni autre guide, 60 millions de consommateurs. Voca- Autriche, Belgique, Espagne, réactions de la part de la popula- nueront sans doute à exercer leur seront nombreuses. Les râleurs DES ARRONDIS FAVORABLES bulaire guerrier, propos pessimistes Finlande, France, Grèce, Italie, tion, qui redoute les augmenta- mauvaise volonté. En juillet, seuls pourront toujours jalouser les Alle- Par souci d’apaisement, et pour ne facilitent pas la grande transfor- Irlande, Luxembourg, tions abusives, ou les change- 4 % des règlements par chèques ou mands : un mark vaut pratique- trouver de nouveaux « prix psycho- mation. Heureusement, la popula- Portugal et Pays-Bas. ments de conditionnement (pro- cartes bancaire avaient été effec- ment la moitié d’un euro et les habi- logiques » en euros, l’Etat et les ban- tion a toujours montré qu’elle com- b Eurocrate : fonctionnaire duits plus lourds, donc plus tués en euros, alors même que la tants d’outre-Rhin pourront croire ques ont généralement choisi des prenait très bien les questions d’ar- des institutions européennes chers). Se pose aussi la question plupart des particuliers avaient que tous les prix ont soudain dimi- arrondis favorables aux consomma- gent, comme le prouvent ses suscep- (Commission, Parlement, de l’élasticité des prix, en francs déjà reçu un chéquier euro. nué de moitié. Ou bien se féliciter teurs. Ainsi, le retrait hebdomadai- tibilités autour des prix. Ainsi que Conseil, etc.). En 2001, la seule et en euros : acceptera-t-on les Dans ce contexte, on voit mal de ne pas être italien, car la conver- re maximal sur une carte bancaire l’écrivait le chercheur américain Commission, à Bruxelles, mêmes écarts de prix pour un comment respecter l’objectif gou- sion est encore plus complexe VISA ordinaire ne sera pas de Vivianna Zeliser, cité par Philippe employait quelque produit similaire, d’un commer- vernemental d’obtenir que 70 % de (100 lires = 0,05 euro). 457,35 ¤ (3 000 F), mais de 500 ¤ Steiner dans son ouvrage La Sociolo- 20 000 fonctionnaires permanents. çant à un autre, en francs et en ces règlements scripturaux se fas- Certains sujets passionnent tou- (donc 3 280 francs). Le stationne- gie économique (La Découverte, b Eurodollar : sans rapport avec euros ? Les écarts de prix entre sent en euros d’ici à novembre. Le tefois le consommateur : en pre- ment résidentiel dans la capitale 1999), « la monnaie apparaît comme la monnaie européenne, pays de la zone euro risquent double affichage, de même que la mière ligne, le niveau des prix. Il serait ramené pour une voiture à le symbole de la dépersonnalisation l’appellation a été donnée dans les aussi d’être conflictuels. multitude des convertisseurs de est entendu que l’administration 0,5 ¤ (3,28 F contre 16 F actuelle- de la vie moderne ». Il est donc logi- années 1960 aux dépôts libellés Quelques prix indicatifs, don- monnaies n’incitent pas à se mettre ne pourra pas augmenter ses tarifs ment), a promis le maire de Paris que que les individus rechignent à en dollars dans un établissement nés par le ministère des finan- les nouveaux prix en tête, puisque entre novembre 2001 et mars 2002, Bertrand Delanoë. Parmi les seuls « s’y mettre » Peut-on croire cepen- bancaire situé hors des Etats-Unis, ces : le franc est toujours présent. Il est pour ne pas ajouter à la confusion. « tarifs » arrondis à la hausse figure- dant, s’interroge l’universitaire amé- en particulier en Europe. – baguette de pain : 0,61 ¤ (4 F) ; vraisemblable que les grandes Dès lors, toutes les hausses actuel- rait… le seuil de l’imposition sur les ricaine, que « la monnaie soit un vec- b Euronext : marché boursier – timbre-poste 0,46 ¤ (3 F) ; enseignes poursuivront l’affichage les sont abondamment commen- grandes fortunes, fixé à 4,7 millions teur si puissant qu’il anéantisse sans international, né en septembre – place de cinéma : 6,86 ¤ (45 F) ; de leurs prix en francs au-delà de la tées, comme celles du prix du billet de francs (716 510,38 ¤) depuis merci les relations sociales ? ». 2000 de la fusion des Bourses – disque compact : 19,82 ¤ date fatidique du 17 février, même de train, au 1er septembre. La revue 1999, et établi, sur une base identi- Réponse dans quelques mois. de Paris, d’Amsterdam et de (130 F) ; sur un mode mineur (étiquette plus 60 millions de consommateurs ne que en francs, à 720 000 euros pour Bruxelles. Les autres projets – voiture : 8 994,49 ¤ (59 000 F). petite, éloignée du prix affiché en s’est pas privée de dénoncer, dans l’année 2000. Françoise Lazare de rassemblements de places boursières européennes (Londres et Francfort) et l’offre de reprise faite par la suédoise OM Un agenda très serré… sur la Bourse de Londres ont échoué fin 2000. b 15 décembre 2001 : vente au utilisé, mais la monnaie doit être b Eurosceptique : personne public par les banques, La Poste, et rendue prioritairement en euros. hostile à la construction les bureaux de tabac de sachets de b 17 février 2002 : le franc perd européenne et/ou à la délégation pièces d’euros, composés de 40 piè- son cours légal à minuit, et l’euro, des pouvoirs nationaux aux ces, pour la somme de 100 F sous toutes ses formes, devient institutions communautaires. (15,25 ¤). Ils contiennent au moins l’unique moyen de paiement en b Eurosystème : composé de un exemplaire des huit pièces France et dans la plupart des pays la Banque centrale européenne d’euros de la gamme. Le gouverne- de la zone euro. et des banques centrales ment souhaite que certains de ces b mars 2002 : la déclaration nationales des douze Etats « kits » soient offerts à des mem- d’impôts portant sur l’année 2001 membres qui ont adopté l’euro, bres de « populations fragiles ». est rédigée en euros, que les reve- il conduit la politique monétaire b 31 décembre 2001 : dispari- nus aient été perçus en euros ou en de la zone euro, avec pour tion officielle du franc français, francs. objectif principal de maintenir jugée tellement importante qu’un b 30 juin 2002 au soir : les la stabilité des prix. compte à rebours est établi quoti- francs ne sont plus acceptés par les b Numéros utiles : téléphone : diennement (à peine plus de établissements bancaires ni les pos- 0800-01-2002 (numéro vert 100 jours en ce début septem- tes, ils le sont seulement dans les gratuit) ; Minitel : 3615 EURO bre 2001). 211 succursales de la Banque de 2002 (37 centimes la minute) ; b 1er janvier 2002 : les pièces et France. sites Internet : www.euro.gouv.fr les billets en euros ayant acquis b 17 février 2005 : la Banque de (ministère de l’économie et des un cours légal depuis la veille à France cesse d’accepter les pièces finances), www.banque-france.fr minuit, les sachets deviennent uti- en francs. (Banque de France), lisables et les distributeurs bancai- b 17 février 2012 : dernière occa- www.conso.net (Institut res sont approvisionnés en billets sion de céder les billets émis par la national de la consommation), de 20 et 50 euros, dans un premier République française contre des www.europa.eu.int/euro temps. Le franc peut toujours être euros. (Union européenne). J’ajoute la moitié et je divise par dix LE TAUX de change franc contre 15 ¤, c’est l’opération qui est géné- sont disponibles dans la plupart des euro est tellement complexe ralement recommandée au public. maisons de la presse et autres pape- (6,55957 francs pour un euro, Plus grossièrement, quelques voya- teries. Certains calculent aussi le 0,15250 euro pour un franc), que la geurs considèrent qu’un euro équi- « rendu monnaie » en euros ou en période transitoire, jusqu’à ce que vaut à un dollar – après tout il en francs. la population française raisonne vaut 0,92 –, mais, cette constata- Il existe également des convertis- directement en euros, ne sera pas tion faite, ils n’échappent pas au seurs manuels, par exemple ceux superflue. Bruxelles avait donné travail de conversion. offerts par certaines revues, ou ban- droit à deux mois de période de ques. En faisant tourner un petit cer- conversion, Paris a choisi six semai- LES CONVERTISSEURS MANUELS cle de papier, encastré dans un sup- nes (jusqu’au 17 février) A cette Soucieux d’épargner au grand port carré ouvert sur deux de ses date, tous les francs auront – en public ces complexes opérations, faces, on peut connaître rapide- théorie – disparu. Certains particu- les opérateurs publics et privés ont ment la valeur en euros de 20 cen- liers estiment que cet intervalle multiplié les ventes ou les dons de times de franc, ou bien celle en leur offre une excellente occasion convertisseurs. Ces petits appareils, francs de 500 euros. Les internautes pour se remettre en tête les tables qui établissent instantanément les trouvent en ligne de banales calcula- de multiplication et parfaire leur prix dans une monnaie et dans trices ainsi que, sur certains sites, calcul mental. Ils tiennent absolu- l’autre, grâce à leur double écran, des convertisseurs permettant d’al- ment à opérer de tête des divisions ressemblent aux traditionnelles cal- ler directement du franc à l’euro, ou par 6,5 nécessaires pour trouver en culatrices, et sont souvent offerts vice versa. Tous ces moyens d’aide euros l’équivalent d’un prix expri- par les dirigeants d’entreprise à à la conversion, ajoutés au double mé en francs. Il faut reconnaître leurs salariés. Ils sont aussi en vente affichage dans les magasins, seront que ce n’est pas facile. dans le commerce, pour des pre- sans doute toujours nécessaires, La méthode consistant à ajouter miers prix limités à une vingtaine bien après la fin de la période de la moitié du prix en francs, puis de de francs (3 ¤) à peine. De tels double circulation. le diviser par dix, paraît la plus sim- convertisseurs exercent aussi les ple. 100 francs représentent donc fonctions de calcul ordinaires, et F. L. AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 29

DÉPÊCHES a FOOTBALL : l’Olympique de Marseille met Pierre Dubiton Malgré tout, le Real Madrid ne jure que par Zinedine Zidane sur la touche . La nouvelle direc- tion de l’Olympique de Marseille a décidé d’évincer le responsable Le club espagnol s’est imposé (4-1) en Ligue des champions face aux Belges d’Anderlecht et occupe la première place du groupe A. Ce succès financier et administratif du club de football, Pierre Dubiton, en console les Madrilènes de leurs piètres début de championnat et avive l’impatience de « Zizou », qui purge une suspension européenne conflit ouvert depuis plusieurs mois avec le responsable sportif, Si le Real Madrid a emporté, mercredi 26 sep- national. Il attend beaucoup de sa nouvelle a peu, un quotidien sportif espagnol. Mais, tente également de se consoler de ses déboi- Bernard Tapie, a-t-on appris, tembre, contre Anderlecht, un nouveau suc- star, Zinedine Zidane, suspendu en Coupe selon les observateurs les plus avisés, la tacti- res en championnat avec la Ligue des cham- mercredi 26 septembre. Cette cès (4-1) en Ligue des champions, à la faveur d’Europe, à qui les supporteurs madrilènes que de l’entraîneur Vicente del Bosque serait pions, a été battu (0-1), à domicile, mercredi, décision coïncide avec la nomina- de la 3e journée de la 1re phase, le club espa- reprochent de ne pas peser assez sur le seule responsable des performances en dents par les Turcs du Galatasaray Istanbul. La pro- tion de l’ancien magistrat Etien- gnol souffre toujours dans son championnat jeu. « Sans Zidane, le Real gagne », titrait, il y de scie de l’équipe. Nantes (groupe D), qui chaine journée se jouera le 16 octobre. ne Ceccaldi comme président délégué de la nouvelle société MADRID n’avait pas eu de chance, son trans- venue la rentrée. Les socios atten- coup, l’idole n’était plus est, simplement, toute une alchi- anonyme de sport professionnel de notre correspondante fert de milliardaire au Real Madrid daient avec impatience de voir « Zizou » mais « El Frances »,ce mie », concluait un éditorial pour- (SASP). « Si je t’aime prends garde à lui avait attiré dès le début une ran- leur « Zizou » à l’œuvre. Ils qui dans un pays qui n’a pas tant intitulé « Zidane est-il un a CYCLISME : le Français toi… », chantait la pauvre Carmen, cœur tenace des socios dans laquel- durent vite déchanter : ni le Real, oublié l’invasion de napoléonien- imposteur ? » La victoire (5-0) Arnaud Tournant a emporté son bien payée pour savoir que dans le il n’avait fait que s’engluer. ni son nouveau joyau, ne s’étaient ne n’est pas vraiment un compli- contre l’Español, le 23 septembre, quatrième titre de champion du un pays qui a Pour Zinedine Zidane, c’est tout le encore faits l’un à l’autre. Après ment. « El Frances » se plaignait en championnat, où le Français monde du kilomètre sur piste, mer- autant de contraire qui s’est passé. plusieurs rencontres officielles, d’ailleurs de ce que la pression fut omniprésent, marquait son credi 26 septembre, à Anvers. tempérament Arrivé à l’été 2001 avec un con- Zinedine Zidane n’avait participé étaient un peu « lourde ». retour en grâce. Il redevenait a DOPAGE : soixante-six subs- que l’Espa- trat historique (13 000 millions de à aucune victoire. Pis, le club allait Les critiques commençaient à « Zizou », celui qui était venu fai- tances dopantes ont été déce- gne, il n’y a pesetas) et accueilli avec un res- de déception en déception : deux atteindre l’entraîneur Vicente del re gagner le Real Madrid et lui lées dans les 166 prélèvements pas de juste pect plein d’envie, « Zizou » – sur- défaites dans la Ligue, contre Bosque, dont le système de jeu ne offrir une nouvelle Coupe d’Euro- effectués durant le Tour de Fran- milieu. Ici nom adopté par les Espagnols – Séville et Valence ; deux nuls con- conviendrait pas à la vedette et, pe, compétition qu’il devrait ce, a indiqué le Conseil de préven- tout est sol s’est vite trouvé à l’aise. En quel- tre Malaga et Saragosse en Super- dans les vestiaires, certains retrouver à la faveur de la quatriè- tion et de lutte contre le dopage FOOTBALL ou sombra , ques jours la « zizoumania » décol- coupe. Le match retour contre joueurs « éclipsés » par « Zizou » me journée de la Ligue des cham- (CPLD), dimanche 23 septembre. passion ou haine. Surtout dans un lait : toute l’Espagne savait que Saragosse (3-0) rendait le sourire y allaient de commentaires acides. pions. En attendant, il a savouré le Ces substances sont apparues sport qui draine autant d’intérêts son téléphone portable ne sonne aux Madrilènes mais on leur fit Zinedine Zidane était-il en voie succès des siens (4-1), mercredi dans les échantillons de 44 des que le football. Nicolas Anelka que sur l’air de La Marseillaise et remarquer qu’il n’intervint qu’une d’« Anelkisation » ? Et puis, revire- 27 septembre, face à Anderlecht. 148 coureurs contrôlés parmi les les supporteurs, venus de loin, se fois le remplacement de Zinedine ment de la situation, certains arti- 189 engagés. Les analyses font battaient pour assister à l’entraîne- Zidane effectué. cles, notamment dans El Pais, Marie-Claude Decamps ressortir la présence de corticos- LES RÉSULTATS ment estival du Real Madrid, en Il n’en fallait pas plus pour la dénonçaient la campagne comme téroïdes dans 50 cas ainsi qu’un Suisse (entrée tarifée à 24 francs). polémique commence : Zinedine un prétexte pour ne pas regarder La fiche technique cas positif à l’érythropoïétine LIGUE DES CHAMPIONS L’apothéose fut la retransmis- Zidane est-il indispensable ? Et en face les faiblesses du Real (EPO). b Groupe A sion télévisée du moment histori- les commentaires les plus scepti- Madrid, qu’un seul homme, tout REAL MADRID - ANDERLECHT : 4-1 Real Madrid (Esp) - Anderlecht (Bel) que où le pied du héros toucha le ques de fuser « Sans Zidane, le Zidane qu’il fut, ne pouvait gom- Ligue des champions re e 4-1. AS Rome (Ita) - Lokomotiv Mos- gazon promis du stade Santiago- Real gagne ! », annonçait, pleine mer en quelques jours. 1 phase, 3 journée, groupe A LOTO : résultats des tirages nº 77 • Stade Santiago-Bernabeu à Madrid ; cou (Rus) 2-1. Classement : 1. Real Bernabeu, à Madrid. Et puis est page, un quotidien sportif. Du « Zidane est indiscutable. Zidane temps beau ; pelouse en bon état ; effectués mercredi 26 septembre. Madrid, 9 pts ; 2. AS Rome, 4 pts ; 40 000 spectateurs ; Premier tirage : 19, 30, 33, 35, 39, 3. Anderlecht, 2 pts ; 4. Lokomotiv arbitre : M. Terje Hauge (Nor) 45 ; numéro complémentaire : 46. Moscou, 1pt. Pas de gagnant pour 6 numéros. b Groupe B BUTS Rapports pour 5 numéros et le Fin d’embellie européenne pour Nantes e e Boavista (Por) - Borussia Dortmund REAL MADRID : Celades (49 ); Raul (50 , complémentaire : 910 730 F 66e); Solari (80e); (All) 2-1. Liverpool (Ang) - Dynamo LANTERNE ROUGE du championnat de France, le ches. PSV Eindhoven, Nantes et Galatasaray se parta- (138 839 ¤) ; 5 numéros : 7 975 F e Kiev (Ukr) 1-0. Classement : 1. Boa- FC Nantes Atlantique avait semblé retrouver des cou- gent la première place avec six points. ANDERLECHT : Dindane (33 ) (1 215 ¤) ; 4 numéros et le complé- vista, 7 pts ; 2. Liverpool, 5 pts ; leurs en Ligue des champions, en décrochant deux vic- Dans le groupe A, derrière un Real Madrid quasi- AVERTISSEMENTS mentaire : 350 F (53,35 ¤) ; 4 numé- 3. Borussia Dortmund, 2 pts ; toires lors des deux premiers matches de la première ment assuré de se qualifier pour la seconde phase, Anderlecht : De Boeck (17e, jeu irrégu- ros : 175 F (26,67 ¤) ; 3 numéros et 4. Dynamo Kiev, 1 pt. phase de la compétition européenne (groupe D). Mer- l’AS Rome s’est installée à la deuxième place en arra- lier),Vanderhaeghe (41e, antijeu). le complémentaire : 38 F (5,79 ¤); b Groupe C credi 26 septembre, cette embellie a pris fin face aux chant une difficile victoire contre le Lokomotiv Mos- • LES ÉQUIPES 3 numéros : 19 F (2,89 ¤). Panathinaïkos (Grè) - Arsenal (Ang) Turcs de Galatasaray. Sur leur terrain, les Canaris, vic- cou (2-1). Dans le groupe B, Boavista Porto a confor- REAL MADRID Second tirage : 1, 10, 21, 26, 30, (entraîneur : Vicente Del Bosque) : 1-0. Schalke 04 (All) - Majorque (Esp) times de leur inefficacité offensive, ont vu la rencon- té sa première place en s’imposant face au Borussia e 41 ; numéro complémentaire : 18. e Castillas • Michel Salgado (Geremi, 69 ), 0-1. Classement : 1. Panathinaïkos, tre leur échapper à la 79 minute (0-1). Les Nantais Dortmund (2-1). Les Portugais devancent Liverpool Hierro (cap.), Karanka, Roberto Carlos • Rapports pour 6 numéros : 9 pts ; 2. Majorque, 6 pts ; 3. Arsenal, avaient annoncé, juste avant le coup d’envoi, le recru- qui a battu le Dynamo Kiev (1-0). Arsenal, dans le Makelele (Baljic, 81e), Celades, Figo, Solari 3 941 665 F (600 902 ¤) ; 5 numéros e 3 pts ; 4. Schalke 04, 0 pt. tement de Victor Bonilla (30 ans) : cet avant-centre groupe C, a plus de souci à se faire. Dominés à Athè- • Raul, Munitis (Morientes, 73 ) et le complémentaire : 95 190 F b Groupe D colombien (ex-Toulouse FC) a signé un contrat jus- nes par le Panathinaikos (1-0), qui est tout près de ANDERLECHT (14 511 ¤) ; 5 numéros : 4 130 F PSV Eindhoven (PB) - Lazio Rome qu’en juin 2 003. Il pourrait effectuer ses débuts same- décrocher sa place pour la seconde phase, les (entraîneur : Aimé Anthuenis) : (629 ¤) ; 4 numéros et le complé- De Wilde • Crasson, Van Hout, De Boeck (Ita) 1-0. Nantes (Fr) - Galatasaray di 29 septembre face à Metz. Dans ce même grou- Anglais ont vu les Espagnols de Majorque prendre e mentaire : 264 F (40,24 ¤) ; 4 numé- (cap.), Ilic • Baseggio (El Said, 65 ), Van- (Tur) 0-1. Classement : 1. Nantes pe D, la Lazio Rome a quasiment hypothéqué ses une option sur le deuxième billet qualificatif pour le derhaeghe, Hendrickx, Hasi (De Bolde, ros : 132 F (20,12 ¤) ; 3 numéros et (+4) ; 2. PSV Eindhoven et Galatasa- chances de qualification en accusant, face au PSV deuxième tour, en gagnant en Allemagne contre 58e) • Dindane, Stoica (Thomson, 72e). le complémentaire : 30 F (4,57 ¤); ray (0) ; 4. Lazio Rome, 0 pt. Eindhoven (1-0), sa troisième défaite en trois mat- Schalke 04 (1-0). 3 numéros : 15 F (2,28 ¤). 30 / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 AUJOURD’HUI

VENTES Voyage dans l’art des Dayaks, tribus de Bornéo PEU CONNU, l’art tribal asiati- neurs. Celles de l’île de Bornéo côtes ont repoussés dans la jun- la fonction relève de la protec- teur : 83 cm) (12 000 - 15 000 F, être représenté par un chien assis que recèle pourtant de grandes ont fasciné l’un d’entre eux, qui gle équatoriale du centre, où il tion contre les mauvais esprits. 1 820 - 2 290 ¤). Le culte des ancê- appelé Aso, que l’on retrouve sur richesses : disséminés dans tous met aujourd’hui sur le marché un pleut en moyenne deux cent Ces bois exposés aux intempéries tres s’exprime notamment dans de petites statuettes. L’une, en les continents, des peuples ensemble réuni pendant des an- soixante jours par an. Répartis en se présentent sous un aspect ravi- des statues fabriquées par les bois incisé de motifs géométri- repliés dans des régions peu nées. Ces pièces, dont les prix une douzaine de grandes ethnies, né, creusé de sillons profonds. Bahaus, habitants du cœur de ques, a des yeux incrustés de pâte accessibles vivent encore aujour- d’estimation vont de 3 000 à les Dayaks utilisent des langues, Parmi les exemplaires proposés, l’île ; figurant une forme humaine de verre (4 000 - 6 000 F, d’hui selon leur mode tradition- 40 000 F (458 - 6 106 ¤), seront des mythologies et une architec- l’un orné d’une représentation debout, les mains posées sur les 610 - 920 ¤). nel. présentées à Drouot le 5 octobre. ture différente selon les commu- masculine mesure 136 cm de haut genoux dans une attitude de défi, Toutes les pièces de cette col- Restées longtemps dans l’om- Issues de la culture dayak, elles nautés. Une de leurs manifesta- (de 22 000 à 25 000 F, elles ont le visage triangulaire lection ont été datées par la bre des grandes civilisations de proviennent des tribus insulaires tions rituelles les plus courantes 3 360 - 3 820 ¤), un autre, dit aux yeux ronds et globuleux, une spectro-scopie infrarouge, qui l’Asie, ces tribus qui commencent de l’île, appelées aussi « peuples sont des statues en « bois de fer » « Paddy Gode », protecteur des bouche en forme de losange et permet de donner l’âge d’un bois à être étudiées suscitent par leur de l’intérieur », que des immigra- appelées « hampatong » et desti- rizières, a des yeux incrustés des dents apparentes. Ces sculp- à dix ans près. La plupart sont création l’intérêt des collection- tions successives le long des nées à être fichées en terre, dont d’une pièce de monnaie (hau- tures spectaculaires sont rares et âgées d’une centaine d’années. très recherchées (de 20 000 à 40 000 F, 4 580 - 6 100 ¤). Catherine Bedel Calendrier b Paris XIVe, porte de Vanves, design, du vendredi tél. : 02-54-78-79-31. Réalisés dans des bois beau- du vendredi 28 au dimanche 28 septembre au mardi b Darnétal coup plus légers, les masques e Drouot-Richelieu, le vendredi ANTIQUITÉS-BROCANTE 30 septembre, 2 octobre, (Seine-Maritime), BD, du Hudoq’s servent dans des cérémo- 5 octobre. Exposition : la veille, de b Arles (Bouches-du-Rhône), tél. : 06-13-05-21-32. tél. : 01-56-26-52-00. samedi 29 au dimanche nies liées à la récolte du riz. 11 heures à 22 heures ; le matin de jusqu’au 30 septembre, b Chartres (Eure-et-Loir), b Paris VIIIe, hôtel Dassault, 30 septembre, Peints de motifs complexes la vente, de 11 heures à 12 heures. tél. : 04-90-96-51-57. du samedi 29 au dimanche Salon de la céramique, jusqu’au tél. : 02-32-12-31-50. blancs, noirs et rouges, ces mas- Cabinet Massol. Etude Rabourdin- b Saint-Pierre-sur-Dives 30 septembre, dimanche 30 septembre, b Tournus ques surmontés d’un calot en van- Choppin de Janvry. Expert : Ber- (Calvados), du vendredi 28 tél. : 02-37-25-70-70. tél. : 01-45-48-46-53. (Saône-et-Loire), livres anciens, nerie où l’on plantait des plumes nard Gomez. Tél. : 01-45-03-08-22. au dimanche 30 septembre, b Saint-Vincent-de-Tyrosse b Salon-de-Provence du samedi 29 sont décorés d’éléments rappor- tél. : 02-31-63-55-57. (Landes), du samedi 29 (Bouches-du-Rhône), armes au dimanche 30 septembre, tés comme un bec d’oiseau, des a DESIGN. Du 28 septembre au b Rennes (Ille-et-Vilaine), au dimanche 30 septembre, anciennes, du samedi 29 tél. : 03-85-51-71-87. oreilles en forme d’ailes, des 2 octobre, le Salon du design du vendredi 28 septembre tél. : 06-08-10-71-63. au dimanche 30 septembre, b Rouen dents, des défenses ; certains, (Sm’art) accueille, au Carrousel du au lundi 1er octobre, b Chatou (Yvelines), du samedi tél. : 04-42-92-47-12. (Seine-Maritime), minéraux et dont le pouvoir était probant, Louvre, une vingtaine de galeries tél. : 02-99-50-74-19. 29 septembre au dimanche b Soissons (Aisne), minéraux fossiles, ont été restaurés, ce qui ajoute à qui offriront aux visiteurs un pano- b Reims (Marne),du 7 octobre, tél. : 01-34-80-66-00. et fossiles, du samedi 29 du samedi 29 au dimanche leur intérêt (de 10 000 à 12 000 F, rama de la création de meubles et vendredi 28 au dimanche b Beaumes-de-Venise au dimanche 30 septembre, 30 septembre, tél. : 1 530 - 1 830 ¤). Le visage de ce d’objets réalisés entre 1950 et l’an 30 septembre, (Vaucluse), du samedi 29 tél. : 03-23-72-67-24. 02-35-07-76-52. masque est inspiré par le dragon, 2000. 99, rue de Rivoli, Paris-1er. tél. : 03-26-02-04-06. au dimanche 30 septembre, b Blois (Loir-et-Cher), b Lourdes un mythe importé par les Chinois De 10 heures à 20 heures pendant b Colmar (Haut-Rhin),du tél. : 06-63-07-90-92. minéraux et fossiles, (Hautes-Pyrénées), jusqu’au vers les Ve et IIIe siècles avant le week-end. Le lundi de 12 heures vendredi 28 septembre au lundi COLLECTIONS du samedi 29 au dimanche dimanche 30 septembre, tél. : Jésus-Christ qui a pris à Bornéo à 23 heures. Le mardi de 12 heures 1er octobre, tél. : 03-90-50-50-50. b Carrousel du Louvre, 30 septembre, 06-08-66-22-34. différents aspects – il peut aussi à 20 heures. 70 francs (10,6 ¤).

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 228 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 241 En collaboration avec la

123456789101112 A participé à la construction européenne. - 8. Une garantie « Je fais I d’authenticité. Appréciation du maître. - 9. Pour repartir d’un II bon pied… et même des deux. - une tache… » Constant (1920), 10. Prépara le bâtiment. Surface « Autoportrait », III agraire. - 11. Ouverte pour ne « JE PRENDS une couleur, je fais 1991-1994. rien perdre. Protège l’anonymat. une tache très légère, j’attends qu’el- Huile sur toile, IV - 12. A déjà préparé la suite. le sèche. (…) Lentement, je passe de 194 × 185 cm. l’abstraction à la figuration. L’ima- Collection V Philippe Dupuis ge naît de la couleur. » L’imprévu particulière. ou l’inattendu sont les éléments Actuellement VI SOLUTION DU N° 01 - 227 constructifs du travail de à l’exposition Constant. Peintre du mouvement « Constant, une VII Horizontalement Cobra, architecte utopiste avec rétrospective », I. Scalpé. Tondu. - II. Tif. Arlé- son projet intitulé New Babylon, Musée Picasso VIII sien. - III. Apparue. Semi. - IV. Gr. puis peintre à nouveau, l’artiste se d’Antibes, Calecif. - V. Néré. Trame. - VI. Râ. défend d’établir des études prépa- jusqu’au IX Gésir. - VII. Tentation. CM. - VIII. ratoires, préférant laisser une pla-

RMN 15 octobre. IRA. Tient. Ti. - IX. Opinion. Saut. X - X. National. Ise. ce de choix au hasard. Sur la toile d’un monde qu’il aimerait transfor- blanche, il lui suffit d’une tache mer et qu’il nous donne à méditer. Verticalement pour que commence le processus Le 8 novembre 1948, le mouve- HORIZONTALEMENT IX. Unité de compte chez l’hô- 1. Stagnation. - 2. Cipre. Erpâ LE MONDE INTERACTIF de création. Les couleurs se répan- ment Cobra est officiellement créé telier. Droit sur la planche. (âpre). - 3. AFP. Renaît. - 4. Are. dent ensuite sur toute la toile pour à Paris, regroupant des peintres de I. Leur langage ne manque pas Langue. - X. Fait mâle. Ni. - 5. Par. Ratio. - 6. Eructation. 0123 la recouvrir totalement, et les for- trois pays différents, dont le Dane- de poésie. Langage un peu moins - 7. Lear. Iéna. - 8. Te. Lagon. - 9. avec mes s’organisent. Les sujets appa- mark et la Belgique. Quel est le troi- poétique. - II. Son langage est VERTICALEMENT Ossements. - 10. Nièces. Aï. - 11. DATÉ MERCREDI raissent, des foules se dessinent, sième pays : limité et parfois poétique. Demi. Ictus. - 12. Uniformité. des enfants à l’abandon ou des b L’Allemagne ? Vitesse du bâtiment. - III. Remi- 1. Mouvement frontal. - 2. Arti- expulsés envahissent le tableau. b La Hollande ? ses en ordre. - IV. Sur la portée. cle. S’opposa à l’indépendance. Dans le silence de son atelier, b L’Autriche ? Restait au sol. - V. Vide-poches. Dérange les sens. - 3. Solidement Constant élabore une œuvre de Réponse dans Le Monde du Démonstratif . Pour un départ en accroché. Division du temps qui révolte et de rébellion, images 5 octobre. fanfare. - VI. D’un auxiliaire. passe. - 4. Traité à chaud pour Pour les décorations murales. durer plus longtemps. En tota- Pour faire une bonne bière. - lité. - 5. Décoration en façade. Réponse du jeu no 240 paru dans Le Monde du 21 septembre. VII. Personnel. Considérer avec Voyelles. - 6. Sans aucun danger. C’est à Santa Clara qu’a eu lieu une bataille décisive au cours de laquelle beaucoup de respect. - VIII. Travaillés et décorés avec soin. - les révolutionnaires cubains, parmi lesquels Che Guevara, se sont empa- Potion magique. Cercle intime. - 7. Tas de cailloux dans le désert. rés d’un train blindé.

Abonnez-vous SPÉCIAL VACANCES : J’ai bien noté que je peux faire suspendre Devenez Citoyen en toute liberté ou suivre mon Vous faites arrêter Vous ne payez rien Vous êtes sûr de abonnement pendant votre abonnement d’avance ne manquer mes vacances. quand bon vous Avec le prélèvement automatique, aucun numéro Pour les vacances ou un vous ne payez rien d’avance, puisque semble le montant correspondant aux Après signature de votre autorisation déménagement, du Monde Votre abonnement est prolongé chaque exemplaires servis pendant un mois de prélèvement et envoi de votre un numéro n’est prélevé qu’au début du mois R.I.B. ou R.I.P., vous n’avez plus à mois tacitement. Vous pouvez, bien vous soucier des règlements. exclusif : 0 803 022 021 sûr, le faire arrêter à tout moment en suivant. Cette formule vous permet en Le Monde s’occupe de tout. nous envoyant une simple lettre. outre d’échelonner votre règlement au De ce fait, vous ne courez plus (0,99F TTC/min) lieu d’effectuer le paiement en une aucun risque seule fois. de voir votre abonnement suspendu pour cause de simple oubli. Abonnez-vous pour seulement Offre à retourner au Monde: * BULLETIN Service Abonnements, 60646 Chantilly Cedex F Tél.:01 42 17 32 90 de 8 h 30 à 18 heures du D’ABONNEMENT lundi au vendredi. 173 par mois ❑ OUI, je désire m’abonner au Monde pour N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER seulement 173 F par mois (26,37n) N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris CEDEX 05 par prélèvement automatique TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER ... Et entrez dans un espace Important:merci de joindre un relevé d’identité bancaire Nom ...... privilégié d’information et de ou postal à votre autorisation. Il y en a un dans votre chéquier Prénom ...... ❏ M. ❏ Mme ❏ Mlle 101MQAN2 réflexion : actualité internationale, N°...... rue ...... Prénom: ...... économique et politique, Code postal Ville ...... technologies, médias, sciences, Nom: ...... NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) art et culture... Chaque jour, Adresse : ...... passionnez-vous pour Le Monde Code Postal : Ville : ...... N° ...... rue...... Code postal Ville ...... J'autorise l'établissement teneur de mon Date et signature obligatoires : compte à effectuer sur ce dernier les prélè- DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER vements pour mon abonnement au journal Code Établissement Code Guichet N° de compte Clé RIB Le Monde. Je pourrai suspendre à tout moment mon service au journal Le Monde. Vous vous abonnez au Monde : vos nom, prénom et adresse sont communiqués à nos services internes et, le cas échéant plus tard, à quelques publications partenaires, sauf avis contraire de * Offre d’abonnement postal valable uniquement en France métropolitaine jusqu’au 31/12/2001. votre part. Si vous ne souhaitez pas recevoir de propositions de ces publications, merci de nous le signaler. ✂ ✂ 31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

MUSIQUE L’islam imprègne le hip-hop, les rappeurs francophones Abd Al Malik, Sat affirment dans Le qui s’était produit pendant la guerre part le chanteur algérien Cheb Ma- rap, dont beaucoup de textes témoi- de culture musulmane condamnent Monde leur attachement à un islam du Golfe, qui avait déclenché un sen- mi. b LE GROUPE INTIK s’apprête à gnent d’une prise de conscience les responsables des attentats du tolérant, mais regrettent l’absence timent de rejet à l’égard des Arabes, publier un nouvel album, La Victoi- morale liée à cette religion. b PRO- 11 septembre. b DISIZ LA PESTE, de compassion à l’égard des pays il me semble que l’amalgame a été re, dénonçant le culte de la consom- CHES de l’Amérique par la culture Kery James, Wallen, Youcef Seddas, pauvres. b « À LA DIFFÉRENCE de ce évité cette fois », se réjouit pour sa mation qui touche le milieu rap. Les rappeurs musulmans rejettent la radicalisation de l’islam Vedettes du hip-hop et de culture musulmane, Disiz La Peste, Kery James, Wallen et d’autres condamnent les extrémistes responsables des attentats du 11 septembre, et disent leur attachement aux valeurs morales de cette religion, qui imprègne leurs textes

DANS la mosaïque culturelle mesures dans le traitement de l’in- des rappeurs français, l’Amérique formation. Les morts de l’embargo – et New York en particulier (le contre l’Irak, le génocide rwandais, hip-hop est né dans le Bronx dans les souffrances des Palestiniens la seconde moitié des années n’ont jamais provoqué de minutes 1970) – tient, par définition, une de silence. J’ai trouvé très bien ce place centrale. D’autres racines qu’a dit Djamel, là-dessus, l’autre façonnent aussi l’identité des jour à la télé. » « Au Congo, rap- tchatcheurs d’un pays dont on dit pelle Malik, ma famille a été victi- qu’il est, après les Etats-Unis, la me des atrocités d’une guerre civile deuxième nation du rap. A l’ima- qui n’a pas ému grand monde. » ge des métissages de la popula- « Le problème doit être réglé poli- tion urbaine, les groupes de hip- tiquement de manière globale, es- hop réunissent souvent en leur time Disiz La Peste, pas par la BMG sein plusieurs communautés reli- destruction de l’Afghanistan. » Il gieuses. Ci-dessus : « L’islam nous a ajoute : « Je me méfie de ce que La communauté musulmane y permis de nous épanouir j’entends, de ce que je vois, toute a une part importante. L’islam, dans le respect de l’autre », notre information passe par la télé. dans le rap, est le fruit d’un héri- affirment les membres Comment se faire une opinion ? » tage familial, il peut être aussi un de N.A.P., formation issue de Fils d’un père algérien et d’une choix assumé jusqu’à la conver- la périphérie de Strasbourg. mère française, Sat fait partie de sion et la volonté de représenter Ci-dessous : Youcef Seddas la Fonky Family, un des groupes dans ces textes une prise de (à droite), membre d’Intik, les plus populaires de France. Ce conscience morale, un sens accru groupe pionnier du hip hop Marseillais est fier d’avoir partici- des responsabilités. L’horreur des algérien, a dénoncé les crimes pé au dernier clip de Kery James, attentats aux Etats-Unis, les réac- du GIA dans deux albums. mais se dit plus bouddhiste que tions qu’ils ont suscitées, les musulman : « Ces textes ont été conséquences qu’ils risquent d’en- écrits il y a si longtemps, ils ne sont traîner ont touché en profondeur pas forcément adaptés à la vie des artistes dont les voix gardent, d’aujourd’hui. » S’il insiste pour dans leur singularité, une dimen- que le rap soit une source de paro- sion collective. les « à contre-courant des gros Le choc du 11 septembre était médias », il avoue s’être récem- d’autant plus grand que le lien ment autocensuré. « A Skyrock, affectif est fort avec la culture noi- l’autre jour, j’ai préféré ne pas re américaine et new-yorkaise. rapper certains textes qui auraient Au dos de la pochette d’A force de pu être interprétés comme un man- vivre, premier album de Wallen, que de décence. Mais il est im- jeune chanteuse de r’n’b d’origi- portant que le rap continue de ne marocaine, on trouve le dessin “représenter”. » d’une ligne de RER imaginaire qui Pour Kery James, « il ne doit pas relie Saint-Denis, la ville marocai- y avoir de diabolisation de l’Améri- ne de Saïdia, Bobigny, la 23e Rue que. La religion de l’islam ne fait et Broadway. « Je ne pense pas, dit- CANIGHER/BARCLAY UNIVERSAL MUSIC pas de distinction entre l’origine elle, avoir vécu ce drame différem- des gens. Il n’y a pas des riches et Disiz La Peste, métis franco-sénégalais, dit sa foi en l’islam dans l’album « Le Poisson rouge ». COLUMBIA ment des autres personnes. La tris- des pauvres, il y a des gens mauvais tesse a été immense.» toire –, les crimes du GIA, la cor- et un islam extrémiste, il n’y a Neuhof, un des quartiers chauds dessus, un cycliste est passé en me ou bien. En cas de représaille, il Disiz La Peste a quitté Manhat- ruption des généraux, les frustra- qu’un seul islam. Appeler “isla- de l’agglomération strasbour- lançant : “T’inquiète pas, je ne suis est important que les musulmans tan, où il mixait de nouvelles tions et la violence qui naissent mistes” des gens qui sont des terro- geoise. « Le rap nous a ouvert à un pas un flic !” » innocents de ces actes soient épar- chansons, deux semaines avant de la misère. « Mes poumons se ristes ajoute à la confusion. Cette autre monde, revendique le jeune Wallen, sa compagne, renché- gnés ». la catastrophe. Ce métis franco- sont serrés, explique ce chanteur violence a renforcé ma certitude homme, l’islam nous a permis de rit : « Une psychose règne autour Craignent-ils qu’en cas d’esca- sénégalais a connu le succès grâ- qui habite en France depuis trois qu’il est nécessaire d’œuvrer pour nous épanouir dans le respect de de l’islam. J’ai des amies qui por- lade des fractures graves se des- ce au single Je pète les plombs et à ans. J’avais déjà vécu cela en l’enseignement correct des fonde- l’autre. Les talibans instrumentali- tent le foulard. Elles ont peur. Le sinent dans les cités ? « Notre l’album Le Poisson rouge, dans Algérie lorsque je m’étais rendu à ments de l’islam. » sent cette religion. Nous pouvons voisinage les désigne. D’un point société, estime Wallen, ne donne lequel il revendiquait, sans osten- Bentalha, en 1997, le lendemain de vue théologique, la position des pas la nourriture du cœur. Beau- tation, la qualité de l’éducation d’un carnage où quatre cent cin- talibans est absurde. Comment coup de jeunes peuvent avoir envie maternelle, sa foi en l’islam, son quante personnes avaient été égor- « Dans les quartiers, on entend des gens interdire des études ou un métier à de remplir ce vide de manière droit à ne délirer « ni sur les fem- gées. On ne peut pas revendiquer une femme ? Les femmes du pro- désespérée. Cela peut profiter à des mes, ni sur le shit, ni sur les flin- cela au nom d’une religion. Si c’est soutenir Ben Laden, mais c’est plus par phète Mohammed s’impliquaient tendances islamistes très sectai- gues, ni sur les flics ». Il a suivi les une religion, elle est nouvelle et déjà dans une action sociale. » « Je res. » « A Marseille, explique Sat, événements devant la télévision s’appelle barbarie. Déjà, en Algé- arrogance qu’autre chose. Je refuse d’être me suis renseigné auprès des an- les différentes communautés vivent d’un bistrot. « Dès que le deuxiè- rie, on baptisait ces extrémistes les ciens, insiste Disiz La Peste, il n’y en relative harmonie. Pour fuir ses me avion a percuté la tour, les gens “afghans”. » pessimiste. Une escalade de la violence, a plus de guerre sainte à livrer. Le conditions de vie, l’argent reste le dans le bar ont commencé à parler Très vite, beaucoup se sont in- djihad doit être un combat inté- nerf de la guerre. Le banditisme des musulmans. Je ne voulais pas y quiétés des conséquences qu’al- cela voudrait dire que l’islam a rendu rieur. L’islam est ma plus grande n’a ni idéologie ni religion. » croire. J’ai eu besoin de rentrer lait impliquer cette tragédie pour richesse.» « Dans les quartiers, observe Disiz chez moi embrasser mon enfant. leur communauté. Un temps des gens fous. Ce n’est pas possible » Aussi unanime que la condam- La Peste, on entend des gens soute- J’étais choqué physiquement, je leader d’Ideal J, Kery James, nation des attentats et la dénon- nir Ben Laden, mais c’est plus par n’ai pas pu dormir de la nuit, franco-haïtien de vingt-trois ans, Disiz La Peste ciation des interprétations guer- arrogance qu’autre chose. Cela ne d’autant plus que, ce jour-là, quel- converti à l’islam depuis deux rières de l’islam, l’impression que signifie pas qu’ils agiraient de qu’un a mis le feu à un apparte- ans, poursuit désormais en solo l’Occident s’indigne de manière même si le conflit se déplaçait en ment de l’immeuble.» (l’album Si c’était à refaire, à paraî- Lui aussi catholique converti à être facilement montrés du doigt. sélective. « L’événement, juge Wal- France. Je refuse d’être pessimiste A Youcef Seddas, cette terreur tre le 23 octobre) sa quête de spiri- l’islam, Abd Al Malik est l’un des L’autre jour, je recevais des amis à len, a tout de suite pris une dimen- quant à la suite des événements. rappelait d’autres cauchemars. tualité. « Cet acte, s’indigne cet trois Congolais qui composent la la maison. Je les ai raccompagnés, sion hollywoodienne. A la fin d’un Une escalade, cela voudrait dire Membre de Intik, groupe pion- habitant d’Orly, est bien loin de ce moitié de N.A.P. (New African habillé de ma gandoura, une tenue journal de 20 heures, Claire Chazal que l’islam a rendu des gens fous. nier du hip-hop algérien, il a que ma conversion m’a apporté : le Poets) – deux Algériens et un traditionnelle. Au moment de ren- a fait un lapsus en utilisant le Ce n’est pas possible. » dénoncé dans deux albums bien-être, la sérénité, l’amour des Marocain complètent le grou- trer chez moi, alors que je relevais mot “spectacle” à la place de – Intik et le tout nouveau La Vic- autres. Il n’y a pas un islam modéré pe –, une formation originaire du ce costume pour ne pas marcher “journal”. Il y a deux poids deux Stéphane Davet

TROIS QUESTIONS À... beaucoup de courage pour conti- Les valeurs anticonsuméristes d’Intik nuer à militer en faveur de la paix CHEB MAMI dans le monde. J’ai déjà fait beau- DANS son nouvel album, La Vic- pour des ganstas ricains / Génération les, dollars et baskets de marque. coup de concerts pour défendre toire, Intik raconte l’histoire d’une danger. » Pour le reste, La Victoire est d’un Vous êtes arabe, algérien, chan- cette idée et j’aimerais bien parti- génération vide. Ces jeunes Algé- Que dénonce Intik ? Tout pessimisme noir, car empreint 1teur issu du raï. Depuis les atten- ciper de nouveau à des initiatives rois installés en France depuis trois d’abord la frivolité, l’inconséquence d’une ombre tentaculaire, celle des tats aux Etats-Unis, vous sentez- de ce genre. ans décrivent en creux les tenta- du monde de la consommation : mafias qui fricotent avec le pouvoir vous « américain » ? tions extrémistes d’une génération « Qu’est-ce qui se passe ? / Les gens politique. Exemple, Révolution : Je suis choqué, bien sûr. Mais si je Artiste de culture musulmane, ballottée entre le rien et l’autodes- sont devenus fous à lier / Ils ne pen- « Mesdames, messieurs, encore des me sens américain, c’est autant que 3vous êtes sans doute sensible truction. Ici, point de dénonciation sent qu’à s’afficher / Qui va monter nouvelles brèves d’Alger. Cinq géné- je me suis senti rwandais pendant la aux réactions que les attentats du des violences policières, point d’atti- sur le podium le premier… / Bienve- raux ont été retrouvés assassinés ainsi guerre que se sont livrée Hutus et 11 septembre suscitent dans la com- rance fatale vers les empires de l’ar- nue dans le monde de l’artifice, là où que deux ministres / Les corps gi- Tutsis. Ce qui me gêne dans cette munauté islamique. Avez-vous l’in- gent, thèmes récurrents dans le rap. le réel n’existe pas. » Un peu plus saient dans du pétrole et des dollars. formule, c’est qu’elle se limite aux tention d’intégrer ces éléments Intik préfère s’en prendre au modè- d’amour, un minimum de partage Dans la villa, on a aussi retrouvé huit victimes américaines : les gens ne se dans votre musique ? le affairiste et corrompu affiché par seraient un début à la libération de corps de chefs mafieux américains. sont pas sentis africains en 1994, et Les attentats terroristes contre les les pouvoirs en place – dans ce cas, l’homme crispé. Sur la porte, étaient inscrites cinq let- personne n’a fait trois minutes de Etats-Unis m’inspirent évidemment les généraux algériens, ou encore Entre les abus occidentaux dont tres : I.N.T.I.K. » La faillite des silence pour ces milliers de morts. Je beaucoup de réflexions, mais pas de un Occident aveugle à la violence les images arrivent par charrettes espoirs révolutionnaires et le main- suis donc fortement solidaire des textes de chansons, pour le moment de ses ghettos. Cette compression via les paraboles et les nationa- tien de « généraux égocentriques » victimes, de toutes les victimes. en tout cas. Je crois que les gens ont de l’individu entre deux termes anti- lismes affirmés, Intik conseille aux poussent Intik à donner ce conseil : compris qu’un musulman ou un Ara- nomiques, contraire à la sérénité jeunes de retrouver des valeurs « Quand tu tombes plus bas que ter- Votre tournée aux Etats-Unis pré- be n’est pas pour autant un isla- intérieure, mène à l’explosion et à (« Cherche le rayon [soleil] / Faut re / Faut pas qu’tu croies qu’t’es au 2vue en octobre est reportée en miste extrémiste. A la différence de la tentation immatérielle de l’arme pas qu’t’ailles vers le néant ») dans sommet. » avril. C’est la deuxième fois que l’ac- ce qui s’était produit pendant la à feu. « Désormais, j’veux que vous La Victoire. Admirateurs de Bob tualité vous oblige à un recul dans guerre du Golfe, qui avait déclen- le sachiez / J’ai appris à manier les Marley, ils réclament davantage de Véronique Mortaigne votre carrière, après la sortie de Let ché un sentiment de rejet à l’égard armes / Et à tirer au pistolet », écri- joie de vivre – et de difficultés à Me Raï, au moment de la guerre du des Arabes, il me semble que l’amal- vent-ils dans Liberté, ajoutant dans vivre. L’angoisse, la mort, la perte, e Intik, La Victoire, 1 CD Saint- Golfe, en 1991. game a été évité cette fois. Génération PA (comme pistolet le travail ne sont pas des données à George SAN504447-2. Distribué Cela m’oblige à tout recommen- automatique) : « Personne n’a sa évacuer au profit de rêves consumé- par Sony Music. Sortie le 9 oc- cer de zéro. Par ailleurs, cette mani- Propos recueillis par tête, tous des foncedés / Se prenant ristes – belles nanas, belles bagno- tobre. festation de barbarie me donne Emilie Guyonnet CULTURE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 33 L’incursion prodigieuse de Sami Frey SORTIR PARIS de New York aujourd’hui revenu au pays. On y entend la musique Ateliers de Ménilmontant de Francis Poulenc et le verbe dans la conversation de Sartre et Beauvoir Le retour des calicots bleu et agile et imprévisible blanc dans les rues de la colline de d’un de ses poètes d’élection. Ménilmontant annoncent les Théâtre Molière - Maison Le comédien lit, à l’Ecole normale supérieure, leurs entretiens enregistrés en 1974 journées portes ouvertes de ses de la poésie, 161, rue Saint-Martin, ateliers. La onzième édition qui Paris-3e.Mo Châtelet. 21 heures, où Sartre disait, de telles ou telles vécu très fort cela, ce sentiment male, Proust, Morand, Valéry, rassemble une centaine d’artistes les 28 et 29 septembre et les 3, 4, FESTIVAL D’AUTOMNE À PA- pages, qu’il ne les écrivait pas. que jusqu’alors, malgré tous les Giraudoux. Il omet de dire que le du quartier accueille cette année 5 et 6 octobre ; 17 heures, RIS. ENTRETIENS AVEC JEAN- Le prodige, en effet, est que grands auteurs, ils étaient restés trio turbulent qu’il formait avec six créateurs venus de l’extérieur, le 30 septembre et le 7 octobre. PAUL SARTRE, DE SIMONE DE nous entendons et Simone de comme à la porte du monde, de la Paul Nizan et René Maheu était notamment de la Tchéquie, de Tél. : 01-44-54-53-00. BEAUVOIR. Lus par Sami Frey. Beauvoir et Jean-Paul Sartre com- vie. Cependant, Sartre, dès la clas- tombé sous l’emprise d’un livre l’Italie, du Maroc… Le promeneur De 91 F à 141 F. ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE, me si leur pensée passait en nous se de philo, veut être écrivain. «Je extraordinaire : Le Potomak, de pourra découvrir, pendant quatre 29, rue d’Ulm, Paris-5e. RER : sans entremise. C’est difficile à pensais que si je me spécialisais Jean Cocteau. Le « monde entier » jours, les trésors souvent cachés SAINT-NAZAIRE (44) Luxembourg. Tous les soirs, sauf décrire, il faut l’entendre. Com- dans la philosophie, j’apprendrais que voulait atteindre Sartre était de ce village parisien bordé par Consonances le dimanche 30 septembre, à ment Sami Frey a-t-il pu atteindre le monde entier dont je devais par- partagé, par Cocteau, entre deux la rue de Belleville, le boulevard Un programme de musique 19 heures. 60 F (9,15 ¤). Durée : cette réserve parfaite, si empoi- ler dans la littérature. » Et : «La familles : les Eugènes, monstres de Ménilmontant, les portes de chambre, cela peut être 1 h 15. Jusqu’au 6 octobre. gnante ? Mystère. Il achève sa lec- vérité du monde, je l’apprendrais casqués, aux mâchoires de crocodi- des Lilas et de Bagnolet et un ensemble affriolant d’inédits ture. Il s’en va. Ne reparaît pas. moins en regardant le monde qu’en les, et les Mortimers, des innocents le cimetière du Père-Lachaise. ou de raretés attirant les curieux, Sami Frey donne lecture, en dou- combinant les mots. En combinant d’aspect mou (Cocteau en donnait CAT de Ménilmontant, mais aussi, tout bonnement, ze épisodes, jusqu’au 6 octobre, « LA VÉRITÉ DU MONDE » les mots, j’obtiendrais des choses de nombreux dessins). Le trio de 40-42, rue des Panoyaux, Paris-20e. si l’on ose dire, quelques des entretiens avec Jean-Paul Sar- Simone de Beauvoir, elle aussi, réelles. » Normale écrivait, dessinait, dan- Mos Ménilmontant, Père-Lachaise. incontestables œuvres du grand tre qu’enregistra Simone de Beau- a accompli une merveille, parce Il fallait citer cette phrase, parce sait, mille clowneries dictées par De 14 heures à 21 heures, les 28, répertoire (Trio à cordes op. 8 voir, à Rome, au printemps 1974 que des paroles dans le magnéto- que tout fidèle, tout accroché, de Le Potomak. Cocteau était un Eugè- 29, 30, 31 septembre et 1er octobre. « Sérénade », Sonate pour (elle les acheva à Paris, en autom- phone, ce n’est pas tout à fait ce Sartre, voit là s’éclairer la naissan- ne. Raymond Aron, camarade Tél. : 01-46-36-47-17. Accès libre. violoncelle et piano op. 102 no 1 ne). « Il s’y donnait avec entrain, qui a été dit. Il manque le regard, ce de cette écriture si énergétique, mais pas complice, était un Morti- Le Bal démasqué de Beethoven), comme celles que sauf certains jours où il était un peu un geste de la main, la couleur du si concrète, si « laboureuse », et à mer. Ce petit spectacle consacré à la jouent les quatre musiciens réunis fatigué et où nous piétinions », écrit- ciel, oui, parce que c’est tout le ce moment, malgré la transparen- Un jour, à la Bibliothèque natio- figure du poète Max Jacob avait pour ce beau concert du festival elle dans La Cérémonie des adieux. corps et tout ce qui se trouve là ce de la lecture de Sami Frey, ou nale, René Maheu, au lieu de tra- été créé avec trois bouts de ficelle Consonances de Saint-Nazaire Emotion : cela se passe à l’Ecole qui donnent leur sens à ce qui est par sa vertu, nous réentendons, vailler, dessinait des Eugènes. Sa et beaucoup de talents réunis (Philippe Graffin, Gérard Caussé, normale supérieure, à laquelle Sar- dit. Simone de Beauvoir a su écri- non plus seulement la pensée de voisine, surprise, ou même inquiè- dans le cadre du Festival Gary Hoffman, Claire Désert). tre fut admis en 1924. Mais nous re le texte afin qu’il renaisse lui- Sartre, mais sa voix à lui, rocailleu- te, lui demanda ce que c’était. Il le de Quimper, pendant l’été 1994. Une chose est au moins certaine : sommes dans un bâtiment de cons- même, sans les manques et les se, chaleureuse, une crépitation lui expliqua dehors. Elle était inté- On se souvient de ce Bal le public aime réentendre ces truction récente. La salle est dans rajouts du magnétophone. gaie d’intelligence libre, qui nous ressée. Il la présenta à Sartre, qui démasqué comme d’un moment pièces et les musiciens les jouer. le noir. Sami Frey entre sans qu’on Jean-Paul Sartre est passion- découvrait des choses auxquelles la trouva « sympa, jolie, mais mal d’émouvante cocasserie, finement C’est ce qu’on appelle une vraie le voie. Il allume une petite lampe, nant dans la retrouvaille, peu à jamais nous n’avions pensé. habillée ». Elle fut aussitôt décla- conçu par le regretté baryton consonance. qui éclaire une grosse pile de peu, de ce qui l’incita à devenir rée Mortimer, mais l’une des Pierre Danais (mort en 1995), un Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). feuilles posée sur une table. Le l’auteur de La Nausée,deL’Etre et « EUGÈNES » ET « MORTIMERS » femmes Mortimers les plus redou- membre fondateur de la Péniche Galerie des Franciscains, rue visage de Sami Frey est à peine visi- le Néant. Il dit que le premier Ajoutons qu’à ces paroles de tables – celles qui avalent leurs Opéra, avec le metteur en scène du Croisic. 18 heures, le 29. Tél. : ble, dans l’ombre. La voix de sa lec- choc, c’est l’arrivée en classe de Sartre accouchées par Simone de rivales par simple aspiration rapi- Max Charruyer, un Français 02-40-22-91-36. De 48 F à 52 F. ture va être un prodige. Une voix philosophie. « La philosophie Beauvoir, il manque un détail : de, comme font les reptiles de la présente-absente, égale, sans inter- m’est apparue comme la connais- pourquoi Sartre rencontra-t-il grande espèce. C’était Simone. (Publicité) férence personnelle étrangère. sance du monde. » Il dit vrai : tous Simone de Beauvoir ? Sartre Comme s’il ne lisait pas, au sens les lycéens arrivant en philo ont raconte ses lectures, à l’Ecole nor- Michel Cournot L’ange Copi est déjà passé et l’hilarant. La solitude, la douleur, la peur, sont d’un ange. » C’est on ne peut mieux dit. Mais LA VISITE INOPPORTUNE, de Copi. Mise en cachées à l’intérieur d’une toile bariolée ». cet ange, il n’est pas là dans la nouvelle mise en scène : Lukas Hemleb. Avec Sylvia Bergé, Ici, une digression s’impose, le lecteur par- scène, et comme rien n’est plus ingrat, plus Simon Eine, Eric Génovèse. donnera. Un critique dramatique voit et revoit, funeste, plus oiseux, pour tout critique dramati- COMÉDIE-FRANÇAISE. Studio théâtre, d’une saison à l’autre, bien souvent les mêmes que, que de ne pas s’être senti en communion 99, rue de Rivoli, Paris-1er. Tél. : 01-44-58- œuvres. Et il n’est à même de voir, d’écouter, la avec une pièce, et de devoir inventer à cela des 98-58. Mo Palais-Royal. Du mercredi au énième redite d’une pièce qu’en faisant, en lui, raisons, alors qu’il n’en existe aucune qui ne dimanche, à 18 h 30. 85 F (12,96 ¤). Durée : table rase de toutes les autres. soit « retournable », j’aime mieux m’en tenir à 1 h 45. Jusqu’au 4 novembre. citer deux acteurs dont l’apparence et le jeu rap- C’ÉTAIT SUBLIME pellent le mystère et la poésie de Copi, Sylvia C’est la dernière pièce qu’a écrite Copi. Il est Il faut à tout prix oublier, par exemple, Louis Bergé (qui joue la cantatrice), et Simon Eine mort pendant les répétitions, en 1987. Il nous Jouvet qui dit à Agnès : « Passe, pour le ruban. » (qui joue l’ami). montre un homme, Cyrille, sur son lit d’hôpital, C’est une discourtoiserie, devant une actrice Toutefois, et sans flagornerie, je me sens son lit de sida. Le vieil ami, Hubert, est près de qui joue Phèdre ce soir, d’aller en nommer une tenu d’ajouter que les spectateurs, jeunes et lui. Vont venir et aller une infirmière, un chirur- autre. Or, là, assistant à cette Visite inopportune, autres, qui n’étaient pas là quand Copi est GUIDE gien, une cantatrice italienne, un jeune journa- je – il faut bien là que je dise « je » – suis incapa- mort, verront, dans cette mise en scène, une liste. Autour de l’homme qui va mourir, Copi ble de ne pas revivre, seconde par seconde, la Visite inopportune qui, au pied de la lettre, est fait bouler une feria de clowneries, d’horreurs, première mise en scène, celle de Jorge Lavelli. tout à fait conforme, et, mieux que cela, qui CINEMA-FESTIVAL Compagnie Norma Claire d’extravagances, d’atrocités : la proche agonie Parce que cette mise en scène, c’était sublime, leur fera toucher l’énergie et la splendeur de Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Théâtre Les Dix Commandements d’Ivry Antoine-Vitez, 1, rue Simon- déchaîne-t-elle un délire d’accidents poussés à c’était Copi en personne, simple, affectueux, l’imagination créatrice de Copi. Il manque juste Dereure. Mo Mairie-d’Ivry. 20 h 30, le bout, de désirs inaccomplis, de cauchemars bouleversant. « l’ange ». Le Décalogue revisité par dix documen- taristes néerlandais : Le Royaume des 28 ; 17 heures, le 29. Tél. : interrompus ? Lukas Hemleb, qui met en scène, Lukas Hemleb écrit encore : « Copi n’a pas ombres, de Fiona Tan (2000) ; Honore 01-46-70-21-55. De 70 F à 110 F. dit que « la pièce tient en balance le monstrueux peur du mauvais goût. En cela il a l’insolence M. C. ton père et ta mère, de Niek Koppen Orchestre philharmonique (2000) ; On a de nouveau pêché, de de Radio-France Fatima Jebli Ouazzani (2000) ; Dieu est Œuvre de Mahler. Myung-Whun mon copilote, de Karin Junger (2000) ; Chung (direction). NOUVEAUX FILMS Un état d’être, de Paul Cohen (2000) ; Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- Carte postale parisienne La Terre promise, de John Appel Saint-Honoré, Paris-8e.Mo Ternes. (2000) ; Lettres à Dieu, de Vuk Janic 20 heures, le 28. Tél. : 01-56-40-15-16. FAST & FURIOUS BEAUTÉS EMPOISONNÉES (2000) ; L’Invisible Vérité, de Pieter De 18 F à 49 F. Fleury (2000) ; Ni son âne, de Jos de Put- Laurent Cugny Quintet a Rob Cohen a annoncé avec le a Une mère (Sigourney Weaver) er Dieu est grand, je suis toute petite. La miséricorde ter (2000) ; Privé, de Heddy Honig- Sunset, 60, rue des Lombards, Paris-1 . plus grand sérieux qu’il tournait et sa fille (Jennifer Love Hewitt) mann (2000). Mo Châtelet. 22 heures, les 28 et 29. ne sauve pas cette comédie de l’ennui une version moderne de La Fureur forment une équipe soudée. La Forum des images, porte Sainte-Eusta- Tél. : 01-40-26-46-60. De 60 F à 120 F. de vivre. Il reste du film de Nicho- mère épouse les hommes riches, che, Paris-1er.Mo Châtelet-Les Halles. U-Roy té. La foi soulevant des monta- las Ray la course de voitures-suici- puis arrive sa fille qui sème la dis- 20 h 30, le 28 ; 18 h 30, les 29 et 30. Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Tél. : 01-53-59-12-40. 10 F (tarif réduit) e o Film français de Pascale Bailly. gnes, Michèle abandonne la reli- des, purgée de son lyrisme, de sa corde. Il en résulte un divorce Paris-19 .MPorte-de-Pantin. 20 heu- et 20 F (plein tarif), par séance ; 60 F res, le 28. Tél. : 01-42-08-60-00. 152 F. Avec Audrey Tautou, Edouard gion bouddhiste et se met au poésie et de sa méditation sur la lucratif pour la mère, et des émolu- (forfait pour toutes les séances). Gra- Baer, Julie Depardieu, Catherine judaïsme, dans l’espoir de faire solitude. Dominic Toretto est le ments conséquents pour la fille. tuit pour les abonnés du Forum des RÉGIONS Jacob, Atmen Kelif, Mathieu revenir l’élu de son cœur dans le chef d’un groupe de jeunes adultes Cette bonne idée de comédie images, Société des amis de l’Institut néerlandais. Débordements II Demy. (1 h 40.) droit chemin de sa foi, et de bâtir qui adulent les voitures de sport. donne un mauvais film. David Mir- de Gilles Aufray, mise en scène de Char- un foyer. Leur passion pour la vitesse les kin est effrayé par son sujet, trop TROUVER SON FILM lie Windelschmidt. Si Dieu est grand, il est en revan- Dieu est grand ne manque pas amène à organiser des courses cynique pour lui et trop léger Brest (Finistère). Le Quartz, 2-4, ave- che absent des écrans. Ce n’est de scènes cocasses, quoique un interdites où le spectateur a droit à vis-à-vis de l’institution du maria- Tous les films Paris et régions sur le nue Clemenceau. 20 h 30, le 29. Tél. : Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : pas le cas d’Audrey Tautou, dont peu faciles. Michèle lit des fascicu- son lot d’accidents et d’émotions ge. Sigourney Weaver et Gene Hac- 02-98-33-70-70. 83 F et 91 F. 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Michèle Anne de Mey le visage, depuis le succès du Fabu- les sur le judaïsme pour débu- fortes. Filmé en plans courts, avec kman sont confinés dans des Strasbourg (Bas-Rhin). Pôle Sud, 1, rue leux destin d’Amélie Poulain, est tants, respecte le shabbat sans une musique assourdissante et des emplois ridicules, incapables d’im- ENTRÉES IMMÉDIATES de Bourgogne. 20 h 30, le 28 ; 22 h 30, omniprésent. On retrouve l’actri- l’avouer à son conjoint, et devient effets de lumière qui donnent mal primer leur talent sur une comédie Le Kiosque Théâtre : les places de cer- le 29. Tél. : 03-88-23-47-23. 100 F. ce sur l’affiche de la nouvelle proche de sa mère, condition pre- à la tête, Fast & Furious ressemble insipide. S. Bd. tains des spectacles vendues le jour comédie de Pascale Bailly, dans mière, selon les clichés, pour envi- à une visite du Salon de l’auto où Film américain de David Mirkin. même à moitié prix (+ 16 F de commis- un rôle curieusement très proche sager une union avec le jeune des pin-up sorties d’un magazine Avec Sigourney Weaver, Jennifer sion par place). Place de la Madeleine et parvis de la de celui qu’elle occupait dans le homme. de charme défilent sur des véhicu- Love Hewitt, Gene Hackman. gare Montparnasse. De 12 h 30 à film de Jean-Pierre Jeunet. Cette relation paradoxale entre les tout aussi improbables. C’est (2 h 03.) 20 heures, du mardi au samedi ; de Filmée comme Audrey Hepburn une jeune fille en voie de conver- amusant pendant quelques minu- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. ou l’une des ingénues fantasques sion et un jeune homme effrayé tes – l’acteur principal du film s’ap- YOUNG BLADES L’Echange des comédies américaines des par sa religion constitue un bon pelle Diesel ! –, jusqu’au moment a Le seul aspect vraiment specta- de Paul Claudel, mise en scène de Jean- Pierre Vincent. années 1940 – Claudette Colbert ferment de comédie. Mais en l’ab- où le spectateur comprend que culaire de ce projet, sous-titré La Nanterre (Hauts-de-Seine). Théâtre des dans New York-Miami, de Frank sence de tout rythme, dans une Rob Cohen a bien décidé de faire Jeunesse des trois mousquetaires, Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso. A Capra semble être l’un de ses histoire circulaire qui ne cesse de un film à partir de ces vignettes. est son total mépris pour l’orthodo- partir du 28 septembre. 20 h 30, du modèles –, Audrey Tautou est, répéter une situation définie dès S. Bd. xie dumassienne. Remontant allè- mardi au samedi ; 15 h 30, le diman- che. Tél. : 01-46-14-70-00. De 52,48 F à encore une fois, cantonnée dans le départ, les mimiques d’Audrey Film américain de Rob Cohen. Avec grement la pendule, le scénariste 150,87 F. Jusqu’au 10 novembre. un jeu de pistes dans Paris, entre Tautou et les réticences Vin Diesel, Paul Walker, Michelle situe la rencontre entre d’Arta- Le Malade imaginaire le cache-cache des adolescents et d’Edouard Baer finissent rapide- Rodriguez. (1 h 47.) gnan et ses trois collègues au de Molière, mise en scène de Philippe des états d’âme d’adultes, à la ment par avoir raison de notre moment des noces de Louis XIII et Adrien. recherche de son bien-aimé. Elle patience. MANUELA SAENZ d’Anne d’Autriche. Entourant Cartoucherie-Théâtre de l’Aquarium, a route du Champ-de-Manœuvre, mérite mieux. Elle mérite surtout Paris est tout petit dans Dieu est Pour le prix d’un ticket de métro cette union de péripéties plus Paris-12e.Mo Château-de-Vincennes, autre chose. grand. Il se limite à la rue des parisien, on peut se rendre à la sta- navrantes que palpitantes, Young puis navette Cartoucherie ou bus 112. « J’ai vingt ans et j’ai raté ma Rosiers, au restaurant Golden- tion Simon-Bolivar pour consulter Blades est en réalité un téléfilm de A partir du 28 septembre. 20 h 10, du vie », écrit Michèle (Audrey berg, à l’Action Ecoles. A un péri- les panneaux qui évoquent sa vie. qualité moyenne réalisé par un mardi au samedi ; 15 h 45, le diman- che. Tél. : 01-43-74-99-61. De 60 F à Tautou), vingt ans, dans son jour- mètre de carte postale. Composé Pour le prix d’un livre de poche, on Australien, interprété par des Bri- 120 F. Jusqu’au 21 octobre. nal intime, avec des échos de Paul de longs plans-séquences, fausse- peut lire Le Général dans son laby- tanniques et destiné à de très Ubu roi Nizan. Michèle vient de se séparer ment virtuoses car souvent mal rinthe, le roman de Gabriel Garcia jeunes spectateurs. On peut à la d’Alfred Jarry, mise en scène de Ber- de Bertrand. Elle a dû avorter. La cadrés, Dieu est grand donne aussi Marquez sur les derniers jours de rigueur leur recommander ce spec- nard Sobel. vie est triste donc, et elle ne vaut terriblement mal à la tête. Gad Bolivar. Pour un billet de cinéma, tacle, dont les responsables ont Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Théâ- tre, 41, avenue des Grésillons. A partir plus la peine d’être vécue. Elmaleh ou Michel Boujenah tire- on peut aller voir Manuela Saenz, pris soin de limiter la violence au du 28 septembre. 20 h 30, du mardi au D’ailleurs, Michèle tente de se sui- raient sans doute un excellent évocation de la maîtresse du Liber- minimum. A condition de leur samedi ; 16 heures, le dimanche. Tél. : cider. sketch de cette histoire. Il durerait tador. Ce dernier choix n’est pas le faire lire Dumas à la première occa- 01-41-32-26-26. De 59,04 F à 118,07 F. Mais arrive François (Edouard cinq minutes, au lieu d’une heure meilleur. Thomas Sotinel sion. T. S. Jusqu’au 28 octobre. quarante. Compagnie Georges Momboye Baer), un vétérinaire de trente- Film vénézuélien de Diego Risquez. Film britannique de Mario Andreac- Créteil (Val-de-Marne). Maison des deux ans, juif, avec une immense Avec Beatriz Valdés, Mariano Alva- chio. Avec Hugh Dancy, Ben Cross, arts, place Salvador-Allende. 19 h 30, réticence à reconnaître son identi- Samuel Blumenfeld rez. (1 h 37.) Sarah-Jane Potts (1 h 32.) le 28. Tél. : 01-46-86-17-61. 50 F. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 EN VUE a Sitôt les talibans partis en La presse algérienne critique les déclarations de M. Chirac aux harkis guerre sainte, les villageois de la province de Paktia, au sud de Kaboul, ont célébré des mariages « La France demande à l’Algérie de s’excuser auprès des traîtres ! », s’émeut le journal du FLN. au son du tambour, instrument prohibé par Omar, le mollah. Les médias dénoncent une démarche « dans l’air du temps, celui de l’Occident civilisé face aux autres, les barbares » a Ahmad Masjed-Jaméi, LE MASSACRE des harkis de les journaux l’ont fait à sa place et titre : « La France demande à l’Al- à-vous, supplétifs de l’armée colonia- ministre de la culture, a nommé à 1962 reste une pomme de discorde ne se sont pas privés de critiquer le gérie de s’excuser auprès des traî- le, désarmés et abandonnés par elle la tête de l’agence de presse entre l’Algérie et la France. Mardi chef de l’Etat. C’est peu de dire que tres ! » Pour Le Quotidien d’Oran, dès la signature des accords iranienne INRA l’historien 25 septembre, le président Jacques les propos de Jacques Chirac ont Jacques Chirac a commis une d’Evian ». Abdollah Nasseri-Taheri, Chirac fustigeait la « barbarie » choqué, dans une Algérie où l’on « effronterie historique » qui lui per- L’appel à la reconnaissance des spécialiste des croisades. des massacres commis par des considère que la France a commis met d’être « dans l’air du temps, massacres, dont l’ampleur est con- Algériens contre les harkis après le « un génocide » durant la colonisa- celui de l’Occident civilisé face aux testée par l’Algérie – même si l’on a Al-Badr Al-Hazmi, médecin cessez-le-feu. « Frappant les civils, tion, et des « crimes de guerre » autres, les barbares. En l’occurren- admet que des « vendettas » se radiologue de San Antonio au les femmes comme les enfants, [les durant la lutte de libération. ce, le barbare serait le FLN ».Lepré- sont effectivement exercées –, est Texas, ressortissant saoudien, massacres] laisseront pour toujours sident français a manqué de « subti- jugé d’autant plus inacceptable marié et père de famille, résident l’empreinte de la barbarie. (…) La « EFFRONTERIE HISTORIQUE » lité », nuance de son côté le journal que la France continue à ne pas légal aux Etats-Unis, témoin-clé France, en quittant le sol algérien, « Chirac charge le FLN », titre francophone El Watan, avant d’ac- admettre que des crimes ont été selon la police fédérale dans n’a pas su les empêcher, c’est vrai. Le Quotidien d’Oran, alors que les cuser Chirac de se livrer à une opé- commis en son nom contre la popu- l’enquête sur les attentats, a été Elle n’a pas su sauver ses enfants », mage national aux harkis. Si les journaux arabophones sont plus ration de manipulation « devant un lation algérienne. Le regard du pré- lavé de tout soupçon, mardi affirmait le chef de l’Etat à l’occa- autorités algériennes n’ont pas réa- véhéments, à l’image de Saout Al parterre d’anciens Français mu- sident français est « biaisé », affir- 25 septembre, par le procureur sion de la première journée d’hom- gi aux propos du président Chirac, Ahrar (le journal du parti FLN), qui sulmans piteusement au garde- me Le Quotidien d’Oran, en souli- fédéral de Manhattan : dans les gnant que « la France officielle s’est noms des pirates de l’air jusqu’à présent gardée de reconnaî- présumés, Nawaq Al-Hamzi et DANS LA PRESSE situation actuelle. Sinon, la tenta- avec nous sous diverses formes. souffrances de la population. Pour tre les terribles massacres et carna- Salem Al-Hamzi, le M ne suit pas tion d’une partition unilatérale des (…) L’Arabie saoudite a rompu ses des raisons historiques et géographi- ges qui ont accompagné la colonisa- mais précède le Z, en effet. RTL territoires décidée par Israël pren- relations diplomatiques avec les ques, le Pakistan connait l’Afghanis- tion et les crimes commis sous les Alain Duhamel dra du poids. (…) Après la tenta- talibans, accroissant encore plus tan mieux que quiconque. (…) Les sceaux successifs de la civilisation et a La veille, le président des a La rencontre Yasser Arafat/ Shi- tion de la paix sans partage des ter- leur isolement. (…) Le premier attaques terrifiantes du 11 septem- de la pacification. L’empreinte indé- Etats-Unis avait appelé les mon Pérès constitue un succès aus- ritoires, ce serait la tentative du ministre japonais soutient l’effort bre et la décision américaine de lébile de la barbarie couvre toute Afghans à se soulever contre les si précieux que précaire. Sa portée partage des territoires sans la paix. dirigé par les Etats-Unis et a offert punir les talibans pour avoir donné l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962, talibans au pouvoir. Le lendemain, symbolique est évidente, à la veille une aide économique à l’Inde et au asile à Oussama Ben Laden sem- des massacres et enfumades des des dizaines de milliers de de Yom Kippour et deux jours THE HARTFORD COURANT Pakistan. (…) Il a été plus difficile blent avoir redonné à l’Alliance une débuts de la colonisation aux villa- manifestants défilaient dans les avant le premier anniversaire de la (Connecticut, Etats-Unis) pour certains gouvernements de chance de tenter de reprendre le ges rasés et napalmés durant la rues de Kaboul au cri de « mort à seconde Intifada. Ce premier petit a Rassembler une coalition inter- rejoindre la coalition qu’à d’autres. pouvoir. Mais agir de la sorte serait guerre de libération ». Bush ». pas reste en revanche totalement nationale pour extirper le terroris- Mais le président Bush et ses con- une grave erreur. (…) Si elle revenait Pour El Watan, la question des vulnérable. (…) Cette rencontre me est plus facile à dire qu’à faire. seillers méritent des félicitations au pouvoir avec l’aide américaine, harkis n’est pas une affaire algé- a Malgré la concurrence – les constitue en tout cas le premier Mais l’administration Bush a bien pour avoir fait pression avec délica- l’Alliance du Nord serait incapable rienne. Ce sont des gens qui « ont abris antinucléaires de signe positif dans ce conflit depuis commencé en obtenant la coopéra- tesse et usé de persuasion pour de ramener la paix et la stabilité. choisi leur camp, leurs ennemis, leur Sant-Andrews, en Ecosse, et de un an. Ce qui est rageant, c’est que tion d’acteurs-clés dans sa lutte bâtir une coalition aussi diverse Elle reçoit actuellement une aide de destin, [et qui] dans un excès de zèle Sevenoaks, dans le Kent –, Mike tous les responsables de la région contre les réseaux terroristes et la pour lutter contre la terreur. plusieurs pays dont l’Inde, bien lâche et barbare ont commis des Parrish, de Kelvedon Hatch, dans sont d’accord en théorie sur la clique des talibans par une combi- qu’elle n’ait pas de frontière com- actions innommables contre la popu- l’Essex, affiche complet : son méthode (le rapport Mitchell) et naison de persuasion, de subtile DAWN mune avec elle. Ce sont les relations lation civile ». « Quand ces “soldats bunker de luxe à 30 000 livres la que, sur le fond, chacun sait bien diplomatie et de politique de puis- (Pakistan) étroites entre le Pakistan et les tali- de pacotille” [l’expression est du place est pourvu d’un système de ce que ce sont en réalité les condi- sance. La Russie a ouvert son espa- Le Pakistan a eu raison de mettre le bans qui ont conduit New Delhi à la général de Gaulle] ont été abandon- filtres à air, de dortoirs, d’une tions d’un compromis. Si le proces- ce aérien à des missions d’assistan- monde en garde contre un soutien soutenir. Si l’Alliance parvenait au nés par leurs maîtres, il était difficile cantine et d’un studio de sus de la négociation s’enclenche ce et va échanger des renseigne- militaire à l’Alliance du Nord. (…) pouvoir, il est peu probable qu’elle de retenir les parents de ceux dont télévision. de nouveau sous la pression des ments et armer les forces anti-tali- Leur fournir des armes serait une observe une attitude de neutralité à les fils et les filles ont été par eux Américains et avec l’encourage- bans. Le soutien de Moscou est cru- catastrophe assurée et plongerait l’égard du Pakistan, ce qui risque- assassinés. » a Jokin Galarraga, 17 mois, ment actif des Européens, on peut cial. (…) Plusieurs ex-Républiques encore plus l’Afghanistan dans une rait de causer encore plus d’instabili- grièvement blessé par l’explosion sortir de l’impasse aberrante de la soviétiques ont promis de coopérer guerre de factions qui accroîtrait les té et de carnage. Jean-Pierre Tuquoi d’un jouet piégé, admis à l’hôpital de San Sebastien le 20 août, « danse, rit et parle avec ses SUR LA TOILE parents comme avant », assure le www.securityfocus.com, www.terrorists.net docteur Eduardo Gonzalez MUSIQUE Perez-Yarza en exprimant la a Le site d’échange de musique satisfaction « presque entière » de Pendant des semaines, un hacker américain s’est amusé à falsifier des dépêches d’actualité publiées sur Yahoo! News Napster a signé un accord avec l’as- son équipe devant le bébé dont sociation américaine des éditeurs « les uniques séquelles resteront des LA SOCIÉTÉ californienne de que la vérité allait leur apporter la de musique (NMPA) et le syndicat cicatrices et la perte des yeux ». sécurité informatique Security Fo- liberté ne connaissent strictement rien des auteurs de chansons (SGA), ce cus, qui publie un webmagazine aux lois fédérales. » Après vérifica- qui devrait mettre fin aux procédu- a De vieilles dames tasmaniennes, consacré à toutes les formes de pira- tions, Security Focus confirme que res judiciaires en cours et permettre âgées de 65 à 82 ans, inspirées par tage, s’intéresse depuis peu à un pro- l’auteur de ces détournements est à l’avenir la diffusion de musique l’exemple de quinquagénaires blème a priori éloigné de ses compé- bien Adrian Lamo, un Californien de sur le nouveau site payant de Naps- anglaises qui avaient récolté de la tences : la fiabilité des informations vingt ans propriétaire d’un site Web ter, aujourd’hui contrôlé par Bertels- même façon des fonds pour les publiées sur Internet. En effet, l’un baptisé « Terrorists.net : une vie mann. Napster devra verser 26 mil- enfants leucémiques, ont posé des nouveaux jeux des hackers amé- meilleure grâce à la peur ». M. La- lions de dollars pour solder le con- nues dans un calendrier pour ricains consiste à propager des faus- mo ne se considère pas comme un tentieux portant sur les années 1999 pouvoir changer les rideaux de ses nouvelles en pénétrant subrepti- pirate, car, en général, il prévient les et 2000, plus 10 millions d’avance leur centre communautaire. cement un site Web et en modifiant administrateurs qu’il a trouvé une sur les futures royalties. L’accord son contenu, de façon assez habile faille dans leur système, ce qui leur n’entrera en vigueur que s’il est enté- a Mis en examen pour avoir pour que les textes falsifiés restent permet d’y remédier. Cette fois, il a riné par la justice américaine. Par profané en état d’ivresse des crédibles pour un public non averti. préféré s’adresser directement aux ailleurs, cet accord est sans inciden- tombes du cimetière à Mably près S’il s’agit d’un site reconnu pour la médias pour que l’affaire ne soit pas ce sur les plaintes déposées par les de Roanne, trois adolescents sont qualité de ses informations, les étouffée, et critique au passage la maisons de disques, qui vont suivre en outre poursuivis pour le vol de dégâts peuvent être considérables. négligence des responsables techni- leur cours. – (AFP.) trois angelots dans le carré des Le 17 septembre, Security Focus ques de Yahoo! News : « Sur leurs www.nmpa.org enfants. reçoit un message d’un certain serveurs, les rapports statistiques à www.napster.com Adrian Lamo. Preuves à l’appui, il l’usage des publicitaires sont mieux a Troublé depuis dans son jeu, un affirme que le site Yahoo! News, où protégés que le contenu éditorial. » FERMETURE jeune artiste japonais porte une sélection de dépêches d’agen- construction de la NSA est l’une de une affaire de piratage de livres élec- Interrogée par Security Focus, la a Le webmagazine californien Upsi- plainte pour harcèlement sexuel ces est publiée en continu, est régu- nos priorités. En partenariat avec troniques (Le Monde du 11 septem- direction de Yahoo! aurait admis de, consacré à l’actualité des nouvel- contre Tamasaburo Bando, lièrement piraté à son insu depuis la AOL Time Warner, nous allons vous bre), a subi une série de modifi- que personne ne s’était aperçu de les technologies, a annoncé sa fer- célèbre acteur du théâtre kabuki, mi-août. Ainsi, un article consacré à fournir un service que vous ne pourrez cations. Un article affirmait que rien, mais assure que des mesures meture temporaire, faute de reve- interprète des rôle féminins un rapport du Sénat sur la National pas refuser. » En septembre, un dos- M. Sklyarov risquait la peine de ont été prises pour empêcher nus publicitaires suffisants. Le maga- appelés « onnagata ». Security Agency contenait une cita- sier consacré à Dmitri Sklyarov, l’in- mort, un autre que l’attorney gene- qu’une telle intrusion se reproduise. zine-papier Upside devrait conti- tion fantaisiste, qui est restée en formaticien russe retenu en Califor- ral John Ashcroft avait déclaré : nuer à paraître normalement. Christian Colombani ligne pendant trois jours : « La re- nie par la justice américaine dans « De toute évidence, ceux qui ont cru Yves Eudes www.upside.com

F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Dominique Dhombres F Le yin et le yam Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37a) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : C’EST SOURNOISEMENT et cieux, et légèrement sadique (oh ! Résumons, pour la jeunesse Adresse : l’air de ne pas y toucher que votre si peu) qui consiste à contempler insouciante et tous ceux qui n’ont Code postal : Localité : serviteur a regardé hier soir sur des gens nettement plus vieux que pas vu l’émission et/ou ne savent Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 France 3 la partie du magazine de vous se poser des questions qu’il pas ce qu’est la DHEA. C’est une Patrick de Carolis, « Des racines faudra bien se poser un jour. Dans hormone. Elle est sécrétée naturel- Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE et des ailes », consacrée à la le cas de la DHEA, s’y ajoute le ris- lement par l’organisme. Sa teneur N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de DHEA, l’hormone qui fait refleu- que, encore plus jouissif, d’avoir dans le sang diminue avec l’âge. mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER rir les vieux. Les deux autres sujets affaire à un canular de première Elle a été découverte, il y a trente les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... n’étaient évidemment qu’un pré- bourre, monté depuis trente ans ans, par Etienne-Emile, le même au journal Le Monde. Prénom ...... texte, comme au temps jadis où, par le professeur Etienne-Emile qui a inventé la pilule abortive N° ...... rue ...... pour acheter un paquet de préser- Baulieu. Pourquoi le canular serait- RU 486. Elle améliorerait sensible- Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... vatifs dans une pharmacie sans il interdit aux professeurs du ment la peau, la libido, la puissan- ment ou d’interrompre mon abonnement à perdre totalement contenance, Collège de France ? ce intellectuelle et bien d’autres tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) l’astuce consistait à demander en C’est qu’il est drôle, le profes- choses encore. Elle a déclenché des Date :...... même temps un tube d’aspirine et seur. Il est même pince-sans-rire rêves érotiques chez Claude Sarrau- Signature : ...... une lotion après-rasage. Ce n’est quand il contemple des gélules, te, une consœur du Monde deve- N° ...... rue ...... pas qu’ils étaient mauvais, les vendues sous le manteau, qui nue vedette à la télé, qui n’en fait Code postal Ville ...... deux autres sujets, le premier (les sont censées contenir une dose pas mystère et que je salue au pas- enfants surdoués) un peu bateau, de DHEA capable, en une seule sage. Tout cela n’est pas rien. Ah, IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB certes, et le second (la destruction prise, au choix, de transformer j’oubliais. On la trouve en abondan- d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- des tours jumelles de Manhattan), Line Renaud en Loana ou d’as- ce dans un tubercule tropical, tion. Il y en a un dans votre chéquier. pour lequel on atteint l’overdose, sommer un bœuf, et qu’il se assez fadasse, mais nourrissant, et Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : mais ils comptaient, comment contente de dire, après avoir ana- connu depuis l’aube africaine de Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. dirais-je, pour du beurre. Allons, lysé la chose avec tous les beaux l’humanité, le yam. Je sais, elle est Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) un peu de courage. Si j’ai regardé appareils de son labo : « Par chan- un peu facile, mais je n’y résiste “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at hier soir « Des racines et des ce, il n’y avait rien dedans. C’était pas. Mercredi soir, « Des racines et Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 ailes », c’est pour le plaisir déli- une petite escroquerie. » des ailes », c’était le yin et le yam. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / 35 JEUDI 27 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.00 Voyages, voyages. La Namibie. Arte MUSIQUE 16.40 Un jour aux courses aa TÉLÉVISION ARTE 20.00 L'Avenir Sam Wood (Etats-Unis, 1937, 21.00 Prix Nobel de littérature, 20.35 et 0.15 Mozart. Sonate pour piano en v.o., 110 min). TCM 19.00 Voyages, voyages. La Namibie. des éléphants. National Geographic aa TF 1 politiquement incorrects ? Forum mi bémol majeur KV 282. Daniel 18.35 Promenades d'été 19.45 Météo, Arte info. 20.05 Watergate. Barenboïm, piano. Mezzo René Féret (France, 1991, 20.15 Putain d'Europe ! 22.00 L'idéologie a-t-elle disparu ? Forum [3/5]. Les boucs émissaires. Histoire & 17.20 Beverly Hills. 21.00 Berlioz. Messe solennelle. 85 min) . TPS Star 20.45 Thema. Vivre avec le risque. 22.30 Bibliothèque Médicis. 20.35 Histoires secrètes. Enregistré en la cathédrale de 19.15 Madame du Barry aa 18.15 et 1.10 Exclusif. 20.45 A la poursuite du risque zéro. Mondialisation : elle nous sauve Sang contaminé. La Chaîne Histoire Westminster, à Londres, en 1993. Christian-Jaque (France, 1954, 18.50 Le Bigdil. 21.45 Ces ondes qui nous entourent. ou elle nous tue ? Par l'Orchestre révolutionnaire et 105 min) &. Cinétoile 22.35 Bhopal express 20.45 Thema : A la poursuite 19.45 et 20.45, 0.10 Star Academy. Film. Mahesh Mathai (v.o.). Invités: Gilles Kepel ; romantique et le Chœur Monteverdi, 20.30 Lacenaire aa Jean-Paul Fitoussi ; Guy Sorman ; du risque zéro. Arte dir. John Eliot Gardiner. Muzzik 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 0.15 Renaissance. Francis Girod (France, 1990, 20.50 Navarro. Mademoiselle Navarro. Téléfilm. Gillies MacKinnon. Jean Pisani-Ferry. Public Sénat 21.00 Les Plus Belles Routes du monde. 22.00 Diane Schuur & the Count Basie 125 min) %. CineCinemas 2 Pérou, la route des Cités d'or. Voyage 22.40 La Route de la vengeance. 1.45 Music Planet. Femi Kuti. 23.00 Révolution, ceux qui attendent Orchestra. Concert. Muzzik 20.45 Qu'est-ce que maman % 21.45 Thema : Ces ondes Téléfilm. Deran Sarafian . What's going on ? le grand soir. Forum 22.35 A Tribute to the Music comprend à l'amour ? aa 0.15 Histoires naturelles. qui nous entourent. Arte of Bob Dylan. Vincente Minnelli (Etats-Unis, M6 MAGAZINES 22.00 Poissons de récifs, mais où sont- New York, 1991. Canal Jimmy 1958, 105 min). TCM FRANCE 2 20.45 Boys Don't Cry aa 17.30 Spéciale Info. 20.55 Envoyé spécial. Esclaves à domicile. ils passés ? National Geographic Kimberly Peirce (Etats-Unis, 17.20 Qui est qui ? 17.55 Le Clown &. Toulouse en état de choc. 22.00 Saveurs du monde. TÉLÉFILMS 1999, 115 min) !. Canal + 18.00 Le Groupe. 18.55 Le Caméléon &. P.-s. : Bhopal : un nuage dans la nuit ; Le Maroc. Voyage 20.30 L'Enfant de la honte. Voyage au cœur du Pakistan. France 2 21.00 Cœurs brûlés aa 18.30 Friends &. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.00 L'Invincible Armada. Claudio Tonetti. [1 et 2/2]. Festival Josef von Sternberg (Etats-Unis, & 22.40 L'Actors Studio. [3/3]. La débâcle. Histoire 19.00 On a tout essayé. 20.05 Madame est servie . 22.40 La Route de la vengeance. 1930, 90 min) &. Histoire 20.40 Caméra Café. Richard Dreyfuss. Paris Première % 19.45 Un gars, une fille. 23.00 Pilot Guides. L'Inde du Sud. Voyage Deran Sarafian . TF 1 21.50 The Verdict aa 20.50 Popstars. 22.45 Boléro. 20.00 et 1.10 Journal, Météo. 23.05 Evasion. Chevreuse : le jardin 23.35 Les Visiteurs de la nuit. Don Siegel (Etats-Unis, 1946, Deux, sinon rien &. Robin Renucci. Monte-Carlo TMC & 21.50 Ally McBeal. de la grande ville. Odyssée Jorge Montesi. M6 v.o., 85 min) . CineClassics 20.20 Question ouverte. 22.45 Diffamation &. 23.05 Comme au cinéma. 23.55 La Grande Famine. [2/3]. Histoire 23.45 Le Crabe sur la banquette arrière. 22.25 Monsieur Hire aa 20.55 Envoyé spécial. 23.35 Les Visiteurs de la nuit. Retour sur le phénomène Amélie Poulain. Jean-Pierre Vergne. Festival Patrice Leconte (France, 1989, 23.05 Comme au cinéma. Téléfilm. Jorge Montesi. Invités : Audrey Tautou ; 0.00 Inde, un mariage & 0.15 Renaissance. 80 min) . TPS Star 1.40 Nikita. Main dans la main %. Romane Bohringer ; Edouard Baer ; chez les Rajahs. Voyage aa Catherine Jacob. France 2 Gillies MacKinnon. Arte 22.30 Storm Warning RADIO 0.10 De Gaulle ou l'éternel défi. Stuart Heisler (Etats-Unis, FRANCE 3 23.15 Le Club. [2/6]. Orages atlantiques. Planète SÉRIES 1951, v.o., 90 min). TCM Laurent Heynemann. CineClassics 23.00 Frankenstein aa 17.50 C'est pas sorcier. FRANCE-CULTURE SPORTS EN DIRECT 18.55 Le Caméléon. Kenneth Branagh (Etats-Unis, 1994, 18.20 Questions pour un champion. DOCUMENTAIRES & ? [1/2]. Instinct naturel . M6 v.o., 120 min) . CineCinemas 3 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 20.30 Fiction 30. 17.30 Football. 21.00 Le Gai Savoir. 18.15 Oum Kalsoum, Coupe de l'UEFA (1er tour, retour) : 20.50 Navarro. 20.15 Tout le sport. Mademoiselle Navarro. TF 1 22.10 Multipistes. Debrecen - Bordeaux. Canal+ Vert 20.25 Tous égaux. la voix de l'Orient. Planète 22.30 Surpris par la nuit. 23.00 Football. Championnat 21.35 The Practice. Intégrité. a 18.30 Rats en guerre. National Geographic Sur le fil du rasoir %. Série Club 20.55 Le Passager de la pluie du monde des moins de 17 ans : Film. René Clément %. 0.05 Du jour au lendemain. 19.00 Grace Kelly. La Chaîne Histoire Demi-finale. Eurosport 22.45 Ally McBeal. Diffamation &. M6 François Dagognet (100 mots 22.55 Météo, Soir 3. pour commencer à philosopher). 23.25 Cyclisme. 0.20 J'ai pas sommeil. FRANCE-MUSIQUES 0.50 Espace francophone. Trois siècles après la paix de Montréal. 20.00 Concert. Par l'Orchestre national de France, dir. Emmanuel Krivine, tifs, non du point de vue des victi- Sarah Chang, violon. Arte Série Club CANAL + Œuvres de Brahms, Dvorak, Zemlinski. mes mais de celui des « acteurs » du 22.00 En attendant la nuit. 16.25 Le Bossu a 20.45 Thema : risque, interrogeant des profession- 20.50 « Washington Police » Film. Philippe de Broca &. 23.00 Jazz, suivez le thème. « Vivre avec le risque » nels dont le métier consiste à assu- Produite par Denise Di Novi et Terry f En clair jusqu'à 18.54 Consacrée à la prévention et à la ges- rer, organiser, limiter, réglementer, George, cette série policière est l’un 18.30 Les Simpson &. RADIO CLASSIQUE tion des accidents, cette soirée thé- c’est-à-dire à « gérer » le risque. Ces des programmes qui ont fait l’événe- 18.55 + de cinéma. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. aa f Œuvres de Clementi, Beethoven. matique tombe à point après l’explo- ondes qui nous entourent, de Lauren- ment sur CBS en 2000. Une distribu- 23.45 Un cœur qui bat En clair jusqu'à 20.05 Martha Argerich, piano, sion qui, vendredi 21 septembre, a ce et Jean-Pierre Lentin, donne tion impeccable, une structure narra- François Dupeyron. 19.30 Le Journal. G. Kremer, violon. Avec Dominique Faysse, 19.45 Le Zapping. ravagé la ville de Toulouse. Biologi- ensuite la parole aux plus grands tive solide et remarquablement ryth- Thierry Fortineau, 20.40 Trentième anniversaire 19.55 Les Guignols de l'info. de l'Orchestre national ques, industriels, médicaux, nucléai- experts en matière de pollutions mée. Et cet art consommé d’embras- Jean-Marie Winling (France, 1990, 95 min) &. TPS Star 20.05 Burger Quiz. des Pays de la Loire. res, financiers ou juridiques, les ris- électromagnétiques. Après les ques- ser dans un même mouvement ten- aa 20.45 Boys Don't Cry aa Par l'Orchestre national des Pays 23.55 La Charrette fantôme de la Loire, dir. Hubert Soudant. ques pèsent sur nos vies. Alain Las- tions grand public, les documentaris- sions et légèretés ; d’entrechoquer Julien Duvivier (France, 1939, Film. Kimberly Peirce !. & Œuvres de Berlioz, Cavanna, fargues, auteur du premier docu- tes évoquent les dangers encourus les ambiances et les émotions les 85 min) . Cinétoile 23.00 Personne n'est parfait(e) Moussorgski, Ravel, Ruggero, aa Film. Joel Schumacher (v.o.) %. mentaire de la soirée, a choisi d’étu- par des habitants dont les maisons plus contradictoires, loufoquerie, 1.45 Stand-By Mozart, R. Schumann. Roch Stéphanik (France, 2000, 0.50 Deuxième quinzaine de juillet 22.35 Les Rendez-vous du soir (suite). dier le domaine des risques collec- jouxtent des lignes à haute tension. duplicité, inquiétude, gravité noire… 120 min) %. Canal + Vert Film. Christophe Reichert &. Œuvres de Chausson, Franck.

VENDREDI 28 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.15 Mystérieuses civilisations MUSIQUE TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE disparues. La citadelle inca. Planète 15.05 Domus 5, c'est comment 18.30 Studio ouvert. 20.00 L'Aventure urbaine 17.45 et 20.35, 23.30 Pfitzner. La géopolitique de l’Islam. Public Sénat Ouverture de Kätchen von Heilbronn. TF 1 chez vous ? National Geographic 21.00 Les Vieux Gréements. Forum de l'éléphant. Par l'Orchestre de la Suisse 16.00 Samarcande. romande. Mezzo 14.45 Une nouvelle vie. 22.00 Tabarly « Homme libre, toujours 20.30 Les Mystères de la Bible. Les dix Téléfilm. Alan Metzger. 17.00 Les Refrains de la mémoire. commandements. La Chaîne Histoire 19.30 Classic Archive. 17.30 100 % question. tu chériras la mer... ». Forum Avec , violon ; 16.30 Passions. 20.30 Ozd. Les laissés-pour-compte 17.20 Beverly Hills. 18.05 C dans l'air. 23.00 La Solitude de la métallurgie. Planète Tasso Janopoulo, piano. Mezzo 19.40 Dizzy Gillespie. 18.15 Exclusif. 18.57 Météo. du gardien de phare. Forum 21.00 Le Terrorisme de guerre. 19.00 Tracks. A mort les Etats-Unis ! Odyssée Montréal, en 1981. Muzzik 18.50 Le Bigdil. 19.45 Météo, Arte info. MAGAZINES 21.00 Cobras souverains 21.00 Miles Davis joue Gil Evans. 19.45 et 20.45, 1.25 Star Academy. Montreux 1991. Muzzik 19.48 Météo, Journal, Météo. 20.15 Putain d'Europe ! de l'Inde. National Geographic 13.05 Faxculture. 22.50 Mozart. Divertimento KV 247. 20.42 Trafic infos. 20.45 Sors de ma vie. Genève-Bruxelles, la fureur de lire 21.25 Sur les traces des ancêtres. Par le Wiener Kammerensemble. Mezzo 20.50 Plein les yeux. Téléfilm. Franziska Buch. fait passerelle avec Bruxelles. TV 5 [2/2]. Les Hittites. Histoire 23.25 Bruce Springsteen 22.15 Grand format. 13.10 Zig Zag café. 23.10 Sans aucun doute. Au nom de l'humanité. 22.00 La Grande Famine. [3/3]. & the E Street Band. Deux Suisses au Népal. TSR L'héritage et les reproches. Histoire Le Tribunal de La Haye. Madison Square Garden, a 13.55 C'est mon choix. France 3 National Geographic FRANCE 2 23.55 Desperado City 22.00 Volcans ! en 2000. Canal Jimmy 13.20 La Comédie de Dieu aa Film. Vadim Glowna (v.o.). 14.25 Boléro. 22.00 Sur la route. Amazonie, la Terre, 23.55 Herbie Hancock Trio. Joao César Monteiro. 15.50 Mort suspecte &. 1.30 Le Dessous des cartes. Invité : Robin Renucci. TMC un enfant unique. Voyage Concert enregistré en Suisse. Muzzik Avec Claudia Teixeira, 16.40 Un livre. 15.05 Domus 5, c'est comment chez vous ? Joao César Monteiro, Manuela 22.15 Au nom de l'humanité. de Freitas (France - Portugal, 16.45 Des chiffres et des lettres. M6 Les chambres d'enfants. La Cinquième Le Tribunal de La Haye. Arte THÉÂTRE 1996, v.o., 165 min) %. CineCinemas 2 17.20 Qui est qui ? 17.00 Les Lumières du music-hall. 23.00 Quand la terre 13.35 Reviens Jimmy Dean, 18.00 Le Groupe. 13.35 Traits pour traits. Serge Lama. 21.05 La Visite de la vieille dame. Téléfilm. Douglas Barr %. gronde. National Geographic Pièce de Friedrich Dürrenmatt. Festival aa 18.30 Friends &. Véronique Sanson. Paris Première reviens 15.20 Demain à la une &. Robert Altman (Etats-Unis, 1982, 19.00 On a tout essayé. 18.05 C dans l'air. La Cinquième 23.10 La Rue de la solidarité. Planète 16.10 Central Park West &. TÉLÉFILMS v.o., 110 min) &. Cinéfaz 19.45 Un gars, une fille. 23.30 Un voyage 17.00 M comme musique. 19.00 Tracks. 20.00 Journal, Météo, Point route. Backstage : Le retour des années 1980. fantastique. National Geographic 17.30 La Fureur des anges. 17.30 Spéciale Info. Tribal : Mannequins aborigènes. Arte Paul Wendkos [2/2]. &. Téva 20.50 Une soirée, deux polars. & 23.50 Histoire du jazz français. La Crim'. Le sang d'une étoile. 17.55 Le Clown . 20.50 Thalassa. [1/3]. De 1917 à 1940. Histoire 18.30 Les Yeux en bandoulière. 21.45 Central nuit. 18.54 C Koa le mobile ? Brésil, le silence des dunes. France 3 Pierrick Guinard. Festival 0.00 Le Mystère Stonehenge. Voyage Accident diplomatique. 18.55 Le Caméléon &. 20.50 C'est la Jet Set. M6 18.40 Quitte ou double. 22.45 Bouche à oreille. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Frank D. Gilroy &. CineCinemas 1 20.50 Plein les yeux. TF 1 SPORTS EN DIRECT 22.50 New York 911. Comme un lundi %. 20.05 Madame est servie &. 19.05 La Maison du futur. 21.00 Recto Verso. e 23.35 A la Maison Blanche. 20.40 Décrochages info, 14.30 Cyclisme. Tour d'Espagne (19 étape) : LeVar Burton. Disney Channel % Romane Bohringer. Paris Première Une rude journée . Caméra Café. Cuenca - Guadalajara. Eurosport 19.30 Ardéchois, cœur fidèle. 21.00 Rock Press Club. 0.20 Journal, Météo. 20.50 C'est la Jet Set. e 18.30 Tennis. Tournoi féminin de Leipzig. Pierre Gallo. [1/6]. Festival Le hard rock (2 partie). Canal Jimmy % Quarts de finale. Eurosport 20.45 Sors de ma vie. 22.55 Profiler. Le repaire de Jack . 21.55 Des livres et moi. Paris Première FRANCE 3 23.45L'ombre des archanges %. 20.00 Cyclisme. Franziska Buch. Arte 0.45 Burning Zone, 22.40 On ne peut pas plaire Championnat du monde sur piste. 20.45 Divorce par balle. 15.00 Liaisons étrangères. à tout le monde. France 3 Poursuite dames et par équipes ; Charles Correll. %. RTL 9 Téléfilm. Jim O'Brien. menace imminente. Vitesse dames. Eurosport Le temple du serpent &. 23.10 Sans aucun doute. TF 1 20.55 Les Maîtres du pain. 16.30 Les Jours euros. 0.25 Ombre et lumière. DANSE Hervé Baslé. [2/3] %. TMC 16.35 MNK. 17.35 A toi l'actu@. Invités : Robert Badinter 0.50 Les Folies Offenbach. aa RADIO et Anne Gavalda. France 3 21.00 La Nuit transfigurée. Michel Boisrond. [5/6] &. TMC 15.10 Crimes sans châtiment 17.50 C'est pas sorcier. Chorégraphie de Jiri Kylian. Sam Wood. Avec Ann Sheridan, 18.15 Un livre, un jour. Musique d'Arnold Schönberg. Par Robert Cummings (Etats-Unis, 1942, FRANCE-CULTURE DOCUMENTAIRES SÉRIES v.o., 130 min). TCM 18.20 Questions pour un champion. le Nerdelands Dans Theater. Mezzo 19.30 Appel d'air. Au fil du Yangzi. 17.00 Les Refrains de la mémoire. 17.20 Beverly Hills. Cas de conscience. TF 1 16.00 Frankenstein aa 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 21.30 Soirée Jiri Kylian. 20.30 Black and Blue.Adieu à Joseph Ah ! le petit vin blanc. La Cinquième % Kenneth Branagh (Etats-Unis, 20.10 Tout le sport. Torso. Musique de Toru Takemitsu. 18.05 Lain. Religion (v.o.) . Canal + 1994, 120 min) ?. CineCinemas 3 A joe Henderson, avril 1937-juin 2001. 17.00 Gardiens de la vie Enregistré en 1983. 20.20 Tous égaux. Par Le Nederlands Dans Theater. 18.30 Les Simpson. 16.35 1789 aa 21.30 Cultures d'Islam. Les Morisques, sauvage. National Geographic Il était une « foi » &. Canal + 20.50 Thalassa. derniers musulmans d'Espagne. Avec Sabine Kupferberg. Ariane Mnouchkine (France, Brésil, le silence des dunes. 1974, 150 min) &. Histoire 22.10 Multipistes.Détruite dit-elle [5/5]. 17.05 Les Légendes marines. [2/13]. 21.50 Petite mort. Musique de Mozart. 18.55 Le Caméléon. 22.10 Météo, Soir 3. Des vagues d'or et d'argent. TMC Enregistré en 1996. Par Le Nederlands [2/2]. Instinct naturel. &. M6 aa 22.30 Surpris par la nuit. 16.40 Monsieur Hire 22.40 On ne peut pas plaire 17.15 Un regard sur la tradition Dans Theater. Avec Nancy Euverick, 19.25 Frasier. Besoin d'espace. Série Club Patrice Leconte (France, 1989, Les mille et une bouches [2/2]. Lorraine Blouin, Elke Shepers... 75 min) &. Cinéstar 2 à tout le monde. 0.05 Du jour au lendemain. japonaise. [5/5]. Les kimonos 20.00 Les Anges du bonheur. Avec L'English Chamber Orchestra, 17.00 La Bataille d'Alger aa 0.25 Ombre et lumière. de cérémonie. Odyssée dir. Jeffrey Tate. Pâques à Brooklyn &. Téva Gillo Pontecorvo (Italie, 1965, 17.30 Au-delà des mers, l'héritage Soliste : Mitsuko Uchida, piano. 20.45 La Part du diable. 13ème RUE v.o., 120 min) &. CineClassics FRANCE-MUSIQUES 22.00 Sarabande. Musique de Bach. CANAL + portugais. Modes de vie. Planète Par le Nederlands Dans Theater. 20.50 Sex and the City. Règles de rupture. 19.00 Les Aventuriers du fleuve a 18.00 Le Jazz est un roman. % & 17.30 Petit royaume des pandas. TMC Avec Urtzi Aranburo, Zane Booker... Confidences sur l'oreiller (v.o.) . Téva Michael Curtiz (Etats-Unis, 15.45 Spin City . 19.05 Le Tour d'écoute. 22.20 Symphonie de Psaumes. 1960, 105 min). TCM 16.05 Harry, un ami 18.00 Hollywood Stories. 20.50 La Crim'. 20.00 Concert franco-allemand. Musique d'Igor Stravinsky. Le sang d'une étoile. France 2 21.00 Le Temps retrouvé aa a John Belushi. Paris Première qui vous veut du bien Par le Chœur et l'Orchestre Enregistré en 1983. 21.45 Central nuit. Raoul Ruiz (Fr. - It. - Port., Film. Dominik Moll %. philharmonique de Radio France, 18.00 Le Chat, caresser Par le Nederlands Dans Theater. 1999, 160 min) &. CineCinemas 2 % dir. Myung-Whun Chung, Avec Shane Caroll, Alida Chase... Avec Accident diplomatique. France 2 18.05 Lain . le tigre. National Geographic 21.00 Une île au soleil aa f Luba Orgonasova, soprano, L'Orchestre symphonique de Londres, 1.00 Chapeau melon et bottes de cuir. Robert Rossen (Etats-Unis, 1957, En clair jusqu'à 20.44 Mariana Lipovsek, mezzo-soprano : 19.00 Pilot Guides. La Californie. Voyage dir. Leonard Bernstein. Mezzo Qui suis-je ? Série Club 115 min) &. CineCinemas 3 18.30 Les Simpson &. Œuvres de Mahler. 21.10 Boys Don't Cry aa 18.55 + de cinéma. 22.30 Alla Breve (rediff.). Kimberly Peirce (Etats-Unis, 1999, 19.30 Le Journal, Le Zapping. 22.45 Jazz-club. Au New Morning. 115 min) !. Canal + Vert 19.55 Les Guignols de l'info. 22.05 Quasimodo, le bossu 20.05 Burger Quiz. RADIO CLASSIQUE de Notre-Dame aa 20.45 Encore + de cinéma. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. William Dieterle (Etats-Unis, 1939, 21.00 Nuit Star Wars. France 3 La Chaîne Histoire Ciné Classics v.o., 115 min) &. CineClassics Œuvres de Rodrigo, Infante. aa En attendant Star Wars. 20.40 Piotr Tchaïkovski, 20.50 Thalassa : 22.05 Yasser Arafat 0.00 The Verdict aa 22.40 Camarade X 22.30 Un nouvel espoir a King Vidor (Etats-Unis, 1940, Film. George Lucas &. ses premiers chefs-d'œuvre. Brésil, le silence des dunes Ce documentaire américain consa- Ce film de Don Siegel fut le dernier v.o., 90 min). TCM 0.30 L'Empire contre-attaque aa Œuvres de Tchaïkovski, Bizet, Loin des agitations du nouvel cré à la vie mouvementée et à la que Peter Lorre et Sydney Greer- 0.00 The Verdict aa Film. Irvin Kershner &. Rubinstein, Saint-Saëns, Balakirev. Don Siegel (Etats-Unis, 1946, 2.35 Le Retour du Jedi 22.55 Concert. Par l'Ensemble Al-Kindî, ordre économique mondial, la poi- personnalité complexe de Yasser street tournèrent ensemble, après Le v.o., 90 min) &. CineClassics Film. Richard Marquand &. dir. Julien Jalâl Eddine Weiss. gnée d’habitants de Queimada Arafat retrace avec minutie le par- Faucon maltais ou Le Masque de 0.10 Une étrange affaire aa (Brésil), une centaine d’âmes per- cours du président de l’Autorité Dimitrios. Greenstreet incarne, dans Pierre Granier-Deferre (France, 1981, 100 min) &. Cinéfaz SIGNIFICATION DES SYMBOLES dues dans les dunes, vit de la palestinienne. Alernant témoigna- cette adaptation d’un roman d’Israël 0.15 Un cœur qui bat aa Les codes du CSA Les cotes des films pêche. Le parc national des Lençois ges de proches et images d’archi- Zanwill, le commissaire Grodman et François Dupeyron (France, & aaa On peut voir & Tous publics Maranhenses, qui borde la côte ves, ce film produit par History Lorre le peintre Victor Emmric. Une 1990, 95 min) . Cinéstar 2 % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa atlantique à l’est de Sao-Luis-do- Channel permet de mieux com- œuvre rare qui distille un mystère 2.15 Promenades d'été Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique René Féret (France, 1991, ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans Maranhao, est un paradis écologi- prendre cet homme né en 1929, oppressant entretenu jusqu’à son ter- 85 min) . Cinéstar 1 ! Public adulte DD Dernière diffusion que que nous font découvrir San- ingénieur de formation, devenu me par la diction de Lorre et l’allure 2.25 Lumière d'été aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Jean Grémillon (France, 1943, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants drine Leonardelli et Georges Pinol. leader du peuple palestinien. pachydermique de Greenstreet. 110 min) &. Cinétoile 36

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 Fallait-il ? Reçu à Erevan, Jean Paul II se montre par Pierre Georges solidaire des souffrances du peuple arménien TOULOUSE, l’horreur et la Tant de morts, tant de blessés ? désolation. Toulouse et un Ou voici les morts, voici les bles- numéro de Paris-Match d’hor- sés et ce ne sont pas seulement Le pape a lancé un appel au rapprochement des Eglises d’Orient et d’Occident reur et de désolation. Nous des chiffres ? l’avons ce matin devant nous, Paris-Match a fait ce second EREVAN sus de lui, formant une voûte circu- d’une prière n’était pas le plus (avec les coptes ou les syriens) de ouvert sans franche envie de choix de montrer l’atroce réalité. de notre envoyé spécial laire, douze panneaux inclinés en adapté pour poser un geste politi- ces Eglises d’Orient qui ont affirmé l’ouvrir, regardé sans furieuse Un choix désormais interdit par Sur la place de la République tuf symbolisent les douze provinces que si près de la frontière turque. leur indépendance (« autocépha- envie de regarder, et bientôt la loi qui protège les victimes. d’Erevan, une croix a succédé à la les plus touchées par les massacres Le pape avait déjà reconnu le lie ») dès le premier millénaire. refermé, bouleversé, mal à l’aise, Un choix délibéré. Comme en statue de Lénine déboulonnée, il y a de 1915 (1,5 million de morts). Poin- « génocide », à Rome en novem- Elle est « orthodoxe », mais se dis- écœuré et pourtant perplexe. routine, une seconde nature de dix ans, après l’indépendance de té vers le ciel, un obélisque tranché bre 2000, recevant le catholicos. Le tingue des autres Eglises orthodo- Fallait-il, ne fallait-il pas ? Fal- cet hebdomadaire, ce fameux l’Arménie. A proximité, une cathé- par le milieu indique les deux voies mot sera encore repris dans la xes nées bien plus tard du schisme lait-il publier ces photos de bles- choc des photos, plus pesant drale flambant neuve manifeste la de la renaissance arménienne : la déclaration finale signée, jeudi 27, du XIe siècle entre Rome et Cons- sés, de morts, de victimes incons- que tous les mots, ce sang à la puissance retrouvée de l’Eglise apos- « mère patrie » et la diaspora. entre les deux hommes : « L’exter- tantinople. Elle n’est plus séparée cientes, mutilées, ensanglantées, une qui ferait vendre ? tolique, fière de ses sept millions de mination d’un million et demi d’Ar- de l’Eglise catholique que par des choquées ? Fallait-il fouailler ain- Ce serait injurieux de le dire. fidèles. Le pape aime ce type d’Egli- « LA GRANDE CATASTROPHE » méniens, généralement considérée raisons de rite et de juridiction, si le tragique au cœur de la tragé- Ou de réduire le débat à ce sordi- se, qui incarne l’histoire, la culture, Dans une prière poignante, Jean comme génocide, et l’anéantisse- puisqu’elle ne reconnaît pas l’auto- die, sonder les regards vides, de calcul. Fallait-il ? Alain Genes- l’âme d’un peuple, dont la foi a résis- Paul II demande à Dieu d’« essuyer ment de milliers d’entre eux sous le rité du pape de Rome. exercer ainsi un obscène recours tar, le patron de la rédaction, a té à toutes les invasions et épreu- chaque larme des yeux » du peuple régime totalitaire sont des tragédies D’où l’appel que Jean Paul II a à l’image pour mieux dire la terri- évidemment, dans un éditorial, ves. Entre l’Arménie et le pape, le arménien. La flamme lèche sa souta- qui doivent vivre encore dans la de nouveau lancé, un appel à une ble obscénité du malheur anticipé ce débat éditorial : « Fal- cœur parle, comme l’a montré, mer- ne blanche et celle du catholicos. mémoire de l’actuelle génération. » réflexion commune sur l’exercice humain ? lait-il publier, dans les pages qui credi 26 septembre, sa visite au Des œillets rouges jonchent le sol. Les cérémonies du dix-septième du « ministère de Pierre » (la fonc- Vieux débat qu’on ne saurait suivent, la photo de cette jeune mémorial du génocide et son accola- Quand Charles Aznavour chante centenaire de la naissance du chris- tion de pape) et à un rapproche- évacuer par la cynique apprécia- femme et de ses deux enfants, de, dans la cathédrale en liesse, avec son Ave Maria et qu’une chorale tianisme en Arménie ont attiré à ment des Eglises d’Orient et d’Occi- tion du « sang à la une » qui leurs visages en sang, tous trois le catholicos Karekine II. entonne le Der Vormhia (« Sei- Erevan nombre de chefs d’Eglise dent. Mais si l’Eglise arménienne ferait vendre. Il y a du sang à la blessés et choqués par l’explosion « La croix est la couleur de la peau gneur, aie pitié de nous »), les mais n’ont pas constitué un événe- est moins prévenue contre Rome une de Paris-Match. Du sang par- de l’usine AZF de Toulouse ? Et les arménienne » : ce dicton célèbre en cœurs se serrent. « Je n’ai pas été éle- ment œcuménique. Résidant au que les Eglises orthodoxes, elle ne tout, du sang noir comme de autres photos des autres victi- Arménie et dans toute la diaspora, vé dans la haine, mais dans le souve- siège patriarcal d’Etchmiadzine, le semble pas davantage prête à l’encre et rouge comme la souf- mes ? Oui. En dépit de la loi qui de Los Angeles à la région lyonnai- nir », dira le chanteur français d’ori- pape a été reçu avec courtoisie, céder une once de souveraineté. france, du sang d’enfants, de l’interdit au nom d’une prétendue se, le pape l’avait présent à l’esprit gine arménienne. mais sans ostentation. Toutefois, Le souvenir des épreuves subies et mères, de mutilés, le sang des protection des citoyens. Car l’obs- lorsqu’il s’est recueilli dans la fosse Le pape n’a pas alors explicite- Jean Paul II et Karekine II, élu en la sympathie qui lui est acquise morts et des vivants. cénité n’est pas dans la représen- de Tzitnernakaberd, le mémorial du ment utilisé le mot de « génoci- 1999 et sans expérience œcuméni- dans toute la diaspora ne la prédis- Fallait-il ? A chacun d’appré- tation de l’horreur mais dans le génocide. Gravés sur un mur d’ac- de ». Il a parlé de Metz Yeghern que, ont confirmé le rapproche- posent guère à sortir de son statut cier. Beaucoup diront, et ils laxisme et l’incompétence de l’ad- cès, il a d’abord lu les noms de Van, (« la grande catastrophe »). Cer- ment de leurs deux Eglises, amor- d’Eglise officielle. auront raison, que ces images ministration, ce monstre anonyme Ani, Marach, Mouch et de vingt- tains diront leur déception. cé par Vatican II (1962-1965). prises sont atroces. Et même un qui (...) a laissé s’écrire ce scéna- cinq autres villes martyres. Au-des- D’autres penseront que le cadre L’Eglise arménienne fait partie Henri Tincq peu plus qu’atroces, dégueulas- rio de l’horreur (...). Montrer c’est ses, comme un vol à l’arraché de informer et dénoncer une tragé- leur droit à l’image sur de pau- die qui, jamais, n’aurait dû se pro- vres victimes. Ou comme l’étala- duire. » ge complaisant, au motif d’en Convaincant, pas convain- mieux dénoncer les causes et les cant ? Cette défense et illustra- effets, des conséquences d’un tion de la photo, comme témoi- « crime » industriel. D’autres gnage ou irresponsabilité à char- diront, et leur position vaut ge, vaut ce qu’elle vaut. Et avant d’être entendue, que l’horreur que les tribunaux, peut-être, ne de la réalité et la souffrance des s’en mêlent pour dire où com- gens victimes d’une telle, et mence et où s’arrête « le droit de encore inexpliquée, catastrophe voir et de savoir » revendiqué par ne peut s’escamoter, se cacher Paris-Match, disons ici qu’elle comme poussière sous le tapis, nous trouble plus profondément ou se réduire à l’abstraction qu’elle ne nous convainc.vrai- comptable d’un bilan chiffré. ment.

LVMH nomme Christian Brégou à la tête de DI Group, éditeur de « La Tribune » À LA SUITE de divergences de tes effectué un spectaculaire redresse- vues avec son actionnaire principal, ment. Profitant de période euphori- le groupe LVMH de Bernard Arnault, que à la Bourse, La Tribune a considé- Fabrice Larue, actuel président de rablement augmenté sa diffusion, DI Group – ex-Defossés internatio- passant de 78 373 exemplaires en nal –, éditeur du quotidien économi- 1997 à 90 918. Toutefois, le quotidien que et financier La Tribune et de dont les comptes restent fragiles a l’hebdomadaire financier Investir, toujours vécu des périodes agitées devrait quitter ses fonctions. Vendre- en interne, avec une succession inces- di, le Conseil d’administration de la sante de dirigeants à la tête de sa société sera appelé à entériner l’arri- rédaction. Il devrait être confronté vée, pour le remplacer, de Christian prochainement à un choix industriel Bregou, ancien dirigeant de CEP pour son impression, tant à Paris Communication (ex-Havas), selon la qu’en province. Correspondance de la presse de jeudi. Les désaccords entre Bernard Depuis bientôt un an, le groupe de Arnault et Fabrice Larue se seraient luxe s’interroge sur l’avenir de son récemment amplifiés à propos de pôle media dans lequel il a investi, l’avenir de ce pôle, somme toute mar- dès 1994, en rachetant le groupe ginal dans LVMH. Parallèlement, la Défossés International à Georges crainte de difficultés dans le secteur Ghosn. Avec l’arrivée à sa tête de de la presse a sans doute accéléré le Fabrice Larue, en 1996, Défossés processus. Alors que Fabrice Larue International – devenu DI Group en s’était mis en quête de nouveaux par- 2000 - a étendu ses activités dans la tenaires et associés, multipliant les télématique (Victoire Multimedia) et contacts avec des investisseurs et des surtout dans la radio avec le rachat banques et accréditant ainsi les de Radio Classique à la Sagem en rumeurs de cession, Bernard juin 1999, puis avec une participation Arnault, via son entourage proche, (33,3 %) dans un nouveau réseau, LV assurait au Monde, jeudi dans la mati- and Co (Voltage FM et MFM). Paral- née, que « la stratégie actionnariale lèlement, DI Group s’est enrichi de de LVMH n’est pas de monter un tour magazines spécialisés, tels que Jazz- de table. Bernard Arnault n’est pas ven- man, Le Monde de la Musique et plus deur de DI Group ». Officiellement, récemment Connaissance des Arts. M. Brégou, arriverait donc pour déve- Avec près d’1 milliard de francs de lopper ce pôle et non pour le vendre. chiffre d’affaires pour 600 salariés dont 150 journalistes, DI Group a cer- Michel Delberghe

DÉPÊCHES a L’abbé Emmanuel Rukundo, ancien aumônier de l’armée rwan- daise, a plaidé non coupable lors de sa comparution initiale, mercredi 26 septembre, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) à Arusha. Il répond de quatre chefs d’accusation de génocide et crimes contre l’humanité. – (AFP.) a INTERNET : le groupe d’édition musicale Universal Music a été reconnu coupable, mercredi aux Etats-Unis, de violation des droits d’auteur sur plusieurs succès mondiaux, dont Love me Tender, en les diffusant sur Internet. Le juge John Martin a ordonné à Universal Music de verser des droits, encore non précisés, aux auteurs-composi- teurs pour diffusion ou de cesser ces activités. – (AFP.)

À NOS LECTEURS. En raison du préavis de grève déposé par a certains syndicats de Météo-France, nous regrettons de ne pas être en mesure de transmettre les prévisions météorologiques habituelles.

Tirage du Monde daté jeudi 27 septembre 2001 : 568 660 exemplaires. 1-3 VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

RENCONTRE JEUNESSE ECOLOGIE A l’occasion du festival page VI La lutte contre les OGM Etonnants Voyageurs, qui se témoigne-t-elle de l'antiscience ? rend à Sarajevo, dialogue Le changement climatique entre Cees Nooteboom est-il imaginaire ? et Philippe Sollers sur Trois brûlots attaquent ERIC FAYE RICHARD MILLET HISTOIRE la culture européenne page II la vulgate écologiste page VII page III page IV Rois et favoris page VIII Juifs cachés du Nouveau Monde

mencé dans les années 1590, suivie Vincente, le savetier vagabond, qui e fin, les espions, les pressions sur endogames, un fonds variable de d’une autre dans les années connut de longues années de pri- A la fin du XV siècle, l’entourage, l’organisation systéma- croyances et de coutumes et cette 1630-1640. Au Brésil, la chasse aux son, fut deux fois « réconcilié », tique de la délation, les « inspec- « valorisation du secret » uniformé- marranes a démarré plus tard, à affublé du san benito (la tunique nombre de juifs tions » des docteurs cherchant sur ment partagée. S’y ajoutent de l’extrême fin du XVIIe siècle pour d’infamie) et finalement condam- le sexe des hommes la petite coupu- nombreuses hybridations entre se poursuivre dans la première moi- né au bûcher en 1626 ; à l’érudit espagnols et portugais, re attestant une circoncision sym- éducation chrétienne et héritage tié du XVIIIe. Francisco Maldonna de Silva, bolique et, enfin, le terrible cérémo- juif, mais aussi, dans la tension artir, alors, n’était pas Des milliers de procès ont été impressionnant de détermination, convertis de force, nial du châtiment, lors des grands entre les deux, des formes de relati- une mince aventure. Ils ont tra- consignés dans les archives inquisi- qui défiait ses juges, citait Aristote trouvèrent refuge au autodafés publics où les irréducti- visme religieux et des tendances Pversé l’océan pour fuir l’Inquisition toriales. C’est là, dans ces liasses et multipliait les arguments théolo- bles étaient brûlés vivants et les sceptiques annonçant la moder- et miser sur l’avenir dans cette jaunies, que l’anthropologue giques dans une extraordinaire repentants tués avant d’être livrés nité. Amérique de tous les possibles, au Nathan Wachtel a retrouvé leurs combinaison de foi intense et de Brésil, au Mexique ou aux flammes. Face à une telle mena- Répression, synchrétisme, éro- Brésil, au Mexique, au Pérou et traces. A partir de ces sources à la passion pour la raison, avant d’être ce, l’obstination secrète des marra- sion des croyances, trois ou quatre dans les pays alentour. La plupart fois fragmentaires et détaillées brûlé vif en 1639 ; ou encore au au Pérou. Pour un temps nes paraît d’autant plus émouvan- siècles plus tard, il ne devrait rien venaient du Portugal où, en 1497, – comptes rendus d’interrogatoi- riche marchand d’esclaves Manuel te. Ils avouaient, se repentaient en rester. Or voici qu’aujourd’hui, tous les juifs avaient été convertis Bautista Perez, sur- seulement, puisque pour la plupart, tant la pression dans le nord-est du Brésil, dans des de force en nouveaux chrétiens. nommé « le Grand était forte, mais ils persistaient, familles chrétiennes, des prohibi- Leur fortune était inégale : il y Nicole Lapierre Capitaine », considéré l’Inquisition les rattrapa. inventaient d’innombrables ruses, tions alimentaires ou des habitu- avait parmi eux des hommes d’af- comme le guide spiri- des codes, des signaux, des simula- des inexpliquées, comme cette bou- faires puissants dont les activités res, observations des gardiens de tuel des judaïsants de Lima, en Dans un livre d’histoire tions, et puis, d’une arrestation à gie allumée pour « les anges » le s’étendaient sur plusieurs conti- prison, rêves plus ou moins prémo- dépit d’une dévotion chrétienne l’autre, sur dénonciation le plus sou- vendredi, suscitent curiosité et nents, des chanceux enrichis dans nitoires d’un prisonnier notés par certaine et d’un attachement à la et de mémoire, vent, ils finissaient par être condam- mouvement de retour vers la foi de les fameuses mines d’argent du un mouchard, et jusqu’aux gémis- loi de Moïse plus mémoriel que reli- nés à périr comme « relaps ». possibles ancêtres juifs. Anthropo- Potosi péruvien, des commerçants sements du malheureux ligoté sur gieux ; un homme très connu vers Nathan Wachtel arrache A travers cette saisissante et logue autant qu’historien, familier jouissant d’une relative aisance, de un chevalet et soumis à la ques- qui tous les regards convergeaient savante recherche au long cours, des voyages entre présent et passé, modestes artisans et des colpor- tion –, il recompose une série de lors de ce même autodafé de 1639. ces marranes à l’oubli Nathan Wachtel a atteint son Nathan Wachtel a rencontré quel- teurs misérables. Riches ou pau- portraits d’une remarquable vivaci- La pratique clandestine du judaïs- objectif : construire à la fois une ques-uns de ces marranes contem- vres, ils ont été rattrapés par le té. La restitution de ces figures mar- me se cachant dans l’espace domes- sainte, disait-on, qui avait le don de mémoire vivante et une histoire porains, tel Odmar Pinheiro Braga, bras long de l’Inquisition venue tra- ranes doit tout à l’art méticuleux et tique, les femmes y prenaient une prophétie et qui permettait à ses intelligible. Ces figures marranes homme de mélanges assurément, quer outre-Atlantique ceux qui à la science profane de l’historien, grande part. D’où la persécution de filles d’avoir des relations sexuelles arrachées à l’oubli ou, pour certai- guide religieux, policier et poète. étaient soupçonnés de judaïser en mais elle n’est pas sans évoquer la ces « matrones » qualifiées de « dog- à condition que celles-ci soient nes, au glacis de la légende, acquiè- Mais ce n’est là qu’un début d’en- secret. Dans les possessions espa- tradition juive consistant à rappe- matistes » et de « rabbines » par les accompagnées de jeûnes. Pour rent une singulière densité. Les sta- quête, le sujet d’un livre à venir, gnoles où trois tribunaux du Saint- ler le souvenir de ceux qui sont inquisiteurs. Leonor Nunez, par Nathan Wachtel, cette surprenante tuts, les itinéraires, les caractères que l’on attend déjà. Office furent installés à Lima, à morts pour « la sanctification du exemple, une fervente à laquelle les association entre rapports charnels de ces personnages diffèrent, cha- Mexico, puis à Carthagène, une pre- nom » (tués en tant que juifs). Un judaïsants de Mexico s’adressaient et observances rituelles s’inspirait que parcours est unique et, en LA FOI DU SOUVENIR mière vague de répression a com- destin commun à l’humble Juan pour la toilette des morts, une peut-être de courants illuministes même temps, de portrait en por- Labyrinthes marranes chrétiens, mais elle se rapprochait trait, se dégagent des manières de Nathan Wachtel. également des rites de certains d’agir et de penser communes : Seuil, « Librairie du XXIe siècle », groupes juifs hérétiques cherchant une préférence pour les alliances 528 p., 24,39 ¤ (160 F). à hâter l’avènement de la Rédemp- tion par des pratiques orgiastiques. Il n’est pas toujours aisé, en effet, de faire la part des influences dans le synchrétisme marrane qui pre- nait parfois la forme de surpre- nants « bricolages » théologiques. Ainsi, au Brésil, la maladroite et naïve Theresa Paes de Jesus avoua pour sa défense une sorte de « mar- ranisme à l’envers » : elle n’avait judaïsé qu’en apparence, pour com- plaire à ses proches, tout en conser- vant en son for intérieur la foi chré- tienne, mais une foi sacrilège qui scandalisa le tribunal et lui valut d’être condamnée au bûcher, car elle avait crû que « Moïse et Jésus étaient la même personne, fils de la reine Esther elle-même assimilée à la Vierge Marie ». Soupçon et répres- sion frappaient aussi les « vieilles chrétiennes » ayant épousé un judaïsant, telle Maria de Zarate, emprisonnée, interrogée, examinée par des médecins cherchant sur son épaule la cicatrice révélatrice d’une bizarre « circoncision » et qui assista au supplice de son époux, l’inflexible Francisco Botello, brûlé vif sur la Plaza Mayor de Mexico en 1659. L’acharnement des juges était d’autant plus implacable qu’il était enté sur une absolue certitude de défendre le bien et le vrai. Forts de cette terrible conviction, tout leur était bon pour démasquer les judaï- sants, obtenir aveux, dénonciations et actes de contrition : la torture comme les débats cléricaux sans

Détail de la fresque murale de Diego Rivera représentant l’histoire du Mexique de la conquête e

PALACIO NATIONAL MEXICO/BRIDGEMAN ARTespagnole LIBRARY jusqu’au XX siècle II / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 dossier b Nooteboom, Sollers, deux Européens à Paris « On pourrait s’amuser à relever gue. Comment on passe d’une cuisi- la manière dont on vit. Dont il va boom. L’Europe dont on nous parle vision du monde où tout est social, vos points communs. Parmi ceux-ci, Les Etonnants Voyageurs ne à l’autre… d’un endroit à un autre, d’Amster- abstraitement, c’est une Europe on n’est pas en Europe, au fond. le fait d’être nés dans les années – C. N. : Moi, je fais la cuisine. dam à son île, dans la solitude la plus monochrome, celle des échanges 1930, d’avoir publié à vingt ans, se déplacent cette – Ph. S. : d’une nourriture à complète. C’est cela être européen, organisés. – Pour finir, une devinette : à pro- avec une reconnaissance immédiate, l’autre. Il faut parler de la musique, pouvoir passer d’une scène à l’autre » Nous, nous nous intéressons pos duquel de vous deux a-t-on écrit d’avoir une œuvre, certes pas termi- semaine à Sarajevo de la peinture. Dans ces débats ce non pas comme touriste, mais com- aux détails, à une certaine forme de ceci : “A le lire, ses arpèges de vir- née mais déjà imposante, d’être qu’on oublie toujours, c’est la vie. La me habitant l’étrangeté en perma- goût, de langue, de poésie, en un tuoses, ses emboîtements, ses européens et de vous revendiquer – un symbole – pour vie faite de ces choses concrètes. nence. mot à l’art de vivre. C’est tout cela fausses confidences (…) la maniè- comme tels. En Europe, l’euro arri- – C. N. : Exactement. Et moi, je ne – C. N. : Et de plus en plus. qui demande non pas à revivre, à re inimitable qui est la sienne de ve. Une monnaie unique, c’est un « réinventer ensemble suis pas défaitiste. Mais je com- – Ph. S. : Ensuite, nous avons évo- renaître, mais à être connu. Il faut se capter le lecteur…” symbole fort. Mais l’Europe de la cul- prends le problème singulier de la qué un personnage de son dernier détacher du vague concept d’une – Ph. S. : Nooteboom. ture n’est-elle pas, elle, en régres- une culture européenne ». France. Quand on est place de la livre, Le Jour des morts, Arno, qui grande Europe unifiée, et voir que sion ? Concorde, on a du mal à ne pas se n’est pas sans rapport avec le philo- tout se passe dans les détails. C’est la (…) on a parfois l’impression que – Cees Nooteboom : Régres- Deux écrivains sentir au centre du monde, et d’une sophe Rüdiger Safranski. destinée de l’Europe d’être une le brillant de la forme, la richesse sion ? Il faut sans doute nuancer. Si certaine manière c’est le centre du – C. N. : J’étais dans une abbaye démocratie de détails, de cultures, de l’invention l’emportent sur la on a le malheur d’écrire sur l’Europe, de la même génération, monde, cela l’a été. bénédictine… Je parle avec un philo- de religions… solidité du discours. » ce que j’ai fait avec L’Enlèvement – Ph. S. : En effet, les Français ont sophe allemand, Safranski, qui me – C. N. Je viens de visiter une expo- – Ph. S. : Là, ce doit être moi. d’Europe (1), on est invité partout : qui revendiquent un problème, ils ont désappris leur parle d’un autre philosophe alle- sition à Berlin sur la Mitteleuropa. – C. N. : Non, c’est un Néerlandais “Le carrefour européen”, “l’Europe propre histoire, ne savent plus com- mand, Heidegger, et je raconte ça à Cela aide à prendre conscience des qui écrit sur ce que je fais. de la liberté”… il y a toujours un cette culture, dialoguent ment se débrouiller avec cette idée un écrivain français… alors qu’est ce trésors de l’Europe, trésors qui res- débat quelque part. Au bout d’un qu’ils ont été le centre européen du qu’on veut de plus comme Europe ? surgissent de pays comme la Tché- – C’est dans le feuilleton du Monde, moment on en a assez. Les politi- ici, non sur une Europe monde, qu’ils ne le sont plus et qu’ils Ça, c’est le genre de dialogue qui ne coslovaquie… C’est un héritage le 9 décembre 1994, sur L’Enlève- ciens parlent de l’Europe qu’ils doi- en ont perdu la mémoire. Moi, peut pas avoir lieu dans un colloque. qu’on peut se réapproprier. Après ment d’Europe ». vent construire, l’Europe de l’esprit, abstraite, mais sur cette quand je suis place de la Concorde, Entre écrivains, il faut se rencontrer cinquante ans de… barbarie, on voit – Ph. S et C. N., hilares :la mais elle a toujours existé. L’Europe je suis obligé, pour jouir de ce lieu, individuellement. On ne le fait peut- ce qui peut, non pas recommencer, démonstration n’est-elle pas par- de Voltaire… qui était imprimée à « démocratie de détails » de me considérer comme un étran- être pas très fréquemment, mais on mais continuer. faite ? » Amsterdam… ger, tant les Français sont par rap- se rencontre aussi dans les livres. – Ph. S. : L’idée de cette Europe, Propos recueillis par – Philippe Sollers : On peut multi- et son art de vivre port à eux mêmes déprimés, dévorés – Ph. S. : Si on avait du temps, il c’est la possibilité qu’un individu ren- Josyane Savigneau plier les colloques sur l’Europe, idée d’inquiétude identitaire. faudrait insister sur cette “Europe contre un autre individu. En dehors abstraite. On va finir par se rendre – C.N. : Les Français devraient réa- polychrome” qu’évoque Noote- de la prescription sociale. Si on a une (1) Maren Sell/Calmann-Lévy 1994. compte qu’on a énuméré un certain ment de l’Europe, j’ai fait valoir, moi liser qui ils sont vraiment. Ce n’est nombre de lieux communs et on qui, pour partie, vis en Espagne, qu’il pas le cas et ce sont les francophiles comprend que Nooteboom s’en soit y avait dans ce pays un certain refus du dehors, comme moi, qui se fatigué. à l’égard de l’élargissement parce demandent ce qui se passe… » Qui imagine l’Europe ? D’un que l’Espagne sait qu’alors elle sera à – Cees Nooteboom, vous dites “je ne point de vue français, il y a un désin- la périphérie et que le poids écono- suis pas défaitiste”, mais dans L’En- térêt, voire une résistance. La régres- mique ira vers l’est à travers l’Allema- lèvement d’Europe vous écriviez sion, non de la culture européenne, gne. “on devrait nous rendre notre mais de la culture française, espagno- Europe avant qu’il ne soit trop le, italienne… est ancienne, simple- – Revenons à la culture et au fait tard”… ment parce que ces cultures ont été que depuis la deuxième guerre mon- – C.N. : Oui, mais ayant écrit cela, dominées, non seulement par la diale les Européens ne se regardent j’ai été happé par l’Europe institu- dévastation de l’Europe, mais par le plus entre eux. Prenons un écrivain tionnelle et j’en ai eu assez… duel américano-russe. On est juste américain très moyen, comme John – Ph. S. : d’être traité comme une au moment où ce continent pourrait Irving : on constate que la France call-girl. éventuellement se souvenir qu’il a s’est plus intéressée à lui qu’à Noote- – C. N. : Tout à fait. On ne peut été culturellement grandiose. C’est boom et les Pays-Bas plus à lui qu’à pas passer sa vie à être européen, ce plutôt l’amnésie par rapport à la cul- Sollers. serait comme un faux double de soi- ture européenne qu’il faut interro- – Ph. S. : Vous parlez du marché, même et les efforts d’imagination ger. L’Europe, comme le dit Noote- pas de culture. des gens pour trouver des combines boom, elle est là. – C. N. : Il faut voir de quel niveau avec l’Europe sont infinis… – C. N. : Je vis une vie européenne, il est question. Ici, oui, c’est affaire je parle quatre langues européen- de marché. – C’est justement pour cela qu’à l’oc- nes, je n’ai aucun sentiment de – Ph. S. : Tous les deux nous som- casion du festival Etonnants Voya- régression. Mais quand j’ai, seul de mes écrivains, nos références sont geurs à Sarajevo, ce qui est un beau l’Ouest, participé à une rencontre autres. symbole, mais encore une manière avec le chancelier allemand et quel- » Il faut revenir à l’expérience très de demander aux écrivains de faire ques écrivains de l’Est sur l’élargisse- concrète de la vie courante, de la lan- social et collectif, nous avons souhai- té un dialogue, non institutionnel, entre deux écrivains européens, ce qui, malgré ce que vous dites, est désormais peu fréquent. Plus rare que dans la première moitié du XXe siècle. – Ph. S. : Nous nous sommes vus un soir à Amsterdam. Nous nous revoyons aujourd’hui et immédiate- ment, pendant que le photographe travaillait, nous avons commencé la conversation. Je voulais parler avec Nooteboom de sa formation chez les Augustins, de sa passion pour la peinture de Zurbaran, de sa vie aux Baléares. Voilà ce qui serait à déve- lopper. Ce qui est intéressant, c’est GÉRARD RONDEAU POUR « LE MONDE » L’art vital de la conversation Pour Arthur Daane, le personnage inventé par Cees Nooteboom, Berlin est la ville qui révèle une mémoire dérobée

che derrière et à côté de sa caméra, variante allemande de l’éternité », iro- de – au café Einstein, les Allemands LE JOUR DES MORTS dans un curieux dédoublement. Un nise-t-il. Avec ce philosophe alle- sont déjà des Européens – et babelo- (Allerzielen) œil braqué sur le quotidien visible, mand, avec Victor, le sculpteur néer- thèque, il ne manque pas de tomber de Cees Nooteboom. l’autre suivant un projet intérieur invi- landais, et Zenobia, la physicienne- sur une « femme embuscade ». Histo- Traduit du néerlandais sible ; l’un enregistre des faits, des galeriste russe, Arthur Daane a for- rienne et guerrière, comme il se doit par Philippe Noble, témoignages, en intellectuel ; l’autre mé un cercle « dont les membres se – une « parque », dira sa maternelle Actes Sud, 372 p., capte des mouvements, des sensa- comprenaient à demi-mot ou à demi- confidente hollandaise. En deux 22,90 ¤ (150,21 F). tions, en artiste. L’un donne matière phrase, parlaient par métaphores ou coups de reins, l’hispanisante fait bas- à discours, l’autre accumule des hyperboles ou bien se taisaient, où l’in- culer Le Jour des morts en roman n homme marche dans la signes. Sans fin. congru prenait tout son sens (...) ». d’aventures, avant d’abandonner ville. Pour savoir où il va. Le cameraman est à la jonction du Entre eux, s’épanouit l’art, vital, de l’autocinéaste à Madrid, aux portes Arthur Daane, un Hollan- constat documentaire et de l’intui- la conversation. Un débat ininterrom- de la nuit éternelle, en cette Tous- dais, dont la femme et le tion poétique, et le roman se consti- pu entre des solitaires solidaires, saint que les Néerlandais, les Alle- filsU sont morts dans un accident, est tue de leur croisement. Daane ne s’at- balançant des vertus de Kant contre mands et les Anglais nomment venu interroger une mémoire déro- tarde pas aux images de commande. Hegel, analysant les silhouettes de « jour de toutes les âmes ». bée, dans les lieux d’une fin et d’une Dans le même temps, il filme « com- Friedrich en se heurtant à la même Au long de l’épreuve, Cees Noote- renaissance éprouvées. A Berlin. Là me un écrivain prend des notes ». Ala question : comment peut-on être alle- boom se tient fermement aux côtés où un homme aussi divisé que lui Marker ou à la van der Keuken. Mais mand ? « Attrait et répulsion, c’était d’Arthur Daane. Il intervient parfois, serait de plain-pied. Où le deuil et l’ir- en affectant de s’effacer. En bricoleur l’inéluctable effet de l’âme allemande, entre les actes, en chef de chœur qui réconciliation trouveraient refuge. convaincu que ses images s’ajuste- quelle qu’en fût la définition. Les sou- verrait « un peu plus loin » que le lec- La ville est ouverte à l’errance et la ront à un futur indéfini. Dans l’intui- pirs de Wilhelm Meister, Zarathoustra teur. Le romancier du dédoublement langue à l’espérance. Le balancement tion d’une œuvre si ténue qu’elle qui finit en se jetant au cou d’un cheval et de l’histoire sans fin, des mille et des pas libère l’arpentage des mots. échapperait au temps. Celle d’un arti- de fiacre, le plomb d’Anselm Kiefer et un travestissements nécessaires pour Sans synchronisme particulier. Cha- san de l’ombre. Qui veillerait à inscri- les incantations druidiques de Botho maintenir, n’en est pas à une division cun y va de sa découverte. L’alle- re son empreinte dans le paysage. Strauss, tout cela paraissait lié, ce téné- ou une multiplication près. Pourvu mand, parfait, d’Arthur Daane, don- Berlin est son révélateur. Le bain breux remue-ménage où les naturels qu’il puisse garder jusque dans les ne des contours plus suaves au néer- où les images latentes pourraient d’un pays de polders n’avaient pas leur moments extrêmes, où « l’âme » landais originel. L’autre pays, l’autre apparaître et se fixer. Parce qu’en par- place. » vient aux lèvres, une part d’ironie. langue, lui révèlent le sien, la sienne. lant de l’allemand, de son histoire, Arthur Daane n’en aspire pas Cette tournure dira-t-il dont l’anéan- Mais une constellation de vocables Berlin évoque toute histoire, comme moins à « apprendre les règles » de tissement des juifs a privé les Alle- espagnols, anglais, français, latins elle interpelle toute ville. Un rien, et l’Allemagne comme il a pu connaître mands. Cette polyphonie seconde s’invitent à l’occasion dans son mono- la Spree confluerait avec la Seine. Il celles de l’Espagne. Mais, chez lui, le qui parcourt les langues de l’inté- logue intérieur. Le mot juste néglige n’est pas jusqu’à la traditionnelle langage du désir est irrémédiable- rieur. Une compagne indispensable, la langue première, attendue. weinstube qui ne renvoie à une inter- ment hispanique : sous les grands qui soutient la projection en avant du Arthur Daane n’a rien d’un lin- nationale de la cuisine. espaces d’Aragon et de Leon pointe cinéaste ou du romancier vers ce guiste. Il vogue au gré de ce qui lui Son ami Arno lui tend un fromage la femme. A la distance de l’alle- noyau impossible à approcher sans donne à vivre l’histoire et la philo- pressé : « Luther, Hildegarde von Bin- mand, l’espagnol répond par la risquer l’irradiation, et qui est insépa- sophie, l’art et l’amour. Sa traque des gen, Jacob Böhme, Novalis, Heidegger, fusion. La Verklärte Nacht de Schön- rable du désir de marcher (d’écrire) mots est d’autant plus remarquable tous ont mangé de ce fromage. Ce que berg devient « formule magique » en et de la marche du désir. qu’il fait profession d’images. Il mar- tu sens, cette odeur tenace, c’est la Noche transfigurada. Entre branchitu- Jean-Louis Perrier littératures LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / III b Confession d’une éclipse L’appel du végétal Volatilisée dans « Les Lumières fossiles », Solange Brillat réapparaît dans ce « roman miroir » Dans ce texte saisissant, Antoine Percheron observait où Eric Faye imagine comment et pourquoi son héroïne est devenue invisible sa lente métamorphose vers la mort qui l’emportait

prise au collège de Sauveterre-sur- tion ou de scandale. Sur ce dernier LES CENDRES Briance où elle se reconnaît, avec VÉGÉTAL point (et sur plusieurs autres), le tex- DE MON AVENIR son tablier sombre d’écolière modè- d’Antoine Percheron. te d’Antoine Percheron se distingue d’Eric Faye. le. Une enquête lui permet d’identi- L’Escampette (8, rue du Mars de Fritz Zorn, dont on peut Stock, 182 p., 12,50 ¤ (82 F). fier la cabine téléphonique d’où Porte-Basse, 33000 Bordeaux), avoir la tentation de le rapprocher. sont lancés ces appels du vide : inco- 40 p., 6,10 ¤ (40 F). Végétal raconte une métamor- arement œuvre d’écri- gnito, vigie munie d’un appareil phose, une mutation, à la fois tragi- vain se sera installée avec photographique, elle épie les usa- evant ces quelques quement réelle et fatalement méta- autant de cohérence que gers de la cabine sise place Edmond- pages comme venues de phorique. Un homme déserte peu à celle d’Eric Faye, qui n’en Rostand, case L 14 sur le plan de la nulle part, on voudrait peu le règne dont il est l’un des Rfinit pas de traquer la trace d’êtres capitale. Elle se risque même un faire silence. On devine représentants pour un autre ; voisin hors-jeu, hantés par la « nostalgie de jour à y entrer pour appeler chez queD tout commentaire, à plus forte et pourtant infiniment étranger. Il l’infini », éparpillés dans une solitu- elle, écouter son répondeur : « A raison tout jugement, seraient en est, de corps mais pas d’esprit, tiré de singulière entre passé et avenir. écouter ma voix me dire que je n’étais trop, ou seulement destinés à nous hors de son humanité et conduit La mort rôde chez lui comme une pas là, j’ai pris peur. » Solange soustraire à l’impression de saisisse- vers un univers – les arbres, les plan- menace perpétuelle qui prend la for- Brillat croyait avoir « pris de vitesse ment. On demanderait presque tes, la nature – à la fois proche, me d’un effacement inexpliqué, d’un [ses] fantômes ». Elle découvre que l’autorisation de s’en tenir à ce familier, et absolument étranger. évanouissement dans le paysage, la lettre contenant l’article découpé conseil, à cette injonction : lisez ces Durant ce passage, qui est aussi d’une désertion du monde rationnel. dans un journal local lui a été pos- pages, lisez-les sans tarder. Mais celui vers la mort, où toute pensée Révélatrice de ses récits intemporels tée durant sa préhistoire, et qu’elle cela, à l’évidence, ne suffit pas. et sensation prendront fin, il éprou- au parfum fantastique, l’histoire a mis un quart de siècle pour lui par- Alors, il faut tenter de faire compren- ve, observe, consigne : « J’ai senti le jadis intitulée « Des nouvelles de venir. A l’affût de son « tortion- dre, mais sans perdre de vue l’im- froid s’immiscer dans mon corps, petit l’entrée de l’enfer » (1), dans laquel- naire », elle démasque une vieille pression première. à petit. Un liquide glacial se répandait le un homme trouve un carnet dame, découvre qu’elle est son L’auteur de Végétal est mort, pré- jusqu’au bout de mon index, j’avais d’adresses et se rend compte, des homonyme. Sœur siamoise ? Reflet cise l’éditeur, à l’âge de vingt-cinq les doigts tout durs, la main inerte, années plus tard, qu’y étaient ins- d’un double qui l’hypnotise ? Nous ans. Il souffrait d’une tumeur au cer- mes membres étaient déjà en plein crits les noms de toutes ses relations basculons dans le royaume des veau : un oligodendrogliome. Ce hiver, et je me demandais simplement futures, ainsi qu’un numéro mysté- ombres et des flash-back. Les souve- texte a été retrouvé dans les papiers s’ils allaient tomber ou bien se figer, rieux à ses yeux, qu’il compose pour nirs remontent comme des émana- d’Antoine Percheron et édité en res- comme des pics de glace translucide, entendre : « Pompes funèbres généra- tions échappées de « fûts radioactifs pectant son caractère inachevé, ceux qu’on trouve gamin et qu’on les, j’écoute ? » mal scellés ». Solange Brillat va « jusque dans les blancs ménagés par suce comme des doigts. » Mage de l’énigme, de la prédesti- devoir se battre contre cette part l’auteur en vue d’une révision qu’il Pourquoi cet appel étrange vers le nation et de la mélancolie, Eric Faye d’elle « qui n’aspirait qu’à déserter ». n’a pu faire » – inachèvement qui végétal, vers les arbres – « marron- avait conté dans Les Lumières fossiles A la limite du fantastique, comme il rend ce livre d’autant plus émou- nier au fond d’une cour de récré l’éclipse d’une jeune femme, le fit ailleurs à propos d’une momie vant. Cette tumeur atteint le tissu d’école parisienne » ou platane au Solange Brillat, volatilisée, dissipée congelée égarée dans l’éternité, d’un entourant les cellules nerveuses, ici bord de la route – dont le jeune dans un vertige sans laisser de tra- ethnologue errant dans la forêt des du cerveau. L’un des symptômes est malade se sent devenir le proche, le ces, un samedi de l’été 1996, rue des consciences humaines, de conquista- constitué par un trouble ou un défi- semblable ? A n’en pas douter, ce Tournelles (2). Il était resté depuis en dors à la poursuite de feux lointains, cit sensitif. Il n’est pas nécessaire qui est décrit là, avec une rigueur et quête de la disparue, posté « des heu- et, déjà, dans Le Mystère des trois fron- d’en savoir davantage. On imagine, un humour qui inspirent le plus res en sentinelle à bâtir des hypothè- tières, d’une femme disparue sans bien sûr, que ce jeune homme grand respect, appartient à l’ordre BERNARD PLOSSU/METIS ses, à attendre le retour de l’irréversi- laisser de traces, Eric Faye évoque la n’était pas seul, qu’il avait une des sensations, ressortit à ces trou- ble ». Dans Les Cendres de mon ave- kaïen et borgésien, entre Hitchcock on referme des portes derrière soi ». mort sans dérèglement organique, famille, des goûts, des intérêts, des bles – un « sida version botanique » nir, qu’il qualifie de « roman et Welles, et plus viscéralement enco- Une succession de faits troublants la sans pleurs ni d’autres gouffres que choix, et donc une biographie… – qui se propagent dans le corps miroir », il imagine comment et pour- re imbibé par les mirages d’Ismail transforme en « détective de [sa] pro- la surprise de succomber à l’attrait Mais soudain, tout cela s’efface, ou après que la tumeur a accaparé le quoi Solange Brillat était devenue Kadaré (elle le croise d’ailleurs dans pre énigme ». du rien, de tomber en poussière, de passe au second plan, faisant place à cerveau de l’auteur. Mais, en même invisible. Son héroïne prend elle- Paris, alors qu’elle lit son roman Qui Le téléphone sonne chez elle. A subir anesthésie, dissolution, méta- un texte seul, court, net, puissant. temps, une autre partie se joue, même la parole. Confession d’une a ramené Doruntine ?), Solange l’autre bout du fil, l’interlocuteur a morphose. Retour à l’exil « de notre Irréfutable. Comment le dire autre- dont, cette fois, et pour un bref, un éclipse. Brillat vit l’enfance en somnambule déjà raccroché. L’opération se répè- propre destin ». ment ? A un texte de pure et simple dramatique instant, le malade est le « Mon mystère est de n’avoir rien à et l’âge adulte en amoureuse de te. Et tandis qu’elle suspecte un voi- Jean-Luc Douin littérature. Etant entendu qu’il maître. C’est le témoignage, l’exer- cacher, sinon cette part de moi-même l’homme de la rue. Elle a la manie de sin, soupçonne le délire d’un cinglé, arrive quelquefois à la littérature de cice de cette maîtrise, qui nous par- dont j’ignore tout et que je souhaite se « placer dans le contre-jour pour craint un obscur signal de détresse, (1) Je suis le gardien du phare, Seuil, s’élever au-dessus de la contingence vient aujourd’hui sous la forme de explorer », avoue cette femme observer les autres », cultive l’art elle trouve dans sa boîte aux lettres « Points », P 701. sociale ou mondaine, de négliger les ce texte bref, brut et unique, boule- « secrète » d’instinct. Plongée par d’« appareiller pour un monde imagi- une coupure de presse jaunie, datée (2) José Corti, 1999. opinions ordinaires comme de se versant. son démiurge dans un univers kaf- naire et en tourner les pages comme de 1973, avec une photo de groupe (3) Seuil, « Points » P 901. sentir étrangère à l’idée de provoca- P. K.

Fin de livraisons Hélène Cixous et sa mère b LE GRAND LIVRE DE LA MÉCHANCETÉ, de Pierre Drachline Ami de Calaferte et éditeur, Pierre Drachline a rassemblé 1 600 partie au citations, saillies, impertinences qui, « de la légitime défense à la Une commémoration locale de l’exil des juifs est l’occasion pour la romancière légitime offense », exaltent la méchanceté comme un des beaux- arts et consolent les gens lucides de l’hypocrite gentillesse où Fran- Mandchoukouo de réfléchir, de façon bouleversante, sur l’écriture, la mémoire, la famille, le quotidien çois Mauriac décelait un « signe de trahison ». Beaucoup de ces bons (?) mots revendiquent la mauvaise foi ou l’outrance, nombre événement de départ : Selma, la lement la mémoire, mais la vieil- flairent la gratuité, « le plaisir du mot qui tue ». Comme le dit Tris- LA JOUEUSE DE GO BENJAMIN À MONTAIGNE mère de la narratrice, et Jennie, sa lesse. Quand arrive l’invitation de la tan Bernard, « ce n’est pas difficile de faire de l’esprit quand on est de Shan Sa. Il ne faut pas le dire tante, sont invitées par la mairie mairie d’Osnabrück, Selma pro- méchant ». Est-on pour autant méchant de faire de l’humour sur Grasset, 19,50 ¤ (127,90 F). d’Hélène Cixous d’Osnabrück, qu’elles ont quitté il y teste : « A votre âge vous ne pouvez le dos des autres ? Arthur Cravan n’a-t-il pas tout compris le jour Galilée, 260 p., 22,11 ¤ (145 F). a plus de soixante ans. Ce voyage de pas refuser disait la Mairie, je n’ai pas où il lâcha : « Qu’il vienne celui qui se dit semblable à moi, que je lui n l’a vu dans ses précé- retour, qui devrait être un hommage apprécié qu’on m’allègue la vieillesse crache à la gueule » ? Est-ce Georges Perros qui a raison (« La peur dents romans, l’ambition eut-on découvrir, en cours aux juifs et une reconnaissance de dont ils n’ont aucune idée. La vieil- d’être déçu rend méchant »), ou Jules Renard (« Si nous étions un et même l’audace ne man- de route, une œuvre litté- culpabilité de la part des Allemands, lesse est une jeunesse dont la jeunesse peu plus sévères pour nos amis, ils ne nous paraîtraient pas aussi quent pas à cet écrivain raire de l’envergure de apparaît aux deux vieilles femmes n’a aucune idée. » Le livre s’ache- méprisables quand ils deviennent nos ennemis ») ? Dans cet inven- françaisO d’origine chinoise qui s’expri- celle d’Hélène Cixous ? comme une inadmissible réduction mine vers la preuve de cette taire de vacheries, celles qui règlent des comptes et sentent me aussi par la poésie, la calligraphie VoilàP quarante ans, note-t-elle ici, à une identité qu’elles n’ignorent dernière phrase. l’aigreur font moins mouche que celles qui sont ciselées, précisé- et la peinture. Elle affectionne les qu’elle « n’arrête-pas-de-ne-pas-écri- pas, ne renient pas, mais qu’elles ne Le dernier chapitre, intitulé « La ment, pour faire rire. Par exemple celle-ci, d’André Breton : «Un situations excessives, paradoxales, et re le fameux livre ». Et elle précise, veulent pas unique. Vieille Mariée », raconte comment cocktail, des Cocteau. » (Le Cherche Midi, « Le Sens de l’humour », ses personnages évoluent souvent dans son style analytique, pareil à S’instaure alors un dialogue serré Selma, après de multiples refus, 310 p., 14,94 ¤ [98 F]). J.-L. D. juste au-delà de la réalité, juste en une mélopée envoûtante : « J’écris et finalement muet entre la mère et accepte de séjourner chez son fils, b LES CLOWNS DE FEU, de Christian Ganachaud deçà du rêve et du cauchemar. toujours assise, debout, marchant sur la fille autour du legs, de la famille médecin à la retraite, installé à Berge- Les Lézard sont quatre frères : l’un est atteint d’un cancer du L’histoire singulière qu’elle ra- la voûte de ce fameux livre que j’ai et, bien sûr, de l’écriture, que vien- rac, et s’y rend en robe blanche, colon, un autre est alcoolique, le troisième est en fauteuil conte dans ce troisième livre parle sous les pieds comme un tombeau nent étayer, en contrepoints, une lec- « une robe blanche légère en voile de roulant, et le dernier, le narrateur, est muet et épileptique. Ils d’amour mais aussi d’apprentissage. vide. Le Livre vide. Le Livre de Vie. Le ture du voyage de Montaigne à coton à manches courtes. La jupe vivent avec leur mère atteinte de démence. Un jour, un inconnu L’amour est celui qu’un officier japo- Lit Vide. Tous mes livres sont des dévia- Rome et un secret familial (le grand- mille en biais. Un semis de minimes rend visite à cette famille de rêve pour lui acheter le terrain sur nais, affecté au Mandchoukouo dans tions du Livre Vide. Ce qui me retient oncle Benjamin qui apparaît dans le pois noirs ». Hélène Cixous écrit lequel est construite leur maison. Les frères, pour garder leur les années 1930, sent naître pour sa c’est la peur de découvrir l’immense titre). En quatre parties d’une rare alors une des plus belles scènes qu’el- toit, vont être contraints de transporter, pierre par pierre, leur partenaire au jeu de Go, une jeune ignorance de mon propre secret qui densité, Hélène Cixous se sent accu- le ait jamais écrites : une vraie scène maison quelques centaines de mètres plus loin. Christian Gana- Mandchoue. Elle-même, ballottée me sert d’étoffe à vivre. » Si l’on veut lée à rendre compte de ses propres romanesque, une vraie scène oniri- chaud a opté pour le grinçant, le sarcastique, l’absurde. On entre des attirances pour l’un ou approfondir la connaissance du rap- exigences littéraires et de la nature que, violente et douce, comme l’aurait aimé peut-être plus délirant encore (éd. du Rocher, l’autre des étudiants qui l’entourent, port qu’Hélène Cixous entretient très spécifique de la parole de sa savait aussi, parfois, en écrire Duras, 164 p., 14 ¤ [91,83 F]). St. L. surveillée de près par sa famille et avec l’écriture, bien entendu, il fau- mère, qu’elle va jusqu’à enregistrer. quand elle parlait de sa mère, de la b LE SECRET DU PEINTRE OSTENDE, d’Anne-Constance Vigier menacée par un mariage arrangé, dra lire l’essai, étrange et matérielle- Face à une vieille femme qui consi- mère, dans Un barrage contre le Paci- Une jeune femme peine à terminer sa thèse sur le peintre Osten- sent de la curiosité pour son adver- ment beau, qu’elle consacre à dère, d’un regard bienveillant, mais fique, dans Des journées entières dans de, qui a connu son heure de gloire mais vit retiré depuis cinquan- saire, mûr, énigmatique, courtois. Jacques Derrida (1), philosophe de soupçonneux et soupçonné d’indif- les arbres. Ce surgissement du te ans. Deux portraits en parallèle se découvrent peu à peu : celui Elle ignore qu’il est japonais, car il la trace et de l’écrit : texte à la fois férence, l’activité littéraire («Jene roman dans le texte est une des sur- de la narratrice, entre une thèse poussive, une relation amoureuse joue travesti en Chinois. Or, tout se élégant et touffu, qui poursuit le dia- vois pas d’inconvénient à ce que tu prises que savent réserver les grands décevante et une mère dépressive, et celui du peintre, brisé par la complique alentour : la résistance logue de Voiles (2) et qui répond, par écrives. Mais ne me demande pas de écrivains. Le livre, alors on le sait, est mort tragique de son enfant et la trahison de son meilleur ami. locale fait des siennes, il y a des bom- sa forme et son ton, à Glas, l’essai à lire. »), l’écrivain revient à l’angoisse tout entier écrit pour cette scène. La Beaucoup de pistes sont lancées et aucune n’aboutit vraiment. Ce bes, des étudiants torturés. L’armée deux voix par lequel Derrida avait première qui a présidé à ce qu’elle vieille femme en blanc, sur le quai de livre laisse tout à la fois une impression de foisonnement et d’ina- impériale guette l’occasion d’envahir rapproché des fragments de Hegel appelle ses « occupations cachottiè- la gare, allant voir son fils, à l’autre chevé, comme s’il était en fait un puzzle à reconstituer (Galli- la Chine. et de Jean Genet. res » et qui réclamait, dans le cercle bout de la France, accomplissant son mard, 120 p., 12,5 ¤ [82 F]). St.L C’est ici qu’intervient l’idée d’ap- La réputation d’Hélène Cixous, familial, une coupable solitude : vrai voyage, dont le premier, l’invita- prentissage. Au contact des Mand- pionnière fidèle d’un certain féminis- « La lecture, la rêverie, les larmes, la tion à Osnabrück, « cérémonie de rui- chous, le Japonais apprend à douter me, son prestige dans les universités volupté ». nes », n’était qu’une caricature. C’est des valeurs militaires, raciales et américaines, la dimension de ses Cet impossible partage, dont cha- là que se produit le véritable retour impérialistes inculquées depuis l’en- entreprises théâtrales ont pu trom- que livre est, au fond, le témoignage dans le temps : « Le mariage de ma fance. Quant à la jeune fille, partielle- per sur la nature de ses livres dont la et la contradiction, prend la forme, mère avec mon frère. L’acte à deux ment libérée par sa compétence au liberté et l’émotion, à vrai dire, l’em- ici, d’une bouleversante tentative de personnages. Ainsi l’absolument incon- jeu, elle regarde mieux les injustices portent souvent sur le caractère céré- dialogue. Pourquoi est-on ému ? cevable, le barré, l’exclu, l’inimaginé de sa propre société, surtout celles bral. Depuis quatre ou cinq ans, Parce que l’écrivain ne renonce à peut surgir du tréfonds, souvenir d’un qui pèsent sur les femmes. Ils mûris- Hélène Cixous s’est concentrée sur aucune de ses habitudes d’écriture, mystère qui n’a jamais eu lieu. Il aura sent en même temps ; mais pas certains aspects de son autobiogra- à aucun de ses tics, jeux de mots, suffi que les Vents et la Mort renver- ensemble. Car la catastrophe appro- phie. Sa mère, son père, le noyau allusions parfois obscures à des lec- sent les montagnes. Ou bien je rêve ? » che, et c’est pour lui épargner le pire familial. L’Allemagne, l’Algérie, la tures ou à des amitiés et se présente René de Ceccatty que l’officier finit par tuer son judéité, le tribut de l’écriture à ces ainsi dans sa force littéraire qui est amante. Trop audacieux ? Peut-être, thèmes essentiels que les guerres aussi une faiblesse humaine, devant (1) Portrait de Jacques Derrida en jeune ou peut-être simplement très roman- ont focalisés. une femme qui a un autre langage et saint juif (Galilée, 120 p., 25,15 ¤ tique. On est, à présent, au creux de la une autre forme d’opacité et de [165 F]). Jean Soublin réflexion sur la mémoire, avec un richesse. Selma, la mère, est non seu- (2) Galilée, 1998. IV / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 littératures b Vie inachevée La musique de l’autre Guillaume Le Touze continue son exploration Après une trilogie romanesque consacrée à sa terre natale, le Limousin, Richard Millet met en scène des harmonies brisées et des possibles manqués un homme, musicien venu de ces mêmes paysages, et une femme. Tous deux sont hantés par leur passé

après la rencontre de Marc et Loïc, nir d’une voix entendue autrefois et TU RÊVES ENCORE nous assistons à la dérive du cou- LA VOIX D’ALTO la figure d’un frère aîné mort en bas de Guillaume Le Touze. ple Bénédicte et Philippe, doté de de Richard Millet. âge. Actes Sud, 190 p., 15 ¤ (98,39 F). deux enfants. Bénédicte est dépres- Gallimard, 302 p., « Nous vivions dans l’ombre d’êtres sive, elle essaye de se distraire au 17,95 ¤ (117,74 F). qui avaient à peine existé, sinon ’est un opus fataliste que cinéma, « mais ces vies ratées, ces jamais : des ombres qui nous interdi- nous propose le lauréat drames en tout genre, ces destins de ichard Millet est l’écrivain saient un destin ordinaire, faisant de du prix Renaudot 1994. femmes larguées avaient fini par la de l’épaisseur des êtres et nous des gens à part, d’une étrangeté Guillaume Le Touze dissuader de s’enfermer dans le noir des objets. Nommer les qu’on n’aurait sans doute pas tolérée nousC avait habitués à des contes en pleine journée avec des incon- personnes ou les choses, si nous n’avions pas porté les masques toniques, dans lesquels des person- nus ». Elle oublie son mal de vivre Rleur donner une consistance roma- du médecin et du musicien, lesquels nages éprouvés par la vie ressusci- en se liant avec Sophie, se construit nesque, c’est d’abord les renvoyer à ne nous empêchaient pas d’être pro- taient au bonheur, défrichaient auprès d’elle une nouvelle dépen- ce passé d’où elles viennent et qui les mis (…) à des fins misérables. » Entre « l’immense territoire des possibles » dance ; jusqu’à ce que celle-ci ren- aspire sans cesse. Que jamais rien de les deux amants, « l’infinie conversa- et faisaient l’expérience de la liber- contre Robin et parte s’installer neuf ne puisse se produire pour nous tion », aussi intense et nécessaire que té inouïe que procurent de nouvel- avec lui en Australie ; Bénédicte est inviter à une vie renouvelée, sans l’amour physique, ne s’arrête pas. les complicités affectives. Il écha- alors prise de vertige et doit être attache, ne constitue pas, pour lui, Nous n’avons fait qu’esquisser la faude ses récits sur des harmonies placée en clinique psychiatrique. un thème négatif, morbide ou régres- ligne générale du récit. Elle se rami- brisées, pour démontrer que la tris- Elle y copine avec Chloé, la fille de sif. Richard Millet est au contraire fie, se complique, s’étend, tracée à tesse n’est pas éternelle et qu’il y a Marc, vingt ans, qui a échoué là car l’un des écrivains actuels qui se plaît partir d’un jour symbolique, ce moyen d’apprivoiser sa douleur. Le elle ne supportait plus de vivre le plus à manifester sa puissance d’af- 11 août 1999, lorsque l’éclipse obs- message du jeune romancier n’a avec sa mère et devenait violente. firmation, même lorsque celle-ci se curcit le ciel et plonge la jeune fem- pas changé, mais il se clôt dans la Où veut-il en venir ? Avant de colore d’ombre et de nuit, se gonfle me dans une angoisse muette, une violence d’un deuil. subir le retour du drame, Le Touze de révolte et d’invective – contre le anticipation de la mort. A l’aube du Roman choral où se croisent veut à tout prix imaginer le para- monde moderne, le dépérissement troisième millénaire, les dés seront hommes et femmes en désamour, dis : Loïc a persuadé Marc de de la langue, la veulerie généralisée. jetés et le destin de Nicole sera Tu rêves encore dépeint d’abord un retrouver la trace de sa fille ; il l’ac- La Voix d’alto, qui marque l’entrée de accompli. couple où s’installe le malentendu : compagne à la maison de repos. l’auteur chez Gallimard, prend la sui- Dans un espace romanesque Christine se détache de Marc Déclic pour deux idylles : Bénédic- te d’une magnifique trilogie ratta- moins ample, plus intime, que celui depuis qu’elle est enceinte, accumu- te va quitter Philippe pour vivre chée aux paysages et à l’histoire invi- des trois livres précédents, Richard le les reproches ; Marc devient avec Marc, Loïc retrouve avec sible – celle des petites gens – de sa Millet manifeste à nouveau sa parfai- maladroit avec sa fille Chloé et Chloé (qui avait décidé à quatre province natale, la haute terre du te maîtrise du style et de la composi- déstabilisé par la complicité qui la ans et demi que « les garçons Limousin, autour d’un village emblé- tion. Il convoque un (trop ?) grand lie à sa mère ; il ressent le besoin de étaient des imbéciles ») un senti- matique, Siom (1). Le même horizon, nombre d’œuvres, de noms, de lieux partir seul en voyage pour faire le ment qu’il croyait à jamais perdu : qui est celui du narrateur, demeure – du nord de l’Europe à Beyrouth en point ; quand il revient, elles sont la joie d’être père. dans le présent roman ; mais il en passant par Venise –, afin de signifer LIONEL CHARRIER POUR « LE MONDE » parties toutes les deux ; Marc Mais la fin est brutale. Elle illus- croise d’autres, car cette affirmation le périple intérieur de ses personna- vacille, incapable de se battre, croit tre ce que Loïc et Marc avaient ne s’est jamais satisfaite d’un confine- daise et canadienne, n’est pas un pro- « C’est toujours contre un passé plus ges jusqu’à cet accomplissement sa vie réduite en cendres, puis déjà vécu : « Que tout peut s’arrêter ment régional, même sous le plus vas- jet commun. Ensemble, ils ne regar- ou moins mythique qu’on s’adosse… » dont les échos dramatisés résonnent s’achète un terrain dans le Sud, s’y violemment en plein milieu d’une te ciel. dent nulle part. Leurs étreintes, com- Une fatalité qui a la forme d’un dans l’oreille du lecteur. installe dans une roulotte, tourne phrase, que la vie génère toujours de « Il n’y a pas de commencement à me leurs paroles, n’ont d’autre pers- « monde effroyablement ancien, con- Patrick Kéchichian la page. Lors d’une promenade au l’inachevé, qu’elle gaspille forcé- une histoire d’amour… » Les premiers pective que le présent. En fait, ce pré- damné » aimante les deux amants. cours de laquelle il se laisse piéger ment ce que l’amour sait adoucir.» mots du roman indiquent la visée, ou sent lui-même n’est que peu de cho- En longues périodes discontinues, en (1) La Gloire des Pythre (« Le Monde par la neige et le froid, il est Ce que sait et dépeint si bien Le du moins le sentiment intérieur de se, une chose fragile et déchirante, phrases qui semblent vouer à ne des livres » du 13 octobre 1995) ; miraculeusement sauvé par Loïc, Touze depuis Comme ton père, l’auteur : l’inscription des destins et comme un radeau qui va bientôt som- jamais finir tant elles ont à dire, à pré- L’Amour des trois sœurs Piale (« Le qui vit dans la mélancolie depuis Etonne-moi et Dis-moi quelque cho- des existences dans une spirale infi- brer. Sans le savoir, mais avec des ciser, à corriger, Richard Millet va Monde des livres » du 5 septembre qu’il a perdu Laure et leur fils se : les blessures occasionnées par nie d’où émergent quelques paroles, ignorances qui ne convergent pas, ils dérouler l’histoire de Nicole et de Phi- 1997) ; Lauve le pur (« Le Monde des Jonathan dans un accident. Le séparations ou divorce des des désirs, et aussi la volonté de his- se tiennent chacun, en équilibre pré- lippe. Plus précisément, c’est eux qui livres » du 14 janvier 2000) ; tous chez Touze aime dépeindre ces fraterni- parents, l’obsession de renouer le ser, par les voies de l’art, cette existen- caire, au bord du précipice que repré- vont tenir discours de leur histoire POL. tés irréductibles. fil des filiations, la cruauté des héri- ce au-delà d’elle-même. C’est Nicole sente l’autre – que représente surtout respective. La mélancolie et la folie L’un des talents de Guillaume Le tages. qui parle ainsi à l’oreille de son Nicole pour Philippe. Mais en même familiales pour l’une, qui porte un e Signalons également le dossier Touze est aussi de confronter le J.-L. D. amant, Philippe. Ce qui relie cet hom- temps, une sorte de fraternité et de héritage trop lourd et ploie sous lui ; que la revue La Femelle du requin destin de ses héros, par de subtils me, altiste et originaire des mêmes tendresse les rapproche ; ensemble, pour l’autre la musique, qui, avec le consacre à Richard Millet (nº 16, flash-back ou des histoires appa- e A signaler : la sortie en poche de terres corréziennes, à cette femme, ils participent à « la tentative d’exté- désir fiévreux des femmes, est le seul automne 2001, 5, rue Trousseau, remment parallèles. Trente ans Dis-moi quelque chose (Babel). médecin, radiologue, d’origine irlan- nuation qu’on appelle l’amour ». attrait de sa vie hantée par le souve- 75011 Paris, 6,09 ¤ [40 F]). Pianissimo, Chant de renaissance Voix sans issue Aïda A travers les mémoires d’un castrat, Nathalie Castagné Le bouleversant roman de Luc Leruth approche fortissimo… offre un somptueux voyage musical au cœur du XVIIIe siècle avec pudeur le douloureux mystère du chant de castrat fatale avoir de sublime. La renommée lui nique dans la version « dégraissée » MÉPHISTO VALSE L’HARMONICA DE CRISTAL sera facilement acquise, les ama- LA 4e NOTE qu’en donne Mateo, son successeur LE MESSAGER d’Ollivier Pourriol. de Nathalie Castagné. teurs d’opéra ne sont pas insensi- de Luc Leruth. à la tête des chœurs de la Sixtine. (Como un mensajero tuyo) Grasset, 252 p., 15 ¤ (98,40 F). Seuil, 624 p., 22,11 ¤ (145 F). bles à la qualité de sa voix dont il Gallimard, 240 p., Une félicité et un désespoir puisque de Mayra Montero. sait la force de séduction ; l’amour 14,95 ¤ (98,07 F). personne à part lui ne comprend le Traduit de l’espagnol (Cuba) ne musique possédée. uand on se trouve lui sera donné par Albretch von miracle de l’instant. Vestige d’un par Françoise Rosset, Pour banale qu’elle soit, devant une telle quanti- Hartenberg, un comte qui, dès lessandro Moreschi monde condamné, « l’Ange de Gallimard, « Du monde entier », cette appréciation de la té de pages qui en qu’Ascanio le voit, lui donne l’im- (1858-1922). Un nom et Rome » – c’est ainsi qu’on le sur- 288 p., 19,06 ¤ (125 F). Mephisto Walz, de Franz Q feraient plus du double pression d’être devant un ami, sen- deux dates dans un coin nommait aux temps glorieux où il Liszt,U n’en convient pas moins admi- avec les caractères habi- timent qu’il vit intensément en de cimetière discret de la chantait aux obsèques du roi Victor- magine-t-on Radamès errant, rablement à la machine infernale tuellement utilisés pour des même temps qu’il en doute jusqu’à AVille éternelle, c’est tout ce qui reste- Emmanuel « les notes à la fois saintes pris de panique dans les rues concoctée par Ollivier Pourriol, dès romans qui ne sont que de longues se trouver ridicule, n’étant qu’un rait du dernier castrat de la chapelle et sacrées que tous écoutaient et qui d’une ville inconnue au milieu son premier roman. L’intrigue – la nouvelles, on peut avoir quelque « petit castrat napolitain, un enfant Sixtine, avec un lot d’enregistre- accompagnaient l’âme du grand des cris d’effroi d’une popula- musique n’adoucit pas les mœurs – frayeur. De telles œuvres sont trouvé ». Facilement anxieux, tour- ments effectués au tout début du défunt dans son dernier voyage » – tionI terrifiée par un attentat ? Si la utilise à plein la tension paroxysti- rares, et rare aussi qui sait en tenir menté, mais d’un charme commu- XXe siècle. L’auditeur moderne pei- fait preuve d’une lucidité qui le bles- bombe qui dévaste le Teatro Nacio- que d’une compétition internationa- la distance sans digressions excessi- nicatif, le comte sera, plus que ne à cacher sa déconvenue devant se sans le réconforter. La longue nal de La Havane le 13 juin 1920, le de piano, ici le concours Chopin ves, fastidieuses descriptions, dialo- l’ami, l’amant qui, alors qu’Ascanio la voix improbable que restituent confession qu’il enregistre, en exor- vers la fin du deuxième acte de l’Aïda de Varsovie. En bonne logique, gues trop bavards. C’est-à-dire, se traite « de chose, d’hybride insup- tant bien que mal les antiques cylin- cisme de cette somme sur « Le Cas- de Verdi, ne fit que des dégâts, le découpé inégalement en « élimina- sans faire de la lecture un pensum. portable aux hommes », saura faire dres. Et il a fallu attendre 1993 pour tratisme et l’Eglise » qu’il s’est fait grand ténor Caruso, éprouvé déjà toires », « demi-finale » et « fina- Ici, elle est plutôt source de bon- de lui « un être comme tous les que Jean-Claude Gaberel puisse dérober, est un défi, presque un blas- par le tremblement de terre de San le », ce court roman avance vers son heur. Il y a bien des raisons pour autres ». Et le petit castrat napoli- mixer pour les besoins du film de phème dans le monde feutré jus- Francisco, fut rattrapé par l’onde de dénouement avec le suspense et la qu’on s’installe dans ce récit et y tain qui, un temps, se traitait Gérard Corbiau les voix de la sopra- qu’à l’asphyxie du Saint-Siège. Reve- choc du drame. fièvre d’un policier. Rien de très sur- reste. Ces raisons, Nathalie Casta- « avec rage et douleur de putain », no Ewa Mallas-Godlewska et du nir sur la mutilation qui était censée Sur cet épisode anecdotique, la prenant, puisqu’il y a des agressions gné les multiplie, ayant ce talent de pourra dire au comte allemand par haute-contre Derek Lee Ragin afin assurer la prospérité des siens en Cubaine Mayra Montero a bâti un et des morts violentes, moins terri- passionner, émouvoir, attendrir, qui et avec qui il réalise son rêve de tenter de restituer toute sa magie même temps que la gloire de Dieu, roman où le spectre de la mort, bles toutefois que l’ombre portée de susciter le sourire et la réflexion, et d’amour magnifié : « Si tu n’avais à ce timbre ineffable qui fit la gloire s’attacher à étudier les partitions ori- annoncée, prévisible, prégnante jus- crimes plus anciens dont la ville por- même d’instruire sans ennuyer été là… dans quel interrègne serais- de Farinelli. ginales resserrées dans le secret de que dans les attitudes les plus ordi- te l’ineffaçable cicatrice en creux, avec une histoire qui, de Naples à je resté ?… Maintenant, j’appartiens Luc Leruth a trouvé plus boulever- la bibliothèque Vaticane, c’est rom- naires, règne en maître. Au long des cité baroque défaite par la guerre et Rome, de Munich à Venise et Flo- à l’humanité… Par toi, je ne suis plus sant encore pour approcher ce pre le contrat tacite qui tolère à pei- chapitres, nommés comme autant défigurée par ses nouveaux maîtres. rence, nous installe pour un somp- un instrument des hommes, mais chant perdu. Inventant la découver- ne le murmure et interdit l’éclat. d’airs d’un opéra funèbre, le récit « Varsovie sous la neige, c’est enco- tueux voyage dans le XVIIIe siècle une créature de Dieu. » te fortuite d’un lot de 25 cylindres Avec une sincérité admirable, entremêle le fil des événements, l’en- re ce qui peut lui arriver de mieux », et l’univers de la musique. Et aux Avec cette éducation sentimenta- en cire et d’un graphophone – il Alessandro raconte ses émois, ses quête menée plus tard par une jeune constate sans aménité le jeune narra- dernières pages, Ascanio Cherubi- le et musicale, Nathalie Castagné a tient avec raison à la précision du doutes, ses extases – fugitives – et le femme, Enriqueta Cheng, partie à la teur, conversant avec le premier ni, natif de Naples, nous a si bien réussi l’un de ces romans qui appel- terme –, il donne à entendre dans ce jeu cruel d’un milieu où les rivalités source de l’histoire d’amour tragique ministre du pays qu’il n’a pas recon- raconté sa vie et son temps, son art lent les habituelles épithètes de la singulier premier roman la voix de et les aigreurs, comme la crainte des de sa mère, Aïda, beauté métisse au nu. Naïf jusqu’à l’inexcusable, l’élè- et ses amours, qu’on se demande louange pas toujours aussi méri- son dernier champion. Improbable dénonciations, scellent les bouches regard chinois et au corps plein de ve du maître Pietr Ostreich, prési- s’il n’est pas un personnage aussi tées qu’à son propos. Il faut souli- relique d’une esthétique évanouie, et les cœurs. Avec la maigre consola- mulâtresse, et du ténor napolitain, dent du jury dont la stature fait un réel que le Luigi du même nom qui gner l’important travail qu’exige ce témoignage en vingt-deux pièces tion que la quintessence de son art, ainsi que l’intervention, trente-deux potentiel Prix Nobel de la paix, va avait dix ans quand, en 1770, celui une telle évocation d’une époque, (les trois autres sont des enregistre- cette « quatrième note » qu’il ne sut ans après le drame, d’un mercenaire connaître toutes les affres – pianiste du roman en a dix-sept et quitte de l’esprit des compositeurs et des ments musicaux) livre, plus encore jamais produire, faute d’enseigne- en quête de reliques pour collection- insignifiant, amant éconduit, héros Naples avec trois compagnons, un interprètes, des lieux où l’on ne que le constat d’une faillite, le ment, soit devenue le legs perdu neur fortuné. Il se répète inlassable- veule et ami jaloux – et sortir en piè- compositeur, un violoniste et un s’étonnerait pas de voir paraître roman d’une détresse. d’une femme (la cantatrice Emma ment, offrant les hypothèses les plus tre vainqueur d’un jeu qui n’est flûtiste. Mozart, et cela pour un exception- Derniers jours de juin 1914. Tan- Calvé), autre victime des réformes contradictoires, les indices les plus qu’un accessit, au vu du combat ter- Castrat, se définissant lui-même nel roman d’amour qui, charnel ou dis que l’Europe s’effraie du conflit liturgiques. Assez spectaculaire, réversibles, avec toujours l’angoisse rifiant qui se joue au-dessus de sa comme « un être artificiellement mystique, se traduit toujours par le général qui va ruiner son hégémo- « on l’entonne à la suite d’une note presque palpable des protagonistes. tête sans qu’il en comprenne rien. fabriqué », Ascanio fuit le prince mot juste. L’histoire vous emporte, nie, le Vatican attend la mort de principale longue. Subitement, on a Rites magiques occultes, complots Aidé par une journaliste qui l’a humi- Saggenaro, son peu recommanda- mais aussi le style fait d’une alter- Pie X, celui-là même qui a voulu éli- l’impression que répond à la note prin- d’amour, d’évasion ou de mort, l’at- lié (« un robinet d’eau tiède »), il fini- ble protecteur. « La mutilation nance de phrases brèves – deux- miner des églises, à entendre Mores- cipale une autre note, beaucoup plus tentat révèle un monde secret, com- ra par saisir son rôle exact dans la qu’on nous fait subir est suffisante trois mots, voire un seul comme chi, « toute musique qui ne soit pas le éthérée, comme émise par un autre me si la bombe avait fait voler un mécanique de précision qui broie un sans qu’un homme vienne en plus, un couperet, une respiration – et chant grégorien ou polyphonique, et chanteur qu’on ne verrait pas. » éclat d’écorce mettant à nu la chair vieillard hoffmannien… et décider par simple appétit des sens… avilir de phrases proustiennes parfaite- surtout se débarrasser une fois pour A lire Leruth, c’est tout un monde tendre de l’arbre et les mondes de n’en tenir aucun compte. toute notre chair. » Cette fuite est ment déroulées. Une parfaite réus- toutes des femmes et des castrats »au évanoui qu’on croit atteindre, poi- cachés qui s’y affolent d’une lumière D’une sobre efficacité, un premier aussi pour une double quête, de la site qui donne toute sa valeur à profit des jeunes garçons. Moreschi, gnant de grâce née d’une indicible trop vive. Comme un éclair qui cou- opus qui appelle le bis. gloire en ce qu’elle a de satisfai- l’art romanesque. lui, enregistre le Lamento della Nin- douleur. pe toute vie en deux. Ph.-J. C. sant, de l’amour en ce qu’il peut Pierre-Robert Leclercq fa, bouleversant de richesse harmo- Ph.-J. C. Ph.-J. C. littératures LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / V b

région d’Ecosse et traquer le secret du cœur végétal de ce cloaque maré- BANDE DESSINÉE cageux, que protègent des hôtes sanguinaires. b par Yves-Marie Labé Ce conte aux saveurs enfantines laisse traîner dans ses pages un arrière- goût de fantastique. Il use de toute la panoplie du mystère, de la dispari- tion sans explication des parents à l’existence de fées du marais, lieu trou- ble, propre à toutes les sarabandes, en passant par des espionnes aux Mondialisation et sorcellerie motifs louches et une foule de personnages secondaires (du reporter snob à la jeune bourgeoise entreprenante), grâce à qui le scénariste Luc Brunschwig, déjà remarqué pour sa série Le Pouvoir des innocents, donne libre cours à sa fantaisie. Quant aux dessins de Benn, ils se prêtent, avec PAR DES TEMPS INCERTAINS un bel équilibre entre réalisme et caricature, à la description de cette de Pierre Christin Ecosse du début du XXe siècle, quand les fracas du premier conflit mon- et Jean-Claude Mézières. dial étaient encore estompés par un environnement quasi surnaturel Ed. Dargaud, 56 p., 9,45 ¤ (62 F). (Dargaud, 46 p., 9,45 ¤ [62 F]). b SORCIÈRES, de Christophe Chabouté n est dans l’actualité la plus Il y d’abord ce trait, toujours noir et blanc, effilé et emberlificoté, ce vive : au début de cette dix- trait que Christophe Chabouté distille dans ses dessins et qui leur donne huitième aventure de cette signification impressionnante. En héritier surdoué de Dider Comès « Valérian, agent spatio- – dont l’album culte Silence doit faire l’objet d’une nouvelle publication, temporelO », une explosion ravage en octobre, aux éditions Casterman, dans sa version classique en noir et l’une des tours de la Défense, à Paris, blanc et dans sa nouvelle version en couleurs –, Christophe Chabouté et, plus précisément, la salle abritant fait aussi figure de Maupassant contemporain, alliant le dessin au conte, une réunion du conseil d’administra- avec une nette prédilection pour les thèmes ruraux. En quinze saynètes, chera son héritage que le jour où il sera marié et doté d’un premier héri- tion de la société Vivaxis, spécialisée déclinées à partir des savoirs et des instruments de la sorcellerie – de divi- tier. Complots, empoisonnement, cottage et dettes de jeux, matchs de dans les biotechnologies, la généti- nation à malédiction, de cartomancie à philtre –, il raconte comment boxe et règlements de compte : entre l’exercice de style et le trop-plein que, le cellulaire, etc. dans ce village, certain(e) s usent d’un philtre d’amour, se transforment romanesque, ce premier tome des Rochester se lit pourtant avec un cer- Mais l’humour noir propre aux aven- en chat noir, suppriment une épouse devenue mégère ou sont prêts à tain plaisir. On glisse dans l’intrigue et dans les plis des personnages avec tures de Valérian et de Laureline tout pour rendre sa virilité à un homme défaillant. Mais au-delà de la ven- l’étrange sentiment de déjà tout connaître mais en appréciant la suavité reprend vite le dessus : l’auteur de l’ex- geance, de l’égoïsme ou de la rouerie qui s’expriment dans chaque des coloris et la précision du dessin, et en se laissant à nouveau vamper plosion n’est autre que Dieu, physi- tableau, Chabouté n’oublie jamais clin d’œil ou rire jaune, chutes qui par l’ambiance d’une Angleterre toujours reine de l’intrigue policière (éd. que d’Orson Welles et vocabulaire de caractérisent chacune de ses historiettes. Bien sûr, cet album consacré à Casterman, 48 p., 9,45 ¤ (62 F]). titi parisien, bluffé et vexé par le fait la sorcellerie se termine par un bûcher, sur lequel mourra une innocente b IRAK, DIX ANS D’EMBARGO, de Alain Dugrand et Jacques Ferrandez que Vivaxis soit sur le point de faire vaincue par les mots et les sorts des vivants (éd. Vents d’ouest, 136 p., Dix heures de route dans le désert, sur trois voies vides, pour atteindre une découverte qui modifierait la 17,99 ¤ [118 F]). Bagdad. Des immeubles au loin, « poignée de Légo sur le désert gris », et des nature humaine et la rendrait éternel- b LES ROCHESTER : L’AFFAIRE norias de camions-citernes gorgés de pétrole, résolution 986 oblige… le. Ce crime de lèse-majesté ne peut CLAUDIUS, de Jean Dufaux et Dugrand et Ferrandez racontent dix ans d’embargo à Bagdad, imposés aux pas laisser Dieu – ni son fils, un peu timoré – de marbre. Pas plus que Sat, Philippe Wurm descendants d’Haroun El Rachid et de Soliman-le-Maginfique par les ange déchu de la cité d’Hypsis, qui ne désire qu’une chose : prendre le Dans cet univers très british recréé « Etats-Unis et le Cousin », c’est-à-dire Saddam Hussein. Entre la rue Rachid contrôle de Vivaxis. Pas plus que Valérian et Laureline. Tout ce beau mon- par le trait de Philippe Wurm, entre et le palais Abbasside, entre les petits cireurs de souliers et cette jeune fille de se retrouve donc au Palais des congrès de Paris, où le PDG de Vivaxis – Jaguar et Bentley, palais victoriens et qui n’a lu Genet qu’en arabe, et toujours le long de ces casernes ornées du pardon, le « chairman » – tente la transparence auprès des actionnaires, bouges poisseux du Londres des portrait du « Cousin », notre duo décrit, avec la rage au cœur, cet embargo des salariés et de la presse. docks, une jeune aristocrate, Lady qui plonge dans la souffrance des millions d’Irakiens, « les plus oubliés des Savoureuse satire de l’ère de la mondialisation, procès tout en humour Elza Rochester, est demandée en hommes ». Un livre à deux voix, à deux colères, à relire à lueur des actuels noir des dérives de la science et de la technologie, notamment en matière mariage par un jeune lord homo- événements, pour éviter les jugements à l’emporte-pièce (Casterman, 80p. de clonage, ce nouveau chapitre des pérégrinations extraterrestres de sexuel, baptisé Claudius, qui ne tou- 98 F [14,94 ¤]). Valérian est aussi une charge féroce anticapitaliste et une mise en garde contre les businessmen de toutes nationalités susceptibles de sacrifier leur ultime parcelle d’humanité sur l’autel de leur multinationale. Mais ni Christin ni Mézières ne prétendent jouer les Raymond Barre de l’écono- mie politique. Leur leçon, si leçon il y a, est irriguée d’humour, de référen- ces à des albums déjà parus des aventures de nos deux jeunes héros, ou encore à des personnages classiques ou à des gags de l’univers de la BD (les deux détectives jumeaux, le sparadrap collé sur le nez du PDG de Vivaxis…). b LES AMANTS DÉCAPITÉS, de Benn et Luc Brunschwig Ces amants décapités sont, dit-on, les parents du jeune Mic Mac Adam. Ces deux botanistes et aristocrates écossais se noyèrent, il y a bien longtemps, au fin fond d’un marais de leur propriété, par une nuit d’orage. Leur fils, Mic, intrigué par un message énigmatique, retourne à Hillkirk, en Ecosse, de longues années après le drame, en compagnie de deux voyageuses bizarres et sous l’escorte de petites fées-libellules. Au passage, il devra identifier deux momies découvertes dans le fameux marais, vérifier qu’il ne s’agit ni de son père ni de sa mère, comprendre les raisons de la venue de l’infanterie britannique dans cette paisible Le montagnard pacifiste Douloureuse Deux recueils de textes brefs prouvent l’importance révélation poétique du travail de mémoire de Mario Rigoni Stern

ment des textes de Rigoni Stern, EN ATTENDANT L’AUBE qui publie de façon assez anarchi- RUPTURE (Aspettando l’alba) que des nouvelles, des fragments (The Book of Revelation) de Mario Rigoni Stern. de chronique, des réminiscences, de Rupert Thomson. Traduit de l’italien par un peu au hasard des demandes Traduit de l’anglais Marie-Hélène Angelini, des journaux italiens et des petits par Bernard Turle, La Fosse aux ours, éditeurs. Ainsi certains épisodes se Stock, 324 p., 20 ¤ (131,20 F). 94 p., 12,96 ¤ (85 F). poursuivent-ils d’un livre à l’autre, l’auteur révélant tel ou tel détail, e narrateur se souvient : HOMMES, BOIS, ABEILLES suivant le caprice de sa mémoire. Il tout allait bien ce jour-là. Il (Uomini, boschi, api) faut accepter cet arbitraire, qui faisait beau à Amsterdam. Traduit de l’italien entraîne le lecteur dans les sinuosi- C’était l’heure de la pause. par Monique Baccelli, tés de la sensibilité de l’écrivain, «L Un moment banal dans une journée La Fosse aux ours, tantôt attentif aux mutations de la banale », pour ce brillant danseur de 156 p., 16 ¤ (105 F). nature, qu’il observe dans ses pro- vingt-neuf ans. Tout allait bien jus- menades en montagne, tantôt sub- qu’au moment où Brigitte, sa compa- ario Rigoni Stern a mergé par la violence des événe- gne, lui demande de sortir lui acheter quatre-vingts ans. Cet ments qu’il a vécus, tantôt encore des cigarettes. Enlevé et séquestré homme des monta- fidèle à ceux qui l’ont précédé sur par trois femmes fétichistes, il va ne gnes a dénoncé les ces terres de combats. devenir qu’un corps. Un corps qu’il Mhorreurs de la guerre (celle de 1914 Comme Primo Levi, Rigoni Stern avait cru maîtriser, et qui aujourd’hui à laquelle plusieurs de ses livres se a conservé des jeunes gens qui ont le trahit. Ainsi, quand l’une de ses réfèrent, mais aussi bien sûr celle partagé sa détention dans les ravisseuses le sodomise avec un de 1939 qui l’a mené dans un camp camps un souvenir précis et géné- gode : « La sensation lui était restée, de concentration) et a chanté la reux. Il se sent le devoir illimité de moins du viol en soi que de l’orgasme nature des hauts plateaux d’Asia- leur rendre hommage, comme si qui en avait été la conséquence, un go, en Vénétie. Cette région où ont tel geste de courage et d’abnéga- orgasme dans lequel son esprit n’avait eu lieu des combats qu’il a souvent tion ne devait jamais être épuisé joué aucun rôle : un orgasme involon- décrits, remontant dans l’histoire par le récit qui en serait fait, et taire, autonome. » d’Italie avant sa naissance, il y est réclamait, à l’infini, un nouveau Après dix-huit jours de cauchemar toujours demeuré attaché par son rappel. Les épisodes qu’il rapporte éveillé, c’est le retour – bien sûr métier, puisque, parallèlement à la appartiennent indifféremment aux impossible – à sa vie d’avant. Puis la littérature, il a exercé jusqu’en 1969 deux guerres et il aime à montrer rupture avec Brigitte, avec la danse, le métier d’employé au cadastre. qu’il y a une sorte de langage secret avec ce qu’il avait toujours cru être. Un hommage à l’écrivain a été ren- qui permet de communiquer, Enfin, la tentative d’affronter ce pas- du, à Bourg-Saint-Maurice, le d’une génération à l’autre, d’un sé qui le hante, et qu’il tente de 14 septembre dernier, en présence sacrifice à l’autre. Certaines scènes cacher. Rupture est sans doute moins d’Hubert Mingarelli, romancier poignantes resteront inoubliables : réussi que le précédent ouvrage de français dont la sensibilité peut ainsi celle qui ouvre le recueil intitu- Rupert Thomson, Soft (1). Pourtant, être rapprochée de celle de son lé En attendant l’aube, ou celle qui on y retrouve la belle écriture angois- aîné : fraternité, mystère du monde ferme l’autre volume, Hommes, sée de l’auteur de Traumatisme (1) et animal, sens intense des forces bois, abeilles. Dans la première, un surtout, son interrogation constante naturelles, limpidité de la langue, jeune homme, mortellement bles- du réel, ainsi que sa recherche de la circulation fluide entre les époques sé, est recueilli de mauvaise grâce vérité. Ce que tente d’écrire Rupert et les générations. sur un traîneau par un soldat qui Thomson tout au long de son sixiè- Les deux nouveaux livres qui croit, devant son cadavre, reconnaî- me roman, c’est cette interrogation s’ajoutent à l’œuvre déjà large- tre le visage du bonheur en temps de Stefan Hertmans, qui figure en ment traduite aux éditions de la de paix. Dans la seconde, un vieil incipit : « Percera-t-on jamais l’appa- Fosse aux ours ne sont certaine- immigré italien, installé à New rence des êtres, dépassera-t-on jamais ment pas majeurs, mais reflètent York, est surpris par la mort lors le stade de l’interrogation ? La peau, la l’univers intérieur de l’écrivain ita- d’un séjour dans son village natal. surface : voilà le secret le plus profond lien qui appartient à la famille litté- C’est dans la perception de ces de l’être humain. » raire de Primo Levi et d’Emilio Lus- angoisses solitaires que Mario Rigo- Emilie Grangeray su. Il y a malheureusement un cer- ni Stern se révèle insurpassable. tain arbitraire dans le regroupe- R. de C. (1) Stock. VI / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 jeunesse b Un tandem en pleine ascension C’est en 1991 que Fred Bernard et François Roca, alors étudiants, se rencontrent. Le premier a le goût de la narration, le second celui de l’image-tableau. D’emblée, la complémentarité et la complicité fonctionnent entre les deux duettistes, dont le talent éclate au travers de deux nouveaux albums

2000) et d’un site web, puisque la 1999) ou de Monsieur Cloud nuagis- sans résignation. On pouvait crain- JÉSUS BETZ mort n’interrompt rien. Mais 1991 te, n’a pas pareillement convaincu, dre que François Roca ne puisse de Fred Bernard voit aussi la rencontre des deux comme si François Roca était accompagner le récit en y appor- et François Roca. futurs complices, à la rentrée d’Emi- condamné à rester fidèle à la touche tant sa tension propre. C’était mal Seuil-Jeunesse, 36 p., le-Cohl. Fred a vingt-deux ans, Fran- de Solinké du grand fleuve (Albin connaître la profonde symbiose des 16,50 ¤ (103,23 F). çois vingt ans ; l’un dessine, l’autre Michel, 1996) qui lui avait valu dès deux créateurs. Avançant toujours peint ; le premier a le goût de la nar- son premier travail pour la jeunesse plus avant dans leur travail d’équi- JEANNE ET LE MOKÉLÉ ration, le second celui de l’image- le prix Chrétien de Troyes. pe, Fred et François continuent sur de Fred Bernard tableau. D’emblée ils s’entendent, L’éternel piège des livres de jeu- le mode anarchique qui fut toujours et François Roca. travaillent volontiers en binôme, nesse reste l’estimation rapide de le leur, voisins à Lyon comme Albin Michel, 48 p., 14,94 ¤ (98 F). chacun prenant l’autre pour modèle l’illustration d’un simple coup d’œil aujourd’hui où les voyages, les visi- selon les besoins des TP. Mieux, ils sans prendre même connaissance tes et les courriers électroniques ls n’ont sans doute jamais été travaillent ensemble à l’élaboration du texte, séance qualificative dont maintiennent la proximité nécessai- aussi proches. Malgré les de scénarios, de BD, de dessins ani- on craint qu’elle n’exclue une éva- re. François préserve la tension du quelque trois cents kilomè- més aussi. Avec une complicité et luation plus sérieuse du jeu de récit, la donne à voir avec une auda- tres qui les séparent depuis une complémentarité épatantes. regard entre les deux récits, écrit et ce qui fait de ces livres des ouvrages qu’ilsI ont quitté Lyon l’un et l’autre, Cette connivence d’étudiants s’avè- graphique, qui se répondent. que les adultes disputent à leurs François Roca abandonnant sa ville re décisive puisqu’elle survit aux alé- Cet automne, pas de risque qu’on enfants. natale pour s’installer à Paris, tandis as de l’après-Cohl : le service militai- vassalise l’intrigue à l’image. Les De dix ans plus jeune que Jésus, que Fred Bernard retrouvait Savi- re pour François, qui se veut peintre deux albums qui paraissent simulta- Jeanne Picquigny part en Afrique gny-lès-Beaune, moins de dix ans et expose bientôt chez les galeristes nément chez Albin Michel et au rechercher son père, en quête d’un après son départ pour l’école Emile- lyonnais, un long séjour en Angleter- Seuil le 4 octobre ont une force nar- mystérieux animal antédiluvien, le Cohl, où les deux compères se sont re pour Fred et une chute de douze rative exceptionnelle, preuve s’il en Mokélé. Le style sec de Fred Ber- connus. mètres, accident de manipulation est que ce tandem ne se résout pas nard – les phrases sont nominales Rien ne semblait prédisposer les de cerf-volant au bord d’une falaise au tour de piste des vélodromes et la syncope la règle ici –, les somp- deux hommes à se rencontrer : Fran- qui ne tempère pas le goût des voya- mais s’aventure toujours plus loin tueuses peintures de François çois est très tôt fasciné par les ges chez un dessinateur qui veut cro- dans des contrées inconnues où cer- Roca – on songe à Mogambo plus avions et la peinture surtout – d’où, quer le monde et la vie à pleines tains auront peut-être du mal à les encore qu’à King Kong – ont une dès dix-huit ans, le choix de l’Ecole dents. suivre. audace si rare chez Albin que Fred nationale supérieure des arts appli- Rien d’étonnant alors à ce que les La fascination pour l’univers du pensait que le projet n’aboutirait qués Olivier-de-Serres (1989-1991) ; deux compères se retrouvent pour cirque, déjà présente dans le diplô- pas tel quel. Tandis qu’il achève Fred, lui, doit se battre pour échap- prolonger les rêves des années d’étu- me de fin d’études de François pour le Seuil, outre des Carnets du per à la tradition familiale qui le des : une adaptation de Freaks, qui Roca, nous vaut en effet avec Jésus Bénin, où il prépara cette intrigue voue à devenir artisan maçon. Aus- échouera faute d’obtenir les droits Betz un album exceptionnel. Mons- africaine, une version BD de l’aven- si, après deux ans aux Beaux-Arts à et dont Jésus Betz offre cet automne tre touchant, Jésus est né un soir de ture de Jeanne – la première, qu’il Beaune (1988-1990), vit-il l’aventu- l’heureux épilogue, ou ces projets Noël de la fin du XIXe siècle, sans signera seul – le scénariste rêve re d’Emile-Cohl comme une échap- graphiques sur les trains, les ani- membres, simple quille que la moin- avec François au soleil de Bourgo- pée que rien ne peut gâcher (un acci- maux et les nuages qui attendaient dre boule renverse. Et dans une gne, d’histoire d’ogre et d’aventure dent de moto sévère, en 1990, le une scénarisation convaincante. humanité sordide où l’ombre de maritime, de Japon bruissant de sho- contraint à dessiner de la main Ainsi Le Train jaune (Seuil, 1998) ou Dickens plane encore, l’apprentissa- guns et de samouraïs… gauche : il sera ambidextre pour ne Monsieur Cloud nuagiste (Seuil, ge de la survie tient du défi. Par Pour des lecteurs sans âge, puis- pas renoncer au dessin). 1999) sont-ils nés d’une amorce gra- Jésus Betz découvre le cirque guidé par son ami Pollux chance, il a une voix d’ange. Réac- qu’au fil des albums tous deux sem- 1991 sera une année décisive phique, quand La Reine des fourmis tualisant la sourde ambiguïté du cas- blent avoir imposé dans un univers pour chacun. Cet été-là, Fred, en a disparu (Albin Michel, 1996) ou Le mal reçu que le dernier volume du L’aventure servira de leçon aux trat, Jésus va charmer et se faire éditorial souvent trop sage l’anti- route pour l’Espagne, rend visite Jardin de Max et Gardénia (Albin triptyque ne sortira jamais. Aussi se deux duettistes : désormais les tra- honnir, toléré quand il est utile ou que devise « Qui nous aime nous dans le Sud-Ouest à un homme qui Michel, 1998) résultent d’un cane- met-il volontiers au service des ima- ductions, nombreuses, sont plus divertissant, rejeté le plus souvent suive ». Chiche ! le fascine doublement, créateur et vas littéraire. Remarqué pour un ges de François. Exposées à Bolo- strictement contrôlées et la partici- par ceux que sa malformation Philippe-Jean Catinchi personnage, le chanteur Nino Fer- petit album, Mon ami crocodile gne dans le cadre d’un concours, les pation de Fred mieux défendue. angoisse, menace comme une insup- rer. De cette rencontre inespérée, (Albin Michel, 1996), où il signait premières planches de ce qui devien- D’autant que le succès rencontré portable contagion. Le salut vien- e Les originaux de Jésus Betz seront naîtra une amitié dont le souvenir texte et illustrations, Fred Bernard dra Le Train jaune séduisent les par les albums des deux amis doit dra d’une jeune femme sublime iso- exposés à la galerie Sans titre à l’éblouit encore, jalonnée de quel- souffre de l’échec du fruit de sa col- Américains de Creativ-education. être nuancé : pour l’accueil enthou- lée dans une autre différence. Lon- Bruxelles du 19 octobre au 17 novem- ques chansons, d’une maquette de laboration avec Philippe-Henri Ils achètent le projet mais bientôt siaste de La Reine des fourmis,du gue confession dictée à la mère qui bre (rens : 00 32 2 514 25 12) ; ceux de CD – rendue « inutile » par le suici- Turin : le deuxième épisode des modifient l’intrigue, soucieux de Secret des nuages,duTrain jaune ou l’a abandonné, Jésus Betz est l’histoi- Jeanne et le Mokélé seront présentés de de l’artiste dandy –, plus tard aventures de Warf le pirate, La Licor- promouvoir un « auteur maison » d’Ushi (Albin Michel, 2000), l’auda- re d’un homme qui souffre mais ne au Salon du livre de Bordeaux du 13 d’un album, L’Arche de Nino (Seuil, ne vengeresse (Seuil, 1996), est si grâce aux superbes images de Roca. ce visuelle de Cosmos (Albin Michel, désarme pas, une leçon de courage au 15 octobre. Après Harry... Artemis Fowl Eveil des sens Sortie de l’imagination débridée de l’Irlandais Eoin Colfer, voici celui que l’on présente L’initiation à l’art ne fait plus peur aux éditeurs déjà comme le pendant – version anti-héros – d’Harry Potter pour preuve ces belles balades musicales et picturales

rtemis Fowl connaîtra-t-il phique, cocktail d’ingrédients allé- rebondissements et gags divers qui roman gothique, tel que l’ont illus- raint ou banni ? Il y a peu entendre, en Iran, une étrange vièle à le destin d’Harry Potter ? chants mis à la mode par la déferlan- mettent en scène un jeune surdoué trée Lewis Carroll ou Tolkien. Mais la encore, l’art était curieuse- pique nommée kamanché ; ou que, C’est le pari qu’ont fait te Harry Potter : tous les éléments aux prises avec des univers parallè- comparaison s’arrête là. Contraire- ment absent des livres dans la touffeur gabonaise, Wambi, l’an dernier, à Francfort, semblaient réunis pour faire prendre les. Dans les deux cas, ce sont des ment à Harry, Artemis est un antihé- pour enfants. Tant en le chasseur d’antilopes nous charme Ala dizaine d’éditeurs qui se sont arra- la « sauce médiatique ». « fairy tales » dans la meilleure tradi- ros. Descendant d’une longue lignée musiqueC qu’en peinture, donner à avec sa harpe arquée… A tous ché ses droits. Flambée des prix, Nouvel Harry Potter donc ? Les tion britannique, au carrefour du con- de criminels, il n’a qu’un but, gagner voir ou à entendre de grandes égards, le dépaysement est garanti : option sur l’adaptation cinématogra- deux ouvrages, en effet, regorgent de te de fées, du récit fantastique et du de fortes sommes d’argent et restau- œuvres semblait une entreprise élitis- couleurs des textes d’Anne Montan- rer le nom familial grâce à un plan en te et donc commercialement risquée. ge, poésie des univers graphiques (en trois étapes. D’abord, se procurer le Il aura fallu quelques ouvrages frap- particulier ceux de Frédérick Mansot « Livre », qui contient les lois régis- pants pour en finir avec cette réticen- et de Marcelino Truong), sonorités sant le « Peuple » (les gobelins, nains ce et prouver que l’on pouvait enco- inouies et harmonies toutes neu- et fées qui vivent sous terre, loin des re, sans démagogie, « vendre » Bach ves…, tout cela donne envie de se pré- « êtres de boue », les humains). Enle- ou Magritte à la génération de la cipiter au Musée de la musique pour ver une fée, puis réclamer une ran- Game Boy et des Digimon. Qui y retrouver sa collection d’instru- çon. Tout cela en comptant pour rien aurait pensé, il y a dix ans, qu’Alain ments du monde entier, ses concerts la résistance de sa victime Holly, Le Saux et Grégoire Solotareff pous- ou ses ateliers (chaque volume 42 p., agent-elfe de charme. Artemis Fowl seraient même l’audace jusqu’à s’at- 15 ¤, [98,39 F] à partir de 6-7 ans). porte bien son nom : « ’Foul’ by natu- taquer au public des tout petits en Autre bonne surprise de la rentrée, re, ’Fowl’ by name » (foul signifiant leur proposant leur inusable Petit Le Louvre à la loupe, de Claire d’Har- odieux), comme le dit Eoin Colfer, Musée (éd. L’Ecole des loisirs) dont la court, cette jeune éditrice qui vient Irlandais de trente-six ans, qui n’a couverture – il fallait l’oser – est un de créer sa propre maison d’édition, pas choisi par hasard le prénom d’Ar- détail de Ghirlandaio ? Qui aurait Le Funambule. Dans la lignée de temis, cruelle divinité de la chasse. imaginé que, dans la veine de Proko- L’Art à la loupe (Seuil, 2000), cet Le premier roman d’Eoin Colfer, fiev (1), Leigh Sauerwein compose- album est une promenade légère et The Wish List, non traduit, jouait avec rait des histoires sur des pièces con- enlevée dans le fabuleux patrimoine l’humour noir, la fantaisie débridée temporaines (Gallimard, « Premiè- du musée, depuis le cercueil d’Imene- et un goût marqué pour les gadgets res découvertes Musique », 7 titres, minet jusqu’aux porcelaines de scientifiques. Artemis Fowl, qui amor- 12,96 ¤ [85 F] chacun), quand l’édi- Sèvres ou aux céramiques islami- ce une trilogie, va dans le même teur Thierry Magnier ne laisse qu’à ques. En fixant longuement chaque sens. Tenant du thriller et de la légen- l’image le soin de dialoguer avec la objet, en jouant à retrouver mille de celte, du polar high-tech et du con- musique classique (« Premiers CD », détails, en soulevant des languettes te pour enfants, il dispose de nom- 6 titres parus, 7,62 ¤ [50 F] chacun) ? pour tout savoir sur Le Tricheur à l’as breux atouts pour gagner le succès Il faudrait pouvoir citer bien de carreau ou les amphores de Milo, qu’on lui prédit : intrigue rondement d’autres entreprises éditoriales mar- on finit par vérifier la proposition de menée, plume enlevée, galerie de per- quantes. Mais l’important est de Cézanne : « … il me semble qu’il y a sonnages hauts en couleur. Il se lit constater qu’en dix ans l’inventivité tout dans le Louvre, qu’on peut tout sans peine et fait montre d’une imagi- des éditeurs ne cesse de s’enrichir et aimer et tout comprendre par lui ». nation certaine. Reste que si le décor de se sophistiquer. En voici deux Telle est peut-être la force de ces nou- est plutôt bien planté, ses perspecti- preuves supplémentaires. « Les Con- velles générations d’ouvrages sur ves demeurent limitées : le message tes du musée de la musique » est une l’art : ils offrent aux jeunes une grille délivré ne déborde pas d’originalité nouvelle collection coéditée par de lecture du monde, de telle sorte (hors de la famille, point de salut) et Actes Sud junior et la Cité de la musi- qu’on puisse tout aimer et tout com- rien dans l’ensemble n’ouvre des aby- que. Un principe simple apparem- prendre par eux (coédition Le mes de réflexion. Mais ce roman aux ment : il s’agit d’un conte illustré, aug- Funambule/Le Seuil jeunesse, 64 p., allures de bombe commerciale est menté d’un cahier documentaire, et 22,80 ¤ [149,56 F]. Egalement dispo- un sympathique divertissement. couplé à un CD pour découvrir l’ins- nible en anglais à partir du 17 octo- Minh Tran Huy trument choisi. Chaque titre est ainsi bre. A partir de 8 ans). un voyage dans un environnement Florence Noiville ARTEMIS FOWL sonore des plus inattendus : avec d’Eoin Colfer. Itto, le pêcheur des vents, nous par- (1) Signalons la parution d’un nou- Traduit de l’anglais (Irlande) tons au Japon guetter le sifflement veau Pierre et le loup interprété par par Jean-François Ménard, du sho ; Nakiwin, le jardinier bienheu- l’Orchestre de chambre de Genève, Gallimard, « Jeunesse », reux nous emmène en Indonésie sur raconté par Michel Galabru et illustré 330 p., 15 ¤ (98,39 F). des rythmes de gamelan, tandis que par Eric Battut (Didier Jeunesse, 36 p., A partir de 12 ans. Nader, le musicien du rêve, nous fait 23,02 ¤ [151 F]). essais LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / VII b L’écologisme à l’épreuve

surface du Brésil !), les scientifi- 2000. Cette « climatocratie », avec graphique appartient au passé, statistique de Lomborg néglige les LE PROGRÈS ET ques qui réalisent les modèles cli- La lutte contre les OGM l’appui des écologistes, transfor- démontre de façon convaincante aspects locaux des problèmes : par SES ENNEMIS matiques ne seraient pas des clima- més en « agence de communication qu’une pénurie alimentaire mon- exemple, le fait que le pétrole ne Guy Sorman. tologues, l’augmentation de la témoigne-t-elle gratuite » d’une partie de l’indus- diale est très peu probable, affirme manque pas globalement ne signi- Fayard, 308 p., 18,30 ¤ (120 F). population ne ralentirait pas, etc. trie (nucléaire notamment), serait que les ressources de pétrole et fie pas que son exploitation ne Surtout, il se contredit fréquem- de l’antiscience ? selon lui incapable de réviser ses matières premières ne risquent pose pas problème (au Tchad, en CLIMAT DE PANIQUE ment : par exemple, quand les cher- postulats. pas de manquer dans les décen- Arctique ou en Colombie). Enfin, de Yves Lenoir. cheurs s’intéressent au climat, Le changement Les contradicteurs de Lenoir ne nies à venir, relativise l’importance son travail ne manque pas de fai- Favre, 220 p., 19,69 ¤ (129F). c’est par intérêt personnel : ils manqueront pas de relever quel- de la pollution de l’air, recadre à blesses, soit qu’il se livre parfois à « vivent de cette querelle depuis climatique est-il ques oublis – fonte de la banquise juste titre le problème de l’approvi- diverses manipulations statisti- THE SKEPTICAL qu’elle a éclaté. A eux les crédits, les arctique par exemple – qui mon- sionnement en eau comme une ques, soit qu’il tire des conclusions ENVIRONMENTALIST honneurs des publications scientifi- imaginaire ? trent qu’il peut avoir une mémoire question de répartition et non de trop rapides sur des bases statisti- de Björn Lomborg. ques, la présence dans les sélective. Ils le jugeront bien opti- pénurie absolue, relativise les ques très discutables (forêt tropica- Cambridge University Press, médias ! ». Mais quand ils tra- Le monde va-t-il miste sur la volonté de l’industrie inquiétudes relatives à la pollution le, ressources en pétrole, écono-

516 p., 17,95 £. vaillent sur les OGM, ce sont des américaine de séquestrer le CO2. chimique, etc. mie du changement climatique). Il « pionniers », qui « mènent un com- toujours mieux ? Ils penseront que son hostilité au Appuyé sur des sources peu con- n’en est pas moins, globalement, ’écologie entre-t-elle dans bat sans relâche » pour répondre nucléaire est le moteur de sa testables et sur un considérable tra- pertinent et honnête. un triste automne ? C’est aux « attentes des agriculteurs du Trois brûlots attaquent réflexion. Mais ce franc-tireur vail d’enquête, The Skeptical Envi- Au fond, Lomborg défend une ce que l’on pourrait penser monde entier ». En fait, il n’y a de et stimulent la vulgate pose de bonnes questions, en rap- ronmentalist mérite beaucoup approche libérale et monétariste L à la vue des trois livres qui, bons scientifiques que ceux avec pelant que la théorie du change- mieux que la fureur qu’il a déchaî- de l’environnement, consistant à en France et en Angleterre, lui qui Guy Sorman est d’accord. Il ment climatique reste, au mini- née chez quelques écologistes bri- toujours se demander si les dépen- administrent de concert une sévè- s’agit pour lui de placer la science écologiste mum, pleine d’incertitudes. tanniques. La thèse de fond – le ses engagées pour résoudre tel ou re volée de coups de bâton. Très du côté du « capitalisme mondiali- Ce sont également de bonnes catastrophisme est hors de propos tel problème écologique ne bien : on pourra ainsi juger de sa sé », qu’il vénère et avec qui « les les phénomènes complexes et fon- questions que pose Björn Lom- – n’est pas nouvelle. Elle ne con- seraient pas mieux employées santé intellectuelle. OGM ont partie liée ». Bizarre- damentaux du cycle de l’eau, des borg, en déminant systématique- duit pas à refuser les problèmes ailleurs. Une approche moins émo- Le plus connu des censeurs ne ment, il reconnaît la validité d’une aérosols et des poussières. Quand ment le catastrophisme qui imprè- d’environnement, mais à les mino- tionnelle que celle qui prévaut devrait pas être le plus redoutable. des critiques majeures des oppo- il en vient à l’atmosphère, Yves gne encore une part du mouve- rer quand il y a lieu. Et montre que auprès d’une large part de l’opi- Car si la notoriété de Guy Sorman, sants : si se développe en Chine un Lenoir s’appuie sur les travaux du ment écologiste. Statisticien les écologistes ont joué, et conti- nion, mais qui mérite incontesta- son style alerte et un talent réel à marché sauvage des OGM, «onne géographe-climatologue Marcel danois, il s’est attaqué en 1998 aux nuent à jouer, un rôle d’alarme blement un débat approfondi. Au visiter des gens intéressants aux peut exclure que la résistance [des Leroux, pour qui l’essentiel des affirmations de certains mouve- positif, conduisant la société à réa- total, le mouvement écologiste n’a quatre coins du monde plaident insectes et des mauvaises herbes] phénomènes climatiques se joue ments écologistes, pour arriver à la gir aux problèmes qui, dès lors, per- rien à perdre à se confronter à des pour Le Progrès et ses ennemis, la aux OGM grandisse rapidement et dans les basses couches de l’atmos- conclusion prévisible qu’il y avait dent de leur acuité. Les oublis de chercheurs incisifs comme Lenoir texture de ce pamphlet ne devrait qu’elle puisse difficilement être can- phère. L’ingénieur fait appel aux fréquemment exagération. L’affai- Lomborg sont à cet égard significa- ou Lomborg : quand la vulgate lui servir de costume que sur des tonnée à la Chine ». modifications du champ magnéti- re a fait grand bruit au Danemark, tifs, parce qu’ils montrent que les n’est plus étudiée et discutée, elle plateaux télévisés peu exigeants. Avec Yves Lenoir, on passe à un que solaire – qui altéreraient les avant de se transformer en livre lieux de dégradation environne- devient un dogme rassis. Pour Guy Sorman, la France est en autre niveau d’argumentation. Cet propriétés réfléchissantes des nua- édité en Angleterre et qui entame mentale se sont déplacés : les Hervé Kempf et Hervé Morin péril : « L’esprit de conquête va en ingénieur avait déjà publié en 1992 ges – et à la radioactivité de l’air une belle carrière polémique (1). océans, les nappes phréatiques, les s’affaissant. » Car « derrière le refus La Vérité sur l’effet de serre (La pour relativiser l’influence des gaz Le chercheur de Copenhague rap- paysages, le bruit, l’urbanisation… (1) Voir www.anti-lomborg.com, et le des OGM (organismes génétique- Découverte). Il reprend sa dénon- à effet de serre. Toute la thèse con- pelle ainsi que l’explosion démo- De plus, l’approche macro- site de l’auteur, www.lomborg.com ment modifiés), nous assistons à un ciation du « prêt-à-penser climati- siste à montrer que la communau- mouvement plus vaste : le progrès que », à la lumière des recherches té scientifique s’est polarisée sur le de l’antiscience », dont témoigne- menées ces dix dernières années. gaz carbonique, négligeant raient la thèse du changement cli- Didactique, il remet en cause les d’autres pistes. matique ou une « résistance irra- concepts les mieux établis, comme Plus grave, ces dizaines de mil- tionnelle » aux OGM. Or « sans l’« effet papillon » et les mécanis- liers de scientifiques se fourvoie- OGM, on ne voit pas comment pour- mes de l’effet de serre. Il s’attaque raient à dessein. Les grands équipe- raient se nourrir les masses de Ter- ensuite aux modèles climatiques, ments météorologiques français riens qui arrivent » ; ceux-ci pointant leurs divergences et leur ont bénéficié d’une augmentation n’auraient d’autre choix qu’entre incapacité à intégrer correctement budgétaire de 700 % entre 1990 et le transgénique et une « agricultu- re moyenâgeuse ». YVES LENOIR, BJÖRN LOMBORG ET GUY SORMAN L’auteur nous présente dans l’Io- b Yves Lenoir est âgé de 56 ans. Ingénieur de l’Ecole supérieure d’élec- wa et en Chine des agriculteurs tricité, il est actuellement chef de projet à l’Ecole des mines. Il a milité heureux des avantages que leur aux Amis de la Terre (1974-1981) et à Greenpeace France (1984-1987). apportent maïs ou coton transgéni- Il a publié Tchernobyl sur Seine (avec Hélène Crié, 1987, Calmann- ques. Il faut donc faire taire les Lévy) et La Vérité sur l’effet de serre (1992, La Découverte). « partisans du retour au feu de b Björn Lomborg, 36 ans, est docteur en sciences politiques de l’uni- bois », « millénaristes », « ayatol- versité de Copenhague. Il est actuellement professeur associé à l’uni- lahs », « paléo-marxistes » à qui versité d’Aarhus. « la déesse Nature sert de substitu- b Guy Sorman, 61 ans, est issu de l’Ecole des langues orientales (japo- tion à la Révolution sociale ». On nais) et de l’ENA. Il a quitté la fonction publique pour se consacrer à vole haut. Mais le polémiste multi- l’écriture et à la presse (il dirige les éditions Sorman). Parmi ses nom- plie les erreurs factuelles : l’Amazo- breux ouvrages, La Révolution conservatrice américaine (1983, Fayard), nie primitive aurait couvert 30 mil- Les Vrais Penseurs de notre temps (1989, Fayard), La Nouvelle Solution lions de km2 (près de trois fois la libérale (1998, Fayard). Un double destin tragique Entretien avec Yves Lenoir, auteur de « Climat de panique »

« Niez-vous qu’il y ait un réchauf- rejets de gaz à effet de serre sont contrôle du climat rentre très bien fement climatique ? les plus abondants et croissent le dans ce schéma, qui fonctionne – Le climat change. Les statisti- plus vite. L’industrie nucléaire toujours selon l’idée messianique ques disent que, globalement, il se exploite la demande sociale d’une que le laisser-faire précipitera la réchauffe. J’ai beaucoup attaqué la diminution d’effet de serre pour fin du monde, ce qui me paraît un notion de moyenne, trompeuse faire valoir ce qu’elle présente petit peu excessif. Mais on est en car floue. Et quand on fait le bilan comme une vertu écologique. présence d’un phénomène de des causes possibles, la place de C’est assez cousu de fil blanc. dynamique de groupe : il faut un l’effet de serre reste indiscernable. message simple, pour fusionner, Il y a d’autres facteurs qui inter- – N’y voyez-vous pas confirma- se sentir plus fort et convaincre. viennent, le compensent, le mas- tion de votre thèse, selon laquelle quent. La seule grandeur où son il y aurait une collusion d’intérêts – Vous regrettez que l’écologisme “forçage” sur le climat est peut- entre scientifiques et certains ne prenne pas en compte le tragi- être visible concerne les tempéra- industriels ? que de l’existence humaine… tures minimales moyennes, qui – Il y a plutôt convergence d’in- – C’est un problème dépassant augmentent semble-t-il nettement térêt. Car s’il n’y a évidemment l’écologisme, pensée à la mode plus que les maximales. Mais les pas eu de complot, il est vrai que face à la fin – peut-être – program- choses ne sont pas écrites : on n’a l’interrogation de certains experts mée du monde occidental. L’écolo- pas la preuve que le climat change plutôt pronucléaires sur le gaz car- gisme fait appel à une pensée en fonction d’une augmentation bonique date des années 1970. magique : la notion de développe- de l’effet de serre. Mais l’accident de Tchernobyl est ment durable postule qu’on trou- survenu au moment où l’affaire vera une solution de compromis – Que pensez-vous des récentes du climat a été amenée sur la pla- entre la poursuite du processus campagnes publicitaires de l’in- ce publique. On comprend aisé- vital sur Terre et la pression de dustrie nucléaire, qui se vante de ment pourquoi les campagnes l’homme sur ce processus vital. ne pas rejeter de gaz carbonique, publicitaires reprenant l’argument L’homme en tant qu’individu a un responsable présumé du réchauffe- de l’effet de serre n’ont été lan- destin tragique, qui est aussi celui, ment ? cées qu’après un certain temps. à un autre terme, de la biosphère – C’est vrai : si elle en rejette, et de l’humanité. Or le refus de cet- c’est tout à fait à la marge. Mais le – Vous réservez vos piques les plus te condition tragique est payé par nucléaire ne résout que la ques- virulentes à l’“écologisme”, décrit l’environnement, car c’est là que tion de la production d’électricité. comme une idéologie offrant une les hommes vont chercher les res- Or c’est dans les transports que les alternative à la fin du monde. Cet- sources pour retarder cette te sévérité est-elle issue de votre échéance individuelle. La question fréquentation de ce milieu ? est difficile à formuler, car on peut – Oui. Je suis assez déçu par l’ex- aussitôt être taxé d’antihumanis- trême difficulté qu’il y a à dialo- me et être rangé parmi les parti- guer sur ces questions avec les éco- sans de la deep ecology, dont cer- logistes. Je l’avais déjà expérimen- tains préféreraient que l’on consa- tée dans les années 1970-1980 à cre plus aux orangs-outans qu’aux propos du projet, technocratique autistes. La réponse ne peut être à à mes yeux, du tout-solaire. L’idée mes yeux qu’individuelle, sous for- était de définir les besoins de me d’un renoncement personnel, l’homme, et de calculer comment raisonné, pour réduire les dégâts les satisfaire. Mais la majorité des qu’on peut causer simplement en écolos refusait d’interroger la vivant. Il est difficile à mon sens démarche sous-jacente à ce raison- d’en faire un projet collectif, nement, qui, avec la meilleure même si les hommes ont besoin volonté du monde, conduisait à de tels projets. » valoriser une gestion autoritaire Propos recueillis par de l’ensemble des ressources. Le Hervé Morin VIII / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 essais b « L’énigme du monde » Confisquant l’accès au prince, le favori passa pour le bénéficiaire d’un simple caprice, sans portée politique. L’étude magistrale de Nicolas Le Roux rétablit le véritable enjeu d’un statut qui contribua en fait à l’établissement de l’absolutisme. Loyal et séducteur, le duc de Buckingham montre les limites de l’exercice

les plus sévères viennent pourtant De cette transformation du pou- succession confuse de conflits, le roi me celui de « la honte de l’Angleter- LA FAVEUR DU ROI plus tard contre les deux favoris qui voir monarchique et de ses modes tente de contrecarrer le jeu des for- LE DUC DE BUCKINGHAM re », l’homme séduisit nombre de Mignons et courtisans monopolisent après 1580 les charges de représentation témoigne fort ces centrifuges, qui sape son autori- de Michel Duchein. ses contemporains et, fait plus rare au temps des derniers Valois et les revenus, les ducs d’Epernon et bien la modification des apparte- té et met en péril le royaume, en ins- Fayard, 468 p., encore, la plupart de ses biogra- de Nicolas Le Roux. Joyeuse. Elles débouchent cette fois ments royaux observée par Le taurant un nouveau mode de distri- 24,50 ¤ (160,70 F). phes, au moins français, la concep- Champ Vallon, « Epoques », sur une contestation théorique nou- Roux : en quelques années, la multi- bution des honneurs et de réparti- tion « whig » de la monarchie repre- 806 p., 36,59 ¤ (240 F). velle de l’autorité monarchique, qui plication des antichambres accroît la tion des ressources économiques, omment résister au char- nant durablement outre-Manche s’apparente à la naissance de l’« opi- distance entre les gentilshommes politiques, symboliques de l’Etat, qui me de Buckingham ? Rare l’image noire du mauvais génie a réputation des « mi- nion » qui entend soumettre l’exerci- ordinaires et le roi, réservant l’accès a pour principale caractéristique de personnage de l’histoire dénoncé par les parlementaires puri- gnons », ces jeunes nobles ce du pouvoir à la critique publique. à celui-ci à un noyau toujours plus tisser des liens de fidélités directes à C anglaise que connaissent tains de 1628. cumulant charges, hon- Nicolas Le Roux réussit parfaite- étroit de nobles que le souverain dis- sa personne et de court-circuiter les tous les Français, grâce il est vrai au Est-ce là l’« énigme du monde » L neurs, commandements – et ment, dans ce livre au style plaisant, tingue. Avec ces aménagements et la clientèles nobiliaires traditionnelles. rôle, tout de passion, de bravoure et vantée sur son tombeau ? Michel ennemis – qui composèrent l’entou- à transformer ce qui n’aurait pu être formalisation d’une véritable étiquet- On comprend mieux alors la virulen- de générosité, que lui a reconnu le Duchein n’échappe pas au pouvoir rage d’Henri III, n’est plus à faire. qu’anecdotes mille fois ressassées et te en 1578, la mise en scène du souve- ce des critiques portées contre les Dumas des Trois Mousquetaires, de fascination de ce favori intrépide De leurs extravagances vestimentai- interrogations scabreuses en maté- rain subit une mutation radicale : favoris et les mignons, car derrière George Villiers (1592-1628) séduisit et courtois, au final « martyr » de res, de leur arrogance et de leur tem- riau d’une enquête d’histoire sociale « L’accès au prince n’est désormais d’hypothétiques dépravations et deux rois, Jacques Ier, puis son fils et son roi, qui illustre au plus haut pérament querelleur (en avril 1578, exemplaire. plus un droit pour personne, car seule d’inutiles provocations se profilaient héritier Charles Ier – une gageure niveau la fonction intermédiaire six favoris s’affrontent dans un duel En retraçant les origines de la cons- sa grâce désigne les élus. » bien d’autres enjeux, autrement plus quand on sait le poids des coteries entre le monarque et ses sujets. Ce d’une violence incroyable dans titution du groupe étroit de courti- L’intérêt du livre de Nicolas Le redoutables ceux-là : l’exclusion aux abords du trône des Stuarts –, que Samuel R. Gardiner résumait lequel Caylus, Maugiron, Schom- sans qui vont petit à petit confisquer Roux, c’est de retrouver les enjeux d’une frange importante de la sans s’aliéner, autre exploit, les ainsi en 1883 : « Il était en quelque berg et Ribérac perdent la vie), de l’accès au roi et servir de « cour- politiques précis de ces change- noblesse des affaires de l’Etat et l’af- épouses de ses maîtres. Même si sorte le secrétaire privé du roi, chargé leur cynisme cupide (Saint-Mégrin tiers » dans la redistribution des hon- ments brutaux dans l’organisation firmation d’un nouveau mode son corps fut acheminé nuitam- de le renseigner sur ce qui se passait, épouse en 1576 la veuve d’un hom- neurs, des charges et des gratifica- de l’entourage royal. Confronté à d’exercice de l’autorité royale. ment à l’abbaye de Westminster, de recevoir en son nom suppliques et me qu’il a tué en duel un an plus tôt), tions, en examinant avec minutie la une situation politico-religieuse Nicolas Le Roux offre donc ici une par crainte de l’hostilité du peuple, pétitions, d’agir en somme comme parfois, mais aussi de leur dévoue- mise en place d’un système inédit de extrêmement difficile, dans laquelle contribution importante à l’histoire écrasé d’impôts par les guerres vou- son compagnon privilégié plutôt que ment au roi et de leur courage physi- la faveur qui confère à quelques per- les factions nobiliaires et les partis de l’Etat. lues par le tout-puissant grand ami- comme un grand dignitaire. » que, tout semble avoir été dit, même sonnes à la fois des fonctions domes- confessionnels s’affrontent dans une Olivier Christin ral, et son tombeau brocardé com- Noble de petite naissance et plus le plus improbable et le plus improu- tiques dans l’entourage du souve- maigre fortune encore, Villiers avait vable. Cette réputation sulfureuse rain et des positions politiques ou le charme et la beauté idéale pour fut en fait l’œuvre des controversis- militaires de premier plan, en révé- séduire le roi Jacques. Mais peu pré- tes et des pamphlétaires contempo- lant aussi l’évolution spectaculaire occupé de religion et plus à l’aise en rains qui s’indignèrent de la soudai- des fortunes des mignons, leurs stra- selle ou au bal qu’enfermé dans un ne promotion sociale et politique de tégies d’alliance si savantes, Le Roux cabinet de travail, il n’aurait pu, sans ces jeunes hommes impatients. montre en quoi l’institution des favo- d’indéniables qualités humaines, se Inspirés par des mobiles dissem- ris, loin de relever d’un caprice royal maintenir si haut, jusqu’à exercer blables – amertume des exclus de la un peu incongru, participe en fait réellement le pouvoir sous Char- cour, incompréhension des nota- d’une transformation réfléchie et les Ier. Vif et intelligent, il est aussi bles devant les provocations et les extrêmement efficace du pouvoir impulsif et fidèle, généreux et hédo- scandales, manœuvres politiques monarchique et des conditions de niste, franc aussi, ce qui peut sem- des protestants et des ligueurs, ou son exercice. bler autant de faiblesses chez une des nobles révoltés, cherchant à C’est tout le système traditionnel tête politique. Réformateur appli- affaiblir le roi en discréditant son d’échange et de collaboration entre qué, capable d’intuitions et de entourage –, bien des écrits dénon- le roi et les nobles du royaume qui se visions lucides, même si elles cèrent alors les mœurs dissolues, trouve en effet modifié. A la figure n’eurent pas l’envergure de celles de l’avidité, l’extraction modeste de humaniste du souverain, juste dis- Richelieu ou d’Olivares, il préfigure, ces nouveaux maîtres de la faveur pensateur des honneurs entre des patriote soucieux d’abattre la puis- royale. Dès 1577, un sonnet par- nobles que distinguent leurs mérites sance Habsbourg, le combat de la tout diffusé ironise ainsi sur les hon- et leurs services, se substitue brutale- monarchie Bourbon. Avec moins de neurs trop facilement acquis des ment celle du roi secret, caché et pro- succès car il lui manqua cruellement mignons : « Saint Luc, petit qu’il est, tégé par un entourage qu’il choisit cet esprit de suite qui évite les revire- commande bravement/A la troupe de manière totalement libre. L’éléva- ments et fixe le cap même dans la Hautefort, que sa bourse a tion des mignons n’est qu’un pur tempête. conquise/Mais Caylus, dédaignant si effet de la grâce royale : ceux-ci se Restent, au crédit du favori, une pauvre marchandise/Ne trouve pensent d’ailleurs eux-mêmes com- vitalité et une loyauté dont le beau qu’en son cul tout son avancement. » me les « créatures » du souverain portrait de Duchein dit le prix. G. DAGLI ORTI Les attaques les plus complexes et ainsi comparé à un dieu politique. Henri III assiste au mariage d’un de ses mignons, le duc Anne de Joyeuse (1581) Ph.-J. C. Le roi, pratique et théorie Un humanisme obsolète Les excellents « Louis XI » de Jean Favier et « Louis XII » de Didier Le Fur mettent Récusant la légende noire des derniers Valois, les historiens restaurent la force en lumière, en marge du modèle machiavélien, d’autres visages du prince de leur vision néoplatonicienne de la concorde. Une révision décapante

politique et le pragmatisme sans sache mener une politique fiscale et France (Fayard, 1987), conclut joli- de, au risque de paraître faibles ; et LOUIS XI panache, si décriés, avaient au moins commerciale astucieuse, qui surprit HENRI III ment : « Il y avait du chorégraphe de choquer lorsqu’ils se résolvent à de Jean Favier. épargné des guerres coûteuses, Jean nombre de ses contemporains. Sans Un désir de majesté chez Henri III. Ou du liturgiste. »On trancher seuls, « tyrans » au regard Fayard, 1036 p., 30 ¤ (196,80 F). Favier revisite les mêmes sources indulgence ni parti pris, Favier souli- de Jean-François Solnon. est tenté de se dispenser de l’alterna- de ceux qui n’ont pas compris davan- pour livrer un portrait de l’homme, gne aussi le rendez-vous manqué du Perrin, 452 p., 22,71 ¤ (149 F). tive tant ce « désir de majesté » parti- tage leur utopie céleste, bien faite LOUIS XII du roi et du royaume, qui rappelle la souverain, cultivé sans être savant, cipe autant du rituel que du festif, pour accréditer pêle-mêle l’astrolo- Un autre César facture de son mémorable Philippe le avec l’imprimerie comme avec la LES DERNIERS VALOIS pareillement sacré. gie et l’élan mystique, la magie et la de Didier Le Fur. Bel (1978). Renaissance italienne, lui qui soutint de Janine Garrisson. Libérée du souci d’une réhabilita- science, Ambroise Paré et Nostrada- Perrin, 344 p., 21,20 ¤ (139,06 F). Déplorant la part de responsabilité la banque Médicis en ignorant la Fayard, 360 p., 20 ¤ (131,20 F). tion difficile à imposer (Solnon choi- mus, Ronsard et Lassus. du roi dans son infortune posthume dimension capitale de son mécénat. sit dès l’exergue Pierre de L’Estoile A suivre la belle démonstration de ien avant que Voltaire et – il mit fin à la mission historiographi- Qu’importe, en fait ! Sa duplicité, uelques mois à peine après comme avocat : « Il était un très bon Janine Garrisson, on s’étonne que les Montesquieu ne raillent le que séculaire des moines de Saint- son astuce, sa formidable capacité à que Jean-Michel Dela- prince s’il eût rencontré un bon siè- derniers princes Valois, cohorte de « tyran », « tissu de petites Denis, coupables à ses yeux d’avoir rebondir lui ont permis d’atteindre comptée a donné une sub- cle »), Janine Garrisson considère personnages falots, névrosés et débi- B fourberies, sans suite et sans trop loué son père Charles VII dans son seul objectif : faire au mieux son Q tile évocation du très effa- avec plus de recul les enfants de Hen- les selon une historiographie large- but certain », ou que Job ne croque la leurs Grandes Chroniques de France métier de roi. cé François II, Le Roi minia- ri II et Catherine de Médicis, fratrie ment stipendiée par les Bourbons et terreur du monarque assiégé par les –, le médiéviste corrige cette lacune « Roi sans dol » ou « père du peu- ture (Gallimard), Jean-François Sol- décriée que la légende romantique reprise, repeinte aux couleurs pour- spectres de ses victimes, Louis XI avec une rigueur et un souci d’intelli- ple », Louis XII n’a peut-être pas non campe avec finesse un Henri III chargea à loisir de tous les vices, jus- pres du drame, par les romantiques, souffrait d’une légende négative qui gibilité exemplaires. Cernant l’hom- d’autre projet. Mais les moyens qu’il champion du « juste milieu » dans qu’à en faire de modernes Atrides. La n’aient pas encore obtenu la répara- ne devait rien au hasard. Seul règle- me avant de se saisir de l’homme déploie pour asseoir l’ambition impé- un temps de luttes fratricides, de synthèse qu’elle tire de son observa- tion qui leur est due. On pourra, cer- ment de comptes de Louis XII, qui d’Etat, il rend compte d’une forma- riale de la monarchie française don- guerres civiles et de factions rivales tion mérite l’attention : les Valois ont tes, dénoncer le manque de réalisme oublia, dès son accession au trône à tion adaptée à la charge future – son nent à son règne (1498-1515), trop où le roi lui-même doit s’inventer un le souci constant d’établir la concor- d’un rêve universaliste dont le héros la mort de son cousin Charles VIII, apprentissage en Dauphiné permet négligé par les historiens, un relief clan et une garde rapprochée pour de dans un royaume à l’unité religieu- de la dynastie, l’aïeul François Ier,a les affronts essuyés quand il n’était de mesurer l’efficacité des leçons –, singulier. Avec une intelligence que préserver l’Etat qu’il incarne pour- se brisée. Pour ce faire, ils renouvel- fixé la teneur. Mais, à bien y regar- que duc d’Orléans, la mémoire de ne scelle rien de son goût pour la le lecteur se prend à croire contagieu- tant sans partage. Face à des grands lent le pacte de la dynastie avec les vil- der, le projet hégémonique du vain- celui que le mémorialiste Philippe de chasse ou les reliques, de son difficile se, Didier Le Fur en fait l’éblouissan- rebelles, voire rivaux, le cercle de jeu- les, sièges des pouvoirs locaux (c’est cu de Pavie ou les élucubrations de Commynes immortalisa en « univer- rapport aux femmes et de sa propen- te démonstration dans une biogra- nes gens dévoués, beaux et vaillants le fameux Grand Tour de Postel, zélateur de la suprématie cul- selle araigne » se noircit jusqu’à en sion à préférer les déférents aux hom- phie qui n’en a que le nom. Auteur dont le souverain s’entoure, affirme 1564-1566) ; ils consultent les Etats turelle nationale, ne sont pas moins faire le prototype du tyran, bafouant mes de talent. d’une thèse remarquée sur les Ima- l’autorité royale même s’il déchaîne du royaume, moyen commode pour risibles que la double couronne de les lois pour ne reconnaître que le Sans doute parce qu’il se réserve la ges des rois de France pendant les guer- les passions jusqu’à compromettre étouffer les velléités de renaissance François II (France et Ecosse) ou pouvoir de la force et de la contrain- part d’invention qui fait de son règne res d’Italie, l’historien évacue avec l’image personnelle du monarque. féodale mais dangereux si la moin- d’Henri III (Pologne et France), en te. Si l’annulation du mariage de une troublante parenthèse dans le brio dans une première partie de Etudiant la stratégie cohérente qui dre atteinte aux prérogatives royales attendant Henri IV, roi de France et Louis d’Orléans, engagé par contrain- siècle. Il n’apprend que de son expé- moins de cent pages la part obligée à conduit Henri III à poser au grand n’est pas impitoyablement châtiée. de Navarre. Est-ce parce que les prati- te avec la malheureuse Jeanne de rience propre, troquant au pouvoir faire à l’« événement » pour porter maître, en instituant l’ordre du Saint- Pour réussir ce programme ambi- ques philosophique et politique ont France, et les noces du roi avec Anne son impulsivité pour une prudence toute son attention à l’« image » Esprit, à fixer un cérémonial de cour tieux par temps de sédition, les changé trop vite que nombre des de Bretagne étaient à ce prix, la légen- qui pourrait passer pour de la pusilla- (peintures, sculptures, médailles, aux prescriptions précises et rigides, Valois ont un atout : leur « certitude sujets des Valois ne comprenaient de d’un souverain sans noblesse, nimité (« Il était tardif, et craintif à monnaies, enluminures) que le roi à déterminer strictement les horai- dynastique » qui les conduit à se plus leur vision du monde ? mauvais fils, mauvais époux, cruel et entreprendre », témoigne Commy- entend donner du prince des lys. res, codes et usages de tout ce qui répartir les rôles avec tant d’astuce Aujourd’hui au moins nous ladre, « hay du peuple » qu’il surchar- nes) s’il n’affinait dans le même Prince parfait, qui libère de la touche à la majesté royale, Solnon, que les historiens peinent encore à n’aurons plus cette excuse. geait d’impôts, à en croire le réquisi- temps sa « pratique » : il connaît les tyrannie, restaure la paix, établit la auteur d’un bel essai sur La Cour de percer le jeu d’Anjou ou celui d’Alen- Ph.-J. C. toire dressé par Claude de Seyssel hommes et sait les manœuvrer, les concorde et n’accepte l’aventure con- çon, dont on doit se rappeler qu’ils dans sa Louange au roy Loys XIIe convainc, les achète ou les menace quérante des guerres d’Italie que changent en 1565 leurs prénoms, (1508), a bien sûr une mission préci- selon la situation et n’est jamais aus- pour répondre au vœu de la nation, Alexandre-Edouard et Hercule, en se : alimenter l’image inverse de son si stupéfiant que lorsqu’on le croit il est aussi le monarque universel, Henri et François, plus « Valois ». gendre devenu roi, réformateur sou- perdu, menacé par la Ligue du bien annoncé par les prophètes, voire les Fonctionnant comme un clan, cieux de concorde et véritable libéra- public devant Montlhéry, captif à kabbalistes, preux dont la mission mieux, une constellation, où, autour teur d’une nation qu’il guide comme Péronne de son fastueux rival, Char- est rien moins que la défense de la de l’étoile royale, chaque astre con- un père. Face à une propagande si les le Téméraire, ou otage du duc chrétienté. « Miroir » de Dieu sur ter- serve « son tempérament comme ses élaborée, la mémoire de Louis XI ne venu châtier Liège, soulevée à l’insti- re, il incarne la vertu, dont les triom- humeurs », ces princes et princesses pouvait que sombrer. gation du roi. Car il est inventif. Le phes ressuscitent la pompe des d’une culture et d’un goût exception- Or voilà que trente ans après la bio- chroniqueur Thomas Basin, qui ne Césars. Croisant le rêve d’un règne nellement raffinés incarnent dans un graphie de l’Américain Paul Murray l’aime pas, reconnaît « son esprit très pacifique et réformateur et l’affirma- royaume déchiré et menacé à ses Kendall (1971, trad. franç. Fayard, vif et fertile en expédients ». Rien tion d’une légitimité universelle, la frontières l’idéal humaniste chrétien 1974), qui, sans être en rupture avec d’étonnant alors à ce qu’il compren- vision du prince porte en germe la et néoplatonicien au pouvoir. Cham- la conception événementielle de ne le rôle capital des communica- symbolique de l’idéal absolutiste. pions d’un univers voué à l’harmonie l’exercice, entendait corriger l’image tions (il crée pour son usage propre Régner est déjà plus qu’un métier. et dont ils se sentent les garants, ils stérétypée d’un roi dont le cynisme la poste royale en octobre 1479) et Ph.-J. C. négocient pour préserver la concor- essais LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 / IX b Réconcilier Moïse et Pharaon Homo universalis Au moyen d’une histoire de la mémoire, l’égyptologue allemand Jan Assmann redécouvre Michel Serres regarde une actualité sous-jacente de la religion égyptienne comment bascule l’Histoire

tel exclusivisme religieux, précise preuves fournies par les sources Yerushalmi avait montré les rela- (depuis Galilée), mais la vie aussi, MOÏSE L’ÉGYPTIEN Jan Assmann, était étranger au et l’archéologie ne constitue nulle- tions complexes au judaïsme HOMINESCENCE sous sa forme chimique, depuis la Un essai d’histoire génie du monde antique où les ment le principal objet de cet (« Le Monde des livres » du de Michel Serres. connaissance de la « tréfilerie exquise de la mémoire dieux passaient volontiers d’un essai qui se veut avant tout une 9 juillet 1993), Jan Assmann pro- Ed. Le Pommier, 340 p., de l’ADN ». La culture progresse (Moses der Ägypter. panthéon à l’autre. histoire de la mémoire. Pour Jan pose, à l’instar du fondateur de la 19,70 ¤ (129,22 F) beaucoup plus rapidement que la Entzifferung einer Une fois posés ces enjeux, on Assmann la « vérité » d’une trace psychanalyse, une théorie des ori- nature. « Nous n’eûmes jamais autant Gedächtnisspur) pourrait s’attendre que l’auteur mémorielle tenant plus à la persis- gines de l’antisémitisme. Comme ichel Serres commence de moyens, mais, pour notre honte… de Jan Assmann. confirme cette thèse – qui remon- tance de son « actualité » qu’à sa d’autres spécialistes, il en situe le par la fin : une médita- nous n’eûmes jamais aussi peu de pro- Traduit de l’allemand te à l’Antiquité – et qui veut que coïncidence avec les faits histori- terreau dans l’Egypte ancienne. A tion sur la mort. Non, jets. » par Laure Bernardi, Moïse ait été, en réalité, un Egyp- ques. Du coup, le déchiffrement l’égyptophobie des juifs répon- M comme au XVIIe siècle, Au chapitre « monde », pour Aubier, « Collection historique », tien. Mais l’égyptologue doit cons- des hiéroglyphes en 1822 ne rejet- drait, en retour, la judéophobie pour vous faire tressaillir aux fins de Michel Serres, le plus grand événe- 416 p., 22,80 ¤ (149,55 F). tater, lui aussi, que nul témoigna- te plus hors du « champ » de réactive des Egyptiens dont la plu- repentance, mais pour relativiser les ment contemporain est « la fin de ge direct provenant d’une source l’égyptologie les tâtonnements part des récits extra-bibliques de propos qui suivront. La rupture qu’il l’agriculture en tant qu’elle modelait errière un impression- extra-biblique n’atteste de la réali- des érudits anglais du XVIIe siècle l’Exode se font l’écho. Ainsi l’his- ressent dans le parcours contempo- conduites et cultures, sciences, vie nant appareil d’érudi- té et encore moins de la nationali- qui ne disposaient que des sour- torien Manéthon (IIIe s. av. J.C.) rain touche, selon lui, au plus pro- sociale, corps et religions ». Notre tion, au-delà de la varié- té du prophète des Hébreux qui, ces grecques et latines (comme parle-t-il avec dédain d’une révol- fond l’espèce humaine. Il lui fallait auteur n’oublie pas sa souche paysan- D té de références au croi- selon la Bible, descend d’un John Spencer, Ralph Cudworth, te de lépreux chassés d’Egypte. un nouveau mot pour le dire. ne et entreprend de longs – parfois sement de l’histoire, de la philoso- « homme de la tribu de Lévi » (l’un William Warburton), les pompes Jan Assmann semble ici repor- « Durant l’adolescence, encore enfant, trop longs – développements sur ce phie et des sciences religieuses, la des douze fils de Jacob). Assmann de l’égyptophilie allemande, bai- ter sur les Juifs de la Haute Anti- l’adulte se forme. » Alors, sur ce qu’il appelle « l’ancienne et la nouvel- contribution que l’égyptologue estime toutefois probable l’appar- gnant plus ou moins dans la franc- quité la responsabilité ultime de modèle, il nous propose l’homines- le maisons communes », c’est-à-dire allemand Jan Assmann entend tenance de Moïse à l’Egypte, sans maçonnerie (Carl Reinhold et la haine antisémite – l’hostilité cence. de la ferme au monde avec notre for- apporter au débat sur l’identité pouvoir l’établir. Tout au plus Friedrich Schiller) voire les égyptienne devenant seconde par Ce grand couturier de la pensée ce « totipotente », ce néologisme réelle et symbolique de Moïse note-t-il dans le dernier chapitre reconstructions auxquelle se livre rapport à la violence de l’icono- héroïco-lyrique nous offre ici son signifiant que la puissance équivaut à représente bien plus qu’un mor- du livre – le seul qui mobilise ses Sigmund Freud dans son dernier clastie juive. L’idée qu’il existerait métalangage plein de saillies éton- la possibilité d’élargir nos capacités ceau de bravoure interdisciplinai- compétences d’égyptologue au livre L’Homme Moïse et la religion un « noyau de vérité » de l’antisé- nantes et de gouffres assez difficile- omnivalentes. Et l’on arrive à la re. C’est une redécouverte de sens usuel du terme – de frappan- monothéiste, pourtant écrit à par- mitisme n’est pas sans susciter un ment accessibles. Que retenir sous deuxième boucle d’hominescence : l’Egypte telle qu’elle a survécu certain malaise. Jan Assmann cette forme chatoyante ? Notre action et connaissance croissent vers dans la mémoire collective de Jan Assmann s’empresse toutefois de renvoyer, auteur nous invite à regarder un trip- l’universel. Avec la globalisation l’Occident, qui fait le sujet de ces Jan Assmann, né en 1938, enseigne l’égyptologie à l’université d’Hei- en dernière analyse, la naissance tyque : le corps, le monde, les autres, « commence alors la symbiose de l’ob- pages d’une exceptionnelle densi- delberg, discipline dont il cherche toujours à explorer les interroga- de l’antisémitisme à un événe- où s’inscriront les changements fon- jet-monde… et du sujet genre té. L’ouvrage cherche patiem- tions fondamentales. « Ce n’est pas un hasard, confie-t-il, si c’est juste ment de l’histoire égyptienne sui damentaux. humain… ». Naît alors l’homo univer- ment à renouer les fils entre la après la seconde guerre mondiale, et en Allemagne, qu’est apparue une generis : la mémoire « encryptée » Parmi les « victoires inattendues », salis. religion de Moïse et l’Egypte réaction forte contre ce positivisme d’une science qui oublie les questions de la révolution d’Akhenaton. Eli- il note d’abord celle de la médecine Le dernier pan du triptyque, « les ancienne que l’exode des qui la fondent. Elle a été portée par des égyptologues (…) sous l’influence minée de l’histoire officielle mais qui, autour de la seconde guerre autres », est essentiellement consa- Hébreux n’aurait rompus qu’en des événements catastrophiques de la guerre et des crimes du national- conservée sous la forme d’un sou- mondiale, « se met à guérir, ce qu’elle cré à l’événement de la communica- apparence. Mais pour Jan Ass- socialisme », dans « l’espoir plus ou moins inavoué d’y trouver des pers- venir traumatique dans la mémoi- n’avait pas vraiment réussi depuis Hip- tion. Michel Serres s’intéresse beau- mann, retrouver cette Egypte pectives qui permettraient de jeter les bases d’une orientation morale et re de l’Egypte, c’est la brutalité pocrate… », les autres conquêtes coup au journaliste qui, avec l’admi- enfouie dans la mémoire signifie religieuse. » « théoclastique » de cette période étant celles de l’hygiène, des progrès nistrateur et le savant, ne rencontre également surmonter « la souf- troublée qui aurait provoqué la dans la lutte contre la souffrance, l’al- pas de contre-pouvoir. Il voit son france provoquée par le péché » tes similitudes entre quelques tir des travaux des égyptologues haine inexpiable des Egyptiens longement de l’espérance de vie, la influence grandir parfois dangereuse- dont le monothéisme biblique hymnes datant du pharaon Akhe- modernes. Une discipline comme contre les Juifs, dont le mono- relative maîtrise de la reproduction. ment parce que « nous ne nous ren- serait porteur. On le voit, le tra- naton-Aménophis IV, qui tenta l’égyptologie, affirme Jan Ass- théisme paraissait reproduire l’hé- Dans sa nouvelle peau, l’homme voit dons jamais compte à quel point se vail du savant se double ici d’une de substituer à la religion de mann, ne saurait passer outre les résie d’Aménophis IV. Par quoi croître sa responsabilité envers sa transforment les phénomènes… lors- entreprise menée au nom des l’Egypte un culte solaire (XIVe siè- interrogations qui la fondent sans Jan Assmann illustre qu’une his- mort et sa santé. que change leur échelle ». C’est sa troi- valeurs des Lumières : la nature, cle avant notre ère) et certains sombrer dans une « mnémotechni- toire de l’antisémitisme reste le Mais, tout compte fait, nous sième boucle d’hominescence. Les la raison et la tolérance – valeurs psaumes. A l’en croire, une telle que de l’oubli ». En réintégrant la meilleur « divan » pour la plus vivons là une « première boucle d’ho- libelles autrefois atteignaient fort auxquelles s’opposerait ce que analogie s’explique parce qu’à mémoire de l’Egypte dans l’égyp- durable des psychoses collecti- minescence : la sortie des lois évoluti- peu de monde. Les médias Jan Assmann appelle la « distinc- l’époque d’Akhenaton la provin- tologie, celui-ci met en évidence ves. ves grâce aux techniques qui permet- aujourd’hui touchent des millions de tion mosaïque ». Par cette expres- ce de Canaan, futur territoire d’Is- l’existence d’une vraie tradition Nicolas Weill tent beaucoup plus vite qu’avec la personnes et l’on peut passer de la sion, véritable leitmotiv du livre, raël, se trouvait alors sous domi- alternative à celle du monothéis- nature la venue des moyens d’adapta- pointe acérée au lynchage, faute Jan Assmann désigne la préten- nation égyptienne… me biblique. Celle qu’exprime par e A signaler également de Georges tion ». Quelle est la plus grande d’une forte dose de déontologie. tion du monothéisme à s’ériger Là n’est, de toute façon, pas l’es- exemple le panthéisme cher à la Nataf, qui livra en 1996 un Moïse, découverte contemporaine ? Pour Bien d’autres thèmes jaillissent du en vérité unique et à se construire sentiel. La critique des mythes, philosophie de Spinoza. autobiographie, Les Sources païennes Michel Serres, nous savons mainte- dernier livre de Michel Serres. Son contre une Egypte dépeinte com- c’est-à-dire la confrontation des Par ses références à Freud, de l’antisémitisme (Berg Internatio- nant que non seulement la nature est plus grand mérite : il nous fait planer. me le prototype de l’idolâtrie. Un récits et des souvenirs avec les dont l’historien Yosef Hayim nal, 160 p., 12,20 ¤ [80 F]). écrite en langue mathématique Pierre Drouin

livraison L’avenir en questions b LE KEMP. Une enfance intra-muros, de Jean Ayanian Voici un livre non seulement passionnant et émouvant, mais, de plus, magnifiquement édité et enrichi d’une riche illustration. Plus Elisabeth Roudinesco et Jacques Derrida rappellent les intellectuels qu’un livre, c’est un mémorial aussi modeste et discret que les person- nes auquel il rend hommage. Dans sa préface, l’historienne Anahide à leur mission première : la vigilance Ter Minassian explique la constitution, à Vienne, dans le couloir rho- danien, de cette petite communauté ouvrière arménienne fondée des questions qu’il pose à notre pré- lence de l’intellectuel : la vigilance. le clonage, l’antisémitisme ou la pei- par des survivants du génocide de 1915. Jean Ayanian raconte ce que DE QUOI DEMAIN sent tourmenté. « De quoi demain « Vigilance » est, avec « analy- ne de mort) de salutaires exemples. fut la vie de ces exilés qui avait investi, à partir des années 1920, une Dialogue entre Jacques sera-t-il fait ? », interrogeait déjà ser », l’un des mots qui reviennent le Christian Delacampagne usine d’armement désaffectée : le « kemp » (éd. Parenthèses, 156 p., Derrida et Elisabeth Hugo dans un poème des Chants du plus souvent au fil de ces pages. Et 19,05 ¤ [125 F]. Signalons aussi un excellent Atlas historique de l’Armé- Roudinesco. crépuscule. Une historienne de la psy- pour cause : si l’intellectuel « univer- Elisabeth Roudinesco collabore au nie, constitué de nombreuses cartes commentées, de Claude Muta- Fayard/Galilée, 324 p., chanalyse et un philosophe « décons- sel » à la manière de Sartre est quel- « Monde des livres ». fian et Eric Van Lauwe (éd. Autrement, 144 p., 25,76 ¤ [169 F]). P. K. 20,55 ¤ (134,80 F). tructionniste » reprennent ici cette quefois (pas toujours) tombé dans le interrogation majeure, dans un livre piège du dogmatisme, c’est pour n octobre 1983, Jean-Fran- qui, bien loin de pontifier, garde au s’être insuffisamment méfié. Plutôt çois Lyotard publiait dans contraire l’esprit et le ton du « dialo- que de le tuer (ou, ce qui revient au Le Monde un texte intitulé gue » philosophique tel qu’on le pra- même, de le déclarer mort) parce E « Tombeau de l’intellec- tiquait au XVIIIe siècle. qu’il lui est arrivé d’errer, mieux vaut tuel ». L’intellectuel était-il donc Après une introduction à carac- donc aider l’intellectuel à améliorer mort ? C’est ce qu’il affirmait et que tère autobiographique, les échanges la qualité des modestes services qu’il répète, depuis lors, la rumeur. L’intel- s’organisent autour de huit grands peut encore rendre à la société. lectuel « universel », celui qui s’arro- thèmes d’actualité. Que penser de la « Veilleur » plutôt que « vigile », geait (parce qu’il était un écrivain, un mode du « communautarisme » et attentif aux plus infimes mouve- philosophe ou bien un scientifique du « multiculturalisme », c’est-à- ments qui se produisent autour de reconnu par ses pairs) le droit d’inter- dire des usages politiques de la lui, l’intellectuel qui se veut utile à venir dans le débat public aussi sou- notion de différence ? Où va la son époque doit commencer par être vent qu’il l’estimait souhaitable pour famille occidentale, à l’heure où les méfiant. Il ne doit ni se raconter des défendre le droit ou rétablir la vérité, progrès du droit et de la biologie histoires, ni s’en laisser conter, ni en cet intellectuel-là (dont Sartre était bouleversent totalement les prati- conter aux autres. Il n’est pas là pour l’incarnation exemplaire) aurait bel ques de reproduction sexuelle ? Que propager des rumeurs, entretenir et bien disparu, nous chante-t-on un peut bien vouloir dire, ici et mainte- des mythes ou conforter des illu- peu partout depuis une vingtaine nant, la liberté ? Les animaux ont-ils sions. Son métier (car c’en est un) est d’années. des droits, ou est-ce nous qui avons plus austère : il consiste dans l’exerci- Ce n’est d’ailleurs pas seulement la des devoirs envers eux ? Après ce rigoureux, voire impitoyable, fin de la guerre froide, ni celle des l’échec du communisme, l’espéran- d’une faculté d’analyse critique qui idéologies « totalitaires », qui lui ce révolutionnaire a-t-elle encore ne doit accepter, a priori, aucune limi- aurait fait perdre sa raison d’être. Ce un visage ? Que faut-il faire face aux te concevable. sont les intellectuels eux-mêmes qui, nouvelles formes prises par le racis- Une fois ce principe admis, il en en France, se sont employés à ruiner me et l’antisémitisme ? Comment découle une conséquence qu’Elisa- sa crédibilité. Certains (Foucault), au s’y prendre, enfin, pour mettre défi- beth Roudinesco et Jacques Derrida nom d’une conception beaucoup nitivement la peine de mort au ban mettent fort bien en pratique : l’in- plus restrictive, faisant de l’intellec- de la société des nations ? tellectuel ne saurait prendre une tuel une sorte d’expert aux compé- Le spectre est large. Pourtant, à position, quelle qu’elle soit, que par tences limitées. D’autres (Bourdieu), chaque question posée par Elisa- rapport à un contexte social et histo- au nom du postulat selon lequel la beth Roudinesco, Jacques Derrida rique précis. Il peut fort bien, par sociologie, et elle seule, détiendrait la s’efforce de répondre avec honnête- exemple, être partisan du droit à la clef de toute critique sociale possible. té, avec sérieux, et avec un tel souci libre expression dans certains con- Deux options qui ne sont finalement d’être entendu par son public que textes, et pas dans d’autres. Ou bien que les deux faces d’un même scien- ce livre pourrait bien devenir, pour appuyer, ici et maintenant, telle tisme. Et qui dérivent toutes deux de ceux qui ignorent tout de la pensée revendication qu’il pourrait être l’idée platonicienne selon laquelle, derridienne, la meilleure des intro- amené, ailleurs ou demain, à juger sur quelque sujet que ce soit, seule ductions à cette dernière. Cela dit, excessive. En d’autres termes, l’intel- une petite élite de « spécialistes » qu’on n’attende pas du philosophe lectuel, s’il veut rester « universel », devrait avoir le droit de s’exprimer. qu’il apporte des réponses défini- doit commencer par porter la plus C’est cette idée, précisément, tives, ni qu’il exprime des certitu- grande attention au « particulier », qu’Elisabeth Roudinesco et Jacques des catégoriques. En dehors du fait quitte à ce que son attitude nuancée Derrida font voler en éclats. Pour qu’un tel comportement ne serait déçoive les dogmatiques et exas- eux, comme pour Sartre, l’intellec- guère dans son caractère, il ne père les agités. Il y faut un certain tuel est quelqu’un dont le métier con- serait pas non plus conforme à ce courage – un courage dont ce livre siste à se mêler de ce qui ne le regar- qui, pour les deux auteurs de ce donne (notamment à propos de de pas. De l’avenir, par exemple, et livre, constitue la mission par excel- sujets réputés « difficiles » comme X / LE MONDE / VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001 actualités b

L’EDITION FRANÇAISE San-Antonio change de crémerie Jacques Derrida et b Odile Jacob va publier Bill Clin- Les aventures du commissaire vont continuer, sous la plume de Patrice Dard ton. L’éditrice Odile Jacob va publier début 2003 la version française des chez Fayard. Mais le ménage à trois avec Fleuve noir est délicat l’Ecole de Francfort Mémoires de Bill Clinton. Le livre devrait paraître en même temps en orrida pour une vache temps incarné par le beau-père de pour la polygamie et le ménage à ’attribution à Jacques Der- les membres de leur propre famille et France et aux Etats-Unis. L’annonce folle provoque un rififi l’écrivain, Armand de Caro, et trois, le divorce, à l’amiable ou rida du prix Theodor- sont sourds à la parole de l’autre ». de la publication du livre par Knopf éditorial. Le fils de Frédé- celui successivement absorbé par devant un tribunal ? Adorno, le samedi 22 sep- Au premier rang des invités d’hon- a fait sensation aux Etats-Unis (Le ric Dard, Patrice, a déci- des entités plus importantes, des La survie de San-Antonio pose tembre, dans la Pauls- neur dans la Paulskirche se trouvait Monde du 9 août). Le montant des Cdé de continuer l’œuvre de son Presses de la Cité à Vivendi Univer- aussi la question plus générale de Lkirche de Francfort, a été saluée par Jürgen Habermas qui reprit jadis la droits n’a pas été dévoilé, mais est père, avec l’accord de sa famille. sal Publishing. la suite des œuvres littéraires. l’ensemble de la presse allemande chaire de Max Horkheimer. En rece- généralement estimé entre 10 et Mais la suite des aventures du com- A-t-on le droit de continuer une comme le signe de la réconciliation vant lui-même, il y a plus de vingt 12 millions de dollars (11 et 13 mil- missaire San-Antonio qu’il signe, « SITUATION JURIDIQUE œuvre et les enfants d’un écrivain tardive entre l’école de Francfort, ans, le prix Adorno, il fustigeait le lions d’euros), ce qui constituerait Corrida pour une vache folle, doit COMPLEXE » sont-ils les mieux placés pour le fai- dont Theodor Adorno avait été l’un « postmodernisme des néoconserva- un record. Le précédent record était sortir début 2002 chez Fayard, et Les rapports entre Univers re ? « Le génie n’est pas héréditaire, des fondateurs entre les deux guer- teurs. (…) Avec une attitude modernis- détenu par Jean Paul II et… Hillary non plus chez l’éditeur tradition- Poche, filiale de Vivendi (dont reconnaît Patrice Dard, mais je ne res, et les structuralistes français. te, ils fondent un antimodernisme irré- Clinton, qui a perçu 8 millions de nel de Frédéric Dard, le Fleuve dépend Fleuve noir), et Patrice suis pas un copiste. Je pense être en Etait-ce une manifestation de cette conciliable », disait-il pour mieux dollars pour son livre qui devrait éga- noir. « Frédéric Dard avait émis le Dard ont été parfois tendus, même mesure de perpétuer un style et de « possibilité de l’impossible », selon dénoncer « cette lignée qui en France lement paraître en 2003, chez Scrib- souhait de venir publier chez si ce dernier reconnaît la réussite continuer le personnage. Il y a beau- l’expression du théoricien de la conduit de Georges Bataille à Derrida ner (Simon and Schuster) et en Fran- Fayard, ça n’a malheureusement du lancement de Céréales killer, coup d’orphelins de San- Antonio. « déconstruction » et de la « diffé- en passant par Foucault. Et par des- ce chez Fayard. Odile Jacob a publié pas pu se faire de son vivant, cela se roman posthume de son père, sor- Je reçois des manuscrits. J’ai envie rence » ? sus tout ça flotte bien sûr l’esprit de de nombreux livres d’hommes politi- fait avec son fils Patrice pour la suite ti au printemps, qui a atteint un de continuer, avec une construction Les relations entre les intellectuels Nietzsche redécouvert dans les ques internationaux, parmi lesquels des aventures de San-Antonio », tirage de 250 000 exemplaires. plus rigoureuse et moins d’excès des deux côtés du Rhin ont été sou- années 1970 ». Pourtant c’était ceux de George Bush, père et fils, de explique Claude Durand, PDG de « Fayard s’est décidé en vingt-qua- dans le délire sexuel. C’est le public vent marquées par l’incompré- moins Nietzsche le penseur d’achop- Colin Powell ou encore les Avant- Fayard, auquel Frédéric Dard, tre heures, le contrat a été réglé en qui décidera si j’ai bien fait ou hension et plus encore peut-être par pement entre l’école de Francfort et Mémoires de Mikhaïl Gorbatchev. mort en juin 2000, a dédié Le Dra- dix minutes et on a surtout parlé de pas. » Patrice Dard a écrit plu- une évolution asynchrone, bien qu’il les structuralistes que Martin Hei- b Actes Sud et Le Rouergue chez gon de Cracovie. contenu », explique Patrice Dard. sieurs livres et collaboré avec son y ait eu des points d’ancrage com- degger. Adorno, qui avait dû fuir le Jacqueline Chambon. Jacqueline « Mon père voulait aller dans une Univers Poche a peu apprécié l’an- père sur des adaptations et, à la fin muns à la « dialectique de la raison » IIIe Reich, ne comprenait pas l’Hei- Chambon tourne une page de sa maison plus prestigieuse, plus litté- nonce du « contrat d’exclusivité » de sa vie, sur des San-Antonio, des pères de l’école de Francfort, deggerei (Heidegger-mania) de cer- maison d’édition. Actes Sud et les raire, même s’il ne voulait pas renier signé avec Claude Durand. Son notamment Céréales killer. Theodor Adorno et Max Hokhei- tains intellectuels français qui réus- éditions du Rouergue entrent au les cinquante ans passés au Fleuve PDG, Jean-Claude Dubost, se con- Dans Céréales killer San-Antonio mer, et aux structuralistes français sissaient à distinguer la théorie du capital de la maison nîmoise, à hau- noir », poursuit Patrice Dard. En tente d’observer qu’il s’agit volait au secours de son fils, poli- dont le nom de Derrida apparaît ici philosophe de Fribourg de sa com- teur de 30 % chacun. Jacqueline 1997, lors du dernier renouvelle- « d’une situation juridique comple- cier comme lui, plusieurs fois placé comme la synecdoque d’une cohor- promission avec le nazisme. Dans Chambon en conserve 25 % et Yves ment de contrat, Frédéric Dard xe ». Le dernier contrat court jus- dans des situations difficiles. L’ave- te plus fournie. « C’est une histoire son discours de remerciement qu’il Michaud, responsable du secteur avait déjà failli quitter le Fleuve qu’en 2002. A qui appartient San- nir et les amateurs du commis- d’amitié et d’inimitié, d’emphase réserve pour un prochain livre, Jac- art, 15 %. Le capital est porté à pour rejoindre Fayard, mais il Antonio, en tant qu’auteur, person- saire diront si le pari de Patrice excessive et de petites méchancetés », ques Derrida a laissé parler les voix 100 000 euros. Jacqueline Chambon avait finalement renoncé et avait nage et marque ? Quid des Dard est réussi, et s’il mérite le écrit Ulrich Raulff dans le quotidien qu’il entend en songe depuis des avait créé sa maison en 1987 en obtenu une amélioration des 200 livres existants ? Les avocats compliment du père au fils : «Bra- Süddeutsche Zeitung. C’est l’histoire décennies et qui lui disent : « N’es-tu publiant La Pianiste d’Elfriede Jeli- conditions, déjà substantielles, de des diverses parties s’emploieront vo San-Antonio ! Ça, c’est de la de penseurs brillants, les plus percu- pas un héritier de l’école de Franc- nek, qui ressort en même temps que son contrat. Il y a une grande diffé- à trouver des réponses et d’éven- descendance ! » tants de leur époque et de leur pays, fort ? » le film de Michael Haneke : « J’ai rence entre le Fleuve noir long- tuels compromis. Opteront-ils Alain Salles mais qui « ne peuvent parler qu’avec Daniel Vernet commencé et fini ma maison d’édi- tion avec elle. » Elle retrouve Actes Sud où elle a travaillé pendant huit ans. Elle ne regrette pas son aventu- re éditoriale, mais le poids de la ges- tion : « Je ne faisais plus mon A L’ETRANGER métier. » Elle se consacrera pleine- Le Diable et les nouveaux puritains b ment aux activités éditoriales. La ANGLETERRE : les traducteurs à l’honneur reprise de Jacqueline Chambon cons- 3 % seulement des livres publiés en Grande-Bretagne sont des tra- titue l’un des premiers fruits de l’al- près la « Dogma » des cinéastes scandinaves principes de base, dit-il. Ce que nous haïssons, c’est le côté ductions. Pour essayer d’éveiller l’intérêt des éditeurs et des lec- liance entre Actes Sud et Le Rouer- lancée par Lars von Trier et ses amis, voici le orné et rococo d’une certaine prose, nous détestons aussi teurs, The Translators Association, avec l’Institut français, l’Insti- gue, scellée par l’entrée de l’éditeur « manifeste littéraire » de la jeune fiction bri- bien Martin Amis que Salman Rushdie, tous ces auteurs tuto Cervantes, le Goethe Institut et l’Association des traducteurs d’Arles, à hauteur de 25 % dans le tannique. Quinze écrivains – pour la plupart qui se complaisent dans la sensibilité poétique, tentent de hollandais a organisé deux jours de colloque largement suivis, capital de la maison de Rodez (« Le Ainconnus des lecteurs français, hormis peut-être Geoff se conformer à des canons esthétiques révolus et ne man- avec, en cerise sur le gâteau, la St Jerome Lecture on the Art of Monde des livres » du 12 janvier). Dyer (dont Joëlle Losfeld a déjà publié deux romans), quent jamais de se mettre en avant en tant qu’individus. » Translation consacrée à l’écrivain allemand, vivant en Angleterre, Jacqueline Chambon est désormais Bo Fowler et Toby Litt (traduits respectivement chez De nos jours où le film jouit d’une primauté indénia- G. W. Sebald. Les ambassadeurs de France, d’Allemagne, d’Espa- diffusée par Actes Sud et distribuée Denoël et au Seuil) et Nicholas Blincoe, dont une nou- ble, la fiction devrait se concentrer sur cette domina- gne et de Hollande ont à cette occasion remis différents prix de tra- par Flammarion. velle est parue dans Le Monde à l’été 2000 –, viennent tion de la culture visuelle et montrer qu’elle est au duction attribués en collaboration avec le Times Litterary Supple- b Alain Kouck est nommé direc- de publier une anthologie de quinze nouvelles inédites moins l’égale de ce média, estiment – comme leur éditri- ment. Barbara Bray a obtenu le Scott Moncrieff Prize pour sa tra- teur général adjoint de Vivendi (1), emblématique du mouvement qu’ils incarnent. ce française Marion Mazauric –, ces nouveaux puritains duction du livre d’Amin Maalouf Les Identités meurtières : On Iden- Universal Publishing. Egalement Ces « nouveaux puritains », comme ils se sont eux- dont les membres ont entre 20 et 42 ans. Film, musique, tity, publié par Harvill. président de Vivendi Universal mêmes baptisés, énoncent dans la préface de ce recueil jeux vidéo, Net, publicité… : on s’apercevra vite en Publishing Services il a en charge les dix singuliers principes qui les guident, parmi les- lisant ces nouvelles à quel point elles sont influencées l’ensemble des opérations mondia- quels leur attachement à la prose, le rejet de la poésie et par d’autres supports, se moquent de toute espèce de les, notamment la logistique, les de la « licence poétique sous toutes ses formes », et la tradition et se veulent résolument tournées vers l’ave- achats, l’informatique et l’immobi- recherche d’un « texte simple » évitant les procédés nir. lier, pour l’ensemble du groupe, d’écriture tels que rhétorique, apartés d’auteurs, recher- Pour Marion Mazauric, ce manifeste « clarifie la ligne désormais présidé par Agnès Tourai- che de ponctuation ou effets de narration fondés, par éditoriale du Diable ». Démarches mixtes, désacralisa- ne. Agé de 55 ans, Alain Kouck est exemple, sur les allers-retours dans le temps. Pour les tion et mélange des genres, « absence fondamentale de entré chez Hachette en 1981, où il nouveaux puritains, qui se considèrent comme « des la conscience artistique de soi, démesure, impertinen- était directeur général du départe- conteurs avant tout », les œuvres écrites sont aussi des ce » . Pour se régénérer, être en phase avec son épo- ment Industries et Services, avant « documents historiques », des « représentations fidèles que, relever enfin le défi des autres écritures, la fiction, de rejoindre en 1996 le groupe du présent » qui, en tant que « fragments de l’époque », dit-elle, se doit, sans complexe, d’en passer par là. Havas, devenu Vivendi Universal doivent être datés et ancrés dans le présent, tous les Fl. N. Publishing. « produits, lieux, artistes et objets cités » étant obligatoire- b « La Treizième » s’éclipse. Lan- ment réels. (1) Les Nouveaux Puritains, quinze nouvelles d’Alex Garland, cée en 1985 par Max de Carvalho, la Déroutant programme que celui de ces militants Toby Litt, Scarlett Thomas, Tony White, Matthew Branton, revue de littérature et de poésie La d’une prose « pure » bannissant d’une certaine façon le Candida Clark, Nicholas Blincoe, Daren King, Rebecca Ray, Treizième vient de publier son huitiè- recours à l’imaginaire et à la poésie ! De passage à Simon Lewis, Ben Richards, Anna Davis, Matt Thome, me et dernier numéro ; il est inti- Paris, Matt Thorne précise l’esprit dans lequel son grou- Geoff Dyer et Bo Fowler. Traduites de l’anglais par Pierre tulé : « Féerie confidentielle » et pro- pe travaille : « S’il n’avait pas été celui de John Major, Girard, Maryvonne Ssossé et Laurence Viallet, éd. Le Diable pose à son sommaire Pierre Betten- notre slogan pourrait être « Back to basics », retour aux Vauvert (La Laune, 30600 Vauvert), 280 p., 13,57 ¤ (89 F). court, Iliassa Sequin, Keith Waldrop, Dino Campana, Witold Gombro- wicz, Marcel Cohen (en dépôt dans plusieurs librairie, ou à l’adresse sui- A Brétigny-sur-Orge (91), se tien- Camus, autour du thème « Ecriture vante : La Capelle-Chalet, 81660 AGENDA nent les Assises de la lecture publi- autobiographique et carnets : Pont-de-l’Arn, 15,24 ¤ [100 F]). Mais b LES 28 ET 29 SEPTEMBRE. ALGÉ- que en Essonne sur le thème « L’ac- Albert Camus, Jean Grenier, Louis La Treizième devrait revenir sous for- RIE. A Malagar (33), l’Université cès au savoir pour tous » avec qua- Guilloux » (à partir de 9 h 30, rens. me de collection. Michel-de-Montaigne-Bordeaux-III tre ateliers (de 9 heures à 18 h 30, et inscriptions auprès de l’associa- b PRIX : le Grand Prix de littératu- et le Centre François-Mauriac organi- espace Jules-Verne, rue Henri- tion : 04-90-08-34-12 ou re policière a été attribué à Patrick sent un colloque autour du thème Drouard, 91220 Brétigny-sur- [email protected]). Pécherot pour Les Brouillards de la « Les écrivains journalistes et la guer- Orge ; rens. : 01-60-91-92-05). butte (Gallimard, « Série noire »). re d’Algérie » (à 9 h 45 le 28, 10 heu- b LE 1er OCTOBRE. HUSTON. A res le 29, Centre François-Mauriac, Paris, l’Institut des textes et manus- domaine de Malagar, 33490 Saint- crits modernes (ITEM) propose un Maixant ; rens. : 05-57-98-17-17). séminaire sur le thème « L’écriture b LE 29 SEPTEMBRE. HORS LA et le souci de la langue », avec pour LOI ! A Paris, le Village européen des première invitée Nancy Huston (à écrivains organise une soirée-débat 17 h 30, ENS, 46, rue d’Ulm, salle « Hors la loi ! » entre André Pauly des conférences ; rens. : (ancien voleur) et Eric Yung (ancien 01-44-32-32-33 ou policier), devenus tous deux écrivains [email protected]). (à 20 heures, Comédie Bastille, 5, rue b LE 3 OCTOBRE. BONNEFOY. A Nicolas-Appert, 75011 Paris ; rens. et Paris, les éditions Le Mercure de réservations au 01-45-85-23-04. ; France et la Maison de l’Amérique adhérent : 80 F [12,20 ¤], non-adhé- latine proposent une rencontre rent 100 F [15,24 ¤]). avec Yves Bonnefoy pour la paru- b LE 29 SEPTEMBRE. LECTURE. tion du recueil Les Planches courbes (à 19 heures, Maison de l’Amérique latine, 217, bd Saint-Germain, 75007 Paris ; rens. : 01-49-54-75-00). b LE 5 OCTOBRE. MYSTIQUE. A Paris, la Fondation Ostad-Elahi organise une journée d’étude autour du thème « La mystique, une éthique paradoxale ? » (à 10 heures, Fondation de la Maison des sciences de l’homme, 54, bd Raspail, 75006 Paris, salle 214 ; rens. : et inscriptions au 01-47-27-14-89). b LES 5 ET 6 OCTOBRE. AUTO- BIOGRAPHIE. Au château de Lourmarin (84) ont lieu les 18es Ren- contres méditérranéennes Albert