Le Canton Du Fer. Étude Historique Sur Les Villages De Angevillers, Boulange, Lommerange, Rochonvillers, Audun-Le-Tiche, Fontoy
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le canton du fer Eugène Gaspard Alain Simmer ^ le canton du fer LES RECHERCHES POUR LA REALISATION DE CET OUVRAGE ONT ÉTÉ FAITES EN COLLABORATION. LA REDACTION DES CHAPITRES 1 A VI (ANTIQUITÉ ET ANCIEN RÉGIME) A ÉTÉ ASSURÉE PAR ALAIN SIMMER ET CELLE DES CHA- PITRES SUIVANTS (LA REVOLUTION ET LES TEMPS MODERNES) PAR EUGENE GASPARD 1978 Carte de notre région au Haut-Moyen-Âge COLLECTION REGION DE THIONVILLE - ETUDES HISTORIQUES créée par l'abbé J. EICH et patronnée par la Section Thionvilloise de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine Numéro 33 AVANT-PROPOS Ce livre n'a pas la prétention d'être une histoire de la région : plusieurs volumes n'y suffiraient pas... Il s'agit, plus modestement, d'une étude historique des douze communes de l'actuel canton de Fontoy, sur lesquelles il n'existait, jusqu'à pré- sent, que quelques bribes d'histoire éparses. En effet, on pourrait croire que notre région n'a jamais eu d'histoire... La plupart des ouvrages historiques ignorent notre contrée ou en parlent d'une manière si superficielle que l'on peut se demander s'il existait «quelque chose» entre Thion- ville, Luxembourg et Arlon ! S'il est vrai que le Pays-Haut mosellan n'a pas joué un rôle semblable à celui de Metz ou de Thionville, il n'en a pas moins occupé une place qui est loin d'être négligeable à l'échelon régional ; les nombreux vestiges archéologiques témoi- gnent d'une occupation importante du secteur, déjà à l'époque antique : sait-on que la nécropole mérovingienne d'Audun compte parmi les plus importantes de France ? On ignore trop souvent que l'illustre famille de Bassompierre est origi- naire du village du même nom où elle vécut longtemps. Connait-on la richesse et la puissance de la seigneurie d'Ottange, qui domina le secteur pendant plusieurs siècles ? Lors de l'invasion de 1792, c'est à Rédange que les Austro-Prussiens pénétrèrent en France. Si la richesse minère fut une des rares vertus jamais recon- nues à notre région, sait-on que c'est d'Aumetz que provenait la majorité du mine- rai qui a fait la fortune de biens des forges, à commencer par celles des De Wen- del ? Le but de ce livre est d'essayer de montrer que notre région était autre chose qu'un ensemble sous-développé, qui ne se serait peuplé et réveillé qu'à la fin du XIXe siècle, à la faveur de l'industrie naissante. On pourra toutefois remarquer, à la lecture du «CANTON DU FER», que cer- taines localités sont plus souvent évoquées que d'autres : des sièges de seigneuries comme Ottange ou Audun étaient plus importants que Bure ou Lommerange, par exemple. Mais cela ne signifie en rien que ces villages n'aient pas eu d'histoire : bien sou- vent, les archives n'en conservent aucune trace ou les documents restent à trou- ver. Ce livre, qui ne peut être exempt d'erreurs ou d'omissions, s'adresse à un très large public : aux amateurs d'histoire régionale, comme à tous ceux qui désirent en savoir plus sur la localité où ils vivent *, ainsi, certains chapitres qui pourront paraître assez complexes comme les seigneuries ou les mines, étaient nécessaires à la bonne compréhension de l'ensemble. Nous avons utilisé deux sources de renseignements : en premier lieu, les quel- ques rares études anciennes concernant notre région, œuvres de chercheurs alle- mands. Ces ouvrages, établis après l'annexion de la Lorraine et dans un but certes discutable, n'en restent pas moins fondamentaux pour notre histoire régionale. D'autres études locales sont également très précieuses, mais inconnues du grand public et introuvables aujourd'hui : on peut citer, entre autres exemples, les recherches de Tôpfer sur la seigneurie d'Ottange et surtout les études de l'abbé Jean-Baptiste Kaiser (enfant de Russange) sur la seigneurie d'Audun. A ce titre, l'abbé Kaiser apparaît comme le véritable précurseur de la recherche historique dans notre région. La seconde source de documents est constituée par les très nombreuses archi- ves conservées à Bar-le-Duc, Metz et Nancy, qui n'avaient pour la plupart, jamais été exploitées ; les archives communales et paroissiales ont également fourni de précieux renseignements, grâce à l'obligeance des maires, secrétaires de mairie et curés, qui nous ont permis d'y accéder. De plus, certains chercheurs locaux de même que des «Anciens», ont souvent mis à notre disposition le fruit de leurs recherches et leurs connaissances. Nous voulons remercier ici MM. Maugey, Genson, Metzdorff d'Audun, la Société Audunoise d'Histoire Locale et d'Archéologie ; MM. Souchon et Steuer d'Aumetz ;M. Lagabe de Rédange ;MM. Bachy et Oblet d'Ottange ;MM. Jouve d'Anderny, Jacob de Villers-la-Montagne ;M. Rœltgen, le Groupe d'Etude d'His- toire Médiévale des Amis de l'Histoire, d'Esch-sur-Alzette ; Madame Stiller des Archives de Thionville, ainsi que de nombreux responsables des mines locales. En outre, il serait injuste de passer sous silence la précieuse collaboration appor- tée par Madame Annie Simmer à l'élaboration de cet ouvrage. Enfin, nous tenons à remercier tout particulièrement le Conseiller Général et les Maires du Canton de Fontoy, sans l'aide desquels la parution de ce livre eût été impossible. Le «CANTON DU FER» ne doit être que le point de départ de la recherche historique dans notre secteur et nous l'espérons florissante : F. Jacob poursuit ses recherches sur Villers-la-Montagne et J.J. Jouve prépare une histoire du château et de la prévôté de Sancy. Une histoire de la seigneurie d'Audun (par les auteurs du présent ouvrage) est d'ores et déjà en préparation. Il ne reste plus qu'à souhaiter que d'autres viendront bientôt étudier l'histoire, commune par commune, de ce Pays-Haut si riche et si attachant, mais si méconnu. PÉRIODE ANTIQUE Pour la plupart des gens, qu'ils soient du Pays-Haut ou d'ailleurs, l'Antiquité n'a laissé que peu de traces dans notre canton et l'occupation de notre région à l'époque antique se résume à quelques vestiges hétéroclytes qui tendent à assi- miler le Pays-Haut mosellan à un vaste désert archéologique. Les premiers à se préoccuper de l'archéologie dans notre secteur, furent les chercheurs de la période allemande : quelques répertoires archéologiques (Keune, Kraus), repris plus tard par des scientifiques lorrains (Linkenheld, Toussaint) four- nirent pourtant des renseignements précis sur les «antiquités» mises au jour dans nos villages. Mais, depuis des dizaines d'années, plus rien : des ouvrages, pourtant récents, ignorent totalement notre secteur et l'occupation antique paraît s'être arrêtée aux portes de Thionville... Cependant, ni la richesse archéologique du Luxembourg, ni celle de la Belgique ne sont à démontrer. La voie de passage naturelle, constituée par le Pays-Haut mosellan et meurthe-et-mosellan, véritable plaque tournante entre ces régions flo- rissantes, serait-elle donc restée à l'écart de la civilisation durant plusieurs millé- naires ? Ne serait-ce pas plutôt la recherche archéologique de ces dernières années qui, en ignorant presque totalement notre région, aurait «désertifié» un secteur étonnament riche et indissociable du vaste ensemble formé par le triangle Arlon- Metz-Trêves ? TOPONYMIE La toponymie nous apprend déjà que l'occupation de notre sol ne remonte pas à quelques siècles. Plusieurs millénaires avant la conquête romaine, avant même les invasions indo-européennes (- 3000 ans av. J.C.), prélude à l'installation dans notre pays des peuplades qui deviendront plus tard les Celtes et les Gaulois, le Pays-Haut était occupé par un peuple dont on ignore encore tout. La seule trace qu'il nous ait laissée est la langue qu'il parlait, le Ligure ou Ibère, dont les vestiges se retrouvent dans les noms de certains cours d'eau. L'ALZETTE (ALIZUNTIA) fait partie de ces racines pré-indo-européennes que l'on reconnait dans un bon nombre de noms de rivières, un peu partout (ALZ- BACH au Luxembourg, AUSSANCE dans les Ardennes, pour ne citer que deux exemples). Ils sont tous formés sur le modèle ALIS + UNTIA ; on y trouve le terme ALIS, sans doute une variante de AR, ayant lui-même servi à former bien des noms de rivières. Ces deux racines avaient simplement le sens «d'eau cou- rante». (101)* Un autre terme remontant à cette époque est celui de MOYEUVRE (MODO- VER au IXe siècle), nom de rivière passé par la suite à deux localités de la vallée de l'Orne. Mais plus près de nous existe le MOULIN DE LA PETITE MOYEU- VRE, à Boulange, situé sur le Conroy. Le nom de CONROY, formé au Moyen- Âge (coudriers, noisetiers) n'a fait que remplacer l'ancien nom de cette rivière, la PETITE MOYEUVRE, qui ne s'est conservé que dans le nom du moulin. Le sens à attribuer à ce terme est, une fois encore, très simple : MOD = couler avec bruit + VERA = rivière (cf. le Var). C'était donc «une rivière bruissante». (102) Sur le même modèle fut formé le nom d'un petit affluent de la Fensch, appelé aujourd'hui le ruisseau d'HAMEVILLERS, près de Hayange, mais dont la source était dite la SOURCE DE LA COULEUVRE. On y reconnaît la racine VERA, associé cette fois à CALLO, qui signifie «noir». C'était donc une «rivière à l'eau sombre», bien avant d'être déformée en «couleuvre». (103) L'eau sera encore à l'origine du PAGUS WABRENSIS, (Wœvre), division administrative, qui englobera bien plus tard, tous les villages de l'actuel Pays- Haut. (cf. BURE EN VOIVRE, encore en 1779). Devenu WAWERGAU, en lan- gue germanique, ce PAGUS tellement vaste qu'on n'a jamais pu en fixer les limi- tes exactes, avait le sens de «terrain humide» et provient lui aussi de la racine VABEROS, proche de VERA.