journal des Débats

Le mercredi 19 novembre 1975 Vol. 16 — No 63 Table des matières Motion non annoncée Suspension de certaines règles de procédure 2005 Déclaration ministérielle Récupération des lots publics 2006 M. 2006 M. Lucien Lessard 2007 Dépôt de documents Rapport du Bureau des véhicules automobiles 2007 Questions des députés Gisements d'amiante du Nord-Ouest québécois 2007 Usine de la King Beaver à Asbestos 2009 Lots sous billets de location 2010 Transport de l'électricité dans Vaudreuil-Soulanges 2011 Liberté de la presse 2013 Voyage du premier ministre en Europe 2013 Usine d'épuration de Gatineau 2014 Question de privilège M. Maurice Bellemare 2015 Mise à jour de dossiers 2015 Questions inscrites au feuilleton 2015 Motion de suspension des règles de procédure M. Gérard-D. Levesque 2016 M. Marcel Léger 2016 M. 2019 M. Maurice Bellemare 2020 M. Lucien Lessard 2021 M. Louis-Philippe Lacroix 2024 M. 2025 M. 2026 M. 2027 M. Gilles Houde 2028 M. Gérard-D. Levesque 2029 Vote sur la motion 2030 Projet de loi no 81 — Loi constituant la Régie des installations olympiques Deuxième lecture 2030 M. Victor Goldbloom 2031 M. Marcel Léger 2033 M. Fernand Lalonde 2040 M. And ré Marchand 2043 M. Gilles Houde 2044 M. Lucien Lessard 2047 M. Michel Gratton 2049 M. 2050 M. Marc-And ré Bédard 2052 M. Maurice Bellemare 2055 M. Robert Malouin 2062 M. Fabien Roy 2062 M. Claude Charron 2064 M. Victor Goldbloom 2067 Vote sur la deuxième lecture 2068 Motion de déférence à la commission permanente des Affaires municipales 2068 Ajournement 2069 Annexe 2069 2005

(Quinze heures dix minutes) collaboration qui nous anime toujours que je fais cette proposition à nos honorables amis d'en face M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs! sous réserve, évidemment, d'un consentement unanime de tous les députés de cette Chambre. Affaires courantes. Dépôt de rapports de commissions élues. M. Burns: M. le Président, il est exact que Dépôt de rapports du greffier en loi sur les nous avons eu des communications, le leader du projets de loi privés. gouvernement et moi-même, relativement à la Présentation de motions non annoncées. possibilité de tenir, malgré la motion annoncée hier soir, une période de questions. Il est égale- L'honorable leader parlementaire du gouver- ment exact que j'ai donné, au nom de l'Opposition nement. officielle, mon consentement pour que le vote se tienne avant six heures. Je pense que, M. le Prési- Suspension de certaines règles dent, de toute façon — je comprends le leader du de procédure gouvernement de vouloir cette garantie — notre règlement nous indique que le vote pourrait avoir M. Levesque: M. le Président, comme j'en lieu avant six heures malgré tout étant donné que avais prévenu la Chambre hier, j'ai l'intention de le débat est un débat restreint de deux heures. Je proposer une motion afin de demander la suspen- comprends cependant son souci de s'assurer que sion de certaines règles de procédure en vue de la motion soit acceptée avant six heures parce que hâter l'adoption du projet de loi relatif aux Jeux si, éventuellement, à six heures, la motion n'est olympiques. pas acceptée, il faudrait se retrouver demain ma- Par contre, M. le Président, je tiens à vous in- tin, selon nos règlements. former que j'ai reçu de l'Opposition officielle une Dans ce sens, je suis prêt à donner, sans au- demande qui avait été articulée hier soir, qui n'a cune ambiguïté, mon consentement pour que le pas reçu de réponse immédiatement mais qui a vote ait lieu à cinq heures quarante-cinq, sur la été réitérée au cours de la présente journée, à l'ef- motion de mise de côté ou de suspension de cer- fet que nous puissions procéder à une période de taines règles de la Chambre et, dans ces condi- questions, même si dans l'ordre de notre procé- tions, cela nous permettrait d'avoir une période de dure cette période ne viendrait pas si je présen- questions de 30 minutes. tais, à ce moment, la motion dont j'ai fait état il y a A moins qu'il y ait des indépendants qui ne quelques instants. veuillent pas concourir à ce que je dis, au nom de Si évidemment nous recevons un consente- l'Opposition, en tout cas, je vous dis que vous ment unanime de cette Chambre, nous sommes avez notre assurance qu'on accepte cela et on est prêts à accepter une période de questions de 30 même prêt à ce que cela devienne un ordre de la minutes au maximum — c'est-à-dire, si elle dure Chambre. moins, cela fera plus de temps pour la motion — à condition que nous puissions également toucher M. Roy: M. le Président, il n'y a aucune objec- les autres articles d'affaires courantes, particuliè- tion de mon côté. rement les déclarations ministérielles et le dépôt de documents et, peut-être, des réponses à des Une Voix: Quel parti? questions au feuilleton. M. Roy: Je ne ferai aucune objection à la de- M. Roy: Peut-être. mande faite par l'honorable leader du gouverne- ment. Je trouve tout simplement que c'est normal, M. Levesque: Peut-être. d'autant plus que l'article 84 de notre règlement est très clair là-dessus, si on lit les dispositions du M. Roy: Seulement peut-être. paragraphe no 2. On ne peut pas, de toute façon, débattre la question de suspension des règles M. Levesque: Toujours peut-être. Et la condi- pendant plus que deux heures, et la période des tion essentielle est que nous puissions disposer de questions, normalement, se termine vers 15 h 45. cette motion avant l'heure fatale de 18 heures Cela ne pose pas de problème et même si cela po- parce que, comme on le sait, c'est mercredi et sait des problèmes, je veux assurer la Chambre nous terminons normalement nos travaux, le mer- que je ne poserai pas d'objection. credi, à 18 heures. Il serait donc essentiel, M. le Président, pour que nous puissions nous entendre d'une façon absolument normale et sûre, malgré M. Leduc: M. le Président, je tiens à rassurer toute la confiance réciproque qui existe de part et la Chambre, je ne poserai pas d'objection. d'autre, qu'il y ait un ordre de la Chambre afin qu'au plus tard à 15 h 45 les députés soient appe- Le Président: Si je comprends bien le voeu lés à voter sur la motion que j'ai décrite briève- exprimé par les deux leaders autant de la majorité ment il y a quelques instants et qui a trait à la sus- que de l'Opposition officielle et entériné par la pension des règles et au projet de loi relatif aux Chambre, et cela devient un ordre de la Chambre, Jeux olympiques. il y aura vote à 17 h 45. Ordre de la Chambre. Je ne sais pas, M. le Président, si je me suis fait assez clair mais c'est dans un esprit de grande M. Burns: D'accord. 2006

Le Président: II y a la période des questions, nagement forestier. Cet aménagement serait sous les déclarations ministérielles, et le temps qu'il res- le contrôle d'un plan simple de gestion accepté tera pourra être partagé — je crois que le député par le ministère, soit par l'intermédiaire d'un de Beauce-Sud n'a pas l'intention de parler sur groupement forestier ou d'une société des res- cette motion, d'après mes informations — assez sources, soit directement, suivant toute autre for- équitablement entre le gouvernement et l'Opposi- mule individuelle, par exemple, les fermes fores- tion officielle. tières. Ces lots sous billet de location représen- D'accord, messieurs! tent, pour toute la région du Bas-Saint-Laurent, quelque 4,000 lots. Présentation de projets de loi au nom du gou- Tous les lots publics, individuellement ou en vernement. bloc, enclavés à l'intérieur des propriétés privées, Présentation de projets de loi au nom des dé- pourraient faire l'objet de la gestion mixte en vertu putés. de l'article 120 de la Loi des terres et forêts. Cette Déclarations ministérielles. gestion mixte pourrait être faite par une société L'honorable ministre des Terres et Forêts. des ressources, un groupement forestier ou un in- dividu, et selon les disponibilités en lots publics Récupération des lots publics dans chacune des régions. Tous les blocs de lots publics et autres forêts M. Normand Toupin publiques, par exemple les réserves cantonales qui sont adjacentes aux grandes forêts publiques M. Toupin: M. le Président, le 27 octobre der- et qui sont à l'intérieur d'une municipalité, pour- nier, lors de ma visite à Sainte-Marguerite, comté raient aussi faire l'objet de la gestion mixte s'ils ne de Matapédia, le comité des citoyens de Sainte- sont pas partie intégrante d'un ensemble telle une Marguerite et de la Société d'exploitation des res- concession forestière ou une forêt domaniale. sources de la vallée Incorporée, me remettait un Dans les grands ensembles de forêts publi- manifeste dans lequel on réclamait la récupération ques actuellement gérés ou devant être gérés di- par les organismes de gestion en commun des lots rectement par l'Etat, le ministère des Terres et Fo- publics inclus dans les limites municipales. rêts pourrait confier aux sociétés et aux groupe- Il y a lieu de souligner l'importance de la de- ments, à titre contractuel, certains travaux sylvico- mande formulée car, contrairement à ce que la les dans le but de les aider à rentabiliser leurs plupart des gens croient, il ne s'agit pas unique- opérations. De plus, dans ces grandes forêts pu- ment de 137 lots dans les limites municipales de bliques, au même titre que tout autre organisme Sainte-Marguerite, mais bien de tous les lots pu- avec ou sans but lucratif, il pourra leur être permis blics dans les limites municipales de toutes les d'utiliser le territoire forestier en fonction de pro- municipalités. jets spécifiques selon certains critères d'accepta- Pour la seule région du Bas-Saint-Laurent et tion, par exemple, des circuits de canot, des pistes de la Gaspésie, cette demande représente quelque de ski de fond, des pistes de motoneige, etc. 4,000 milles carrés de forêt publique, soit 40% des Quant à la demande de transfert en pleine forêts publiques actuelles de cette région. propriété de toutes les terres publiques à l'inté- La position prise lors de cette rencontre a été rieur des municipalités, le ministère est disposé à à l'effet que l'on ne pouvait changer le statut de examiner d'autres formules que la gestion mixte, propriété sur autant de territoire appartenant à la voire même l'accès à la propriété privée de certai- collectivité québécoise. J'ai proposé la formule de nes catégories de lots, mais ceci doit se faire dans gestion mixte pour certains lots qu'il serait avan- le cadre d'une politique foncière que le ministère tageux pour tous de mettre sous aménagement des Terres et Forêts élabore présentement, d'au- dans le cadre des groupements forestiers ou des tant plus que d'autres problèmes importants vien- sociétés d'exploitation des ressources. nent s'y greffer, notamment celui des trois chaînes A la suite de cette rencontre, il a été formé un et l'expansion de certaines villes, comme Sept-lles comité ad hoc composé de représentants des or- sur la Côte-Nord. ganismes du milieu et du ministère des Terres et Si les organismes du milieu assouplissaient Forêts. Ce comité avait pour but d'éclaircir les po- leurs demandes en matière de transfert de pro- sitions et si possible, de faire une proposition priété des lots publics inclus dans les limites mu- commune sur les réclamations formulées. Comme nicipales, il y aurait possibilité de trouver une solu- les deux parties représentées à ce comité n'ont tion par étapes à ce problème jusqu'à ce que la pas trouvé de solution unique, j'ai recommandé au politique foncière du ministère soit mise en place conseil des ministres la proposition suivante, qui a par le gouvernement. J'ai demandé à certains or- été acceptée et représente la position du gouver- ganismes, notamment l'UPA, l'Ordre des ingé- nement du Québec sur cette question. nieurs forestiers du Québec, le CRD de l'Est du Premièrement, en collaboration avec le minis- Québec, l'ODEQ, la Fédération des producteurs de tère de l'Agriculture du Québec, le ministère des bois du Québec, de me donner leur point de vue Terres et Forêts établira une procédure de cession sur cette question. des lots actuellement sous billet de location afin Déjà certains d'entre eux nous ont fait parve- que tous les particuliers qui détiennent ces lots nir leur avis que je ferai connaître en temps oppor- puissent obtenir leurs lettres patentes, à la condi- tun, avec leur accord, si toutefois ces positions ne tion qu'ils acceptent de placer ces lots sous amé- sont pas déjà connues par le public. 2007

Le Président: Le député de Saguenay. lève des syndicats de producteurs de bois qui ont la responsabilité de la mise en marché des bois en M. Lucien Lessard provenance des boisés privés. Les représentants du ministère, continuait-on, s'expliquent mal que M. Lessard: M. le Président, dans sa déclara- les producteurs de bois de la région appuient une tion ministérielle, le ministre des Terres et Forêts demande semblable alors qu'ils en sont responsa- reprend à peu près textuellement la position du bles. ministère des Terres et Forêts qu'il avait fait Or, rien n'est plus faux, puisque le gouverne- connaître ici, à l'Assemblée nationale, et qui faisait ment est largement responsable de cette situation suite au rapport du comité conjoint sur le mani- en refusant, comme il l'a fait il y a quelque temps, feste du comité des citoyens de Sainte-Marguerite de forcer des compagnies à remplir les contrats et de la Société d'exploitation des ressources de la déjà négociés et en refusant de réduire les droits vallée Inc. Autrement dit, il n'y a eu aucune modi- de coupe sur les concessions à ces entreprises qui fication, aucun changement dans la politique du ne respectent pas leur engagement. C'est de l'hy- ministère. pocrisie de blâmer les producteurs de bois pour la soumission rampante du ministère des Terres et Le ministre reprend, dans sa déclaration mi- Forêts devant les compagnies papetières. J'ai déjà nistérielle, la même position rigide, technocratique demandé à plusieurs reprises, tant au niveau de la qu'il avait prise lors des débuts des négociations. discussion du livre blanc qu'ici à l'Assemblée na- En effet, M. le Président, si on accepte de céder tionale, que le ministère crée, dans le plus bref dé- des lots actuellement sous billets de location se- lai possible, une régie des produits forestiers afin lon certaines conditions, on continue au ministère d'établir un certain contrôle sur la commercialisa- des Terres et Forêts de refuser de remettre en tion des bois, que ce soit la commercialisation pleine propriété, aux organismes populaires, les dans les boisés privés ou des producteurs privés lots qui ont déjà fait l'objet de billets de location ou encore des coopératives. mais qui ont été repris par le ministère des Terres et Forêts, par le gouvernement. Je termine, M. le Président, en disant que, M. le Président, nous considérons que sur ce quant à nous, nous jugeons justifiée, en principe, point le ministre devrait modifier sa position ri- la demande faite conjointement par le comité des gide, modifier sa position technocratique et re- citoyens de Sainte-Marguerite et la Société d'ex- connaître aux organismes populaires la pleine ploitation des ressources de la vallée Inc. Ce que propriété de ces lots, ainsi que le droit de les ad- le ministre nous annonce aujourd'hui, c'est tout ministrer de façon autonome, pour autant que ça simplement le maintien de la même position ri- se soumet, en fait, à des plans de gestion du gou- gide; c'est donc dire que le conflit n'est pas pour vernement. autant amenuisé. Je trouve cette position d'autant plus inaccep- Le Président: Dépôt de documents. table qu'on a déjà — malgré ce que le ministre L'honorable ministre des Transports. pourra en dire — cédé à Rayonier Québec, sur la Côte-Nord, une concession équivalente à la super- ficie du Nouveau-Brunswick, soit 53,000 milles DÉPÔT DE DOCUMENTS carrés. Pendant ce temps, en même temps, on of- Rapport du Bureau des fre aux coopératives la possibilité de devenir véhicules automobiles contractantes pour remettre en état la forêt. Exemple: les travaux sylvicoles ou encore l'utilisa- M. Mailloux: M. le Président, je voudrais dé- tion du territoire forestier pour faire du canot, du poser le rapport du BVA sur les statistiques de vic- camping, du ski de fond, etc. times d'accidents d'automobile au Québec, en Quant à la demande de transfert en pleine 1974. propriété de toutes les terres publiques à l'inté- Comme je ne savais pas qu'il y aurait dépôt de rieur des municipalités, tel que demandé par le documents... comité des citoyens, le ministère fait encore des promesses. Le Président: Un peu de silence, s'il vous N'y aurait-il pas eu lieu d'étudier au moins la plaît! recommandation qui a été faite il y a quelques jours par l'Association des ingénieurs forestiers du M. Mailloux: ... des copies seront disponibles Québec et qui demandait la création de forêts mu- dans quelques moments. nicipales? Un autre point qui était souligné par le comité Le Président: Questions orales des députés. des citoyens concernait la commercialisation des Affaires du... produits forestiers. Comme le ministre n'en parle Le chef de l'Opposition officielle. pas dans son communiqué, on peut donc présu- mer qu'il s'agit de la même position rigide qui QUESTIONS DES DÉPUTE'S avait été annoncée dans le document du minis- tère. En effet, on disait ceci: Quant à la demande Gisements d'amiante concernant la vente prioritaire des bois provenant du Nord-Ouest québécois des boisés sous aménagement, le ministère des Terres et Forêts considère que cette question re- M. Morin: M. le Président, j'aurais une ques- 2008 tion destinée au premier ministre, en l'absence du tion, s'il est honnête, va admettre que, si le gou- ministre des Richesses naturelles. Le 28 juin 1974, vernement recherche des investissements étran- le premier ministre s'était engagé à s'informer au- gers, c'est précisément pour créer des emplois près de la Société Brinco au sujet d'un projet d'in- additionnels. vestissement de cette société dans les gisements Une journée, le chef de l'Opposition pose des d'amiante du Nord-Ouest québécois. questions sur le nombre de chômeurs au Québec A titre de préambule, M. le Président, je vou- et, le lendemain, il s'oppose aux investissements drais rappeler que le nouveau président de Brinco étrangers. vient d'annoncer qu'il est maintenant acquis que cette société, filiale à 83% de la société britanni- M. Morin: Je vous demande si le Québec va y que Rio Tinto Zinc, s'apprête à réaliser les derniè- être associé. res étapes de mise en exploitation de ces gise- ments d'amiante, situés à 52 milles au nord M. Bourassa: J'y arrive, M. le Président; c'est d'Amos, en Abitibi. Le premier ministre peut-il que ceci suppose des sommes financières addi- nous dire si des mesures ont été prises pour s'as- tionnelles. Le gouvernement du Québec n'a pas surer qu'il y aura une participation du gouverne- d'objection; il l'a fait avec SIDBEC où il a investi ment du Québec, par le truchement de SOQUEM, des centaines de millions de dollars, avec les ris- par exemple, dans ce qui est le plus gros gisement ques que cela comporte étant donné la concur- d'amiante connu et non encore exploité qui existe rence dans le domaine de l'acier actuellement et le dans le monde? marché qui est moins favorable qu'il ne l'était ce qui fait que les inventaires augmentent et que les M. Bourassa: M. le Président, je peux vérifier, déficits augmentent. Mais c'est l'ensemble des le plus rapidement possible, pour ce qui a trait au contribuables du Québec qui, finalement, doit rôle du gouvernement dans SOQUEM. Les crédits payer tous ces déficits et c'est pourquoi nous de- ou les montants alloués à SOQUEM ont été accrus vons choisir des priorités. très substantiellement depuis que nous sommes Actuellement, nous traversons une période fi- au pouvoir. Je peux vérifier avec M. Carbonneau et nancière difficile; c'est le cas de tous les autres demander à mon bureau de le faire si la société gouvernements en Amérique du Nord. C'est pour- elle-même a été intéressée ou a été approchée à quoi nous devons disposer des sommes pour faire une telle entreprise ou à une telle participation. face aux priorités les plus pressantes. Le gouver- Nous n'avons pas... nement du Québec n'a certainement pas d'objec- tion à ce qu'une entreprise d'Etat soit majoritaire M. Morin: Vous n'êtes pas au courant? ou minoritaire, ou investisse dans le secteur ma- nufacturier. Nous l'avons fait à travers l'Hydro- M. Bourassa: Pas au courant de... Québec, à travers SIDBEC, à travers SOQUEM, à travers SOQUIP. L'élément contraignant est pure- M. Morin: Du dossier. ment la question financière. Jusqu'où nous pou- vons prendre l'argent des contribuables pour in- M. Bourassa: Je suis au courant de l'investis- vestir dans de tels projets qui, de toute façon, sement, nous en avons parlé à plusieurs reprises, peuvent se faire. C'est une position pragmatique. mais je ne suis pas au courant des derniers déve- Lorsque nous avons les moyens financiers, nous loppements. J'ai dit au chef de l'Opposition que sommes tout à fait d'accord, mais, lorsqu'il y a j'étais pour vérifier les tout récents développe- d'autres priorités, que ce soit des conditions de ments, tant pour ce qui a trait à SOQUEM que travail acceptables pour les employés du secteur pour ce qui a trait aux dernières étapes. public et parapublic — c'est quand même la moitié du budget — que ce soit des centres pour person- M. Morin: J'ai une question supplémentaire, nes âgées, que ce soit la voirie, le gouvernement M. le Président. J'aimerais savoir du premier mi- est obligé de faire un choix. nistre quelle est la politique de son gouvernement. Je ne lui demande pas la politique de M. Morin: M. le Président, le premier ministre SOQUEM, parce que c'est au gouvernement de dé- nous fait tout un patinage pour tenter de nous ex- cider, dans des investissements de cette taille, si pliquer la non-intervention du gouvernement dans SOQUEM va être mêlée à l'affaire ou non. J'aime- ce dossier. J'aimerais lui demander comment il rais lui demander si son gouvernement a l'inten- peut concilier la non-intervention du gouverne- tion d'assurer un contrôle majoritaire québécois ment dans un dossier de cette importance avec la sur ce projet qui constitue l'une des dernières déclaration que faisait récemment à Francfort le chances de pénétrer dans une industrie qui, ministre de l'Industrie et du Commerce, selon la- jusqu'ici, a toujours appartenu entièrement aux quelle — je me permets de le citer — "dans le ca- étrangers. dre de notre politique de porte ouverte aux inves- tissements étrangers, il existe trois secteurs pour M. Bourassa: M. le Président, je crois que la lesquels nous avons quelques restrictions. Il s'agit position du gouvernement là-dessus a été énon- des ressources naturelles, du secteur des biens cée à de très nombreuses reprises. On fait une culturels et de celui des institutions financières et démagogie incroyable sur les multinationales et monétaires." les investissements étrangers. Le chef de l'Opposi- J'aimerais demander au premier ministre 2009 comment il concilie la non-intervention du gou- M. Morin: M. le Président, je pense que c'est vernement et toutes les bonnes raisons qu'il a le premier ministre qui est mal renseigné et ce trouvées pour ne pas associer les Québécois à n'est pas avec des pirouettes comme cela qu'il va cette énorme projet, avec la déclaration de son se tirer d'affaire. Je vais citer le Soleil du samedi ministre, il y a quelques semaines à peine. 29 juin, page 53. Je crois que cela vaut une mise au point: "Le premier ministre Robert Bourassa M. Bourassa: Sur le cas particulier qu'a sou- s'est engagé à s'informer au cours des prochains levé le chef de l'Opposition, j'ai dit que j'étais pour jours auprès de la société Brinco s'il est vrai m'informer auprès de SOQUEM des développe- qu'elle a l'intention d'investir une somme de $100 ments ou des possibilités à cet égard. Mais que le millions dans l'industrie de l'amiante dans le chef de l'Opposition ne dise pas qu'il y a contra- Nord-Ouest du Québec". M. le Président, c'était le diction entre ce que nous avons dit à Francfort lendemain, je crois, du dernier jour de la session. quand, il y a quelques semaines, nous avons dé- Le premier ministre fait du guignol, mais c'est bien cidé d'investir des centaines de millions de dollars daté du 29 juin. dans l'entreprise SIDBEC. Ce sont des centaines Vous avez eu le temps, depuis lors, de vous de millions que le gouvernement du Québec, di- enquérir. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait? rectement ou indirectement, va investir dans la transformation des richesses naturelles par les M. Bourassa: M. le Président, nous avons Québécois dans une entreprise d'Etat. terminé la session... Je suis d'accord avec le chef de l'Opposition que la question... M. Morin: Dans l'amiante aussi? M. Levesque: En quelle année? M. Bourassa: On ne peut pas tout faire en M. Bourassa: Est-ce cette année? même temps! M. Lessard: On patine, on patine! M. Saint-Pierre: II y a une question de moyens! M. Bourassa: Non, non. Nous avons terminé... M. Morin: Ah oui! M.Morin: En 1974. M. Bourassa: C'est une question de moyens, M. Levesque: En 1974, ah! ce n'est pas une question d'objectif. Si le chef de l'Opposition veut faire de la démagogie, ce sera M. Bourassa: Ah! Plus d'un an! En 1974. impossible de discuter sérieusement avec lui. Mais je lui dis que, dans un contexte financier très diffi- cile, nous avons investi des centaines de millions M. Morin: C'est justement cela que je vous dis. de dollars pour SIDBEC. M. Bourassa: Je croyais que c'était il y a six M. Lessard: $600 millions pour les Olympi- mois. M. le Président, cela fait un an. ques! M. Burns: On a siégé jusqu'à la fin de juillet! M. Bourassa: Le chef de l'Opposition devrait admettre que le discours que nous avons fait à Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, Francfort était basé sur des faits. s'il vous plaît! M. Morin: Certainement pas sur les faits qui M. Bourassa: Si vous étiez sérieux! Comment voulez-vous être pris au sérieux par l'opinion pu- prévalent dans l'amiante. blique quand vous posez au premier ministre une question sur un fait qui se réfère à un an et demi? Le Président: Dernière question supplémen- Comme si, aujourd'hui, je pourrais être au courant taire sur cette question. de tout ce qui a pu arriver dans tous les secteurs, dans tous les ministères. Pourquoi ne pas m'avoir M. Morin: M. le Président, je m'étonne un peu prévenu ce matin? Vous auriez eu une réponse de voir que le premier ministre n'a pas l'air plus au beaucoup plus complète. courant que cela de ce dossier. Se souvient-il que nous avions posé cette question, déjà, il y a plus d'un an, le 28 juin 1974, alors qu'on annonçait le Le Président: L'honorable député de Sague- projet? Se souvient-il qu'il s'est engagé à cette oc- nay. casion à discuter prochainement — c'est le mot qu'il avait utilisé — de cet investissement avec la Usine de la King Beaver société Brinco? Il semble qu'il ne l'ait pas fait et je à Asbestos constate qu'il n'est pas au courant du dossier. M. Lessard: M. le Président, ma question M. Bourassa: Moi, je constate que le chef de s'adressera aussi au premier ministre sur un fait l'Opposition est très mal informé parce que, le 28 d'actualité. Le premier ministre pourrait-il nous juin, la session avait été ajournée la veille! dire... 2010

Une Voix: Debout! Le Président: L'honorable député de Beauce-Sud. M. Lessard: L'enfantillage n'a pas d'âge! Le premier ministre pourrait-il nous dire s'il a été in- Lots sous billets de location formé officiellement ou officieusement par la compagnie Asbestos Corporation de sa décision M. Roy: M. le Président, ma question définitive de ne pas reconstruire son usine de la s'adresse non pas à l'honorable ministre de l'Agri- King Beaver? Le premier ministre pourrait-il nous culture, mais au nouveau ministre des Terres et dire quelles sont les mesures envisagées par le Forets. gouvernement pour forcer l'Asbestos Corporation Tout à l'heure il nous a fait une déclaration à reconstruire son usine dans les plus brefs dé- ministérielle à l'effet qu'il y avait enfin un déblo- lais? cage en faveur des détenteurs de billets de loca- tion; enfin, parce que cela fait quand même quatre M. Bourassa: Là on prend la défense des mul- ans qu'on le demande, qu'on fait des demandes tinationales, je constate! Je vais vérifier, M. le Pré- répétées à l'Assemblée nationale. sident. On ne m'a certainement pas prévenu offi- M. le Président, étant donné que la déclara- ciellement. Je vais vérifier avec mon bureau à sa- tion du ministre est très incomplète, j'aimerais sa- voir si on a reçu une communication à cet effet. voir, en premier lieu, vers quelle date, s'il y a une date officielle, cette nouvelle politique entrera en M. Lessard: Justement, M. le Président, pour vigueur. répondre à l'interrogation du premier ministre Deuxièmement, est-ce qu'il y a une date li- concernant les multinationales... mite, une date de fixée actuellement à laquelle de- vront se soumettre les personnes détentrices de Des Voix: Ah! Ah! billets de location pour faire leur demande de let- tres patentes de ces lots? M. Lessard: ... je voudrais poser la question J'aimerais que le ministre nous donne plus de supplémentaire suivante au premier ministre. précisions à ce sujet-là, parce qu'il n'y a rien dans sa déclaration ministérielle là-dessus. Le Président: Question supplémentaire, mes- sieurs. Allez. M. Toupin: J'ai bien dit, M. le Président, dans M. Lessard: Le premier ministre a-t-il l'inten- ma déclaration ministérielle, que cela se ferait en tion de se servir de l'occasion que lui fournit la collaboration avec le ministère de l'Agriculture; il y compagnie par sa décision pour proposer au a deux hypothèses possibles: la première, c'est conseil des ministres de mettre en oeuvre le rap- que, ou le ministère de l'Agriculture amende la loi port Alexandre, qui recommande la nationalisation de colonisation actuelle pour accélérer les dos- de la compagnie Asbestos Corporation? Ou en- siers qui sont présentement pendants ou le minis- core est-ce que ce gouvernement a l'intention, au tère de l'Agriculture remet au ministère des Terres moins, de proposer des mesures concrètes pour et Forêts les lots en question et ce dernier les re- régler le problème du chômage dans notre ré- met aux propriétaires éventuels détenant des bil- gion? lets de location, avec une lettre patente. Si on choisit la deuxième option, il faudra prendre au M. Bourassa: M. le Président, il n'est pas moins quinze jours ou trois semaines, parce que question d'étatisation de la part du gouvernement les lois prévoient qu'il doit y avoir affichage public à court terme. avant que des lettres patentes soient émises. Si on procède selon la première hypothèse, amender la M. Lessard: On le savait. Mais à long terme, loi, cela pourra peut-être prendre plus de temps. M. le Président, ou à moyen terme... Alors, c'est la décision que nous devrons prendre au cours des prochains jours, avec le ministère de Le Président: A l'ordre! l'Agriculture. Notre objectif au ministère des Terres et Fo- M. Lessard:... peut-on s'attendre que des me- rêts est de faire en sorte que sur les lots dont je sures seront prises par le gouvernement du Qué- parlais, je ne parle pas de tous les lots sous billets bec pour mettre en application le rapport Alexan- de location dans la province de Québec, je parle dre qui est un rapport, à ce que je sache, qui pro- de ceux qui font partie des groupements forestiers vient des fonctionnaires du ministère des Riches- et des sociétés inclus dans le territoire du Bas- ses naturelles. Saint-Laurent, je ne parle que de ceux-là, pour le moment, les autres pourront peut-être bénéficier M. Bourassa: Je constate la confiance du dé- d'une même politique, mais je parle d'abord de puté dans le gouvernement, puisqu'il pose des ceux-là dans ma déclaration ministérielle, nous questions à long terme. C'est donc qu'il assume puissions appliquer cette politique dès le début de que nous serons au pouvoir très longtemps. l'an 1976, c'est-à-dire vers le début de janvier. M. Lessard: C'est toujours le même patinage de fantaisie quand on pose des questions comme M. Mercier: Question additionnelle, M. le Pré- celles-là. sident. 2011

M. Roy: M. le Président, il y a beaucoup de si gements apportés par l'émission des lettres paten- ou de ou, si vous voulez, dans la déclaration de tes pourrait comprendre également le territoire l'honorable ministre. auquel le député de Beauce-Sud a fait allusion, J'aimerais avoir plus de certitude que cela; soit Bellechasse et Dorchester. J'ai eu l'occasion parce que quand même les gens vont s'interroger, d'en discuter avec mon collègue de Montmagny- les gens vont nous poser des questions là-dessus. L'Islet, qui fait face aux mêmes problèmes. Si le gouvernement a fait son lit, en quelque sorte, a tracé son chemin, il doit savoir à ce moment-ci Le Président: Question, s'il vous plait. quelles sont les lois qui seront amendées, quels sont les amendements qu'il doit apporter aux lois. M. Mercier: M. le Président, vous allez nous Est-ce qu'on peut conclure, d'une part, que permettre de donner, comme les gens de l'Opposi- ceci est définitif? Le gouvernement prendra toutes tion, certaines explications d'entrée en matière les mesures qui s'imposent pour que cette loi en- des préambules, comme le dit mon savant collè- tre en vigueur le 1er janvier 1976; c est la première gue d'Iberville. partie de ma question. La deuxième partie de ma Ceci étant dit, le ministre peut-il nous dire si question: Ai-je bien compris, est-ce que cette poli- les critères d'admissibilité ou les modifications tique concerne uniquement les gens du Bas- qu'on a sollicitées au cours des derniers mois Saint-Laurent et de la Gaspésie et ne concerne pour l'attribution de lettres patentes tiennent pas les gens de la Beauce, de Dorchester, de Bel- compte du fait que la vocation de certains sec- lechasse et de Montmagny-L'Islet? Et si cette poli- teurs a été considérablement modifiée au cours tique ne concerne pas les gens de ces comtés, des dernières années, touchant particulièrement j'aimerais savoir, étant donné qu'il y a des grou- les territoires au sud de Dorchester et de Belle- pements forestiers et même les premiers groupe- chasse qui ont des vocations plutôt forestières, ments forestiers du Québec ont existé dans ces alors que les critères d'attribution des lettres pa- régions, pourquoi l'honorable ministre n'a pas in- tentes tiennent particulièrement compte de la pro- clus ces régions, étant donné que les problèmes duction agricole proprement dite? sont extrêmement nombreux, qu'il y a une grande Le ministre peut-il nous dire si, en janvier quantité de lots sous billets de location, qu'il y a 1976, les modifications qui pourront être appor- de multiples demandes de faites actuellement au- tées dans l'émission des lettres patentes tiendront près des ministères de l'Agriculture et des Terres également compte de ces changements de voca- et Forêts. Je demanderais donc au ministre pour tion des terres qui, antérieurement étaient consa- quelle raison il n'a pas annoncé une politique gé- crées à des fins agricoles et maintenant le seront à nérale plutôt que de se limiter, si c'est le cas, aux des fins forestières? seuls territoires du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. M. Toupin: Je peux m'engager, personnelle- ment, seulement en ce qui concerne les lots sous M. Toupin: A la dernière partie de la question, billet de location, qui ont une vocation forestière. M. le Président, si j'ai répondu en disant que seuls Quant aux lots qui ont une vocation agricole, si les gens du Bas-Saint-Laurent, pour le moment, toutefois ces lots existent, c'est le ministère de pourraient bénéficier de ce programme, c'est l'Agriculture qui devra les déterminer et, par la parce que la question m'a été posée dans le cadre suite, appliquer sa politique vis-à-vis des terres de ma déclaration ministérielle. agricoles. En tant que responsable des Terres et Si nous sortons du cadre de la déclaration Forêts, tous les lots qui sont sous billet de location ministérielle, personnellement, le ministère est et qui ont une vocation forestière, là où se trou- disposé avec le ministère de l'Agriculture à appli- vent des groupements forestiers ou des sociétés quer la même politique partout où il y aura des dont le but consiste précisément à aménager les groupements forestiers ou des organismes du mi- forêts privées, je n'ai aucune objection à ce que la lieu qui sont capables de faire l'aménagement des politique soit étendue et que tous, dans la pro- terrains privés. vince, puissent bénéficier de ce programme. Je n'ai absolument aucune objection à ce que Quant aux terres agricoles, je préférerais que cette politique s'étende dans les plus brefs délais, la question soit posée à mon collègue de l'Agricul- voire même à ce qu'elle s'applique en même ture. temps dans les autres régions du Québec. Quant à la première question, il ne s'agit pas Le Président: Prochaine question, le député d'un "si"; c'est oui, le gouvernement a pris la dé- de Saguenay. La suivante, le député des Iles-de- cision que les lettres patentes seront émises. J'ai la-Madeleine. donné, comme délai possible de mise en applica- tion, le 1er janvier. Transport de l'électricité dans Vaudreuil-Soulanges Le Président: Question additionnelle. Le député de Bellechasse. M. Lessard: Ma question s'adresse encore au premier ministre, dans l'espoir de recevoir une ré- M. Mercier: M. le Président, toujours sur le ponse en ce qui concerne la localisation des li- même sujet, pour nous assurer que le territoire qui gnes de transport d'électricité dans la région de pourrait éventuellement être inclus dans les chan- Vaudreuil-Soulanqes. Au cours des dernières se- 2012 mairies nous avons appris que l'Hydro-Québec M. Goldbloom: ... M. le Président, je pense continuait à exproprier les terrains pour établir ses qu'on peut répondre calmement... lignes de transport d'énergie. Le premier ministre a-t-il l'intention de pren- M. Lessard: Vous êtes toujours calme. dre les mesures nécessaires pour se conformer aux recommandations du comité consultatif de M. Goldbloom:... il y a une préoccupation qui l'environnement qui soumettait un rapport, le 11 est importante dans le choix de chaque tracé, que août dernier, et d'arrêter le processus d'expropria- ce soit d'une ligne de transport d'énergie, d'un tion tel que recommandé? oléoduc ou d'une route, il faut passer quelque part, et en passant quelque part, on va incommo- M. Bourassa: M. le Président, plus tôt, j'ai dit der quelqu'un. Si l'on parle précisément de "à court terme"; je ne vois pas pourquoi je pour- l'Hydro-Québec, je voudrais informer la Chambre rais engager, dans une période de questions, la que je suis allé personnellement rencontrer les di- politique à long terme du gouvernement. Le dé- rigeants de l'Hydro-Québec, et leurs principaux puté n'a pas à s'irriter d'une réponse qui ne nous consultants en écologie vont recevoir une présen- engage pas pour 20 ans. tation, non seulement des alternatives mais aussi Pour sa question actuelle, je crois qu'il en a des raisons derrière le choix qui a été proposé été discuté au comité parlementaire du début de dans un cas. Je m'excuse, je n'ai pas suivi le début juillet — si je me souviens bien, le 4 ou le 5 juillet de la première question du député, je ne suis donc dernier — et je me souviens vaguement des répon- pas certain de quel projet précis il s'agit, mais j'ai ses qui avaient été données par les dirigeants de été en mesure quand même de prendre connais- l'Hydro-Québec, à ce moment-là, sur les implica- sance de l'effort sérieux fait par l'Hydro-Québec, tions financières considérables que cela pouvait pour bien choisir un tracé et arriver a une conclu- comporter pour la société. Je le dis sous toute ré- sion. serve. Le président de l'Hydro-Québec est à aujourd'hui pour un emprunt très important. M. Lessard: M. le Président, pour informer le Dès son retour, je communiquerai avec lui et je ministre, d'abord il s'agit du tracé Vaudreuil- pourrai répondre demain au député. Soulanges qui a été étudié par le comité consulta- tif de l'environnement, comité à l'intérieur du pro- M. Lessard: Le premier ministre pourrait-il jet de loi no 34. Je demande maintenant au minis- s'enquérir si on a l'intention de respecter une ré- tre si comme responsable des Affaires municipa- solution ou une motion que j'avais moi-même pré- les, il a l'intention de forcer Hydro-Québec à res- sentée lors de cette commission parlementaire pecter les conclusions du rapport du comité pour la convocation de la commission parlemen- consultatif de l'environnement concernant, juste- taire des affaires municipales pour étudier les ment, ce trajet spécifique, ou est-ce qu'il a l'inten- conséquences négatives possibles des tracés ac- tion de laisser faire, comme il l'a toujours démon- tuels choisis par l'Hydro-Québec? Entre-temps, tré, comme ministre des Affaires municipales, de- a-t-on l'intention d'arrêter l'expropriation, puisque puis qu'il est là? cela ne sert à rien de convoquer une commission si tout se continue comme si de rien n'était? M. Goldbloom: M. le Président, je remercie le député de Saguenay de sa courtoisie habituelle M. Bourassa: Je me souviens d'une motion et... qui avait été adoptée et d'un amendement qui avait été accepté de la part du député. Je ne vois M. Lessard: La vérité, la vérité. pas pourquoi la motion ne serait pas respectée, mais il faut que je parle aux intéressés tout M. Goldbloom: ... je lui dis simplement qu'il y d'abord, aux dirigeants de l'Hydro-Québec. a des besoins dans une société complexe comme la nôtre qui doivent être respectés. Il y a des choix Le Président: Dernière question additionnelle. à faire et n'en déplaise au député, il faut qu'on prenne à un moment donné, une décision. Il faut M. Lessard: Le premier ministre a-t-il été in- que le gouvernement soit satisfait... formé ou est-il au courant de la réglementation de la Loi sur la qualité de l'environnement, laquelle a M. Lessard: ... décision. Est-ce que cela vous été adoptée par le conseil des ministres du 13 août arrive d'en prendre des décisions? 1975, arrêté en conseil 378975, et qui exige que deux tracés soient présentés pour l'obtention d'un Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, certificat d'autorisation, et qu'une telle façon de s'il vous plaît! procéder n'a pas été suivie par la Société Hydro- Québec? M. Goldbloom: ... des données qui lui sont fournies et dans le cas qui nous concerne, le rap- M. Goldbloom: M. le Président, il faut recon- port d'un conseil consultatif est exactement cela, naître que l'adoption d'un tel règlement est diffici- le rapport d'un conseil consultatif et le gouverne- lement applicable de façon rétroactive des pro- ment n'a pas l'intention d'imposer le rapport d'un jets... conseil consultatif, mais bien de faire respecter ses propres décisions et cela dans l'intérêt du bien M. Lessard: Pourquoi en faire un, alors? commun des Québécois. 2013

Le Président: Le député des Iles-de-la- dier, justement, la liberté de presse au Québec, la Madeleine. propriété actuelle des journaux...

Liberté de la presse M. Hardy: M. le Président... M. Lacroix: M. le Président, ma question M. Lessard: ... et continuer le travail qui avait s'adresse au ministre des Communications. déjà été commencé? Compte tenu de l'existence indiscutable d'une censure absolue de l'information dans les pays to- M. Hardy: ... c'est là un projet que je caresse. talitaires à travers le monde, y a-t-il, à votre connaissance, des moyens d'éviter qu'une situa- M. Lessard: Vous caressez longtemps! tion semblable s'accentue au Québec? M. Hardy: J'espère que le calendrier des tra- Une Voix: Le député a-t-il informé le ministre vaux parlementaires nous permettra de convoquer de sa question? cette commission parlementaire. M. Léger: Question d'opinion. M. Lacroix: II y a du poil à caresser chez les journalistes! M. Lacroix: J'ai voulu être aussi sauvage que vous l'êtes. Le Président: L'honorable député de Maison- neuve. M. Hardy: M. le Président, je pense bien que mon collègue, le député des Iles-de-la-Madeleine, Voyage du premier ministre reconnaîtra que cette situation d'oppression de la en Europe liberté de parole et de liberté de la presse qui existe dans certains pays totalitaires de gauche et M. Burns: J'aimerais savoir si le premier mi- de droite... nistre peut nous expliquer comment il se fait que les informations que l'Opposition sollicitait pas M. Burns: II est quand même honnête. Il est plus tard qu'hier, relativement à son voyage en Eu- quand même honnête. rope et en Iran, ont été livrées dans un communi- qué sous la signature de M. Guy Morin, président M. Morin: II essaie. régional de Québec, alors que toute l'argumenta- tion qui est derrière cette émission télévisée était que c'était dans un but non partisan. M. Hardy: Cela n'existe pas en Amérique du Nord et tout particulièrement ici, au Québec. Tou- Je vous souligne, soit dit en passant, que si tefois, cela ne veut pas dire que la censure c'est cela qu'on essayait de faire passer comme n'existe pas au Québec. Je pense que c'est à cela message, ce n'était peut-être pas prouver à l'en- que le député des Iles-de-la-Madeleine faisait allu- semble de la population que c'étaient des émis- sion. Je pense, malheureusement, que l'on doit sions non partisanes lorsque c'est le président ré- constater qu'il existe des formes de censure vis- gional de Québec qui répond, qui donne les in- à-vis de la presse. Cette censure provient-elle des formations que le premier ministre devait norma- propriétaires, est-ce qu'elle provient des journalis- lement nous donner et qui étaient sollicitées par tes eux-mêmes? Je ne suis pas en mesure de l'éva- l'Opposition hier. Est-ce que le premier ministre a luer. Tout ce que je puis dire en tant que ministre une explication au fait que ce n'est pas lui ou pas des Communications, en tant que citoyen du Qué- un membre de l'Exécutif du gouvernement québé- bec, en tant que membre de ce Parlement, c'est cois qui réponde, mais plutôt le président régional que je crois essentiel que nous ayons une presse, de Québec relativement à ce voyage et surtout re- une presse électronique, une presse écrite, qui in- lativement à son exposé électronique de façon forme très valablement les citoyens. Et pour in- non partisane? former très valablement les citoyens, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, il faut tout dire, le M. Bellemare (Rosemont): Parlez-nous de bien comme le mal, en particulier en ce qui Bruxelles. concerne le gouvernement. J'espère que ceux qui sont responsables des M. Bourassa: Je ne vois pas ce qui empêche moyens d'information sont épris de ce désir et fe- un membre du Parti libéral de donner des infor- ront en sorte d'informer valablement les citoyens mations. Hier, je ne les avais pas. J'ai dit que c'était pour satisfaire le député des Iles-de-la-Madeleine $8,500, cela monte à peu près à cela. C'est $8,437 et pour satisfaire l'ensemble des citoyens du Qué- pour la diffusion dans les journaux et le temps à la bec. télévision; il reste le détail de la projection qui est d'environ $3,000. Vous avez l'annonce dans les M. Lessard: M. le Président, question addi- journaux qui n'est pas une annonce partisane. tionnelle. Dans le même sens, est-ce que le minis- L'ouverture de nouveaux marchés pour le Québec. tre des Communications pourrait nous dire s'il a La photo du chef du gouvernement n'est même l'intention de convoquer la commission parlemen- pas là, même pas son nom, on parle simplement taire qui a déjà été convoquée à ce sujet pour étu- de la tournée du premier ministre outre-mer. On 2014 ne peut pas dire que c'est une annonce qui est M. Bourassa: Ce n est pas le chef du gouver- partisane. nement qui achète les billets. M. Morin: L'émission l'était. M. Burns: Je le sais bien, mais il ne se sou- vient pas s'il était dans la classe touriste ou dans M. Bourassa: L'émission n'est pas partisane. la ciasse économique ou en première classe. Est-ce que le chef de l'Opposition a vu l'émission? M. Bourassa: Le leader n'a pas lu la déclara- M. Morin: J'ai constaté que c'était de la pro- tion que j'ai faite là-dessus. pagande. M. Burns: Peut-être que vous ne vous souve- M. Bourassa: Et il l'a trouvée partisane? nez pas qui a payé pour le film, c est la partie qui peut peut-être coûter le plus cher. M. Morin: Oui. M. Bourassa: Je dis que je donne les informa- M. Léger: II l'a trouvée partisane, certaine- tions... ment. Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. Morin: Voulez-vous qu'on la revoie ensem- ble? On voit que vous ne l'avez pas vue! M. Bourassa: On dirait qu'il n'y a pas de pro- blème au Québec, pour passer une période de M. Bourassa: Est-ce que j'ai attaqué le Parti questions sur un incident comme celui-là. québécois dans l'émission? M. Burns: C'est la dernière question, remar- M. Morin: Indirectement, oui. quez, hein.

M. Bourassa: Oh! Oh! Oh! M. Bourassa: J'ai donné les détails que j'avais aujourd'hui, cela fait $5,437, et on dit que la pro- Des Voix: Ah! Ah! Ah! duction du film a coûté quelque $3,000, ce qui fait $8,500, environ. Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Burns: Le film a coûté $3,500. M. Morin: Voulez-vous que nous la regardions ensemble? M. Lacroix: Ce n'est pas plus cher que la conférence de presse de René Lévesque, ce matin. Le Président: A l'ordre, messieurs! Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Cadieux: II a parlé des chameaux, il a parlé Dernière courte question, le député de Papi- de vous autres. neau. Le Président: Question additionnelle. Usine d'épuration de Gatineau M. Burns: Le premier ministre était bien parti. M. Assad: M. le Président, ma question Pour une fois, il commençait à répondre à une de s'adresse au ministre des Affaires municipales. nos questions. Il était bien parti, il nous donnait Est-ce que le ministre serait en mesure de nous les détails — ce que je lui ai demandé expliquer les retards qu'il y a, à la Communauté hier — concernant ces $8,500. régionale de l'Outaouais, concernant les plans et devis pour l'usine d'épuration à être construite J'ai une question additionnelle, par la suite, dans la nouvelle municipalité de Gatineau? relativement à ces $8,500. M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais M. Bourassa: Diffusion dans les journaux, prendre avis de la question et fournir une réponse. $880; diffusion à la télévision, $3,857; production C'est un projet qui progresse à coups de plusieurs graphique, $700, cela fait $5,437; production T.V. à millions de dollars, il faut d'abord compléter le ré- venir, $3,000. Et il y a eu collaboration de la télévi- seau collecteur pour pouvoir passer à la construc- sion iranienne et de la télévision grecque. tion d'une usine d'épuration. Je ne suis pas au courant de retards significatifs dans cette pro- M. Burns: Est-ce que le premier ministre peut grammation, nous avons, année après année, nous dire combien a coûté la production du film fourni des sommes considérables pour permettre lui-même? Il y a du film dans cette émission, la réalisation des travaux. Donc je prendrai avis de combien cela a-t-il coûté? A moins que le premier la question pour pouvoir donner, d'ici un jour ou ministre nous dise que c'est un don du Shah deux, une réponse plus détaillée et plus précise. d'Iran, comme par exemple, il y a des lignes aé- riennes qui lui font don d'un billet en classe éco- Le Président: Avant de passer aux affaires du nomique, et il ne se souvient pas dans quelle jour, je vais accorder la parole au député de John- classe économique ou dans la classe... son, sur une courte question de privilège. 2015

Question de privilège Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M. Maurice Bellemare M. Burns: Adopté. Mise à jour de dossiers Le Président: Réponse de M. Tetley. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je M. Levesque: Article 8, question de M. Belle- ne voudrais pas faire une tempête dans un verre mare (Johnson), réponse de M. Cournoyer. Pour d'eau, mais je suis indigné de voir les erreurs que M. Cournoyer, lu et répondu, (voir annexe) font certains ministères, et particulièrement le mi- Article 9, question de M. Bellemare (Johnson); nistère des Affaires sociales, qui se réclame tou- je fais motion dans le même sens. jours d'avoir à jour tous ses dossiers et d'être im- peccable dans l'administration de son ministère. Le Président: Cette motion est-elle adoptée? Je ferai remarquer à ce ministre qu'hier j'ai reçu un communiqué, une enveloppe libellée au nom de M. Burns: Adopté. Jean-Claude Boutin, député libéral de Johnson. M. le Président, je voudrais dire au ministre Le Président: Réponse de M. Mailloux. que s'il a récidivé, cela prouve que ses dossiers ne sont pas à jour. La même réflexion — c'est drôle M. Mailloux: Documents déposés. que cela arrive dans la même semaine — la même protestation s'applique aussi à la SAQ, la Société M. Levesque: Article 10, question de M. Sam- des alcools du Québec qui, elle, a eu l'obligeance, son, même motion. par exemple, après avoir souligné le fait à l'atten- tion de M. Pepin, le vice-président, de m'envoyer Le Président: Cette motion est-elle adoptée? un télégramme d'excuses. Donc, j'attends le télé- gramme d'excuses du ministre. M. Burns: Adopté.

Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Levesque: Réponse de M. Bourassa. M. Forget: M. le Président, le député de John- M. Bourassa: Documents déposés. son peut, sur-le-champ, accepter mes excuses, mais j'attirerais son attention sur le fait que cet M. Levesque: Article 11, question de M. Sam- envoi avait été préparé par une régie, et cela té- son, également réponse de M. Bourassa. moigne de la distance qui sépare les régies du processus politique, puisqu'en effet il y a eu un M. Bourassa: Lu et répondu. (voir annexe) retard dans la mise à jour du fichier d'adresses. J'attirerai personnellement l'attention de son M. Levesque: Article 12, question de M. Sam- président sur cette erreur. Je suis peiné de voir son, réponse de M. Drummond. Pour M. Drum- qu'il considère comme un affront une simple er- mond, lu et répondu. (voir annexe) reur. Article 18. Je sais d'ailleurs que la correction a été faite à la main sur l'enveloppe qui lui a été remise. M. Roy: L'article 13? M. Bellemare (Johnson): Si cette erreur était M. Levesque: Un chiffre malchanceux. Article venue du ministre des Transports, je lui aurais 18? pardonné facilement. M. Burns: II va changer de numéro. Le Président: A l'ordre! M. Levesque: Alors, bonne chance. Article 18, question de M. Léger. Je propose que cette ques- M. Burns: N'importe quoi pour un budget de tion soit transformée en motion pour dépôt de do- voirie. cuments. Le Président: A l'ordre, messieurs! Le Président: Cette motion est-elle adoptée?

Affaires du jour. Des Voix: Adopté. Une Voix: Quel bout de chemin voulez-vous? M. Levesque: Réponse de M. Phaneuf. Article 24, question de M. Bellemare (Johnson), réponse Questions inscrites au feuilleton de M. Saint-Pierre. M. Levesque: Voici quelques réponses à des M. Mailloux: Pour M. Saint-Pierre, lu et ré- questions au feuilleton. Article 1, question de M. pondu. (voir annexe) Bellemare (Johnson). Je fais motion pour que cette question soit transformée en motion pour M. Levesque: Article 25, question de M. Roy, dépôt de documents. réponse de M. Mailloux. 2016

M. Mailloux: Lu et répondu. (voir annexe) dans la construction et l'aménagement de certai- nes installations olympiques pour les jeux de la M. Levesque: Article 40, motion de M. Morin, XXIe Olympiade qui doit avoir lieu à Montréal en dépôt de M. Garneau. juillet prochain, il y a urgence en vue de l'adoption Article 50, motion de M. Roy, dépôt de M. du projet de loi no 81, Loi constituant la Régie des Drummond. Pour M. Drummond, documents dé- installations olympiques, et conformément à l'arti- posés. Article 51, motion de M. Lessard, dépôt cle 84, paragraphe 2, du règlement, de suspendre pour M. Simard par M. Houde. l'application de certains articles de notre règle- ment. Le Président: Affaires du jour. Je propose donc que soit suspendue l'applica- tion des articles suivants du règlement: Articles M. Levesque: Alors, M. le Président, nous re- 24, 30, 31, 33, 5e et 8e, 35, 2e, 49, 1e, 57, 68, 77, 78. venons aux motions non annoncées. 79, 83, 87, 88, 115, 134 et 174; Que, nonobstant les dispositions de l'article M. Burns: D'accord. 47, paragraphe 1, du règlement, toutes les séances de l'Assemblée soient publiques; Motion de suspension des Que, de plus, la commission des affaires mu- règles de procédure nicipales fasse rapport au plus tard cinq heures après le début de ses travaux et que les règles M. Levesque: Alors, M. le Président, les Jeux s'appliquant au rapport soient les mêmes que cel- olympiques, comme on le sait, constituent un évé- les s'appliquant au rapport de la commission plé- nement d'une importance majeure pour le Québec nière; et sa population. Il nous faut cependant reconnaî- Que l'Assemblée puisse siéger sans interrup- tre, devant l'ampleur des installations nécessaires tion de dix heures jusqu'à ce qu'elle décide de pour la tenue de ces jeux de la XXIe Olympiade, s'ajourner tous les jours de la semaine, sauf le di- que leur organisation n'est pas toujours chose fa- manche, avec suspension des travaux de treize cile, d'autant plus qu'il est relativement impossible heures à quinze heures et de dix-huit heures à de prévoir l'intervention de nombreux facteurs vingt heures et qu'à toutes ses séances l'ordre des dont l'influence ne peut souvent être évaluée que affaires du jour soit celui qui est prévu pour le plus tard. mardi par les articles 35 et 36 du règlement et ce, A huit mois de ces jeux, nous devons nous jusqu'à l'adoption du projet de loi no 81. rendre compte d'une façon objective que l'échéancier devient de plus en plus serré puisque M. Burns: M. le Président, est-ce qu'on peut les installations olympiques doivent être livrées le avoir une copie de cette motion, s'il vous plaît? 6 juin 1976. Il n'est pas question de remettre en Merci. cause la tenue des Jeux olympiques à Montréal mais plutôt de prendre des mesures visant à s'as- Le Président: Est-ce que vous avez terminé surer que ces jeux auront lieu à la date prévue. votre intervention sur cette motion? Le facteur temps devient donc de plus en plus important et il est urgent de mettre en application M. Levesque: Y aurait-il quelque chose que les mesures préconisées par le gouvernement à dans votre esprit, M. le Président, j'aurais oublié? l'intérieur du projet de loi no 81, Loi constituant la Ou est-ce que vous étiez tellement intéressé par Régie des installations olympiques, projet de loi mon discours que vous voudriez que je le pro- qui a été distribué aux membres de cette Chambre longe? hier. Il est en effet primordial que la régie créée par Le Président: Vous pouvez l'interpréter à vo- ledit projet de loi puisse se mettre au travail le plus tre désir. tôt possible. On comprendra que dès l'annonce du projet de loi... M. Levesque: Alors, M. le Président, j'accepte que j'aie fait. Le Président: Un peu de silence, messieurs! M. Marcel Léger M. Levesque:... on doit rassurer la population sur l'autorité qui sera appelée à prendre les déci- M. Léger: M. le Président, le ministre des Af- sions dans un avenir immédiat. Les membres de faires municipales avait dit, lors d'une commission cette Assemblée conviendront facilement qu'il faut parlementaire des affaires municipales... procéder dans les meilleurs délais à l'adoption de ce projet de loi et, pour ce faire, il est sans aucun M. Levesque: M. le Président, si vous me le doute opportun de suspendre l'application de cer- permettez, je crois avoir un droit de réplique et tains articles de notre règlement. j'aimerais que cette prériode me soit consacrée, En conséquence, M. le Président, je propose même si je devais décliner votre invitation à ce sans plus de délai une motion d'urgence que les moment-là. circonstances et l'importance de la question justi- fient amplement. M. Léger: Est-ce que le leader du gouverne- Vu l'échéancier très rigoureux à respecter ment a terminé? 2017

M. Levesque: Pour le moment. et les espoirs de tous les Québécois; les Québé- cois sont contre les gens qui ont été irresponsa- bles, autant au niveau gouvernemental, municipal, M. Léger: M. le Président, le ministre des Af- que provincial ou fédéral. faires municipales avait déjà dit la phrase célèbre, On veut aujourd'hui ne pas donner la chance il y a un an et demi, à l'occasion d'une commis- aux Québécois d'avoir les éclaircissements voulus, sion parlementaire: Dans le dossier olympique, il les chiffres voulus, les renseignements nécessai- est temps qu'on agisse en homme d'affaires. res; on veut passer cela en douce. On veut conti- M. le Président, l'attitude d'un homme d'affai- nuer, en mettant de côté les procédures normales res, dans le dossier olympique, c'est de prendre le de la Chambre, à faire des cachettes. On veut pas que nous avons pris jusqu'à maintenant et évi- continuer d'empêcher les Québécois de connaître ter l'improvisation et la folie des grandeurs, en le fond du dossier olympique. On veut continuer la même temps. discrétion, la camouflage, on veut encore agir Nous avons demandé au gouvernement de comme des irresponsables. Le gouvernement est- présenter, depuis dix mois, ce projet de loi pour il plus responsable que celui de Montréal, lorsqu'il lequel on veut suspendre les règles normales de veut régler, en deça de cinq heures d'une procédure du Parlement. Au départ, le gouverne- commission parlementaire, un projet qui coûtera ment devait bien savoir que nous n'étions pas $1 milliard, dont le déficit minimum est de $638 pour faire un "filibuster" ni prendre des délais inu- millions, déficit que nous connaissons actuelle- tiles, étant donné l'importance et l'urgence de la ment et qui pourrait changer vers le haut si nous situation. avions d'autres personnes compétentes qui vien- Mais une attitude d'homme d'affaires devant draient nous donner des renseignements qui une situation comme celle-ci exige que nous étu- manquent même au ministre, ici présent, même au diions en profondeur les gestes que nous allons premier ministre, ici présent, et spécialement aux poser et que nous connaissions d'avance quels députés de l'Opposition. sont les objectifs qu'on veut atteindre. Quel est le dossier précis dont va hériter cette régie? Quelles Nous avons demandé, hier, que la commis- sont les personnes directement concernées? Et, sion parlementaire siège avant la deuxième lec- quelles sont les conséquences du geste que nous ture, de façon non pas à retarder les travaux de la allons poser? Chambre, mais de façon que des personnes direc- M. le Président, est-ce qu'il est normal que tement impliquées dans le dossier soient capables l'on suspende les règles habituelles de l'Assem- de venir répondre à nos questions, aux questions blée nationale pour se hâter à peut-être faire des que toute la population du Québec se pose actuel- erreurs qu'on regrettera plus tard? Cette loi n'aura lement, avant que l'on adopte le principe même de pas été vue dans son ensemble; on n'aura pas en- la loi. Ce n'est pas le premier ministre qui nous tendu ceux qui pourraient nous éclairer pour évi- répondra à des questions précises concernant le ter que le gouvernement et le Parlement répètent dossier et l'héritage que recevra la régie que nous des erreurs qui ont déjà eu lieu. allons créer, la Régie des installations olympiques. Ce n'est pas uniquement le ministre, qui est au M. le Président, le gouvernement savait fort courant de certains chiffres mais qui n'est pas bien, puisque cela fait dix mois que nous lui avons technicien, qui nous donnera les réponses néces- proposé un projet de loi semblable, que nous saires pour connaître la valeur de la décision que n'étions pas pour nous opposer sur le principe et nous prendrons. Les $600 millions de déficit, qui encore moins faire perdre le temps de la Chambre est une des causes majeures pour lesquelles la loi sur des détails secondaires. est amenée et pour lesquelles nous voulons éviter Cependant, ce projet de loi a l'objectif bien que ce déficit soit attient, nous voulons le dimi- précis de diminuer les déficits, de s'assurer de nuer par cette loi. l'échéancier. Il veut trouver les moyens de réaliser les objectifs que nous puissions obtenir avec les A-t-on pensé aux conséquences que cette loi Jeux olympiques, les objectifs que nous nous aura chez d'autres citoyens, c'est-à-dire les ci- étions fixés il y a près de cinq ans. toyens de Montréal? Sans aller au fond du sujet, et Il est impensable que les Québécois ne soient pour prouver jusqu'à quel point il est irresponsa- pas informés en profondeur de la situation du ble de vouloir mettre de côté les règlements de la dossier olympique. Il est essentiel de mobiliser Chambre, il est impensable que des gens de Mon- tous les Québécois derrière les Jeux olympiques. tréal ne soient pas présents ici, aujourd'hui, pour Et, s'il y a eu tant de critiques contre les Jeux répondre à certaines questions. Sans entrer à l'in- olympiques, ce n'est pas parce qu'une majorité de térieur du projet et pour prouver qu'on ne doit pas Québécois sont contre les Jeux olympiques, mais mettre de côté les règlements de la Chambre, le parce qu'une majorité de Québécois sont contre la fait qu'il y a une loi présentée aujourd'hui enlève à discrétion qui a entouré les Jeux olympiques; sont la ville de Montréal certaines responsabilités, mais contre les cachettes qui ont entouré les Jeux lui enlève aussi des revenus, et on lui laisse d'au- olympiques; sont contre les mensonges qui ont tres responsabilités. Quelles sont les conséquen- entouré les déclarations faites par les différentes ces de cela, M. le Président? personnes responsables des Jeux olympiques. Il est essentiel qu'on ne vote pas cette loi à la Les Québécois sont contre le camouflage, ils vapeur à l'occasion d'un rejet des règlements ha- sont contre la dictature dans une organisation bituels de la Chambre. Il y a là des conséquences aussi importante, qui devrait utiliser les énergies pour la ville de Montréal. Ce n'est pas durant les 2018 cinq heures d'une commission parlementaire que rive comme un pompier, après que le feu est qua- nous pourrons connaître toutes les conséquences siment éteint. Il va préparer un projet de loi qui. de ce projet de loi sur les déficits et sur les diffi- s'il n'est pas étudié à fond, peut peut-être ranimer cultés financières que ce projet de loi peut appor- le feu, M. le Président. Un pompier qui arrive alors ter aux responsables de la ville de Montréal. que les dégâts sont faits et qui auraient pu être Il est vrai qu'il est urgent que le gouvernement évités. Aujourd'hui il ne veut même pas préparer prenne sa décision sur le contrôle du dossier ses outils d'une façon sérieuse, pour empêcher olympique et spécialement du Parc olympique. que la braise qui mijote dans le problème olympi- C'était urgent il y a dix mois, mais le gouverne- que reprenne dans ce projet de loi, il est essentiel ment, à notre proposition, riait à gorge déployée; qu'on connaisse jusqu'à quel point il y a des ob- le premier ministre était tordu en deux lorsque jets ou des articles qu'il faut ajouter de façon que nous lui avons proposé de prendre le dossier en la régie ait les pouvoirs pour éviter de répéter les main, il en riait... erreurs que la ville de Montréal a faites. Le gouvernement veut enlever les règles M. Bourassa: Je n'étais même pas là. parlementaires pour se donner l'impression d'être un sauveur. Je pense qu'il arrive trop tard pour M. Léger: Nous le lui avons dit, à ce moment- être le sauveur. Mais il arrive encore à temps pour là, le déficit possible. Nous lui avions dit que diminuer le déficit olympique et pour s'assu- c'était urgent. Ce ne l'était pas? rer — mais grâce à l'Opposition et avec l'Opposi- Nous lui en avons parlé encore, à la commis- tion — que les Jeux olympiques aient lieu à temps. sion parlementaire de juillet, et encore là, ce Et pour mobiliser tous les Québécois, il est essen- n'était pas nécessaire, on prenait la parole de M. tiel que le dossier soit clair, que les gens du Qué- Drapeau, on prenait la parole des responsables de bec soient au courant, qu'ils soient informés de Montréal mais on n'avait pas les chiffres voulus quoi a peur le gouvernement: d'une journée ou pour être capable d'évaluer tout cela. Malgré cela, deux de plus pour adopter cette loi. depuis dix jours, nous harcelons le gouvernement Une attitude d'homme d'affaires, ce n'est pas pour qu'il prenne sa décision. Mais il a pris quand de l'improvisation. Si le Parlement a des règle- même dix jours à se décider. ments normaux de fonctionnement, il est normal Nous, de l'Opposition, avons toujours empê- qu'on les suive. C'est simplement pour se donner ché le gouvernement de s'effondrer devant M. une image de quelqu'un qui est fort et qui tape Drapeau, nous avons continuellement poussé le très fort du pied en disant: On va le régler le pro- gouvernement à poser des questions a M. Dra- blème, on va mettre cela plus dramatique en enle- peau, obligé le maire de Montréal à répondre à vant, les règles de la Chambre. des questions dont le gouvernement lui-même M. le Président, s'il faut restaurer la confiance n'était pas au courant, malgré qu'il fût présent via des Québécois dans notre capacité de remplir no- son représentant officiel, M. Paul Desrochers, et tre mandat olympique, ce n'est pas en mettant de via le ministre responsable du dossier. Malgré côté les règles normales de la procédure parle- cela, nous l'avons appuyé. Mais ce n'était pas ur- mentaire qu'on va régler le problème. Il y a les gent. Aujourd'hui, alors qu'on s'apprête à régler conséquences. Le dossier olympique a changé un problème de $1 milliard, on veut régler cela beaucoup, depuis deux ans, et nous allons nous dans une journée, une journée et demie à peine, prononcer en disant: II faut une régie, on prend cinq heures, au maximum, de commission parle- cela en main. Qu'est-ce que la régie va prendre en mentaire. M. le Président... main? Dans quel état est le dossier? Est-ce que les revenus sont au même niveau qu'on prévoyait en M. Bourassa: Trois jours. juillet? Ils ont changé trois fois le niveau des reve- nus. Est-ce que les dépenses sont réellement au M. Léger: ... calculez combien d'heures il niveau que nous annonçait le ministre responsa- nous reste. On a besoin, M. le Président, des chif- ble du dossier? Est-ce qu'il n'y a pas eu, depuis ce fres, on a besoin des personnes, on a besoin des temps, des changements? spécialistes pour nous éclairer et nous dire quel Depuis que le CCJO, qui avait les pouvoirs est l'état du dossier. Il ne faut pas que le gouver- voulus pour faire' le travail, a apporté ses chiffres nement du Québec, avec sa régie, parte en peur et s'est aperçu qu'il n'avait pas les mêmes chiffres dans la mauvaise direction et fasse les mêmes er- que la ville de Montréal, est-ce qu'il n'y aurait pas reurs que la ville de Montréal a faites. C'est pour encore une différence entre les chiffres que le cela que nous allons voter contre cette motion de CCJO possède et les chiffres de la ville de Mon- rejet des règles parlementaires. Nous aurions pu tréal? Est-ce qu'il ne serait pas normal que les adopter cette loi en deux ou trois jours, mais selon gens de Montréal soient présents pour répondre les formes habituelles. aux questions? Cela devient une manie du gouvernement de Pour quelles raisons suspendre toutes les rè- mettre de côté toutes les règles normales de la gles de la Chambre alors que ce dossier est celui procédure parlementaire pour passer des projets qui concerne le plus les Québécois? Déjà, les de loi. Pourquoi? Pour l'objectif premier du pre- Québécois se sont exprimés dans un sondage et mier ministre qui est celui de l'image, pour dire on sait jusqu'à quel point le premier ministre af- aux Québécois: Je prends le dossier en main, je fectionne les sondages. Il les suit régulièrement, suis le sauveur. Le sauveur de quoi? Celui qui ar- les sondages hebdomadaires, mensuels et parfois 2019 quotidiens, dépendant des événements. Il sait fort prouver que les règles normales de la Chambre bien que les trois quarts des Québécois désirent soient suspendus. Nous allons voter contre cette que le premier ministre aille chercher son argent motion, parce que, selon ce que disait, d'une fa- québécois au fédéral, parce que c'est notre argent çon ferme, le ministre des Affaires municipales, il qui est au fédéral. Le premier ministre sait cela faut avoir une attitude d'hommes d'affaires. Un fort bien, mais il n'ose pas. Il a peur de recevoir un homme d'affaires n'improvise pas un projet de loi refus de son chef à Ottawa; il a peur d'y aller. de $1 milliard en l'espace d'une journée. On aurait besoin de savoir les conséquences de ce projet de loi. La proportion de responsabili- Le Vice-Président (M. Blank): Le député de tés que la régie va prendre lui donne les revenus, Johnson. mais aussi les déficits. Est-ce que le gouverne- ment est prêt à les prendre à sa charge unique- M. Robert Bourassa ment? Est-ce qu'il ne serait pas important de sa- voir jusqu'à quel point ce dossier est différent de M. Bourassa: M. le Président, si on me le celui qu'on a vu en juillet? Au départ, $310 mil- permet, je voudrais juste souligner un point. Je lions étaient présentés par M. Drapeau, puis $600 dois m'absenter. J'ai écouté patiemment le député millions présentés en janvier, puis $730 millions de Lafontaine. Cela prenait assez de patience, présentés en juillet jusqu'à $1,033 millions présen- mais on va avoir l'occasion de démolir ses affirma- tés aujourd'hui. Est-ce qu'il n'est pas normal, tions dans le débat de deuxième lecture. Je veux avant d'adopter à la vapeur un tel projet de loi, simplement signaler un point. que dans une procédure normale de deux ou trois Nous avons essayé d'obtenir la collaboration jours, on ait avec nous les témoins capables de de l'Opposition, nous l'avons eue du député de nous renseigner sur l'ensemble du dossier? Johnson, pour enlever la journée de mercredi et Il y a des conséquences graves là-dessus. Qui éviter cette demande de suspension des règles. sera responsable des dépenses déjà encourues Mais l'Opposition officielle n'a pas voulu collabo- par Montréal et que la régie ne prend pas à sa rer, c'est son droit, que je respecte, et a insisté charge? En enlevant à Montréal les revenus pour pour garder la journée du mercredi. C'est normal, remplacer cela, est-ce qu'on va régler ce pro- ce n'est pas à moi de la blâmer là-dessus. blème? Montréal va voir ses revenus diminués, ses projets de métro retardés, ses projets d'usine M. Morin: Nous ne voulons pas d'improvisa- d'épuration des eaux retardés; toutes ces choses- tion. là, il faut les connaître. Il y a des implications à ce projet de loi et on refuse de les discuter normale- M. Bourassa: D'accord. Mais vous avez quand ment. même refusé alors que le député de Johnson, qui Le premier ministre veut de l'information au- a eu, lui aussi, à assumer la responsabilité du pou- près de la population, mais, quand il y a des in- voir avec Expo 67, était prêt. C'était sa motion à formations qui sentent sur, et non pas de la cen- lui; donc il était d'autant plus intéressé à ce que la sure, celles-là, il veut les passer vite, dans une journée se tienne, mais il a été... journée, parce qu'en deux ou trois jours il se pour- rait que des renseignements nouveaux nous amè- M. Morin: C'est une question de principe. nent à conclure que le gouvernement est beau- coup plus coupable qu'il ne le laisse voir quant à M. Bourassa: Une question de principe avec la proportion du déficit que nous avons devant un peu de partisanerie. nous. M. Morin: Nous sommes prêts à discuter de Le premier ministre, qui veut que la popula- votre projet. tion soit bien renseignée, ne veut pas que la popu- lation en parle trop longtemps. Il ne veut que M. Bourassa: Mais le sens des responsabili- l'image de celui qui va prendre en main la destinée tés, c'est le député de Johnson qui en a fait preuve du Parc olympique. Mais les conséquences de là-dessus. Devant le refus de l'Opposition nous cela? Quel est le dossier? Quelle est la responsabi- avons décidé de suspendre les règles, pour plu- lité du gouvernement derrière cela? Des témoins sieurs raisons. Mais la principale, c'est que quel pourraient venir nous donner des renseignements que soit le moment où la loi aurait été déposée, du là-dessus, mais il ne les désire pas. Je pense qu'on moment que le gouvernement décide d'agir — il y vient de déterminer que ce projet de loi est impor- a toute la question de l'autonomie municipale; la tant, qu'il est urgent, qu'il a l'appui même de l'Op- ville de Montréal, c'est quand même la métropole position. Il est absolument impensable qu'un gou- du Canada... vernement continue à présenter des motions d'ur- gence pour mettre de côté les règles de procédure M. Morin: II faut prendre le temps de discuter de la Chambre uniquement pour se donner une du projet. bonne conscience, une bonne image et empêcher la population d'être renseignée. M. Bourassa: Du moment que le gouverne- Les citoyens du Québec ont le droit de savoir ment a décidé et a annoncé publiquement son in- jusqu'à quel point le dossier olympique est mal en tention d'agir, il y avait un vacuum de décision, un point et quelles sont les conséquences du projet vacuum dans l'administration actuelle, parce que de loi no 81. Il est impensable pour nous d'ap- la ville... 2020

M. Morin: II y existe depuis deux ans, le va- M. le Président, voici une loi qui est très im- cuum! portante, une loi qui va avoir des répercussions extrêmement difficiles, dans le présent et aussi M. Bourassa: M. le Président, les reproches à dans l'avenir. La loi qu'on apporte aujourd'hui, ce la ville de Montréal, vous pourrez les faire dans le n'est pas seulement une loi pour le fonctionnement débat de la deuxième lecture, on vous répondra. de la régie durant la préparation des jeux et pen- Pour ce qui a trait à la suspension des rè- dant les jeux, mais aussi après. Elle va assumer gles — c'est l'objet du débat — depuis que le gou- une responsabilité extraordinaire de liquidation et vernement a annoncé sa décision, il y a un va- différentes choses qui sont prévues dans la loi. cuum, actuellement, il y a des problèmes sérieux, Mais, M. le Président, pensez-vous que c'est notamment, dans les relations de travail. C'est no- logique, d'abord, d'imposer un bâillon jusqu'à tre responsabilité. Si l'Opposition nous avait l'épuisement total des troupes? Vous allez siéger donné la garantie formelle que, vendredi, la loi au- jusqu'à ce que tout le monde s'éteigne. Je trouve rait été adoptée, nous n'aurions pas demandé la cela épouvantable, après avoir entendu de mes suspension des règles. Mais tout le monde va oreilles en 1958 l'honorable leader du gouverne- comprendre que, ayant annoncé sa décision d'in- ment protester contre une motion semblable. tervenir, le gouvernement doit faire adopter son C'était effrayant, c'était de la dictature. projet de loi, pour mettre fin à ce vacuum et pour Je dis qu'un projet de loi ne peut pas s'étudier permettre aux commissaires et aux dirigeants de dans cinq heures. C'est impossible, celui-là parti- la régie de commencer immédiatement leur travail. culièrement. Il y a trop d'implications. Remarquez C'est la raison principale. Si on avait pu s'entendre que cinq heures, cela finit ce soir. Si le gouverne- pour l'adoption vendredi, je crois qu'il n'y aurait ment le veut, cinq heures, cela finit ce soir. Cela va pas eu de suspension de séance. Mais nous aller jusqu'à l'épuisement total des troupes. Mais n'avons pas pu nous entendre. L'Opposition a oui, c'est ce qui est dit. Ce soir, la loi sera adop- voulu maintenir — je respecte son droit — la jour- tée, cela n'a pas de bon sens, puisque vous avez née de mercredi, c'est son droit. Mais nous, nous osé mettre, pour la première fois dans une motion devons prendre les moyens pour assumer nos comme celle-là que la commission parlementaire responsabilités vis-à-vis d'un projet exceptionnel- des affaires municipales pourra siéger ainsi que la lement important. Chambre jusqu'à l'épuisement total de nos forces et ensuite la commission parlementaire pour en- Le Vice-Président (M. Blank): Le député de tendre les témoins. Johnson. Cinq heures, M. le Président, pour un projet de loi aussi important pour la nation québécoise. M. Maurice Bellemare Je pense que le leader nous a donné un délai qui est trop court. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais simplement parler quelques minutes sur M. Levesque: M. le Président, j'invoque le rè- la motion qui est devant nous pour la suspension glement. Je crois que la motion a droit d'être in- des articles, tel qu'il est mentionné dans la motion terprétée, mais pas de la façon dont le fait le chef qui a été présentée par le leader de cette Cham- de l'. Les cinq heures dont il est bre. question ne sont que la période en commission, Je veux faire remarquer que, le sujet étant devrais-je dire, parce que les heures qui peuvent d'une importance capitale, il y a dans cette motion être employées en deuxième lecture et la période quelque chose qui sonne faux. Je l'ai retrouvé en troisième lecture qui suit ne sont pas compri- dans une motion presque similaire adoptée dans ses dans les cinq heures dont parle le député de cette Chambre, le 26 septembre 1975; c'est la ré- Johnson. Cela pourrait être compris comme cela plique presque textuelle, sauf certains articles qui pour quelqu'un qui lirait le député de Johnson ont été biffés et d'autres qui ont été rajoutés. hors contexte; cela pourrait peut-être laisser cette Je remarque ce bâillon qu'on veut imposer à impression. l'Assemblée nationale dans la discussion d'un pro- jet aussi important, en disant: Vous allez siéger Au contraire, il y a dans toute étude d'un pro- jusqu'à l'épuisement, et j'entends les cris que fai- jet de loi, comme nous le savons, diverses étapes saient dans le temps le leader du gouvernement dans la procédure avant son adoption, Je dirai d'aujourd'hui, quand on a eu le malheur, en 1948, également, pour rafraîchir la mémoire du député d'apporter une motion comme celle-là. que nous savons que nous n'adopterons pas cet après-midi autre chose que la motion de suspen- sion des règles et que cela prendra certainement M. Cadieux: En 1958. la soirée pour le discours en deuxième lecture. M. Bellemare (Johnson): Oui, en 1958; j'en- Même si la motion mentionne que nous n'ajourne- tends les cris de protestation qu'avait, à ce rons qu'à bon plaisir, il n'est pas question, il ne moment-là, lancés, le leader du gouvernement. faudrait pas nous prêter d'intention de passer la C'était de la dictature que d'imposer: Jusqu'à ce nuit ici; il ne faudrait pas penser cela. que décide de s'ajourner la Chambre. Cela ne s'était jamais vu dans aucun pays au monde cette M. Bellemare (Johnson): M. le Président, cela dictature épouvantable qu'imposait le gouverne- ne sont que des intentions, de bons voeux pieux. ment devant les faits. L'enfer est pavé de cela, surtout quand cela vient 2021 du leader de l'autre côté. Je me méfie énormément de Québec? Voyez-vous quel serait le jugement de cela. que les autres provinces qui nous entourent porte- raient sur nous? Une Voix: Vous y êtes déjà allé? Je comprends que c'est une question d'ur- gence, et j'ai cédé de bonne grâce ma motion du M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, je suis déjà mercredi quand on m'a demandé si je voulais ac- allé de ce côté. Je sais, j'ai déjà joué le rôle de cepter qu'on présente le bill 81. Mais, M. le Prési- leader et je sais ce que c'est. Alors, on dit tou- dent, le consentement que j'ai donné n'efface pas jours, M. le Président: Vous nous connaissez si que, dans cela, il y a des conditions extrêmement bien, on n'est pas malsain, on n'est pas méchant, difficiles à accepter. Par exemple, si on avait mis faites-nous confiance, mais on a bien raison quel- des heures raisonnables et dit qu'à minuit la ques fois de ne pas faire confiance. Chambre devait suspendre ses travaux. Si le gou- vernement le veut, ce soir la deuxième lecture va M. Harvey (Jonquière): M. le Président. être faite. Demain, à dix heures, la convocation de la commission parlementaire des affaires munici- M. Bellemare (Johnson): Je pense aussi pales, cinq heures. Demain soir, c'est terminé. qu'une question aussi importante demanderait le Cela veut dire que le jeu entre les heures qui nous quorum, parce que je fais un bon discours là. Cela restent est fort limité. devrait être entendu, surtout sur une question Je sais, M. le Président, qu'en deuxième lec- aussi importante pour les gens de Montréal. Il y en ture, tous les députés de la ville de Montréal vont a un ou deux de Montréal seulement dans la salle. vouloir exprimer leur avis. Ce sera le temps pour eux de le dire, eux qui ont vécu particulièrement M. Burns: Six. dans la ville de Montréal et qui voient $1 milliard de dette suspendu sur leur tête pour une année M. Bellemare (Johnson): Où sont les autres? seulement d'opération financière de la ville de Montréal. Un milliard de dette. Là cela va être le Le Président: Six. temps, pour les députés libéraux, de se lever et de donner leur opinion quant à cette dette formidable M. Bellemare (Johnson): Ah! mais vous, vous qui va engloutir tout le crédit de la ville de Mont- ne comptez pas. réal pour la réalisation de quinze jours de jeux. Mais où sont les gens de Montréal? Ce serait M. le Président, je voterai contre la motion et important. je serai sûrement, au point de vue de la logique et du bon sens, raisonnable avec la position que je Le Vice-Président (M. Blank): Qu'on appelle prends. les députés! Le Vice-Président (M. Blank): Le député de Le Président: Qu'on appelle les députés de Saguenay. Montréal... M. Lucien Lessard Le Vice-Président (M. Blank): II y a quorum. Le député de Johnson. M. Lessard: M. le Président, je suis quand même surpris aujourd'hui qu'on vienne nous de- M. Bellemare (Johnson): M. le Président, mander de faire preuve de responsabilité et d'ac- comme mon temps est fort limité et que j'aurai à cepter sans autre discussion la motion qui nous revenir en deuxième lecture cette nuit, vers deux est présentée par le leader parlementaire du gou- heures trente ou trois heures du matin, je suis as- vernement. suré que... M. le Président, ce n'est pas la première fois, depuis 1970, que nous avons à étudier un projet Une Voix: II n'y aura pas quorum! de loi d'une telle importance, mais sous le condi- tionnement des mesures d'urgence ou des mesu- M. Bellemare (Johnson): II n'y aura pas de res de guerre, si vous préférez, de la part du gou- quorum là, M. le Président! Mais je voudrais sim- vernement. plement signaler, M. le Président, qu'une loi aussi Nous sommes en train de nous demander, importante devrait être particulièrement étudiée comme député de l'Opposition — et je pense que dans un climat extrêmement serein, dans un cli- les députés au pouvoir devraient aussi se poser la mat où les partis politiques ne s'entrechoqueront même question — ce que cela représente des rè- pas pour ne pas causer plus de dommages à ce glements. qui existe présentement. Qu'est-ce que ce petit volume-là vaut? Pour- Le gouvernement a sûrement retardé trop quoi le code Lavoie, comme on l'a appelé, a-t-il été longtemps — je dirai dans mon intervention en accepté, M. le Président? A-t-il été accepté pour deuxième lecture pourquoi — de se saisir de ce déterminer des modalités d'études de projets de dossier, ce dossier qui est capital pour la ville de loi mineurs, de projets de loi insignifiants, de pro- Montréal mais aussi pour la nation québécoise. jets de loi qui ne sont pas importants? Pourquoi Voyez-vous, demain matin, le fiasco monumental a-t-on accepté l'article 115 de ce règlement, qui dit de la perte des Jeux olympiques pour la province que: "Les étapes de la discussion d'un projet de 2022 loi ont lieu à des séances différentes, sauf que la loi dont l'évaluation est de $1 milliard. Ce n'est pas deuxième lecture et l'étude en commission élue important $1 milliard pour les députés! Ce n'est ou plénière peuvent avoir lieu au cours de la pas important $1 milliard pour les membres de même séance"? cette Assemblée nationale! On peut accepter un Pourquoi avons-nous mis cette réglementa- tel projet à la vapeur, parce que, de toute façon, ça tion, sinon pour permettre aux députés de réflé- va être les cochons de payants qui vont payer. chir avant d'agir; sinon pour permettre aux dépu- Ce ne sera pas seulement les gens de Mont- tés, lorsqu'ils ont à étudier un projet de loi d'une réal ou ceux d'une région, ce sera l'ensemble des importance primordiale, de pouvoir analyser le pro- Québécois qui seront obligés de se serrer la cein- jet de loi en profondeur, de pouvoir analyser le ture pour l'inconscience et l'irresponsabilité de ce projet de loi selon tous ses volets, de pouvoir ana- gouvernement. Il me semble, au moins, que l'on lyser le projet de loi selon ses éléments positifs et devrait analyser ce projet de loi avec tout le temps ses éléments négatifs? nécessaire, que nous devrions prendre toutes les Il me semble, que, si nous avons accepté cette précautions nécessaires, que nous devrions le réglementation... Je vois le député de Louis- faire en respectant l'intégralité de notre règlement. Hébert, de l'autre côté de cette Chambre, qui a eu, Ce serait cela, agir en hommes responsables, en à plusieurs reprises, à m'informer du code Morin députés responsables. Or, dans cette Chambre, on lorsqu'il était conseiller juridique de la Fédération n'a pas fait preuve de beaucoup de responsabilité des jeunes chambres du Canada français... depuis 1970. Je vous rappellerais, M. le Président — cela M. Desjardins: Mauvais élève! est important pour en arriver à voter positivement ou négativement sur cette motion — certains faits M. Lessard: ... et qui insistait sur la nécessité que vous connaissez d'ailleurs. C'est en 1970 qu'il de respecter ce code, d'autant plus lorsqu'il a été décidé que l'on tiendrait les Jeux olympiques s'agissait d'une question importante. Que dit-il au- à Montréal. Je dis bien en 1970. Même avant les jourd'hui, ce député de Louis-Hébert? élections de 1973, les députés du Parti québécois M. le Président, je constate qu'il n'y a pas ont demandé à plusieurs reprises la convocation quorum... d'une commission parlementaire pour étudier l'ensemble des problèmes que causaient ou que M. Desjardins: Mauvais élève! pouvaient causer les installations olympiques. Ce n'était pas n'importe quel député qui le deman- M. Lessard:... pour discuter d'un projet de loi dait, car on sait que, lorsqu'il veut avoir quelque de $1 milliard. chose, il est achalant, le député de Lafontaine. A maintes et maintes reprises, le député de Lafon- M. Desjardins: Mauvais élève! taine s'est levé en Chambre et a demandé des comptes au gouvernement, au premier ministre. Le Président suppléant (M. Gratton): Qu'on Vous vous souvenez des réactions des députés li- rappelle les députés. béraux? C'était un chahut, ce n'était pas impor- A l'ordre, messieurs! tant, les Jeux olympiques allaient bien! L'honorable député de Saguenay. Vous vous souviendrez aussi, M. le Président, du patinage du premier ministre chaque fois que M. Hardy: M. le Président, le député de Sa- nous avons soulevé ces questions. Pas de pro- guenay me permet-il une question? Est-ce que le blème! Aujourd'hui, on vient en appeler à notre député de Louis-Hébert, lorsqu'il vous enseignait responsabilité? On vient nous dire qu'on n'a plus le code Morin, vous a expliqué également que le choix, que l'on va discuter d'un projet de loi de toute assemblée était souveraine et avait le pou- $1 milliard, qui touche à la fois les gens des Iles- voir de mettre de côté le code Morin? de-la-Madeleine comme ceux de la Côte-Nord? On pourrait en donner du lait aux gens des Iles-de- M. Lessard: Oui, M. le Président, nous savons la-Madeleine avec ce montant. tout cela. Ce n'est pas le ministre de l'excommu- nication qui va nous l'apprendre aujourd'hui. M. Lacroix: On va donner la vache complète. Mais, M. le Président, le député de Louis- Hébert nous disait, justement, qu'il s'agissait de M. Lessard: On pourrait en faire, des autorou- procédures fort irrégulières qu'il ne fallait pas gé- tes sur la Côte-Nord, avec ce montant, comme néraliser. Autrement, cela revenait tout simple- dans la région du Lac-Saint-Jean ou ailleurs. ment à dire que le règlement était fait pour des On vient nous demander de discuter un projet choses peu importantes et qu'on ne l'utilisait pas de loi de $1 milliard en l'espace de quelques heu- quand il s'agissait de choses fort importantes. res? Je comprendrais, si l'on discutait de l'achat Or, je pense que le règlement est justement d'une bicyclette, que l'on pourrait accepter cela fait pour être utilisé lorsqu'il s'agit de choses im- bien facilement. Mais là, c'est chacun des Québé- portantes ou, du moins, lorsqu'il s'agit de choses cois dans vos circonscriptions qui auront à dé- qui sont primordiales. Aujourd'hui, on nous de- frayer pour ce projet de loi. Il faudrait prendre nos mande, comme députés de l'Opposition, de passer responsabilités et aller au fond des choses; es- outre à plusieurs règlements prévus en vertu du sayer de savoir comment on peut réduire, de façon code Lavoie et d'adopter à la vapeur un projet de au moins importante, ce déficit. 2023

Or, nous ne sommes pas prêts à donner n'im- rien fait. Ce n'est donc qu'en janvier 1975 qu'on a porte quels pouvoirs non plus à la régie, car vous réussi à obtenir une commission parlementaire. aviez un comité de surveillance des prix des instal- On sait comment M. Drapeau avait tout manigancé lations olympiques et qu'avez-vous fait? Qu'est-ce son affaire avec le premier ministre, M. Bourassa, que le premier ministre a fait? Qu'est-ce que les sur les plaines d'Abraham, pendant que M. Gold- responsables libéraux ont fait? Rien. Oui, M. le bloom se préparait à recevoir ou à affronter M. Président, je suis toujours sur la motion. Drapeau. On sait ce que cela a donné, M. le Prési- On se souvient aussi que ce n'est qu'en jan- dent. Tout souriant, encore une fois, le ministre vier 1975 que le gouvernement a accepté, après des Affaires municipales, qui n'a jamais été capa- bien des pressions de l'Opposition, de convoquer ble de prendre une décision depuis qu'il est à son une commission parlementaire pour étudier le poste, a dit à M. Drapeau: II n'y a rien à faire, problème des Jeux olympiques. continuez comme cela. Vous vous rappelez encore, M. le Président, De plus en plus, le dossier devenait complexe, l'attitude des députés libéraux de Montréal lors de compliqué. Certaines questions pertinentes pou- cette commission parlementaire. Vous vous rappe- vaient se poser et encore là le député de Lafon- lez, M. le Président, toutes les pressions qu'on fai- taine — non pas d'autres députés de Montréal qui sait sur les députés du Parti québécois pour em- avaient aussi le droit de poser des questions à pêcher que des questions soient posées à M. Dra- cette Assemblée nationale — encore la le député peau ou aux autres personnes qui témoignaient à de Lafontaine, comme d'ailleurs le député de cette commission parlementaire. Saint-Jacques, à quelques reprises, ont demandé Vous vous rappelez que c'est très misérable- des comptes au premier ministre, ont demandé ment que nous avions réussi, non seulement à des comptes à ce gouvernement, ont demandé avoir cette commission parlementaire, mais à avoir des comptes aux responsables qui devaient sur- certains des documents pertinents pour étudier ce veiller les coûts des installations olympiques. dossier. En juillet 1975, on condescend encore, pour la deuxième fois sur un projet d'une telle impor- M. Lacroix: Qui est intervenu pour vous em- tance, le gouvernement du Québec condescend pêcher de poser les questions que vous vouliez? encore, dis-je, à accorder une commission parle- Qui est intervenu pour vous empêcher de poser mentaire pour étudier le problème des Jeux olym- les questions que vous vouliez? C'est absolument piques. Il est vrai que je n'étais pas à cette faux ce que vous avancez là. C'est absolument commission parlementaire, que c'était le député faux. C'est indigne d'un député... de Saint-Jacques et le député de Lafontaine, je pense, qui étaient à cette commission parlemen- Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! A taire. Encore là, le ministre responsable des Affai- l'ordre! Le député des Iles-de-la-Madeleine pourra res municipales et le ministre responsable de la parler sur le sujet, s'il veut, après. surveillance des installations des Jeux olympiques ont continué de laisser faire, de patiner, et ce n'est M. Lessard: M. le Président, je décris l'atti- que l'Opposition qui a tenté constamment d'obte- tude de certains députés libéraux de Montréal, qui nir des informations pertinentes. Plus que cela, M. ont tenté... le Président, plus que cela, devant la situation ex- trêmement ambiguë, je dirais même la situation M. Bellemare (Rosemont): Une question de dangereuse dans laquelle se trouvaient les Jeux privilège, M. le Président. olympiques à ce moment-là, les députés de l'Op- position, à cette commission parlementaire, ont Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! Une proposé la mise en tutelle de l'administration des question de privilège. Jeux olympiques et ont proposé de créer une ré- gie — ce n'est pas aujourd'hui, cela, c'est en juillet M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, le 1975 — en vue de compléter les installations député blâme les députés de Montréal. Malheu- olympiques, tout en ayant une surveillance adé- reusement, certains députés de Montréal n'étaient quate sur l'ensemble de l'administration. pas à cette commission et nous ne pouvions pas Qu'a-t-on fait? Rien. Aujourd'hui, le premier poser de questions. Le député de Saguenay ne ministre vient demander à l'Opposition de partici- sait même pas où sont situés les Jeux olympiques per au sauvetage des Olympiques. Etes-vous sé- à Montréal, il ne sait même pas sur quelle rue, puis rieux? Y a-t-il quelques députés sérieux dans ce je suis à peu près convaincu qu'il ne les a jamais caucus gouvernemental? Etes-vous intervenus visités. comme députés responsables de l'administtation des deniers publics? Etes-vous intervenus, quel- M. Lessard: M. le Président, si je ne sais pas ques fois, pour demander des comptes à votre où ils sont situés, il y a une chose, je vais le savoir gouvernement sur cela? Pas seulement les dépu- quand on va payer. On sait comment cela va coû- tés de Montréal, les autres députés aussi. Etes- ter pour des régions périphériques puis pour l'en- vous intervenus à l'intérieur de votre caucus? semble des Québécois, les Jeux olympiques. C'est cela qui est le problème important. Vous aviez le devoir et la responsabilité de surveiller ce méga- M. Lacroix: Ce n'est pas de vos affaires. lomane de Montréal et vous ne l'avez pas fait. M. Lessard: Ce n'est pas de nos affaires? Oui, C'est vous qui êtes au gouvernement et qui n'avez c'est de nos affaires! 2024

M. Lacroix: A l'intérieur de notre caucus, cela actuellement par ce projet de loi, il s'agit de cho- ne vous regarde pas. ses fort importantes. Les décisions que nous al- lons prendre aujourd'hui même et demain pour- M. Lessard: Mais qu'avez-vous fait? Le député ront avoir des conséquences peut-être à la fois des Iles-de-la-Madeleine, comme les autres dépu- positives, je l'espère, mais aussi négatives si on tés, a quand même des responsabilités, aussi mi- n'analyse pas en profondeur ce projet de loi. nimes soient-ils, à l'intérieur de cette administra- C'est pourquoi, M. le Président, je vous dis tion du gouvernement. que le code Lavoie n'a pas été fait et accepté pour discuter des choses peu importantes. Ce code que M. Harvey (Charlesbourg): Soient-elles. nous avions accepté doit s'appliquer de façon d'autant plus complète et intégrale, lorsqu'il s'agit Une Voix: Soient-elles, professeur. d'un projet de loi aussi important que celui qui nous est soumis ce soir. Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Qu'on arrête de nous démontrer cette irres- Voulez-vous vous adresser au président, s'il vous ponsabilité gouvernementale et qu'on respecte la plaît? C'est moins dangereux comme cela. réglementation vu qu'on a à étudier ce projet de loi. M. Lessard: J'aime beaucoup mieux, d'ail- leurs, m'adresser à vous parce que je constate que Le Président: Est-ce que vous avez terminé? vous comprenez beaucoup mieux. M. Lessard: Oui, j'ai terminé. Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vou- M. Lacroix: M. le Président, sur une question drais comprendre surtout que nous sommes sur de règlement, il avait été entendu que l'Opposition une motion de suspension des règles. Vous allez et le parti gouvernemental auraient la possibilité épuiser toute votre argumentation et vous ne de partager également le temps. On a commencé, pourrez plus parler en deuxième lecture. Il faudrait du côté de l'Opposition, à 4 h 14; maintenant, ils que vous parliez sur la motion de suspension des ont presque écoulé une heure; il reste à peine une règles. La rattacher un peu. demi-heure. Si vous me le permettez, très briève- ment, je voudrais dire que... M. Lessard: Avant d'en arriver à dire qu'il y a une question d'urgence, je dois analyser dans quel contexte social et politique s'est décidée cette mo- Le Président: Le député des Iles-de-la- tion qui nous est présentée cet après-midi. Je dois Madeleine, sur la motion. aussi discuter de l'importance ou de la non- M. Burns: Avec la permission du député des importance de ce projet de loi, deux éléments que Iles-de-la-Madeleine, j'admets qu'il y a eu une es- je tente de discuter. pèce d'entente où on se disait que le temps serait Le député de Lafontaine l'a dit, nous allons à peu près séparé également entre l'Opposition et certainement être contre la motion qui nous est le gouvernement. Mais si jamais le gouvernement présentée, particulièrement contre le fait qu'on en- n'utilise pas son temps au complet, je vous sug- lève l'application des articles 115 et 134 de la ré- gère, M. le Président, je le suggère également aux glementation qui nous permettaient d'étudier, de gens du côté ministériel, que, peut-être, ce temps façon intelligente, un projet d'une telle ampleur. pourrait être utilisé par d'autres députés de l'Op- Je serai d'autant plus contre cette motion que, position qui voudraient s'exprimer là-dessus. comme député d'une région périphérique — et Maintenant, loin de moi, l'intention de brimer j'aurai l'occasion de l'exprimer en deuxième lec- le droit de députés ministériels. D'accord? ture — je devrai, comme l'ensemble des Québé- cois, assumer une dette fort importante mais, en M. Louis-Philippe Lacroix même temps, me serrer la ceinture à cause de pro- jets qui nous paraissaient prioritaires à la suite de M. Lacroix: Je crois, M. le Président, que décisions inqualifiables d'un mégalomane et à la jusqu'à ce jour, dans les ententes qui sont interve- suite d'une irresponsabilité, que nous constatons nues entre les* différents partis de l'Opposition et aujourd'hui même, de ce gouvernement. le gouvernement, nous avons toujours été très lar- Nous avions tout le temps d'étudier la situa- ges, très libéraux, puisque nous avons toujours tion des Olympiques à Montréal. A plusieurs repri- accepté d'avoir moins de temps pour défendre no- ses, les membres de l'Opposition sont intervenus tre point de vue, que nous n'en avons accordé à et ont démontré une certaine responsabilité dans l'Opposition pour attaquer le gouvernement et on tout ce dossier. Malheureusement, les réponses ne s'est pas privé pour le faire. que nous avions étaient toujours des réponses négatives aux suggestions que nous avons tenté M. Burns: Je m'excuse, c'est inexact. de faire. Nous croyons que s'il y a encore des dé- putés responsables dans cette Assemblée natio- M. Lacroix: Dans la plupart des cas, M. le Pré- nale, nous devrions prendre tout le temps néces- sident, vous êtes là pour en témoigner. Quand il y saire pour étudier ce projet de loi et voir l'ensem- avait 200 minutes, l'Opposition en totalisait 120 et ble des conséquences de ce projet de loi. Parce nous en avions 80 ou 90. Ce n'est pas un reproche que ce ne sont pas des bébelles qu'on a à régler que je fais à la Chambre. 2025

Le Président: Revenons à la motion. responsable également, immédiatement nous pas- serions à l'étude du projet de loi. Immédiatement M. Lacroix: Pour revenir, M. le Président... la régie pourrait se mettre au travail et on pourrait rassurer la population non seulement du Québec, M. Burns: Voulez-vous que je vous donne non seulement du Canada, mais la population du l'exemple du dernier cas, c'est-à-dire celui qui monde entier en vue de la réalisation des projets date du 13 novembre où le gouvernement a eu 120 des Jeux olympiques dont demain, vous-mêmes, minutes et l'Opposition 100 minutes, d'accord? les députés de Montréal, qui formez les 5/6 de vo- Cela a été toujours ainsi. tre députation de l'Opposition officielle, vous van- terez et vous féliciterez. M. Lacroix: C'est peut-être l'exception qui Je crois qu'il est temps que l'on passe immé- confirme la règle. diatement à l'action et je vais donner l'exemple, je vais me rasseoir. Je crois que nous devons immé- M. Burns: Non, cela a toujours été comme ça. diatement adopter cette motion pour passer à l'étude du projet de loi. Le Président: Revenons à la motion. Le Président: L'honorable Solliciteur général. M. Lacroix: De toute façon, ce n'est pas l'ob- jet du débat, M. le Président. Si le gouvernement a M. Fernand Lalonde demandé, aujourd'hui, de surseoir aux règles normales de l'Assemblée nationale, c'est, je crois, M. Lalonde: M. le Président, sur la motion, je que le gouvernement agit et assume son leader- pense que le seul élément que nous devons dé- ship. Le temps des discours est terminé; il faut montrer pour inviter tous les membres de cette maintenant passer aux actes. A propos des Olym- Assemblée à voter pour, c'est l'urgence. Je crois piques, au mois de septembre, l'an prochain, il que le leader parlementaire et le premier ministre sera trop tard pour essayer de trouver une solution dans leur intervention l'ont fait d'une façon assez aux problèmes qui se présentent à nous au- claire. Mais je voudrais insister surtout sur le fait jourd'hui. Les problèmes actuels proviennent de que le gouvernement a pris la décision d'intervenir bien des sources et je ne crois pas que ce soit le de façon directe et que cette décision est annon- moment, ni l'occasion de discuter qui doit être cée. Il existe actuellement, dans le climat de tra- blâmé, le gouvernement, l'Opposition, les syndi- vail, au niveau des décisions qui doivent être pri- cats, le maire de Montréal. Je crois qu'à ce ses par les entreprises, une situation qui doit être moment-ci il y a une chose qui est importante, la plus courte possible si nous voulons que le c'est que des centaines de millions de dollars sont chantier continue à fonctionner d'une façon plus déjà engagés dans ce qui sera l'événement du siè- efficace qu'auparavant et si nous voulons, de par cle, ici au Québec. Les coûts ont augmenté. Il est l'intervention du gouvernement, assurer la tenue vrai que les coûts prévus et ceux auxquels nous des Jeux olympiques à Montréal. devons faire face ne correspondent pas beaucoup. J'aimerais, en terminant, M. le Président, seu- Mais, hier, je lisais un autre document auquel je lement citer quelques mots du député de Lafon- référerai lorsque nous discuterons du projet de loi taine. Je n'ai pas l'occasion de le citer souvent, lui-même. Vous verrez que ce n'est pas seulement mais je prends cela au journal des Débats, la dans la réalisation des Jeux olympiques que les commission parlementaire du 16 juillet 1975. coûts ont doublé et triplé. C'étaient les mots de la fin du député de Lafon- M. le Président, actuellement, l'évolution de la taine. Peut-être avant de les citer, j'aimerais souli- réalisation des installations olympiques met en gner les inexactitudes graves que le député de danger la tenue de ces jeux. Il faut bien penser Saguenay a prononcées lorsqu'il a condamné la que, depuis des années, on a investi des sommes députation du gouvernement, qu'il nous a repro- considérables, non pas seulement pour l'honneur ché d'avoir empêché les députés de l'Opposition à et pour la gloire, mais pour permettre à un nombre la commission parlementaire de poser les ques- incalculable de jeunes non seulement du Québec tions. et du Canada, mais du monde entier de venir se Je pense qu'il devrait consulter ses deux col- produire à Montréal. Il est vrai que cela implique lègues de Saint-Jacques et de Lafontaine, qu'il de- des sommes considérables, mais il restera de ces vrait relire le journal des Débats des deux activités des actifs à la ville de Montréal, et l'on ne commissions parlementaires, ce qui lui démontre- fait que présenter le mauvais côté. rait dans quelle mesure ces deux députés de l'Op- Aujourd'hui nous demandons de surseoir au position, avec les députés du parti gouvernemen- règlement afin de passer au plus tôt à l'étude du tal, ont participé aux débats, ont posé des ques- projet de loi, article par article, en deuxième lec- tions qui leur semblaient pertinentes, j'imagine, ture, par la suite à la commission plénière et par la que personne de notre côté ne leur soufflait, de suite adopter ce projet de loi qui permettra à la toute façon. Ils ont entendu les témoins qu'ils régie de prendre en main la réalisation de ces tra- nous ont même suggérés et ont reçu les docu- vaux. Il est temps d'agir en hommes responsables. ments auparavant, avant même la tenue des séan- Si l'Opposition était une Opposition responsable ces de cette commission parlementaire, les docu- et si elle cessait de faire de la petite politique, de ments qui leur ont permis de faire des interven- la démagogie, appuyée en cela par une presse ir- tions intelligentes. 2026

J'aimerais rectifier les faits. Au niveau de l'in- M. Goldbloom: M. le Président, je pense que formation, c'est la première fois dans l'histoire des dans les circonstances que nous avons à vivre... olympiques modernes qu'un forum aussi démo- cratique qu'une commission parlementaire, qui est M. Burns: Je pensais que Bernard Shaw avait l'extension de cette Assemblée, a l'occasion dit cela pour vous! d'examiner à fond tout ce qui entoure une entre- prise aussi considérable que la tenue des Jeux M. Charron: II y a un autre dicton qui dit qu'on olympiques. voit mieux la paille dans l'oeil d'un autre que la poutre dans le sien aussi! M. Burns: Y compris les contrats sans sou- mission? Oui? Y compris cela? C'est très démocra- M. Goldbloom: Après cette brillante contribu- tique, quoi? tion de l'honorable député de Saint-Jacques, dont l'éblouissante beauté continue de nous étonner, je M. Lalonde: La majorité, puisqu'on me pose la voudrais dire, M. le Président, que ceux qui sont question, la très grande majorité des contrats ont capables font et ceux qui ne sont pas capables été donnés à soumission quand même. L'histoire parlent. C'est la marque de commerce de l'Opposi- le prouvera. tion. Vouloir interroger tout le monde et son oncle et vouloir discourir pendant des heures et des M. Léger: Soumissions négociées. heures sur un sujet, c'est ce qu'on fait quand on n'est pas placé et on ne serait même pas capable, si on était placé pour intervenir et pour faire quel- M. Lalonde: Quand le plus bas soumission- que chose. naire n'est pas encore assez bas, on négocie avec lui, c'est vrai, de façon à couper les prix. M. le Président, nous avons devant nous une Enfin, laissez-moi, M. le Président, vous citer responsabilité majeure. J'aurai l'occasion, en deux- quelques mots du député de Lafontaine, à la page ième lecture, d'en parler plus longuement. De B-5649. Il s'adressait au représentant du COJO, di- toute évidence, ce qui compte, c'est la tenue des sant, comme mot de la fin: "Soyez assuré que si Jeux olympiques. Pour les tenir, il faut entrepren- on peut faire, dans la mesure de nos moyens, des dre certaines actions, des actions qui sont définies choses qui peuvent vous aider, nous sommes à vo- dans le projet de loi dont l'étude exceptionnelle, tre disposition." exceptionnelle quant aux heures de séances, ex- Eh bien, livrer au COJO, le 6 juin, un stade suf- ceptionnelle quant à l'application du règlement de fisant pour tenir les Jeux olympiques, cela aiderait la Chambre, est demandée par la motion de l'ho- le COJO. C'est pour cela que j'invite l'Opposition à norable leader parlementaire du gouvernement, voter pour cette motion. vice-premier ministre. M. le Président, je pense que c'est l'essentiel Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des de la préoccupation qui devrait être celle de nous Affaires sociales; pardon, des Affaires municipa- tous. S'il y a des renseignements que l'on veut ob- les. tenir, obtenons-les, mais n'arrêtons pas le progrès sur le chantier entre-temps. S'il y a des choses qui, M. Burns: M. le Président, est-ce que vous aux yeux de certains membres de cette Chambre, nous annoncez un remaniement ministériel? n'auraient pas été faites d'une façon conforme aux règles et lois, examinons ces situations, mais ne M. Lessard: M. Drapeau n'est pas là, vous al- retardons pas le travail sur le chantier pour autant. lez parler! M. le Président, je constate que l'on voudrait élargir considérablement ce débat, qu'on voudrait M. Bienvenue: Voulez-vous allumer le micro parler de la ville de Montréal... de l'honorable ministre? Merci. M. Burns: La motion, M. le Président, la mo- M. Victor Goldbloom tion. Quelle est la motion?

M. Goldbloom: M. le Président... Le Vice-Président (M. Blank): Je n'ai pas en- tendu ses paroles encore! M. Burns: Voulez-vous allumer le ministre? M. Burns: II ne parle pas de la motion, il parle de retard des travaux sur les chantiers. Voyons M. Goldbloom: ... il est évident que dans des donc! Cela ne me fait rien, on peut écouter cela, si circonstances comme celles que nous vivons au- on veut, mais ce n'est pas cela la motion. jourd'hui, l'Opposition va réclamer du temps addi- tionnel pour parler. Il y a un vieux dicton que je cite non pas pour être désagréable à qui que ce M. Charron: C'est parce qu'il retarde les tra- soit, sauf à l'Opposition, bien sûr, mais parce que vaux de la Chambre. je veux en faire une analogie. Ce vieux dicton veut M. Burns: Cela retarde les travaux de la que ceux qui sont capables font, ceux qui ne sont Chambre, c'est un "filibuster" pas capables enseignent. M. Charron: II met les jeux en péril, M. le Pré- Une Voix: II faut entendre qui nous dit cela! sident... 2027

Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il crains moi, c'est un "filibuster" de la part de l'Op- vous plaît! position. L'histoire, pas très vieille, nous rappelle que, pour un simple projet de loi ayant pour effet M. Charron: ...il stoppe les grues. d'augmenter le traitement des juges des Cours provinciales, projet de loi impliquant quelques mil- Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il lions à peine, nous avions eu droit à un "filibus- vous plaît! ter" mémorable. Cela avait moins de conséquen- ces que dans le cas actuel, parce que les juges M. Morin: C'est parce que les incapables se auraient pu tout aussi bien être augmentés un contentent de parler. mois ou deux mois plus tard, même avec rétroac- tivité s'il on le veut. M. Charron: Les incapables parlent, alors on Dans le cas des Jeux olympiques, ce n'est pas va le laisser parler. quelques millions qui sont en cause, mais ce sont des centaines de millions et on a même parlé de Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- $1 milliard. C'est la réputation d'une province, dre, s'il vous plaît! d'une ville et d'un pays qui est en cause. Aiors, il n'y aura pas moyen d'agir rétroacti- M. Goldbloom: M. le Président, n'ayant pas vement, M. le Président, si des conséquences ter- l'habitude d'interrompre, j'attends patiemment ribles devaient découler d'un "filibuster" qui se que le calme revienne et que je puisse terminer, prolonge et qui se prolonge. dans quelques secondes, les brèves remarques Je réponds, quant à moi, et non pas au nom que je voudrais faire. de mes collègues, mais en mon nom personnel J'ai dit que la motion veut cerner le débat, pour dire que ce que je crains, effectivement, de veut l'encader, veut le limiter. Et l'attitude de l'Op- l'Opposition c'est un "filibuster". position est de vouloir élargir le débat, de vouloir Le député de Lafontaine, par ailleurs, a dit, aller dans tous les détails, dans la situation finan- dans ses remarques: Pourquoi ne se donner que cière et dans les politiques financières de la ville trois jours — et c'était beaucoup trop rapide selon de Montréal. Entre parenthèses, M. le Président, je lui — pour tâcher de trouver des solutions à un constate, dans un journal d'aujourd'hui, un titre problème aussi grave et qui implique, a-t-il dit, un qui se lit comme suit: "Québec prêt à réduire les déficit de $638 millions, ou possiblement une pouvoirs financiers de la ville de Montréal". Ce somme de $1 milliard. Le député de Lafontaine di- n'est pas ce que j'ai dit et j'aimerais rectifier cela. sait: Pourquoi brusquer et prendre un tel risque en J'ai dit qu'à l'occasion du débat sur le bill privé de trois jours? la ville de Montréal, nous pourrons examiner la fa- La réponse est évidente. On ne veut pas, dans çon dont la ville fonctionne sur le plan financier. ces trois jours, trouver les solutions aux problè- Je n'ai pas dit que le gouvernement est prêt à ré- mes, on ne veut pas tout solutionner et trouver duire les pouvoirs financiers de la ville de Mont- tous les remèdes. Dans ces trois jours, on veut se réal. donner les outils pour être en mesure de trouver Je pense que la situation est assez claire et les solutions et les remèdes, car ce n'est pas en qu'un débat là-dessus est passablement inutile. Le trois jours que nous réglerons le déficit, que nous député de Lafontaine a bien voulu me citer quand, diminuerons ce qui est déjà encouru comme coût au tout début de la première série de séances de pour les jeux. Mais c'est en trois jours que nous la commission parlementaire, au mois de janvier, nous donnerons l'instrument cependant, qui est la j'ai invité les membres de la commission à agir en régie avec les pouvoirs prévus par la loi, pour hommes d'affaires. M. le Président, j'avais bien dit pouvoir trouver la solution et surtout empêcher ce agir. que j'appellerais un désastre national, la non- tenue des jeux. Pour toutes ces raisons, je voterai pour la mo- Le Vice-Président (M. Blank): L'honorable tion car je ne veux pas prendre de risques avec ministre de l'Immigration. l'Opposition. M.Jean Bienvenue M. Léger: Question de règlement, M. le Prési- dent. Je voudrais simplement rectifier les faits, on M. Bienvenue: M. le Président, je voudrais m'a mal cité. C'est l'inverse que j'ai dit. J'ai sim- simplement et le plus brièvement possible rappe- plement dit que le projet de loi, d'une façon nor- ler deux observations faites, l'une par le député de male, aurait pu être étudié en trois jours, mais Lafontaine et l'autre par le député de Saguenay, qu'on ne pouvait pas voter un projet de cette en- pour y apporter une réponse. vergure dans une journée. Je voudrais que l'on ré- Le député de Saguenay s'est notamment in- tablisse les faits. En trois jours, nous aurions pu terrogé à haute voix, a posé la question: Que entendre des personnes qui nous auraient permis craint donc le gouvernement de la part de l'Oppo- d'éviter des erreurs. sition, pour vouloir brusquer les choses à ce point et faire adopter un projet de loi en trois jours? M. Bienvenue: Me permet-on une question au Je ne veux pas parler pour mes collègues, député de Lafontaine? Dois-je comprendre qu'il mais parlant pour moi-même, M. le Président, la serait prêt à ce que nous votions le projet de loi en question était bien posée, je dis que ce que je trois jours? 2028

M. Léger: La façon normale de voter un projet M. Lessard: Non. de loi, c'est une première, une deuxième et une troisième lecture, à trois jours de distance. M. Houde (Fabre): Et c'est ce qui m'a décidé à Comme nous étions d'accord sur le principe, nous faire une petite intervention. Il a parlé de sauve- n'aurions pas lésiné. Mais, vous le faites en une tage. Je lui dirai ceci: Entre un sauvetage et une journée, ce qui ne nous permet pas d'avoir des catastrophe possible — je suis prêt à aller jusque- rencontres avec des personnes qui nous auraient là — le courageux est celui qui tente au moins éclairés. Ce projet de $1 milliard et de $638 mil- une opération de sauvetage, même s'il y a des ris- lions de déficit ne peut se régler dans une journée. ques. C'est ce que j'ai dit plus tôt. Je crois que ce serait très facile, pour celui qui vous parle, et également pour plusieurs députés M. Burns: M. le Président, je me permets du côté ministériel, d'utiliser un schème de pensée d'ajouter une chose: Le gouvernement sait fort ou même de rêver peut-être à la possibilité d'être bien, parce que je l'ai déclaré via le leader parle- pour quelques heures... mentaire du gouvernement, qu'il n'était pas ques- tion d'un "filibuster" comme semblait le craindre M. Burns: Ministre des Sports et Loisirs. le ministre de l'Immigration. Mais il est question de discuter sérieusement le projet de loi, au fond M. Houde (Fabre): ... Absolument pas, j'allais et au mérite de chacun des éléments qui nous dire membre de l'Opposition et... sont présentés par le projet de loi. Je crois que cela a été clair. Si ça ne l'est pas dans l'esprit des M. Burns: Ah non! représentants gouvernementaux, je veux que ce le soit à partir de maintenant. L'Opposition n'a pas M. Houde (Fabre): ... de critiquer d'une façon l'intention de faire un "filibuster" là-dessus, bien négative tout ce qui a pu se passer et tout ce qui au contraire. se passera. C'est vraiment une solution qui m'ap- paraît, pour l'instant, dans les circonstances ou M. Lessard: En vertu de 96, M. le Président... dans la conjoncture présente, quelque chose que l'on peut faire, si le moindrement on connaît le M. Levesque: Parce que j'ai été cité et appelé dossier. Si le moindrement on a les yeux ouverts comme témoin, je vais être obligé de dire que j'ai et l'esprit critique, il m'apparaît excessivement fa- eu, en effet, des consultations avec l'honorable cile et ça pourrait même jusqu'à apporter une cer- député de Maisonneuve, et je crois que nous nous taine forme de jouissance, de critiquer et d'être sommes entendus sur toute la procédure, du dé- négatif dans les circonstances, parce qu'il y a but à la fin, incluant la période réservée pour la quand même un minimum ou un certain pourcen- commission. Alors, tâchons d'être sérieux et tra- tage de raisons de le faire, pour qui que ce soit vaillons. dans cette Chambre. Mais je répète que devant le contexte présent, M. Lessard: En vertu de l'article 96, M. le Pré- et je pèse mes mots, nous sommes devant une ca- sident, puis-je demander au ministre de l'Immigra- tastrophe possible. Nous avons deux choix: faire tion s'il n'aurait pas simplement l'intention de faire une opération sauvetage avec des risques ou disparaître l'Opposition s'il a peur d'un "filibus- continuer à critiquer, continuer à frapper, conti- ter"? Si vous n'avez pas tout simplement l'inten- nuer à démolir et trouver toutes sortes de moyens tion de faire disparaître de façon définitive l'Oppo- pour développer une espèce de pessimisme et tâ- sition en abolissant toute la réglementation qui cher d'étendre ce pessimisme à une collectivité. nous... M. Burns: La motion. M. Bienvenue: Je réponds, à la question, M. le Président, que nous avons l'intention de faire dis- M. Houde (Fabre): Cela me paraît facile, et paraître l'Opposition mais lors du prochain scru- justement à cause de ia... tin. M. Burns: La motion. Le Vice-Président (M. Blank): Le député de Fabre. M. Houde (Fabre): ... motion — je pense qu'il est grand temps, Dieu merci on a eu la parole de M. Gilles Houde tout le monde — que dans six ou sept minutes, nous allons voter, nous allons dès ce soir M. Houde (Fabre): Je voudrais, moi aussi, commencer à travailler à se donner un moyen ex- prendre quelques minutes pour répondre à une cessivement important, par une loi, un moyen qui des questions qui a été posée plus tôt par le dé- s'appelle la Régie des installations olympiques. puté de Saguenay. Il a posé, d'une façon très hon- Espérons que cette loi sera votée dans les plus nête, aux députés ministériels, la question sui- brefs délais possibles, afin que des gens sé- vante: Etes-vous vraiment sérieux? Voulez-vous rieux — on aura l'occasion d'en parler lors du dis- vraiment que l'Opposition participe à une opéra- cours de deuxième lecture — puissent dès demain tion de sauvetage? C'est à peu près textuellement matin, avec des pouvoirs, dans la légalité, le mot employé par le député de Saguenay. commencer à faire un travail positif, puisque tout 2029 le monde, très souvent en dehors de la Chambre, dre! Cette fois-ci, comme le leader a commencé à déclare constamment qu'il est grand temps que le dire, c'est différent. Le temps était limité pour le l'on parle positivement de ce phénomène extraor- débat, moitié moitié, sauf les cinq minutes du dé- dinaire qu'on semble oublier mais qui s'appelle, puté de Johnson. D'après les renseignements que avant de s'appeler les Jeux Olympiques, rencontre j'ai, l'Opposition a eu plus que sa moitié. A ce ou rassemblement des jeunesses mondiales en moment-ci, à moins que le gouvernement cède 1976. son temps, il n'y a pas de droit de parole pour l'Opposition. C'est suivant l'accord qui a été M. Levesque: J'ai le droit d'exercer mon droit convenu et selon notre règlement. de réplique. M. Charron: ... facile, M. le Président. M. Burns: M. le Président, sur la question de règlement, je pense que jusqu'à maintenant, on M. Léger: Dictature. est en mesure de se dire qu'il y a eu une espèce de partage à l'amiable, d'à peu près 50/50... M. Burns: C'était un débat limité, l'autre aussi. M. Levesque: J'ai vérifié et vous aviez pris vo- Le Vice-Président (M. Blank): Oui, oui. Oui, tre temps dès 5 heures moins 1... mais quand j'ai rendu cette décision, à ce moment-là, je parlais d'un député qui a un droit de M. Burns: Ce que je voudrais savoir, M. le parole. Les députés de ce côté-ci, en ce moment, Président, parce qu'il n'y a pas eu d'entente for- n'ont pas le droit de parole; c'est cela, la diffé- melle là-dessus, ce que je voudrais savoir, c'est si, rence. dans votre esprit, il fallait que le temps soit égale- ment réparti entre toutes les oppositions ou si M. Lessard: C'est incroyablel Vous jouez avec l'Opposition officielle avait un temps particulière- le règlement. ment réservé à elle, par rapport à ce que le gou- vernement devait avoir. C'est cela que je veux sa- Une Voix: A l'ordre! voir tout simplement. M. Lessard: C'est vraiment incroyable! M. Levesque: M. le Président, il est 6 heures moins 20, il y a un ordre de la Chambre qu'à six Le Vice-Président (M. Blank): Le député de heures moins le quart, il y aura vote, au plus tard. Bonaventure et leader du gouvernement. J'ai un droit de réplique de vingt minutes, il ne m'en reste que cinq... M. Gérard-D. Levesque M. Charron: Une question de règlement, M. le Président. C'est à vous-même, député de Saint- M. Levesque: Je n'ai pas l'intention de conti- Louis, que je me permets de rappeler une de vos nuer, ce qu'a tenté l'Opposition, à dramatiser une décisions qui m'avait extrêmement bien concerné situation, particulièrement lorsqu'il s'agit d'une à l'époque. Vous vous rappelez que nous avons procédure très simple, qui a été faite de très déjà eu un débat sur l'enseignement de l'histoire, bonne foi, qui a même été — et c'est assez rare débat limité à cette journée du mercredi égale- que l'on fasse cela — discutée avant, une procé- ment. dure qui a même été annoncée à l'avance. Une ur- Nous devions aussi, selon les mêmes règle- gence prévue, une procédure dont tous les détails ments, être soumis à un vote à une heure de tom- étaient connus de l'Opposition. bée. Lorsque je m'étais levé pour exercer mon Je m'imagine que tous les citoyens du Qué- droit de réplique, comme tente de le faire le dé- bec — et évidemment, à mon sens, tous les dépu- puté de Bonaventure à ce moment-ci, vous aviez tés qui les représentent en cette Chambre, quelle tranché la question, M. le Président, et vous aviez que soit leur allégeance politique — veulent que dit qu'entre le droit de réplique reconnu et le droit les Jeux olympiques soient un succès. Je ne pense d'un député à intervenir sur un débat, c'est le droit pas que l'on puisse trouver quelqu'un, ici — s'il y d'un député à intervenir qui est le plus important. en a quelques-uns, qu'ils se lèvent — qui ne veuille Vous aviez tranché en faveur du député d'An- pas que les Jeux olympiques soient un succès. jou qui avait, à peu près à la même heure que moi, réclamé la parole. Je n'avais donc pas pu exercer M. Burns: On est d'accord là-dessus. Tout le mon droit de réplique. Nous avions été obligés de monde est d'accord là-dessus. nous soumettre au vote à 6 h moins 5 et je vous demande juste, pour qu'il n'y ait pas deux poids, M. Levesque: Je n'essaierai pas de faire de deux mesures, puisque la mesure me revient, de procès d'intention. rétablir en ma faveur la décision que vous aviez jadis rendue pour le député d'Anjou. M. Lessard: On ne veut pas la faillite du Qué- bec, non plus. On ne veut pas la faillite ni de Qué- M. Levesque: Les circonstances du temps bec ni de Montréal. étaient complètement différentes de celles-ci. M. Levesque: Je n'essaierai pas de faire de Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- procès... M. le Président, il me reste deux minutes. 2030

M. Lessard: Vous les avez volées, vos deux mi- convaincu que. dans le coeur de chacun des dé- nutes, on peut bien vous en voler aussi. putés, ici. il y a cette unanimité qui n'est peut-être pas aussi apparente qu'on le voudrait, mais qui est M. Levesque: Le député de Saguenay conti- profondément au coeur de chacun d'entre nous. nue de parler, d'interrompre. Cela ne me déranqe pas. La motion va être adoptée, quelle que soit Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion l'attitude que prendra le député de Saguenay, est-elle adoptée? mais je crois que l'information est bonne même si ça vient du gouvernement. Peut-être que, dans des Des Voix: Vote. circonstances récentes, on a cru que la seule in- formation officielle était celle qui naissait du PQ. Le Vice-Président (M. Blank): Qu'on appelle Je crois que l'information véritable et authentique, les députésl l'information officielle gouvernementale devrait avoir au moins deux minutes ou une minute pour Vote sur la motion s'exprimer. Je dis que nous n'avons pris personne par Le Président: Que ceux qui sont en faveur de surprise. Deuxièmement, je crois que tous les ci- la motion de l'honorable leader parlementaire du toyens et tous les députés sont en faveur de la te- gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous nue et du succès des Jeux olympiques de 1976. plaît! Cette procédure n'est qu'un pas en vue de ce suc- cès, en vue de ce résultat positif. Ce que nous vou- Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Leves- lons, c'est pouvoir immédiatement, dans les heu- que. Blank, Parent (Hull), Mailloux, Phaneuf, Gias- res qui suivent, nous donner les outils nécessaires son, Goldbloom, Mme Bacon, MM. Lalonde, Te- pour tenter d'assurer le succès de la tenue de ces tley, Lacroix, Bienvenue, Cadieux, Arsenault, Jeux olympiques. Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Ce que nous voulons, c'est pouvoir ensemble Brown, Fortier, Bossé, Kennedy, Lamontagne, Bé- étudier un projet de loi, mais pas à la vapeur; ce dard (Montmorency), Saint-Hilaire, Brisson, Cor- n'est pas parce qu'on essaie de faire croire cela, nellier, Houde (Limoilou), Fraser, Picard, Gratton, parce que certaines règles de procédure seraient Assad, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey modifiées ou suspendues que cela change le (Charlesbourg), Shanks, Springate, Pepin, Belle- coeur de la situation, le coeur du sujet, le noeud mare (Rosemont), Bonnier, Boutin, Chagnon, du sujet. Bien non, M. le Président. Nous voulons Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Déom, simplement avoir l'occasion, dans les heures qui Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, La- suivent, de créer une régie qui soit de nature à pointe, Lecours, Malépart, Malouin, Mercier, Pagé, pouvoir assurer la poursuite et l'obtention des ob- Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, jectifs poursuivis, objectifs qui, de l'aveu même de Vallières, Verreault, Leduc. nos adversaires, sont partagés par l'ensemble de la population. Le Président: Que ceux qui sont contre cette Je crois qu'on ferait affront à la population et motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! qu'on ne serait pas conscient de ses responsabili- tés si on retardait davantage l'adoption du projet Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Lé- de loi no 81. ger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Bel- M. le Président, il est important que l'on sache lemare (Johnson), Roy. que, si l'on doit adopter une telle procédure, en toute lumière, c'est pour éviter un "filibuster" tou- Le Secrétaire: Pour: 67 — Contre: 8 jours possible, même si l'Opposition nous a assu- rés qu'elle ne ferait pas de "filibuster". Le Président: Cette motion est adoptée. Il est important d'avoir tout de suite l'occasion d'entreprendre l'étude du projet de loi en ques- tion. M. le Président, vous me laisserez terminer M. Levesque: Deuxième lecture, M. le Prési- en disant ceci: Lorsqu'on a parlé des première, dent. deuxième et troisième lectures adoptées dans la même journée, ce n'est pas le cas. La première Projet de loi no 81 lecture a été adoptée hier; la deuxième lecture, on s'attend bien à l'adopter aujourd'hui et la troi- Deuxième lecture sième lecture ne viendra pas avant demain. C'est donc une procédure normale, même si nous avons Le Président: L'honorable ministre des Affai- pris certaines mesures afin qu'elle ne soit pas re- res municipales propose la deuxième lecture du tardée davantage. projet de loi no 81, Loi constituant la Régie des installations olympiques. M. Burns: Pourquoi la motion? Pourquoi L'honorable ministre des Affaires municipales. avez-vous fait cette motion? M. Goldbloom: M. le Président, puisqu'il est M. Levesque: M. le Président, je suis très heu- presque six heures, j'aimerais demander la sus- reux d'avoir présenté cette motion et je suis pension du débat. 2031

M. Burns: Commencez tout de suite! C'est ur- Reprise de la séance à 20 h 7 gent, M. le Président. Je propose au ministre de commencer. Il a au moins quatre minutes pour Le Président: A l'ordre, messieurs! nous parler. Allez-y, on vous écoute. L'honorable ministre des Affaires municipales.

Le Président: A l'ordre! Il reste trois minutes. M. Victor Goldbloom M. Levesque: M. le Président, le discours du M. Goldbloom: M. le Président, l'honorable ministre des Affaires municipales est suffisamment lieutenant-gouverneur de la province a pris important et je crois que nous n'avons jamais, connaissance de ce projet de loi et il en recom- dans le passé, demandé à quiconque de commen- mande l'étude à l'Assemblée. cer trois ou deux minutes avant la suspension des Le projet de loi dont nous abordons l'étude ce travaux. soir découle d'un fait simple, clair, dominant et percutant. Ce fait est que nous avons tous, 110 M. Burns: Mais c'est un projet de loi urgent! députés et 6 millions de Québécois, un seul objec- C'est urgent de mettre de côté les règles de la tif: celui de réussir et de bien réussir la tenue à Chambre. Commencez tout de suite! Montréal des Jeux olympiques de 1976. M. Levesque: Le ministre a décidé de parler M. Lessard: M. le Président, je m'excuse au- trois minutes de moins, à huit heures quinze. A près du ministre, mais je constate que, malgré le huit heures ou huit heures quinze? fait qu'on discute une loi très importante, nous n'avons pas quorum. M. Burns: Ces trois minutes lui sont comptées. Le Président: Un instant, 28. Les cloches, s'il vous plaît. M. Levesque: Elles lui sont comptées. L'honorable ministre des Affaires municipales, et qu'on ferme les portes, s'il vous plaît! M. Burns: Ah bon! M. Charron: Comme au Portugal, M. le Prési- M. Levesque: M. le Président, je propose que dent. nous suspendions nos travaux jusqu'à vingt heu- res. M. Goldbloom: Je dis que nous l'avons cet ob- jectif. Je ne dis pas que nous devrions l'avoir, que Le Président: L'Assemblée suspend ses tra- nous devons l'avoir; je dis que nous l'avons. Nous vaux jusqu'à vingt heures. l'avons indépendamment de notre volonté, et cela au moins depuis le mois de janvier de cette année, (Suspension de la séance à 17 h 59) quand nous avons constaté, et nous l'avons dit à l'époque, que nous étions déjà rendus au point de non retour. Le problème en est un de cheminement criti- que. En janvier et de nouveau en juillet, nous avons, de façon serrée, interrogé publiquement à ce sujet non seulement les hommes politiques mais aussi les professionnels responsables. A ceux-ci, nous avons dit carrément: Votre réputa- tion professionnelle est en jeu. Ils ont reconnu ce fait. Ils ont accepté ce défi. Ils nous ont rassuré précisément et en détail. Par la suite, il y a eu des rattrapages, il y a eu de nouveaux retards, il y a eu de nouveaux rattrapages. Il y a un mois et quel- ques jours, au début du mois d'octobre, les res- ponsables des jeux ont fait rapport au Comité in- ternational olympique et ont affirmé que les délais de livraison des installations pouvaient toujours être respectés. Cinq semaines plus tard, il était évident que des retards avaient été accumulés, et le gouvernement a décidé d'intervenir. M. le Président, celui qui, aujourd'hui, 19 no- vembre 1975, veut résussir la tenue à Montréal de la XXIe Olympiade doit être capable de décisions et d'actions. Il doit être capable d'identifier, dans les quelques prochains jours, les éléments non es- sentiels à la tenue des jeux qui peuvent être diffé- rés ou abandonnés. Il doit avoir l'autorité néces- saire pour ne pas signer les contrats pour ces 2032

éléments, épargnant ainsi un certain montant M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, ça d'argent. Il doit être investi de l'autorité unique vous est accordé à l'avance, soyez assuré de ma afin de pouvoir redonner aux chantiers la cohé- collaboration. Par contre, vous me permettrez de rence, l'efficacité et la coordination qui y man- vous dire que, si cela avait été administré par un quent et, par conséquent, investir de nouveau le bon député... Dans le comté de Rosemont, on n'a cheminement critique de la suite logique qui lui pas de problème avec le Village olympique; c'est est absolument indispensable. Enfin, il doit, par sa dans le comté de Maisonneuve qu'ils ont du trou- présence, par sa présence d'esprit, par son dyna- ble. misme et par sa détermination, sécuriser la popu- lation du Québec, sécuriser le CIO, faire croître M. Goldbloom: M. le Président, je reprends. l'intérêt mondial dans le jeux de Montréal et bâtir Surtout, ne jetons pas de discrédit sur la ville de chez nous, ce qui n'a pas encore été bâti adéqua- Montréal qui vient d'obtenir à des conditions ex- tement, un véritable esprit olympique. trêmement intéressantes un important emprunt M. le Président, je déclare sans orgueil que le sur les marchés étrangers. gouvernement se croit, dans le contexte des tou- Je souhaite que notre débat soit constructif et tes dernières semaines, le seul agent ayant la ca- court. Aux membres de cette Chambre je dis: pacité administrative et la volonté impitoyable Penchons-nous, par nos questions et commentai- pour réussir ce qui doit être réussi. Qu'une chose res, sur les éléments qui appellent une décision. soit claire, M. le Président, car elle est importante Je suis et je serai ouvert à la discussion et à la au CIO: l'intervention du gouvernement n'est au- fourniture de renseignements, mais nous avons cunement, nullement de nature à politiser les Jeux trop à faire pour consacrer notre temps limité à olympiques. C'est l'intervention d'un gestionnaire simplement satisfaire la curiosité de l'un et de l'au- mieux pourvu de ressources humaines et matériel- tre. Comme je l'ai dit au début, nous ne pouvons les. C'est l'intervention d'un spécialiste quand le avoir qu'un seul objectif: La tenue des jeux. médecin de famille ne semble pas en mesure de Je souhaite donc que pour une fois notre dé- régler le problème. bat soit foncièrement non partisan. Dans le même M. le Président, ne cherchons pas un bouc esprit, je m'adresse aux entrepreneurs et aux syn- émissaire par rapport à la tenue des jeux, ce serait dicats. C'est notre fierté à tous qui est en jeu. Elle une recherche stérile. Surtout... doit nous inspirer, dans les mois critiques qui s'en viennent, une modération et un sens de collabora- M. Charron: Pas de coupable. tion, de but commun, de rendez-vous avec l'his- toire. La population du Québec veut les jeux et elle M. Goldbloom: ...ne jetons pas de discrédit ne pardonnera pas à celui qui y fera obstacle. Qu'il sur la ville de Montréal qui vient, et il convient de n'essaie pas de se décharger en invoquant la pro- le souligner, de réussir... vocation d'un tiers. La réussite des jeux fera la ré- putation des travailleurs québécois et des entre- M. Bellemare (Rosemont): Bande de négatifs! prises québécoises. Ne manquons pas un tel coup devant les yeux du monde tout entier. Le Président: S'il vous plaît, messieurs! Je m'adresse aussi aux journalistes. Si vous êtes fiers d'être Québécois, présentez notre visage M. Cadieux: M. le Président, si Lessard ne sous une lumière positive et accueillante, mettez ferme pas sa gueule, il y en a d'autres qui vont de côté votre cynisme trop fréquent. Avant d'écrire l'ouvrir. ou de parler, songez que vos reportages, pour une fois, déborderont largement les frontières du Qué- M. Bellemare (Rosemont): Manque de poli- bec et du Canada et feront partie, donc, de nos tesse, pour commencer. relations extérieures. Vous connaissez peut-être la pièce de théâtre de John Van Druten "Je suis une M. Lessard: C'est au ministre que vous dites caméra". C'est un morceau biographique tiré des cela? oeuvres de l'écrivain britannique Christopher Isherwood, journaliste à ses heures. Les premières Une Voix: A toi. lignes de cette pièce sont à peu près les suivantes: Je suis une caméra, mon obturateur est ouvert, je Le Président: S'il vous plaît, messieurs! S'il capte les visages du monde qui passe. vous plaît! Généralement, vous captez les images de fa- M. Bellemare (Rosemont): Ils sont négatifs, çon non engagée et, dans ce cas, je soumets res- M. le Président, cela n'a pas de bon sens. pectueusement que vous ne pouvez pas le faire exactement de la même façon. Vous ne pouvez Le Président: S'il vous plaît! pas être indifférents aux Jeux olympiques. Leur M. Bellemare (Rosemont): Dans Rosemont, succès sera le succès de tous les Québécois. Et M. le Président, il n'y a pas de problème, c'est tous les Québécois doivent leur donner leur appui. dans le comté de Maisonneuve qu'il y a des pro- Enfin, M. le Président, je reviens à l'esprit blèmes. olympique. Indépendamment des aspects finan- ciers, que la régie tentera d'améliorer de toutes les Le Président: S'il vous plaît! Est-ce que je façons possibles, et des retombées économiques peux solliciter humblement votre collaboration? indéniables qui découleront de la tenue des jeux, 2033 il faut que cet événement quadriennal et histori- sonnifiée par son maire, et le parent imprudent et que soit pour nous tous une inspiration. Il faudra négligent, c'est le gouvernement actuel du Qué- notamment que nos jeunes aspirent, à travers les bec, personnifié par son premier ministre. programmes de leur école et de leur centre de loi- Je m'explique. Lorsque le maire de Montréal a sirs, à travers les Jeux du Québec, les Jeux du Ca- voulu détenir la permission du CIO de tenir les nada, les Jeux Panaméricains, à l'excellence jeux à Montréal en 1976, il lui a fallu obtenir l'ap- olympique. Il faudra que notre engagement collec- pui préalable du gouvernement fédéral. Cet appui tif et individuel se traduise aussi par un accueil à la candidature de la ville de Montréal, le premier chaleureux sans précédent à tous nos visiteurs. ministre Trudeau était prêt à le donner, mais à une Il y a plus de 700 ans, la chanson de Guil- seule condition, que le gouvernement fédéral n'ait laume disait: Pour être grand, il faut avoir été petit. pas à assumer d'autres responsabilités dans le M. le Président, mettons de côté la petitesse, c'est dossier olympique que celles du financement de la le moment d'être grand. monnaie olympique, des timbres et de la loterie olympique. Le Président: Le député de Lafontaine. En résumé, il n'était pas question que le gou- vernement fédéral participe à un éventuel déficit. Il Une Voix: Des propos légers. fallait que la ville de Montréal trouve quelqu'un qui s'engage auprès de M. Trudeau à faire en sorte M. Marcel Léger qu'une telle demande ne soit jamais faite et qui accepte d'assumer le déficit des Jeux olympiques. Une caution, quoi, s'il faut parler en termes juridi- M. Léger: M. le Président, avec tout le pathos ques. et la poésie que nous a servis le ministre, nous sommes d'accord avec lui qu'il faut que les jeux Cette caution, M. le Président, le maire de nous amènent au Québec un esprit olympique qui Montréal l'a cherchée en la personne du premier commence immédiatement. ministre du Québec. Dans une lettre adressée à M. M. le Président, malgré cet appel aux senti- Trudeau, datée du 31 janvier 1973, celui-ci s'enga- ments et à la miséricorde, il y a des péchés qui gea à cautionner les opérations de la ville de doivent être dénoncés. Le projet de loi qui nous Montréal dans la tenue des Jeux olympiques de est présenté, ce soir, a pour objectif, selon nous, 1976. M. Drapeau avait trouvé sa caution et M. d'aider à terminer le stade et les installations Trudeau, satisfait, donna son appui officiel à la olympiques à temps, premièrement. candidature de la ville de Montréal. Deuxièmement, de permettre d'effectuer des Ce qu'il est bon de mentionner immédiate- coupures de dépenses suffisamment importantes ment, c'est que le gouvernement fédéral avait déjà pour diminuer le déficit et, troisièmement, la pos- entre ses mains, à cette époque, un rapport du sibilité d'aller chercher notre argent, celui que Conseil du trésor fédéral qui, après avoir estimé nous avons payé en impôts à Ottawa, pour nous les prévisions budgétaires de la ville de Montréal, aider à réaliser ce grand projet avec les mêmes avait fait ses propres estimations, ses propres pré- arguments sentimentaux que vient de nous don- dictions et avait conclu, à ce moment-là, que les ner le ministre. Espérons qu'il aura plus de succès Jeux olympiques seraient déficitaires de $172 mil- devant le coeur tendre de M. Trudeau. lions, à ce moment-là. On comprend mieux, à la lumière de ces chiffres, l'insistance de M.Trudeau M. le Président, si je vous parlais d'un homme, à ce que le gouvernement du Québec cautionne la par exemple, quelqu'un de notre famille qui en- ville de Montréal parce qu'à ce moment-là les chif- dosserait toutes les opérations financières résul- fres que M. Drapeau nous avait présentés étaient tant du commerce d'une de ses connaissances et de $310 millions, soit $223 millions pour le stade, qui attesterait que s'il y a un déficit, c'est lui qui va $27 millions pour d'autres installations et $60 mil- payer, vous me diriez immédiatement qu'il y a lions pour le COJO. Cela faisait donc un total de quelque chose de bien imprudent là-dedans et que $310 millions et, comme par hasard, $310 millions votre parent n'a pas la bosse des affaires. de revenus. Cela balançait, tout était normal pour Maintenant, si je vous disais que cette même que M. Bourassa accepte. personne, après avoir endossé les faits et gestes de son ami, ne s'occupait même pas de savoir si Voilà donc, M. le Président, le gouvernement cette personne gère bien ses affaires, si la Bourassa engagé dans le dossier olympique. Je comptabilité est bien faite et si les affaires vont cite quelques pages de la lettre de caution de M. bien, bien, là, vous me diriez que votre parent Bourassa: "Le gouvernement du Québec convient n'est pas seulement imprudent, mais carrément ir- que le gouvernement fédéral n'a pas à assumer le responsable. Je suis sûr que si ses gestes irréflé- financement intérimaire des frais relatifs aux Jeux chis avaient le moindrement de répercussions sur olympiques de 1976". Plus loin: "Le gouverne- vous et la famille toute entière, vous seriez le pre- ment du Québec convient également que le gou- mier à déplorer tout haut cette irresponsabilité, à vernement fédéral ne sera pas appelé à verser de tout faire pour minimiser les dégâts et même à le contribution spéciale pour l'acquittement de tou- faire interdire pour prodigalité. tes les dépenses encourues à l'occasion des Jeux Le portrait tout craché de la situation que je olympiques et qui seraient en excédent du produit viens de vous décrire, c'est le dossier des Jeux net mentionné ci-haut et des revenus provenant olympiques de Montréal de 1976. Le gars qui se d'autres sources." lance en affaires, c'est la ville de Montréal, per- M. le Président, depuis ce temps, il s'est passé 2034 beaucoup d'événements. Au moment de la de- Sur quelles garanties se basait-il pour s'enga- mande des Jeux olympiques, le total des dépenses ger ainsi légalement pour toute la population du était de $310 millions. Malgré une insistance de Québec? Sur celles de la ville de Montréal, peut- notre part, pendant un an et demi, pour obtenir être, ou, comme il le dit si bien dans sa lettre, M. des commissions parlementaires pour étudier le Bourassa s'est-il uniquement fié aux assurances coût des Jeux olympiques en détail, nous n'avons de la ville de Montréal? Si tel est le cas, M. Bou- eu aucune réponse. rassa est à l'image de notre pauvre parent, dans Cependant, tout le temps, c'était l'autofinan- mon anecdote du début. Il a été imprudent. C'est cement. Continuellement, on disait: Cela va s'au- là qu'il faut chercher et dénoncer sa première er- tofinancer, on n'a pas besoin de s'inquiéter. Tout à reur dans le dossier. coup, par une question que j'ai posée en Cham- Voyons maintenant où l'imprudence se bre, le ministre a été obligé d'admettre qu'il y avait change en négligence folle et pure. Le gouverne- une augmentation de dépenses qui n'était pas ment Bourassa, en dépit de son engagement for- prévue. On a accédé à notre demande, en janvier mel à assumer le déficit éventuel des Jeux olympi- 1975, pour une commission parlementaire. A ce ques, donne un chèque en blanc à la ville de Mon- moment-là, les chiffres des dépenses étaient pas- tréal et ne s'occupe pas de surveiller le coût ou sés de $310 millions à $610 millions. En juillet l'échéancier des constructions des Jeux olympi- 1975, devant la montée des prix des installations, ques. De 1972 à 1974, le gouvernement Bourassa nous avons eu une deuxième commission parle- n'a montré aucun désir de surveiller quoi que ce mentaire et les chiffres sont montés à $730 mil- soit au niveau de la construction des équipements lions. Aujourd'hui, nous avons les derniers chiffres olympiques. C'est la ville de Montréal qui menait le présentés, que j'annonce dans cette présentation bal. En réponse à toutes les questions que nous et qui m'ont été fournis par les autorités compé- avons posées en Chambre et a nos multiples de- tentes, et le coût actuel minimum des installations mandes de commissions parlementaires pour sur- olympiques au complet se chiffre par $1.033 mil- veiller les coûts, on nous a toujours répondu: Les lions. prévisions de la ville de Montréal sont celles qui Si on regarde le coût ou l'indice de l'inflation sont les bonnes, $300 millions, tout va bien, tout dans la construction domiciliaire et la construc- sera prêt à temps. tion autre que domiciliaire au Canada de 1972 à Citons uniquement cette déclaration du minis- 1975, ainsi que le coût de la main-d'oeuvre dans le tre des Finances, M. Garneau, du 28 janvier 1973, domaine de la construction il a connu, de 1972 à à l'émission Politique Atout, au réseau Radio- 1975, une augmentation de 35% et, pour Montréal, Canada: "Le gouvernement du Québec n'aurait de 39%. Donc, au Canada, 35%; à Montréal, 39%, aucune espèce d'hésitation à combler un déficit incluant la main-d'oeuvre et les coûts de construc- éventuel de $5 millions à $10 millions et, si déficit tion. il y avait, il serait minime, etc." Faisant allusion au M. le Président, je pense que les personnes chiffre de $700 millions à $800 millions que nous qui ont présenté leur projet, comme Lamarre, Va- avions mis de l'avant en Chambre, M. Garneau lois, etc., qui avaient prévu que le coût serait de avait déclaré: "C'est de la foutaise, c'est incroya- $250 millions, avaient même prévu une marge ble." pour l'inflation. Mais, même s'ils n'avaient pas M. le Président, le gouvernement Bourassa ne prévu une marge d'inflation, ajoutons les 35% d'in- s'est décidé à convoquer la commission parlemen- flation et on atteint à peine $425 millions. Le coût taire de janvier dernier qu'une fois l'annonce faite des installations olympiques a augmenté d'environ par les journaux que le rapport Lalonde, Valois et 320%. . Lamarre venait de confirmer une hausse impor- Quel homme d'affaires, quel économiste au- tante des coûts de construction du Parc olympi- rait laissé celui qui lui a demandé une caution, au- que. Ce qui démontre que le gouvernement Bou- rait laissé son ami qui lui a fait signer un billet en rassa était nettement à la remorque de l'actualité blanc augmenter les prix, les coûts à 320% du prix et qu'il était loin d'être au courant des chiffres et initial? des prévisions. Pourtant, il était de connaissance M. le Président, je pense que, pour un premier notoire que le vélodrome, qui ne devait coûter que ministre qui se targue d'être un bon administra- $10 millions, coûtait déjà à cette époque $50 mil- teur et qui en fait souvent la qualité première de lions. N'était-ce pas là un indice des plus révéla- son gouvernement, cet engagement était bien im- teurs? Cette commission, le Parti québécois l'a ré- prudent. On peut vraiment bien évaluer la portée clamée pendant un an sans réponse, et voilà de cette imprudence lorsqu'on sait que le coût to- qu'une fois le dommage fait, on se décida à la tal des Jeux olympiques est actuellement en train convoquer. Plus tard, le gouvernement Bourassa... de dépasser le milliard de dollars. Dans sa lettre du 31 janvier 1973, le premier M. Lacroix: C'est parce que le premier minis- ministre Bourassa déclare: "Je désire vous faire tre n'avait pas les informations des chefs syndi- part que la ville de Montréal et le Comité d'organi- caux. sation des Jeux olympiques ont donné au gouver- nement du Québec l'assurance que les revenus Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! perçus par le COJO couvriront ces dépenses". Sur quels chiffres se basait alors le premier M. Léger: ... a toujours cru au principe... Le ministre du Québec pour affirmer que le principe gouvernement Bourassa aurait intérêt à ne pas de l'autofinancement était possible? continuellement provoquer ses partenaires dans le 2035 domaine économique, qui sont autant les syndi- M. Léger: M. le Président, cette commission, cats que les chefs patronaux et les coopératives, le Parti québécois l'a réclamée pendant un an qui sont des partenaires de l'Etat. Quand on af- sans réponse, et voilà qu'une fois le dommage fait, on fronte continuellement le syndicat, il est normal se décide à la convoquer. Le gouvernement Bou- que le syndicat revendique de temps en temps le rassa a toujours cru au principe de l'autofinance- droit de parole. Alors, le député des Iles-de-la- ment. Et même après la commission parlementaire Madeleine n'aide pas du tout le domaine écono- de janvier dernier, celle qui fit découvrir au gou- mique du Québec... vernement un grand écart de $250 millions, MM. Bourassa et Garneau parlaient encore de loterie M. Lacroix: On ne parle pas... spéciale, d'autofinancement à long terme, etc. Un des problèmes fondamentaux du dossier olympi- M. Léger: ... en attaquant continuellement les que réside dans le fait que les autorités en place syndicats. n'ont jamais voulu dire carrément à la population que les jeux étaient déficitaires. La population au- M. Lacroix: On ne parle pas des ouvriers. rait peut-être accepté qu'ils soient déficitaires, mais la population désire être mise dans le coup. M. Léger: Que le député sorte un peu du A ce moment-là, M. le Président, on a des jeux où Québec et qu'il aille voir... tout le monde est d'accord. Il n'y aurait pas ce climat de négativisme qu'on a sorti tantôt de l'au- Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Ce dé- tre côté de la Chambre. bat a bien débuté. Le ministre des Affaires munici- Ce n'est pas du négativisme que ceux qui sont pales, j'ai été sévère pour lui, pour qu'il puisse responsables des deniers publics et ceux qui sont passer son discours et son message. Je crois que responsables, dans l'Opposition, de dénoncer des vous avez le droit de parole. C'est un débat très abus le fassent et démontrent à la population que important, qui a des implications énormes. les Jeux olympiques c'est une bonne chose, mais Nous siégeons à la suite d'une mesure d'ur- que faire des déficits et jouer dans les deniers pu- gence, et je serai très sévère pour que les députés blics, ce n'est pas une bonne chose. C'est notre qui auront la parole soient respectés, et cela s'ap- rôle de le faire, M. le Président. Au lieu de mettre plique aux deux côtés de l'Assemblée. carrément les chiffres devant la population, on a préféré s'en tenir à cette idée d'autofinancement M. Léger: M. le Président, je continue en don- et traiter d'esprit négatif tous ceux qui refusaient nant l'exemple de personnes comme M. Taillibert d'y croire. à qui on présente des contrats plantureux qui va- Quant à nous, M. le Président, nous avons tou- rient entre $40 millions annoncés dans les jour- jours dénoncé ce principe d'autofinancement naux et les quelque $15 millions qui ne sont pas comme étant une supercherie. Et nous avons af- affirmés et qui ont été annoncés par le ministre des firmé qu'une fois l'idée de déficit admise, c'est au Affaires municipales. Quand on permet des exem- niveau du véritable contrôle des coûts de cons- ples de haut, les gens de la base, eux aussi, dans truction que se jouait le sort des jeux, M. le Prési- un climat où tout le monde y va au plus fort la dent. En janvier dernier, nous avons publiquement poche, essaient d'avoir les meilleurs avantages. demandé que le gouvernement du Québec assume Alors l'exemple vient de haut, M. le Président. directement la responsabilité de la préparation des Avant d'attaquer les syndicats, M. le Président, jeux. Nous avions demandé qu'un ministre soit on verra... nommé responsable du dossier olympique, et que tous les pouvoirs dont il pouvait avoir besoin pour M. Cadieux: Une question de privilège. s'acquitter de cette fonction lui soient confiés. C'était, à notre avis, la seule véritable solution Le Président: Une question de privilège... à la flambée des coûts que connaissaient les ins- tallations olympiques ainsi que la seule façon de M. Léger: ... s'il n'y aurait pas des choses à faire en sorte que les installations soient prêtes à corriger, dans la façon de fonctionner, M. le Prési- temps. dent... Cette solution s'imposait d'emblée et s'impose Le Président: Une question de privilège. A tellement encore que c'est précisément ce que M. l'ordre! Bourassa a l'intention de faire avec son projet de régie des Jeux olympiques. Un seul défaut, cepen- M. Cadieux: Le député de Maisonneuve vient dant, il le fait dix mois trop tard. de parler de $40 millions et plus et on sait très Dès le mois d'avril 1975, le gouvernement bien que c'a été rétabli. Bourassa, par l'entremise du CCJO, le Comité Le Président: II ne s'agit aucunement d'une conjoint des Jeux olympiques, savait que les cho- question de privilège. Vous interviendrez dans le ses ne tournaient pas rond au chantier olympique, débat pour réfuter tout ce que dit... surtout en ce qui a trait à l'échéancier. A plusieurs A l'ordre! Ce n'est pas une question de privi- reprises, le CCJO avait fait de timides suggestions lège. Une question de privilège, ça regarde l'hon- à la ville de Montréal sur la façon d'organiser le neur et la réputation des députés. A l'ordre! travail sur le chantier. La ville de Montréal aurait Assoyez-vous. Bon! C'est suffisant. alors carrément envoyé le gouvernement chez le Le député de Lafontaine. diable, malgré qu'en vertu du protocole d'entente 2036 entre la ville de Montréal et le COJO il est dit, à teurs du Village olympique pour permettre au l'article 3.02, que la ville s'engage à respecter les Québec d'épargner de l'argent lors des négocia- directives écrites du CCJO. tions avec Zarolega. C'est pour vous montrer Cette attitude de la ville de Montréal avait jusqu'à quel point l'Opposition a fait son devoir en alors entraîné la création d'un comité décisionnel essayant de pousser dans le dos du gouvernement spécial entre le gouvernement Bourassa et la ville pour sauver les Jeux olympiques. Ces pouvoirs, de Montréal. Pourtant, malgré toutes les indica- qui permettent au CCJO de revoir les modalités du tions de la mauvaise volonté évidente de la ville de budget des jeux, de participer au contrôle des re- Montréal à collaborer avec le CCJO et la difficulté venus, des coûts et des dépenses de la ville de de communiquer les vrais chiffres et le véritable Montréal et du COJO et d'émettre toutes les re- échéancier des constructions, il fallut encore que commandations et observations jugées à propos, nous harcelions le gouvernement en Chambre et le gouvernement n'a commencé à les comprendre qu'une nouvelle hausse des coûts soit annoncée et à les prendre au sérieux que depuis cinq mois. par les journaux pour que M. Bourassa se décide à C'est, de l'avis du Parti québécois, un des ac- convoquer une autre commission parlementaire tes de négligence les plus graves du gouverne- pour tenter à nouveau de contrôler, a posteriori... ment dans le dossier olympique et l'indicatif le plus sûr de la mollesse constante du gouverne- M. Cadieux: M. le Président... ment à efficacement contrôler le coût et la cons- truction des équipements olympiques. M. Léger: ... ce qui aurait dû l'être avant. Le Président: Excusez-moi. Si je comprends M. Cadieux: ... il n'a pas le droit de mention- bien, vous parlez au nom du chef du Parti québé- ner le nom de M. Bourassa. Il n'a pas le droit de le cois, pour le temps de parole. nommer. C'est dans le règlement. M. Léger: Oui. M. Léger: Est-ce que vous en avez honte? Le Président: D'accord. M. Cadieux: Un instant! M. Léger: Vous avez, M. le Président, j'espère, Le Président: A l'ordre, à l'ordre! comme d'habitude, enlevé le temps qui m'a été coupé par les deux députés. M. Cadieux: Un instant! Le Président: Continuez, continuez. Le Président: Je vais statuer sur la question. J'ai remarqué, tout à l'heure, que vous avez men- M. Léger: Voilà résumées les pires inepties du tionné le gouvernement Bourassa. Je crois qu'il y gouvernement Bourassa dans un dossier qui, avec a une coutume et que cela peut se faire en disant celui de la baie James, prend sérieusement à mal le gouvernement Johnson, le gouvernement Ber- cette fausse notion d'administrateur compétent trand. Mais, lorsque vous mentionnez un député, qui était, à l'époque, son apanage. un collègue de cette Chambre, vous savez que le Nous disions, à l'époque, que dorénavant il règlement prévoit cette question. serait impossible pour le premier ministre d'avoir quelque crédibilité que ce soit dans la menée du M. Léger: Je m'excuse, M. le Président, vous dossier olympique ou dans quelque dossier éco- avez raison. nomique ou projet collectif, où la seule adminis- Depuis deux ans et demi, le gouvernement tration et un véritable comportement d'homme Bourassa a des pouvoirs légaux de contrôler le d'affaires doivent prendre le pas sur l'improvisa- coût des constructions effectuées par la ville de tion ou la folie des grandeurs. Montréal. Ces pouvoirs de contrôle exercés par le biais du comité conjoint chargé de la révision et M. Bellemare (Rosemont): Avez-vous une so- du contrôle des revenus et des dépenses relatifs lution à... aux Jeux olympiques le gouvernement ne s'en est jamais prévalu. C'est le Parti québécois qui, à la M. Léger: M. le Président, si on regarde les commission parlementaire de janvier dernier, a chiffres actuels, présentés à la commission parle- souligné les pouvoirs énormes dont disposait, en mentaire tantôt ou demain, des installations olym- vertu des articles 3.01 et 3.02 du protocole d'en- piques, on remarque que dans la loi actuelle la ré- tente entre la ville de Montréal et le COJO, le gie va prendre dans le Parc olympique la respon- comité conjoint qui a souligné que le CCJO n'avait sabilité d'une série d'installations à bâtir. Pour rien fait depuis sa fondation et exigé que le gou- cette portion qui va passer sous la responsabilité vernement applique à la lettre le protocole d'en- de la régie, le coût, selon les chiffres qu'on nous a tente en prenant une part plus active dans le dos- donnés, à payer par le gouvernement se chiffre sier des Jeux Olympiques. par $690 millions, incluant la partie du finance- Pour manifester notre appui au gouvernement ment et la partie des installations uniquement à devant le problème que causait l'attitude dictato- l'intérieur du Parc olympique. Pour les installa- riale du maire Drapeau, nous avons même été tions que la ville de Montréal elle-même devra jusqu'à participer à une rencontre avec les promo- continuer à payer et à construire, mais qui ne se- 2037

ront pas sous la responsabilité de la régie, le coût autrement que par les revenus provenant du actuel est de $145 millions. Ce qui fait un total de COJO, mais qui ne sont pas des revenus prove- $835 millions que coûteront les installations olym- nant de la Loto olympique des autres provinces. piques, s'il n'y a pas de coupures majeures. C'est donc dire que, si le Québec continue, selon Ceci comprend le Parc olympique, les autres un des articles de la loi, la Loto olympique, ou installations et les frais de financement. Si on y Loto du millionnaire, après les Jeux olympiques ajoute les frais d'exploitation et le Village olympi- les revenus actuels nous prouvent que la moyenne que, responsabilité du COJO, qui se chiffrent par des revenus du Québec pour la Loto olympique $198 millions, nous avons une somme de dépen- est d'environ $10 millions maximum par loterie. ses totales, à ce jour, de $1,033 millions. Si on y Pourvu que l'intérêt continue. Comme il y en a soustrait les revenus, voici ce que cela donne. Il y trois possibles par année, cela fait un revenu ma- a d'abord le fait que la plus grosse partie des re- ximum de $30 millions pour éteindre la dette de la venus provient de la Loto olympique, dont la por- régie. tion venant des provinces autres que Québec ne M. le Président, d'une part vous avez la régie doit pas, selon la loi fédérale, être affectée aux ins- qui aura une dette de $243 millions et un revenu tallations olympiques de Montréal. C'est donc dire maximum de $30 millions. Au taux d'intérêt actuel, que les revenus provenant des provinces autres les $243 millions vont exiger, si on ne paie pas que Québec doivent être appliqués uniquement au comptant, $24 millions par année uniquement COJO et non pas aux installations olympiques. Il pour l'intérêt. Donc, si on ne reçoit que $30 mil- ne resterait donc qu'une somme de $187 millions lions, il n'y aura que $6 millions de disponibles qui peut être affectée aux installations olympi- pour deux choses: payer l'administration de la ré- ques. gie, d'abord, et — il ne restera pas grand-chose Le projet de loi actuel nous démontre que, s'il pour éteindre la dette de la régie. Or, les installa- y a un total de $1,033 millions de dépenses et un tions olympiques ne retourneront à la ville de maximum de revenus prévisibles de $425 millions, Montréal qu'une fois qu'on aura éteint la dette de nous sommes devant un déficit minimum prévu de la régie $608 millions. C'est donc dire que — je viens d'en faire la La loi dit que la régie prend en main toutes les preuve — l'autofinancement est impossible et que obligations que la ville n'a pas encore payées ou la régie elle-même a pour plus d'une vingtaine déboursées. La ville actuellement, a déjà déboursé d'années pour diminuer et faire disparaître sa pro- la somme de $300 millions, exactement un chiffre pre dette. de $260 millions. Si on soustrait, de cette somme Pendant ce temps, Montréal n'a aucune autre de $260 millions, la somme que le COJO a déjà source extraordinaire de revenus puisque la régie, donnée à la ville de Montréal, provenant de ses re- par la loi actuelle, ne peut pas faire autrement que venus permissibles — c'est une somme de $40 mil- de donner ses revenus pour éteindre elle-même sa lions — c'est dire que la ville de Montréal a une dette. C'est donc dire que — je viens d'en faire la dette actuelle de $220 millions, qu'elle a déjà preuve — l'autofinancement est impossible et que contractée, donc que la régie ne pourra pas tou- la régie elle-même a pour plus d'une vingtaine cher. Si on ajoute les installations que la ville de d'années pour diminuer et faire disparaître sa pro- Montréal doit continuer à construire, à payer et pre dette. que la régie ne touche pas du tout, cette somme Pendant ce temps, Montréal n'a aucune autre s'élève à $145 millions. C'est donc dire qu'en source extraordinaire de revenus puisque la régie, adoptant la loi de la régie nous laissons à la ville par la loi actuelle, ne peut pas faire autrement que de Montréal la responsabilité d'une dépense de de donner ses revenus pour éteindre elle-même sa $365 millions pour Montréal seulement, avec au- dette. C'est donc dire que la situation est grave cune possibilité de revenus extraordinaires, puis- pour Montréal et pour le gouvernement du Qué- que la loi dit que les revenus provenant du COJO bec. C'est la raison pour laquelle nous croyons doivent au départ payer et rembourser la régie. qu'il est important qu'avant d'aller plus loin dans Quelles sont les responsabilités de la régie, les déclarations sur les coûts, il faut peut-être dire maintenant? Les déboursés que la régie devra et répéter ceci: Nous ne pouvons qu'accueillir fa- faire se chiffrent par $430 millions selon les coûts vorablement, malgré le retard énorme, l'initiative actuels. Donc, la régie a en main la responsabilité prise aujourd'hui par le gouvernement. Nous nous de payer $430 millions. croyons cependant en droit de demander certai- Elle n'aura comme revenus provenant du nes garanties pour que l'incurie et l'incompétence COJO qu'un maximum de $187 millions, ce qui dont le gouvernement Bourassa a fait preuve dans laisse à la régie un déficit minimum de $243 mil- le dossier olympique ne se perpétuent pas sous lions. Vous voyez, M. le Président que, si on addi- une autre forme. tionne la dette de Montréal, $365 millions, avec La volonté évidente du gouvernement aucun revenu d'une part, la dette finale de la régie, d'écourter le plus possible le débat public de ce après qu'elle aura reçu tous les revenus provenant projet de loi, en refusant de convoquer les princi- du COJO, il lui reste une dette de $243 millions. Il paux intéressés à la commission parlementaire et va donc rester environ $600 millions de déficit en suspendant les règles ordinaires de la Chambre quand même. Alors, quelles sont les sources de sous prétexte d'une urgence qu'il n'admettait revenus supplémentaires pour éteindre la dette de même pas lui-même il y a quelques jours, nous la régie? laisse d'ailleurs songeurs. La dette de la régie ne peut pas être éteinte Il ne faudrait pas oublier que l'une des caren- 2038 ces les plus graves des responsables olympiques M. le Président, le coût des jeux dépassera $1 depuis plus de deux ans se situe, de l'aveu de milliard et le déficit avoué par le ministre respon- tous, au niveau de l'information. Ce sens maladif sable du dossier devant l'Assemblée nationale du secret qui dénote un mépris profond de la po- sera d'au moins $608 millions. C'est environ juste pulation a toujours été tel qu'il a même attiré les $100 par personne au Québec ou, si vous préférez, critiques du président du Comité olympique inter- $300 par travailleur, au Québec, que va coûter le national, Lord Killanin. Nous ne voulons pas que déficit des Jeux olympiques. $600 millions, M. le la prise en main par une régie gouvernementale Président, c'est plus que ce que nous coûterait le des responsabilités de la ville de Montréal dans contrôle d'une de nos plus grandes ressources, l'organisation des jeux soit une nouvelle tentative l'amiante. $600 millions en déficit, c'est bien plus de camouflage. que ce que nous coûterait l'établissement d'un L'enjeu, tant pour le sport amateur que pour réseau-témoin de distribution de pétrole au Qué- le prestige international du Québec et la bonne bec. La Saskatchewan, avec un peu plus de $600 gestion des deniers publics, est trop important. millions, vient de prendre en main une de ses ri- C'est pourquoi nous demandons, premièrement, chesses naturelles, la potasse, dont les gisements que le gouvernement effectue toutes les coupures sont les plus riches du monde, comme l'amiante possibles dans les constructions olympiques, afin au Québec. de réduire les dépenses futures. Le gouvernement fédéral, avec l'argent des Nous espérons qu'à la commission parlemen- contribuables québécois, est entré dans le secteur taire, demain, nous aurons les personnes quali- pétrolier en investissant dans Panartic, dans Syn- fiées du dossier olympique de Montréal et du gou- crude, aussi dans la potasse de la Saskatchewan vernement du Québec pour répondre aux ques- par le contrôle de Texasgulf. Ce déficit de $600 tions techniques pour savoir où s'arrête le stade millions, les Québécois ne doivent pas l'assumer olympique, combien cela va coûter, à quel niveau seuls. Tous les Canadiens doivent faire leur part. il faut arrêter et à quelle date réside le danger que Si tous ces investissements du fédéral dans le pé- nous n'ayons pas un stade conforme aux normes trole et la potasse sont à l'avantage du Canada sur du CIO. le plan économique, les Jeux olympiques le sont Deuxièmement, nous demandons que le gou- aussi sur le plan sportif et culturel. vernement effectue une révision systématique des M. le Président, tout autant à cause de la né- contrats de services professionnels, en particulier gligence éhontée et du laisser-faire inadmissible celui de M. Taillibert. du gouvernement de M. Bourassa que de sa dé- Troisièmement, nous demandons que le projet mission répétée devant les prétentions et les rêves de loi no 81 prévoie des réunions mensuelles, d'ici farfelus du maire de Montréal, le coût des jeux de les Jeux olympiques, de la commission parlemen- 1976 va dépasser le milliard de dollars. Montréal et taire afin de suivre de près la gestion gouverne- tout le Québec ne seront pas les seuls à bénéficier mentale et d'informer le public de l'évolution des du prestige international accolé aux Jeux olympi- travaux. Si on veut, comme le disait le ministre des ques et à leur diffusion à travers le monde par le Affaires municipales — qui est parti après une sor- biais de la télévision. Le Canada tout entier en reti- tie d'un pathos extraordinaire, j'aimerais bien qu'il rera des avantages tout autant en argent bien m'écoute — je répète ses mots "sécuriser la popu- sonnant qu'en renommée internationale. lation", il faut qu'il y ait une commission parle- L'étude du Bureau de recherche industrielle mentaire mensuelle où la régie viendra donner au de l'université McGill, dirigée par le professeur ministre responsable l'état des travaux, ou, en John Elton, a démontré que le gouvernement d'Ot- termes britanniques, un "progress report" sur tawa percevrait des revenus indirects et directs l'aspect de l'échéancier et sur l'aspect des coûts. importants de la tenue des Jeux olympiques à Pour revenir aux mots du ministre des Affaires Montréal. En fait, il récupèrera environ $0.20 de municipales, pour que la population du Québec chaque dollar dépensé à l'occasion des Jeux soit sûre que les jeux auront lieu, pour que le CIO olympiques. soit sûr que les jeux auront lieu et pour que la po- Aux dernières nouvelles, c'est toujours et uni- pulation mondiale, qui regarde le Québec au- quement une équipe canadienne qui participera jourd'hui, soit sûre que les jeux auront lieu, il est aux jeux de 1976. Au sein de cette équipe se re- important que le gouvernement accepte de mettre trouveront des athlètes de toutes les provinces du dans son projet de loi la commission parlemen- Canada. Lorsque les Québécois remporteront une taire mensuelle pour être capable d'évaluer régu- médaille d'or, c'est bien le drapeau canadien et lièrement la situation des Jeux olympiques. l'hymne nationale du Canada qui seront vu et en- Quatrièmement, M. le Président, que le gou- tendu par des millions de téléspectateurs sur les vernement Bourassa exige du gouvernement fédé- cinq continents, pour la plus grande gloire du Ca- ral qu'il prenne à sa charge 50% du déficit des nada. jeux. Un gouvernement qui a fait preuve, dans ce Puisque les Québécois sembleront être les dossier, d'une négligence et d'une imprudence seuls à devoir assumer le déficit des jeux, le Parti sans borne devrait être gêné de refuser de telles québécois a déjà suggéré qu'une équipe québé- demandes qui n'entraveront en rien l'action de la coise participe officiellement aux jeux de Mon- régie. Bien au contraire, elles pourraient certai- tréal, en même temps que l'équipe du Canada. nement contribuer à restaurer la confiance des M. Bellemare (Rosemont): Au ping-pong. Québécois dans notre capacité de remplir digne- ment notre mandat olympique. M. Léger: Puisquon paie tout, on peut avoir 2039 notre équipe. Même s'il est maintenant trop tard lité du Parc olympique; le gouvernement du Qué- pour constituer une telle équipe peut-être, en bec peut revenir sur sa décision pour le demander vertu des règlements du comité international, à M. Trudeau. M. Trudeau ne pourra pas se vanter cette formule permettait, au moins, de pallier l'in- en disant que le Québec ne lui a rien demandé. C'est justice dont sont victimes nos athlètes au niveau sûr que le gouvernement du Québec ne demande rien; le gouvernement fédéral va attendre que le des subventions d'organismes fédéraux comme Québec se mette à genoux, à un moment donné, Game Plan et les multiples cas de discrimination quand il y aura des grosses difficultés financières, et dans les disciplines comme le handball, l'aviron, aille quêter de l'argent d'Ottawa. l'haltérophilie. M. le Président, on n'a pas au Québec à quê- Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! ter de l'argent d'Ottawa. Cet argent-là nous appar- Excusez-moi; le débat de deuxième lecture est un tient et on va chercher la part qui nous est due. débat très large, vous le savez bien, mais il faut C'est simplement parce que, des personnes déci- quand même se limiter et je ne pense que je dent, à Ottawa, d'autres priorités contraires aux in- puisse vous permettre des digressions sur les dis- térêts des Québécois qu'on n'a pas cet argent-là ciplines des jeux. chez nous. Il s'agit que notre gouvernement se tienne debout, mais est-ce que le premier ministre M. Léger: M. le Président, si vous me le per- du Québec n'a pas la trouille, la peur de le de- mettez; sur le point que vous soulevez je voulais mander à M. Trudeau et de se le faire refuser? simplement dire que le règlement permet de sug- Je pense que M. Trudeau assume bien mal gérer tous les moyens d'atteindre les objectifs du son rôle de chef d'Etat lorsqu'il se retranche der- bill. J'ai des amendements à proposer dans le bill rière ce fallacieux argument. En vérité, le gouver- permettant d'atteindre ces objectifs-là; c'est pour nement Trudeau est pieds et mains liés avec la ma- cela que je parle de cela. De toute façon, j'ai ter- jorité "Canadian". Il ne saurait poser aucun geste miné cette partie-là. qui déplaise aux gens de l'Ouest, aux séparatistes M. le Président, le Parti québécois exige, de- de l'Ouest et de l'Est du Québec. Il doit aussi as- puis le tout début, que le gouvernement central sumer sa part de responsabilités dans le partage paie sa juste part du financement et du déficit des du déficit. Jeux olympiques. Cela tient à la plus élémentaire Le retard qu'il a mis à adopter la loi sur le fi- équité dans un régime fédéral financé par tous les nancement des Jeux olympiques a contribué, se- contribuables au fédéral que sont les Québécois. lon le rapport de la firme Lalonde et Valois, pour Les jeux de Munich n'ont-ils pas été défrayés une somme de $80 millions, et non seulement une à environ 50% par le gouvernement allemand? Le somme de $80 millions sur des revenus possibles. French Power de M. Trudeau refuse toujours car- Ils ont adopté la loi deux ans après qu'on ait ob- rément de contribuer davantage que par une tenu les Jeux olympiques, deux ans de temps où monnaie, des timbres, une loterie qui s'autofi- on a manqué les revenus possibles de la Loto, de nance — cela ne coûte rien à Ottawa — et par une la monnaie et des timbres, parce que M. Trudeau, aide indirecte que doivent, de toute façon, fournir à Ottawa, craignait de faire peur ou d'indisposer les services fédéraux de sécurité, de douane et de les anglophones de l'Ouest qui étaient jaloux télévision. Quand M. Chrétien ou M. Trudeau se parce que Montréal avait des Jeux olympiques. mettent à dire: Cela va nous coûter de l'argent, la Pendant deux ans, on a manqué ces revenus. sécurité, la douane et la télévision, je dis, M. le M. le Président, pendant ce temps, Montréal Président: On n'est pas encore dans un pays ne pouvait pas commencer à construire sans avoir étranger. Je pense que, normalement, c'est une une loi de financement. Alors, quand on responsabilité d'un pays de voir à ce qu'il y ait des compresse et qu'on diminue la période de cons- douanes, qu'il y ait de l'armée, qu'il y ait de la télé- truction, on est obligé d'avoir du rattrapage. Le vision et ce n'est pas uniquement parce qu'il y a rattrapage coûte cher, parce qu'il faut payer le les Olympiques. N'importe quel événement oblige temps double et le temps triple. Le gouvernement à avoir des soldats et de la sécurité, etc. Je ne vois fédéral est responsable de cette partie du déficit pas pourquoi on se vanterait de faire des dépen- que le gouvernement montréalais a à subir au- ses supplémentaires à cause des jeux; les soldats jourd'hui. Le ministre des Finances, M. Garneau, a sont payés à longueur d'année, de toute façon. déjà déclaré que les coûts astronomiques de la Cela ne relève-t-il pas de la compétence ex- baie James étouffaient financièrement le Québec. clusive du gouvernement central? Aucune admi- Plus récemment, il laissait entendre que le pouvoir nistration responsable ne saurait s'en départir. M. d'emprunt de la ville de Montréal commençait à se Trudeau tente souvent de justifier son refus par la ressentir de la lourde charge imposée par les promesse qu'ont faite la ville de Montréal et le constructions olympiques. Le gouvernement du gouvernement du Québec de ne rien exiger d'au- Québec les prend maintenant à sa charge. Les tre que des soi-disant services. projets de prolongement du métro et d'usine L'incroyable lettre de caution qu'a signée le d'épuration des eaux à Montréal pourraient être premier ministre du Québec en 1973 ne constitue suspendus indéfiniment avec les $365 millions de pas, à notre avis, un obstacle fondamental à une plus que la ville de Montréal va subir. Elle va être participation importante du fédéral au finance- obligée de payer capital et intérêts pendant ment des jeux. combien d'années? Cela va retarder la réalisation Le gouvernement du Québec est revenu sur sa de projets vitaux pour Montréal. La qualité de la décision pour enlever à M. Drapeau la responsabi- vie en souffrira. 2040

M. Bellemare (Rosemont): Cela s'en va dans taxes. C'est comme une taxe indirecte. C'est comme ton comté. si on disait qu'on va prendre les revenus de la taxe sur les cigarettes pour payer les installations olym- M. Léger: Les Montréalais et tous les Québé- piques, parce que la Loto olympique est un revenu par lui-même qui va servir à autres choses qu'à cois ne peuvent assumer seuls le financement des éponger une dette. jeux. Les possibilités financières du Québec, sim- Mais ce qui me surprend, c'est qu'ici nous ne ple Etat provincial pour le moment, sont trop limi- connaissons pas le plan global d'une politique de tées. Jusqu'à nouvel ordre, les Québécois sont sports, loisirs et jeunesse, ni à Québec, ni à Mont- toujours citoyens canadiens. Ils paient toujours réal. M. Drapeau n'en a jamais parlé. Quand nous leurs impôts à deux gouvernements, ceux d'Ot- lui avons posé la question, il a été très mal dis- tawa et de Québec. Ils doivent en retirer égale- posé, parce qu'il n'avait même pas prévu l'utilisa- ment des retombées. C'est une question de juste tion de ces installations après. rentabilité. Le gouvernement du Québec n'a plus de lois à M. le Président, on a beau dire qu'après les présenter pour la création d'un ministère des loi- Jeux olympiques on va laisser couler le robinet. sirs et pour une politique de loisirs et de sports au Les revenus maximums de $30 millions pouvant Québec, parce que les différents ministères ne revenir de la Loto olympique ne pourront pas faire s'entendent pas, chacun voulant garder sa petite disparaître la dette de la régie, donc ne pourront chasse gardée, le ministère du socio-culturel, le pas aider non plus la ville de Montréal. Les $243 ministère du Tourisme. On n'a pas de politique. Il millions de déficit de la régie, au minimum, et les n'y en aura pas de projet de loi présenté à l'au- $365 millions de déficit de la ville de Montréal ne tomne, tel que nous le disait le ministre actuelle- seront pas épongés avant longtemps, à moins que ment responsable du haut-commissariat la se- les deux gouvernements, du Québec et d'Ottawa, maine dernière. décident d'effacer la dette. Si on l'efface cette Donc, il est grave de constater qu'au moment dette d'un coup, les équipements olympiques où on a un événement extraordinaire qui éveille pourront être utilisés pour l'objectif premier pour toute la population du Québec à un esprit d'olym- lequel nous avons eu les Jeux olympiques. Les pisme, on n'a même pas eu, dans ce gouverne- Jeux olympiques au Québec n'étaient pas un point ment, le courage de préparer un projet, une en- d'arrivée. C'était un point de départ. Un point de tente entre les différents ministères concernés départ, cela veut dire qu'avec ce que nous avons pour avoir un projet réel d'une politique globale obtenu nous pourrions avoir une véritable politi- d'utilisation de l'équipement sportif à l'intérieur que de sports et de loisirs au Québec. Nous pour- d'une politique de sports, loisirs et jeunesse. rions utiliser toutes les installations olympiques selon un plan. Les commissions scolaires, avec le Le premier ministre ne doit pas demander, M. ministère de l'Education derrière cela, toutes les le Président, le premier ministre ne doit pas de- installations olympiques et tous les équipements mander ni quémander notre argent à Ottawa. Il sportifs des universités, des collèges et des poly- doit exiger, au nom de tous les Québécois, que le valentes permettraient d'avoir une réelle politique gouvernement central prenne à sa charge au des sports et loisirs après qu'on aura éveillé le moins 50% du déficit, et je puis lui assurer que le goût des Québécois par la venue des Jeux olympi- Parti québécois l'appuiera entièrement dans cette ques au Québec. démarche. Si on n'efface pas la dette, non seulement on Le Vice-Président (M. Blank): Le Solliciteur ne pourra pas payer les installations — cela va être général. des éléphants blancs — mais on ne pourra même pas envoyer des athlètes pratiquer dans ces instal- M. Fernand Lalonde lations olympiques, parce qu'on n'aura pas les moyens de payer ni le capital ni l'intérêt. Même si M. Lalonde: M. le Président, le projet de loi no on les payait tous, on aura besoin des revenus de 81 vise à permettre de compléter les installations la Loto olympique pour payer les dépenses cou- olympiques à temps pour la tenue des Jeux olym- rantes. Certains ont sorti le chiffre de $7 millions piques de 1976. Le déroulement du chantier du de déficit de fonctionnement uniquement en ex- stade, les difficultés techniques rencontrées cluant capital et intérêt. Imaginez, les installations l'échéance impitoyable, les arrêts de travail ont olympiques pourraient coûter $7 millions de défi- amené le gouvernement à conclure qu'à moins cit annuel de fonctionnement seulement. Alors, on qu'il prenne en main les travaux, qu'il mette der- a besoin de la Loto olympique. rière cette entreprise gigantesque toute sa volonté Si on prend la Loto olympique pour effacer politique, tous ses efforts, la tenue des Jeux olym- graduellement la dette à raison de $2, $3, $4 mil- piques en 1976 était compromise. lions par année, on ne pourra pas faire autrement A preuve, quelques exemples relatifs aux que de priver le Québec soit de cette source de échéanciers. Au 2 novembre 1975, eu égard aux revenu qui pourrait être appliquée à une politique échéanciers présentés à la commission parlemen- des sports et loisirs au Québec, soit parce qu'on taire des affaires municipales, en juillet 1975, sur l'enlève à d'autres taxes qu'on pourrait enlever. la tenue des Jeux olympiques en 1976, les travaux C'est comme des vases communicants. Si la Loto des consoles devaient être complétés à 100%. Or, olympique sert pour payer une dette, elle ne peut ils ne l'étaient qu'à 48%. L'installation des gradins pas servir pour empêcher une augmentation de ou estrades, qui n'est pas encore commencée, qui 2041 n'était pas encore commencée le 2 novembre, de- Contrôler, il l'a fait par ses nombreuses et vait alors être complétée à 55%. constantes interventions auprès du COJO et au- Selon les échéanciers présentés au CIO, au près de la ville de Montréal. Contrôler l'inflation, début d'octobre dernier, les travaux convention- c'est une autre chose. Le CCJO n'avait pas ce nels, partie inférieure du stade niveaux 100, 200 et mandat. Reproche-t-on, par exemple, au Conseil 300, indiquent un retard, au 2 novembre 1975, de du trésor les augmentations considérables des plus de cinq semaines. Le montage des éléments coûts des biens et services consommés aux cen- préfabriqués indique, au 2 novembre 1975, pour tres hospitaliers durant la période de 1973 à 1975? les voussoirs des consoles, un retard d'une se- Ces augmentations ont été dans les dizaines de maine, avec un état d'avancement des travaux de millions de dollars. Est-ce qu'un comité de 88%. Pour les bas-fléaux un retard d'une semaine contrôle ou un Conseil du trésor peut empêcher avec un état d'avancement des travaux de 80%. l'inflation de faire éclater les coûts? Pour les poutres radiales, un retard d'au moins Plus d'une soixantaine de réunions plénières deux semaines, avec un état d'avancement des du comité, des centaines de rapports, de docu- travaux de 39%. Pour les corbeaux, un retard de ments, de rencontres, deux commissions parle- quatre semaines, avec un état d'avancement des mentaires ont été convoquées à la suite de la de- travaux de 11%. mande du comité de contrôle qui a été le premier Je pourrais continuer, mais j'ai donné ces à obtenir des prévisions budgétaires sérieuses de quelques exemples pour indiquer jusqu'à quel la part de la ville de Montréal, prévisions budgétai- point le geste que le gouvernement pose ce soir, res préparées par un mandataire coordonnateur en proposant la deuxième lecture de ce projet de nommé, lui aussi, à l'instigation et à la demande loi, est pertinent et nécessaire. du CCJO. Est-ce que le travail du CCJO lui a ap- On nous a reproché que ce geste était en re- porté une satisfaction complète? Non, au tard. L'Opposition a même déniché une sugges- contraire. Ce travail s'est fait dans un contexte fort tion qu'elle a faite lors de la tenue d'une commis- difficile. Toutes les circonstances de la réalisation sion parlementaire pour étudier le dossier des des Jeux olympiques, que ce soit par le COJO, or- Jeux olympiques en janvier dernier. J'ai examiné ganisme temporaire, ou par la ville de Montréal, cette suggestion, comme on l'avait fait à ce dans les conditions négatives que l'on connaît, moment-là, et elle n'est appuyée sur aucun argu- n'ont pas rendu facile l'exercice de ce mandat. ment, sur aucune information. Elle ne se réfère à Je voudrais profiter de cette occasion pour aucune logique qui aurait pu nous inspirer à ce rendre hommage aux membres du CCJO et aussi moment-là pour l'accepter. L'Opposition y croyait aux fonctionnaires qui ont travaillé d'arrache-pied tellement peu, d'ailleurs, que lors de la tenue de la pour constamment conserver le tableau réel du commission parlementaire de juillet elle l'a laissée problème des Olympiques et en informer le gou- tomber. On ne l'a pas reprise, ce qui prouve que vernement. son reproche, à l'effet que ce geste est en retard, Comme conséquence on a vu — je l'ai dit tan- n'est pas sérieux, surtout lorsque l'on sait que tôt — les deux séries de commissions parlementai- c'est le déroulement des travaux, avec les arrêts res qui ont été tenues en janvier et en juillet der- de travaux que nous avons connus durant l'été, nier. qui nous a amenés à conclure que c'est mainte- Pour la première fois dans des Olympiques nant et maintenant seulement que le gouverne- modernes, on a vu un organisme aussi démocrati- ment pouvait prendre en charge les travaux de que qu'une commission parlementaire, qui est la réalisation du stade olympique. créature, l'extension de cette Assemblée natio- Il faut quand même reconnaître que la ville de nale, faire la lumière complète sur le déroulement Montréal n'est pas un petit organisme. C'est, au de la préparation de Jeux olympiques. Partout ail- Québec, le deuxième plus considérable des orga- leurs, cela s'est fait un peu en catimini avec des nismes publics, c'est la métropole du Canada. La organismes intergouvernementaux, alors qu'ici, ville de Montréal a, jusqu'à maintenant, réalisé des c'est sur la place publique que le gouvernement a travaux considérables, que ce soit le métro, que ce étalé tous les problèmes, tout le grand défi aussi soient d'autres travaux plus ou moins convention- que constituait la tenue des Jeux olympiques. nels, et il n'était que juste que le gouvernement lui L'Opposition a eu au moins 50 heures de commis- fasse confiance jusqu'à preuve du contraire. Main- sion parlementaire pour poser, dans la plus tenant, nous avons la preuve qu'à moins que le grande liberté, toutes les questions qu'elle croyait gouvernement n'intervienne énergiquement, nous pertinentes. Jamais durant ces 50 heures, n'a-t-elle ne pourrons pas offrir un stade satisfaisant pour la fait un reproche sérieux au gouvernement et plus tenue des Jeux olympiques, le 6 juin prochain. particulièrement au CCJO, car l'Opposition a eu On a jeté le blâme sur un comité formé par le l'occasion de connaître, à mesure que se déroulait gouvernement et la ville de Montréal pour surveil- le dossier olympique, tous les éléments qui lui ler les coûts et les dépenses. Je crois qu'il est fon- permettaient d'informer, comme le gouvernement damentalement injuste de blâmer le CCJO, formé d'ailleurs, comme les autres membres de la d'un groupe de fonctionnaires en majorité, pour le commission parlementaire, le public sur le dérou- déficit et le retard des travaux olympiques. Il faut lement des jeux. se souvenir que la responsabilité des travaux ap- partenait à la ville de Montréal. Le CCJO n'avait M. Morin: Un peu plus et vous allez nous tenir qu'un mandat de surveillance et de contrôle. responsables du désastre. 2042

M. Cadieux: La barbiche. M. Lalonde: D'ailleurs, je crois que...

M. Lalonde: On a mentionné, tantôt — c'est M. Léger: Est-ce que le ministre me permet un exemple que je veux soulever pour montrer une question? jusqu'à quel point le député de Lafontaine se sert Non? Oui? des chiffres à son escient — le fameux déficit de $172 millions que le fédéral aurait prédit en 1972, M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas inter- je crois. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'à ce moment rompu le député... les prévisions de $310 millions étaient considérées comme amplement suffisantes. On n'avait pas M. Léger: Je lui demande s'il veut me permet- commencé a connaître l'inflation qu'on a vue. Les tre une question. revenus, toutefois, étaient considérés comme beaucoup trop élevés. De là l'écart de $172 mil- M. Lalonde: Peut-être un peu plus tard ou lions. Or, les revenus de $310 millions, à ce mo- demain à la commission parlementaire. ment, suivant les prévisions, sont maintenant de $400 à $425 millions, si je prends les chiffres du M. Léger: D'accord. Dans les cinq heures. député de Lafontaine... M. Lalonde: M. le Président, le député de La- fontaine a mentionné des chiffres relativement à M. Léger: Au maximum. l'inflation. Mon collègue des Transports pourrait M. Lalonde: ... alors que les dépenses ont nous donner — j'espère qu'il le fera — des exem- éclaté, comme on l'a vu. Alors, je crois que ples concrets que nous avons vécus dans des tra- l'exemple donné par le député de Lafontaine est à vaux quand même assez conventionnels. tout le moins inexact. Qu'on me permette simplement de mention- Oui, malheureusement, les coûts ont ner l'augmentation des coûts de construction des augmenté. On ne s'en réjouit pas. Je n'accuse pas grands projets. Peut-être que ces augmentations l'Opposition de s'en réjouir, quoique, lorsqu'on dit ne sont pas reflétées dans toutes les constructions triomphalement que l'autofinancement n'a pas domiciliaires ou autres, mais je mentionne, par réussi, on est à se demander si on désirait que exemple, le métro à Montréal. Montréal a construit cela réussisse. un métro, il y a plusieurs années, à l'intérieur des échéanciers et des prévisions budgétaires. Pour le projet actuel de prolongement du mé- M. Morin: Allons donc! tro, les prévisions budgétaires d'il y a deux ou trois ans ont quadruplé alors que nous avons af- M. Léger: C'est parce que ça fait tellement faire à un projet de construction conventionnel qui longtemps qu'on vous le dit. a déjà été fait, qui ne présente aucun problème technique nouveau, comme nous avons, par exemple, au stade, avec le même genre d'équipe- M. Lalonde: Je crois que l'autofinancement... ment, où nous n'avons pas d'échéancier impitoya- ble comme nous avons ici pour le stade. Quatre M. Cadieux: Un instant. fois plus élevé est le coût du métro relativement aux prévisions qui avaient été faites il y a seule- ment quelques années. M. Lalonde: ... est un élément extrêmement Il faut ajouter pour le stade la technique nou- important pour l'avenir de l'olympisme dans le velle, la bousculade, littéralement, que nous de- monde. vons organiser le mieux possible sur le chantier afin de produire un volume de travaux considéra- M. Léger: Y croyez-vous encore? ble à l'intérieur d'une période de temps très courte. Lorsque le député de Lafontaine — et je veux M. Lalonde: Ce principe, qui a été tenté, hon- quand même souligner qu'il avait raison à ce mo- nêtement, par la ville de Montréal et qui a été cau- ment — mentionne que la loi concernant l'autofi- tionné par le gouvernement, est extrêmement im- nancement est arrivée en retard, c'est non seule- portant parce qu'il aurait permis, si les conditions ment deux ans après l'octroi des Olympiques à avaient été normales au niveau des coûts de cons- Montréal, mais trois ans, en 1973. Ainsi, la ville de truction, à toute nation, tout pays, quels que Montréal ne pouvait pas s'engager financièrement soient sa stature, sa richesse ou son état de pau- dans la construction, faire des engagements for- vreté relatifs, d'offrir au reste du monde des Olym- mels avant juin 1973. piques dans l'avenir. C'est sûrement une formule qui méritait qu'on la tente et qui mérite qu'on Cela veut dire qu'il restait seulement trois ans continue, d'ailleurs, de la tenter, malgré l'écart de pour construire un gigantesque projet qui norma- plus en plus aberrant qui existe entre les coûts et lement aurait dû prendre cinq ans. Alors, c'est un les revenus prévus pour les Olympiades de 1976. élément. Le député de Lafontaine fait mention du chiffre de $80 millions qui a été mentionné par le mandataire coordonnateur à la commission M. Léger: Est-ce que le ministre me permet parlementaire de janvier 1975. Je pense que, une question? d'après les renseignements que nous avons, $150 2043

à $200 millions ce serait beaucoup plus exact si nement l'est aujourd'hui lorsqu'il prend en charge l'on veut chiffrer l'augmentation du coût du la responsabilité de réaliser les jeux. Je ne vois complexe: stade, mât, piscine, et du Parc olympi- pas comment, M. le Président, on pourrait s'oppo- que, à cause du fait que nous devons le compléter ser à ce que le gouvernement déclare sa volonté dans un délai très court. politique d'aider et de mettre ses efforts derrière J'aimerais rétablir, M. le Président — j'ai eu cette entreprise que constituent, pour tous les l'occasion de le faire, je ne sais pourquoi on Québécois, les Olympiques. Je ne comprendrais continue à le mentionner — le cas Taillibert, du pas comment un membre de cette Assemblée ne contrat de M. Taillibert. A notre connaissance, au- voterait pas pour un geste énergique, un geste dé- cun contrat n'existe. Nous avons demandé des cisif que le gouvernement veut poser en faveur de contrats, on nous a toujours répondu qu'il n'y la tenue des Olympiques 1976. Merci, M. le Prési- avait que des projets. Le président du Comité exé- dent. cutif de la ville de Montréal m'a encore assuré, il y a quelques jours, qu'aucun projet n'était même Le Vice-Président (M. Blank): L'honorable assez avancé pour atteindre le niveau du comité député de Laurier. exécutif. Ce sera à la Régie de régler ce problème. Je voudrais terminer en rappelant que le gou- M. André Marchand vernement est dans le contexte un peu spécial de ces Olympiques, un contexte qui contenait comme M. Marchand: M. le Président, je m'excuse élément la responsabilité unique et totale de la pour ma voix, M. le Président, si on ne comprend ville de Montréal de construire les installations pas bien, mais je vais faire un effort pour accom- olympiques au départ. C'était elle qui avait obtenu plir le devoir que j'ai à accomplir avec un grand l'accord du Comité international olympique. Sa plaisir. formule d'autofinancement était louable et il fallait M. le Président, c'est avec énormément de l'appuyer, à ce moment; il faut continuer de l'ap- plaisir et de fierté, comme Montréalais, Québécois puyer si on peut trouver des formules qui permet- et Canadien que je constate qu'il y a sept ans, tent d'obtenir des sources de financement volon- c'est-à-dire immédiatement après Expo 67, qui fut taires. Donc, cette formule, ce contexte ne permet- si bénéfique pour les Montréalais, la province de taient pas au gouvernement comme tel de s'enga- Québec et le Canada tout entier... ger financièrement, à moins d'une urgence, ce à Je me souviens bien, M. le Président, des re- quoi nous faisons face actuellement. tombées économiques salutaires dont tous les Le gouvernement a toujours été responsable. Canadiens ont eu le plaisir de profiter après Expo Il l'a été lorsqu'il a cautionné la ville de Montréal le 67 et qui durent encore. Par contre, je ne crois pas 31 janvier 1973. qu'une nation aussi jeune que la nôtre, aussi Les Jeux olympiques sont et seront, pour le prospère et je dirais même aussi heureuse, lors- Québec, non seulement un grand défi qu'on saura qu'on regarde alentour de nous les pays éloi- relever, mais aussi une source de retombées éco- gnés, je ne crois pas qu'un pays comme le nôtre, nomiques considérables. Des centaines de mil- dynamique, doive s'asseoir sur ses lauriers. lions de dollars en salaires sont actuellement en- Aussi, M. le Président, une journée après ce caissés par des ouvriers des entreprises du Qué- grand succès que fut l'Expo, un homme dynami- bec. Heureusement que, contrairement à l'infla- que décida d'aller chercher un projet de grande tion, cet aspect positif arrive dans une période de envergure, les Jeux olympiques. C'était en 1968. récession et de chômage. Cela aurait été pire si on Le 7 mai 1970, ce même homme annonçait, à la n'avait pas eu cela. joie de tous les Montréalais, à la joie de tous les Responsable, il l'a été lorsqu'il a établi un Québécois, à la joie de tous les Canadiens... comité de surveillance. Le comité de surveillance Je ne me souviens pas qu'il y ait eu à ce mo- est quand même responsable non seulement du ment une personne qui se soit opposée à ce grand contrôle des coûts quotidiens, non seulement projet. d'économies considérables — par exemple, au ni- Aujourd'hui nous sommes en face d'une réa- veau du Village olympique, on a parlé d'une di- lité concrète: dans neuf mois nous aurons au zaine de millions d'économie à la suite d'interven- Québec les Jeux olympiques. Je dis bien au Qué- tions du comité de surveillance — mais responsa- bec, car les retombées de ces jeux, qu'on peut ble aussi de la nomination d'un mandataire coor- faire remonter jusqu'à 1970, ont déjà fait leur effet. donnateur au stade olympique et au Village olym- Quelles que soient les conclusions des Jeux olym- pique. Il est responsable aussi de la tenue de piques 1976, jamais nous avons vu tant d'orgueil, commissions parlementaires qui ont permis au de fierté parmi notre jeunesse québécoise. Nous grand public ainsi qu'à tous les membres de cette avons vu nos jeunes, ce que nous n'avions jamais Assemblée de connaître les véritables conditions vu dans le passé, aller chercher des médailles du chantier et du défi olympique. dans l'ouest du Canada, à Mexico, en Europe. Ils Responsable, le gouvernement l'a été lorsqu'il ont appris ce qu'était l'olympisme. L'olympisme a justement convoqué ces deux séances de la c'est la participation, et je pense que pour tous et commission parlementaire. J'ai déjà décrit les chacun, il ne s'agit plus de combattre un fait ac- avantages qu'elles avaient comporté et pour les compli qui va coûter le même prix. parlementaires et pour le grand public. Qu'on arrête les Jeux olympiques aujourd'hui Responsable, encore et toujours, le gouver- ou demain, les $500 millions que peut-être cela 2044 peut coûter, c'est fait. Il n'en restera rien si les dé- J'espère que nos jeunes, qui y participeront, se- faitistes, que j'entends ce soir, du parti séparatiste ront fiers d'avoir participé, et tant mieux pour ceux qui se disent Québécois, si ces défaitistes conti- qui remporteront des médailles. L'importance, nuent à désamorcer une chose faite, il n'en restera c'est de participer. Merci, M. le Président. rien. Mais ils ne réussiront pas, nous sommes là, M. le Président, pour défendre un projet impor- M. Mailloux: M. le Président... tant. Je pense que tout député de l'Assemblée na- Le Vice-Président (M. Blank): Le député de tionale doit comprendre, je sais que mes amis li- Fabre. béraux l'ont compris, et je demande aux membres de l'Opposition de bien comprendre l'importance M. Gilles Houde de ces Jeux olympiques pour le Québec. Si, en 1967, l'Expo a eu des retombées ex- M. Houde (Fabre): M. le Président, depuis traordinaires pour le Québec, cela prend une sur- déjà six ou sept bonnes années, nous avons eu à vie, et j'espère qu'en 1978 on aura un autre projet passer à travers une série de difficultés. La pre- important afin de continuer à dire qu'au Québec mière est celle que vivent présentement des dizai- nous ne reculons pas mais nous avançons. nes de milliers de garçons et de filles, athlètes, J'ai entendu, cet après-midi, le député de Sa- musiciens, peintres, sculpteurs, afin de pouvoir guenay parler de $1 milliard de déficit; je me de- participer à un événement extraordinaire, un évé- mande comment un homme peut parler comme nement que l'on appelle communément un ras- cela. Quand on parle de $1 milliard de déficit et de semblement de la jeunesse mondiale en 1976. $1 milliard de dépenses, je ne pense pas qu'on Cette première difficulté est celle d'être choisi, est puisse dire que c'est $1 milliard de déficit ou il celle d'être d'abord sélectionné à l'intérieur d'une faut être complètement ignorant d'une situation équipe nationale, tant dans le domaine culturel économique. S'il y a $1 milliard de dépenses, cela que sportif, tant dans le domaine des arts ou de la veut quand même dire que sur $1 milliard de dé- musique. Nous avons, au mois de mai 1970, ga- penses, toute personne sensée peut penser qu'il y gné. Nous avons réussi cette première étape que a au moins de l'impôt à $330 millions. Immédiate- j'appelle être sélectionné. Montréal a été choisie, ment, il faut aussi penser que nous demeurons après beaucoup de difficultés et d'efforts, comme avec des installations olympiques dans la ville de ville devant tenir ou devant être le site de la XXIe Montréal qui serviront à toutes sortes d'autres pro- Olympiade de 1976. jets d'une valeur de peut-être $300 millions, $400 Je me souviens fort bien du lendemain de millions ou $500 millions. l'obtention de ces jeux, Au tout début du mois de Est-ce qu'on a pensé aux 200,000 personnes mai, au lendemain d'Amsterdam en Hollande, qui viendront probablement dans ce temps-là, qui nous étions nouvellement réélus, nouvellement au laisseront des capitaux étrangers, et nous-mêmes pouvoir, et le premier ministre m'avait demandé qui irons là et qui paierons des taxes supplémen- d'aller accueillir à Dorval, au nom du gouverne- taires qui rentreront dans les coffres? ment, cette délégation de Québécois qui reve- Alors, M. le Président, à ce moment-là, le défi- naient d'Amsterdam. Je me souviens de la presque cit de celui qui a contredit le député de Saguenay, euphorie, de la joie collective dans le Québec et le le député de Lafontaine, de $690 millions, immé- Canada à l'arrivée de cet avion qui, disait-on le diatement son collègue le contredit, moi je dis que lendemain dans tous les journaux, grâce à un pi- c'est à peu près $500 millions et je suis prêt à le lote qui avait un peu d'imagination, avait obtenu la prendre. Parce que les 6,000 travailleurs n'auraient permission des autorités de Dorval de placer au pas travaillé. Si tu enlèves la baie James avec bout de la piste le drapeau olympique et de rouler 12,000 travailleurs, cela fait pas mal de chômeurs, jusqu'à l'aéroport où des centaines et des centai- M. le Président. nes de citoyens venus de partout, sans compter Je suis pour que les gens vivent et vivent dans les fanfares et les majorettes, des dizaines et des le meilleur des mondes. Il y a des confirmations à dizaines de journalistes, de photographes et de cela. J'ai ici un document, je pense, assez impor- caméramen attendaient ceux qui avaient contribué tant d'une firme Molson, Rousseau & Cie Limitée à l'obtention des Jeux olympiques. qui dit ici textuellement: "Dans le Québec et au Cette sélection, une fois faite, nous permettait Canada, les dépenses reliées aux jeux et les avan- de passer à une deuxième étape que les sportifs tages qui en résulteront sous forme d'une connaissent fort bien. Une fois choisi, ce n'est pas augmentation de l'emploi et de recettes de $200 tout. Une fois sélectionné, ce n'est pas tout. millions â $300 millions en impôts sur le revenu et Comme dans n'importe quelle discipline que vous en taxes... De plus, le Canada tout entier bénéfi- verrez l'été prochain, il y a d'abord les préliminai- ciera d'un afflux de devises étrangères d'environ res. $510 millions par le tourisme et par d'autres sour- Les préliminaires pour nous, contrairement à ces de devises, ce qui renforcera la valeur du dol- quelques très rares exceptions dans le domaine lar canadien — c'est à long terme, quand on parle sportif ou culturel ou artistique, n'ont pas été une de choses comme celles-là — et abaissera le coût chose facile. Les préliminaires pour nous ç'a été des importations pour les Canadiens". quelque chose de difficile. Je ne les résumerai pas M. le Président, je veux en terminant me dé- dans les moindres détails depuis 1970. clarer fier, encore une fois, des Jeux olympiques. Il y a eu d'abord la formation d'un organisme 2045 qui s'est appelé le COJO; il y a eu des problèmes peu plus intensément que pendant de longs mois, quant au site. Vous vous rappellerez sans doute pour ne pas dire quelques années, le dossier les batailles concernant le Village olympique tem- olympique. Je voudrais dire à cette Chambre que poraire, pas temporaire, sous la tente, le bateau, les personnes que le gouvernement a choisies pas de bateau. Vous vous rappellerez sans doute, pour travailler au sein d'une régie, que les person- depuis 1970, dans ces préliminaires, les conflits de nes qui ont été choisies — et choisies est peut-être travail et de relations de travail. Vous vous rappel- un mot fort — ont presque été désignées d'office lerez sûrement, dans ces préliminaires toujours, dans certains cas, pour relever ce défi extraordi- les difficultés; choix de l'architecte, association naire mais à la fois dangereux et facilement sujet à des architectes, contestations, bétons, brique, site, la critiaue. environnement, architectes encore, ingénieurs, Est-ce que quelqu'un dans cette Chambre architectes encore, déficits, financement. Le résul- pourrait me nommer une seule personne, parmi tat, qu'humblement je pense avoir résumé à plus celles qui ont été nommées pour travailler à cette d'une occasion depuis 1970, est qu'une grande régie, qui manquait de travail, qui cherchait un partie de la population en avait fort soupé d'en- "job" ou qui ne savait trop que faire de ses mo- tendre uniquement parler de: Jeux olympiques ments de loisirs ou de ses temps libres? Non. J'ai égalent béton, déficits, paquets de troubles. Une eu l'occasion de constater, depuis quelques jours, grande partie de la population souhaitait autre que plusieurs de ces personnes et pas une seule chose, parce que c'est autre chose, les Jeux olym- personne nommée à cette régie n'avait d'intérêt piques, que d'entendre parler de quelque chose personnel à être membre d'une telle régie. Per- sans doute d'excessivement important; d'une fa- sonne n'avait intérêt à ramasser une patate çon générale les gens voulaient entendre parler chaude, s'il faut l'appeler comme cela. Personne. d'autre chose. Tous ceux qui font partie de cette régie, tous Malgré ces préliminaires excessivement diffi- ceux que j'ai rencontrés ont accepté pour une ciles, les journaux nous rapportaient, il y a à peine seule et unique raison: réussir quelque chose de quelques jours, les résultats d'un sondage. On collectif. Ils ont réussi à se convaincre, individuel- nous disait qu'une grande partie de la popula- lement ou en groupe, qu'il y avait là un défi de tion — je crois que le chiffre exact du sondage qui taille, qu'il y avait là un "challenge" que personne a été publié était de 68% ou enfin près de 70% de n'avait droit de laisser tomber. J'ai eu l'occasion la population — désirait quand même les Jeux de voir, il y a deux ou trois jours encore, ces gens olympiques de 1976. et de voir aussi cette espèce d'état d'esprit qui les Et déjà là on pourrait, avec fierté, dire que anime. C'est presque emballant de voir des hom- c'est une victoire. Les préliminaires, depuis 1970, mes, sous-ministres, hauts fonctionnaires de car- ayant été tellement difficiles, ayant été tellement rière, financiers, hommes de loi de carrière, ingé- décourageantes, je considère déjà comme une vic- nieurs de carrière, malgré tout le travail, dire: Oui, toire énorme que 68% de la population désirent nous avons là un défi, nous allons retrousser nos encore obtenir les Jeux olympiques en 1976. C'est manches et nous allons commencer à travailler presque incroyable que, malgré tout cela, malgré immédiatement, nous allons faire notre très grand toutes les difficultés, nous en soyons rendus ce possible et nous sommes assurés que le 17 juillet soir, au 19 novembre, avec un sondage qui nous il y aura des Jeux olympiques à Montréal. C'est ce dit: Eh bien! oui, on les veut encore les jeux, puis que les gens veulent. on se retrousse les manches. Eh bien! nous som- C'est l'état d'esprit de cette équipe qui est mes rendus là ce soir. Nous sommes rendus à ce déjà au travail. Si jamais cela n'arrivait pas — met- que j'appelle maintenant la semi-finale. En termes tez cela au pire comme hypothèse — bien sûr, ce encore plus sportifs, l'athlète qui a été choisi à serait un désastre mais, au moins, il y aurait eu passer ses préliminaires est rendu en semi-finale une équipe d'hommes, des gens qui auraient es- et nous commençons à prendre ce que l'on ap- sayé par tous les moyens de faire en sorte que cet pelle notre second souffle. événement nous arrive, événement qui va proba- Ce second souffle c'est quoi, M. le Président? blement n'arriver qu'une seule fois dans la vie de Ce second souffle c'est la création d'une régie, qui tous ceux qui sont dans cette Chambre. Ordinai- va permettre, comme je le disais cet après-midi, de rement, cela arrive une fois dans la même ville par poser des actes courageux devant un désastre pos- demi-siècle ou siècle, si on se fie à l'histoire. sible. Il y avait peut-être deux ou trois solutions. Donc, c'est quelque chose d'important; c'est Une des solutions, et la plus facile, devant un dé- quelque chose qu'il faut maintenant essayer de sastre, c'est de ne pas tenter de sauvetage. Une vendre à la population. Je suis d'accord avec d'au- personne est en train de se noyer; c'est facile de tres députés, y inclus ceux de l'Opposition, avec se tourner de bord et dire: Je ne plonge pas, je ne certains journalistes que je reconnais dans la tri- la sauve pas, je ne lui tend pas une perche, je ne bune et qui, depuis cinq ans, nous disent: Les lui lance pas une bouée ou enfin je ne prends pas Jeux olympiques ne sont pas vendus au Québec. un moyen quelconque en sécurité nautique. On ne sait pas ce que sont les Jeux olympiques. C'est une solution, peut-être la plus facile. La Ce n'est pas vendu, c'est une marchandise à ven- plus difficile, c'est celui qui au moins tente le sau- dre. On les veut mais on ignore pourquoi. J'ai eu vetage, et cette régie va le tenter. Cette régie se des témoignages, depuis quelques jours, de dépu- donne des pouvoirs. J'ai eu l'occasion, depuis tés en cette Chambre qui me disent: On est fatigué deux jours et demi, M. le Président, de vivre un d'entendre parler de déficit, de la brique et du bé- 2046 ton. On sait qu'il y a autre chose — comme on l'a aussi est une question qui est souvent posée et entendu communément — on sait que c'est bon avec raison. Les gens veulent savoir ce qu'on va pour la jeunesse, mais c'est quoi, les jeux? faire après les jeux avec les installations. Est-ce Ce n'est quand même pas notre système sco- qu'il y aura autre chose que les Expos dans le laire, pour ceux de ma génération en tout cas, qui stade? Bien moi, je dis: Oui, il y aura autre chose. nous l'ont appris. Il n'y a personne, chez nous, qui S'il n'y a pas autre chose, c'est tout simplement un nous a dit, depuis une dizaine d'années, ce autre désastre, c'est parce qu'on ne s'en occupera qu'était l'olympisme. Personne ne nous a fait par- pas. Le stade a été fait non seulement pour des ticiper à cela. Personne ne nous a entretenus dans professionnels, le stade a été construit à coups de ce circuit du vrai sport amateur. Nous voulons sacrifices par tout le monde, non seulement par maintenant vendre ces jeux. Depuis quelques des équipes sportives professionnelles. Bien je jours, j'ai cette chance de collaborer plus étroite- vous donne ma parole que, pour ma part, je ferai ment, avec une équipe d'hommes qui les veulent tout en mon possible pour qu'on étudie sérieuse- et qui vont tout faire pour que cela se produise. ment l'utilisation, l'emploi de ce stade, de ces ins- Quant à moi, je suis prêt, ce soir, à prendre un tallations après les jeux. Je suis certain que les au- engagement formel, au nom du gouvernement, à torités de la régie, du Haut-Commissariat, des fé- prendre l'engagement qu'à partir d'aujourd'hui dérations qui existent seront là. C'est déjà nous allons informer tous les Québécois, tous les commencé et certaines fédérations ont déjà sou- Canadiens, tous les étrangers et tous les media mis des mémoires, je pense particulièrement à d'information. l'APAPQ, l'Association des professionnels de l'ac- C'est fini les silences. Je prends l'engage- tivité physique du Québec, qui a déjà soumis un ment, avec la collaboration du ministre des Affai- mémoire quant à l'utilisation, par les milliers et les res municipales, le ministre responsable, le Sollici- milliers d'écoliers de Montréal et des environs, en teur général, parce qu'on me l'a demandé, d'y tra- tout cas, plusieurs heures par jour, de ce stade. vailler, parce que cela a été une condition, qu'au Voilà le message assez bref que j'avais à don- fur et à mesure — non pas, comme l'a demandé ner. Mais je crois en toute sincérité — et je termine l'Opposition, une fois par mois — tous les jours, là-dessus — que ces convictions qui m'animent, et nous vous renseignerons sur les étapes et de la depuis longtemps, cette Chambre en a été témoin construction et de ce qui se passera. Je prends cet à quelques reprises. J'ai eu vraiment pendant engagement de faire tout mon possible pour ren- quelque temps l'impression qu'il n'y avait pas seigner les membres de cette Chambre, les 110 beaucoup de monde qui avait ce même feu sacré députés qui devraient partir durant le "week-end" que quelques-uns d'entre nous, ici ou à l'extérieur, comme ambassadeurs, chacun dans leur comté, et pouvaient avoir. Je le dis franchement et brutale- aller dire ce qui se passe. S'il y a une poutre qui ment, je l'ai eue cette impression. Je l'ai eue cette tombe, on vous le dira, au fur et à mesure. Si cela tendance, ce goût à être vraiment pessimiste. Mais retarde de trois jours l'échéance, on aura l'honnê- depuis quelques jours, mon entrain est revenu, teté de vous le dire. Je prends cet engagement parce que j'en ai vu des hommes qui n'ont rien eu d'une ouverture vers l'information pour tout le à faire, jusqu'à maintenant, dans ce dossier et qui monde. ont dit: Voilà, c'est le temps de travailler, c'est le temps de se retrousser les manches. J'en ai vu de M. Lessard: La poutre, on l'a sur le dos. ces hommes, et cela, en ce qui me concerne, en tout cas, c'est rassurant. Quant à moi, je vais essayer d'avoir cette M. Houde (Fabre): Ne pensez pas seulement santé, ce dynamisme jusqu'à la fin. Si jamais cela aux poutres qui tombent, pensez à celles qui sont ne fonctionne pas, au moins je pourrai garder la debout, et qui demeurent debout, et qui seront là, tête haute. Je vous prie de me croire que je ferai et qu'il faut lever. tout mon possible pour contribuer avec les mem- bres de la régie, avec le ministre des Affaires mu- M. Lessard: On va l'avoir sur le dos nicipales et tous les autres, avec les autorités du longtemps. COJO, avec le service d'information, de publicité ou de propagande du COJO — appelez-le comme vous voulez — avec les media d'information pour M. Cadieux: II faut être optimiste. qu'à partir d'aujourd'hui, au jour le jour, nous soyons tous conscients de ce qui s'en vient, des M. Houde (Fabre): Je prends un autre enga- difficultés, bien sûr — car il y en aura d'autres, gement, M. le Président, qui a été souligné par des cela a été dit avant moi — mais aussi des joies, orateurs, avant moi. C'est vrai que les Jeux olym- des victoires quotidiennes pour arriver ensemble piques doivent accoucher sur une politique de non pas au 17 juillet, parce que, vous savez, si tout participation à l'activité physique, culturelle, spor- va le moindrement bien, ce sera extraordinaire à tive au Québec, bien sûr. Je prends aussi l'enga- partir de la fin juin chez nous. gement, parce que c'est un des rôles de la régie, Ceux qui ont déjà vu de ces jeux, criez-le d'avoir des gens sérieux qui, à l'intérieur de la ré- donc, dites-le donc ce que c'est. Ce n'est pas une gie ou ailleurs, vont travailler fort pour nous dire, foire, ce n'est pas une kermesse, ce n'est pas un dans les plus brefs délais, ce qu'on a l'intention de bingo. Ce n'est peut-être pas la place pour parler faire avec les installations après les jeux. Cela de tout ce qu'on peut ressentir lorsqu'on voit un 2047 tel phénomène dans les rues, partout. Quelle Une Voix: Nommez-les... chance pour nos enfants de voir un Chinois, un Japonais, un Polonais à côté d'eux, sur la rue! M. Lessard: Je n'ai jamais demandé à un dé- Enfin, là, je rentre dans un autre secteur. M. le puté libéral, de venir payer mes déficits. A ce que Président, c'est ce que j'avais à dire et je vous re- je sache, je pense que, si vous administrez votre mercie. budget comme vous administrez celui du Québec, cela doit faire pitié à quelque part! Le Vice-Président (M. Blank): Le député de M. le Président, c'est là que doivent se poser Saguenay. les problèmes actuellement, et qu'on ne tente pas de nous faire pleurer. J'ai écouté tout penaud le M. Lucien Lessard discours du ministre des Affaires municipales. Il a réussi à parler à l'Assemblée nationale parce que M. Lessard: Cela ne me dérange pas, vos in- le maire Drapeau n'était pas ici. Qu'a-t-il fait en signifiances et votre infantilisme. On l'a vu, d'ail- commission parlementaire devant le maire Dra- leurs, depuis 1970 dans ce dossier. Essayez donc, peau? au moins, d'avoir des députés à l'Assemblée na- tionale, si vous voulez répandre l'esprit olympique, M. Malouin: Relis le procès-verbal. Tu n'étais tel que le demande le député de Fabre. même pas là!

Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il M. Lessard: Qu'a-t-il fait, sinon se plier et ac- vous plaît! cepter aveuglément — ce fut d'ailleurs le cas pour le ministre responsable des Olympiques — ce que voulait bien lui dire le maire Drapeau? M. Lessard: Je voudrais d'abord, au début de cette intervention, resituer, si vous voulez, la posi- M. Cadieux: Un grand bonhomme! tion de notre parti. Je pense que les remarques du député de Lafontaine et les remarques que j'aurai M. Lessard: On dirait que c'est nous, les dé- à faire et que d'autres de mes collègues pourront putés de l'Opposition, qui sommes responsables faire ne consisteront pas tellement à nous opposer ce soir. On nous reproche d'avoir discuté 50 heu- au projet de loi no 81. Je pense, M. le Président, res des olympiques lors de la dernière commission que là n'est pas le problème. Qu'on ne tente pas parlementaire et de ne pas avoir réglé le problème. actuellement de passer à côté du problème en Mais qui est au gouvernement? nous parlant de l'esprit olympique, en tentant de nous faire pleurer en disant, comme le disait le Des Voix: Pas toi! ministre des Affaires municipales: Mais arrêtons de chercher un bouc émissaire et allons de l'avant M. Lessard: C'est justement parce que ce pour réaliser, le 17 juillet prochain, les Olympi- n'est pas nous qui sommes au gouvernement que ques. vous avez ce soir des comptes à rendre avant d'accepter un projet de loi comme celui-là. Qui M. Cadieux: Très bien. était responsable de la surveillance des coûts olympiques? Qui était l'administrateur des deniers publics depuis 1970? Qui était le surveillant des M. Lessard: Je pense qu'il y a un gouverne- deniers publics depuis 1970? Maintenant, ce sont ment qui doit rendre des comptes ce soir et, tous les Québécois qui doivent payer à cause de la comme députés de l'Opposition, nous avons à lui négligence et de l'irresponsabilité du gouverne- en demander. C'est bien beau de chanter et de ment. Quoi qu'on veuille nous dire ce soir, ce gou- crier ce soir: Nous aurons les Olympiques! Mais à vernement n'a pas été responsable, ce gouverne- quel prix? Nous serons sur la finance pendant des ment ne s'est pas occupé de ses problèmes. Ce années et des années, mais, vive les Québécois, gouvernement vient nous donner un dossier, ce nous aurons les Olympiques! soir, comme d'ailleurs cela a été le cas à la der- Il me semble qu'il y a une question de priori- nière commission parlementaire, un dossier où on tés. Il est vrai que, suite à un certain sondage, 68% ne peut plus rien faire sinon payer les dommages des Québécois ont encore affirmé qu'ils étaient et les pots cassés. Parce que, d'abord, le ministre d'accord pour les Olympiques, mais leur a-t-on des Affaires municipales, parce que, par la suite, le demandé quels sont les sacrifices qu'ils devront député responsable des Jeux olympiques n'ont faire après les Olympiques? Leur a-t-on demandé pas eu le contrôle sur le mégalomane qui est en- quels étaient les projets prioritaires qui devaient core actuellement à Montréal, pour cela, tous les être sacrifiés au prix des Olympiques? Je pense Québécois devront payer. que chacun d'entre nous, avec le système de la Le ministre des Transports parlera tout à finance qui existe actuellement, est capable de se l'heure. J'aimerais que le ministre des Transports payer une Cadillac. nous dise et dise aux Québécois ce qu'on aurait Je pense qu'il n'y a pas de problème. Mais en pu faire dans les régions périphériques ou ailleurs tout cas, quant à moi, je suis trop pauvre pour me avec les $600 millions qui correspondront au défi- payer une Cadillac parce que j'ai d'autres priori- cit. Le budget du ministère des Transports, l'an der- tés, j'ai d'autres choses qui sont plus importantes. nier, était de $884,594,000. Pour quinze jours de 2048 jeux, les Québécois devront — en tout cas c'est le A deux reprises les députés de l'Opposition prix que nous connaissons actuellement — dé- ont présenté certaines solutions de rechange: soit frayer un déficit de $600 millions. le village temporaire plutôt que le village perma- Non pas que nous soyons contre l'esprit nent; soit certaines modifications aux plans et de- olympique, non pas que nous ayons été contre les vis tels que prévus par M. Drapeau. Jeux olympiques au début. Je pense que le député Qu'avez-vous fait? Rien. Oh! on n'a pas le de Lafontaine et les autres membres du Parti qué- choix. Il est vrai que nous devrons, ce soir, voter la bécois ont toujours démontré qu'ils étaient favo- loi 81. Il est vrai que nous devons faire l'opération rables aux Jeux olympiques mais pas à n'importe sauvetage, comme le disait le député de Fabre, cet quel prix. après-midi. Pas à n'importe quel prix, cela devient clair. A Les Québécois ont quand même le droit de quel prix va-t-on s'arrêter? Je comprends que les savoir quels sont les responsables de cette situa- députés libéraux ne se scandalisent pas des tion. M. Drapeau, oui, mais on peut se demander augmentations de prix aussi considérables. aujourd'hui s'il est responsable ou irresponsable. Comment voulez-vous que le premier ministre du Comme le soulignait d'ailleurs le ministre des Af- Québec blâme M. Drapeau de sa mauvaise admi- faires municipales, le médecin ou le spécialiste qui nistration en ce qui concerne le dossier olympi- intervient quand le père de famille ne peut plus que? Comment voulez-vous que ce gouvernement rien faire, c'est le gouvernement du Québec, mais le fasse? le spécialiste ne s'est pas préoccupé du patient, En effet, il est vrai que le coût des Olympi- par exemple. Il ne s'est pas préoccupé du malade. ques, estimé d'abord à $300 millions, est mainte- Il l'a laissé aller pendant cinq ans, et au moment nant rendu à $1 milliard, d'où augmentation de où le cancer est généralisé, là on intervient. Vous 300%. On se rappelle aussi que dans un autre dos- avez des comptes à rendre. Quoi qu'en dise notre sier, les coûts estimés avaient été de $4.8 milliards ministre des Affaires municipales, ou en tout cas et on est maintenant rendu à $12 milliards, peut- ce qu'il en reste, il a des comptes à rendre. être $18 milliards. Augmentation de 300% pour la Ce n'est pas l'esprit olympique qui va nous baie James, augmentation de 300% en ce qui faire oublier, le lendemain des jeux, le déficit concerne les Olympiques. considérable dû, en grande partie, à la négligence C'est cela, l'administration du gouvernement du gouvernement. Le ministre responsable du Bourassa! C'est cela le gestionnaire respectueux dossier nous a dit tout à l'heure que tous les dos- des fonds publics! C'est cela être responsable! siers avaient été donnés à la commission parle- Je comprends que le ministre des Affaires mentaire. A-t-on vérifié tous les contrats? Qu'on municipales soit quelque peu gêné ce soir; je dépose donc tous les contrats, contrats à "cost comprends que son intervention ait été aussi fai- plus" qui ont été donnés par l'administration ble; je comprends que le ministre des Affaires mu- olympique, qu'on nous montre donc où s'est en- nicipales ait été aussi humble. Nous constations gouffré cet argent. On nous répond: C'est l'infla- qu'il avait de bonnes raisons de l'être. tion. Je pense que le ministre des Transports nous Je comprends qu'on veuille passer aussi vite donnera une explication tout à l'heure sur ce que ce dossier, qu'on veuille utiliser ou faire disparaî- l'inflation peut donner dans certains de ces sec- tre toute la réglementation prévue normalement, teurs. L'inflation n'a pas été de 300% depuis 1971 selon le Code Lavoie, pour passer très vite et ou 1972. Elle n'a pas été de 300%. L'inflation ne même en pleine nuit sur ce dossier. compte que pour 35%. Lorsque nous avons affaire Est-ce qu'on aurait honte ce soir? Est-ce que à une bonne administration — je dis bien lorsque certains députés, qui ont été silencieux depuis nous avons affaire à une bonne administra- 1970, ne seraient pas ou ne seront pas dans des tion — le taux d'inflation doit être calculé à l'inté- positions très difficiles pour aller expliquer à leurs rieur des prévisions, lorsque nous avons affaire à électeurs pourquoi, par exemple, tel ministère ne une bonne administration. peut accorder, dans leur région ou dans leur Les bons gestionnaires de l'administration fi- comté, tel développement économique prioritaire? nancière doivent calculer cette inflation. Je pense N'est-ce pas le ministre des Finances lui-même qui bien qu'il n'y. a pas un député libéral qui a des le- nous disait, l'été dernier, que la baie James avait çons à donner ce soir, il n'y a pas un ministre libé- étouffé le développement économique du Qué- ral non plus, et il n'y a pas un gouvernement qui bec? Que le budget — et bientôt on aura un bud- peut administrer de façon aussi inefficace comme get supplémentaire — du Québec ou les emprunts c'est le cas actuellement. Il n'y a jamais un gou- du Québec cette année atteindront $1 milliard? vernement quel qu'il soit. Cela commence à être sérieux! Il me semble que Il faut remonter à l'administration Taschereau les Québécois ont raison de se poser des ques- pour trouver un gouvernement aussi pourri, si tions. Il me semble que vous avez non pas seule- vous voulez, dans l'administration des biens pu- ment à vous engager, comme le député de Fabre blics. Vous avez, comme député de chacun des le faisait tout à l'heure. Que vous avez donc de comtés du Québec ou vous aurez, en tout cas, des bonnes intentions, ce soir! Vous êtes prêts à in- explications à donner sur les conséquences éco- former la population au jour le jour. Cela fait cinq nomiques de ce dossier. En tout cas, je suis prêt à ans qu'on vous demande de l'information et c'est faire les efforts nécessaires pour vendre l'esprit par miettes que vous l'avez accordée en commis- olympique. sion parlementaire. Cependant, vous allez avoir de la misère, je 2049 vous le garantis, à venir vendre cela dans les ré- cette occasion d'intervenir sur le débat de deux- gions comme la Côte-Nord et particulièrement la ième lecture de la loi no 81. Je vous assure Gaspésie qui ont besoin d'infrastructures écono- d'avance que mon intervention sera très brève. J'ai miques pour pouvoir se développer et qui n'ont noté, en écoutant très attentivement les discours même pas le minimum vital. On a cru M. Drapeau. des deux députés de l'Opposition qui se sont inté- Nous, on ne l'a pas cru M. Drapeau. On a toujours ressés à ce problème jusqu'ici, qu'on a blâmé le été inquiet, on a toujours posé des questions. gouvernement du peu d'informations que celui-ci Pourquoi l'avez-vous laissé aller? Pourquoi a données depuis les quelques dernières années l'avez-vous laissé faire? que nous connaissons le projet des Olympiques Ce sont aujourd'hui les Québécois qui devront de 1976. payer. Ce sont aujourd'hui les électeurs de chacun Moi-même, je suis prêt à admettre que, de vos comtés qui devront payer à cause de votre comme député ministériel, j'ai souvent eu l'occa- irresponsabilité. Je pense bien que, dans ce dos- sion de me poser des questions et de ne pas tou- sier, l'Opposition n'a rien à se reprocher. L'Oppo- jours obtenir les réponses que j'aurais souhaité sition a toujours fait ce qu'elle devait faire. L'Op- obtenir de la part des responsables du dossier, position a toujours demandé la convocation de des responsables surtout du projet, en l'occur- commissions parlementaires et, lors des convoca- rence le mandataire, la ville de Montréal. tions des commissions parlementaires, l'Opposi- Par contre, M. le Président, lorsque nous tion a toujours été présente pour poser des ques- parlons de faire de l'information, je pense que ça tions aux responsables. doit s'appliquer des deux côtés de cette Chambre. M. le Président, c'était au gouvernement de J'aimerais relever un point bien spécifique qu'ont prendre les mesures nécessaires pour corriger touché les députés de Lafontaine et de Saguenay, certaines augmentations scandaleuses des coûts. lorsqu'on a tenté de faire miroiter l'image, pour la Vous ne l'avez pas fait; vous en êtes responsables. consommation du public éventuel, que la seule Le ministre des Affaires municipales en est res- raison majeure pour expliquer l'augmentation des ponsable, comme le ministre responsable du dos- coûts, estimés à $310 millions au départ et qui sier olympique en est aussi responsable. sont maintenant à $1 milliard près, c'était l'infla- tion. M. Lacroix: M. le Président, après le discours On a parlé d'un taux de 35%, pour en arriver à virulent du député de Saguenay, que nous dire que les jeux ne devraient pas coûter plus que connaissons pour son esprit olympique, naturel- quelque $420 millions en tenant compte de l'infla- lement, il court toujours plus vite que le lapin, je tion. Je n'accepte sûrement pas ce chiffre de 35%, voudrais parler sur le projet. Lorsque le Parti qué- mais je ne suis pas expert en la matière et je bécois... concéderai que l'inflation n'est pas la seule raison M. le Président, est-ce que vous avez une ob- pour cette augmentation des coûts. jection à cela? Une des principales raisons est rattachée à deux éléments importants: la complexité du pro- Le Vice-Président (M. Blank): Je n'ai pas jet, des installations qui sont projetées et qui sont d'objection, mais il y a un député qui s'est levé présentement en construction et également avant vous. l'échéancier quasi impossible à réaliser pour compléter tous ces aménagements, toutes ces ins- M. Lacroix: A ce moment-là, je lui cède la pa- tallations à temps pour les Jeux olympiques de role. 1976. Il est facile de dire que le projet a été mal Le Vice-Président (M. Blank): Je pensais que administré, que des gens n'ont pas posé des ges- vous vouliez faire seulement une petite interven- tes concrets, des gestes positifs, à l'emporte-pièce tion sur un point de règlement. Le député de Gati- à certains moments. Le fait demeure que la réalité neau m'avait demandé la parole et me l'avait si- dans le domaine de la construction, surtout d'un gnalé avant vous. C'est pour cela que je suis un projet aussi vaste que celui-là, exige qu'on consi- peu surpris. dère au moins les aspects qui rendent très difficile l'estimation exacte d'un projet avant même d'en M. Lacroix: Non, non. Je m'excuse, M. le Pré- avoir complété les plans et devis, même prélimi- naires. C'est exactement ce qu'on a fait au mo- sident. ment où nous en étions arrivés à $310 millions. M. Gratton: M. le Président, je vous remercie. La relation entre les difficultés et les coûts éventuels que nous devrons tous payer n'est M. Bienvenue: II sera convenu que le député même pas en ligne directe. C'est plutôt, l'expres- n'a pas perdu son droit de parole. sion m'échappe... M. Lessard: Arithmétique. Le Vice-Président (M. Blank): Non, non, il n'a pas perdu son droit de parole. M. Gratton: Oui, arithmétique, mais il y a en- Le député de Gatineau. core mieux que cela et je ne le trouve pas. Je le trouverai avec le concours du député de Sague- M. Michel Gratton nay. Au fur et à mesure, par exemple, qu'on avait un conflit de travail sur le chantier, bien entendu M. Gratton: Merci, M. le Président, merci au les exigences, au point de vue de l'échéancier, de- député des Iles-de-la-Madeleine de me fournir venaient plus critiques. 2050

M. Lacroix: Hypothétique. et assurer que l'administration et l'octroi des contrats se feront de la façon la plus équitable et M. Gratton: La complexité du projet lui-même la plus objective possible. exigeait, bien entendu, qu'on fasse des prévisions, M. le Président, quant à moi, j'ai l'intention, dans nos estimations préliminaires, de ce que comme le député de Lafontaine l'a indiqué lui- pourrait coûter la construction des consoles, par même, de voter pour le projet de loi no 81, mais je exemple. On a dû mettre sur pied des usines pré- n'y mets aucune condition. Je ne pense pas qu'il fabriquées spécialement pour la fabrication de soit possible pour un gouvernement responsable certains des éléments du stade, entre autres. On de se plier à l'exigence du député de Lafontaine sait également que tout cela a été expliqué par les de demander au gouvernement fédéral de payer experts de la ville, le mandataire coordonnateur, le 50% du déficit, lorsque le gouvernement s'est déjà COJO au cours de deux commissions parlementai- engagé d'avance — c'est le député de Lafon- res l'hiver dernier et en juillet dernier. taine qui l'a évoqué si bien dans son discours — à Le gouvernement, avec le concours des dépu- ne pas demander de subventions spéciales au fé- tés de l'Opposition, s'est penché sur les possibili- déral. Si on dit qu'on va finalement se mettre à tés d'aménager un stade autre que le stade Tailli- genoux devant Ottawa pour avoir des subventions, bert; la commission en est venue à la conclusion, je ne pense pas que ce soit là l'esprit du projet de l'hiver dernier, que cette solution n'était pas vala- loi no 81. Bien au contraire, le Québec est capable ble et qu'il fallait continuer avec le projet tel que de faire les Jeux olympiques, avec le concours de conçu par Taillibert. Ce fut la même chose en juin tous ceux qui les ont déjà entrepris, et le Québec de l'année précédente, au moment où on a tenté est capable de les faire seul, sans aller quêter à de faire étudier un projet de Village olympique Ottawa. temporaire. Nous étions rendus, dans l'échéan- M. le Président, je suis convaincu que la régie, cier, tellement avancés qu'il était impossible de re- lorsqu'elle aura été formée, pourra compter, j'en tourner en arrière. suis sûr, sur l'appui non seulement des députés de Pour toutes ces raisons, je pense que, à titre l'Assemblée nationale... Je n'ai pas l'impression de membres de l'Assemblée nationale, que nous que mon intervention dans ce débat va réussir à soyons du parti ministériel ou de l'Opposition, convaincre qui que ce soit de la valeur du projet lorsque nous voudrons informer la population de de loi no 81, mais avec les capacités que je pos- nos comtés sur les raisons qui nous ont amenés à sède, avec toute l'objectivité dont je suis capable, la situation actuelle, nous devrons donner les je tâcherai, à mon retour dans mon comté, en fin deux côtés de la médaille. Je suis le premier à re- de semaine, de faire valoir non seulement les ar- connaître que la situation actuelle est très difficile, guments négatifs, mais également les aspects po- est très critique. Forcément, c'est parce que cette sitifs de ce que les Jeux olympiques peuvent re- situation est critique que le gouvernement a dé- présenter, de décrire la situation telle que je la cidé d'intervenir et de voter la loi 81. Je pense que conçois et de faire en sorte que la population du nous devrons, en faisant cette information que Québec, comme la population étrangère, puisse souhaitent tous les députés de cette Chambre, in- embarquer derrière les jeux et, comme le souhai- cluant l'Opposition — au sujet de laquelle le dé- tait le député de Fabre, en faire un succès non puté de Fabre nous a longuement entretenus tan- seulement au niveau financier, mais surtout au ni- tôt — donner les deux côtés de la médaille. veau des retombées que ces jeux auront non seu- Ceux qui voudront fustiger le maire de Mont- lement pour le Québec, mais pour le Canada tout réal, le COJO et tous ceux qui ont eu quelque entier. chose à faire avec le projet de construction des installations olympiques pourront le faire. Mais, en Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des toute objectivité, ils devront également décrire les Transports. difficultés d'ordre technique, de l'échéancier qui M. Raymond Mailloux n'ont jamais existé dans aucun projet semblable ou différent, dans aucun projet de construction M. Mailloux: M. le Président, ce n'était pas sur le territoire canadien et même en Amérique du mon intention d'intervenir dans ce débat. Durant Nord. Ce n'est pas le gouvernement du Québec cette très courte intervention, imprévue d'ailleurs, qui est responsable du fait, par exemple, que le ce n'est pas mon intention d'analyser le bien- stade de la Nouvelle-Orléans a coûté six fois plus fondé de la décision de tenir les Olympiques de cher que les estimations préliminaires. 1976 à Montréal. On pourrait donner une liste longue comme le Peut-on blâmer sévèrement les autorités de la bras de projets qui n'ont rien à voir et qui ne sont ville de Montréal, tel que le fait l'Opposition, de même pas installés au Québec, qui ne sont même n'avoir pas prévu avec assez de justesse le coût pas en chantier au Canada et qui ont subi les mê- final des installations à mettre en place? J'avoue- mes contrecoups non seulement de l'inflation, rai qu'ayant été moi-même titulaire des Travaux mais de l'effet d'un projet nouveau, d'une concep- publics et des Transports, deux ministères reliés tion nouvelle qui, une fois en acheminement, ne de très près à la construction dans le Québec, et peut plus être arrêtée, sinon pour en contrôler cer- depuis trois années, attaché comme mes collè- tains éléments non essentiels. C'est exactement ce gues à l'analyse de tous les dossiers qu'étudie le que le projet de loi no 81 propose en créant une Conseil du trésor dans le secteur de la contruction régie qui verra à veiller à faire certaines coupures pour les secteurs public et parapublic... Même 2051 avec toute la prudence qu'auraient pu avoir les au- comprend très facilement les difficultés de recru- torités de la ville de Montréal, toutes les prévi- tement de la main-d'oeuvre dans la région de sions, les plus pessimistes possible, quant aux Montréal depuis 1972. De très vastes chantiers coûts futurs des années 1973, 1974 et 1975 ont été se sont additionnés également aux Olympiques. dépassées à des pourcentages inimaginables. Tan- Les députés de la région de Montréal, qui sont tôt, j'ai écouté le député de Lafontaine. principalement intéressés à ce débat, connaissent Quelques-unes des affirmations qu'il a faites, af- très bien l'ensemble des chantiers, qui fait que la firmations erronées, ont dépassé ma capacité de main-d'oeuvre est devenue très rare et a demandé compréhension et je ne voudrais pas l'accuser des conditions extrêmement difficiles. d'avoir tronqué la vérité. La région d'où vient le député de Saguenay, le Le règlement, d'ailleurs, ne le permettrait pas comté de Duplessis principalement est une région et je sais que cela ne serait pas poli, non plus. qui ressemble un peu à Montréal dans les métiers Mon évaluation des faits est tout autre que celle de la construction; abondance de travaux, difficul- que nous a donnée tantôt le député de Lafontaine. tés de recrutement. Dans une région comme celle Il a parlé des statistiques de l'inflation de 1972 à que je représente, on ne vit pas ces problèmes. 1975, en disant qu'à travers le Québec, si j'ai Quand il y a une construction, c'est une manne bonne mémoire, ou à travers le Canada, cela se pour la main-d'oeuvre qui est disponible, souven- situait à environ 35% et que, pour la région péri- tefois, douze mois par année, mais normalement phérique de Montréal, cela pouvait aller à environ au moins huit et neuf mois par année. 37%. Il me corrigera si je ne dis pas exactement Je voudrais d'abord donner un exemple pris les paroles qu'il a prononcées dans cette Cham- entre mars 1973 et avril 1974. Je commencerai par bre. un projet assez peu important. Deux arénas, l'une On verra, dans des faits précis au ministère à Baie Saint-Paul, bâtie au printemps de 1973, des Travaux publics et au ministère des Trans- $399,000. Le même entrepreneur, sur le même ports, non pas sur des contrats négociés, à travers plan, treize mois après, $565,000, dans une zone tout le Québec, dans des endroits où il est difficile de la province où l'on peut recruter de la main- d'obtenir de la main-d'oeuvre, dans des endroits d'oeuvre 100 fois plus qu'on est capable d'en utili- où la main-d'oeuvre est complètement abondante, ser. que les faits, les chiffres et les pourcentages qu'a Dans le comté de Duplessis, dont je parlais donnés le député de Lafontaine sont complète- tantôt, sur un contrat... Je ne m'attacherai pas à ment l'envers de la vérité qu'on a connue depuis des contrats de voirie parce qu'un pourcentage trois ans. important de la main-d'oeuvre comprend des Je me rappelle que, comme membre du journaliers qui ne sont pas des gens de la cons- Conseil du trésor, j'avais, en 1973, fait une sugges- truction. Attachons-nous à des contrats de struc- tion à mes collègues, alors que le conseil disait tures, ponts, viaducs où, forcément, l'ensemble que les prévisions de l'inflation dans le domaine des ouvriers sont, comme au stade olympique de de la construction étaient censées atteindre envi- Montréal, des ouvriers de la construction. Je me ron 23.5%. Dans l'étude des contrats qui se suc- rappelle, un matin, à mon bureau, avoir sursauté cédaient aux ministères des Transports et des Tra- alors que, venant de demander un contrat impor- vaux publics du temps, je retrouvais, sur des sou- tant dans le comté de Duplessis, le dépassement missions publiques dont les estimations venaient n'était pas le pourcentage qu'a indiqué le député d'être revisées, des dépassements de 30%, 40%, de Lafontaine, 35% dans trois ans, mais sur une 50% et, tantôt, j'irai plus haut. estimation révisée d'un mois avant la demande de Je n'imaginais pas qu'un gouvernement soumissions, le dépassement était de 105%, sou- puisse faire affaires avec les entrepreneurs dans mission publique. une telle période de montée en flèche des coûts, Quelques semaines après, malgré l'appréhen- sans leur faire comprendre certaines conditions sion du Conseil du trésor devant de tels dépasse- que je désirais que le Conseil du trésor ajoute aux ments, et alors que nous savions qu'un retour aux contrats. En deux mots, ma suggestion était la soumissions nous aurait amenés devant un dépas- suivante: dans notre appel de soumissions publi- sement encore plus considérable, pour autant que ques, quant à des matériaux aussi difficiles que le le gouvernement devrait oeuvrer pour une telle béton, la pierre — on sait ce qui s'est passé dans construction, nous avons demandé un contrat la région de Montréal, les décrets de la construc- dans un comté où la main-d'oeuvre est extrême- tion successifs — le ciment, asphaltique, pourquoi ment facile à obtenir, le comté de mon collègue le n'y aurait-il pas des addenda pour des contrats ministre de la Justice. A ce moment-là, le dépas- d'exécution non pas de trois, quatre ou cinq mois, sement a été encore de 97% sur une estimation mais de très longue durée, au-delà d'une année, vérifiée et réajustée dans les quatre semaines qui deux ans et trois ans? Ne devrait-on pas tenir précédaient la construction. compte des faits inconnus des entrepreneurs? Je C'est donc dire, M. le Président, que si, dans pense qu'à ce moment il serait possible que l'en- une période de douze mois, dans certains endroits semble des entrepreneurs veuille soumissionner, de la province où l'ouvrage n'était pas si abondant alors que, souventefois, devant l'inflation galo- que dans la région de Montréal, si, sur des ouvra- pante, on se retrouvait devant trop peu de soumis- ges importants on a pu constater des dépasse- sionnaires. ments de l'ordre dont j'ai parlé tantôt, on doit Je pense que tout le public de la province comprendre que sur un chantier de la valeur des 2052

Olympiques, avec les nombreux ouvriers qui sont voudrais faire à ce moment-ci. Les ministères des en place, avec le peu de temps à leur disposition Transports et des Travaux publics se départissent pour faire de telles installations... M. le Président, de deux des hommes les plus qualifiés. L'un des loin de moi la pensée d'avancer que le rendement deux sera en permanence sur les chantiers, c'est des ouvriers, sur le chantier olympique, n'a pas été M. Trudeau. Il est fortuné de famille, il n'a pas be- celui qu'il aurait dû être. J'aime bien être le plus soin de ramasser de tels pots cassés. Je dois au poli possible à l'endroit des ouvriers de la cons- moins rendre justice à ces hommes-là; ils font un truction. Mais ce serait mentir effrontément à la effort surhumain dans le but de réaliser une vo- population que de dire qu'il y a eu un rendement lonté bien exprimée dans le Canada et dans le acceptable à un moment ou l'autre du chantier, si Québec de tenir des Olympiques en 1976. On ap- je fais référence à ce qui se passe ailleurs dans le puie le gouvernement dans le but que, pour le Québec, dans le comté de Duplessis, dans le temps où devront être mises en place ces installa- comté de Bonaventure, dans la ville de Québec ou tions, nos officiers fassent le nécessaire pour ap- ailleurs. Ce serait mentir effrontément à la popula- porter toute la connaissance qu'ils ont d'un milieu tion que de dire qu'on a donné l'effort nécessaire difficile, d'un milieu perturbé. Voici le seul souhait qu'un ouvrier bien payé aurait dû donner dans les que je pourrais faire en terminant, s'il est vrai que circonstances. cela coûte $1 milliard et que cela peut affecter, tel M. le Président, le député de Lafontaine — je que le disait le député de Saguenay tantôt, le bud- ne sais pas si mon collègue le Solliciteur général a get de la voirie, le budget de l'agriculture, le bud- rétabli les faits — avait affirmé également que, get des terres et forêts; cela peut affecter tout le quand l'estimation des travaux a été faite par la monde, c'est un fait. S'il y a eu un voeu d'exprimé ville de Montréal et présentée au Conseil du trésor que les Olympiques aient lieu, si cela coûte cher, à Ottawa, le Conseil du trésor s'était déclaré étant donné qu'on n'a pas été capable de voir avec complètement en désaccord avec cette estimation. assez de précision dans un règne inflationniste in- Le Conseil du trésor, à Ottawa, après l'inventaire connu jusqu'alors, je pense que tout le monde doit des estimations de la ville de Montréal— le député cesser de critiquer et se mettre à la tâche. J'invite, de Lafontaine pourra revérifier — a trouvé que les comme membre du gouvernement, les travailleurs estimations produites par la ville de Montréal du Québec à faire le nécessaire pour que le tout étaient assez réalistes. Ce qu'il n'a pas trouvé, le soit mis en place, afin que des Olympiques dési- Conseil du trésor, c'est que les prétendus revenus rées par tous et chacun aient lieu au temps prévu. étaient complètement surestimés. Ce n'est pas sur le coût qu'a été en désaccord le Conseil du trésor Le Vice-Président (M. Blank): Le député de fédéral, c'est sur les revenus escomptés par le Chicoutimi. maire Drapeau. M. le Président, ce n'est pas mon intention M. Marc-André Bédard d'aller tellement plus loin dans ce débat. Je vou- lais simplement faire comprendre que dans la pé- M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, du- riode qu'a connue la ville de Montréal quand elle rant ce débat on a parlé à bien des reprises, pres- cherchait à mettre en place les installations olym- que à toutes les interventions qui ont été faites par piques, je pense que la ville de Montréal, le gou- l'Opposition, de l'attitude négative de l'Opposition. vernement du Québec ou tout gouvernement sé- A toutes les fois que l'Opposition alerte le gouver- rieux n'aurait jamais accepté de mettre en place, nement on s'empresse, du côté ministériel, de dans un si court laps de temps, de telles installa- qualifier cette alerte de critique négative. tions si, d'avance, une personne sérieuse avait pu S'il est un dossier, M. le Président, où l'Oppo- prévoir l'inflation et les conditions qui ont été fai- sition n'a absolument rien à se reprocher, tel tes à ces installations olympiques depuis qu'elles qu'on l'a déjà dit, s'il est un dossier où l'Opposi- sont commencées. tion a vraiment fait son devoir et a tenté d'alerter M. le Président, ce n'est pas mon intention de le gouvernement sur une situation qui pouvait blâmer la ville de Montréal ni de blanchir les ges- empirer, c'est bien le dossier des Jeux olympi- tes que l'administration a posés. ques. Nous sommes devant un fait accompli: le S'il est également un dossier sur lequel le gouvernement doit faire le nécessaire pour succé- gouvernement aurait eu avantage à écouter l'Op- der à une administration dont le public craignait position, à répondre aux questions de l'Opposition qu'elle ne soit pas capable de mettre en place les et essayer, avec l'Opposition, de renseigner la po- installations à temps. pulation équitablement, c'est bien le dossier des M. le Président, on comprendra que le premier Jeux olympiques. Parce que la situation ou l'atti- ministre du Québec m'a demandé de me départir tude de l'Opposition, comme celle du gouverne- de mon sous-ministre principal pour une période ment, est claire dans ce dossier, à tout point de assez longue qui se situe au-delà de neuf mois; vue. cela amènera certaines contraintes au ministère En effet, en janvier dernier nous avions de- des Transports. Je sais que cela amènera des mandé publiquement au gouvernement du Qué- contraintes également aux Travaux publics, quand bec d'assumer la responsabilité de la préparation je vois un homme comme M. Roger Trudeau qui des Jeux olympiques. A ce moment-là, nous sera en permanence sur ces chantiers. avions alerté le gouvernement sur les difficultés Il y a tout de même un commentaire que je qu'il était déjà facile de prévoir, sur la manière 2053 dont Montréal, avec le maire Drapeau, voyait à titude du premier ministre a toujours été la même, l'administration de ces jeux. Aux questions de une attitude partisane qui essayait tout simple- l'Opposition au gouvernement, nous n'avions, ment, face aux questions que nous lui posions, vous le savez, M. le Président, aucune réponse. comme je le disais tout à l'heure, d'essayer de Aujourd'hui, on peut s'en rendre compte, le passer le message que le Parti québécois était gouvernement adopte une attitude doucereuse. Il contre les Jeux olympiques, ce qui n'était pas le a raison d'adopter cette attitude, parce qu'il n'est cas. pas sans se rappeler jusqu'à quel point il peut être Il est évident que devant la situation d'urgence, coupable de ne pas avoir écouté l'Opposition nous sommes d'accord pour que le dossier soit lorsque celle-ci essayait de l'éveiller ou de l'aler- enlevé aux autorités municipales de Montréal, soit ter. enlevé au maire de Montréal pour être remis entre On se permet aujourd'hui, par la voix du mi- les mains de la régie, du gouvernement. Remar- nistre des Affaires municipales — et il ne faut pas quez que de voir ce dossier passer entre les mains être gêné pour le faire — de nous demander de ne du gouvernement, cela n'a rien de tellement rassu- pas être partisans. Pour citer textuellement le mi- rant. nistre des Affaires municipales, on nous demande On a comme l'impression de passer de Cha- de "ne pas chercher de bouc émissaire", autre- rybde en Scylla parce que, jusqu'à maintenant, on ment dit de passer l'éponge. Le ministre des Affai- ne peut pas dire que le gouvernement que nous res municipales disait à un moment donné de met- avons a fait preuve d'une grande capacité admi- tre de côté la petitesse pour essayer d'être grands nistrative dans l'évaluation des travaux ou des pro- afin que les jeux réussissent. Il ne faut pas être jets qu'il a mis de l'avant. Il n'est besoin que de gêné pour demander à l'Opposition de faire abs- citer, M. le Président, les coûts sans cesse traction de toute partisanerie. augmentant à propos de la baie James et de bien Je pense que l'Opposition est capable de faire d'autres projets dont le gouvernement a la res- abstraction de toute partisanerie; simplement ponsabilité. d'être objective dans le présent débat et d'être ca- Et, M. le Président, la plus grande responsabi- pable en toute objectivité et non pas par partisa- lité, la plus grande négligence du gouvernement a nerie, de blâmer le gouvernement pour l'attitude été, je le dis très simplement et je le crois, de faire qu'il a eue jusqu'à maintenant. S'il y a une partie preuve d'une mollesse inqualifiable, avec tous les qui a fait preuve de partisanerie dpuis l'annonce éléments de la situation qu'il avait en main, de des Jeux olympiques, c'est bien le gouvernement. faire preuve d'une mollesse inqualifiable en n'en- Vous avez été souvent en mesure de le constater. levant pas plus tôt le contrôle du dossier au maire A toutes les fois que l'Opposition posait au gou- Drapeau qui, effectivement, et il était facile de le vernement des questions par la voix du député de déceler, se conduisait comme une sorte de ma- Lafontaine nous n'avions pas de réponse, si ce niaque qui avait la folie des grandeurs, la folie des n'est que nous avions, à ce moment, un premier dépenses, qui était près à tout sacrifier pour les ministre qui, à chaque question que nous posions, jeux. Et sur sa maladie des grandeurs, M. le Prési- essayait de faire passer seulement un message, à dent, il n'est pas nécessaire d'épiloguer savoir le suivant... Toutes les fois que nous po- longtemps. Il s'agit simplement de voir l'ampleur sions une question, le premier ministre s'empres- des installations olympiques par rapport à l'am- sait de dire: Est-ce que le Parti québécois est pleur qui avait été donnée à d'autres installations contre les Jeux olympiques? Comme si le fait de olympiques dans d'autres pays qui ont accepté les poser des questions était une attitude négative jeux pour constater que le maire Drapeau, et cela, face aux Jeux olympiques. avec la bénédiction du gouvernement... Au contraire, non seulement on ne répondait pas à nos questions, mais le premier ministre, à M. Cadieux: Un grand bonhomme. Un grand toutes les fois que les questions étaient posées, bonhomme. s'empressait de profiter de l'occasion pour endos- ser sans aucune réserve le maire Drapeau de Mont- M. Bédard (Chicoutimi): ... du Québec, que le réal. maire Drapeau était prêt à avoir les Jeux olympi- M. le Président, il est évident que devant la si- ques et également était décidé à accepter des tuation qui existe à l'heure actuelle, nous ne pou- coûts qui dépassaient nos capacités financières. vons faire autrement que d'être pour le principe J'écoutais tout à l'heure le ministre des Trans- du projet de loi. C'est clair que c'est une situation ports nous parler des difficultés, face à l'inflation, d'urgence, mais une situation d'urgence qui a été concernant les travaux et les projets que le gou- créée en grande partie par l'imprévoyance, le vernement a réalisés. Mais j'ai remarqué, c'est manque de surveillance du gouvernement du lui-même qui l'a affirmé, que malgré l'inflation il Québec face aux autorités municipales montréa- reste que l'augmentation s'est toujours située ap- laises. proximativement entre 90% et 100% et même En effet, dès le début de 1975, le gouverne- 105% d'augmentation sur certains projets qui ment Bourassa, par l'entremise du CCJO, savait avaient été mis de l'avant. Mais dans le cas de que les choses ne tournaient pas rond aux chan- Montréal, c'est quand même bien différent, puis- tiers olympiques. Il savait, à ce moment, que déjà que nous avons affaire à une augmentation du se dessinait un défécit, même si l'ampleur n'en coût d'au-delà de 300%. était pas encore très précise. Malgré tout cela, l'at- M. le Président, un autre point sur lequel je 2054 voudrais insister rapidement, c'est l'attitude du tants que l'on a payés à un architecte français, M. gouvernement du Québec face au gouvernement Taillibert. Des honoraires exorbitants, je dirais fédéral. Et cette attitude a été exprimée tout à même scandaleux; des honoraires avec lesquels l'heure par le député de Gatineau qui disait qu'il on aurait pu faire vivre l'ensemble des architectes endossait l'attitude du gouvernement du Québec, au Québec durant un an, peut-être. Il me semble, à à l'effet qu'il ne fallait pas aller quêter à Ottawa, propos de cette situation, que ce soient les qu'il ne fallait pas aller quêter au gouvernement contrats donnés sans soumissions, que ce soient fédéral. les réouvertures de contrats ou les honoraires Cette attitude n'était que le reflet de l'attitude exorbitants, que, si le gouvernement du Québec du premier ministre et de l'ensemble du gouver- avait joué son rôle, s'il avait du poids vis-à-vis du nement libéral. Je crois que cette attitude est une maire de Montréal, il aurait dû intervenir. attitude de colonisé, M. le Président, encore une fois, est une attitude irresponsable, parce que ce M. Bellemare (Rosemont): M. le Président... n'est pas vrai qu'en demandant de l'argent à Ot- tawa, on va quêter à Ottawa. On ne va chercher M. Bédard (Chicoutimi): Le gouvernement du que notre argent, si le gouvernement du Québec, Québec, connaissant très bien la situation... comme il devrait le faire, se décide à demander la participation du fédéral, afin d'aider à combler le M. Bellemare (Rosemont): ... j'aurais une di- déficit des Jeux olympiques. rective à vous demander. M. le Président, je crois que le gouvernement du Québec qu'on a à l'heure actuelle, le gouver- Le Président suppléant (M. Gratton): Pardon? nement libéral, a de la fierté quand ce n'est pas le Une question de règlement? temps d'en avoir, parce que ce n'est pas un man- L'honorable député de Rosemont. que de fierté que de demander l'aide du fédéral. C'est simplement vouloir récupérer notre ar- M. Bellemare (Rosemont): Une directive ou gent, une partie de l'argent que nous versons au une question de privilège. Je vous pose la ques- fédéral. Encore une fois, le gouvernement du tion, M. le Président. Québec se conduit comme un pauvre gouverne- ment de guenille qui essaie tout simplement — et Le Président suppléant (M. Gratton): Est-ce c'est mon opinion — de camoufler sa peur d'af- que cela ne peut pas attendre jusqu'à ce que le fronter le gouvernement fédéral sous des faux airs député de Chicoutimi ait terminé? de fierté. Le gouvernement du Québec a tellement peu M. Bellemare (Rosemont): Question de privi- confiance au gouvernement fédéral qu'il n'ose pas lège, M. le Président. C'est plus une directive l'affronter, parce qu'il sait très bien que le vérita- qu'une question de privilège. Je vous demande ble chef du Parti libéral, c'est le chef du Parti libé- ceci. Le député de Chicoutimi, qui est avocat, s'il ral fédéral. On peut se demander aussi si ce n'est est au courant des lois internationales, doit savoir pas toute une mise en scène, cette attitude ac- qu'il y a une entente internationale concernant les tuelle du gouvernement du Québec de ne pas ré- architectes et les ingénieurs. clamer d'aide du fédéral. Peut-être que, dans les jours qui viendront, on s'apercevra que le gouver- Le Président suppléant (M. Gratton): A l'or- nement du Québec va tranquillement changer dre! ... A l'ordre!... Vous interviendrez lorsque d'attitude. Il va essayer de demander— non pas vous aurez la parole. quêter parce que ce n'est pas le cas — de récupé- Le député de Chicoutimi. rer un peu de notre argent afin d'aider à combler les déficits. Tout cela n'est peut-être qu'une mise M. Bellemare (Rosemont): II n'est pas dans le en scène pour permettre, au bout de la ligne, à M. peuple, il est avocat. Trudeau lui-même de changer d'attitude, d'accep- ter de participer pour combler le déficit. Encore Le Président suppléant (M. Gratton): A l'or- une fois, il essaiera de se présenter comme le sau- dre! veur des Jeux olympiques et de montrer une image du fédéralisme rentable. M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je Je ne serais pas surpris que, tant du côté du terminerai là-dessus. La principale négligence a gouvernement du Québec que du côté du gouver- été, je pense, la mollesse du gouvernement à in- nement fédéral, on change d'attitude très vite, tout tervenir pour mettre à la raison le maire de Mont- en prenant la précaution de faire la mise en scène réal. Si le gouvernement le fait aujourd'hui, c'est nécessaire pour que cela arrive au bon moment. parce qu'il sent que politiquement il peut se per- Il y aurait peut-être d'autres points à couvrir, mettre de le faire. Il a évalué que la population est puisque le gouvernement, en parlant des Jeux maintenant peut-être prête à l'accepter, devant les olympiques, se cache derrière l'inflation comme déficits énormes qui sont annoncés concernant étant la cause de l'impossibilité des prévisions. On les Jeux olympiques. Mais je suis convaincu que le a oublié certaines choses dans le dossier des Jeux gouvernement, il y a de cela six, sept mois, peut- olympiques, entre autres, les contrats sans sou- être un an, avait déjà suffisamment d'éléments en missions qui ont été donnés, les réouvertures de main, peut-être autant qu'il en a présentement, contrats qui ont été faites, les honoraires exorbi- pour se décider, pour justifier de mettre à la raison 2055 le maire de Montréal. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'à M. Maurice Bellemare ce moment il a tout simplement obéi à des motifs politiques, en ce sens qu'il a senti que, politique- M. Bellemare (Johnson): M. le Président, mon ment, ce n'était pas le temps de mettre à la raison intervention sera très courte, mais très objective. les autorités municipales de Montréal. En 1973, quel est celui qui dans la province de M. le Président, un déficit de $600 millions, je Québec aurait pensé un instant que le projet mis ne veux pas faire de démagogie là-dessus, mais il de l'avant par les autorités de la ville de Montréal, reste que ce n'est pas n'importe quel déficit. Je au coût maximal de $230. millions, atteindrait, sais qu'on est habitué, dans le Québec, aux défi- quelques mois plus tard, la somme astronomique cits d'envergure; les $100,000, cela ne veut plus d'un milliard et quelques centaines de millions? rien dire. Avec le gouvernement qu'on a devant Personne ne pouvait prévoir un tel accroisse- nous, les $100 millions, cela ne veut presque plus ment des coûts dû à certains facteurs économi- rien dire, on en est aux milliards quand on parle ques—je veux être très réaliste— à l'inflation, de la baie James. Il reste que $600 millions, cela pour une part, à des difficultés dans le domaine de représente un outil de développement qui aurait la construction, à l'accélération aussi du projet, peut-être été de toute première importance. Il qui a pris une importance capitale dans la cons- n'est pas besoin d'épiloguer longtemps là-dessus, truction, mais aussi à un facteur assez détermi- mais ces $600 millions, je le soutiens respectueu- nant, mais qui n'a jamais été cité, aux plans de sement, auraient été suffisants pour assurer la re- l'architecte Taillibert qui ont été d'une complexité lance économique dans l'ensemble des régions énorme, plans d'une grandeur qui devaient entraî- périphériques qui ont besoin que des projets dé- ner, par ses coûts et la complexité des plans et bloquent pour leur assurer, non pas la prospérité, devis, dans bien des circonstances, des complica- mais au moins l'élémentaire nécessité de dévelop- tions sérieuses dans l'exécution des travaux. pement. Je voudrais simplement relater ce que bien Certaines régions, comme la nôtre, réclament d'autres avant moi ont dit et essayé d'être le plus depuis longtemps certaines améliorations, sont objectif possible en parlant particulièrement des obligées de le faire à coups de pétitions, comme coûts directs et aussi des déficits. Comment cela a été le cas pour réussir à obtenir quelques épongera-t-on un déficit avec un écart aussi améliorations concernant le boulevard Talbot. Il a considérable? fallu alerter l'ensemble de la population, faire des pétitions afin d'obtenir des améliorations. La D'abord, les coûts directs. Ce n'est pas à même chose, quand on pense qu'une région vous, M. le Président, que je vais apprendre que la comme la nôtre, depuis dix ans, attend un déve- déclaration du maire avait mentionné, dans le loppement de quelques millions, soit la papeterie temps, une modeste somme d'environ, disait-il, de Saint-Félicien. Pour simplement pouvoir garder $250 millions qui sont, je vous l'assure, couverts dans notre région les superspécialités — et ceci par les organismes que nous allons mettre en représentait au bout de la ligne, selon le ministre place. Depuis, le Conseil de la ville de Montréal a des Affaires municipales, une dépense de approuvé des dépenses de l'ordre de $730 millions $200,000 — pour garder ce qui représente un be- et il reste encore huit mois pour atteindre l'objectif soin essentiel pour la population, il a fallu, encore recherché, c'est-à-dire les Olympiades. une fois, alerter la population; il a fallu faire des Les dépenses directes, je vous les rappelle pétitions et des représentations à n'en plus finir simplement pour montrer combien le gouverne- auprès du ministère. Dans la région, nous avons ment arrive trop peu et trop tard dans un dossier eu l'occasion de le soulever, avec $50 millions en- où il aurait dû, dès le début, contrôler non seule- viron, il aurait été possible de faire l'achat de Price ment l'exécution, mais les dépenses. S'il avait Brothers, plutôt que, comme l'a fait le gouverne- suivi ce que ses prédécesseurs avaient établi lors ment, laisser Price se vendre, tout simplement, à de l'Exposition universelle de Montréal, en 1967, il Abitibi Paper, avec toutes les conséquences que aurait peut-être pu prendre là des leçons prati- cela peut avoir sur l'ensemble du développement. ques. Je pense qu'un déficit de $600 millions est C'était l'honorable M. Lesage qui avait tran- quand même impressionnant et le gouvernement sigé, dans le temps, les ententes fédérales- qui avait tous les éléments en main ne peut pas provinciales et municipales pour la réalisation de aujourd'hui se cacher le visage. Je pense qu'il doit l'Expo universelle. A ce moment-là, il était bien en- accepter une grande part de la responsabilité. Si tendu que, dans le protocole d'entente qui avait nous acceptons aujourd'hui de voter pour le prin- été signé entre les trois paliers de gouvernement, cipe de ce projet de loi, c'est parce que nous re- une proportion délimitée était inscrite, mais que connaissons l'urgence pour le Québec de faire ce montant ne devait en aucune circonstance être quelque chose, mais cela ne nous empêche dépassé sans l'autorisation du ministère des Fi- pas — et c'est ce que nous essayons de faire — de nances, sous le contrôle direct du ministère des mettre les responsabilités sur les bonnes têtes, à Finances d'Ottawa. savoir la ville de Montréal et le gouvernement du M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire Québec. que, malgré tous les contrôles qui ont pu exister en 1967, l'Exposition universelle de Montréal a été Le Président: Le député de Johnson. d'un prestige extraordinaire... 2056

M. Bellemare (Rosemont): Question de rè- et par un protocole d'entente avec le gouverne- glement, M. le Président. ment fédéral qui en possédait, lui, la responsabi- lité pour 65%. Le Président suppléant (M. Gratton): Ques- Là, M. le Président, nous avons un budget qui tion de règlement, l'honorable député de Rose- a été annoncé à $250 millions et nous sommes mont. rendus, d'après les chiffres qui nous ont été four- nis à la commission parlementaire, à environ $1 M. Bellemare (Rosemont): C'est en vertu de milliard. La ville de Montréal a investi $812 mil- l'article 120: "Le débat sur toute motion de deux- lions contre ses prévisions de $250 millions des ième lecture doit être restreint à la portée, à l'à- autorités municipales. Donc, il y a eu une augmen- propos, aux principes fondamentaux et à la valeur tation des coûts de 264%. intrinsèque du projet de loi". On va me dire: Vous n'êtes pas réaliste, M. le député de Johnson. Vous ne vivez pas dans votre M. Lessard: Continuez, continuez! Cepen- temps. Vous n'êtes pas conscient des difficultés dant... de la construction, de l'accélération des méthodes et particulièrement des difficultés que les plans et Le Président suppléant (M. Gratton): L'hono- devis d'un grand architecte français nous ont rable député de Johnson. données, qui sont des difficultés inhérentes au projet. M. Bellemare (Rosemont): C'est toi qui es Quand on veut donner plus qu'on est capable mon professeur! de payer, quand on veut manquer véritablement de contrôle à la base même d'une organisation qui M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je passera comme le scandale du siècle... Il y a $1 termine la lecture... milliard de taxation sur le dos des Montréalais; cela sera pénible, demain matin, à récupérer. M. Lessard: Sur la question de règlement, M. Qu'on veuille, demain matin, élever une statue le Président. commémorative à un certain personnage, j'en suis. Mais imaginez-vous donc, M. le Président, M. Bellemare (Johnson): ... de l'article 120. combien l'once cela va coûter en piastres et en Avant que mon honorable parent et ami... cents pour le contribuable de la ville de Montréal. 264% d'augmentation depuis, non pas 1970, mais M. Bellemare (Rosemont): Merci mon cher 1973. onclel La responsabilité de la construction est la responsabilité du COJO, $30 millions contre les M. Bellemare (Johnson): ... le député de Ro- prévisions déjà déposées de $27 millions. Une semont n'interrompe mon dialogue, il était dit, augmentation, donc, de $11 millions. dans l'article "et à la valeur — c'est un grand Le Village olympique, $90 millions, dont $20 mot — intrinsèque... Je lui expliquerai après la millions payés par les promoteurs de Terrasses Za- séance ce que veut dire le mot "intrinsèque... rolega, contre des prévisions de $32 millions; une augmentation de 20%. M. Bellemare (Rosemont): Quand même il On verra cela, M. le Président; je pense que faut dire, mon cher oncle, que qui a du Bellemare mes chiffres ont été vérifiés par des gens qui ont a du courage! habituellement des renseignements assez adé- quats. Ils ont été publiés, M. le Président, par un M. Bellemare (Johnson): ... du projet de loi, homme que je respecte énormément, M. Guy Pi- ou à toute autre méthode d'atteindre ces fins." nard, dans le journal La Presse, et cela n'a jamais Donc, M. le Président, dès 1965, nous avions été démenti. un plan pour une réalisation de l'Exposition uni- verselle que j'ai repris, en 1966, à notre arrivée au M. Lalonde: Vous lisez trop les journaux. pouvoir, comme ministre de l'Industrie et du Commerce et comme ministre tuteur de l'Expo. M. Bellemare (Johnson): Je pense que M. J'ai eu l'occasion, en maintes circonstances, de Guy Pinard mérite qu'on lui dise s'il s'est trompé, voir et de vérifier sur les lieux l'administration qui mais j'ai confiance à l'honnêteté des journalistes. se faisait avec les autorités fédérales, municipales Je pense- et la participation qu'apportait le gouvernement provincial. Malgré, M. le Président, tous ces Une Voix: Vous avez raison. contrôles, malgré toute cette surveillance extraor- M. Bellemare (Johnson): ... qu'on doit arrêter dinaire des détails, parce que nous n'avons jamais de prendre les journalistes pour des péquistes ou voulu laisser rien au hasard, nous avons enregis- des gens qui ne font pas bien leur travail. A la tri- tré, de bonne foi, un déficit de l'ordre de $300 mil- bune de la presse, on va le dire une fois pour tou- lions mais qui a donné, c'est sûr, un prestige ex- tes, ils font leur devoir ces gens-là. Qu'ils soient de traordinaire à la ville de Montréal parce que 50 mil- quelque allégeance qu'ils veuillent, ils ont le droit lions de visiteurs sont venus de par tout le monde. d'être péquistes, ils ont le droit d'être nationaux, Mais le déficit de $300 millions, à ce moment- ils ont le droit d'être de n'importe quel parti, même là, était en grande partie financé par des ententes libéral. 2057 ils ont le droit d'être de n'importe quel parti, même Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, mes- libéral. sieurs!

M. Dufour: Question de renseignement, M. le M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela re- Président. présente l'Assemblée nationale, cette indiscipline que l'on constate? Ayez donc le courage d'en pré- M. Bellemare (Johnson): Je dis donc et je parer des discours et levez-vous donc, à la Cham- continue, M. le Président. bre, au lieu d'insulter tout le monde et dire, après cela: C'est la faute des journalistes si on est mal M. Dufour: Question de renseignement, M. le interprété. Et on va entreprendre, comme cela Président. A trop flatter le pur amour éclate. s'est dit, une guerre en monde contre l'informa- tion. Ecoutez, M. le Président, il y a des limites à M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qu'il dit cela. Préparez-en des discours et ayez le même le... courage que j'ai et je m'inclinerai devant vous au- tres. Je n'ai jamais interrompu personne dans M. Dufour: Je dis qu'à trop flatter, M. le dé- cette Chambre quand on a eu le courage de se puté de Johnson... lever et de faire un discours. Et je ne le ferai pas, M. le Président, je respecterai l'opinant. M. Harvey (Charlesbourg): Qui trop embrasse mal étreint. M. Tremblay: Ayez donc le sens de l'humour! M. Dufour: Qui trop embrasse mal étreint et à trop flatter le pur amour éclate. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, les frais d'organisation, $100 millions contre une pré- M. Bellemare (Johnson): Je vais vous répon- vision de $60 millions. Déficit variant entre $500 dre que, si vous attachez votre chien, votre chien millions et $600 millions. Comment épongera-t-on va se détacher de vous. le déficit? Je dis que, si on continuait même la lo- M. Dufour: Cela dépend encore de la courroie, terie nationale après que les jeux — comme le di- monsieur. sait quelqu'un, il faut remplir le bain — seront ter- minés, cela ne suffirait seulement pas à payer les M. Bellemare (Johnson): Donc, M. le Prési- intérêts de l'année. Est-ce que ce n'est pas là un dent, je continue. Les frais d'organisation, M. le avertissement solennel d'arrêter? Il y a longtemps Président, $100 millions... que le gouvernement aurait dû prendre ses res- M. Bellemare (Rosemont): Lorsque l'Union ponsabilités devant ce scandale de patronage qui Nationale a arrêté d'attacher son chien avec de la s'exerce. Des petites bandes de couleur blanche saucisse, vous avez perdu le pouvoir. sur le trottoir et des grains de semence, il y a longtemps que tout cela est dépassé. Le Président suppléant (M. Gratton): A l'or- Quand on est en face d'un gouvernement qui dre! n'a pas la colonne vertébrale assez raide pour M. Bellemare (Johnson): J'ai entendu, je n'ai avoir un leadership, ne demandez pas pourquoi pas compris, je n'ai pas saisi la phrase d'un hono- vous avez 63% d'insatisfaction dans la population. rable membre de cette Chambre, qui ne manque L'intérêt que va coûter la dette des Olympiades ne pas d'esprit quand il visite la petite... serait pas couvert ar tout ce qu'on pourrait perce- Le Président suppléant (M. Gratton): A l'or- voir même si la loterie nationale continuait. Ce dre, messieurs! A l'ordre! n'est pas tout. Quel est le crédit qu'aura, demain, la ville de Montréal pour entreprendre des grands M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, travaux de rénovation quand son crédit municipal question de privilège. aura été affecté? On a déjà vu la ville de New York, qui est immensément plus puissante, venir à deux Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre! pas d'une faillite, déshonneur pour le grand peu- Il n'y a pas de question de privilège. ple américain qui est toujours fier de montrer sa M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, valeur en piastres et en or. Que ferait la ville de pour le bénéfice du Journal des débats, je me Montréal si son crédit municipal était ainsi mis en permets de répéter et de dire à l'honorable député doute? C'est important. On y pense le 19 novem- de Johnson que, lorsque l'Union Nationale a ar- bre 1975 quand, depuis au moins 24 ou 27 mois, le rêté d'attacher son chien avec de la saucisse, elle bateau est lancé. a perdu le pouvoir. Une Voix: II n'est jamais trop tard pour bien Le Président suppléant (M. Gratton): A l'or- faire. dre, messieurs! M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela que M. Bellemare (Johnson): C'est une conclu- vous devriez vous taire! Je continue donc et je dis sion brillante, M. le Président, qui ne peut pas me que, dans les circonstances présentes, le gouver- distraire. Je pense que le pauvre député a appris nement fait trop peu et trop tard. Quelles vont être cela... les répercussions? Je dis que le peuple québécois se réserve des jours bien tristes. Je dis qu'on Une Voix: Des hamburgers! pourra peut-être aller chercher une gloriole de 2058 quinze jours, mais quel prix va-t-on la payer, cette prendre des décisions dans des milieux moins gloriole éphémère? En effet, n'oubliez pas une bien avertis et, aujourd'hui, la patate chaude on la chose: les honneurs, c'est grand, c'est beau à re- passe au gouvernement; on dit: Vous allez le ré- cevoir, mais il y a des tristes lendemains. On s'en gler le problème. Mais ce n'est pas de la bonne va vers cela. On aura à rendre compte pourquoi gestion des affaires publiques. Eux qui sont arri- les moins bien nantis dans la ville de Montréal vés en 1970 bien peignés, bien chromés, des jeu- sont privés de services adéquats? Pourquoi n'a-t- nes administrateurs, des beaux messieurs, pour on pas fait une guerre aux taudis, tel que le re- dire qu'on était des mauvais administrateurs. commande le comité qui a étudié dans la ville de Voyez-vous ces gens bien peignés, bien chromés, Montréal cette question il y a quelques années? ils disaient: Cela c'est le salut de la race. Cela aurait coûté moins cher de mettre chez eux Eh bien! M. le Président, ce n'est pas le salut des familles entières que de plonger dans une telle de la race, c'est le désastre de la race. dépense. Je ne dis pas que, dans un chiffre rai- sonnable, on n'aurait pas pu faire les Olympiades. M. Lacroix: A $3,000 par année on n'a jamais Je ne suis pas contre le fait qu'on puisse organiser eu de Cadillac ni de chauffeur, non plus. les Olympiades, mais, à ce moment où tout le monde se pose des questions, où tout le monde M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je est inquiet, le gouvernement invoque la question pense que, si le député a le courage de porter une d'urgence. Mais l'urgence, ce n'est pas le 19 no- accusation, chose dont je doute fort, il invoquera vembre. Cela aurait été bien avant le 19 novembre l'article 84 et il posera une question. pour établir bien clairement les responsabilités Ce sont, M. le Président, des genres d'insinua- que devait avoir le gouvernement fédéral qui, dans tions malicieuses. Je dis au député que, si je vou- le fond, est le Canada, notre pays. Aujourd'hui, on lais parler des mines de sel ou bien d'une petite parle d'un fédéralisme rentable. Où est-il votre fé- compagnie où il est intéressé, ça lui ferait peut- déralisme rentable, messieurs? Où est-il? être mal. Au vestiaire, M. le Président, avec votre der- nière calotte. Je le dis et je le répète, est-ce cela M. Lacroix: Nommez-les. Nommez-les. du fédéralisme rentable, le gouvernement Trudeau qui dit non, aucune participation? Mais, par M. Bellemare (Johnson): M. le Président, exemple, les honneurs qui rejailliront sur le Ca- qu'on ne commence pas cela parce que je pour- nada et un peu tous les pays, il s'en appropriera rais peut-être dire des choses au député qu'il re- peut-être tout le mérite. grettera. Je continue. La province, eile, est obligée de payer un défi- cit aussi considérable parce qu'on ne peut pas, M. Lacroix: Nommez-les. qui que vous soyez, laisser la ville de Montréal dans un état financier qui serait insalubre. Il y a M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas moi, M. trop de problèmes dans la métropole du pays pour le Président, qui ai commencé. J'ai été interrompu ne pas que le gouvernement apporte son aide, et par un homme qui a voulu attaquer ma réputation. l'aide ce sera quoi? Ce sera en piastres et cents. Et Là, M. le Président, j'aurais le droit de soulever ces piastres et cents, M. le Président, qu'on le une question de privilège. veuille ou qu'on ne le veuille pas, ce sera payé par toute la population du Québec, parce qu'à un M. Lacroix: Je ne glisserai pas sur la marga- moment donné on aura manqué de prudence, on rine, moi. aura manqué à sa véritable fonction d'être de bons administrateurs publics, on n'aura pas eu l'échiné assez forte pour dire non ou imposer certains Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! A contrôles. Ce ne sont pas des hommes qui se sont l'ordre! désintéressés presque totalement de la conduite des affaires du COJO. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ma Il y a des hommes, mais aussi des principes question de privilège pourrait s'appliquer ici de- fondamentaux sur lesquels une saine administra- vant la bavure d'un député irresponsable. Je dis, et tion doit être faite, particulièrement dans ce do- je le répète, que ce n'est pas digne. Si le député a maine. Vous imaginez-vous, M. le Président, avec une accusation à porter contre mon honnêteté, un milliard et quelques centaines de millions, tout quelle qu'elle soit, qu'il la porte honnêtement de- ce qu'on aurait pu réaliser dans la ville de Mont- vant moi et, si je ne suis pas digne de siéger dans réal même, qui est à deux cheveux de perdre sa cette Chambre, je démissionnerai. Il n'a pas le suprématie à la ville de Toronto? Je suis vérita- courage de le faire, parce que c'est du verbiage, blement, comme Québécois, frappé d'indignation c'est du commérage. Il aime cela fouiner dans de et je me demande si le remède qu'on veut apporter la cochonnerie, puis dans les poubelles. C'est ce au dernier moment sera efficace. Je le souhaite qui caractérise le député. Voilà le député qui in- ardemment. Je voterai en faveur de la loi. Je ne sulte tout le monde et la tribune de la presse et serai pas contre. Je voterai en faveur, mais je dé- tout le monde. Vous n'avez pas le courage de dire plore le manque d'autorité et de leadership mani- publiquement, mon cher monsieur, que je suis un festé dans un débat pareil. malhonnête; dites-le donc, levez-vous donc de vo- M. le Président, on a laissé aller, on a laissé tre siège et dites-le donc! 2059

M. Lacroix: Je vais vous le dire. Je vais vous le M. Burns: C'est mon privilège, M. le Président, dire. si un député se fait attaquer en Chambre... Je suis bien heureux de voir l'ancien ministre de la Justice applaudir. Pouvez-vous me dire Le Vice-Président (M. Blank): Non. non. comment il se fait que vous pouvez être million- naire, vous, aujourd'hui, alors aue vous n'avez M. Burns: ... quel que soit le parti dont il est même pas gagné $500.000 comme député? membre.

Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! A Le Vice-Président (M. Blank): Le député de l'ordre! C'est assez, assez! Des deux côtés, c'est Johnson peut se défendre. assez! S'il vous plaît, retournez au projet de loi. M. Burns: C'est également mon privilège de M. Bellemare (Johnson): La première des défendre le député de Johnson. choses, M. le Président, c'est un mensonge des plus caractéristiques. Je défie publiquement le Le Vice-Président (M. Blank): II peut se dé- député des Iles-de-la-Madeleine de venir devant fendre. Il peut se défendre. les tri... M. Burns: Je trouve que cela n'a pas de bon Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- sens que vous laissiez faire un tas de choses dre, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A comme cela. l'ordre, s'il vous plaît! Vous connaissez le règle- ment comme moi. A l'ordre, s'il vous plaît, à l'or- Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- dre! Je pense qu'on en a assez dit d'un côté et de dre, s'il vous plaît! D'accord, merci beaucoup. l'autre. C'est le temps de retourner au projet de loi. M. Burns: M. le Président, puis-je vous dire que je vous trouve très compréhensif lorsque la M. Burns: M. le Président... merde vient d'un côté de la Chambre plutôt que d'un autre. M. Charron: Vous intervenez tard, M. le Prési- dent. Vous intervenez tard! Le Vice-Président (M. Blank): J'ai entendu les mots qui ont été prononcés des deux côtés. Je Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! J'ai vous demande une chose: Demain matin, lisez le rendu ma décision. Le projet de loi, s'il vous plaît. journal des Débats et prenez la portée des mots C'est assez! prononcés des deux côtés et vous allez voir ce qui s'est passé. M. Charron: Vous laissez insulter le monde et Le projet de loi, s'il vous plaît. Je pense que après cela, vous vous décidez à intervenir. c'est assez. Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! A M. Burns: Vous avez laissé passer toutes sor- l'ordre! Si on fait la pesée des insultes d'un côté et tes d'affaires de l'autre côté. D'accord. de l'autre, je pense que le gagnant est ici. S'il vous Le Vice-Président (M. Blank): Parlez-vous sur plaît, pourquoi vous levez-vous? le projet de loi? M. Burns: Je vous demande tout simplement M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je une chose, de reconnaître que le député de John- ne veux pas revenir sur votre décision, mais je la son s'est fait insulter publiquement. En tout cas, trouve bien malheureuse et injuste. Pour un on a dirigé à son endroit un certain nombre de homme qui a fait, pendant trente ans, de la vie po- remarques. litique, il n'aurait pas le droit de relever une insi- nuation aussi malheureuse que d'être millionnaire. Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- Je défie n'importe qui de cette Chambre de me dre! Je pense que le député... traîner devant la justice. M. Charron: On a un président partial. Le Vice-Président (M. Blank): Vous savez aussi bien que moi que vous n'avez pas le droit... Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît, à l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! M. Bellemare (Johnson): Je suis prêt à ouvrir Je demande au député de Saint-Jacques de retirer tout grand... ses paroles. Je vous demande de retirer ces mots. Le Vice-Président (M. Blank): ... de lancer un M. Charron: Je les retire, M. le Président. défi.

Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. M. Bellemare (Johnson): ... tous les cahiers, Quant au député de Maisonneuve, si c'est une tous les reçus pour prouver à cet honorable dé- question de privilège, c'est le privilège du député puté, qui a voulu porter contre moi une accusation de Johnson qui... aussi perfide, que c'est faux, archifaux. 2060

Le Vice-Président (M. Blank): D'accord, vous M. Lacroix: Mon honorable ami me permettra avez replacé les faits. D'accord. Vous avez dit cela de dire que j'ai des enfants également. trois ou quatre fois; je vous comprends, M. le dé- puté, et si j'étais dans votre position, je ferais M. Burns: A l'ordre, M. le Président, vous ne exactement la même chose. Vous avez rétabli les permettez pas au député de Johnson de replacer faits. les faits, mais vous le permettez au député des Iles-de-la-Madeleine n'importe quand. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce que je peux demander au député de retirer Le Vice-Président (M. Blank): L'affaire est ses paroles? M. le Président, je vous demande close maintenant, d'accord. C'est fini, il a retiré simplement cela, parce que je trouve cela injuste. ses mots, le projet de loi, s'il vous plaît. D'abord, c'est totalement... M. Bellemare (Johnson): Vous vous imaginez, Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'or- M. le Président, dans quel climat que je vais re- dre! A l'ordre! D'accord. prendre mon discours?

M. Lacroix: M. le Président, je ferai comme le Le Vice-Président (M. Blank): II faut repren- député de Johnson a déjà fait à mon endroit, alors dre votre discours ou vous asseoir, un des deux. qu'il avait prononcé des paroles un peu malheu- reuses, je retirerai mes paroles. M. Bellemare (Johnson): Vous vous imaginez M. le Président, je veux rester en bons termes qu'après... avec le député de Johnson, parce que je crois que, comme moi, il a un caractère un peu bouillant. A Le Vice-Président (M. Blank): Je suspends la un moment donné, ses paroles peuvent dépasser séance pour cinq minutes. sa pensée. Je crois que le député de Johnson a Le député de Johnson sur la deuxième lecture fait son possible, même s'il n'a pas fait tout ce du projet de loi no 81. qu'il a voulu, en cette Chambre, comme j'ai essayé de le faire. De bonne grâce, je retire mes paroles. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je vais continuer en disant que le gouvernement de Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. la province de Québec, notre gouvernement, va échanger des droits de regard pour des millions. M. Bellemare (Johnson): M. le Président, Le gouvernement va probablement avoir une auto- comme un vieux parlementaire, je déplore ces in- rité extrêmement vigilante, je le souhaite de tout cidents. On ne devrait pas se rendre jusque-là. coeur. Je connais quelques personnes qui ont été nommées, je leur fais mes meilleurs voeux en pa- Le Vice-Président (M. Blank): Ils sont clos reille circonstance, mais je dis: Que voulez-vous maintenant ces incidents. Ne recommencez pas qu'on fasse quand un verre de lait est renversé? l'affaire. Peut-on le ramasser et le remettre dans une pinte ou dans un verre? M. Bellemare (Johnson): Un instant, M. le Il a fait ses dommages. Il a créé partout un Président, j'ai le droit moi aussi d'ajouter un mot à état de panique, il y a eu dans tout ce système des la suite de... faveurs qui ont été obtenues et qui seront drôle- ment jugées par une enquête royale après les jeux. Le Vice-Président (M. Blank): Vous avez de- Là, on assistera peut-être aux scènes disgracieu- mandé au député de retirer ses paroles et il les a ses de l'enquête Cliche et de CECO. Il y aura un retirées, d'accord? ralliement de tous ceux de bonne foi qui, dans cette province, veulent le respect de l'intégrité et M. Bellemare (Johnson): Mais, M. le Prési- de l'institution dans laquelle nous vivons. Je féli- dent, il reste que c'est lancé. Même si j'accepte cite ceux qui ont eu le courage de demander des avec infiniment de bonne grâce cette mise au enquêtes qui ont été conduites d'une manière ex- point, cela fait mal, parce qu'on a des familles, traordinaire. Il y en aura une enquête après les nous autres aussi. M. le Président, on ne peut pas jeux et vous vous direz avec d'autres: On ne savait leur expliquer le climat dans lequel c'est pro- pas cela, c'est extraordinaire d'apprendre tous ces noncé. On a des amis, M. le Président, qui, de- faits. Mais regardez donc toute cette manigance main, vont peut-être répéter ces paroles. Il est im- et, dans ce temps, les responsables seront loin du pensable que des parlementaires, des gentils- jugement populaire. On a laissé faire, on a laissé hommes, ici, dans le salon de la race, puissent se aller sans aucun contrôle par la plus haute auto- rendre jusque-là. Cela devrait être, M. le Prési- rité pour complaire à certains individus, quand no- dent... tre serment d'office nous oblige de respecter le droit de contrôle sur tous les agissements où le Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! A gouvernement est indirectement ou directement l'ordre! Je ne peux pas faire plus que de lui de- impliqué. mander de retirer ses mots, il les a retirés. D'ac- Quand il s'agit de la ville de Montréal, qui est cord? la métropole de notre pays, on n'a pas le droit de 2061 la laisser s'enliser dans un pareil scandale et ne pour entendre dire certaines choses qui nous dé- pas intervenir ou d'intervenir un peu trop tard. plaisent souverainement par des Canadiens. Je dis Je dis donc que Québec échangera des mil- et je répète que la participation la moins grande, la lions pour le droit de regard sur ce qui reste à dé- moins considérable, viendra de notre pays, parce penser, mais vous imaginez-vous, M. le Président, qu'on a développé un mauvais climat. On a déve- que le projet de loi no 81 ne renferme pas des loppé un genre de malaise autour des jeux, qui fait clauses particulières? que cela ne se vend plus, jusque dans la participa- Le projet de loi no 81 n'est pas fait seulement tion du tirage des billets! pour demain, pour l'administration des biens de L'histoire s'écrira, M. le Président, et condam- COJO ou des Olympiques, mais il est fait aussi nera sévèrement ce gouvernement qui est devant pour après-demain. Et là, il y a des dispositions nous d'avoir été trop mou dans les circonstances particulières; d'ailleurs, je reviendrai là-dessus en vis-à-vis des autorités qui auraient dû être mises à commission plénière. On essaie encore de leur place. Par respect des juridictions ou pour comprimer le bon vouloir à la discrétion et surtout quelque autre motif, on aura manqué à son devoir. à cet excellent patronage dont les plates-bandes Je pense, M. le Président, que les priorités de du gouvernement sont remplies d'une suave la situation actuelle nous obligent, quelque qué- odeur. bécois que nous soyons, à quelque allégeance po- Il faudra que la loi ait des dents. Je serais heu- litique que nous appartenions, à apporter notre reux d'entendre de la bouche d'un homme de concours, si faible soit-il. S'il y a, dans cette Montréal, d'un député, d'un membre de cette Chambre, un homme qui n'a pas critiqué les jeux, Chambre de l'île de Montréal qu'il respectera la s'il y a un homme dans cette Chambre qui n'a pas demande qui sera faite d'une enquête royale sur voulu embêter le gouvernement, ni les responsa- les travaux qui sont à se faire actuellement et qui bles du COJO, c'est bien le député de Johnson. aboutiront à des déficits plus que considérables. Vous ne m'avez jamais entendu faire une critique Avons-nous le droit de ne pas nous insurger, acerbe. Mais, ce soir, je me dois d'intervenir de- de ne pas dire à ces gens qu'ils se sont trompés et vant l'événement qui se produit et surtout devant lamentablement trompés? Nous pourrons invo- ce bill d'urgence qui nous est apporté et qui quer l'inflation, les grèves, la décentralisation de donne véritablement le portrait du gouvernement. certains pouvoirs d'accord, mais jamais dans une Dans toutes les situations que nous avons traver- proportion de 264% d'augmentation. Ce n'est pas sées, que ce soit du côté des cultivateurs, quand vrai! ils ont égorgé sur la place publique leur bétail, on Vous allez peut-être, certains députés de cette a attendu d'être à la dernière limite pour agir. Chambre, me trouver sévère. Non! On l'a été à no- Quand la ville de Montréal a brûlé pendant quatre tre endroit en 1968, quand nous avons accusé un jours, on a attendu encore au dernier moment déficit d'opération de $300 millions. J'entends en- pour agir. Et c'est cela un gouvernement dynami- core, sur les banquettes de l'Opposition, les gens que? C'est cela, les bons administrateurs bien crier au scandale et dire que nous avions été des peignés, bien chromés, qui devaient faire beau- mauvais administrateurs, que la ville de Montréal, coup mieux que nous? le gouvernement fédéral et le gouvernement pro- M. le Président, je voudrais vous dire combien vincial, qui devaient éponger le déficit de Terre j'apporterai mon faible concours à tout ce qui sera des hommes, s'étaient royalement trompés. présenté dans cette Chambre, pour empêcher un J'ai entendu, de sa bouche même, l'honorable plus grand malheur. ministre de l'Industrie et du Commerce dire que C'en est une, loi. J'aurai, M. le Président, en cela avait été une manne précieuse pour semer à commission certaines remarques sur certains arti- travers tous les pays du monde qui nous ont visi- cles. Mais ma participation, au moins, après avoir tés une des plus belles publicités en faveur de la rétabli les faits, après avoir donné les raisons qui province de Québec pour l'établissement, chez ont causé ce marasme, et qui nous apportent ce nous, d'industries. Je le félicite pour cette déclara- soir le 19 novembre, une loi d'urgence, je dis que tion. Je suis sûr qu'il s'en souvient. Est-ce qu'on ma participation dans ce débat aura servi, au pourra dire, demain, la même chose après avoir moins, à dire aux gens du gouvernement qu'ils investi au-delà d'un milliard? Est-ce que le peuple n'ont pas eu assez de cran, assez d'autorité. Ils du Québec sentira un retour en investissements ont plié comme un roseau, et cela c'est mauvais. ou en réputation mondiale? Est-ce que les sueurs Pourtant, il y a des hommes forts dans ce et le sang qui auront été versés dans cette opéra- gouvernement. Il y en a des hommes qui auraient tion gigantesque apporteront comme retombées pu faire valoir certaines idées, de commerce ou économiques chez nous plus d'argent à gagner? d'industrie, ou des hommes d'une grande valeur Est-ce que notre réputation sera meilleure? en transport ou en communications. Il y en a des Je doute fort, M. le Président, qu'en quinze hommes forts encore dans ce gouvernement. jours on puisse transporter à Montréal 50 millions Pourquoi ces hommes forts se sont-ils tus? Pour- de personnes. Je vous fais une prédiction, qui quoi a-t-on laissé faire tout ce gâchis qui est au- n'est pas une prédiction de malheur: C'est dans jourd'hui devant toute la population? On ne peut mon pays, M. le Président, qu'il y aura une moins pas le cacher; pas seulement dans la province de grande participation aux Jeux olympiques. Vous Québec, pas seulement dans nos usines et dans irez faire un tour, comme je l'ai fait dernièrement nos foyers, mais à travers la province, partout, à dans l'Ouest et vous ouvrirez grandes vos oreilles Toronto, à Winnipeg, à Saint-Boniface et même à 2062

Vancouver. Dieu sait qu'on aurait besoin d'une Que le stade ait un mât ou pas, que le centre meilleure réputation en certains endroits. de presse soit à proximité des jeux ou non, là ne Le gâchis qui s'est fait là aura, sur la race se situe pas le débat. canadienne-française dans la province de Québec Ces éléments n'ajouteront pas un centimètre et sur tous les Québécois, un retour néfaste pour au triple podium des vainqueurs. Leurs perfor- une gloriole de quelques jours. mances ne seront pas améliorées d'un millième de Mon Dieu si les gens pouvaient comprendre seconde. Dans l'histoire, vous savez, les records combien c'est nécessaire aujourd'hui de conser- les plus intéressants n'ont aucun rapport avec le ver une bonne réputation et un excellent crédit chiffre des investissements engagés dans la pré- pour une municipalité, pour une métropole parti- sentation des Olympiques. Tous, il est certain, culièrement qui nous appartient à nous, les Qué- nous souhaitons que le projet olympique s'inscrive bécois. dans les annales des records du côté sportif, non Je vous en supplie, messieurs, ceux qui sont pas financier. des hommes forts — il en reste encore dans le M. le Président, nous sommes engagés dans gouvernement qui est devant moi — je vous de- une véritable course contre la montre. L'enjeu, ce mande d'agir avec vigueur, de surveiller, comme il n'est pas un record olympique, mais c'est davan- est dit dans la loi 81, et vous aurez rempli encore tage. C'est la fierté et le prestige des Québécois un devoir nécessaire mais efficace qui empêchera qui se joueront au cours des quelques mois qui un plus grand malheur. Merci. suivront. Peut-être avons-nous attendu le dernier moment pour prendre le véritable départ, mais re- M. Choquette: Très bien. tarder indûment ce départ pourrait compromettre grandement les chances de succès et infirmer nos Le Vice-Président (M. Blank): Le député de performances futures à la face du monde entier. Drummond. Au moment où nous discutons dans cette Cham- bre, des milliers de travailleurs québécois sont ac- M. Robert Malouin tuellement à l'oeuvre sur les chantiers olympiques de Montréal. Ils ne ménagent ni leurs efforts, ni M. Malouin: M. le Président, il y a déjà plu- leur courage pour réaliser de grandes choses qui sieurs heures que le débat porte sur la création de porteront la signature de la main-d'oeuvre québé- la Régie des installations olympiques et je m'en coise. C'est notre devoir de leur apporter notre ap- voudrais de contribuer à établir les premiers re- pui en évitant des discussions inutiles. Ces ou- cords olympiques. vriers, ces techniciens, ces ingénieurs vivent pré- On a parlé de coûts, d'échéanciers, on a porté sentement au même rythme fébrile que les athlè- toutes sortes d'accusations. Alors, on attend tes qui viendront connaître l'instant de vérité en peut-être de moi, à cause de mon expérience anté- terre québécoise en cet été 1976. Avec eux, nous rieure et de la chance que j'ai eue d'être observa- devons nous rappeler cette phrase de Pierre de teur ces derniers temps sur les chantiers olympi- Coubertin: "Le plus important aux Jeux olympi- ques, que je vous parle de ces coûts et de ces ques n'est pas d'y vaincre, mais d'y prendre part, échéanciers. car l'essentiel dans la vie n'est pas tant de Mais, je veux apporter un éclairage différent conquérir, mais de bien lutter jusqu'au bout". sur cette discussion. Vous me permettrez de pren- Le peuple du Québec et les ouvriers du chan- dre l'occasion pour m'adresser à un groupe qui, tier olympique garderont bien allumée et jusqu'au avec la régie, retirera beaucoup de fierté de la réa- bout la flamme qui brille depuis plusieurs mois lisation de ce projet. dans leur coeur. C'est à nous qu'il importe de veil- Durant mes visites, j'ai constaté que les Olym- ler à ce qu'elle ne s'éteigne pas. Je vous remercie. piques 1976 seront autre chose qu'un monde de structure de béton et d'acier, qu'un univers de Le Vice-Président (M. Blank): Le député de poutres et qu'un enchevêtrement de masses de Beauce-Sud. précontraint. Les Olympiques de 1976 seront l'oeuvre d'un peuple de bâtisseurs comme l'est M. Fabien Roy cette force canadienne, comme l'est la nation québécoise en cette terre d'Amérique. M. Roy: M. le Président, je n'ai pas l'intention Avant même que des légions d'athlètes nous de faire une intervention tellement longue sur ce arrivent des quatre coins du globe, déjà, chez projet de loi, tout simplement parce que ce n'est nous, des ouvriers, maçons, ferrailleurs, techni- pas le genre de projet de loi qu'il est agréable de ciens et manoeuvres ont déjà établi de vrais re- discuter et surtout de discuter longtemps. Ce gou- cords olympiques par leur performance et leur ha- vernement nous a habitués depuis 1970 à voter à bileté dans la réalisation d'une oeuvre qu'on peut l'Assemblée nationale des lois-pompiers, quand il qualifier de complexe. y a des incendies. Nous en sommes rendus au- Pour moi, la Régie des installations olympiques jourd'hui à voter une loi-castrophe. Lorsqu'un est importante pour la réalisation de ce projet. précédent de ce genre est créé, on peut se de- Mais après avoir visité, à maintes occasions les si- mander jusqu'où cela peut nous conduire. Cela tes olympiques, je puis affirmer que c'est l'ouvrier doit être assez gênant, cela doit être assez humi- qui donnera aux athlètes du monde entier, du Ca- liant pour un gouvernement de se présenter de- nada et du Québec des équipements nécessaires vant l'Assemblée nationale du Québec pour venir pour réaliser leurs performances. demander aux députés, aux élus du peuple de vo- 2063 ter un projet de loi de dépannage, de voter un pro- municipalités du Québec — c'est-à-dire les 253 jet de loi de résurrection, si on peut dire, pour projets de municipalités — puissent être acceptés faire accepter aux Québécois un déficit de $600 dans les meilleurs délais. On se rappelle que le millions au minimum. C'est loin d'être un maxi- ministre nous avait dit à cette occasion qu'il avait mum. C'est un miniminimum. Les exemples sont quelque $10 millions qu'il avait négociés avec le excessivement nombreux à l'Assemblée nationale gouvernement fédéral — en réponse à une ques- pour dire que, lorsque nous avons des chiffres en tion que j'avais posée plus précisément le 12 juin ce qui a trait aux dépenses gouvernementales, 1975 — qui lui permettraient d'accorder priorité c'est toujours des miniminimums. $600 millions aux logements sociaux. qu'on demande de faire payer par les Québécois Jamais le Québec n'a eu un plus bas taux de de la Gaspésie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la logements disponibles que celui que nous avons à Beauce, de Trois-Rivières, de l'Abitibi, de toutes l'heure actuelle. Aujourd'hui, alors qu'on n'a pas les régions du Québec pour un événement qui va d'argent pour le secteur de l'habitation, alors que durer quinze jours, plus précisément dans la ville Montréal est aux prises avec des problèmes de ré- de Montréal. novation urbaine, alors que Montréal est aux pri- M. le Président, $600 millions pour un événe- ses avec un manque de logements, alors que Mon- ment qui va durer quinze jours dans la ville de tréal est aux prises avec des problèmes de taudis, Montréal, pour un petit peuple de 6 millions d'ha- on demande actuellement à l'Assemblée nationale bitants. du Québec $600 millions pour assumer un déficit M. le Président, il n'y a pas de mots, je dis qui n'aurait jamais dû être. On nous a tellement dit bien, il n'y a pas de mots pour qualifier à juste titre qu'il n'y aurait pas de problème, que tout s'autofi- une situation de ce genre. On pourra nous dire: nancerait et qu'il n'y aurait pas de déficit qui serait Nous avons convoqué la commission parlemen- assumé. On a tellement mis de l'emphase pour tâ- taire, nous avons voulu mettre les députés au cou- cher de vendre tout cela à la population qu'il y a rant à l'Assemblée nationale. L'Opposition a pu bien des gens qui ont fini par le croire. poser toutes les questions qu'elle a voulu. Elle a Mais, est-ce qu'on réalise quelle sorte de pro- pu avoir, l'Opposition, tous les renseignements gramme d'habitation on pourrait faire au Québec qu'elle désirait obtenir. On nous dira cela, M. le avec $600 millions? C'est le seul exemple que je Président. vais donner et je terminerai mon intervention là- On est venu nous présenter des belles ma- dessus. Le seul exemple que je vais donner. On quettes; c'était beau, c'était joli. Mais il y a une pourrait procéder à la construction de 20,000 mai- chose que le gouvernement avait et que l'Opposi- sons unifamiliales de $30,000 chacune, c'est ce tion n'avait pas. Le gouvernement, qui avait la res- qu'on pourrait faire. J'ai entendu mon collègue ponsabilité d'administrer, de superviser et d'exa- tout à l'heure, le député de Drummond, dire qu'il y miner la question — parce que c'est quand même a des travailleurs qui travaillent à la réalisation des lui le gouvernement qui a la responsabilité d'ad- jeux. Oui, d'accord il y a des travailleurs qui tra- ministrer le Québec — avait, lui, les experts, les vaillent, mais ce serait bien plus intéressant, pour comptables, les spécialistes, avait tout ce qu'il fal- le Québec, pour les Québécois et pour l'avenir de lait pour être en mesure de bien évaluer la situa- la province, si ces mêmes travailleurs actuellement tion et d'être capable de faire les extrapolations travaillaient pour régler le problème de l'habitation les plus justes possible pour que nous soyons en au Québec. face d'une réalité. C'est le seul exemple que je donne au gou- Pour faire avaler le gâteau à la population du vernement parce que je ne veux pas l'enterrer de Québec, comme en commission parlementaire, chiffres. Je veux qu'on médite et qu'on réfléchisse qu'est-ce qu'on a fait? On a pris le gâteau, puis on sur ce point avant de nous lancer dans des aven- l'a séparé tranche par tranche, morceau par mor- tures qu'on peut qualifier aujourd'hui de rêves en ceau, et on est toujours arrivé en disant: Voici, ce couleur. sont les chiffres définitifs. Il y a une réserve de Il n'y a pas seulement les députés de l'Opposi- 10%, il y a même une réserve de 20%. Avec les tion qui sont déçus. Il y a dans l'Assemblée natio- chiffres qu'on vient de vous donner, messieurs les nale des députés, voire même des ministres qui membres de l'Assemblée nationale, nous avons la sont déçus. Il y a la population du Québec qui est certitude que de cette façon nous pourrons réali- déçue, mais elle sera beaucoup plus déçue quand ser le tout dans les meilleurs délais, comme on elle réalisera l'impact économique de ces quinze nous a dit. Nous avons une marge de manoeuvre jours de jeux qui se dérouleront à Montréal. suffisante pour être en mesure de faire face aux En terminant, quand on pense que c'est le éventualités, aux choses qu'il est impossible d'éva- prestige de notre métropole, comme le disait le luer. député de Johnson, le prestige du Canada fran- Je dis qu'une loi comme celle qui est devant çais, est le prestige du Québec qui est en cause, il nous permet de bien mesurer le type de leadership n'y a rien de réjouissant. C'est même une honte, qui gouverne le Québec et le type d'économie vers c'en est même honteux d'en être rendu là. Ces lequel nous nous dirigeons à l'heure actuelle. Pas $600 millions représentent le premier budget qui plus tard qu'hier, j'ai interrogé le ministre des Af- nous a été présenté par cette fameuse équipe de faires municipales, responsable du dossier de la révolution tranquille au Québec, en 1960. Cela l'habitation. J'ai demandé au ministre s'il avait l'in- représente le même budget et c'est pour assumer tention de prendre les mesures qui s'imposent, un déficit, celui d'une réalisation. afin que les 11,600 logements demandés par les On dira peut-être: Quelle position prendra le 2064 député? Il est évident que, lorsque nous frisons la transformait tout à coup en petit caporal dégradé catastrophe, il faut quand même essayer de trou- et dégradant et il s'intéressait à un muselage ver une chaloupe de sauvetage. Le gouvernement complice des journalistes dans ce dossier. Le mi- nous présente, à la dernière minute, une petite nistre des Affaires municipales, désormais titulaire chaloupe de sauvetage qui va coûter aux Québé- de cette régie créée par la loi 81, n'est qu'un sol- cois $600 millions au minimum, mais dont on peut dat du premier ministre, depuis longtemps estimer qu'elle va coûter $700 et peut-être $750 concédé au maire de Montréal, tombé comme un millions alors qu'en ce qui me concerne, je n'ai arbre devant le maire de Montréal depuis déjà bien même pas la garantie que les jeux auront lieu. longtemps. Ce n'est pas une très heureuse nouvelle que M. Côté: PN veut dire péniche aussi. les membres de l'Assemblée apprennent, en fai- sant le bilan du dossier de négligence et d'incom- Le Vice-Président (M. Blank): Le député de pétence du gouvernement provincial, de savoir Saint-Jacques. que c'est maintenant ce roseau, ce faiblard, celui qu'à chacune des occasions où le choix s'est posé M. Claude Charron entre le maire de Montréal et lui le premier minis- tre du Québec a laissé tomber, qui aura à répon- M. Charron: J'assiste, depuis le début de cet dre de cette régie à l'Assemblée. Ce ne sera plus à après-midi, au scénario du gouvernement sur ce ministre responsable du dossier olympique, cette question. noyé entre les statistiques dont il n'est qu'un ac- cumulateur et la stratégie du premier ministre M. Côté: C'est le vôtre, votre scénario. dont il n'est qu'un objet, qu'il faudra s'adresser, mais bien à un ministre titulaire. M. Charron: Je n'y assiste pas en observateur Qu'on n'aille pas épouser l'attitude hypocrite impartial comme vous, j'en conviendrai, mais il que plusieurs membres ont prise dans cette m'a paru évident, au cours de ce débat, que la Chambre, depuis le début, de vouloir noyer cette stratégie gouvernementale choisie pour présenter question fondamentale pour le Québec derrière un ce projet de loi n'a pas atteint son objectif. Un peu appel hypocrite à l'esprit olympique. On a utilisé comme si le gouvernement, dans les excuses de l'esprit olympique dans ce débat à des fins les plus circonstance, avait voulu maquiller l'incompé- dégradantes, sur le plan politique, celles de la tence fondamentale de son administration. couverture du mensonge. Il faut donc inscrire, à Le meilleur parfum au monde ne parvient ja- ce nouvel aveu de panique et de débandade, le fait mais à enterrer définitivement la crasse. Lorsqu'un qu'on a vu des arguments qui ont littéralement fait gouvernement est fondamentalement incompé- vivre plusieurs générations d'athlètes à travers le tent, négligent, et qu'il a laissé aller ce dossier, monde, utilisés, en dernier ressort par celui-là quel que soit le lyrisme qu'on puisse épouser ce même qui nous invitait, il y a dix mois, à nous soir alentour de la grande cause olympique, c'est pencher sur cette chose uniquement et totalement là-dessus qu'il sera jugé et non pas sur la qualité comme administrateur. Il fallait le voir, ce soir, cet et la grandeur d'âme de chacun des ministres qui administrateur, se lancer dans un lyrisme poéti- ont épousé l'esprit olympique. Cela a commencé que. Je dis au ministre des Affaires municipales, cet après-midi sur la motion d'urgence qui nous lorsqu'il essaie d'utiliser l'esprit olympique et la fait siéger à cette heure-ci lorsque, de façon inac- poésie pour couvrir le déficit que le gouvernement coutumée, vous en conviendrez avec moi, une ri- a laissé accumuler à Montréal, qu'il est à l'aise bambelle de ministres se sont, tour à tour, épaulés dans la poésie comme une grue au beau milieu à la motion du député leader du gouvernement en d'un stade, huit mois avant les Olympiques. Il n'a Chambre pour supprimer les règles normales de la pas plus affaire à couvrir ce déficit par des argu- Chambre. ments et une littérature complètement dépassée et On avait suspendu un bon nombre de règles vieillote qu'il n'a de droit fondamental à cacher les déjà, de règles proprement comptables et propre- agissements du gouvernement dans ce dossier. ment administratives dans ce dossier des Olympi- Si tout cet arsenal de mensonges et d'artifices ques. Il fallait, parce que la chose était devenue gouvernementaux a été employé depuis le début évidente, suspendre également le droit des dépu- de cette motion, c'est qu'il doit bien y avoir une tés de l'Opposition d'établir clairement, face à la raison. Et cette raison, vous la savez et c'est ce population, ce sujet. Ce soir, dans cette motion de qu'ils ont voulu camoufler chaque fois que nous deuxième lecture, la ribambelle de ministres est avons dû intervenir en commission parlementaire, revenue à la charge, débutant avec le lyrique dis- depuis que cette question est sur la table, M. le cours de deuxième lecture du ministre des Affaires Président. C'est qu'il y a une gravité de situation municipales, le roseau du cabinet. On aurait dit, à sans précédent et qu'ils savent très bien, exacte- l'entendre, qu'il ouvrait les jeux aux côtés de sa ment comme le jupon peut dépasser de n'importe souveraine. Il fallait avoir l'impression, au moment quelle jupe, que leur incompétence et leur incurie où il nous parlait, qu'il n'existait pas un seul pro- sur ce sujet ont, depuis longtemps, été le véritable blème. objet des débats, et non pas le projet de loi no 81 Au moment où, du ton solennel du général qui tel qu'il apparaît aujourd'hui. accepte vaillamment la défaite, il nous expliquait Si la situation n'était grave que pour ce gou- la tenue nécessaire des jeux le 17 juillet 1976, il se vernement, je m'en réjouirais et je dirais qu'il est 2065 temps que sa malhonnêteté et sa mauvaise admi- ce temps le gouvernement fédéral ne disposera nistration dans plusieurs dossiers affrontent un que de plus de moyens au cours des prochaines mur, celui de l'opinion publique, celui de ceux qui années pour envahir encore plus profondément et lui fournissent des fonds à administrer. Mais il est plus systématiquement les champs de juridiction plus grave que cela; c'est exactement pourquoi qu'aucun Québécois qui se respecte ne devra ac- nous prenons le temps d'en débattre et nous vou- cepter de voir disparaître aux mains des autres. Il drions avoir le temps d'en débattre à notre goût. y a aussi l'avenir de Montréal, M. le Président. C'est que ce n'est pas grave que pour le gouver- Je suis Montréalais et je suis fier d'être nement. Il ne risque pas lui seul d'y laisser sa Montréalais. Mais je sais très bien, au moment où peau, mais le Québec lui-même, la société québé- le titre de la première page de la Presse de ce soir coise elle-même fait face à un mur. Elle est mal nous l'apprend, que, comme Montréalais, nous éperonnée avec un gouvernement qui l'a aban- aurons à nous seuls plus de la moitié du déficit à donnée depuis déjà longtemps. Mais c'est pour combler. Je sais ce que cela veut dire pour Mont- elle que nous devons parler ce soir, lorsque nous réal. Et, quand le député de Johnson faisait tantôt avons à envisager la possibilité d'un déficit qui allusion à la situation financière de la ville de New peut aller jusqu'à $1 milliard. York, ce n'est pas exagéré non plus. Tous les députés viendront se plaindre qu'il Montréal a déjà 21% de son budget consacré manque, dans leur comté, de foyers d'héberge- au service de la dette, ce qui est plus que n'im- ment pour les personnes âgées. On viendra me porte quelle ville canadienne. Montréal a aussi le dire, encore, que la somme de $9 millions pour plus bas taux de rénovation urbaine de toutes les fournir des médicaments à l'ensemble des per- villes canadiennes parce qu'on n'a pas d'argent. sonnes âgées n'est pas dans les moyens financiers 17% des logements dans le comté de Saint- du gouvernement. On viendra nous dire aussi Jacques n'ont encore, en 1975, ni bain, ni eau qu'assurer la gratuité des soins dentaires aux en- chaude. Et on démolit des quartiers, on chasse fants jusqu'à l'âge de quinze ans, ce qui compor- une population des quartiers. terait une somme de $10 millions, c'est trop pour C'est aussi de tout l'avenir de Montréal dont les moyens du gouvernement. Tous les députés nous avons à parler ce soir. C'est cet avenir qui est auront à expliquer, chacun dans son comté, pour- non seulement hypothéqué, mais je crois, à cause quoi, au cours des prochaines années, telle réali- de la négligence du gouvernement au cours des sation, tel besoin fondamental n'obtient pas de so- dernières années dans ce dossier, qu'il est défini- lution. Ils devront dire, comme résultat: C'est que tivement compromis. Allez donc chercher, de la baie James, à un bout, puis les Olympiques, à l'administration municipale de Montréal, un appui l'autre, ont déjà considérablement percé le panier ne serait-ce que minime à une cause de rénova- gouvernemental. tion urbaine. Jamais le gouvernement du Québec, M. le Président, il y a des régions du Québec depuis cinq ans, n'a voulu déranger le maire Dra- qui apprennent, ce soir, par cette décision du peau. gouvernement québécois, que certains objectifs M. le Président, l'histoire du dossier olympi- d'infrastructures économiques fondamentaux, que est, depuis son début, et le sera vraisembla- qu'ils réclament depuis cinq ans de ce gouverne- blement jusqu'à sa fin, marqué profondément par ment et dont, j'en conviens, certains députés, l'histoire du Québec tout court. membres du parti ministériel, ont pu, à l'occasion, Il nous est arrivé en 1970 ce projet-mirage, ce se faire des porte-parole valables, seront retardés. projet magique de la grenouille qui veut se pren- Ce soir, vous apprenez, comme nous tous, que dre pour un boeuf, cette possibilité de se péter les désormais, parce que vous avez laissé agrandir le bretelles plus haut que nous les sommes évidem- trou par un maniaque que vous refusiez de contrô- ment. Comme n'importe quel peuple sous- ler, vous allez attendre encore plus longtemps la développé, n'importe quel peuple colonisé, n'im- réalisation de cette infrastructure fondamentale. porte quel peuple sans direction morale, sans Il y a une génération de Québécois — et ce gouvernement authentique à lui, nous avons tron- n'est pas exagéré de le dire, c'est la mienne — il y qué la possibilité de nous conduire nous-mêmes a une génération de Québécois qui apprend ce et la possibilité de corriger nos injustices chez soir qu'un grand nombre de ces réalisations, de nous, entre nous, pour un mirage qui nous était ces objectifs ne seront pas atteints par un effort offert. gouvernemental. Il y a aussi ce que nous appre- Ce n'est pas que pure coïncidence — ou, s'il y nons ce soir. C'est le développement du Québec a coïncidence, elle est plus que symboli- pour les prochains mois. Tant que le Québec sera que — que, le même jour où la ville de Montréal seul à combler le déficit et tant que de l'autre côté apprenait qu'elle allait être l'hôtesse du monde on se refusera à aller chercher l'argent où il se dans quelques années, le même jour était asser- trouve, le scénario, déjà coutumier et consenti par menté ici à Québec le gouvernement le plus faible le gouvernement de laisser la main libre au gou- de notre histoire collective. C'est le même jour où vernement fédéral dans tous les domaines où il le magicien de l'autofinancement... peut entrer, ne deviendra que plus vrai. Au moment où nous ramasserons nos cents et M. Saint-Pierre: Criez donc cela chez les... nos piastres à combler un déficit que nous avons laissé s'accumuler, à combler le prix d'une aven- M. Charron: ... obtenait l'oeuvre de son cou- ture que nous avons refusé de contrôler, pendant ronnement, qui, j'espère, deviendra son tombeau 2066 politique le plus rapidement possible. Il nous a verts à Montréal, qu'immédiatement le roitelet des coûté assez cher ce maniaque. Il nous a coûté Affaires municipales était abandonné sur le che- trop cher maintenant. Il y a trop d'hypothéqués min des plaines d'Abraham par le premier ministre dans Montréal pour que les faibles d'en face le du Québec. Jamais on n'a voulu y toucher, jamais laissent plus longtemps aller. Le même jour où on n'a voulu le déranger. cette supercherie de l'autofinancement qui prenait Sous couvert, on pouvait bien rire de ses plus l'eau de tous bords, au seul examen sérieux qu'on grandes fantaisies. Il fallait voir, aux commissions pouvait lui donner, était annoncée au grand pu- parlementaires, les députés libéraux béats d'admi- blic, le même jour s'installait à Québec un gouver- ration devant ce bonhomme qui nous sortait des nement déjà voué et qui ne demandait pas mieux sortilèges et qui nous sortait des stades comme qu'à devenir son valet. Je me souviens de cette d'autres sortent des pigeons de leur chapeau! Il époque, M. le Président. Comme disait un député fallait voir, M. le Président, comment, à chaque libéral intervenant tantôt: Qui n'a pas été séduit à occasion, aucune critique ne venait. C'était le ma- un moment donné? Qui, au fond, de tout le public gicien, c'était le sorcier et, comme dans n'importe québécois, encore aujourd'hui probablement, n'a quelle colonie, on se rangeait pour l'écouter. Les pas un espoir quelconque que cette rencontre si députés de l'Opposition devaient-ils, à l'occasion, coûteuse apporte au Québec le maximum de bé- rappeler que cet homme nous mentait effronté- néfices possible? Qui ne souhaite pas au fond ment, comme dans les statistiques qu'il nous dé- qu'au prix que nous y mettons, cette réussite des posait sur les charges de financement des Jeux jeux soit un fait accompli devant tout le monde? olympiques, c'est tout juste, après avoir affirmé le Les Québécois veulent encore des jeux, mais mensonge, s'ils ne recevaient pas la désapproba- ce que nous regrettons maintenant, M. le Prési- tion des députés montréalais libéraux parce qu'on dent, c'est de savoir que nous devrons payer si s'était attaqué à un monument historique! cher pour montrer au monde entier quelles sortes On l'a laissé faire et, en tout premier lieu, à de gouvernements irresponsables nous avons eus partir du bureau du premier ministre, car cela a et à Québec, et à Montréal, et à Ottawa. été sa marque de commerce depuis cinq ans: Ne L'histoire des jeux a commencé, M. le Prési- jamais toucher aux gros, rester au pouvoir, s'ac- dent, comme elle atteint ici, ce soir, le début de crocher au pouvoir. La règle, pour s'accrocher au son dénouement. A Montréal s'est engagée, dans pouvoir, c'est: Ne dérange pas les plus forts que le secret et dans le décret, l'édification ultime d'un toi. mégalomane. Il fallait respecter son dernier "trip"! Il y en a beaucoup de plus forts que le premier Comme quoi le fait de déranger un individu en ex- ministre du Québec. Il y en a deux, entre autres, tase peut avoir, à l'occasion, des conséquences qui n'ont jamais été dérangés dans ce dossier. néfastes sur son entourage. On ne demandait pas C'est pourquoi on se retrouve, aujourd'hui, avec mieux, ici, à Québec, que de respecter la puis- un déficit de $600 millions. Le maire de Montréal, sance de ce maniaque. Il avait aboli autour de lui car on craignait sa magie sur l'écran, car on crai- toutes les règles normales de la surveillance dé- gnait que, s'il devenait l'adversaire du gouverne- mocratique. ment québécois, cela pourrait constituer une op- position de taille sur le territoire de Montréal. M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je Chacun sait que la position du Parti libéral sur l'île m'excuse auprès de l'honorable député de Saint- de Montréal est chambranlante à l'heure actuelle. Jacques. Je voudrais juste demander si l'honora- Ne jamais toucher à des plus forts que soi! L'autre ble député de Saint-Jacques me permettrait une plus fort, que même le ministre qui m'interrompt, question. aspirant chef qui ne pourra jamais rejoindre de ses pieds celui qui est en face, l'autre, c'est à l'autre M. Charron: Non, M. le Président. Je serai in- bout du gouvernement, le gouvernement Trudeau, téressé à entendre le député de Rosemont par la M. le Président. Jamais avez-vous vu le premier suite. ministre du Québec s'en prendre à plus fort que lui. Dans la gestion économique du Québec, de- M. Bellemare (Rosemont): D'accord. Mais je puis qu'il est là, c'est le triomphe et le respect des ' voulais simplement savoir... "boss"; c'est le triomphe et le respect de ceux qui possèdent et qui contrôlent l'économie. Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il Il a mis à la direction du ministère de l'Indus- vous plaît. trie et du Commerce un homme qui marchait dans cette ligne, pour être certain qu'il ne dérangeait en M. Charron: M. le Président, le maire de Mon- rien la façon dont se faisait le développement tréal avait aboli, avant 1970, toutes les règles nor- économique du Québec. Chaque fois qu'il a été males de la surveillance démocratique de son ad- mêlé à un dossier, il a aussi respecté le principe: ministration financière. Ce n'était plus à Montréal Ne jamais déranger plus fort que soi! Lorsque qu'il fallait l'espérer et, ici, à Québec, on laissait viendra le temps électoral, on s'en prendra aux chemin libre à ses caprices les plus farfelus. organisations de travailleurs, on s'en prendra aux Devait-il, sous l'impact de certains groupes popu- plus petits que soi, en bas. C'est toujours plus fa- laires, être obligé de se soumettre à un dossier où cile de gagner une élection comme cela. la ville de Montréal était mêlée, ne pensons qu'au Le maire de Montréal, M. le Président, trouvait Village olympique et à la protection des espaces non seulement des valets dans le gouvernement 2067 actuel, mais des admirateurs, pas seulement chez n'ai pas l'intention, dans ma réplique, de repren- les députés, mais même chez le premier ministre. dre les propos de chacun. Je suis convaincu que le premier ministre du Qué- Effectivement, aucun discours, aucune envo- bec envie, encore ce soir, la façon magistrale dont lée oratoire ne mettra en place une seule poutre, Drapeau a pu conduire la ville de Montréal à la un seul voussoir, un seul échelon de gradin. Seule faillite. la présence, sur le chantier, de gestionnaires Je pense qu'encore ce soir, le député de Mer- compétents assurera le respect du calendrier des cier et premier ministre du Québec apprécie ce ta- réalisations. Cette présence exige la création lent, cette façon — sophisme par-dessus so- d'une régie. phisme — de laisser scandaleusement aller un Ce n'est pas parce que nous faisons particu- dossier aux mains d'un homme qui en avait visi- lièrement confiance à une structure administra- blement perdu le contrôle. tive, c'est aux hommes que nous faisons M. le Président, la création de la régie, quoi confiance. qu'en pense le ministre responsable du dossier M. le Président, à chaque fois que l'on est en olympique, n'est pas un geste de courage. Ou s'il désaccord avec une décision importante d'un se trouve du courage, il aurait dû se trouver à dix conseil municipal, on demande au gouvernement mois d'ici, lorsqu'en janvier dernier, il devenait de poser un geste quelconque. déjà évident, devant la hausse des coûts, que no- L'autonomie municipale est quand même une tre proposition méritait de l'entendement. J'ai re- chose dont l'importance est trop souvent sous- pris simplement, dans le Journal des débats de estimée et trop facilement ballottée chaque fois cette époque, la façon cavalière dont on envoyait qu'on est malheureux d'une décision de ces édi- retourner les propositions que nous voulions faire les. d'une régie pour contrôler les installations olym- Ces édiles ne sont pas nommés par nous, ils piques. sont élus par leurs citoyens et doivent répondre Ce soir, ce sont eux qui, presque portant le devant eux et ces mêmes citoyens doivent répon- flambeau olympique au coeur de cette Assemblée, dre de leur choix. ont réclamé et réclament aujourd'hui que nous On a relevé une suggestion que j'ai faite où adoptions cette régie. j'ai suggéré qu'il était inutile, dans le contexte de ce débat, de chercher des boucs émissaires. Je M. Saint-Pierre: Question de règlement. M. le sais que les chercheurs de boucs émissaires, Président, je crois que les députés de la Chambre comme les chercheurs de poux, continueront de vont confirmer que le temps qui est donné au dé- chercher et que mes mots, du début de cette soi- puté est expiré. rée, ne les en auront pas empêchés. Mais je redis que de telles recherches, dans ce contexte, dans Le Vice-Président (M. Blank): A quelle heure? le contexte de ce projet de loi, sont essentielle- ment stériles et ne mettent pas en place un seul M. Burns: II reste encore une minute, au clou ou une seule fenêtre. moins, au député. Ce qui plus est et qui est beaucoup plus im- portant, nous n'avons pas le droit de diminuer la M. Saint-Pierre: II n'a pas parlé sur le projet bonne renommée de la ville de Montréal qui est de loi, mais il a épuisé son temps de parole. notre plus grande ressource humaine, économi- que et culturelle. Je ne permettrai pas qu'on le M. Burns: Non, il reste encore une minute au fasse. député. M. le Président, on parle de $600 millions de déficit, mais on oublie un peu facilement, je crois, Le Vice-Président (M. Blank): Le député a les salaires gagnés, les contrats obtenus, l'activité commencé à parler à minuit et dix et il est mainte- économique qui aurait sûrement été moindre, et nant minuit et trente-une minutes. Il a donc dé- l'activité économique qui aura lieu avec la tenue passé son temps. Normalement je laisse passer des jeux et qui n'aura pas lieu sans eux. Le pre- quelques minutes s'il y a consentement tacite, mier ministre l'a dit cet après-midi, il y a présen- mais il n'y a pas consentement tacite. tement, avec le dépôt de ce projet de loi, un vide Est-ce qu'il y a d'autres opinions avant la ré- d'autorité décisionnelle. Ce vide durera aussi plique? longtemps que ce débat. C'est pour cette raison A l'ordre, s'il vous plaît! Le ministre des Affai- que la motion a été présentée par le gouverne- res municipales clôt le débat avec la réplique. ment et adoptée en fin d'après-midi, qui limite la durée de nos délibérations. M. Lessard: Va quêter ton développement M. le Président, très simplement, la situation économique à Francfort! Va le quêter! justifie notre intervention. Elle permet quand même d'espérer de façon réaliste le parachève- Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il ment des éléments essentiels des installations vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! olympiques. C'est donc avec confiance que nous engageons cette intervention. M. Victor Goldbloom M. Charron: M. le Président, avant que vous M. Goldbloom: M. le Président, malgré mon n'appeliez le vote, sur une question de privilège, respect pour chaque député de cette Chambre, je j'aimerais informer la Chambre de la mort ce soir 2068 de l'un des derniers dictateurs facistes d'Europe, Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de et souhaiter le retour de la démocratie espagnole déférence est-elle adoptée? le plus rapidement possible. M. Burns: Adopté. M. Cadleux: Un instant! Le Vice-Président (M. Blank): Adopté. Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! Est-ce que la motion de deuxième lecture du projet de loi M. Levesque: Je donne avis que cette 81 est adoptée? Qu'on appelle les députés. commission siégera ce matin à dix heures. Au- jourd'hui, à dix heures. Vote sur la deuxième lecture M. Burns: Puis-je demander au leader s'il n'y Le Vice-Président (M. Blank): Que ceux qui aurait pas moyen, étant donné l'heure où nous sont en faveur de cette motion de deuxième lec- terminons nos travaux ce soir, même si ça peut ture veuillent bien se lever, s'il vous plaît. déranger un certain nombre de fonctionnaires qui ne sont pas avec nous ce soir, de reporter, pour Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Leves- les parlementaires concernés, l'heure de la que, Mailloux, Saint-Pierre, Phaneuf, Lachapelle, commission de l'Assemblée nationale concernant Giasson, Goldbloom, Lalonde, Tetley, Lacroix, le Vérificateur général à dix heures? C'est la Bienvenue, Hardy, Cadieux, Houde (Fabre), Houde commission des comptes publics, pardon. Est-ce (Abitibi-Est), Desjardins, Brown, Bossé, Kennedy, qu'il n'y aurait pas moyen de s'entendre, que ça ne Bacon, Veilleux, Brisson, Houde (Limoilou), La- commencera pas avant dix heures? france, Fraser, Gratton, Assad, Faucher, Saint- Germain, Harvey (Charlesbourg), Bellemare (Ro- Une Voix: Neuf heures et demie. semont), Bonnier, Boutin, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Déziel, Dufour, Harvey (Du- M. Burns: Quand même! Ecoutez, il est une buc), Lachance, Lecours, Malépart, Malouin, Mer- heure moins quart! cier, Pagé, Parent (Prévost), Sylvain, Tardif, Trem- blay, Vallières, Verreault, Morin, Burns, Léger, M. Levesque: On pourrait faire un compromis Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Bellemare pour neuf heures et trente ou quelque chose (Johnson), Choquette, Roy, Leduc. comme cela pour ne pas que les gens pensent qu'il n'y a pas de commission demain matin. Le Secrétaire: Pour: 64 — Contre: 0 M. Burns: Non, non, non. Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion est-elle adoptée? Adopté. M. Levesque:... lorsqu'ils vont arriver.

Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce M. Burns: Non, que les gens sachent... projet de loi, Second reading of this bill. M. Levesque: Ils ne le sauront pas, on n'a pas M. Marchand: Est-ce qu'on pourrait passer à le temps de les imformer. la troisième lecture immédiatement? M. Burns: Je pense que les officiers des Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a commissions peuvent les avertir que c'est retardé une motion de déférence? d'une heure.

M. Marchand: Tout le monde est d'accord! M. Levesque: Disons que je donne avis pour neuf heures trente et on verra. Neuf heures trente M. Levesque: M. le Président, je rappellerai à je pense que ce serait un heureux compromis. cette Chambre qu'il y a une commission parlemen- taire qui siège ce matin à neuf heures. Une Voix: Neuf heures!

M. Burns: Neuf heures? M. Levesque: Neuf heures trente, M. le Prési- dent, pour la première commission, celle qui se Motion de déférence à la commission réunit à la salle 91-A et, au salon rouge, à dix heu- res pour la commission parlementaire des affaires M. Levesque: Commission qui est annoncée municipales. depuis longtemps, d'ailleurs, qui siège ce matin à M. le Président, je propose l'ajournement de Ia neuf heures. C'est la commission indiquée au Chambre... feuilleton, la commission des finances, des comptes publics et du revenu relativement au rap- M. Burns: Avant, est-ce que le leader du gou- port du vérificateur. Pour dix heures ce matin, je vernement pourrait nous donner une indication fais immédiatement motion, M. le Président, pour sur les projets qu'il a l'intention de nous soumettre que ce projet de loi no 81 soit déféré d'abord à la ce matin ou cet après-midi? commission parlementaire des affaires municipa- les. M. Levesque: Le ministre des Affaires muni- 2069 cipales m'informe qu'il avait été convoqué lui- la commission fasse rapport, si elle n'a pas fait même à neuf heures ce matin et qu'il voulait pas- rapport après l'ordre du jour, cet après-midi, à ce ser avant dix heures justement parce qu'il doit moment, nous pourrions prendre soit la suite du siéger à dix heures. Est-ce le cas? projet de loi sur les mesures anti-inflationnistes ou C'est ça qui est un peu embêtant, c'est pour encore le financement des partis politiques. Je cela que changer l'heure d'une commission qui a pense bien qu'avec ces deux projets de loi et pos- été annoncée déjà depuis une semaine... Quitte siblement la Société SOQUIJ... ensuite si... Malgré toute ma bonne volonté, M. le Prési- M. Burns: SOQUIJ. dent, je dois reprendre, à cause des circonstances, et on me fait encore remarquer que les gens ont M. Levesque: Société québécoise d'informa- tous été convoqués pour neuf heures. Je le re- tion juridique. grette, parce que je manifeste toujours un bon es- prit de collaboration, dans ce temps. Alors, ce ma- Une Voix: ... tin, à neuf heures pour le Vérificateur général et, ce matin également, à dix heures pour la commis- M. Levesque: Oui, je sais, Vous savez, avec sion parlementaire des affaires municipales. les sigles que nous avons, le nombre de sigles que nous avons et l'heure qu'il est, on peut se tromper M. Burns: Mais quant au projet, demain d'une lettre après-midi? M. le Président, je propose donc l'ajourne- ment de la Chambre à cet après-midi, quinze heu- M. Levesque: Quant au projet, cet après-midi, res. tout dépendra de la période passée en commis- sion parlementaire des affaires municipales. Si les Le Vice-Président (M. Blank): La Chambre travaux étaient terminés à treize heures, à ce mo- ajourne ses travaux à quinze heures, aujourd'hui. ment, nous reprendrions, en Chambre, la troi- sième lecture de ce projet de loi. En attendant que (Fin de la séance à 0 h 53).

ANNEXE

Question de M. Bellemare (Johnson) 1. En vertu du projet de loi 90, Loi sur le commerce des produits pétroliers (1971, c. 33), combien de permis ont été demandés et émis? 2. Combien d'établissements opèrent sans permis et pourquoi? 3. Combien de sociétés, compagnies ou individus sont propriétaires ou locataires d'établissements de commerce de cette nature? 4. Quels sont les revenus déjà perçus et à percevoir des détenteurs de permis pour l'année finan- cière en cours? Réponse de M. Cournoyer 1. En date du 31 octobre 1975, il y avait 13,164 détenteurs de permis. Des demandes ont été reçues de 413 exploitants à qui seront émis des permis aussitôt que leurs dossiers seront complétés. 2. Outre les 413 demandes en suspens parce que non conformes aux exigences d'émission des permis (questionnaire mal rempli, absence de chèque, etc.,) aucun établissement n'opère sans permis. 3. Parmi les 413 dont la demande a été placée: — 5 sont des grossistes; — 6 sont des grossistes détaillants; — 289 sont des détaillants en carburant et lubrifiant; — 60 sont des détaillants d'huile à chauffage; — 47 sont des détaillants de lubrifiant; — 6 sont des transporteurs. 4. Les revenus perçus l'an dernier ont été de $627,075.00. Pour l'année financière courante, le mon- tant devrait atteindre $700,000.

Question de M. Samson Combien d'entreprises ou fournisseurs du comté de Rouyn-Noranda ont fait affaires avec la Société de développement de la Baie James pour les années 1971, 1972 et 1973: a) quels sont les montants impliqués pour chaque fournisseur; b) quels sont les noms; c) quels furent les critères de sélection des fournisseurs? 2070

Réponse de M. Bourassa

Huit (8) entreprises ou fournisseurs du comté de Rouyn-Noranda ont fait affaires avec la Société de développement de la Baie James pour les années 1971, 1972 et 1973.

a) J.R. Dumas Inc. $33,473.52 La Frontière Inc. 32.00 Lamothe Québec Inc. $9,652,456.28 Palmers Plumbing Supplies Ltd. 731.50 D.L. Roland Business Machine Enr. 975.14 Rouyn-Noranda Press Ltd. 3.00 Société de conservation du Nord-Ouest Québécois 567,004.71 Garage Thibault Ltée 193,417.27 b) J.R. Dumas Inc. La Frontière Inc. Lamothe Québec Inc. Palmers Plumbing Supplies Ltd. D.L. Roland Business Machine Enr. Rouyn-Noranda Press Ltd. Société de conservation du Nord-Ouest Garage Thibault Ltée c) J.R. Dumas Ltée Appel d'offres La Frontière Inc. Gré à Gré Lamothe Québec Inc. Appel d'offres Palmers Plumbing Supplies Ltd. Gré à Gré D.L. Roland Business Machine Enr. Gré à Gré Rouyn-Noranda Press Ltd. Abonnement Société de conservation du Nord-Ouest Québécois Adhésion Garage Thibault Ltée 175,348.74 Appel d'offres 18,068.53 Gré à Gré

Commentaires

A. Pour chaque entreprise ou fournisseur, le montant indiqué représente évidemment le total de plu- sieurs contrats ou de plusieurs commandes. B. Pas de commentaire.

C. Le terme "Appel d'offres" comprend tant les contrats octroyés suite à des appels d'offres publics que suite à des appels d'offres sur invitation.

Question de M. Samson

1. Depuis 1970, est-ce que des locaux situés à La Sarre en Abitibi-Ouest et appartenant au ministère de l'Agriculture, ont été loués à des individus ou des entreprises et, dans l'affirmative: a) à qui; b) quand les baux ont-ils commencé et quand ont-ils pris ou prendront-ils fins; c) quelles sont les superficies impliquées; d) quel a été dans chaque cas le taux de location: i) mensuel; ii) annuel; iii) au pied carré? 2. Comment les taux de location ont-ils été déterminés et, a) en dollars, quel parallèle peut-on établir entre les taux de location en vigueur dans la même ville et applicables aux superficies comparables, affectées à des fins semblables? 3. Comment a-t-on procédé pour louer lesdits locaux et, a) quels sont ceux qui ont manifesté leur intérêt à en louer; b) à quel taux, si des offres ou soumissions ont été faites; c) comment a-t-on fait la sélection des requérants? 4. Est-ce que la mise en place d'un agro-centre à La Sarre a nécessité ou nécessitera la résiliation de certains de ces baux et, si oui: a) quels sont-ils; b) quelle forme d'indemnité a-t-on accordée ou accordera-t-on, s'il y a lieu, aux intéressés; c) quels déboursés telles résiliations ont-elles nécessités ou nécessiteront-elles; 2071

d) advenant que l'un ou l'autre des locataires insisterait pour continuer à occuper des locaux qui pourraient être requis pour aménager les bureaux et autres services nécessaires à un centre de ce genre, est-il formellement établi que c'est la mise en place de ce centre qui aura priorité; e) si un cas d'exception a été autorisé ou doit l'être sous peu, de qui s'agit-il; f) comment le justifie-t-on?

Réponse de M. Drummond

I.Oui a) Marcel Baril Ltée b) Bail du 13-3-72 au 14-8-73 Bail du 15-8-73 au 30-6-74 c) 8,800 p.c. 17,824 p.c. d) i)$ 100.00 $ 500.00 d) ii) $1,200.00 $6,000.00 d)iii)$ 0.136 $ 0.37

2. Aucun parallèle ne peut être établi avec des locaux semblables dans la même ville, vu qu'aucun immeuble comparable n'existe. En établissant le coût du loyer, il a été tenu compte d'abord du fait qu'il s'agissait de remises et d'entrepôts dont la plupart ne sont pas chauffés. Au surplus, ont été pris en considération les coûts des taxes, des services et du chauffage. Les frais pour l'aménagement et le déménagement furent à la charge du locataire de même que les frais d'occupation des bâtisses et des lieux loués, le locateur ne devant chauffer que la partie où subsiste toujours le bureau des renseignements agricoles du Ministère. 3. Seul Marcel Baril Ltée a transmis une offre de location pour cet immeuble. 4. a) Les immeubles loués n'étant vacants et disponibles que temporairement en raison d'études ayant démontré l'opportunité de réaffecter ces bâtiments au bénéfice de l'agriculture, la mise en place de l'Agro-centre de La Sarre dans ces immeubles a nécessité la résiliation du bail avec Marcel Baril Ltée. b) Aucune indemnité n'a été et ne sera accordée. c) Les déboursés se limiteront pour le ministère de l'Agriculture aux frais de Cour, que le Minis- tère pourrait être appelé à encourir. d) II est formellement établi que la mise en place de l'Agro-centre à La Sarre aura la priorité et aucun cas d'exception ne sera autorisé. f) Ne s'applique pas.

Question de M. Bellemare (Johnson)

1. Le gouvernement a-t-il fait faire une étude sur les effets résultant de l'installation d'une aluminerie sur l'écologie et la vocation agricole de la région de Saint-Augustin, comté de Portneuf? 2. Dans l'affirmative, quand le gouvernement entend-il rendre cette étude publique?

Réponse de M. St Pierre

1. Oui. 2. Tel que promis par le ministre lors de sa conférence de presse du 23 septembre 1975, cette étude sera rendue publique dès qu'elle sera disponible.

Question de M. Roy

1. Au cours de l'année financière 1974/75, combien de fois les fonctionnaires provinciaux ont-ils voyagé en avion sur des appareils autres que ceux du ministère des Transports? 2. Au cours des six premiers mois de l'année financière 1975/76, combien de fois les fonctionnaires ont-ils voyagé en avion? 3. Quel a été le coût des voyages en avion: a) pour l'année financière 1974/75; b) pour les six premiers mois de l'année financière 1975/76?

Réponse de M. Mailloux

Les renseignements demandés ne pourraient être colligés qu'à la suite d'un travail considérable ne correspondant pas à leur utilité;