Elles Ont Fait L'amérique
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couv-remarquables-oublies-1-final_couv_enlutte.qxd 13-04-24 13:59 Page1 Serge Bouchard DE REMARQUABLES OUBLIÉS TOME 1 Marie-Christine Lévesque Elles ont fait l’Amérique Serge Bouchard Bouchard Serge Les femmes sont absentes de l’histoire officielle de l’Amérique – ne le dit-on pas assez? Les Amérindiennes certainement, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses. Marie-Christine Lévesque Plusieurs d’entre elles sont des êtres d’exception dont le contact avec ce vaste continent a révélé l’intelligence et le caractère. Elles ont fait l’Amérique rétablit la mémoire de quinze de ces « remarquables oubliées », héroïnes aux exploits invisibles, résistantes, pionnières, aventurières, diplomates, scientifiques, exploratrices ou artistes… Ce livre s’inspire du matériau et de la philosophie de la série radiophonique De remarquables oubliés, produite et diffusée par la Première Chaîne de Radio-Canada. La version littéraire donne une nouvelle vie à l’ambition des deux auteurs : regarder l’en- vers de l’histoire pour éclairer le visage des gens ordinaires, qui souvent en sont les véritables acteurs. Elles ont fait Serge Bouchard est anthropologue, passionné des cultures l’Amérique amérindiennes. Auteur, il a publié une quinzaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourse; Récits de Mathieu Mestokosho, DE REMARQUABLES OUBLIÉS TOME 1 chasseur innu; la série des Lieux communs (en collaboration avec Bernard Arcand); ainsi que Confessions animales, Bestiaire I et II. Il anime les émissions De remarquables oubliés et Les chemins de travers à la Première Chaîne de Radio-Canada. Illustrations de Francis Back Marie-Christine Lévesque, après une carrière de conceptrice ont Elles fait l’Amérique publicitaire, puis d’éditrice, s’est momentanément retirée des bruits du monde pour écrire sous les mélèzes. 27,95 $ - 19 € isbn 978-2-89596-097-3 Collection « Mémoire des Amériques » LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page1 LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page2 LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page3 elles ont fait l’amérique LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page4 LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page5 serge bouchard marie-christine lévesque elles ont fait l’amérique de remarquables oubliés tome 1 illustrations de francis back LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page6 La collection « Mémoire des Amériques » est dirigée par David Ledoyen Dans la même collection : - Gilbert Boulanger, L’alouette affolée - Jacques Cartier, Voyages au Canada - Gabriel Franchère, Voyage à la côte du Nord-Ouest de l’Amérique - Lahontan, Dialogues avec un Sauvage - Paul Lejeune, Un Français au « Royaume des bestes sauvages » - Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, führer canadien - Nicolas Perrot, Mémoire sur les mœurs, coustumes et relligion des sauvages de l’Amérique septentrionale - Auguste-Henri de Trémaudan, Histoire de la nation métisse dans l’Ouest canadien © Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com Dépôt légal : 2e trimestre 2011 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec isBN 978-2-89596-097-3 Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la sODeC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition. LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page7 À Émilienne et Denyse, nos mères par tous les temps. À la belle Geneviève, à sa génération. À Lou et Han Su, à Noëllie, Naïa, Naëve, à Laurie-Anne et Dorothée, ces petites filles de nos vies qui seront femmes au XXIe siècle. LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page8 LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page9 AvANT-PrOPOs D’uN AmÉriCANisTe DÉçu eT D’uNe sOi-DisANT miCmAC issue D’uN ÉCHANGe De BÉBÉs Lui C’est un projet immense, qui dure et qui dure. il y a quarante ans, au fil de mes études et de ma lecture du Hand book of North American Indians, je prenais des notes lorsque je rencontrais des noms de personnages qui sortaient du commun. Ce gros livre américain tenant en plusieurs tomes était la bible du savoir anthro- pologique et ethno-historique sur la question des Amérindiens. Nous n’étions pas à l’ère d’internet et des moteurs de recherche. il fallait lire tout simplement des milliers de pages, mois après mois, année après année, pour espérer faire des synthèses sur des points donnés. C’est ainsi qu’en étudiant les nations du missouri, je rencontrai marie iowa Dorion. mais qui donc était cette femme au nom inoubliable ? Je vis aussi passer Gabriel Franchère, un homme libre relié au commerce américain des fourrures et à l’empire des Astoriens. Puis, au chapitre portant sur les Omahas du Nebraska, je croisai la bien nommée susan La Flesche Picotte. Dans le même ordre d’idée, je suivis l’expédition de Lewis et Clark, qui porta mon attention vers sacagawea, Toussaint Char bonneau et leur formidable fils, Jean-Baptiste. C’était la porte d’entrée sur le monde de saint-Louis et des francophones de l’Ouest sauvage d’avant les Américains, le monde de Joseph robidoux, d’Étienne Provost et de combien d’autres. LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page10 10 elles ont fait l’amérique eLLe Tandis que serge Bouchard lisait le Handbook of North American Indians et qu’il réalisait ses études de terrain à mingan pour sa thèse sur le savoir et la mémoire des chasseurs innus, moi, j’étais encore une enfant et, je le confesse, la peur des indiens me réveillait la nuit. Je suis née à Paspébiac, dans la Baie-des- Chaleurs. en fait, l’hôpital se trouvait à maria, à quelques pas de Gesgapegiag, une réserve micmac. ma mère, qui avait ses entrées et ses charmes, avait demandé qu’on me place à l’avant de la pou- ponnière, dans la première rangée derrière la vitre. À l’heure des visites, elle surprit les commentaires de gens qui contemplaient les nouveaux-nés. me montrant du doigt, une personne s’ex- clama : « regarde, un bébé de la réserve ! » J’avais les cheveux noirs, drus, et de petits yeux perçants. Quelques années plus tard, mes grands frères – des garçons comme les autres, taquins et méchants au besoin –, ayant entendu mille fois l’anecdote, se firent un plaisir de me dire, de me répéter et de me convaincre que je n’étais pas de la famille, que par erreur on avait échangé des bébés : j’étais une indienne ! Longtemps j’y ai cru ; longtemps j’en ai été blessée. Dans les années 1960, il n’y avait pas pire insulte que d’être apparenté aux indiens. Quand nous passions à travers la réserve de maria, nous, les enfants, nous cachions dans le fond de la voiture. Hélas, c’était l’esprit de l’époque, le triste fleuve des préjugés courants. Lui Ces indiens et ces indiennes, marie iowa Dorion, susan La Flesche Picotte et les autres, ces coureurs de bois, ces fous d’espace, ces pionnières et exploratrices canadiennes-françaises, je les mettais en attente dans le fond de ma mémoire en me disant qu’un jour, j’allais les revoir pour de bon. C’était autant de rendez-vous remis à plus tard. Ce « plus tard », ce fut bien sûr l’émission de radio LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page11 avant-propos 11 De remarquables oubliés. Ce livre s’inspire du matériau et de la philosophie de cette série produite et diffusée par la Première Chaîne de radio-Canada. Depuis que la réalisatrice rachel verdon m’a proposé en 2004 de mettre en format radio l’histoire de tous ces personnages mal connus qui habitaient mon univers de passionné de l’Amérique, nous avons créé soixante et onze récits originaux. J’ai débarqué en studio avec ce monde en tête, nourri de quarante ans de lectures et de questionnements. Au fil de mes recherches et voyages, je m’étais forgé une vision du monde, une vision de l’Amérique. et puis un parti pris, pour ne pas dire une conviction : c’est dans l’infra histoire que vous trou- verez l’émotion véritable. Dans les versions officielles, en anglais comme en français, on nous a souvent menti en nous présentant des personnages préfabriqués. Peu de mots sur les métis, tel Gabriel Dumont, presque rien sur les coureurs de bois comme Étienne Brûlé et Guillaume Couture, rien sur les Amé rin diens et sur leur rôle dans la construction de l’Amérique comme nous la connaissons. Qui se soucie de membertou, de Black Hawk ou de Tecumseh ? et pour ce qui est des femmes, que dire ? Non, vraiment, les femmes n’apparaissaient pas dans la trame, hormis quel ques dévotes et mystiques, quelques recluses. il fallait donc s’efforcer de « regarder à l’envers » pour débusquer le visage de ces gens que les autorités en la matière avaient choisi d’ignorer. eLLe Dans son enfance, ma mère passait ses étés à La Prairie, près de la réserve de Caughnawaga. malgré les histoires de peur qui nourrissaient son imaginaire, elle alla voir avec son père les reliques de cette sainte iroquoise, Kateri Tekakwitha, mais avec quel effroi ! m’a-t-elle transmis cet héritage – elle qui, ainsi qu’elle l’apprendrait plus tard, avait bien du sang indien ? À moins que ce ne soit les films de cow-boys que nous regardions enfants qui m’ont fait une trop forte impression ? Ou encore, les LUX-RO-Elles_Waridel 12-10-15 16:14 Page12 12 elles ont fait l’amérique manuels d’histoire où les pauvres missionnaires cuisaient à feu doux ? C’était aussi l’époque où nous lisions Tintin au Congo, et tout se mélangeait dans nos perceptions : les sauvages, les canni- bales, les marmites fumantes..