Les Raisons Du Passage a La Teom
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LES RAISONS DU PASSAGE A LA TEOM La réception des avis d’imposition de taxes foncières en septembre 2020 suscite chez de nombreux contribuables, au mieux des questions, des incompréhensions, voire une réelle hostilité. Contrairement à ce qui est dit ici ou là, « la décision du passage à la TEOM n’a pas été prise de gaieté de cœur » pour reprendre l’expression d’un des membres du Bureau. Cette décision résulte d’une longue crise qui a fait l’objet de nombreux débats, souvent passionnés, et elle a été prise par le comité syndical, le 25 juin 2019, avec 20 voix POUR ; 9 CONTRE et 1 ABSTENTION. Cette note a pour objet d’informer les nouveaux délégués du SICTOM sur les raisons qui ont conduit à cette décision du comité syndical. I – Le bilan 2014-2019. Le mandat a été marqué par plusieurs facteurs qui ont eu des conséquences importantes sur l’organisation et les finances du SICTOM. A – La diminution de la population et ses conséquences budgétaires. 1 – 821 personnes en moins en 6 ans. Entre 2014 et 2019, (hors Couleuvre et Franchesse intégrées en fin de mandat), le SICTOM a perdu 7 % de sa population « ménages », soit 821 personnes. 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Particuliers 11 262 10 826 10 703 10 673 10 614 10 441 EVOLUTION DE LA POPULATION DES MENAGES (hors Couleuvre et Franchesse) 11 400 11 200 11 000 10 800 10 600 10 400 10 200 10 000 Nombre de personnes 9 800 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2 – Des recettes en moins mais des coûts de collecte stables voire en hausse. Dans un espace rural faiblement peuplé (15 hab/km²) comme le nôtre, la diminution du nombre d’usagers ne se traduit pas par une diminution des coûts. Les distances et durées des collectes ne diminuent pas proportionnellement à la population, d’où un effet de ciseaux : les recettes diminuent, les charges augmentent en lien avec l’inflation. Cet effet de ciseaux a fragilisé l’équilibre budgétaire. En 2018, la situation budgétaire du SICTOM pouvait se résumer ainsi (cf. comité syndical du 4 avril 2018) : POINTS POSITIFS POINTS NEGATIFS Maîtrise des dépenses de fonctionnement Faible excédent de fonctionnement (35 178 € Très faible endettement en 2017) Fort excédent d’investissement Fortes tensions de trésorerie Déficit récurrent du budget annexe (123 000 € en 2017) 3 – Le déséquilibre budgétaire a nécessité une hausse de la REOM. Cette fragilité budgétaire a conduit le comité syndical à approuver 3 hausses de tarifs de la REOM au cours du mandat (cf. tableau ci-dessous) : modérées en 2016 et 2017, plus forte en 2018, en lien avec les 123 248 € de déficit du budget annexe. Nb de Fréquence personnes Tarif 2014 Tarif 2016 Tarif 2017 Tarif 2018 2014-2019 en % passage par foyer 1 78,04 84,04 86,14 108 29,96 38% 2 156,08 168,08 172,28 194 37,92 24% 1 fois / 3 234,12 252,12 258,42 275 40,88 17% semaine 4 312,16 336,16 344,56 355 42,84 14% Moyenne 780,4 840,4 861,4 932 151,6 19% 1 61,3 67,3 68,98 86 24,7 40% 2 122,6 134,6 137,96 155 32,4 26% 2 fois / mois 3 183,9 201,9 206,94 220 36,1 20% 4 245,2 269,2 275,92 285 39,8 16% Moyenne 613 673 689,8 746 133 22% 4 – La hausse du produit n’a pas assuré la pérennité du SICTOM. Comme souvent en matière de recettes des collectivités, en valeur relative, les hausses sont importantes, mais le résultat final dans la caisse de la collectivité reste limité. Avec une hausse moyenne cumulée de 20 % grosso modo, à périmètre géographique constant, ces trois hausses successives ont engendré une augmentation limitée du produit de 76092€ (+ 9 % cf. tableau ci-dessous), et n’ont pas permis d’assurer la tranquillité financière du SICTOM pour l’avenir SICTOM sans Couleuvre et 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Franchesse Produit REOM ménages 889 642 889 121 845 358 846 403 939 102 965 734 Momentanément soulagé financièrement, le SICTOM est demeuré confronté à des problèmes de fond. B – Un SICTOM sous-administré et confronté à des changements majeurs. 1 – Une organisation orientée vers la recherche d’économies. Depuis sa création, les élus ont fait preuve de bon sens : les communes se sont regroupées au sein du SICTOM pour collecter les ordures ménagères au moindre coût. Ainsi, les élus avaient mis en place une mutualisation des personnels, bien avant qu’elle ne devienne à la mode, puisque c’étaient des agents de la commune de Cérilly qui assuraient la gestion administrative et comptable du SICTOM. Avec seulement un équivalent temps plein pour la gestion administrative, le personnel administratif est largement occupé par : - la gestion de la REOM (tenue du fichier des redevables, 2 facturations par an, gestion des réclamations), - le suivi des flux de déchets (suivi des enlèvements, tenue à jour des déclarations auprès des éco-organismes), - et plus largement le quotidien (paiement des factures, gestion du personnel (paie, congé, remplacement, etc.). Bref, avec un équivalent temps plein, on expédie les affaires courantes. De son côté, le président doit assumer son rôle d’élu et celui de directeur des services, auprès du personnel et en participant à de nombreuses réunions techniques à l’extérieur. Cela a conduit à une gestion administrative en flux tendu, limitée à l’essentiel, et cela se traduit par de grosses lacunes, qui en cas d’accident et / ou de contentieux exposent le SICTOM et son Président à de gros risques : - absence de document unique et de registre santé sécurité au travail ; - normes de sécurité pas respectées dans les déchetteries pour le personnel et les usagers ; - absence de règlement intérieur des personnels avec la question de la prise de poste à 4 heures du matin qui repose sur un accord tacite avec les agents ; - recours au personnel contractuel sans respect du cadre juridique ; - absence de fiches de poste ; - pas de mise à jour du tableau des emplois budgétaires ; - dossiers individuels des agents mal tenus ; - statuts obsolètes ; - tenue de la comptabilité erronée (inventaire, amortissements) ; - procédures de marchés publics pas toujours respectées, voire absence de marché (carburant) ; - tenue lacunaire des registres de délibérations et d’arrêtés ; - information limitée des élus : absence de notes à destination du comité syndical, rapport d’activité lapidaire et inexistant depuis 2015 ; - pour les usagers, un système de tarification inachevé : même tarif pour le porte- à-porte que pour le bac au bout du chemin ; pas de détail sur les modalités de calcul de la REOM (quid des coûts fixes ?), des professionnels tarifés au « doigt mouillé ». 2 – Un contexte juridique et financier de plus en plus exigeant. Au fil des années, les problématiques environnementales sont devenues de plus en plus présentes dans le débat public, de sorte que le contexte juridique et financier de la collecte et du traitement des déchets est devenu de plus en plus exigeant (transposition de la réglementation européenne dans le droit français, plan national de prévention des déchets, création de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes, normes liées à l’enfouissement, etc.). Avec ses faibles moyens humains, le SICTOM a essayé de s’adapter : ajustement des tournées, mise en place de points tri, etc. D’un point de vue technique, là aussi, le SICTOM a peiné à répondre à ces nouvelles normes. Au cours du mandat, l’insuffisance de tri a été mise en évidence notamment parce qu’elle était à l’origine d’une bonne part du déficit du budget annexe. En 2016, le tri a atteint 8 kg / hab / an alors que la moyenne, en milieu rural, s’élève à 15,2 kg / hab / an. Ce manque de tri avait deux conséquences néfastes. La première concernait le budget annexe avec des soutiens financiers minorés des éco-organismes ; la deuxième affectait le budget principal puisque ce qui n’est pas trié est enfoui, et vient donc gonfler les dépenses du budget principal qui supporte les coûts d’enfouissement. Dans ce contexte, le SICTOM s’est trouvé à la croisée des chemins. II – L’avenir du SICTOM est devenu incertain et 3 pistes se dessinaient. En octobre 2018, trois hypothèses ont alors été avancées : Première hypothèse, le comité syndical décidait de maintenir le SICTOM dans la durée, mais alors il fallait en accepter collectivement le prix car cela nécessitait : • le recrutement d’un(e) responsable, • la mise en place d’une nouvelle organisation des tournées avec l’achat des matériels adaptés (bacs et éventuellement camion à bras), • un choix argumenté entre REOM et TEOM : depuis plusieurs années cette question était en débat et le Président de la communauté de communes du Bocage bourbonnais avait d’ailleurs écrit au Président du SICTOM pour lui demander d’instaurer la TEOM car il en avait assez de passer chaque année plusieurs milliers d’€ en non valeurs ou créances éteintes ; • et, en cas de maintien de la REOM, la mise en place d’un tarif vraiment juste avec la prise en compte des coûts fixes, la fin de l’inégalité de traitement entre les usagers collectés en porte à porte et les autres, ce qui supposait un renfort administratif pour établir ces nouvelles règles, et ensuite en assurer le respect. Deuxième hypothèse, le comité syndical considérait que le SICTOM, en l’état, s’avérait trop petit pour pouvoir s’adapter à ces contraintes extérieures de plus en plus fortes, et qu’en conséquence, il devait rejoindre un des trois gros SICTOM du département, comme l’avaient fait le SMIRTOM du Val de Cher, et le SIROM du Lurcy-Lévis.