Critiques / Mr Bean: the Ultimate Disaster Movie / a Life Less Ordinary / L’Appartement / Marquise / Boogie Nights]
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Document generated on 09/27/2021 11:49 p.m. Ciné-Bulles Le cinéma d’auteur avant tout Critiques Mr Bean: The Ultimate Disaster Movie A Life Less Ordinary l’Appartement Marquise Boogie Nights Jean-Philippe Gravel, Jean Beaulieu, Charles-Stéphane Roy and Marion Froger Volume 16, Number 4, Winter 1998 URI: https://id.erudit.org/iderudit/33859ac See table of contents Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital) Explore this journal Cite this review Gravel, J.-P., Beaulieu, J., Roy, C.-S. & Froger, M. (1998). Review of [Critiques / Mr Bean: The Ultimate Disaster Movie / A Life Less Ordinary / l’Appartement / Marquise / Boogie Nights]. Ciné-Bulles, 16(4), 54–59. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 1998 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Critiques Mr Bean: The Ultimate MR BEAN: THE ULTIMATE Dans les sketches de la série, Mr Bean ne cesse d'être Disaster Movie DISASTER MOVIE trahi par son corps: c'est le type qui s'aperçoit avec horreur qu'il a la goutte au nez, ou que la fermeture 35 mm /coul. / 93 min / de Mel Smith 1997/fict./États-Unis éclair de son pantalon est grande ouverte (alors qu'il se prépare à serrer la main, par exemple, de la reine Real.: Mel Smith par Jean-Philippe Gravel d'Angleterre) et qui, tentant de réparer le problème, Seen.: Richard Curtis, Robin ne fait qu'accentuer la catastrophe. Cependant, les Driscoll Image: Francis Kenny offenses de Bean sont parfois accidentelles, parfois Mus.: Howard Goodall l y a des séries télévisées dont le concept même délibérées: son action a donc une portée subversive, Son: Robert Anderson Jr. semble appartenir à un tel point à son médium du fait que ses atteintes aux plus élémentaires règles Mont. : Christopher Blunden d'origine que tout éventuel passage au grand du savoir-vivre révèlent en contrecoup le ridicule Prod.: Peter Bennett-Jones I Dist.: Polygram Distribution écran garantit les pires désastres. Lorsque l'on ap de ces codes. Int.: Rowan Atkinson, Peter prend que tel personnage fera le grand saut, il y a McNichol, Pamela Reed, rarement de quoi se réjouir: on a qu'à penser à Bill Seulement, Mr Bean se trouve ici expédié de son Tricia V<?ssi?v, Harris Yulin, Cosby et les flops consécutifs de Leonard 6 et Ghost Angleterre natale (pays de gentlemen aguerris s'il Burt Reynolds Dad. Apparemment, le personnage de Mr Bean en est) vers les État-Unis, sous l'identité empruntée n'était pas à l'abri de tels dérapages: il est certain d'un eminent historien d'art venu présenter la ré qu'un film d'une heure trente ne pouvait se conten cente acquisition d'un musée ultramoderne. Accueilli ter pour seule structure d'une enfilade de sketches par une famille bourgeoise typique, Bean, comme humoristiques de cinq minutes, comme c'était le cas on s'y attend, aura tôt fait de jeter celle-ci sens dessus à la télévision. dessous, compromettant les perspectives d'avance ment du jeune père auprès de l'administration du En ce sens, la réussite de Mr Bean: The Ultimate musée. Ce volet du film, faut-il le préciser, s'avère Disaster Movie demeure partielle. Comme la plu passablement convenu. part de ses successeurs, son esthétique demeure très proche de celle d'une sitcom ordinaire. Cependant, Heureusement, la description du territoire américain l'effort consenti par les scénaristes pour modifier le comporte certaines trouvailles humoristiques qui contexte de l'intrigue et étoffer le personnage ne rate permettent au film de surnager. Le musée où Bean pas complètement son tir. Au départ, demandons- ira présenter un tableau (dont l'achat a coûté une nous ce que représente Mr Bean pour le spectateur somme exorbitante) déploie un décor abstrait, es ordinaire, sinon celui à qui tous les accrocs possibles sentiellement composé d'acier et de béton, alors que arrivent dans des situations socialement délicates? le tableau en question représente une vieille paysanne — la rusticité même — assise de profil devant un mur gris sale. Le tableau et la présence vivante de Bean constituent en quelque sorte les résidus d'une autre époque: on comprend pourquoi ce dernier, après avoir irrémédiablement saboté l'œuvre, l'em portera chez lui, laissant, en dupant tout le monde, l'une de ses reproductions au lieu de l'original. Bien sûr, nous sommes ici en territoire américain, où l'on use du faux absolu pour obtenir des copies meilleu res que l'original: là où la dictature du remake épar gne au spectateur le désir de voir des films étrangers, et où l'on peut admirer, au Palace of Living Arts, la statue de cire d'une Vénus de Milo pourvue de ses bras! Ce clin d'œil m'apparaît bien comme ce qui, en bout de ligne, permet au film d'acquérir un semblant de substance. Il va sans dire que son scénario permet également d'assister, sans attention aucune, à une enfilade de sketches comiques vertébrés par un récit accessoire. Mais qu'on se rappelle seulement ceci: en territoire anglais, Bean constituait une offense Rowan Atkinson dans Mr Bean de Mel Smith (Photo: Melissa Moseley) Vol. 16n°4 CME3ULLES 54 Critiques vivante à toute manifestation de bon goût. Or, si on cherche à prélever en vain ce «bon goût» du terri toire américain qu'il explore ici, c'est bien parce qu'il ne s'en trouve pas du tout. Comme quoi les meilleu res blagues demeurent bien celles qu'on rit sous cape... • A LIFE LESS ORDINARY de Danny Boyle par Jean Beaulieu près les débuts fracassants du trio formé du réalisateur Danny Boyle, du producteur A Andrew MacDonald et du scénariste John Hodge (auquel on pourrait ajouter le quatuor réu nissant le directeur photo Brian Tufano, le monteur Masahiro Hirakubo, le chef-décorateur Kave Quinn et l'acteur Ewan McGregor), qui avait créé une cer taine commotion avec Shallow Grave et Cameron Diaz et Ewan Trainspotting, on était en droit de s'attendre à beau Résultat? C'est comme si les comédies romantiques McGregor dans A Life Less coup de leur nouvelle comédie fantaisiste et roman de l'âge d'or hollywoodien de Frank Capra, Preston Ordinary de Danny Boyle tique qui, comme son titre le suggère, promettait Sturges ou Billy Wilder avaient été revues par les (Photo: Darren Michaels) d'être tout, sauf ordinaire. Toutefois, passé au crible frères Coen — le génie des uns et des autres en de Hollywood, ce troisième film — le premier tourné moins... Malgré une forte dose d'énergie, tant chez aux États-Unis par cette équipe —, bien que fort plai les interprètes que chez le réalisateur, l'humour de sant, manque passablement de rigueur. l'équipe du trio infernal (Boyle-MacDonald-Hodge) s'émousse quelque peu, ayant perdu de sa noirceur L'histoire... Robert (Ewan McGregor) rêve d'écrire et de sa causticité. Certaines scènes font un peu pas un roman de série noire à deux sous avec blondes tiche (la séquence onirique d'ouverture — aux allu incendiaires et meurtres dans une villa de richissi res d'une pub de Chanel —, la scène dans la forêt, mes, mais il est simple concierge dans une grande qui rappelle Miller's Crossing, et celle, un peu sur entreprise, emploi peu gratifiant qu'il perd au profit réaliste, où Celine et Robert dansent comme Ginger de la haute technologie (un robot a été conçu pour et Fred dans le bar western après un bref exercice de accomplir ses tâches). Pendant ce temps, Celine karaoké), tandis que d'autres relèvent de la bande (Cameron Diaz), très jolie fille du très riche M. Naville, dessinée (la poursuite avec les «anges gardiens», par moments hilarante); toutefois, le fil conducteur est p.-d.g. de l'entreprise qui vient de mettre à pied A Life Less Ordinary Robert, s'ennuie à périr dans sa vie aseptisée où elle plutôt ténu et ne mène finalement pas bien loin, si ne peut librement s'exprimer. Venu faire valoir ses non dans des aventures aussi romantiques qu'im 35 mm / coul. /103 min / droits et protester auprès du grand patron, Robert probables, qui s'étirent et s'étiolent. 1997/fict. /Grande- finit par kidnapper Celine (avec «l'aide» de celle- Bretagne ci) et exige de M. Naville une rançon (encore une Ce road movie ne manque tout de même pas de re Réal.: Danny Boyle fois à la suggestion de Celine, qui prend un plaisir bondissements, dont plusieurs bien amenés ou inat Seen.: John Hodge fou à faire enrager son père et lui soutirer la plus tendus, mais il souffre de certains flottements dans Image: Brian Tufano grosse somme possible). Ce dernier engage deux le récit et d'un dénouement un peu tiré par les che Son: Douglas Cameron détectives privés apparemment sans scrupules, Mont.: Masahiro Hirakubo veux (on est assez loin du rythme et de l'humour Prod.: Andrew MacDonald - O'Reilly et Jackson (Holly Hunter et Delroy Lindo), débridés de Raising Arizona ou de la construction Figment Films qui sont, en fait, deux êtres célestes ayant pour mis bizarroïde mais implacable de Pulp Fiction). Par Dist.: Fox Searchlight sion de forcer le destin et de favoriser la rencontre ailleurs, l'une des originalités du scénario tient dans Pictures — et, de ce fait, les amours — de ces deux jeunes l'inversion des rôles traditionnellement attribués à Int.