Etude socio-économique de l’UFA Leroy , Lopé Dr. Rose Ondo

2002

ECOFAC Gabon TABLES DES MATIERES Résumé ...... 8 Avant propos ...... 15 - Evolution de la notion de gestion durable en foresterie ...... 18 - Le concept de gestion durable...... 19 La gestion durable des forêts : du concept à la pratique ...... 20 Les principes, Critères et Indicateurs de Gestion Durable des Forêts (PCI de GDF) : ...... 21 Définition et objectifs ...... 21 - L’aménagement forestier : instrument fondamental de la gestion durable des forêts ...... 22 - Contexte et objectifs de la gestion durable des forêts au GABON ...... 23 Introduction ...... 26 - Organisation et réalisation de l’étude ...... 26 - Méthodologie générale de l’étude ...... 27 → Point sur les études existantes ...... 28 → Elaboration d’un fond de carte ...... 28 → Analyse de l’évolution de la population ...... 28 → Préparation des questionnaires ...... 28 → Guide méthodologique pour l’identification et la délimitation des finages villageois ...... 29 → Guide méthodologique pour le tirage de l’échantillon de ménages par village ...... 29 → Mémo d’information sur les problématiques induites par le nouveau code forestier ...... 29 → Méthode de travail ...... 29 → Enquête dans les villages...... 30 - Analyse des données ...... 32 - Présentation des résultats ...... 32 - Problématique introduite par les dispositions du nouveau Code Forestier sur l’Aménagement durable des forêts (volet socio-économique) ...... 33 ■ Les actions imposées par l’aménagement (volet socio-économique) ...... 33 ■ Les implications ...... 33 → Conditions favorisant l’aménagement durable des forêts ...... 34 * Politique et cadre juridique ...... 34 - Cadre économique ...... 36 - Cadre institutionnel ...... 38 - Sécurisation des Ressources Forestières ...... 38 1-Présentation Générale de la zone d’aménagement...... 42 UFA1 LEROY-GABON ...... 42 1.1 : Organisation administrative ...... 42 1.1.1 : Les provinces de l’Ogooué Lolo et de la Ngounié ...... 42 1.1.1.1 : La province de l’Ogooué Lolo ...... 42 1.1.1.2 : La province de la Ngounié ...... 42 Les départements ...... 42 Les districts ...... 42 Les cantons ...... 43 Les regroupements et villages ...... 44 Les chantiers et camps forestiers ...... 45 1.2 : Accessibilité ...... 45 1.2.1 : Infrastructures routières ...... 45 1.2.2 : Moyen de transport ...... 46 2 - Dynamique des populations ...... 47 2.1 : caractéristiques démographiques ...... 47 2.1.1 : Composition ethnique ...... 47

i 2.1.1.1 : Les MASSANGO...... 49 2.1.1.2 : Les PUVI ...... 50 2.1.1 3 : Les PYGMEES : ...... 51 2.1.1.4 : Les KOTA et les KELE : ...... 51 2.1.2 : Historique du peuplement ...... 52 2.1.3 : Distribution, Structure et Evolution de la population ...... 52 2.1.3.1 : Distribution de la population au sein de l’UFA1 ...... 52 2.1.3.2 : Effectifs de la population actuelle et évolution ...... 54 2.1.3.2.1: Population actuelle de l’UFA1 ...... 54 2.1.3.2.2 : Evolution de la population ...... 54 2.1.3.3: Structure de la population ...... 56 2.1.3.3.1 : Structure par sexe et par âge ...... 56 2.1.3.4 : Autres caractéristiques socio-démographiques ...... 59 2.1.3.4.1 : Niveau d’instruction des populations villageoises de l’UFA1 ...... 59 2.1.3.4.2 : Niveau d’alphabétisation des populations locales au sein de l’UFA1 ...... 60 2.1.3.4.3 : Occupation permanente des résidents actifs ...... 61 2.1.3.4.4: Statut de résidence et émigration ...... 61 Gabon ...... 66 3 - Organisation sociale et villages de l’UFA1 ...... 68 3.1 : Organisation sociale ...... 68 3.1.1 : Le système de parenté ...... 68 La filiation ...... 68 - Le principe matrilinéaire ...... 69 - Le principe patrilocal ...... 69 L’alliance ...... 70 3.1.2 : Le village et ses éléments constitutifs ...... 71 3.1.2.1 : Le clan ...... 71 3.1.2.2 : Le lignage ...... 72 - Le lignage comme unité sociale de base ...... 72 L’unité généalogique ...... 72 L’unité politique ...... 73 L’unité de résidence ...... 74 L’unité de tenure foncière ...... 74 L’unité de solidarité ...... 74 3.1.3 : Organisation politique et administrative ...... 75 3.1.3.1 : La chefferie coutumière ...... 75 3.1.3.2 : La Chefferie administrative...... 75 3.1.3.3 : Les organisations locales ...... 76 3.1.3.3 : Les sociétés initiatiques...... 77 3.1.3.3.2 : Organisations paysannes et structures associatives ...... 78 3.1.3.3.3 : Le statut juridique des villages et la loi sur la décentralisation ...... 80 4.3 : Bilan diagnostic ...... 80 Désintégration de l’organisation sociale et du village ...... 80 4- Droits légaux et droits coutumiers sur la forêt ...... 82 4.1 : La Législation foncière et forestière ...... 82 4.1.1 : La législation foncière ...... 82 4.1.2 : La législation forestière ...... 82 4.1.2.1 : Droits fonciers coutumiers ...... 86 4.1.2.2 : Droits d’usage coutumiers...... 86 4.1.2.3 : Droits culturels ...... 87

ii 4.2 : Nature et extension des droits coutumiers des populations sur la forêt ...... 87 4.2.1 : Rappels de quelques notions : Terroir et finage ...... 87 4.2.2 : Finage villageois et occupation traditionnelle de l’espace ...... 89 4.2.3 : Droits coutumiers sur la forêt ...... 91 4.2.3.1 : Droits fonciers coutumiers et tenure foncière ...... 91 - Les règles d’appropriation ...... 91 4.2.3.2: Droits culturels (représentations symboliques de la forêt) ...... 94 4.3: Bilan diagnostic ...... 100 4.3.1 : Droits des populations sur la forêt ...... 100 4.3.1.1 : Les solutions apportées par l’Etat ...... 101 4.3.1.2 : Les évolutions en cours ...... 102 4.3.1.3 : De la contribution financière versée par le concessionnaire ...... 103 4.3.1.4 : Des revenus tirés de l’exploitation des forêts communautaires ...... 103 4.3.3 : Expériences menées dans la sous région Afrique centrale ...... 104 Scénario de dégradation ...... 104 Scénario de consolidation ...... 105 4.3.4 : La mise en œuvre des solutions apportées par l’Etat ...... 106 4.3.4.1 : Contraintes au niveau de la communauté villageoise ...... 106 - Influence de l’élite extérieure : ...... 107 - Conflit entre les intérêts communautaires à long terme et les retombées individuelles à court terme issues de l’exploitation de la forêt...... 107 - Changement de leadership dans les villages ...... 108 - Non-implication de certaines catégories de la population : ...... 108 4.3.4.2 : Contraintes au niveau de l’administration des Eaux et Forêts ...... 108 - Affinité avec les élites politico-administratives des villages concernés ...... 108 - Passivité de l’administration sur le terrain ...... 108 - Détournement d’une partie de la rente forestière destinée aux villageois ...... 109 4.3.4.3 : Contraintes au niveau du concessionnaire : ...... 109 4.3.4 : Identification, matérialisation des finages villageois et aménagement ...... 109 4.3.3 : Problématique des forêts communautaires...... 110 4.3.3.1 : Constitution des forêts communautaires ...... 110 4.3.3.2 : Relations Forêts communautaires – UFA1 ...... 110 4.3.3.3 : Relations Finages – UFA1 ...... 111 5- Situation économique et utilisation des ressources ...... 112 5.1 : Activités productives ...... 112 5.1.1 : L’agriculture ...... 112 5.1.1.1 : L’agriculture vivrière ...... 112 L’agriculture vivrière : principale activité ...... 112 - distance entre les zones de culture et le village ...... 112 - Superficies cultivées ...... 114 - Estimation des superficies agroforestières nécessaires par village ...... 116 - Le système cultural ...... 117 - Production agricole ...... 117 La commercialisation des produits vivriers ...... 119 5.1.1.2 : Cultures pérennes ...... 120 5.1.2 : Activités complémentaires ...... 120 5.1.2.1 : L’élevage ...... 121 5.1.2.2 : La chasse ...... 121 - Les techniques et outils de chasse ...... 123 - Consommation des produits de la chasse...... 124

iii - Animaux rares ou disparus...... 124 - Espèces protégées ...... 125 Braconnage professionnel ...... 126 A Divindé ...... 126 A Mandji ...... 126 A Boulembo et Moudouma 1 ...... 126 A Moukandi...... 127 5.1.2.3 : La pêche ...... 127 - Espèces capturées...... 128 - Techniques utilisées ...... 128 - campement de pêche ...... 128 - Profil de l’activité de pêche ...... 129 5.1.2.4 : La cueillette ...... 129 - Produits collectés ...... 129 - Pratique de la cueillette ...... 130 5.1.2.5 : Artisanat et commerces ...... 131 5.2 : Revenus des familles ...... 132 5.3 : Bilan diagnostic ...... 132 5.3.1 : Problèmes ...... 132 - Absence de marché pour les produits vivriers ...... 132 - Etat des routes ...... 133 - Organisation de la commercialisation ...... 133 - Dévastation des cultures ...... 133 - Insuffisance d’actifs dans les villages ...... 133 - Désorganisation sociale et économique ...... 134 - Faiblesse des niveaux de vie ...... 134 5.3.2 : Potentialités économiques ...... 135 - culture d’arbres fruitiers ...... 135 - valorisation des PFNL...... 135 5.4.3 : Problématique de gestion de la faune...... 135 6- Conditions de vie des populations locales dans l’UFA1 ...... 136 6.1 : Les conditions de logement ...... 136 6.2 : Equipements collectifs dans les villages de l’UFA1 ...... 139 6.3 : Accès aux soins de santé ...... 141 6.3.1 : Etat de santé des villageois ...... 141 6.3.2 : Couverture sanitaire (Accès aux soins de santé) ...... 143 6.4 : Accès à l’éducation ...... 145 6.5 : Typologie des difficultés rencontrées par les populations ...... 147 Fréquence ...... 148 7- Relations entre parties prenantes au sein de l’UFA 1 ...... 150 7.1 : Les principales parties prenantes au sein de l’UFA 1 ...... 150 7.2 : Rapports entre les parties prenantes ...... 150 7.3 : Typologies des conflits entre parties prenantes ...... 153 - Conflit LEROY GABON – Population de Divindé ...... 158 8- Synthèse et Recommandations ...... 161 8.1 : Description de l’environnement socio-économique...... 161 8.2 : Analyse des problématiques induites par les dispositions de la nouvelle Loi forestière 163 8.3- Propositions d’actions et recommandations...... 166 Conclusion ...... 168 ANNEXES ...... 170

iv BIBLIOGRAPHIE ...... 196

v LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Tableau n° 1 : Echantillon de ménages dans les villages de l’UFA1 ...... 30 Tableau n° 2 : Contribution du secteur forestier au PIB ...... 37 Figure n°1 : carte de l’UAF 1 ...... 40 Tableau n° 3 :Regroupements et villages simples de l’UFA1 ...... 44 Tableau n° 4: Répartition des ethnies et clans par villages ...... 48 Tableau n° 5 : Résidents par Regroupement et/ou village en 1993 et 2001 ...... 52 Tableau n° 6 : Répartition des villages selon la taille ...... 53 Tableau n° 7 : Résidents par camp forestier en 1993 et 2001 ...... 53 Tableau n° 8 : Résidents par milieu ...... 54 Tableau n° 9 : Raisons de la régression de l’effectif de population par village ...... 55 Tableau n° 10 : Population résidente dans les villages autrefois...... 55 Tableau n° 11 : Tendances de la population dans les années à venir ...... 55 Tableau n° 12: Résidents selon le groupe d’âge et le sexe dans les cantons ONOYE et Haute Dikobi ...... 56 Figure n° 2 : Pyramide des âges des cantons ONOYE et Haute Dikobi ...... 57 Tableau n° 13 : Résidents selon le groupe d’âge et le sexe dans le canton OFFOUE...... 58 Tableau n° 14 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du sud de l’UFA1 selon le niveau d’instruction...... 59 Tableau n° 15 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du centre (canton OFFOUE) de l’UFA1 selon le niveau d’instruction...... 59 Tableau n° 16 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du Nord Ouest (canton lolo WAGNA) de l’UFA1 selon le niveau d’instruction ...... 59 Tableau n° 17 : Résidents de 15 ans et plus alphabétisés ou non selon le sexe par canton ..... 60 Tableau n° 18 : Résidents de 10 ans et plus selon le sexe, le type d’activité par circonscription administrative ...... 61 Tableau n° 19: Statut de résidence selon la tranche d’âge dans les cantons ONOYE et Haute DIKOBI ...... 61 Tableau n° 20 : Statut de résidence par village ...... 65 Tableau n° 21 : Noms des villages de provenance ...... 66 Tableau n° 23 : Organisations initiatiques selon le village ...... 77 Tableau n° 24 : Organisation et association selon le village ...... 79 Tableau n° 25 : Classification des forêts selon la Loi gabonaise ...... 85 Tableau n° 26: Arbres et Animaux à valeur culturelle selon le village ...... 94 Tableau n° 29 : Sites culturels selon le village ...... 99 Tableau n° 30 : Activités principales selon le village ...... 112 Tableau n° 32: Estimation des superficies agricoles par villages(*) ...... 116 Tableau n° 33 : Productions vivrières ...... 119 Tableau n° 34 : Prix des produits vivriers ...... 119 Tableau n° 36 : Rythme de consommation des produits de la chasse ...... 124 Tableau n° 37 : Profil de l’activité de chasse ...... 124 Tableau n° 38 : Animaux rares ou disparus ...... 124 Tableau n° 39 : Connaissance des espèces protégées par les Eaux et forêts ...... 125 Tableau n° 40 : Espèces protégées connues ...... 125 Tableau n° 41 : Raisons de la chasse des espèces protégées ...... 125 Tableau n° 42 : Principales espèces capturées ...... 128 Tableau n° 43 : Profil de l’activité de pêche ...... 129 Tableau n° 44: Production de cueillette ...... 129 Figure n° 3: Type de construction par village ...... 137

vi Tableau n° 45: Infrastructures et équipements collectifs selon le village ...... 140 Tableau n° 46 : Maladies les plus courantes selon le village ...... 142 Tableau n° 47 : Accès aux soins de santé...... 144 Tableau n° 48 : Accès à l’éducation ...... 146 Tableau n° 49 : Difficultés rencontrées dans la vie quotidienne ...... 147 Tableau n° 50 : Besoins et attentes des populations...... 148 Tableau n° 51 : Typologie des conflits entre Leroy et populations selon le village ...... 154 Tableau n° 52 : Typologie des conflits entre populations et Administration des Eaux et Forêts selon le village ...... 156 Source : Enquête CURFOD, 2001 ...... 156 Tableau n° 53: Propositions d’action et recommandations ...... 166

vii Résumé

La nouvelle loi forestière qui vient tout juste d’être agréée par le parlement le 15 novembre 2001 sous le n° 17/2001 s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique forestière du Gabon : Transformer une exploitation rentière de prélèvement incontrôlé et anarchique en une exploitation aménagée et rationnellement gérée.

L’aménagement durable des forêts répond à l’engagement national de souscrire aux conclusions de CNUCED de Rio en janvier 1992 pour une gestion durable des ressources de la planète et au souci de mettre en œuvre tous les instruments internationaux dont le Gabon est Etat Partie.

La nouvelle loi forestière favorise l’aménagement par la création d’un permis unique d’exploitation : la Concession Forestière sous Aménagement Durable (CFAD), d’une superficie de 50.000 à 200.000 hectares et sa durée sera de 25 ans renouvelable. A l’obtention de son permis, l’exploitant devra remettre son propre plan d’aménagement avant de recevoir l’autorisation du Comité interministériel d’exploiter. Les objectifs recherchés par le plan d’aménagement peuvent se transcrire sous différents volets notamment les volets forestier, socio-économique, écologique, gestion de l’entreprise, recherche développement et formation.

Les conditions favorisant l’aménagement durable des forêts vont de l’existence d’un cadre juridique et institutionnel adapté car prenant en compte les intérêts de toutes les parties prenantes à la disponibilité d’un personnel qualifié et compétent en nombre suffisant, en passant par le développement d’incitations économiques pour tous. La préparation et la rédaction du plan d’aménagement sont généralement du ressort du propriétaire de la ressource qui est ici l’Etat, mais ce dernier a choisi de déléguer totalement cette tâche au concessionnaire.

Les dispositions de la loi sur l’aménagement durable des forêts laissent apparaître certains oublis et certains vides juridiques qui vont se traduire par de grandes difficultés quant à l’application de la loi notamment en ce qui concerne la dimension sociale de l’aménagement. Ceci dans un contexte de départ caractérisé par une absence de collaboration entre acteurs et un monopole de l’Etat dans la gestion forestière.

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L’objectif principal de l’étude consistait à décrire et analyser l’environnement socio- économique et à tenter de trouver des solutions et alternatives aux problématiques introduites par les dispositions de la nouvelle loi forestière sur l’aménagement durable des forêts (volet socio-économique) afin que le double défi de la durabilité du bien-être social et celle des ressources forestières par l’aménagement soit relevé dans l’UFA1 LEROY GABON. Une importante enquête de terrain (60 jours) a été entreprise pour décrire le milieu humain de l’UFA1 et tenter d’analyser les problématiques induites par la démarche d’aménagement à la lumière des réalités de terrain. L’initiative de cette approche a été favorablement accueillie par les populations concernées et l’on peut même craindre que l’on ait pu faire naître de "faux espoirs" quand à l’amélioration significative de leurs conditions de vie.

Cette enquête a permis la constitution d’un fichier des villages de l’UFA1 avec des données de base aussi détaillées que possible (Tome 3). Elle a également permis de : - Identifier les arbres à valeur culturelle, les sites culturels, les zones de culture et de chasse ; - Réaliser une carte du finage de chaque village et de l’ensemble de la zone de l’UFA1 ; - Connaître le cadre institutionnel local ; - Apprécier le niveau de vie des populations ; - Lister et apprécier l’importance des contraintes existantes pour réaliser le volet socio- économique de l’aménagement.

En définitive, l’analyse et l’exploitation des données recueillies a permis d’ouvrir un certain nombre de pistes et proposer des orientations couvrant les principaux problèmes spécifiques à la zone et permettant de recentrer l’action des principales parties dans le contexte des dispositions de la nouvelle loi forestière sur l’aménagement. Pour l’essentiel, les thèmes abordées, les orientations et actions seraient les suivantes :

- Maintien et exercice des droits coutumiers des populations La loi prévoit le respect des droits d’usage coutumiers dans le domaine forestier permanent, mais ne prévoit pas les procédures pour déterminer les titulaires de ces droits d’usage. Elle ne prévoit pas non plus la reconnaissance des droits fonciers coutumiers et l’appréciation de leur nature et extension. Les régimes fonciers qui organisent la jouissance de ces droits

9 sont en rivalité avec la législation foncière et forestière en vigueur. La valeur économique acquise par la forêt de nos jours, accentuée par la précarité économique des ménages ruraux, exacerbe cette rivalité et aboutit à des conflits sur le terrain.

Par ailleurs, il existe un vide juridique et institutionnel sur la collaboration entre acteurs dans la gestion des ressources naturelles et le cadre institutionnel local se révèle inapproprié par la pluralité des centres de pouvoirs autonomes les uns par rapport aux autres et l’absence d’une institution locale disposant du monopole des décisions collectives. Cette situation est aggravée par l’affaiblissement de grandes organisations initiatiques et l’état embryonnaire des organisations paysannes modernes et des associations de développement.

La mise en évidence des finages réalisée par cette étude est un premier pas vers l’identification des titulaires des droits d’usage et l’apparition d’interlocuteurs collectifs au sein des villages. Elle permet également de disposer d’une base de données objectives pour la conduite de négociations dans la perspective d’une gestion contractuelle de l’UFA1.

Cette négociation peut porter sur différents éléments et notamment :  La conclusion d’accords pour suspendre l’exploitation des essences telles que le moabi, le mouvengui importants au plan culturel pour les populations locales ;  La délimitation dans l’UFA1 d’une bande de 5 km selon les modalités prévues par la loi et correspondant aux limites des finages villageois ;  L’organisation et le contrôle local pour le village Divindé dont le finage s’étend à plus de 6,4 km du village et qui empiète dans le massif forestier aménagé des négociations spécifiques devront être menées pour limiter ou suspendre l’exercice des droits d’usage dans cette partie de l’exploitation de certains produits forestiers non ligneux (préalablement identifiés) avec un partage des bénéfices commerciaux ;  Le paiement direct de la contribution financière en faveur du développement local aux villageois concernés. Cette disposition de la nouvelle loi forestière demandera une adaptation du cadre institutionnel local – nous proposons la création d’association villageoise devant être enregistrés au ministère de l’intérieur pour être légales et servir d’interlocuteur collectif dans les villages. En contre partie de toutes ces concessions touchant aux droits culturels, droits d’usages et à la participation aux bénéfices de l’exploitation, l’Etat et le concessionnaire seraient en droit de

10 demander qu’un certain nombre d’obligations soient souscrites par les villageois ; Notamment l’engagement de ne pas défricher ou installer de nouveaux sites culturels en dehors du finage dont les limites ont été identifiées et matérialisées (si possible par une approche participative).  La participation des villageois à la sécurisation du massif aménagé par le contrôle de l’accès de leur finage pour éviter l’abattage illégal et le braconnage par les citadins et les étrangers.

- Amélioration des conditions de vie et de bien-être des populations de l’UFA1 et appui à l’organisation et au développement d’activités socio-économiques La loi prévoit le versement direct aux populations organisées d’une contribution financière de l’exploitant afin de participer au renforcement des infrastructures sociales et améliorer le bien-être des populations. Cette disposition de la loi reste insuffisante pour atteindre l’objectif de durabilité du bien-être socio-économique des populations, car l’amélioration du niveau de vie et son maintien permanent à un stade élevé passe par l’acquisition de revenus monétaires suffisants et permanents. Ceci autorise la satisfaction des besoins essentiels de la personne humaine (alimentation, logement, santé, éducation).

L’analyse de l’environnement socio-économique a montré un niveau de revenus extrêmement bas (10.000 F.CFA/semaine par ménage), un habitat délabré, des équipements insuffisants et non fonctionnels, une économie peu diversifiée, de faible productivité et sans ouverture sur le marché en raison de l’enclavement des villages, villages qui manquent également d’actifs hommes.

Devant l’ampleur de la précarité socio-économique des populations, des négociations doivent s’engager pour :  Définir les responsabilités respectives de l’Etat, du concessionnaire et des populations.

Notre proposition est que l’Etat ait la responsabilité du renforcement et du bon fonctionnement des infrastructures sociales dans les villages. La contribution financière de l’exploitant devrait servir à appuyer la création des activités génératrices de revenus, l’emploi des jeunes, l’amélioration de l’habitat et la création des routes pour le désenclavement de la zone. Nous avons souligné ci-dessus que la mise en œuvre de cette disposition de la loi demandera une adaptation du cadre institutionnel local et

11 nous avons proposé pour cela la mise en place d’association villageoise. Pour coordonner l’action de ces associations villageoises et celle des autres acteurs, un cadre de concertation et de suivi devra être mis en place.

En contre partie de cet appui au développement local, les populations souscriraient un certain nombre d’obligations ; notamment : - L’engagement de s’organiser en une structure pouvant constituer le lieu de réflexion sur les problèmes de développement du village, et sur les modalités d’application des accords de gestion de l’UFA1 ; - L’engagement de ne pas verser dans la surenchère dans les rapports avec le concessionnaire. Les accords de gestion seront consignés dans un cahier de charges (cahier de clauses contractuelles) et toute violation par l’une des parties fera l’objet de sanction

- Concertation permanente entre les acteurs concernés par la gestion de l’UFA1

La gestion aux modalités négociées associe les acteurs concernés par l’utilisation d’un espace. Dans le cas de l’UFA1, trois acteurs au moins sont concernés : L’administration forestière, les autorités administratives locales (représentant l’Etat), les villageois, LEROY GABON. Les organisations internationales de conservation telles que ECOFAC, WWF, WCS opérant à la réserve de faune de la Lopé peuvent également être associées. Il est important que les accords de gestion conclus entre tous ces acteurs soient consignés par écrit et s’incarnent dans une structure ad hoc qui constituera le lieu de suivi et de discussion des accords, et le cadre d’apprentissage de la gestion participative sur le terrain. Ce type de structure qui pourrait prendre le nom de Comité de pilotage et de suivie de l’aménagement doit s’inscrire dans un cadre institutionnel souple permettant la révision des accords de gestion au fur et à mesure des leçons apprises sur le terrain. Sa composition doit permettre la représentation de tous les acteurs concernés.

En conclusion, cette étude a permis de montrer que la démarche d’aménagement ne peut être efficace sur la base de la seule révision de la loi ; elle nécessite aussi l’adaptation du cadre institutionnel, la disponibilité d’une expertise locale, la concertation et la collaboration de tous les acteurs concernés dans le cadre d’instances ad hoc.

12 L’aménagement ne peut être laissé à la charge de l’exploitant tout seul, il serait voué à l’échec. En outre, des conditionnalités implicites dans la démarche d’aménagement doivent recevoir une attention particulière pour une participation engagée et véritable des populations. Il s’agit notamment de : - Diagnostic participatif des problèmes, - Promotion d’un développement auto centré, - Réalisation d’actions intégrées au niveau local, - Souplesse du cadre institutionnel.

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Avant propos

L’expression « gestion durable des forêts » est de plus en plus utilisée dans le jargon de la foresterie. Cela s’explique par la prise de conscience internationale, de la régression rapide des surfaces boisées à l’échelle mondiale et, principalement dans les pays tropicaux en voie de développement. Cette conscientisation internationale a permis au cours de grandes conférences1 d’aboutir à la définition des grands principes qui régissent ce qu’il est convenu d’appeler la gestion durable des forêts.

Qu’est ce que la gestion durable des forêts ? Il paraît impossible de traiter de la gestion durable des forêts sans remonter et rappeler le concept de développement durable.

 Le développement durable Le terme "développement durable" semble avoir été utilisé pour la première fois (au moins au niveau international) au début des années 1980 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN, 1991). Mais c’est le rapport Brundtland paru en 1987 qui a le plus contribué à l’adoption de ce terme dans la rhétorique du développement international.

La commission Brundtland avait été mandatée en 1983 par l’assemblée générale de l’ONU pour mettre au point une stratégie globale face aux problèmes de développement et de dégradation de l’environnement écologique. Toutefois, d’après Godard (1994), bien des pensées antérieures sur les rapports entre la croissance économique et l’environnement écologique ont servi de bases originelles au concept de développement durable. Un échantillon de ces pensées antérieures est constitué par les "stratégies d’éco-développement" (Sachs, 1980 et 1993), l’analyse éco-énergique (Daly, 1977 ; Passet, 1979) qui a évolué en bio-économie ou économie écologique (Godard, 1994) et l’application de la théorie économique néoclassique aux problèmes de l’environnement.

"Développement durable" est l’équivalent français officiel de "sustainable development", terme anglais originel utilisé tant par l’UICN que par le rapport Brundtland. Certains auteurs

1 Sommet de la terre à Rio de Janeiro en juin 1992 ; Le processus de Montréal à Genève en juin 1994 ; La Conférence d’Helsinki en juin 1993, proposition de Tarapoto en février 1995.

15 francophones (Godar, 1994 ; Lescuyer, 1998) avouent d’ailleurs préférer à "développement durable" le néologisme "développement soutenable". Le mot anglais "sustainable" vient du verbe "sustain" dont la racine latine "sustenere" a le sens de maintenir haut ou maintenir élevé. Quant au développement tel qu’appliqué dans le contexte de l’économie, il a fait l’objet de plusieurs définitions et débats depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Bartelmus (1986) donne une revue théorique exhaustive du développement économique. L’essentiel est que le développement économique implique un changement positif du niveau de vie.

Ainsi, "développement durable" signifierait non seulement élever le niveau de vie mais aussi le maintenir haut perpétuellement. Brown et al. (1987) définissent par exemple le développement durable comme la satisfaction à un niveau aussi élevé que possible tant des besoins humains élémentaires (aliments, eau et abri) que des nécessités sociales et culturelles telles que l’éducation, la sécurité, l’emploi et la récréation. Ainsi donc le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.(Rapport Brundtland, 1987).

Le droit international de l’environnement, de facture récente, est l’outil de promotion mondiale du développement durable. C’est la première conférence des Nations Unies tenue à Stockholm en 1972 qui jette les bases du droit mondial de l’environnement :

Principe 1 : "l’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de protéger et améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures". Conférence des Nations Unies sur l’environnement, Stockohm, 1972.

Le droit international de l’environnement s’étant de plus en plus ouvert aux problèmes de développement, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a entrepris dès les années 80, d’établir un véritable pacte de l’environnement et du développement. Achevé en 1994 il est destiné à servir de base à une codification systématique des règles coutumières dans le cadre de l’organisation des Nations Unies.

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Suite au sommet de Rio, le droit international a vu s’inscrire dans ses textes des déclarations concernant la protection de l’environnement et le développement. Les 27 principes de la déclaration de Rio et les 40 chapitres de l’Agenda 21 constituent ainsi les textes fondamentaux ayant ouvert la voie des politiques internationales du développement durable :

"La conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, (…) réaffirmant la déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement adoptée à Stockholm (…), et cherchant à en assurer le prolongement (…) proclame ce qui suit : Principe 1 : Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature" (World Commission on Development and Environment, 1987)".

Au fil du temps, les principes qui figurent dans les déclarations de Stockholm et de Rio, sans être juridiquement contraignants sont invoqués comme références par plusieurs acteurs et de ce fait sont devenus des instruments juridiques internationaux.

 Du développement durable à la gestion durable des forêts

La foresterie peut être considérée à juste titre comme la première discipline à base scientifique à avoir intégré de façon explicite le souci de maintenir des ressources naturelles limitées pour l’utilisation des générations postérieures (Wiersum, 1994). Au début du 19ème siècle le professeur de foresterie allemand Hartig décrivait la gestion durable des forêts plus ou moins en ces termes : "Tout bon gestionnaire doit procéder à l’évaluation des peuplements forestiers sans perdre du temps, puis les utiliser autant que possible, mais toujours de façon à laisser aux générations futures au moins autant de bénéfices que les générations actuelles". Depuis lors, le concept de gestion durable s’est installé en foresterie avec comme principe de base la notion de rendement durable (en anglais "sustained yield").

17 - Evolution de la notion de gestion durable en foresterie Vers le milieu du 19ème siècle, il a été reconnu que les efforts des aménagistes forestiers devaient se concentrer non seulement sur le flux du bois récolté, mais aussi sur les peuplements jeunes qui devaient subir des opérations d’amélioration. Au lieu du maintien d’une production continue de bois, c’est le maintien de la capacité productive de matière ligneuse qui prenait lieu et place de doctrine de la gestion durable pour les forestiers.

La dimension sociale de la gestion durable des forêts est aussi reconnue depuis longtemps, non seulement à travers la recherche d’un approvisionnement régulier et durable de la société en produits ligneux, mais aussi à travers des efforts déclarés de tenir compte des systèmes sociaux. Déjà dans les années 1930 aux Etats Unis d’Amérique, des efforts étaient réalisés pour inclure dans les normes de gestion des forêts des aspects sociaux à travers des notions telles que les communautés dépendant du bois, des métiers liés à la forêt, les industries forestières qu’il fallait stabiliser grâce à une meilleure gestion des ressources forestières. La gestion durable était interprétée dans ce contexte comme la stabilité des communautés humaines (Parry et al., 1983), et l’attention était donnée à la recherche d’une durabilité des systèmes humains au lieu de la durabilité forestière.

Après la deuxième guerre mondiale, cette interprétation a été élargie pour donner naissance à la notion d’usages multiples. Une des illustrations les plus remarquables de cette approche est l’adoption aux Etats Unis d’Amérique en 1960 d’une réglementation appelée le "Multiple – Use Sustained Yield Act" (Kock et Kennedy, 1991). Suivant cette réglementation, cinq principaux produits étaient à prendre en considération obligatoirement dans l’aménagement des forêts : le bois, la faune sauvage terrestre et aquatique, la récréation, le fourrage et la protection des bassins versants. Récemment, cette conception de la gestion durable orientée vers l’offre des produits quantifiable de la forêt a fait l’objet de critiques. En effet, l’intérêt pour des valeurs telles que la diversité biologique ou les effets régulateurs du climat a poussé certains auteurs à proposer un abandon de la notion de rendement durable pour parler plus généralement de foresterie durable (Brooks et Grant, 1992). La foresterie durable est centrée sur la nécessité de maintenir la diversité biologique et le maintien du bon fonctionnement de tout l’écosystème forestier.

Historiquement le concept de gestion forestière a donc évolué, passant d’un principe de gestion durable de la ressource ligneuse au concept de la viabilité à long terme d’une gestion

18 prenant en compte toutes les fonctions de la forêt, y compris les fonctions écologique et sociale (Dixon et Fallon, 1989). Considérant les fonctions des forêts dans leur ensemble, Upton et Bass (1995) reconnaissent trois domaines de durabilité :  Durabilité écologique ou environnementale  Durabilité sociale  Durabilité économique.

- Le concept de gestion durable De grandes conférences internationales2 ont permis d’aboutir à un consensus sur ce qu’est véritablement la gestion durable et sur les grands principes la régissant. Ces principes soulignent l’importance d’une gestion cohérente, encadrée par une politique et une réglementation tenant compte du long terme inhérent aux cycles forestiers, intégrant simultanément les fonctions productrices, sociales et protectrices de la forêt. Cela passe par une protection de certaines forêts ou écosystèmes en raison de leurs intérêts patrimoniaux, de leurs rôles de protection ou de leurs sensibilités particulières que ce soit à la pollution, aux maladies… Ces principes encouragent des pratiques forestières, entreprises par des personnels qualifiés, maintenant la meilleure santé possible de l’écosystème forestier et en étant la plus respectueuse possible, privilégiant les essences indigènes toutes les fois où celles-ci s’avèrent les mieux adaptées. Ils soulignent enfin que la consommation de produits en bois devrait être encouragée de même que leur recyclage car le bois est par excellence un matériau écologique et renouvelable. Au plan international, il est maintenant admis que la gestion durable des forêts est une gestion : - Respectueuse de l’environnement : la richesse naturelle existante est protégée et un écosystème diversifié est crée dans le reste de la forêt - Socialement bénéfique : les gens qui vivent et ceux qui travaillent dans la forêt sont pris en considération, participent aux décisions et voient leurs conditions de vie améliorées,

2 Sommet de la terre à Rio de Janeiro en juin 1992.

19 - Economiquement viable : par son exploitation, la forêt a une valeur économique, ce qui est important pour assurer son avenir. Car sa rentabilité la protège de la coupe à blanc ou de l’incendie volontaire dans le but d’utiliser son sol à d’autres fins.

Différentes définitions de la gestion durable ont été proposées par des organisations internationales, on trouve entre autres : - La définition du Conseil International des Bois Tropicaux, 1991 - La définition de la CNUED, 1992 - La définition de la Conférence d’Helsinki, 1993.

Pour le Conseil International des Bois Tropicaux ; "la gestion forestière durable peut se définir comme étant la gestion de forêts permanentes en vue d’objectifs clairement définis concernant la production soutenue de biens et services désirés sans porter atteinte à leur valeur intrinsèque ni compromettre leur productivité future et sans susciter d’effets indésirables sur l’environnement physique et social".

De son côté, la CNUED, tenue à Rio de Janeiro en 1992 a défini la gestion durable en ces termes : "les ressources et les terres forestières doivent être gérées d’une façon écologiquement viable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels et spirituels des générations actuelles et futures".

Enfin la Conférence d’Helsinki, tenue en 1993 a, dans sa Résolution H1, définit ainsi qu’il suit la gestion durable des forêts :"La gestion durable signifie la gérance et l’utilisation des forêts et des terrains boisés, d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes".

La gestion durable des forêts : du concept à la pratique L’application du concept de développement durable à la forêt a été consacrée par la Conférence de Rio, car la gestion durable est alors apparue comme une solution séduisante permettant de marier mise en valeur de la forêt correspondant aux nécessités socio économiques et conservation destinée à protéger le patrimoine forestier et les besoins des générations futures (ATIBT, Paris, 2001).

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Cette conférence, connue également sous le nom de Sommet de la Terre a vu l’émergence d’une série de principes dont un grand nombre concernant le secteur forestier. La première étape pour mettre en œuvre ces principes est pour chacun d’eux, l’élaboration de critères et indicateurs.

Les principes, Critères et Indicateurs de Gestion Durable des Forêts (PCI de GDF)3 :

Définition et objectifs - Définition Prabhu et al. (1998) donnent des Critères et Indicateurs la définition suivante : « Les C & I sont des outils d’évaluation des tendances constatées dans l’état des forêts et leur gestion. Ils vont bien au-delà d’une évolution de la production soutenue de bois, c’est une véritable évaluation des forêts en tant qu’écosystèmes avec toutes leurs fonctions environnementales et sociales, et pas seulement économiques. Les C&I constituent un cadre commun de travail pour décrire, surveiller et évaluer les progrès effectués en direction d’une gestion forestière durable et, implicitement, la définir.

Le rôle principal des critères et indicateurs est de servir d’outil d’évaluation. Leur importance est à deux volets : ils permettent d’aider à identifier les éléments constituant l’aménagement durable des forêts et à mesurer et évaluer les progrès réalisés vis-à-vis des objectifs nationaux.

Les critères et indicateurs ont pour objet de favoriser une compréhension commune de l’aménagement durable des forêts à l’échelle mondiale régionale ou nationale. Ensemble, ils forment un cadre servant à rendre compte de l’état des forêts et des activités de gestion, et à faire valoir périodiquement les progrès accomplis. Ils visent en autres :  à faire mieux comprendre l’aménagement durable des forêts ainsi qu’à exposer et à évaluer les progrès réalisés à l’échelle nationale ;  à servir de point de référence pour l’établissement de politique de conservation, de gestion et de développement durable des forêts ;  à établir des concepts et des termes facilitant le dialogue dans le pays et au niveau international sur l’aménagement durable des forêts ;

3 Voir PCI de GDF/OAB (aspects sociaux) adaptés au contexte gabonais par le GNT GABON.

21  à améliorer l’information accessible au public et aux décideurs. Ainsi, l’aménagement forestier constitue la phase de réalisation concrète de la gestion durable sur le terrain par référence à un set de Principes, Critères et Indicateurs de GDF.

- L’aménagement forestier : instrument fondamental de la gestion durable des forêts Comme l’écrit Jean DUBOURDIEU (1997) : "Le terme aménagement forestier désigne la démarche la plus importante de la gestion forestière : l’ensemble des analyses, puis des synthèses et des choix qui, périodiquement, organisent les actions à conduire sur le domaine géré afin de les rendre cohérentes et efficaces. Tirant les leçons du passé, envisageant les changements possibles dans le futur, l’aménagement forestier s’efforce d’orienter l’évolution de la forêt de façon qu’elle réponde toujours mieux aux multiples aspirations des hommes et que toutes ses ressources soient préservées".

La critique est souvent faite au forestier de concevoir l’aménagement forestier uniquement sous l’angle de la production de bois. Pour mieux inclure la vision actuelle du développement durable telle que traitée plus haut, l’Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) a introduit la dénomination "aménagement durable des forêts". Pour cette organisation, l’aménagement durable d’une forêt est le : « Processus de gestion de la forêt en vue d’atteindre un ou plusieurs objectifs clairement identifiés concernant la production d’un flux continu de biens et services sans réduction de ses valeurs inhérentes ni de sa productivité future et sans effets indésirables sur l’environnement physique et social ».

L’aménagement durable des forêts qui doit prendre en compte les grands principes de gestion durable définis internationalement et déclinés en critères et indicateurs (différentes listes de PCI sont aujourd’hui disponibles OIBT, OAB, CIFOR, FSC…) constitue donc le véritable outil de la praticabilité du concept de gestion durable des forêts sur le terrain.

Sur la base de ses engagements internationaux, le Gouvernement gabonais a clairement affiché sa détermination à réaliser la gestion durable de la forêt.

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- Contexte et objectifs de la gestion durable des forêts au GABON Au Gabon, l’aménagement durable des forêts répond à l’engagement national souscrire aux conclusions de CNUCED de Rio en janvier 1992 pour une gestion durable des ressources de la planète. Cet engagement est conforme aux conclusions de la Conférence Silva de Paris en 1984, à celles du rapport Bruntland de 1987, ainsi qu’à celles des derniers Congrès Forestiers Mondiaux de Paris en 1991 et d’Antalya (Turquie) en 1996.

Il fait suite à la signature par le Gabon de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES), de l’Accord International sur les Bois Tropicaux (AIBT). Il constitue la suite logique de l’engagement international du Gabon de ne plus mettre sur le marché que des produits forestiers provenant de forêts aménagées selon les principes de développement durable, conformément à l’Objectif An 2000 de l’OIBT. Le Gabon s’est donc doté d’un schéma directeur d’aménagement durable des forêts avec l’assistance financière de l’OIBT, et l’assistance technique de l’INRA-Nancy (Jean BAKOUMA, 1999).

Transformer une exploitation rentière de prélèvement incontrôlé et anarchique en une exploitation aménagée et rationnellement gérée, est le projet de long terme en cours de réalisation. Ce projet comporte deux préoccupations : un souci écologique cherchant à lutter contre le déboisement et l’exploitation anarchique et visant à garantir le renouvellement de la forêt, et un souci économique fondé sur l’inquiétude des risques d’épuisement des ressources forestières, et finalement des gains financiers que l’aménagement pourrait apporter à 1’Etat via l’exploitation. La politique d’aménagement entend amener l’exploitation forestière à une gestion des ressources sur 30 ans au lieu de 10 actuellement.

La nouvelle stratégie du Gouvernement du Gabon vise la constitution d’un domaine à vocation forestière permanente de 12 millions d’ha, dont 8 millions d’ha en forêt de production et 4 millions d’ha en aires protégées (forêts de protection, parcs nationaux, réserves naturelles intégrales et aires d’exploitation rationnelle de la faune, etc.). L’ensemble des forêts de production soumises à des exploitations devra être doté d’un plan d’aménagement forestier durable présenté par les exploitants forestiers et approuvés par le Ministère des Eaux et Forêts et du Reboisement.

23 Cette politique volontariste de Gestion Durable des Forêts (GDF) se trouve très clairement exprimée dans le Code forestier promulgué en novembre 2001. Le Code Forestier favorise l’aménagement par la création d’un permis unique d’exploitation. Celui-ci va comprendre des Concessions Forestières sous Aménagement Durable (CFAD), d’une superficie de 50.000 à 200.000 hectares et sa durée sera de 20 à 25 ans renouvelables. A l’obtention de son permis, l’exploitant devra remettre son propre plan d’aménagement avant de recevoir l’autorisation du Comité interministériel d’exploiter.

Sans attendre la promulgation de la loi, certains opérateurs forestiers notamment les grands groupes installés au Gabon se sont lancés dans le processus d’aménagement durable des forêts. Et à ce jour, deux plans d’aménagement sont actuellement mis en œuvre par deux sociétés forestières de la place, six autres sont en préparation. Ce qui fait dire à B. O’HEIX : "A ce jour, de par l’engagement du Gouvernement et les initiatives précoces de certains opérateurs forestiers privés, le Gabon paraît se retrouver face à son destin de modèle pour la région du Bassin du Congo. La mise en place de la GDF gabonaise est en voie de dépasser l’état de prémices et une situation favorable à la réduction des effets externes négatifs de l’exploitation minière de la forêt se dessine. Pour autant, la réduction des effets externes induits par la mauvaise gestion forestière ne saurait gagner sa pleine efficacité par la mise en place d’une bonne gestion dans un système où les deux options cohabitent de façon prolongée. Une telle situation donnerait de façon permanente une incitation aux pratiques de mauvaise gestion (plus lucratives puisque moins coûteuses et induisant un avantage compétitif)" (B. O’HEIX, 2001).

L’Etat gabonais a semble-t-il bien saisi les enjeux et les conditions de la mise en place d’une politique de gestion durable : soit l’aménagement de l’ensemble des forêts de production sur la totalité de son territoire et pour l’ensemble des types de permis existants. De nombreux indicateurs permettent d’envisager un aménagement de près de 8 millions d’ha de forêts avant l’horizon 2005-2008.

La pierre de touche de cette réalisation sera néanmoins la capacité des Petites et Moyennes Entreprises Forestières à s’engager dans le processus d’aménagement forestier. Car comme on peut le lire dans l’étude réalisée pour le SYNFOGA (Nov. 2001). "Aujourd’hui, les PMEF ne sont pas en mesure de répondre aux exigences de la gestion durable des forêts. Elles opèrent souvent en marge de la loi (pratique des coupes familiales).

24 Si elles contribuent ainsi à la dégradation accélérée de la zone côtière, elles n’en constituent pas moins des acteurs clef pour participer à une meilleure gestion de ces zones et pour répondre parallèlement aux attentes des populations (retombées de l’exploitation forestière, revenus des coupes familiales, conflits fonciers…). De nombreuses contraintes et charges gênent ou paralysent ces PMEF pour s’impliquer dans le processus de la gestion durable, qui vont nécessiter des appuis et des aides diverses.

Ainsi, la gestion durable est bien devenue une réalité dans le secteur forestier mais, il se pose encore le problème de l’implication de tous les acteurs forestiers notamment les PMEF et les populations."

25 Introduction

Le présent document constitue le rapport final de l’analyse de l’environnement socio- économique de l’Unité Forestière d’Aménagement – UFA1 LEROY GABON (termes de référence en Annexe 1). Il résulte d’une enquête réalisée auprès des populations habitant dans ou à la périphérie de l’UFA1 depuis le mois d’avril 2001 et s’inscrit dans la préparation du plan d’aménagement.

Il est destiné à éclairer l’entreprise et l’aménagiste sur les relations société (populations) – forêt afin de permettre l’identification des conditions d’intégration de l’aménagement dans le contexte socio-économique existant.

- Organisation et réalisation de l’étude

Rappel : le processus d’aménagement durable des forêts Le concept et la démarche d’aménagement faisant partie des innovations introduites par le Code Forestier (cf. ci-dessus). Il n’est pas superflu de rappeler ce qui suit : "L’aménagement d’une forêt de production a pour principal objectif la récolte équilibrée, soutenue et durable de produits forestiers, à partir d’une exploitation forestière à impact réduit, programmée et planifiée, assise sur un massif permanent, tout en assurant le maintien du patrimoine et des fonctions sociales et écologiques de la forêt " (J. ESTEVE et al. 2001) .

L’aménagement, c’est aussi l’aboutissement par consensus d’un processus de concertation et d’arbitrage entre les différents partenaires. L’aménagement c’est enfin un document (le plan d’aménagement) outil de référence et de gestion qui fixe un programme d’action à moyen terme, pratique et réaliste, sur le plan social, technique et financier. Les objectifs recherchés par le plan d’aménagement peuvent se transcrire sous différents volets notamment les volets forestier, socio-économique, écologique, gestion de l’entreprise, recherche – développement, formation… Le déroulement de la préparation du plan d’aménagement passe d’abord par une partie descriptive et analytique portant sur la situation et les caractéristiques du massif à aménager, puis sont exposés et analysés l’environnement socio-économique et les composantes du milieu naturel.

26 Le gestionnaire devra aussi se livrer parallèlement à une analyse des marchés régional et international. Les études précédentes et surtout les résultats de l’inventaire forestier permettront ensuite de définir les paramètres décisifs quant à la teneur du plan d’aménagement proprement dit.

Le volet socio-économique dans l’aménagement durable des forêts S’agissant précisément du volet socio-économique pour ce qui nous intéresse ici l’analyse du milieu humain vise pour objectifs principaux : - La prévention et la gestion alternative des conflits par la connaissance de l’organisation sociale, des institutions et, organisations locales compétentes en matière foncière et en matière de règlements de conflits ; par la prise en compte des modes traditionnels d’appropriation de la forêt, des droits et usages y compris culturels des populations et par la coordination ou l’intégration des différents usages de la forêt (agriculture, chasse, sites culturels, exploitation forestière…) ; - Le maintien et la poursuite de l’exercice des droits coutumiers des populations sur la forêt ; - L’amélioration des conditions de vie et de bien-être des populations locales et de la main d’œuvre de l’entreprise ; - L’appui à l’organisation et au développement d’activités socio-économiques ; - La mise en place d’un cadre de concertation entre l’entreprise et les populations ; - La définition d’un cahier de charges prenant en compte les mesures pour contrôler le braconnage, stabiliser l’agriculture le cas échéant ; la contractualisation des différents usages dans la forêt par les différents acteurs ayant des intérêts dans le massif forestier et la conclusion d’accords spécifiques de gestion ; - L’appui au développement local, la sécurisation du massif forestier aménagé contre toute forme d’agression humaine.

- Méthodologie générale de l’étude Pour atteindre les objectifs généraux rappelés ci-dessus et les objectifs spécifiques de l’étude précisés dans le cahier des charges (Annexe 1), l’étude a été essentiellement menée à partir d’une enquête de terrain complétée par la collecte d’informations bibliographiques sur la démographie et l’anthropologie des populations de notre zone d’investigation.

27 - Préparation des documents de travail L’équipe de chercheurs du CURFOD s’est d’abord attachée à définir le champ de l’étude et à préparer les documents de travail ci-après :

→ Point sur les études existantes Recherche bibliographique et analyse documentaire des études de base disponibles sur les populations de la zone (études ethnographiques, études socio-économiques, rapports d’ONG, rapports d’étudiants etc.…..) ; sur la société forestière LEROY GABON et sur l’exploitation forestière au Gabon puis établissement d’une revue bibliographique (document : Rose ONDO et Alfred ASSOUMOU , mars 2002).

→ Elaboration d’un fond de carte Confrontation des diverses cartes relatives aux établissements humains dans la zone d’étude et établissement d’un fond de carte qui a servi à la réalisation d’une carte de l’occupation humaine de l’UFA1 et d’une carte des finages villageois (cf. infra).

→ Analyse de l’évolution de la population Documentation sur la population des villages et regroupements disponibles, qui ont été complété et/ou actualisé par un dénombrement complet de la population dans les villages visités et élaboration d’un tableau sur l’évolution de la population de la zone (cf. tableau n° 4). Ces informations ont ensuite servi à l’échantillonnage des ménages qui ont été touché par l’enquête auprès des ménages.

→ Préparation des questionnaires Préparation de quatre questionnaires types, récapitulant les principales informations recherchées dans chaque village :

- Organisation sociale, mode d’appropriation de la forêt, droits et usages de la forêt, chefferie et institutions locales, besoins collectifs (questionnaire village), - Conditions de vie, activités économiques (questionnaire ménage), - Dénombrement et caractéristiques de la population (fiche recensement), - Localisation village, modes et voies d’accès, infrastructures et équipements existants, autorités politiques et administratives, institutions et organisations locales type d’habitat (fiche de renseignement sur le village).

28 → Guide méthodologique pour l’identification et la délimitation des finages villageois Préparation d’un guide méthodologique pour l’identification et la délimitation des finages villageois et formation à l’utilisation du GPS. Cette méthode de travail a permis le relevé de coordonnés GPS dans le finage villageois, qui ont servi à l’élaboration de carte de finage par village et d’une carte synthèse des finages villageois de l’UFA1.

→ Guide méthodologique pour le tirage de l’échantillon de ménages par village Préparation d’un guide méthodologique pour le choix des ménages faisant partie de l’échantillon touché par l’enquête auprès des ménages (tableau n° 1). L’échantillon de ménages a été constitué, à partir de la base de sondage représentée par les données sur les ménages et la population des villages et regroupements (RGPH, 93), le nombre de ménages retenu par village figure dans le tableau n° 1 ci-dessous, il représente 20% du total des ménages par village.

→ Mémo d’information sur les problématiques induites par le nouveau code forestier Préparation d’un mémo d’information sur la problématique introduite par le volet socio- économique dans l’aménagement durable des Forêts (cf. infra).

→ Méthode de travail Après avoir testé la méthode de travail dans trois villages, les enquêtes ont été conduites par deux équipes de quatre enquêteurs chacune travaillant simultanément dans deux villages différents. Ces équipes ont été placées sous la supervision d’un chercheur du CURFOD. Des réunions avec la direction de LEROY GABON et des rapports ont été opérés une fois par mois afin de faire le point de l’état d’avancement des travaux et le cas échéant programmer des actions complémentaires. A la fin de la collecte des données sur le terrain, le traitement informatique de celles-ci a été réalisé par les chercheurs du CURFOD ; puis a suivi la rédaction du rapport provisoire. Ce dernier a été présenté au cours d’une réunion avec la Direction de LEROY GABON et le Bureau d’Etudes SYLVAFRICA. Le présent document tient compte des observations, des remarques et amendements qui y ont été apportés.

29 → Echantillonnage des ménages Tableau n° 1 : Echantillon de ménages dans les villages de l’UFA1 Nombres de Ménages Villages Echantillon BOULEMBO 3 BOUPOUNDZA 3 BOUSSIMBE 2 DILANDA 1 DIVINDE 9 DIANGUI 5 INDZAMBO 9 IWATSI 5 MAVANGA 4 MALONGO 2 MOUDOUMA 1 2 MOUDOUMA 2 1 MOUDOUMA 3 ( OUBENDJI ) 3 MOUKANDI 5 MOUNONGO 4 MAYENGUE 5 MANDJI 13 OUBAYI 1 POUNGOU 2 SOGHA 9 MASSUKU 1 Total : 89

N.B. : les données sur le nombre total des ménages âgés par village étant incomplet, nous avons procédé par estimation une fois sur place.

→ Enquête dans les villages  Durée La mission sur le terrain s’est déroulée dans la période allant d’avril à juin 2001 avec un séjour supplémentaire en décembre. Elle a duré environ 60 jours.  Champ d’étude Les villages visités sont répartis dans deux provinces : l’OGOOUE LOLO et la NGOUNIE. Trois cantons sont essentiellement concernés par l’étude LOLO WAGNA et OFFOUE dans l’OGOOUE LOLO ; Haute DIKOBI dans la NGOUNIE.

30 Ce sont les 21 villages de l’UFA1 et 89 ménages sélectionnés dans ces différents villages qui ont été touché par l’enquête.  Déroulement de l’enquête L’enquête s’est déroulée à deux niveaux : celui du village et celui de "l’extérieur" au village * Enquête à l’échelle du village - interview de groupe L’enquête à l’échelle du village a consisté en une interview de groupe dans les 21 villages, interview réalisée à l’aide du questionnaire village (cf. ci-dessus). Les réunions organisées à cet effet ont eu lieu avec les chefs de clans : notables du village au côté desquels on notait la présence des chefs administratifs du village. - Dénombrement de la population et passation du questionnaire auprès des ménages Outre la réalisation d’interview de groupe, l’enquête à l’échelle du village a été également marquée par le dénombrement de la population à l’aide d’une fiche de recensement (cf. ci- dessus) et par la passation d’un questionnaire (cf. ci-dessus) auprès des ménages.

* Enquête à l’extérieur du village L’enquête à l’extérieur du village a été essentiellement conduite auprès des responsables de l’administration locale et auprès de la direction de site à Gongue. Les entretiens avec ces différents responsables et autorités ont porté sur les relations entre l’entreprise forestière LEROY et les autres acteurs (administration, population, projets de conservation….).

 Difficultés rencontrées Aucune difficulté majeure n’est à signaler concernant le déroulement de l’enquête, tant du point de vue de l’accessibilité des villages que de l’accueil et de l’intérêt manifesté par les villageois. La direction de site a mis à notre disposition un véhicule avec chauffeur pour nos déplacements dans les villages et l’accueil qui nous a été réservé était des plus cordiaux à l’exception toutefois de POUNGA, INDZAMBO et MOUDOUMA 2 où nous avons enregistré des cas de refus. Néanmoins, on peut craindre que notre passage ait fait naître des "faux espoirs" sur une amélioration significative des conditions de vie et du niveau de revenus dans un proche avenir. Cela tient au fait que la démarche d’une enquête scientifique reste encore confondue avec la propagande électoraliste des hommes politiques.

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- Analyse des données Les données recueillies sur le terrain ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS 10.0 pour Windows. Le caractère incomplet des données de l’enquête auprès des ménages a conduit à renoncer à l’élaboration de statistiques par référence aux 89 ménages enquêtés. Les 21 villages ont ainsi par défaut servi de base au calcul de pourcentages. L’analyse des données a été faite à partir des grands thèmes retenus pour l’enquête, en tenant compte de la nécessité d’établir des relations entre ces thèmes et les différentes variables qui les composent. Cette démarche visait à rendre l’analyse plus dynamique et plus qualitative, permettant d’approfondir les différents aspects des relations entre les populations et leur environnement et d’en dégager les grandes tendances. Les cartes de finage ont été réalisées à l’aide des logiciels Map-Info et Arcvius.

- Présentation des résultats Le rapport comporte trois tomes : - le premier tome est consacré aux résultats de l’enquête dans les villages ; - le deuxième tome traite des conditions de travail, de sécurité et de vie du travailleur chez LEROY GABON ; - le troisième tome présente une fiche de renseignements et une carte de finage pour chacun des 21 villages visités

En dehors de la présente introduction, le premier tome comprend 8 parties. 1- Présentation générale de la zone de l’UFA1 LEROY GABON. 2- Composition ethnique. 3- Organisation sociale et villages de l’UFA 1. 4- Droits anthropologiques et droits d’usage coutumiers. 5- Situation économique et utilisation des ressources. 6- Conditions de vie des populations locales dans l’UFA1. 7- Relation entre parties prenantes au sein de l’UFA1. 8- Synthèse et recommandations. Conclusion

32 - Problématique introduite par les dispositions du nouveau Code Forestier sur l’Aménagement durable des forêts (volet socio-économique)

Le nouveau Code Forestier entend parvenir à la gestion durable des forêts, grâce à la mise sous aménagement des concessions forestières (CFAD). La préparation et la rédaction du plan d’aménagement et des plans d’action sont normalement du ressort de l’Etat (propriétaire de la forêt), mais ce dernier a choisi de déléguer totalement cette responsabilité au gestionnaire.

■ Les actions imposées par l’aménagement (volet socio-économique)  La conduite d’études et la production de documents techniques : analyse socio- économique et plan d’action sociale, micro-projets (appui au développement local) ;  Cartographie des finages villageois, délimitation et affectation d’espaces à vocation exclusive (agriculture, forêt sacrée, arbres à valeur culturelle, vieux villages, cimetière sites d’initiation, sites interdits….) ;  Concertation et collaboration avec les autres parties prenantes (parmi lesquelles les populations au sein d’instance, locale et signature d’accords de gestion (cahier de charges) définissant les responsabilités et les droits de chacun.

■ Les implications  En terme de coût Le coût des enquêtes socio-économiques dans le cadre de l’aménagement réalisées par les grandes sociétés est de l’ordre de 2.700.000 F.CFA par village. Il s’agit simplement d’un ordre de grandeur fortement variable avec les conditions de terrain et de logistique. Il faut ajouter le financement des actions prévues dans le plan d’action social, (contribution financière à verser par l’exploitant dans le cadre de l’appui au développement local, disposition du Code Forestier). On peut également prévoir les coûts liés à la préparation du partenariat, à la conduite de négociation, à la conclusion d’accords de gestion et à leur mise en œuvre.

 En terme de ressources humaines Toutes ces nouvelles tâches demandent des compétences à former au sein de l’entreprise ou à rechercher par ailleurs. On peut citer en particulier les postes suivants : un socio-économiste,

33 un facilitateur environnemental, un spécialiste en micro-projets, un spécialiste en management des associations et groupements économiques, un technicien polyvalent en agriculture et développement rural….

■ Analyse des atouts et contraintes des concessionnaires dans la mise en œuvre de l’aménagement.

→ Conditions favorisant l’aménagement durable des forêts * Politique et cadre juridique Pour assurer un aménagement forestier durable, il est important que les ressources forestières, en particulier les forêts du domaine permanent, soient protégées contre l’envahissement et qu’elles soient aménagées selon les meilleures pratiques, incluant la participation des communautés locales dépendantes de la forêt. Cette condition est remplie par l’existence et la mise en œuvre d’un cadre de lois, de politiques et de règlements adaptés. Le cadre juridique au Gabon repose sur trois grands piliers : le Code Forestier, la loi 16/93 relative à la protection et à l’amélioration de l’environnement et les lois 14/63 et 15/63 régissant le régime foncier. A l’heure actuelle, dans le domaine de la gestion de forêts, en vertu de son droit régalien, l’Etat dispose à la fois des prérogatives de propriétaire, de protecteur, de gestionnaire des ressources.

Ce monopole se traduit par une double action de dépossession et de répression des populations. La dépossession est manifeste dans la législation qui fait de l’Etat le propriétaire exclusif de tout. Elle confère à l’Etat le rôle d’encadrement permanent et omniprésent. C’est lui qui détient la forêt et c’est encore lui qui s’en réserve l’usage, c’est aussi lui qui réprime les infractions et les entraves aux normes qu’il édicte. Toute la machine répressive est déployée par l’Etat. Dans la plupart des conflits qui l’oppose directement ou indirectement aux populations, il est à la fois juge et partie. L’administration forestière est plus une administration de répression qu’une administration de développement. Il y a donc une action manifeste de la capacité des populations à gérer convenablement et durablement la forêt. La prise en main de toutes les activités liées à la gestion et à l’exploitation forestière par le seul Etat réduit les populations à un rôle passif, symbolique et contemplateur.

34 Cette situation a entraîné l’émergence des attitudes de défiance des populations à l’égard de l’Etat. Et on assiste sur le terrain à la récurrence des conflits entre ces dernières et les exploitants forestiers perçus dans l’imagerie populaire comme les alliés ou mieux les complices de l’Etat.

D’une manière générale, le cadre juridique existant, malgré les quelques évolutions enregistrées dans le nouveau Code Forestier, reste inadapté à l’implication des populations locales dans l’aménagement et à la concertation entre les différents acteurs du secteur forestier. On note entre autres : - Codification insuffisante en matière de droits et obligations des différents acteurs (sociétés forestières, Etat) dans les différents espaces forestiers vis-à-vis des populations locales ; - Hétérogénéité et inarticulation des régimes juridiques qui organisent la gestion forestière et la propriété foncière ; - Non prise en compte des droits anthropologiques, culturels et savoirs des populations ; - Absence d’un cadre institutionnel ou autre de concertation entre les différents acteurs de la gestion forestière (Etat, opérateurs économiques, populations locales, ONGs, organismes internationaux).

Outre, le monopole de l’Etat dans la gestion forestière, on note : - Marginalisation des ruraux dans la distribution de la rente forestière L’exploitation forestière produit de l’argent, et l’Etat capte seul toute la rente forestière, il n’y a pas de reversement direct ou indirect aux populations forestières d’une partie des revenus procurés par l’exploitation forestière. La réalité est là : les populations forestières ne tirent aucun profit durable de l’exploitation de "la forêt".

Au-delà de la main mise de l’Etat sur la rente forestière, l’un des déterminants majeurs de la marginalisation des ruraux est l’existence de ce que Jean Christophe CARRET a défini comme un réseau autonome de circulation de la monnaie qu’il a appelé « l’extérieur à l’entreprise et à l’Etat».

Etudiant la relation village-entreprise forestière à POKOLA, Jean Christophe CARRET écrit : « Les entreprises forestières qui opèrent en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale

35 présentent toutes, à des degrés divers une singularité de fonctionnement que l’on peut résumé de la façon suivante : « elles utilisent une partie significative (autant que la part captée par l’Etat au moyen de la fiscalité forestière) de la rente différentielle forestière pour alimenter un réseau autonome de circulation de la monnaie… ». Ce réseau autonome de circulation de la monnaie est appelé par l’auteur « l’extérieur à l’entreprise et à l’Etat ». Il est défini comme « l’ensemble des gens qui sont nécessaires à la perpétuation des entreprises ».

Pour Jean Christophe CARRET « l’espace de perpétuation ainsi défini est un espace de circulation qui dépasse largement le cadre de l’entreprise et implique des individus qui ne participent ni de près ni de loin à la production ». L’ensemble des individus qui composent cet espace « peut être regroupé en catégories que l’on dira " sociales" ».

« On peut de ce point de vue classer les entreprises en deux sous-ensembles. Le premier ensemble qui concerne les entreprises opérant dans les régions isolées de l’Afrique Centrale est en relation pour l’essentiel avec le village ouvrier… L’autre ensemble d’entreprises est en générale situé dans une région qui n’a pas seulement vocation forestière ; la grande ville, voire la capitale du pays n’est jamais loin. Dans ce cas de figure, l’espace de perpétuation effectuent aussi par l’intermédiaire de leur siège social qui se trouve dans la capitale, des paiements à des agents administratifs de l’Etat central »

- Cadre économique

La disponibilité de ressources financières ainsi que d’incitations et d’instruments économiques adaptés à la promotion et au soutien de l’aménagement durable des forêts, constituent l’une des conditions primordiales du succès de l’aménagement forestier durable. Les procédures et incitations suivantes sont jugées essentielles :

 Code des investissements garantissant un cadre incitatif favorable aux entreprises forestières ;  Fiscalité incitative à l’aménagement ;  Accessibilité du crédit pour toutes les catégories d’entreprises (grosses, PME, etc.) ;  Concertation en vue de la planification des activités (plan de gestion) ;  Partage du pouvoir et des responsabilités dans la gestion (Conseil de gestion) ;

36  Reversement direct d’une partie des revenus aux communautés locales.

Présentement, les instruments économiques et incitations propres à encourager l"’aménagement forestier durable au Gabon sont généralement perçus comme déficients. Le Gouvernement gabonais est conscient de cette problématique et entend mettre en place des instruments économiques adéquats susceptibles de favoriser, d’une part, la gestion durable des ressources forestières et, d’autre part, la création d’un tissu industriel performant et capable de transformer une proportion croissante des bois en grume. Le nouveau Code Forestier prévoit la création d’un fonds forestier ayant pour mission de financier, entre autres, les opérations d’aménagement. La politique fiscale est présentement en cours de révision.

Concernant le volet socio-économique, les innovations apportées par le nouveau Code Forestier, dans le but d’assurer aux populations une part (destinée au développement local) dans les revenus forestiers sont certes salutaires, mais sont nécessairement porteuses de nouveaux types de conflits dans la situation actuelle marquée par la quasi-absence d’institutions et d’organisations locales adaptées.

En outre, ces innovations suscitent un certain nombre d’interrogations : Les actions de développement local ainsi financées sont-elles complémentaires de celles planifiées et réalisées par l’Etat ou bien elles traduisent la démission totale de l’Etat face à ses obligations en zone rurale ? Dans tous les cas, ces innovations sont perçues par les concessionnaires comme des surcoûts de l’aménagement qui devraient être supportés par l’Etat.

Le secteur forestier apporte une contribution significative au PIB (cf. tableau n° 2 ci-dessous), l’Etat capte seul la rente forestière. Il n’y a pas de reversement direct ou indirect d’une partie de cette rente aux populations forestières.

Tableau n° 2 : Contribution du secteur forestier au PIB Année PIB (milliards F.CFA Secteur forestier (milliards F.CFA 1997 2800 120 1998 2490 100 1999 2480 100 2000 2500 100 Source : manuel des critères, indicateurs de Gestion Durable des Forêts. DIARF, 2001

37 - Cadre institutionnel Il est important que les institutions adéquates et le personnel qualifié soient en place pour entreprendre des pratiques d’aménagement durable des forêts conformes aux connaissances et au savoir-faire scientifique les plus récents. Ceci est d’autant plus pertinent que l’aménagement durable des forêts nécessite une approche multidisciplinaire afin d’assurer la production soutenue de biens et services tout en minimisant les effets indésirables sur l’environnement, la perte de la diversité biologique et assurant la collaboration et la participation de tous les acteurs.

A l’heure actuelle, les différents intervenants ne disposent pas d’outils, de technologie appropriée, de personnel professionnel et technique spécialisé à tous les niveaux pour effectuer et soutenir l’aménagement, sa mise en œuvre, son contrôle et son suivi.

Le volet socio-économique est particulièrement touché par ces carences. Devant l’insuffisance notoire de spécialistes en foresterie sociale et communautaire, en gestion participative, en gouvernance environnementale… l’analyse de l’environnement socio-économique est souvent minimisée, parfois même brocardée.

- Sécurisation des Ressources Forestières L’aménagement forestier durable est une entreprise à long terme qui dépend essentiellement de la stabilité et de la sécurité du couvert forestier d’un pays. Il convient de souligner l’importance de l’existence d’un plan général d’occupation du sol pour assurer l’aménagement durable des forêts, en particulier le domaine forestier permanent par rapport à d’autres secteurs de l’économie.

Le Gabon s’est donné comme objectif la définition d’un domaine forestier permanent de 12 millions d’hectares parmi lesquels 8 millions d’hectare constitueront le domaine de production de bois d’œuvre et 4 millions d’hectares seront érigés en aires protégées pour la conservation de la biodiversité. Dans ce cadre, les limites extérieures du domaine forestier permanent devront être clairement définies, bornées et cartographiées.

L’information reste à acquérir. Le domaine forestier permanent est en cours de définition. Sur le plan technique, il faut finaliser le plan d’affectation des terres pour tout le territoire forestier

38 et envisager le zonage, en considérant l’implication des parties prenantes, en utilisant des outils de la géomatique et en procédant à la ratification légale des affectations retenues. A l’heure actuelle, aucune limite n’est matérialisée puisque les limites du domaine forestier permanent ne sont toujours pas connues et validées par le Gouvernement.

La délimitation du domaine forestier permanent constitue aujourd’hui une urgence avec la partition du domaine forestier national en domaine forestier permanent de l’Etat et domaine forestier rural (nouveau Code Forestier). Cela d’autant que l’ancienne comme la nouvelle loi n’a pas non plus clairement résolu la question de la réservation d’une bande de 5 km de part et d’autre des voies de communication dites "classées" ou autour des villages. L’interprétation de cet article par les populations concernées s’est dangereusement orientée vers une généralisation, au point de remettre en cause les délimitations réelles des zones exploitables accordées aux titulaires de permis. A noter que les situations conflictuelles qui en résultent concernent autant tous les types d’attributaires, avec 3 conséquences : → Cette pratique a d’ores et déjà crée une situation de fait, qui renforce dans l’esprit des villageois les convictions de leurs droits sur ces zones, et sur laquelle il sera difficile de revenir. Si les occupants de la zone ne sont pas toujours les bénéficiaires directs du revenu d’exploitation de ces zones, ils servent de prête nom à des intérêts divers pour dégager un revenu qui peut s’avérer intéressant s’il est démultiplié ; → Les surfaces considérées ainsi acquises par les villageois viennent dans de nombreux cas lourdement pénaliser les surfaces productives attribuées aux titulaires de permis (CFAD ou PFA) ; → L’augmentation significative des superficies des "forêts dites communautaires" ainsi acquises, et dans lesquelles s’effectue l’essentiel des coupes familiales, a généré récemment une exploitation anarchique de ces zones, en totale contradiction avec les principes mêmes de la gestion durable des forêts (SYNFOGA, 2001).

En définitive, au titre des contraintes on relève : - Absence d’un cadre juridique adapté ; - Insuffisance des incitations économiques ; - Inadéquation du cadre institutionnel ; - Carence en personnel qualifié spécialisé ; - Non-sécurisation du domaine forestier permanent de l’Etat.

39 L’ensemble de ces carences reflète bien le décalage entre le cadre juridique et institutionnel de la gestion forestière existant et les nouveaux principes de gestion durable. Ceci crée des situations qui risquent de gêner considérablement la mise en pratique de l’aménagement durable des forêts si et seulement si l’environnement socio-économique est porteur.

Le présent travail porte précisément sur l’analyse de l’environnement socio-économique de l’UFA1 LEROY GABON. Il tente d’apporter une réponse à la question : comment parvenir à l’intégration de l’aménagement de l’UFA1 dans le contexte socio-économique local ?

Figure n°1 : carte de l’UAF 1

40 CARTE DE L’UFA 1

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1- Présentation Générale de la zone d’aménagement UFA1 LEROY-GABON

1.1 : Organisation administrative Les grandes unités administratives dont fait partie l’Unité Forestière sous Aménagement (UFA1) LEROY GABON sont les provinces de Ogooué Lolo et de la Ngounié.

1.1.1 : Les provinces de l’Ogooué Lolo et de la Ngounié 1.1.1.1 : La province de l’Ogooué Lolo D’une superficie de 25.380 km², la province de l’Ogooué Lolo est subdivisée en quatre départements qui comptent au total douze cantons. Comme les autres provinces du Gabon, elle est placée sous l’autorité d’un Gouverneur. Cinquième province par sa superficie, l’Ogooué Lolo est vraisemblablement la première province forestière du Gabon au regard du nombre de sociétés forestières que l’on y trouve ; environ une dizaine.

1.1.1.2 : La province de la Ngounié Troisième province du Gabon par sa superficie : 37.750 km², la Ngounié compte neuf (9) départements renfermant au total vingt neuf cantons. Comme dans l’Ogooué Lolo, l’activité forestière y est très florissante. La ville de Mouila qui est le chef lieu de province constitue le lieu de résidence du Gouverneur.

Les départements L’UFA1 dépend administrativement des départements de Lolo Bouenguidi et Offoué-Onoye dans la province de Ogooué Lolo ; et Ogoulou dans la province de la Ngounié. Ces départements sont placés sous l’autorité d’un préfet.

Les districts Koulamoutou et Iboundji dans la province de l’Ogooué Lolo, et Mimongo dans la province de la Ngounié englobent le territoire de l’UFA1 dans leurs zones d’influence. Ces districts sont placés sous l’autorité d’un sous préfet.

42 Les cantons L’UFA1 coïncide pour l’essentiel avec les cantons Offoué et Onoye du Département Offoué- Onoye. Ces derniers totalisent dix huit regroupements et villages. Il faut y ajouter le canton Lolo Wagna dont un des villages se trouve dans l’UFA1. Il en est de même du canton Haute Dikobi dans la province de la Ngounié qui compte trois regroupements dans l’UFA1. Les cantons sont placés sous l’autorité d’un chef de canton.

43 Les regroupements et villages Tableau n° 3 :Regroupements et villages simples de l’UFA1 Nom du village ou du regroupement Villages composant le regroupement Boulembo Boulembo, Mandji, Ivambala (Otayo) Boupoundza Boupoudza, Poungou Boussimbi Boussimbi, Diangui Dikouka-Mounongo Dikouba-Mounongo, Kanda, Boussouka, Dipouya, Diyassa Divindé Divindé, Mogadi, Boupoundza Idzambo Idzambo, Noumbo, Mahadi, Ndimbou, Mouboughou Iwatsi Iwatsi, Malébé, Tsengui Mandji, Kanda, Benga-Puvi, Benga-Kélé, Mougnougou, Boundji, Ossono, Tsamba, Domassi, Komi, Dingui, Pata, Mandji Moukoungou, Massuku Massuku, Malongo, Dilanda Mavanga Mavanga, Tembé, Oubendji, Ngoumbi Mayengué Mayengué, Mbogou, Mimongo Moudouma Moudouma 1, Moudouma 2, Moudouma 3 (Oubendji) Moukandi Moukandi, Moughounda, Mbila, Boutoumbi Oubayi Oubayi, Pounga, Mimongo, Massenglani Poungou Village simple Sogha Sogha, Ramba, Ighouma, Makadioum Source : Enquête CURFOD 2001.

44 Comme le montre le tableau n° 3, l’UFA1 renferme 15 regroupements et un village indépendant repartis entre les provinces de Ogooué Lolo et de la Ngounié.

Les chantiers et camps forestiers L’UFA1 renferme trois (3) camps forestiers appartenant à la société LEROY-GABON : la GONGUE, OFFOUE 1, 2, ONOYE 1. La GONGUE et OFFOUE 1, 2 sont situés dans le canton Lopé du Département Lopé (Province Ogooué-). ONOYE 1 pour sa part est situé dans le canton Lolo Wagna du Département de Lolo Bouenguidi dans de la province de Ogooué-Lolo.

1.2 : Accessibilité 1.2.1 : Infrastructures routières Les regroupements et les villages de l’UFA1, situés dans les cantons ONOYE et HAUTE- DIKOBI sont accessibles par la route régionale n° 20 partant d’Iboundji et passant par Moudouma 2 (carrefour) et Moukabou (Ngounié), où elle rejoint la route nationale n° 6 reliant Koulamoutou à Mouila.

Cette route secondaire de praticabilité intermittente est difficilement praticable en saison de pluies notamment entre Moudouma 2 (carrefour) et Moukandi. Faute d’entretien, ce tronçon est en passe de se refermer et mériterait des travaux de réouverture à court terme. Les axes Iboundji – Mavanga et Moudouma 2 (carrefour) – Moukandi ne sont utilisables que par des véhicules tout terrain.

S’agissant des regroupements et des villages situés dans les cantons Lolo Wagna et Offoué, ces derniers sont très enclavés et ne sont accessibles au départ d’Iboundji que par les routes forestières aménagées par LEROY-GABON. Il en est de même au départ de la Lopé après le tronçon de la route économique Lopé – entrée de la concession forestière LEROY, les camps forestiers de la GONGUE, OFFOUE 1, 2 et ONOYE 1 ainsi que les villages riverains ne sont accessibles que par le réseau de routes et pistes mis en place par LEROY GABON.

L’enclavement total de certains villages de l’UFA1, notamment INDZAMBO et DIVINDE est une source potentielle de "conflits" entre les populations locales et la société forestière, et cette situation a déjà donné lieu à des conflits ouverts. Pour mettre fin à ces conflits LEROY

45 GABON vient d’entreprendre la construction de la route Divindé – Moukouagno mais cela n’a pas permis l’arrêt des conflits. Nous reviendrons sur ce point dans la suite de ce rapport.

L’enclavement des villages de l’UFA1 ne provient pas seulement de l’absence de voie d’accès mais également de la quasi-inexistence d’un trafic local à cause de l’absence de moyen de transport.

1.2.2 : Moyen de transport Sur l’axe Iboundji – Koulamoutou en passant par Moudouma 2 (carrefour), la circulation des véhicules se limite aux camions des T.P et à quelques "taxis brousse" communément appelés "clandos". Sur l’axe Moudouma 2 (carrefour) – Moukandi, on ne trouve aucun moyen de transport, seuls quelques véhicules administratifs sont de passage de temps en temps; comme nous l’avons observé pendant notre séjour dans la zone, deux à trois jours peuvent s’écouler avant le passage d’un véhicule sur cet axe.

La situation des villages localisés entre Iboundji et les camps forestiers de la GONGUE et ONOYE 1 est un peu moins pénible grâce à la circulation dans la zone des véhicules de LEROY GABON qui constituent le principal moyen de transport des voyageurs. Malgré l’interdiction faite par la direction du site de ne pas transporter des passagers.

Les camps forestiers de la GONGUE, OFFOUE 1 et 2, ONOYE 1, sont tous les trois accessibles par liaison ferroviaire jusqu’à la gare de la Lopé. Et de la gare de la Lopé, on y accède par des camions mis à la disposition des travailleurs de LEROY à l’arrivée des trains le mercredi et le samedi.

Le camp de la GONGUE est également accessible par liaison aérienne à partir d’une piste d’atterrissage qui y est aménagée. Cet aérodrome privé est exploité par LEROY GABON pour approvisionner ses chantiers. Il ne peut recevoir que des avions bimoteurs et non des gros porteurs.

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2 - Dynamique des populations

2.1 : caractéristiques démographiques 2.1.1 : Composition ethnique

47 Tableau n° 4: Répartition des ethnies et clans par villages ETHNIES Massango Kota / Kélé Puvi

/village

CLANS TOTAL

Clans

Sima Mouloulou Moussounga Baghondji Mombe Souhadika Samadoumbé Tsanang Samassoko Sajambé Samatoné Sampechte Mouibo Moughene Mikosso Mbobo Moutadi Moukaga Mitzebo

Moanda VILLAGES Boulembo Oui Oui Oui 3 Boupoundza Oui Oui Oui 3 Boussimbi Oui 1 Diangui Oui Oui Oui 3 Dilanda Oui Oui Oui 3 Indzambo Oui Oui Oui 3 Iwatsi Oui Oui Oui 3 Malongo Oui Oui Oui 3 Mandji Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 11 Massoukou Oui Oui Oui 3 Mavanga Oui Oui 2 Mayengué Oui Oui 2 Moudouma 1 Oui Oui Oui 3 Moudouma 2 Oui Oui Oui 3 Moukandi Oui Oui Oui 3 Mounongo Oui Oui Oui Oui Oui 5 Oubayi Oui Oui 2 Oubendji Oui Oui 2 Poungou Oui Oui Oui 3 Sogha Oui Oui Oui 3 Divinde Oui Oui Oui Oui Oui 5 TOTAL 17 15 17 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 2 1 1 1 1 69 villages/clan Pourcentage 24,63 21,73 24,63 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 1,45 4,37 2,89 1,45 1,45 1,45 1,45 100 Source : Enquête CURFOD, 2001

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L’espace villageois de l’UFA1 est inégalement occupé par cinq (5) groupes ethnolinguistiques : - MASSANGO - PUVI - KOTA - KELE - PYGMES

Ces distinctions ethniques permettent d’observer sur le terrain des peuples ancrés chacun dans un espace donné. Dans le langage commun, on parle même de la "terre des PUVI". Ainsi, au Sud Ouest de l’UFA1 (canton Onoye, canton Haute Dikobi), on trouve principalement des Massango. Au Nord Est, on compte 4/21 villages (19,05%) peuplés de Massango, 6/21 (28,57%) peuplés de puvi, 5/21 (23,81%) villages regroupant deux, trois voire les quatre ethnies présentées. Enfin on trouve un seul village où les quatre ethnies sont présentes. On rencontre également des pygmées dans 4/21 villages (19,05%).

2.1.1.1 : Les MASSANGO Ils appartiennent au groupe Merié composé de douze (12) dialectes : Babwisi, Bakunyi, Balumbu, Bangubi, Banzebi, Bapunu, Batsangi, Bavarëm, Bavili, Bavungu, Gisir, Massango. Ce groupe occupe le centre et le sud du pays, soit les régions de la Nyanga, de la Ngounié, du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué Lolo.

A. RAPONDA-WALKER nous présente les Massango ces termes :

« Il est impossible de faire la même louange à la tribu des Ashangos ou Massangous, une de celles qui ont fourni le plus fort contingent d’esclaves aux traitants du Bas-Ogooué. On rencontre partout des esclaves ashangos chez les populations des bords de l’Ogooué ou du littoral de la mer…. Pendant plusieurs années, ce fut la grande réserve d’esclaves où Ishogos, Apindjis et Aponos venaient puiser, et je n’oserai pas dire qu’à l’heure actuelle cet ignoble trafic ait totalement cessé…. J’ai connu autrefois le vieux chef du village de Biogo, chez les Ishogos, Mapadi, grand marchand d’esclaves qui, à lui tout seul, en possédait de cinquante à soixante. Presque tous étaient des Ashangos . Il se les était procurés sans trop de frais. Car, avant la pénétration

49 européenne, un esclave s’achetait pour un sac de sel, une barre de fer et un grand neptune. Tout compte fait, une valeur de dix à quinze francs….

Malgré les nombreuses et fructueuses razzias pratiquées dans la tribu des Ashangos, cette peuplade est encore actuellement une des plus populeuses du bassin de l’Ogooué. C’est aussi une des plus intéressantes. Les Ashangos ne sont point farouches. Par les traits physiques, ils se rapprochent des Eshiras dont la douceur est proverbiale ».

2.1.1.2 : Les PUVI Ils font partie du groupe Okandé qui comprend six dialectes : Okandé, Simba, Mitsogo, Apindji, Evéa Puvi – le groupe Okandé peuple le centre du pays. Selon A. RAPONDA-WALKER ; "Les Okandés, dont sont issus les Enengas, sont un peu plus nombreux que ces derniers. On les rencontre sur l’Ogooué, entre les embouchures des rivières Ofoué et Lélédi. Venu du Haut-Ivindo, où ils eurent souvent à livrer bataille aux premières bandes pahouines, ils paraissent avoir suivi le cours de cette rivière jusqu’à son confluent avec l’Ogooué, d’où ils sont descendus sur Booué et le petit pour se répandre dans le pays qu’ils occupent aujourd’hui.

Les Okandés ont été au temps jadis, avec les Adoumas, les plus grands pourvoyeurs d’esclaves du Haut-Ogooué4. Ce sont ces deux tribus qui fournissent à présent les meilleures équipes de pagayeurs pour franchir le dédale de rapides, de seuils et de chutes qui obstruent le lit du fleuve et rendent la navigation si difficile.

Leur principal entrepôt d’esclaves fut le groupe d’îlots avoisinant le rapide Mboumba, à l’entrée des fameuses « portes de l’Okanda ». Ces malheureux y étaient entassés pêle-mêle, en attendant l’organisation des convois qui devaient les conduire chez les Enengas, et de là chez les Oroungous ou chez les Mpongoués.

Plus tard, des factoreries européennes s’établirent dans le pays même, principalement à Lopé, pour l’achat de l’ivoire et du caoutchouc. Le premier Blanc qui y installa ses comptoirs fut un

4 Toutes les transactions commerciales entre Ndjolé (Missangué) et l’Ivindo se faisaient uniquement par l’entremise des Okandés. D’où le nom « d’Orembo-Okandé » donné à cette partie du fleuve. Un de leurs plus fameux courtiers fut le chef Boléko, des environs du « Kondokondo ».

50 commerçant anglais de la Maison Hatton et Cookson, convoyé par le fils même du chef des Enengas. Puis, vint le docteur Lenz, un Allemand, ensuite le marquis de Compiègne, Marche, de Brazza, … etc.

Les Okandés racontent que leurs ancêtres descendirent autrefois l’Ogooué dans l’intention de s’établir plus bas. Mais, je ne sais pour quel motif ils renoncèrent à leur projet d’atteindre le delta et remontèrent vers le haut. C’est probablement à cette époque que les Enengas se séparèrent du gros de la tribu pour rester dans les parages où ils habitent maintenant. Dans leur marche en arrière, les Okandés eurent à combattre les Akélés-Ntomboli. Ils campaient dans une île du fleuve lorsque les Akélés vinrent les y attaquer. Les Okandés furent sans doute battus, puisqu’ils quittèrent précipitamment cette région pour se disperser vers l’Ivindo.

Outre les Enengas, les Okandés sont apparentés aux Apindjis, et aux Simbas dont la majeure partie, les Simbas-Kona, sont groupés sur les rives de l’Offoué. Quant aux Povés ou Bapoubis5 que l’on trouve non loin de là, entre la Lolo et son affluent la Wagna, ils semblent être de race différente, peut-être de souche Ishogo ou Ndjavi.

L’idiome Okandé se rapproche beaucoup de la langue Mpongoué. Ce qui donnerait à supposer qu’en des temps reculés, Okandés et Mpongoués auraient séjourné dans une même contrée6. Mais les vieux n’en ont gardé aucun souvenir. (A. RAPONDA WALKER 1993).

2.1.1 3 : Les PYGMEES : Tout le monde s’accorde pour reconnaître qu’ils ont été les plus anciens à occuper le territoire et ont généralement servi de guides aux nouveaux venus, les Bantous.

2.1.1.4 : Les KOTA et les KELE : Leur représentation est insignifiante dans les villages de l’UFA1 (cf. tableau n° 4), ceci rend superflus de longs développements sur ces deux ethnies.

5 Un autre groupe de Bapoubis se trouve vers les sources de la « Ngounié » et celles de la « Louambitcht », affluent de la « Nyanga ».

6 Il y a peu d’années encore, une vieille Ivili du village de Ngola (Ntchina-Ngougni) revendiquait le droit de propriété sur les hippopotames de « l’Ikoï » avec lesquels, disait-elle, ses ancêtres avaient le « pacte de sang », au temps passé.

51 2.1.2 : Historique du peuplement Les données collectées sur le terrain ne permettent pas de retracer l’historique du peuplement de la zone par les ethnies présentées. Toutefois, les données bibliographiques nous permettent de disposer des informations suivantes :

" L’existence des Ishogos, des Ashangos, des Ndjavis, des Pobés, des Aponos, etc. nous est révélée depuis longtemps. Les tribus du littoral gabonais en ont fait leurs esclaves au temps de la traite. Mais, jusqu’à ces dernières années, l’habitat de ces races était relativement peu connu. On se bornait à dire : « Ce sont des gens de l’intérieur »….

Cependant, l’occupation des immenses territoires situés au nord et au sud de l’Ogooué par les sociétés concessionnaires, l’établissement de nouveaux postes administratifs, les tournées incessantes des missionnaires et les expéditions militaires ont peu à peu permis de préciser plus exactement l’aire d’habitation de toutes ces tribus…. Dans la région appelée communément « Boucle de l’Ogooué », c’est-à-dire de la droite de la Ngounié aux bords de l’Ogooué et de la Passa, c’est l’enchevêtrement désordonné de races hétérogènes : Akélés, Ivilis, Ishogos, Ashangos, Ivéas, Ndjavis, Pobés, Simbas, Bavoumbous, Ongomas, Awandjis, Chakés, Okandés, etc., enchevêtrement que le nomadisme si curieux des Fangs contribuera sans doute à rendre de plus en plus inextricable, en les refoulant sans cesse. Ordinairement, nous voyons des tribus entièrement déplacer leur centre d’habitat. Il est des cas pourtant où quelques familles seulement se séparent du gros de la tribu. Une palabre, une guerre entre villages de même race et la scission s’opère ; tels les Massangos qui habitent le canton Onoye qui déclarent que les vieux villages ou villages originels se trouvent pour certains dans la région de Mimongo et pour d’autres vers Mbigou.

2.1.3 : Distribution, Structure et Evolution de la population 2.1.3.1 : Distribution de la population au sein de l’UFA1 Tableau n° 5 : Résidents par Regroupement et/ou village en 1993 et 2001 Regroupement/ village 1993 2001 variation pourcentage BOULEMBO 79 110 + 31 39,24 BOUPOUNDZA 58 52 - 6 - 10,34 POUNGOU BOUSSIMBI 91 96 + 5 + 5,49 DIANGUI DILANDA MALONGO 137 152 + 15 10,95 MASSUKU DIVINDE 122 150 (1) + 28 + 22,95

52 IDZAMBO 93 166 + 73 + 78,49 IWATSI 114 59 - 55 - 48,24 MANDJI 252 300 (2) + 48 19,04 MAVANGA 77 127 + 50 64,93 MAYENGUE (3) 200 (3) (3) MOUDOUMA 1 MOUDOUMA 2 230 324 + 94 40,87 OUBENDJI (Moudouma 3) MOUKANDI 152 204 + 52 34,21 MOUNONGO 185 241 + 56 30,27 OUBAYI 126 14 - 112 - 88,88 POUNGOU 58 52 - 6 - 10,34 SOGHA 141 40 - 101 - 71,63 TOTAL 1915 2235 + 320 Source : Enquête CURFOD 2001 (1) (2) Estimation, données manquantes. (3) Inexistence dans le répertoire des Regroupements et villages du RGPH, 1993 parce que devenu entre temps un quartier de la commune d’Iboundji.

Tableau n° 6 : Répartition des villages selon la taille ≤ 25 hbts ≤50 hbts ≤100 hbts ≤150 hbts ≤200 hbts ≤250 hbts ≤300 hbts Nombre de villages par rapport à 4 3 4 5 2 2 1 l’effectif de population Source : Enquête CURFOD 2001

Mis à part le pôle urbain d’Iboundji, la population de l’UFA1 vit d’une part, dans des villages de moins de 150 habitants, situés linéairement le long des routes ou dispersés et enclavés dans la forêt des abeilles ; et d’autre part dans trois camps forestiers où l’on note une forte concentration démographique. Tableau n° 7 : Résidents par camp forestier en 1993 et 2001 Camp forestier 1993 2001 Variation Pourcentage La Gongue 559 903 344 61,53 Offoué 1 et 2 183 309 126 68,85 Onoye 1 (1) 267 (1) (1) TOTAL 742 1479 737 99,32 Source : RGPH 1993, Enquête CURFOD 2001. (1)7

Une comparaison des différents milieux de résidence et des différentes zones de l’UFA1 montre une distribution déséquilibrée de la population entre les zones et entre les villages et les camps forestiers. La population de la partie Sud de l’UFA1 est beaucoup plus nombreuse (1158 habitants) que celle du Nord et du Centre (1077 habitants).

7 Données manquantes, camp crée après 1993.

53 Les trois camps forestiers abritent 3084 personnes (chiffres LEROY), soit environ 849 personnes de plus que la population villageoise totale. Les villages sont faiblement peuplés, et même si la population moyenne par village est estimée à 99 habitants, on dénombre quatre (4) villages de moins de 25 habitants (tableau n° 7), trois (3) de moins de 50 habitants, cinq de 150 habitants, deux (2) de 200 habitants et seulement un (1) de 300 habitants.

En revanche, chacun des trois camps forestiers compte plus de 200 habitants, et, le camp principal de la GONGUE atteint 1765 habitants (tableau n° 7) se rapprochant ainsi ou dépassant l’effectif de certaines villes rurales telles qu’IBOUNDJI (647 habitants)8 situées au sein de l’UFA1.

Il apparaît donc que la population est inégalement répartie au sein de l’UFA1. Les villages sont faiblement peuplés comparativement aux camps forestiers qui rassemblent des effectifs très importants, notamment pour la GONGUE, plus peuplée que certaines villes rurales dont IBOUNDJI.

2.1.3.2 : Effectifs de la population actuelle et évolution 2.1.3.2.1: Population actuelle de l’UFA1

Tableau n° 8 : Résidents par milieu Milieu de résidence Résidents Ville d’IBOUNDJI 647(1) Village 2235 Camps forestiers 3084 TOTAL 5966 Source : Enquête CURFOD, 2001 Les chiffres du recensement mené lors de l’enquête de terrain donnent une population d’environ 5966 habitants en 2001

2.1.3.2.2 : Evolution de la population

Globalement, la population des villages de l’UFA a connu une augmentation de 320 personnes en 8 ans, soit un pourcentage de 19,31.

8 RGPH, 1993.

54 INDZAMBO est le village qui a connu le plus fort accroissement de population soit 78,49%, il est suivi par DIVINDE 22,45%. Toutefois, on note que la plupart des villages de l’UFA1 ont connu une diminution de la population. Les raisons avancées par nos enquêtés sont principalement l’exode rural et la mortalité. Pour nos interviewés, "les gens quittent le village pour aller chercher du travail en ville".

Tableau n° 9 : Raisons de la régression de l’effectif de population par village Raisons invoquées Nombre de villages Pourcentage Exode rural 19 90,3 Mortalité 19 90,3 Emigration 19 90,3 Sans réponse 2 9,5 Total 21 Source : Enquête CURFOD 2001.

Les populations concernées sont conscientes de la dégradation de leurs villages et restent cependant assez optimistes quant à la tendance de la population dans les prochaines années si "les villages sont travaillés pour attirer nos fils qui sont dans les villes". Les tableaux 10 et 11 qui suivent nous permettent d’avancer ces propos.

Tableau n° 10 : Population résidente dans les villages autrefois. Etat de la population dans le passé Nombre de villages Pourcentage Plus nombreuse 18 85,72 Même nombre 1 4,76 Moins nombreuse 1 4,76 Sans réponse 1 4,76 Total 21 100 Source : Enquête CURFO, 2001.

Tableau n° 11 : Tendances de la population dans les années à venir Tendances Nombre de villages Pourcentage Augmentation 10 47,62 Stagnation 5 23,81 Diminution 6 28,57 Total 21 100 Source : Enquête CURFOD, 2001.

55 2.1.3.3: Structure de la population 2.1.3.3.1 : Structure par sexe et par âge

Tableau n° 12: Résidents selon le groupe d’âge et le sexe dans les cantons ONOYE et Haute Dikobi Sexe Homme Femme Groupes d’âge Total Pourcentage Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage Moins de 5 ans 75 15,50 84 15,05 159 15,29 De 5 à 9 ans 47 9,71 55 9,86 102 9,79 De 10 à 14 ans 76 15,70 56 10,04 132 12,69 De 15 à 19 ans 51 10,54 64 11,47 115 11,0 De 20 à 24 ans 44 9,09 44 7,89 88 8,4 De 25 à 29 ans 37 7,65 41 7,35 78 7,5 De 30 à 34 ans 32 6,61 40 7,17 72 6,9 De 35 à 39 ans 32 6,61 21 3,76 53 5,1 De 40 à 44 ans 28 5,78 31 5,55 59 5,66 De 45 à 49 ans 10 2,07 13 2,33 23 2,21 De 50 à 54 ans 10 2,07 20 3,58 30 2,88 De 55 à 59 ans 14 2,89 21 3,76 35 3,36 De 60 à 64 ans 14 2,89 17 3,05 31 2,98 De 65 à 69 ans 4 0,82 14 2,51 18 1,73 70 ans et plus 10 2,07 37 6,63 47 4,51 Total 484 100 558 100 1042 100 Source : Enquête CURFOD 2001

56 Figure n° 2 : Pyramide des âges des cantons ONOYE et Haute Dikobi

70 ans et plus De 65 à 70 ans De 60 à 64 ans De 55 à 59 ans De 50 à 54 ans De 45 à 49 ans De 40 à 44 ans De 35 à 39 ans De 30 à 34 ans De 25 à 29 ans De 20 à 24 ans De 15 à 19 ans De 10 à 14 ans De 5 à 9 ans Moins de 5 ans 85 80 75 70 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85

Hommes Femmes Source : Enquête socioéconomique, CURFOD 2001.

57 La structure démographique des cantons ONOYE et Haute DIKOBI, situés dans le sud de l’UFA1 est très déséquilibrée. Les moins de 20 ans représentent 48,80% de la population totale et les plus de 60 ans 9,2% contre 42,1% pour les classes d’âges actives. La structure par sexe aussi est déséquilibrée, puisqu’on note une sur-féminité 558 femmes pour 484 hommes. La sureprésentation des femmes est encore plus accentuée pour les classes d’âges actives : 231 femmes pour 207 hommes.

Globalement, ces déséquilibres de la structure démographique ont de graves conséquences pour l’activité économique villageoise comme nous le verrons plus loin.

Tableau n° 13 : Résidents selon le groupe d’âge et le sexe dans le canton OFFOUE. Sexe Groupe d’âge Hommes Femmes Total Pourcentage Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage 0 – 4 ans 50 12,22 56 12,04 106 12,13 5 – 9 ans 54 13,20 41 8,82 95 10,87 10 – 14 ans 33 8,07 37 7,96 70 8,01 15 – 19 ans 33 8,07 34 7,31 67 7,66 20 – 24 ans 19 4,65 30 6,45 49 5,61 25 – 34 ans 33 8,07 28 6,02 61 6,98 35 – 44 ans 24 5,87 32 6,88 56 6,41 45 – 54 ans 40 9,78 49 10,54 89 10,18 55 – 64 ans 49 11,98 67 14,41 116 13,27 65 ans et plus 74 18,09 91 19,57 165 18,88 Total 409 100 465 100 874 100 Source : RGPH, 1993

La structure démographique du canton OFFOUE est aussi déséquilibrée. Les inactifs (moins de 20 ans et plus de 60 ans) sont ici aussi les plus nombreux : (38,67%) et plus de 20% respectivement. Toutefois, prises globalement, les classes d’âge actives sont plus nombreuses que les moins de 20 ans et les plus de 60 ans.

On note également un déséquilibre par sexe au profit des femmes : 465 Femmes pour 409 Hommes.

La surféminité et la forte représentation des moins de 20 ans dans la population rurale de l’UFA1 constitue déjà un indicateur d’une forte émigration des hommes actifs des villages. La faible masculinité des villages a des effets négatifs, non seulement sur l’activité économique locale, mais également sur l’organisation sociale. Elle apporte un éclairage sur la désorganisation des villages constatée sur le terrain comme nous le verrons plus loin. A la lumière de la structure démographique des villages caractérisée par une faible masculinité, on peut esquisser l’explication d’une impossibilité structurelle de relève de la

58 gérontocratie clanique par les femmes et les jeunes, tous exclus de la sphère du pouvoir politique.

2.1.3.4 : Autres caractéristiques socio-démographiques 2.1.3.4.1 : Niveau d’instruction des populations villageoises de l’UFA1 Tableau n° 14 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du sud de l’UFA1 selon le niveau d’instruction. Sexe Niveau d’instruction Total Hommes Femmes Non scolarisé 57 19,8% 127 34,8% 184 28,2% Ecole primaire 176 61,1% 214 58,6% 390 59,7% Ecole secondaire 47 16,3% 22 6% 69 10,6% Ecole technique 2 0,7% - - 2 0,3% Ecole supérieure 6 2,1% 2 0,5% 8 1,2% TOTAL 288 100% 365 100% 653 100% Source : Enquête CURFOD 2001

Tableau n° 15 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du centre (canton OFFOUE) de l’UFA1 selon le niveau d’instruction. NIVEAU D’INSTRUCTION Canton OFFOUE S.N.V % Primaire Sec 1 Sec 2 Supér. Autres Total Hommes 196 72,1 62 13 - 1 - 272 Femmes 288 87,0 41 2 - - - 331 2 Sexes 484 80,3 103 15 - 1 - 603 Source : RGPH, 1993

Tableau n° 16 : Résidents de 15 ans et plus dans les villages du Nord Ouest (canton lolo WAGNA) de l’UFA1 selon le niveau d’instruction Canton LOLO NIVEAU D’INSTRUCTION WAGNA S.N.V % Primaire Sec 1 Sec 2 Supér. Autres Total

Hommes 467 48,5 366 100 21 5 4 963 Femmes 738 66,5 320 51 1 - - 1.110 2 sexes 1.205 58,1 686 151 22 5 4 2.073

Source : RGPH, 1993

Les tableaux 14, 15, 16 montrent un faible niveau d’instruction de la population villageoise de l’UFA1.

Les pourcentages de résidents de 15 ans et plus sans instruction sont plus importants dans le canton OFFOUE : 72,1% pour les Hommes et 87% pour les femmes en 1993. La différence entre sexes reste très marquée : 87% de sans instruction en 1993 pour les femmes contre 72,1% pour les hommes dans le canton OFFOUE ou encore, 66,5% de sans instruction en 1993 pour les femmes contre 48,5% pour les hommes dans le canton LOLO WAGNA.

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Dans ce contexte, les résultats de l’enquête CURFOD restent surprenants, voire aberrants ; 34,8% de sans instruction en 2001 pour les femmes contre 19,8% pour les hommes dans les cantons ONOYE et Haute Dikobi.

Ces résultats traduisent-ils une évolution positive de la scolarisation des ruraux jusqu’à ce jour, victimes d’un fort taux d’analphabétisme et d’une faible instruction ?

Globalement, les résultats enregistrés sont supérieurs à la moyenne provinciale : 40,5% de sans instruction pour les hommes contre 56,5% pour les femmes en 1993.

Ils traduisent très certainement le niveau important d’enclavement et de la grande ruralité de l’UFA1. Car,"la présence d’une grande ville au sein d’un département, induit des différences considérables dans les taux d’alphabétisation, ce qui n’est pas le cas d’IBOUNDJI

2.1.3.4.2 : Niveau d’alphabétisation des populations locales au sein de l’UFA1 Tableau n° 17 : Résidents de 15 ans et plus alphabétisés ou non selon le sexe par canton Population totale Alphabètes % alphabètes Département Canton H F T H F T H F T OFFOUE 272 331 603 79 44 123 29,0 13,3 20,4 OFFOUE-ONOYE ONOYE 255 381 636 110 112 222 43,1 29,4 34,9 LOLO- LOLO-BOUENGUIDI 963 1110 2073 489 362 851 50,8 32,6 41,1 WAGNA Source : RGPH, 1993

Le tableau n° 17 montre un taux d’analphabétisme de 59,04% pour les hommes et 74,90% pour les femmes, ce qui est très largement supérieur aux moyennes nationales : - Hommes : 20,6% - Femmes : 34,3%

Sur le terrain, la présence de nombreux jeunes désœuvrés permet de communiquer avec les adultes analphabètes. Parfois, bien que ne sachant pas lire et écrire, certains villageois comprennent et peuvent même s’exprimer en français. Ceci nous a permis de mener nos enquêtes dans les villages sans avoir recours à un interprète.

L’analphabétisme des populations locales constitue cependant un obstacle de taille pour mener des actions de vulgarisation dans les domaines de l’agriculture, de la protection de

60 l’environnement et même pour promouvoir auprès de la population des innovations organisationnelles.

2.1.3.4.3 : Occupation permanente des résidents actifs Tableau n° 18 : Résidents de 10 ans et plus selon le sexe, le type d’activité par circonscription administrative Circonscription Taux Type d’activité Administrative Activité Chômage Occupé Chômeur Au foyer Elève Autres Total OGOOUE-LOLO Canton Lolo Wagna Hommes 606 138 289 147 1.180 63,1 18,5 Femmes 929 24 - 229 120 1.302 73,2 2,5 Département OFFOUE-ONOYE Canton OFFOUE Hommes 155 22 27 101 305 58,0 12,4 Femmes 202 - - 12 154 368 54,9 - Canton ONOYE Hommes 141 19 57 89 306 52,3 11,9 Femmes 209 - - 34 167 410 51,0 - Source : RGPH, 93

Le tableau 18 permet de conclure à un taux de chômage de moins de 20% dans les zones villageoises de l’UFA1 en 1993. Cette tendance est confirmée par le tableau 18 dont les données portent seulement sur les cantons Onoye et Haute Dikobi (Ngounié) en 2001. Mais ces chiffres restent trompeurs et cachent l’ampleur d’un chômage déguisé qui touche surtout les tranches d’âge de 15 à 35 ans. Ces derniers répugnent à s’adonner au travail agricole qui reste la principale activité en milieu rural mais ne permet pas au paysan de vivre décemment.

2.1.3.4.4: Statut de résidence et émigration L’absence d’activité lucrative constitue l’une des causes de la forte émigration des hommes actifs. Tableau n° 19: Statut de résidence selon la tranche d’âge dans les cantons ONOYE et Haute DIKOBI Nom du village / Statut de résidence Groupes des âges Total Regroupement Présent absent visiteur Malongo 6 1 7 Moudouma 2 10 10 Moudouma 1 12 4 16 Dilanda 3 1 4 Moins de 5 ans Moukandi 21 9 30 Mavanga 9 5 14 Boulembo 24 1 25 Oubendji 8 2 10 Mounongo 42 1 43

61 Total 135 24 159

Malongo 1 1 Moudouma 2 10 4 14 Moudouma 1 8 4 12 Dilanda 4 1 5 Massuku 1 1 2 De 5 à 9 ans Moukandi 16 4 20 Mavanga 7 2 9 Boulembo 7 1 8 Oubendji 5 3 8 Mounongo 22 1 23 Total 81 21 102

Malongo 4 4 Moudouma 2 12 5 17 Moudouma 1 11 7 18 Dilanda 1 1 Massuku 1 1 2 Moukandi 23 5 28 De 10 à 14 ans Mavanga 8 5 13 Boulembo 9 1 10 Oubendji 9 4 13 Mounongo 25 1 26 Total 103 29 132

Malongo 5 3 8 Moudouma 2 9 4 13 Moudouma 1 7 5 12 Dilanda 2 1 3 Massuku 2 2 De 15 à 19 ans Moukandi 22 3 25 Mavanga 3 5 8 Boulembo 11 2 13 Oubendji 5 1 6 Mounongo 22 3 25 Total 86 29 115

Malongo 3 2 5 Moudouma 2 6 3 9 Moudouma 1 6 4 10 Dilanda 1 3 4 Moukandi 6 6 12 De 20 à 24 ans Mavanga 2 4 6 Boulembo 7 1 8 Oubendji 4 4 Mounongo 26 4 30 Total 61 27 88

Malongo 3 2 5 Moudouma 2 2 2 4 Moudouma 1 7 3 10 De 25 à 29 ans Dilanda 3 2 5 Massuku 1 1 2 Moukandi 9 3 12 Mavanga 6 4 1 11

62 Boulembo 4 2 6 Oubendji 1 1 2 Mounongo 13 8 21 Total 49 28 1 78

Malongo 1 4 5 Moudouma 2 2 4 6 Moudouma 1 5 4 9 Dilanda 3 3 Massuku 2 2 De 30 à 34 ans Moukandi 8 8 1 17 Mavanga 1 4 1 6 Boulembo 1 2 3 Oubendji 1 2 3 Mounongo 14 4 18 Total 33 37 2 72

Malongo Moudouma 2 Moudouma 1 Dilanda Massuku De 35 à 39 ans Moukandi Mavanga Boulembo Oubendji Mounongo Total

Malongo 3 1 4 Moudouma 2 7 1 8 Moudouma 1 7 2 9 Dilanda 1 2 3 Moukandi 8 2 10 De 40 à 44 ans Mavanga 3 5 8 Boulembo 4 1 5 Oubendji 3 2 5 Mounongo 6 1 7 Total 42 17 59

Moudouma 2 4 4 Moudouma 1 2 2 Dilanda 1 1 Moukandi 3 3 De 45 à 49 ans Mavanga 1 1 Boulembo 1 3 4 Oubendji 1 1 Mounongo 7 7 Total 20 3 23

Malongo 3 3 Moudouma 2 2 2 Moudouma 1 3 3 De 50 à 54 ans Dilanda 1 1 2 Moukandi 6 1 7 Mavanga 1 1 2 Boulembo 2 2

63 Oubendji 2 1 3 Mounongo 6 6 Total 26 3 1 30

Malongo 4 4 Moudouma 2 6 6 Moudouma 1 6 1 7 Moukandi 3 3 De 55 à 59 ans Mavanga 2 1 4 Boulembo 5 5 Oubendji 3 1 3 Mounongo 3 3 Total 32 2 1 35

Malongo 7 7 Moudouma 2 5 1 6 Moudouma 1 3 1 4 Dilanda 1 1 Moukandi 3 1 4 De 60 à 65 ans Mavanga 4 1 5 Boulembo 1 1 Oubendji 2 2 Mounongo 1 1 Total 26 4 1 31

Malongo 3 1 4 Moudouma 1 4 4 Moukandi 3 3 Mavanga 2 2 De 65 à 69 ans Boulembo 1 1 Oubendji 1 1 Mounongo 3 3 Total 17 1 18

Malongo 3 3 Moudouma 2 5 5 Moudouma 1 6 6 Dilanda 4 2 6 Massuku 1 1 70 ans et plus Moukandi 2 1 3 Mavanga 7 7 Boulembo 3 3 Oubendji 1 1 2 Mounongo 11 11 Total 43 4 47 Source : Enquête CURFOD, 2001

Ceci a déjà été révélé par les pyramides des âges (figures 2 et 3) et confirmé par le tableau n° 18, où il apparaît que ce sont les tranches d’âges actives qui sont les plus touchées par l’émigration : - 25-29 ans : 49 présents, 28 absents - 30-34 ans : 33 présents, 37 absents

64 - 35-39 ans : 30 présents, 21 absents.

Tableau n° 20 : Statut de résidence par village Statut de résidence Total Nom du village / Regroupement Présent Absents Visiteurs Malongo 57 26 1 84 Moudouma 2 84 25 1 110 Moudouma 1 102 38 1 141 Dilanda 24 20 - 44 Massuku 9 15 - 24 Moukandi 144 59 1 204 Mavanga 63 61 3 127 Boulembo 91 18 1 110 Oubendji 52 19 2 73 Mounongo 210 31 - 241 Total 836 312 10 1158 Source : Enquête CURFOD, 2001

Au plan général, dans les 10 villages des cantons ONOYE et Haute DIKOBI, où un recensement a été effectué, les absents représentent 26,93% de la population totale (tableau n° 20). La grande pauvreté en milieu rural entraîne un exode rural massif. Celui-ci est à l’origine des changements dans la composition par âge de la population. Le peu d’adultes d’âge actif, notamment chez les hommes, semble étranglé entre de nombreuses personnes âgées et les enfants en nombre important.

Les comparaisons avec les cantons OFFOUE et LOLO WAGNA, du fait de la présence de la société LEROY GABON, auraient été intéressantes pour évaluer si l’existence d’un pôle économique dans une zone contribue à freiner l’exode rural, malheureusement les données de l’enquête CURFOD 2001 sont incomplètes.

En effet, à la question "Y a-t-il dans le village des personnes qui proviennent d’autres villages, nous avons enregistré les réponses suivantes : - oui : 14/21 villages soit 66,7% - non : 7/21 villages soit 33,3%

Le tableau n° 21 recense les noms des villages de provenance.

65 Tableau n° 21 : Noms des villages de provenance Villages Boulembo, Moudouma 1, Moudouma 2 Bouyeni-Yeni, Ngouassa, Malondo, Ilanda, Bouéyi Dilanda, Massouku, Mavanga, Plateau Dipouya, Moukouagna, Dikouka, Kanda, Ngouassa, Moudouma, Dengui, Moughemou Moudouma 1, Mbanga, Moukambo Moupopa, Mayengué, Ivirou, Oubendji Mavanga, Malongo, Massoukou Moudouma 1, Oubendji, Dilanda, Mounongo, Niembé, Igaka, Diramba 1, 2 et 3 Oubayi Rambo, Sogha Source : Enquête CURFOD, 2001

S’agissant de la présence des étrangers, les données collectées montrent qu’on trouve des étrangers dans 2/21 villages, soit 9,52%. Ces étrangers en nombre infime sont des ressortissants de la Guinée Equatoriale et du Nigeria. (cf. : tableau n° 22)

Tableau n° 22 : Résidents par village Pays d’origine Regroupement/village Gabon Guinée Nigéria Total Equatoriale BOULEMBO 110 100% 110 100% BOUPOUNDZA 52 100% 52 100% POUNGOU BOUSSIMBI 95 98,96% 96 100% DIANGUI 1 1,04% DILANDA 152 100% MALONGO 152 100% MASSUKU DIVINDE 150 100% 150 100% IDZAMBO 166 100% 166 100% IWATSI 59 100% 59 100% MANDJI 300 100% 300 100% MAVANGA 127 100% 127 100% MAYENGUE 200 100% 1 0,31% 200 100% MOUDOUMA 1 323 99,69% 324 100% MOUDOUMA 2 OUBENDJI (Moudouma 3) MOUKANDI 204 100% 204 100% MOUNONGO 241 100% 241 100% OUBAYI 14 100% 14 100% POUNGOU 52 100% 52 100% SOGHA 40 100% 1 0,04% 40 100% TOTAL 2233 99,92% 1 0,04% 2235 100% Source : Enquête CURFOD, 2001

66 En définitive, les populations locales de l’UFA1 peuvent être caractérisées par les traits suivants : - peu nombreuses et stagnantes - vieillies notamment pour les femmes - peu d’actifs hommes - surféminité - peu instruites et peu formées - forte homogénéité ethnique dans les villages situés au sud - important chômage déguisé chez les jeunes actifs - présence très limitée de nationalités étrangères

Les besoins induits par ces traits dominants sont les suivants : - La formation et l’instruction - La création d’alternatives d’emplois et d’activités génératrices de revenus

La satisfaction de ces besoins permettrait de réduire le taux de chômage déguisé et de dynamiser l’activité économique villageoise. Ce qui, à n’en point douter, contribuerait à l’amélioration du bien-être des populations locales de l’UFA1.

Concernant la tendance de la population dans les années à venir, on peut esquisser les deux hypothèses suivantes :  Dans les mêmes conditions que dans la situation actuelle caractérisée par un taux d’accroissement annuel de 2,5% et par un apport intravillageois et/ou urbain négligeable, la population connaîtra un accroissement très limité ; ce qui ne représente aucune menace de pression démographique sur la forêt.  En revanche, une dynamisation de l’activité économique associée à l’accroissement naturel et à l’apport intra villageois pourrait induire une forte concentration de population dans l’UFA1 dans les 10 prochaines années. Les conséquences qui en résulteraient sont une destruction accentuée du massif forestier aménagé pour des besoins de survie. Cet impact négatif pourrait être évité si parallèlement au développement de l’activité forestière, l’économie villageoise se diversifie et voit sa productivité améliorée.

67 3 - Organisation sociale et villages de l’UFA1

La lecture du tableau n° 4 portant sur la répartition des groupes ethniques au sein de l’UFA1 renseigne sur la prédominance des ethnies MASSANGO et PUVI regroupées en villages mono ethniques et/ou pluriethniques.

3.1 : Organisation sociale 3.1.1 : Le système de parenté La filiation Les MASSANGO et les PUVI se répartissent en un petit nombre de clans9 qui constituaient autrefois des groupes de migration. Ces groupes de migration n’ont plus beaucoup de réalité dans l’organisation actuelle de la société MASSANGO ou PUVI.

Chaque clan est divisé en lignages10, le lignage étant constitué par l’ensemble des descendants en ligne utérine d’une aïeule commune. Chacune des sœurs du chef de lignage est aussi à la tête d’une lignée11. A ces lignées s’ajoutent celles formées par les descendants matrilinéaires de femmes pygmées dont les enfants appartiennent au maître (chef de lignage). Ainsi, quelle qu’en soit l’origine, les lignages rassemblent des personnes d’ascendance matrilinéaire mais ayant une organisation patrilocale ; les sociétés MASSANGO et PUVI correspondent à ce que LEVI STRAUSS a appelé une structure « dysharmonique » ; c’est-à- dire que les catégories familiales sont déterminées par le principe de la filiation utérine, les différents segments horizontaux l’étant par le principe de la résidence autour d’homme (chef, père, frère ou oncle maternel par exemple).

Les sociétés MASSANGO et PUVI sont caractérisées par la recherche et le maintien d’un équilibre entre ces deux principes : Le principe matrilinéaire et le principe patrilinéaire.

9 Ce terme désigne au Gabon un groupe de parenté assez vaste pour englober tous les sous-groupes familiaux s’y rattachant et se réclamant d’un ancêtre commun.

10 C’est un groupe de filiation qui tire son ascendance (patrilinéaire ou matrilinéaire) d’un ancêtre géniteur, il s’agit donc à la fois de la reconnaissance du sang et de la reconnaissance de la parenté comme lien social reconnu par tous les membres du lignage. La différence entre le clan et le lignage réside dans le fait que les repères généalogiques du clan s’estompent dans les temps immémoriaux, alors que la chaîne généalogique du lignage est au contraire tout à fait complète et ininterrompue. Comme unité de base, le lignage se caractérise par les fonctions qu’il exerce à différents niveaux de la vie sociale. Il constitue une unité généalogique, une unité politique, une unité de résidence, une unité de tenure foncière, une unité de solidarité, une unité de mémoire sociale etc.

11 C’est un segment de lignage.

68

- Le principe matrilinéaire Les Massango et les Puvi pensent que le sang se transmet par la femme et non par l’homme. Les différentes divisions de la société correspondent à cette croyance : - Le clan, segment le plus étendu de la société, exprime la descendance jusqu’à une femme ancêtre fondatrice. - Le lignage, subdivision du clan, calcule la descendance à partir d’une « mère », ancêtre connue et nommée.

Tous les MASSANGO et tous les PUVI appartiennent ainsi à un groupement de descendance matrilinéaire. Cette constatation pourrait laisser croire à un pouvoir réel de la femme au sein des sociétés Massango et Puvi. Cependant, les rôles joués par le descendant en ligne utérine du fondateur du village et par le frère aîné de la mère montrent l’influence dans les systèmes MASSANGO et PUVI d’un second principe essentiel, le principe patrilocal.

- Le principe patrilocal Le descendant en ligne utérine du fondateur du village est, avec le frère aîné de la mère, l’homme qui a le rôle le plus important dans la société Massango et/ou Puvi. Ici, ce sont les hommes qui jouent un rôle prépondérant dans un système essentiellement fondé sur la détermination par les femmes des liens de parenté clanique. Ces fonctions familiales sont l’expression de la reprise par les hommes d’une autorité qui leur échappe du fait de la constitution utérine des clans et lignages.

Le mari exerce son autorité sur la femme : les MASSANGO et les PUVI appartiennent à ce groupe de populations bantoues chez lesquelles l’homme choisit la résidence de sa femme.

Le père exerce son autorité sur ses enfants vivant encore avec lui, ainsi que sur ses frères et sœurs célibataires : le père est ainsi le chef d’une unité de résidence qui comprend ses enfants, frères et sœurs, outre ses femmes et les pygmées à son service ; il est le mâle le plus âgé.

L’oncle maternel exerce son autorité sur ses nièces célibataires et mariées, sur leurs maris, et sur ses neveux. Ceux-ci viennent, en principe, vivre avec lui et quittent le lignage de leur père pour s’intégrer à une unité de résidence qui se forme autour de l’oncle maternel, et qui est un

69 segment du clan. Le groupe dont l’oncle maternel (le frère aîné de la mère) est le chef, est le noyau le plus important de la société Massango ou Puvi, c’est celui que l’on retrouve à la base de toutes les fondations de villages.

Le principe virilocal fait donc que dans ces sociétés où l’essence de la parenté se transmet par les femmes, l’actualisation de celle-ci, si l’on peut dire, s’opère du fait de l’autorité des hommes : le père et le frère aîné de la mère.

L’alliance Les deux principes matrilinéaire et patrilocal s’exercent dans la structure de la famille restreinte, composée de l’homme, de ses femmes et de leurs enfants. Il existe un équilibre, non seulement entre eux, mais aussi entre les groupes respectifs, entre les clans et lignages de l’homme et de chacune de ses femmes. C’est la notion d’alliance qui intervient ici. Les conceptions relatives aux mariages reposent sur l’idée que l’"alliance qui se noue, entre l’homme et la femme, mais surtout entre leurs clans, ne cesse jamais".

La nomenclature de parenté massango et puvi repose donc, en fin de compte, sur ces deux principes matrilinéaire et patrilocal. C’est une parenté classificatoire, désignant d’un même terme tous les individus d’une même classe. Les principales catégories familiales nommées par ces ethnies sont :

La relation de père et enfants, ainsi que de mère et enfants. Le frère du père est également nommé père, et la sœur de la mère, mère. La relation de grand-père et de petits-enfants est l’une des relations fondamentales. La relation entre enfant de frères ou sœurs de la même mère et du même père et entre leurs enfants

Ces différentes classes de parents sont les éléments constitutifs des groupes résidentiels dont le dynamisme interne est commandé par les deux principes matrilinéaire et virilocal.

Un groupe de Massango ou Puvi, établi en un point donné, est la résultante de plusieurs tendances : une tendance à la dispersion du matrilignage majeur du fait que les femmes quittent leur famille pour aller vivre chez leur mari ; une tendance au regroupement du fait que les hommes issus de la même femme se sentent solidaires, les frères s’établissant

70 généralement ensemble et fondant un quartier de village, les neveux rejoignant souvent leur oncle maternel, les petits-enfants mâles leur grand-père.

3.1.2 : Le village et ses éléments constitutifs Le village massango ou puvi est une unité de résidence fondée sur les principes matrilinéaire et virilocal et comprend, en principe, un ou plusieurs groupements « étendus » soumis à l’autorité d’un chef de famille (le père, le grand-père, le descendant en ligne utérine du fondateur du village).

Ce groupe étendu correspond à un lignage majeur ou segment de clan ; un village pouvant se composer d’ailleurs de plusieurs lignages majeurs d’un même clan ou des clans différents qui apparaissent comme des quartiers.

Un village se compose de quartiers habités chacun par un lignage majeur. Chaque quartier comprend des cases occupées chacune par une famille restreinte formée par un homme, sa ou ses femmes et leurs enfants vivant à leurs côtés.

C’est là une structure théorique qui n’est pas toujours observée dans les faits. Car, il intervient des causes d’altérations dues essentiellement à des faits économiques (insuffisance des ressources disponibles).

En effet, le lignage s’étendant sur une profondeur de trois générations peut être suffisamment grand pour permettre l’implantation au niveau d’un territoire sans cesse élargi. Les éléments actifs de cette dispersion sont les neveux utérins et les frères du chef.

Quelles que soient les différentes formes que prend ce peuplement, sa structure est toujours commandée par le système de parenté dont le clan et le lignage sont les éléments fondamentaux.

3.1.2.1 : Le clan - Le clan comme base identitaire de l’individu

Le clan est un groupe de filiation qui tire son ascendance (patrilinéaire ou matrilinéaire) d’un ancêtre anthropomorphe ou mythique commun.

71 Chez les Massango et les Puvi, on trouve exclusivement des clans matrilinéaires. Vingt clans ont été dénombrés dans notre zone d’étude comme le montre le tableau n° 4.

Dans les différents groupes ethno-lingustiques, le clan constitue la base identitaire de l’individu. Au regard de ce tableau, il apparaît que les clans les plus représentés sont les suivants : Sima, Mouloulou, Mousounga. Chez les Massango : Mikosso, Mbobo chez les Puvi

Il est bien connu à travers les écrits de différents auteurs que les réalités parentales et familiales africaines s’enracinent dans les "clans". Cette affirmation doit être nuancée en ce qui concerne les populations gabonaises car, dans la vie quotidienne, c’est le lignage qui est l’unité sociale de base.

3.1.2.2 : Le lignage - Le lignage comme unité sociale de base

Le lignage est un groupe de filiation qui tire son ascendance (patrilinéaire ou matrilinéaire) d’un ancêtre géniteur. Il s’agit donc à la fois de la reconnaissance du sang et de la reconnaissance de la parenté comme lien social reconnu par tous les membres du lignage.

La différence entre le clan et le lignage réside dans le fait que les repères généalogiques du clan s’estompent dans les temps immémoriaux, alors que la chaîne généalogique du lignage est au contraire tout à fait complète et ininterrompue.

Comme unité sociale de base, le lignage se caractérise par les fonctions qu’il exerce à différents niveaux de la vie sociale. Il constitue une unité généalogique, une unité politique, une unité de résidence, une unité de tenure foncière, une unité de solidarité, une unité de mémoire sociale, etc.

L’unité généalogique

Tous les membres d’un même lignage, en donnant leur généalogie, remontent à un ancêtre géniteur commun, qui donne le nom au lignage, et en définitive le nom qui est commun à tous les membres du lignage.

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En cas de conflit interne ou pour toute autre raison liée aux maladies, à la gestion de la terre ou à la dénonciation de sorcellerie, etc., le lignage peut se scinder et générer un segment lignager avec une généalogie conséquente qui prend son nom du chef du segment lignager nouveau.

Tous les membres d’un lignage sont les générations, des "pères", des "mères", des "frères", des "sœurs". Le lignage est en conséquence généralement exogame chez les groupes ethnolinguistiques gabonais.

L’unité politique

Le lignage qui, certes, est d’abord une unité de base englobant non seulement les descendants et alliés, mais également un ensemble de groupes satellites pouvant constituer une clientèle, est aussi une structure politique en ce sens qu’il est un centre de décision organisé. Au sein de cette unité s’établissent des relations de subordination et de respect, l’autorité étant exercée par le chef de lignage ou son successeur. Au niveau de l’unité résidentielle (le village), la prééminence appartient aux chefs de familles, et/ou aux chefs de lignages.

En fait, comme l’écrit G. BALANDIER dans Anthropologie politique, les sociétés à pouvoir diffus ne sont pas, pour autant, égalitaires et dépourvues de rapports de prééminence ou de subordination. Les clans et les lignages ne sont pas tous équivalents ; les premiers peuvent être différenciés, spécialisés et "ordonnés" ; les seconds peuvent conférer des droits inégaux selon qu’ils se rapportent à un aîné ou à un cadet…. La vie politique diffuse se révèle plus par les situations que par les institutions politiques… La prise des décisions concernant la communauté fait apparaître des hommes prééminents, des hommes de rang supérieur, des chefs occasionnels ou institués. On comprend dès lors pourquoi dans les villages, on n’a pas un leader institutionnel mais des hommes prééminents dont les limites de l’autorité coïncident avec celle du lignage ou du segment de lignage.

Ces hommes, dans notre zone d’étude, sont appelés des notables. Ils semblent faire l’unanimité au sein de la communauté villageoise. La prise de décision concernant la communauté villageoise est du ressort de ces notables réunis en Conseil. En outre, le chef de village nommé par l’administration est assisté par ce Conseil.

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L’unité de résidence Le lignage peut s’établir sur un ou plusieurs villages. Au sein du village, chaque lignage occupe un quartier, l’unité de résidence est plutôt théorique. Elle permet cependant, et de façon instituée à un membre du lignage, en cas de conflit avec sa famille proche, de s’installer prioritairement dans un des villages du lignage et d’être accueilli en conséquence, comme un frère de lignage, à l’exclusion relative des femmes appelées à se marier. La résidence est souvent patrilocale même quand le lignage est matrilinéaire.

L’unité de tenure foncière

Il s’agit traditionnellement des règles de gestion de l’ensemble de l’espace habité et exploité dans une communauté. Chez les peuples du Gabon, et les populations de notre zone d’étude n’échappent pas à cette logique, les terres mises en jachère ou exploitées, les forêts d’où l’on tire l’ensemble des produits végétaux et animaux, et de même les rivières et les étangs soumis à la pêche, sont d’abord propriété des lignages, avant de connaître une répartition plus individuelle.

L’unité de solidarité

Chez les peuples du Gabon, les unités de production se construisent sur la base des unités que sont les familles restreintes ou ménages jusqu’au segment de lignage, selon les activités en présence. C’est donc sur cette même base ou celle de l’alliance que se trouvent mobilisées des coopérations ponctuelles en matière de grande chasse, de pêche collective, ou de grandes plantations. La distribution des produits s’effectue suivant des règles de répartition fondées sur la participation à la production.

Comme unité sociale de base de la société chez les populations gabonaises, le lignage se caractérise par sa fonction d’intégration des membres de toute la communauté, s’agissant notamment des circonstances déterminantes d’identification lignagère, comme c’est le cas pour la résidence, les droits de propriété foncière, la gestion des terroirs, etc.

En définitive, ce qui est à retenir de l’organisation sociale massango et/ou puvi, c’est que le clan et surtout le lignage dont la constitution obéit aux principes matrilinéaire et virilocal apparaissent comme les éléments de base du village et du peuplement d’un territoire donné.

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3.1.3 : Organisation politique et administrative 3.1.3.1 : La chefferie coutumière Autrefois, la structure du village massango ou puvi correspondait au système de parenté ; Traditionnellement, le village était établi sur des terres appartenant au clan ou au lignage. Ces terres regroupaient plusieurs villages éloignés les uns des autres. Le village était donc la propriété des descendants de celui qui, le premier, y avait pris place avec les membres de son lignage. Le village était aussi la structure du fonctionnement des institutions politiques. Le pouvoir dans le village reposait essentiellement sur des relations établies selon le principe de la descendance utérine : de frère aîné à frère cadet, puis à neveu utérin et enfin à fils aîné puis cadet. L’autorité était dévolue au plus ancien du lignage, propriétaire du village, à son frère ou au neveu maternel.

Pour toutes les questions liées à la propriété foncière, le lignage du fondateur du village, semble être seul compétent en la matière. Cependant, pour les autres aspects de la vie sociale (relations avec l’extérieur, rapport entre lignages et familles au sein du village), le chef coutumier est assisté d’un Conseil des sages, constitué par les chefs des lignages résidant dans le village.

La Chefferie coutumière laisse donc apparaître deux institutions : - le chef appartenant au lignage fondateur du village - le Conseil des sages composé des chefs de lignages résidant dans le village.

3.1.3.2 : La Chefferie administrative La Chefferie administrative ne correspond pas toujours à l’organisation qui vient d’être décrite. Les Chefs actuels de village sont choisis sur la base de critères qui vont de l’allégeance à un parti politique à l’ascendance d’une élite politico-administrative ou autre.

En théorie, on assiste à une "déresponsabilisation" des chefs coutumiers mais en pratique, cette "déresponsabilisation" des chefs coutumiers est à relativiser dans la mesure où le chef administratif se fait assister dans ses fonctions par un conseil des notables (chefs de clans) qui certes n’a aucune légalité mais dispose d’une légitimité coutumière..

75 Le fonctionnement de ces institutions locales est généralement assuré par des hommes pour la plupart très âgés. Ils ne connaissent pas toujours les normes qui régissent l’action sociale dans la société moderne et les valeurs qui les sous-tendent. Leur horizon reste limité au champ de la parenté, à ses normes et à ses idéaux. Le problème se complique encore plus par la pluralité des centres de pouvoirs autonomes les uns par rapport aux autres sans réelle capacité de se limiter mutuellement.

Les chefs de clan / ou lignage exerce son autorité sur les membres de son lignage, la gestion des droits sur les espaces et les ressources au niveau local est de son ressort. C’est lui qui détient l’autorité sociale en matière d’usage, d’allocation et de litiges sur les ressources. Les enjeux de dévolution et de négociation portant sur ces niveaux de la gestion locale sont donc de son ressort. Il n’est cependant pas reconnu comme entité juridique légale.

Le conseil des anciens (ou de notables, ou des sages) a pour attributions le règlement de conflits entre membres de différents lignages ou entre lignages eux-mêmes. Il traite également toutes les questions relatives aux rapports avec l’extérieur du village et qui concerne la communauté villageoise. Le chef de village est quant à lui l’intermédiaire entre le Gouvernement central et les villageois. Cette fragmentation des pouvoirs recommandée dans la démocratie à l’occidentale a des conséquences fâcheuses ici. Le fait qu’aucune institution locales ne puisse disposer du monopole des décisions collectives montre la fragilité du cadre institutionnel local fort (en relation avec le bien commun). Cette situation est aggravée par l’affaiblissement de grandes organisations initiatiques (Bwiti, Mwiri, Dilagou…) et l’état embryonnaire des organisations paysannes modernes et des associations de développement.

3.1.3.3 : Les organisations locales

76 3.1.3.3 : Les sociétés initiatiques Tableau n° 23 : Organisations initiatiques selon le village

Villages Bodi Bwiti Diable Dilagou Mabandzi Mandji Mimbiri Mouiri Moungala Ndoukou Ndzegou Nyembé Total /village Boulembo Boupoundza Oui Oui Oui 3 Boussimbi Diangui Oui Oui Oui 3 Dilanda Divindé Oui Oui Oui Oui 4 Indzambo Oui Oui Oui 3 Iwatsi Oui Oui 2 Malongo Mandji Oui Oui Oui Oui Oui 5 Massuku Mavanga Oui Oui Oui Oui 4 Mayengué Oui Oui Oui Oui Oui 4 Moudouma 1 Oui Oui Oui Oui 4 Moudouma 2 Oui 1 Moukandi Oui Oui Oui Oui 4 Mounongo Oui Oui Oui 3 Oubayi Oui Oui 2 Oubendji Oui Oui 2 Poungou Oui 1 Sogha Oui Oui Oui 3 Total 19,0 villages/rite et 3 14,28 12 57,14 4 4 19,04 1 4,76 1 4,76 1 4,76 6 28,57 1 4,76 2 9,52 2 9,52 12 57,14 4 % Source : Enquête CURFOD, 2001.

77 Dans la quasi-totalité des villages de l’UFA1, on note la présence d’initiés à l’une ou l’autre des sociétés secrètes suivantes : Mwiri et Bwiti pour les hommes, Nyembé pour les femmes. La présence d’un grand initié est signalée par l’implantation d’un MBANDJA dans le village. Ainsi sur les 21 villages visités, on dénombre un Mbandja (temple du Bwiti ou du Mwiri) dans chaque village. Toutefois, l’action structurante de ces institutions est devenue inopérante de nos jours.

3.1.3.3.2 : Organisations paysannes et structures associatives

78 Tableau n° 24 : Organisation et association selon le village

Cellule de parti politique Equipe de Caisse Association Groupe Association de Coopérative Association Villages Tontine football commune de jeunes d’animation développement agricole féminine RNB/ PDG UPG PGP ADERE RPG Boulembo Boupoundza Oui Oui Oui Boussimbi Oui Oui Diangui Oui Dilanda Oui Oui Divindé Oui Oui Oui Oui Oui Indzambo Oui Oui Iwatsi Oui Oui Malongo Oui Oui Oui Mandji Oui Oui Oui Oui Oui Massuku Mavanga Oui Oui Oui Oui Mayengué Oui Oui Oui Oui Moudouma 1 Oui Oui Oui Oui Moudouma 2 Oui Oui Oui Oui Moukandi Oui Oui Mounongo Oui Oui Oui Oui Oubayi Oui Oubendji Poungou Sogha Oui Oui Oui Total villages/ 1 2 9,52 4 19,04 4 19,04 80,95 7 33,33 5 23,81 4 19,04 7 33,33 1 4,76 organisation et % 7 Source : Enquête CURFOD, 2001

79 Les villages de l’UFA1 se caractérisent par la quasi-inexistence d’organisations paysannes dans les domaines économiques et/ou de développement. Les données d’enquête permettent de dénombrer trois équipes de football dans l’ensemble de la zone. Ces équipes, généralement sponsorisées par un homme politique du coin, sont actives pendant les grandes vacances scolaires.

L’absence de cadre structurant, débordant les unités lignagères et familiales constitue un obstacle de taille pour la mobilisation sociale en vue du développement communautaire.

3.1.3.3.3 : Le statut juridique des villages et la loi sur la décentralisation La loi sur la décentralisation qui prévoit la création de collectivités locales reste à ce jour inapplicable aux villages qui ne peuvent par conséquent jouir d’une autonomie de gestion au moins partielle. Cette absence de personnalité juridique n’autorise pas l’établissement de relation contractuelle avec le village en tant qu’entité légale.

4.3 : Bilan diagnostic Désintégration de l’organisation sociale et du village Le schéma de l’organisation sociale qui a été présenté ci-dessus n’est plus actuellement observé dans toute sa rigueur. Le mécanisme matrilinéaire-virilocal se trouve faussé. Cette désintégration est due au mouvement continuel d’émigration qui a agité et agite encore les populations rurales du GABON en général. Les causes de l’émigration pour les Massango et les Puvi ont été par le passé la traite des esclaves et aujourd’hui comme nous l’avons vu, le caractère répulsif de la vie villageoise et l’attrait des pôles économiques et modernes tels que les chantiers forestiers et les villes.

Les hommes adultes qui constituaient anciennement les éléments actifs du système et qui étaient à l’origine de la formation continuelle des noyaux de peuplement sont maintenant absents en grand nombre. Une désorganisation profonde de la société s’en est suivie.

L’organisation familiale n’est plus cohérente et solide du fait que l’équilibre des forces entre le principe matrilinéaire et le principe virilocal est rompu. Les hommes adultes quittent leur village, les jeunes gens ne vont plus vivre avec leur oncle maternel ; celui-ci est très souvent aussi parti dans un grand centre ou sur un chantier forestier. Les segments généalogiques et

80 les noyaux familiaux sont alors désagrégés. Et, parallèlement, il y a dégénérescence de la chefferie. On ne décèle aucune institution locale, aucune organisation capable d’exercer un leadership en matière de décisions collectives ou d’intérêts communautaires.

En définitive, l’analyse effectuée ci-dessus permet de conclure à l’absence d’institution locale adaptée capable de prendre en charge l’établissement du partenariat entre les populations villageoises et les autres parties prenantes notamment l’Etat et le concessionnaire, ceci dans le cadre de l’aménagement.

Comment alors assurer l’intégration des structures ad hoc de concertation et de collaboration exigée par la démarche d’aménagement dans ce cadre institutionnel local ? Le cadre associatif moderne peut ici représenter une alternative intéressante. Nos développements sur ce point se trouvent dans la partie consacrée aux relations entre parties prenantes.

81 4- Droits légaux et droits coutumiers sur la forêt

4.1 : La Législation foncière et forestière 4.1.1 : La législation foncière Le régime foncier du Gabon est régi par la Loi n° 14/63 du 8 mai 1963 fixant la composition du domaine de l’Etat et les règles qui en déterminent les modes de gestion et d’aliénation, ainsi que par la Loi n° 15/63 fixant le régime de propriété foncière.

Deux grands types de propriétés sont reconnus :  La propriété privée de droit écrit ;  La propriété domaniale, appelée « Domaine national », qui se subdivise en propriété du domaine public et en propriété du domaine privé.

La propriété du domaine public est constituée des biens et droits mobiliers et immobiliers laissés ou mis à la disposition du public et spécialement aménagés à cet effet.

La propriété du domaine privé comprend les terres qui ne sont pas « appropriées selon le régime de l’immatriculation et qui n’ont pas été concédées à titre définitif » (Loi n° 14/63, art. 1.2.)

Il faut noter que les « droits coutumiers » (droits d’usage par les villageois des forêts avoisinantes) ne constituent pas une propriété au sens de la loi, car ils s’exercent sur le domaine privé de l’Etat. L’Etat gabonais a ainsi choisi le « régime domanial des terres ». Toute forêt relève du domaine forestier national, et le domaine forestier national est, selon la loi, la propriété exclusive de l’Etat.

4.1.2 : La législation forestière Dans la législation forestière, il existe plusieurs textes en vigueur notamment la loi 1/82 qui fixe les principes d’établissement du domaine forestier national et sa composition.

► La Loi 1/82 fixe les principes d’établissement et la composition du domaine forestier national (article 10) en distinguant :

82 ▪ Les forêts domaniales classées (= domaine foncier à vocation forestière permanente et déterminée constituant le domaine forestier public). Les forêts de cette catégorie sont à identifier, à classer et à délimiter au fur et à mesure pour constituer ce domaine forestier permanent de l’Etat jusqu’à hauteur de 40% au moins de la superficie du territoire national (orientation de l’article 13 de la loi 1/82).

▪ Les forêts domaniales protégées (correspondent aux parties du territoire national couvert actuellement de forêts qui sont susceptibles – au fur et à mesure que le pays se développe – d’être affectées aux utilisations du sol autres que forestières). Ces forêts constituent le domaine privé de l’Etat.

► La Loi 1/82 définit en son article 11 les catégories de forêts constituant le domaine forestier permanent (ou forêts domaniales classées)

A savoir : les forêts de production à vocation permanente, les périmètres de reboisement, les parcs nationaux de faune et de flore, les forêts de protection, les forêts récréatives, les jardins botaniques et zoologiques, les arboretums et les sanctuaires de certaines espèces végétales et de faune, les réserves naturelles, les domaines de chasse.

► Elle détermine aussi le seuil minimum par rapport à la superficie du pays (article 13) :

A ce titre, le domaine forestier permanent de l’Etat (= l’ensemble des forêts classées) doit couvrir au moins 40% de la superficie du territoire national.

La fixation de ce seuil tient compte des autres activités économiques et sociales à développer dans le pays et de la nécessité de satisfaire à la fois d’une part, les besoins du Gabon en biens et services divers offerts par les ressources forestières et, d’autre part les préoccupations multiformes relatives à la protection de l’environnement, qu’elles proviennent de la communauté nationale ou internationale.

En outre, afin de tenir compte des nouvelles données internationales et des nouveaux concepts tel que celui d’aménagement durable des forêts, le Code forestier a été adopté en novembre

83 2001. Les objectifs nationaux identifiés pour la gestion forestière sont généralement les mêmes, mais avec un accent particulier mis sur les aspects suivants :

 la stabilisation et la sécurisation du domaine forestier permanent par la partition du domaine forestier national en deux types de domaines: - un domaine forestier permanent de l’Etat ; - un domaine forestier rural constitué de terres et de forêts dont la jouissance est réservée aux communautés villageoises et, à l’intérieur duquel seront délimitées des forêts communautaires ;

 la définition du statut et de la catégorie de forêts qui les composent, de même que la procédure de leur constitution et les modalités de leur gestion ;  l’instauration d’une gestion paritaire qui associe les opérateurs économiques de la filière bois et la population riveraine à l’étude et à la mise en œuvre de l’aménagement forestier durable et toutes les démarches associées;  la simplification de l’attribution de la forêt et son lien avec la création d’industries du bois génératrices de valeur ajoutée nationale ;  la prise en compte des intérêts économiques des populations riveraines au-delà des simples droits d’usage principalement retenus par les textes actuellement en vigueur (création des forêts communautaires).

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Tableau n° 25 : Classification des forêts selon la Loi gabonaise Domaine forestier national

Vocation issue des objectifs Domaine forestier permanent Domaine forestier non permanent d’aménagement du territoire (zonage)

Dénomination Forêts domaniales classées Forêts domaniales protégées administrative

Statut juridique Domaine privé de l’Etat Domaine privé de l’Etat

Forêt de production Forêts de protection Domaine forestier rural Utilisation du sol autre Affectation Périmètre reboisé Parcs nationaux Forêts communautaires que forestier. Forêts récréatives arboretums Exercice des droits Sanctuaires d’usage coutumiers Réserves Source : Enquête CURFOD, 2001

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Ce tableau traduit la volonté de sécurisation du domaine forestier permanent par la création d’un domaine forestier rural à l’intérieur du domaine forestier non permanent. Et c’est dans ce domaine forestier rural que pourront être délimitées des forêts communautaires dont, l’usufruit est réservé aux villageois riverains. Cet espace est principalement destiné à l’exploitation forestière. Toutefois, toutes ces dispositions de la loi (Code forestier) restent encore théoriques. La matérialisation du bornage des diverses catégories de terre à maintenir sous le couvert forestier permanent parmi lesquelles on retrouve les forêts de production (incluant les unités d’aménagement) reste à faire. Le domaine forestier permanent est en cours de définition. Le Gouvernement prévoit réaliser un domaine forestier permanent de 12 millions d’hectares (8 millions d’hectares de forêts de production et 4 millions d’hectares en aires protégées). Sur le plan technique, il faut finaliser le plan d’affectation des terres pour tout le territoire forestier et envisager le zonage, en considérant l’implication des parties prenantes, en utilisant des outils de la géomatique et en procédant à la ratification légale des affectations retenues. A l’heure actuelle, aucune limite n’est matérialisée puisque les limites du domaine forestier permanent ne sont toujours pas connues ou validées par le Gouvernement. Cependant, une diminution des surfaces du domaine forestier permanent est à écarter avec la création du domaine forestier rural qui pourra être utilisé par les populations riveraines pour entre autres faire de l’exploitation forestière (forêts communautaires).

4.1.2.1 : Droits fonciers coutumiers Il faut noter que les droits fonciers (droits anthropologiques) ne constituent pas une propriété au sens de la loi car, ils s’exercent sur le domaine privé de l’Etat. 4.1.2.2 : Droits d’usage coutumiers Les droits d’usage coutumiers sont régis par la Loi 1/82/PR/22 juillet 1982 d’orientation en matière des Eaux et Forêts que complète le Décret n° 192/PR/MEFCR, 4 mars 198712 réglementant l’exercice des droits d’usage coutumiers.

Selon le décret n° 192 (article 1), l’exercice des droits d’usage coutumiers est libre et gratuit dans les domaines forestiers ; de la faune sauvage, le domaine fluvial lacustre, lagunaire et maritime en ce qui concerne les ressources halieutiques.

86

La liste des produits soumis au régime des droits d’usage coutumiers établis par décision du Gouverneur concerne :  les produits de cueillette,  la chasse coutumière,  la pêche coutumière. La destination des produits est l’autoconsommation : leur vente est interdite en dehors de la communauté villageoise. Le Ministre des Eaux et Forêts peut interdire ou réglementer l’exercice des droits d’usage coutumiers pour les besoins de protection.

4.1.2.3 : Droits culturels La législation gabonaise demeure muette sur les droits culturels des populations en rapport avec les écosystèmes forestiers. Ne pas légiférer sur les droits culturels des populations riveraines des forêts constitue une négligence préjudiciable pour l’implication des populations dans la gestion durable des forêts. Bahuchet (1997) l’a fait remarquer : "dans le cadre de la définition d’une stratégie globale de conservation de la forêt équatoriale, une prise en compte de l’importance que revêt la forêt pour les populations qui y vivent et surtout de la représentation (fonctions symboliques attribuées à la forêt et à son fonctionnement) qu’elles se font, paraît primordiale, afin de proposer des mesures susceptibles de recueillir leur soutien et leur participation".

4.2 : Nature et extension des droits coutumiers des populations sur la forêt 4.2.1 : Rappels de quelques notions : Terroir et finage « Terroir » et Finage : définitions et convention d’usage Selon le texte « Gromatici Veteres »du VIe siècle (Ravenne) qui est une compilation de textes allant du 1er au Ve siècle, les Romains appelaient Finus, qu’on peut traduire par finage, l’ensemble des terres d’une communauté sur laquelle on paie l’impôt. Mais le Finus se compose de deux parties :  l’Occupatus, qui est la partie défrichée et divisée en lots géométriques qui sont assignés ;  l’Arcifinus, qui désigne les terres « dans l’espoir d’une culture ». Il s’agit donc de réserves foncières, qui peuvent porter des bois et des pâturages, et sur lesquels peuvent s’exercer des droits d’usage. Arcifinus est une partie de Finus, composée de terres en friches

87 non bornées ou bornées globalement, Arc ayant en latin le sens de limites sans bornage qui renvoie à l’idée de confins, ces portions d’espace éloignées d’un centre, là où les usages d’une communauté s’affaiblissent au profit d’une autre.

Ce détour par l’étymologie permet de mieux cerner le sens que peut recouvrir la notion de « finage villageois » en forêt « gabonaise », en référence à la double dimension de l’Occupatus, les champs et les jachères appropriées par les groupes familiaux intra villageois (le bornage en moins), et de l’Arcifinus, espace sans limites précises, suivant une représentation topocentrique où proximité et éloignement des lieux d’habitation sont les références dominantes.

Une tradition des études agraires africanistes a utilisé le terme de terroir, qui au sens strict est un lieu défini par des qualités physiques particulières (pente, exposition, nature du sol, etc.), en lieu et place de celui de finage, faute sans doute de pouvoir assigner aux différents espaces les limites précises qui prévalent dans les sociétés modernes. Généralement, on entend par terroir l’ensemble des terres cultivées, ( ce qui inclut donc les jachères) détenues par une communauté. Entre cette définition ambiguë du terroir et la conception topocentrique du finage de société dépendant de ressources mobiles ou dispersées, peuvent se glisser tous les éléments d’un « choc de culture ». La notion de « terroir » peut cependant nous être utile pour évoquer la portion du finage correspondant à l’Occupatus, là où les logiques d’appropriation du sol sont dominantes (A. KARSENTY, 1997).

88 4.2.2 : Finage villageois et occupation traditionnelle de l’espace

89 L’occupation de l’espace obéit à la règle de l’affectation fonctionnelle de l’espace. D’une façon générale, au niveau du village, l’espace se répartit en trois (3) zones :  l’espace habité ;  l’espace exploité ;  l’espace non encore occupé mais non vacant.

 L’espace habité L’espace habité comprend le village et les vieux villages (susceptibles d’accueillir à nouveau un village).

 L’espace exploité Il se compose de l’espace agricole (composé de champs et de jachère), l’espace de chasse et de cueillette et de l’espace culturel – espace territorial.

L’espace culturel se compose d’étendues territoriales réservées aux activités, aux pratiques ayant, de près ou de loin, quelques rapports avec le culte. Tels sont, par exemple, tous les cours d’eau, les sous-bois, rivières, étangs, … sacrés pour assemblées et réunions de confréries et consoereries culturelles.

L’espace culturel comprend aussi les nécropoles, les cimetières, les bois, les rivières et tous les autres lieux frappés d’interdits ou devenus sacrés à la suite d’un évènement insigne à caractère supranaturel.

 L’espace non occupé (réserves foncières) L’espace non occupé est constitué des réserves foncières des villageois. Elles sont les lieux où se déroulent les activités de grande chasse (campement), de grande pêche, de cueillette. L’espace non occupé peut également renfermer des sites interdits et/ou sacrés. Il constitue la zone de libre accès pour tous les villageois. Si dans les deux premiers espaces, les délimitations de l’occupation sont précises, les limites de l’espace non occupé restent floues.

Sur la base de la définition du finage donnée ci-dessus, le finage est constitué ici de l’espace exploité et de l’espace non occupé (réserves foncières).

90 S’agissant du territoire villageois, ses deux premières composantes (espace habité et espace exploité) sont divisées en autant de secteurs que de groupes claniques résidant dans le village. L’espace non occupé constitue une zone de libre accès. Le problème que pose ce mode traditionnel de l’occupation de l’espace est celui de la discontinuité géographique du territoire clanique et/ou lignager (ce dernier peut s’étendre à l’extérieur du lieu actuel de résidence : vieux village), alors que les limites entre territoires villageois sont claires pour les villages et bien connues des anciens, voire même matérialisées par des cours d’eau, pistes, rochers, etc. La connaissance des règles d’appropriation de la terre nous permettra peut-être de cerner l’origine de cet émiettement de la "propriété foncière coutumière".

4.2.3 : Droits coutumiers sur la forêt 4.2.3.1 : Droits fonciers coutumiers et tenure foncière La tenure foncière, qui définit les règles d’appropriation, de gestion et de cession du patrimoine foncier, permet la réglementation des prérogatives qui naissent de l’appropriation et de l’utilisation de la terre.

En tant que fait social, les droits fonciers coutumiers ne se réduisent pas à cette seule réglementation. Ils s’organisent autour d’une multitude de rapports qui ne sont pas nécessairement juridiques. Ces rapports sont de trois ordres : les rapports de l’homme au sacré par la médiation de la terre, les rapports de l’homme aux différents groupes sociaux dont il est membre et qui définissent son statut juridique, social, et les rapports de l’homme à la terre en tant que moyen de production. Ce sont ces rapports qui, à travers leurs interactions réciproques, définissent les droits fonciers coutumiers et en constituent l’objet.

- Les règles d’appropriation Les normes développées par les populations gabonaises pour réguler l’appropriation de la terre (droit à l’accès, droit à l’occupation) semblent être au moins au nombre de cinq (5) :  la première occupation ;  la succession (héritage) ;  l’alliance ;  la conquête ;  l’adoption et l’intégration au lignage.

91 Ainsi dans la quasi-totalité des groupes ethnolinguistiques gabonais, notamment les Massango et les Puvi concernés par cette étude, la forêt fait l’objet d’appropriation foncière et de maîtrise exclusive à un groupe lignager ou clanique. Cette appropriation fonde trois séries de droits qui ont une valeur constitutionnelle dans le système coutumier :  les droits généalogiques les droits généalogiques sont fondés par l’établissement d’un droit territorial de première occupation symbolisé par le droit de hache sur une terre vierge et l’établissement d’un lignage. Ces droits sont transmis en ligne patrilinéaire aux ascendants mâles du fondateur. Les droits de ces premières générations ne s’éteignent pas vraiment avec leur disparition. La terre reste la propriété ultime en indivis des générations mortes, présentes et à venir, d’où la non exo aliénabilité (verdier), du sol dans ce type de système.

 les droits productifs : le premier droit dans cette série est le droit de vivre de son propre travail. Tous les membres de la communauté, incluant les étrangers auxquels il a été accordé l’asile y ont « constitutionnellement » droit. C’est un droit d’usufruit. L’incorporation du travail à la ressource, c’est à dire l’investissement productif, en est le principe fondamental. De la durée de cet "investissement" dépend la durée des maîtrises individuelles acquises sur ces ressources.

 les droits de succession Déterminés par les principes de transmission patrilinéaire, ces droits garantissent l’accès des hommes à l’héritage par le biais du lignage nucléaire. Ces trois séries de droits garantissent ensemble l’équilibre entre le droit universel de « créer » et de vivre de son travail et l’impératif de conservation au sein du groupe de la base de ressource nécessaire à sa reproduction d’une génération à l’autre. Ils s’expriment dans l’espace à travers quatre régimes distincts de propriété, d’accès et de « maîtrise » (LEROY).

- La propriété collective : Elle s’applique à l’ensemble de l’espace anthropisé et concerne autant les forêts que les rivières, les marécages et les terres agricoles. Ce régime de propriété est le fondement des droits généalogiques au sein du « lignage opérationnel » (corporate lineage, Diaw, 1997).

92 Plusieurs lignages disposant de base foncière propre et exclusif des individus, relayés par leurs unités domestiques.

- Les maîtrises individuelles : C’est l’espace des droits productifs ceux-ci débouchent sur un investissement dans la base foncière. Les terrains de culture, de plantation, de jachère et de marécages en constituent les zones de prédilection. La lignée conserve ses droits collectifs sur l’espace mais celui-ci est sous le contrôle exclusif des individus, relayés par leurs unités domestiques.

- L’accès ouvert restreint à un pool de ressources communes : Cette définition est plus exacte que celle de propriété commune car ces ressources relèvent, comme les précédentes, de la propriété collective. Qu’il s’agisse de la propriété exclusive d’un lignage ou d’un espace commun à toute la communauté, les ressources contenues dans cet espace (forêt, rivière) sont accessibles à tous les membres communs constitué par la faune terrestre transcende, en général, les droits exclusifs sur les espaces, à l’exception de certaines techniques (piégeage) autour des zones de maîtrise exclusive.

- L’accès libre : Les zones exemptes de droits exclusifs sont relativement rares en zone forestière. Elles concernent essentiellement les zones arides, les pistes et certains fleuves. Certains produits forestiers tels que l’estok, Garcinia Lucida, sont également sujets à un statut d’accès ouvert.

Ces systèmes de gestion du foncier restent encore aujourd’hui, le mode premier à partir duquel les populations organisent leurs rapports entre elles et avec la nature.

93

4.2.3.2: Droits culturels (représentations symboliques de la forêt)

Tableau n° 26: Arbres et Animaux à valeur culturelle selon le village Nom du Ethnies Arbre à valeur Animal à valeur village présentes culturelle culturelle Massango Perroquet Panthère Mouvengui Boulembo Touraco Moabi Eléphant Chevrotin Massango Chouette Moabi Eléphant Boupoundza Palmier

Sanglier Boussinbi Massango

Mouvengui Panthère Diangui Massango Perroquet Massango Perroquet Panthère Puvi Moabi Divindé Chien

Civette Chauve-souris Massango Chevrotin aquatique Civette Chat huant Buffle Moabi Indzambo Gorille Mouvengui Panthère Chien Colibri Perroquet Massango Chimpanzé Varan Moabi Civette Iwatsi Chat huant Perroquet Panthère Moabi Malongo Massango Fromager Kota Eléphant Kélé Fromager Gorille Baobab Panthère Mandji Puvi Mouvengui Colibri Bambou de chine Perroquet Calao Massango Panthère Massuku Liane Gorille Eléphant Massango Fromager Panthère Padouk Eléphnat Mavanga Liane ( asperge) Buffle Mouvengui Chimpanzé Tatou Mayengué Massango Mboudou Perroquet

94 Gorille Panthère Hérisson Antilope rouge Moudouma 1 Massango Moulendé Moudouma 2 Massango Moabi Moukandi Massango Massango Mounongo Pevire Puvi Oubayi Puvi Moabi Perroquet Oubendji Moabi Massango (moudouma 3 ) Fromager Poungou Massango Moabi Perroquet Massango Fromager Sogha Panthère Puvi Mouvengui Caméléon Source : Enquête CURFOD, 2001

D’après le tableau n° 26 relatif aux arbres et animaux à valeur culturelle, le moabi est l’arbre sacré par excellence dans notre zone d’étude. Il a été cité dans dix (10) des vingt-un (21) villages visités. Selon nos informateurs, on trouve un moabi dans chaque vieux village Massango et Pouvi. Le moabi est considéré comme l’arbre protecteur du village car c’est au pied du moabi que sont enterrés les fétiches qui protègent le village des attaques mystiques et de tout mal surnaturel. Abattre un moabi où sont enterrés les fétiches protecteurs du village, c’est exposer le village à la destruction et à la disparition. Les Massango et les Pouvi restent encore très attachés à ces croyances.

Outre le moabi, le mouvengui est également un arbre culturel ; il a été cité dans six (6) villages sur les vingt-un (21) visités. Il symbolise le pouvoir, il sert généralement de lieu de sépulture aux jumeaux et aux chefs. Cette pratique est-elle toujours observée ?

Le Padouk a également été cité mais dans un seul village, ce qui laisse supposer sa moindre importance au plan culturel à côté du fromager cité dans cinq villages : le fromager sert à identifier les lieux d’initiation, situés généralement à l’entrée du village (cf. tableau n° 26). Il convient de signaler que ce ne sont pas tous les moabi et les mouvengui qui font l’objet d’une appropriation par les populations, seul, l’arbre qui a servi à des rituels et qui a été ainsi sacralisé a une valeur culturelle. C’est ce type d’arbre qui est protégé par les populations. On en trouve surtout dans les vieux villages.

95 En ce qui concerne les animaux ; la panthère vient en tête des animaux protégés parce que sacralisé par les populations. Elle est suivie du perroquet puis de l’éléphant et du gorille (cf. tableau n° 26).

96 Tableau n° 27 : Arbres à valeur culturelle au sein de l’UFA 1

Fréquence Pourcentage Arbres ( nombre de fois cités ) % Moabi 10 90,90 Mouvengui 6 54,54 Fromager 5 45,45 Liane 2 18,18 Palmier 1 9,09 Baobab 1 9,09 Bambou de chine 1 9,09 Padouck 1 9,09 Moulende 1 9,09 Pevire 1 9,09 Mboudou 1 9,09 Source : Enquête CURFOD 2001 N.B : Total des arbres cités : 11

Tableau n° 28: Animaux à valeur culturelle au sein du massif forestier de l’UFA 1 Fréquence Pourcentage Animal ( nombre de fois cité ) % Panthère 10 45,83 Perroquet 9 37,50 Eléphant 6 25 Gorille 4 16,66 Chien, Civette, Chimpanzé, Chat huant, Chevrotin aquatique, colibri, 2 8,33 buffle Caméléon, Tatou, Hérisson, Antilope rouge, Chauve-souris, 1 4,25 Sanglier, Chouette, Varan, Calao, Touraco, Dama pouho Source : Enquête CURFOD 2001

N.B : nombre total d’animaux : 24

Les populations massango et puvi délimitent leur écosystème forestier selon diverses composantes, en particulier en reconnaissant et dénommant les catégories de végétations (arbres et plantes alimentaires, arbres et plantes sacrés, arbres et plantes frappés d’interdits, arbres et plantes médicinales…), de paysage (forêt sacrée, forêt de culture, forêt interdite…) et de faune sauvage (animal sacré, totémique …)

En outre, certains types d’activités sont toujours effectués dans un paysage particulier et induisent une attitude face à la nature.

97 Un point important concerne la mort et les défunts : ils sont toujours enterrés à l’entrée ou à la sortie de l’espace habité sous un grand arbre ou sous les bambous de chine, et le site est sacralisé par les vivants. Il ne peut être converti à aucun autre usage et il ne peut être profané sous aucun prétexte (exploitation de bois d’œuvre etc…). Il est frappé d’interdit pour les vivants faisant partie de la descendance. Cependant, les âmes des défunts qui y sont enterrés deviennent des forces protectrices et sont invoquées pour le bien des vivants.

En ce qui concerne la « géographie du sacré » c’est-à-dire l’organisation spatiale des activités religieuses, il y a en forêt un grand nombre de « forêts sacrées », de lieux d’initiation. Chaque rite traditionnel occupe un site qui fait partie du paysage quotidien, par exemple le fromager se trouvant à l’entrée du village constitue le lieu d’initiation au Mwiri ou au Nyembè. En plus de cet espace, une communauté initiatique ou un clan, un lignage peut avoir dans la grande forêt une zone sacrée dont l’accès est réservé aux seuls initiés, aux membres du clan et/ou du lignage. Ainsi, on dénombre 16/21 villages où il existe une forêt sacrée (cf. annexe 3). Cependant, lors de l’identification des sites sacrés dans les finages villageois, trois (3) forêts seulement ont pu être cartographiés (cf. tableau n° 26). Ceci s’explique par le caractère mystique et le contrôle de l’accès de ces espaces.

A côté des forêts sacrées, on rencontre aussi des lieux dits porteurs d’histoire mythique comme par exemple cette chute sacrée qui se trouve dans la forêt riveraine du village Massuku où il existe deux gros cailloux qu’il ne faut pas traverser sous peine de noyade. Ou encore cette autre chute près du village Moukandi qui est la demeure d’un génie des eaux ("mami wata") qui prend la forme d’un arc-en-ciel. Il est déconseillé de réaliser un pont à cet endroit, car quelle que soit la technologie moderne utilisée, ce pont ne pourra résister à la puissance mystique qui se dégage à cet endroit et va s’effondrer.

98 Tableau n° 29 : Sites culturels selon le village Nom du Ethnies Sites culturels village présentes Lieux d’initiation Forêts sacrées Lieux dits Cimetières (vieux villages) N°1 N°2 N°3 N°1 N°2 N°3 N°1 N°2 N°3 N°1 N°2 N°3 D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. D. S. Massango 0,44 0,1 2,6 1,13 0,24 Boulembo

Massango 2,08 0,6/0, 0,56/ 2,04 0,64 Boupoundza 48 0,16 Boussinbi Massango, Puvi 0,44 0,24 Diangui Massango, Puvi 0,5 0,1 Dilanda Massango Divindé Massango, Puvi 0,32 6,3 0,04 0,03 0,08 Indzambo Massango, Puvi 0,52 1,44 1,32 0,52 1,04 0,52 Iwatsi Massango 0,16 Malongo Massango Akélé, Bakota, Puvi, 1 0,3 Mandji Massango Masuku Massango 2,12 Mavanga Massango 1,68 8 Mayengué Massango Moudouma 1 Massango 0,16 Moudouma 2 Massango Massango, Pygmées 0,4 1,6 Moukandi (Babougo) Mounongo Massango 4 6,4 5,2 0,13 Oubayi Massango, Puvi 0,2 0,4 2,6 1,13 Oubendji Massango 0,28 0,36 Massango, Pygmées 0,32 1,2 1,04/ 0,68 Poungou 1,04 Sogha Massango, Puvi Source : Enquête CURFOD, 2001 D = distance en kilomètre (km) ; S = superficie en hectare(ha).

99 Le tableau n° 29 sur les sites culturels ci-dessus montre que dans le massif forestier de l’UFA1 l’usage culturel de la forêt s’exprime à travers quatre types de sites : les lieux d’initiation les forêts sacrées les lieux dits les cimetières ( vieux villages)

S’agissant des lieux d’initiation, sauf erreur ou omission, ces derniers ne sont pas très éloignés du village, le plus éloigné est situé à 6,4 Km, tous les autres se trouvent à moins de 5 Km parfois même aux alentours du village ( 0,16 Km ; 0,20 Km ; 0,28 Km ; 0,32 Km). Ils occupent des superficies comprises entre 0 et 1,5 Ha. Par conséquent ils n’empiètent pas dans la partie du massif où seront définies les séries de production à l’exception d’un seul situé à 6 Km 400. On peut faire le même commentaire à propos des forêts sacrées, des lieux dits ( montagnes, chutes, rivières, grottes) des cimetières dans les vieux villages ; et sauf erreur ou omission comme les lieux d’initiation, ces différents sites ne couvrent nullement de grandes superficies, le plus grand a 1, 130 ha

En résumé, on retiendra que les sites culturels des populations de l’UFA 1 sont constitués de lieux d’initiation, de forêts sacrées, de lieux dit et de cimetières. Tous ces espaces culturels ne sont pas très éloignés de leur village et ils couvrent des superficies peu étendues qui coïncident avec la bande des 5 km à l’intérieur de laquelle sera délimité le domaine forestier rural à l’exception du site culturel du village Divindé qui s’étend sur 6 km 300.

4.3: Bilan diagnostic

4.3.1 : Droits des populations sur la forêt

L’examen du cadre juridique de la gestion forestière a montré la non prise en compte des droits fonciers et culturels coutumiers des populations dans la législation. Néanmoins, la loi prévoit l’exercice des droits d’usage coutumiers dans le domaine forestier national (domaine forestier permanent y compris). Ces concessions de l’Etat ne suffisent pas à annihiler les effets des "oublis" de la législation sur le foncier, bien au contraire, ces "oublis" entraînent une rivalité entre le mode de gestion centralisateur et exclusif mis en place par l’Etat moderne et les systèmes de gestion du foncier développés par les populations et qui restent encore en

100 vigueur. Ceux-ci fondent les attitudes de défiance des populations à l’égard de l’Etat et des opérateurs forestiers qui à leur tour débouchent sur une situation récurrente de conflit entre ces trois catégories d’acteurs, les populations essayant de faire reconnaître leurs droits par la violence.

4.3.1.1 : Les solutions apportées par l’Etat Les solutions apportées par l’Etat se fondent sur le principe de la facilité d’accès à la ressource pour les nationaux en général et les populations riveraines des forêts en particulier.

Sur la base de ce principe, différentes dispositions légales ont été prises pour réglementer l’accès à la ressource, mais sans action d’accompagnement, ces dernières restent inapplicables et de peu d’efficacité : → Article 5 de la loi 1/82/PR, 22 juillet 1982, d’orientation en matière des Eaux et Forêts qui stipule: En vue d’assurer leur subsistance, les collectivités villageoises continuent à exercer leurs droits d’usage coutumiers dans les domaines visés à l’article 3, selon les modalités fixées par voie réglementaire.

→ Article 22 de la loi 1/82/PR, 22 juillet 1982, d’orientation en matière des Eaux et Forêts qui stipule : Quelle que soit la zone considérée, l’exploitation des forêts situées aux alentours immédiats des villages est réservée en priorité aux villageois, selon les conditions définies par voie réglementaire.

→ Article 6 du Décret n° 1205/PR/MEFPE, 30 août 1993, définissant les zones d’exploitation forestière : En application de l’article 22 alinéa 3 de la loi n°1/82, et sous réserve des droits acquis et à l’exception des forêts domaniales classées, l’exploitation des forêts situées aux alentours immédiats des villages est, quelle que soit la zone considérée, réservée en priorité aux habitants de ces villages dans un rayon de cinq kilomètres à partir de leurs zones de cultures vivrières.

→ Décret n° 184 du 04/03/1987 fixant les modalités de classement et de déclassement des forêts de l’Etat, et qui organise les modalités de participation des communautés rurales aux décisions concernant la création et la délimitation des dites forêts.

101 → Décret n° 599 du 12/07/1994 portant réglementation des coupes familiales, et qui fait de la coupe familiale un mode d’exploitation exclusivement réservé aux personnes physiques de nationalité gabonaise résidant en permanence dans le périmètre de leur localité d’attache (articles 2 et 3), et organise l’implication de ces dernières dans la procédure d’attribution des dites coupes familiales par la formalité d’affichage appelant les oppositions éventuelles, et la représentation des ces communautés villageoises au sein des commissions provinciales d’attribution mises en place (article 7).

La non ou mauvaise application de certaines de ces dispositions de la loi a permis de faire apparaître les limites du mode de gestion centralisateur et exclusif, des ressources naturelles et l’environnement mis en place par l’Etat. S’il existe aujourd’hui une volonté d’ouverture et une recherche d’équité et de justice sociale du Gouvernement, on note dans les faits une difficulté de passer d’une gestion étatique exclusive des forêts à un partenariat équilibré ; Ceci constitue un véritable défi.

4.3.1.2 : Les évolutions en cours Pour relever ce défi, les principales mesures novatrices se trouvent dans le nouveau code forestier. Elles sont les suivantes : → La redéfinition du domaine forestier national, appartenant à l’Etat, en deux sous- ensembles : a) le domaine forestier rural constitué de terres et forêts dont la jouissance est réservée aux collectivités villageoises ; les forêts communautaires à créer dans une bande d’au moins cinq kilomètres de part et d’autre des voies de communication classées ou autour des villages, seront déposées à l’intérieur de ce domaine. Ces forêts communautaires seront donc assises dans la même zone où sont délivrées actuellement les coupes familiales. Le changement réside dans le statut de l’attributaire : on passe de l’individu à la communauté bénéficaire. b) le domaine forestier permanent constitué de forêts domaniales classées (forêts de protection, aires protégées, arboretum…) et de forêts domaniales productives enregistrées qui se partagent en forêts attribuées et en réserves forestières de production. C’est le plan d’affectation des terres, ayant force de loi, qui opérera cette partition préalable du domaine forestier national.

→ La participation des communautés rurales au processus d’aménagement durable des forêts de production.

102 Toute forêt domaniale, qu’elle appartienne au domaine rural ou au domaine permanent de l’Etat, qu’elle soit ou non concédé, doit faire l’objet d’un plan d’aménagement conforme aux normes et directives nationales d’aménagement édictées par l’Administration. Tout attributaire de forêt dispose d’un délai de 3 ans pour présenter un plan d’aménagement. "L’exploitation des forêts communautaires est subordonnée à un plan simplifié d’aménagement durable, dit "plan simple de gestion", et à un ou plusieurs contrats d’approvisionnement avec une ou plusieurs sociétés de transformation locale".

→ La participation des communautés villageoises à la rente forestière : "L’Etat a vendu la forêt sans notre accord, il touche des taxes et nous, où est notre bénéfice là- dedans". Cette phrase que nous avons souvent entendue dans les villages montre à n’en point douter, la valeur économique désormais attribuée à la forêt.

L’Etat a voulu répondre à cette préoccupation des populations, il a inséré dans le Code forestier promulgué en novembre 2001 deux dispositions novatrices : - Le versement direct par les concessionnaires d’une contribution financière aux villageois ; - La capture directe par les populations elles-mêmes de revenus générés par l’exploitation des forêts communautaires ;

4.3.1.3 : De la contribution financière versée par le concessionnaire L’extrait du nouveau Code forestier qui suit permet d’apprécier la volonté de justice sociale de l’Etat à l’endroit des populations forestières. On peut y lire : "Pour promouvoir l’aspect social de la politique de gestion durable, il est mis en place une contribution financière alimentée par les titulaires de ces concessions pour soutenir les actions de développement d’intérêt collectif par les dites communautés. Le niveau de cette contribution est défini par le cahier de charges contractuelles liées à chaque concession ; La gestion de cette contribution est laissée à l’appréciation des assemblées représentatives des communautés concernées."

4.3.1.4 : Des revenus tirés de l’exploitation des forêts communautaires La nouvelle loi forestière dispose que les revenus de l’exploitation des forêts communautaires reviennent en priorité à la communauté.

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Le souci d’équité et de justice sociale qui sous tend les "coupes familiales" a été dévoyée par la pratique du fermage (partage inéquitable des revenus : 8% pour le titulaire de la coupe, et 92% pour le fermier). Cette même logique qui reste à l’œuvre dans la disposition de la loi relative aux revenus tirés des forêts communautaires sera vouée à l’échec tant que celle-ci ne sera pas assortie de mesures d’accompagnement permettant le renforcement des capacités techniques, financières des communautés riveraines des forêts de production.

Il en est de même de la contribution financière des opérateurs forestiers, des réserves peuvent être émises sur le véritable impact de cette manne financière au regard des expériences actuellement menées dans la sous-région.

4.3.3 : Expériences menées dans la sous région Afrique centrale Alain Karsenty rapporte l’expérience du Cameroun ; il écrit : "Du point de vue des relations avec les populations locales, le fait marquant a été l’instauration par la Direction des forêts en 1997 dans les cahiers des charges des « ventes de coupe » d’un versement parafiscal d’un montant de 1000 F CFA par m3 au profit des communautés villageoises. Le cahier des charges des ventes de coupe prévoit que les exploitants versent la somme de 1000 F/ha aux communes sur l’arrondissement desquelles s’effectue l’exploitation, communes qui devraient affecter cette somme à l’équipement collectif des villages qui lui sont rattachés (par commun accord entre « la communauté et l’autorité administrative concernée » avant l’Arrêté conjoint instaurant un comité de gestion »). On peut à grands traits, envisager deux scénarios dans les prochains mois par rapport à cette pratique :

Scénario de dégradation  L’accélération des délivrances de ventes de coupe, permis d’exploitation et autres permis de récupération conduit à une dégradation rapide des forêts. Les villageois préfèrent les bénéfices immédiats « de la règle des 100 F/m3 » sur les ventes de coupe à la procédure lourde et aux revenus incertains des forêts communautaires. Des conflits se développent entre les villages à propos des limites de finage, liés à la répartition de l’argent des ventes de coupe.

104 Scénario de consolidation  Les procédures d’attribution des UFA se débloquent rapidement, rendant plausibles la mise en œuvre progressive de l’aménagement par des concessionnaires prenant en main la gestion des surfaces qui leur ont été attribuées ;  Un contrôle plus strict des conditions de délivrance des ventes de coupe et de leur exercice limite la vitesse de dégradation des forêts du domaine national et rend envisageable un aménagement des forêts communautaires susceptibles de fournir des revenus réguliers aux villageois.

Un certain nombre de conditions institutionnelles sont requises pour ce scénario de consolidation. Outre la volonté politique effective de limiter les ventes de coupe et de faire avancer l’aménagement des UFA, il faut également que les autorités acceptent de prendre en compte des solutions négociées au niveau local, même si celles-ci ne sont pas prévues comme telles dans les textes ministériels." (A. KARSENTY, 1999).

Pour A. Karsenty, la situation qui prévaut actuellement au Cameroun tend d’avantage à ressembler au scénario de dégradation qu’à celui de la consolidation. Toujours sur l’expérience du Cameroun, un autre texte extrait du rapport de l’atelier sur "la gestion transparente de la redevance forestière : proposition d’actions dans la région de Lomie" 2000) vient appuyer le pessimisme de A. Karsenty.

On peut y lire : Généralement, des conflits apparaissent souvent quant au partage non transparent de l’argent (quant il est remis directement aux populations) et du montage des micro projets dans les villages. Ce partage se fait souvent au détriment de certaines couches sociales telles que les Bakas13, les femmes et les jeunes. Il existe donc des facteurs culturels qui excluent certaines catégories sociales de la rente forestière. Le seul repère de partage équitable, en l’espèce est l’application de l’arrêté conjoint N°000122/MINEFI/MINAT du 29 avril 1998 portant sur les modalités de gestion de la RDF, ce dernier n’est pas encore bien appliqué dans les villages. Au niveau communal, les problèmes constatés portent sur la gestion générale de la RDF et surtout sur le faible impact de ces fonds dans le développement de la localité. Des irrégularités et des complicités frauduleuses (entre les maires, le percepteur et l’entrepreneur devant réaliser le micro projet demandé par les populations) sont constatées dans les

13 Groupe pygmée de cette région. Il est évalué à 40.000 personnes.

105 procédures de signature des mandats. Comme précisé plus haut, le manque d’expertise au sein du conseil municipal neutralise le débat sur le développement et positionne le maire en gestionnaire solitaire.

A la lecture de l’expérience camerounaise, on est tenté d’écarter cette alternative dans le cas gabonais, nonobstant les prescriptions de la loi. Mais il convient de dire que cette initiative est hautement souhaitable au regard des enjeux sociaux de la foresterie ; elle apparaît être un élément clé pour promouvoir un système de droits et obligations mutuels visant à préserver l’intégrité des massifs forestiers en associant directement les populations locales aux bénéfices de l’exploitation et de l’aménagement forestier.

Pour être viable et efficace, cette initiative demandera une adaptation du cadre institutionnel local. Ce dernier doit inclure :  L’organisation des populations en une structure à personnalité juridique (association de développement). Ceci permettrait l’apparition d’un interlocuteur collectif ou (de représentants légitimes); les questions liées aux coûts et à l’expertise nécessaire pour l’encadrement de cette action doivent faire l’objet d’une attention particulière ;  La décentralisation de la gestion de cette contribution financière par d’une part la création d’une instance de gestion (le comité de suivi des accords de gestion peut assurer cette fonction) et d’autre part la création d’un fonds de développement local alimenté par la contribution financière du concessionnaire et par des ressources additionnelles (Fonds forestier, Organismes internationaux de conservation, Bailleurs….), le cas échéant.

Par ailleurs, diverses contraintes doivent être levées. 4.3.4 : La mise en œuvre des solutions apportées par l’Etat 4.3.4.1 : Contraintes au niveau de la communauté villageoise → Déficit d’information sur la nouvelle politique forestière et les changements intervenus dans la législation forestière (nouveau Code forestier) : - absence de canaux et instruments de vulgarisation de la loi forestière, - absence de cadre institué pouvant servir de lieu de partage de l’information, de concertation entre acteurs.

106 Cette contrainte peut être levée par l’information et la sensibilisation de la population sur la nouvelle législation forestière, sur l’aménagement durable des forêts et sur leurs droits et obligations dans ce nouveau cadre de la gestion des forêts.

 Contraintes liées à la mise en place d’un cadre organisationnel novateur adapté aux objectifs de la gestion durable des Forêts. Les principales contraintes liées à la mise en œuvre de cette innovation organisationnelle au niveau de la communauté villageoise sont les suivantes : - Influence de l’élite extérieure : L’élite extérieure peut influencer positivement ou négativement l’organisation des villageois. L’influence positive de l’élite consiste à renforcer la sensibilisation des populations locales concernant le concept de gestion durable des forêts dans la mesure où cette élite comprend mieux les enjeux de la question. Cette influence positive de l’élite ne peut que raviver l’enthousiasme de la communauté pour la collaboration avec l’exploitant. L’influence négative de l’élite tient à la méconnaissance des enjeux de la gestion durable et à des intérêts financiers sur la forêt. Dans ce cas, l’élite en question mène auprès des populations une campagne contre le processus d’aménagement durable des forêts. Les populations sont alors "intoxiquées" compte tenu de leur réceptivité traditionnelle à la parole de l’élite qui est généralement considéré comme parole de sage. En effet, l’élite est considérée dans les villages comme étant le « guide éclairé » connaissant mieux le monde extérieur au village ; par conséquent, le village qui est resté enfermé sur lui-même est prêt à suivre ce guide éclairé.

- Conflit entre les intérêts communautaires à long terme et les retombées individuelles à court terme issues de l’exploitation de la forêt. Dans la plupart des communautés villageoises, les populations se consacrent généralement aux activités qui leur assurent des gains immédiats au niveau des ménages individuels. On note une absence d’esprit communautaire dans les activités génératrices de revenus. C’est le cas actuellement des coupes familiales qui sont exploitées non par la famille mais par des individus. Cette contrainte peut être levée si l’on crée une motivation au démarrage du processus par exemple par une distribution ponctuelle de la "rente forestière". La part allouée à chaque lignage ou unité familiale le sera au prorata de la population totale du village.

107 - Changement de leadership dans les villages Le leadership dans les villages est actuellement exercé par des personnes ayant une légitimité traditionnelle. Ces personnes généralement âgées et non instruites, n’ont pas les capacités et les connaissances requises pour prendre la direction des innovations institutionnelles introduites dans les villages. Les jeunes, responsables de ces structures du fait de leur proximité avec le monde extérieur (l’exploitant..…), ont tendance à étendre leur leadership à l’ensemble du village. Cette contrainte peut toutefois être levée par l’insertion dans la structure d’un conseil des sages réunissant les chefs administratifs et la chefferie coutumière au sein du village.

- Non-implication de certaines catégories de la population :  Les Femmes Par le fait de la résidence patrilocale du couple, les femmes quittent leur village au moment du mariage pour s’installer dans un village différent. Elles ont accès aux ressources forestières sans aucun contrôle. D’où leur mise à l’écart des questions de gestion forestière. Elles estiment elles-mêmes, qu’elles n’ont pas à s’investir dans la structure compte tenu de leur influence limitée sur la forêt villageoise.

 Les personnes âgées : Au regard de leur connaissance limitée du monde extérieur au village et de tous les "débats" qui l’animent d’une part et, généralement attirées par les gains immédiats en raison de leur âge d’autre part, les personnes âgées sont peu motivées pour s’impliquer dans la structure et le processus qui la sous-tend. Cependant, elles restent détentrices de l’autorité sociale sur les ressources.

4.3.4.2 : Contraintes au niveau de l’administration des Eaux et Forêts - Affinité avec les élites politico-administratives des villages concernés Cette affinité peut entraîner la récupération du processus au détriment des villageois.

- Passivité de l’administration sur le terrain La question de l’aménagement durable des forêts est une innovation récente au Gabon. Les populations ne sont pas informées sur les dispositions légales y afférentes et sur leurs droits et devoirs. L’Etat fait montre d’une volonté d’ouverture et d’implication des populations dans la gestion forestière (ce qui est fort utile), mais cependant sans pour autant les informer, les

108 sensibiliser ou les préparer au partenariat. Il s’agit là d’une bombe à retardement qui peut causer des dégâts insoupçonnés.

- Détournement d’une partie de la rente forestière destinée aux villageois Le détournement d’une partie de la rente forestière destinée aux villageois par l’administration forestière ne peut qu’accroître le discrédit existant à l’égard de celle-ci auprès des villageois qui pensent que "s’ils n’ont pas de retombées significatives issues de l’exploitation forestière, c’est à cause à la fois de l’élite politico-administrative du coin" et de l’administration des Eaux et Forêts à tous les échelons qui se partagent le "gâteau"

4.3.4.3 : Contraintes au niveau du concessionnaire : Paternalisme à outrance de la structure ; Lourdeurs procédurales dans le déblocage des fonds ; Absence de volonté réelle de collaboration avec les populations ; Détournement d’une partie de la rente destinée aux villageois au profit de ceux que J.C. CARRET appelle "l’extérieur à l’entreprise et à l’Etat".

En définitive, la reconnaissance de fait des droits anthropologiques des populations sur la forêt par le partage de la rente forestière peut représenter un progrès appréciable dans l’implication des populations dans la gestion durable des forêts mais elle intervient dans un contexte institutionnel local inadapté. Aussi est-il indispensable qu’un partage de responsabilités entre l’Etat, le concessionnaire et les populations soit négocié et les accords consignés dans un cahier de charges et que des organisations et structures de gestion décentralisées soient mise en place.

4.3.4 : Identification, matérialisation des finages villageois et aménagement Dans l’UFA1, les problèmes de concurrence sur l’espace des fonctions et usages socioculturels de la forêt et des fonctions économiques ne se posent presque pas comme il a été vu ci-dessus. Les différents espaces constitutifs des finages villageois sont localisés dans la bande des 5 km réservés aux villageois. Seul le finage de Divindé va à 6,3 km. Ceci revient à dire que la décision à prendre par l’aménagiste est de délimiter cette bande de 5 km pour chaque village. La principale difficulté est représentée ici par l’absence à ce jour d’exemple ou de cas pratique depuis la promulgation de la loi 1/82.

109 Le seul problème qui apparaît à travers la carte des finages est celui de la protection des arbres à valeur culturelle à cause de leur dissémination dans le massif forestier.

En outre, certains arbres culturels sont également recherchés pour leur valeur économique (moabi, movingui, padouk). Comment concilier les deux usages ? Ceci constitue un des points à apporter à la table de négociation.

4.3.3 : Problématique des forêts communautaires 4.3.3.1 : Constitution des forêts communautaires L’identification des finages villageois est, on l’aura compris, une opération indépendante de l’éventuel constitution de forêts communautaires à proximité des villages. Les deux entités ne sont pas de même nature : le finage identifié et éventuellement cartographié procède d’une convention entre utilisateurs de l’espace, tandis que les forêts communautaires sont une catégorie juridique issue de la nouvelle loi forestière.

Les superficies maximales des forêts communautaires sont fixées par décret, alors que les finages se déploient sur des espaces "à géométrie variable" dont les caractéristiques sont d’être discontinus, fonction des modes d’usage des ressources naturelles. En outre, les forêts communautaires doivent être, au terme de la loi, constituées en dehors du domaine forestier permanent. Les finages, eux, n’ont pas à être constitués juridiquement puisqu’ils sont une donnée de terrain qui échappe aux classifications administratives.

4.3.3.2 : Relations Forêts communautaires – UFA1 Les relations forêts communautaires-UFA1 laissent supposer une menace d’empiètement dans l’UFA1. En effet, les forêts communautaires seront déposées dans le domaine forestier rural qui coïncide ici avec l’étendue du finage dans 20 sur 21 villages. On peut penser que les différents usages qui se déploient dans cet espace (notamment l’agriculture) réduisent de façons substantielle le potentiel ligneux et que toute tentative de constitution d’une forêt communautaire présente un risque d’empiètement dans l’UFA1. Ceci constitue un deuxième point à débattre lors de la négociation entre partenaires et les engagements conjoints de gestion devront être consignés dans le cahier des charges.

110 4.3.3.3 : Relations Finages – UFA1 En ce qui concerne les relations finages – UFA1, il a été vu ci-dessus que les intersections finages-UFA1 ne concernent qu’un (1) village : Divindé qui a son finage au delà de 5 km (domaine forestier rural). Le cahier des charges rédigé pour chaque village pourra intégrer cette dimension pour le cas de Divindé. Il faut rappeler que le plan étant révisable, le cahier des charges devrait l’être aussi pour tenir compte des dynamiques sociales et de l’évolution des relations entre les partenaires de l’aménagement.

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5- Situation économique et utilisation des ressources

5.1 : Activités productives

Tableau n° 30 : Activités principales selon le village ACTIVITES Total Villages activités/ Agriculture Chasse Pêche Elevage Artisanat Commerce village Boulembo Oui Oui Oui Oui Oui 5 Boupoundza Oui Oui 2 Boussimbi Oui Oui Oui 3 Diangui Oui Oui Oui Oui 4 Dilanda Oui Oui Oui 3 Divindé Oui Oui Oui Oui 4 Indzambo Oui Oui Oui 3 Iwatsi Oui Oui 2 Malongo Oui Oui Oui 3 Mandji Oui Oui Oui Oui Oui 5 Masukou Oui Oui Oui 3 Mavanga Oui Oui Oui 3 Mayengué Oui Oui 2 Moudouma 1 Oui Oui Oui 3 Moudouma 2 Oui Oui Oui 3 Moukandi Oui Oui Oui 3 Mounongo Oui Oui Oui 3 Oubayi Oui Oui Oui 3 Oubendji (Moudouma 3) Oui Oui Oui 3 Poungou Oui Oui Oui 3 Sogha Oui Oui Oui 3 Total villages/activité 21 100% 21 100% 16 76,19% 5 23,80% 29,52% 1 4,76% * (M.3) = Moudouma 3 L’activité agricole et la chasse demeurent les activités principales dans les 21 villages enquêtés. Outre ces deux occupations, les paysans de l’UFA1 réalisent une ou plusieurs activités complémentaires comme le montre le tableau ci-dessus.

5.1.1 : L’agriculture 5.1.1.1 : L’agriculture vivrière L’agriculture vivrière : principale activité L’agriculture vivrière est la principale activité dans la zone à l’étude. Elle est surtout pratiquée par les femmes. Les produits cultivés sont essentiellement : la banane, le manioc, l’arachide, la canne à sucre et le taro. Occupation et utilisation agricole du territoire

- distance entre les zones de culture et le village

112 Tableau n° 31 : distance zone de cultures et superficies cultivées selon le village Nom du village Population 2001 Distance en km Superficies en ha Observations Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 1 Zone 2 Zone 3 A l’intérieur du permis Boulembo 110 1,52 16,48 A l’intérieur du permis Boupoundza 52 0,64 3,2 A l’extérieur du permis Boussimbi 96 0,36 0,6 0,125 0,125 Diangui 96 0,00033 1,2 116 12,6 A l’intérieur du permis Dilanda 152 1,6 0,320 14,08 6,4 A l’intérieur du permis Divindé 150 0,4 0,9 1,2 12,8 2,56 3,84 A l’intérieur du permis Indzambo 166 0,76 1,84 4 1 A l’intérieur du permis Iwatsi 59 0,56 0,92 7,2 1 A l’intérieur du permis Malongo 152 0,6 1,6 91,2 32 A l’intérieur du permis Mandji 300 5,0 5,6 8 28 A l’intérieur du permis Masuku 152 1 ⌡ 2 2,3 ⌡ 2 100 A l’intérieur du permis Mavanga 127 0,760 8,96 A l’intérieur du permis Mayengué 200 0,6 2 0,02 A l’intérieur du permis Moudouma 1 234 0,480 0,960 0,05 0,05 A l’intérieur du permis Moudouma 2 Moukandi 204 0,3 31,4 Hors du permis Mounongo 204 0 6,4 720 45,2 A l’intérieur du permis Oubayi 14 0,760 2,64 15,2 62,4 A l’intérieur du permis Oubendji 46 0,36 0,52 1,04 0,05 A l’intérieur du permis Poungou 52 0,920 0,760 12,52 4 A l’intérieur du permis Sogha 40 A l’intérieur du permis Source : CURFOD, enquête socio-économique, 2001

113 Compte tenu de la faible démographie des villages, la portion de territoire consacrée à l’activité agricole demeure relativement petite et les zones de culture sont généralement concentrées à proximité des villages. Ainsi, comme le montre le tableau qui précède, la zone de culture la plus éloignée du village est à 6,4 km ; il s’agit de la deuxième zone de culture de Mounongo alors que sa première zone de culture est à 0 km du village. La deuxième est à 5,6 km, il s’agit du village Mandji qui est un regroupement de 13 villages. Les populations concernées sont parties du site qu’elles occupaient initialement pour venir s’installer sur le nouveau site où a été construit le regroupement ; mais ces populations continuent à utiliser "leur brousse" et leur jachère pour leurs travaux champêtres. C’est ce qui explique la distance parcourue (5,6 km). La carte du finage du village Mandji (T. 3) montre également une discontinuité de la zone de culture. On observe en fait trois zones de cultures différentes sur la carte. Cette dispersion des zones de culture s’explique par les mêmes raisons évoquées il y a un instant. La distance moyenne entre le village et la première zone de culture pour les dix-neuf villages où les informations sont disponibles peut être estimée à 0,98 km. Concernant la deuxième zone de culture, la distance moyenne peut être estimée à 1,9 km pour les 15 villages qui ont une deuxième zone de culture. La pratique selon laquelle l’arachide est plantée dans les jachères des vieux villages explique entre autres, l’existence de cette deuxième zone de culture pour certains villages. Il faut rappeler ici que même situés à l’intérieur de l’UFA1, ces zones de culture restent assises ici dans la bande des 5 km ou selon la nouvelle terminologie du Code forestier, dans domaine forestier rural ; ce qui exclut le problème de superposition ou de chevauchement avec les zones à exploiter à l’exception peut être de deux villages : Monongo et Mandji.

- Superficies cultivées selon le tableau ci-dessus, les superficies cultivées oscillent entre 72,0 ha et 0,05 ha. La superficie moyenne en première zone de culture peut être estimée à 72,01 ha par village et à 40,74 ha pour la deuxième zone. Chaque ménage défriche au moins 2 champs par an et la jachère dure environ 10 ans.

La taille de la famille et la disponibilité de la main d’œuvre sont traditionnellement les facteurs qui expliquent la taille des superficies cultivées. De nos jours, en plus de l’équipement utilisé pour abattre les gros arbres, le désir d’accroître les revenus est aussi une

114 motivation pour agrandir ses plantations. La proximité et l’ouverture de marchés vivriers sont par conséquent des facteurs qui influencent l’évolution des superficies cultivées. En ce qui concerne notre zone d’étude, seule la taille de la famille et la disponibilité de la main d’œuvre expliquent la taille des superficies cultivées. Sous-peuplés et amputés des actifs masculins partis du village, les villages manquent de main d’œuvre masculine. A cela il faut ajouter la mévente des produits agricoles et l’absence de débouchés pour les produits de cueillette. Ainsi, les surfaces en cultures par ménage sont très petites et varient entre 0,5 ha et 0,8 ha/exploitation ; ce qui correspond à la moyenne nationale : 0,8 ha/exploitation.

L’agrandissement des surfaces en culture nécessite beaucoup de travail. Il faut en effet soit débroussailler d’anciennes jachères, soit défricher de nouvelles parcelles. Généralement effectué par les hommes, ce travail est pénible ; et bon nombre de paysans, à cause de leur âge avancé ne peuvent plus débrousser la forêt vierge. Compte tenu de la pénibilité du travail de défriche, considérant également la force de travail dont dispose la famille, les superficies nouvellement défrichées chaque année sont assises dans les anciennes jachères ; l’ouverture des plantations dans la grande forêt reste exceptionnelle (cf. tableau sur les distances entre le village et les zones de cultures).

En définitive, à cause de la faiblesse numérique de la population, du défrichement limité de nouveaux champs en forêt et de la relative abondance des jachères dans les zones de culture. Nous pouvons dire qu’il n’y a pas de pression sur le massif forestier de l’UFA1, les champs et les jachères (la zone de culture) sont localisés à peu de distance des zones habitées. Cependant, il convient d’attirer l’attention sur la pratique de l’agriculture dans les vieux villages, ce qui rend nécessaire la conduite de négociations, pour limiter et contrôler cette pratique.

115 - Estimation des superficies agroforestières nécessaires par village Tableau n° 32: Estimation des superficies agricoles par villages(*) Villages Nombre de ménages Superficies agricoles Boulembo 19 380 Boupoundza 7 140 Boussimbi 25 500 Diangui 25 500 Dilanda 41 820 Divindé 12 240 Indzambo 37 740 Iwatsi 30 600 Malongo 41 820 Mandji 11 220 Massoukou 41 820 Mavanga 23 460 Mayengué 25 500 Moudouma 1 46 920 Moudouma 2 46 920 Moukandi 24 480 Mounongo 37 740 Oubayi 34 680 Oubendji (Moudouma 3) 46 920 Poungou 17 340 Sogha 29 580 Total 616 12320 (*) Estimation basée sur 20 hectares par ménage.

Pour chaque village, on a calculé un ordre de grandeur théorique des superficies agricoles en fonction de l’effectif actuel de la population. Le ménage, au sens du recensement de la population a été choisi comme unité familiale, car il correspond à l’unité de consommation et de production agricole de base.

La superficie agroforestière nécessaire à un ménage rural moyen14 a été calculée sur les bases suivantes :  on a évalué à un hectare et demi la superficie mise en culture annuellement permettant d’assurer l’approvisionnement vivrier de la famille (2 plantations/an de 0,8 ha chacune) ;  un hectare supplémentaire a été réservé pour la production d’éventuels surplus vivriers (plantain, canne à sucre…) destinés à la commercialisation ;  le système de culture étant ici très extensif, la durée moyenne de la jachère est d’environ 10 ans. On peut donc considérer qu’en moyenne un ménage peut théoriquement exploiter pour un usage agricole 25 hectares de forêt. Les superficies exploitées dans l’UFA1 sont actuellement

14 La taille moyenne des ménages au niveau national est de 5,2, celle de Ogooué Lolo où se situe la plus grande partie de notre zone d’étude est de 4,9 avec une disparité prononcée entre la moyenne des ménages urbains (5,5) et celle des ménages ruraux (4,5). RGPH, 1993

116 bien inférieures (cf. ci-dessus); mais on peut penser que de nouvelles conditions économiques créées par l’arrivée de l’exploitation forestière et par le programme gouvernemental de lutte contre la pauvreté favorisera le dynamisme des villages.

- Le système cultural Le système cultural observé dans la zone à l’étude est la culture itinérante sur brûlis. Elle se caractérise principalement par l’ouverture de champs en forêt et des cultures sur d’anciennes jachères dont la végétation s’est reconstituée. La plupart des femmes interrogées dans les villages ont au moins 1 à 6 jachères et cultivent essentiellement dans les jachères reconstituées. Dans cette agriculture traditionnelle, l’utilisation des engrais, celle de plants sélectionnés ou améliorés est à peu près inconnue.

- Production agricole  Produits vivriers * la banane plantain La banane plantain est la principale culture vivrière dans la zone. Tous les villageois la pratiquent et la production évaluée sur une base hebdomadaire, varie grandement de l’un à l’autre. D’aucuns ont déclaré une production de 5 à 10 régimes par semaine alors que d’autres affirment récolter jusqu’à 20 régimes pour la même période de temps. A partir des résultats de l’enquête, on peut évaluer à 12 régimes par semaine la récolte moyenne des plantations par unité domestique de production. Cependant, on trouve de grandes bananeraies dans les villages tels que Sogha, Oubendji (Moudouma 3).

En plus de servir d’aliment de base à la plupart des familles, le plantain est largement commercialisé ; c’est même, pour la plupart des paysans, la denrée proportionnellement la plus vendue parmi les cultures vivrières. La proportion qui est commercialisée dépend bien évidemment de la production totale. Aussi, ceux qui déclarent une récolte de 10 à 20 régimes par semaine en commercialisent généralement les 3/4 ou même les 4/5. Le plantain est vendu en régimes individuels à des passants le long de la route. Dans la plupart des villages, les populations souhaitent que la société LEROY vienne y faire son marché afin de leur prendre des quantités importantes de bananes. Actuellement, les quantités vendues restent dérisoires : 5 à 8 régimes par semaine.

117 * le manioc Le manioc est la deuxième production en importance dans la zone. Tous les paysans interrogés cultivent le manioc qui sert d’abord à l’alimentation de la famille. La production varie de 1 à 6 paniers par semaine. Environ les 2/3 des paysans interrogés ont une production négligeable et ne vendent pas de manioc. Ceux qui en produisent deux paniers et plus peuvent vendre jusqu’à la moitié environ de leur production, mais il est exceptionnel que la portion vendue soit plus importante que celle réservée à l’autoconsommation. Le manioc est vendu sous forme de gros bâtons présentés individuellement et sous forme de tubercules.

* Aubergine, gombo, oseille, piment La culture de l’aubergine, du gombo, de l’oseille et du piment est pratiquée par la majorité des agricultrices interrogées. Ces légumes apportent de la diversité dans le menu des familles villageoises et ponctuellement des revenus additionnels. Ces productions, pour la plupart saisonnières, sont réalisées dans les jardins de case et dans les nouvelles plantations. Les quantités produites dans la zone ne sont pas importantes ; 2 à 3 paniers par récolte, par agricultrice et par saison pour chaque légume. En raison de l’enclavement de la zone à l’étude, ces productions facilement périssables sont très peu commercialisées et servent surtout à l’autoconsommation.

- Cultures complémentaires Outre les cultures vivrières énumérées ci-haut, d’autres cultures sont réalisées par les paysans de la zone à l’étude. La banane douce, la canne à sucre (servant surtout à faire le vin de canne) et l’ananas. Le vin de canne est, après la banane plantain, le produit qui se vend très bien dans la zone tant sur les marchés urbains que dans les villages. Les quantités produites sont importantes (2 à 5 touques de 20 litres par unité domestique de production par semaine. Un panier de canne à sucre permet d’obtenir en moyenne un seau de dix litres de jus de canne. Ce jus est ensuite fermenté avec le bois amer pour obtenir le vin de canne. On peut donc estimer à 10 paniers en moyenne, la production de canne à sucre par semaine et par unité domestique de production.

118 Tableau n° 33 : Productions vivrières % de ménages Production moyenne Cultures Destination producteurs par ménage Commercialisation Consommation Banane plantain 100% 12 régimes/s 40% 60% Manioc 100% 6 panniers/s 20% 80% arachide 60% 5 sacs/an 15% 85% Aubergine, gombo, oseilles, piments 100% 3 paniers/trimestre 5% 95% Canne à sucre 40% 100% Ø ananas 30% Saisonnier 10% 90% Banane douce 50% 5 régimes/s 50% 50% Source : Enquête CURFOD 2001

En résumé, la production vivrière des villageois de l’UFA1 se caractérise d’abord par la diversité des cultures pratiquées. Une majorité d’agricultrices récoltent au moins 9 produits différents chaque année. Les quantités produites ne sont pas très importantes, sauf parfois dans le cas de la banane plantain, et aux dires même des villageois, ces quantités sont volontairement limitées parce que les produits ne se vendent pas et demandent un travail important, compte tenu des techniques et outils rudimentaires utilisés (machettes, hache…).

Toutefois, la production vivrière actuelle permet de satisfaire les besoins alimentaires des villageois, mais cette alimentation reste pauvre en protéines.

La commercialisation des produits vivriers Tableau n° 34 : Prix des produits vivriers PRODUIT PRIX MOYEN (F CFA) / UNITE Plantain 1000 – 2000 le régime ou 5000 le tas (4 – 5 régimes) Manioc 200 le bâton ; 2000 le paquet de 10 Arachide 500 l’assiette ou 2500 la cuvette Gombo 100 F le tas ou 1000 F la corbeille Banane douce 100 F la grappe de cinq doigts Source : enquête CURFOD 2001.

Les prix de vente des produits vivriers ne varient pratiquement pas d’un village à un autre, quelle que soit la zone rurale concernée. Dans la zone à l’étude, c’est la vente du plantain qui rapporte le plus, non pas à cause d’un prix très élevé, mais à cause des quantités écoulées par rapport aux autres produits. Ainsi, des revenus évalués à 10.000 francs par semaine proviennent de la commercialisation de la banane plantain. Les revenus tirés de la vente des autres produits vivriers peuvent être estimés à environ 3.000 francs CFA par semaine.

119 La vente des produits vivriers n’est cependant pas l’unique source de revenus des villageois et, comme nous le verrons plus loin, l’agriculture ne représente en moyenne que la moitié des revenus cumulés des ménages.

5.1.1.2 : Cultures pérennes La majorité des paysans rencontrés ont quelques cultures pérennes. Mais elles se résument bien souvent à certains arbres fruitiers (avocatiers, atangatiers, mandariniers, goyaviers, palmiers, etc.) Malgré la diversité des produits récoltés, ces cultures n’occupent pas une place importante dans l’économie paysanne de la zone, pas tant à cause des quantités produites, mais à cause des quantités infimes écoulées du fait de l’enclavement des villages. Cependant, le palmier occupe une place spéciale dans les villages massango et puvi enquêtés. Il est utilisé par les hommes pour produire du vin de palme, très prisé dans la zone. La présence de palmiers le long de la route ou en forêt signale souvent l’existence d’un vieux village. On note parfois des conflits entre les villageois et les exploitants forestiers quand ces derniers viennent à détruire des palmiers dans le cadre de leur activité. Les quantités de vin de palme produites sont consommées pour 1/3 et 2/3 sont vendus aux passants sur la route et au sein du village. Un litre de vin de palme est vendu à 500 francs cfa, et on peut estimer à 10 litres la production hebdomadaire par unité domestique de production, et à 7 litres la quantité vendue. En résumé, il convient de noter que même si la culture des arbres fruitiers est très répandue dans la zone à l’étude, la commercialisation des fruits, mis à part les atangas et le vin de palme, est très limitée par l’étroitesse du marché du fait de l’enclavement de la zone. Aussi, la production vise t-elle d’abord à répondre aux besoins de la famille et les surplus pourrissent souvent sur l’arbre quand ils ne trouvent pas preneur, faute de savoir-faire et de moyens pour transformer le produit. Découragés, les villageois ne montrent pas un intérêt pour le développement du fruitier dans leur zone. Pourtant, ce serait là, une source de revenus alternatifs porteuse, parce que spécifique.

5.1.2 : Activités complémentaires L’activité agricole demeure l’activité principale pour tous les ménages dans les villages enquêtés. Outre l’agriculture, les paysans de la zone à l’étude réalisent une ou plusieurs activités complémentaires parmi lesquelles la chasse et la pêche sont les plus importantes,

120 alors que la cueillette et le petit élevage (ou élevage d’espèces mineures) restent à l’état embryonnaire.

5.1.2.1 : L’élevage L’élevage est une activité qui se pratique à petite échelle et concerne essentiellement les volailles, les cabris et les ovins. Alors que la presque totalité des ménages enquêtés élèvent quelques volailles, beaucoup plus rares sont ceux qui ont des cabris ou des ovins. L’élevage sert principalement à honorer certaines obligations sociales (mariage, deuil, cérémonies rituelles, etc.). Cette activité n’engendre donc pas de revenus importants. Elle n’intervient pas non plus dans le cadre de la diète familiale. Les élevages d’ovins et de caprins sont quant à eux très modestes et ne comptent bien souvent pas plus de cinq têtes.

5.1.2.2 : La chasse

- Zones de chasse

121

Tableau n° 35 : distances entre le village et la zone de chasse selon le village

Nom du village Population 2001 Distance en km Superficies en ha Observations Zone 1 Zone 2 Zone 1 Zone 2 A l’intérieur du permis Boulembo 110 2,44 1,16 A l’intérieur du permis Boupoundza 52 2,8 2461,76 A l’intérieur du permis Boussimbi 96 4,04 8,304 A l’intérieur du permis Diangui 96 0,40 0,01 A l’intérieur du permis Dilanda 152 Divindé 150 3,48 3802,67 A l’intérieur du permis Indzambo 166 3,6 0,02 A l’intérieur du permis Iwatsi 59 2,6 0,1 A l’intérieur du permis Malongo 152 Mandji 300 1,2 0,452 A l’intérieur du permis Masuku 152 A l’intérieur du permis Mavanga 127 3,2 3215,36 A l’intérieur du permis Mayengué 200 2,84 0,02 A l’intérieur du permis Moudouma 1 234 4 0,5 A l’intérieur du permis Moudouma 2 Moukandi 204 3,5 3,33 0,884 A l’intérieur du permis Mounongo 204 6,4 1286,14 A l’intérieur du permis Oubayi 14 2,64 62,4 A l’intérieur du permis Oubendji 324 4,4 0,5 A l’intérieur du permis Poungou 52 3,4 3629,84 A l’intérieur du permis Sogha Source : Enquête CURFOD, 2001.

122 La chasse demeure une activité très importante pour les habitants de la zone. C’est en fait tous les hommes de 14 à 50-55 ans dans les 21 villages enquêtés, qui pratiquent la chasse de façon régulière, c’est-à-dire 2 à 3 fois par semaine, et cela malgré la distance parfois très grande qu’il leur faut parcourir, selon que l’on chasse le petit ou le gros gibier. En effet, alors que la chasse au petit gibier (hérissons, porcs-épics, rats palmiste etc.…) se pratique à proximité des plantations et dans les jachères, soit de 0,52 km à 1 km, il faut parcourir plusieurs kilomètres – soit de 2 à 7 km (cf. tableau ci-dessus)- et atteindre la grande forêt pour chasser le gros gibier (phacochère, chevrotin, mandrill etc.…). Toutes les zones de chasses des villages visités sont situées à l’intérieur de l’UFA1. Certains villages situés à l’extérieur de l’UFA1 ont également leur zone de chasse à l’intérieur de l’UFA1. Il s’agit de Diangui, Boussimbi, Mayengué et même de la ville d’Iboundji comme le montre la carte des finages (cf. infra).

- Les techniques et outils de chasse Les techniques et outils de chasse sont fonction des espèces chassées dont le nombre et la diversité sont grands. Le petit gibier est relativement abondant près des plantations, il est même une nuisance pour la plupart des paysans. Le hérisson, le porc-épic et la vipère sont chassés au piège ou à l’assommoir ; quant aux oiseaux, ils sont souvent piégés ou pris au collet comme c’est le cas pour les pigeons et les perdrix. Crocodiles, serpents et pangolins sont parfois abattus à la machette, parfois capturés avec des pièges.

Le gros gibier est chassé au fusil ou capturé avec des pièges. Phacochères ou sangliers, antilopes, mandrill, gorille, céphalopes et chevrotins sont chassés dans la forêt et généralement abattus au fusil. Quelques villageois seulement possèdent un fusil et ne peuvent s’en servir régulièrement faute de cartouches et d’accessoires pour la chasse de nuit (torche, piles, ampoules etc…). Les animaux les plus chassés sont d’abord les petits gibiers parce qu’ils sont plus faciles à attraper et qu’ils font souvent des ravages dans les plantations, surtout le hérisson et le singe. Ainsi, des écureuils ou rats palmistes et rats de Gambie, hérissons et porcs-épics, même les gazelles, petits singes maraudeurs et pangolins sont fréquemment capturés et alimentent régulièrement la diète familiale car leur viande est très appréciée.

123 - Consommation des produits de la chasse Tableau n° 36 : Rythme de consommation des produits de la chasse Fréquence de consommation Nombre de village Pourcentage Tous les jours 4 19,0 Une fois par semaine 2 9,5 Deux fois par semaine 12 57,1 Rarement 3 14,3 Total 21 100 Source : Enquête CURFOD, 2001 Ce tableau montre que dans 12 villages sur les 21 enquêtés, on consomme la viande de chasse 2 à 3 fois par semaine, soit 57,1% ; dans 4 villages, tous les jours (19%) et dans 3 villages rarement (14,3%). L’observation sur le terrain permet de penser que ces chiffres sont bien en deçà de la réalité, car la viande de gibier est l’une des denrées qui rentrent dans la composition du menu des ménages.

- Profil de l’activité de chasse Tableau n° 37 : Profil de l’activité de chasse Population de chasseurs Hommes de 14 à 50 ans - à proximité des plantations et dans les jachères pour le petit gibier Lieux de chasse - dans la - grande forêt pour le gros gibier - 0,52 à 1 km pour le chasse au petit gibier Distance à parcourir - 4 à 7 km en moyenne pour la chasse au gros gibier - piège Techniques utilisées - assomoir - fusil Fréquence de la chasse 1 fois par semaine en moyenne (de 1 à 3 fois selon l’individu) - gazelle - hérisson - porc-épic Principales espèces chassées - singe - antilope - pangolin - sanglier Source : Enquête CURFOD, 2001

- Animaux rares ou disparus Tableau n° 38 : Animaux rares ou disparus Nombre de Animaux villages Pourcentage concernés Chat tigre, Zèbre, Panthère noire 1 4,8 Sanglier 2 9,5 Sanglier, Gorille 1 4,8 Sanglier, Pangolin géant, chevrotin aquatique, Singe soleil 1 4,8 Sanglier, Panthère 1 4,8 Singe mandrill, Buffle 1 4,8 Tortue, Panthère 1 4,8 Ne se prononcent pas 13 61,9 Total 21 100 Source : Enquête CURFOD, 2001

124 - Espèces protégées

Tableau n° 39 : Connaissance des espèces protégées par les Eaux et forêts Réponse Nombre de villages Pourcentage Oui 20 95,2 Non 1 4,8 Total 21 100 Source : Enquête CURFOD, 2001

Tableau n° 40 : Espèces protégées connues Animaux Nombre de villages Pourcentage Antilope cheval 1 4,76 Chevrotin aquatique 6 28,57 Chimpanzé 4 19,05 Gorille 9 42,86 Eléphant 15 71,43 Buffle 3 14,28 Mbaya 1 4,76 Pangolin géant 2 9,52 Panthère 9 42,86 Python 1 4,76 Pangolin 2 9,52 Singe soleil 2 9,52 Sanglier 1 4,76 Singe Mandrill 1 4,76 Lion 1 4,76 Ne se prononcent pas 2 9,52 Source : Enquête CURFOD, 2001.

Plusieurs espèces ne sont plus chassées, car elles sont devenues rares ou ont disparu. Le tableau y référant ci-dessus donne les espèces concernées citées par nos enquêtés dans les différents villages. En revanche, les espèces protégées et connues comme telles par les villageois sont tuées malgré l’interdiction faite par les Eaux et Forêts comme l’indique le tableau ci-dessous.

Tableau n° 41 : Raisons de la chasse des espèces protégées Raisons Nombre de villages Pourcentage Consommation, vente 11 52,38 Protection des plantations 5 23,81 Ne se prononcent pas 5 23,81 Total 21 100 Source : Enquête CURFOD, 2001.

On constate dans le tableau ci-dessus que l’alimentation et la vente viennent en première position soit 57,1%. En effet, la vente de gibier constitue la principale source de revenus pour

125 les hommes, le vivrier étant une activité essentiellement féminine. Et, comme nous l’avons vu plus haut, c’est l’une des denrées qui permet de varier le menu familial. La vente de gibier ne procure pas de revenus importants à cause de l’enclavement de la zone à l’étude. Tout au plus, un chasseur peut totaliser 8.000 à 10.000 francs CFA par semaine.

Braconnage professionnel Bien que la chasse constitue à l’heure actuelle la principale activité génératrice de revenus monétaires pour les hommes en milieu rural en général, le braconnage professionnel est encore faiblement intense dans la zone à l’étude. La raison principale reste l’enclavement des villages. Cet enclavement tient plus au faible trafic qu’à l’absence des routes. Certes, comme il a été vu ci-dessus, ces routes sont difficilement praticables dans le sud de l’UFA1 et, pour le reste, elles sont la propriété de Leroy Gabon et par conséquent interdites à la circulation.

A Divindé Le braconnage est pratiqué par les éléments jeunes de la population masculine. Il constitue l’une des filières d’approvisionnement du camp LEROY d’ONOYE 1. L’autre filière étant constituée par l’activité de chasse des travailleurs eux-mêmes. Actuellement, la pression sur la faune est peu importante, le village de Divindé étant très enclavé. Cependant avec l’ouverture de la route reliant Divindé à Moukouagno par la société LEROY GABON – ceci à la demande des populations, le braconnage risque de s’intensifier.

A Mandji Comme à ONOYE 1, le braconnage ne constitue ici qu’une des deux filières d’approvisionnement du camp des travailleurs forestiers de la Gongue. Le camp de la Gongue abrite près de 1500 personnes. Parmi celles-ci, certaines déclarent pratiquer la chasse (17) et nombre d’entre elles déclarent posséder un fusil (26). La pression sur la faune est par conséquent assez forte. Certains travailleurs hébergent même des parents qui n’ont comme activité que la chasse.

A Boulembo et Moudouma 1 Boulembo et Moudouma 1 constituent également des sources d’approvisionnement de la ville d’Iboundji en passant par Moudouma 2 situé au carrefour des axes Iboundji – Mimongo.

126 Deux à trois fois par semaine, parfois plus, les chasseurs de ces deux villages viennent à Moudouma 2 déposer leur gibier à des parents pour le vendre aux villageois, à des passants circulant en voiture.

A Moukandi L’existence d’un village de pygmées, (MOUGOUNDA) dans le regroupement de Moukandi, est l’un des facteurs qui explique le braconnage dans cette localité. Grands chasseurs de tradition, les pygmées approvisionnent les villageois de Moukandi en sangliers, singes, gazelles, porcs-épics, etc.…Ils vendent également du gibier aux passants de l’axe Mimongo- Mouila et aux habitants de la ville de Mimongo.

Ainsi donc, la chasse demeure une activité rentable et une majorité de chasseurs commercialisent une partie au moins de leurs prises. Le marché est constitué surtout des villageois, des passants, des habitants de la ville la plus proche et des camps forestiers. Parmi nos enquêtés, aucun n’a signalé la vente de gibier directement sur les marchés des villes voisines, ni même la présence "d’abonnés" (intermédiaires) acheteurs réguliers. Cela tient certainement à l’enclavement de la zone à l’étude. L’autre problème rencontré par les chasseurs, c’est celui de la conservation, (denrée très périssable). Le gibier ne peut se conserver plus de deux jours. Dans ce cas, il est ou consommé ou fumé. IL est difficile d’obtenir des données fiables et précises sur l’importance de revenus tirés de la commercialisation des produits de la chasse par les hommes pour qui la vente de gibier constitue la principale source de revenus. Mais, il est certain que la ponction opérée sur la faune est importante et risque d’augmenter au fur et à mesure que le trafic routier va s’intensifier suite à la création de la (Route de Divindé) et à l’amélioration des infrastructures routières (canton ONOYE, canton Haute DIKOBI).

5.1.2.3 : La pêche L’activité de pêche est présente et se pratique surtout en saison sèche. Le territoire de l’UFA1 est en effet irrigué d’une multitude de cours d’eau, ce qui fait de la pêche une activité complémentaire de l’agriculture. C’est au total dans 16 sur 21 villages visités que l’on pratique la pêche, occasionnellement ou de manière saisonnière. Certaines zones sont cependant plus favorisées que d’autres. Ainsi, ceux qui demeurent à proximité des principaux cours d’eau que sont l’Offoué, l’Onoye, la Gongue pratiquent généralement la pêche d’une manière saisonnière, alors que ceux qui exploitent les plus petits plans d’eau ont plus

127 tendance à pêcher de façon ponctuelle ou occasionnelle. Ainsi, selon la localisation des villages par rapport aux principaux cours d’eau, l’importance de la pêche varie d’une communauté à l’autre.

- Espèces capturées Tableau n° 42 : Principales espèces capturées Principales espèces capturées Silure Crabe et crevette Carpe Mâchoiron Yara Capitaine d’eau douce Sardine Poisson rouge

Les espèces pêchées sont nombreuses et diversifiées. La carpe, le silure, le yara, le capitaine d’eau douce, le mâchoiron constituent généralement les principales captures, mais la sardine et le poisson rouge forment aussi une bonne part des prises, ainsi que des crustacés tels que le crabe et la crevette.

- Techniques utilisées La pêche est une activité pratiquée par les deux sexes, mais les techniques utilisées - et par voie de conséquence les espèces capturées aussi, du moins en partie – par les uns et les autres diffèrent. Ainsi, les femmes se spécialisent surtout dans la pêche à la nasse, au casier et au barrage dans les parties peu profondes des cours d’eau, ce qui leur permet de capturer carpes, silures, crevettes et crabes. Les hommes quant à eux, pêchent le plus souvent à la ligne et avec des filets dans les plus grands cours d’eau ou les parties les plus profondes de ceux-ci.

- campement de pêche Dans la plupart des cas, les pêcheurs déménagent avec leur famille sur les lieux de pêche pendant toute la saison sèche et, installent des campements pendant 1 voire 3 mois.

128 - Profil de l’activité de pêche Tableau n° 43 : Profil de l’activité de pêche Population qui pratique l’activité 16/21 villages Principaux cours d’eau : - Offoué Lieux de pêche - Onoye - Gongue 2 heures de marche en moyenne (de 1 à 10 heures),soit de 2 km jusqu’à 7 Distance à parcourir selon le cas Pratique saisonnière surtout (saison sèche), mais occasionnelle dans les Fréquence de l’activité petits cours d’eau. - Barrage et vidange Techniques utilisées - Filet ligne de fond - Nasses et casiers Silure, crabe, crevette, carpe, mâchoiron, yara, capitaine d’eau douce Principales espèces capturées sardine poisson rouge Campement de pêche 9 villages sur 16 établissent des campements pour pêcher. Production d’abord destinée à l’autoconsommation, mais les surplus sont Vente de produits de pêche quelque fois vendus aux villageois et aux passants. Difficiles à évaluer, les montants impliqués ne sont généralement pas très Revenus tirés de l’activité de pêche importants et peuvent représenter environ 5% des revenus. Source : Enquête socioéconomique, CURFOD 2001.

5.1.2.4 : La cueillette - Produits collectés La cueillette demeure une activité encore très pratiquée sur notre champ d’étude (20 sur 21 villages). Elle concerne surtout les produits végétaux comestibles tels que la sève de palmier (vin de palme) (19/21) villages, le miel (18/21 villages), les champignons (16/21 villages), les vers de palmier (10/21 villages), l’amande sauvage (andok) (17/21 villages), les noisettes (18/21 villages), les plantes, feuilles et racines utilisées en pharmacopée, les fruits sauvages (ozigo, atangas, sauvages, amvout, cerise, bois amer 21/21 villages).

Tableau n° 44: Production de cueillette Nombre de Production Destination principale Produit mention Fréquence de l’activité moyenne (village) Auto cos. vente Fruits sauvages 21 2 n d 15 6 Plantes 20 1 n d 21 0 médicinales Vin de palme 19 1 n d 6 15 miel 18 3 - 4 n d 4 14 Noisettes 18 2 n d 2 18 Andok 17 2 n d 6 13 Champignons 16 2 n d 16 2 Vers de palmier 10 4 n d 18 3 Fruits du moabi 14 2 nd 14 0 Source : Enquête CURFOD 2001 1 = régulièrement 2 = en saison

129 3 = sur commande 4 = occasionnellement nd = non déterminé

La cueillette est surtout une activité féminine à l’exception de la récolte du vin de palme qui est essentiellement l’affaire des hommes. La cueillette des produits, feuilles, écorce et autres produits de pharmacopée concerne aussi bien les hommes que les femmes ; et parmi les tradipraticiens rencontrés dans 14 villages on trouve aussi bien des hommes que des femmes.

- Pratique de la cueillette Dans quelques villages visités, des enquêtés nous ont déclaré que l’activité de cueillette était en baisse parce que non lucrative. Parmi les produits les plus exploités, on trouve la sève de palmier, l’andok, les noisettes et les plantes médicinales. Ceux-ci sont d’abord destinés à l’alimentation et aux soins de santé de la famille, mais il arrive que les surplus soient vendus aux passants.

* L’utilisation des plantes médicinales Devant l’insuffisance des structures de santé dans la zone à l’étude, les maladies ou maux soignés avec la pharmacopée locale sont nombreux. Les principaux sont : Les maux de ventre, les maux de tête, la fièvre, la toux, la diarrhée, le paludisme, la jaunisse, l’impuissance sexuelle, les morsures de serpent, la stérilité…., l’envoûtement… Aussi, la connaissance et l’utilisation des plantes médicinales est encore très répandue dans le territoire de l’UFA1. Interrogés sur les propriétés thérapeutiques de plusieurs plantes, nos enquêtés sont restés très discrets ; certains nous ont avoué qu’il était déconseillé de dévoiler le secret des plantes dans un cadre non approprié.

* Problèmes et perspectives L’activité de cueillette est donc encore menée par la majorité des villageois rencontrés ; mais elle est en régression. Les problèmes qui se posent ici sont essentiellement la faible productivité de l’activité de cueillette et l’absence d’une réglementation sur l’exploitation et la commercialisation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL). Pourtant, l’activité de cueillette ou mieux, la valorisation de produits forestiers non ligneux représente à notre avis une alternative plus intéressante que l’exploitation de bois d’œuvre, dans le cadre des forêts communautaires dont la création est envisagée selon les dispositions

130 du Code Forestier. Disposant d’un savoir-faire traditionnel en matière d’exploitation et de cueillette des PFNL, les paysans peuvent valablement entreprendre la valorisation des PFNL. Ceci suppose toutefois, l’instauration d’un partenariat entre l’Etat, les populations locales et le concessionnaire forestier pour la réalisation des tâches suivantes : Tâche 1 : Etablissement du bilan économique des différents produits forestiers non ligneux inventoriés dans l’UFA1 ; Tâche 2 : sélection des PFNL offrant une perspective de commercialisation locale ou internationale ; Tâche 3 : étude des filières des produits retenus ; Tâche 4 : constitution et mise à disposition des informations sur les techniques (traditionnelles et modernes auprès des organismes spécialisés) Tâche 5 : développement des technologies appropriées d’exploitation et de vulgarisation ; Tâche 6 : organisation d’ateliers de formation à l’intention de producteurs et transformateurs ruraux ; Tâche 7 : appui au regroupement des producteurs de PFNL ; Tâche 8 : appui à la création et à la diversification des PME sur les PFNL ; Tâche 9 : réalisation d’activités de marketing, en faveur des PFNL ; Tâche 10 : élaboration, adoption et mise en œuvre d’un dispositif juridique spécifique sur les PFNL ; Tâche 11 : instauration et mise en œuvre d’un mécanisme de contrôle de l’exploitation et du commerce des PFNL.

En ce qui concerne notre zone d’étude, les principaux produits de cueillette qui pourraient être développés: les plantes médicinales, le miel, la sève de palmier, l’andok, les noisettes. Les activités de prélèvement pourraient s’étendre à certains produits dérivés des essences ligneuses.

5.1.2.5 : Artisanat et commerces En plus des activités détaillées ci-dessus, la pratique de certains métiers nécessaires à la reproduction des paysans fait partie de la vie des populations villageoises. La plupart des villages comptent ainsi un ou plusieurs vanniers et quelques artisans traditionnels qui fabriquent des mortiers et pilons en bois. Charpenterie et menuiserie font également partie des petits métiers exercés occasionnellement par certains villageois.

131 En outre, on trouve des commerces de produits de première nécessité dans 3/21 villages. Pour être tout à fait complet sur la description de l’activité économique des villageois, il convient de mentionner que, quelle que soit l’activité pratiquée, les paysans de l’UFA1 n’ont jamais bénéficié d’aide économique et d’assistance technique. Les projets menés par le Ministère de l’Agriculture et du Développement rural n’ont pas touché la zone à l’étude. Les populations se sentent un peu pour des "laissés pour compte" livrées à elles-mêmes. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la dynamique économique des ménages qui consiste souvent à multiplier les types d’activités et partant les sources de revenus

5.2 : Revenus des familles Malgré la diversité des activités économiques pratiquées, c’est de l’agriculture vivrière (femmes) et de la chasse (hommes) que la majorité des ménages tire son revenu principal. Le travail salarié est rare dans la zone. Les villageois de la zone à l’étude employés par Leroy Gabon sont l’exception. Ce sont les salaires des enfants travaillant dans les villes qui constituent un soutien économique hautement apprécié par bien des parents restés au village.

Enfin, quelques-unes des personnes interrogées tirent un certain revenu d’activités particulières, l’artisanat dans un cas, commercialisation du vin de canne, pratique de la médecine traditionnelle, organisation des initiations … sont d’autres moyens d’aller chercher des revenus complémentaires à l’agriculture et à la chasse.

5.3 : Bilan diagnostic 5.3.1 : Problèmes - Absence de marché pour les produits vivriers Sur l’ensemble du territoire villageois enquêté et pour la quasi-totalité des chefs de ménage interrogés, l’agriculture vivrière et la chasse constituent la première source de revenus pour les ménages. Ces activités économiques sont pratiquées d’abord pour subvenir aux besoins alimentaires de la famille, et ce sont les surplus qui, vendus à des passants et aux autres villageois, génèrent des revenus. Mais la commercialisation des surplus vivriers pose problème. En effet, une majorité de chefs de ménage ont souligné la rareté des "clients", c’est- à-dire l’absence de marché leur permettant d’écouler leurs produits.

132 "Même la société forestière LEROY GABON qui est pourtant à leurs yeux, un client privilégié potentiel, préfère aller faire le marché hebdomadaire pour ses travailleurs dans les villages situés vers Koulamoutou" ont-ils déclaré.

- Etat des routes L’état des routes menant aux différents villages situés, pour la plupart, sur des axes routiers carrossables, est un facteur limitant de taille pour le développement du trafic. Actuellement insuffisant pour absorber les surplus offerts.

- Organisation de la commercialisation L’organisation de la commercialisation telle qu’elle existe à l’heure actuelle ne répond pas aux besoins des agriculteurs villageois qui, s’ils avaient plus de débouchés pour leurs produits, augmenteraient leur production. Cette situation, plus que l’archaïsme de l’outillage, bloque l’initiative de quelques-uns qui, faute de marchés, ne tentent pas d’augmenter la production. Les réflexions des enquêtés font apparaître qu’avec plus de débouchés et de meilleurs prix pour les produits, l’agriculture vivrière, bien qu’étant une activité principalement féminine, retiendrait plus de personnes dans les villages.

- Dévastation des cultures Outre l’absence de marché et la médiocrité des routes, d’autres problèmes ont été signalés concernant les activités économiques menées par les paysans. Ainsi, plusieurs chefs de ménages se sont plaints de la dévastation des cultures par les éléphants et les rongeurs. D’autres ont mentionné : L’archaïsme de l’outillage utilisé et L’absence de moyens financiers pour acquérir du matériel moderne.

En ce qui concerne le braconnage, il n’apparaît pas comme un problème aux yeux des villageois évidemment. Quand on aborde cette question, ils vous répondent "qu’il faut bien que les hommes se débrouillent pour survivre". Nous avons esquissé quelques solutions à ce problème (cf. braconnage professionnel).

- Insuffisance d’actifs dans les villages Il suffit de se reporter aux conclusions de l’étude démographique ci-dessus et de les confronter avec cet examen sommaire de la situation économique pour constater que ces deux aspects de la vie des populations sont étroitement liés.

133

La démographie agit sur l’économie : en effet, l’absence d’hommes valides partis travailler dans les villes ou dans les chantiers forestiers nuit considérablement à l’activité agricole, notamment en ce qui concerne l’abattage et le débroussaillage qui sont des tâches masculines. L’économie agit à son tour sur la démographie. L’attrait des centres économiques actifs contribue au déséquilibre hommes – femmes dans les villages, à la dénatalité et au dépeuplement des villages. En outre, la division traditionnelle du travail fondée principalement sur le sexe est en contradiction avec l’économie moderne qui fait une place de choix à l’homme par rapport à la femme. Toutefois, l’économie moderne n’offre encore aucune opportunité d’emploi aux ruraux dans leurs villages.

- Désorganisation sociale et économique L’étude de l’organisation sociale a montré que la cellule sociale de base était le lignage matrilinéaire et patrilocal sous l’autorité du chef masculin. Les déplacements d’hommes adultes (chefs) effectués pour des raisons économiques vers des chantiers et des villes privent la communauté familiale de ses décideurs ; en même temps qu’ils nuisent à l’économie agricole qui, traditionnellement a besoin, pour bien fonctionner, d’être organisée par les chefs.

Le dernier problème que révèlent toutes ces interactions des données économiques, démographiques et sociales est celui des niveaux de vie.

- Faiblesse des niveaux de vie Il apparaît à l’évidence que le but poursuivi par une collectivité est de s’adapter toujours mieux à son milieu et d’en tirer de plus en plus de profit. Or, dans les villages de l’UFA1, le niveau de vie des populations reste très bas, parce que l’activité économique ne génère pas de revenus satisfaisants, mais tend au contraire à désorganiser la société.

Ce niveau de vie s’exprime par quelques images et quelques chiffres comme nous allons le voir dans le chapitre suivant. Mais auparavant, parlons des potentialités économiques de la zone à l’étude.

134 5.3.2 : Potentialités économiques - culture d’arbres fruitiers - valorisation des PFNL Parmi les potentialités économiques de la zone, deux nous semblent particulièrement porteuses, il s’agit d’une part de l’intensification de la culture d’arbres fruitiers par la mise en place d’un système agroforestier et, d’autre part, de la valorisation des Produits Forestiers Non Ligneux par l’approche filière.

Nous avons esquissé dans les pages qui précèdent nos analyses et les tâches nécessaires pour les PFNL, celles-ci restent valables pour PFNL.

5.4.3 : Problématique de gestion de la faune La problématique de la gestion de la faune est prise en compte dans la démarche d’aménagement durable des forêts. Elle a été au centre des débats de l’Atelier de la Lopé en novembre 2000. Tout en louant cette heureuse initiative, on peut regretter que les 10 commandements de l’atelier de gestion de la faune n’intègre pas l’aspect implication des populations dans la gestion de la faune. En effet, l’absence de source alternative de revenus constitue la principale cause de braconnage par les villageois, aussi pour impliquer les villageois dans la gestion de la faune, il faut donc leur proposer des revenus alternatifs à la vente de gibier. On peut ici, en ce qui concerne l’UFA1, intensifier la culture d’arbres fruitiers par un système agroforestier. Les spécialistes de l’agroforesterie étudieront les possibilités d’association des différentes espèces et de cultures vivrières à associer.

Le deuxième axe qui permettra d’autre part d’impliquer les populations à la gestion de la faune est leur responsabilisation dans la surveillance de la forêt, par le contrôle de l’accès à la ressource au niveau de leur village. Cela implique la délimitation participative des zones de chasse villageoise. Les conditions de collaboration pourront être négociées entre les populations, les Eaux et Forêts et l’exploitant dans le cadre d’instances de concertation mises en place suite à la démarche d’aménagement. Une instance de suivi de la mise en œuvre de l’aménagement permettra d’adapter la collaboration au fur et à mesure de l’avancement de cette innovation organisationnelle en matière de gestion de la faune. Une période plus ou moins longue d’apprentissage peut être requise. L’importance étant la nature des incitations économiques et autres qui permettront ou non l’adhésion des populations.

135 6- Conditions de vie des populations locales dans l’UFA1

Il a été vu ci-dessus que le revenu moyen par ménage pouvait être estimé à 10.000/semaine, Ceci nous donne un revenu mensuel moyen de 40.000 F CFA. Ce montant est nettement supérieur aux revenus réels accumulés par un ménage villageois dans notre zone d’étude.

Sur cette base, la question à laquelle nous tentons de répondre ici est celle de savoir, quelles sont les possibilités de consommation qu’autorise ce revenu ou en d’autres termes quelles sont les conditions de vie des ménages ruraux de la zone à l’étude ? Pour répondre à cette question, nous utiliserons principalement quatre indicateurs : les conditions de logement, l’accessibilité aux soins de santé et à l’éducation, et le niveau d’équipements collectifs dans les villages.

6.1 : Les conditions de logement

136 Figure n° 3: Type de construction par village

137 Les données de cette figure nous montrent que le type de construction le plus répandu dans les villages de la zone à l’étude est la case en terre battue couverte de paille. 139 sur 424 cases sont en terre battue et couvertes de paille, soit environ 32,78 %. Les cases en terre battue couvertes de tôles viennent en deuxième position, 133 sur 424 cases recensées soit 31,67 %. En troisième position, viennent les cases en planches couvertes de tôle. Elles situent leurs propriétaires à un niveau de confort supérieur, mais très peu de ménages, au regard de la médiocrité des revenus dont ils disposent, peuvent se construire une maison en planches.

D’une manière générale, les habitations dans les villages visités sont vétustes et/ou délabrées. Elles n’offrent aucun confort ménager (mobilier, appareils ménagers…). Ceci explique que la construction de maison en planches ou la fourniture de matériaux de construction (planches, tôles) viennent en tête des besoins exprimés par les villageois au cours de nos enquêtes ; (cf. tableau sur les besoins et attentes des populations).

Avec l’arrivée de l’exploitation forestière dans la zone, l’amélioration de l’habitat rural se présente comme une alternative à la limitation du gaspillage de la ressource par le sciage en long des grumes inutilisables tant à l’exportation que pour la transformation locale. Ceci nécessite bien évidemment la mise en place d’une organisation avec les villageois. On peut par exemple penser à la fourniture de la matière première et de la scie par la société forestière et au recrutement d’un scieur par les villageois. La rémunération du scieur se ferait en nature par la remise d’une quantité de planches prélevée sur le stock scié pour le village.

L’expérience menée par d’autres sociétés forestières de la place notamment CEB-THANRY a permis d’identifier quatre faiblesses principales dans ce mécanisme : 1) l’absence de définition préalable de l’unité familiale à considérer (segment de lignage, ménage au sens occidental etc…) est source de revendications interminables même par les non résidents ; 2) l’absence de définition préalable des modalités de partage et des quantités à distribuer par unité familiale retenue rend malaisée le contrôle ; 3) l’exigence des populations concernant la fourniture de tôles par la société forestière rend peu viable économiquement ce mécanisme ; 4) l’absence de compétences locales peut représenter un facteur de blocage, la motivation du scieur extérieur à la zone étant d’abord le profit. Dans tous les cas, nous disposons là d’une possibilité d’initiative concrète pour améliorer les conditions de vie des populations.

138

6.2 : Equipements collectifs dans les villages de l’UFA1

139 Tableau n° 45: Infrastructures et équipements collectifs selon le village

Case de Magasin de Total Case Groupe Hydraulique soins Villages Population Ecole Marché Eglise Dispensaire première infrastructur d’écoute électrogène villageoise Tradi- nécessité es/village praticien Non Boulembo 79 Oui 2 fonctionnel Boupoundza 37 Oui Oui 2 Boussimbi Oui 1 En Diangui 78 1 construction Dilanda 41 Oui 1 Fermée Divindé Oui 2 depuis 3 ans Indzambo Oui 1 Iwatsi Oui Oui Oui Oui Oui 5 Malongo Oui 1 Mandji Oui Oui En panne Oui Oui Oui Oui 7 Massuku 137 Oui 1 Non Mavanga 177 Oui 2 fonctionnel Mayengué 200 Oui En panne 2 Moudouma 1 141 Oui 1 Moudouma 2 46 Oui Oui Oui Oui Oui 5 Moukandi 152 Oui Oui Oui Oui 4 Non Mounongo 185 Oui Oui Oui 4 fonctionnel Oubayi 14 Oui 1 Oubendji 46 0 Manque Poungou 11 Oui 2 d’infirmier Sogha 0 6 28,57 9 42,86 Total villages/ infrastructure et % 0 6 28,57 0 2 9,52 5 23,81 14 66,67 3 14,28 (5) (23,81) (4) (19,05)

140

Le tableau montre un sous-équipement important des villages de l’UFA1 en infrastructures sociales. On note que sur 21 villages, 5 seulement disposent d’une école fonctionnelle soit 23,1%. La situation des infrastructures de santé n’est pas plus enviable, on peut lire dans ce tableau que sur 9 dispensaires existants dans la zone, 4 seulement sont fonctionnels. Cette situation a amené les populations à développer des stratégies de survie dont entre autres le recours à la médecine traditionnelle (14/21 villages comptent parmi les habitants un ou des tradipraticiens), l’utilisation des plantes médicinales est très développée. Nous avons vu ci- dessus que les plantes médicinales viennent en tête des produits de cueillette mentionnés dans les différents villages. L’accès à l’eau potable pose également problème, les différents programmes d’hydraulique villageoise n’ont touché que 5 sur 21 villages de la zone à l’étude ; soit un taux de couverture de 23,81%. Les groupes électrogènes constituent un luxe. Les deux groupes électrogènes recensés dans 2 villages, don des hommes politiques pendant les campagnes électorales sont en panne. L’accès aux produits de première nécessité est possible dans 3 sur 21 villages où il existe des "boutiques". Dans les cantons ONOYE et Haute Dikobi, un marchant ambulant ouest africain permet de suppléer à cette carence. Il passe dans les différents villages une fois par mois avec une camionnette chargée de produits alimentaires (riz, boites de conserves, huile d’arachide, sucre).

En définitive, ce tableau nous permet de conclure à la pénurie des équipements collectifs dans les villages de l’UFA1.

6.3 : Accès aux soins de santé Les informations recueillies sur le terrain ont conduit à analyser l’accès aux soins de santé à partir de 2 indicateurs : - état de santé de la population - couverture sanitaire L’absence de données sur la mortalité infantile nous a amené à écarter cet indicateur

6.3.1 : Etat de santé des villageois

141 Tableau n° 46 : Maladies les plus courantes selon le village ENFANTS ADULTES Villages Toux Toux Rhuma- Total Paludisme Diarrhée Gale Vers Ratte Anémie Paludisme Diarrhée Gale Hernie Yeux maladies / Rhume Rhume tismes village Boulembo Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Boupoundza Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Boussimbi Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Diangui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Dilanda Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Divindé Oui Oui Oui Oui Oui 4 Indzambo Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Iwatsi Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Malongo Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Mandji Oui Oui Oui Oui Oui 3 Massuku Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 6 Mavanga Oui Oui Oui Oui Oui 4 Mayengué Oui Oui Oui Oui Oui Oui 5 Moudouma 1 Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Moudouma 2 Oui Oui Oui Oui 3 Moukandi Oui Oui Oui Oui 3 Mounongo Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Oubayi Oui Oui Oui Oui Oui 3 Oubendji Oui Oui Oui Oui Oui Oui 4 Poungou Oui Oui 2 Sogha Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui 7 Total villages / 19 90,48 12 57,14 12 57,14 7 33,33 3 14,28 2 9,52 2 9,52 21 100 9 42,86 13 61,90 7 33,33 13 61,90 7 33,33 1 4,76 maladie et % Source : Enquête socioéconomique, CURFOD 2001.

142 Dans ce tableau, on découvre que le paludisme est une maladie endémique dans notre zone d’étude. Il frappe les enfants et les adultes dans des proportions sensiblement voisines. Il est suivi chez les enfants par la diarrhée et la toux (57,14 %) et chez les adultes par la toux et les rhumatismes (61,90 %). On dénombre également des maladies de la peau et des hernies. A côté de l’endémisme de ces maladies, on note une large frange de la population, notamment de jeunes (15-35 ans) qui présentent des problèmes socio-sanitaires liés à l’alcool et au tabac. Enfin les personnes aptes physiquement sont les moins nombreuses dans les villages à cause de la maladie, de la vieillesse et de l’exode rural.

6.3.2 : Couverture sanitaire (Accès aux soins de santé)

143 Tableau n° 47 : Accès aux soins de santé

Statut Nature des Approvisionnement en Personnel Prestations du bâtiments médicaments essentiels Villages Pop centre Terre Soins Qualifi Plan- Consul- Hospital Petite Accou- Vacci- Services Disponi- Accessibilté de Nbre Dur battu primaire cation ches tations isation chirurgie chement nation S.M.I bilité soins e s Gratuité Achat Boulembo 79 Privé (1) Boupoundza 37 Boussimbi Public Diangui 78 (2) Dilanda 41 Divindé Indzambo Public Oui Oui Oui Non Oui Iwatsi Public Oui Oui Oui Non Oui Malongo Mandji Public Oui Oui Non Massuku Privé Mavanga Oui (3) Mayengué 200 Moudouma 1 141 Moudouma 2 Public Oui Oui Oui 46 (4) Oui Non (2) Moukandi 152 Public Mounongo 185 (3) Oubayi 14 Oubendji Public Poungou 11 (1) Sogha Total (1) manque d’infirmier (2) en construction (3) non fonctionnel (4) Infirmier et infirmier auxiliaire 144

Ce tableau est assez parlant sur le niveau de couverture sanitaire des populations de la zone à l’étude. Comme il a été vu ci-dessus, sur les 9 dispensaires existants, 4 seulement sont fonctionnels ; néanmoins, ces derniers connaissent fréquemment des pénuries de médicaments et manquent de personnel qualifié. En outre, pour certains villages, la couverture sanitaire est presque nulle. Par exemple le village Moukandi dans le canton Haute Dikobi (Ngounié), est situé à 57 km de Mimongo et à 90 km de Moudouma 2 en allant vers Iboundji, et c’est dans ces deux localités que se trouvent les centres de soins les plus proches.

6.4 : Accès à l’éducation

145 Tableau n° 48 : Accès à l’éducation

Nombre Nombre Nature des bâtiments Villages Ecole Statut Niveau d’enseignants d’élèves Dur planches Terre battue Autre Boulembo Boupoundza (1) 9 Boussimbi (2) 7 Diangui Dilanda Divindé Oui Public 45 1 Indzambo Iwatsi Oui Public 32 Malongo Mandji Oui Public CP / CM 68 Massuku Mavanga Mayengué (3) 50 Moudouma 1 Moudouma 2 Oui Public CP / CM 80 Moukandi Oui Public 6 Mounongo Oui Public CP / CM 2 Oubayi Oubendji Poungou (4) 1 Sogha Total et % 6 28,57 6 100 298 1 (1) Les enfants vont à l’école du village voisin (Iwatsi) ou de la ville voisine (Iboundji). (2) et (3) Les enfants vont à l’école de la ville voisine (Iboundji) (4) Les enfants vont à l’école du village voisin (Iwatsi)

146

Le problème de l’accès à l’éducation des enfants vivant en milieu rural reste entier. En effet, le niveau d’encadrement reste bas. On trouve parfois un seul enseignant dans une école à cycle complet nécessitant l’affectation de 6 enseignants ou au minimum de trois. Les salles de classe restent insuffisantes : pour trois niveaux, on ne dispose généralement que de deux salles. Ainsi, on assiste à une déscolarisation des jeunes dans l’arrière pays et notre zone d’étude ne fait pas exception. Ce qui est un gâchis inconcevable pour un pays sous peuplé comme le Gabon.

6.5 : Typologie des difficultés rencontrées par les populations

Tableau n° 49 : Difficultés rencontrées dans la vie quotidienne Difficultés Fréquence Conditions de vie difficiles, manque de tout 20 Absence d'infrastructures de santé et d'éducation, fort taux de mortalité 2 Enclavement, bêtes féroces 11 Faible population, population vieillissante 1 Grande pauvreté, manque de cohésion sociale 1 Inégalité dans la répartition des infrastructures au sein du regroupement 1 Manque d'infrastructures 2 Précarité des conditions de vie 1

Interrogés sur les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien et la vision qu’ils ont de leurs conditions de vie, le chômage ou mieux l’absence de sources alternatives de revenus est apparue comme la préoccupation principale pour la très grande majorité des villageois. La carences des circuits de commercialisation des produits vivriers, le mauvais état ou l’absence de routes, les déficiences et la pénurie des infrastructures de santé ont été également signalés comme principaux problèmes rencontrés et qui rendent la vie difficile au village.

Les villageois se sentent abandonnés à eux-mêmes et déplorent le manque d’assistance de l’Etat et l’injustice sociale dont ils sont victimes. Le problème que soulève l’analyse des conditions de vie dans les villages de l’UFA1 est celui de la démission de l’Etat devant ses fonctions régaliennes, avec ses effets pervers dans le domaine de la gestion forestière. En effet, la paupérisation continue et le désœuvrement des populations rurales sont à la base de la pression exercée sur les sociétés forestières implantées en milieu rural.

147 Tableau n° 50 : Besoins et attentes des populations Besoins et attentes Fréquence Coupes familiales 2 Crédit 2 Infirmier 2 Elevage 3 Tronçonneuse 4 Dispensaire 5 Pêche 5 Route 6 Hydraulique villageoise 7 Santé, Médicament 7 Education 9 Electricité 9 Assistance technique et agricole 10 Commercialisation des produits ouvriers 15 Habitat 15

Devant toutes ces difficultés et compte tenu de leurs revenus très modestes, les besoins non satisfaits par le Gouvernement sont transformés en revendications pour être adressées aux sociétés forestières ; ceci en contrepartie de l’exploitation de "leurs forêts". S’inscrivant dans une logique de productivité, les exploitants forestiers accèdent généralement aux demandes formulées par les villageois ; mais dans les limites acceptables pour l’entreprise, ce qui n’empêche pas l’éclatement des conflits et la prédominance d’un climat de tension dans les zones où se déroule l’exploitation forestière. Les besoins sont importants et l’entreprise ne peut pas tout faire.

Comme il a été vu ci-dessus, les objectifs recherchés par le plan d’aménagement peuvent se transcrire sous différents volets dont entre autres le volet socio-économique. Le défi à relever par l’aménagement dans le contexte gabonais, c’est précisément de réaliser la dimension sociale du concept de gestion durable des forêts. Les contraintes ici sont d’ordre organisationnel et financier. Qui va payer les réalisations nécessaires à l’amélioration des conditions de vie des populations ? La loi a prévu que le concessionnaire verse une contribution financière aux villageois organisés pour appuyer le renforcement des équipements et infrastructures sociales dans les villages. Au regard de l’environnement institutionnel actuel dans les villages (cf. ci-dessus), on peut s’interroger sur la faisabilité de cette disposition de la loi. En outre, le monde rural est pauvre, une grande partie de sa population vit en deçà du seuil de pauvreté, c’est dire que les besoins à satisfaire sont importants et diversifiés et ne concernent pas seulement les équipements collectifs. Par conséquent, la seule contribution du forestier ne

148 saurait suffire. Par exemple pour l’UFA1, nous avons vu qu’il y a lieu pour améliorer le niveau de revenu des populations, de créer des emplois alternatifs et diversifier l’économie locale, renforcer et rendre opérationnelles les infrastructures sociales, améliorer l’habitat. Le concessionnaire doit-il tout seul assurer toutes ces réalisations ? Nous sommes visiblement en présence d’un domaine où un processus de concertation et d’arbitrage doit être engagé entre les différents acteurs (concessionnaire, Etat, populations) pour parvenir au partage des droits et des responsabilités en vue d’atteindre la durabilité sociale souhaitée par la démarche d’aménagement.

149 7- Relations entre parties prenantes au sein de l’UFA 1

7.1 : Les principales parties prenantes au sein de l’UFA 1 La gestion des ressources forestières est le résultat de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une politique forestière par l’Etat. Elle s’exprime dans la législation forestière, les modes d’accès aux ressources forestières, les politiques de commercialisation des produits forestiers, la fiscalité forestière, la législation sur l’environnement et la faune de même que le contrôle de l’activité forestière par des agents de l’Etat.

Mais la gestion forestière n’est pas que le fait de l’Etat. Elle est également le résultat d’un ensemble d’initiatives issue d’un nombre variable d’acteurs : populations locales riveraines, ONGs, organismes internationaux, opérateurs économiques, bailleurs de fonds, populations urbaines, etc.…. Ainsi, au sein de l’UFA 1, les principales parties prenantes sont :

L’Etat, ses démembrements et ses partenaires dans le domaine de la conservation. L’Etat qui est le propriétaire de la forêt a ici des intérêts économiques, des intérêts écologiques et des intérêts sociopolitiques.

Les populations locales, premiers gestionnaires de la forêt et qui disposent des droits anthropologiques, dont certains ne sont pas reconnus par l’Etat (cf. ci-dessus). La forêt représente pour ces populations un enjeu socio-politique, culturel et économique qui prend de plus en plus d’ampleur. Les populations locales ne sont pas un groupe homogène et elles subissent l’influence de l’élite politico-administrative.

La société Leroy Gabon, concessionnaire, a essentiellement un intérêt économique.

7.2 : Rapports entre les parties prenantes De façon générale, le principe qui fonde les rapports entre les parties prenantes de la gestion forestière au Gabon c’est la concentration des prérogatives entre les mains de l’Etat, propriétaire de la ressource.

150 Ainsi, l’Etat par le biais du Ministre des Eaux et Forêts, a le monopole de la gestion des espaces du domaine forestier permanent de l’Etat.

La gestion forestière de l’Etat est essentiellement fondée sur une approche réglementaire ; l’administration forestière veille à la stricte application de la loi par la surveillance des forêts, le contrôle de l’exploitation de la forêt, la protection des espaces présentant un intérêt de conservation. La gestion de l’administration forestière reste très centralisatrice, on ne décèle aucune délégation de compétence ou d’attribution aux autres acteurs.

La loi contient quelques dispositions sur les droits et obligations de certains acteurs de la gestion forestière. On note par exemple la reconnaissance par l’Etat des droits d’usage coutumiers pour les populations locales, même si ces derniers restent limités (les droits culturels non pris en compte). Cependant, les obligations des sociétés forestières vis-à-vis des populations locales ne sont pas codifiées et font l’objet d’un vide juridique patent. Il en est de même des obligations spécifiques de l’Etat à l’endroit des collectivités villageoises riveraines des différents types d’espaces forestières (forêts classées et protégées, forêt de production), réserves, parcs, etc.

Aux insuffisances réglementaires sur les obligations des principaux acteurs relevées dans la loi, il faut ajouter, l’absence de mise en cohérence des différents régimes juridiques (droit foncier, législation agraire, loi relative à la conservation des sols, loi sur la décentralisation…) qui ont une incidence directe, ou indirecte sur la gestion forestière et le manque de cadre légal pour une collaboration intersectorielle et interministérielle.

Le seul cadre institutionnel de concertation connu à ce jour au plan national est la commission de classement de la forêt. Les différents acteurs de la gestion forestière utilisent cependant les instances de gouvernement local et de l’administration pour régler leurs différents même si ces dernières se révèlent inefficaces et inappropriées. S’agissant précisément des rapports entre les parties prenantes au sein de l’UFA1 il apparaît que :

151 Entre l’Etat, ses démembrements et la société forestière : les rapports restent purement formels, paiement de taxes et redevances, respect de la réglementation par l’un et contrôle de l’activité par l’autre.

Entre l’ETAT et les ONG de conservation (ECOFAC, WWF, WCS…) : une collaboration bien établie s’exprime à travers différentes initiatives notamment dans la réserve de faune de la Lopé.

Entre l’ETAT et les POPULATIONS : les relations entre l’Etat et les populations sont marquées par une absence de collaboration, un déficit de communication du fait de la non circulation de l’information sur la législation forestière ; les populations ne connaissent pas la loi forestière et ses évolutions, par conséquent, ils n’appréhendent pas quels sont leurs droits et leurs devoirs. De son côté, l’administration n’a pas une politique, de sensibilisation et d’information des villageois. On aboutit à un climat de tension sur le terrain. Des conflits éclatent de temps à autre et se manifestent par des barrages de routes des populations locales qui expriment de la part ainsi leur mécontentement.

Entre LEROY GABON et les ONG de conservation : les rapports entre LEROY GABON et les ONG de conservation présentes dans la zone se concentrent autour d’actions conjointes en matière de recherche (Leroy Gabon a mis en place un centre de recherche reconnu au plan international : la Makandé qui est situé en pleine forêt des abeilles). En outre, ces ONG apportent une assistance technique à LEROY en matière de formation et d’appropriation des concepts et des démarches de gestion durable des forêts et d’aménagement.

Entre LEROY GABON et l’ADMINISTRATION LOCALE : Leroy Gabon apporte une contribution inestimable à l’amélioration du cadre de vie de la ville d’Iboundji : il a fait don d’un groupe électrogène à la ville et fournit tous les mois une quantité de gasoil pour le fonctionnement du groupe, il répare les voitures de l’administration, il met à disposition ses engins pour des travaux de voirie… etc. LEROY GABON a aussi réalisé des terrassements pour la construction de nouveaux bâtiments, il construit des routes (GONGUE – IBOUNDJI ; DIVINDE – MOUKOUAGNO…) ce qui a permis de désenclaver certains villages de la zone.

152 Toutes ces actions, aux yeux des responsables locaux de l’administration restent insuffisantes, aussi la perception qu’ils ont de la société forestière reste très négative.

Entre LEROY GABON et les POPULATIONS de l’UFA1 : les relations entre LEROY GABON et les populations de l’UFA1 s’actualisent par l’offre de quelques emplois au sein de l’entreprise, par diverses actions d’appui au développement local et notamment : désenclavement des villages par la construction des routes (axe Iboundji – Gongué, axe Divindé – Moukouagno) ; Amélioration de l’habitat villageois par la fourniture de matériaux de construction à Mayengué et à Mandji.…. Ces actions volontaires de l’exploitant (non prescrites par la réglementation) ne permettent pas de garantir un climat d’entente et de collaboration avec les populations car elles se déroulent sur un fond de précarité économique des populations rurales ; Sur le terrain, de nombreuses revendications foncières sur l’UFA1, les demandes tous azimuts adressées à l’exploitant, les mouvements d’humeurs des populations (barrage de route, confiscation du matériel, menaces "mystiques"… ) expriment toute cette dynamique.

On peut déplorer ici qu’il n’existe aucun cadre juridique, aucune institution appropriée pour gérer les conflits qui surviennent entre les concessionnaires et les populations sur les aspects évoqués ci-dessus. La société forestière est généralement livrée à elle-même et elle doit prendre des initiatives personnelles qui restent cependant ponctuelles pour faire revenir le calme nécessaire à la poursuite de son activité. Cette stratégie est assez aléatoire lorsque l’on connaît la récurrence des conflits qui prévaut dans l’UFA1 comme le montre le tableau ci-dessous.

7.3 : Typologies des conflits entre parties prenantes

153

Tableau n° 51 : Typologie des conflits entre Leroy et populations selon le village Mécanisme et/ou mode de Année Objet du litige Causes du litige Manifestations Enjeux Village résolution du conflit

- Contestation par les populations de la décision de Socio- Boulembo Vente de la "forêt" par l’Etat Barrage de route ? l’Etat de vendre à la société politique Leroy "leur forêt"

La société Leroy a abattu un Moabi (arbre sacré). Socio-culturel Profanation des sites religieux La société Leroy a exploité la Boupoundza 2000 Barrage de route et socio- ? et culturels forêt du village sans le politique consentement des villageois

Boussimbi Diangui Dilanda Médiation, Facilitation d’un tiers Installation des barrières sur les routes Demande de construction Absence de réaction de la entre les acteurs en conflits, Divindé 2000 conduisant aux sites d’exploitation de économique d’une route société forestière Réunion de conciliation la société Leroy Gabon

Réclamation de l’amélioration Dépassement des bornes par Indzambo de l’habitat la société forestière Iwatsi 2000 Malongo La société a organisé une série de Réclamation du matériel de négociations avec les villageois et Empiètement dans la bande de Dépassement des bornes par construction pour l’amélioration de socio politique Mandji 1997 un terrain d’entente a été trouvé 5 km la société forestière l’habitat et économique pour la fourniture des matériaux de

construction. Massuku Profanation des sites religieux Mavanga et culturels socio Négociation et résolution en partie Profanation des sites religieux Réclamation du matériel de politique, Mayengué 2001 du problème par la société Leroy et culturels construction culturel et Gabon économique

154 Moudouma 1 Moudouma 2 Moukandi Mounongo Absence de circulation de l’information entre la hiérarchie et la base chez Négociation et remises d’une Les promesses n’ont été socio LEROY, Barrage des routes et séquestration des somme de 1 million aux populations Oubayi réalisées par la société politique et Absence de suivi du dossier engins par les villageois par la société avant de se retirer du forestière économique relations avec les villages au site d’exploitation sein de la direction.

Oubendji Profanation des sites religieux Poungou et culturels Réclamation du matériel de Socio culturel, Profanation des sites religieux Barrage de la route et agression des Négociation entre les responsables Sogha 1998 construction pour socio politique et culturels responsables de la société Leroy Gabon de la société et les villageois l’amélioration de l’habitat et économique

Source : Enquête CURFOD, 2001

155 Tableau n° 52 : Typologie des conflits entre populations et Administration des Eaux et Forêts selon le village Mécanisme et/ou mode de Objet du litige Causes Manifestations Enjeux résolution du conflit Villages Boulembo Boupoundza Boussimbi Diangui Dilanda Divindé Indzambo Iwatsi Valeurs divergentes sur la Intervention brigade anti- Ecologique (Etat) Acquittement amende de Braconnage protection de la faune (Etat) braconnage et saisie de Socio économique 50.000 F.CFA et la survie des populations l’arme (population) Malongo Mandji Valeurs divergentes sur la Intervention brigade anti- Acquittement amende de Braconnage protection de la faune (Etat) braconnage et saisie de 50.000 F.CFA et la survie des populations l’arme Massuku Mavanga Mayengué Moudouma 1 Moudouma 2 Moukandi Mounongo Oubayi Oubendji Poungou Sogha Source : Enquête CURFOD, 2001

156 Les types de conflits peuvent être abordés de diverses manières : d’aucuns privilégient des paramètres tels que la fréquence, l’intensité, la violence ou non, tandis que d’autres préfèrent s’appuyer sur les parties prenantes. On parlera alors : De conflits horizontaux pour définir les conflits qui opposent une même catégorie d’acteurs sociaux entre lesquels on ne peut véritablement pas établir une hiérarchie ; tandis que les conflits verticaux sont ceux qui opposent des acteurs de nature différente et dont l’un bénéficie d’une position socio-politique plus ou moins supérieure par rapport à l’autre.

Les deux tableaux ci-dessus nous présentent des cas de conflits verticaux entre d’une part, l’Etat et les populations et, d’autre part, entre l’exploitant et les populations.

S’agissant des conflits entre l’Etat et les populations ils ont trait à la gestion de la ressource faunique où domine la logique de la conservation. L’Etat verbalise, sanctionne et condamne ceux qui enfreignent sa loi par des prélèvements illicites sans considération aucune des motifs et mobiles à l’origine de ces prélèvements abusifs et illicites et sans proposer d’alternatives. Le mode de résolution du conflit adopté ici est l’acquittement d’une amende. Il est évident que ce type d’approche en matière de gestion de la faune ne peut être durable et efficace. Les populations doivent pouvoir trouver leur intérêt dans la conservation de la biodiversité en général et de la faune en particulier. Et tant que des incitations économiques, socioculturelles, et ou institutionnelles adaptées ne seront pas mises en place, toute action répressive est vouée à l’échec (cf. infra notre recommandation).

Les conflits entre l’exploitant et les populations nous situent dans la logique de l’exploitation privée où l’Etat, fort des prérogatives que sa loi lui confère, concède, dans un espace approprié par des communautés, des permis forestiers à des exploitants qui n’ont que lui comme interlocuteur, alors que leurs intérêts entrent souvent en contradiction avec ceux des populations riveraines. Comme le montre le tableau ci-dessus, les conflits naissent de la revendication par les populations d’une reconnaissance officielle de leur droit de participer à la prise de décision sur la forêt et au partage de la rente forestière. Les modes de résolution des conflits utilisés restent ponctuels et peu efficaces. La société étant désorganisée et les droits anthropologiques des populations non reconnus officiellement, les institutions traditionnelles en matière de gestion des conflits fonciers sont-elles aussi fortement ébranlées.

157 Les villages n’ont aucune personnalité juridique devant la non applicabilité aux communes rurales de la loi sur la décentralisation. On se trouve face à un vide institutionnel en matière de résolution de conflits relatifs à la gestion des ressources naturelles.

Les relations entre les parties prenantes au sein de l’UFA ne sont pas seulement marquées par la récurrence des conflits, on note également une représentation négative de l’autre, de part et d’autre. En effet, pour les populations, "LEROY GABON ne veut pas aider les villageois … Leroy est l’allié de l’Etat, donc LEROY doit remplacer l’Etat en construisant des routes, en donnant du travail aux jeunes, en achetant les produits vivriers dans les villages situés à l’intérieur de l’UFA1…. Mais LEROY ne fait rien de tout cela".

L’administration locale n’a pas une meilleure représentation de la société forestière LEROY GABON. Pour certains de ses responsables, "LEROY GABON n’apporte aucun appui à l’administration locale et encore moins aux communautés locales. C’est ce qui explique que LEROY GABON ait des problèmes avec les populations." Tout porte à croire que même les responsables administratifs locaux ne perçoivent pas le rôle d’une entreprise privée.

Enfin, pour LEROY GABON, "les populations comme l’administration locale ont des exigences qui dépassent la marge de manœuvre dont dispose la société forestière ; en tant qu’entreprise privée la société ne peut pas se substituer à l’Etat." "Les populations et l’administration ne sont pas reconnaissantes pour tout ce que LEROY GABON a fait depuis son arrivée dans la zone (construction des routes, don de matériels aux administrations, etc….). Sans LEROY GABON, la zone d’Iboundji serait totalement enclavée". Le conflit avec les populations de Divindé est un exemple pour illustrer la frustraction des responsables de LEROY GABON devant l’incompréhension manifestée par les populations malgré leur volonté de collaboration traduite en actions concrètes sur le terrain.

- Conflit LEROY GABON – Population de Divindé L’activité du chantier ONOYE 1 appartenant à LEROY GABON a été arrêté pendant près de deux mois suite à des barricades posées par les populations de Divindé qui réclamaient la construction d’une route.

158 Initialement, cette requête a été adressé à l’élu du Coin, haute personnalité politique aujourd’hui, mais n’ayant pas obtenu satisfaction, cette demande a été faite à LEROY GABON. Une injonction a été adressée à LEROY GABON sans considération aucune du statut de société privée qui est le sien.

A l’éclatement du conflit, LEROY a saisi les autorités de tutelle (ministère des Eaux et Forêts) sans succès, puis il s’est adressé aux autorités administratives locales (le Gouverneur de la province). Le Gouverneur a organisé une réunion de concertation entre les deux protagonistes, mais les populations n’ont pas respecté les décisions arrêtées au cours de cette réunion. Devant cette situation, LEROY GABON qui était en passe de saisir les tribunaux nationaux a eu un dernier recours en la personne d’un facilitateur environnemental qui a permis le dénouement du conflit sans parvenir à le résoudre définitivement.

Cette opération a coûté à la société la bagatelle de 20.000.000 F.CFA sans compter toutes les pertes occasionnées par l’arrêt du chantier qui se chiffrent à des centaines de millions de F.CFA. Il faut signaler que la société n’a aucun recours au niveau national, aucun mécanisme n’existe pour ce genre de cas qui deviennent de plus en plus nombreux. Ce qui apparaît derrière cet exposé sommaire des faits, c’est l’attentisme de l’administration forestière.

La multiplication des conflits liés à la gestion des ressources naturelles qui n’arrivent pas à être gérés de manière satisfaisante aurait dû amener l’Etat à tirer les leçons des conflits en engageant un certain nombre d’activités, par exemple : Etat des lieux (conflits, modes de gestion) ; Etudes sur (contexte juridique, jurisprudence, études de cas). Ces différentes activités devraient permettre d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie de gestion alternative des conflits (prévention et résolution) liés à la gestion des ressources forestières.

En définitive, il apparaît que les relations actuelles entre LEROY GABON et les autres parties prenantes ne sont pas de nature à favoriser un partenariat en vue de la gestion durable du massif forestier aménagé. Pour tendre vers une collaboration entre les parties prenantes, une approche participative doit être adoptée. Cela nécessite l’identification et la composition de

159 chaque partie prenante, l’analyse de leurs intérêts respectifs, la volonté de collaborer et la conduite de négociations pour aboutir à des accords de gestion. Tout ce processus doit être mené par une ou des instances locales de concertation mises en place par les parties prenantes elles-mêmes.

160

8- Synthèse et Recommandations

8.1 : Description de l’environnement socio-économique Les principales caractéristiques de la population de l’UFA1 peuvent être résumées à partir des grands traits suivants : a) Le nombre d’habitants est plutôt faible soit quelques 2235 personnes tout au plus. Les regroupements de villages sont pourtant les plus nombreux mais ils sont peu peuplés, aucun ne dépassant 300 habitants. On compte même quatre hameaux de moins de 25 habitants. b) Les hommes, dans les tranches d’âge des actifs sont absents en grand nombre. Cette situation a des effets pervers sur l’organisation sociale, la démographie et l’économie ; car ce sont les hommes adultes qui constituaient anciennement les éléments actifs du système social et qui étaient à l’origine de la formation continuelle des noyaux de peuplement. c) L’organisation sociale n’est plus cohérente et solide du fait de la rupture de l’équilibre des forces entre le principe matrilinéaire et le principe virilocal. Les segments généalogiques et les noyaux familiaux sont désagrégés et, parallèlement, il y a dégénérescence de la chefferie. d) La désintégration sociale a entraîné un vide institutionnel en matière d’organisation communautaire et de représentation de la communauté villageoise, l’homogénéité ethnique et la faible présence des étrangers ne semblent pas être des facteurs importants d’unité et de cohésion au sein des villages. On note l’absence d’une éthique communautaire. Le lignage reste la seule unité politique et de solidarité. e) Les représentations que les populations ont de la forêt se fondent sur les droits anthropologiques (coutumiers) qu’ils détiennent sur cette forêt. Ces représentations et ces droits entrent en contradiction avec le cadre juridique et institutionnel de la gestion forestière mis en place par l’Etat. f) Les usages dans la forêt sont nombreux et diversifiés (agriculture, chasse, pêche, cueillette, sites culturels…). Cependant, il ne se pose pas de problème de dégradation des ressources ni de pression sur la forêt en raison du sous peuplement de la zone ; g) Les superficies utilisées par les ménages pour l’agriculture sont très réduites, mais il se pose le problème de la dispersion des zones de cultures (terroirs). La carte de finage montre deux (2) voire trois (3) zones de cultures différentes pour un même village.

161 h) Les représentations symboliques et religieuses de la forêt sont encore très fortes. L’espace est organisé d’une façon précise en fonction de ces représentations. Un point important concerne la mort et les défunts. Les lieux où ils sont enterrés sont frappés d’interdiction d’accès et aucune exception n’est recevable.

Les différentes sociétés initiatiques, d’une part, le clan fondateur du village d’autre part, possèdent chacun un espace sacralisé à l’entrée du village. On retrouve la même logique dans les vieux villages qui, bien qu’inhabités, renferment des espaces (cimetières) et des arbres sacralisés. Le Moabi et le Mouvengui apparaissent comme les arbres ayant une valeur symbolique particulière dans la zone. Ils représentent le pouvoir et la protection.

En outre, la « géographie du sacré » fait découvrir dans la grande forêt des «forêts sacrées » et des lieux dits porteurs d’histoire mystique (chute, montagne, grotte). Au plan économique i) Les opportunités de revenus monétaires sont quasi-inexistantes : - emplois salariés dans l’exploitation forestière rares; - activités rémunératrices limitées à la vente de vin de canne et de palme, la chasse et la vente de produits vivriers; - trafic routier insuffisant pour permettre l’écoulement de produits vivriers et de gibiers. j) Des conditions de vie précaires ; notamment: - manque et/ou mauvais état des routes ; - absence de dispensaire, de médicaments; - manque de moyen de transport régulier dans la zone ; - manque d’eau potable ; - habitat délabré ; k) Des relations entre les populations et les autres parties prenantes marquées par une absence de communication sociale, des attitudes de méfiance réciproques et une récurrence des conflits.

162 8.2 : Analyse des problématiques induites par les dispositions de la nouvelle Loi forestière L’analyse des problématiques introduites par les dispositions de la nouvelle loi forestière sur l’aménagement durable des forêts a conduit à aborder essentiellement les thèmes qui suivent en esquissant des propositions de solutions: l) La loi prévoit le maintien et l’exercice des droits d’usage par les populations dans le domaine forestier national (domaine forestier permanent y compris) ; Ceci permet de penser qu’il existe une menace pour la sécurisation de l’UFA1 notamment en l’absence de zonage légal validant la partition du domaine forestier national en deux entités : le domaine forestier rural et le domaine forestier permanent . l’identification des finages villageois s’avère être la démarche appropriée pour mettre en évidence les titulaire des droits d’usage, la nature et l’extension des usages, l’existence d’intersection finage – UFA et les points à mettre sur la table de négociation. En ce qui concerne les relations UFA1-finages villageois, l’étude a montré sauf erreur ou omission que les finages de 20/21 villages étaient assis dans la bande des 5 km réservée par la loi à la population riveraine. Il existe une intersection finage – UFA pour un seul village : Divindé. La coordination des usages à l’intérieur de cette intersection devra faire l’objet de négociation entre les représentants des populations de Divindé et LEROY GABON.

Les autres points à inscrire à l’ordre du jour des négociations pour tous les villageois sont : - La coordination des usages culturels et de l’exploitation de certaines essences notamment le moabi et le movingui ; - La délimitation à l’intérieur de l’UFA, d’une bande forêt de 5 km coïncidant avec le finage de 20 villages ; - La création de forêts communautaires ; - La participation des populations à la gestion de la faune. m) Amélioration du bien-être des populations, appui au développement local et aménagement durable des forêts. La loi prévoit le versement direct d’une contribution financière par le concessionnaire pour appuyer le développement des équipements collectifs dans les villages et l’amélioration des conditions de vie des populations.

163 Face au dénuement important des populations de la zone, un partage des responsabilités doit se faire entre l’Etat, l’exploitant et les bénéficiaires. L’Etat pourrait s’occuper de la réalisation des infrastructures sociales et équipements collectifs et l’exploitant, entreprendrait l’amélioration de l’habitat, la création, l’appui à la création de revenus alternatifs, l’emploi des jeunes. Les populations mettraient en place une organisation adaptée pour assurer le suivi des réalisations et créer une dynamique de développement local. Il est important que cette responsabilisation des trois principales parties prenantes de l’UFA1 se fasse dans un cadre contractuel, que les accords conclus soient consignés par écrit (cahier des charges) et que ces accords s’inscrivent dans une structure ad hoc qui pourra constituer le lieu de suivi et de discussion des modalités d’application des accords de gestion, le cadre d’apprentissage de la gestion participative des ressources naturelles. Les questions à mettre à la table de négociation sont entre autres : - Le partage des responsabilités entre l’Etat, l’exploitant, les populations ; - L’engagement des populations à mettre en place une organisation conséquente ; - La liste des besoins et attentes des populations et leur priorisation (les négociations porteront sur les actions à financer) ; - Les modalités d’exécution des actions retenues par consensus ; - Les sanctions encourues en cas de violation des accords. n) La gestion participative des ressources naturelles. La loi ne prévoit pas de cadre juridique ou institutionnel de participation de tous les acteurs à la gestion forestière, ce qui est bien pensé car, la gestion participative s’accommode mal d’un cadre institutionnel rigide et figé, elle résulte d’arrangements institutionnels prenant en compte les institutions et les organisations étatiques formelles et celles développées par les populations et autres acteurs. En favorisant l’aménagement durable des forêts, la loi a implicitement valorisé la gestion participative car, "l’aménagement, c’est aussi l’aboutissement par consensus d’un processus de concertation et d’arbitrage entre les différents partenaires". Jean Estève, et al ATIBT – 2001.

Dans le contexte institutionnel actuel et l’environnement socio-économique de l’UAF1 qui a été décrit ci-dessus, il est apparu que pour créer un cadre propice à la concertation entre

164 acteurs, il est nécessaire que les populations mettent en place une organisation novatrice et adaptée en rapport avec les objectifs de gestion durable de la forêt et de développement durable. Ceci dans un cadre institutionnel local fragilisé par la fragmentation des centres de pouvoirs et l’absence d’une institution ayant le monopole des décisions collectives. Ce nouveau cadre organisationnel permettrait la préparation des populations au partenariat. Partenariat qui doit s’incarner dans une instance ad hoc chargée d’assurer le suivi des accords de gestion consignés dans un document (cahier des charges) et d’encadrer l’apprentissage de la gestion participative par les acteurs sur le terrain.

165

8.3- Propositions d’actions et recommandations Tableau n° 53: Propositions d’actions et recommandations Propositions d’actions Recommandations Conduite de la négociation en vue de 1) Préalables à satisfaire avant le démarrage de la négociation : l’élaboration d’un cahier de charges (clauses - Information, sensibilisation sur l’aménagement et la législation forestière contractuelles) dans le cadre de la gestion (permet de corriger les rumeurs qui ne manquent pas de circuler et clarifier la contractuelle de l’UFA1 démarche vis à vis des attentes des populations) ; - Désignation par chaque partie prenante de ses représentants à la négociation et circulation de l’information sur ce point ; - Inventaire par chaque partie prenante des intérêts qui seront présentés à la table de négociation (propositions de points à soumettre à la négociation par l’exploitant. Cf. ci-dessus) ; - Démarche du concessionnaire auprès de l’administration forestière pour l’ouverture de la négociation ; - Décisions concernant les aspects financiers de la négociation et la prise en charge des participants.

2) Ouverture des négociations - Etablissement de l’ordre du jour ; - Définition des modalités de déroulement de la négociation (prise en compte de l’équité) ; - Conduite des négociations en présence ou non d’un facilitateur environnemental.

3) Clôture de la négociation - La fin de la négociation doit être sanctionnée par un document (cahier des charges) consignant la nature et l’ensemble des compromis et accords conclus ; - Le document des accords doit également inclure les sanctions retenues de commun accord en cas de violation des accords par l’une des parties et les modalités de règlement des conflits ; il doit être validé par l’administration

166 central des Eaux et Forêts ; - La fin de la négociation doit enfin permettre la mise en place d’une structure ad hoc représentant le lieu et le cadre du suivi des accords et de l’apprentissage de la gestion participative (gestion alternative de conflits). Cette structure peut être dénommée Comité de suivi des accords de gestion de l’UAF1. Mise en œuvre de la disposition de la nouvelle loi 1) Conditionnalités requises forestière relative au versement par l’exploitant - Adaptation du cadre institutionnel local. A cet effet, organisation des d’une contribution financière aux populations populations en une structure à personnalité juridique ; choix des dirigeants de locales. la structure (ces dirigeants constitueront l’interlocuteur collectif) ; réflexion et consensus sur les priorités de développement de la communauté villageoise ( ceci permet de prévenir les conflits entre les intérêts individuels et l’intérêt collectif à l’occasion du versement de la contribution financière)

2) Modalités de mise à disposition des fonds - Sélection de micro-projets villageois et financement par un comité de gestion mis en place par la structure de suivi des accords de gestion.

3) Contrôle effectué conjointement par le comité de suivi des accords et l’administration forestière. Création d’emplois et embauche des jeunes dans 1) Recensement des jeunes, et de leurs qualifications et aptitudes. les villages. 2) Répartition équilibrée des opportunités d’emploi entre les villages.

3) Etudier les possibilités de développement d’emplois à partir de la valorisation des PFNL. Validation de la carte des finages villageois Après la négociation, présentation par le concessionnaire de la carte du finage dans chaque auprès des populations concernées. village pour sa validation par les villageois. Création d’activités génératrices de revenus pour - réalisation d’une étude sur les PFNL commercialisables et d’identification de les populations micro-projets - réalisation d’une étude de faisabilité d’un projet de développement de vergers dans la zone.

167 Conclusion

L’engagement du Gouvernement gabonais dans un processus de gestion durable des forêts remonte aux années 80. Dans ce processus, le Gabon a fait de l’aménagement, l’instrument privilégié de la gestion durable. Et bien que la préparation et la rédaction des plans d’aménagement soient de son ressort en tant que propriétaire de la ressource, il a choisi de déléguer totalement cette responsabilité au gestionnaire. Ce dernier qui a compris le bien fondé de la démarche d’aménagement pour la durabilité de son activité a adhéré à cette démarche préconisée par l’Etat.

Cependant, dans le contexte juridico-institutionnel actuel de la gestion forestière au Gabon, les dispositions de la loi relative à l’aménagement durable des forêts ont introduit des problématiques qui rendent difficiles l’application de la loi sur le terrain. Par exemple, en ce qui concerne le volet socioéconomique, les actions imposées par la démarche d’aménagement ont des implications pour le concessionnaire, implications qui se déclinent en termes de coûts financiers sans retour de l’investissement ; de ressources humaines qualifiées dans les sciences sociales, ce qui sort du champ de compétences de la foresterie classique. Les solutions et les alternatives prévues par l’Etat à ces différentes problématiques ne sont pas connues. Le rôle d’assistance et d’encadrement de l’administration reste mal défini, aucun modèle d’aménagement n’est offert pour le moment. En outre, toutes les conditions favorisant l’aménagement ne sont pas encore remplies ; à savoir : l’existence d’un cadre juridique adapté, la disponibilité d’incitations et instruments économiques porteurs, la souplesse du cadre institutionnel, l’existence d’une expertise locale.

Il est important de signaler également un certain nombre de conditionnalités implicites dans la démarche d’aménagement et qui nécessitent une attention particulière pour la réussite des actions pour une participation engagée et véritable des populations. Il s’agit notamment : Diagnostic participatif des problèmes : Les actions à entreprendre doivent être proposées sur la base d’un diagnostic participatif des problèmes. Développement auto centré :

168 Le patrimoine naturel sera protégé et mis en valeur par les populations dans la mesure où ces populations auront conscience que c’est dans leurs intérêts, qu’elles pourront récolter les fruits de leur participation pour leur propre développement. Développement intégré : Le secteur forestier est intimement lié aux autres secteurs : agriculture, élevage, industrie. Il est en amont de la plupart des activités. La politique forestière ne sera donc pas une politique sectorielle indépendante, mais s’intégrera dans la politique générale du développement. Souplesse du cadre institutionnel : Le cadre institutionnel de la foresterie doit affronter les rôles écologiques, économiques et sociaux multiples de la forêt et la combinaison de biens publics, des valeurs intangibles et de produits commercialisables. En outre, il doit accorder une attention accrue non seulement à la propriété publique et à la propriété privée mais aussi à toutes les gradations des ressources communautaires d’accès libre qui se situent entre les deux. Cela exige un vaste ensemble d’institutions et de liaisons entre elles. A cette fin, des organisations, des lois et règlements, et des accords contractualisés sont nécessaires pour affronter les problèmes de développement durable.

Ces conditionnalités entrent en conflit avec le cadre juridico-institutionnel de la gestion forestière marquée par le monopole de l’Etat dans la gestion forestière et, la centralisation des décisions et des revenus tirés de l’exploitation forestière. Des évolutions sont cependant en cours et l’analyse de l’environnement socioéconomique de l’UFA1 a montré que le double objectif de développement durable et de gestion durable des ressources forestières peut être atteint si et seulement si on procède à un réaménagement des cadres institutionnels central et local pour permettre une responsabilisation des acteurs locaux en l’occurrence les villageois ; si les acteurs que sont l’Etat et l’exploitant négocient et parviennent à un partage de responsabilités et des coûts des actions nécessaires pour soutenir le développement local, si les villageois s’organisent et prennent en main leur auto promotion, si une dynamique de concertation s’installe en lieu et place de la logique de confrontation qui gouverne actuellement les relations entre acteurs.

En définitive, l’étude de l’environnement socio-économique de l’UAF1 permet de dire que : L’aménagement durable des forêts est la matérialisation d’un processus de concertation et de compromis entre les différents acteurs, il ne peut être du seul ressort de l’exploitant forestier, si non il est voué à l’échec.

169

ANNEXES

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Annexe 1

Termes de référence

171 Concession Forestière sous aménagement Durable (CFAD) Leroy Gabon Etude socio-économique cahier des charges

L’étude portera sur les conditions de vie dans la Concession Forestière sous Aménagement Durable attribuée à Leroy Gabon. Les objectifs de l’étude sont : - l’identification des groupes de personnes ayant un intérêt direct dans la CFAD et l’étude de l’importance relative de ces différents groupes, en distinguant ceux qui ont des droits sur la forêt (personnes dépendant de la forêt pour leur vie, …) de ceux qui ont un intérêt dans la forêt mais pas forcément des droits (environnementalistes, commerçants, …) - l’étude des intérêts des différents groupes. L’enjeu est d’établir dans le futur une coopération entre l’entreprise et les différents acteurs forestiers afin de prendre en compte les impacts actuels ou à avenir de l’exploitation forestière sur ces intérêts et de proposer des mesures d’atténuation des impacts négatifs. A terme, il s’agira de définir une politique sociale, décrivant les droits et responsabilités de chaque groupe, qui sera rendue publique pour monter ce que l’on peut attendre ou pas de la société Leroy Gabon.

Résultats attendus Le document rédigé à l’issue de cette étude devra présenter, outre la méthodologie employée, les chapitres suivants :

1. Point sur les études existantes L’étude devra d’abord faire le point sur les études de base sur les populations disponibles dans la zone ou à proximité : études ethnographiques, études socio-économiques (notamment dans le cadre du projet ECOFAC), rapport d’ONG ou gouvernementaux ou rapports d’étudiants ou de consultants. Elle en fera la liste et la synthèse et indiquera les lieux de disponibilité afin que la direction de Leroy Gabon puisse à terme réaliser une bibliothèque de référence.

2. Identification et hiérarchisation des différents groupes L’identification se fera par enquête. On se servira des recensements existants, des connaissances des équipes Leroy Gabon, et de celles des autorités. Plusieurs groupes seront enquêtés : a) Populations locales : - Personnes vivant dans ou à proximité de La CFAD ;

172 - Personnes vivant loin de la CFAD mais y venant à certaines périodes (pour récolte de produits forestiers par exemple) ; - Petits entrepreneurs ; b) Société Leroy Gabon - Travailleurs de la société Leroy et leurs familles ; - Equipe cadre de la société Leroy ; c) Etat gabonais et autres institutions - Agents des Eaux et Forêts et autres administrations ; - Environnementalistes (WCS, WWF, ECOFAC,…).

Les représentants de chacun des groupes concernés seront nommément identifiés.

On pourra hiérarchiser ces différents groupes pour leur implication dans la gestion forestière par les critères suivants : - vie dans ou à proximité de la CFAD ; - droits préexistants sur la forêt et les ressources forestières ; - dépendance vis-à-vis de la forêt (chasse, pêche, nourriture, plantes médicinales, matériaux de construction) ; - connaissance locales de la forêt (faune, flore ; - intégration de la forêt dans la culture (connaissance de sites sacrés, d’espèces symboliques,…) ; - sources de pouvoir de ces groupes : capacité à avoir des contacts personnels utiles, capacité monétaire, connaissance scientifique, poste de travail important, propriété du sol, capacité à allouer un budget, à embaucher et licencier,… Pour chaque groupe, et particulièrement pour les populations locales et l’exploitant forestier, on recueillera des informations sur : - les caractéristiques démographiques ; - l’appartenance ethnique ; - la dynamique des populations ; - les conditions générales de vie.

L’étude répondra entre autres aux questions particulières suivantes : - La population est-elle en augmentation ? Y a-t-il émigration de la zone, ou les gens restent-ils ? - Statut nutritionnel des populations ?

173 - Quels sont les principaux problèmes de santé rencontrés parmi les travailleurs et dans les villages (paludisme, dengue, sida et MST, accidents,..) ? Des services de planning familial existent-ils, au camp des employés Leroy Gabon, dans les autres villages ? - Comment s’effectue la collaboration entre la société Leroy Gabon et les autorités sanitaires ? - Y a-t-il des problèmes entre communautés ? - Existe-t-il des projets communautaires ?

3. Synthèse sur les droits légaux et traditionnels des différents groupes - droits de propriété et droits d’usage ; - règles coutumières d’accès aux ressources ; - mécanismes de résolution des conflits ; - sécurité d’accès aux ressources forestières.

4. Synthèse sur les systèmes agricoles et sur les activités de prélèvement en forêt Localisation des champs et des superficies cultivées. Revenus procurés par l’agriculture. Quels sont les cycles culturaux ? Sont-ils en adéquation avec le maintien ou l’augmentation de la fertilité ?

Chasse, pêche, récoltes des produits de cueillette et des produits pharmaceutiques : - nature des produits ; - mode de capture ou de récolte ; - saisonnalité ; - importance dans les activités ; - revenus procurés. Durabilité de ces activités de prélèvement.

Questions particulières auxquelles l’étude doit répondre : - Les gens connaissent-ils la législation sur la chasse et les animaux protégés ? - Les gens ont-ils conscience d’un lien entre le nombre de personnes et les ressources issues de la forêt (par exemple pour la chasse) ? - y a-t-il destruction de certaines ressources naturelles (par exemple pêche avec poissons commerciaux, abattage des palmiers au bull par les ouvriers forestiers pour récolter les fruits,..) et les gens se rendent-ils compte que c’est un problème ?

5. Synthèse sur les cultures traditionnelles - Présentation des systèmes de croyance ;

174 - Identification et cartographie des zones d’importance patrimoniale (culturelle, historique, économique, ou religieuse) significative qui soit seront exclues de l’exploitation, soit bénéficieront de règles particulières d’exploitation ; - Identification des pratiques culturelles qui devront être respectées : Y a-t-il des liens spirituels avec la forêt environnementale et lesquels ? Y a-t-il des rituels à respecter (par exemple le sacrifice aux génies de la forêt par les anciens avant de pénétrer dans une zone pour exploiter) ? Y a-t-il des tabous concernant l’utilisation de certains produits forestiers ? - Rôle particulier de certaines espèces végétales ou animales ; - Identification de personnes connaisseuses en traitements traditionnels ; - Connaissances locales sur le comportement de la faune sauvage et sur la gestion de cette faune. Existe-t-il une gestion coutumière de la chasse (limitation d’accès, aires protégées, repos cynégétique, limitation des quantités, contrôle des règles) ?

6. Conditions d’emploi dans la société Leroy Gabon - Comparaison des salaires et avantages des ouvriers Leroy Gabon aux standards nationaux ; - Quels sont les mode de représentation du personnel et les modalités de rencontre et de résolution des conflits ? - Quelles sont les règles d’hygiène et de sécurité dans l’entreprise ? Equipements de sécurité ? Que fait-on en cas d’accident ? - Y a-t-il ou y a-t-il eu un programme d’éducation des travailleurs (et des enfants) à la gestion des ressources naturelles ? Les connaissances locales sont-elles enseignées ? - Les projets de la société sont-ils connus des travailleurs ? des autre groupes ? - Le personnel cadre de la société Leroy Gabon peut-il se faire comprendre facilement ? Le français est-il répandu ou bien son usage est-il un obstacle ? Le personnel cadre connaît-il les langues locales ?

7. Contribution au développement local - Comment se fait actuellement le partage des bénéfices issus de l’exploitation forestière ? Quels sont les mécanismes actuellement existant ? Par exemple participation de Leroy Gabon à des projets de développement, de construction, accès aux soins médicaux,… - Quelles sont les perspectives actuelles pour les populations locales d’avoir un emploi dans la société ? La société Leroy Gabon essaie-t-elle d’intégrer les groupes locaux ?

8. Cartographie illustrant les usages locaux par les différents groupes

175 Annexe 2

Principes, Critères Indicateurs de Gestion Durable (PCI de GDF / OAB / GNT) aspects socio-économiques

176 LES OPÉRATIONS DE GESTION FORESTIÈRE DOIVENT MAINTENIR OU PRINCIPE 5 AMÉLIORER LE BIEN ÊTRE SOCIOÉCONOMIQUE À LONG TERME, DES TRAVAILLEURS FORESTIERS ET DES COMMUNAUTÉS LOCALES.

CRITÈRE 5.1 . LE PARTAGE DES BIEN FAITS TIRES DE LA FORET EST CONSIDERE PAR TOUTES LES PARTIES IMPLIQUEES COMME SATISFAISANT

Indicateur 5.1.1 Les populations riveraines reçoivent une partie des revenus générés par la forêt (aménagée)

Vérificateur 5.1.1.a. La société forestière apporte sa contribution au fonds de développement local mise en place par l’administration forestière (Gouvernement).

Vérificateur 5.1.1.b. Les populations sont impliquées dans la gestion de ce fonds

Vérificateur 5.1.1.c. Un pourcentage de taxes forestières est reversé aux collectivités locales pour la réalisation d’infrastructures sociales dans les villages

Indicateur 5.1.2. Les communautés habitant dans ou près de l’aire exploitée reçoivent des opportunités en matière d’emploi de formation ou d’autres services.

Vérificateur 5.1.2.a. Le pourcentage de locaux recrutés est supérieur à celui des allogènes à compétence égale. Vérificateur 5.1.2.b. Pour les postes n’exigeant pas de qualification professionnelle ( manœuvre ), le concessionnaire ou gestionnaire a une politique préférentielle d’embauche des locaux à qui il donne une formation de base.

Vérificateur 5.1.2.c Les résidus de coupe et de transformation sont mis à la disposition des populations locales pour la construction et l’amélioration de l’habitat. Vérificateur 5.1.2.d. Le concessionnaire appuie des activités alternatives développées par les populations locales : b) Agroforesterie c) Sédentarisation de l’agriculture d) Elevage e) Transformation artisanale des produits forestiers f) Valorisation des produits forestiers non ligneux ( PFNL)

177

Indicateur 5.1.3 Un tissu économique local et régional se développe

Vérificateur 5.1.3.a. Des P.M.E liées à l’activité forestière sont créées (sciage de long, menuiserie … ) Vérificateur 5.1.3.b. Il existe des activités de sous-traitance par des locaux.

Vérificateur 5.1.3.a. Des activités agroalimentaires ( maraîchage, élevage, pisciculture, agriculture vivrière ) sont développées par des locaux.

CRITÈRE 5.2 . LES ACTIVITES FORESTIERES CONTRIBUENT A L’AMÉLIORATION DE LA SANTE PUBLIQUE ET A L’ÉDUCATION

Indicateur 5.2.1. Des mesures préventives sont prises par le concessionnaire pour minimiser les risques de pollution liés aux activités forestières.

Vérificateur ????.

Indicateur 5.2.2. Le concessionnaire collabore avec les autorités de la santé publique sur tout ce qui touche aux maladies liées à l’exploitation forestière.

Vérificateur ????.

Indicateur 5.2.3. L’état sanitaire des employés et de leur famille est amélioré.

Vérificateur 5.2.3.a. Des mesures d’hygiène et de salubrité publique ( eau potable, latrines, ordures, ménagères …) sont prises

Vérificateur 5.2.3.b. Des structures sanitaires disposant d’un personnel soignant qualifié, résidant sur place existent et fonctionnent correctement. Vérificateur 5.2.3.c. L’approvisionnement du dispensaire en médicaments est assuré. Vérificateur 5.2.3.d. Il existe un économat bien approvisionné en denrées alimentaires en conserve et fraîches ( tout particulièrement en protéines de substitution à la viande de chasse )

178

Indicateur 5.2.4. L’état sanitaire des populations riveraines est amélioré par la contribution des activités forestières

Vérificateur 5.2.4.a Les populations proche de la concession ont accès au dispensaire sur la base d’accords négociés. Vérificateur 5.2.4.b. Des séances d’éducation nutritionnelle et des conseils au femme enceintes ou allaitant sont organisées Vérificateur 5.2.4.b. Le concessionnaire participe aux compagnes de vaccination et de sensibilisation sur le SIDA et les MST

Indicateur 5.2.5. Le concessionnaire contribue à l’éducation de base conformément aux dispositions contractuelles avec le Ministère de tutelle.

Indicateur 5.2.6. Les structures éducatives disposant d’un personnel enseignant de qualité et en nombre suffisant existent sur les sites d’exploitation et fonctionnent correctement.

Vérificateur 5.2.4.c. Nombre d’enseignant par écoles et par niveau d’étude ( ratio enseignant / élèves par école et par niveau d’étude)

Indicateur 5.2.7. Les enfants des populations riveraines ont accès aux infrastructures scolaires du concessionnaire sur la base d’accords négociées.

Indicateur 5.2.8. L’exploitant contribue à l’éducation environnementale des enfants sur les sites d’exploitation et les villages riverains.

179 Annexe 3

Sites, arbres et animaux à valeur culturelle pour les populations de l’UFA1

180 Sites culturels, zones interdites, forêts et arbres sacrés et leur localisation Typologie des sites culturels selon le village Villages Zones sacrées et interdites Arbres sacrés Animaux sacrés - Le perroquet - Le fromager Sogha - Forêt sacrée - La panthère - Le Mouvengui - Le caméléon - La panthère Diangui - Forêt sacrée - Le Mouvengui - Le miel des moucherons - Le perroquet Oubayi - Le moabi - Le perroquet - Le tatou - Le perroquet - Forêt sacrée - Le gorille Mayengué - Le « Mboudou » - Chute sacrée - La panthère - Le hérisson - L’antilope rouge - Ilembou, un légume Poungou - Le Moabi naturel - Le perroquet - La panthère Divindé - Forêt sacrée - Le Moabi - Le chien - La civette - La chauve-souris - Habitat de plante rituelle - Forêt sacrée Boussimbi - Le sanglier ou le cochon - Montagne sacrée - Rivière sacrée - Habitat de plante rituelle - Le Moabi - La chouette Boupoundza - Forêts sacrées - Le Palmier - L’éléphant - Rivière sacrée - Le chimpanzé - Le varan - Montagne sacrée - La civette Iwatsi - Forêt sacrée - Le Moabi - Le chat huant - Une chute sacrée - Le perroquet - La panthère - Le Dama (Pouho) - Forêt sacrée - Chute sacrée (sala sala) - Montagne sacrée - L’éléphant - Le Fromager - Etang sacré - Le gorille - Le Baobab - Zones d’initiation au Mwiri et - La panthère Mandji - Le Mouvengui au Nyembè - Le colibri - Les Plantes rituelles - Rivière sacrée (bate) - Le perroquet - Le Bambou de chine - Rivièresacrée (moutsambou) - Le calao - Zone sacrée (mont moubaka) - Zone sacrée (mont Mikouma) - Le chevrotin aquatique - La civette - Le chat huant - Le buffle - Forêt sacrée - Le Moabi Indzambo - Le Gorille - Montagne sacrée - Le Mouvengui - La panthère - Le chien - Le colibri - Le perroquet - Forêt sacrée - La panthère Massuku - Rivière sacrée - Liane (plantes) - Le gorille - Sites culturels (montagne) - L’éléphant

181 - Rivière sacrée - Fromager - La panthère - Forêt sacrée (malembé) - Padouk - L’éléphant Mavanga - Sites culturels (montagnes, - Asperges - Le buffle grottes - Mouvengui - Le chimpanzé - Habitat d’un animal totémique - Chutes sacrées - Moabi Malongo - Rivière sacrée - Fromager - Forêt sacrée - Zone d’initiation - Forêt sacrée

Moukandi - Chute et rivière sacrée - Embuscade - Chute sacrée Moudouma 1 - Moulendé - Lac sacré Moudouma 2 - Forêt sacrée - Moabi Oubendji - Moabi - Zones d’initiation (Moudouma 3) - Fromager Mounongo - Forêt sacrée - Pevire (massango) Dilanga - Rivière et chute sacrée - Le perroquet - La panthère - Forêt sacrée (moulaboumou) - Mouvengui Boulembo - Le touraco - Sites culturels (montagne..) - Moabi - L’éléphant - Le chevrotin aquatique Source : Enquête CURFOD 2001.

182 Ce tableau va être analysé en passant en revue les droits culturels de chaque village.

Village INDZAMBO a- Animaux interdits - Un aïeul des Moussounga a été sauvé et secouru par un groupe de perroquets alors qu’il était poursuivi par des malfaiteurs. Depuis lors, il est interdit aux Moussounga de manger le perroquet. C’est leur totem. - Les Sima ne mangent pas le colibri. Ils l’utilisent pour soigner les morsures de serpent. - Il est interdit de manger la panthère chez les Barouly (Clan Sango). - Il est défendu de tuer et manger l’antilope (elle protège le village) et la perdrix chez les Mickosso. - Le buffle, la panthère et le gorille sont sacrés chez les Sima (clan Sango). - Les enfants des Sima ne mangent pas la perdrix. - Il est interdit aux Mbusu (clan Sango) de manger le chat huant, la civette et la panthère. - Les Moussounga (clan Sango) ne mangent pas le chevrotin aquatique au risque de mourir. b- Arbres sacrés - Il y a un Moabi sacré dans l’ancien village Dimbou, à côté du ruisseau nommé Iyeghi. Une femme Moussounga a été tuée par empoisonnement par son époux. Au moment du règlement du conflit, les parents de la défunte ont interdit aux membres de la famille du mari de ne plus épouser une de leurs filles. Aussi, ils ont pris à témoin un Moabi sur lequel ils ont mis un signe. Ainsi, tant que cet arbre vit, l’interdit ne sera pas levé. - Il existe deux Moabi sacrés dans le vieux village Dibanga, à côté d’un arbre produisant des amandes sauvages et d’un palmier. Les grands-parents vivaient à côté de ces Moabi et ont enterré des « choses » à leurs pieds. - Le Mouvengui est un arbre sacré chez les Moussounga (clan Sango). c- Zones interdites - La montagne Mounanga est sacrée et interdite d’accès. Il est également défendu d’abattre les palmiers s’y trouvant. - La forêt dénommée Tamba, située vers Iboundji, est sacrée. - Les zones d’initiation sont interdites d’accès aux non initiés. Une de ces zones d’initiation se trouve derrière le Mbandja sis au milieu du village. L’accès à ces zones est reservé aux seuls initiés. En cas de profanation, le trangresseur encourt une maladie fatale.

183 Il est à noter que face à certains interdits on peut faire des sacrifices aux génies, esprits, ancêtres et organiser des danses (Bwiti, Nyembé, Bodi…).

Village MANDJI a- Animaux interdits - A Mandji, il est interdit de manger le perroquet et le calao. - Les Bapungou ne mangent pas le colibri et la panthère. - Le gorille est interdit aux Mickosso, alors que l’éléphant est défendu aux Kélé. b- Zones interdites - Il y a en permanence des battements de tam-tam sur le mont Moubouka situé vers Onoye 3. Il y a 15 ans, un fils du village avait conduit ses amis du BRGM sur cette montagne. Ce qui lui a causé des enflures et des abcès sur tout le corps. Il avait fallu qu’un hélicoptère vienne le chercher pour le conduire à l’hôpital d’Iboundji où il a été soigné. Sa guérison a également été facilitée par les pratiques traditionnelles qu’avaient faites ses parents au village.

- La rivière Moutsambou est l’habitat des génies. Son eau fade est sa principale caractéristique. - La rivière Bate, juste après la Gongue (elle s’y jette d’ailleurs) est sacrée. Cette rivière dispose d’une grande chute où règne une forte fraîcheur et habitent les génies. - La zone située en aval de la Gongué, entre le pont Onoye 3 et le Camp Gongue est l’habitat des génies. - Ngama, la chute d’eau située vers Mayangué est interdite d’accès. - Au sommet du mont Mikouma, (situé non loin du village) sont plantées des défenses d’éléphants. Aussi, on y trouve une plaine comportant un étang. Un conducteur de Bull de Leroy a entendu des enfants pleurer à cet endroit. La terre « danse » tellement là-bas que même les animaux évitent la zone. - La chute Sala Sala de la rivière Gongué est un endroit où des personnes disparaissent. - Le Mont Mbigou, situé à droite en allant à Iboundji, est l’habitat des génies et une cloche y sonne en permanence. Les personnes qui ont essayé d’escalader ce mont ne sont jamais arrivées au sommet. - A l’amont de la Gongué, en face de Sogha, il est interdit d’allumer du feu. Pour l’avoir fait, une femme s’est trouvée en face de quelqu’un qui avait du feu et qui l’a poursuivie.

184 - Les Saodiques (clan Kélé) évitent les zones où il y a les bambous de chine. Un de leurs ancêtres est décédé de suite d’une blessure faite par le bambou de chine - Les zones d’initiation au Mwiri et au Nyembé sont sacrées et interdites d’accès aux non initiés - Il y a un étang sacré sur le fleuve Offoué. Un autre étang sacré se trouve à 200 mètres de Gongué.

Il importe de souligner qu’aujourd’hui, selon les villageois, personne des générations actuelles ne peut se rendre dans les zones sacrées. Autrefois, pour s’y rendre, les villageois faisaient au préalable des sacrifices de nourriture, organisaient des cérémonies au cours desquelles ils criaient partout dans le village s’adressant aux aïeux. Ces gens sont malheureusement tous morts. Par conséquent, celui qui ne respecte pas les interdits d’accès à ces zones peut se faire punir par les esprits ou les génies et risque la disparition ou l’attaque d’une maladie pouvant occasionner la mort.

Toutefois, pour accéder à l’étang qui se trouve à l’Offoué, il faut déposer un œuf, de l’argent et une assiette cassable. c- Les arbres sacrés - Il est interdit d’abattre les fromagers car les initiations au « diable » se font au pied de ces arbres. - Le Mouvengui et le baobab sont des arbres sacrés qu’il ne faut pas couper. Le Mouvengui est utile pour les rites des jumeaux chez les Moussounga.

Village IWATSI a- Animaux interdits - Les Mouloulou ne mangent pas la panthère, le chat huant, la civette et le Dama (Pouho en langue Sango). - Il est défendu aux Mombé de consommer le chimpanzé. - Le perroquet, le buffle et l’éléphant sont interdits aux Sima du clan Sango b- Zones sacrées

185 - Il y a des pistes qu’il ne faut pas emprunter pour se rendre au Mont Iboundji. Aussi, il est interdit de casser des branches avec la main au risque de se perdre. Cependant, en cas de perte, il faut couper complètement une branche (sans la laisser suspendue) afin de retrouver la piste immédiatement. Aussi, quand on amène des bêtes au sommet de cette montagne elles ne « parlent » pas, sauf quand elles sont redescendues. - La forêt dénommée Diangui est interdite d’accès. Avant d’y aller, il faut faire des sacrifices (donner la nourriture) aux génies de la forêt. - Il y a une chute sacrée à Onoye qui est interdite aux hommes. c- Arbres sacrés Selon les notables, il y a des arbres sacrés partout dans les vieux villages, malheureusement, ils ne peuvent pas les localiser. Toutefois, affirment-ils, c’est Leroy qui peut le faire car ils abattaient les Moabi à ces endroits. Certains parlaient. Aucune personne du village ne peut se rendre dans ces zones sacrées. Celui qui ne respecte pas ces interdits se fait punir par Dieu et peut disparaître ou mourir.

Village BOUPOUNDZA a- Animaux sacrés - Les Moussounga (clan Massango) ne mangent pas la chouette. b- Zones interdites - Au bord du vieux village, il y a un endroit qui est interdit d’accès. - Il y a des endroits sacrés dans la rivière Bendziegou où il ne faut pas mettre les pieds. Il est interdit de pêcher à ces endroits car les vieux y avaient enterré les protections du village. Il faut préciser que cette rivière se trouve au pied de la montagne du vieux village. Elle est reconnaissable par la quantité impressionnante de rochers (cailloux) qui s’y trouvent. c- Arbres sacrés - Dans le vieux village, au sommet de la montagne, il y a un Moabi sacré qu’il ne faut pas abattre. Ce Moabi est reconnaissable par les signes particuliers faits par les villageois. En effet, quand il y avait des palabres ou disputes entre deux villageois, c’est au pied de ce Moabi que les vieux se retrouvaient pour tout régler. En outre, ce moabi est le symbole historique de la séparation entre les vieux du village après une dispute qui engendra leur

186 séparation, chaque groupe allant construire son village de part et d’autre de cet arbre. Il est donc la limite entre les deux villages. - Dans le vieux village de Divindé, il y avait deux sites sacrés, malheureusement Leroy en a détruit un. Le second est identifiable par un palmier entouré des racines d’un arbre. Il est interdit de l’abattre même si on peut consommer ses noix. C’est un interdit des aïeux, mais on ignore les raisons. - Entre les vieux villages Divindé et Idembé (l’un faisant face à l’autre), se trouvent, au même endroit, deux Moabi jumeaux qu’il est interdit d’abattre.

Ici également, personne au village ne peut accéder à ces zones sacrées au risque de disparaître. Toutefois, on peut faire des sacrifices (verser des boissons alcoolisées) et faire des incantations. Dans ce cas, ce sont les petits-fils qui vont parler et faire des doléances aux grands-parents.

Village BOUSSIMBI a- Animaux interdits - Les Momba ne mangent pas la tête du sanglier ou du cochon. Un sanglier pris au piège avait tué leur arrière-grand-mère. Depuis lors, ces animaux frères leur sont interdits. b- Zones interdites - Le Mont Iboundji et tout son contenu sont sacrés. Il y a des zones dangereuses au Mont Iboundji où il ne faut pas mettre pied. Le Mont Iboundji est l’habitat des génies, des esprits des ancêtres et des mauvais esprits. - Les étrangers ne doivent pas boire l’eau de Mougougoulou, une rivière qui prend sa source au Mont Iboundji, surtout quand on se trouve du coté de la montagne. Généralement, quand on est à côté de cette rivière, dans la zone du Mont, il y a des vents « bizarres » qui peuvent rendre malade.

Des rites préalables sont prévus quand on veut pénétrer ces zones sacrées. En effet, des réunions sont organisées au village, réunions au cours desquelles les vieux, à l’aide d’une cloche, s’adressent aux esprits et aux ancêtres les avisant qu’untel va pénétrer la zone interdite et demandant par conséquent leur bénédiction afin qu’il ne lui arrive pas un malheur. Aussi, en se rendant sur les lieux, l’intéressé se fait accompagner des gens qui, toujours à l’aide d’une cloche, continuent de parler aux mêmes génies, esprits et ancêtres. En ce qui concerne

187 le sacrifice (la nourriture), celui-ci est fonction de l’importance de l’activité qu’on va mener. Ainsi, si l’activité paraît très importante, on sacrifie un mouton que les vieux du village, réunis, mangent. Mais en allant sur les lieux, on donne quelque chose de symbolique, le pain et la sardine par exemple, que l’on écrase sur une feuille spéciale dénommée « di lembe togou en langue Sango ». Lorsque ces préalables ne sont pas satisfaits, on assiste à des accidents, disparitions et morts car les ancêtres n’ont pas été prévenus de la venue de quelqu’un ou du bruit des machines.

Village POUNGOU a- Plantes interdites - Il est interdit de manger Ilembou (en langue Sango), une sorte de légume naturel poussant dans des plantations. b- Arbres sacrés - Il y a des moabi sacrés dans la forêt du village. Il nous a été rapporté qu’ayant voulu transgresser cet interdit, un abatteur de Leroy s’est endormi alors qu’il voulait en abattre un, et le timberjack qui devait venir chercher le tronc dudit arbre a pris feu.

Village MAYENGUE a- Animaux sacrés - Les Moussounga ne mangent pas l’antilope rouge (Tsoumbi en langue Sango). - Les Mouloulou (clan Sango) ne mangent pas le hérisson, la panthère et le gorille. - La panthère, le perroquet et le tatou sont sacrés chez les Sima (clan Sango). b- Zones interdites - Dans la forêt, il y a une zone sacrée, le sommet de la montagne située derrière le village, à gauche, en allant à Iboundji, où les Moussounga n’arrivent pas. Seuls les ressortissants des autres clans où les petit-fils des Moussounga peuvent y accéder, après avoir au préalable fait des rituels et des sacrifices aux génies. Le non-respect de cet interdit peut engendrer la mort ou la disparition. Il nous a été interdit de fixer cet endroit, qui est visible à partir du village, pendant plus de dix minutes. c- Plantes sacrées - Il est défendu de prélever le « Mboudou » en forêt.

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Village SOGHA a- Animaux interdits - Le perroquet et la panthère sont respectivement sacrés chez les Moussounga et les Sima. - Il est interdit de tuer le caméléon chez les Mouloulou. b- Zones interdites - Les initiés au Mwiri ont une forêt sacrée où il est interdit d’accès, même les éléphants n’y vont pas. Cette forêt est située derrière le village (à 100 mètres), à droite dans le sens Mandji-Iboundji. Les initiés au Mwiri attendent l’organisation d’une séance d’initiation pour accéder à cette zone. Aussi, en dehors du jour du rite, les initiés peuvent emprunter la piste uniquement. c- Arbres sacrés - Il est interdit aux Moussounga et aux Moanda d’abattre l’arbre appelé Mouvengui. Il est également défendu aux Moanda de couper « Mufuma ». Ces interdits sont liés au fait que ces arbres « ont des jumeaux ».

Village DIANGUI a- Animaux interdits - Il est interdit aux Bapungu (clan Sango) de tuer le colibri. - Les Moussounga ne mangent pas et ne domestiquent pas le perroquet. Il leur est également défendu de manger la panthère. - Les Mouloulou ne touchent pas le miel des moucherons. b- Zones interdites - Il est défendu de traverser le Mont Iboundji. - Des zones interdites sont situées derrière les maisons, à 200 mètres chez certains et à 600 mètres chez d’autres. c- Arbres sacrés Il est interdit de couper le Mouvengui.

189 Village OUBAYI a- Animaux interdits - Les Mickosso ne mangent pas le perroquet. b- Arbres sacrés - Les moabi ont une valeur symbolique pour les initiés.

Village DIVINDE a- Animaux interdits et sacrés - Le chat huant, la civette, la panthère et le perroquet sont des animaux interdits et sacrés. Il y a longtemps, une femme, enfant au dos, (de la lignée des Mickosso) a été sauvée par un groupe de perroquets alors qu’elle était pourchassée par des brigands dans la forêt. Depuis lors, le perroquet est devenu le totem des Mickosso. - Il est strictement interdit de tuer le chien et de manger la chauve-souris. Tuer ces animaux est considéré comme un pêché. b- Plantes interdites - Il est interdit aux Moanda (clan Pouvi) de manger le fruit rouge sauvage (Ghebounta en langue Pouvi). - La petite banane rouge (Mouloulo) est interdite de consommation chez les Mickosso (clan Pouvi) c- Arbres sacrés - Les parasoliers ont une grande valeur culturelle chez les Moanda. - Il se trouve un moabi sacré pour les Mitsevou dans l’ancien village d- Forêt sacrée - Les forêt Minongo, Minongué et Koté sont sacrées chez les Sima (clan Pouvi). - La forêt Maniambi est interdite d’accès chez les Rhambé (clan Pouvi). - La forêt dénommée Bondi située dans l’ancien village est sacrée pour les Mitsévou (clan Pouvi).

Village MASUKU Zones sacrées et interdites

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- Dans le vieux village Bouyendi du clan Mouloulou, il y a un endroit interdit de s’y rendre, y débrousser ou y abattre un arbre, car cet endroit est le lieu où était situé la maison qui cachait les médicaments. - A quelques mètres du village, juste après la crête, là se trouve une rivière (MOUSSOBA) de l’autre côté de cette rivière existe un endroit sacré, laissé par nos ancêtres et jamais rien ne nous a été révélé sauf l’interdiction de mettre les pieds. - Dans nos anciens villages, il y a des endroits qui nous sont interdits de mettre les pieds, car c’est en ces lieux que nos ancêtres déposaient les parents morts sans creuser de tombe. - En passant du côté de la crête, dans la forêt du clan Moussongha entre deux rivières du village - à gauche : Ntembet - à droite : Maboungou, il se trouve une grande montagne située dans l’ancien village appelé "Tsango", lieu interdit et sacré autrefois, on y observait un signe marqué sur un palmier existant encore.

Village MOUKANDI Zones sacrées et interdites - Au vieux village KANDA de l’autre côté de la rivière OYOMBI, se trouve un endroit interdit de traverser précisément à côté du lot 30. - Aux alentours du village il existe des sites culturels réservés à l’initiation et interdits aux non initiés. - Dans la forêt du village, on note dans certains cours d’eau la présence de l’arc-en-ciel. A ces endroits, il est interdit d’effectuer des travaux de génie civil (ponts, barrages). - Il y a une chute en amont de la rivière OYOMBI. Dans cette rivière se trouve un endroit interdit de traverser du fait que nos ancêtres y ont été enterrés.

Village DILANDA Zones sacrées et interdites - En allant vers le village voisin "Mavanga", il y a une chute appelée DIBEHNOYI, à l’intérieur de celle-ci se trouve une sirène. - Tout au tour du village, à quelques mètres de la forêt, il y a un autre endroit appelé "ISSINGA" à côté de celui-ci se trouve une rivière (MISSOKO) lieu interdit de traverser sauf déviation même pour les populations du village (autochtones).

191 - Autre chute au niveau de l’embouchure ONOYE et MOUSSOBA il y a un endroit où se trouvent deux cailloux. A cet endroit précis l’interdiction d’accès y est, sous peine de mort.

Village MOUDOUMA 1 Zones sacrées et interdites - Dans nos vieux villages non loin d’ici, précisément à côté de la rivière "BIYA" qui se jette dans l’Offoué, on note la présence d’une chute. A l’intérieur de laquelle se trouvait au temps jadis une panthère aquatique - En allant vers l’Offoué, il y a un lac, interdit de plonger, sous peine de mort.

Arbre sacré - Moulende, il est interdit de l’abattre.

Village MOUDOUMA 2 Zone sacrée et interdite - Il existerait dans la forêt une zone bien précise où il est interdit de couper un arbuste.

Arbre sacré - Entre la limite des clans Sima et Mouloulou se trouve un endroit appelé "YARI". A cet endroit, est implanté un arbre sacré : le Moabi. C’est au pied de cet arbre qu’autrefois les conflits étaient réglés, de ce fait il est interdit de l’abattre. Ayant transgressé cet interdit vers le village "POUNGOU", un bull avait pris feu.

Village OUBENDJI Zones sacrées et interdites - Existence dans les alentours du village des endroits sacrés qui servent de lieux d’initiation et seraient interdits d’accès aux non initiés. b- Arbres sacrés Moabi Fromager Il est strictement interdit d’abattre ces deux arbres car, autrefois c’est sous ces derniers que les ancêtres plantaient les médicaments de protection.

192 Village MALONGO Zones sacrées et interdites - Au vieux village "DILANDA" se trouve un endroit appelé MAKOBI ; là, il est interdit d’abattre les arbres. - Présence de deux chutes sur ONOYE ; elles se situent : En amont : Beyi Ekouma proche de Malongo (village) En aval : Bibela Moyi - Il se trouve également un autre endroit où il serait interdit d’abattre un arbre quelconque.

b- Arbres sacrés - Le Fromager et le Moabi sont sacrés et interdits d’abattage.

Village MAVANGA Zone sacrée et interdite - Présence dans une rivière (DITOUBOU), d’un serpent à un endroit bien précis. Il serait interdit de la traverser

b- Arbres sacrés - Padouk ; - Fromager. - Interdit de couper les asperges en forêt. En transgressant cet interdit, c’est plutôt le sang qui coulera à la place de la sève.

Village BOULEMBO Zones sacrées et interdites - Dans les vieux villages du clan des SIMA (Nyembo, Igaka), il existerait deux cimetières en bordure de route ; ces endroits sont sacrés et interdits d’accès. - Au vieux village du clan des Mouloulou (DIGAMBA), il y a une crête (lieu sacré) endroit interdit d’accès, il faudra obligatoirement dévier son chemin. - Il existe également une grande montagne très accidentée considérée comme étant un lieu sacré.

Village MOUNONGO Zones sacrées et interdites

193 - Dans un ancien village situé à cinq kilomètres après la rivière "MENO", il existait des fétiches de protection et de fertilisation (pour rendre le sol fertile). Ces fétiches sont plantés au pied d’un arbre appelé PEVIRE (en Massango). - A l’entrée du village, venant de MALANGO, au niveau où se trouve un bourbier sur la route, les membres du clan SIMA ne rentrent pas dans cette zone de la forêt, mais les étrangers peuvent être accompagnés ou non d’autochtones.

Arbres sacrés - Dans les vieux villages du clan "BAHONDJI" existe un arbre appelé « PEVIRE » en Massango qui ne doit pas être abattu parce qu’il a une valeur symbolique très forte. Au-delà des raisons ci-dessus mentionnées, il est à noter que le Moabi est très important pour les populations de la zone visitée, car il produit de l’huile. Cette huile est non seulement consommée (elle est très appréciée), mais également, elle est utilisée pour soigner les victimes du « diable ».

194 Rites traditionnels par village

Total Villages Bodi Bwiti Diable Dilagou Mabandzi Mandji Mimbiri Mouiri Moungala Ndoukou Ndzegou Nyembé rites/village Boulembo Boupoundza Oui Oui Oui 3 Boussimbi Diangui Oui Oui Oui 3 Dilanda Divindé Oui Oui Oui Oui 4 Indzambo Oui Oui Oui 3 Iwatsi Oui Oui 2 Malongo Mandji Oui Oui Oui Oui Oui 5 Massuku Mavanga Oui Oui Oui Oui 4 Mayengué Oui Oui Oui Oui Oui 4 Moudouma 1 Oui Oui Oui Oui 4 Moudouma 2 Oui 1 Moukandi Oui Oui Oui Oui 4 Mounongo Oui Oui Oui 3 Oubayi Oui Oui 2 Oubendji Oui Oui 2 Poungou Oui 1 Sogha Oui Oui Oui 3

Total villages/rite 3 14,28 12 57,14 4 19,04 4 19,04 1 4,76 1 4,76 1 4,76 6 28,57 1 4,76 2 9,52 2 9,52 12 57,14 et %

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