De L'être / Mauvais Sang

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De L'être / Mauvais Sang Document généré le 24 sept. 2021 11:02 24 images L’insoutenable « lourdeur » de l’être Mauvais sang Gérard Grugeau Numéro 33, printemps 1987 URI : https://id.erudit.org/iderudit/22135ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Grugeau, G. (1987). Compte rendu de [L’insoutenable « lourdeur » de l’être / Mauvais sang]. 24 images, (33), 57–58. Tous droits réservés © 24 images inc., 1987 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ MAUVAIS SANG L'insoutenable «lourdeur» de l'être Gérard Grugeau J'essaie de vivre ou, plutôt, j'essaie d'apprendre à vivre à la mort que ie porte en moi. Jean Cocteau u commencement était le mie, le STPA, tue tous ceux et celles nières paroles s'il se suicidait. «Ils verbe, non, au commence­ qui font l'amour sans amour. Deux étaient lourds, les hommes», répon­ A ment était l'image ... non, au bandes rivales se disputant le virus dit l'écrivain. Une phrase «lourde» de commencement était l'émotion.» qu'un laboratoire pharmaceutique a sens que tous les personnages de Cette petite phrase, qui semble se réussi à isoler. Au-delà du canevas Mauvais Sang pourraient certes chercher avant de mourir dans un cri quelque peu relâché de cette intrigue revendiquer face à la dérisoire condi­ de certitude absolue, ressemble fort policière-prétexte, qui n'est pas sans tion humaine. à une profession de foi. Et, dans le rappeler le Godard des premières Avec ce second long métrage (Prix cas de Léos Carax, c'en est une. Si années, Alex, un jeune délinquant Louis-Delluc 1986), Léos Carax s'im­ elle s'applique pour Boy Meets Girl, révolté, cherche auprès d'Anna pose d'emblée comme un phéno­ le précédent et premier film de ce «l'amour qui va vite, très vite, mais mène dans le paysage cinématogra­ jeune réalisateur, d'où elle est en fait qui dure toujours». phique français. Rarement a-t-on vu extraite, elle convient peut être un jeune metteur en scène maîtriser encore davantage à Mauvais Sang, «Vitesse», le mot-clef est lâché. Car, l'écriture filmique et vivre son art ce long poème éblouissant d'émo­ malgré les trente semaines de tour­ avec une telle exigence morale. À tion, qui n'en finit pas de courir après nage qu'il a nécessitées, Mauvais l'instar de ses personnages, Carax l'innocence de l'art et des regards. Sang est placé sous le signe de l'ur­ se propulse dans l'imaginaire avec Une poésie qui flamboie dans le sil­ gence. Urgence de vivre, de battre la une audace et un brio confondants. lage de Jean Cocteau, dont la sil­ mort de vitesse, de «voyager dans le Remarquable, le travail de la mise en houette est d'ailleurs entrevue dans ciel, d'être ivre», comme le disait jus­ scène se manifeste tant au niveau de le film, et qui se donne comme défi tement Cocteau. Ce voyage dans le l'image et du son que de la direction «d'accorder l'exercice poétique et la ciel, ce rêve de l'apesanteur, résume d'acteurs. Le cinéaste tourne délibé­ vie intérieure». Pour Cocteau comme à lui seul le propos du film. Preuves rément le dos au réalisme «terre à pour Carax, tout procède du seul en sont les cygnes du générique qui terre», ce qui ne surprendra per­ sentiment amoureux et, ne nous y s'ébattent à la surface des eaux noi­ sonne de la part d'un être qui, enfant, trompons pas, Mauvais Sang fait bel res d'un lac, ou encore l'ultime plan rêvait déjà de devenir astronaute ou et bien partie de ces œuvres dédiées d'Anna où la jeune femme, à bout de océanographe. Pour Carax, un seul formes et âme à l'amour. souffle, semble prête à s'envoler ou à se désagréger sous nos yeux, désir, brûlant, intraitable: transcen­ Amour d'Alex et de Lise, «l'ange à la comme si elle avait trouvé «la poésie, der la réalité pour atteindre au sub­ moto». Passion d'Alex pour Anna, cette vitesse intérieure» chère à Coc­ lime. belle à faire fleurir les bouquets de teau. Et il y parvient à maintes reprises, kleenex colorés qu'elle sème autour «nourrissant nos yeux pour les rêves d'elle. Amour d'Anna pour Marc, cet Échapper à l'univers contingent, abolir letemps, vivreentrelecielet la la nuit», comme Alex qui fait le plein homme miné par la peur qui pourrait en plongeant dans le regard d'Anna. être son père. Mais aussi amour fou terre dans la lumière des étoiles, voilà ce à quoi aspirent les personna­ La partition hyper-dramatisante de de Léos Carax pour le cinéma et Benjamin Britten vient souligner les l'image juste. Passion des comé­ ges épris d'absolu de Mauvais Sang. Alex et Anna atteindront cet état de séquences incandescentes d'émo­ diens avec qui le réalisateur est par­ tion. Citons à cet égard l'apparition venu à tisser, à force d'attentions, grâce à de rares instants privilégiés, comme lors de cette superbe des­ d'Anna: vision fugitive et éclatée des liens brûlants de complicité, d'une jeune femme, qui ne nous sera parce que la vie et le travail se doi­ cente en parachute filmée, l'espace d'un plan, dans un silence à perte révélée que plus tard dans son inté­ vent de ne faire qu'un. «Aimer travail­ gralité diaphane, car, chez Carax, la ler, travailler à aimer», comme le rap­ d'ouïe. Simple coïncidence? Coc­ teau, lui aussi, se livrait à ce genre beauté se mérite. Ou encore, «l'en­ pelle Juliette Binoche en citant vol» de la même Anna portée à bout Godard. Bref, une entreprise d'une d'acrobatie aérienne avec Roland Garros (aviateur qui réussit, le pre­ de bras par Alex, au-dessus de l'as­ totale intégrité qui se déploie à phalte brûlant. l'écran en un véritable feu d'artifice mier, la traversée de la Méditerra­ visuel et émotionnel. née). Alors, Carax enfant d'Icare? À la musique des sons et des silen­ Dans une entrevue qu'il accordait ces, d'où jaillissent soudainement Dans un Paris de fin de siècle aux Cahiers du Cinéma, le réalisa­ les envolées lyriques d'un texte chauffé à blanc par le passage de la teur cite volontiers Céline à qui l'on habité par la poésie du désespoir, comète de Halley, une terrible épidé­ demandait quelles seraient ses der­ répond la fulgurance des plans et 57 Les héros de Mauvais Sang sont ser­ vis par de talentueux comédiens. Il y a Michel Piccoli, étonnant en vieux truand perdu d'émotions qui s'en­ tassent et ne se cicatrisent plus; Serge Reggiani en mythologique passeur de l'au-delà; Juliette Bino­ che (sublime) qui nous offre en par­ tage les vastes paysages de son visage et de son âme translucides; et, surtout, Denis Lavant, l'alter égo de Carax, déjà remarqué dans Boy Meets Girl. Alex, l'orphelin ventrilo­ que qui se méfie des mots, crève l'écran. Formé à l'école du mime et du théâtre de la rue, Denis Lavant se livre ici à son corps consentant. Le temps d'une chanson de David Bowie, il faut le voir «s'envoler» et danser en longs hoquets convulsifs la douleur atroce qui lui bétonne l'es­ tomac. Certains trouveront que Mauvais Sang relève de l'exercice de style flamboyant dans lequel semble se complaire actuellement une ten­ dance du jeune cinéma français. Il y a certes du formalisme chez Carax mais, passé l'étonnement des pre­ miers plans, la facture esthétisante n'apparaît jamais gratuite. Car l'émotion est là, sourde, insidieuse, fruit d'un travail d'une totale généro­ sité. Dans la dernière séquence du film, belle à vous donner des ailes, l'émotion trop longtemps contenue submerge le spectateur comme une lame de fond. Et si le mot «Fin» ne surgit pas à l'écran, c'est peut-être parce que la poésie, brute et lumi­ neuse comme un diamant, est en nous, riche, inépuisable. Encore faut-il accepter, comme disait Coc­ teau, «de s'enfoncer en soi-même, dans ce trou terrible, dans cette mine inconnue, au risque de rencontrer le grisou». Et si Mauvais Sang était le Juliette Binoche coup de grisou des années 80? des images. Savamment dosée par ne cache pas son rejet de la produc­ les éclairages sophistiqués de Jean- tion cinématographique courante. Yves Escoffier (le fidèle compagnon Pas plus d'ailleurs que son malaise d'aventure), lacouleuréclatepartou- face au déferlement orgiaque d'ima­ MAUVAIS SANG ches primitives dans des décors ges qui viennent littéralement souil­ France, 1986 expressionnistes et stylisés, qui pui­ ler notre rétine et annihiler notre per­ Ré: Leos Carax sent aux sources d'un onirisme que ception. C'est pourquoi, architecte Ph: Jean-Yves Escoffier n'aurait sans doute pas renié Coc­ de l'innocence et de l'absolu, il Déc: Michel Vandestien et Thomas Peckre teau lui-même. Par l'emploi de cadra­ s'acharne à traquer la grâce perdue Int: Denis Lavant (Alex, dit Langue Pen­ ges insolites, Carax étonne, invente, de l'image virginale.
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